LM magazine 116 - Mars 2016 - France & Belgique

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N째116

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MARS

2016

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GRATUIT

NORD & BELGIQUE Cultures et tendances urbaines



Sommaire LM magazine n°116 - Mars 2016

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News 12

Style Chili Philly : Gros bonnet

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Musique

Écrans

Interview : Grand Blanc, Flume, Les Enchanteurs, General Elektriks, Stranded Horse… Sélection concerts

Interview : Felix Van Groeningen / Belgica, Festival2Valenciennes, Dans ma tête un rondpoint, Jodorowsky...

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Exposition

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Disques

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Portfolio Joe Webb : Coupé-décalé

Tim Yip, Agnès Varda, Drôles de trames !, Ceci n’est pas l’Europe !, Game Changers… Agenda

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Littérature Drôles de cases : Pauline Aubry, Marion Montaigne et Pénélope Bagieu

108

Théâtre & Danse Reportage : La Licorne, Le Sorelle Macaluso, Le Grand Bain, Via, Cabaret de curiosités, King Kong Théorie… Agenda

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Rencontre Stephen Street : A charming man

138

Le mot de la fin Asya Kozina : Paper Girl

© Chili Philly / Absent Orange © Joe Webb / Grand Blanc © Andrea Montano / California Dreamin’ © Pénélope Bagieu - Gallimard / © Tim Yip Studio


LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Joe Webb Antares And Love XI www.joewebbart.com

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Ont collaboré à ce n° : Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Elisabeth Blanchet, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Audrey Jeamart, Nicolas Jucha, Sean MacLeod, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT



© DR

Chambre avec vue Dormir dans un tableau de Van Gogh ? C’est possible. En parallèle de l’exposition Van Gogh’s Bedroom, l’Art Institute de Chicago a reproduit dans les moindres détails et en grandeur nature La Chambre de Van Gogh à Arles, signée par le peintre hollandais en 1888. Pouvant accueillir deux hôtes, celle-ci est installée au cœur de la «Windy City» et le musée la loue pour la modique somme de neuf euros la nuit. De quoi dormir sur ses deux oreilles... www.artic.edu

Voix de bus

© Stokyo

Dans la série « on n’arrête pas le progrès », voici le minibus Volkswagen qui lit les vinyles. Equipé d’une pile, d’un saphir et d’un petit haut-parleur, le Record Runner tourne sur le disque en suivant le sillon, diffusant à sa suite les précieuses mélodies... Le son n’est pas terrible et on doute de la pérennité de la galette. Mais cette invention qui se moque de nos bonnes vieilles platines nous fait tourner la tête. recordrunner.jp


© Mattel

© Lego

Double jeu Lego a dévoilé sa première figurine en fauteuil roulant. Une belle idée certes, mais qui n’a pas spontanément germé dans la tête des dirigeants de la marque danoise. Ils répondent plutôt à la campagne #ToysLikeMe – « des jouets comme moi » – qui s’insurgeait du manque de représentation d’enfants souffrant de handicap. Une info à rapprocher d’une autre révolution : celle de Barbie, bientôt disponible en versions « noire », « ronde », « petite »... Un pas salutaire vers l’altérité donc... et aussi un petit enjeu financier, non ? ®

À la page

lejeudubandeau.tumblr.com / Braham BRADAÏ © b_brad13

Les confessions de Sarkozy, les idées pour la France de Copé, de Fillon... Bref, du livre politique en veux-tu en-voilà, et pas vraiment de quoi se marrer dans nos librairies. En fait si, car certains se sont amusés à disposer ces ouvrages avec une certaine finauderie, régalant les réseaux sociaux. L’ancien chef de l’État appréciera ainsi de voir son joli bouquin posé à côté de Toujours aussi cons ! de feu Cabu.

T’as le blues ou pas? Cisco Herzhaft & Rockin’ Squat, Heymoonshaker, No Money Kids... Vrai qu’il a de la gueule le line-up de la 12e édition du Beautiful Swamp Blues Festival. Que ditesvous d’un passage sur scène, en première partie de ces légendes ? Vous vous y voyez ? ça tombe bien, les organisateurs du rendez-vous calaisien organisent un tremplin ouvert à tous, que vous soyez en solo, en groupe, professionnels ou non. Alors, chiches ? Beautiful Swamp Blues Festival : 30.03 > 01.05, Calais, Grand Théâtre & Centre culturel Gérard Philipe // Appel à candidatures : jusqu’au 18.03 ! Dossier à télécharger sur : www.calais.fr


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La photo du mo

is

© Jason Decaires Taylor

MUSIQUE

Waterworld Imaginez : un musée où l’on plonge dans l’eau turquoise de l’Atlantique pour admirer des sculpture posées à 14 m de profondeur. Il s’agit du Muséo Atlantico situé au large de l’île de Lanzarote. Une idée du britannique Jason deCaires Taylor, qui présente là une série de 250 statues créées avec des matériaux non polluants. Jusqu’à cet été on y verra des scènes quotidiennes mais aussi l’évocation du funeste exode de populations martyrisées.

© Jeff Klarin

pas de calais © Yukai Suda © Jemal Countess

www.underwatersculpture.com

Fossiles de demain

Tendance Pas-de-Calais

Avec leurs pupilles équipées d’objectifs grand-angle et leurs greffes d’iPod dans le cerveau, les jeunes générations futures resteront sans doute coi devant cet étrange objet. Un appareil photo argentique, un Ghetto-blaster, un joystick... dans sa dernière série de sculptures, l’artiste Jeff Klarin imagine les fossiles de demain. Qui n’est pas si loin...

Pas « sexy » le Pas-de-Calais ? Eh bien figurez-vous qu’il est devenu le nom d’une maison de couture. Celle de la créatrice japonaise Yukari Suda, qui a décelé dans les paysages et la lumière de ce département, mais aussi dans l’inimitable dentelle calaisienne, une intarissable source d’inspiration. Arborant de douces couleurs, ses vêtements ont fait fureur lors de la Fashion Week de New York. Alors, c’est toujours mieux ailleurs ? pasdecalais-int.com

www.bughouse.com



26 STYLE



10 RENCONTRE STYLE


11 STYLE

O

CHILI PHILLY Gros bonnet Texte Sonia Abassi Photo Chili Philly

Burger, pizza, donuts… Quelle que soit votre envie, Phil Ferguson, saura y répondre. Mais, attention, vous risquez d’être déçus, les créations de cet Australien de 23 ans se dégustent uniquement avec les yeux. Confectionnés au crochet, les délirants bonnets de Chili Philly ont fait le tour du monde. Portrait d’un des nouveaux chouchous d’Internet.

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12 STYLE

T

out est parti du dessin-animé Adventure Time. Fraîchement débarqué à Melbourne, et s’ennuyant un peu, Phil Ferguson exécute une réplique du célèbre bonnet blanc de Finn, héros de ce cartoon déjanté tiré de Donjons et Dragons. Une création pour laquelle cet ancien étudiant en art s’initie au crochet, dont il a appris les rudiments sur Youtube. Quelques tutos plus tard, le voilà passé maître en la matière. Laine, acrylique... qu’importent les textiles, ils les utilisent pour mieux répondre à son « obsession des couleurs ». Et question gamme chromatique, le fast-food dans lequel il travaille regorge de sources d’inspiration. Un dôme orange, une tranche verte et une pincée de rouge… notre artiste moustachu tricote d’abord un bonnet aux allures de... hamburger. Pour plaisanter, il ouvre un compte Instagram sur lequel « Je fais tout, tout seul ! il poste une photo de lui porDe la création des pièces tant ce couvre-chef alléchant. « Comme les gens ont suivi le aux photographies : cela mouvement, je me suis dis que je peut-être quelque chose ». me permet de concrétiser tenais Gagné. La toile s’est bien régalée, poussant Phil Ferguson à une idée tout de suite » devenir Chili Philly.



14 STYLE

De fil en aiguille – Pancakes, donuts, glaces… Rares sont les desserts qui échappent au menu de celui dont les papilles s’affolent surtout avec « du bon vin et du café ». 75 clichés et 139 000 followers plus tard, ce créateur loufoque continue d’être l’unique modèle de ses photos. « Je fais tout, tout seul ! De la création des pièces aux photographies : cela me permet de concrétiser une idée tout de suite ». L’artiste enchaîne les coiffes qui décoiffent : « généralement, il me faut un ou deux jours de travail pour en achever une ». Un atout majeur quand on est contacté par des publicitaires. « Je leur tricote des bonnets dont je poste immédiatement la photo sur Instagram avec une référence à la marque ». Quelques hashtags et un joli petit bas de laine à l’arrivée ? En tout cas, « mes œuvres ne sont pas à vendre, seulement à photograÀ visiter / www.chiliphilly.com phier ». Dommage. On se voyait bien avec À lire / Interview de Chili Philly sur www.lm-magazine.com une tranche de pizza géante sur la tête !




17 PORTFOLIO

Joe Webb Coupé-décalé Texte Julien Damien Photo Air Strike

D

ingue ce qu’on peut faire avec un scalpel, un tube de glu et des vieux journaux. En quelques images découpées ici et là et réarrangées avec un sens aigu de l’ironie, les collages de Joe Webb en disent plus sur l’état de notre pauvre planète que de longs discours. S’il avoue un attrait pour le cosmos (voir notre couverture) cet Anglais de 39 ans garde les pieds bien sur terre. Il s’est ainsi fait une spécialité de dénoncer les maux qui gangrènent le monde – « la guerre, la pollution… toutes ces choses complètement folles que nous nous infligeons au nom de l’économie ». Las de passer son temps devant un écran d’ordinateur, Joe Webb a délaissé son job de graphiste pour se consacrer corps et âme à son art. Qu’il a réduit à sa plus simple expression : pas plus de trois images par œuvre, « la narration est d’autant plus claire et concise ». Nul besoin de commenter, en effet, ces baigneurs qui barbotent dans une piscine posée au centre d’un paysage asséché... « Je ne cherche à culpabiliser personne, mais à mettre en lumière de grandes inégalités ». En cela nos revues, où voisinent publicités et photos de massacres, de famine ou autres catastrophes constituent une formidable manne. « C’est hallucinant d’y trouver les plus horribles des souffrances humaines à côté d’une pub pour Rolex ». Beaucoup de ces clichés proviennent aussi de la presse des années 1950-60, d’où l’esthétique vintage qui transpire de son travail. Évidemment, Joe Webb refuse nombre de commandes (« la plupart impliquant la vente de produits ») mais fait le bonheur des galeries d’art et des réseaux sociaux… une de ses cibles préférées.

À visiter / www.joewebbart.com Retrouvez l’interview de Joe Webb sur lm-magazine.com


Pages 18-19 : Bang / Lifes a Beach Pages 20-21 : DJ





Page 22 : Distraction III / Hot Tub Page 23 : Storm in a Tea Cup



Page 24 : Stirring up a storm Page 25 : Swim



Stephen STREET Un héros très discret Texte & Photo Elisabeth Blanchet

Des Smiths à Blur en passant par Pete Doherty ou New Order, Stephen Street a produit de légendaires artistes pop-rock – et même signé Viva Hate avec Morrissey. Rencontre dans le studio londonien de ce « charming man », sculpteur de sons, qui réalise en toute modestie les albums des groupes qu’il affectionne.


29 RENCONTRE

>>>


L

e monde pleure David Bowie ce lundi 11 janvier. Stephen Street confie que Ziggy Stardust est le premier vinyle qu’il s’est acheté. Et question disques, notre homme en connaît un rayon. Il en produit depuis les années 1980. En quoi consiste son job ? « C’est un peu comme réaliser un film », explique Stephen, 55 ans, devant les consoles du studio où il travaille, The Bunker, dans le sud-est de Londres. « Mon rôle, c’est d’aiThe Queen is Dead (1986) est sacré disque d’or. der à modeler le son d’un groupe à La pochette avec la photo d’Alain Delon, extraite un moment de son histoire ». La du film L’Insoumis, a été conçue par Morrissey. sienne débute à la fin des années 1970. Stephen galère en tant que « Mon rôle, c’est d’aider guitariste. « Je passais d’une formation à l’autre mais ça ne meà modeler le son d’un nait nulle part ». À l’époque, de jeunes ingénieurs du son s’étaient groupe à un moment de mués en producteurs de type postpunk ou new-wave, comme Steve son histoire » Lillywhite avec Siouxsie and The Banshees. « Je me suis dit : pourquoi pas moi ? ». Après avoir frappé à plusieurs portes, c’est finalement Island Records qui lui ouvre les siennes. « Un super label, j’avais 22 ans, j’y ai commencé comme assistant ». Au bout de deux ans, il devient ingé-son. Bonne étoile – « Tout allait bien, on produisait du haut de gamme mais ma vraie percée, celle dont tout le monde a besoin dans l’industrie, eut lieu avec les Smiths ». Rough Trade, le label du groupe mancunien, avait réservé le studio un week-end. « Mon manager m’a demandé si je pouvais m’en occuper. J’ai dit oui ! Et voilà comment nous avons enregistré Heaven Knows I‘m Miserable Now et Girl Afraid en 1984. J’ai tout fait pour les impressionner et leur ai laissé mon numéro de téléphone sans trop y croire... ». Quelques mois passent, puis Rough Trade l’appelle : les Smiths cherchent à produire leur deuxième album avec


Backstage à la Reading University, février 1984. Couverture de The Sound of The Smiths © Tom Sheehan

quelqu’un de confiance. « C’était ma chance. Tellement excitant pour moi de travailler avec eux. On était comme des gamins du même âge dans un magasin de bonbons sans adultes autour de nous ». Cette collaboration durera jusqu’en 1987 et la sortie de leur ultime disque, Strangeways, Here We Come. Observer, « attraper le bon son », influencer la musique comme un membre de l’équipe et finalement co-produire, tel est le but de Stephen. « Bien sûr, il faut ressentir un lien émotionnel et stylistique avec les morceaux en question. Je ne bosse qu’avec des groupes que j’aime et auxquels je peux apporter quelque-chose ». Viva Morrissey – « Quand les Smiths se sont séparés, j’ai décidé d’envoyer mes chansons à Morrissey ». Stephen savait que le chanteur et Johnny Marr ne fonctionnaient pas de manière conventionnelle. Johnny composait de son côté et donnait ses cassettes à Morrissey qui y ajustait ensuite des textes extraits de ses carnets. >>>


32 RENCONTRE

Une séance d’enregistrement avec Blur.


