LM magazine 109_France Belgique

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n掳109 / juillet-ao没t 2015 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire

LM magazine n°109 - Juillet-août 2015

06

News 14

42

Rencontre LA Priest Le caméléon

Reportage Dreamland

92

écrans Hill Of Freedom, Love & Mercy, Rétrospective Francesco Rosi…

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Le manège enchanté

Style Paul Smith

46

22

Portfolio Adams Carvalho

Spécial festivals Part Two : Juillet-août 2015

102

Exposition 88

Interview Benoît Poelvoorde En toute intimité…

30

Dossier Charleroi Métal hurlant

D’or et d’ivoire, De Picasso à Jasper Johns, Ces architectures qui nous emballent, Atopolis, La cité végétale, Pascale Marthine Tayou…

Agenda 114

Le mot de la fin Stephen McMennamy Le grand détournement

Dreamland © Elisabeth Blanchet / © Adams Carvalho / LA Priest © Isaac Pink Seagull / Festival Cabaret Vert © Darkroom / Benoît Poelvoorde © Marianne Grimont / Paul Smith dans son premier bureau © DR


LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Adams Carvalho ffffixas.tumblr.com adamscarvalho.tumblr.com

Amélie Comby info@lm-magazine.com

Publicité pub@lm-magazine.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Elisabeth Blanchet, Adams Carvalho, Julien Collinet, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Nicolas Jucha, Vincent Lançon, Thomas Lansoud-Soukate, Raphaël Nieuwjaer, Clément Perrin, Marie Pons, Marie Tranchant et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

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© Lars Krux

news

News

The place to be Le photographe Lars Krux a découvert cette grotte secrète au milieu de la jungle vietnamienne. Baptisée « Hang En », elle mesure 130 mètres de haut et 150 de diamètre, soit la troisième caverne la plus grande du monde. Elle dispose de son propre climat, abrite une petite plage bordant une eau bleu turquoise où quelques copains ont pu planter leur tente. Sympa, ce Lars. www.larskrux.de

Dj Koze

DJ-Kicks #50 (!K7 rec/Differ-ant)

à l’ère du MP3, Dj-Kicks est une série qui légitime l’exercice de la compilation mixée. D’ailleurs, Dj Koze ne se contente pas de tisser un fil rouge avec ses influences (principe des Dj-Kicks). Le boss de Pampa Records passe chaque morceau à la moulinette, allonge les pistes, y greffe souvent un beat. Un travail d’édition fastidieux mais nécessaire pour lier des artistes aussi divers que le gangsta soul Freddie Gibbs, le folkeux Daniel Lanois, le résident du Berghain Marcel Fengler ou encore William Shatner (le capitaine Kirk de Star Trek !). Les genres se succèdent mais Koze crée des ponts entre chacun d’eux, livrant au passage une définition idéale du Djing. Clément Perrin


Riad Sattouf L’Arabe du futur, T2 (Allary Editions) On ne sait où ni quand s’achèvera l’autobiographie de Riad Sattouf. Lui qui parvient si bien à croquer l’adolescence (Retour Au Collège, Les Beaux Gosses) poursuit l’exploration de sa propre histoire. Dans ce deuxième tome, nous sommes en Syrie. La violence est partout, et surtout à l’école. Le trait est toujours simple, à peine rehaussé d’aplats de rouge rosi (la Syrie) ou de bleu (la Bretagne). Une vie contée à hauteur de gamin mais sans ménagement. Voir la figure du père, pauvre hère perdu entre sa fierté bercée de panarabisme et son triste quotidien, tiraillé entre la modernité invoquée et de vieilles croyances archaïques. Drôle, émouvant, instructif, tendre et féroce... Riad Sattouf, quoi. 160p., 20,90€. Thibaut Allemand

© Thomas Leveritt

Voyage Voyage… ou pas

Les Bronzés font flipper Tu t’es vu quand tu bronzes ? C’est en substance le message que délivre Thomas Leveritt. Grâce à une caméra équipée d’un filtre à UV, cet artiste américain dévoile aux gens les vrais effets du soleil sur leur peau. à peine partis en vacances qu’on voit déjà tout en noir... www.leveritt.com

à l’heure où des milliers de migrants risquent chaque jour leur peau en Méditerranée, on découvre sans trop de surprises sur le site Passport Index qu’il existe d’énormes disparités entre les passeports. Les plus puissants du monde sont américains et anglais : ils permettent de visiter 147 pays sans visa. La France se classe deuxième (145 pays) et la Belgique sixième (141 pays) tandis que la Palestine et le Soudan du Sud sont bons derniers (28 pays)… www.passportindex.org


8 news

à poil ou en short Voici le short de bain idéal pour se faire remarquer sur la plage, tandis que ce bonnet « Beard Cap » permet aux barbus (très) coquets de garder leurs poils bien au sec – mais pas forcément leur honneur. www.virgintrains.co.uk, www.pull-in.com

Virginie Despentes

Tame Impala

Vernon Subutex Vol. 2 (Grasset)

Currents (Modular/Caroline/Universal)

On avait quitté Vernon Subutex en disquaire ruiné échoué sur les bancs de Montmartre, on le retrouve en SDF halluciné ayant élu domicile au cœur du parc des Buttes-Chaumont. Autour de lui, la chasse à l’homme s’est intensifiée pour retrouver les confessions vidéo qu’Alex Bleach, une star du rock, lui a léguées avant sa mort, et qui pourraient contenir leur lot de révélations. Alors que le tome 1 de cette vaste trilogie sociale prenait la forme d’une implacable dégringolade, ce deuxième volume, empruntant au polar, révèle une douce mélancolie, donnant à voir un rassemblement d’accidentés de la vie autour de l’ange déchu. Qu’on se rassure, le verbe de Virginie Despentes n’a lui rien perdu de son mordant. 400 p., 19,90€. Marine Durand

Porté au pinacle par des chevelus en Tshirts tie-dye pour sa contribution au renouveau psychédélique (quel ennui…), Kevin Parker prend son monde à revers avec un troisième album qui vise le dancefloor. Marqué par le disco, les basses rondes et chaudes, l’Australien signe un LP qui lorgne vers Daft Punk (Let It Happen), Angelo Badalamenti (Yes I’m Changing) ou le R&B (‘Cause I’m A Man). N’omettons pas le funk de The Less I Know The Better ou les beats hip-hop discrets de New Person, Same Old Mistakes. Composé, enregistré et produit seul dans sa maison de Perth, ce disque révèle Parker en véritable enfant de son époque et passe son image de gourou psyché par… Perth et profits. Thibaut Allemand



Lou Nils, Christophe Clavet Pianotrip – Tribulations d’un piano à travers l’Europe (Points) Pourquoi, pendant plus d’un an, Lou Nils et Christophe Clavet se sont-ils lancés sur les routes d’Europe à vélo, parcourant une dizaine de pays et près de 7 000 kilomètres ? Pourquoi la musicienne et le photographe ont-ils transporté avec eux ce piano dans un triporteur, organisant des concerts dans des endroits improbables ? Pourquoi nous convient-ils à partager leur périple : moments de grâce ou de désolation fixés sur pellicule ou sur papier ? Parce que leur démarche appelle à vivre l’instant présent, rêver, échanger, croire en l’humain… au fil de leur récit ces mots-là ne sont pas galvaudés. 368p., 10,80€. Thomas Lansoud-Soukate

Le (re)cycle de la vie On pourrait trouver le travail d’Alejandro Durán – Washed Up – plutôt sympa, s’il n’était pas si inquiétant... Cet artiste s’est rendu dans la réserve naturelle tropicale de Sian Ka’an, au Mexique, pour y créer des œuvres colorées avec les déchets trouvés sur place. Le résultat se passe de commentaires…

© Alejandro Durán

www.alejandroduran.com

Dom La Nena Soyo (Six Degrees/ Caroline/ Universal) Après un séduisant premier LP (Ela, 2013), et une escapade en compagnie de Rosemary Standley (Birds On A Wire, 2014), la jeune Dom La Nena, 25 ans, livre déjà son troisième essai. Si le violoncelle, son instrument de prédilection, se fait plus discret, il se marie toujours à merveille au piano (La Nena Soy Yo, Llegaré). On pense parfois à Lhasa (Golondrina) ou à l’éternel voyageur Dominique A (Lisboa, Era Una Vez) à l’écoute des tendres complaintes de la Brésilienne, qui doivent moins à la bossa nova (excepté Menino) qu’à une mélancolie souriante et lumineuse. Encore trop peu connue, Dom La Nena signe là un disque idéal pour l’été. Et les nombreux automnes et hivers à venir, aussi. Thibaut Allemand





Quartierledefront Depuis Vedado, de mer La de Havane Margate.


15 reportage

Les descendants des créateurs du parc coupent le ruban rouge.

Dreamland Le manège enchanté Texte & Photo Elisabeth Blanchet

Margate, Kent, embouchure de la Tamise. Son port, sa plage, son sable – le plus fin d’Angleterre – son récent musée d’art moderne et, au cœur de la ville, Dreamland. Ce parc d’attractions mythique connaît depuis 150 ans, tout comme son grand huit, des hauts et des bas. Vendredi 19 juin, le pays du rêve a rouvert ses portes sur des manèges d’époque relookés. Un bouquet au parfum de nostalgie qui nous renvoie au temps où les stations balnéaires anglaises battaient leur plein. Bienvenue dans le temple du rétro. Et de l’amusement.


« N

’est-ce pas magnifique ? », s’exclame Nick Laister en montrant le grand huit et sa structure en bois refaite à neuf. Il y a dans les yeux et la voix du directeur du Dreamland Trust beaucoup d’émotion. Il a fallu attendre 12 ans et 18 millions de livres pour que ce parc, que le créateur de la campagne “Save Dreamland” nomme « le cœur de Margate », batte à nouveau. Sous ces montagnes russes, des troupes de comédiens habillés façon rockabilly et mods font monter la sauce à coup de chansons rétros. Puis vient le moment tant attendu du ruban rouge que coupent des descendants des familles qui ont dirigé les lieux ou travaillé ici. Dans le public, pour les grands et les petits, l’excitation est à son comble. Mais, ça y est, cette fois les ciseaux ont parlé : la voie est libre ! Le mur de la mort. Dreamland éblouit d’abord par son authenticité. Le designer Wayne Hemingway, fameux créateur de la marque de vêtements Red or Dead et grand fan des côtes anglaises, a su réinventer l’endroit tout en préservant ses charmes et, surtout, les attractions d’époque. Comme le mur de la mort où de valeureux motards défient les lois de la physique en jouant avec les forces centrifuges et centripètes, mais aussi les bateaux de pirates, les stands où l’on peut gagner des coussins en forme de gigantesques beignets… Symbole de cette restauration, le grand carrousel a été remonté avec les chevaux de bois d’autrefois. « Ils datent de 1876 ou 1877 », indique Caroline, arrière-arrière petite fille de Lord George Sanger qui créa le parc d’attractions en 1870 sous le nom de “Pleasure Gardens”. Le brave

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Attention les secousses !

« Dreamland éblouit par son authenticité »


Com茅diens sur le Twister.

Le mur de la mort.

Malec贸n, La Havane


18 reportage

Employée Fais comme d’une l’oiseau… rhumerie, Pinar del Río


19 reportage

homme décéda tragiquement suite « La détermination à une agression en 1911 et c’est son successeur, John Henry Iles, des habitants de inspiré par Coney Island à New Margate a permis la York, qui a rebaptisé l’ensemble “Dreamland”. Il y installa le réouverture du parc » fameux grand huit – le Scenic Railway – premier du genre en Grande-Bretagne. Un succès national qui donna des frissons à plus de 500 000 visiteurs lors de son année d’ouverture en 1920… Suivront un cinéma, des attractions d’intérieur (on est en Angleterre !), une grande roue, une patinoire, une piste de patins à roulettes et bien sûr toutes sortes de machines à sous, de stands de pêche aux canards, de dégommage de tas de bouteilles, etc. Chute douloureuse. « Chaque année, on attendait l’ouverture de Dreamland avec impatience, se souvient Ian qui a grandi à Margate dans les années 1970-80. Quand le parc est devenu payant, on faisait des trous dans les barrières ou on montait des arnaques pour rentrer gratis... Dreamland rendait Margate unique, un endroit où les gens voulaient aller ». Du moins jusqu’à ce que les habitudes estivales changent dans les années 1980 et 90. Les vacances pas chères au soleil ont fait de l’ombre aux stations balnéaires britanniques. Et finalement, le parc ferma en 2005. >>>


20 reportage

La piste de Roller Disco.

Tour de force. Une grande partie des habitants n’a jamais accepté cette faillite. Sous l’impulsion de Nick elle s’est alors lancée dans la bataille. Celle-ci fut rude, à l’image du grand-huit, la campagne “Save Dreamland” a connu des hauts et des bas. Il a fallu du temps, mais une chose est sûre, c’est la détermination des habitants de Margate qui a permis la réouverture du parc. « C’est un lieu qui a un impact social immense, soutient Nick. Je l’ai vu dans la manière dont les gens se sont battus pour qu’il revive ». Et Caroline d’acquiescer : « En effet, je n’ai vu ça dans nulle autre station balnéaire anglaise ». Souvenirs, souvenirs. Assis à une table de la Food Court, Jennie et Jo dégustent leurs fish&chips. Et confirment : « on attendait la réouverture de Dreamland depuis des mois ! C’est ici qu’on s’est rencontrés en 1994 ! On faisait la queue au Looping Star. C’était un Blind Date ! Un coup monté par des copains. Et ça a marché. Sans doute la magie des manèges et des frissons car nous y revoilà 21 ans plus tard, et on adore toujours ! ». Outre les manèges, les acteurs contribuent aussi au merveilleux de l’endroit : des chariots de musique ambulants les accompagnent en jouant des chansons à la gloire des icônes pop et rock britanniques et américaines : stars du rockabilly, Motown, David Bowie, Visage, Blondie…


21 reportage

La pêche a été bonne !

C’est le pompon ! Le retour de cet âge d’or pourrait aussi rapporter de l’argent. « Cette réouverture a créé 250 emplois, va attirer des centaines de milliers de visiteurs et générer des millions de livres sterling pour la région », affirme Nick. Cette résurrection arrive en tout cas au moment où les stations balnéaires anglaises connaissent un vrai regain d’intérêt. Le guide des voyages Lonely Planet vient même de placer la côte nord du Kent au sommet de ses destinations familiales européennes ! Une aubaine pour Margate. Comme le crie à tue-tête un petit garçon sur la piste de patins à roulettes : « notre rêve est devenu réalité ! ».

