let’smotiv lyon n°04 - juin 2010

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/ juin 2010 / GRATUIT

LYON Cultures et tendances urbaines





Sommaire Let’smotiv - juin 2010 #04

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News 20 Evènement Les Invites de Villeurbanne

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Portfolio One shot Rencontre Franck Annese, directeur de So Foot 42 Reportage Kitintale, un skatepark en Ouganda 36

50 DR // Diana Krall – DR // Imaginoire Groin - DR

Musique Krall et Costello à Vienne, Hawley et Bach à Fourvière... 66 Cinéma Jean-Luc Godard

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Mode In the middle of nowhere 76 Exposition Paul Dini, les frères van Velde, Assan Smati... Agenda 86 Portfolio Li Wei

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Théâtre & danse Imaginez maintenant, Saarinen, Meirieu... Agenda 112 Littérature Bretin & Bonzon 114 Chroniques Livres, cd, jeux vidéo

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Agenda concerts 130 Le mot de la fin


Let'smotiv Lyon 5 place Louis Chazette - 69001 Lyon Tél : +33 482 53 05 71 - Fax : +33 482 53 05 70 redaction.lyon@letsmotiv.com Let’smotiv Lyon est édité par la S.a.r.l. Comme Ulysse Membre du réseau Let’smotiv Magazines Comme Ulysse, S.a.r.l. au capital de 5 000 euros RCS Lyon 518 308 879 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeur de l’édition : Frédéric Blacher ASSISTANTE GÉNÉRALE : Adeline Marconnet Graphiste : Romain Noiry - www.ram-one.com Pub : Frédéric Blacher - frederic.blacher@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° : Antoine Allègre, Thibaut Allemand, Emma Belasco, Marc Bertin, Faustine Bigeast, Nicolas Blondeau, Richard Célèbre, Léa Daniel, Éric Foucher, Audrey Hadorn, Fabien Kratz, François Lecocq, Justine Leuregans, Sandra Moisson, Judith Oliver, Aurel Rotival, Philip Schwartz, Gallia Valette-Pilenko, Olivia Volpi Couverture : One shot

Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc

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En bref…

© ch. RAYNAUD

Bolze : encore ! On ne résiste pas à l'envie de signaler d'ores et déjà la présence d'un de nos chouchous la saison prochaine au Toboggan de Décines : Mathurin Bolze. Programmée dans le cadre de la Biennale de la danse, sa nouvelle création Du goudron et des plumes promet. Structuré autour d'un objet entre échafaudage et plateforme à échasse, le spectacle offre à cinq acrobates un espace de poésie et d'inventions drôlatiques, toujours lié à l'équilibre, maître-mot du metteur en scène. Encore mieux qu'Ali ? ❥ 21 au 24.09, Toboggan, Décines, www.biennaledeladanse.com

Belles bulles Cinquième édition du festival Lyon BD avec une belle brochette de vedettes parmi lesquelles Margerin, Trondheim ou Tignous. Deux jours durant, les aficionados peuvent faire dédicacer leurs albums et découvrir des dessinateurs du cru comme Florence Dupré Latour, Denis Falque ou l'illustratrice Ophélie Bernaud. Sans parler du programme off du 7 au 27 juin, qui transforme Lyon en une gigantesque planche à dessins : expos, rencontres, ateliers, spectacles... ❥ 19 et 20.06, Palais du Commerce, Lyon 2e, www.lyonbd.com


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Négatifs On en parlait en mai, l'Espace 44 va mal avec la perte de la subvention de l'Etat (27 % de son budget). Plus généralement, la question cruciale reste la réforme des collectivités territoriales avec son lot inévitable de désengagements. Le théâtre du Point du Jour, craignant cette épée de Damoclès et touché par une série noire (destruction de ses décors par l'amiante et redressement fiscal), propose une saison 2010/2011 sans aucune création de son directeur Michel Raskine. L'amorce d'une culture au rabais ?

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Positif

Suivez les guides

Le théâtre musical doit rendre optimiste. Sans nier les difficultés actuelles que connaît la culture, Jean Lacornerie, directeur de la Renaissance à Oullins, refuse de se laisser aller à la morosité ambiante et propose une saison de 25 spectacles avec pas moins de six créations, des collaborations avec la Biennale, l'Opéra et le GRAME, une deuxième édition du festival Tempo Cabaret et une résidence au long cours des Nouveaux Caractères, qui crée une adaptation de Didon et Énée, l'opéra de Purcell en lien avec la bande-dessinée ! ❥ www.theatrelarenaissance.com

La Part-Dieu et ses tours, les « mères » lyonnaises ou le Lyon florentin, on croit connaître. Artis Mirabilis propose pourtant un regard neuf sur ces clichés à travers des visites guidées sous forme de promenades-conférences. Une série de rendezvous qui emmènent le visiteur dans toute la région, jusqu'aux Arcs ou au petit village de Vulmix où des fresques du XVe siècle sont racontées comme une bande dessinée médiévale. ❥ www.artismirabilis.com, un site conçu comme un cabinet de curiosités


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© JOËL KUBY

Quartier d'été Trois mardis, trois manifestations, trois places : le quartier de la Guillotière fête l'été. C'est l'occasion de redécouvrir ce quartier multiculturel à travers expos, jeux, démonstrations de capoeira, danse orientale et musique bien sûr : des Balkans, d'Amérique latine ou de Méditerranée pour des concerts/bals pops. Nombre d'associations du quartier participent aux festivités qui ont lieu places Guichard, Bahadourian et Voltaire. ❥ La Guill' en fêtes, 22, 29.06 et 6.07, 17h > 0h, www.salledesrancy.com

En devenir Après Botho Strauss et Molière, les étudiants de troisième année de l'ENSATT (la 69e promotion) s'attaquent à Goldoni avec la trilogie Les Aventures de Zelinda et Lindoro. Un ultime atelier-spectacle avant de passer pro, qui met à contribution l'ensemble des corps de métier qu'apprennent les étudiants, épaulés par l'infrastructure de l'école et pilotés par rien moins que Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux, piliers des Amandiers de Nanterre. On a connu baptêmes moins gratifiants... ❥ 16 au 27.06, ENSATT, Lyon 5e, 04 78 15 05 07

Let's dance

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Pas d'apéro géant, mais un pique-nique chorégraphié pour fêter les trente ans de la Maison de la Danse. Tous habillés de blanc, les apprentis ballerines et valseurs sont attendus dans la grande prairie de Gerland pour participer à des ateliers de danse, une tarentelle avec lâcher de ballons, un pique-nique géant sur nappes blanches en forme de marguerite et une grande chorégraphie collective. Swinguant ! ❥ Samedi 19 juin, 10h>16h, Parc de Gerland, Lyon 7e, www.maisondeladanse-30ans.com



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Comme un tourbillon Le premier numéro était sorti en septembre dernier. Autant dire que la gestation de l'objet est sensiblement la même que l'humaine. Voici Vortex n°2, graphzine édité par le collectif lyonnais Stereotype avec la participation de quelques activistes urbains du coin. Le lancement de la bombe, tirée à seulement cent exemplaires, a lieu le 3 juin à la galerie All Over, qui expose jusqu'au 17 les dessins originaux et sérigraphies des artistes. ❥ Vortex n°2, Galerie All Over, Lyon 1er, www.stereotype.ws DR

Talents numériques Jeunes créatifs, participez au concours Ganuta qui distingue dix projets innovants dans quatre catégories : film d'animation, jeu vidéo, court-métrage et création originale. Organisé par Imaginove, pôle de compétitivité multimédia, le challenge récompense ses lauréats en les exposant lors du Talent Day (le 21 octobre), en les accompagnant auprès d'entreprises de l'image et même en leur offrant un voyage à New York pour le Kid Screen Summit 2011. A vos ordis ! ❥ www.ganuta.com, clôture des votes le 6 octobre

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Le TNG a la frite À l'heure où nos voisins d'outre-Quiévrain s'entredéchirent sur leur vivre ensemble, le Théâtre Nouvelle Génération place un focus prometteur et bilingue la saison prochaine sur « la Belgique dans tous ses états », réédite pour la cinquième fois le festival Regénération et offre à Nino d'Introna, son directeur récemment reconduit pour trois ans, l'occasion de créer Terres ! sur la notion de lutte territoriale, après la reprise de son anxiogène Du pain plein les poches, qu'il promet un peu modifié suite aux réactions du public. ❥ Présentation saison du TNG, 9.09, 20h



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T’as une glace, pistache ! Pharrell Williams est inssaisissable. Quand il ne pose pas son flow sur les productions mainstream de Britney Spears, il se permet des duos de bonne facture avec Snoop Dogg. S’il ne fricotte pas avec Takachi Murakami, il se la donne dans le textile ! Il a créé « Ice Cream », avec Nigo, de A Bathing Ape dont les thèmes s’inspirent de la Planète des Singes. C’est ainsi qu’à Tokyo, depuis 2007, la boutique Ice Cream de Pharrell Williams et de Nigo présente un univers fun, sucré et coloré qui fait saliver tous les jeunes Nippons à l’image du design et des lignes de leusr vêtements strretwear. Cet été, les deux compères remettent le couvert avec un ligne so fresh de t-shirts largement floqués d’un batonnet glacé. L’abus de soleil pourrait être dangeureux pour leur santé. ❥ Chez Colette, 100 €

3-0 Jakob Maurer, Rupert Adlmaier and Thomas Egger, trois « jeunes » designers européens ont décidé d’organiser une guerilla stylistique et pacifique au travers de ce qu’ils ont appelé l’Ultimate clash of Generations. Il s’agit d’un baby foot principalement conçu à partir de matériaux de récupération. Le plus remarquable, ce sont les joueurs eux-mêmes. Pas de petits shorts bleus peints à la main, pas de figurines faussement souriantes... mais la crème de la crème des chaises de designers qui s’affrontent. D’un côté les « oldies » avec entre autres l’egg chair d’Arne Jacobsen. En face d’elle, l’équipe « Modern Wave » dont la sélection officielle a du faire débat : la Lou Lou de Philippe Starck ou la chaise Houdini de Stefan Diez... Le « premier tournoi » a eu lieu dans les rues de Milan à l’occasion de la Semaine du design. Croisons les doigts pour les trois designers aient envie de jouer une seconde mi-temps.

Bière à la maison Après la vague des cafetières, la déferlante des barbecues ou encore la mode des plancha... on continue à faire comme les pro’ à domicile avec cette tireuse qui rendra de frais services pendant la pleine saison du foot et des grillades. Il faut quand même s’y prendre un peu à l’avance, puisque le fût doit être rafraîchi pendant 10 h avant de tirer son premier demi ! Sans compter qu’une petite formation est indispensable si l’on ne veut pas trop se faire mousser. Quatre marques de bière peuvent s’adapter à la tireuse qui garantit à tous les coups grande fraîcheur et fines bulles. Santé ! ❥ Beertender,

Summer édition, 399 €, www.beertender.com



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Baptême du feu Entre industriel et artisanal, les Sud-Africains Luke Pedersen et Jammes Lennard n’ont pas hésité. Leur tabouret « Fire Bucket » est conçu à partir de seaux à incendie soutenus par 3 pieds en bois naturel. Grâce à son assise amovible, ce tabouret est un objet aux fonctions multiples : siège, rangement ou encore seau à glace ! Pour adopter la parfaite touche du pompier, privilégiez le coloris rouge. ❥

Tabouret Fire Bucket, www.pedersenlennard.co.za, 329,00 €

À la page Finies, les soirées passées la tête sous le lit à la recherche de son marquepage. Adieu, livres cassés, cornés, abîmés. La Bedside Booklight est une idée lumineuse, de celle qui révolutionne vos lectures en chambre. Conçue pour éclairer suffisamment, cette lampe de chevet en forme de maison se coiffe de vos ouvrages sans risque d'incendie. Avec son énergie basse (11 W), la Bedside Booklight peut même rester allumée toute une nuit. ❥

Bedside Booklight, 45 €

Au poil ! Effilée ou touffue, façon camionneur ou gentleman, la moustache est de retour (à ce qu’il paraît). Le designer Peter Ibruegger a pensé à ceux qu'elle démange, mais qui n'osent s'y frotter. Avec ses Moustache Mugs, prendre le thé et le café devient un moment raffiné, du nonsense anglais à l’état pur. Choisissez votre mentor, selon l’humeur : plutôt Mustafa Chaplin, Maurice Poirot ou Fu Magnum? Deux belles paires de bacchantes sur chacun des 6 mugs. ❥ Moustache

mugs, www.peteribruegger.com, 19 €





Blk/Jks

© MIKHAEL SUBOTZKY


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e u r Laest à nous texte ¬ Audrey Hadorn

La 9e édition des Invites met Villeurbanne sens dessus dessous et tisse une nouvelle fois sa gigantesque toile artistique aux quatre coins de la ville. Scénographie urbaine à couper le souffle, sur fond de « fil de l’histoire », et arts de la rue aux formes multiples envahissent squares, places, bars, esplanades, façades et toutes sortes de lieux publics. « C’est en partant de ce concept de « fil de l’histoire » que nous sommes venus à imaginer, avec Pierre Berthelot, un fil, tendu dans les rues, aux allures de grand étendage où flotteraient des tee-shirts à l’effigie de 1000 habitants

de la ville», se réjouit Patrice Papelard, concepteur et directeur artistique du festival, ajoutant que « les vêtements seront ensuite dépendus le dernier jour du festival et donnés aux participants. L’idée est que les habitants >


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"L'onirisme est le maître mot de ces projets pharaoniques de transformation urbaine."

portent ces tee-shirts ornés du portrait d’une personne qu’ils ne connaissent pas et qu’il croiseront peut-être par hasard au coin d’une rue ». Gigantesque événement artistico-socio-culturel ? Art contemporain ? Performance ? « On est dans de l’art de rue, de l’éphémère », préfère Patrice Papelard qui insiste sur le caractère collectif de l’œuvre qu’artistes, plasticiens et associations ont modelée et fabriquée entièrement dans les ateliers Frappaz, vaste lieu de création. Seule certitude, l’onirisme est le maître mot de ces projets pharaoniques de transformation urbaine où l’hybris artistique côtoie la beauté du quotidien. Participative, intergénérationnelle, gratuite et foncièrement différente, la manifestation fait aussi la part belle aux spectacles de rue. La stupéfiante compagnie 26000 couverts, composée de comédiens qui ❥

brillent aussi bien dans la rue que sur les scènes des plus grands CDN, plonge dans l’univers du cabaret. Drôle et décalé, « le spectacle est à mi-chemin entre du Deschamps/ Makeïeff et les Monty Python », s’amuse Patrice Papelard. Non loin du cabaret, la compagnie Opus convie le spectateur à une scène de vie quotidienne dans un bar. Sans décor, la compagnie CIA donnera corps et âme à la Révolution Française. Une surprise concoctée par Générik Vapeur promet aussi de métamorphoser la rue mercredi soir. Mystère, mystère… Les Invites aiment à entretenir les plus folles rumeurs, créatrices de grandes et belles histoires. Alors rendez-vous est pris pour s’assurer que le festival peut encore et toujours se revendiquer « pas pareil ». Plutôt de bon augure, sur papier il l’est assurément. /

Les Invites de Villeurbanne 16.06 au 19.06. Dans toute la ville. Gratuit. http://invites.villeurbanne.fr/


Bomba Estereo

© LEO CARENO


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Blood Red Shoes DR


e t ê f a L es musiques d

texte ¬ Sandra Moisson - photo ¬ DR

Pas de grosses têtes d'affiche cette année aux Invites ? On en profite pour sortir son radar musical à l'affût de nouveaux sons rafraîchissants pour les oreilles. Un coup de cœur par soir.