« On pouvait faire n’importe quoi, ça sonnait toujours de manière unique »

Blur, 2015 © Linda Brownlee

Stephen soumet donc un de ses enregistrements au grand homme... qui accepte de sortir son premier album solo avec lui ! « J’ai tout laissé tomber pour me consacrer à ce qui allait devenir Viva Hate. Le succès fut immédiat et je me souviens de l’entrée au hit-parade de Suedehead, le jour de la naissance de mon fils aîné, le 21 février 1988 ». Hélas, les deux hommes se brouillent pour des histoires de royalties. Le petit groupe qui monte – Le Londonien n’est pas misérable pour autant. Après avoir produit le premier opus des Cranberries, qui reste son plus grand succès international, il s’intéresse surtout à un petit nom qui monte : Blur. « Leur single She’s So High m’a vraiment séduit. J’ai tout de suite vu qu’ils avaient quelque chose… ». Damon Albarn et ses comparses acceptent de rencontrer Stephen dans un pub de l’ouest londonien. « On s’est très bien entendus, on a fait une session test en studio et There’s No Other Way est sorti ». Certes, la maison de disques de Blur retient un autre producteur pour le deuxième album mais Stephen ne lâche pas l’affaire. « J’ai parlé avec Graham Coxon au détour d’un concert. Il doutait et avouait que ce dernier enregistrement s’était mal passé… ». Stephen le rassure et quelques jours plus tard, Damon Albarn lui demande de réaliser le fameux Parklife. La magie opère de nouveau : « J’étais encore plus connecté avec eux qu’avec les Smiths. Comme moi, ils sont de Londres, on sortait ensemble, Graham est devenu un très bon ami. >>>


34 RENCONTRE

Pete Doherty © Adrian Hunter

On pouvait faire n’importe quoi, ça sonnait toujours de manière unique. Damon est à un tel niveau… ». Mais après avoir produit les mythiques Parklife (1994), The Great Escape (1995) et Blur (1997), l’aventure s’interrompt à nouveau... avant un retour en force en 2015 à la faveur de The Magic Whip.

« J’aime les voix

Pete, Aline et les autres…

Parmi les artistes épaulés par Stephen, Pete Doherty tient une place particulière. « J’ai beaucoup d’affection pour lui. C’est un être humain merveilleux et un compositeur fantastique. Le problème avec Peter, c’est son style de vie et tous ces “vampires” qui l’entourent. J’ai essayé de le soutenir mais ce n’est pas facile. Parfois, on voit dans ses yeux qu’il lutte pour survivre ». Avec Doherty, Stephen se remet à la guitare, inclut Graham Coxon et le trio part en tournée. « C’est ainsi qu’à 50 ans je me suis retrouvé à jouer sur scène à Glastonbury ! ». Côté français, c’est pour les Marseillais d’Aline que Stephen a craqué. « C’est eux qui m’ont approché.

françaises sur la pop »


35 RENCONTRE

D’habitude je ne travaille pas avec des groupes étrangers car je tiens à comprendre les paroles ! Mais j’ai fait une exception car leur son me plaisait et j’aime les voix françaises sur la pop ». L’enregistrement se déroule à Bruxelles, et accouche du très réussi La Vie électrique. Les temps changent – Stephen ne rêve pas d’une collaboration avec un artiste précis. « Je cherche surtout de nouveaux talents et c’est d’ailleurs pour ça que je suis connu ! En ce moment je bosse avec le prometteur Tibet ». Mais les temps ont changé et le métier de producteur est en voie de disparition. « Les ventes de disques sont tellement faibles aujourd’hui que les budgets de production sont eux-mêmes insignifiants ». Il ajoute que de plus en plus de musiciens arrivent en studio avec des maquettes élaborées « à la maison » grâce aux nouvelles technologies, et ont seulement besoin d’un ingénieur pour mixer le tout… Toutefois, Stephen garde son éternelle fraîcheur, à l’affût d’un nouveau magasin de bonbons à dévaliser !

Aline © Paul Rousteau


36 MUSIQUE


Grand Blanc Lumières sur la ville

Propos recueillis par Julien Damien Photo Andrea Montano

Ils se sont fait connaître avec Samedi la nuit ou Degré Zéro. Soit une musique exhumant les débris d’une industrie lourde, les virées nocturnes et l’ennui sur les bancs publics. Du coup, on les a rangés hâtivement au rayon « cold wave ». Mais les Messins révèlent avec ce premier album une palette bien plus large. Leur nom renvoie d’ailleurs à une page vierge sur laquelle il s’agit d’écrire des chansons aussi « lumineuses » que « froides ». Rencontre avec Camille Delvecchio et Benoît David, les deux voix de Grand Blanc. Comment décririez-vous votre musique ? Benoît : Quand on a sorti notre EP, on écoutait pas mal de new wave, de cold wave, de musiques des années 1980 et de variété française. On a mélangé tout cela avec des sons hip-hop, techno… Mais notre nouvel album n’affiche pas un genre particulier. On peut y trouver un morceau comme Surprise party, assez rock garage, et puis à côté un titre tel que Tendresse, plus néo-r’n’b. Que cherchez-vous lorsque vous composez un morceau ? Camille : On ne souhaite pas raconter d’histoires. Nos chansons ne sont pas narratives. Benoît : On travaille beaucoup les allitérations et les paronomases. En assemblant deux mots dont le son est proche mais pas le sens, on accouche, parfois, d’une image sonore mystérieuse. Ces hasards troublants nous amènent à regarder le quotidien d’une manière surprenante.

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38 MUSIQUE

Comment trouvez-vous l’équilibre entre les textes et la musique ? Benoît : Il n’est pas évident de réaliser des chansons aux textes très fournis, surtout en Français. Sur cet album on a donc travaillé différemment. Comment ? Benoît : Sans écrire de textes au préalable, on a commencé par composer la musique puis on y injectait des phrases. On a donc fragmenté le texte en le plaçant seulement aux endroits que la musique autorisait. Disque Ainsi, nous avons plus facilement obtenu cet équilibre. Benoît, qu’est-ce qui vous inspire dans l’écriture ? En général je puise mes images dans le quotidien, des choses assez concrètes. On évite d’écrire des chansons trop poétiques, qui fuiraient la réalité, on ne triche pas, n’enjolive rien. Nos morceaux ressemblent au monde moderne, à une grande ville.

Mémoires Vives (Entreprise / Sony A+LSO)

Au sein de l’écurie Entreprise qui, loin de fantasmer sur le passé, dessine les contours d’un futur hybride, Grand Blanc fait à la fois figure de fer de lance et de joker. Par-delà ses singles, et sa jeunesse qui fait feu de tout bois, on tombe dans les bras de Bosphore (dont les acrobaties en remontrent à The Knife) ou des Abonnés absents (comme écrit par un Modiano punk) traversé d’éclats synthétiques, empli de spleen et de rock. Après l’Apocalypse, on se souviendra que cette pop bizarrement lettrée aura contribué à notre survie dans nos grises provinces en 2016. Rémi Boiteux

Votre environnement géographique, justement, la Lorraine et son côté un peu « sinistré », influence-t-il votre musique ? Benoît : Oui, on a grandi à Metz dans une région non pas horrible mais un peu en friche. Elle ne bénéficie pas d’une culture très unifiée ni de traditions fortes. Or, ado, tu ne sais jamais vraiment qui tu es. Si tu vis dans un endroit qui a une identité, tu trouves facilement des choses auxquelles t’attacher (comme la féria de Bayonne). Comme on n’avait rien de tout ça, on s’est senti libres d’inventer notre monde, un folklore constitué de parkings, d’églises en béton armé… Et puis, on aime ce côté gris, un peu pourri de notre région.


« Nos morceaux ressemblent au monde moderne, à une grande ville »

Quelles sont vos influences musicales ? Vous citez Bashung… Camille : En fait, on ne le cite pas énormément mais on nous en parle beaucoup. On est flattés, certes, mais ce n’est pas du tout une influence majeure. Quelles sont-elles alors ? Camille : Elles sont plus à chercher dans l’electro, la techno, le punk, le hip-hop… et cela s’entend dans nos morceaux. Je pense que cette diversité est propre à notre génération qui était ado quand Internet s’est développé. On a ainsi eu accès à énormément de musique, on a beaucoup téléchargé et on possède tous une bibliothèque iTunes très vaste. Un second album est-il en préparation ? Benoît : Cela ne va pas tarder. Il a été réalisé quasiment d’une traite, en trois semaines, dans un geste très énergique. Maintenant on va prendre plus de temps, pour expérimenter une autre manière de composer. On a hâte. Mémoire Vives, 09.03, Bruxelles, Botanique, 19h30, c’est la plus belle chose qu’on ait faite 18/15/12€, botanique.be dans notre vie.

(+ La Femme), 10.03, Tourcoing, le Grand Mix, 20h, 19/16/5€, www.legrandmix.com


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Flume

Objectif Lune Texte Thibaut Allemand Photo Cybele Malinowski

Étoile montante de la scène électronique, Flume n'est pas encore au faîte de sa gloire, mais c'est une question de mois. En attendant, le jeune producteur australien joue encore dans quelques salles à taille humaine. C'est le moment d'en profiter, avant la gloire. Ou la chute ?

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ême pas 25 ans et déjà le monde à ses pieds – ou peu s'en faut. Et dire que, d'après la légende, le jeune Harley Streten aurait trouvé un logiciel de MAO dans un paquet de céréales. On a du mal à le croire, mais l'important est ailleurs : l'Australien a bouffé de l'electro dès le plus jeune âge. Aujourd'hui, son nom est sur toutes les lèvres – et il sera inévitable dans tous les proverbiaux « raouts de l' été ». Drôle de destin pour un bonhomme qui aurait pu enchaîner les beat tapes (ou cassettes d'instrumentaux) dans la plus grande confidentialité, comme des milliers d'autres. Mais voilà : ses productions ont tapé dans l'oreille de quelques décideurs – une amitié avec Chet Faker et un remix bien placé de Disclosure auront suffi à le faire connaître par-delà le vaste monde.

Zeitgeist – En deux albums remplis de house kétaminée tout en basses surfiltrées et beats désossés, Flume a imposé sa patte. Très dans l'air du temps, en fait. Car aussi chouettes soient les prods de ce disciple de Jamie XX et FlyLo, elles pourraient demeurer prisonnières de leur époque – le mitan des années 2010 – et paraîtront sans doute datées dans quelques années. Oui, un peu comme la jungle ou la drum&bass des nineties, qu'on écoute avec une pointe de nostalgie, mais l'excitation évaporée. Bah, qu'importe ! Le son de Flume s'écoute et se déguste ici et maintenant – et tant pis si tout cela doit partir en f(l)umée. 19.03, Bruxelles, Palais 12, 18h, 37/32€, www.palais12.com 01.07, Arras, Mainsquare Festival, 49€, mainsquarefestival.fr


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Les Enchanteurs

Concerts en terres inconnues 17e édition déjà pour ce festival qui se déroule durant cinq semaines dans 23 communes du Pas-de-Calais. L’événement est porté par Droit de Cité, une association créée par des villes du bassin minier qui ont eu la bonne idée de mutualiser leurs moyens. Le principe ? Des concerts disséminés dans des petites salles pas forcément habituées à vibrer, mais qui n’attendaient que ça. Gymnases, médiathèques… autant de lieux inattendus qui ont ainsi accueilli Miossec, Arthur H ou Jacques Higelin. Mais changement de cap cette année. « On revient à ce qu’on proposait au tout début, en mettant l’accent sur la découverte », note Grégoire Thion, de Droit de Cité. Pas de noms ronflants donc, mais des artistes aussi méconnus que talentueux. Citons Sonic Boom Six ou Buster Shuffle, agitateurs de la nouvelle scène ska anglaise, les nonmoins secoués Debout sur le Zinc et tous les habitués des premières parties qui feront regretter à beaucoup de ne pas se pointer à l’heure aux concerts. Au hasard : Temenik Electric, ou le maJusqu’au 09.04, Pas-de-Calais, divers lieux, riage réussi entre l’électro-rock et les pass : 75€ / pass 5 concerts : 30€ / 1 concert : 16>6€, www.droitdecite.com sons traditionnels du Maghreb. Enfin, Prog : 03.03 : Debout sur le Zinc // 04.03 : notons la présence de Mickey[3d] qui Pierpoljak // 11.03 : Los Tres Puntos + Temenik vient respirer le bon air d’Houdain pour Electric // 17.03 : Greg Laraigne + Sonic Boom Six + Buster Shuffle // 18.03 : Les Hurlements défendre son nouvel album. Et c’est pas d'Léo chantent Mano Solo // 31.03 : Mickey[3d] // 08.04 : Karpatt et HK & Les Saltimbanks… rien de le dire. Julien Damien

Mickey[3d] © Yann Orhan

MUSIQUE



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© DR

MUSIQUE

Horsebeach Cette bonne vieille cité de Manchester bouge encore. La preuve avec Horsebeach, mené par le multi-instrumentiste Ryan Kennedy. Poussant le concept d'indépendance à son paroxysme, ce disquaire s'autoproduit, mais enregistre également seul – ou presque : le batteur Matt Booth l'a secondé sur une partie ou deux. Sur scène, on a affaire à un quatuor appliqué, terriblement habité par des chansons qui doivent beaucoup aux Smiths, mais également à la jeune garde américaine (Ducktails, Real Estate…). Ce savoir-faire certain pour les confessions fait souvent mouche et devrait, dans le cadre intime de la Péniche, emporter tous les suffrages. T.A. 05.03, Lille, La Péniche, 20h, 12/10/5€, www.lapeniche-lille.com

© Rudi Waks

Alex Beaupain C'est vrai, Loin, dernier album en date du Bisontin, est… loin d'être à la hauteur de nos attentes. Ce complice de Julien Clerc s'est perdu dans la (mièvre) variété. Cependant, sur scène, on est assurés de retrouver ce qui nous a plu chez ce songwriter prolifique mais discret : des confidences mélancoliques, un sens certain de la mélodie, un charisme de timide, et quelques chansons de ses meilleurs albums (dont 33 Tours et Les Chansons d'amour). T.A. 11.03, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14>8€ 12.03, Saint-Omer, Comédie de l'Aa, 18h, 16/11€ 14.05, Lens, Scène du Louvre-Lens, 20h30, 25>12,50€



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© Julien Lienard

MUSIQUE

Redouanne Harjane « J’ai un ami mythomane, le jour de sa mort il a vu défiler la vie d’un autre ». Chapeau vissé sur la tête, guitare sous la main, Redouanne Harjane dézingue les codes de l’humour. Le sien est plutôt noir et désabusé. Mais sous ses airs d’adulescent dépressif, le showman cache un insatiable rêveur, chantant sur scène son drôle de monde. Poétique, son style a d’ailleurs touché Orelsan qui l’a fait jouer dans son film Comment c’est loin. S.A. + OXMO PUCCINO : 05.03, Lille, L'Aéronef, 20h, 26>14€, www.aeronef-spectacles.com 18 & 19.05, Lille, Le Spotlight, 21h30, 29/26/22€, www.spotlight-lille.com