à visiter / www.dreamland.co.uk



23 portfolio

Adams Carvalho L’homme qui aimait les femmes Texte Julien Damien

A

vouons-le, on n’aurait pas forcément deviné au premier coup d’œil que ces dessins sont l’œuvre d’un Brésilien. Les filles solitaires et légèrement vêtues – mais jamais vulgaires – d’Adams Carvalho tranchent en effet avec les canons de beauté (ou clichés) qui obsèdent le pays de la chirurgie esthétique. Point de féminité galbée et rebondie dans ces images monochromes. Plutôt des corps presque androgynes, parfois tatoués, et qui semblent sortis d’un film français période Nouvelle Vague. On remarque d’ailleurs, dans la chambre de cette inconnue au masque à gaz, un poster de Pierrot le Fou, de Jean-Luc Godard. Tenez, voici une autre caractéristique du travail de cet artiste installé à São Paulo : l’influence de la culture française. Il lui rend d’ailleurs un bel hommage dans un clip (Essa Canção Francesa) qui sublime – ou fantasme – le romantisme hexagonal. Ces mises en scène qui oscillent entre séduction et provocation renvoient également à l’esthétique de la BD. Cela est dû à l’utilisation prononcée du trait noir et à un panel de couleurs pastel très restreint, qui évoque parfois des négatifs de films ou de photos. Très secret, cet illustrateur indépendant qui collabore avec des journaux ou des revues brésiliennes, n’a pas son pareil pour magnifier la gent féminine dans un érotisme délicieusement suranné. C’est à peu près la seule chose qu’on peut certifier d’Adams Carvalho. Ah, si, il voue aussi une passion immodérée pour à visiter : http://ffffixas.tumblr.com le vélo, qu’il considère comme « une expérience philosophique ». Mystère…


MCBTH, 2013 Image made for a play © Toneelhuis Director : Guy Cassiers


TRAINER, 2013 Image made for a play © Toneelhuis Director : Abke Haring






30 dossier

Charleroi

Sinistrée par l’effondrement de son industrie, Métal hurlant minée par la misère, le chômage… La deuxième ville la plus jeune de Belgique souffre d’une piètre image. Cette mosaïque architecturale où cohabitent 128 nationalités jouit pourtant d’une offre culturelle rare, et de trésors insoupçonnés. Des atouts sur lesquels elle compte bien s’appuyer pour retrouver son lustre d’antan. Visite guidée d’une cité tout en contrastes qui construit son avenir loin des clichés.


Dossier réalisé par Julien Damien & Julien Collinet Photo Charleroi expo © Timmermans Iwert Bois du Cazier - molettes © Charleroi Tourisme - Gina Santin


32 dossier

© Charleroi Tourisme - Gina Santin

Musée de la photographie « Est-ce la fin d’un monde, ou le début d’un autre ? » Cette question qui taraude Xavier Canonne, le directeur du musée de la photographie, résume tout l’enjeu du moment, et renvoie au travail mené par Stephan Vanfleteren à Charleroi. Entre octobre 2014 et avril dernier, ce photographe flamand a arpenté les rues du Pays noir, capturant des situations ou des visages tantôt tristes, tantôt drôles, parfois surréalistes mais toujours beaux. Au-delà de la puissance expressionniste de ces images en noir et blanc, « il a saisi les derniers soubresauts d’une cité qui disparaissait ». Ces clichés dévoilent tous les contrastes de la ville. Ceux-ci se trouvent dans le regard à la fois dur et doux de cet ado, © Stephan Vanfleteren les rides de cet homme sans âge ou l’expression hilare de cette petite fille au visage souillé. « Ni portrait à charge, ni plaidoyer », ces photos disent « le mal de vivre comme les raisons d’exister ». On y perçoit, aussi, cet amour que ressent l’artiste pour cette cité débordant d’humanité. « J’aime Charleroi. Je l’embrasse sur la bouche malgré son haleine puante », écrit-il dans l’ouvrage qui accompagne l’exposition. Celle-ci vient clôturer une série de cinq commandes initiées par le musée de la photographie, et qui a vu se succéder Bernard Plossu, Dave Anderson, Jens Olof Lasthein et Claire Chevrier. Un travail artistique mais aussi documentaire, qui offrira à la postérité un témoignage empli de poésie sur ce que fut Charleroi, à l’orée du xxie siècle. J.D. Musée de la photographie, avenue Paul Pastur 11, 6032 Charleroi, www.museephoto.be Stephan Vanfleteren, jusqu’au 06.12, mar>dim : 10h>18h, 7/5/4€/ gratuit -12 ans


O

n n’a pas encore posé le pied à Charleroi que, déjà, on se fait interpeller. « Allez plutôt vous garer au-dessus, c’est gratuit ! », nous indique un passant. Sympa. D’emblée, on vérifie que la première richesse locale, ce sont les habitants. Des gens « ouverts et chaleureux, soutient Pascal Verhulst, le conseiller culturel de la ville. Parfois trop humbles, peut-être… » Il faut dire que la plus grande commune de Wallonie (plus de 200  000 habitants*) n’a pas bonne presse. Taux de chômage qui dépasse les 20%, usines désaffectées dans un centre-ville gangréné par la prostitution et la toxicomanie… En 2008, la cité sambrienne a ainsi été désignée par un journal hollandais « ville la plus laide du monde »… Certes, l’ancienne capitale du Pays noir n’est pas exactement Venise. Mais ce paysage post-industriel n’est pas sans charme. « Quand on y accède par le ring qui la surplombe, la nuit, avec les terrils alentours et les usines, elle a un côté Blade Runner », nous glisse Pascal Verhulst.

Charleroi 2010 © Dave Anderson

Monde englouti. Cette beauté rouillée – et ceinturée d’un joli poumon vert – attire nombre de visiteurs : des fans d’urbex, mais aussi des jeunes branchés. Depuis 2009, le « Charleroi Adventure » de Nicolas Buissart invite en effet les amateurs de « frissons » à un safari urbain décalé. Surfant avec humour sur les clichés, cet artiste carolo propose un circuit saugrenu au cœur du « monde industriel désaffecté », faisant visiter « la rue la plus déprimante de Belgique », « le métro fantôme », des usines abandonnées… « C’est de l’art-tourisme », explique le

trentenaire, parfois mal compris. Cette balade dans les décombres nous rappelle surtout que Charleroi fut, jusqu’à la fin du xixe siècle, « la ville la plus riche de toute l’Europe, juste derrière Londres », selon André Lierneux, historien et créateur du « Carolo Bus Tour ». Charbon, sidérurgie, mais aussi production de verre plat firent sa prospérité. Hélas, les deux grandes guerres en ont eu raison. à l’orée des années 1980, la récession économique fut brutale et « Charleroi s’est effondrée en deux générations », souffle A. Lierneux. >>>


34 dossier

Spiro u © Ch a sme -

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Tourisme

in - Gina Sant

Faire son trou. La cité carolo compte encore quelques fleurons, dans la vieille industrie, mais aussi la nouvelle. Tel l’Aéropôle, situé à côté de l’aéroport, qui emploie aujourd’hui environ 4 000 personnes et fait figure de tête de pont dans les biotechnologies, l’aéronautique… Suffisant, pour que Charleroi renoue avec sa gloire passée ? Envahie de grues et de pelleteuses, elle vit en tout cas un lifting pharaonique, et séduit à nouveau les investisseurs. Le chantier le plus impressionnant concerne la ville basse, creusée en son cœur par un énorme gouffre, qui doit accueillir en novembre 2016 le projet Rive Gauche, un mastodonte commercial de 35 000 m2. « L’idée, c’est de repeupler le centre ». D’ici 2020, quelque 17 autres projets, concernant cette fois la ville haute (création d’un palais des Congrès, rénovation du palais des expos, etc.), verront le jour.

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i © Charlero

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ril2015 Travaux av

Ville d’arts. La culture a également un rôle majeur à jouer dans la cité de Spirou et Fantasio (Charleroi reste le berceau des éditions Dupuis). Le socialiste Paul Magnette, élu bourgmestre en 2013, mise énormément sur ce secteur. « C’est même devenu un axe de développement », s’enthousiasme Pascal Verhulst. Il faut dire que l’offre est déjà bien fournie. Entre Charleroi Danses, le BPS22, le Vecteur, le théâtre de l’Ancre ou le Rockerill, temple de la musique underground installé au cœur d’anciennes forges, l’art – classique ou alternatif – est ici à l’honneur. Et le sera d’autant plus avec la rénovation du Palais des beaux-arts ou l’ouverture, cet automne, du Quai 10, un centre dédié aux jeux vidéo, arts numériques et au cinéma, situé sur les bords rénovés de la Sambre, qui offrent désormais une belle promenade. « C’est une ville qui se relève, et retrouve une ambition… », termine Pascal Verhulst. Le temps nous dira si elle a eu raison d’y croire. J.D.

*depuis 1977, et la fusion de la ville historique et des communes alentours.

CAROLO BUS TOUR

22€, Réservation obligatoire au +32 (0)7 186 14 14 ou maison.tourisme@charleroi.be

Office du tourisme,

www.paysdecharleroi.be

Charleroi Adventure,

www.charleroiadventure.com, +32.494.98.26.43


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Fabrice Lig L’enfant des terrils Propos recueillis par Julien Collinet Photo Fabrice Lig © DR / Rockerill © Axel Pics

Interview

DJ emblématique de Charleroi, Fabrice Lig est mondialement reconnu pour la qualité des ses lives et de ses productions. Rencontre avec ce quadragénaire humble et discret, dans le paysage post-industriel du Rockerill, une salle de concert hors-norme, sise dans une ancienne fonderie, où il est en résidence. Charleroi a-t-elle influencé votre musique ? Inconsciemment, sans aucun doute. On compare mon son à celui de Détroit, ce n’est pas un hasard. Il y a un côté mécanique dans ma musique, lié au visage industriel de Charleroi. Un aspect mélancolique également, qu’on retrouve chez de nombreux artistes carolos, dans le rock surtout, ou chez des DJs comme Spirit Catcher, alors qu’ils font de la house.

Comment êtes-vous devenu DJ ? Je sortais beaucoup à Gand, au Boccaccio, un laboratoire de la musique électronique en Belgique. Nous sommes en 1988, j’ai 15 ans, et là je prends une vraie claque. On s’est dit : pourquoi ne pas organiser des soirées chez nous ? Où avez-vous débuté ? Dans des bars, à Charleroi. Il y avait une rue jonchée de clubs à l’époque,

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dont le New Jimmy’s, très avantgardiste. Depuis, ils ont fermé… à quoi ressemble la vie nocturne ici ? Il y a une dynamique culturelle remarquable pour une ville de cette taille. Le plus intéressant, c’est que chacun supporte les initiatives des autres. Il n’y a pas de compétition, au contraire. On crée des passerelles entre les salles de concerts, les théâtres… Les citoyens se sont appropriés la vie culturelle. Cela crée une effervescence.

à visiter / fabricelig.com Le Rockerill, Marchienne-au-Pont, Rue de la Providence 136, www.rockerill.com à écouter / Galactic Soul Odyssey, Planet-e (label de Carl Craig) à voir / 16.07, Festival de Dour (avec Carl Craig et Mad Mike), www.dourfestival.eu (voir page 66)

Comment réagissez-vous par rapport à la mauvaise image de Charleroi (un journal néerlandais l’a élue « ville la plus laide du monde ») ? Ceux qui ont écrit ça ne sont jamais venus ! Oui, il y a des usines ici, mais elles constituent une richesse. J’adore les observer la nuit, c’est une esthétique très particulière. Et ses habitants font la beauté de la ville. Ce sont eux, l’âme de la cité. Il n’y a pas de notables dans le coin. Nous sommes des enfants des terrils. Chacun a un grand-père qui a travaillé dans un charbonnage. Les Carolos vivent de façon simple. Ils savent d’où ils viennent. J’invite quiconque à venir seul une soirée au Rockerill, il repartira avec plein d’amis !


Les Mondes Inversés, Yinka Shonibare MBE, Scramble for Africa, 2003 © Collection Pinnell

BPS22 Alors que l’imposante façade grise du BPS22 et ses lourdes colonnes sont camouflées par des échafaudages, Pierre-Olivier Rollin, le directeur, slalome entre les pots de peinture. En septembre, le musée d’art contemporain (inauguré en 2000) rouvrira ses portes après 18 mois de rénovation. Cet ancien bâtiment industriel érigé pour l’exposition de Charleroi de 1911 offrira une nouvelle surface d’accrochage de 2 500 m2, avec des hauteurs permettant l’installation d’œuvres monumentales. Pour l’inauguration se tiendra une grande exposition sur les cultures populaires : Les mondes inversés*. « Soit le meilleur de tout ce qu’on a pu présenter depuis 15 ans » précise notre hôte. Et le fidèle reflet d’un programme mariant une grande exigence à des thématiques sociales et accessibles. Le plasticien français Tal Isaac Hadad introduira ainsi des œuvres autour de la tecno-brega, « un genre musical kitch issu des régions pauvres du nord du Brésil ». Le Hainaut ne compte-t-il pas déjà un lieu dédié à l’art contemporain avec le Mac’s, au Grand-Hornu ? Si mais un autre musée a toute sa place à Charleroi. « Il faut simplement prendre en compte que l’on part de loin », précise Pierre-Olivier. Une partie de la mission du nouveau BPS22 sera d’ailleurs éducative. « La Wallonie est restée trop longtemps tournée vers le passé, qui représente un âge d’or. Alors que pour les Flamands, il est vécu comme une oppression, ça change la vision des choses ». Des artistes reconnus, comme Johan Muyle ou Michaël Matthys sont nés ici. « Malheureusement, beaucoup sont partis rapidement, faute d’école d’art, et ne reviennent pas toujours. On espère bien faire bouger les lignes ! ». J. C. BPS22, Musée d’art de la Province de Hainaut, Bd Solvay 22, 6000 Charleroi, www.bps22.be *Les mondes inversés, 26.09>31.01.16, mar>dim : 11h>19h, 6/4/3€/ gratuit


Hot Spots Le Bois du Cazier

© Luc Denruyter

Quelque 35  000 visiteurs s’y rendent chaque année. Théâtre de la catastrophe du 8 août 1956, qui vit la mort de 262 hommes, cet ancien charbonnage désormais classé au patrimoine mondial de l’Unesco offre un témoignage de la prospérité industrielle (charbon, fer et verre) passée de Charleroi. 80 rue du Cazier, Marcinelle, www.leboisducazier.be

Le Palais des beaux-arts C’est l’un des bâtiments phares de la ville, mêlant l’ancien au moderne. Erigé en 1957, il jouit notamment d’une grande salle d’une capacité de 1 800 places et accueille à la fois des concerts, du théâtre, de la danse... Un outil complet qui peut compter sur un espace dédié au théâtre contemporain (le Hangar). © Pierre Bolle

1 Place du Manège, www.pba.be

Charleroi Danses Institution de référence dans le domaine de la création contemporaine (en Belgique et à l’international), Charleroi Danses inaugure de nouveaux studios en septembre. Idéal pour organiser la prochaine biennale qui accueille une quinzaine de productions soulevant la question de la jeunesse et du renouveau artistique. Boulevard Mayence, www.charleroi-danses.be © Jason Panier

© Mattias Launois

Le Vecteur Pépinière de talents, le Vecteur est un lieu de résidence et de création alternative (arts plastiques et numériques, littérature, musique, cinéma… les Dirty Monitor, rois du Mapping, y ont élu domicile). Cette plateforme d’échanges engendre spectacles et performances à découvrir dans une intime salle de 150 places. 30 rue de Marcinelle, vecteur.be

Le Théâtre de l’Ancre à la fois tremplin pour la scène locale et salle reconnue à l’étranger pour la qualité de sa programmation, ce théâtre convivial satisfait toutes les curiosités. Les créations de L’Ancre rencontrent un large succès public et critique à l’image de Nés Poumon Noir ou Les Villes tentaculaires. © Leslie Artamonow

122 rue de Montigny, www.ancre.be





42 rencontre


LA Priest

Le caméléon Propos recueillis par Amélie Comby Photo Isaac Eastgate

Le label Domino Records accueille depuis peu LA Priest (aka Sam Dust). Loin d’être un novice, ce Britannique a squatté la une des revues musicales en 2008, avec trois camarades, sous la bannière de Late Of the Pier. Il revient aujourd’hui avec un projet solo diablement convaincant. Au carrefour de pistes multiples – electro, funk, prog-rock – ce fan d’Aphex Twin ne s’impose aucune règle. Il façonne et assemble des sonorités hybrides délivrant des morceaux novateurs emplis d’un groove fulgurant. Rencontre avec le créateur d’une œuvre kaléidoscopique. Tout a-t-il commencé avec le groupe Late Of the Pier ? Non, bien avant. Je m’intéresse à la musique quasiment depuis que je sais marcher ! Mes parents avaient chacun leur groupe et je les observais. J’attrapais leurs instruments et les manipulais. J’imitais aussi les popstars qui passaient dans The Chart Show, comme Björk ou ce bon vieux Peter Gabriel. Comment décririez-vous votre musique ? C’est une des choses les plus difficiles à faire ! Lorsque je joue un morceau, il peut prendre une forme différente du jour au lendemain. C’est une musique caméléon, qui se transforme continuellement. Et dans laquelle on perçoit un paquet de références... Chacun de mes morceaux, quel qu’il soit, combine diverses influences. Je pioche dans tous les styles et tous les horizons géographiques. Je n’ai aucune barrière. On pense aussi à Aphex Twin ou à Prince à l’écoute de votre album... J’aime beaucoup ces deux artistes. Cela doit venir de leur intégrité. On ne compose pas de la musique seulement pour faire plaisir aux >>>


« On ne compose pas de la musique seulement pour faire plaisir aux autres »

autres. On s’épanouit vraiment lorsqu’on fait ce qu’on veut. Il faut prendre des risques, rester ferme sur ses positions et être sûr que votre travail vous satisfait. Pour Aphex Twin, cela a particulièrement bien fonctionné.