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Bomba Estereo Colombie - Electro tropical

La Colombie, tristement célèbre pour le son des rafales de mitraillettes des Farc ou des narco-trafiquants, a bien mieux à offrir. La preuve avec Bomba Estereo. Originaire de Bogotá, ce jeune groupe – vingt ans d'âge en moyenne – incarne la nouvelle vague musicale qui cartonne dans les clubs latino. Mix d’électro, de ragga, de hip hop et de cumbia (la musique traditionnelle colombienne), le style de Bomba Estereo colle à son époque sans oublier ses racines. Figure charismatique du groupe, la chanteuse Liliana Saumet, une punkette au flow épicé, dégage une belle énergie sur scène. Les rythmes de cette bombe stéréo incite irrésistiblement à remuer du popotin. Allez vérifier par vous-même !

Bomba Estereo

Jeu. 17.06, La Doua. 0h30. Gratuit.

Blood Red Shoes Angleterre - Rock jouissif

Originaire de Brighton, le groupe Blood Red Shoes forme un duo guitare-batterie masculin-féminin dans la lignée des Kills ou des White Stripes. Sous leurs airs de jeunes britons en mal de soleil, Laura-Mary Carter et Steven Ansell – la guitariste et le batteur – balancent un rock puissant. Comme leurs aînés punk et grunge, leurs morceaux rapides

expriment en trois minutes et quelques toute la rage et la vigueur de leurs jeunes années. Quand à leur nom, Blood Red Shoes, il vient des chaussures blanches couvertes de sang de Ginger Rogers qui, selon une histoire vraie des années 40, s'est un jour abimé les pieds jusqu'à la torture à force de répéter une prise.

Blood Red Shoes

Ven . 18.06, La Doua. 0h30. Gratuit.

Blk Jks

Afrique du Sud - OVNI musical Le groupe de rock indé sud-africain Blk Jks (prononcez Black Jacks) se distingue par son style inclassable avec un côté expérimental, des ambiances psychédéliques et des influences zoulous dans certaines rythmiques. Pour la petite histoire, Guillaume Bourreau, le programmateur musical des Invites de Villeurbanne, les a découverts par hasard il y a trois ans en achetant leur vinyl présenté en coup de cœur chez un disquaire new-yorkais. À cette époque, seules trois ou quatre boutiques dans le monde vendaient leurs disques en dehors de l'Afrique du Sud. Cette année, ils tournent dans toute l'Europe et figurent dans le top 10 des téléchargements sur iTunes. Merci la Coupe du Monde de football ?

Blk Jks

Sam. 19.06, La Doua. 20h30. Gratuit. /


One Shot La Balle au bond

texte ¬ Judith Oliver

Il fut long et énergique, le match qui opposa les milieux artistiques aux adeptes du ballon rond. Sans l'intervention d'un Warhol pour arbitrer en faveur de la pop culture, les plasticiens auraient déclaré forfait. Pourtant, de plus en plus de créateurs entrent sur ce terrain fertile, avec pour but, de multiples phénomènes sociétaux. Et pour cause ! Le football cristallise aujourd'hui tous les enjeux du monde contemporain. Devenu spectacle de masse à l'échelle planétaire, ce sport est synonyme de flux monétaires internationaux (la mappemonde d'Anekawa, p.33),

❖ Numéro 10, 2006, Massimo Furlan, vidéo performance, courtesy Tutu Production (Genève)


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de violents affrontements,de starification des joueurs. En détournant ses symboles, les artistes transforment ainsi la sphère bicolore à coups de crampons très révélateurs. Comportements collectifs, écarts de richesse mondiaux, misogynie ordinaire... une série de tirs en pleine lucarne que l'on peut notamment admirer en ce moment au BPS 22 de Charleroi. / ❥ Exposition

One Shot, Charleroi (Belgique), jusqu'au 11.07, info : bps22.hainaut.be


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â?– 1. Bouncing Skull, 2007, Paolo Canevari, vidĂŠo, courtesy P. Canevari et Galleria Christina Stein (Milan) / 2. A una patada de la extincion, 2008, Eugenio Merino, courtesy Boris Masramon et ADN Galeria (Barcelone)


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❖ 1. Stud XI, 1996,Freddy Contreras © Angela Franke et Freddy Contreras / 2. Believed

Soccer Ball, 2009, courtesy Nanzuka Underground (Tokyo) © Taku Anekawa / 3. Epifania Futbolera, 2007-2009, Javier Rodriguez, courtesy Curro y Poncho Gallery (Guadalajara)


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â?–

Ne vous laissez pas consoler, 2009, Democracia, vidĂŠo, courtesy ADN Galeria (Barcelone) collection Province du Hainaut.



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So Foot

Franck Annese Coup de tête Photos et Propos recueillis par ¬ Marc Bertin

En moins d’une décennie, So Foot a su réconcilier tous les déçus du ballon rond. Irrévérencieux, iconoclaste, décalé, profond et sensible, ce magazine, qui doit autant à George Best qu’aux Undertones, offre chaque mois une parole salutaire au plus noble des sports. Du moins, ce qu’il en reste. Entretien de fin de saison, avant la Coupe du monde, avec Franck Annese, directeur de la publication et supporter devant l’éternel des Canaris.


ot n°1, 8

ine So Fo

az s du mag Couver ture

Quelle est l’origine du journal : un pari entre amis, la réponse de lecteurs frustrés... ? L’envie bien sûr. À l’époque, nous avions créé Sofa, un titre culture avec un vrai club de foot corpo. La frustration également car il était impossible de lire de la presse foot en dehors de l’Équipe et de France Football. C'était d'ailleurs un sentiment partagé : en 2002, on sort un numéro zéro archinul, vendu à 1500 exemplaires, et là, on reçoit

et 55.

près de 200 lettres ! On retente le coup et bis repetita ! Cette liesse nous a poussés à y aller clairement : le 31 mars 2003 sort le numéro 1. En couverture, on avait mis Thierry Roland car on consacrait un dossier aux commentateurs sportifs. La retranscription littérale de notre conversation a certainement décidé TF1 à se séparer de lui… Il était furibard et m’a insulté au téléphone ; trois minutes précieuses qui ont constitué l’éditorial du numéro


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« Rien de mieux qu’un idiot pour commenter un match de foot. » suivant. Depuis, nous nous sommes réconciliés et très honnêtement, rien de mieux qu’un idiot pour commenter un match de foot. Le must have absolu du commentaire sportif des 75 dernières années en France était le tandem Thierry Roland - Frank Lebœuf sur M6. Qu’aviez-vous envie de faire ou surtout de ne pas faire ? Éviter d’emblée le socio-cul, les sujets sur le foot en prison, les papiers larmoyants. Éviter les nains, sauf pour s’en moquer. Les annonceurs ont-ils suivi l’aventure ? La publicité représente environ 5 à 10% de notre chiffre d’affaires. Les gens considèrent encore le lecteur de foot soit comme un enfant, soit comme un lecteur de l’Équipe. Contrairement au Royaume-Uni, la France n’a toujours pas compris que le foot est une culture. Ça fait sept ans qu’on le rabâche aux annonceurs. Mais, on n’existe pas à leurs yeux, sauf Puma et Umbro. Et pourtant, notre lectorat n’est pas

constitué de beaufs. Soit ils ne comprennent rien à So Foot, soit ils ne comprennent rien à leurs marques. Comment se porte le petit commerce alors ? Depuis 2007, So Foot est le seul magazine, presse sportive et culturelle confondues, dont les ventes en kiosques progressent. En un an, on est passé de 35 000 à 45 000 exemplaires, on a 700 000 visiteurs uniques sur notre site. Sans avoir changé d’un iota notre ligne éditoriale. So Foot, c’est une affaire de ton et d’approche, plus que de sujet. On préfère investir dans des reportages et de bons journalistes que dans des locaux luxueux. Ici, on n’a jamais l’impression de bosser. On n’a pas d’horaire, il y a toujours quelqu’un la nuit et si tu ne veux pas venir, tu ne viens pas. Il n'y a qu'une obligation : sortir chaque mois un magazine de qualité. Le foot est-il trop ou pas assez présent dans les médias français ? Il n’y en a pas trop, mais le foot version café du commerce tous les


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« Domenech n’a pas les épaules. C’est juste un portemanteau. » soirs, c’est insupportable et populiste à mort. Contrairement à l’Italie, où l’on en parle avec humour et passion, et à l’Angleterre, où c’est un sujet qui irrigue la culture populaire, en France, on est bête, complexé et vulgaire. À So Foot, on ne parle pas le même langage, on ne fait ni des blagues, ni du people, ni du nostalgique. Je souhaiterais voir éclore des concurrents. C’est emmerdant d’être seul. Quand tu lis Surface, tu pleures. Associer foot et mode (de beauf), c’est comme Islam et jambon… Quel est le lecteur type de So Foot ? La moyenne d’âge tourne entre 30 et 35 ans. Les plus « âgés », eux, sont sensibles aux belles histoires à connotation politique ou sociale. En fait, ce sont des mecs normaux qui ne sont pas branchés à mort sur les classements et entretiennent un rapport intime, souvent lié à l’enfance (mais pas nostalgique pour autant) avec ce jeu. Ils sont capables de réaliser qu’un beau mouvement collectif peut susciter un vrai sentiment voire un émoi quasi-érectile.

Pourquoi avoir attendu 2010 pour qu’une Coupe du monde se déroule enfin en Afrique ? On y a droit cette année et l’on n’est pas près de revoir ça. L’Afrique n’intéresse personne, à part les Chinois. Et surtout pas les annonceurs. 600 000 spectateurs attendus dans les stades (France 98 : 2 785 100 et Allemagne 2006 : 3 359 439 – source FIFA), c’est trois soirées à Benicassim… C’est triste. L’emprise de la Fifa est telle que cet événement n’est plus qu’une vaste cagnotte marketing, bafouant ce sport et son éthique. Personne n’ira en Afrique du Sud et personne ne va regarder les rencontres ! L’Afrique est juste victime du système. La Fifa, cet organisme supra étatique est un cancer dont les métastases vont contaminer d’autres disciplines. À l’exception de quelques directives européennes, il ne subit aucune pression. Au bout du compte, quel est son intérêt d’aller en Afrique ? Même la cérémonie d’ouverture sera humble. De toute façon, la Coupe du monde est devenu un truc de gogos.


Couvert

ures du

magazin

e So Foo t n°67 e t 36.

Sans intenter de procès facile, Raymond Domenech n’a-t-il pas phagocyté l’équipe de France ? Il se rêve en José Mourinho alors qu’il est faible et lâche. Son passé est nul, son présent est nul et même son avenir. Il masque le truc avec de l’arrogance sauf que tu ne peux pas être arrogant en gagnant 1-0 face aux Féroé. Si tu te joues du monde, autant y aller à fond. Or, lui, c’est pas de couilles, pas d’embrouilles. Dès que la Fédération lui tape sur les doigts, il revient tel un chiot à la niche. À qui obéit l’équipe de France ? Elle-même ? Son sélectionneur ? La fédération ? TF1 ? Personne ? Que la liste des joueurs soit dévoi❥

lée sur TF1, au 20h, je m’en fous. Il y a des accords. Le vrai souci, c’est de déplacer la date le 11 mai, jour de la sainte Estelle. Ça peut être drôle, mais Domenech n’a pas les épaules. C’est juste un portemanteau. Ensuite, sur le terrain, l’équipe de France essaie d’obéir à elle-même or elle n’obéit à rien, juste à son instinct. Tactiquement, elle est à la rue car il n’y a pas de général. On pourrait estimer qu'avec un idiot comme Domenech, elle fasse le pari de l’autogestion, mais elle manque de leader. Henri ne l’est pas assez dans l’âme et il n’y a pas de capitaine sur le banc. L’autogestion dans le foot, je n’y crois pas. Il faut toujours un meneur. /

So Foot numéro 77 en kiosque le 2 juin. So Foot dans Libération – le meilleur guide du mondial 2010 – dès le 10 juin. www.sofoot.com


premier skatepark en Ouganda

Kitintale

reportage | 42


texte ¬ Eric Foucher - photos ¬ Yann Gross

Frontside Handplant, le style oldschool.


reportage |

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Kitintale est un quartier déshérité de Kampala, capitale de l’Ouganda. Mais depuis quelques années, on associe ce nom au premier skatepark d'Afrique australe : une oasis de ciment créée avec les moyens du bord. Yann Gross a découvert ce lieu au hasard d'un voyage. Ses photos dépassent largement l'enjeu esthétique ou sportif. Elles racontent deux ans d'amitié avec de jeunes Africains qui ont trouvé une planche de salut contre la misère et l'ennui.

E

n 2008, Yann Gross retrouve sa petite amie dans l’Est de la République démocratique du Congo. Alors qu'il cherche un endroit pour skater dans une région où l’on ne trouve guère que de la terre battue, il découvre Kitintale, considéré comme le premier skatepark d’Afrique de l’Est. Il est fasciné par ces gosses qui, loin du misérabilisme que l’on a l’habitude de nous servir dans les médias, organisent leur monde sans la moindre aide des autorités locales ou des ONG. « Je m’intéresse particulièrement aux questions liées à l’identité et aux rêves. À la manière dont différents individus interagissent entre eux, développent un sentiment d’appartenance et se créent leur propre univers », nous confie-t-il. On comprend mieux pourquoi il a voulu immortaliser cette découverte par un reportage. À l’occasion du dernier Festival international de mode et de photographie de Hyères, ce travail a remporté le premier prix ex-æquo.

Quelle fut votre première réaction en découvrant le skatepark ? Le plus hallucinant, c’est sa localisation. Le parc se trouve dans une banlieue très pauvre de la capitale, au milieu de nulle part. Il faut imaginer des champs tout autour. Comment avez-vous été accueilli ? La première fois, tous les gamins se sont arrêtés de skater pour jauger notre niveau et voir ce dont nous étions capables. Jackson Mubiru, le leader du groupe et créateur de la première mini rampe du site, était très fier que des étrangers testent son skatepark. Grâce à lui, j'ai pu facilement m’intégrer. Et vous ne les avez plus quittés ! De nombreux séjours en deux ans, le temps de mûrir votre projet... Pourquoi avoir choisi la photographie, d'ailleurs ? La photographie est juste le médium avec lequel je me sens le plus >


Isa Kawooya - 5.0 Grind.


reportage |

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« Il y a seulement quatre ans, personne ne connaissait le skate dans cette région. » à l’aise. J’aurais très bien pu utiliser ma plume ou un caméscope (un petit film est visible sur son site, ndlr). Mais la photo permet d'inclure des références picturales pour renforcer la perception de ce que j’ai vécu.

turel possible. J’avais en tête l’idée de parures, comme dans la tradition des portraits aristocratiques.

Les jeunes se sont-ils facilement prêtés à l’exercice ? Oui, ils ont même été très patients. Ils ne comprenaient pas toujours pourquoi j’attendais des heures après quelques nuages pour adoucir la lumière. La photo est encore très rare dans leur vie. Elle est précieuse. À chaque fois que tu vas chez quelqu’un, il te sort son album photo. Quinze images maxi pour résumer une vie. Depuis que j’ai réalisé cette série, quelques portraits trônent fièrement dans certains foyers.