© Cécile Genest

College Pour brosser le portrait de College en peu de mots, on évoquerait un chauve binoclard et son ordi, (le nantais David Grellier), le label Valerie et les amis (Anoraak, Minitel Rose…). On aborderait ce revival synthétique 80's qui n'en finit plus – près de quinze ans que ça dure, tout de même ! Et l'on mentionnerait la BO de Drive (2011), où il figurait aux côtés de Desire ou Kavinsky. Enfin, on préciserait que si College n'est pas vraiment une star en France, il est néanmoins signé chez Invada à l'étranger – oui, le label de Geoff Barrow (Portishead). Enfin, Grellier n'est autre que Mitch Silver, moitié des navrants Sexy Sushi. On préfère le voir ici redoubler son College. T.A. 10.03, Lille, L'Antre 2, 20h30, 8/5/1€, www.univ-lille2.fr



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© So Me

MUSIQUE

Breakbot Ne pas se fier à son allure dégingandée, ce type a signé quelques brillants remixes (Justice, Metronomy) et a risqué sa peau un soir de 2013 en jouant au Parc des Princes Jump de Van Halen... soit l'hymne de l'OM. Ce grand étourdi est surtout le tenancier d'une musique électronique transpirant le funk et le disco (son immense tube Baby I'm Yours, 2012). Concocté avec Irfane son deuxième album, Still Waters, succède à By Your Side sans rien trahir de cette démarche dance (assumée). C'est frais, et ne vise rien d'autre que l'hédonisme. Bref, une date remuante qui convoque d'autres poulains de l'écurie Ed Banger, comme DJ Pone (dans une veine plus hip-hop) ou l'ex-TTC Para One. J.D. 19.03, Lille, L'Aéronef, 21h, 26>14€, www.aeronef-spectacles.com

The Abyssinians

© DR

Si le reggae fut une musique de lutte et de rébellion, il demeure parfois conservateur – en témoigne le reggae roots, fidèle aux valeurs rastafari. Ainsi de The Abyssinians, groupe fondé en 1968 et signé un temps chez Studio One, label du fameux Sir Clement Coxson Dodd. Auteur du fameux Satta Massagana (1975), le groupe, qui a connu de multiples splits et reformations, perpétue la légende, réveillant un tempo et des riddims épiques. T.A. 10.03, Bruxelles, VK*, 19h30, 23/20€, www.vkconcerts.be 22.03, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 18/15€, www.ville-lomme.fr



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General Elektriks

Monsieur 100 000 volts Ce n’est pas tant l'actualité discographique de General Elektriks qui nous branche, mais plutôt les apparitions scéniques qui lui sont consécutives. Du groove un peu intello qu’il enregistre en studio, Hervé Salters tire sur les planches un funk brûlant. Et devinez quoi, il a récemment sorti un album ! To Be a Stranger est le titre de ce quatrième disque. Une référence sans doute à la bougeotte de l’homme qui a choisi le nom d'une compagnie d’électricité : successivement Parisien, Londonien, San Franciscain et fraîchement atterri à Berlin. Cette figure de l’ombre fut un prolifique partenaire de studio et accompagna sur scène quelques têtes d’affiche (M, Femi Kuti, Blackalicious…) avant de publier, depuis la Californie, le flamboyant Good City For Dreamers en 2009. La réputation de génie des claviers vintage, doublée d’un titre de showman cravaté était en marche. La griffe de General Elektriks, c’est bien sûr le Clavinet, ce clavier emblématique des seventies, prisé autant par Stevie Wonder, Led Zeppelin que Kool & The Gang (et aussi Teri Moïse pour Les Poèmes de Michelle). Sur scène, Hervé Salters n’a rien d’un claveciniste appliqué, il martèle son instrument fétiche comme une percussion tribale et dévergonde avec malice ses compositions un poil sophistiquées. 23.03, Lille, L’Aéronef, 20h, 22>10€, Face au public, notre homme s’électrifie www.aeronef-spectacles.com 30.03, Bruxelles, Botanique, 19h30, et son groove se déploie avec exubérance, 20>14€, botanique.be non sans quelques nuances. Un « boogie 02.04, Beauvais, L’ouvre-boîte, 20h30, 18>13€, www.asca-asso.com anguleux » contre lequel on se cogne avec 31.05, Arras, Théâtre, 20h, gratuit, www.tandem-arrasdouai.eu plaisir. Mathieu Dauchy

© Tim Deussens

MUSIQUE



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Stranded Horse

Kora corps Qu'elle est belle, l'épopée de Stranded Horse ! Un parcours qui s'étale sur une quinzaine d'années, prend sa source dans l'underground folk parisien et se poursuit sur les côtes ouest-africaines pour revenir en France, les yeux et les oreilles chargés de souvenirs et de savoir-faire. À l'origine, un dénommé Yann Tambour. Drôle de tour joué par l'état civil au vu de la discrétion d'un musicien qui, sous l'alias Encre, s'adonna à l'acoustique perturbée de boucles électroniques entre 2001 et 2006. Du folk bricolo ? Pas si simple : sombre, introspective, cette musique happait la lumière et remuait les tripes. En dépit d'un succès critique, Encre ne parvint jamais à toucher les foules. Ceci pourrait changer avec Stranded Horse. Cet avatar voit le trentenaire se renouveler en sortant de ses petites habitudes. C'est avant tout le fruit d'une rencontre avec un instrument peu usité dans la pop, la kora. Un instrument de la famille des harpes originaire d'Afrique de l'Ouest. Le Français découvre l'engin par hasard, lors d'un festival dans la Manche. Une révélation. Il s'approprie l'objet, voyage au Sénégal, et travaille avec Boubacar Cissokho. En trois albums ponctués de relectures étonnantes (Joy Division, The Smiths, Jackson C. Frank…), Yann Tambour maîtrise de mieux en mieux l'engin – finissant même par construire ses propres koras chromatiques. Alors, au risque de conclure sur une pointe cucul la praline, on goûte ses métissages sonores et culturels, au moment où 24.03, Bruxelles, Le Brass, 20h, 10/8€, les frontières semblent plus que jamais lebrass.be 25.03, Roubaix, La Cave Aux Poètes, 20h, infranchissables. Thibaut Allemand 12/10/8€, www.caveauxpoetes.com

© Pascal Amoyel

MUSIQUE



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© Harry A’Court – Inject Design

MUSIQUE

Fat Freddy's Drop Musique parfois conservatrice (le style roots et tutti quanti), le reggae n'en reste pas moins ouvert aux quatre vents – et pas forcément réservé à la seule périphérie de Kingston. Si la déclinaison française nous a toujours fait marrer, on prend plus au sérieux la version néo-zélandaise. Pourquoi ? Parce qu'il y a Fat Freddy's Drop. Depuis quinze ans, ces sept Kiwis revitalisent le genre en y glissant du funk, du jazz, de la soul, du hip-hop, voire quelques courants d'air techno. Un gloubi-boulga informe ? Un nectar sonore, plutôt. Pas étonnant que Gilles Peterson ait fondu pour ce groupe de scène dont le premier LP fut… un live. Toujours bon signe, ça. T.A. 29.03, Anvers, De Roma, 20h30, 28>24€, www.deroma.be 07.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 26>14€, www.aeronef-spectacles.com

© Julien Lenard

Nekfeu « Le rap c'est bien sympa, mais t'assures pas gros. Faudrait que j' te casse un bras pour que tu fasses une radio ! ». C'est l'une des punchlines avec lesquelles Nekfeu a détruit le pauvre Logik Konstantine, sur le plateau de Rap Contenders. Nous sommes en 2011. Le web s’enflamme autour de cette émission, avant de découvrir un premier album (Feu, 2015), et une valeur sûre du rap français. N’en déplaise à Yann Moix. S.A. 29.03, Bruxelles, Forest National, 20h, 40>30€ 01.04, Lille, Zenith, 20h, 40>35€ 02.07, Arras, Mainsquare Festival, pass 1 jour : 49€



Larry Gus Ce drôle de Gus s'est ébroué durant une paire d'années du côté d'Athènes avant d'être repéré par l'insigne maison DFA Records. Forcément, ça aide. Conjuguant d'étranges velléités de crooner décalé à une volonté de remuer les masses, l'Hellène a depuis signé trois albums hautement recommandables. Refusant tout plan d'austérité, cette pop brindezingue mêle cuivres célestes, chorales débraillées et collages sonores abscons mais pas si bêtes. Sur scène, l'hurluberlu affiche un charisme hors-norme – mais ça, on s'en doutait déjà. 04.03, Bruges, Cactus, 20h, 11/8/5€/ gratuit, www.cactusmusic.be

© Kostantia Manthou

certs CSoÉn LECTION Mar 01.03 JUNIOR BOYS - JESSY LANZA Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 18/15/12e WILLIAM SHELLER Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 41/ 34 / 31 e FIODOR NOVSKI Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

Mer 02.03 ALICE ON THE ROOF Opwijk, Nijdrop, 19h30, 16/13e COMÉDIES MUSICALES À BROADWAY Lille, Nouveau Siècle, 20h, 50>5e SOULFLY Gand, Vooruit, 21h, 21,75e

Jeu 03.03 [PIAS] NITES : FAT WHITE FAMILY + FEWS + YOUNG RIVAL Liège, Reflektor , 19h30, 15e COMÉDIES MUSICALES À BROADWAY Lille, Nouveau Siècle, 20h,

50>5e FUN LOVIN' CRIMINALS Louvain, Het Depot, 20h, 28 / 25 / 22e GIEDRÉ Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 23,80/20,80e ONCE UPON... RON MORELLI + MARCUS VECTOR + ERIC DUNE Lille, L'Aéronef, 21h, 10>3e

Ven 04.03 FUN LOVIN' CRIMINALS PLAY Gand, Vooruit, 19h30, 26,75e

THE INSPECTOR CLUZO + CHATEAU BRUTAL Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e URI CAINE & DAVE DOUGLAS Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e

Sam 05.03 HUBERT-FÉLIX THIÉFAINE Calais, Le Channel, 19h30, 35/25e HORSEBEACH Lille, La Péniche, 20h, 12/10/5e

MASS HYSTERIA Lille, Le Splendid, 20h, 24e

OXMO PUCCINO + RÉDOUANNE HARJANE Lille, L'Aéronef, 20h, 26>14e

PIERPOLJAK (LES ENCHANTEURS) Bruay-La-Buissière, Espace Culturel Grossemy, 20h, 15/13/10e

ROVER + MANSFIELD TYA Douai, L'Hippodrome, 20h, 20>9e

WILLIAM SHELLER Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 44>38e STEPHAN EICHER UND DIE AUTOMATEN Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 34/30e

AXELLE RED Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h30, 34>28e PRESQUE OUI (LES ENCHANTEURS) Auchy-les-Mines, Salle des fêtes d'Auchy-les-Mines, 20h30, 10>6e


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ROKIA TRAORÉ Amiens, Maison de la Culture d'Amiens, 20h30, 27>12e YOUSSOUPHA + LE FOND ET LA FORME Oignies, Le Métaphone, 20h30, 19>13e DJ JAZZY JEFF Lille, Le Magazine, 23h, 15e FIGURE NACHT WITH LEN FAKI Bruxelles, Fuse, 23h, 16e

Dim 06.03 OH WONDER + EVRST Lille, L'Aéronef, 18h, 15>5e

Lun 07.03 EAGLES OF DEATH METAL Lille, Le Splendid, 20h, 27,50e

Mar 08.03 !!! - STEREOLAD Bruxelles, Botanique, 20h, 21/18/15e LOU DOILLON Lille, Le Splendid, 20h, 28,50e CHRISTOPHE WILLEM Anzin, Théâtre d'Anzin , 20h30, 40/30e

CUBA Roubaix, Le Colisée, 20h30, 35>10e

Mer 09.03 GRAND BLANC Bruxelles, Botanique, 20h, 18/15/12e CHRISTOPHE WILLEM Calais, Le Grand Théâtre, 20h30, 39/36e

Jeu 10.03 MACKLEMORE & RYAN LEWIS Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 51/46/41e THE ABYSSINIANS Bruxelles, VK*, 19h30, 23/20e YANIS + WE ARE MATCH Liège, Reflektor , 19h30, 14e LA FEMME + GRAND BLANC Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>5e LA MUERTE Courtrai, De Kreun, 20h, 18/15/12e VON PARIAHS + BOMBAY Lille, L'Aéronef, 20h, 15>5e COLLEGE Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

GRUPO COMPAY SEGUNDO DE

Ven 11.03

ALEX BEAUPAIN Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e GREGORY PORTER Anvers, De Roma, 20h30, 34/32e LOS TRES PUNTOS + TEMENIK ELECTRIC + DEX METAL (LES ENCHANTEURS) Carvin, Salle des fêtes, 20h30, 12>8e CLAPTONE Lille, Le Magazine, 23h, 15e

Sam 12.03 GRAND JOJO EN CONCERT Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 38 /33 e HALF MOON RUN + AIDAN KNIGHT Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>5e SOUAD MASSI Bruxelles, Ancienne Belgique Flex, 20h, 30e MARGARET CATCHER + DEUX BOULES VANILLE… Lille, L'Aéronef, 20h, 13e>gratuit (abonnés) LUKE + LA MAISON TELLIER Oignies, Le Métaphone, 20h30, 18>12e

© DR

The Internet Du fait, entre autres, des figures Earl Sweatshirt et Tyler, The Creator, le collectif Odd Future a souvent été réduit à son nihilisme de tête brûlée. Sauf que la famille décomposée de Los Angeles s'est également illustrée dans le renouveau R&B – en témoigne le talent d'un Frank Ocean. Moins exposé, The Internet demeure pourtant une valeur sûre du genre, à situer quelque part entre le parrain D'Angelo et la jeune pousse FKA Twigs. Bref, les meilleurs fournisseurs d'excès.

