n°39 / fÊvrier 2013 / GRATUIT
Montpellier Cultures et tendances urbaines
La Méridionale des Spectacles
Lynn Pook, Monsieur
11e FESTIVAL À 100%
Moo, Thierry Fournier,
Concerts Expositions Projections Montpellier etc. Du 12 au 23 Février 2013
Nu Collectif, Ivo Dimchev, Perrine en morceaux, laross, Zob, Nevchihirlian, Cie
www.festival100pour100.com
Lonely Circus, Uniform Motion, Gran Kino, Labradore, Arlt, Frank Rabeyrolles, Lescop, Kas Product, The Limiñanas, Maïa Vidal…
DE MONTPELLIER
n ° d e l i ce nce : n° 2-1036541 & n° 3-1036542
Sommaire News Faits Divers, Styles, Numérismes, Connexions
46
Exposition Portfolio, CRAC, MIAM, Musée Fabre, Gabrielli
66
Spectacle Total local, Decouflé, Théâtre d'O, Thierry Collet
78
Littérature Roman Graphique, Micro Festival, Mezzo/Pirus, Chroniques
Marseille-Provence 13 Reportage Flamenco
Musique Mathis Haug, True Flav, Festival 100%, Chroniques, Vinylmania
42
Cinéma Cronenberg, Satrapi, Picasso
Picasso © D.R.
24
© christian berthelot
Jean-Louis Duzert © D.R.
10 18 20
Portrait
Matières Premières © Paul Pouvreau
8
Let’smotiv février 2013 - #39
90 92 96 98
Vini Viti Vici Agenda Musique Electro Club Le mot de la fin
FEVRIER SAM 2 LOCAL HEROES #4
IAROSS + ZEBOWKA + SCOTCH & SOFA CLUB MERC 6
LOU DOILLON + HAROLD MARTINEZ VEN 8
EBO TAYLOR & THE AFRO BEAT ACADEMY SAM 9
FRITZ KALKBRENNER + GUEST LUNDI 11
THE JON SPENCER BLUES EXPLOSION + GUESTS MERC 13
MATHIS HAUG VEN 15
CALI + zoB’ SAM 16 LES NUITS DE L’ALLIGATOR
THE HEAVY, THE COMPUTERS, THE SKINS MERC 20 / JEUDI 21
RENDEZ-VOUS CONNECT#1 : BIONIC ORCHESTRA JEUDI 21
PETITE NOIR + BIONIC ORCHESTRA + MYKKI BLANCO + MEKANIK KANTATIK SAM 23 SOIRÉE SONORE NON IDENTIFIÉE
"FREAK OUT RIOT TOUR" UZUL + FIVE KEYS MARDI 26
MONO + CHRIS BROKAW + EREVAN TUSK
MARS VEN 1er LOCAL HEROES #5
NILCO + MR SHINE + FABRICE SAM 2 PAN-TONE #3
ORNETTE + WOH DJ’S + GUEST
VEN 8 LA COLONIE DE VACANCES
PNEU, ELECTRIC ELECTRIC, MARVIN, PAPIER TIGRE SAM 9
PETER DOHERTY + GUEST JEUDI 14 CENTRE NATIONAL DU RAP
DISIZ + LADEA + KUSSAY & THE SMOKES VEN 15
RUBIN STEINER + WE ARE ENFANT TERRIBLE JEUDI 21 LES FEMMES S’EN MÊLENT
GO CHIC + TUBBE + GUEST VEN 22
KENY ARKANA+ GUEST SAM 30
LA BOUM#1 avec DJ’s TOUTES LES INFOS
www.paloma-nimes.fr
Paloma, Régie personnalisée de la SMAC / Licences d’entrepreneur de spectacles : 1 : 1-1058442 , 2-1050816 et 3-1050817 - illustrations : Tabas
Let'smotiv Montpellier BP 2172 - 34027 Montpellier Cedex 1 Tél. : +33 9 67 27 98 49 redaction.med@letsmotiv.com
www.letsmotiv.com Let’smotiv Montpellier est édité par la S.a.r.l. LR PÔLE MéDIAS, membre du réseau Let’smotiv Magazines
Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, François Annycke, Alain Boucher, Clara Cambraye, Elsa Fortant, Audrey Jeamart, Emilie Laystary, Laurent Masri, Lionel Medart, Laëtitia Medioni, Simon Morin, Hilaire Picault, Marie-Pierre Soriano, Alex Terror, Olivia Volpi. Couverture : Wes Naman
directeur de la publication : Laurent Roy Responsable de l’édition : Ludovic Deleu ludovic.deleu@letsmotiv.com Rédaction : Céline Cauvi, Gaëlle Reynaud
administration : redaction.med@letsmotiv.com Impression : Imprimerie Ménard - 31682 Labège diffusion : LR Communication
Direction Artistique / graphisme : Mathieu Dumay contact@rizblanc.fr
L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellés des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Magazine gratuit - Membre de l’OJD, Bureau de la presse gratuite d’information. Ne pas jeter sur la voie publique.
L’agenda pierresvives.herault.fr
© photo : O Mas CG 34 - Zaha Hadid Architects
Février - mars 2013
« pierresvives c’est une grande ambition, reunir en un même lieu des services et des publics differents : ceux de la culture et du sport » . ANDRE VEZINHET, PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’HÉRAULT
EXPOSITIONS – CONFÉRENCES – RENCONTRES SPECTACLES – CINEMA – ATELIERS Exposition
28 MARS - 31 JUILLET
LA GRANDE EXPO RE-CYCLE
, Stratégies pour l’architecture, la ville et la planète/pierresvives - En partenariat avec le MAXXI Architecture de Rome
Conférences
Spectacles
Cinéma
Ateliers
5 FÉVRIER ET 5 MARS, 19H MARDIS DE L’INFO
16 MARS, 10H30 LE CRI DES MURS
28 FÉVRIER, 15H L’ENFANT QUI VOULAIT ETRE UN OURS
Enfants, ados, adultes, toutes les semaines découvrez les ateliers de pierresvives : photo, calligraphie, généalogie, arts, jeux vidéos, multimédia, informatique, architecture, histoire, sport …
Décryptages avec des journalistes du Club de la presse
21 FÉVRIER ET 21 MARS, 19H RENCONTRES PERSPECTIVES sur l’architecture avec Odile Decq, Arturo Franco
19 AVRIL, 14H30-16H30 TEMOIN DE… :
avec l’écrivain, historien et résistant André Bessière
par la Cie Le P’tit Atelier 3 Collégiens et adultes
Un film de Jannik Hastrup - Animation – Danemark-France – 2002 – 74 min. A partir de 3 ans
5 AVRIL OPERA-BOUFFE DE CARLO MENOTTI 7 MARS, 15H « Le téléphone ou LE SECRET DE l’amour à trois » TERABITHIA 13 AVRIL, Un film de Gabor Csupo - Fiction – Etats14H30 ET 17H30 Unis – 2007 – 91 min LA FACE CACHEE Egalement, une DE PIERRESVIVES programmation Visite des archives avec les comédiens de la Cie Roquetta
originale de cinéma documentaire et fiction à découvrir…
pierresvives pierresvives.herault.fr 04 67 67 30 00
907, rue du Professeur Blayac Montpellier
PORTRAIT
Valentin Petit No format texte ¬ Simon Morin - photo ¬ Nicolas Stankova
22 ans. Et 22 projets menés en 2012. Jeune réalisateur venu de Bourges voilà deux ans, le prometteur Valentin Petit passera son BTS de Design graphique en fin d’année à Montpellier. Un acharné au nom déjà familier qui n’en a pas encore fini avec ses études donc. D’ici là, on voulait en savoir plus. Toujours un coup d'avance : de la pré-production à la mise en ligne d’un projet, il multiplie clip et shooting d’une grande finesse autour de la mode et de la street-culture en rassemblant un beau petit monde autour de lui. Le perpignanais Nemir, Everydayz, PMPDJ (Grems, Starlion…), le site de design Fubiz lui font déjà confiance. Mais aussi Adidas, Elie Saab, des agences de com’ de majors qui sonne sa boîte mail suite à des prix obtenus : notre gaillard pourrait partir de suite. « Mais on va obtenir ce diplôme, et on verra », sourie-t’il, au centre d’un petit appartement où se côtoient ses « autres » passions, le regard assuré vers ses reptiles en vivarium. Affirmer ses créations, ses recherches : carnets, dessins, notes, tout est consigné. L’argent qui rentre est réinvesti instantanément dans du matériel. «Je veux approfondir mes travaux sur l’esthétique. En ce moment, je pense que l’on pourrait mélanger les tonalités du hardcore et du rockabilly, les mouvements et les lumières de ce type de bipolarité.» On parle de Kubrick et de Romain Gavras, de Boards of Canada et d’A$AP Rocky, des tatouages qui vont bientôt lui recouvrir le corps. Ses goûts pour l’esthétique et la direction artistique vont de pair avec un désir de compréhension des mythes anciens, des techniques manuelles : « la vidéo comme thérapie, pour saisir ce qui traverse les sentiments, la violence, la passion ». Une fois sorti de Montpellier, c’est l’Amérique qui va accueillir, le temps de quelques collaborations, Valentin Petit. Avant de se tourner vers les grosses écoles de ciné (Louis Lumière en tête), voire l’étranger. « Tout ce que l’on fait est provoqué. Plus on avance, plus on est libre de choisir ». À 22 ans portrait . . . . . . . . 9
NEWS
Photoportrait à quoi ressemblerait Vincent Van Gogh s'il prenait aujourd'hui une photographie de lui-même en lieu et place de son célèbre autoportrait (1889 - exposé au musée d'Orsay) ? C'est la question à laquelle Tadao Cern, un artiste lituanien, a tenté de répondre. Avec l'aide d'un ami ressemblant au maître néerlandais, il a tenté de s'approcher au plus près de l'original en mêlant habilement vidéo, photographie et retouche numérique. www.tadaocern.com
© Tadao Cern
Drôle de cirque Le groupement d'artistes Rhizome propose un spectacle pour les tout-petits et cinq soirées composites, où se mèlent performances et spectacles. Venus de tous horizons, les talents invités tournent leur démarche artistique vers l'inattendu. Théâtre, danse, clown et conte ponctuent les délires de la troupe. http://theatrelavista.free.fr Du 06 au 10/02 au théâtre La Vista à Montpellier
Télex 10 n����������������� news
Dans le Lot-et-Garonne, un homme de 51 ans complètement ivre a débarqué à la gendarmerie pour y chercher son interdiction de permis pour ivresse. Tout est dit, non ?
Let's Moove !
© Agan Harahap
© Christopher Moloney
Do The Dance est le tout premier portail communautaire consacré à la danse ! Un réseau social pratique pour mettre en relations tous les acteurs, toutes disciplines confondues. Professionnels, amateurs et élèves peuvent échanger leurs adresses et tuyaux. Stages, cours et spectacles sont mis en ligne dans un agenda. L'inscription est gratuite, et le buzz monte en flèche. Il fallait y penser ! www.dothedance.com
À table !
Crève-l'écran
Des animaux dans un supermarché ? Rien de bien nouveau, il y en plein le rayon frais. Oui, mais ceux-ci sont bien vivants, et du genre sauvage. À travers cette série, Agan Harahap oppose la jungle et la chasse à l'abondance de nos sociétés. Il interroge les notions de brutalité et d'aseptisation, de nature et de culture... Bref, le photo-monteur américain mêle esthétisme et politique de façon originale.
On a tous voulu remonter les ChampsElysées pour y croiser Jean Seberg vendant le Herald Tribune. Christopher Moloney, lui, s'amuse à capter des images de film, à les tirer sur pellicule et à placer la photo à l'endroit exact où furent tournées de célèbres scènes. La preuve en image avec Annie Hall de Woody Allen. Sur son site web, on retrouve également Superman, Léon, Taxi Driver… Mais rien sur la planète Tatooine. Dommage.
www.behance.net/aganharah
www.philmfotos.tumblr.com
Encore un symptôme de la crise et de la pauvreté galopante ? En Grande-Bretagne, où la redevance télé est trois fois plus chère pour les écrans couleur, 13 202 foyers sont toujours équipés d'une télé... en noir et blanc. Entendu sur Radio-Londres. news . . . . . . . . . 11
STYLES
Dress Code Rhabillés pour l'hiver! On avait découvert Dress Code au sein de l'excellente émission Personne ne bouge ! (le dimanche soir, sur Arte). De ces trois minutes hebdomadaires, ses auteurs, Géraldine de Margerie et Maxime Donzel tirent aujourd'hui un livre, préfacé par le tandem Collin-Mauduit. Le concept est simple : nous aider à associer le bon vêtement au bon moment. Aussi précieux que dérisoire, inutile donc indispensable, ce mode d'emploi nous rhabille de pied en cap. Quatre parties, autant de saisons, et vingt-cinq situations quotidiennes... ou presque (on ne souhaite à personne un enterrement quotidien). Vous êtes moche ? Vous allez à un concert (p.29) ? Vous partez dans un pays en voie de développement ? Quoi qu'il arrive, Monsieur ou Madame, vos tenues (et vous même) seront au top grâce aux descriptions hyperdétaillées, bourrées d'humour, de références bien choisies. Géraldine de Margerie sait de quoi elle parle : pigiste à Glamour, mannequin à ses heures perdues, elle fut aussi et surtout l'auteure du Dictionnaire du Look (2009). Aussi, on lui fait confiance lorsqu'elle taille un costard aux diktats de la mode, même si son humour, de temps à autre, pose question - l'ironie apparente laissant parfois place à un certain entre-soi un rien déplaisant. Ces réserves émises, reste de vraies astuces, comme savoir associer sa morphologie à la bonne fringue. Ensuite, à travers de petites anecdotes, on révise son histoire - celle d'Halloween par exemple- on apprend de nouveaux mots et expressions comme « butterface » (qui désigne une fille canon, mais sa tête...) ou encore que les moustiques sont attirés par le jaune : et ça, c'est utile Elsa Fortant
Dress Code, Maxime Donzel et Géraldine de Margerie, Éd. Robert Laffont, 171p., 22€ 12 s���������������� styles
janvier-février 2013 E LA PLYAALEC RO
LES CHEMIN
SD
LA DANSEE
CIE EUROPA
CONCER
MERLOT T
EROTOKRITOS
PHILIPPE
UFLÉ DECO R O AMA PAN
FESTIVAL
FLAMENCO LA MALA DIE DE LA FAMIL LE M.