Ont-ils la même conception du skate qu'en Occident ? Il y a seulement quatre ans, personne ne connaissait le skate dans cette région du monde. Ils ont donc développé leur pratique malgré les contraintes urbanistiques (très peu d’asphalte) et économiques : très souvent, ils se partagent une planche à plusieurs. Contrairement à chez nous, le skate est une pratique communautaire. Un sport d’équipe. Ils espèrent d’ailleurs le développer dans d’autres quartiers puis dans d’autres pays pour pouvoir organiser des compétitions inter-clubs et internations en Afrique.

Il y a quelque chose de très noble dans leur pose… En copiant leurs idoles, leurs codes vestimentaires et leurs attitudes, ces jeunes essaient de se bricoler une identité. Je les ai photographiés sur le skatepark ou devant leur domicile en tâchant de garder le plus de na-

Qu’en est-il du niveau ? Comme ils n’ont pas Internet et ne possèdent que des magnétoscopes, ils ont appris en regardant des VHS des années 80-90. Ils ont donc un style très « old school », qui m'a souvent fait sourire. Lors de mon premier séjour en 2008, le niveau >


Baker Ntensibe.


Christine Sawunda.

« Les plus vieux utilisent ce sport pour inculquer des valeurs comme le respect ou la solidarité. » était modeste, j’ai pu leur montrer plein de tricks. Dès l’année suivante, je n’avais déjà plus rien à leur apprendre. Ces mômes sont des stakhanovistes du skate ! On est assez surpris de voir autant de filles... Il n’y a pas de machisme contrairement à ce que l’on pourrait croire.

Il y a juste un peu moins d’engagement car elles craignent de se faire mal. Entre les ravages du sida et l'ennui dû au désœuvrement ce skatepark semble être une véritable bulle d’oxygène... C'est vrai. Lorsqu’ils se retrouvent sur leur skatepark, ces gamins éprouvent


Skatepark au milieu des champs.

un sentiment de liberté mais aussi la fierté d’appartenir à une communauté. Cela leur ouvre de nouvelles perspectives. Et puis, les plus vieux utilisent ce sport pour inculquer des valeurs comme le respect ou la solidarité. Ils ont même instauré des règles très strictes comme l’interdiction de skater avant 16 h pour ne pas pénaliser ceux qui vont à l’école.

Victime de son succès, le skatepark aurait besoin d’un bon lifting. Vous continuez à vous y impliquer activement ? Oui je cherche des fonds et y retourne cet été pour les aider à le réparer et pour y organiser une compétition. /

Pour participer à la reconstruction du skatepark, rendez-vous sur www.yanngross.com (rubrique vidéo) À paraître / Horizonville de Yann Gross, un ouvrage sur le quotidien d’une communauté helvète tentant de vivre le rêve américain au bord d'une autoroute.



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Chouchou et Loulou

à Vienne texte ¬ Antoine Allègre - photo ¬ DR

La diva jazz canadienne Diana Krall forme avec le musicien défricheur anglais Elvis Costello un couple parfaitement énervant : plutôt beaux, sacrément talentueux et assurément complémentaires. Ils se rejoignent sur la scène du Théâtre Antique lors du cru 2010 du festival Jazz à Vienne. Diana Krall-Elvis Costello, ça a quand même une autre gueule que Whitney Houston-Bobby Brown. Prenez d’abord Chouchou. Madame Diana Krall n'est pas du genre à dépoussiérer le jazz à papa. Pas à un paradoxe près, la Canadienne convainc le grand public par son classicisme et son respect intégral pour le dogme jazz. Elle étonne également par sa voix, ce vibrato incroyable qu'elle fait osciller à sa guise : elle peut passer avec beaucoup de facilité d'une ballade tire-jus à un chant scat très véloce. Timbre

que l'on pourrait attribuer les yeux fermés à d'immenses divas noires. Le doute n'est que de courte durée car Diana Krall est une star. Née il y a une quarantaine d'année à Nanaimo, trou perdu canadien, elle a « une enfance parfaite, c'était trop beau pour être vrai ». Outre son minois ravageur, elle fait un malheur avant même d'avoir sorti son premier disque (Stepping Out en 1993, suivi de près par Only Trust Your Heart en 1995). En 1996, c'est la consécration. Elle vend des silos de All For You, son troisième album


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"Diana Krall-Elvis Costello, ça a quand même une autre gueule que Whitney Houston-Bobby Brown. " studio, nommé aux Grammy Award et qui restera près de 70 semaines dans le classement jazz du Billboard. Mais c'est en 2001 que la « diva venue du froid » va définitivement marquer de son empreinte tant le monde du jazz que celui de la variété internationale : The Look of Love. La galette sera quatre fois disque de platine, du jamais-vu en matière de jazz. Dès lors, à chaque fois que Krall arrive dans les bacs, le stock est vite écoulé. Loulou. Celui que son facteur appelle Declan Patrick Mac Manus est né il y a une cinquantaine d’années à Londres. En plein fracas new wave, le rockman briton débouche avec sa dégaine de punk, sa science de la mélodie et sa pop de haute-voltige. En 1977 sort son premier disque My Aim is true. Stakhanoviste de la production, il se nourrit de l’air du temps et passe, sans balourdise, d’une chanson d’amour à une ❥

volute pop s’enflammant à l’essence punk en passant par un morceau de reggae ska. Les anglais appelent ça « versatility » (mais les Français n’auront pas besoin de faire un effort linguistique effrené pour comprendre le sens du mot). La sortie de This Year’s Model en 1978 (suivi de près par Armed Forces) confirme le sens aigü de l’animal en matière de mélodie. Les années passent et Costello n’en finit plus d’expérimenter les différents matériaux que le Dieu Rock lui met entre les paluches (pop, rock, country). En 2003, il se rend compte qu’il n’a jamais osé s’attaquer au jazz. Sa nouvelle épouse – Diana Krall – l’aide donc. Autant dire que lorsque le glamour rencontre la musique hautement fréquentable, il y a très peu de chance que les jumeaux nés de leur union n’aient à rougir du pedigree de papa-maman. Contrairement aux rejetons Brown-Houston. /

Diana Krall et Elvis Costello 8.07, 20h30, Théâtre Antique de Vienne, 45 €, www.jazzavienne.com




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Pulpe amère texte ¬ Aurel Rotival - photo ¬ DR

Richard Hawley : un grand bonhomme à la démarche timide et oscillante, une mèche grasse qui pendouille sur des lunettes noires et une voix sombre, profonde et porteuse d’émotions. Il serait très simple de présenter Richard Hawley comme un simple chanteur qui, la guitare en bandoulière et le regard plongé dans le vague, tire des larmes aux femmes qui n’auraient cessé de rompre avec lui ou de répondre absentes à ses rendez-vous galants. Hawley, c’est une personnalité qui correspond très peu à notre temps, pleine de mystère, de grâce étrange et de tendresse. Si l’on pense bien sûr aux fondatrices Sun Sessions d’Elvis ou au mélancolique Crying de Roy Orbison, de nombreux éléments éloignent le natif de Sheffield d’un primaire statut de crooner et de ces références plus qu’écrasantes. Interprète mais également auteur compositeur, l’énergumène se plaît à teinter quelques-uns de ses morceaux d’un psychédélisme presque bruitiste. Fort d’un certain succès outre-Manche, dû à sa participation ❥

aux dernières années flamboyantes de Pulp (il fut convoqué par Jarvis Cocker pour apporter ses talents de guitariste au dernier disque du groupe et à la tournée qui s’ensuivit), Hawley commence tout juste à faire parler de lui dans nos contrées. C’est pourtant son sixième album que le gaillard vient présenter le 27 juin, un Truelove’s Gutter qui oublie les élans kitsch de certains de ses précédents opus pour revenir à une noirceur lente et gracieuse, et qui n’hésite pas à s’enfoncer pendant plus de dix minutes dans les bas-fonds d’une mélancolie cotonneuse et racée. Nul doute que Fourvière sera le théâtre (romain) parfait pour se laisser porter par la subtile beauté de sa musique et par son charisme désinvolte si particulier. /

RICHARD HAWLEY 27.06, 20h30, Grand théâtre de Fourvière, Lyon 5e, 27€ 04 72 32 00 00, http://www.nuits-de-fourviere.org/


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Relooking intégral pour Jean-Sébastien texte ¬ Audrey Hadorn - photo ¬ Richard Galliano © Vincent Catala

Cette année à Fourvière, Bach subit un véritable traitement de choc. Que ce soit dans le réjouissant et délirant spectacle de Carles Santos, La Pantera imperial, ou dans un concert sobrement intitulé « Richard Galliano joue Bach », le 18e siècle promet d’être sacrément dépoussiéré... Mais que fait Richard Galliano, accordéoniste d’exception, dans un concert consacré à Bach ? « Pour l'accordéon et le bandonéon tout reste à faire, avec cet enregistrement une voie royale

s'ouvre devant eux... Je suis heureux et fier d'en être le défricheur », confie le musicien au sujet de son dernier album consacré à Bach. Certes les partitions n’ont subi aucune transcription, mais


la présence de l’accordéon dans des compositions si savantes n’est-elle pas un peu sacrilège ? Pour ceux que cette dernière lubie de Galliano ulcère, avouons qu’un concert en plein air, où résonnent l’Art de la fugue et la sonate n°2 joués par un accordéoniste et un ensemble de cinq chambristes (deux violons, un alto, un violoncelle et une contrebasse), aura sans doute son petit charme. Quant à l’artiste touche à tout Carles Santos, son amour obsessionnel pour Bach l’a amené à fondre son univers artistique à celui du maestro allemand. La Pantera imperial détonne par sa forme inclassable, saisis❥

sante, à mi-chemin entre la commedia dell’arte et une grande démonstration de virtuosité. Sur scène, musiciens et comédiens se succèdent dans des saynètes transfigurant l’œuvre au milieu de moulures à l’effigie du compositeur. Cette omniprésence visuelle et sonore confère à l’ensemble un aspect délirant et psychédélique. Drôle, sensuel et touchant, le spectacle montre un nouveau visage de Bach sans que la partition en pâtisse. Celle-ci est exhumée mais intacte, juste enjolivée d’artifices, une recette miracle en quelque sorte pour séduire les novices et ne pas énerver les puristes. /

La Pantera imperial, 28.06, 22h Richard Galliano joue Bach, 29.06, 21h30 Grand Théâtre de Fourvière, Lyon 5e, 04 72 32 00 00, www.nuits-de-fourviere.org



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Midón de synthèse texte ¬ Sandra Moisson - photo ¬ DR

Le chanteur et guitariste américain Raul Midón jouait dans un club downtown de Manhattan, le Joe's Pub, un soir de 2003 où le réalisateur Spike Lee passait par là. Heureux hasard. Les fées ne s'étaient pas penchées sur son berceau au départ. Né prématuré dans un hôpital du Nouveau-Mexique, Raul Midón perd la vue faute d'une protection des yeux en couveuse. A 15 ans, quand il sort de l'école pour non-voyants, il s'oriente vers la musique et le prestigieux cursus Jazz de la Faculté de Miami. Doté d'une excellente technique vocale, le jeune métis latino est régulièrement embauché dans les chœurs qui accompagnent Enrique Iglesias, Shakira, Ricky Martin... En 2002, lassé de ces cachetons alimentaires, Raul Midón part tenter sa chance à New-York. Dans un bar de Manhattan, Spike Lee le remarque et l'invite à jouer au Carnegie Hall à l'occasion du show « The movie music of Spike Lee ». Le public l'ovationne. Quelques mois plus tard, il enregistre son premier disque State of Mind et le tube éponyme. Depuis, Raul Midón a imposé son style, une fusion de soul, jazz, folk et musiques latines qu'on retrouve sur son dernier album, Synthesis. Mais c'est sur scène que son talent s'exprime encore le mieux. Derrière ses lunettes noires, le guitariste virtuose captive l'auditoire de sa voix profonde et puissante qu'il utilise également pour reproduire le son de la trompette ou du saxophone. Les fées se sont bien rattrapées. / ❥

Raul Midón 8.06, 20h, Le Transbordeur, Villeurbanne, 23 €, www.transbordeur.fr


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texte ¬ Aurel Rotival - photo ¬ Luciana Val & Franco Musso

Love is in the air Air n'a rien perdu de son art pour façonner une musique electroplanante et prouver que la french touch bande encore. Consultation en trois phases. Symptômes : étrange sensation de plénitude, sentiment d’hypnose, sens décuplés, frissons inavoués, vibrations intérieures, sourires béats. Diagnostic : addiction démesurée aux notes d’amour du duo versaillais. Depuis la fin des années 1990, Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel façonnent un son cosmique, hormonal et hypnotique, sculpté de nappes de synthétiseurs et de grooves tropicaux gravitant autour de guitares pink floydiennes. Une musique qui caresse les sens, les décuple et offre une surprenante impression d’appartenir pleinement à son temps malgré ses réminiscences seventies. Air, la musique d’une jeunesse ancrée dans la nostalgie de temps perdus qui compose cependant avec les attentes et les ressentiments de sa génération. Une posture qui séduisit sûrement Sofia Coppola, pour qui ils composèrent en 2000 la bande-son parfaite (The Virgin Suicides, diamant brut au romantisme mélancolique et malsain). Attention cependant à ne pas dépasser les doses prescrites : à force de minutie assidue, et de polissage perfectionniste sur chacune de ses notes, le son du duo ennuie (l’album-déception Pocket Symphony, 2007). Heureusement, les deux zéphyrs ne sont pas le meilleur groupe issu de la french touch pour rien : l’album Love 2 aura renoué en début d’année avec leurs envolées mélodiques douces et câlines. Prescription : en live, leur son réinterprété et redimensionné transporte sur un petit nuage. / ❥

AIR 13.06, 20h, 38€50, Le Transbordeur, Villeurbanne, 04 78 93 08 33



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texte ¬ Sandra Moisson - photo ¬ Africando © DR

Week-end

muy caliente Pour sa 7e édition, le festival Y Salsa quitte l'Ile Barbe et s'installe à la Confluence pour trois jours de concerts et de manifestations gratuites. Depuis 2004, les aficionados de danses et musiques latines ont rendez-vous traditionnellement fin juin sous les arbres de l'île Barbe pour le festival Y Salsa. Cette année, exceptionnellement, il déménage à la Confluence, le nouveau quartier du sud de la Presqu'île. Dans le cadre de l'inauguration officielle de la première tranche de ce projet urbain, la ville de Lyon organise un grand week-end festif et gratuit en réunissant au même endroit la programmation de deux festivals : Tout l'Monde Dehors et Y Salsa. Pendant trois jours, les animations vont se succéder sur ces nouveaux sites, de la place nautique aux jardins des Berges de Saône. Au programme : défilés de batucadas, démonstrations et cours d'initiation aux danses latines : cha cha cha, merengue, tango, bachata... Et aussi des jeux pour les enfants et des battles salsa entre les élèves des écoles de danse lyonnaises. Sans oublier les concerts. Dès vendredi, l'orchestre Sucursal, référence de la salsa dura en Espagne, ouvre le bal sur la scène de la Sucrière. Suivi samedi des cubains de Bamboleo et du groupe Mercadonegro. Puis Los Guasoneros de Guantanamo et l'orchestre Chekere pour clôturer le week-end en beauté dimanche soir. Ven a bailar ! / ❥

Y Salsa Festival 25.06, de 18h à 0h, 26.06 et 27.06 de 12h à 0h, Confluence, Lyon 2e, Gratuit, www.y-salsa.com



musique |

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texte ¬ Audrey Hadorn - photo ¬ DR