Erol Alkan a-t-il aussi compté pour vous ? Erol est un génie. C’est l’un des musiciens les plus talentueux avec lesquels j’ai travaillé. Ces dernières années j’ai aussi collaboré avec des artistes émergents, mais en définitive je compose plutôt seul. Du coup, ce nouvel album répond-il à vos attentes ? Je n’avais pas vraiment d’idée au départ, mais le résultat final me plaît. J’ai cherché à lui donner du relief, de la profondeur, en superposant et mélangeant plusieurs sonorités et idées dans un seul morceau. Pourquoi êtes-vous allé au Groenland pour réaliser cet album ? Après de longs mois enfermé à cause de l’enregistrement j’avais besoin de faire une pause. J’ai alors rejoint un ami qui travaillait sur place. Mais, une fois là-bas, j’ai rencontré une bande de mecs qui


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m’ont conseillé de me rendre dans une ville minière du coin, réputée pour ses phénomènes musicaux étranges. C’est-à-dire… Il y avait là plein d’interférences qui donnaient aux sons un côté surnaturel. Réutilisées dans mes morceaux, celles-ci créent des sonorités festives assez bizarroïdes. La plupart des musiciens en auraient sûrement tiré des compositions plus sensibles, en harmonie avec le paysage. D’ailleurs, si j’y retournais, je réaliserais peut-être quelque chose de plus sérieux. à quoi peut-on s’attendre sur scène ? Sachant que je me produis seul, on me demande comment je parviens à combiner tant de variations. En concert je crée un système dans lequel tous mes instruments sont enchaînés, formant un set étrange. Les séquences s’éparpillent mais je peux les contrôler. Sur scène, je veux montrer les rouages de mes compositions en remontant jusqu’à l’origine des sons. En plus, j’exécute des loopings imprévisibles avec ma voix. Je trouve que ma musique, sur CD, reste trop figée.

à écouter / Inji, (Domino Records), Sortie le 29.06. à voir / 18.07, Dour, Plaine de la machine à feu, pass 1 jour : 50€, pass 5 jours : 120€, www.dourfestival.eu

Avez-vous définitivement arrêté Late of the Pier ? En France, vous aviez connu un certain succès… C’est drôle parce que les gens ont l’impression que nous nous sommes séparés, alors que je n’ai pas le sentiment d’avoir quitté le groupe. Je vois chaque membre presque tous les jours et nos rapports n’ont pas changé. Nous menons chacun des projets personnels et ça nous semble naturel. Quels sont vos projets ? J’aimerais continuer à faire « dialoguer » la musique avec le public. Mes créations sont faites pour être interprétées en live. La prochaine étape serait d’improviser, en direct. Les gens pourraient entendre de nouveaux morceaux à chaque concert. Je veux continuer d’expérimenter.


Rotterdam Zeebrug

C terb y Folk tone

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Festival Cabaret Vert © Darkroom (voir p.80)

Chassepierre CharlevilleMezier

Chiny


t juillet- aou Dossier l

2015

Part 2

s l a v i t s e F Spécia

19. Francofolies de Spa, Musique, 1. Festival au Carré, Pluridisciplinaire, 17 > 20.07, Spa, p.68 p.48 jusqu’au 11.07, Mons, Gand, p.68 Boomtown, Musique, 21 > 25.07, 20. 2. Openluchttheater, Musique, Roots Festival, Musique, Vibes rie I 21. p.52 s, jusqu’au 04.09, Anver 24 & 25.07, Handzame, p.70 , RTour, Exposition, jusqu’au 30.08 3. A Tomorrowland, Musique, 22. re, Louviè La Houdeng-Aimeries, 24 > 26.07, Boom, p.76 Morlanwelz, Soignies, p.50 R ock en Stock, Musique, 23. naire, iscipli 4. Les Rutilants, Plurid 25 & 26.07, étaples, p.68 p.52 s, Oignie , 02 > 05.07 Les Nuits Secrètes, Musique, 24. naire, iscipli Plurid onie, 5. Mon Inouïe Symph > 02.08, Aulnoye-Aymeries, p.72 31.07 p.50 rque, Dunke , 03 > 05.07 Esperanzah!, Pluridisciplinaire, 25. > 03 ue, Musiq 6. Couleur Café, 31.07 > 02.08, Floreffe, p.74 05.07, Bruxelles, p.54 p.54 Lokerse Feesten, Musique, 26. Arras, , 05.07 > 03 ue, Musiq 7. Main Square, 31.07 > 09.08, Lokeren, p.70 p.54 ter, Werch , 04.07 ue, 8. TW Classic, Musiq R onquières Festival, Musique, 27. naire, iscipli ile au Rendez-Vous, Plurid 9. P 01 & 02.08, Ronquières, p.68 p.52 ix, 04 & 05.07, Rouba F estival de Spa, Théâtre, 28. 10. Les Ardentes, Musique, 07 > 16.08, Spa, p.76 p.56 , 09 > 12.07, Liège, ecandance, Musique, 08 & 09.08 29. W ue, ock Zottegem, Musiq 11. R Zeebrugge Strand, p.76 p.62 em, Zotteg , 10 & 11.07 ue, 30. Brussels Summer Festival, Musiq actus Festival, Musique, 12. C 14 > 23.08, Bruxelles, p.78 p.58 s, Bruge , 10 > 12.07 31. Pukkelpop, Musique, Chiny, 13. Festival interculturel du conte de 20 > 22.08, Hasselt, p.82 p.60 Chiny, , 12.07 > 10 naire, iscipli Plurid , abaret Vert, Musique, 20 > 23.08 32. C naire, iscipli 14. LaSemo, Plurid Charleville-Mézières, p.80 p.62 en, Enghi , 12.07 10 > la Rue 33. F estival International des Arts de 15. L e Manifeste, Théâtre, 10 > de Chassepierre, Arts de rue, p.62 the, e-Syn Grand , p.84 e, 12.07 22 & 23.08, Chassepierr , Gand, p.60 isciplinaire, 16. Gent Jazz, Musique, 10 > 18.07 34. Les [rencontres] Inattendues, Plurid ue, Musiq e, d’Opal 17. F estival de la Côte > 30.08, Tournai, p.86 28 r-mer, p.64 11 > 19.07, autour de Boulogne-su 35. L ’Intime Festival, Littérature, , Dour, p.66 18. Dour Festival, Musique, 15 > 19.07 28 > 30.08, Namur, p.88


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Dominique A Š Richard Dumas

dossier festivals dossier festivals


festival

pluridisciplin

aire

au carré

16 ans déjà que le Festival au Carré rassemble mélomanes, amateurs d’arts de la scène et gastronomes pour un dernier rendez-vous avant le départ en vacances. Petite manifestation devenue grande, celle-ci passe au format XXL (16 spectacles, 10 concerts, 8 lieux différents) à l’occasion de Mons 2015, affichant une programmation exaltante. C’est d’ailleurs avec un projet vertigineux que Wajdi Mouawad, complice de longue date, ouvre le bal : 20 comédiens, 20 heures de théâtre… Le Dernier jour de sa vie est le fruit d’un travail de cinq ans auquel ont été associés 50 jeunes venus de cinq villes différentes. « Il livre une réécriture des sept tragédies de Sophocle complètement ancrée dans notre temps », s’enthousiasme Daniel Cordova, le directeur artistique, se félicitant de voir le festival devenir « un point de repères pour les créateurs ». Le reste de la programmation ne saurait le faire mentir. Pas moins de cinq créations rythment cette édition, comme ce C(h)œur montois de Marco Martinelli, retraçant le parcours des migrants de Lampedusa avec 80 amateurs. Petits formats — Côté musique, l’affiche reste éclectique : Arno, Cats on Trees, ou les jazzmen du Soul Rebels Brass Band, arrivés tout droit de la Nouvelle Orléans, se croisent pendant les deux semaines que dure cette édition. Le Festival au Carré privilégierait-il les grands noms ? « De nombreuses petites formes sont à picorer en famille, une lecture en haut d’une tour, un cabaret bouffe… », assure Daniel Cordova. Et comme toujours à Mons, chaque soirée devrait s’achever autour d’un bon repas. Marine Durand

Spectacles : Le Dernier jour de sa vie (Wajdi Mouawad) (28 & 30.06) // Le C(h)œur montois (M. Martinelli) (02 > 04.07) // Parlez-moi d’amour (Cirque Farrago) (04 & 05.07) // à la table des enfants (E. Schumacher) (04 & 05.07) // Aromagic (P. de Bie, Cie Laika) (04 & 05.07) // L’Art d’écouter (Teatro de los sentidos)... (05.07) // Autour de la table (M. Martinelli, J.M. D’Hoop)... (06>08.07) // Memories (M.A. de Mey) (07 & 08.07) // Speak low if you speak love (Wim Vandekeybus) (07 & 08.07) // Le trait d’union (V. Demarcin, G. Kerbusch) (09.07) // Tricheries (K. Menine) (09 & 10.07) // Melvile sur scène (R. Renard, Dirty Monitor) (10.07) Concerts : Cats on Trees (02.07) // Osteria au carré (03.07) // Contemporary Sounds of Poland (04.07) // Dominique A (05.07) // Chastity Brown (06.07) // Saule meets Eusebio Martinelli Gipsy Orkestar (07.07) // Omer Avital (08.07) // Cross-over (09.07) // Arno (10.07) //The Soul Rebels Brass Band (11.07) Jusqu’au 11.07, Mons, divers lieux, divers horaires, 25/20/11/4/3€/ gratuit, pass (3 à 21 entrées) : 24>168€, www.lemanege.com, www.mons2015.eu


pluridisciplin

aire

Mon Inouïe

Symphonie

jeu de mots (Alice Lescanne et Sonia Derzyposloki), Baptiste Brunello, Stand Out ! (Philippe Wicht), Fantaisies Oniriques (Barbara Carlotti), Bal Grand Duc par les Cavaliers du disque, DJ Youyou et DJ Fauvette (04.07, 20h) // Un faible degré d’originalité (Antoine Defoort) (05.07, 16h) + Salon de la petite édition (03>05.07)

Self Made Man (Nina Santes), L’action de se désennuyer (Dominique Gilliot), Mathilde Fernandez, Chicaloyoh (Alice Dourlen) (03.07, 20h) // Pardon du

03>05.07, Dunkerque, Entrepôt 4 .IV- Fructôse – Môle 1 – Quai Freycinet 4, divers horaires, 8/5/3€/ gratuit, www.fructosefructose.fr

exposition

© Benoit Piret

ARTour

Mathilde Fernandez © DR

Sur la route des festivals, on tombe parfois sur des ovnis. Mon Inouïe Symphonie en est un. Cet événement dédié à la performance (théâtre, danse, musique) cherche à s’adresser au public différemment, en revendiquant la « bizarrerie ». On y croise par exemple Antoine Defoort qui, avec Un faible degré d’originalité, livre une conférence aussi drôle que documentée sur la propriété intellectuelle dans l’art. Iconoclaste. J.D.

à l’heure où le burn-out est en passe d’être reconnu en France comme une maladie professionnelle, la biennale d’art contemporain de la Louvière décortique notre rapport au travail. Critique, cynique ou drôle, ce regard porté sur l’Homo Faber se décline en sculptures, installations, illustrations, arts numériques... Citons l’absurdité désopilante qui transpire des Lettres de non-motivation que Julien Prévieux adresse à des employeurs, à qui il explique les raisons pour lesquelles il ne postulera pas à l’offre proposée. Plus effrayantes, les machines organiques affamées de Denis Mahin et Michaël Matthys ont réduit les hommes qui les servent à l’état d’esclave. Un travail d’utilité générale ! J.D. Jusqu’au 30.08, Divers lieux, Houdeng-Aimeries, La Louvière, Morlanwelz, Soignies, Divers tarifs, www.ccrc.be



Funambus © Fred A

aire pluridisciplin

52 dossier festivals

Pile au rendez-vous La particularité de ce festival ? Il a été monté par les habitants du quartier du Pile, en collaboration avec la Condition Publique. Le thème de cette 8e édition, « Pile d’Art et d’Histoire », se décline à travers des spectacles, concerts et repas de quartier. à ne pas manquer – vous ne le pourrez pas de toute façon – les constructions monumentales en carton (!), érigées sous la houlette du plasticien Olivier Grossetête. Permis de construire, ateliers & animations, pique-nique au crépuscule (3€), Funambus (Cie Underclouds) (04.07) // Permis de construire, Battle D.Street Contest (3€), Déconstruction des monuments à « l’arach » (05.07) 04 & 05.07, Roubaix, La Condition Publique, divers horaires, 3€>gratuit, www.laconditionpublique.com

pluridisciplin

aire

Musique

Les rutilants

Openluchttheater

Voici un festival qui ne manque pas d’air(s). Entre le bal latino-roots de la Cie Belle Image ou le concert humoristique des Autrichiens de Mnozil Brass, la fanfare est mise à l’honneur ! Ce patrimoine du Bassin Minier s’enrichit au contact d’invités béninois (Eyo’nlé Brass Band), du métissage de la Cuivraille voire du jeu sur coquillages de Stromb ! Y a-t-il Terril en la demeure ?