COMÉD
FRANÇAISIE E
Photo François Noël
CLAUDE BUCH VALD
DANSE
z-vous sur Le Théâtre de Nîmes est subventionné par la Ville de Nîmes, le Ministère de la Culture et de la Communication - Direction régionale des Affaires culturelles Languedoc-Roussillon, le Conseil régional L.R. et le Conseil général du Gard. Partenaires : l’Hôtel Impérator (mécène), Costières de Nîmes, Les Olives Daniel, Domus, Texen, Printeam. Partenaires médias : Libération, France 3 Languedoc Roussillon, France Bleu Gard Lozère, TV Sud, Midi Libre, La Marseillaise. Licences n° 1015436-37-38 et 1045517.
NUMéRISMES
Connect Puisque Paloma est devenu en quelques mois le lieu de tous les possibles, on se doutait que ce vaisseau amiral du mieux voir, ouïr et entendre en Languedoc allait se pencher sur les connexions numériques. C'est le cas avec ce rendez-vous Connect, premier du nom en février, qui promet d'être un vibrant moment de rencontres participatives et interactives autour des arts numériques et digitaux. Soit la possibilité à toutes et à tous de rencontrer en grand et activement des chercheurs transversaux. Inauguration donc avec les machinations sonores de Ezra et LOS, binôme fortiche du human beat box et de toutes les dérivations rythmiques et hybrides. Le soir, aussi, Mékanik Kantatik (aka Nicolas Cante) self made man aixois aux claviers démultipliés viendra prouver sa science des rêves et du partage. Des concerts et des spectacles familiaux et participatifs, des ateliers, mais aussi des connexions professionnelles et techniques. Il sera aussi question de rencontres avec d'autres cultures, et d'Histoire de ces nouveaux courants musicaux. Parents et enfants demandez donc le programme. De quoi susciter des vocations dès le plus jeune âge. MP Soriano
Le 20 et 21/02 à Paloma à Nîmes 14 n�����numérismes
CONNEXIONS
Busk Magazine Seulement un an depuis le lancement de Busk Magazine.com et le site n'en finit pas de remplir ses archives. Amélie Sales, responsable de la publication et journaliste, réussit, en solo, le pari de promouvoir la culture urbaine locale. Sans s'empêcher, bien sur, de faire des enjambées au delà de l'Hérault, privilège du web oblige. Des reportages, des interviews, des portraits, des portfolios et des vidéos consacrés aux artistes émergents, ou confirmés, qui se produisent ou s'exposent dans la région. La richesse du concept, c'est sans doute sa polyvalence. De l'édition à la musique, de l'art dans la rue ou sur les murs, à la danse, le site ne cesse d'élargir son champ d'investigation au rythme des initiatives de la culture hip hop et toutes ses expressions. Un travail de presque titan, servi par une interface épurée et efficace. Qu'il s'agisse du Parcours urbain d'Al Sticking, Salamech et Smole, de C215, du photographe bboy Bricks, du nouvel opus de Mutafukaz ou de l'ouverture de l'Ad Galerie à Montpellier, Busk décrypte sans cloisonner ni donner dans le girl power à tout va (oui, c'est une femme on le répète). « Le Hérault de la culture urbaine » abat ses cartes sans s'éparpiller, avec un tour d'avance. C'est frais et on aime Céline cauvi
www.busk-magazine.com 16 c�������connexions
Spectacle co-accueilli avec la Verrerie d’Alès PNC-LR
© Patrice Terraz
Marseille brûle t-il ? Capitale, l'ouverture de Marseille Provence 2013 ? Comme souvent à Marseille c'est la foule qui a remporté la victoire. Déambulant en nombre (500 000 personnes le samedi soir), mus par une vraie bonne humeur malgré le temps, nous avons traversé le cours Estienne d'Orves et avons ramené des plumes jusque dans nos paniers à linge sale, assisté bouches bées aux feux d'artifice tirés depuis le vieux port, suivi les machines délirantes de la Grande Parade Lumineuse rue de la République. Nous avons levé le nez et souri aux milliers d'autres sourires au son des platines surélevées et illuminées vers la Joliette, les docks du Sud dansaient quant à eux, jusqu'au bout de la nuit. Tous les artistes du Panier avaient ouvert leurs ateliers et dans la cour de la vieille Charité chacun était invité à intégrer une farandole géante. Le lendemain matin, la ville se réveillait sous la pluie, et accrochés à nos bols de café, impossible de passer à côté de celles et ceux qui participaient à l'improbable Chasse aux 13'Or. Il fallait s'abriter du déluge, direction la Friche Belle de Mai pour y passer la journée. Nous avons mangé près d'Agnès Varda, pris l'apéro en laissant exploser nos créativités sous le regard bienveillant du Tampographe Sardon, nous avons traversé hagards Ici Ailleurs l'exposition inaugurale de la TourPanorama et l'année Capitale. Nous sommes repartis éreintés et souriants, en répétant qu'il faudrait revenir pour explorer, plus finement, ce vaste projet que seul le temps pourra poser complètement. MP Soriano 18 m����������������mp13
ON THE ROAD
Flamenco Politico reportage ¬ Simon Morin - photo ¬ Jean-Louis Duzert
En janvier dernier, 13 000 spectateurs ont apprécié la programmation du festival de flamenco de Nîmes, événement étalon dans nos contrées méditerranéennes. Avant ces réjouissantes festivités, nous sommes partis en décembre, à Séville, à la source de cette vibrante culture pour faire le point sur sa vitalité. Médaillé Patrimoine culturel universel par l'Unesco en 2010, partagé entre conservation séculaire et ouverture aux sirènes touristiques, l'art Flamenco se développe et se questionne. Nous sommes revenus avec quelques réponses.
Raùl est percussionniste. On s'est croisé sous un lomo (ces gros jambons pendus au-dessus des comptoirs des troquets sévillans), et la discussion avec ce quarantenaire « qui a eu la chance d'être né à Triana », berceau du flamenco sévillan, a vite tourné autour de l'état de ce « patrimoine culturel immatériel de l'humanité », statut reconnu fin 2010 par l'Unesco. Il me raconte son quotidien, se prend au jeu du micro tendu : j'avais mon client. Une paire d'heures plus tôt, nous étions dans le patio de l'institut andalou du flamenco. Mosaïques et portes dérobées, en plein cœur de l'ancien quartier juif. Représentants du gouvernement provincial et organisateurs du festival de flamenco de Nîmes présentaient la 23e édition du festival.
reportage . . . . . 21
Le conseiller à la culture, Luciano Alonso, était élogieux envers Nîmes, cette « 9e province andalouse », avec qui la junta (le gouvernement) collabore depuis le début du festival. « Vous savez que vous êtes ici chez vous, poursuivait-il. Notre amour pour notre terre va de pair avec notre désir d'internationalisation de notre patrimoine ». Cinq millions d'euros investis depuis 7 ans pour « accompagner les artistes et production » : aujourd'hui, le flamenco est un « nouveau marché » pour la province. Attendu pour d'autres affaires par les journalistes locaux, c'est Angeles Carrasco Hidalgo, à la tête de l'institut, qui précisa les actions de la junta : « Le flamenco est une industrie culturelle. Nous nous centrons sur la création de nouveaux publics : que cette offre coïncide avec l'énorme demande que nous recevons. L'institut appuie les concours et supervise la quarantaine d'écoles et 22 r��������� reportage
les enseignements au conservatoire, où le flamenco est entré en 2011 ». Soit une institutionalisation d'un art traditionnel. Je demande autour de moi si la « folklorisation » n'est pas le risque encouru d'une telle politique. La jeune danseuse Ana Pérez (sa dernière création, Pilares, s'est joué en clôture du festival), étoile montante, me signale que sans les touristes, « le flamenco n'existerait plus forcément à Séville : c'est déjà un instrument touristique ». Retour au troquet. Raùl, nuance : « Qu'elle se diffuse en France, c'est une preuve que la musique ouvre les frontières ». Gloire au système Erasmus des facs européennes : « Ici, les jeunes viennent soit pour étudier, soit pour apprendre le flamenco... Les académies se remplissent, les corralones aussi ». Anciens ateliers dédiés aux enluminures religieuses, aujourd'hui ils sont occupés par des
personnes regroupées autour du flamenco. Mais le tableau se noircit : « aujourd'hui la junta a fermé beaucoup de ces lieux non-alignés à leurs attentes. Où la spontanéité des étudiants, des professionnels et des amateurs existaient. Mais tu peux rester clandestin ». Il pointe du doigt ma carte de la ville : « C'est là qu'on va aller : un vrai club de flamenco. Où quand les gens sont silencieux, ce n'est pas par crainte d'être remarqué, mais pour la saveur ». Je retrouvais Antonio Moya. Personnage incroyable, entretien sous un oranger. Son flamenco est « un art familial de transmission orale. Il ne nous a pas été enseigné par youtube ». Pour ce gardien du temple, le plus gros problème aujourd'hui réside justement dans l'action politique : « Ils ont décidé que c'était un produit, comme l'huile d'olive. Toutes ces écoles où tu apprends le cante
(le chant)... On peut apprendre les paroles, mais pas à chanter. Tu as le don, si Dieu l'a voulu. Les gamins qui ont des sous vont avoir un diplôme au bout de sept ans et gagner un prix. Résultat : une « star academy » du flamenco, le plus grand cancer d'aujourd'hui. Le flamenco c'est tout sauf carré et politiquement correct. À terme, il ne vaudra plus rien ». Pour mes guides de l'après-midi Séville restait cette « ville de lumière », qui pue l'histoire. La copine de Raùl parle un peu français, n'en reste pas moins charmante traversant le Guadalquivir pour aller « là où tout se passe ». Arrêt dans une bodega, goûter le blanc et les tapas du taulier. Entre deux gambas et « la meilleure tortilla du monde », dernière confidence : « Le flamenco vient du peuple : le gouvernement en a peur. Etre créatif, aujourd'hui, c'est un délit » reportage . . . . . 23
Punish Yourself Festival Rakan Nimes – Paloma 20 décembre 2012 © David Rongeat
MUSIQUE
3
C'est le nombre de groupe qui représenteront la région LanguedocRoussilllon lors du prochain Printemps de Bourges et de ses découvertes désormais tamponnées Inouïs. 3 formations, c'est une première et on s'en réjouit d'autant que les meneurs – Némir, Set & Match et Liminanas – ont de la tenue, et même fière allure. A suivre en avril pour la confirmation sur place.
News
Le plein Complet au Zénith de Montpellier en février, les amateurs (de plus en plus nombreux) des machinations rythmiques et samplés de C2C auront donc le choix de patienter (voire ronger leur frein) en attendant une nouvelle date aux Arènes de Nîmes le 18 juillet. En été donc, à la fraîche, sous les étoiles et sans abuser sur les tarifs (30 euros avec des guests) Parfait ?
Jazz Vibes Le collectif Koa, dédié aux jazz et musiques improvisées sort son premier disque, Koa Roi. Pas étonnant que le projet ait séduit les internautes sur la plateforme de mécénat collectif KissKissBankers. De concerts en ateliers ou jam session, les artistes ont su créer des rendez-vous appréciés et suivis. Une tournée se prépare pour 2013, on ne les quitte pas des yeux. http://collectifkoa.free.fr
Ouvert La nuit ? Le Rockstore en travaux ? La Pleine Lune en transit ? On s’inquiète naturellement sur la vivacité de nos spots nocturnes, hors boites de nuit sur la route des plages, bien entendu. Alors nous pourrions nous désoler des difficultés de certains, oui. Sauf que l'on vient d'apprendre que le Black Sheep vient de chopper la terrasse du Roule Ma Poule, Place Candolle. Cela devrait s'apeller le Black Cat, à deux pas du TraLaLa, teboi vibrante des nuits avant la nuit. On se calme donc.