L’enfer, c’est le supermarché Dans une mise en scène pop et trash de Laurent Pelly, l’opéra Hänsel und Gretel d’Engelbert Humperdinck débarque à l’Opéra de Lyon après avoir fait sensation en 2008 au festival de Glyndebourne. Univers glauque-acidulé et critique acerbe de la société de consommation dynamitent le conte de Grimm. Hänsel et Gretel a sans doute traumatisé des générations d’enfants avec une morale qui au premier degré est plus que douteuse se résumant à : « même lorsque tu meurs de faim, abandonné par tes parents avec ta sœur, si tu tombes sur une maison en pain d’épices, passe ton chemin car le paradis peut cacher le mal. En l’occurrence une sorcière qui va t’engraisser pour te dévorer ». C’est cette histoire démente qu’Engelbert Humperdinck a choisi de mettre en musique en 1893 en pleine expansion du genre « opéra-conte de fée ». Fortement inspiré par Wagner, le compositeur crée un univers musical entêtant, riche en leitmotivs musicaux. La partition transfigure le conte en légende. Laurent Pelly, metteur en scène toujours inspiré, dépouille l’œuvre des codes de l’enfance et de sa magie. Au pays de Pelly, les deux enfants - incarnés par la mezzo-soprano Michaela Selinger et la soprano Julia Novikova - sont SDF et vivent dans des cartons. C’est au cœur d’une forêt apocalyptique qui abrite un supermarché aux étalages alléchants, qu’un travesti interprété par Wolfgang Ablinger-Sperrhacke fait office de sorcière. La folle dualité des sociétés capitalistes, où consommation effrénée et misère se côtoient, est épinglée dans ce parcours initiatique violent et franchement terrifiant. / ❥

Hänsel und Gretel 8.06 au 16.06, 20h, Opéra de Lyon, Lyon 1er, 0826 305 325, www.opera-lyon.com




cinéma |

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À bout

de souffle ? texte ¬ Aurel Rotival photo ¬ DR

Jean-Luc Godard, 80 ans, 50 années de cinéma, 0 récompense cannoise. À l’heure où la Croisette accueille son nouvel OVNI, un retour sur ce qu’il reste de son cinéma s’impose. Définir l’œuvre du cinéaste est en soi une entreprise vouée à l’échec, tant elle est abondante, difficile, obscure, toujours avant-gardiste dans le fond et dans la forme, ce qui amène sans doute certains à crier à la fumisterie. De Pierrot le Fou à Alphaville, en passant par À Bout de Souffle, les films de Godard qui ont le plus marqué les esprits et l’art cinématographique sont ceux de la période Nouvelle Vague dans les années 60. Il est cependant indéniable qu’ils partagent avec ses œuvres les plus ignorées (ses expériences vidéo à la limite de l’art contemporain ou ses aventures de militant maoïste en 16 mm au sein du groupe ❥

Film Socialisme en salles depuis le 19 mai

Dziga Vertov dans les années 70) une constante recherche de la vérité, une volonté obsédante d’aller toujours audelà du cinéma. La bande-annonce de Film Socialisme va également dans ce sens : des mots, des images accélérées, des rock stars (Patti Smith), des intellectuels (Alain Badiou, Elias Sanbar)… Et pourtant, derrière cette succession de plans fixes inaccessibles, plane une âme rassurante. Godard et Cannes, longue histoire de désamour : le Suisse, aux côtés de Bergman, Tati, Bresson ou Tarkovski, fait partie des grands maîtres à qui Cannes a toujours refusé la décoration ultime. /


D.A. et photographies : Séréna Lutton, Simon Routa // Modèles : Camille, Elsa, François, Marilyne, Sofien, Sylvain, Yohann // Stylisme : Nadia Lamara

In the middle of nowhere

mode | 68


FRANรงOIS T-shirt Supreme / Jean ELEVEN / Chapeau Supreme / Sac American Apparel


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expositions |

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L'art-mateur texte ¬ Gallia Valette-Pilenko photo ¬ Marc Desgrandchamps, Sans titre - Triptyque, 2005

Le Musée qui porte son nom expose les dernières donations de Paul Dini, fondateur du groupe de presse Comareg, un Pinault du Beaujolais en quelque sorte. Cette collection d'artistes de la région est dominée par la peinture figurative. Industriel d'origine stéphanoise, Paul Dini a toujours eu un penchant pour les arts. Le Musée avait ouvert ses portes à l’occasion de sa première donation en 1999. Voici donc la dernière livraison, la sixième et la septième donations. Cette collection reflète les « coups de cœur » d’un amateur (pas toujours éclairé du reste) sur une période s’étalant de 1865 à nos jours. Accrochée au premier étage de


l’Espace Grenette, qui abrite aussi la collection permanente et dans le second bâtiment, baptisé Espace Cornil. On laissera de côté l’Espace Grenette, qui, à part les sculptures-tableaux d’Armand Avril et Philippe Dereux, une toile d’Albert Gleizes et une autre d’Émilie Charmy ne présente pas un intérêt majeur, sauf pour les amateurs de paysages bucoliques. On s’intéressera davantage à cette ancienne usine textile qui abrite des œuvres de jeunes (et moins jeunes) artistes. Panorama plutôt juste de la création régionale d’aujourd’hui, elle rassemble des peintures de Kacem Noua, Georges Adilon, Marc Desgrandchamps, Patrice Mortier ainsi que de plus jeunes artistes. La jeune génération côtoie la précédente dans de joyeux face-à-face qui éclairent les goûts du collectionneur et confirment son faible pour la figuration et la peinture. Ainsi, le Soleil rouge de Florence Rey, une libre interprétation du Déjeuner sur l’herbe ou Verdun 1916 de Éric Manigaud, une reproduction maniaque d’une photo de la grande guerre. Pertinent. / ❥

Le choix d’un collectionneur Jusqu’au 19.09, Musée Paul Dini, Villefranche-sur-Saône, 04 74 68 33 70.


expositions |

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Le poète

et les peintres texte ¬ Gallia Valette-Pilenko photo ¬ Bram van Velde : Figure de femme corse, DR

Une rétrospective des frères van Velde se tient au Musée des BeauxArts. Visite guidée avec Charles Juliet, poète lyonnais qui a bien connu Bram et recueilli patiemment les témoignages du peintre. C’est un vrai plaisir que de faire la visite avec Charles Juliet, un charmant vieux monsieur, qui a mille histoires à raconter sur le sujet. Deux toiles ouvrent l’exposition, l’une de Bram, l’autre de Geer, Charles Juliet embraye : « On voit d’emblée que les œuvres sont très différentes, qu’ils sont aux antipodes ». Il commence à parler de Bram, qu’il allait visiter régulièrement à Grimaud, de cet homme « soumis à son destin de peintre, qui a vécu dans une grande misère toute sa vie. Il était d’une passivité totale par rapport à la vie, tourné exclusivement vers sa vie intérieure ». En arrivant dans la deuxième salle, il explique « le vrai début de son œuvre. Quand il s’est installé à Worpswede, un petit village du nord de l’Allemagne, où résidait à l’époque une colonie d’artistes expressionnistes, là où Rilke avait rencontré Clara. Là que ❥

Bram fait la connaissance de Alfred Kollmar (dont Bram fait un admirable portrait, présent dans la même salle, NDLR), un homme à la capacité de double-vue qui avait fasciné Bram. Comme il me parle de la boîte de crayons de couleurs qu’on lui avait offert pour ses quatre ans et dont il parle cinquante ans après comme si ça s’était produit la veille. » Charles Juliet est intarissable sur Bram, qu’il préfère à son frère, comme tant d’autres. Surtout vers la fin, la période qu’il affectionne particulièrement, accrochée dans les salles du haut, où « la toile ruisselle de vie. » À l’inverse de Geer, que Juliet n’a rencontré qu’une fois, qui « n’a pas de difficulté à ordonner, à ordonnancer ses éléments, où tout est en ordre. » Alors que Bram disait « la vraie peinture va vers la laideur, l’affolement. » On peut goûter l’un et l’autre. /

Bram et Geer van Velde, deux peintres un nom Jusqu’au 19.07, Musée des Beaux-Arts, Lyon 1er, 04 72 10 17 40, www.mba-lyon.fr Lumières d'automne – Journal VI (1993-1995) de Charles Juliet est paru cette année chez P.O.L.



expositions |

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Clair-obscur texte ¬ Gallia Valette-Pilenko photo ¬ DR

Le bestiaire fantastique d'Assan Smati est visible au milieu des machines à imprimerie de l'Urdla. Il fait forte impression. L’Urdla est plus connue des artistes que du grand public. Et pour cause, c’est l’un des derniers vrais ateliers de gravure et d’estampes de France. C’est pour cette raison qu’on retrouve Assan Smati, émérite artiste natif de Saint-Chamond, qui aime se confronter aux différentes disciplines classiques de l’art, notamment les eaux-fortes et les xylographies dans cette ancienne imprimerie qui a gardé une activité d’édition. On a l’habitude d’ordinaire que Assan Smati investisse l’espace avec des sculptures monumentales qui l’avale (l’espace). Mais ici, il faut dire que le lieu, suffisamment encombré de grosses machines, ne s’y prête pas vraiment, il n’y en a pas. Sauf une. Une vanité plus grande que nature, ❥

aux étranges tubes qui lui sortent de la tête, comme les cheveux de la Gorgone qu’on aurait sectionnés. À la fois inquiétant et dérisoire, ce crâne gris peut se lire comme une métaphore de l’humain. Tout comme ces papillons-figures qui se déclinent sur les murs blancs, eaux-fortes gravées à l’acide sur des disques d’aluminium, et inventent une nouvelle mythologie composée d’être hybrides alliant la légèreté des ailes du lépidoptère à l’épaisseur d’une tête d’éléphant ou la pesanteur d’un squelette. Sans omettre de citer les artistes du XXe siècle, avec déférence et ironie, quand il renverse son boxeur bleu aux allures de sumo trop maigre. La citation à Baselitz est limpide. À l’image du travail de Smati, révélé mais gardant son obscurité. /

ASSAN SMATI - ÉVOLUTION Jusqu’au 16.07, URDLA, Villeurbanne, 04 72 65 33 34.



agenda

© Catherine Marcogliese, Galerie Vrais Rêves

© Guillaume Linard-Osorio

Perceptions Photographiques

Le Champ des Possibles

Ces cinq artistes sont attirés par le paradoxe entre la profondeur de l’image photographique et la frontalité du support. Par la mise en scène de leurs compositions, ils créent un volume qui dépasse la surface plane imposée par la photographie. Cette exposition-performance réunit le collectif autour de la perception sensible de l’espace et du temps. ❥ Jusqu'au 26.06, merc>sam : 15h>19h,

Guillaume Linard-Osorio réunit les codes communs de l'architecture occidentale. En suspens, matériaux bruts et maquettes sont présentés comme une promesse de paysage en devenir. Point de transition entre utopie et réalisation, les permis de construire narguent l'ensemble, comme s'il suffisait de cocher une simple case pour actionner le tout et donner vie au projet. ❥ Jusqu'au 30.06, lun>vend : 14h>19h,

Galerie Vrais Rêves, Lyon 4e 04 78 30 65 42, www.vraisreves.com

Galerie Roger Tator, Lyon 7e 04 78 58 83 12 www.rogertator.com


expositions |

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DR

Série Mémoire 2006, détail © Sammy Baloji

Empreintes d'Edmond Locard

Passages : Afriques & Créations

A la mode depuis ces dernières années, les Experts n'ont qu'à bien se tenir : c'est Edmond Locard qui leur a tout appris ! Dès 1910, ce Lyonnais met au service de la justice son expérience de médecin légiste pour élaborer une police de laboratoire. Edmond Locard, à la fois scientifique et homme des arts : un parcours au rayonnement international passé au peigne fin. ❥ Jusqu'au 13.07, lun>sam,

Sammy Baloji présente un travail sur la région du Katanga dont il est originaire. Convoitée pour ses richesses minières à l’époque coloniale, cette région du Congo porte les stigmates d’une exploitation abusive. Cette série de photomontages superpose des images d’archives et des photos d’architecture industrielle à l’abandon. « Passages » entre passé et présent, mémoire et héritage. ❥ Jusqu’au 24.07, mer>sam : 13h>19h,

Archives Municipales de Lyon, Lyon 2e 04 78 92 32 50, www.archives-lyon.fr

Fondation Bullukian, Lyon 2e, 04 72 52 93 34


agenda

© Serge Clément

N à Y from End to Why, Serge Clément Dans une New-York inconnue, Serge Clément s'approprie des instants, des situations et fouille la ville pour mieux la connaitre. En quête de repères, il cherche à prendre possession de ce vaste territoire. Son retour au Québec marque le début de deux années de travail en laboratoire qui impose un regard distancié sur son voyage et fait appel au souvenir, à la mémoire. ❥ Jusqu'au 24.07, merc>sam : 14h>19h, Galerie Le Réverbère, Lyon 1e 04 72 00 06 72, www.galerielereverbere.com

Untitled (Chart on 5 glass balls) 2008© Florian Kleinefenn

12 by 2 Matt Mullican est une grande figure de l'art contemporain et pourtant aucune exposition ne lui a été dédiée en France depuis celle de Grenoble en 1990. Sorte de cabinet de curiosité contemporain, l'exposition présente les différents champs d'exploration de l'artiste américain. Foisonnant répertoire de pictogrammes et œuvres réalisées sous hypnose constituent son laboratoire de création depuis les années 70. ❥ 4.06>29.08, merc>dim : 13h>19h, IAC, Villeurbanne, www.i-ac.eu, 04 78 03 47 00


expositions |

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Jean-Pierre Vernant & Pierre Vidal-Naquet, 1986, Coll. Centre Louis Gernet

Citoyens en Résistance Nés d'un intérêt commun pour l'organisation de la Grèce Antique, les engagements de Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet sont indissociables. S'appropriant les codes de cette Cité, ils en proposent une adaptation actuelle contre toute forme d'injustice. Dès 1958, ils mènent de nombreux combats dès lors que la démocratie est en danger. Un hommage posthume rendu à cette collaboration de près de 40 ans. ❥ Jusqu'au 19.09, merc>dim, CHRD, Lyon7e 04 78 72 23 11, www.chrd.lyon.fr

© Graphica

Musiques ! Voyages sonores à Villeurbanne De l'exil à la terre d'accueil la musique accompagne le migrant sur les routes. Traditionnelle et populaire, elle constitue l'identité d'un peuple et perpétue sa mémoire. Pour cette exposition, la diversité ethnique de la ville est abordée d'un point de vue sonore. Une partition métissée composée par les habitants de Villeurbanne : découverte de ces nombreuses pratiques musicales. ❥ 11.06>2.10, mar>sam, Le Rize, Villeurbanne 04 37 57 17 17, lerize.villeurbanne.fr


" Brigut Apex ", 2007, Beijing


Li Wei

portfolio |

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â?– 1. " Arrow of love ", 2009, Beijing - 2. " Love at the high place ", 2004, Beijing


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â?– 1. " Balloons 2 ", 2009, Beijing - 2. " Live at the high place ", 2008, Beijing - 3. " Liwei falls to the Earth ", 2002, Beijing.