16.03 Bruxelles, VK*, 19h30, 17/14€, www.vkconcerts.be // 25.03, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h,16>5€, www.legrandmix.com


Arthur H

© Léonore Mercier

« Du music-hall contemporain ». C'est ainsi qu'Arthur H présente sa nouvelle tournée. Plus qu'un simple concert, donc, le songwriter et écrivain a imaginé un spectacle et, pour ce faire, s'est adjoint les services du metteur en scène de Fauve ou Stromae – que ces références vous inspirent ou non, vous aurez saisi l'idée : il s'agit d'en mettre plein la vue. Pour les oreilles, son timbre tellurique déroule un vaste répertoire où se bousculent chanson, rock, pop ou disco… Le tout avec un talent majuscule, forcément. 19.03, Béthune, Théâtre Municipal, 20h30, 22/18€, www. theatre-bethune.fr // 31.03 Valenciennes, Le Phénix, 20h, 35>9€, www.lephenix.fr

NINE BELOW ZERO Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 17/14e ELLIOTT MURPHY Lillers, L'Abattoir, 21h, 18/15e ETIENNE DE CRÉCY + THE BABEL ORCHESTRA + FABRICE LIG + GLOBUL Charleroi, Rockerill, 22h, 12e KAS PRODUCT + SUPPORT Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 13/10e

Dim 13.03 MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG MITTERER) Lille, Opéra, 16h, 34/25/18/10/5e HUGH COLTMAN Lille, L'Aéronef, 18h, 26>14e PETITE NOIR + GRIFON Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 13>5e THE WANTON BISHOPS… Dunkerque, Les 4 Ecluses, 18h, 10/7e

Mar 15.03 MARBLE SOUNDS / ISBELLS Gand, Vooruit, 19h30, 18,75e MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG

MITTERER) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e

Mer 16.03

BURAKA SOM SISTEMA + ALO WALA Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25e

HIPPOCAMPE FOU Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

MERZHIN Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12>8e

MACEO PARKER Anvers, De Roma, 20h30, 24/22e

GREGORY PORTER Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h30, 46>40e

Jeu 17.03 DIDON ET ÉNÉE (ATELIER LYRIQUE DE TOURCOING) Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, 45>6e MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG MITTERER) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e GREG LARAIGNE + BUSTER SHUFFLE + SONIC BOOM SIX (LES ENCHANTEURS) Rouvroy, Salle des fêtes de Rouvroy, 20h30, 10>6e

Ven 18.03 3ÈME ÉDITION DU MICROPHONE CHECK - SPÉCIAL BELGIQUE (R2F – K-OTIK, PAKO, YOUSSEF SWATT’S...) Lille, Le Flow , 20h, Gratuit

JUNIOR RODRIGUEZ AND THE EVIL THING Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e LA CARAVANE PASSE + LES BRUITS D’COMPTOIRS Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 12/9e LES HURLEMENTS DE LÉO CHANTENT MANO SOLO + LES IDIOTS (LES ENCHANTEURS) Arras, Le Pharos, 20h30, 7>1,50e SCOTT MATTHEW Dixmude, 4AD, 20h30, 12 / 10 / 8 e

Sam 19.03 [PIAS] NITES : FLUME Bruxelles, Palais 12, 18h, 35,50e JOE JACKSON Anvers, Trix, 19h30, 30e



ABD AL MALIK Mons, Le Manège, 20h, 20e MARTA (OPÉRA DE WOLFGANG MITTERER) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e ARTHUR H Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 22/18e LEE "SCRATCH" PERRY : 80TH ANNIVERSARY SHOW Anvers, De Roma, 20h30, 22/20e

Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e

Mar 22.03

CARMEN MARIA VEGA Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 15/12e

Ven 25.03

TINDERSTICKS Louvain, Het Depot, 20h, 38 / 35 / 32e

LEE SCRATCH PERRY + ZENZILE Lille, L'Aéronef, 20h, 22>10e

SAUL WILLIAMS Anvers, Arenbergschouwburg, 20h30, 16e

STRANDED HORSE + MOHDD Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12>8e

THE ABYSSINIANS Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 18/16e

THE INTERNET Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16>5e

Mer 23.03

MERZHIN + LES YEUX DE LA TÊTE (LES ENCHANTEURS) Beuvry, Maison du parc de la Loisne, 20h30, 12>8e

BLACK BOX REVELATION Liège, Reflektor , 19h30, 18e

STUCK IN THE SOUND + RHUM FOR PAULINE Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 14/9e

VIANNEY + EMILIE GASSIN Oignies, Le Métaphone, 20h30, 19>13e

GENERAL ELEKTRIKS + GUTS + AFTER-LIVE DE VERLATOUR Lille, L'Aéronef, 20h, 22>10e

CASEY Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h30, 8e

BREAKBOT + PARA ONE + DJ PONE + WOODINI + DABEULL Lille, L'Aéronef, 21h, 26>14e

ROVER Bruxelles, Botanique, 20h, 23/20/17e

DJ KRUSH Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 18/15/13/5e

Lun 21.03 THE SISTERS OF MERCY + LSD ON CIA Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 41e LA YEGRO

THE ANGELCY + TIM FROMONT PLACENTI Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

Jeu 24.03 DJ KRUSH Liège, Reflektor , 20h, 15e

Sam 26.03 BRIGITTE Saint-Quentin, Le Splendid, 20h30, 35e UN CONCERT HOBO DE DICK ANNEGARN

© Rebecca Lupton

Jane Weaver Elle n'est pas exactement une débutante. Dans une vie antérieure, elle eut même pour manager Rob Gretton – oui, celui de New Order et copropriétaire du club déficitaire The Haçienda. En 2015, elle bénéficie d'un coup de projecteur inattendu à l'occasion de la découverte tardive de The Silver Globe. Folk psyché, krautrock, chant habité et orchestrations sans âge donnent le tournis. On songe en vrac à Kate Bush et Joe Meek, Broadcast et Vashti Bunyan. Très en vogue, ces références peinent cependant à définir la maestria de la Mancunienne. LES FEMMES S’EN MÊLENT : 01.04, Lille, La Péniche,

20h, 13/12€, www.lapeniche-lille.com

www.lm-magazine.com



62 DISQUES

Disque du mois

Junior Boys BIG BLACK COAT (City Slang)

Cinquième album après… cinq ans d'absence. On craignait un poil de trouver nos Junior Boys un peu dépassés. Craintes vite évaporées : le tandem canadien a toujours été à part, jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction. Géographiquement séparée – Matt Didemus réside désormais à Berlin, tandis que Jeremy Greenspan est resté dans l'Ontario et traîne avec Caribou – la paire n'en a pas moins conservé d'excellents réflexes au moment de composer un tube (C’Mon Baby, les fans de Hot Chip devraient apprécier) ou de dépoussiérer de vieux standards blue-eyed soul oubliés (What You Won’t Do for Love, de Bobby Caldwell). Pour le reste, on navigue entre souvenirs acid, house de Chicago ou R&B porté sur le stupre. Ce voyage à travers 30 ans de dancefloors pourrait virer au pastiche ou au catalogue – il n'en est rien, tant les Canadiens s'approprient chaque genre. Certes, on ne retrouvera peutêtre jamais la mélancolie diaphane de Last Exit (2004), premier essai sans doute indépassable. Or, le spleen se planque dans les plis de ces morceaux faussement hédonistes et plus profonds qu'ils n'y paraissent – un peu comme New Order ou Pet Shop Boys avant eux, tiens. Thibaut Allemand

The Magnetic North PROSPECT OF SKELMERSDALE (Full Time Hobby / PIAS)

Erland Cooper et l’ex-Verve Simon Tong nous avaient enchantés avec la dernière livraison d’Erland & The Carnival (Closing Time, 2014). Leur autre projet, The Magnetic North, porté par la voix et les arrangements féériques de Hannah Peel, révèle une autre perle pop. Fruit d’une réflexion autour de la ville où Tong a vécu son enfance (et qui a accueilli en masse les adeptes de la Méditation transcendantale), Prospect of Skelmersdale est surtout une collection de morceaux mélancoliques. Les orchestrations cinématographiques y transcendent justement une atmosphère pluvieuse à souhait. On tourbillonne avec A Death in The Woods, et les discrètes touches synthétiques finissent de hachurer cette gravure en noir et blanc à l’attrait magnétique. Rémi Boiteux


Steve Mason

The Coral

MEET THE HUMANS

DISTANCE INBETWEEN

(Double Six / Domino)

(Ignition / PIAS)

Bonne nouvelle ! Jadis fin mélodiste enfumé, esprit baba new school avec The Beta Band, Steve Mason, sévèrement dépressif, s'était réinventé plusieurs fois. Citons King Biscuit Time, Black Affair (avec l'aide d'un certain Jimmy Edgar) et deux LP sous son propre nom. Hélas, tous ces albums, aussi réussis soient-ils, n'auraient jamais l'impact du tube Dry The Rain. Aujourd'hui, l'Ecossais délaisse (un peu) l'électronique pour revenir à ses premières amours, une pop luxuriante et nonchalante – néanmoins parsemée de touches synthétiques. On la qualifiera de folktronica, faute de mieux. Note aux aficionados de Django Django qui n'auraient jamais entendu une note de ce talent trop méconnu : jetez une oreille… Thibaut Allemand

De secret le mieux gardé de Liverpool, The Coral est devenu, au fil d’une discographie irréprochable, un sésame pour les fans de pop. De pépites folk en psychédélisme barré, la bande menée par James Skelly (et que Bill Ryder-Jones a hélas quittée) mêle classicisme et excentricité avec une élégance infinie. Sur Distance Inbetween, ce sont les inflexions stoner qui surprennent d’abord, sans convaincre entièrement, là où les ambitions californiennes de Butterfly House continuent de nous ravir. Saisis par la grâce du majestueux morceau-titre ou de l’étrange She Runs The River, on y revient pourtant et les transes de Connector finissent par nous emporter. Disque imparfait, mais chez The Coral il y a toujours des étincelles pop à saisir. Rémi Boiteux

Cavern Of Anti-Matter VOID BEATS / INVOCATION TREX (Duophonic / Differ-Ant)

Qui n'a pas monté son groupe krautrock ? Levez les doigts, que je vous compte ! Après Geoff Barrow (et son projet Beak>), Yann Tiersen (et son trio ESB), voici Cavern Of Anti-Matter, mené par Tim Gane. Soit l'âme des gauchistes pop McCarthy et, surtout, de Stereolab, formation rétrofuturiste citée 156 458 fois par jour dans des chroniques musicales (d'après une étude très sérieuse de l'Université d'Oxford). Autant dire que l'Anglais connaît son sujet, question rythmiques motorik et nappage de synthés célestes – Neu! en tête. Instrumentale et obsédante, cette grosse heure se suffit à elle-même, et les invités de luxe tels Bradford Cox sont presque de trop. Pas grave, on tient une nouvelle BO idéale pour nos trajets à Düsseldorf en Volkswagen. Thibaut Allemand


64 LITTÉRATURE

Bande dessinée Drôles de dames

Dossier réalisé par François Annycke & Julien Damien

Quelle est la place des femmes dans la BD ? Drôle de question... Si quelques malotrus angoumoisins en doutent encore : non, les dessinatrices talentueuses ne manquent pas. Dans ce domaine Claire Bretécher est bien l’arbre qui cache la forêt. Rencontre avec trois auteures atypiques, toutes débordantes d’humour.


© Ariane Ge ffard

Interview

Pauline Aubry Une case en plus Propos recueillis par François Annycke

Le trait frise la caricature, la palette de couleurs est limitée mais le dessin est efficace. Pauline Aubry s’est fait remarquer avec Les Mutants. Une BD entre crises d’angoisse, points noirs et bleus à l’âme, mais servie par un ton drôle et léger. Quel est le sujet de votre album ? Je me suis intéressée aux problèmes psychiques des jeunes pour qu’on arrête de les prendre pour des extra-terrestres. J’y ai ensuite apporté une expérience personnelle via des ateliers que j’ai menés dans une institution avec des adolescents. Comment avez-vous trouvé votre style ? Difficilement ! Je n’étais pas très douée en dessin. Mais j’aime raconter des histoires. Il a donc fallu que je développe ma propre technique pour y arriver. >>>


66 LITTÉRATURE

C’est-à-dire ? Au début, je visais un certain réalisme. Puis, on m’a suggéré de travailler à la plume sur une table lumineuse et ce fut la révélation ! J’ai allégé les traits, retiré les cases. En épurant mon travail, j’ai réalisé que la couleur n’a pas besoin d’être narrative. J’ai donc limité ma palette à trois tonalités. Comment concevez-vous une exposition BD comme à Angoulême ? En évitant de présenter uniquement douée en dessin. des planches. En montrant comMais j’aime raconter ment je me suis construite en tant qu’adolescente dans les années 1990. des histoires » Pour cela, j’ai rassemblé des photos d’amis, mes agendas, les petits mots qu’on s’échangeait en classe. Il y avait aussi une bande-son de l’époque. C’est vraiment la question au cœur du livre : en quoi l’adolescence consiste-t-elle ?

« Je n’étais pas très

Qu’avez-vous pensé de la polémique liée à la sous-représentation des dessinatrices dans la sélection officielle à Angoulême ? Le milieu de la BD est-il sexiste ? Je n’ai pas ce sentiment. Cette polémique s’est construite sur des raccourcis. Parmi les auteurs sélectionnés il y avait des femmes. C’est vrai qu’on imagine le bédéaste comme un geek qui porte des t-shirts et des jeans sales et réalise des BD de motards. Mais des auteures comme Marion Montaigne, Pénélope Bagieu ou, avant, Bretécher, bousculent largement ce cliché.

À visiter / www.polettedessine.com À Lire / Les Mutants, Les Arènes, 136p., 20€

Y a-t-il un humour féminin ? Je ne pense pas. Marion, par exemple, cultive un humour unisexe. Et allez faire un tour du côté de Lisa Mandel, c’est trash ! Certes, Pénélope développe un univers plus « girly », mais je ne pense pas qu’il y ait de différences… En tout cas, on est tous très mal payés !


32 Š Les Arènes Les Mutants, page

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Marion Montaigne

Science et rire

Passionnée de biologie depuis toute petite, cette scientifique contrariée, trop nulle en maths pour envisager une carrière en blouse blanche, a pris sa revanche à grand coups de crayon et d’humour trash.

© Chloé Vollm er-Lo

Née en 1980 sur l’île de La Réunion (« comme Raymond Barre »), Marion est passée par la prestigieuse école des Gobelins et vit aujourd’hui à Paris. Si elle multiplie les collaborations, c’est avec Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même) qu’elle s’est fait connaître. En donnant vie, en 2008, au Professeur Moustache, cette jeune femme à l’air mutin initiait du même coup un nouveau genre : la vulgarisation scientifique humoristique. D’abord sous forme de blog, puis d’albums (déjà quatre tomes) et enfin de mini-série (sur Arte) ce personnage androgyne répond à tout un tas de questions biscornues. « Pourquoi dans les films américains, les flics ont l’air trop cool ? »… « Quand est-ce qu’on pourra enfin se battre avec des lasers ? »… En résultent des exposés tordants, à l’humour aussi fin que le trait est potache (proche de Reiser) où des personnages hallucinés aux yeux globuleux ont une fâcheuse propension à répandre leurs tripes sur la page… C’est drôle, certes, mais aussi très rigoureux. Qu’elle parle phyÀ visiter / tumourrasmoinsbete.blogspot.fr sique quantique, microbiologie ou astronoÀ lire / Tu mourras moins bête, Tome 4 mie, Marion Montaigne n’hésite pas à se (2015), Delcourt, 256p., 19,99€ // documenter dans les labos de nos éminents L’intelligence artificielle (sortie le 04.03.2016), J.-N. Lafargue & Marion chercheurs (jusqu’à donner de sa personne, Montaigne, Le Lombard, 72p., 10€ // en testant par exemple l’apesanteur lors de Riche, pourquoi pas toi ? (2013), Marion Montaigne et Michel Pinçon & Monique vols paraboliques en avion !) Oui, on mourra Pinçon-Charlot, Dargaud, 134p., 17,95€ moins bêtes. Et on se sera bien marrés. J. D.