Télex
Le théâtre Jean Vilar, en co-réalisation avec le festival à 100%, programme Frédéric Nevchehirlian et ZoB'. Le premier a mis en musique Jacques Prévert, tandis que le second, ZoB' trimbale sa grande gueule et déclame ses rimes, solides et rieuses. Une date double dédiée à la langue de Molière et des rencontres sur le thème du Slam en outro. Parfait. Le 14/02 à Jean Vilar, à Montpellier
musique . . . . . . 25
MUSIQUE feedback
LE
I Love Techno texte ¬ Laurent Masri - photo ¬ Vitalic © Ludovic Genco
Forcément on anticipe, on avise, on s'amuse aussi. Manger 10 heures de techno exige une forme physique impeccable, voire plus. I Love techno machinait son bordel électronique le 15 décembre dernier et s'est payé le luxe de doubler sa jauge pour sa deuxième bougie, passant de 10 à 20000 bipèdes dans les parc des expositions de Montpellier. Dans le genre, c'est un record. Mais dans le fond (car c'est cela qui importe) c’était comment I Love techno 2012 ? Une déferlante de jeunesse en quête assidue (et parfois furieuse) de bpm, un truc qui fait plaisir. Les anciens (les vieux donc), besogneux qui se tripotent le nombril sur les réseaux sociaux les pieds dans leurs pantoufles du samedi soir se sont amusés à moquer cette belle jeunesse gourmande. Sur place, il y avait du déguisement, du maquillage et, surtout, de la bonne humeur, de la fraîcheur et de l'envie. Du plaisir donc. Au final un bon esprit. Les jeunes savent faire la fête. On le savait. C'est prouvé. Majeur (ou pas?) c'est extrêmement rassurant. Dans le fond (et le son) la Blue Room (consacré à la dub step et breaks en tout genres) a captivé les amateurs du genre. Vitalic a dejointé les placos de la grande salle pendant que Gesaffelstein s'est payé des suppléments d’âmes et des dames. Dave Clarke s'est fait plaisir pendant deux heures (The Hacker annulé) ; De Crecy fut précis et Flux Pavillon savamment compressé. L'année prochaine, ILT a l'envie de rentrer dans l'Aréna, soit 10000 danseurs de plus. What Else ? 26 f���������� feedback
JJ Milteau
Mathis Haug Ça sent le bayou, ça pue le cuir et les kilomètres au compteur. Ça sent bon surtout et c'est un plaisir d'avoir des nouvelles de Mathis Haug. Nous l'avions découvert en 2007 avec ses Mathematics, blues gang bien gaulé et plutôt bien mené. Désormais en solo, le nîmois, prend le risque de casser sa baraque et ça lui va bien. Coffre sérieux (sur disque on lui donne 20 piges de plus), compositions travaillées et vibrato sérieusement vibrant, son nouvel opus « Distance » se signe chez Dixiefrog label étalon et international du blues d'hier et d’aujourd’hui. Alors quoi ? Juste un garçon qui tient bien le manche et ses cordes ? Non, « Distance » est un disque sur le feu, qui a mijoté, on le sent, durant quelques paires d'années, pas trop cuit, mais encore bouillant, bien cuisiné donc. Bien orchestré aussi (JJ Milteau est dans les parages) et écrit pour de vrai.. Alors sans exagérer, on se dit que Nîmes inspire finalement. C'est une bonne nouvelle mais surtout Mathis saute sur le bois, un trampoline que l'on espère très rebondissant. Paloma l’accueille, façon pépinière. Ça reste à voir, forcément. Mais surtout à vivre car son blues est vraiment bleu. Laurent masri
Mathis Haug : Distance – sortie le 26/02 ( Dixiefrog/Harmonia Mundi) Le 13/02 à Paloma à Nîmes 28 n�������� newcomer
Web Labo Les internets ont ouvert les frontières : accroche imparable. Et justifiée : comment explique-t-on qu’une chanteuse de nu-soul croate vienne de sortir un album sur un label montpelliérain ? La petite nouvelle Tamara Saul fait partie des 15 artistes de l’écurie True-Flav Records. Fondé en 2009 par le beatmaker et Mc Le 4Romain (ex-Rouge à Lèvres), ce label de curieux fait son chemin depuis. Pas moins d’une vingtaine de sorties, Ep et Lp confondus, ont émaillés les bacs ces dernières années, avec un soin particulier apporté aux versions physiques. Pas mal dans le contexte actuel. Revendiquant la « vraie saveur » musicale, cette véritable coopérative propose une musique pointue, urbaine et accessible, surfant sur les future-beats de Mister Bibal, des inspirations house bien senties et laissant une belle part au rap, au spokenword et aux instrumentations nu-jazz (No Soma). Avec, on l’a vu, des artistes d’un peu partout : le jeune beatmaker Ikaz nous vient de Nantes, The Unknown Project, concept-band autour des musiques de film, de Perpignan… Longue liste de talents qui, souvent, proposent leurs titres en téléchargement libre sur les diverses plate-formes. Vénérable invitation Simon Morin
www.trueflav.com label . . . . . . . . . 29
Festival à 100% Le goût des autres texte ¬ SimonMorin, MP Soriano et Ludovic Deleu photo ¬ © D.R.
Lourde tâche nous incombe d’introduire ce festival protéiforme, lové à 100% dans le marigot montpelliérain. Curiosité d’une programmation alliant les styles et les envies, l’affiche attire. Car disons-le : nous sommes quand même face au premier festival qui nous sortira de nos ralentis hivernaux. Douze lieux qui vont plonger dans le militantisme affiché des organisateurs, de la Maison Pour Tous Voltaire aux voûtes du Black Sheep, de l’intimité du Jam au récent Sonambule de Gignac. Militantisme pour une curiosité culturelle, visuelle et sonore : installations work in progress sur le « N.U. collectif » à la Galerie St-Ravy, projection interactive au Diagonal, revival cold-wave avec Kas Produkt, découverte folk avec Arlt… La question sera de savoir où donner de la tête, des yeux, des oreilles. Les sens seront réquisitionnés, à l’instar de la création « Silent Rooms », chez Kawenga. Les mots seront sublimés, comme Nevchehirlian rendra hommage à Prévert. Sacré expérience, expérience sacrée ?
Festival Montpellier à 100% Du 12 au 23/02 à Montpellier et Gignac (34) Victoire 2, Jam, The Black Sheep, Sonambule, Kawenga, Théâtre Jean Vilar, Laiterie des Beaux Arts, Cinéma Diagonal, Galerie Saint-Ravy, MPT Voltaire... www.festival100pour100.com - 09 81 89 51 12 100%. . . . . . . . . 31
Francoiz Breut Le 23 février en clôture du Montpellier 100 % la scène du Jam vibrera sous les talons de ce petit bout de femme au long pouvoir qu'est Françoiz Breut. Elle y défendra son dernier album « La chirurgie des sentiments », sorte de va et vient incessant et envoûtant entre ce qu'est l'enfance, et ce qu'est l'âge adulte. Tout elle en somme. Si vous ajoutez à cette ivresse là le fait que Françoiz Breut est aussi une illustratrice, alors, vous commencerez à approcher l'idée que de cette soirée là, vous ressortirez souriant, réchauffé, et riche d'un univers total et transverse. Tout elle, je vous dis. Le 23/02 au Jam
Silent Room
Kas Product/Lescop
Silent room, en voilà une appellation bien mystérieuse pour l'exposition qui se tiendra du 13 au 23 février à l'espace Kawenga. Point commun entre le mur d'enceintes de Thierry Fournier - Noli me tangere-, les samples énigmatiques et cachés derrière le foin, de Monsieur Moo ou encore Aptium de Lynn Pook qui elle devrait nous confronter au silence ? Outre vous inviter à aller vous faire une idée par vous même, l'indice que je vous donnerai c'est que la réponse passe par une expérience immersive et physique, pour le moins, reposant largement sur l'univers de la musique numérique. Qu'on se le dise. Du 13 au 23/02 à Kawenga
D'un bleu électrique au blues électronique, toutes les nuances d'un vague à l'âme explosif. Grenade dégoupillée à l'orée des années 80 par une chanteuse de jazz véhémente et un infirmier en hôpital psychiatrique branché sur le secteur, arme sonique à défragmentation lente qui n'en finit pas de nous sauter à la gueule, Kas Product. Et puis le rejeton turbulent, variétiste bipolaire passé par le punk, agent provocateur de spleen chez les hipsters, Lescop. Et Franck Rabeyrolles, pour la douceur low fi d'une existence à compléter dans les pointillés. Bref, une bien belle association de dandys malfaiteurs Le 21/02 à Victoire 2
32 1���������������� 100%
Lonely Circus Le festival Montpellier 100 % a cela de foncièrement bon : il sait réunir celles et ceux que nous n'avons pas l'habitude de voir réunis, pour nous laisser ressentir leurs échanges. Fall, fell, fallen par la compagnie Lonely Circus, nous offre donc la rencontre entre un musicien (Jérôme Hoffman), et un circassien éclairagiste (Sébastien le Guen) ! De leur duo naît un concert / performance plastique qui interrogera les passerelles existantes entre le cirque et la musique, mais aussi le théâtre voire la danse. Un cirque dansé sur de l'électro minimale en perpétuelle work in progress en somme ! Les 15 et 16/02 à la MTP Voltaire
N.U Collectif
Frank Rabeyrolles Le dernier album de Frank Rabeyrolles, #8, a fait le tour d’internet, de la presse spécialisée nationale, pour revenir enfin dans nos contrées. Low-fi, un pari entre lui et son auditeur d’un instant. Entre une salle et des riffs toujours plus minimalistes, des émotions. 8 ans de parcours pour celui que l’on définit comme un grand voyageur, au baluchon néanmoins toujours discret. Contrairement à ses précédents disques, Frank Rabeyrolles y va de son propre chef, sans pseudo, à larmes blanches.
La galerie saint Ravy abritera Inbetween/cas_8 de N.U. Collectif. Derrière l'hermétisme de ce titre, Axelle Caruzzo et Sébastien Lenthéric, Mathias Beyler (comédien), Cyril Laucournet (vidéaste) et Lucille Calme (écrivaine), ainsi que des musiciens et un chercheur, nous invitent à prendre part avec eux à une création pluridisciplinaire autour de la figure mythique que fut Claude Cahun. Tous ceux qui ont vu Tête de nuit, œuvre précédente de ce collectif pas comme les autres savent déjà, que s'en remettre au N.U. Collectif, c'est accepter de se laisser guider dans une expérience artistique, maîtrisée et vertigineuse. Du 03 au 23/02 à la galerie Saint-Ravy
100%. . . . . . . . . 33
texte ¬ Simon Morin photo ¬ © D.R.
texte ¬ Hilaire Picault photo ¬ © D.R.
DJ Premier
Mono
Plusieurs raisons de ne pas louper cette nouvelle soirée organisée par l'association 5e Saison. Primo, il serait inutile de refaire le cv du texan Dj Premier, façon name-dropping. Plus de 20 années d'activisme hip-hop, plus de 600 productions et collaborations qui ont forgé la réputation du platiniste. Ses tracks ont fait le tour des mixtapes, ont révélés bon nombre de mcs, Afu-Ra, Guru, Nas, Mos Def... Avec ce dernier (RIP), la seconde moitié de Gang Starr a survolé les 90's de sept albums, aujourd'hui classiques de la east-coast. Deuxio, l'ouverture sera assurée par Dj Oil. Ancien Troublemakers (signé à l'époque chez Blue Note tout de même), le marseillais viendra présenter son excellent album Black Notes, aux sonorités uniques et aux featurings luxueux, hip-hop du monde moderne. Le 07/02 à Victoire 2 (St-Jean-de-Védas/Montpellier)
Déjà c’est un groupe japonais et ça ne se voit pas tous les matins du monde. Ensuite c’est un groupe somptueusement atmosphérique qui est produit par Steve Albini (Pixies, Nirvana, Sloy…on en oublie, et des meilleurs), ça pousse au respect. Enfin, c’est doux mais épique, rude mais touchant. C’est beau. C’est Wagner dans un gant de velours et Kurosawa qui pleure. C’est déjà une décennie de musique précieuse, attentionnée. Pas bourrine, pas inutilement bruyante, pas cérébrale. Faisons un deal : je ne dis pas le mot « post-rock » et vous gardez l’image d’un groupe respectable, d’ac’ ? Comme seul l’est Mono. Cela se passe dans le cadre, décidément très bien habité, du club de Paloma, en compagnie de Erevan Tusk et de Chris Brokaw, peu avares, eux aussi, de sensations musicales très digestes. Le 26/02 à Paloma à Nîmes
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21 > 24 MARS 201 PERPIGNAN
ELMEDIATOR
OFFF K K K U | F N IA T S A B SE NTRAL E C H T U O | S .D .O D DOPE | NIVEAU ZERO CARBON AIRWAYS JORIS DELACROIXBEEEATS | MC2
KI NU LE MALIN | JANS UR THE DRIVER AKA MA EELER REACTABLE TO WH & IG RE | RS NE AI RT TE E EN BWAR AQUA BASSINO | TH OBE 1 | LOAN | HU 4 | SUPERPOZE | PR BDU | O IN AM ILL GU UNS NUMÉRIQUES VJ BGOOD ET EMBR
LE CARRÉ 4 KI DS DJ’S + ATELIERS +
ÛTER + ...