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Réalisé sans trucage Photographie, acrobaties // Beijing, Chine // www.liweiart.com texte ¬ Léa Daniel

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Méfiez-vous des apparences ! Li Wei n’utilise pas Photoshop®. Non pas à cause de son âge (quarante ans) mais parce que le processus de création est pour lui aussi important que l’œuvre elle-même. Partant de cette idée, l’artiste pékinois a choisi un détonant mélange de performances et de photographies pour s’exprimer. Un peu à la manière d’un réalisateur, il dirige ses figurants pour créer l’illusion d’optique et simuler à la perfection l’apesanteur. Il (se) met en scène, s’affranchit de la gravité par le truchement d’accessoires invisibles aux yeux des spectateurs. Des kilomètres de câbles, quelques miroirs bien placés et une bonne


❖ 1. " Live at the high place ", 2008, Beijing. - 2. " Transparent Ecology ", 2001, Beijing.

dose d’acrobatie... Li Wei s’appuie sur des faux-semblants pour révéler une réalité souvent irrationnelle, parfois surréaliste et généralement drôle. Et toujours au bord de la rupture. En passant au XXIe siècle, il s’est détourné de la peinture pour s’engager dans un art qui le mobilise complètement. Devant et derrière l’objectif, il s’est donné comme mission de créer des images surprenantes, mais surtout universelles. Alors, dans ses dernières séries, Li Wei apparaît vêtu de l’uniforme de l’homme moderne : t-shirt blanc, short en jean, baskets noires. « J’aborde des sujets contemporains, sociaux ou politiques en utilisant des symboles connus de tous, à chaque coin du monde, aime-t-il dire. Je suis fasciné par l’instabilité et le caractère dangereux qui existe dans l’art ». Et d’admettre que parfois, il se met luimême en danger. Une situation critique qui n’est pas sans rappeler le « saut dans le vide » de notre très frenchie Yves Klein. /



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L'imagination

au pouvoir texte ¬ Léa Daniel et Richard Célèbre - photo ¬ DR

Bordeaux, Toulouse, Paris, Lyon mais aussi Basse-Terre ou Amiens... Du 1er au 4 juillet, neuf villes participent à Imaginez maintenant, événement national et transdisciplinaire qui propose à la jeune création de partir à la conquête du patrimoine national. Imaginez maintenant : un nouveau festival consensuel transplanté par Paris en province ? C'est ce que donne à penser cette initiative de Martin Hirsch, ex-Haut Commissaire à la Jeunesse, et du très décrié Conseil de la Création Artistique, présidé par Marin Karmitz, le fondateur les cinémas MK2. Ce qui aurait pu transpirer le surfait a été sauvé par un coup de baguette magique. Finalement, cette proposition nationale porte en elle de grandes promesses par le seul fait qu'elle joue le jeu en local pour donner carte (pres-

que) blanche à des artistes de moins de trente ans qui n'attendaient qu'une scène pour se produire. Un évènement littéralement décentralisé « que chaque ville fait un peu à sa façon : à Lyon on le fait façon Subsistances, » comme le dit Cathy Bouvard, co-directrice du lieu. C'est en effet dans l'ancien couvent dédié à Sainte-Marie des Chaînes que se passe l'événement. Voilà pour le patrimoine. Et côté création ? « Du spectacle vivant, de la musique, des projets assez originaux » organisés en deux axes : les imaginoires et les >


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cabinets de curiosité. Les cinq imaginoires constituent cinq points cardinaux de la manifestation, lieux de création plastique, scénographique mais aussi de cuisine ou de mode. Parmi eux, signalons le bal festif en hommage à Jean-Daniel Dugommier, légendaire théoricien du Louche ou « Terminez les plats ! », injonction lancée par de jeunes chefs au public chargé d'accommoder leurs recettes. Le cirque, discipline privilégiée par l'équipe des Subs, n'est pas oublié avec l'imaginoire Groin,

dans un spectacle baroque autour du beau et du laid. Hors les murs, une péniche emmène les spectateurs au fil de la Saône pour une balade qui mêle les sciences (anthropologie, sociologie) aux performances artistiques. Au long des quatre jours, les visiteurs découvrent également le lieu sous un autre angle grâce aux cabinets de curiosités végétal, textile, lumière, sonore et culinaire installés par de jeunes créateurs. Parmi lesquels la brodeuse Peggy Derolez et ses


accessoires vestimentaires inspirés des coqs de basse-cour ou le collectif Laab et son « jardin communicant » où les plantes créent par leur rythme propre de montée de sève des sonorités très diverses. Ce week-end de création s'annonce autant culturel que festif avec une programmation musicale urbaine, world et electro, ❥

qui associe de nombreux partenaires locaux (Nuits Sonores, 6e Continent, l'Original Festival), de la danse avec le CNSMD et l'ENBA, des jeux de lumière et même un pique-nique nocturne... « On va bien s'amuser, s'enthousiasme Cathy Bouvard. Et c'est une manière de montrer le talent des plus jeunes qui ont une énergie folle. » /

Imaginez maintenant 1er au 4.07, Les Subsistances, Lyon 1er, www.les-subs.com


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Transe genre texte ¬ Gallia Valette-Pilenko - photo ¬ Michel Cavalca

30 ans, ça se fête. Et quel plus beau cadeau pouvait faire la Maison de la Danse à ses habitués que programmer une des plus belles réussites de la dernière Biennale de la Danse ? Évidemment, il y a un pique-nique et une danse à apprendre. Mais surtout il y a la reprise de Blue Lady de Carolyn Carlson par Tero Saarinen. Solo culte de la chorégraphe mondialement connue, pièce de la maturité, Blue Lady a sillonné les salles du monde plus de 10 ans après sa création à la Fenice de Venise en 1983. Sa reprise en 2008 par le danseur et chorégraphe finlandais Tero Saarinen fut une magnifique surprise. Tout d’abord par sa modernité 25 ans après et surtout par l’incroyable interprétation du danseur finnois. La grande Carolyn a eu une idée de génie de confier à cet interprète sensible et puissant la reprise de Blue Lady. Même si du propre aveu de Saarinen, ce fut une épreuve autant qu’un grand bonheur. En effet, donner le rôle à un homme permet de renouveler la pièce en posant la question du genre, qui échauffe les penseurs d’aujourd’hui. Portrait d’une femme en questionnement (elle avait eu un enfant peu de temps avant), au sommet de sa maturité artistique, démonstration de virtuosité, de sensualité et de féminité, Blue Lady, avec Tero Saarinen prend des allures de danse sauvage, à l’animalité affleurante, le tableau d’un homme qui a cherché « des archétypes, que j’ai quelque part en moi ». Un homme se dévoilant, sans pudeur mais avec retenue, l’image, en creux d’un artiste lointain et proche à la fois. On se souvient de cette robe rouge, flamboyante, qui découpe le plateau comme une lame et d’un danseur fulgurant, qui a saisi l’essence de la pièce. À voir (ou revoir) sans modération. / ❥

Blue Lady (revisited) Du 15.06 au 18.06, 20h30 (le 16.06, 19h30), Maison de la Danse, Lyon 8e 04 72 78 18 00, www.maisondeladanse.com




Meirieu

place en Banks texte ¬ Nicolas Blondeau - photo ¬ DR

De Beaux Lendemains, voilà ce que nous promet Emmanuel Meirieu avec son adaptation scénique du roman éponyme de Russels Banks. Avec une distribution bank(s)able : Nicole Garcia, Maurice Bénichou et Richard Berry. La trajectoire d’Emmanuel Meirieu a ceci de particulier que ce sont ses spectacles pas forcément les plus aboutis qui ont créé du buzz. Tout commença il y a dix ans, quand le jeune homme, alors identifié comme le « trublion du théâtre lyonnais », se lança dans des mises en scènes trash de nos illustres contes de fées. Scandales et polémiques se déchaînèrent. Plus tard suivies d’autres controverses lorsque de grands classiques de Shakespeare ou de Sophocle se retrouvèrent montés façon western spaghetti. Une sauce pas toujours appréciée des puristes. Mais Meirieu sut clore ce chapitre de la provoc’ - parfois toc - pour explorer d’autres pistes, moins balisées d’agitation médiatique, l’amenant à adapter pour des scènes souvent plus modestes des auteurs anglo-saxons tels Jez Butterworth, David Mamet ou Joe Connelly. Dans cette veine, il se révéla un excellent directeur d’acteurs, privilégiant l’émotion et l’intensité du jeu sur les effets faciles. Le tout dans des spectacles mettant aux prises des paumés, des marginaux aux destins brisés. Des éléments à forte charge émotionnelle que l’on devrait retrouver à Fourvière. Meirieu y adapte un roman de Russel Banks, De Beaux Lendemains, qui montre comment quatre personnes reviennent sur une tragédie, la mort de quatorze enfants dans le crash d’un bus sur un lac gelé. Pour interpréter ces quatre êtres touchés par l’accident, Meirieu s’appuie sur trois pointures de notre cinéma : Nicole Garcia, Maurice Bénichou et Richard Berry ; mais aussi une jeune actrice prometteuse, Judith Chemla. / ❥

DE BEAUX LENDEMAINS 19 au 22.06 à 22h, 20 € / 25 € Grand Théâtre de Fourvière, Lyon 5e, www.nuitsdefourviere.fr

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texte ¬ Nicolas Blondeau - photo ¬ Christian Ganet

Lorenzaccio, l’assassin florentin

Claudia Stavisky renoue avec les classiques et met en scène Lorenzaccio, le chef d’œuvre de Musset. Sous chapiteau, la pièce sillonnera le département un mois et demi durant. Pour qui s’intéresse au théâtre mais aussi à l’histoire, il est conseillé de se renseigner sur Lorenzino de Médicis. On s’aperçoit que ce personnage qui a inspiré Alfred de Musset et George Sand a eu une vie courte, intense et plutôt agitée. Rock’n’roll avant l’heure, dirait-on, entre folie, violences, beuveries, complots, sexe sans tabou, création artistique (il était écrivain) et assassinats. Dans Lorenzaccio, Alfred de Musset reste fidèle à l’itinéraire historique de ce personnage, mais il le complexifie encore davantage. Au point que sa pièce fut longtemps réputée injouable : elle ne fut d’ailleurs jamais mise en scène du vivant de l’écrivain des Confessions d’un enfant du siècle. Jusqu’à ce que des metteurs en scène chevronnés trouvent comment représenter ce texte conçu, de l’aveu même de son auteur, plus pour la lecture que pour la représentation. Lorenzaccio acquit alors la dimension de chef d’œuvre. Notamment comme le souligne Claudia Stavisky, directrice du théâtre des Célestins, parce que la pièce « fait se rejoindre les sphères de l’intime et du politique de façon quasi parfaite ». Une dimension qu’elle a à cœur de mettre en avant dans sa version où Thibaut Vinçon (acteur remarqué chez Daniel Mesguich) tient le rôle titre. Dans une distribution où l’on retrouve avec plaisir des habitués de nos scènes comme Jean-Marc Avocat, Mohamed Brikat ou Magali Bonnat. / ❥

LORENZACCIO 4 au 26.06, sous chapiteau, site du Château de Gerland, Lyon 7e Rens./Rés. Les Célestins Théâtre de Lyon, 04 72 77 40 00, www.celestins-lyon.org



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texte ¬ Gallia Valette-Pilenko - photo ¬ Antony Hamilton © Byron Perry

Poker mentor Une nouvelle vague anglo-saxonne vient submerger le Ballet de l’Opéra de Lyon qui s’installe pour la première fois aux Subsistances. Il s’agit de trois chorégraphes quasiment inconnus au bataillon des créateurs internationaux. Repérés dans le cadre de la fondation Rolex et de son programme Mentors et protégés qui propose chaque année à un(e) jeune artiste de suivre pendant un an un mentor (vu dans des pubs magazine avec Martin Scorsese et sa protégée portugaise Celina Murga), nos trois jeunes compères ont en commun le goût de l’exploration visuelle. Jason Akira Somma, lauréat 2009, a baptisé sa pièce (mais c’est un titre de travail qui peut changer) Angelic Dystopia. Ce Newyorkais d’adoption développe pour cinq danseurs et quatre caméras infrarouges un univers à la beauté glaçante qui puise son origine dans sa réflexion sur la société de surveillance. Habitué des projets atypiques, il est à la fois danseur, chorégraphe, photographe et réalisateur de films. Tout comme son homologue Otto Ramstadt qui s’intéresse au process de création d’images par le mouvement. Performer formé au BMC (Body Mind Centering, une technique somatique), il crée à Lyon une pièce pour dix danseurs avec sa complice Olive Bieringa. Le troisième larron Antony Hamilton est australien, et la pièce qu’il crée, le dernier volet d’un triptyque intitulé Black project. Une soirée placée sous le signe des images et de leurs illusions. / ❥

Next Wave par le Ballet de l’Opéra de Lyon 8.06 au 12.06, 20h, Les Subsistances, Lyon 1er, 10 € / 12 € 0 826 305 325, www.opera-lyon.com



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texte ¬ Nicolas Blondeau - photo ¬ Clément Bartringer

On est quand même

tous des Européens ! « We are the world » était l’insupportable refrain repris en chœur par des « stars » en quête de reconnaissance de leur bon… cœur. Massera est plus modeste mais aussi plus drôle, We are l’Europe nous informe-t-il. « Regarder les petit-bourgeois blancs qui peuvent plus se la raconter », telle est la louable ambition de We are l’Europe, le livre de Jean-Charles Massera devenue une pièce mise en scène par Benoît Lambert, après un travail commun entre les deux hommes. Un projet mélangeant sociologie et humour qui fera sa dernière escale au théâtre Les Ateliers, concluant ainsi une tournée des plus réjouissantes. Le spectacle met aux prises des jeunes Européens angoissés par leur existence. Il s’organise comme une sorte de forum de discussion portant sur différents sujets de société allant « des baskets d’aujourd’hui où l’on pue moins des pieds » au « capitalisme qui fait moins bander ». Le tout exprimant, selon le metteur en scène : « aussi bien l’existence concrète des habitants de l’hémisphère nord que l’angoisse due à la perte de notre centralité ». Mais toujours avec une forme de tendresse même quand la critique est acérée, une mise à distance, un humour qui fonctionne très bien. Le tout servi avec cette façon qu’a Massera de pervertir cette « novlangue » en vigueur dans les cercles médiatiques, la tourner en dérision, tout en lui faisant dire justement ce qu’elle tenait à cacher. / ❥

WE ARE L’EUROPE 1er au 4.06, Théâtre Les Ateliers, Lyon 2e , 10 €/20 € 04 78 37 46 30, www.theatrelesateliers-lyon.com



agenda

© Thierry Chassepoux

DR

Marguerite et François

Les Mains sales

Gilles Pastor / Cie Kastor Agile

Sartre / Toutain-Rosec

Marguerite, c'est Duras, François, c'est Mitterrand. L'écrivain et le Président dialoguent sur leurs souvenirs de guerre, sur la France et le monde. Pour les incarner, une artiste et un politique : l'immense comédienne Marief Guittier, l'ancien adjoint à la culture Patrice Béghain. Un casting inattendu et alléchant pour une conversation de choix. ❥ Jusqu'au 8.06, 19h30, Théâtre de l'Elysée,

Les tourments existentialistes d'un jeune bourgeois engagé dans la lutte communiste. L'œuvre de Sartre tend le miroir d'une époque, celle de l'immédiat après-guerre. La désobéissance au nom de l'honneur est-elle encore d'actualité dans nos sociétés où l'individualisme le dispute à l'absence d'idéal ? À vérifier à l'Espace 44 pour le dernier spectacle de la saison. Le dernier tout court de ce théâtre en péril ? ❥ 1er au 13.06, 20h30, Espace 44, Lyon 1er

Lyon 7e, 10 €/12 €, 04 78 58 88 25

10 €/15 €, 04 78 39 79 71


théâtre

& danse |

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© Agathe Poupeney

DR

Salle des fêtes

La Tempête...