Voici LA destination verte de l’été. Planqué au cœur des 130 hectares du parc Rivierenhof, on trouve l’Openluchttheater. Un théâtre ouvert, donc, qui accueille deux mois durant une trentaine de concerts. Et pas de la petite bière ! En juillet, après Marcus Miller et avant Juliette Gréco, ce sont les tauliers du hip-hop ricain Public Enemy qui baguenaudent dans la campagne anversoise !

Mnozil Brass, Yes Yes Yes !... (02.07) // La Belle Image, Un Monde en Fanfare ... (03.07) // «La Concorde» de Libercourt... (04.07) // Eyo’nlé Brass Band, Trouba Ch’ti Orkestar…, Fanfare Tropikal, Stromb, La Fanfare en Pétard, La Cuivraille... (05.07)

Rufus Wainwright (07.07) // Marcus Miller (11.07) // Public Enemy (14.07) // Juliette Gréco (20.07) // Wim Mertens (22.07) // Lamb (29.07) // Stacey Kent (08.08) // The John Butler Trio (13.08) // Simple Plan (25.08) // My Morning Jacket (01.09) // Milow (04.09)...

02>05.07, Oignies, Métaphone, parvis des concerts, divers horaires, gratuit, sauf spectacle au Métaphone : 23>5€, 9-9bis.com

Jusqu’au 04.09, Province d’Anvers, domaine provincial Rivierenhof, théâtre de Deurne, 19h, divers tarifs, wwww.openluchttheater.be



Musique

TW Classic

Robbie Williams © DR

Robbie Williams, Anastacia, Faithless… Le line-up rappelle un bon vieux classement du Hit Machine (ils sont où Charly et Lulu ?). Habituellement, TW Classic sort un monstre sacré de son chapeau (The Rolling Stones, Springsteen...). Disons que cette année, la pêche fut moins miraculeuse. The Scabs, Anastacia, Texas, Anouk, Faithless, Robbie Williams 04.07, Werchter, Festivalpark, 14h>00h55, 141/81€, www.twclassic.be

Main Square festival

Musique

Le mois dernier, on évoquait le festival arrageois en vous disant tout le bien qu’on pensait du rap hybride et malin de ILoveMakonnen ou du songwriting des Flamands d’Oscar & The Wolf. On n’a pas changé d’avis depuis, mais on revient cette fois sur l’electro mutante de Rone ou les compositions plus vagabondes de Fakear. Deux performances prometteuses ! Lenny Kravitz, Shaka Ponk, Hozier, Patrice, George Ezra, Rone... (03.07) // Muse, Skip The Use, Madeon, Fakear… (04.07) // Pharrell Williams, Iam, Sam Smith, The Avener, Oscar & The Wolf, ILoveMakonnen...(05.07) 03>05.07, Arras, La Citadelle, complet sauf ven, 49€, mainsquarefestival.fr

Couleur Café

Derrière ce nom gainsbourien se cache un festival résolument ouvert et moderne. Concrètement ? Une affiche équilibrée entre Jedis et Padawans du hip-hop, de la soul, du reggae – laissant une belle place à l’electro. Mais, alors qu’on se réjouissait de la présence du Wu-Tang Clan et de Cypress Hill, voilà qu’on apprend la venue de leur confrère Busta Rhymes et son flow supersonique. Woo-Hah !

Busta Rhymes © DR

Musique

Wu-Tang Clan, Crystal Fighters, The Magician, Kavinsky, Wyclef Jean... (03.07) // Busta Rhymes, Etienne De Crécy, Caravan Palace, Flavia Coelho, Israel Vibration, 1995... (04.07) // Groundation, Cypress Hill, Joey Bada$$, Milky Chance, Sergent Garcia, Buraka Som Sistema, Lefto... (05.07) 03>05.07, Bruxelles, Tour & Taxis, 1 jour : 39€, pass 3 jours : 95€, www.couleurcafe.be



A$AP Rocky Š Julian Essink

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Musique

les

Ardentes

Le festival Les Ardentes n’a pas 10 ans, et il occupe déjà le trio de tête des festivals belges. Cette croissance phénoménale s’explique par un culot tout liégeois, un cadre idyllique et une attention particulière accordée à des musiques souvent en marge des grands rendez-vous pop-rock. En 2006, Liège, troisième ville de Belgique, se dotait de son propre festival. La première édition afficha d’emblée la couleur en accueillant pendant trois jours têtes d’affiche (Indochine, Modeselektor...) et découvertes. L’année suivante, l’événement poursuivit sa gonflette en lorgnant vers les artistes les plus cotés (Air, Archive...) sans jamais perdre de vue le cadre bucolique – et central – du parc Astrid. Dans la foulée, l’organisation inaugura même Les Transardentes, une déclinaison hivernale et électronique. Certes, cette évolution rapide a eu un impact sur le prix des pass, qui subit lui-même la flambée des cachets artistiques, mais reste dans la moyenne pratiquée en Belgique. Et maintenant ? — L’an passé, 76 000 festivaliers se sont rués vers la Cité ardente pour profiter d’un festival soucieux de l’environnement et qui ménage comme nul autre une place importante aux musiques dites « urbaines ». Cet été, Kendrick Lamar, The Dø, La Smala, Starflam, Cœur le plateau rap est des plus impressionde Pirate, Denzel Curry, Flatbush Zombies, Hesytap Squad... (09.07) // A$AP Rocky, De La Soul, Paul nants : Kendrick Lamar, Nicki Minaj, Kalkbrenner, dEUS, The Avener, BRNS, Baxter Dury, Bonobo Dj Set, Claptone, FEU! Chatterton, FùGù D’Angelo et A$AP Rocky y feront leur Mango, Hanni El Khatib, Hercules & Love Affair, unique apparition belge, voire francoLapalux, Mount Kimbie, Oscar & the Wolf, Temples, Tom McRae... (10.07) // Nicki Minaj, Iggy Pop, belge. Au rayon légendes vivantes, le The Hives, Paul Weller, Benjamin Clementine, The Experimental Tropic Blues Band, Charlie Winston, « modfather » Paul Weller montrera aux Clark, Gaz Coombes, Great Mountain Fire, Roscoe, The plus jeunes qu’on peut sortir un chefCharlatans, Woods... (11.07) // D’Angelo, Nekfeu, Balthazar, Fauve, Erlend Øye, Sleaford Mods, Black Rebel d’œuvre rock après 40 ans de carrière, Motorcycle Club, Metronomy, Mountain Bike... (12.07) tandis que l’ « Iguane » Iggy Pop prou09>12.07, Liège, Parc Astrid, pass 1 jour : 70€, vera qu’on peut encore se tortiller sur pass 4 jours : 150€, www.lesardentes.be scène à 68 ans. Mathieu Dauchy


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Musique

Cactus festival

Grace Jones © Andrea Klarin

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On ne louera jamais assez ce petit festival qui refuse le sacrifice de l’intime au nom du succès. Le Cactus Festival n’a rien à voir avec les proverbiaux « grands raouts de l’été ». Ici, on prend son temps – pourvu qu’il soit beau – et on apprécie à leur juste valeur quelques artistes triés sur le volet. De la verdure, une scène unique, moins d’une dizaine de concerts par jour… Bref, on est loin des supermarchés du live proposés à peu près partout ailleurs. Reste à voir si l’affiche mérite qu’on se pose dans ce cadre bucolique. Oh, c’est certain, on ira au bar durant les vocalises d’Anna Calvi, et les locaux de l’étape (Goose, Balthazar, dEUS) ne sont pas les plus rares. Mrs Jones — En revanche, on se réjouit de (re)découvrir, dans ce havre de paix qu’est le Minnewaterpark, les ballades vénéneuses de Perfume Genius ou l’intimisme de Timber Timbre – d’autant que sa tête pensante, Taylor Kirk, est aux manettes du prochain album de Lou Doillon. Tout aussi délicats, les empilements sonores electro-soul de Sohn, qui contrastent avec les rythmes sauvages des rockeurs californiens de Black Rebel Motorcycle Club. Enfin, on se pointe, en curieux, à la prestation de Grace Jones. La chanteuse musculeuse incarne à elle seule tout un pan des eighties : Gabriel Rios, Goose, Grace Jones, Perfume Genius, shootée par Jean-Paul Goude, l’ex Jake Isaac (10.07) // Balthazar, Black Rebel Motorcycle Club, Timber Timbre, Jessie Ware, Mop de Dolph Lundgren fut également Mop (Instrumental Combo) Feat Anthony Joseph, aperçue chez Alex Cox (Straight To Sohn, John Hiatt... (11.07) // Benjamin Clementine, Anna Calvi, The Kooks, Thurston Moore (Sonic Youth), Hell, 1987), aux côtés de Schwarzy deus, Two Gallants, Dans Dans... (12.07) (Conan Le Destructeur, 1984), mais 10>12.07, Bruges, Minnewaterpark, 1 jour : 55/45€, aussi chez Gérard Pirès (Attention Les pass 2 jours : 91/78€, pass 3 jours : 117/105€, www.cactusfestival.be Yeux !, 1976). Eh ouais. Thibaut Allemand



Gent jazz

Festival du Conte de aire pluridisciplin Chiny Et si, au milieu de cette pléthore de festivals musicaux, on se posait un peu pour écouter la bonne parole des conteurs ? à Chiny, on se raconte des histoires de l’aube au crépuscule. En salle, en pleine nature et même en barque, le long de la Semois, à la découverte des truculentes sorcières de Christian Schaubroeck. Mais attention : si les enfants sont bien servis, les adultes ne sont pas en reste. Quelques-uns de ces récits risquent de vous faire un peu rougir – et beaucoup rire – tels ces grivois secrets que Nora Aceval nous dévoile dans La science des femmes. Avant de se laisser méchamment croquer, au Bal des loups de Patric Rochedy. J.D. Pet de nonne, frite & andouillette, Cabaret conte (10.07) // Barques de l’aube et du crépuscule (C.Schaubroeck), Sagesses du Mandingue, Sagesses de la Savane (M. Koné), Ils ont vu l’ogre et les busards (C. Schaubroeck & F. d’Ansembourg), La bataille du papier de toilette (M. Malinowski), Le bal des loups (P. Rochedy), La science des femmes (N. Aceval)... (11.07) // C’est la crise (J. Staudt), Balade contée (P. Rochedy), Rome (J. Thomas), Contes du magasin L’Heureux, Les Monts d’Arrée (P. Awen)... (12.07) 10>12.07, Chiny, divers lieux & horaires, sam & dim : 5€/gratuit – 12 ans, 15/7/5/4/1€/ grat, www.conte.be

Musique

Assis dans les jardins d’une ancienne abbaye, à l’ombre d’un verger, on se dit que le cadre à lui seul vaut le détour. On aurait tort de s’arrêter là. Le Gent Jazz Festival s’affiche surtout comme une référence de la note bleue. Elitiste ? Même pas. Des pointures telles que Gregory Porter font de la place à Neneh Cherry ou au duo mexicain Rodrigo y Gabriela, qui passe le heavy metal à la moulinette flamenco. Mais, que vient faire Lady Gaga ici ? Elle accompagne le légendaire crooner Tony Bennett. Bon, ça va… J.D. Bill Laswell... (10.07) // Charles Lloyd Quartet... (11.07) // Tony Bennett & Lady Gaga, Stéphane Belmondo Trio, Kurt Overbergh plays Billie Holiday... (12.07) // Melanie De Biasio, Andreya Triana... (15.07) // Rodrigo y Gabriela, Laura Mvula... (16.07) // Van Morrison, Bony King, Flying Horseman... (17.07) // Gregory Porter, Neneh Cherry... (18.07) 10>18.07, Gand, centre musical de Bijloke, divers horaires, 1 jour : 101>28€, pass 2 jours : 69€, pass 3 jours : 99€, www.gentjazz.com

Ambiance, Jon Batiste © Bruno Bollaert

© Jacques Delforge

Festival



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© Grooveman

dossier festivals

LaSemo

pluridisciplin

aire

C’est au cœur des superbes jardins à la française d’Enghien, non loin des vestiges du château, que se déroule la 8e édition de LaSemo (« la graine » en espéranto), festival investi dans le développement durable. On retrouve avec plaisir l’incomparable Arno et quelques facétieuses formations estampillées « chanson ». Cet espace hors du temps accueille aussi des forains et artisans gastronomiques. Une fête pour tous les sens en somme. Ayo, Cali, Dalton Telegramme, Deluxe... (10.07) // Arno, Collectif 13, Debout sur le Zinc, Robbing Millions... (11.07) // Alice Francis, Bénabar, Les Déménageurs, Les Wampas... (12.07) 10>12.07, Enghien, Parc, 1 jour : 34/5€, pass 3 jours : 74/10€ (enfant), www.lasemo.be

Musique

theatre

rock zottegem

Le Manifeste

Deux jours de live pour les fans de Classic 21. La new wave d’Orchestral Manoeuvres in the Dark (Enola Gay, Electricity...) et les Américains de Toto (Africa, Rosanna...) nous propulsent dans les années 1980. Placebo, qui s’apprête à fêter ses 20 ans de carrière, a finalement achevé sa crise d’ado nous dit-on. Et contre toute attente ici un plateau techno & house emmené par la légende chicagoane Green Velvet !

Et si on tentait de voir la société autrement ? Ici, les arts de la scène invitent à prendre du recul – mais en riant un peu, quand même. Ce rassemblement international pour un « théâtre motivé », mêle représentations et débats. Tandis que les pieds nickelés du Collectif Mensuel kidnappent Lakshmi Mittal (L’homme qui valait 35 milliards), la chorégraphie Latent Men questionne les genres. Et pas pour faire genre.