OR GONFLABLE + GO
JEUX + DANCE FLO
IVAL.ORG WWW.TILT-FEST 00 62 62 04 68
Jon Spencer Blues Explosion Pas le temps de tout vous dire, pas envie de tout vous taire, allons-y en mode télégramme : Jon Spencer a l’âge du punk américain...stop... En 1985 il joue un trash bruitiste...stop...En 90, virage rock’n’roll avec le Blues Explosion... stop...Le JSBX swing mieux que les Black Keys et rock salement plus que Nick Cave...stop...Absent des couv’, du 20H et des stades, JSBX totalise 10 albums en 20 piges, des rééditions et compiles, et sans aucun répit...stop...Alors qu’on a déjà oublié les White Stripes, l’increvable Jon tourne avec 3 groupes différents...stop... Quant à vous, vous allez avoir envie de danser. GO ! HP Le 11/02 Février à Paloma
Portico Quartet
Micro Festival
Enrobé par la beauté des sons. Les quatre londoniens nous avait déjà emportés au large l'année dernière au Théâtre de la Mer. Du jazz ? Peutêtre. Au centre des sonorités, le hang, percussion suisse créée au début des années 2000 au timbre rappelant le steel-drum. Fines et organiques, mélodies et syncopes créent des plages parfaites pour batterie, contrebasse et saxophone. Tirant au fil des ans vers l'électronique, le Portico Quartet peut se vanter d'accrocher la somptueuse scène anglaise de bass-music. En témoignent les beaux remixes de « Steepless », tiré du dernier album qui porte leur nom. SM Le 09/02 février à Sortie-Ouest
Le Microfestival honorera-t-il une fois encore les musiques expérimentales et la poésie ? Certainement, en atteste le fidélisme qui se dessine : ça se passe toujours à la Baignoire, Pierre Soletti et David Lavaysse seront de nouveau présents, et Kawenga s'engage davantage dans le projet avec un atelier de Circuit-Bending. On entendra les mots projetés de corps d'une Cécile Richard et d'un Yannick Guédon polyvalents, la voix joueuse et libre d'une délicieuse Emilie Lesbros, et les interprétations de Cage par Lê Quan Ninh et Loic Guenin. Pour ne citer qu'eux. Un programme court, mais dense. PR Les 08 et 09/02 à la Baignoire à Montpellier
36 m����������� musique
Chaque semaine
TILT Festival
et ses partenaires
Garo Snow
vous font gagner des invitations pour les plus
Festival à 100%
Cosmic Groove CROUS
Meuh Folle
Déferlantes
belles nuits de l'hiver 2013 !
Garo Rock
Rendez-vous tous les vendredis sur www.letsmotiv.com
The Asphodells Ruled By Passion Destroyed By Lust (Rotters Golf Club/ La Baleine) On doit à Andrew Weatherall l’une (la ?) des meilleures compilations mixées de l’année 2012, Masterpieces. À la faveur de deux tracks captivants, on y découvrait The Asphodells, nouveau terrain de jeu du producteur de Primal Scream, accompagné par Timothy J. Fairplay (ex-Battant). Difficile de ranger ce premier album dans une case. Exercice de disco psychédélique, hommage à New Order (The Quiet Dignity Of Unwitnessed Lives), essai post-punk mâtiné de classic house (Another Lonely City) et d’acid (We Are The Axis), Ruled By Passion Destroyed By Love est un peu tout ça à la fois. Et plus encore, tant les références s’entremêlent pour finalement se transcender. Si la filiation avec le premier LP de Weatherall, A Pox On The Pionneers (2009), semble évidente, Ruled… s'en démarque en revenant à des structures plus techno, répétitives et donc... dansantes. C’est après l’expiration finale, le magistral Love From Outer Space, que l’on saisit le coup de force de The Asphodells : signer un disque en dehors des formats établis, faire fi de toutes les tendances actuelles, mais parvenir à synthétiser plus de vingt ans d’underground musical britannique. À découvrir encore, et longtemps. Clément Perrin
Foxygen We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace & Magic (Jagjaguwar/Differ-Ant) Conduit par les Californiens Jonathan Rado et Sam France, Foxygen publiait l'an passé un court album intitulé Take The Kids Off Broadway, manifeste pop contre les enfants-stars. Enregistré sous la houlette de Richard Swift (génie solitaire ayant rejoint depuis peu les Shins), ce premier « vrai » album enfourche d'autres chevaux de bataille. Convoquant aussi bien ELO (Shuggie) que The Rolling Stones, le groupe rejoue les hymnes velvétiens (No Destruction) en regardant droit dans les yeux les figures tutélaires de la fin des années 60. Ce manifeste psyché se consume au gré des humeurs dictées par le piano, les guitares bourdonnantes et le chanter-parler de Sam France. On ne saurait trop vous conseiller de partager le message d’espoir et de paix de Foxygen. F. Koldyka 38 c������� chroniques
disques A$AP Rocky
Broadcast
Long.Live.A$AP (Sony Music)
Berberian Sound Studio (Warp/Differ-Ant)
2012 fut l'année de Rakim Mayers : un statut de superstar, une mixtape, un contrat plaqué or – trois millions de dollars, baby -, puis ce premier album. Comme l'usage l'exige, toute la hype du tumblr rap s'exprime : Kendrick Lamar et Drake sur F_ckin' Problems, Joey Badass et Danny Brown entre autres sur 1train. À la production, les beatmakers montants Beautiful Lou, Clams Casino (LVL) ou le Lillois Soufien 3000 (Pain) magnétisent le flow cafardeux de cet enfant gâté, seulement diverti par la came, la mode et les filles. Bien qu'originaire de Harlem, le leader du collectif A$AP Mob s'inspire davantage des sirènes du Dirty South de Houston que du rap politique de NYC. Plus que jamais, le régionalisme est/ouest/sud du rap game est révolu. Florian Koldyka
Berberian Sound Studio met un point final à l’impeccable – et toujours plus influente - discographie de Broadcast. Une bande originale, plutôt qu’un album- avec tout ce que l’exercice peut comporter de frustrant pour l’auditeur (l’austérité des thèmes prenant le pas sur la mélodie, un propos fragmenté...). Cependant, tout en retournant à l’inspiration cinématographique des débuts, ce testament prolonge cette exploration de l’occulte (et de ses manifestations sonores) dans laquelle le duo s’était engagé avant la disparition de Trish Keenan (Witch Cults Of The Radio Age, 2009). Un merveilleux hommage rendu à l’art du bruitage (le propos du film). Un mausolée sombre et majestueux pour la chanteuse, qui hante littéralement ce disque. F-X Béague
Veronica Falls Waiting For Something To Happen (Bella Union / Slumberland / Differ-Ant) En 2011, le premier disque de Veronica Falls sonnait comme un enchantement fébrile, la jeunesse retrouvée, de la nostalgie pour trentenaires biberonnés à la brit pop et au shoegaze. On l’écoutait et on s’imaginait avec des mèches dans les yeux, contant fleurette à une fille timide… Waiting For Something To Happen, comme le titre de ce nouvel album. De ces atermoiements d’adolescents, le quatuor de Londres (deux filles deux garçons) a fait son fonds de commerce : le premier single s’intitule d’ailleurs Teenage, et ça minaude avec les yeux dans le vague. En dignes héritiers de Pale Saints ou de The Jesus And Mary Chain, Veronica Falls joue de la pop buissonnière : on leur met 10/10 dans notre école des fans, même si le spleen n’est plus trop de notre âge. Grégory Escouflaire chroniques . . . . 39
Chaque mois Le Comptoir du Disque et Let’s Motiv vous racontent les petites histoires des grandes pochettes de disque.
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La Banane
Le Comptoir du disque - 2 Place Pétrarque - 12 rue de la Petite Loge - 34000 Montpellier ✆ 04 67 60 91 71 - contact@lecomptoirdudisque.fr vinylmania. . . . . 41
antiviral Š 2013 Filmosphere, UFO Distribution
CINéMA Présenté à Cannes en sélection Un certain regard, Antiviral a suscité la curiosité. Parce qu’il s’agit d’un premier film dont le réalisateur n’est autre que Cronenberg junior. Loin de se détourner du cinéma de son père, le fils en reprend les codes esthétiques, et le thème de la société malade de ses dérives. Syd March est employé dans une clinique qui récupère les virus ayant infecté des stars et les inocule à leurs fans. Pour déjouer les contrôles de son employeur, le jeune homme s’injecte les germes afin de les revendre de façon clandestine à son propre compte. Porteur du virus mortel d’une icône planétaire, le voici devenu la cible de groupes criminels et va devoir se battre pour rester en vie... Refusant de renier l'héritage naturel, Brandon Cronenberg explore un univers cher à son illustre papa, compilant éléments de science-fiction, esthétique de l’horreur et prédominance de la chair martyrisée. Le culte de la célébrité et la marchandisation du corps ne sont évidemment pas des propos novateurs. Mais c’est avec une étonnante maitrise que le réalisateur parvient à restituer une atmosphère clinique, aseptisée, à l’aide de sublimes plans fixes et d’une photographie soignée. Révélation L’autre atout principal du film, c’est l’hypnotique Caleb Landry Jones, présent dans la moindre séquence d’Antiviral. Peau crayeuse, inquiétant au possible, le comédien incarne à la perfection une victime impuissante face au mal qui la ronge. On pourra regretter de vraies longueurs (la faute à une intrigue qui joue un peu trop sur la répétition). Mais la déshumanisation de cette société pervertie dépeinte par Cronenberg transforme ce premier long-métrage en une expérience cinématographique inédite et glaçante Marine Durand
Antiviral, de Brandon Cronenberg. Avec Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Malcom McDowell… Sortie le 13/02 cinéma . . . . . . . 43
© DR
La bande des Jotas Ce troisième long métrage de Marjane Satrapi est son œuvre la plus sincère et aboutie. Après Persepolis (2007) et Poulet Aux Prunes (2011), la réalisatrice franco-iranienne signe un film léger et cynique à la fois. Nils et Didier débarquent dans le sud de l'Espagne pour participer à un tournoi de badminton. Arrivés à l'hôtel, ils découvrent que leur valise appartient à une inconnue. Cette dernière accueille les compères pour procéder à un échange de bagages, puis fond en larmes avant de leur confier qu'elle se trouve à la merci de cinq mafieux qui ont assassiné sa sœur : la bande des Jotas, des tueurs dont les prénoms commencent tous par la lettre « J ». Les sportifs du dimanche, sympathiques mais pas très futés, sont alors confrontés à une série de crimes insolites sous le soleil ibérique. Hommage à la série Z et au western spaghetti, La Bande Des Jotas multiplie les plans façon Sergio Leone, mâtinés de second degré : un littoral touristique balayé comme le grand canyon, des anti-héros captés dans une lumière orangée et majestueuse... Le scénario ayant été écrit durant le tournage, les dialogues semblent parfois improvisés. La spontanéité et la complicité, voilà les vrais leitmotivs d'un film dont le rôle principal est tenu par Satrapi. Celle qui n'aime pas trop la violence, « sauf quand elle stylisée et envisagée avec humour, comme le fait Robert Rodriguez dans Machete », livre ici un excellent « délire entre potes ». Une rencontre entre tueurs à gage en plastique et paysages voluptueux Emilie Laystary
La Bande Des Jotas, de et avec Marjane Satrapi Avec Matthias Ripa, Stéphane Roche, Maria de Medeiros. Sortie le 06/02 44 c������������� cinéma
© DR
Le Mystère Picasso Classé trésor national par le gouvernement français, Le Mystère Picasso n'est pas qu'un documentaire sur un monstre sacré à l'ouvrage, esquissant toiles à travers un dispositif malicieux qui dévoile l'envers du décor, la mécanique, révélée dans l'épure d'un esprit créatif. C'est aussi et avant tout un film d'Henri Georges Clouzot, réalisateur célébré pour Le Corbeau, Les Diaboliques ou encore Le Salaire De La Peur, amateur d'arts et peintre à ses heures, grand formaliste devant l'éternel. Et Clouzot connait Picasso depuis des années lorsque se produit le déclic de la méthode esthétique du film, ces plans fixes pleins de magie où le fameux troisième mur, fine barrière invisible séparant le spectateur du monde qu'il contemple, devient la surface de jeu. Alors Picasso, concentré et assidu, d'esquisser dessins et toiles sur verre, dévoilant un plan en transparence s'inscrivant simplement sur la prunelle de nos yeux. Un procédé qui nous plonge au coeur du processus créatif en faisant d'une singularité (le troisième mur) l'élément clé du film, lui offrant ses climax, sa nécessité. Et une mécanique au minimalisme spectaculaire appuyé par des passages du noir & blanc à la couleur lors de ces séquences qui témoignent de l'intelligence de Clouzot, ainsi que de son intérêt véritable pour le sujet réel du film: capturer la naissance d'une image, saisir l'origine d'un monde. Grand documentaire sur un peintre génial et grand film de cinéma Alex Terror
Reprise en Février au Cinéma Diagonal à Montpellier www.cinediagonal.com cinéma . . . . . . . 45
Outline Expo Montana – Montpellier Galerie Saint-Ravy– Zest 14 décembre 2012 © Patrick Ortega
EXPOSITION
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1fusé, Réconfort Infini, (after Annie Abrahams) est la nouvelle proposition du curieux David Lavaysse. « Il est question de son et de parti-pris plastique. » Soit deux boucles : une sonore d'une minute, une vidéo de trois minutes. Avec la voix d'Annie Abrahams, entre autres, sur un texte issu d'une exposition de cette dernière. Soit dix cassettes numérotées, avec jaquette en merisier pyrogravé. Le goût du risque pour un bel objet. www.1fuse.fr
News
Effet Mer ? Pendant les Journées Mondiales des Zones Humides, des illustrateurs et des photographes de la région de Montpellier vont s'installer le temps d'un week-end dans un bâtiment désaffecté des Salines de Villeneuve lès Maguelone. Douze projets (photos, dessins, collages, graffitis) seront présent dans cette Galerie Éphémère. On y retrouve entre autres Cahuate Milk, Miss Buffet Froid, Mathieu Lewin (Photo), Olivier Sher ou Virginie Plauchut.
Express Yourself Corpus, c'est l’exposition présentée par le toulousain Louis Blanc. Au cœur de ce lieu singulier A La Barak, désormais incontournable dans l'actualité photographique de Montpellier. L'artiste met en scène son propre corps. Un travail salué au festival de nu d'Arles cet hiver. Il joue sur la confusion des plans et donne des impressions contorsionnistes. Impressionnant.