Tu mourras moins bête, tome 4, page 207 © Éditions Delcourt >>>


70 LITTÉRATURE

Pénélope Bagieu Girl Powder

© Manuel Br aun

Parmi les nouvelles pousses de l’humour féminin en BD, on ne peut pas manquer Pénélope Bagieu. Ses albums lui ont valu jusqu’à la reconnaissance du ministère de la Culture, qui la fit Chevalier des Arts et des Lettres en 2013.

Comme Marion Montaigne, elle s’est fait connaître par son blog, Ma vie est tout à fait fascinante, suivi par 60 000 visiteurs par jour. Celui-ci a donné lieu à un premier album éponyme chez Delcourt puis d’autres qui ont constitué la série Joséphine, vendue à 300 000 exemplaires. Agnès Obadia adapta le premier volume au cinéma en 2013 et le deuxième est sorti en février – avec Marilou Berry. Abusivement réduit à l’adjectif « girly », son style est singulier. Un dessin net, des couleurs vives et un décor minimal. Ses premières histoires retraçaient en petites saynètes la vie d’une jeune femme entre amour, shopping, discussions entre copines... Pour autant, Pénélope ne supporte pas qu’on la réduise à son genre. « Le jour où l’on arrêtera de me demander ce que ça fait d’être une femme dans le milieu de la BD, je pense qu’on aura gagné quelque chose », dit-elle. D’ailleurs elle s’inspire désormais de figures de femmes qui se sont émancipées. Ainsi dans son dernier album, California Dreamin’, elle retrace sous À visiter / penelope-jolicoeur.com // forme romancée la vie de la rebelle Ellen Cohen, lesculottees.blog.lemonde.fr À Lire / California Dreamin’, alias Cass Elliot, chanteuse de The Mamas & the Gallimard-BD, 276p., 24€ Papas. Elle délaisse ici la palette graphique pour Ma vie est tout à fait fascinante, Delcourt, 96p., 15,50€ //Joséphine le crayon à papier. Dévoilant une autre facette l’intégrale, Delcourt, 192p., 35€ de son talent. F. A.


Gallimard in’, page 193 Š California Dream


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Livres

Riad Sattouf

Pierric Bailly

LES CAHIERS D’ESTHER

L’ÉTOILE DU HAUTACAM

(Allary Editions)

(Editions P.O.L.)

La jeunesse, il connaît, Sattouf. De son Retour au collège à son enfance contée dans L’Arabe du futur en passant par la fameuse Vie secrète des jeunes ou Les Beaux gosses, le Rennais a scruté la vie des mineurs de fond en comble. C’est la première fois qu’il en brosse le portrait avec une telle tendresse. En dépeignant le quotidien de sa propre « scénariste », Esther, neuf ans, Sattouf se fait prévenant, délaisse l’humour acerbe. Mais il se rattrape avec le dessin – amusant comme le père d’Esther ressemble à Pascal Brutal… Surtout, ces 52 anecdotes, joliment reliées (on pense au Petit Nicolas) prouvent que les mômes actuels n’ont pas une enfance si différente de la nôtre. C’est la même, l’iPhone 6 en plus. 56p., 16,90€. Thibaut Allemand

Simon Meyer est au milieu de sa vie. Envolées ses envies de cinéma, c’est avec des ambitions revues à la baisse qu’il se rend aux obsèques de sa grand-mère et décide de retrouver sa province natale. À partir de ce constat doux-amer, pointant les petits renoncements, le récit bascule sans prévenir vers le conte débridé. La destination du héros devient un village dans les nuages, une île perchée à 15 kilomètres d’altitude et tenue par un industriel mégalomane. Après un Michael Jackson qui jouait déjà d’astuces narratives pour brosser un portrait tout en nuances, Pierric Bailly confirme ici son talent. Il sait donner chair à ses personnages et un écho à nos errements intimes. 336p., 17€. Rémi Boiteux

Ludovic Miserole ZAMOR, LE NÈGRE RÉPUBLICAIN (L’Atelier Mosésu)

Après Rosalie Lamorlière, dernière servante de Marie-Antoinette, Ludovic Miserole poursuit son panorama des personnages historiques qui ne sont pas passés à la postérité. Empruntant aux genres de la biographie, cet ouvrage n’en a pourtant pas la prétention. Certes richement documenté, Zamor, Le nègre républicain est une œuvre de fiction résolument classique, avec ce que cela suppose d’intrigue, d’imaginaire romanesque et d’actants greimasiens. Point ici d’analyse socio-historique, l’auteur nous conte simplement et passionnément la destinée peu ordinaire d’un homme noir admis à la cours du roi Louis XV, protégé de Madame du Barry, puis proche des protagonistes de la Révolution Française. Cela suffit à son originalité, à défaut de parfaire notre érudition. 358 p., 18€. Thomas Lansoud-Soukate



74 ÉCRANS

Interview

Felix Van Groeningen

Grandeur et décadence Propos recueillis par Marine Durand Photo Hans De Greve / Thomas Dhanens - Pyramide Production

Quatre ans après le bouleversant Alabama Monroe, le Gantois Felix Van Groeningen est de retour avec un long-métrage inspiré de son histoire familiale : celle d’un petit bar de quartier racheté par deux frères et qui devient, en quelques mois, un lieu légendaire de la nuit belge. Dépassé par son succès et par les excès qu’il abrite chaque week-end, le Belgica perd peu à peu de son âme. De retour de Sundance avec le prix de la meilleure réalisation, le cinéaste évoque les coulisses d’un projet cinématographique et musical hors du commun.


Quelle est la part de réalité dans Belgica ? Dans les années 1980, mon père a tenu un bar à Gand : le Charlatan. De simple café-concert, l’endroit s’est rapidement transformé en lieu branché, avant de décliner. Il l’a alors vendu à deux frères qui ont eux aussi connu le succès. Mais comme dans le film, l’aîné s’est un peu perdu dans la folie de la nuit et le plus jeune a quasiment été obligé de le virer. J’ai rencontré ces deux frères pour qu’ils me racontent leur histoire et je l’ai mélangée avec celle de mon père. Belgica est donc une fiction inspirée de faits réels. Vous avez dû largement profiter de la nuit gantoise… Pas tant que ça, en fait. J’ai travaillé au Charlatan dès mes 16 ans, j’ai commencé à sortir assez jeune mais j’ai arrêté très tôt, vers 20 ans. Cela me rendait malheureux. Certaines soirées étaient fantastiques, mais j’ai toujours eu un peu de mal à recommencer à vivre le lendemain. Il me manquait quelque chose, peut-être ce que j’ai trouvé dans le cinéma. >>>


76 ÉCRANS

« Je voulais saisir ce

Comment s’est déroulée la collaboration avec le groupe Soulwax (2ManyDJ’s), qui signe la bande moment où le public originale ? s’agglutine devant le Je ne m’y connais pas vraiment en musique mais j’ai adoré le travail bar, la musique monte, sur mon précédent film Alabama Monroe et j’avais envie d’aller et où soudain les gens encore plus loin, avec une B.O. très éclectique. Les frères Dewaele se mettent à danser » sont Gantois tout comme moi, ce sont des copains et ils sont eux-mêmes passés d’un groupe de rock à l’electro. Ils ont immédiatement accepté le projet, d’autant qu’ils connaissaient l’histoire du Charlatan, mais à une condition : se charger de la musique de A à Z. Tous les groupes qui se produisent sur la scène du Belgica dans le film sortent directement de leur imagination ! Ils ont composé tous les titres, dans une trentaine de styles différents, et même inventé le nom de chaque groupe ! C’était un vrai challenge pour eux, et pour moi une expérience fantastique. Comment tourne-t-on des scènes de fête aussi intenses ? Pour renforcer le réalisme, j’ai demandé à la production de nous fournir de l’alcool, mais ils ont refusé ! (rires) Il fallait tout de même créer une ambiance, inciter les figurants à danser, alors j’ai poussé la musique à fond sur la plupart des scènes, en ne la baissant que pour enregistrer les dialogues. Les concerts étaient joués en direct. Il n’y a aucun play-back, ce qui rend l’ensemble très réaliste. Je voulais aussi saisir un phénomène que mon grand frère m’a souvent décrit : ce moment où le public s’agglutine devant le bar, où la musique monte, et où soudain les gens se mettent à danser. On voit évoluer le Belgica d’un modeste bar à bière vers une grosse boîte de nuit branchée. Cela reflète-t-il une tendance générale en Belgique ? Au Charlatan, nous avions l’impression d’être différents des autres bars. Tout le monde était le bienvenu, il y avait des blacks, des Marocains, pas de racisme et on s’amusait beaucoup. Après deux ou trois ans, l’ambiance a changé. Peut-être y a-t-il eu trop de fêtes, trop de drogues ? Je souhaitais montrer la transition du petit endroit sympa et foutraque qui devient un business, avec des videurs,


des caméras de surveillance... Cela arrive souvent lorsqu’on cherche à professionnaliser des mouvements spontanés.

« Je montre la transition du petit endroit sympa et foutraque

Souhaitez-vous dénoncer un en business, avec des tournant sécuritaire dans le monde de la nuit ? videurs et des caméras Ce tournant ne concerne pas uniquement les concerts, les de surveillance... » soirées ou le clubbing, mais le monde tout court. L’Europe ne sait plus trop comment réagir, les gens ont peur les uns des autres. Ce que nous avons vécu il y a 20 ans avec la métamorphose de ce bar renvoie à notre société actuelle. Avez-vous des projets en cours ? Oui, Beautiful Boy, l’adaptation d’un livre sur la relation entre un père et son fils. J’y pense depuis deux ans. J’ai soumis ce projet aux États-Unis grâce au succès d’Alabama Monroe, qui a été primé aux Oscars. On De Felix Van Groeningen, avec Tom Vermeir, Stef Aerts, vient d’achever le scénario et le film Hélène De Vos... Sortie le 02.03 sera produit par la société de Brad Pitt.


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Festival 2 Valenciennes

Écran large Texte Julien Damien Photo Médecin de campagne © Jair Sfez

Coincé entre la Berlinale et la quinzaine cannoise, le Festival 2 Valenciennes a réussi à se faire une belle place dans le calendrier des cinéphiles. Au programme : une quarantaine de films internationaux, fictions ou documentaires, des rencontres avec des monstres sacrés et… des grosses bêtes.

C

réé en 2011 sur les cendres du Festival du Film de Valenciennes, le rendezvous a gardé la convivialité propre à son prédécesseur en s’enrichissant de nouvelles sections, notamment documentaire. C’est ainsi dans la cité du Hainaut qu’on a découvert avant tout le monde The Act of Killing de J. Oppenheimer (nommé lors des Oscars en 2014) ou Les Nouveaux Chiens de garde de Balbastre & Kergoat (césarisé en 2013). Pour autant son directeur, Jean-Marc Delcambre, revendique une programmation « populaire et éclectique », prompte à séduire les spécialistes comme les amateurs, qui découvrent des sujets « toujours en prise avec l’époque ». Citons pour exemple Médecin de campagne de Thomas Lilti (Hippocrate), avec François Cluzet, tous les deux attendus lors de cette avant-première. La belle et les bêtes – Une volonté d’allier exigence et accessibilité qui s’incarne chez les deux invitées d’honneur de cette sixième édition : la réalisatrice Diane Kurys (Diabolo menthe, 1977) et Nathalie Baye. Pour autant le Festival 2 Valenciennes 14>20.03, Valenciennes, Gaumont, s’attache aussi à mettre en lumière les place d’Armes, séances : 5/3€, festival2valenciennes.fr e métiers de l’ombre du 7 art à travers des Temps forts : 14.03, 20h : soirée d’ouverture (présentation des jurys documentaires, animations toujours appréciées. Aux casprojection du premier documentaire cades de Patrick Cauderlier ou aux effets en compétition) // 16.03, 20h : soirée d’ouverture 2 (palmarès de la compétition spéciaux de Georges Démétrau succèdent « documentaires », hommage à Diane les fauves du Thierry Le Portier. Le dresKurys, présentation des jurys fictions, projection du premier film « fictions » seur français, qui a travaillé sur Gladiator, en compétition ) // 19.03, 20h : soirée L’Odyssée de Pi ou maté les tigres de Fort de clôture (palmarès de la compétition « fictions », hommage à Nathalie Baye, Boyard livre sur la place d’Armes quelques projection de Médecin de campagne) démonstrations (forcément) au poil.


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Dans ma tête un rond-point

À la vie à la mort Documentaire

Qu’un premier long-métrage documentaire consacré aux abattoirs d’Alger sorte en salles n’avait rien d’une évidence. Mais depuis son passage au FID Marseille, Dans ma tête un rond-point n’a cessé d’être primé. Normal : Hassen Ferhani a réalisé un grand film. Peut-on parler d’amour dans un abattoir ? Et rêver de révolution ? Oui, évidemment. Pourtant, cela ne manque pas d’étonner. C’est que depuis Le Sang des bêtes, réalisé en 1949 par Georges Franju, le cinéma aura surtout visité ce type d’endroit pour en révéler l’horreur. Hassen Ferhani, né en 1986 à Alger, a pris le contre-pied de cette tradition. Dans ma tête un rond-point ne tire aucun spectacle de l’agonie des bêtes. Pourtant celles-ci sont bien là, massives, dans un coin du cadre ou sur son bord. Mais autre chose intéresse le cinéaste : les êtres qui peuplent cet espace et les manières qu’ils ont de l’habiter. Le lieu de mort se révèle aussi un lieu de vie. De l’abattoir, on ne sortira que le temps d’un plan aérien. Coincé entre deux voies rapides, il est situé au cœur de la capitale algérienne. Certains vieux y travaillent depuis 1945. Les plus jeunes espèrent s’en échapper. C’est une prison et une maison, où l’on vit avec les chats et les oiseaux. En immersion, certes, Ferhani ne s’impose pas. Il écoute, veille, puis finit par répondre aux questions qu’on lui pose. Des liens se sont tissés, une confiance, une amitié. Peut-on attendre chose plus bouleversante d’un documentaire ? Celui-ci peint, dans la lumière rose de la nuit algéroise, des portraits D’Hassen Ferhani, en salle inoubliables. Raphaël Nieuwjaer