Saxon, Novastar, Toto... (10.07) // The Scabs, OMD, Arsenal, Placebo, Green Velvet... (11.07)

L’homme qui valait 35 milliards (Collectif Mensuel)... (10.07) // Résister à la peur (R. Montserrat), Discours à la Nation (B. Isaïa)... (11.07) // Latent Men (Korniag Theatre), Débat avec les Femen... (12.07)

10 & 11.07, Zottegem, Bevegemse Vijvers, ven : 45€, sam : 50€, pass 2 jours : 85€

10>12.07, Grande-Synthe, Palais du Littoral, 1 jour : 7/4€, pass 3 jours : 18€, www.lemanifeste.com



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Musique festival de

la

Côte

d’Opale

39e édition déjà pour ce festival maintes fois en difficulté ! Se déployant autrefois de Dunkerque à Berck, l’événement s’est recentré autour de cinq villes du Boulonnais, suite à des querelles de clochers qu’il est inutile de raviver. D’autant que la qualité artistique est toujours là, et le cadre pas moins idyllique. Patrick Dréhan, aux commandes depuis 1976, ne s’y trompe pas : « notre programmation musicale compose avec de magnifiques paysages ». En effet, la Côte d’Opale regorge de lieux atypiques, sortes d’écrins taillés pour les concerts. Ainsi, on est impatients d’entendre les harmonies kaléidoscopiques de Chassol au sein de la crypte de la cathédrale de Boulogne-sur-Mer. Relief — L’affiche est équilibrée : des noms illustres comme autant de locomotives (Alain Chamfort, Thomas Fersen) – emmènent de jeunes talents dans leur sillage. Citons Lena Mervil, originaire de La Madeleine, qui aura les honneurs de la première partie d’Ayo et du fidèle Calogero – c’est ici qu’il a donné ses premiers concerts. Patrick Dréhan ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur cette Alain Chamfort, Faada Freddy (11.07) // Boubacar Traoré (12.07) // Yilian Canizares, Liane Foly chanteuse de 22 ans, à situer « entre « crooneuse tour » (13.07) // Chassol, Ester Rada, Janis Joplin et Amy Winehouse ». De Didier Super (15.07) // Delphine de Vigan & la Grande Sophie « l’une et l’autre », Lena Mervil & Friends, Ayo l’electro minimale du suisse Verveine (16.07) // Lena Mervil & Friends, Calogero (17.07) // Igit, Yannick Noah (18.07) // Jérôme Lelard, Thomas aux envolées soul a cappella de FaaFersen, Verveine, Cie Retouramont (19.07) da Freddy, on admire plus que jamais 11>19.07, Hardelot, Le Portel, Outreau, Boulogne-surla beauté du relief, entre la Manche Mer, Desvres, divers horaires, pass : 100€, 1 jour : 35€ > gratuit, www.festival-cotedopale.fr et la mer du Nord. Julien Damien

Alain Chamfort © Thomas Vassort

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Dour

musique

festival

Carl Craig

feat. Mike Banks live

À ma gauche Carl Craig, légende de la techno de Détroit. À ma droite, Mike Banks, légende de… ah ben, de la techno de Détroit aussi. Bref, ces deux-là se connaissent bien et même si face à l’intransigeance de l’Underground Resistance en chef Carl Craig passe pour un réformiste, aucun doute qu’en live, le tandem ne fait pas de prisonnier. Si la sono est à la hauteur des attentes, on devrait se souvenir longtemps, très longtemps de ce set.

Snoop Dogg Aux dernières nouvelles, Snoop voulait devenir Président de Twitter. Pourquoi pas… Pour le reste, on pourrait écrire des (trois) feuilles sur le dandy déglingué. 1,93 m et 30 kg tout mouillé, mais un poids lourd du rap US reconverti un temps dans le reggae (Snoop Lion, on en rit encore). Une certaine forme d’élégance hip-hop.

© DR

© DR

Du bruit, de la fureur, de la poussière et beaucoup de musique, aussi. D’aucuns ont tendance à présenter ce festival comme un Spring Break, mais il ne faut pas oublier ce qui se passe sur scène ! L’affiche compte plus de 200 artistes, du hip-hop à la techno hardcore en passant par le reggae… Bref, si vous ne trouvez pas votre bonheur ici, on ne peut plus rien pour vous. Parmi tous ces noms, on en a choisi cinq. Pas évident. Thibaut Allemand


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© Claire Na

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Unknown Mortal Orchestra De l’influence de Daft Punk sur l’indie rock… Le dernier LP en date d’UMO doit beaucoup au disco funk revisité par le duo casqué. Plongeant dans des mélodies (parfois trop) cheesy, le trio se jette sur un dancefloor scintillant. À Dour, de dancefloor scintillant, il n’y a point. Mais on vous fait confiance.

Romare

Perc

À l’image de son label, Ninja Tune, Romare a les oreilles grandes ouvertes et confronte son electro, deep et soulful, aux sonorités africaines. Le résultat, absolument déroutant, a transformé ce petit maître de l’underground en valeur montante des musiques numériques de demain.

Ali Wells, alias Perc, est le chantre d’une acid techno brutale, sévère mais juste. Le boss de Perc Trax (Truss, Mondkopf, Clouds…), est un amoureux des kicks en pleine tête, des sons saturés et jamais nettoyés. Rythmes vicieux, basses meurtrières, le monde devient noir – joyeusement noir.

Jungle, La Smala, 2 Many Dj’s, Sbtrkt (15.07) // Isaac Delusion, Flume, Agoria, Kaytranada, Young Fathers, Yelle, Modeselektor, Cashmere Cat, Lee Fields, Unknown Mortal Orchestra, Carl Craig, Krs-One, Fabrice Lig, Mark Ronson, Model 500 (Juan Atkins, Mike Banks, Dj Skurge Et Mark Taylor), Starflam, Kink, Romare... (16.07) // Thylacine, C2C, Kaaris, Gojira, Cocorosie, Superpoze, Tony Allen, Nina Kraviz, Kid Francescoli, Klub Des Loosers, Robert Hood, Dixon, Deerhoof, Sunn O))), Roscoe, Zion Train, Zola Jesus, Mugwump...(17.07) // Rone, Lauryn Hill, Jessica93, Brns, Laetitia Sheriff, Mø, Timber Timbre, Horace Andy, Carl Barât, The Drums, Goose, James Holden, Lefto, Autechre... (18.07) // Chinese Man, Snoop Dogg, Nneka, Fritz Kalkbrenner, Acid Arab, Palma Violets, Klangkarussell, Guts, The Ex, Simian Mobile Disco, Marcel Dettmann, Santigold, Rødhåd, Recondite, Dj Tennis, âme, Compuphonic, Seth Troxler, Darius, Eagulls... (19.07) 15>19.07, Dour, 1 j : 60/50€ (sauf mercredi : 25€) Pass 5j : 140/120€, www.dourfestival.eu


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Rock en Stock, Chinese Man © BOBY

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Musique

Rock en stock

Du métal, du rock, du punk, du folk… il y a beaucoup de bruit sous le chapiteau. Mais pas pour rien ! Z’étaient chouettes les groupes du bord de mer... Arno, Les Wampas, Les 3 Fromages, Anorak, Ginger, Bärlin... (25.07) // L’Ombre du 8, Twin Twisters, 5 Marionnettes sur ton Théâtre, Zoe, Banane Metalik, Chinese Man, Mister Eleganz... (26.07) 25 & 26.07, Etaples-sur-Mer, sam : 12h, dim : 9h, 1 jour : 15€, 2 jours : 20€, www.rockenstock.org

Francofolies de Spa De la musique francophone au sens (très) large. De Brigitte à Baden Baden, on évite quelques scories (vous les trouverez) pour tomber sur de vrais talents, comme Benjamin Schoos. Daan, Benjamin Schoos, Kyo, Sharko (17.07) // Cali, Florent Pagny, BJ Scott... (18.07) // Cats on trees, Christophe Willem, Gad Elmaleh... (19.07) // Baden Baden, Brigitte, Calogero, Fréro Delavega... (20.07) 17>20.07, Spa, Parc de 7 Heures + Place de l’Hôtel de Ville, Francopass : épuisé, 1 jour : 55,50>27,50€, www.francofolies.be

Boomtown Un line-up pop-rock soigné qui propose de découvrir, sur des scènes extérieures gratuites, des pépites comme Unknown Mortal Orchestra ou BRNS. Qui dit mieux ? Great Mountain Fire, Unknown Mortal Orchestra… (21.07) // Jacco Gardner, Lambchop... (22.07) // BRNS, Flip Kowlier... (23.07) // The Hickey Underworld, Gabriel Rios...(24.07) // Modern Art, Dans Dans... (25.07) 21>25.07, Gand, Handelsbeurs, Pass 1 jour : 18>6€, Pass 5 jours : 40€, www.boomtownfestival.be

Ronquières festival Très bucolique, ce plan incliné de Ronquières. Et pratique avec ça : on roulera loin dans l’herbe pendant les concerts de Kyo et de Christophe Willem, en attendant Jacco Gardner, dEUS et Balthazar. dEUS, Charlie Winston, Brigitte, Balthazar, BRNS, La Smala… (01.08) // Shaka Ponk, Kyo, Christophe Willem, Fréro Delavega, Jacco Gardner, Great Mountain Fire... (02.08) 01 & 02.08, Ronquières, plan incliné, 1 jour : 38€, 2 jours : 60€, www.ronquieresfestival.be



Musique

Irie

Vibes Roots

Musique

Lokerse Feesten Les grands plats dans les gigantesques. C’est à peu près ainsi que se conçoit la programmation du Lokerse Feesten. Cette édition ne déroge pas à la règle et invite les Écossais de Belle And Sebastian, Jesus And Mary Chain rejouant en intégralité l’ode au larsen Psychocandy (1985), Mark Lanegan, Leftfield…. N’oublions pas la machine munichoise Giorgio Moroder, ni Chic feat. Nile Rodgers. Un intitulé qui prête à sourire : Rodgers ayant fondé Chic, pourquoi «featuring» ? Si certains l’ont découvert via Daft Punk, n’oublions pas que le co-auteur de Get Lucky a produit des tubes en cascade pour Bowie (Let’s Dance), Madonna (Like a Virgin), Diana Ross (Upside down) ou INXS (Original Sin) – attention au choc. T.A. Mika, Martin Solveig... (31.07) // The Kooks, Belle and Sebastian, dEUS... (03.08) // Tom Jones, Status Quo... (04.08) // Mark Lanegan, The Jesus And Mary Chain, Kaiser Chiefs... (05.08) // Tori Amos, Oscar And The Wolf, Raving George... (06.08) // Etienne de Crécy, Leftfield, Goose, Trentemøller (07.08) // CHIC ft Nile Rodgers, Giorgio Moroder… (08.08) // Stephen ‘Ragga’ Marley, Robert Plant... (09.08) 31.07>09.08, Lokeren, Grand Quai, 1 jour : 45>32€, Pass 10 jours : 140€, www.lokersefeesten.be

Dans un cadre vert, forcément vert, l’association Green Forward invite les pointures reggae. Non, ce ne sont pas les plus célèbres. Mais chacune, à sa manière, a posé sa pierre à l’édifice – en Jamaïque et outre-Manche. Citons Vivian Jones, ex-protégé de Junior Reid et auteur de duos légendaires avec Sylvia Tella ou Debbie Gordon… Excusez du peu ! C’est toute la force de ce festival : réjouir les connaisseurs tout en conservant un esprit de fête de village ouverte à tous. Chapeau ! T.A. Donette Forte & the Urban Lions, Jah Marshall Soundsystem & Mighty Massa, IQulah Rastafari, Woekie, Lazarus Soundsystem, Jah Works soundsystem (24.07) // Chalice Soundsystem, Word sound & power ft Jimmy Ranks, The Rhythmites, La Familya, Mark Wonder, Vivian Jones, Black Slate, Kundabuffi, Bizarorama, Ed & The Gators, Ben Cane, Musika Agresija... (25.07) 24 & 25.07, Kronevoordestraat, Handzame, 1 jour, ven : 30/20€, sam : 35/25€, pass 2 jours : 45/35€, www.dev-greenforward.be

© DR

Nile Rodgers © DR

Festival



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The Dø © Alice Moitié

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les Nuits

Musique

Secrètes

En sus d’avoir donné ses lettres de noblesse à Aulnoye-Aymeries, Les Nuits Secrètes ont imposé une patte, un style, une méthode. Familial et défricheur, pointu et rassembleur, l’événement s’est fait une place parmi les plus grands en moins de quinze ans d’existence. Si la plupart des festivals séjourne dans des lieux isolés ou en marge des grandes villes, Les Nuits Secrètes ont la particularité d’emménager au cœur de la cité. De plain-pied dans la commune, le festival fait découvrir (et redécouvrir) Aulnoye-Aymeries aux mélomanes : du Jardin à la Grande Scène en passant par la Bonaventure, autant de rues à arpenter, de paysages à admirer. En près de 15 ans, l’événement familial a su fidéliser le public. Au-delà de l’originalité des lieux, c’est la programmation qu’il faut saluer. On se souviendra longtemps de Marianne Faithfull sur la Grande Scène, des laborantins Battles, des claques infligées par Boys Noize et Mr. Oizo, sans parler de l’exubérance novö punk de La Femme ou du come-back des Innocents. équilibre — Question : Comment se renouveler après un tel palmarès, et rivaliser avec les éditions précédentes ? En conviant des noms fédérateurs (Girls In Hawaii, The Dø) et des valeurs sûres electro (DDDXIE, N’to, Acid Arab…). The Dø, Balthazar, Salut C’est Cool, N’to, Jungle, Boris Brejcha, Tijuana Panthers, Traumer, Portico, En restant ouvert aux sons d’ailleurs, Meridian Brothers (31.07) // Fauve, Asaf Avidan, Songhoy Blues, Superpoze, Grand Blanc, Minuit, avec Songhoy Blues ou Vaudou Game. Jungle By Night, Etienne Jaumet, Deluxe, Jeanne En conviant des génies trop méconnus Added, Cosmonauts (01.08) // Groundation, The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band, Vaudou (l’infatigable chercheur de sons Pierre Game, Acid Arab, Girls In Hawaii, Mountain Bike, Dddxie, Urban Junior, Cosmonaut (02.08) Bastien) et des phénomènes qui divisent Parcours secrets : Jeanne Added, Meridian Brothers, à coup sûr (Fauve). Ah, et en conservant Martin Mey, Portico, Volgograd, Pierre Bastien, bien sûr la brillante idée que sont les ParThe Mamy’s and The Papy’s cours Secrets : monter dans un bus et filer 31.07>02.08, Aulnoye-Aymeries, divers lieux, Jardin : 12, 99€, Bonaventure : 10,99€, grande scène : gratuit, n’importe où pour voire n’importe qui... superpass 3 jours : 54,36€, pass jardin, 32,99€, mais jamais n’importe quoi ! Vincent Lançon www.lesnuitssecretes.com


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aire

© Gaetan Nadin

pluridisciplin

Esperanzah!