Deschamps / Makeïeff

Shakespeare / Lavaudant

Une salle des fêtes à l'abandon, des jeunes qui organisent une soirée cabaret « inoubliable », des chansons de Dave, du formica, des personnages déglingués : le système Deschiens est de retour pour une énième variation drôle, tendre et cruelle sur une certaine vision de la France. Deschamps et Makeïeff savent créer des personnages mais ont-ils quelque chose de neuf à dire ? ❥ 1er au 13.06, 20h, Célestins Théâtre de

Retour à Lyon pour Georges Lavaudant, ex-co directeur du TNP, avec ce spectacle qui prend le pari de réunir deux des plus grands chefs d'œuvres de Shakespeare. Faisant dialoguer Démétrius et Lysandre du Songe d'une nuit d'été avec Ariel et Prospero de La Tempête, le metteur en scène propose une lecture féérique, dramatique et poétique du théâtre, magnifiée par le cadre enchanteur de Fourvière. ❥ 4 au 8.06, 22h, Théâtre de Fourvière,

Lyon, Lyon 2e, 15 €/33 €, 04 72 77 40 00

Lyon 5e, 20 €/25 €, 04 72 32 00 00


agenda

DR

DR

Cairn

Crise de foi

Enzo Cormann / Cie Théâtre debout

Sophia Aram

Cairn est le délégué syndical d'une usine sur le point de fermer. Minéral et faisant office de repère comme l'est un cairn sur les chemins de montagne, ce personnage symbolise avant tout la rébellion sociale à l'heure de la mondialisation. Un spectacle ambitieux écrit par l'un des dramaturges contemporains les plus exigeants et monté par une jeune compagnie issue des rangs de la Scène sur Saône. ❥ 4 au 21.06, Théâtre des Clochards Célestes,

Parmi les jeunes comiques féminines médiatisées, on avoue une certaine tendresse pour Sophia Aram. Ce petit bout de nana assume son statut de femme musulmane « issue de l'immigration » et s'en amuse. Dans son nouveau spectacle Crise de foi, elle empoigne la délicate (et ô combien actuelle) question de la religion, choisissant de se convertir aux trois religions monothéistes... pour mieux s'en moquer. ❥ 5 au 9.06, Le Rideau rouge, Lyon 4e

Lyon 1er, 7 € / 14 €, 04 78 28 34 43

04 78 37 57 09


théâtre

& danse |

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DR

© John Foley

Cabaret Novarina

Mama Jones

Novarina / Cie Persona

Agnès Chavanon

Valère Novarina est une voix singulière. A la fois homme de lettres (théâtre ou poésie) et d'images (photographie ou peinture), l'artiste franco-suisse publie en 1974 sa première pièce L'Atelier volant, parabole poétique et parodique sur le capitalisme. De cette œuvre qui joue sur les différentes facettes du langage, la Compagnie Persona tire un spectacle associant musiques, danses et chansons. ❥ 11.06, 20h30, Maison du Peuple

Pour sa 25e année, Paroles en Festival s’invite à l’Opéra. Cet évènement annuel fait honneur à l’art du conte et de la parole sous toutes ses formes. Agnès Chavanon nous livre le destin de Mary Harris Jones, immigrée irlandaise aux Etats-Unis. Rythmé par un orchestre jazzy et une chorale d’enfants, ce conte moderne plein d’humour réunit sur scène danse et projections. Une histoire vraie à savourer en famille. ❥ 12.06, 15h, 10/16€, Opéra, Lyon 1er

Pierre-Bénite, 7 €/13 €, 04 78 86 62 90

04 78 62 74 90



littérature |

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Hard Discount texte ¬ Nicolas Blondeau - photo ¬ Philippe Asset

Le tandem Bretin/Bonzon a encore frappé. Avec leur nouvel opus Discount, ils prouvent que, décidément, en matière de polar, ils en connaissent un rayon. Quelque part entre Quentin Tarantino et Michel Audiard, c’est là que l’on pourrait situer l’atmosphère qui se dégage du dernier roman écrit à quatre mains par Denis Bretin et Laurent Bonzon (ce dernier étant le local de l’étape puisqu’il est Lyonnais). Tarantino parce que Discount nous met en présence d’une équipe de bras cassés pouvant se révéler sacrément sanguinaires, comme les affectionne le metteur en scène de Reservoir Dogs. Et Audiard parce qu’il y a dans le livre des dialogues, des formules qui sont de véritables perles. Allez, citons-en juste deux : « Ouais, il disait ça, l’oncle, les femmes sont à prendre et à laisser » et « Tout est possible dans une vie discount. Simple question de packaging ». Mais le plaisir des mots et de l’ambiance n’est pas la seule réussite du livre. On est en effet happé par l’histoire que nos deux écrivains font habilement dériver jusqu’à des sommets de violences trash et de sexe bestial. Le tout se déroulant sur fond de prise d’otages dans l’un de ces hypermarchés qui font rêver les abonnés de la loose. Le récit met aux prises le directeur de l’établissement, un vigile, une secrétaire prête à tout (vraiment tout), une pseudo star has-been et cocaïnée, un de ses fans des plus frénétiques, une fille à papa qui n’aime pas son papa, un ex-taulard pas forcément futé et son frère qui ne l’est guère plus. Bref, tout pour que ça tourne mal. Et même pire ! / ❥

DISCOUNT De Laurent Bonzon et Denis Bretin Editions Le Masque, 272 pages, 16 €


chroniques Manchester Music City Éd. Rivages Rouges Ancien berceau du capitalisme industriel, Manchester n’est plus, au début des 70’s, qu’une fichue ville du nord ruinée et ravagée. De ces décombres, pourtant, sont nées des scènes qui ont changé la face du monde – ou de l’Europe, au moins. De la relecture soul (la vague mod) au punk rock, du glam à l’avant-gardisme de Factory, de la pop indé des Smiths au Madchester exubérant, cette cité ouvrière fut le théâtre de bouleversements musicaux et sociaux sans (réel) précédent. Tout l’intérêt de l’ouvrage de John Robb réside dans sa construction. Véritable étude socio-géographique rehaussée d’oralité vivifiante, Robb donne la parole aux acteurs de l’ombre et aux figures majeures (Tony Wilson, Ian Brown, Morrissey, Noel Gallagher…). Un chouïa nostalgique, ces témoignages reconstruisent des quartiers disparus, dévastés par la gentrification galopante. Évoque la violence omniprésente, un temps évincée par l’apparition de pilules souriantes. Et n’oublie pas l’apport décisif des musiques noires (blues, jazz, reggae, dance…) dans ces nouveaux courants, souvent résumés à de jeunes blanc-becs fiers de leurs origines prolos. Le tout avec une bonne dose d’humour froid, d’anecdotes hallucinantes, et (étonnamment) peu de mauvaise foi... 300 p, 21,50€. Thibaut Allemand

City Boy, chronique new-yorkaise Edmund White | Éd. Plon Ce n’est pas le récit des frasques d’un gay à New York. À travers sa propre histoire, l’auteur dresse plutôt le portrait d’une communauté et d’une ville aujourd’hui disparues. Le récit débute dans les années soixante, moment où les gays commencent à se rassembler, revendiquer leurs droits, et s’achève avec le début des années quatre-vingt et les ravages du sida. Dans ce cadre général, l’auteur raconte son parcours initiatique dans le monde des lettres : espoirs, revers, passions, liens avec des critiques, des auteurs (Susan George, Burroughs, Nabokov…), jusqu’à devenir l’un des emblèmes d’une génération d’artistes, et l’un des rares survivants de cette époque : « Rien ne dure à New York. Mais la vie qui s’y vit ne pourrait être plus intense ». 336 p, 24€. Philip Schwartz


R.I.P 1985-2004

N’EXAGÉRONS RIEN !

Thomas Ott | Éd. L'Association Virtuosité technique, sens inimitable du cadrage et de la narration, expressivité des visages... Thomas Ott n'a rien du débutant. Pour vous en convaincre, jetez un œil à cette compilation de morts stupides issues de trois albums publiés dans les années 1990 (Tales of Horror, Greetings from Helllwille, Dead End). En maestro de la carte à gratter, ce Suisse nous régale de saynètes muettes, morbides et ironiques qui trahissent sa passion du cinéma. Le clair obscur maîtrisé et l'esthétique évoquent les films noirs et les séries B américaines des 50'. Thomas Ott revendique la filiation, mais dans le traitement des personnages, il apporte une laideur et des aspérités expressionnistes. Un talent incroyable, trop peu connu du grand public. 200p., 25€. Judith Oliver

David Sedaris | Éd. de l’Olivier N’exagérons rien ! se présente comme une anthologie des textes les plus drôles qu’ait écrits David Sedaris. Le premier d’entre eux, intitulé Le pays du père Noël, se teinte en effet d’un humour délectable. Mais, ce qui caractérise sans doute le plus les suivants est l’imagination qu’y déploie l’auteur. Ce dernier procure au lecteur l’impression de s’inventer une multitude de vies tantôt loufoques, tantôt effrayantes grâce à une écriture aux confins du délire. Il écorne ainsi avec une légèreté bien venue nombre des clichés dont nous sommes les victimes ou les colporteurs. Distancié, David Sedaris n’en est donc pas moins un critique subtil et aigu des travers de notre époque. 208 p., 19,50€. Faustine Bigeast

Empire Charles Fréger | Éd. Thames & Hudson Après les adolescents, les nageurs, les sages-femmes ou encore les marins, le photographe Charles Fréger poursuit son travail sur les groupes sociaux. Cette fois, il nous fait pénétrer l’univers des gardes militaires : royales, princières, républicaines ou pontificales. Menée de 2004 à 2007 dans différents pays, cette exploration, systématique (cadrage en pied ou à l’américaine, couleur, lumière, fond...), révèle une encyclopédie des postures et des uniformes militaires - la plupart datant de l’époque napoléonienne. Avec à la clef, un décryptage quasi clinique des codes vestimentaires et réglementaires qui laisse, et c’est l’un des grands intérêts du boulot de Fréger, toujours poindre la singularité des individus derrière l’omniprésence de l’apparat et du protocole. 160p., 39,90 €. François Lecocq

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chroniques DJ Hell - Body Language Vol. 9 Get Physical | La Baleine DJ Hell fait partie des quelques DJs qui ont bâti un empire autour de leur personne. Rançon du succès, il est attendu au tournant à chacune de ses apparitions... Reconnu pour son style à mi-chemin entre érudition et culture de masse, son Body Langage lui ressemble en tous points. Ce mix est une épopée musicale fédératrice menée avec tact et flair. Il est essentiellement composé de raretés acid house, disco et techno oldschool (Baby Ford, K Alexi Shelby, King Britt, Daniel Wang…), bien qu’à plusieurs reprises, on s’échappe du côté de Kraftwerk et de Beethoven. Des clins d’œil empreints d’humour. On se laisse souvent gagner par la nostalgie mais c’est avec un plaisir assumé qu’on retrouve les classiques de David Bowie et de Ryuichi Sakamoto. Fabien Kratz

RATATAT LP4 | XL Recordings L’union de deux totems du son US (le guitar-hero d’un côté, le bidouilleur hip hop de l’autre), Ratatat l’avait consacrée dès son premier album, gorgé de guitares slide dévalant des rythmiques obliques. Six ans plus tard, le duo new yorkais déboule avec LP4, suite logique du précédent, LP3 (2008). Rien n’a changé : riffs kif-kif, mirages arabes, valdingues de clavecins, saillies hawaïennes. Pour l’anecdote, l’ondoyant Mahalo était la face B du single Schiller, paru il y a deux ans… Panne d’inspiration ? Que nenni ! Plutôt un double album sorti à deux piges d’intervalle. Un réjouissant surplace, donc. Sans se réinventer, Ratatat laisse aux poppeux les mélodies en escalier, préférant l’escalator : le seul moyen de gravir les échelons sans bouger d’un iota. Thibaut Allemand

Todd Terje Remasters of the Universe | Permanent Vacation/La Baleine Oui, on peut avoir une moustache miteuse et être l’incarnation de l’élégance. Ce n’est pas donné à tout le monde. Et rien ne semblait y destiner Todd Terje. Né dans un bled norvégien, bercé au son de la country, il renonce au piano pour la physique. Mais grâce à de bonnes rencontres, Prins Thomas et Lindstrom, il renoue avec le bon goût. En ré-éditant d’excellents morceaux disco ou dub, avec des intentions baléariques. Avoir la classe avec les morceaux des autres ? Ça aussi, c’est possible, mais pas donné à tout le monde. Todd redore le blason d’obscures pépites, ennoblit des tubes éculés, sans les travestir ou les trahir. Et, généreux, il réédite ses propres ré-edits dans le second volet. Pas donné à tout le monde, disions-nous, mais disponible chez tout bon disquaire. Olivia Volpi


musique |

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The Juan MacLean Dj Kicks K7! | Pias Grâce à ce Dj Kicks, toi aussi prétends connaître The Juan MacLean. Dj Kicks, c’est la collection où le label K7! invite un DJ à mixer ses morceaux préférés. Or Juan Maclean préfère sa carrière de musicien très électronique mais si pop, au sein de DFA Records (LCD Soundsystem). Du coup, que déduire de son mix résolument house ? Évidemment, qu’on peut aimer un genre sans le reproduire. Le choix de morceaux efficaces, l’impeccable propreté des enchaînements, montrent un Juan précis comme une petite main de Karl Lagerfeld, voire psycho-rigide comme Karl. Et quelle authenticité ! À l’heure digitale, il œuvre en une seule prise, avec deux platines et quelques filtres. Si avec ça et un peu de psychologie, tu n’arrives pas à passer pour son pote… Olivia Volpi

YE-YE My Trap | Anorak Supersport/PIAS Vous souvenezvous des brillants Tahiti 80, stylistes à l’aise dans tous les exercices ? Leur clavier, Fabrice Hubert, et David Leloup (ex-Leeds) ont uni leurs talents au sein de Yé-Yé. Pour exorciser ce nom bien franchouillard, le tandem convoque quelques cousins britons (Sice, ex-chanteur des Boo Radleys, ou Mark Gardener, ex-Ride, entre dix autres) et des amis français (Helena Noguerra, La Maison Tellier, un membre d’Alb…). Puis s’en vont signer une poignée de tubes potentiels aussi malins qu’exubérants, quelque part entre Saint-Etienne, Phoenix ou les regrettés Ginger Ale. Electro nacrée, pop flamboyante, claviers rutilants, mélodies cheesy ou crève-cœur acoustique, Yé-Yé fait montre d’une maîtrise redoutable et d’une foi indomptable. Classieux. Thibaut Allemand

THE BLACK KEYS Brothers | NoneSuch records / Cooperative music The Black Keys ne sont pas mainstream, et c’est vraiment dommage. Cela fait 10 ans que ces faux frères de l’Ohio délivrent un blues rock rouillé, crasseux mais toujours pointu et jouissif. Loin de se contenter de leurs compositions blues, ces bonshommes créent la surprise en 2009 en s'associant à la crème du hip-hop américain sous la bannière Blakroc. Inspirés, les Keys enchaînent sans attendre avec l'enregistrement de leur 8e album Brothers. Prodigieuse réussite. Plus que jamais, le duo redouble d'assurance et d'humour, de guitares catchy et affûtées, de voix désabusées et rugueuses, de batteries, on ne peut plus rock. Et, toujours, l’intelligence de conserver une touche soul et groovy grâce à la basse. Un joyau à l’état brut. Justine Leuregans


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jeux vidéo

texte ¬ Emma Belasco

Super Mario Galaxy 2 – Wii La moustache est toujours tendance ! Le plombier moustachu le plus célèbre de la planète refait encore des siennes dans Super Mario Galaxy 2. On reprend les mêmes recettes, on les améliore, on accroît la difficulté, on ajoute quelques fonctions et on obtient la nouvelle mouture de l’un des jeux les plus géniaux de la génération Wii. 3D, perspectives folles, mondes imaginaires loufoques et mignons, maniabilité du gameplay, la folie Mario n’est plus à prouver. Dans ce Super Mario Galaxy 2, on retrouve ce cher Yoshi qui en plus de balader Mario sur son dos mange tout ce qu'il trouve, des monstres aux plantes. Le dragon glouton nous aide même à passer des obstacles grâce à sa langue étirable. Autre nouveauté, on peut désormais jouer à deux et avoir ainsi un camarade pour tuer les bêbêtes en avance. Le seul petit bémol sans doute, car, oui, il y en a un petit, c’est que ce Super Mario Galaxy 2 est tout de même plus ardu que son petit frère et vu le niveau de difficulté, on peut s’attendre à passer de longues heures avant de pouvoir tuer tous les boss, explorer tous les mondes et attraper toutes les étoiles… Quant à penser à réussir les contre la montre… Il n’en reste pas moins que Super Mario Galaxy 2 est indispensable à tout possesseur de Wii.