Malines ! Nuts! Est une structure de création d’événements festifs, créatifs, éthiques et éclectiques. L'idée, c'est de présenter la notion d'éco responsabilité plus attrayante, et de rendre le tout plus sympathique. Les deux nanas à l'origine du projet proposent des rendezvous décalés mêlant art, musique, fooding et pensée verte. Leur Frip'Party promet d'être originale.
Télex
Le groupement d'artistes Rhizome propose un spectacle pour les tout-petits et cinq soirées composites, où se mèlent performances et spectacles. Du 06 au 10/02 au théâtre La Vista à Montpellier.
exposition. . . . . 47
PORTFOLIO
Wes Naman Maître ruban
Quel déconneur ! Wes Naman déforme les visages de ses amis en les enveloppant dans des kilomètres de scotch. Et voilà le travail ! Ces photos ahurissantes nous évoquent l'écossais Douglas Gordon dont Monster (1997) utilisait le même procédé, mais le photographe de 37 ans n'en a jamais entendu parler. « En fait, tout est parti d'un jeu avec mon assistante. C'était drôle, et j'ai donc proposé à mes amis d'essayer ». On est bien tenté d'y chercher un sous-texte, tel qu'une critique de la norme imposée, une ode lo-fi aux freaks ou une condamnation du Botox. « Oui, cela peut être vu ainsi, modère Naman. Mais c'était avant tout pour le fun. Une façon de conserver l'esprit sain entre deux travaux alimentaires ». Wes ne pouvait mieux dire, puisqu'il est également photographe culinaire. Et oui, il faut bien que quelqu'un les prenne, ces fameux clichés qui ornent nos livres de recettes… Cela étant, l'œuvre de ce résident d'Albuqerque, élu meilleur photographe de sa ville pour la troisième fois en... trois ans, ne se résume pas à cet exercice de style. Jetez un œil, au hasard, sur la série Lonely Men. Elle utilise les codes de la publicité (dans la mise en place du sujet, le jeu de lumières ou le flou artistique) mais dévoile l'intimité grisâtre d'hommes âgés de vingt à soixante-dix ans, tous plus ou moins abîmés. La solitude de ces hommes émeut. Vraiment Thibaut Allemand
À voir : www.wesnamanphotography.com 48 p������������portfolio
Crac Sète texte ¬ Céline Cauvi - photo ¬ Matières Premières © Paul Pouvreau
La gestion de l'espace et le dessin sont deux composantes essentielles dans la programmation du CRAC. De ses grandes représentations à ses mandibules méconnues, l'équipe creuse un peu plus chaque saison les sillons de l'art contemporain. La preuve par trois, avec une triple exposition pour ce début d'année. Deux d'entre elles sont des projets évolutifs, à cheval entre arts plastiques, design et architecture, issus de deux univers bien distincts. Olivier Nottellet propose un espace entier et discontinu (oui) grâce à trois salles imbriquées par une suite de formes et de plans qui donnent vie au récit de l'artiste. Paul Pouvreau, lui, s'intéresse aussi à la géométrie mais il préfère en forcer le dialogue. Par un dispositif lui aussi sculptural, ajouté à des possibilités multimédias suprenantes. Enfin, le troisième volet de ce triptyque est consacré au titanesque travail de Pauline Fondevila. Elle présente les 250 dessins de son Encyclopédie du Naufrage, soit une minutieuse intervention sur la précarité, la difficulté de ne rien avoir, de tout perdre ou de devoir reconstruire. Du jour au lendemain, à petit feu ou sans rien voir venir. La solitude, la peur et l'angoissante remise en question, mais pas seulement. Chacun reconnaît son île déserte et l'écume de ses propres jours, où tout y est finalement, encore possible. Trois histoires, donc, pour trois réalités
à partir du 08/02 au CRAC de Sète exposition. . . . . 57
Pierre Schwartz
Territoire de l'art Modeste Les caravanes sont revenues au musée des Arts modestes. Ces fameuses pièces uniques qui ont conduit Hervé Di Rosa jusqu'au parvis du Louvre. A l'intérieur, des souvenirs, des fragments matériels de la mémoire de la génération 80's, où icônes religieuses, de Star Wars, de cadeaux de boîtes de céréales, se côtoient sans discrimination. On sourit. Puis vient la deuxième lecture : la découverte par les plus jeunes d'objets dont ils n'ont aucune idée. L’Art modeste des caravanes interrogeraient donc sur le chemin que les objets parcourent pour atteindre « notre » représentation du souvenir. On assiste à une collection d'exposition : on change de thèmes comme de terres, cheminant entre les luchadores mexicains, la collection photo des terrains de foot du monde entier (superbe), une pièce magistrale d'Isek Bodys Kingelez représentant « Sète en 3009 »... Des pièces que le musée a acquises au fil des expositions organisées provenant des divers territoires, comme « Global Caraïbes » et « My Winnipeg ». Une rétrospective d'envergure, permettant également de revoir les vitrines de Bernard Belluc, toujours en mouvement. En attendant la prochaine exposition « Manila Vice » au printemps prochain Simon Morin
Jusqu'au 17/03 au MIAM à Sète www.miam.org 58 e���������exposition
François Xavier n'est pas couché Une nuit au musée texte ¬ Céline Cauvi - photo ¬ © Montpellier Agglomération
Malin rendez-vous, le musée Fabre poursuit sa nocturne étudiante hivernale. Du soir jusqu'à minuit, par, et pour les jeunes (étudiants ou pas) puisque c’est euxmêmes qui font l’événement. L’occasion pour eux d’investir toutes les salles :de l’exposition permanente aux accrochages temporaires autour de Geneviève Asse, et l’hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran, attenant au musée. Une belle initiative en faveur de la culture et son apprentissage. Les animations sont intégralement prises en charge par les étudiants, tous issus d’horizons différents. Ils proposent un parcours ludique, semé de plusieurs ateliers, à travers les œuvres picturales et les nombreux couloirs. Une visite inédite dans sa forme et son contenu. C’est en fonction de leur domaine de compétence, que les apprentis professeurs déclinent les propositions et croisent leurs disciplines. L’ESMA se lance sur les pas des dessinateurs classiques et ceux de Soulages tandis que les futurs ingénieurs en cosmétiques, arômes et parfums de l’UM2 décortiquent cinq Paysages Parfumés. Alors qu’à Paul Valéry, une médiation sensible à travers les souvenirs numériques et le bruissement des œuvres est à l’étude quand la musique sera assurée, naturellement, par les élèves du Conservatoire et des créations picturales, forcément, par les plasticiens de l’ESBAMA. Un savant mélange de passion et de pédagogie, en entrée libre, bien entendu
Le 07/02 au Musée Fabre de Montpellier www.museefabre.fr exposition. . . . . 61
Signs of the times Le Carré Saint Anne, on ne se lasse pas de le dire, avait tout pour charmer Richard Leydier, figure et spécialiste de l'art contemporain européen. Pour cette exposition inédite et carte blanche, il réunit huit de ses artistes fétiches. Un projet inédit, un peu fou, de confronter les sculptures de Thomas Helbig, les céramiques d'Anne Wenzel ou les bronzes de Stéphane Pencréac'h, entre autres. Des signatures sensibles au mythe et qui ne s'effraient pas de la noirceur de nos tableaux contemporains. Ils appartiennent tous à la même génération, celle des années 90. CC Jusqu'au 05/05 au Pavillon Populaire de Montpellier
Arthur Babel
à la marge
Le plus étonnant, dans le travail d'Arthur Babel, c'est la brillante synthèse de son double parcours. Jeune artiste de vingt-six ans, il comptabilise deux diplômes, dont un master en communication visuelle en parallèle des beaux arts. (Sans compter qu'il enseigne déjà et prépare un projet franco-suisse). Des formations à l'image très différentes, dont les contraintes s'opposent souvent. Avec ces différents répertoires, il façonne un univers funambule, dont la balance oscille entre souci de la transparence du message et frondes oniriques. PR Jusqu'au 23/02 à la galerie Annie Gabrielli à Montpellier
Les œuvres réunies pour cette exposition collective sont des véritables mondes à part entière. Des installations et des performances ou l'espace est aménagé, le corps mis en scène. Des micro univers, parallèles et fantasques, qui cherchent tous à propulser le spectateur dans une dimension marginale. De la Valise nostalgique d'Emma Dusong aux AC/ DC Snakes de Philippe Parreno, les frontières ne se touchent et ne se ressemblent pourtant pas du tout. La question du lien les rassemble, encore faut-il oser se prêter à leurs jeux de pistes parfois déroutants. CC Jusqu'au 02/03 au Frac à Montpellier
62 e���������exposition
Le cabinet Turbez / Lenglart et illusion & macadam associent leurs compétences et leur connaissance des singularités du monde coopératif et culturel pour vous garantir une comptabilité respectueuse des obligations et adaptée à votre secteur d’activité. Arithméthique est un cabinet inscrit auprès de l’Ordre des Experts Comptables de Montpellier. Il ne se limite pas à l’acte de production ou de certification de documents comptables et fiscaux. Il s’ouvre à la stratégie, la gestion, l’amélioration de l’organisation ainsi qu’à l’accompagnement des dirigeants et porteurs de projet. Arithméthique intervient en matière d’expertise comptable (de la tenue à l’attestation des comptes) et de commissariat aux comptes* et s’intègre dans le champs d’activité de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif illusion & macadam. Pour aller plus loin, nous vous proposons également un conseil et des études personnalisés, de la formation intra et modulaire, la paie et le suivi social de vos salariés. Public Arithméthique travaille avec des entreprises à but social (associations, entreprises individuelles, coopératives, sociétés socialement responsables), dans le monde de la culture et plus largement de l’économie du savoir et de la connaissance.
Informations pratiques Notre équipe accompagne les structures culturelles depuis plus de dix ans. Au sein d’Arithméthique, elle traite votre comptabilité et vous apporte une veille et un conseil quotidiens. Arnaud Turbez et Jean-Marc Lenglart vous proposent leur expertise en matière de gestion financière, juridique et stratégique pour votre structure. 04 67 04 47 94 contact@arithmethique.fr www.arithmethique.fr
*via la Sarl Turbez / Lenglart
MUSIQUE feedback
LE
Total Local Poetic Club texte ¬ Gaëlle Reynaud - photo ¬ © D.R.
Il y a quelque chose de l'atelier théâtre dans ce Total Local Poétic Club installé durant la saison 2012/2013 dans la précieuse Chapelle Gély de Figuerolles à Montpellier. En décembre dernier, avec un sol jonché de pubs découpées dans les journaux, installation signée Marc Na, Denis Cassan fait de l'électro-cuisine, Gil Non chante submergé d'hystérie, tandis que Nat Yot balance des vers poétiques aux éditions nrf. L'acteur danse avec le danseur, le corps s'exhibe (un peu), c'est joyeux, joli moment souvent improvisé, qui se déploie devant nos yeux avec la vigueur d'une fraîcheur enfantine, servie chaleureusement par la disposition du public en trifrontal (entendez que le spectacle se joue dans chaque recoin du lieu, fauteuils inclus) Les rôles se prêtent et s'échangent comme des images Panini, il n'y a pas d'autre enjeu pour les artistes que de se faire plaisir. Et ça se sent, c'est même contagieux. Il est prévu trois clubs poétiques pour cette saison. C'est frais, sans autre prétention. On se croirait dans une version théâtrale des clubs de jazz. Le whisky en moins...la saveur gardée, la préciosité incluse
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STAGE
SKATEBOARD INFORMATIONS 04 67 60 35 65 montpellierskateboard@attitudeasso.com
FICHES D’INSCRIPTIONS à télécharger sur www.montpellierskateboard.fr
Skater Oscar Candon - Photo © Guillaume Martinez
Vacances de février & Vacances de Pâques Skateparks de Grammont et La Mosson
Philippe Découflé Panoram'art texte ¬ Pétula Renoir - photo ¬ Haut © christian berthelot – Bas © Michel Cavalca
Philippe Découflé a semé sur sa route bon nombre de spectacles chorégraphiques remarquables. Aujourd'hui c'est l'heure du bilan, un retour sur un parcours nécessaire. Avec ce Panorama, il revisite une grande partie de son œuvre, écrivant ainsi une sorte de "méta-spectacle".
À l'heure de la vitesse et de l'oubli facile, se pose comme une lame de fond la question de la transmission - a fortiori sur une scène, pour laquelle l'éphémère est la règle. Récemment, nous avons été confrontés à cette question - à la mort de Merce Cunningham et de Pina Bausch, ainsi qu'à la commémoration de la mort de Dominique Bagouet. Chaque fois la question de la transmission s'est posée. En enseignant à de jeunes danseurs les gestes et l'univers de chorégraphies passées, Découflé transmet le parcours de pensée du corps qui construit ses créations actuelles : un corps qui se prolonge ou se trouve empêché au gré des costumes et des dispositifs scénographiques. Tout est chorégraphique, de la musique à la lumière. Chaque spectacle possède un univers très dessiné, forgé par les arts du cirque, le multimedia, une danse contemporaine plutôt académique et par le mime. L’œuvre de Découflé développe un langage qui nous est assez facilement accessible, et c'est à ce langage que nous sommes conviés à nous confronter. Luimême se mettra en jeu, en confrontant des figures anachroniques, en mélangeant les cartes de la création. Il en résultera peut-être un tourbillon d'évocations, un kaléidoscope de souvenirs, comme celui dont parlent ceux qui ont frôlé la mort. Allez, Philou, rassure-nous, tu vas pas mourir demain ?