Si l’on se méfie de tout ce qui porte une étiquette « engagé » – de l’art, du cochon, des endives, etc. – force est de constater que l’adjectif n’a rien de galvaudé chez Esperanzah! D’ailleurs Jean-Yves Laffineur, son directeur, lui préfère celui de « conscient ». Depuis 14 ans, les organisateurs de ce rendez-vous alternatif s’échinent à montrer qu’« un autre monde est possible », persuadés que les arts – musique, théâtre de rue, cinéma – peuvent « changer les mentalités ». Concrètement, cela se traduit par un authentique souci écologique et éthique (difficile de trouver ne serait-ce qu’un Coca Cola sur le site du festival, la place est réservée aux produits équitables). Valeurs — L’engagement citoyen est poussé à son paroxysme avec l’organisation de débats menés par des associations environnementales ou solidaires. En point d’orgue, une campagne de sensibilisation à la conférence Climat 2015, qui se tient en décembre à Paris. Jean-Yves Laffineur revendique ainsi une « programmation différente, en cohérence avec nos valeurs », dans le choix des partenariats et des artistes, qui Musique : Alpha Blondy, John Butler Trio, doivent partager cette sensibilité. Parmi Starflam, Ibeyi, Faada Freddy... (31.07 ) // les 36 groupes attendus dans le bucoMelody Gardot, Nneka, Gramatik, The Avener Dj set, Massilia Sound System, Ana Tijoux, Demi lique cadre de l’abbaye de Floreffe, on Portion, Kris Dane, Moaning Cities, Mochélan, attend les soul sisters d’Ibeyi – qu’on ne Orchestre International du Vetex... (01.08 ) // Asaf Avidan, Chinese Man, Seun Kuti & Egypt présente plus – le collectif Chinese Man 80, Biga Ranx, Lisa Simone, Dubioza Kolektiv, et leur métissage electro, swing, hip-hop, Songhoy Blues... (02.08) ou la « citoyenne du Monde » Melody Programmation arts de la rue et cinéma : www.esperanzah.be Gardot, icône « world » (le terme fera bondir certains…) s’il en est. Julien Damien 31.07>02.08, abbaye de Floreffe, 1 jour : 41>30€, pass 3 jours : 84>67€



Musique

Wecandance

© Maxime Byttebier Fotografie

On n’est pas bien là, à la fraîche, les pieds dans le sable, la mer du Nord pour horizon ? Entre deep-house et techno, ce beach festival invite les clubbers à se désaper en dégustant les plats des « étoilés » Sergio Herman et Nick Bril. Idéal pour affronter la belle vague de sets dispensés par Louisahhh !!!, Andrew Weatherall et Damian Lazarus. Damian Lazarus, Dj Deep, Francesca Lombardo, A.N.D.Y., Andrew Weatherall, Louisahhh !!! , Optimo, Para One, Tlp... 08>09.08, Zeebrugge, 12h>00h, 1 jour : 42€, pass deux jours : 70€, wecandance.be

Festival de théâtre de Spa

Theatre

Du théâtre (en salle, dans la rue), des lectures, des rencontres… Spa met le 6e art à l’honneur, et propose même une formule « bains et théâtre », pour se détendre avant d’assister aux spectacles. Parmi la trentaine de propositions, on plonge dans le Destin de Fabrice Gardin, un huis-clos entre deux femmes que tout oppose, et qui sortiront bouleversées – comme nous – de leur rencontre. Destin (Fabrice Gardin) (07, 08 & 09.08)… 07>16.08, Spa, centre culturel + divers lieux, divers horaires, pass 3 spectacles : 60>18€, pass 4 spectacles : 80>24€, 1 spectacle : 28>7€, www.festivaldespa.be

Tomorrowland

Dans la bien nommée bourgade de Boom, on trouve l’un des plus gros festivals electro du monde. Il ressemble à quoi, le « monde de demain » ? 16 scènes, 200 000 teufeurs de toute la planète dans un décor au goût contestable (entre le conte de fées et Disneyland). Côté prog’, il y a aussi à boire et à manger (Tiësto, David Guetta, aperçu en gourou-tripé l’an passé). Ici, on a repéré Cajmere, Richie Hawtin, Jamie Jones et Maceo Plex.

© DR

Musique

David Guetta, Carl Cox, Dubfire, Monika Kruse, Cajmere, Jamie Jones, The Martinez Brothers, Derrick Carter (24.07) // Martin Solveig, Josh Wink, Maceo Plex, Seth Troxler, Sven Väth, Rødhåd (25.07) // Tiësto, Bob Sinclar, Dave Clarke, Green Velvet, Paul Kalkbrenner (Live), Richie Hawtin, The Avener (26.07) 24>26.07, Boom, Schorre Recreation Area, Complet, www.tomorrowland.com



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Benjamin Clementine Š Micky Clement

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Brussels

Musique

Summer Festival Vous avez fait le plein de décibels tout l’été, il ne vous reste plus un kopeck et le cafardeux mois de septembre pointe déjà le bout de ses antennes… Que faire ? Prenez-donc la direction du Pentagone ! Non, pas ce repère d’Américains belliqueux. Mais le quartier historique de Bruxelles où se tient le généreux Brussels Summer Festival. « Rapport qualité/prix, c’est le festival le moins cher d’Europe », assure le directeur du BSF, Denis Gerardy. On le croit. à l’heure où l’on écrit ces lignes, vous pouvez toujours trouver des pass à 60 € qui donnent accès à dix jours de concerts, soit une bonne centaine d’artistes disséminés, chose rare, en plein cœur de Bruxelles. C’est bien joli tout ça, mais pour écouter quoi ? Du rap, du rock, du reggae, entre têtes d’affiche et découvertes… Un bon vieux line-up fourre-tout, donc ? Que nenni ! « éclectique », défend Denis Gerardy. On confond parfois les deux, mais la différence tient à peu de choses : le bon goût. Scène royale — Pas convaincus ? Citons Etienne Daho, Archive – programmés sur une scène située en face du Palais Royal ! – ou Benjamin Clementine, la voix soul de l’année, qui se produit à La Madeleine, l’une des plus belles salles de la capitale. Même lieu, même prénom Charlie Winston, Great Mountain Fire, Bony King... mais autre ambiance avec Benjamin (14.08) // Natas Loves You, Mud Flow, Cats On Trees, Schoos, créateur d’une pop luxueuse Moriarty... (15.08) // Gonzo, Sharko, Magnus, Le Prince Miiaou, Soldout... (16.08) // Heymoonshaker, Pierpoljak, et futuriste. On aurait aussi pu vous Benjamin Clementine... (17.08) // Intergalactic Lovers, Daan... (18.08) // Disiz, Black M, Benjamin Schoos, parler de la dark-wave d’inspiration Sabino Orsini & Jacques Duvall... (19.08) // Imelda houellebecquienne de Perez, du rock May, The Ting Tings, The Subs, Basement Jaxx, Joseph D’Anvers, Novastar... (20.08) // Girls in Hawaii, Etienne hybride de Magnus, des soirées « afDaho, Le Peuple de l’Herbe, Amadou & Mariam, My Little Cheap Dictaphone... (21.08) // Clinton Fearon, ters-electrocity » ou des concerts pour Biga Ranx, Flogging Molly, Triggerfinger, Therapy ?... les tout-petits au Musée des Instru(22.08) // Perez, Yelle, OMD, AaRON, Archive... (23.08) ments de Musique… mais on se dit 14>23.08, Bruxelles, Place des Palais, Mont des Arts, La Madeleine, Musée des Instruments de Musique, pass 10 que vous avez compris le principe. Julien Damien

jours : 60€ (70€ sur place), un jour : 88>9€, www.bsf.be


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Tyler, The Creator © DR

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Musique

cabaret Vert

Direction les terres natales de Rimbaud et du célèbre Woinic – oui oui, le sanglier ! Bon, trêve de clichés. Les Carolomacériens peuvent être fiers. Pour la 11e fois, Charleville-Mézières se mue durant 4 jours en « Cabaret vert ». Depuis sa création, l’événement a su attirer les foules et gagner en notoriété. « Malgré cet engouement le festival conserve une taille humaine et un goût pour le partage », insiste le directeur artistique, Christian Allex. Véritable « labo de pensée verte », on n’y trouve aucun produit industriel, ici on se sustente bio et local. Mais l’idée va bien au-delà. Le Cabaret Vert s’implique à longueur d’année en faveur du développement durable, en soutenant l’économie locale et la sensibilisation aux questions environnementales. Retour gagnant — Sinon, côté scène ? Entre petits nouveaux et anciennes gloires, l’affiche aiguise notre attention. On note d’abord un puissant plateau rap, avec les mythiques Jurassic 5, forcément old school, ou le plus grinçant Tyler, The Creator. Si vous ne connaissez pas Ratatat, précipitez-vous aux pieds du duo américain pour vibrer au son des guitares et jeux de séquenceurs. Pour garder le rythme mais envoyer valser les conventions on conseille Shamir, la très belle découverte disco house de cette Paul Kalkbrenner, Etienne Daho, Christine and the année, tandis que les Chemical Queens, Benjamin Clementine, Shamir, Son Lux... Brothers annoncent un retour toni(20.08) // The Chemical Brothers, Ratatat, Jurassic 5, Mr Oizo, The Shoes, Dan Deacon... (21.08) // Limp Bizkit, truant. Une pause bière dans tout Selah Sue, John Butler Trio, Jungle, Rone... (22.08) // ça ? Oui, mais pas trop longtemps. Hubert-Felix Thiefaine, Tyler, The Creator, Fakear, Kitty, Daisy & Lewis... (23.08) Car le Cabaret articule aussi sa prog’ autour des arts de rue, de la 20>23.08, Charleville-Mézières, Square Bayard, Pass 4 jours : 83€, pass 3 jours : 57€, pass 1 jour : 34€ BD et du cinéma. On sait recevoir sauf le dimanche : 6€ dans les Ardennes. Amélie Comby



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Pukkelpop

musique

© DR

© Jamie-James Medina

Pukkelpop, c’est un peu le Dour flamand un poil plus ordonné. L’affiche, elle, est à peine moins défricheuse que son homologue wallonne. Et nourrit le même casse-tête : qui va-t-on encore rater ? Face à cette profusion, on aura plus vite fait de choisir ce qu’on ne veut pas manquer – et là encore, la tâche est ardue. Thibaut Allemand

James Blake

Jamie XX

Revoilà le « petit prodige du postdubstep ». Cinq ans après ses débuts, on pourrait varier la présentation, c’est vrai. En même temps, le Londonien mutique, complice de Brian Eno, RZA ou Bon Iver, n’a guère changé son fusil d’épaule : des rythmes abyssaux, une voix légère et sensible, ou comment briser nos petits cœurs fragiles avec des basses subsoniques. La formule est magique, pourquoi en changer ?

Exit, le noir et blanc du premier LP de The XX (2009). C’est un nuancier Pantone qui contient le premier essai solitaire (ou presque) de Jamie XX. Aucun doute, donc, sur ce qui nous attend ici : une explosion de teintes, de l’electro en technicolor, du hip-hop fardé… En d’autres termes, d’éblouissants reflets des clubs londoniens. De quoi nous mettre la (g)ouache.


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© Jokko

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Natalie Prass Le charisme mutin de l’héritière de Dusty Springfield touche en plein cœur. Valses bordées de cuivres, handclaps ravageurs, lits de violons et haies de harpes, ces morceaux country, soul, pop semblent sans âge. Un havre de paix, loin des décibels et de la foule déchaînée.

Django Django

Tyler, The Creator

Confirmation pour Django Django, dont le deuxième LP a dépassé nos plus fols espoirs. Sur les planches, les Irlando-écossais la jouent débonnaires, conscients de la puissance de leurs étranges morceaux et ce, sans jamais se prendre au sérieux – ce ne sont pas les petits frères du Beta Band pour rien.

Hier, lui et son collectif Odd Future incarnaient l’espoir d’un renouveau du hip-hop. Un chemin pavé de mauvaises intentions, de beats crades et de samples tordus, sur lequel avance un flow rauque et rocailleux. À quoi s’attendre sur scène ? Eh bien, tout dépend de l’humeur du fils spirituel d’Ol’Dirty Bastard.

Fakear, George Ezra, Limp Bizkit, Django Django, Brodinski, Linkin Park, Interpol, Charles Bradley, Boys Noize, Jurassic 5, Mr Oizo, Future Islands, Curtis Harding, Ghost Culture, Hudson Mohawke, Roots Manuva, Madeon, Mountain Bike, Natalie Prass, The Neon Judgement... (20.08) // Acid Arab, Christine And The Queens, Chvrches, Daniel Avery b2b Erol Alkan, Diplo, Duke Dumont, Fat White Family, FFS (Franz Ferdinand & Sparks), Jamie XX, John Talabot, Len Faki, Little Dragon, Major Lazer, Mark Ronson DJ set... (21.08) // A-Trak, Allah-Las, Alt-J, The Dear Hunter, Four Tet, James Blake, Kate Tempest, The Maccabees, The Magician, The Offspring, Raving George, Ride, Shamir, Son Lux, Tale Of Us, Tame Impala, Tiga Live, Todd Terje & The Olsens, Tyler The Creator, Underworld, Viet Cong... (22.08) 20>22.08, Hasselt, Kempische Steenweg, Complet, sauf ticket combi (transport public SNCB & De Lijn + 4 jours de camping) : 199€, www.pukkelpop.be


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arts de rue

arts Chassepierre

Festival International des

de la rue

de

Parmi la nuée de festivals estivaux, ce rendez-vous dédié aux arts de rue offre un cadre exceptionnel, où les spectacles – cirque, théâtre, concerts – s’apprécient les pieds dans l’herbe. Dans les prairies, sur les places et jusqu’aux rives de la Semois… clowns, acrobates, équilibristes, jongleurs et musiciens naviguent entre terre et air. Pour l’occasion, tout le village de Chassepierre se mobilise. Cette charmante bourgade située pile entre la France et la Belgique voit en deux jours sa population passer de 200 à… 30 000 âmes ! Ambiance festive et organisation au poil assurées. Rêves d’été — Le thème de cette 42e édition, « Rêves d’été, rouages d’antan », promet un bel équilibre entre humour et poésie, voyage à travers le temps et mécaniques circassiennes bien huilées. On peut y apprécier le Circ Panic venu d’Espagne, qui donne le ton avec l’histoire d’un homme suspendu dans les airs dialoguant avec un musicien sur la complexité de la vie, ou les rêves célestes montés sur roue géante de la Cie Mirador, Okolo (Cie Mirador), Le médecin volant de Molière concrétisés par un enchaînement (Cie l’Art Osé), Zoo (Détournement d’Elles), L’homme qui d’acrobaties inattendues. Sans man- perdait les boutons (Circ Panic), Sodade (Cirque Rouages), quer Pol&Freddy qui, avec Le cirque L’enfant cosmonaute (Cie Des Chemins de Terre), Kermiz (Cirque du Platzak), Le cirque démocratique de la démocratique de Belgique, surfent Belgique (Pol & Freddy), Le Braquemard #1 (La Mondiale Générale), Un (Ezec Le Floc’h), Dans l’atelier (Tof sur une vague de drôlerie absurde et Théâtre), Il était une fois de trop (Thomas Delvaux), participative, où le public doit voter Le salon de tir photographique (Cie Les Balles Perdues), Le Manège du bastringue (Roue Libre), Faaar wouest pour faire avancer le spectacle. Un (Les Bonimenteurs)... programme détonnant, pour un fes22 & 23.08, 11h>00h, prévente (jusqu’au 21.08 à 19h), tival qui « résonne comme un air de 1 jour : 13/7€, 2 jours : 19/10€ ; sur place : 1 jour : 19/8€, vacances ». Marie Pons 2 jours : 29/12€, gratuit -6 ans, www.chassepierre.be

Cirque du platzak - Kermiz © Liselotte

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pluridisciplin

aire

Les [rencontres] Inattendues Mêlant lectures et débats philosophiques à une belle variété de propositions musicales, les Inattendues s’associent à Mons 2015 et son fil conducteur : « Where technology meets culture ». Et qui mieux que Bernard Stiegler pour coordonner cette programmation tournée vers les nouvelles technologies ? Directeur de l’Institut de recherche et d’innovation (IRI), ce philosophe spécialiste des technologies numériques inaugure ici une Académie d’été, soit trois jours d’ateliers lecture et écriture - proposés gratuitement en préambule. « Il souhaitait préparer le public et l’inviter à tenter, par le biais d’outils novateurs, l’improvisation en commun », explique Frédéric Mariage, directeur musical du festival. Transe — L’improvisation, vue comme le fer de lance du changement de notre société, traverse en effet chacune des 24 performances : au cœur de la cathédrale de Tournai, Frank Piérobon et Michel Portal débattent de son importance chez Mozart ou Bartók (Le souffle et l’inspiration). Dans la superbe cour de l’évêché, Ludovic Duhem et Nicolas d’Alessandro questionnent notre dépendance aux machines autour d’un « quatuor de tablettes » (Cyborg paradoxe, automatisation et impro). Point d’orgue de cette édition, Les Routes de l’impro marquent Ballet mécanique, Le Souffle et l’inspiration, The 2000 people band... (28.08) // Prospective et improvisation, la rencontre entre le poly-instrumenPaul Valéry, tenter de vivre, Après la répétition, L’âme tiste Bernard Lubat, le saxophoniste rom ou la modernité contournée, Okilélé, Mémoires d’un robot philosophe, Les Routes de l’impro, Crépuscule... Fabrizio Cassol ou le maître du tamani (29.08) // Cyborg paradoxe, automatisation et improvisaBaba Sissoko lors d’une soirée « qui tion, La Conférence des oiseaux, Orient/Occident : jouer ensemble, Soledad invite Portal… (30.08) pourrait bien se transformer en transe 28>30.08, Tournai, divers lieux, divers horaires, collective », glisse mystérieusement 18/14/10/7€/ gratuit, www.lesinattendues.be Frédéric Mariage… Marine Durand