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chroniques |

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Split/second : Velocity – PS3 | Xbox Split/Second : Velocity est un jeu de course-arcade un peu différent qui oscille entre un Grand Tourismo pour la réalité de ses circuits, et un Mario Kart pour les gadgets afin de piéger ses adversaires. On peut détruire les éléments du décor dans le but de faire sortir ses concurrents ou balancer des bombes. La prise en main est plutôt facile, les ambiances cinématiques et l’esthétisme urbain réussi : ici, pas de customisation automobile ni de réglages techniques, ouf ! À mettre donc entre les mains de non experts, amateurs de voitures.

Lego Harry Potter – Années 1 à 4 – PS3 | Xbox 360 | Wii | DS Après Star Wars, Indiana Jones ou encore Batman, la série des Lego reprend cette fois-ci ce bon vieux-jeune sorcier d’Harry Potter, pendant ses quatre premières années à l’École de la magie. Alors certes, la formule Lego n’a pas tellement évolué depuis Indiana Jones 2. L’on retrouve les mêmes ingrédients, les mêmes astuces et l’on aurait presque l’impression que la jungle est remplacée par Poudlard… Seulement, cela reste toujours un tel plaisir de se plonger dans ces lego-mondes que les fans ne pourront que se réjouir.

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Sin & Punishment : Successor of the Skies – Wii Rarement un shoot’em’up aura été aussi réussi. Sin & Punishment 2 vous embarque pour des heures de combats sans répit, avec des persos qui volent sur des skateboards, à moitié robots, à moitié ninja, dans des mondes où votre seul but sera celui de sauver le monde. En solo ou en tandem, Isa & Kachi, à l’apparence enfantine, ont plus de pouvoirs que les monstres qu’ils combattent. Avec un scénario convaincant, Sin & Punishment 2 ravira les fans du tir-à-tout-va-tout-partout-dans-tous-les-sens.


concerts Mardi 1 juin

Jeudi 3 juin

Périscope (Festival 6e Continent) Conjunto Jacaré (samba / bossa Nova) 21h30 - grat 04 37 28 98 71

L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) Avishaï Cohen : « Aurora » (jazz expérimental) 20h + 22h - 15/20/25€ www.myspace.com/fortenjazz

Hot club de Lyon Assai Jazz Trio 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Mercredi 2 juin Salle Molière Juliana Steinbach + Quatuor Kuss (classique) 20h30 - 04 78 28 03 11 Ninkasi Opéra Alex Zeem (world) 21h - grat 04 78 28 37 74 Le Sonic To Rococo Rot (électro) 21h - 04 78 38 27 40 Hot club de Lyon Flagada Stompers (jazz) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org

Le Sonic Ten Volt Shock (noise) 21h - 04 78 38 27 40 Hot club de Lyon Yannick Lestra (jazz/funk) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org

Théâtre de Verdure, Vaulx En Velin (Festival 6e Continent) Cesar Allan (bossa nova) + Forro De Rebeca (roots tropical) + La Tribut du Verbe (slam) 20h - grat - 04 37 28 98 71

Périscope Friends & Neighbors (free jazz) 21h30 - 8/10€ www.periscope-lyon.com

Parc de la Mairie, Sathonay Village (Sathonay Blues Festival) Dribble Blues (blues/rock) 20h15 - grat www.festivalsathonay.com

Place Saint Louis, Lyon 7e (Festival 6e Continent) Cesar Allan + Conjunto Jacare + Forro De Rebeca + Jiripoca Band (bossa nova) 19h - 04 37 28 98 71

Opéra de Lyon Quatuor Caliente (Tango) 20h30 - 10/16€ 0 826 305 325

Parc de la Mairie, Sathonay Village (Sathonay Blues Festival) Jaama Gospel 19h - grat www.festivalsathonay.com

A Thou Bout d’Chant Claire Sabbagh + Pierre Antoine (chanson) 21h - 8/12€ 04 72 98 28 22

Vendredi 4 juin

La Marquise Darkness Dynamite (métal) 19h - 04 72 61 92 92

Syd Matters

Balades sonores En apéritif de Brotherocean son cinquième album à paraître en août, Syd Matters propose une promenade bucolique dans son univers folk fortement influencé par Nick Drake et les premiers Pink Floyd. La formation parisienne (comme son nom l’indique !) n’est pas précisément une machine à danser, mais qui refuserait de passer le dimanche en plein air au son de ses poignantes ballades ? ❥ 6.06, 16h30, Fort de Feyzin

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entrée libre, 04 72 89 98 70


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Théâtre de La Renaissance, Oullins L’Eternelle fiancée de Frankenstein (théâtre-ciné-concert) 19h - 9 à 20€ - 04 72 39 74 91 Domaine des Hautannes, St Germain au Mont d’Or (Les Pianissimes d’été) Nima Sarkechik + Quatuor Voce (classique) 20h - 10/20/25€ www.pianissimes.org Le Nakamal Franck Viallet (pop) 20h - 5€ - 04 78 83 20 45 Ninkasi Gratte-Ciel Faik (pop/rock) 20h - grat - 04 78 03 97 23 Trokson Eon Megahertz (Rock) + Big Bears (Punk) 20h - 04 78 28 52 43 L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) 20h30 : Kind of Blue (Francheville Jazz Orchestra) 22h : Térez Montcalm (jazz/rock) 15/20/25€ www.myspace.com/fortenjazz

Opéra de Lyon Matias Gonzales Quintet (Tango) 20h30 - 10/16€ 0 826 305 325

Samedi 5 juin

Salle Molière Centre de la Voix RhôneAlpes (chants lyriques) 20h45- 12€ - 04 78 28 03 11 Eglise Saint Jean-Marie Vianney, Dardilly (Vendredis Baroques) Maude Gratton (orgue+clavecin) 21h - 20€ - 04 78 47 46 23 Marché Gare Reggae Explosion 12 21h - 04 72 40 97 13 A Thou Bout d’Chant Claire Sabbagh + Pierre Antoine (chanson) 21h - 8/12€ - 04 72 98 28 22 La Clef de Voute Davi Boumendil Trio (latin jazz) 21h30 - 5/8€ www.laclefdevoute.fr Hot club de Lyon Funky Redemption (funk/jazz) 22h - 7/9€ - www. hotclubdelyon.org

Simple Minds / Chris Isaak Nostalgiques des années 80, réjouissezvous. Commencez le mois avec Simple Minds et ses hymnes stadiers, aux paroles messianiques. 35 ans que le groupe s’est formé et il est bien possible que Jim Kerr ait pris une ride. On enchaîne juste avant l’été avec Chris Isaak, le petit Presley des eighties pour un concert 100 % crooner. Baby did a bad, bad thing ! ❥ Simple Minds 7.06, 20h Transbordeur, Villeurbanne, 40 €

❥ Chris Isaak 20.06, 19h

Amphithéâtre Salle 3000, Lyon 6e, 40 € / 62 €

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Transbordeur (Lyon Metal Fest 5) Blackness + Cynic + God Damn + Loudblast + Punish Yourself + Satan Jokers + The Seven Gates + Ultra Vomit 17h - 19.80€ www.transbordeur.fr Domaine Des Hautannes, St Germain Au Mont D’or (Les Pianissimes d’été) 17h : Mark Drobinsky (violoncelle) / Svetlana Eganian (piano) 20h : Brigitte Engerer (piano) 10/30€ - www.pianissimes.org Auditorium de Lyon Robert Schumann : Genoveva (symphonique) 18h - 04 78 95 95 95 Parc de la Mairie, Sathonay Village (Sathonay Blues Festival) Fabris Reno + Sath’Jazz + Yellow Dogs + Mountain Men 18h30 - grat www.festivalsathonay.com

80s forever


concerts De l’Autre Côté du Pont, Lyon 3e (Festival 6e continent) Forro De Rebeca (roots tropical) 20h - 04 37 28 98 71 Trokson Bad Siam Cat (Punk) + Vladivostok Sad Kaiser Blues (Rock / Blues) 20h - 04 78 28 52 43 L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) 20h30 : Ballaké Sissoko & Vincent Segal 22h : Ukandanz feat Asnaqué Guèbrèyès 15/20/25€ www.myspace.com/fortenjazz Opéra de Lyon Che Bandonéon (Tango) 20h30 - 10/16€ 0 826 305 325 L’Agend’arts Hélène Piris (chanson) 20h30 - 2€ 06 83 51 60 87 Salle Molière Centre de la Voix RhôneAlpes (chants lyriques) 20h45- 12€ 04 78 28 03 11

A Thou Bout d’Chant Les Riens du Thou… (ou presque) + Pierre Antoine (chanson) 21h - 8/12€ - 04 72 98 28 22 Le Sonic Emilie Nana + Mandala + Furox (électro live) 21h - 5€ - 06 48 07 40 90 La Clef de Voute Jean-Baptiste Hadrot Trio (jazz) 21h30 - 5/8€ www.laclefdevoute.fr Périscope Mabreuch (jazz funk) 21h30 - 8/10€ - www. periscope-lyon.com Hot club de Lyon Sauvage Centrale (jazz/blues) 22h - 7/9€ www.hotclubdelyon.org Dimanche 6 juin L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) Bips & Bop électro-swing kids party 15h30 - grat www.myspace.com/fortenjazz

Domaine Des Hautannes, St Germain Au Mont D’or (Les Pianissimes d’été) 16h : Ilya Rashkovskiy (piano) / 19h : Olivier Moulin (piano) + David Guerrier (trompette) 10/20/25€ www.pianissimes.org Périscope Pierre Chalumeau (classique) 17h - 5€ - www.periscope-lyon.com L’Agend’arts Hélène Piris (chanson) 18h - 2€ - 06 83 51 60 87 Lundi 7 juin Abbaye d’Ainay (Festival Vocal) Chœurs de l’IMSL (chant lyrique) 20h30 - 10/12€ 04 78 37 49 19 Mardi 8 juin Opéra de Lyon (25e Paroles en festival) Le Chemin de la Terre Promise et autres contes Yiddish (conte musical) 18h30 - 10/16€ 0 826 305 325

Dialect Music

Rap’n soul Le premier album du collectif réuni autour de Gas (ex IPM) vient de sortir et demande Parlez-vous dialect ? Tenant d’un hip hop organique, Dialect Music peut s’enorgueillir d’un featuring du légendaire saxophoniste Roy Ayers sur un de ses morceaux. Résultat : du rap français fortement mâtiné de sonorités jazz et soul. Ce qui lui vaut le soutien de Jazz FM et un passage à Docks 40, désormais haut lieu du genre à Lyon. ❥ 9.06, 20h, Docks 40, Lyon 2e,

© FHSA

04 78 40 40 40


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Hot club de Lyon Bastien Brison (jazz afro-beat) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Mercredi 9 juin Le Nakamal Les 7 Klowns Kapito (cabaret) 20h - 8€ - 04 78 83 20 45 Opéra de Lyon (25e Paroles en festival) La Chanson des pierres (conte musical) 20h30 - 10/16€ 0 826 305 325 L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) Le Jeune Peuple Orchestr’Alpes & Christophe Monniot 20h30 - grat www.myspace.com/fortenjazz Eglise Saint Claude, Dardilly (Vendredis Baroques) Curieuse et dolente Italie 20h30 - 20€ - 04 78 47 46 23 Ninkasi Opéra Mathieu Arbrun (pop/rock) 21h - grat - 04 78 28 37 74

Nuits de Fourvière Ecole d’opéra de Pékin 21h30 - 20/25€ www.nuits-de-fourviere.org Hot club de Lyon Jazz Delices 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Jeudi 10 juin Opéra de Lyon (25e Paroles en festival) Fatigue Fatigue (conte musical) 18h30 - 10/16€ 0 826 305 325 Ninkasi Sans Soucis Broadwave (rock) 19h - grat Transbordeur La Fouine (rap) 20h30 - 04 78 93 08 33 Abbaye d’Ainay (Festival Vocal) Ensemble Energeia (chant lyrique) 20h30 - 10/12€ 04 78 37 49 19

Nuits de Fourvière Ecole d’opéra de Pékin 21h30 - 20/25€ www.nuits-de-fourviere.org Hot club de Lyon Christophe Monniot (jazz) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Périscope Bal du Grolektif (jazz funk) 21h30 - www.periscope-lyon.com Vendredi 11 juin Grrnd Zero Vaise Chevreuil + Sheik Anorak + Sathönay + Raymond IV www.grrrndzero.org De l’autre côté du pont Expérimental (chanson) 20h30 www.delautrecotedupont.fr

As de Trèfle

Rock festif

Laurent le chanteur-guitariste agite ses dreadlocks et secoue une barbe de roi de trèfle. A ses côtés, Géraldine la dame de cœur joue du violon dans une teinte quasi gipsy. Laurent, le valet de carreau laisse osciller sa basse au rythme de la batterie de Michaël, as de pique du quatuor tourangeau. Les paroles mélangent réalisme poétique et traits d’humour. Le tout dans l’héritage de Louise Attaque ou des Têtes Raides. Un carré d’as. ❥ 10.06, 20h, Marché Gare, Lyon 2e, 13 € 04 72 40 97 13

L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) 20h30 : Trio DuLaBo 22h : Moutin Réunion Quartet 15/20/25€ www.myspace.com/fortenjazz

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concerts L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) 20h30 : Frank Woeste Trio feat Ibrahim Maalouf 22h : Ibrahim Maalouf Quintet 15/20/25€ www.myspace.com/fortenjazz Espace Albert Camus, Bron Arkadis (pop rock) 20h30 - 04 72 14 63 40 Opéra de Lyon (25e Paroles en festival) Tchicha (conte musical) 20h30 - 10/16€ 0 826 305 325 L’Agend’arts Le duo du Chaland (chanson) 20h30 - 2€ - 06 83 51 60 87 Eglise Saint Claude, Dardilly (Vendredis Baroques) Chœur Britten : Nicole Corti 21h - 20€ - 04 78 47 46 23 Nuits de Fourvière Ecole d’opéra de Pékin 21h30 - 20/25€ www.nuits-de-fourviere.org

Hot club de Lyon Jim Payne (jazz funk) 22h - 7/9€ www.hotclubdelyon.org Samedi 12 juin

Dimanche 13 juin L’Iris, Francheville (Fort en Jazz) Yaron Herman solo 15h30 - 15/20/25€ www.myspace.com/fortenjazz

La Plateforme Ida France (Championnat DJ) : Dj Netik / Dj Rafik 20h30 - 12/15€ 04 37 40 13 93