Panorama les 06,07 et 08/02 au Théâtre de Nîmes Les 01 et 02/03 à Cannes (Palais des Congrès) Les 13, 14 et 15/03 à l’Opéra Berlioz à Montpellier (Saison Montpellier Danse) spectacle . . . . . 69
texte ¬ Gaëlle Reynaud photo ¬ © D.R.
texte ¬ Pétula Renoir photo ¬ Michel Reynié© D.R.
Henri VI
De Bach à Boulez
La Piccola Familia, 4 spectacles à son actif, s'attaque à une triple pièce de jeunesse d'un Shakespeare impétueux, bardée d'un nombre astronomique de personnages. Henri VI, sa vie de l'accession au trône à l'âge de neuf mois, jusqu'à son vil assassinat dans les geôles de la Tour de Londres. Cette pièce retrace la biographie d'un roi né de l'union entre la fille du roi de France, et le roi d'Angleterre, en plein cœur de la Guerre de Cent Ans. Spectateur de sa propre vie, Henri VI subit les intrigues des seigneurs, la violence du bûcher de Jeanne-d'Arc, le mépris de sa femme, et l'emprisonnement pour la fin de ses jours. À travers son regard d'innocent parachuté dans les affres du pouvoir, se révèle la monstruosité et la violence des rapports humains, des enjeux politiques. Du 21 au 23/02 au Théâtre de l'Archipel à Perpignan
C'est toujours un plaisir d'assister à un concert consacré à un seul instrument. Ici la flûte de Michel Raynié se ballade allègrement sur la flèche du temps musical. Chronologiquement, c'est J-S Bach, puis Carl Philipp Emanuel Bach, son second fiston et digne héritier du papa, qui ouvriront la danse. Puis un saut temporel de presque deux siècles s'opère pour entendre le postromantique allemand Sigfrid KargElert, compositeur très attaché aux instruments à vent (il était organiste). Enfin, l'expérimentation timbrale d'un Edgard Varese, le regard d'autorité d'un Pierre Boulez, et Christophe Sirodeau, le petit dernier de cette longue épopée, achèveront ce petit florilège des œuvres pour flûte. Un programme bien senti. Concert décentralisé de l'opéra de Montpellier. Le 08/02 à la Maison Pour Tous Michel Colluci (quartier Croix-d'argent)
70 s��������� spectacle
Au milieu du désordre Tout un tas
texte ¬ Gaëlle Reynaud - photo ¬ © Alain Julien
Un tas de caillou. Des pierres soumises à l'apesanteur d'une suspension à des ressorts. Un homme et sa langue rêvent ensemble devant des phénomènes apparemment banals, qui deviennent, à bien y réfléchir, des sources de questionnement intarissables.
Depuis longtemps Pierre Meunier cherche entre les murs de son atelier implanté au milieu d'une usine désaffectée. Il crée un dispositif, qu'il expérimente sans relâche à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, et qu'il laisse reposer parfois pendant plusieurs semaines. Il rencontre alors des scientifiques spécialisés dans le flux des granules, des constructeurs industriels, des philosophes, et s'en revient dans son laboratoire, confronter ce dehors au dedans de sa quête, la scène. C'est là qu'il s'est d'abord intéressé au mouvement des tas (de pierres, par exemple). Il s'est mis à rêver autour de ce mouvement lent et ininterrompu, à l'imprévisible, au son de ce qui roule et glisse. Puis ce sont les ressorts qui l'ont fasciné. Il est resté (presque) sans voix devant ce mouvement gracieux qu'ont les spires de ce bout de métal. Il est alors naturel qu'il ait conjoint pierres et ressorts pour faire entrer en ligne de compte la dimension magique de l'apesanteur. Une sans doute bien jolie expérience poétique de l'empirique. Cet héritier du Cirque du Soleil et du théâtre corporel porte un héritage du verbe qui fait de ses mots un tricotage tout en mouvement, une chorégraphie intellectuelle dans la saveur des mots. Simplement
De Pierre Meunier et Cie La Belle Meunière Du 19 au 20/02 au Théâtre d'O à Montpellier 0 800 200 165 - www.domaine-do-34.eu spectacle . . . . . 73
L'Autre Monde... On connait Cyrano de Bergerac au travers des alexandrins d'Edmond Rostand. Ce qu'on sait peu c'est que le larron a existé, et pas qu'un peu. Traversant le XVIIème siècle, il a enrichi la poésie baroque de sa verve fantaisiste. Libertin, au sens historique du terme, il n'hésite pas à truffer ses textes d'allusions satyriques aux absurdités de son temps, sur fond de science-fiction déjantée (première du genre). Benjamin Lazar déploie une fois encore ses talents d'archéologue du théâtre baroque, avec finesse et intelligence. GR Du 19 au 21/02 au Théâtre des 13 vents à Montpellier
La Charmille
Maguy Marin
Inutile de vous rappeler que le burlesque est à la mode. Amateur, sexy, freak on nous a tout fait… Pourtant, le cabaret de La Charmille renoue depuis 2 ans avec le music-hall qu’on aime, soft et souriant. Danse, effeuillage, claquettes et humoristes, Zaza Poppin mène sa revue avec un enthousiasme contagieux qui fait mouche… aux coins des lèvres bien sûr. Résilles, plumes, éventails et chapeau claque, derrière la soie déroule un monde rétro et exotique, une réjouissance hors du temps. Et c’est tant mieux : faites-moi voyager m’sieurs-dames, la saison se prête tellement à l’évasion. HP Le 28/02 à L'Antirouille à Montpellier
Difficile de savoir ce que sera Nocturne, nouvelle pièce co-signée Maguy Marin et Denis Mariotte. Les artistes convoquent la Théorie de la formativité de Luigi Pareyson pour expliquer qu'ils sont incapables de dire quoi que ce soit sur un geste non encore créé. Il n'empêche que le passif artistique de ces deux-là ne se déboulonne pas facilement des mémoires qui les ont croisés, et c'est une bonne raison pour faire le déplacement. Maguy Marin propose une non-danse toute nourrie de théâtre, d'humour et d'une certaine forme de violence. Vitale. GR Les 12 et 13/02 au Théâtre de Sète (Chai Skalli)
74 s��������� spectacle
Ivo dimchev Ivo Dimchev est un artiste multiple : une voix sonnante et expressive nourrie par un raz-de-marée émotionnel permanent ; un corps suave et transformiste empreint de théâtre comme de l'histoire de la danse depuis ses origines ; un sens de l'image, du symbole, du signe qui parle à chacun. Invité dans le cadre des ] domaines[ il jouera trois pièces : L'une décrira cent choses/êtres qu'il aime, l'autre sera un concerto pour voix et muscles, la troisième sera le résultat d'un atelier qu'il aura prodigué à des danseurs d'ici sur la forme du solo. GR Les 06, 12 et 13/02 au CCN (Studio Bagouet) de Montpellier
Paroles Gelées
Ci-Gît ! (titre posthume)
Après avoir brossé habilement les hugoliens Misérables, la compagnie Aire de Lune revient à la charge en proposant une libre adaptation théâtrale du Quartlivre de François Rabelais. L'odyssée de Pantagruel et de sa bande à la recherche de la vérité contenue dans la Dive bouteille... Encore un baroque, libertin comme Cyrano, vêtu pour l'occasion de cirés jaunes et de lampions de fête foraine, sur l'étendue froide d'une mer désespérément calme... ou pas. Et pendant ce temps, Didon lance vers Énée cette supplication : "remember me". GR Les 15 et 16/02 à la Cigalière à Serignan (Saison Sortie-Ouest) et en avril à l'Archipel à Perpignan
Une hyperbole vers la réconciliation, « une polyphonie de l’au-delà » aux dires de son auteur, Patrick Kermann. « La Mastication des morts », mis en scène par la jeune compagnie étudiante « Le Cri Dévôt » veut rappeler les relations et les mémoires existantes entre nos différents corps. La pièce s’ouvre à l’orée d’une forêt, au crépuscule. Retrouvailles, et reconstitution d’un passé selon « un assemblage de paroles posthumes ». Avec la purification de leurs âmes en toile de fond, les personnages se livreront, afin d’« en finir (…) de ruminer sur ce [qu’ils] n’ont pas fait » par le passé. SM Du 19 au 21/02 au Trioletto (Montpellier) spectacle . . . . . 75
INTERVIEW
Thierry Collet
Le tour de la question Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Qui Vive avec C. Cacciato, T. Collet (un peu partout, mais en bleu) et K. Demey © Nathaniel Baruch
« Pour moi, la magie n'est pas une fin en soi, mais le moyen de s'interroger sur des domaines politiques et sociaux » confie Thierry Collet au détour d'une phrase. Entouré de ses confrères Carmelo Cacciato et Kurt Demey, ce comédien et prestidigitateur utilise ses talents d'illusionniste pour lever le voile sur certains tours de magiciens et d'autres, qu'on nous joue quotidiennement.
Qui Vive dévoile le secret de quelques tours. N'est-ce pas sacrilège ? Non, car les tours que nous révélons sont disponibles dans n'importe quelle mallette de magie pour enfants. Mais ce n'est pas une conférence, les dispositifs de révélations sont théâtraux. Le public peut faire l'aller-retour entre le plaisir d'être émerveillé et le plaisir de comprendre. Vous ne faites pas de la magie « pour endormir les gens, mais pour les réveiller », proclame votre manifeste. Que voulez-vous dire ? Le magicien est un marchand de sable, qui détourne l'attention de ce qu'il fait vraiment. Or, le public est heureux d'être dans l'illusion et ne veut
76 s��������� spectacle
surtout pas connaître le truc. Mais jusqu'à quel point, dans notre vie de citoyen, ne veut-on pas savoir ? Rester dans l'ignorance, c'est la solution de facilité. Il est beaucoup plus difficile de s'informer et d'utiliser son esprit critique. Le magicien passe un contrat clair avec le public, en prévenant qu'il va tromper son monde. Or, dans nos vies, ces techniques sont utilisées à des fins moins heureuses. Pourriez-vous donner un exemple concret ? Prenons le cas de Colin Powell. En 2003, pour convaincre l'ONU que l'Irak disposait d'armes de destruction massive, ce secrétaire d'État des États-Unis brandit une fiole qu'il présente comme
« Le magicien passe un contrat
clair
avec le public, on sait qu'il va tromper son monde »
remplie d'anthrax. C'est un leurre, de la même façon qu'un magicien explique qu'il n'a rien dans les manches ou que sa boîte est vide. Donc la magie, c'est simplement la différence entre celui qui sait et celui qui ne sait pas ? Oui. Celui qui a l'information a le pouvoir. Nous pensons être sur-informés,
car nous sommes abreuvés d'images. Or, il ne faut jamais oublier qu'il y a toujours un hors-champ. On prend l'image pour vraie, mais elle est cadrée. On a choisi de nous la montrer ainsi. Comme le magicien choisit de mettre l'accent sur un geste plutôt que sur un autre
Le 03/02 au Théâtre d'Arles Les 21 et 22/02 au Merlan à Marseille spectacle . . . . . 77
Ceci n'est pas un roman graphique Dossier réalisé par Thibaut Allemand et François Annycke
© AM Ville de Lens
Illustration : Mourir Partir Revenir, Le Jeu Des Hirondelles © Zeina Abirached, Éd. Cambourakis
Une fois n'est pas coutume, la scène se déroule à la rédaction. De passage dans les bureaux, l'un de nos pigistes s'arrêta devant les étagères et, la bouche pincée, lâcha : « Moi, j'aime pas la BD ». Sentant notre interrogation, le malotru tenta de s'expliquer : « Il y a tant de livres à lire, de toiles à admirer, que je n’ai pas de temps à perdre pour les illustrés. La beauté des livres, c’est qu’ils sont sans image et qu’ils offrent ainsi libre carrière à l’imagination ». Devant nos mines navrées, le cuistre crut bon d'ajouter : « Mais j'aime les romans graphiques, hein ».
U
ne fois ce snobinard mis à la porte, on se posa cinq minutes pour tenter de comprendre. Passé le fait que notre ami tirait gloriole de ne pas appartenir au million d'acheteurs du dernier Titeuf, que reprochait-il exactement à la bande dessinée traditionnelle ? Sa profusion ? Son manque d'originalité ? Certes, parmi les 4 109 nouveautés arrivées dans les présentoirs pour la seule année 2012, tout n'est pas forcément exceptionnel ; entre les héros survivant à leurs auteurs, les franchises interminables et les adaptations navrantes, on a vite fait de tourner les talons à peine entré chez le libraire. Pourtant, depuis une dizaine d'années, s'imposent des ouvrages hors des sentiers battus. Ces bandes dessinées échappent au format « 48 pages CC » (collécartonné) ; la pagination n'est d'ailleurs plus la norme, et affiche souvent plusieurs centaines de pages. Les histoires tiennent en un tome ou plus, mais la série n'a pas sa place. Et derrière l'austérité de façade (le noir et blanc est fréquent), éclatent des talents enfin libérés des contraintes de la BD dite « franco-belge ». Ces œuvres sont couramment regroupées sous le terme fourre-tout de roman graphique. Et ça fait chic, semble-t-il. Mais d'où viens-tu, roman graphique ?