© Véronique Pipers

dossier festivals




89 dossier festivals

interview

L’Intime Festival # 3

Inside Benoit Poelvoorde Propos recueillis par Julien Damien Photo Marianne Grimont

On connaissait l’acteur, le personnage « bigger than life », la tornade des plateaux de télé… un peu moins le passionné de littérature. Benoît Poelvoorde a créé l’Intime Festival il y a trois ans, lors d’un de ces moments de spleen qui le saisit parfois. S’il n’apprécie pas l’exercice de la promo, passant de l’hostilité à l’hilarité en une seconde, le Namurois nous ouvre les portes d’un jardin secret où il invite écrivains, comédiens, dessinateurs, musiciens à cultiver et partager leur amour des mots. Entretien sans fausse pudeur. Comment présenteriez-vous ce festival ? Je le résumerais difficilement, le principe est un peu obscur. Personne ne se lève le matin en se disant : « tiens, je vais faire un festival de l’intime ! » Je pense que c’est un caprice de gens heureux. En attendant, c’est déjà la troisième édition, et je prends toujours autant de plaisir à recevoir des gens extrêmement élégants. Rien de plus précis ? Je vais te le dire : je m’ennuyais beaucoup dans la vie, comme tous les gens gâtés… alors des amis m’ont demandé : « mais quelles sont tes passions ? ». J’ai répondu : « les bagnoles et les bouquins ». Donc, soit je monte un festival de tuning, mais ça ne va intéresser personne, soit j’organise un festival de littérature, mais il en existe un million, truffés de gens qui connaissent tout sur tout... Alors j’ai décidé de mettre en place un festival sur ce qui me touche le plus au monde : l’intime ! Quelque-chose qui appartient et parle à chacun de nous. Que pourrions-nous découvrir durant ce week-end ? Je souhaite avant tout partager un moment de grâce. Je n’ai pas de message à communiquer aux gens, je ne suis pas un homme >>>


« J’ai voulu éviter le côté fumeur de pipe qui lit de la poésie »

politique, mais je suis certain d’une chose : cela vaut le coup de titiller notre sensibilité. Ce n’est en aucun cas un festival du « je parle de moi », mais un festival du « j’ai peur de parler de moi ».

Et plus concrètement sur scène ? Vous allez vivre un moment rare face à des acteurs qui liront des textes qu’ils n’ont jamais joués. Le spectateur peut se sentir proche d’un comédien qui ne connaît pas forcément son bouquin. Il devrait partager quelques craintes et se demander : « va-t-il y arriver ? ». Chaque lecture ne dure pas plus de 40 minutes. Mais, la durée importe peu. Il faut surtout être prêt à écouter des textes profonds et touchants sur la guerre, les femmes, les autres, la terreur... Personne ne se sentira exclu parce que ces livres parlent à tout le monde. Une seule page de l’un d’entre eux peut changer ta vie. Avez-vous des coups de cœur ? Bouli Lanners va lire le bouquin d’un mec (ndlr : Phil Klay) qui a remporté le National Book Award, le plus grand prix qu’on puisse obtenir aux Etats-Unis. Il a fait la guerre en Irak et il a écrit un recueil de nouvelles. Il fallait trouver quelqu’un pour lire ça ! Pour rendre


compte d’une certaine souffrance, même si l’on est finalement loin de la guerre en Irak. On a choisi Bouli parce qu’il a le corps d’un homme de 40–50 ans, un peu fatigué. Il n’a jamais lu sur scène et il ne le fera plus jamais après. Auriez-vous aimé être écrivain ? Non, je n’ai pas cette prétention, j’ai trop de respect pour les textes et les lecteurs, vraiment. D’ailleurs, pour raconter quoi ? Mes années de douleur, comme Charles Aznavour ? Moi, je ne confonds pas se confier et se répandre. Et puis, je suis tellement paresseux… tu peux pas imaginer. C’est difficile de parler de soi. Et finalement, il y a tant de mecs qui expriment souvent ce que je ressens mieux que moi. Allez-vous lire vous-même ? Non, je l’ai fait la première année et je me suis rendu compte qu’il ne suffit pas d’apprécier un texte pour bien le lire. Cette fois là, j’étais accompagné de Laurent Gaudé, et ce fut une catastrophe. J’ai eu peur. Quel est votre livre préféré ? Le plus grand livre de tous les temps, ce seraient en fait quatre livres : Le Quatuor d’Alexandrie. Alors que je ne suis pas fan de l’écrivain… mais pour moi, il y a un avant et un après Lawrence Durrell. Quid de la littérature belge ? Ce que j’ai voulu éviter avec ce festival, c’est le côté fumeur de pipe qui lit de la poésie. En général, quand je vois arriver un écrivain belge, soit c’est une écrivaine, soit c’est un mec qui fume une pipe en me demandant des conseils... De toute façon, la bonne littérature ne s’embarrasse pas des frontières.

Grandes lectures : Fin de mission de Phil Klay lu par Bouli Lanners (28.08) // Mes amis d’Emmanuel Bove lu par François Morel, Ceux qui restent paroles de Paul Felenbok et Wlodka Blit-Robertson recueillies et mises en scène par David Lescot interprété par Marie Desgranges et Antoine Mathieu, Lambeaux de Charles Juliet lu par André Marcon (29.08) // Le fusil de chasse de Yasushi Inoué lu par Noémie Lvovsky, Portnoy et son complexe de Philip Roth lu par Eric Elmosnino (30.08) Entretiens : Jérôme Ferrari (Le principe), Laird Hunt (Neverhome), Stéphane Lambert (Nicolas de Staël. Le Vertige et la foi), Tom Lanoye (Esclaves heureux), Howard Mc Cord (L’homme qui marchait sur la lune), Emmanuelle Pagano (Lignes et fils, trilogie des rives, tome 1) // Lecture-rencontre : La sœur de Pascal Herlem, Carte blanche à Pierre Jourde // Illustration : rencontre avec Daniel Goossens, rencontre avec Joann Sfar // Théâtre : rencontre avec Jean-Marie Piemme // Opéra : Orphée et Eurydice de Gluck signée par Roméo Castellucci // Débat : à propos des blogs littéraires // Découverte : la revue Décapage // Conférence scientifique : les problèmes de santé de Tintin par Eric Caumes // Musique : Greg Houben Trio // Cinéma 28>30.08, Namur, Théâtre Royal, divers horaires, pass 1 jour (sauf les grandes lectures) : 10€, pass 2 jours (sauf les grandes lectures) : 16€, les grandes lectures : 54>14€, pass 2 jours + grandes lectures : 55€, www.intimefestival.be


92 écrans

Hill of Freedom

Conte d’été Texte Raphaël Nieuwjaer Photo Hong Sang-soo © Les Acacias

Le solaire Sunhi brille encore dans notre mémoire de tout son éclat que le nouveau Hong Sang-soo est déjà là. Pas de quoi se plaindre, évidemment. D’autant que les premières images de Right now, wrong then, son prochain film, ont commencé à circuler. En attendant, que penser de Hill of Freedom ? Beaucoup de bien.

R

amassé en 66 minutes, Hill of Freedom affirme le style du cinéaste, ce mélange de modestie technique, de banalité des situations, et de raffinement narratif. Revenue d’un séjour médical, Kwon découvre la dizaine de lettres que Mori, un ancien amour venu à Séoul dans l’espoir de la retrouver, a écrite durant son absence. De manière très classique, leur lecture offre l’occasion d’un


récit tout en flash-backs. Mais, idée aussi simple que brillante, ces souvenirs reviennent dans le désordre, Kwon ayant accidentellement laissé tomber son courrier... Loin d’être une astuce de scénario, Hong Sang-soo trouve là un nouveau moyen de défaire les chaînes de la causalité. Correspondances. La chronique de ces quelques journées d’attente, entre errances et rencontres, délivre un poème en prose sur le hasard et le temps. De petit bar en salon, on parle, on boit, plus que de raison évidemment. Mais, pour l’auteur de Matins calmes à Séoul, les détours (ceux du rêve, de l’écrit ou de la parole) sont toujours les moyens les plus directs de rapprocher les êtres. Le flash-back n’explique plus rien. Ce qui est, ou a été, aurait pu être différent. Fugaces, les passions se font plus intenses. Que cette composition se joue en mode mineur, avec peu de moyens, n’y change De Hong Sang-soo, Avec Ryö Kase, Moon So-Ri, Seo Young-hwa... rien : Hong Sang-soo n’en finit Sortie le 08.07. pas de nous bouleverser.


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Love and Mercy

Good (and bad) vibrations

© Arp Selection

écrans

Pour le grand public, Brian Wilson fut le compositeur et l’âme artistique des Beach Boys. Dans Love and Mercy, Bill Pohlad nous donne à voir la création en studio de Pet Sounds, le chef-d’œuvre du groupe, mais décrit aussi un talent torturé par les ambitions, et l’appât du gain qui anime son entourage. Pour parler de Brian Wilson, Bill Pohlad a voulu dépasser le cadre du « biopic de célébrité » et aborder le personnage sous l’angle psychologique. En se focalisant sur deux périodes clés : les prémices de l’album Pet Sounds (1966), considéré comme l’un des plus influents de l’histoire de la musique pop, puis sa rencontre avec sa deuxième épouse, Melinda Ledbetter. En choisissant deux acteurs, Paul Dano pour incarner Brian Wilson jeune, et John Cusack pour celui des années 1990, le cinéaste présente deux personnes différentes : l’artiste reconnu par ses pairs, et la vieille gloire fragile, manipulée par le docteur Eugene Landy, son psychologue. Musicalement, Love and Mercy a le mérite de nous plonger dans l’univers de l’artiste, avec de nombreuses scènes en studio. On peut néanmoins s’interroger sur le parti pris de la réalisation. En racontant la relation Wilson-Landy via le regard de Melinda Ledbetter, Pohlad offre à cette dernière un rôle central dans l’éviction de l’envahissant docteur, laissant la famille Wilson dans l’ombre, alors que c’est elle qui avait mené cette bataille juridique. Une vision manichéenne et partiale De Bill Pohlad, avec Paul Dano, de l’histoire, qui gâche un peu la bonne imJohn Cusack, Elizabeth Banks… Sortie le 01.07 pression laissée par le film. Nicolas Jucha



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Francesco Rosi

Ciné-réalité

Salvatore Giuliano © DR

écrans

La Cinematek consacre une rétrospective au cinéaste italien Francesco Rosi, décédé en janvier dernier à l’âge de 92 ans, et récompensé du Grand Prix du festival de Cannes en 1972. L’occasion de (re)découvrir une œuvre engagée et populaire, qui dénonçait les liens entre le pouvoir et la mafia. Précurseur du « film-dossier », qui mêle enquête et fiction, réalité et cinéma de genre, le réalisateur napolitain compte « parmi les plus engagés politiquement », selon Nicola Mazzanti, conservateur de la Cinematek. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie vit un boom économique qu’on qualifie de « miracle », mais gangréné par l’affairisme, la corruption et la mafia. C’est au cœur de ce système sulfureux que Rosi pose sa caméra. Ses films sont des sortes de documentaires « fictionnalisés », mais en quête de vérité, tandis que la télé et la presse sont contrôlées – « à cette époque, il n’y a que le cinéma qui peut dire ce qu’il dit ». C’est par exemple Main basse sur la ville, qui dénonce la spéculation immobilière à Naples. Ses successeurs sont ainsi plus à chercher du côté de Matteo Garrone (Gomorra) que du subjectif Michael Moore. Ce cycle retrace l’œuvre du maestro en 13 longs-métrages, sans omettre la seconde partie de sa carrière durant laquelle il cultive une veine plus poétique. Le plus surpreProg : Salvatore Giuliano (16.07) // Main basse sur la nant chez Rosi reste peut-être le ville (21.07) // Il momento della verita (25.07) // Uomini Contro (29.07) // L’affaire Mattei (31.07) // Lucky Luciano fait qu’il soit mort dans son lit, à (05.08) // Cadavres exquis (07.08) // Le Christ s’est arrêté à Eboli (08.08) // Trois frères (11.08) // Carmen (19.08) un âge canonique, alors que cette // Chronique d’une mort annoncée (22.08) // Oublier défense de la démocratie coûta la Palerme (26.08) // La Trêve (28.08) 16.07> 28.08, Bruxelles, Cinematek, divers horaires, vie à bien d’autres artistes, Pasolini 4//2€ la séance, www.cinematek.be en tête. Julien Damien



98 exposition

Paul Smith.


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Paul Smith

Classic with a twist Texte Marine Durand Photo Mini Cooper / Paul Smith Offices, London © Design Museum de Londres / DR

Après Londres et avant Tokyo et Pékin (excusez du peu), c’est à Hasselt, ville flamande de 70 000 habitants, qu’a fait escale au début de l’année l’une des expos de mode les plus inspirantes du moment. Fort d’un record de fréquentation, le ModeMuseum prolonge jusqu’à la mi-août Hello, my name is Paul Smith. Dernière chance pour les retardataires de pénétrer l’univers singulier du designer british.


100 exposition

Collection Homme automne/hiver 2014

«  Q

uand le Design Museum de Londres a demandé à Paul Smith s’il était d’accord pour que l’exposition soit présentée ici, sa première réaction a été : “Hasselt, mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ?!” », s’exclame Kenneth Ramaekers, à la tête du ModeMuseum depuis six ans. « L’évidence aurait été d’aller à Bruxelles ou Anvers, mais Paul, lui-même originaire de Nottingham, une ville de province, n’est pas du genre à choisir la facilité ». Pas peu fier de son coup, le jeune directeur peut aussi se targuer de présenter une version inédite de la rétrospective : avec le passage de l’Angleterre à la Belgique, le parcours a été augmenté de 400 m2, s’enrichissant d’une plus grande sélection de vêtements et d’accessoires ou d’un labyrinthe spécialement décoré de rayures, si chères au créateur.