L’Agend’arts Noah Lagoutte (chanson) 18h - 2€ - 06 83 51 60 87

L’Agend’arts Noah Lagoutte (chanson) 20h30 - 2€ - 06 83 51 60 87

Abbaye d’Ainay (Festival Vocal) Ensemble Polyphème (chant lyrique) 20h30 - 10/12€ 04 78 37 49 19

Trokson Castrati + Chrysalis Morass + Drop Dead Warm Up Party (Post Punk) 21h15 - 04 78 28 52 43 Nuits de Fourvière Ecole d’opéra de Pékin 21h30 - 20/25€ www.nuits-de-fourviere.org Périscope Big Bang de l’Ouest (swing) 21h30 -5€ www.periscope-lyon.com Hot club de Lyon Captain Flapscat 22h - 7/9€ www.hotclubdelyon.org

Mardi 15 juin

Amphi’3 000 (Printemps de Pérouges) Mario Canonge + Ralph Thamar (jazz latino) 21h - 30€ www.festival-perouges.org Hot club de Lyon Gipsy Groove Gang (jazz manouche) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Nuits de Fourvière Django Drom : Hommage à Django Reinhardt 22h - 31€ - www.nuits-defourviere.org

Stacey Kent

Jazz Juin est décidément le mois du jazz dans la région et de ses chanteuses en particulier : avant Krall, Bridgewater et McComb à Vienne, voici Stacey Kent à Fort en Jazz. Après un coup d’essai sur son pénultième opus où elle reprenait notamment Gainsbourg, la voici sur scène pour proposer son album intégralement en français, Raconte moi... dans lequel apparaissent les collaborations diverses de Biolay, Keren Ann ou... Dédé Manoukian. ❥ 12.06, 20h, Iris, Francheville

© nicole nodland

27 €, 06 31 34 20 93


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Mercredi 16 juin Temple du Change Concert Musique Indienne 20h - www.templeduchange.fr A Thou Bout d’Chant Les Riens du Thou… (ou presque) (chanson) 21h - 8/12€ - 04 72 98 28 22 Ninkasi Opéra Antoine est tout seul (chanson) 21h - grat - 04 78 28 37 74 Le Sonic Brillant Colors (pop hardcore) + Malatang Machine (chinese pop) 21h - 04 78 38 27 40 Hot club de Lyon Gang Johnson (blues) 21h30 - 5/9€ - www. hotclubdelyon.org Nuits de Fourvière Django Drom : Hommage à Django Reinhardt 22h - 31€ - www.nuits-defourviere.org Jeudi 17 juin Auditorium de Lyon « La Communauté de l’anneau » (ciné-concert) 20h - 16 à 75€ - 04 78 95 95 95

La Doua (Les Invites de Villeurbanne) 20h30 : Soul Jazz Orchestra 22h30 : Anthony Joseph & The Spasm Band 00h30 : Bomba Estereo http://invites.villeurbanne.fr A Thou Bout d’Chant Les Riens du Thou… (ou presque) (chanson) 21h - 8/12€ - 04 72 98 28 22 Le Sonic Aki Onda + Hama Yôko 21h - 04 78 38 27 40 Périscope Almaz in a mellow mood (soul) 21h30 - 5€ www.periscope-lyon.com Hot club de Lyon Nabil Othmani (blues) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Nuits de Fourvière Django Drom : Hommage à Django Reinhardt 22h - 31€ www.nuits-de-fourviere.org

Triste Sire

Ninkasi Kafé La Mine de Rien (chanson) 20h - grat - 04 72 76 89 00 Le Nakamal La Roulotte + Unicum Orchestra (jazz manouche) 20h - 5€ - 04 78 83 20 45 Auditorium de Lyon Le Seigneur des anneaux : « La Communauté de l’anneau » (ciné-concert) 20h - 16 à 75€ 04 78 95 95 95 Ninkasi Gratte-Ciel Nous-mêmes (chanson) 20h - grat - 04 78 03 97 23 Trokson The Bree Van The Kamps + Doctor Pepper’s 20h - 04 78 28 52 43 La Doua (Les Invites de Villeurbanne) 20h30 : Gable 22h30 : Lucy Love (dub électrique) 00h30 : Blood Red Shoes (grunge/punk) http://invites.villeurbanne.fr

Rock alternatif

Chemises à jabots et crucifix de rigueur pour fêter les dix ans de Triste Sire. Le trio lyonnais dominé par la voix de contre ténor de Yohanan mêle un rock direct à une imagerie gothique, restituée par les photographies d’Andy Julia, tout en évocation aristo-SM et ambiances décadentes. Un tel sérieux frôle le ridicule mais cette grandiloquence est assumée par le groupe qui promet un show « rempli de fantômes et merveilles ». ❥ 18.06, 18h, CCO, Villeurbanne, 12 € 04 78 93 41 44

Vendredi 18 juin

© ANDY JULIA


concerts Place du Centre, Villeurbanne (Les Invites de Villeurbanne) 20h30 : Ukandanz (afro-beat/zouk) 21h30 : Piers Faccini (folk/rock) 23h : Sanseverino (chanson) http://invites.villeurbanne.fr Givors, Plein Air Karimouche (chanson) 20h30 - 04 72 49 18 18 Eglise Saint Claude, Dardilly (Vendredis Baroques) Dante : Sur le chemin de nos peurs 21h - 20€ 04 78 47 46 23 Périscope Sébastien Bonniau Trio (jazz) 21h30 - 5€ www.periscope-lyon.com La Clef de Voute Entre2delta (afro-blues-manouche) 21h30 - 5/8€ www.laclefdevoute.fr

Hot club de Lyon French Preservation New Orleans Jazz Band 22h - 7/9€ www.hotclubdelyon.org Samedi 19 juin Auditorium de Lyon « La Communauté de l’anneau » (ciné-concert) 18h - 16 à 75€ 04 78 95 95 95 Place du Centre, Villeurbanne (Les Invites de Villeurbanne) 20h : Slow Joe And The Ginger Accident 21h 30 : Chico Trujillo 23h : New York Salsa All Stars http://invites.villeurbanne.fr La Doua (Les Invites de Villeurbanne) 20h30 : Blk Jks 22h 30 : Iswhat ? ! 00h 30 : Bazbaz http://invites.villeurbanne.fr

L’Agend’arts Echo Marengo (chanson) 20h30 - 2€ - 06 83 51 60 87 Hot club de Lyon Fredrika Stahl 22h - 7/9€ www.hotclubdelyon.org Dimanche 20 juin Auditorium de Lyon Le Seigneur des anneaux : « La Communauté de l’anneau » (ciné-concert) 16h - 16 à 75€ 04 78 95 95 95 L’Agend’arts Echo Marengo (chanson) 18h - 2€ - 06 83 51 60 87 La Halle Tony Garnier Bob Dylan and his Band 19h30 - 47 à 66€ www.bobdylan.com Lundi 21 juin Fête de la Musique : sortez de chez vous, la musique est dans la rue !

Charlotte Gainsbourg

Pop française

Elle a bien grandi l’effrontée qui sussurait Lemon incest avec son pervers (pé)père. Comédienne habitée, Charlotte G. est aussi une chanteuse inspirée à défaut d’être puissante. Après Air, c’est Beck qui a joué gagnant en lui produisant IRM, entre electro, chanson française et influence américaine. Et pour la première fois de sa vie, Charlotte fend l’armure de sa timidité pour se produire sur scène. ❥ 24.06, 21h, Grand Théâtre de Fourvière DR

Lyon 5e, 35 €, 04 72 32 00 00


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Mardi 22 juin Hot club de Lyon Jean Charles Demichel (jazz “be bop”) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Mercredi 23 juin Hot club de Lyon Will Vinson (jazz) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Jeudi 24 juin

Temple du Change Nirmalaya Dey + Yan Trunzler 20h - www.templeduchange.fr Hot club de Lyon Stani Jardel Penta Combo (jazz) 21h30 - 5/9€ www.hotclubdelyon.org Périscope Matthieu Fattalini Quintet (jazz) 21h30 - 5€ www.periscope-lyon.com

Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Paolo Conte + Joachim Kühn 20h30 - 21 à 45€ www.jazzavienne.com Jardin Baroque, Dardilly La Nuit des Vendredis Baroques Ensemble Sospiranti + T’amo mia vita 20h30 - 30€ - 04 78 47 46 23 Périscope Cornegidouille ! (jazz manouche) 21h30 - 5€ www.periscope-lyon.com

Musée Urbain Tony Garnier (Muzz en fêtes) Les 2Moizelles de la chorale municipale de saint Benêt la Chipotte (chanson) 19h30 - grat - 04 78 78 33 30

Vendredi 25 juin La Confluence, Port Rambaud (Y Salsa Festival) La Sucursal (Espagne) 18h - grat - www.y-salsa.com

Hot club de Lyon Max Ferrauto (jazz/blues) 22h - 7/9€ www.hotclubdelyon.org

CCO Villeurbanne Tribute to Michael Jackson 20h - 8/10/12€ 04 78 27 93 99

Opéra de Lyon Des odyssées… à l’Opéra 20h - 5€ - 0 826 305 325

Samedi 26 juin

Opéra de Lyon Des odyssées… à l’Opéra 20h - 5€ - 0 826 305 325

Ninkasi Gratte-Ciel Mathis (pop/rock) 20h - grat 04 78 03 97 23

Liz McComb

Gospel

La diva jazz revient à Vienne pour les trente ans du festival et ses propres trentes années de carrière en Europe. Le public du coin la connaît bien pour l’avoir vu reprendre le répertoire des standards de Gershwin, Ellington et Bernstein avec l’Orchestre National de Lyon. Cette fois, McComb s’entoure notamment de la violoniste prodige Regina Carter pour un show gospel où la puissance expressive de son mezzo fait merveille. ❥ 27.06, 19h30, Théâtre Antique de Vienne 34 €, 0892 702 007

La Confluence, Port Rambaud (Y Salsa Festival) Bamboleo (Cuba) + Mercadonegro (Europe) 12h˃00h - grat www.y-salsa.com

DR


concerts Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Paco de Lucia + Dorado Schmitt Family (guitare) 20h30 - 21 à 45€ www.jazzavienne.com Nuits de Fourvière Une Nuit à Alger (ciné-concert) 21h - 24€ www.nuits-de-fourviere.org Périscope Leslie Quintet (jazz) 21h30 - 5€ www.periscope-lyon.com Hot club de Lyon Big Chiefs (rap/hip hop) 22h - 7/9€ - www. hotclubdelyon.org Dimanche 27 juin La Confluence, Port Rambaud (Y Salsa Festival) Los Guasoneros de Guantanamo (Cuba) + Chekere (France) 12h˃00h - grat www.y-salsa.com

Lundi 28 juin

Mercredi 30 juin

Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Manhattan Transfer + Regina Carter & Reverse Thread 20h30 - 21 à 34€ www.jazzavienne.com

Ninkasi Kao Behemoth (metal) 19h - 22/25€ 04 72 76 89 00

Nuits de Fourvière La Pantera imperial, Carles Santos 22h -20/25€ www.nuits-de-fourviere.org Mardi 29 juin Place Bahadourian, Lyon 3e (La Guill’en Fête) La Chorale des enfants de la Guill’ + Cie Réminiscences (danse orientale) + Ensemble de musique latine + Dez dé Dègue (percussions) 17h - grat www.wikiguill.net

Brad Mehldau

Place du 8 mai 45, Lyon 8e (Muzz en fêtes) 19h30 : Cité Folk (ensemble Op.Cit + chœur habitants du 8e) 20h30 : Les Enfants sauvages (rap) 21h : 4 points cardinaux (rumba) grat - 04 78 78 33 30 Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Dee Dee Bridgewater (Hommage à Billie Holiday) + China Moses et Raphael Lemonnier 20h30 - 21 à 34€ www.jazzavienne.com Nuits de Fourvière Let iT be, live 21h30 - 28€ www.nuits-de-fourviere.org

Jazz Brad Mehldau est un authentique jazzman, prisé du public rock. La faute à l’album Largo où il s’appropriait Paranoid Android de Radiohead. Un album réalisé avec Jon Brion, compositeur de BO mémorables et producteur de Fiona Apple ou Sean Lennon. Les deux acolytes ont donné cette année une suite à ce coup de maître avec Highway rider. Sur scène Brad Mehldau, pianiste littéralement habité, donne toute la mesure de ses compositions. ❥ 29.06, 20h30, Théâtre Antique de Vienne, 34 €,

© MICHAEL WILSON

0892 702 007


agenda |

129

Jeudi 1er juillet Marché Gare The Hunted + Bomb Scare Crew (metal) 19h - 20€ - 04 72 40 97 13 Nuits de Fourvière Airs, ouverture et chœurs de l’opéra italien 21h30 - 32/37€ www.nuits-de-fourviere.org Vendredi 2 juillet Place du 8 mai 45, Lyon 8e (Muzz en fêtes) 19h30 : Expérimental (rap) 20h30 : Buridane (folk) 21h30 : Oxmo Puccino (rap/hip hop) grat - 04 78 78 33 30 Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Chucho Valdés & the Afro Cuban Messengers + Monty Alexander 6tet (caraïbes) 20h30 - 21 à 34€ www.jazzavienne.com

Nuits de Fourvière La Flûte enchantée (Orchestre di Piazza Vittorino) 22h - 20/25€ www.nuits-de-fourviere.org Samedi 3 juillet

Lundi 5 juillet Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Michel Portal & Manu Katché 20h30 - 21 à 34€ www.jazzavienne.com

Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Joe Bonamassa + Music Maker + Malted Milk (blues) 20h30 - 21 à 34€ www.jazzavienne.com

Nuits de Fourvière Nuits Indiennes : Ananya de Madhavi Mudgal 22h - 23/27€ www.nuits-de-fourviere.org

Nuits de Fourvière La Flûte enchantée (Orchestre di Piazza Vittorino) 22h - 20/25€ www.nuits-de-fourviere.org

Mardi 6 juillet

Dimanche 4 juillet L’Agend’arts Trio Soulaÿrès (world) 19h - 2€ - 06 83 51 60 87 Nuits de Fourvière Nuits Indiennes : Ananya de Madhavi Mudgal 22h - 23/27€ www.nuits-de-fourviere.org

Place Voltaire, Lyon 3e (La Guill’en Fête) La Bande à Balk (Musique des Balkans) + Les Papas Rigolos (rock pour enfants) + Ceux qui font trio (musique festive) 18h30 - grat - www.wikiguill.net Théâtre Antique, Vienne (Jazz à Vienne) Carlinhos Brown + Mart’nalia (Brésil) 20h30 - 21 à 34€ www.jazzavienne.com

Buridane

Chanson

A ceux qui l’auront loupé à Fourvière en première partie de Souchon (sold out), pas de panique. La Lyonnaise Buridane (inspirée par l’âne de Buridan !) participe à Muzz en fêtes, le festival des Etats. Une chanson simple accompagnée d’une guitare acoustique : la blondinette ne joue d’aucun artifice. Ses compos se teintent parfois d’une énergie rock aux paroles plus incisives. Parfait mélange de douceur et d’acidité pour l’été. ❥ 2.07, 20h30, Muzz en fêtes, Lyon 8e, gratuit, 04 78 78 33 30

© FABIENNE CHEMIN


le mot de la fin |

130

Un truc cool…

Foot

En 2009, Brock Davis s'est lancé un défi : "Make something cool every day". Cet illustrateur facétieux et photographe hypersensible a terminé l'année en beauté avec 365 créations (photo)graphiques ! Voici un extrait du calendrier très personnel d'un mec définitivement cool.




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