Made in USA À l'origine, il s'agit de la traduction de « graphic novel » - cette appellation apparut pour la première fois en 1964, sous la plume du critique littéraire Richard Kyle, qui souhaitait distinguer certains comics jugés plus mûrs, plus sérieux, estimant que le terme « comics » renvoyait à des ouvrages enfantins. Il s'agissait moins pour Kyle d'évoquer la fiction (le roman en soi) que de légitimer des œuvres en les élevant au rang de littérature. Et en 1978, Will Eisner reprit le terme à son compte pour défendre Un Pacte Avec Dieu (le récit dessiné de son enfance dans le Bronx) ▲
▲ ▲ Persepolis T.4 © Marjane Satrapi, éd. L'Association ▲ Le chat du rabbin © joann Sfar, éd. L'Association ▲
oublier Tiananmen © Davide Reviati, éd. Cambourakis
auprès d'éditeurs snobant les comics. Eisner théorisera la notion dans des ouvrages académiques. À sa suite, Art Spiegelman explore la mémoire de la Shoah à travers Maus, qui accède au rang de classique. Le sens des réalités On le voit, cette geste se nourrit du réel. Qu'il s'empare de questions politiques (Castro, de Reinhard Kleist), intimes (l'épilepsie dans L'Ascension Du HautMal de David B.) ou tout cela à la fois 80 l�������������������livre
(la vie d'un combattant antifranquiste, père de l'auteur, dans L'Art De Voler, d'Antonio Altarriba et Kim), le roman graphique traite de sujets sérieux, adultes (citons Persepolis, de Marjane Satrapi). Il existe d'ailleurs une sorte de « politique des auteurs », pour reprendre un terme cher à la Nouvelle Vague. Si, dans la BD classique, le héros récurrent éclipse le dessinateur, le roman graphique identifie d'abord l'auteur – oui, comme un romancier, une fois encore. L'ironie de l'histoire, c'est qu'en Europe, aucun auteur ne vous dira qu'il fait du roman graphique, rejetant une étiquette un peu précieuse et revendiquera la BD. Un dernier pour la route ? Le Groom Vert-de-gris, de Yann et Schwartz. C'est un Spirou et pourtant, on le rangerait bien dans la case roman graphique. On va sans doute l'offrir à notre pigiste… T.A.
Portraits La + prometteuse
Julie Maroh Multi-primé, traduit dans plusieurs langues et bientôt adapté au cinéma, Le bleu est une couleur chaude (Glénat, 2010) conte une histoire d'amour dramatique entre Emma et Clémentine. Les planches de Julie Maroh se distinguent par un trait subtil, une opposition clair-obscur et un délicat usage de la couleur. F.A.
Le + journaliste
Étienne Davodeau En 1992, son premier album contient déjà tous les thèmes qui lui tiendront à cœur : amitié, militantisme, vie quotidienne... Son œuvre, couronnée par de nombreux prix, oscille entre fiction, documentaire et poésie du quotidien. F.A.
Le + inattendu
Derib Mais que vient faire le papa de Yakari ici ?! C'est que le Suisse a signé, entre autres, une fresque d'une trentaine d'albums narrant la vie d'un trappeur marié à une squaw. Buddy Longway, c'est la vie sauvage, le choc des cultures, des personnages qui mûrissent et vieillissent... Un roman graphique au format francobelge. T.A. ▲
À visiter / Deux expositions à Bruxelles, au Centre Belge de la Bande Dessinée : Jusqu'au 07.04 : Dix ans d'Écritures (exposition consacrée à la collection Écritures des éditions Casterman, spécialiste ès-roman graphique) 17.09>02.03.2014 : Will Eisner, du Spirit au roman graphique Bruxelles, CBBD, tlj sf lun, 10h>18h, 8/6,3€, + 32 (0)2 219 19 80 À lire / Joseph Ghosn, Roman Graphique : 101 propositions de lectures des années soixante à deux mille (Éd. Le Mot Et Le Reste, 270 p., 30€) À découvrir / www.cambourakis.com
Castro © Reinhard Kleist
Pour aller plus loin
Blue © Pat Grant
Interview
Frédéric Cambourakis est le fondateur des éditions du
Ho ! © Ivan Brunetti
même nom. Cet ancien libraire a sauté le pas en 2006, afin de défendre des écritures exigeantes et méconnues. Interrogé sur les graphic novels, il dresse un constat sans appel. Le livre vit-il ses dernières heures ? Quelle différence faites-vous entre bande dessinée et roman graphique ? Aux USA, le terme graphic novels fut créé pour se différencier des comics. Mais en France, c'est un outil de communication et de publicité dont se servent les agents et les commerciaux pour désigner une partie des BD. Ça m'énerve un peu qu'on sépare
Chroniques Pat Grant Blue (Ankama, 2012) Méconnue, la bande dessinée australienne révèle pour tant un caractère drôle, politique et inventif. En jonglant avec les cadres, de la petite vignette au dessin pleine page, Pat Grant intensifie les rebondissements d'une étrange expédition. Trois adolescents sèchent le lycée et se lancent à la recherche des restes d'un homme écrasé par un train, le long d'une voie ferrée. Il s'avère qu'il ne s'agit pas d'un homme, mais d'une pieuvre bleue – manière drôle et imaginative de figurer l'Autre, l'étranger, et, en creux, d'évoquer le racisme. L'album est complété d'un essai qui revient sur les influences de l'auteur, son parcours et sur différents courants méconnus de la BD, notamment les comics de surf. 104 p., 17,90 €. F.A.
Mana Neyestani Une Métamorphose Iranienne (Éd. Ça Et Là - Arte, 2012) Un jour, ce dessinateurjeunesse iranien a figuré un enfant et un insecte discutant et titré « Comment lutter contre un cafard ». Ce dessin lui valu l'emprisonnement immédiat – les autorités y ont vu une caricature du chef de l'état ! Commence la détention, puis la fuite pour échapper à la traque du pouvoir. La diplomatie française a d'abord refusé ce réfugié encombrant, mais Neyestani est aujourd'hui l'hôte de la Ville de Paris. Cette Métamorphose rend compte des étapes de son calvaire – le cafard kafkaïen - et plonge le lecteur dans l'horreur d'une administration dressée contre son peuple. Ses dessins simples et directs répondent idéalement à un texte percutant. 198 p., 20€. F.A.
les deux. Même si ce terme recouvre une réalité, le roman graphique est une forme de bande dessinée, tout simplement. Comment expliquez-vous l'engouement actuel pour ce type de BD ? de Marjane Satrapi et de Johann Sfar, qui n'est pas un roman graphique d'ailleurs, ont représenté un tournant et fait découvrir la BD à un nouveau public. Cette explosion a favorisé l'apparition de nombreuses maisons indépendantes, qui ont profité de l'impulsion donnée par L'Association. Mais leur public n'est pas forcément fidèle, c'est pourquoi je ne vois pas d'engouement. Hélas, il s'agit plutôt de stagnation, voire de régression. Quel avenir pour la bande dessinée ? Cet avenir dépend de celui du livre en général. Les librairies ferment les unes après les autres - prenez le cas de Virgin, par exemple. Je ne suis pas sûr qu'il reste beaucoup de maisons d'édition d'ici trente ans. Donc l'avenir du roman graphique est aussi lié à la crise du livre. F.A. livre. . . . . . . . . . 83
Micro Festival (bis) Do Hits Yourself ! texte ¬ Hilaire Picault - photo ¬ © D.R.
Selon que l'on soit PDG ou père de famille, on ne fait pas sa compta pareil. En dessin c’est idem : soit on approvisionne les supermarchés, soit on fait les choses bien… Cette démarche nécessite souvent de s’auto-produire et diffuser ; par contre cela n’implique nullement un résultat moins intéressant. Bien au contraire ! La preuve en image les 09 et 10 Février à la galerie Saint Ravy, transformée le temps d’un week-end en confortable manufacture où chacun pourra exposer mais aussi participer aux créations. Finie la séparation artiste/spectateur, la main est tendue, le dialogue est ouvert, et les stylos sont à votre disposition. Le collectif En Traits Libres vous y apprendra à faire au choix une marionnette, un badge, un livre de A à Z. Sur une table un fanzine s’écrit sous vos yeux. Et les murs se remplissent au fur et à mesure des participations. Quartier Saint-Roch toujours, car c’est bien là que bat le cœur de la ville désormais, une méga expo à la galerie Le Mat conjugue les pionniers des éditions 6 Pieds Sous Terre et le collectif Konsstrukt durera jusqu’au 23 Mars. Plus loin, le dimanche à la Maison de la Gravure de Castelnau on vous initie à dessiner sur bois à la gouge, tandis qu’à la librairie Un Jardin de Livres on expose le minutieux dessinateur de BD Nicolas Moog. Bref, désormais il y a le microfestival et le bis, versant visuel du grand frère sonore. Vous n’avez rien compris ? Tout cela est trop f(l)ou ? Raison de plus pour aller voir de vos propres yeux, et respirer papier et copeaux
Microfestival 2 bis, à partir du 09/02 à la Galerie Saint Ravy et ailleurs. www.microfestivalbis.free.fr littérature . . . . . 85
Planche BD
Le Roi des Mouches T.3 Pirus & Mezzo
Drugstore (Glenat) Sortie le 23/01
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Avec une plume trempée dans le fiel et un pinceau qui saigne, Pirus et Mezzo achèvent ici la brillante trilogie juvénile du « Roi des mouches ». Violemment réaliste mais sans cesse surprenante, cette œuvre rejoint les sommets de Brett Easton Ellis ou des frères Coen. Disons le : voilà un classique 86 b��������������������� bd
Graphisme Logo, charte, print, tous supports
…
Photographie Reportage, événementiel, packshot, retouche …
contact@rizblanc.fr www.rizblanc.fr
Références HFB Pharma * Pizza Hut * Majestic * Pays Cœur d'hérault Le phare saint Roch * Esprit Beauté * Yomi * Le salon Domaine de Sauzet * Le Tao des Cinq * Graines & Beauté…
Django unchained © Sony Pictures
Quentin Tarantino.
Un cinéma déchaîné
Emmanuel Burdeau, Nicolas Vieillescazes (Éd. Capricci)
En aparté True Romance, 1er scénario (écrit avant celui de Reservoir Dogs) fut porté à l'écran en 1993 par Tony Scott. L'aviez-vous remarqué ? Tous ses titres de films sont composés de deux mots.
En huit films et (presque) autant de sous-genres cinématographiques revisités, Quentin Tarantino est devenu une marque de fabrique. Trop souvent réduite à un exercice de cinéphilie , voire de cinéphagie mal digérée, son œuvre n'en reste pas moins singulière. Mise en lumière avec Emmanuel Burdeau, Nicolas Vieillecazes et une dizaine de plumes.
Consacrant chacun un texte à une bobine, journalistes, cinéastes, philosophes et anthropologues interrogent la filmographie de l'enfant prodige. Outre les incontournables questions sur la portée Le nom de sa société du langage et des dialogues, celle du temps (les de production « A Band flash-backs) et de la violence chez QT, l'ouvrage Apart », est un hommage explore des pistes encore vierges. Ainsi, selon au film de Godard : Bande Emmanuel Burdeau, Django Unchained constiÀ Part. tue un virage sans précédent pour le réalisateur. Ce dernier film forme une œuvre narrative, linéaire, composée de personnages très construits, loin de Reservoir Dogs (1992) ou Pulp Fiction (1994). À travers ce cinéma en réinvention constante, le plus célèbre employé de vidéo-club s'affranchit de toute limite et, surtout, des références qu'on lui attribue trop souvent. Ces nouvelles interprétations convaincantes incitent à (re)visionner l'intégrale de Tarantino. Foisonnant de notions philosophiques, artistiques, anthropologiques parfois obscures, l'ouvrage nécessite sans doute, lui aussi, plusieurs lectures afin d'en saisir tout le(s) sens. Tarantinesque, en somme. 160p., 18€. Elsa Fortant
88 c������� chroniques
LIVRES Le batiment de pierre Asli Erdogan (éd. Actes sud) Quoi de plus banal qu'un bâtiment de pierre ? À première vue, ce texte onirique semble tout aussi anecdotique. Mais, cette écriture circulaire suscite progressivement de l'effroi en resserrant le sujet : l'horreur d'une prison labyrinthique dont le cœur est ce cinquième étage de torture. On y croise opposants politiques, intellectuels, hommes, femmes et enfants dont les cris résonnent à travers les couloirs. Au bord de la folie, la narratrice (enfermée elle aussi) rivalise de poésie pour nous guider vers un ange aux ailes blessés. L'homme qui s'est éteint devant elle survit dans ses yeux... Reste pourtant un texte d'espoir : « Après tout la nuit finira, une aube nouvelle éclairera le monde ». 107p., 13,50€. François Annycke
Némésis Philip Roth (éd. Gallimard) Le décor est planté en 1944 dans la ville natale de l'auteur, à Newark (New Jersey). Bucky Cantor, jeune prof de sport déclaré inapte à la guerre pour cause de mauvaise vue, est confronté à une épidémie de poliomyélite frappant sa communauté. Némésis décrit la réaction de cette Amérique face à la fatalité. Comme dans La Peste (1947, Camus) se confondent l'urgence hygiéniste, l'effroi et la poursuite des coupables présumés. Cantor lui-même se sent responsable de ne pouvoir sauver tous les enfants... Servi par une langue toujours aussi juste, ce qui est présenté par Roth comme son ultime réveille un vieux sentiment de culpabilité. Comment les juifs américains, en sécurité aux états-Unis pendant la guerre, ontils vécu et supporté la Shoah ? 226 p., 18,90€. Florian Koldyka
Une Faiblesse De Carlotta Delmont Fanny Chiarello (Éd. L'Olivier) Mais qu'a donc fait Carlotta Delmont pendant quinze jours ? Avril 1927. La diva américaine triomphe avec Norma mais disparaît subitement. Toutes les thèses sont entendues, toutes les pistes soulevées. On veut draguer la Seine, on enferme le ténor qui incarne Pollione, les langues se délient : dénonciations, supputations... Mais l'artiste réapparaît soudainement et sa carrière s'achève alors, laissant place à une légende sulfureuse. Comme ses personnages de papier, Carlotta a tout sacrifié à l'art, et tout perdu en voulant redevenir simplement humaine. Mêlant les styles et les points de vue, Fanny Chiarello signe là son plus brillant roman, et dresse avec délicatesse le portrait d'une femme en quête de liberté. 183 p., 18€. François Annycke
chroniques . . . . 89
Chaque mois, un vin, un cru, des goûts : le coup de cœur de L. Vehenne
Le Pape de Cairanne texte ¬ L.Vehenne - photo ¬ © D.R.