© Les Films de l’Atalante

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Jodorowsky’s Dune

La Folie des grandeurs Documentaire

L’histoire du cinéma est truffée de films qui ne virent jamais le jour. L’adaptation par Alejandro Jodorowsky du roman Dune de Frank Herbert en fait partie. Le documentaire de Frank Pavich lève aujourd’hui le voile sur ce projet pharaonique avorté à l’orée de son tournage, entre frustration et jubilation. C’est en 1975, après avoir réalisé les poétiques, surréalistes, métaphysiques El Topo et La Montagne sacrée, que le Chilien Alejandro Jodorowsky se lance dans l’adaptation du classique de la science-fiction qu’est Dune, publié en 1965. Ce documentaire revient sur la genèse du projet, faisant défiler comme autant d’ébauches prometteuses les croquis, planches de storyboard et anecdotes liées au recrutement d’une armée de « guerriers spirituels » : H.R. Giger, Chris Foss et Moebius pour les décors, Dan O’Bannon aux effets spéciaux, Pink Floyd et Magma pour la bande son, Mick Jagger, Udo Kier, Dali, David Carradine et Orson Welles au casting… De quoi regretter l’abandon par les producteurs (en manque de moyens) de cette entreprise. Si ce documentaire vaut pour sa réussite à ranimer le film dans notre imaginaire, il offre également un portrait du facétieux Jodorowsky, aujourd’hui âgé de 87 ans, doux (ou inquiétant ?) illuminé à l’œil rieur et à l’ambition démesurée. On s’interroge sur la véracité de certaines parties de son récit, mais on est frappés par la créativité sans bornes d’un utopiste certes déçu, mais plus De Frank Pavich, avec les interventions d’Alejandro que jamais persuadé que « les rêves Jodorowsky, Michel Seydoux, Chris Foss, H.R. Giger, Nicolas Winding Refn… Sortie le 16.03 aussi peuvent changer le monde ». Audrey Jeamart

© Chris Foss / Guild Tug

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info@lastrolab.com - PHOTO : Léonore Mercier - LIC 1 - 11083804 / 1-1083806 / 3-1083805

CHANSON FRANÇAISE

ARTHUR H EN CONCERT

SAMEDI 19 MARS 2016 THÉÂTRE DE BÉTHUNE – 20H30

WWW.THEATRE-BETHUNE.FR – FNAC, TICKETNET ET DIGITICK


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EXPOSITIONSTYLE


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Tim Yip L’empire des sens Texte Julien Damien Traduction Sonia Abassi Photo Tim Yip Studio / Julien Damien

La Maison de la culture d’Amiens accueille à l’occasion de son 50e anniversaire l’œuvre protéiforme de Tim Yip. Figure de l’ombre du cinéma, il a notamment signé les costumes et décors de Tigre et Dragon, pour lequel il reçut un Oscar en 2001. Mais cet artiste chinois est aussi photographe, sculpteur, architecte... In Parallel donne à voir un travail tant esthétique que spirituel, traversé par la notion de « nouvel orientalisme» et la mystérieuse Lili.


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u haut du premier étage de la MCA, derrière ses lunettes de soleil, elle semble observer les passants qui déambulent sur la place Léon Gontier. « Elle », c’est Lili, la muse en fibre de verre qui accompagne Tim Yip à travers le monde. Pour cette exposition, l’artiste l’a fait poser dans les rues d’Amiens, ses cafés, sa célèbre cathédrale et un peu partout en baie de Somme. Une déambulation que l’on peut suivre à travers des photographies ou vidéos projetées le long du parcours. Mais qui est cet étrange mannequin à l’apparence si humaine, semblant glisser «en parallèle» de notre monde ? « Elle est comme un miroir, nous glisse Tim Yip. Lili est un objet vide dans lequel tout le monde peut se projeter, quelle que soit votre histoire et où que vous vous trouviez ». Une façon, aussi, de rendre l’art contemporain accessible, car interactif. Incarnations – Pour cette exposition, Tim Yip a décliné Lili sous plusieurs formes. Au rez-de chaussée de la Maison de la culture, la voici immense et désarticulée, allongée sur un lit de galets typiques de la région. Elle incarne la triste histoire de ces travailleurs chinois qui ont >>>



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péri dans la Somme durant la Grande Guerre. À l’étage, on la retrouve géante, telle une Alice au pays des merveilles vêtue comme une ado d’aujourd’hui, trait d’union entre songe et réalité. Plus loin, elle est recroquevillée en position fœtale, sous forme d’une statue de marbre nous invitant dans son rêve... Tim Yip a trouvé en Lili « une signature, un symbole ». Elle lui permet d’exprimer une œuvre oscillant entre la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, de circuler à travers le temps mais aussi les cultures, entre Orient et Occident. Un contraste entre ces esthétiques que l’on retrouve dans les superbes costumes exposés ici, comme cette robe qui mêle carreaux anglais et manches longues qui caractérisent l’opéra de Beijing. Un style qui, plus largement, introduit le « nouvel orientalisme », « une notion en mouvement, qui renvoie au vide mais incluant tout ce qui existe. Comme dans les estampes Tim Yip – In Parallel chinoises traditionnelles où les Jusqu’au 15.05, Amiens, Maison de la culture artistes laissent un espace que (Hall Matisse et salle Giacometti), mar > ven : 13h>19h, sam & dim : 14h>19h, gratuit, le spectateur peut remplir... ». www.maisondelaculture-amiens.com À nous d’œuvrer, donc.



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Agnès Varda

Toujours la patate Le nom d’Agnès Varda est synonyme de cinéma engagé, d’un autre regard porté sur le monde depuis les années 1950… et de patates en forme de cœur ! Pour la première fois, une exposition permet d’explorer l’œuvre foisonnante de cette grande artiste, sur ses terres natales. Avec l’image, Agnès Varda tisse des liens entre l’intime et le social, confronte l’imaginaire à la réalité. L’exposition qui s’ouvre à Ixelles est l’occasion pour l’artiste de plonger dans ses souvenirs, de « revenir sur son parcours et son engagement d’une manière inédite » affirme Claire Leblanc, commissaire de l’événement. Inviter la cinéaste « à travailler sur ce site où elle est née et a passé une partie de son enfance » a stimulé sa créativité. Le parcours s’effectue comme une balade à travers l’imagination – débordante – d’Agnès Varda. On circule entre photographies, extraits de films, objets personnels et installations créées pour l’occasion. On visite son quartier grâce à une reconstitution des étangs d’Ixelles au sol, on découvre un paravent où sont épinglées des images tirées des boîtes à souvenirs de sa mère. Et bien sûr, on observe sous toutes les coutures les fameuses patates, stars de l’œuvre de l’artiste, avec Patatutopia. L’exposition s’assortit d’une rétrospective à la Cinematek, pour redécouvrir quelques-uns de ses Agnès Varda. Patates & Compagnie 36 films. Quant à Agnès, elle est partout, Jusqu’au 29.05, Bruxelles, Musée d’Ixelles, mar > dim : 9h30>17h, 8/5€/ gratuit nous adressant des clins d’œil au milieu (-18 ans), www.museedixelles.be des tubercules, malicieuse et drôlement Cycle « Agnès Varda : couples et sentiments » 01.03 > 12.04, Bruxelles, Studio 5-Flagey vive. Bref, toujours jeune... à 87 ans ! (Cinematek), 4/2€, www.cinematek.be Marie Pons

Patatutopia © Agnès Varda

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Sidival Fila, Metafora verde muschio 250 © Sebastiano Luciano / Museo Bilotti

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Drôles de trames !

Entre les lignes Qu’ont en commun le textile, la peinture, le cinéma ou Internet ? Les raccords sont nombreux, comme le montre cette singulière exposition confectionnée au Fresnoy autour de la trame. Bien sûr, Drôles de trames ! se lit d’abord comme « une métaphore de l’histoire textile de la région » selon Pascale Pronnier, co-commissaire de l’accrochage. Mais en tirant sur ce fil, un récit apparaît. On observe en effet à travers le temps « une permanence de la trame », qu’elle soit conceptuelle ou artisanale. Celle-ci constitue notamment la toile, laquelle signifie à la fois le web, un tableau, un film où ce qui nous habille. S’appuyant sur les créations d’artistes internationaux, ce parcours poétique tisse un pont entre les âges où se mêlent matières, arts et technologies. Des motifs que l’on décrypte par exemple dans les sculptures digitales de Ryoichi Kurokawa qui jaillissent sur un écran géant, réveillant dans notre mémoire des images ou portraits qui peuplent Internet. Un subtil raccord relie d’ailleurs ces lignes fantomatiques à celles, plus minimalistes, de François Morellet, figure de l’abstraction géométrique, ou encore aux œuvres virtuelles de Pablo Valbuena. Grâce à d’astucieux mappings, l’Espagnol révèle d’étonnantes formes cachées dans la structure même du Fresnoy... Un voyage sensible et 04.03 > 08.05, Tourcoing, Le Fresnoy, mar, jeu, dim : 14h>19h // ven & sam : 14h>20h, symbolique qui ne s’emmêle jamais les 4/3€/ gratuit (-18 ans), www.lefresnoy.net fils, ça va de soi(e). Julien Damien



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Karl Schotland (Belgique) Marec (Belgique)

Ceci n’est pas l’Europe !

Drôles de desseins Texte Julien Damien Photo Cartooning for Peace

Coproduite par le Mons Memorial Museum et l’association Cartooning for Peace (présidée par Plantu) cette exposition esquisse en 120 dessins de presse un portrait nécessaire mais sans concession de l’Europe. L’occasion de découvrir, aussi, toute la diversité d’un art devenu depuis un sinistre matin de janvier la cible d’une tripotée d’abrutis. Mais plus vivant – et vivifiant – que jamais.


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T

out est parti d’une conversation avec Plantu, en 2013. « Je lui ai dit que c’était très bien de monter des expos dans le monde entier, de s’inquiéter des problèmes du ProcheOrient, des Droits de l’Homme, etc. Mais qu’il était aussi temps de balayer devant notre porte », relate Nicolas Vadot, commissaire de l’exposition. Crise migratoire, économique, montée des nationalismes, cet accrochage décrit donc l’Europe actuelle mais aussi ce qu’elle pourrait être. « Je souhaite que cette expo intrigue ou choque le visiteur, en tout cas qu’elle ouvre le débat ». Il s’agit, surtout, « de rappeler des vérités simples, comme le fait que nous vivons en démocratie

Cristina Sampaio (Portugal) Vadot (Belgique)

depuis 70 ans, insiste ce dessinateur belge qui officie depuis 1993 dans les pages du Vif/L’Express. Il est donc extraordinaire d’avoir créé cette entité supranationale, certes imparfaite, accusée de tous les maux, mais qui ne s’appuie pas sur un conflit armé ni un désir d’expansion, plutôt sur l’élargissement ». Le parcours est découpé en 10 thèmes articulés selon un ordre précis : des prémices du projet européen jusqu’au regard que porte le monde sur le Vieux Continent, en passant par le Brexit, la place de la Turquie ou la question des réfugiés. >>>



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Altérité – Œuvres d’une cinquantaine d’auteurs représentant 29 nationalités, ces caricatures sont exposées sur des grand panneaux plongés sous une lumière tamisée, « pour installer un sentiment d’intimité et que le dessin fonctionne comme un miroir reflétant nos convictions ». L’ensemble cultive un équilibre entre les styles : « il y en a de très drôles, d’autres plus cyniques, poétiques, ou critiques, parfois à l’opposé de mes idées ». Au-delà du message, on découvre aussi un art très riche, dont la palette court de la peinture au numérique, tel cet exhibitionniste fasciste de la Portugaise Cristina Sampaio. Une discipline qui possède

aussi ses écoles en fonction des pays. « En Belgique on a par exemple une culture de l’imagerie populaire, de la ligne claire façon Hergé que l’on retrouve dans les dessins de Marek, les miens ou ceux de Plantu, qui a fait ses études à Bruxelles, décrit Nicolas Vadot. Et puis à l’opposé il y a le Flamand Karl, un dessinateur très pictural ». Eh oui, c’est aussi ça l’Europe : « une diversité qui ne signifie en rien la médiocrité ». À bon entendeur.

Jusqu’au 26.06, Mons, Mons Memorial Museum, mar>dim : 10h>18h, 6/4€, www.monsmemorialmuseum.mons.be

Chappatte (Suisse)



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EXPOSITION EXPOSITION

Game Changers

Le corps libéré Texte Marine Durand Photo Comme des Garçons, A/W 2012-13, Photo Sophie Delaporte

La mode, une succession de tendances, de collections saisonnières, de créatures longilignes mises en scène dans l’écrin d’un défilé ? Non, un outil de libération du corps de la femme, affirme le MoMu dans une exposition consacrée aux créateurs ayant transformé la silhouette au siècle dernier.

A

vant-gardistes dans les années 1920 et 1930, Paul Poiret, Madeleine Vionnet et Coco Chanel sont les premiers à faire valser les corsets et oser s’affranchir de la silhouette « sablier » qui fait foi dans le petit monde de la couture. Audacieux, Martin Margiela, Yohji Yamamoto ou Comme des Garçons effacent les courbes féminines dans les dernières décennies du xxe siècle, travaillant à partir de volumes extravagants. Entre-temps ? Il y a eu tout le génie de Cristóbal Balenciaga, que le musée de la mode d’Anvers a choisi comme fil rouge de Game Changers. « Avec ses pièces abstraites et aériennes, qui prennent le contre-pied du New Look de Christian Dior, il a fasciné ses contemporains et inspiré toute la génération suivante de couturiers », explique la commissaire Karen Van Godtsenhoven. Changer les règles – Au fil d’un parcours thématique égrenant 140 robes, tailleurs, vestes ou kimonos, on découvre les créations iconiques du Basque, en miroir de celles des autres stylistes. La robe baby-doll et sa forme trapèze, le manteau tonneau au dos bombé, ou la renversante robe « chou » qui fait disparaître le buste dans un nuage de tissu, définissent une nouvelle féminité. « Tous ces créateurs ont bouleversé les codes de la mode, de l’intérieur ». Rendant hommage Game Changers - Réinventer la silhouette du à leur modernité, le MoMu présentera XXe siècle Du 18.03>14.08, Anvers, MoMu, mar>dim, d’ailleurs une production inédite en holo10h>18h, 8/6/3€/gratuit (-18 ans), gramme, qui « montrera des vêtements www.momu.be vivants, en mouvement ».



102 EXPOSITION

War Hall

Aux armes, etc.