Pur génie — De la reconstitution de la première boutique (9 m2 sur Byard Lane sortis de terre en 1970), à la réplique de son bureau, racontant en photos, livres, objets de design, la variété de ses inspirations, en passant par les sons et vidéos de la « salle numérique », tout ce qui était à Londres est aussi à Hasselt. C’est avant tout l’avènement d’une griffe de renommée mondiale que Kenneth Ramaekers et la conservatrice Donna Loveday ont souhaité montrer. « Paul Smith a bâti son empire pas à pas sans l’aide d’aucune banque, sans jamais s’appuyer sur un grand groupe. C’est du pur génie, et cela peut encourager beaucoup de jeunes créateurs à se lancer. » Inspirantes aussi, les chemises aux couleurs chatoyantes, les vestes et manteaux vendus dans le magasin d’origine, les collections féminines mêlant classe anglaise et brin de folie, issus des archives personnelles du styliste et distillés tout au long de l’exposition. Au détour d’une salle, une petite note signée de la main de Paul Smith résume aussi bien le personnage que le message relayé par l’exposition : « Everyday is a new beginning* ». * « Chaque jour est un nouveau commencement »

Hello, my name is Paul Smith, Jusqu’au 16.08, Hasselt, ModeMuseum, mar>dim : 10h>17h, 8/6/3€/ gratuit -12 ans, www.modemuseumhasselt.be



102 exposition

D’or et d’ivoire

Le goût des autres Texte Marie Tranchant Photo La Descente de croix, Paris, vers 1270-1280, ivoire, polychromie, Paris, Musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

La nouvelle exposition du Louvre-Lens s’intéresse aux échanges artistiques entre la France et l’Italie au xiiie siècle. Pour la première fois, on montre à quel point les représentants parisiens du gothique rayonnant ont influencé les sculpteurs et peintres toscans. Œuvres monumentales, micro-sculptures et manuscrits enluminés offrent au visiteur une vision globale de la richesse de cette époque.


Saint Jean pleurant, Prato, vers 1250, bois, polychromie tardive

de Cluny - Musée national du Moyen Âge

Masque feuillu (clef de voûte), Paris, collège de Cluny, 12691275, calcaire, Paris, Musée

© RMN-GP (musée de Cluny musée national du Moyen-Âge) / Michel Urtado ;

Moulage en plâtre de la Vierge du bras nord du transept de NotreDame de Paris, Paris, milieu du 19e siècle © photo Charles-Hilaire Valentin

D

eux matériaux précieux, l’or et l’ivoire, comme deux fils conducteurs, symboles d’une période. L’idée de s’intéresser aux échanges artistiques entre Paris et Florence, Sienne et Pise de 1250 à 1320 remonte « à une dizaine d’années », explique Xavier Dectot, commissaire de l’exposition avec Marie-Lys Marguerite. Plus de 125 œuvres sont présentées, dans une scénographie didactique – avec repères géographiques, chronologiques et architecturaux. « On pourrait croire que c’est un sujet pointu, il n’en est rien », explique notre hôte. On aborde l’exposition comme on le souhaite, dans ses moindres détails pour les amateurs d’histoire de l’art, ou en se laissant simplement porter par la beauté des sculptures monumentales, la précision des drapés, la minutie des pièces d’orfèvrerie et d’ivoire.

Du concret à toucher — Du gothique rayonnant aux prémices du style de la Première Renaissance, on assiste à « la formation d’un goût », indique Xavier Dectot. Plusieurs œuvres sont « placées en hauteur, car elles étaient faites pour être vues en contre-plongée », ajoute-t-il. Telle cette Vierge à l’Enfant de NotreDame de Paris. Pour mieux comprendre l’accrochage, une salle de médiation a été aménagée : on y touche de l’ivoire, du calcaire, du marbre, mais aussi des outils Jusqu’au 28.09, Lens, Louvre-Lens, tous les jours sauf mardi : 10h>18h, 9/ gratuit comme le burin, le maillet, le pinceau. -26 ans, www.louvrelens.fr L’exposition n’en est que plus vivante.


104 exposition

De Picasso à Jasper Johns

L’atelier d’Aldo Crommelynck Texte Julien Damien Photo Pablo Picasso, Fumeur à la cigarette verte, 1970 © Succession Picasso 2014 / Chuck Close, Self-Portrait, 1997 © 2015 Chuck Close

A

ldo Crommelynck (1931-2008) fut l’un des plus grands maîtres imprimeurs contemporains. Fils du dramaturge Fernand Crommelynck (Le Cocu Magnifique), il a attiré dans son atelier de gravure des artistes du monde entier, sur plusieurs générations : Georges Braque, Joan Miró, Alberto Giacometti… mais aussi Richard Hamilton, David Hockney ou Jasper Johns. Ceux-ci se bousculaient pour bénéficier de sa maîtrise technique et de la qualité de son accompagnement dans leur processus créatif. Toutefois, durant dix ans, Crommelynck ne s’est consacré qu’au travail de Picasso, jusqu’à quitter Paris pour s’installer à Mougins, où vivait l’Espagnol. Ils réalisèrent ensemble plus de 700 planches. à la mort du génie, en 1973, Aldo revint à Paris, avant de partir pour New-York. Cette exposition, qui s’articule autour de l’œuvre de Picasso, retrace ce bouillonnement créatif à travers une centaine d’estampes. L’enJusqu’au 06.09, La Louvière, Centre semble révèle un étourdissant foisonnede la gravure et de l’image imprimée, mar>dim : 10h>18h, 7/5/2€/gratuit, ment de styles mais rend aussi hommage www.centredelagravure.be au noble métier d’imprimeur d’art.



106 exposition

Courbevoie, Tour Manhattan © DR

The Simultaneous Promise © Abraham Cruzvillegas

Ces architectures qui nous emballent

Atopolis

Connaissez-vous la saccuplastikophilie ? Un mot taillé pour le scrabble désignant un goût immodéré pour les sacs plastiques. Avant d’être honnis des écologistes, ceux-ci constituaient une arme publicitaire, un suppôt de notre société de consommation. Des historiens de l’architecture ont extrait de ce singulier patrimoine culturel des pièces inédites illustrant divers édifices. Par leurs commentaires avertis, ils nous entraînent le long de ces représentations hybrides où le graphisme industriel côtoie l’imaginaire débridé des communicants. Une manière de revisiter des monuments à travers le prisme du merchandising… et même de la mode. Car la saccuplastikophilie se décline aussi en vêtements, un défilé est ainsi prévu au cours de l’exposition. Emballés ? Thomas Lansoud-Soukate

Atopolis ? Littéralement, « la ville idéale ». Une cité qui n’existe pas, donc, et où toutes les cultures cohabiteraient en harmonie. Cette exposition montée en partenariat avec le Wiels s’annonce comme l’un des grands rendez-vous estivaux de Mons 2015. Peinture, sculpture, photo, installation, BD... 23 artistes issus de tous les continents ont carte blanche pour bâtir leur propre Atopolis, abordant les questions de l’immigration ou du métissage. Utopique ? Peut-être. Mais nécessaire – et très à propos – au regard, par exemple, de l’ignoble tragédie qui se joue quotidiennement en Méditerranée. Une actualité dont se saisit Francis Alÿs en filmant des enfants qui s’enfoncent dans la mer pour se rejoindre à l’horizon. Métaphoriquement, hélas. Julien Damien

Jusqu’au 13.09, Lille, Maison de l’architecture et de la ville, mar>ven : 10h>12h30, 14h>17h, sam : 11h>18h, gratuit, www.mav-npdc.com

Jusqu’au 18.10, Mons, Manège de Sury, mar>dim : 12h>18h, 8/5€, www.mons2015.eu



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Strasbourg © Luc Schuiten

exposition

La cité végétale de Luc Schuiten Et si vous deviez imaginer la Terre en 2100 ? Pas évident. L’architecte visionnaire Luc Schuiten apporte un début de réponse. Défenseur de l’environnement et du biomimétisme (imiter la nature pour mieux innover), il conçoit des maisons atypiques à partir de la structure d’un arbre (Habitarbre). Et les villes du futur ? Inventant le concept d’« archiborescence », il dessine Shanghai et Strasbourg où l’osmose avec le végétal est totale. Schuiten imagine également de nouveaux modes de transport. On pourrait voler dans ses ornithoplanes – équipés d’ailes battantes à énergie solaire – ou bondir comme des « sautrailes », grâce à de gros ressorts. Mieux qu’un film de SF. Amélie Comby Jusqu’au 23.08, Lambersart, Le Colysée, mer>sam : 13h30>18h30, dim : 13h>19h, gratuit, www.lambersart.fr

Pascale Marthine Tayou Après son détournement des rituels d’une Afrique mondialisée (Gri-gri), le plasticien belgo-camerounais poursuit avec Boomerang son travail satirique sur le consumérisme et le concept d’identité nationale. Pascale Marthine Tayou mêle objets trouvés, matériaux organiques ou industriels, pour créer des installations foisonnantes qui nous invitent à la réflexion. Tel cet enchevêtrement de tuyaux de pompe à essence, constituant une violente charge écologique. Julien Damien Boomerang, vue d’installation, Serpentine Sackler Gallery © Reads 2015

Jusqu’au 20.09, Bruxelles, Bozar, mar>dim : 10h>18h, jeu : 10h>21h, 8/6€, www.bozar.be



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Agenda

théâtre exposition & danse

Daniel Buren

Daniel Buren, « Défini, Fini, Infini, travaux in situ », Unité d¹habitation, Cité Radieuse, MAMO Audi talents awards, Marseille, 2014. Détail. © DB-ADAGP, Paris / © Fondation Le Corbusier-ADAGP, Paris

Les œuvres de Daniel Buren sont conçues pour dialoguer avec l’environnement qui les reçoit. Elles jouent sur les points de vue, les espaces, les couleurs, la lumière, le mouvement… Les Flèches, travail in situ et en mouvement : Musée d’Amiens 2015, nous fait ainsi découvrir un travail qui assume sa dimension décorative, et qui se caractérise notamment par l’utilisation de bandes d’une largeur immuable de très exactement 8,7cm. Amiens, jusqu’au 31.10, Musée de Picardie, mar, ven & sam : 10h>12h, 14h>18h, mer : 10h>18h, jeu : 10h>12h,14h>21h, dim : 14h>19h, 5,50/3,50€, www.amiens.fr/musees

Les Belges, une histoire de mode inattendue

Balenciaga, magicien de la dentelle

Inventive, avant-gardiste, la mode belge tient une place à part sur la scène internationale, portée par le génie de couturiers tels que Dries Van Noten ou Martin Margiela. Il y a pourtant une vie en dehors des « Six d’Anvers ». C’est ce que nous rappelle cette exposition qui livre une étude historique, sociologique, et bien sûr esthétique du style propre au plat pays, à travers des pièces issues d’archives nationales ou de collections privées.

De toutes les rétrospectives consacrées à Cristóbal Balenciaga (1895-1972), aucune ne s’était encore penchée sur sa passion pour la dentelle. Calais répare cet impair à l’occasion des 120 ans de la naissance du couturier espagnol. 75 ensembles, chapeaux, gants, souliers prennent place dans un parcours enrichi de photos ou documents. Et surtout les robes, étourdissantes, dont certaines inspirées des tableaux de saintes du peintre basque Francisco de Zurbarán.

Bruxelles, jusqu’au 13.09, Bozar, mar>dim : 10h>18h, sf jeu : 10h>21h, 12/10/6/2/1,25€/ gratuit, www.bozar.be

Calais, jusqu’au 31.08, Cité internationale de la dentelle et de la mode, tous les jours sf mar : 10h>18h, 4/3€, 7/5€ (+ collec. perm), www.cite-dentelle.fr

Jasper Morrison Cet Anglais est célèbre pour sa façon très pragmatique d’aborder le design. Pour lui, un objet doit être utile avant de se faire remarquer. Meubles, appareils électroménagers, vaisselle… Cette rétrospective (la toute première en 35 ans de carrière) nous montre que derrière l’apparente simplicité de son art se cache une idée du « normal » qui touche à l’universalité. Hornu, jusqu’au 13.09, CID, mar>dim : 10h>18h, 8/5/2/1,25€/ gratuit -6 ans, www.cid-grand-hornu.be


la collEction

Exposition du 12 juin au 23 aouˆ t 2015 www.musee-lam.fr Le LaM est un Établissement Public de Coopération Culturelle dont les membres sont la Métropole Européenne de Lille, la Ville de Villeneuve d’Ascq et l’État.

Jean-Michel Basquiat, Autoportrait, 1983. Photo : DR. Courtesy Collection agnès b. © The Estate of Jean-Michel Basquiat / Adagp Paris, 2015.


112 théâtre exposition & danse

Agenda

La Salle des pendus Considéré comme l’un des plus grands artistes contemporains français, Christian Boltanski se voit consacrer, dans le cadre de Mons 2015, sa première grande exposition muséale en Belgique. Le MAC’s accueille l’installation monumentale du plasticien dans un espace de plus de 5 000 m2. L’occasion de découvrir un travail explorant les thèmes du souvenir, de la mémoire et de la mort, notamment à travers une série d’œuvres réalisées avec des vêtements.

© Ph. De Gobert

Hornu, jusqu’au 16.08, MAC’s, mar>dim : 10h>18h, 8/5/2/1,25€/ gratuit -6 ans, www.mac-s.be

Art Garden

Facing time – Rops / Fabre

Un lapin géant, une statue monumentale de Superman en train de fondre... D’étranges créatures investissent la Gare Saint Sauveur en ce début de printemps. Elles sont l’œuvre de la jeune scène artistique de Singapour. Présenté dans le cadre du festival « Singapour en France » à l’occasion du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre ces deux pays, ce travail se distingue par sa dimension fantastique et ludique.

Facing Time organise la rencontre entre deux artistes sulfureux, séparés par près de 150 ans, et réunis par leur soif de vivre et leurs pulsions de mort : le Namurois Félicien Rops et l’Anversois Jan Fabre. Leurs créations sont accrochées face à face tandis qu’en parallèle, Jan Fabre voit ses installations monumentales et 250 œuvres personnelles se déployer aux quatre coins de la ville.

Lille, jusqu’au 06.09, Gare Saint Sauveur, mer>dim : 12h>19h, gratuit, www.lille3000.eu

Namur, jusqu’au 30.08, Musée Félicien Rops, Maison de la Culture, La Citadelle et les rues de Namur, L’église Saint-Loup, Le Théâtre royal de Namur, 10/5€/ gratuit, www.ropsfabre.be

Un regard sur la collection d’agnès b. Si « agnès b. » évoque pour beaucoup une signature tout en pleins et déliés et un vestiaire de pièces intemporelles, c’est à la galeriste, collectionneuse et passionnée que le LaM prête son vaste espace d’exposition. Entre grands noms – Warhol, Othoniel, Basquiat... – et prodiges anonymes, le parcours raconte en dix salles thématiques l’amour d’Agnès Troublé pour les arts plastiques. Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 23.08, LaM, mar>dim : 10h>18h, 10>5€, www.musee-lam.fr

Toutes les expositions de l’Eurorégion sur www.lm-magazine.com



114 le mot de la fin

Combophoto’s

Stephen McMennamy –

Jouant avec les perspectives et les formes, ce photographe américain juxtapose des images sans rapport entre elles au service de scènes comiques et poétiques. Baptisée Combophoto’s, cette série de mashups décalés a été dévoilée sur Instagram. Elle donne à voir un skieur sur cornet de glace, un homme qui découpe un gros morceau de beurre à l’aide d’une tronçonneuse ou, comme ici, un tracto-fourche(tte) qui brandit une saucisse géante. Bien vu. https://instagram.com/smcmennamy/




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