« Je ne fais pas des vins fugaces, des terrasses d’été » précise Marcel Richaud. Iconoclaste, Marcel ne fait que les vins qu’il aime. Pragmatique et discret il travaille dans le respect du terroir et de sa région, se penche avec respect sur chaque millésime, à l’écoute. Vinification par parcelle et par cépage, élevage précis, maturité parfaite des raisins, aucun intrant artificiel ou chimique avant la mise, faible dose de Co2. Syrah, grenache, carignan, mourvèdre, counoise, des vins suaves et purs qui fleurent bon le galet roulé et les cailloutis, des vins entiers et sans concession, qui ne rentrent pas du tout dans les cases de l’AOC, ce qui lui vaut quelques soucis avec cette administration désuète. En effet alors qu’elle a eu cette grande utilité de classifier les vins par terroir et origine a une époque où le grand foutoir était généralisé elle tente à présent de faire rentrer dans la norme des vignerons hautement créatifs qui ne veulent plus être mis dans des cases. Résultat, ce cher Marcel peste et tempête et menace de déclarer une de ses cuvées emblématiques, les Embrescales, en….vin de table !!! Terres d’aigles donc un vin sombre où la Syrah semble l’emporter, du cuir des épices des olives un soupçon de buis, des tanins très serrés. Terre de galets au contraire révèle une pointe de fruits rouge parfaitement maîtrisée qui donne de la souplesse et du jus. Et le Cairanne himself, une synthèse des deux, ample majestueux, suave et élancé, avec davantage d’ envergure. Gibiers, daubes, gigots, pots au feu, venaison seront les bienvenus
Respectivement onze, douze et seize Euros le 2011, à carafer sans modération. 90 v������� vini viti vici
02/02
02/02
Frip'arty
02/02
Frip'arty Zoxea Rose Betty Frip'arty Klub
Macadam Pub - Mtp 19h - 8€ 8€
Macadam Akwaba – Avignon Pub 19h 21h -–8€ 12/15€
Macadam Babajalé –Pub Montpellier 19h 21h -–8€ Entrée Libre
07/02
07/02
08/02
Greg Laffargue
In the Mood for Jazz
The O'liver - Mtp 20h – Entrée Libre
09/02
Spayroll
21h - 12€
09/02
09/02
Julie Doiron
The Black Sheep – Montpellier 21h - 7€
Secret Place - Mtp 20h – 10/12€
09/02
10/02
DJ Marrtin
Don Carlos
Antirouille - Mtp 22h –6€
Antirouille - Mtp 21h – 18/20€
15/02
15/02
Surnatural Orchestra Théâtre de Sète 21h – 19/12€ 92 c������������� concert
Ebo Taylor Paloma – Nîmes 20h – 6€
Th Gérard Philippe- Mtp
la Mal Coiffée Victoire - Mtp 20h – 15/12€
11/02
Jon Spencer Blues Explosion Paloma – Nîmes 20h – 15/18€
15/02
Unpleased Night Hyphen Hyphen
Antirouille – Montpellier 23h – 10/15€
Cargo – Arles 21h - 12€
AGENDA Concert 06/02
02/02 07/02
Lou Doillon
02/02 07/02
MardiFrip'arty Graves Dj Premier/Dj Frip'arty Oil
Paloma – Nimes 20h – 19/23€
Macadam La cigalièrePub – Serignan 19h 21h - 8€ 10€
Macadam Victoire 2 -Pub Mtp 19h 20h -- 8€ 25€
08/02
08/02
08/02
Chozparei Laiterie des Beaux Arts - Mtp 20h - 3€
09/02
Antirouille – Montpellier 23h - 15€
ONJ Portico Quartet
13/02 Perrine en morceaux
Victoire 2– Montpellier 20h - 18€
09/02
09/02
Théâtre De L'archipel Perpignan 20h30 - 25€
Arsenik (+ Demi-portion)
TekiLatex
Sortie Ouest – Béziers 21h – 16/12€
14/02
Breakbot
Tom Deluxx, Asian Trash Boy La Casa – Perpignan 21h – 17€
14/02 Nevchehirlian + Zob
The Black Sheep – Montpellier 21h – NC
Victoire 2 - Mtp 20h – 20/24€
Théâtre Jean Vilar – Montpellier 21h –15/11€
15/02
16/02
16/02
Cali Paloma – Nimes 20h – 20/23€
Dominique A (+ Iaross) Théâtre de L'archipel – Perpignan 21h - 25€
Stone Faya Records Instant T – Nimes 21h – Entrée Libre concert . . . . . . . 93
20/02 02/02
Arlt Frip'arty
AGENDA Concert 21/02 02/02
Lescop et Kas Frip'arty Product
The Black Sheep Macadam Pub – Montpellier 19h - 8€ 21h – NC
Macadam Pub Victoire 19h - 8€2 - Mtp 20h – 20/17€
21/02
21.02
Bionic Orchestra + Mekanik Kantatik
21/02 02/02
Youssoupha (+ Némir)
Frip'arty
Chapeau Rouge Macadam Pub – Carcassonne 19h 8€ 21h --15€
21/02
Uncommonmenfrommars
Lescop/Kas Product
Paloma – Nimes 20h – 6€
The Black Sheep – Montpellier 20h – 10€
Victoire 2 - Mtp 20h – 20€
22/02
22/02
22/02
Skandalizer Villa Rouge – Montpellier 22h – NC
23/02
Soirée Too Good Antirouille – Montpellier 21h – 5€
Ornette Paloma – Nimes 20h – 14€
26/02
28/02
Mono Paloma – Nimes 20h – 6€
Dogz In Motion Antirouille – Montpellier 23h – 7€
Hugh Coltman El Mediator – Perpignan 21h – 15€
02/03
02/03
94 c������������� concert
Pro-pain Secret Place - Montpellier 20h – 15€
Angie & Co Babajalé – Montpellier 21h – Entrée Libre
02/03
Giedré Sonambule – Gignac 21h – 10/12€
Paul Kalkbrenner © Pola Sieverding
V S Fritz Kalkbrenner Paul Kalkbrenner, ça va, on connaît : le DJ allemand qui monte qui monte depuis une dizaine d'années, remplit les salles et signe des autographes. Et voilà que le petit frère, Fritz, creuse son propre sillon. On les attend tous les deux au tournant. Mais qui est qui ? Bio (vraiment) express. Paul est né en 1977, Fritz en 1981. Ensemble (et avec Sascha Funke), ils découvrent, adolescents, la techno dans les années 1990 : un coup de foudre dont aucun ne s’est remis à ce jour. Coupons les cheveux en quatre. Paul demeure toujours clean, propre sur lui, tiré à quatre épingles et le crâne rasé de près – pour préparer la future calvitie ? Capillairement parlant, Fritz est plus volubile, le cheveu est dense, et l’homme possède un petit côté ours en peluche/ trappeur canadien assez chaleureux. Le genre de mec toujours disponible pour allumer un feu de bois. J’en ai vu un au cinéma ! Les deux, en fait : dans Berlin Calling (2008), Paul joue le rôle principal et Fritz, son propre rôle. Si le film n’est qu’un ersatz de Vol Au-Dessus D’un Nid De Coucou (1975), la bande originale, elle, s'avère enivrante et entêtante. En particulier le single Sky And Sand, composé par Paul et chanté par Fritz : une mélodie froide, une voix chaude, un succès... qui profite surtout à Paul, qui enchaîne depuis les tournées à guichets fermés. Fritz, pendant ce temps, prépare son tout premier album. D'accord, mais le son dans tout ça ? Paul signe de longs morceaux épurés et chaloupés soutenus par un beat nerveux. Il cultive une ambiance sombre et sereine à la fois. Fritz, c’est plus compliqué : il transpire la soul, mais en offre une traduction définitivement house Olivia Volpi
Fritz Kalkbrenner, Le 09/02 à Paloma à Nimes - Le 22/02 au Razzmatazz à Barcelone 96 e�������������� electro
© Torben Conrad
ELECTRO CLUB
Global Vision Même si le terme de festival est galvaudé pour parler d'une simple soirée, admettons que la promesse d'un plateau international sur trois scènes au Dock du Sud en jette sacrément. Donc festival de beats sur Massilia, capitale européenne de la culture en 2013 prise ici d'assaut par une sacré bande d'artificiers techno. Uh peloton d'où se détachent notablement deux figures historiques de la techno pétaradante, Luke Slater (sous son pseudo Planetary Assault System) et Lenny Dee. Ça va saigner dans les esgourdes... Le 09/02 à Dock des Suds à Marseille
Unpleased Night En attendant de retrouver un Rockstore flambant neuf, à Montpellier, le clubber de ville s'est rabattu sur la programmation maline de l'Antirouille, maison célèbre qui a décroché il y a un an le précieux sésame pour les nuits les plus animées, la fameuse fermeture tardive. Du coup, les soirées électro se suivent à un rythme soutenu, offrant à l'amateur sa dose hebdomadaire de techno-house racée, comme ici avec la bande d'Unplëased qui accueille la paire italienne Re-UP. Le 15/02 à l'Antirouille à Montpellier
Skandalizer La Villa Rouge, établissement de nuit célèbre s'il en est, se colle une sacré pression (sonore) en invitant à cette soirée Skandalizer deux maitres du dubglitchstepbreak & compagnie, Zomboy et Skism. Deux pensionnaires (l'un en est même le fondateur) de la maison Never Say Die Records, boutique en farces et attrapes-clubbers réputée pour ne pas faire dans la porcelaine de Limoges. Les basses seront donc vrombissantes et les beats, appuyés. Attention toutefois de ne pas glisser sur un break à l'improviste, de peur de dévisser. Le 22/02 à La Villa Rouge à Montpellier electro. . . . . . . . 97
Auguste Derrière sort de sa réserve ! Une équipe de graphistes bordelais a retrouvé les réclames de cet auteur méconnu du début du xxe siècle au fond d'un grenier . Si l'imagerie est forcément surranée, Derrière était un visonnaire, un précurseur, et possédait un sens du calembour à faire pâlir Vermot ! à lire / Les moustiques n'aiment pas les applaudissements et Les fourmis n'aiment pas le flamenco (éd. Le Castor Astral, 13,10€) - à visiter / www.augustederriere.com 98 l�le mot de la fin
OPÉRA NATIONAL ET ORCHESTRE NATIONAL
THÉÂTRE DES 13 VENTS
DE MONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON
THÉÂTRE DE VILLENEUVE-LÈS-MAGUELONE
MONTPELLIER DANSE CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE MONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON
MUSÉE FABRE
DOMAINE D’O CARRÉ SAINTE-ANNE GALERIE SAINT-RAVY
CARRÉ RONDELET
FESTIVAL DE RADIO FRANCE ET MONTPELLIER
TRIOLETTO
MONTPELLIER À 100%
PAVILLON POPULAIRE
PRINTEMPS DES COMÉDIENS
HYBRIDES
PASS’CULTURE
LA CHAPELLE
CINÉ-CLUB JEAN VIGO
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LES INTERNATIONALES DE LA GUITARE ARABESQUES
FESTIVAL DE THAU FEST’AFILM
CINÉMA LE ROYAL
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SCÈNE NATIONALE DE SÈTE ET DU BASSIN DE THAU
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QUAND JE PENSE À FERNANDE
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CINÉMA MUNICIPAL NESTOR BURMA
Infos et vente aux kiosques Pass’Culture : www.crous-montpellier.fr
THÉÂTRE JEAN VILAR THÉÂTRE PIERRE TABARD
FESTIVAL INTERNATIONAL DU CINÉMA MÉDITERRANÉEN DE MONTPELLIER
CINÉMA DIAGONAL CAPITOLE
THÉÂTRE LA VISTA + DES OFFRES ET DE NOMBREUX AVANTAGES
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JAM THÉÂTRE DU HANGAR
THÉÂTRE JACQUES CŒUR
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* Dans la limite Des places Disponibles
Pass’culture, le bon Plan ! 3,70 € la Place de cInéma, de 5 € à 10 € la Place de concert ou de sPectacle
le Pass’culture coûte 9 €. Il est réservé aux étudiants.
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CraC lr Expositions monographiques
2013 / 8 février > 30 mai
8 février > 30 mai
26 quai Aspirant Herber / 34200 Sète
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Téléphone : 33 (0)4 67 74 94 37 http//crac.languedocroussillon.fr Ouvert tous les jours de 12h30 à 19h, le week-end de 14h à 19h. Fermé le mardi. Entrée libre
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Project-room 8 février > 21 avril L’encyclopédie du naufragé
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Le CRAC LR est membre de d.c.a • Association Française de Développement des Centres d’Art.
*Réalisation en partenariat avec
l’association CètàVOIR pour le Rendez vous photographique ImageSingulières