Texte Julien Damien Photo Guernica © Bernard Pras

Les plus perspicaces décèleront le clin d’œil au maître du pop art et la référence à la guerre qui se cachent derrière ce titre. Montée par l’association Perf Romance, War Hall réunit 17 artistes qui ont choisi « l’art plutôt que les armes, nous montrant qu’il existe d’autres façons de se battre » selon Virginie Bocquet, à l’origine de cette exposition. Disposées selon un parcours évoquant le mur de Berlin, ces œuvres dévoilent un arsenal créatif diversifié (peintures, sculptures, installations) qui écorche avec grâce ou malice la face belliqueuse de notre planète. De façon explicite, tel ce terroriste à la tête appuyée contre un mur, façonné par Loïc Parthiot, ou selon des moyens détournés. Citons ainsi Happy Fingers qui s’amuse, dans Cola Teral, à étiqueter les prénoms des grands de ce monde sur des bouteilles du célèbre breuvage gazeux. À côté de ces talents émergents on trouve aussi des figures bien connues, comme Jef Aérosol (« qui est au pochoir ce que Andy Warhol était à la sérigraphie ») ou Bernard Pras qui signe là une anamorphose (le tableau apparaît sous un angle particulier) réalisée à partir d’objets hétéroclites et reproduisant Guernica. Autant de créations offrant un beau panorama du néo pop art, certes sombres, mais laissant jaillir « des couleurs vives, comme autant de notes d’espoir ». 04.03 > 03.04, Lille, maison Folie Wazemmes, mer, jeu & dim : 14h>18h, ven & sam : 14h>19h, gratuit, maisonsfolie.lille.fr



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Agenda

THÉÂTRE EXPOSITION & DANSE

Andres Serrano C’est à lui qu’on doit le fameux Piss Christ, soit ce cliché d’un crucifix immergé dans un bain d’urine qui avait déclenché l’ire de catholiques intégristes en 2011. Voici l’une des plus importantes rétrospectives consacrées au photographe américain Andres Serrano. L’occasion de découvrir une œuvre sulfureuse, marquée par la religion, le sexe ou la violence. En parallèle de cette exposition sera dévoilée dans différents lieux de la capitale sa série Denizens of Brussels, constituée de portraits de SDF.

Ahmed Osoble, 2015 © Andres Serrano Royal Museums of Fine Arts of Belgium

Bruxelles, 18.03 > 21.08, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, mar > ven : 10h>17h, sam & dim : 11h>18h, 14,50>8€/ gratuit (-6 ans), www.fine-arts-museum.be

Dessus Dessous Annette Messager investit le Musée des beaux-arts et la Cité de la dentelle et de la mode de Calais pour créer 19 œuvres et installations. Le travail de cette figure de l’art contemporain, empreint de féminisme, mêle les formes et les matériaux, le tragique et le ludique. Dans Dessus Dessous, il est ainsi question d’odyssée, de déplacements, de Rodin mais aussi de mode, de couturières, de collants et de soutiens-gorge. Calais, jusqu’au 15.05, Musée des beaux-arts : tlj sauf lun : 10h > 12h & 14h > 17h // dim : 14h > 17h, 4/3€ // Cité de la dentelle et de la mode : tlj sauf mar : 10h > 17h, 5/3,50€ // pass 2 musées : 7/5€

Jacques Charlier Peintures pour tous ! C’est l’un des plus grands artistes belges contemporains. L’un des plus décalés, aussi. Fan de Warhol, Jacques Charlier n’a cessé depuis les années 1960 de revisiter l’histoire de l’art tout en raillant cette institution. Personnage flamboyant, avant-gardiste, il s’illustre à travers tous les médias : de la peinture à la chanson en passant par la photographie, la BD... Cette exposition donne à voir une cinquantaine de ses toiles récentes, des caricatures ainsi qu’une installation inédite produite par le MAC’s. Hornu, jusqu’au 22.05, MAC’s, mar > dim : 10h>18h, 8/5/2/1,25€/ gratuit (-6 ans), www.mac-s.be

A(l)l, Projets en aluminium de Michael Young S’il expérimente tous les matériaux, c’est à travers l’aluminium que Michael Young dévoile l’étendue de sa créativité. Le Centre d’innovation et de design du GrandHornu consacre au Britannique une exposition inédite, réunissant ses pièces emblématiques. De la surprenante Oxygen Chair, comme taillée dans de la roche lunaire, à la célèbre voiture utilitaire Moke, le parcours fait la part belle à l’histoire de ce mystérieux métal. Hornu, jusqu’au 29.05, Centre d’innovation et de design, mar > dim : 10h>18h, 8/5/2€/ gratuit (-6 ans), www.cid-grand-hornu.be



106 Bouteille à saké – grès à couverte brune (H. 15 cm), Japon 19e s. - Ancienne collection Gisbert Combaz

THÉÂTRE EXPOSITION & DANSE

Agenda

Un esprit japonais Gisbert Combaz Connu pour ses affiches, Gisbert Combaz fut aussi un grand orientaliste. Voici dévoilés 47 trésors de sa collection personnelle datant de l’ère Edo (1603 -1868). Notamment, des ustensiles utilisés lors de la cérémonie du thé, œuvres qui ont grandement influencé les céramistes belges d’après-guerre. Citons Antoine de Vinck dont les créations sont présentées dans une scénographie favorisant le dialogue entre les époques. Morlanwelz, jusqu’au 10.04, Musée royal de Mariemont, tlj sf lun : 10h > 17h, 5/2,50/2/1,25€/ gratuit (-12 ans), www.musee-mariemont.be

Braïtou-Sala. L’élégance d’un monde en péril

A.M.O.U.R.

Tombé dans l’oubli après sa mort, Albert Sala, dit Braïtou-Sala, fut un peintre célèbre durant les Années folles. Il signa des centaines de portraits mondains, dont ceux des plus grandes actrices de l’époque (Renée Corciade, Jane Faber, Cléo de Mérode, etc.). La Piscine éclaire à nouveau ce travail, en rassemblant des œuvres très élégantes qui subliment la beauté de la femme, et d’autres plus rares, conçues dans l’intimité familiale.

La Condition Publique accueille la première exposition monographique d’Erik Nussbicker. L’artiste français nous confronte à la Grande Faucheuse à travers une œuvre profondément spirituelle, conçue à partir de squelettes d’animaux et de mouches. Dans l’immensité de l’ancienne manufacture textile, une vingtaine de ses installations célèbre la vie après la mort, nous renvoyant à notre condition humaine, et à notre conception de l’au-delà.

Roubaix, 19.03 > 05.06, La Piscine, mar > jeu : 11h> 18h, ven : 11h>20h, sam & dim : 13h>18h, 9/6€/ gratuit (-18 ans), www.roubaix-lapiscine.com

Roubaix, jusqu’au 20.03, La Condition Publique, mer > ven : 13h30>18h, sam & dim: 14h>18h, 2€, www.laconditionpublique.com

Amedeo Modigliani, l’œil intérieur C’est l’un des rendez-vous phares de ce début 2016 dans l’Eurorégion. Le musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq expose plus d’une centaine de peintures et dessins de Modigliani. Issus du monde entier, ceux-ci sont accompagnés de la vingtaine d’œuvres – dont une sculpture rare – que possède le LaM, qui jouit de l’une des plus belles collections françaises de l’artiste italien. Evénement rare, donc immanquable. Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 05.06, LaM, mar > dim : 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr



Théâtre la Licorne Texte & Photo Julien Damien

BÊTes DE ScÈne C’est un endroit pas tout à fait comme les autres. Un espace modulable à l’envi, à la fois lieu de création, de résidence, de formation et d’exposition. La Licorne inaugure son antre à la fin du mois. Un outil européen dédié à la marionnette et au théâtre d’objets qui ouvre d’insoupçonnés horizons à cet art. Visite guidée.


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U

ne façade de briques jaunes sur laquelle est accroché un échafaudage qui mène dieu sait où… Vu de l’extérieur, l’endroit intrigue. Il réserve toute sa singularité au visiteur qui aurait la curiosité d’en pousser les portes. On découvre alors un décor étrange, enchevêtrement de bois et de tuyaux métalliques. Dans les recoins, des personnages en carton nous observent tandis qu’au-dessus de nos têtes nous toise un dragon en ferraille. Voici l’une des créatures fantastiques qui a fait le succès de la Licorne. Depuis trois décennies, cette compagnie donne vie à des spectacles où l’objet rivalise avec le mot. Les masques réifient les acteurs qui côtoient des marionnettes de toutes matières, mécanisées ou manipulées. >>>


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« C’est un lieu inspirant

Après avoir cherché en vain un lieu à Lille, la Licorne a donc trouqui permettra aux vé où se poser à Dunkerque, dans le quartier populaire de la Basse compagnies d’imaginer Ville. En investissant cet ancien garage sa directrice artistique, Claire de nouvelles formes, Dancoisne, a déniché un espace de sortir le théâtre d’objets à la hauteur de son2 imagination. Pensez : 4  000 m , dont 2  000 dédiés à la création... Un endroit des petits espaces » sans équivalent en France. « C’est un lieu inspirant qui permettra aux compagnies d’imaginer de nouvelles formes, de sortir le théâtre d’objets des petits espaces ». Bref, de rêver plus grand. « Ce n’est pas un lieu de diffusion mais je souhaite que l’on reste ouvert au public, insiste Claire Dancoisne. Qu’il puisse assister à des étapes de travail ou à des expositions, toujours en lien avec notre activité ». Claude Merle est ainsi attendu en avril avec ses mannequins hyper-réalistes (Les Voisins) en attendant les gigantesques machines de François Delarozière, en 2017.


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Cabinet de curiosités – En poursuivant notre visite on trouve aussi, derrière cette vaste halle modulable, un bel atelier de construction. L’endroit servira de lieu de formation pour les amateurs et professionnels de la région (en soudure, création de masques, sérigraphie...). C’est surtout le cœur de la Licorne, là où sont confectionnés ses fameux personnages. Ainsi ce jeudi matin, sous le regard d’une vache en fer, Marteen Janssens, « le constructeur », s’applique à fabriquer des vers de terre. Ceux-ci seront utilisés dans un prochain spectacle, Macbêtes, « qui raconte l’histoire de Macbeth en 45 minutes, avec des insectes ». Gageons que Marteen aura bientôt pas mal de boulot, car Claire Dancoisne est en pleine adaptation de L’Homme qui rit, de Victor Hugo… Il s’agit pourtant de ne pas trop faire de bruit. À côté, au sein d’un vaste hangar, dorment dans un silence un peu intimidant les créatures qui peuplent les quelque 40 pièces créées par la Licorne. Et qui n’attendent que de se réveiller…

Événements

Adapté du roman de Carole Martinez, ce spectacle narre l’histoire de Frasquita Carasco, une femme qui possède un don incroyable : elle recoud les vêtements autant que les hommes et les animaux… Sur scène, les comédiens revêtent les mêmes habits que des « puppets » en ouate et tissu : brouillant la frontière entre réel et imaginaire. 02.03, Vieux Condé, Le Boulon, 20h30, 9/6€, leboulon.fr 04.03, Saint-Omer, La Comédie de l’Aa, 20h, 16/11€, www.comediedelaa.fr 13.03, Hénin-Beaumont, L’Escapade, 17h, 10>5€ 13.05, Bruay-la-Buissière, 20h, 8>3€

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© Margot Daudin Clavaud

Le cœur cousu


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© Christophe Loiseau

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Le défilé de haute soudure 26 mannequins défilent habillés de vêtements pas tout à fait comme les autres… Mécanisés, ceux-ci ont été créés au fer à souder et allient métal et dentelle. Un show décapant qui présente des créations aussi astucieuses que poétiques, comme cette robe de mariée constituée d’origamis qui, animés par des manipulateurs, libère des dizaines d’oiseaux. 29.03, Dunkerque, Théâtre La Licorne, 18h, 3€, www.theatre-lalicorne.fr

Spartacus La mythique épopée de l’esclave Spartacus pour conquérir sa liberté, mais racontée avec des objets. Voici le défi de La Licorne qui livre un péplum à la fois grandiose et minimaliste, où des acteurs-manipulateurs croisent un bestiaire fabuleux (éléphants, fauves, oiseaux...), des personnages métalliques et des chanteurs lyriques. 31.03>03.04, Dunkerque, Théâtre la Licorne, jeu : 21h, ven : 18h & 21h, sam : 18h, dim : 15h & 18h, 5/3€

© Pascal Auvé

Théâtre la Licorne, Dunkerque, 60 rue du Fort Louis, +33 (0)3 74 06 00 01, www.theatre-lalicorne.fr Inauguration officielle (Le défilé de haute soudure, Spartacus, Les apéros et petits déjeuners lyriques) : 29.03>03.04, Dunkerque, Théâtre La Licorne, 5>3€ Expositions : 22.04>12.05, Les Voisins de Claude Merle // 24.06>21.07, Petites Ailes de Fred Parison, mer, jeu, ven et dim : 15h>18h, gratuit



114 THÉÂTRE & DANSE

Voyage au bout de la nuit Texte Julien Damien Photo Jean-Louis Fernandez

« Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déceptions et fatigues ». Alors imaginons ! Le Collectif les Possédés adapte le chef-d’œuvre de Céline dans une mise en scène épurée. Sur le plateau, quelques tables métalliques de diverses tailles deviennent des collines, des cases africaines, des buildings au fur et à mesure de cette errance qu’entreprend Bardamu autour du monde. Un « puceau de l’horreur » qui s’est enrôlé comme ça, attiré par les flonflons de l’armée, pour la grande boucherie, errant ensuite en Afrique, à New-York pour atterrir dans la morne banlieue parisienne... Mais ce sont surtout les mots qui remplissent l’espace – le vide au fond des hommes. Une langue argotique, protéiforme et déclamée (incarnée) par un Rodolphe Dana moustachu et vêtu d’un blouson de cuir. Un Charlot métaphysique parfait en anti-héros tragi-comique, qui n’en finit plus de se fracasser sur l’humaine bêtise. 08.03, Armentières, Le Vivat, 20h, 21/14/7€, www.levivat.net



116 THÉÂTRE & DANSE

© DR

Misère Une fan complètement dingue (Nathalie Uffner) kidnappe un auteur pour l’obliger à réécrire son roman... L’argument rappellera sans doute un petit quelque-chose aux lecteurs de Stephen King. Mais ce huis-clos inspiré de Misery délaisse vite l’horreur pour l’humour. Dans cette pièce, Laurent Beumier détourne sans retenue les codes du thriller psychologique. Il ne faudra donc pas s’étonner d’y trouver un ours cambrioleur, un poulet suicidaire ou un cochon planqué dans le congélo… J.D. 03.03>26.03, Bruxelles, Théâtre de la Toison d’Or, mer>sam : 20h30, 22>8€, www.ttotheatre.com

Éloge du mauvais geste

Jusqu’au 26.03, Bruxelles, Théâtre de la place des Martyrs, mar : 19h, mer>sam : 20h15 (sf le 19.03 : 19h), dim : 16h, 16,50>10,50€, www.theatredesmartyrs.be // 03.05, La Louvière, CCRC, 20h, 15>12€, www.ccrc.be // 04.05, Comines, centre culturel, 20h, 12>6€, www.cccw.be

© DR

Le foot, un sport de bourrin ? Pas aux yeux d’Ollivier Pourriol. Dans son livre, ce philosophe français transfert les héros de la baballe sur le terrain de la réflexion en disséquant six événements qui ont marqué l’Histoire. Le coup de boule de Zidane, la « main de Dieu » de Maradona ou la prise de karaté de Cantona à l’endroit d’un supporter deviennent autant de moyens d’illustrer la pensée grecque, de Sartre ou de Spinoza. Porté sur scène par Valérie Cordy et interprété par Denis Laujol, qui décortique ces (mé)faits de match sur écran géant, cet Éloge du mauvais geste devient une conférence-spectacle certes hors-jeu, mais hilarante. J.D.



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Le Sorelle Macaluso

Esprits de famille Le théâtre d’Emma Dante est unique : frontal, poétique, économe en moyens. Social plus que politique, selon la metteure en scène italienne, devenue en quelques années une figure à part sur la scène européenne. Le Sorelle Macaluso, encensé à Avignon voilà deux ans, montre une tribu de sœurs issues des classes populaires de Palerme, à la vie marquée par le drame. Elles sont sept en scène, alignées face au public tel un mur infranchissable. Les sœurs Macaluso, vieilles filles réunies à l’occasion d’un enterrement qui vont sonder ensemble leur mémoire, rire, pleurer, se chamailler. Et faire remonter à la surface un accident : la noyade de la plus jeune, lors d’une sortie familiale à la mer. Au milieu des cris en dialecte palermitain, règlements de comptes et chaussures qui volent surgit le fantôme du père, homme brisé ayant renoncé aux emplois dignes pour assurer la survie du foyer, rejoint par celui de la mère, qui presse ses filles de devenir enfin des femmes. Sur un plateau dépouillé, Emma Dante orchestre une valse des vivants et des morts qui navigue du grotesque au tragique. « Dès lors qu’une des sœurs comprend qu’elle se trouve à ses propres funérailles, elle enfile un tutu et se met à danser », décrit-elle. Car la danse, ou devrions-nous dire la transe, est un autre moyen d’expression de ces sœurs, qui racontent avec leur corps ce que les mots 09>11.03, Villeneuve d’Ascq, La rose des ne disent pas. « Le Sorelle Macaluso est vents, mer & ven : 20h, jeu : 19h, 21>5€ // 12 & 13.03, Arras, Théâtre, sam : 20h30, un spectacle sur le temps, les choses qui dim : 17h, 8/5€ // 15.03, Dunkerque, subsistent, les personnes qui nous accomLe Bateau feu, mar : 20h, 8€ À lire / Interview d’Emma Dante sur pagnent même après la mort ». S’en déwww.lm-magazine.com gage un formidable élan de vie. Marine Durand

© Carmine Maringola

THÉÂTRE & DANSE



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Festival Via

La grande illusion Mais où peut-on voir des fantômes danser sur du jazz, la capture de Ben Laden par des cow-boys ou se perdre dans une dimension parallèle ? À Maubeuge et à Mons, pardi ! Durant dix jours, le festival Via marie spectacle vivant et art numérique pour mieux s’amuser de nos perceptions, grand thème de cette édition. Certes, les nouvelles technologies ont bouleversé notre quotidien (pour le meilleur et le pire). Mais elles se sont aussi immiscées dans toutes les disciplines artistiques, ouvrant à la danse, au théâtre ou au cirque d’insoupçonnés horizons. Ce que démontrent fort bien Via et, notamment, les Italiens du collectif Fuse. Dans leur très poétique Ljós, une danseuse suspendue dans les airs par un harnais interagit avec les formes projetées derrière elle sur un écran géant, comme si c’était un partenaire. Tout aussi troublante, l’exposition Perceptions offre au sein de l’Espace Sculfort un parcours d’installations immersives qui se jouent de nos sens. Telle l’Infinity Room du Turc Refik Anadol. Soit une petite pièce dont les murs, sol et plafond diffusent un flux d’images abstraites animées par un algorithme, noyant le visiteur dans une dimension virtuelle. Gageons qu’il vous sera aussi difficile de démêler le vrai du faux face au spectre que fait apparaître Etienne Daglio. Dans le spectacle Projet Fantôme, cette éminente figure 10>20.03, Maubeuge, Mons, Feignies, Jeumont, de la « magie nouvelle » valse avec une spectacles et performances : 11>5€, exposition Perceptions : 3€, www.festivalvia.com forme évanescente, dont on ne sait pas Sélection : 11 & 12.03 : A House in Asia (Señor vraiment si elle est physique ou digitale. Serrano) // 17.03 : Déesses & Démones (Bianca Li, Maria Alexandrova) // 16, 17 & 18.03 : Ljós Nous rappelant au passage que l’image (Fuse) // 19.03 : Projet Fantôme (E.Daglio)… reste affaire de manipulation. Julien Damien

Ljós © Enrico Maria Bertani

THÉÂTRE & DANSE




123 THÉÂTRE & DANSE

Le Grand Bain

Contre-plongée Texte Marie Pons Photo La Esclava © Thibault Gregoire / Ladies First © Swan Gautier / Badke © Danny Willems

Le Grand Bain a fait ses preuves en tant que jeune festival dédié à la danse contemporaine. Naviguant entre passé et présent, il révèle des parcours personnels qui esquissent un destin commun. Plongeon au cœur d’un paysage très diversifié, sans se noyer. « La danse contemporaine ménage une place pour chacun, il suffit de trouver la bonne porte et faire son chemin de spectateur ! » affirme Céline Bréant, fondatrice et programmatrice de cette 3e édition. Ce festival mêle ainsi de jeunes compagnies à des noms reconnus et, surtout des formes exigeantes, voire expérimentales, à des pièces « populaires, dans le bon sens du terme ». Entrons dans le vif du sujet avec des spectacles très physiques : ceux de la troupe de Badke ou du duo chorégraphié par Heddy Maalem (Toujours sur cette mer sauvage), deux concentrés d’énergie servis par des interprètes de talent. Mais n’omettons pas non plus la danse classique, avec le Made in America en trois variations du Ballet de Lorraine, avant de recevoir les vibrations hip-hop d’Amala Dianor (De(s)génération). Sur le rivage – Si la sélection brasse les styles, des questionnements communs traversent néanmoins les œuvres. L’Histoire imprègne les trajectoires personnelles comme dans le Strange Fruit d’Emmanuel Eggermont qui s’empare du colonialisme et met le passé en lumière pour mieux éclairer le présent. D’autres parcours thématiques (« tribu », « féminin-masculin » ou « générations ») interrogent notre époque durant deux semaines, tel le solo de Jan Martens (Ode to the attempt, 21.03 > 03.04, Roubaix, le Gymnase, La voir LM 112) où l’ordinateur devient Condition Publique, Ecole du Ballet du Nord, un prolongement de l’Homme. Une Lille, Le Grand Bleu, Le Prato, maison Folie Wazemmes, Armentières, Le Vivat, Villeneuve immersion salutaire dans le présent, d’Ascq, La rose des vents, Atelier de la Briqueet un festival où l’on se sent comme terie, Arques, 15>5€, pass festival : 50€, pass 3 spectacles: 21€, www.gymnase-cdc.com un poisson dans l’eau. >>>


Aneckxander

– Le in

#03

and Ba Gr

La Preuve par 3

L in – e

and Ba Gr

(Alexander Vantournhout & Bauke Lievens)

Un acrobate doté d’une nuque vertigineuse propose une autobiographie chorégraphique. Ce solo est une mise à nu littérale, dans lequel un corps atypique se livre à un numéro de voltige ahurissant et souvent drôle, tout en délicatesse. 29.03, Lille, Le Prato, 21h, 15>5€, dès 15 ans

Ladies First (Marion Muzac)

Le projet rassemble 20 jeunes filles, âgées de 12 à 20 ans, qui revisitent l’héritage des pionnières de la contemporaine du début du xxe siècle (Isadora Duncan, Matha Graham...). Ces moments d’anthologie frondeurs sont l’occasion pour elles d’affirmer leur présence sur la scène et leur place dans la société. 02 & 03/04, Lille, Le Grand Bleu, sam : 20h, dim : 17h,12/6€

Badke (Koen Augustijnen, R. Torres Guerrero & H. de Vuyst)

Une énergie féroce déployée au service de l’altérité, de l’esprit de la fête et des danses populaires. Fondée sur la dabke, danse traditionnelle palestinienne, Badke est une traversée en groupe qui traduit la joie d’être ensemble. 22>23.03, Villeneuve d’Ascq, La rose des vents, mar : 21h, mer : 19h, 15/8/5€

Programmation 21.03 : Toujours sur cette mer sauvage (H. Maalem) / Strange Fruit (E. Eggermont) // 22 & 23.03 : Ode to the attempt (J. Martens) / Badke (K. Augustijnen) // 23.03 : Des ailleurs sans lieux + Pour en découdre (C. Béranger & J. PranlasDescours + E. Fanteguzzi & D. Briançon) // 24.03 : En souvenir de l’Indien (A. Lachaise) // 25.03 : La Esclava (A. Parolin & L. Estaràs) / Ad Noctum (C. Rizzo) // 29.03 : Corps archivés + La mécanique des ombres (C. Buisson + S. Bouillet, M. Desseigne & L. Reynès) / Aneckxander (A. Vantournhout) // 30.03 : De(s)génération (A. Dianor) // 31.03 : Made in America : Graham, Forsythe, Cunningham (CCN - Ballet de Lorraine) // 01.04 : Que ferez-vous de mon profil Facebook quand je serai morte ? (A. Poirier) / Jamais assez (F. Lambert) // 02.04 : Strange Fruit (E.l Eggermont) / CO.R.P.uS. (S. Nouveau / Cie de l’Oiseau-Mouche) // 02 & 03.04 : Ladies First (M. Muzac)



– Le in

and Ba Gr

#03

and Ba Gr

Ladies First

L in – e

La Preuve par 3

(Marion Muzac)

Le projet rassemble 20 jeunes filles, âgées de 12 à 20 ans, qui revisitent l’héritage des pionnières de la contemporaine du début du xxe siècle (Isadora Duncan, Matha Graham...). Ces moments d’anthologie frondeurs sont l’occasion pour elles d’affirmer leur présence sur la scène et leur place dans la société. 02 & 03/04, Lille, Le Grand Bleu, sam : 20h, dim : 17h,12/6€

Aneckxander

(Alexander Vantournhout & Bauke Lievens)

Un acrobate doté d’une nuque vertigineuse propose une autobiographie chorégraphique. Ce solo est une mise à nu littérale, dans lequel un corps atypique se livre à un numéro de voltige ahurissant et souvent drôle, tout en délicatesse. 29.03, Lille, Le Prato, 21h, 15>5€, dès 15 ans

Badke (Koen Augustijnen, R. Torres Guerrero & H. de Vuyst)

Une énergie féroce déployée au service de l’altérité, de l’esprit de la fête et des danses populaires. Fondée sur la dabke, danse traditionnelle palestinienne, Badke est une traversée en groupe qui traduit la joie d’être ensemble. 22>23.03, Villeneuve d’Ascq, La rose des vents, mar : 21h, mer : 19h, 15/8/5€

Programmation 21.03 : Toujours sur cette mer sauvage (H. Maalem) / Strange Fruit (E. Eggermont) // 22 & 23.03 : Ode to the attempt (J. Martens) / Badke (K. Augustijnen) // 23.03 : Des ailleurs sans lieux + Pour en découdre (C. Béranger & J. PranlasDescours + E. Fanteguzzi & D. Briançon) // 24.03 : En souvenir de l’Indien (A. Lachaise) // 25.03 : La Esclava (A. Parolin & L. Estaràs) / Ad Noctum (C. Rizzo) // 29.03 : Corps archivés + La mécanique des ombres (C. Buisson + S. Bouillet, M. Desseigne & L. Reynès) / Aneckxander (A. Vantournhout) // 30.03 : De(s)génération (A. Dianor) // 31.03 : Made in America : Graham, Forsythe, Cunningham (CCN - Ballet de Lorraine) // 01.04 : Que ferez-vous de mon profil Facebook quand je serai morte ? (A. Poirier) / Jamais assez (F. Lambert) // 02.04 : Strange Fruit (E.l Eggermont) / CO.R.P.uS. (S. Nouveau / Cie de l’Oiseau-Mouche) // 02 & 03.04 : Ladies First (M. Muzac)




129 THÉÂTRE & DANSE

Cabaret de curiosités

(En)jeux de société Texte Julien Damien Photo Les Bienveillantes (répétition) © Jan Versweyveld

Après s’être intéressé aux aliens, le Cabaret de curiosités se penche sur un sujet plus politique : notre bonne vieille démocratie. Durant trois jours le Phénix, scène nationale de Valenciennes, explore sous le prisme de la création contemporaine la plus débridée « les tensions entre pouvoir et impuissance, collectif et individu ». Oui, ça va secouer.

N

otre démocratie est-elle malade ? Elle souffre en tout cas d’un paradoxe : « nous sommes de plus en plus libres en tant qu’individus, remarque le directeur du Phénix, Romaric Daurier. Mais cette liberté compte de moins en moins dans le façonnement du destin collectif ». Ceci crée « un sentiment de dépossession et d’impuissance pour citer Marcel Gauchet ». En découlent divers maux dont, en première ligne, la montée des extrêmes. Ainsi l’adaptation par Guy Cassiers du roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes (prix Goncourt 2006), démonte les rouages de la fabrique des monstres, en décrivant la Shoah du point de vue d’un bourreau nazi. Dans cette pièce le metteur en scène flamand « montre comment cette idéologie s’installe, notamment par le langage ». Un sujet qui, forcément, « résonne fortement avec notre actualité ». Démotivé – Tout aussi pertinent : notre rapport au travail, disséqué ici par Vincent Thomasset, qui porte sur les planches les Lettres de non-motivation de Julien Prévieux. Durant des mois, ce plasticien s’est amusé à envoyer des réponses négatives à divers employeurs, leur exposant les raisons pour lesquelles il ne postulera pas à l’offre proposée. Un spectacle poilant, cathartique, se jouant aussi des rapports de force (ou absurdités) qui règnent sur le marché de l’emploi. Mais bon dieu, que reste-t-il de l’héritage des Lumières ?!

23>25.03, Valenciennes, Le Phénix, L’H du Siège, Espace Pasolini / Aulnoy-lezValenciennes, Les Nymphéas / Le Favril, La Chambre d’Eau / Vieux Condé, Le Boulon / Douchy-les-Mines, L’Imaginaire, 22€ > gratuit, pass : 24/15€, www.lephenix.fr Prog : 23, 24 & 25.03 : Les Bienveillantes (J. Littell / G. Cassiers), Un faible degré d’originalité (L’Amicale de Production), L’instable (N. Corre), Some Use for your Broken Clay Pots (C. Meierhans), Amis, il faut faire une pause (L’Amicale de Production) // 23 & 24.03 : Un album (L. Dosch), Lettres de non-motivation (J. Prévieux, V. Thomasset), Familles intermittentes : les pères (ZimmerFrei) // 23.03 : Chamberlain // 24.03 : SIRI (M. Carbonneau), House Anthem // 25.03 : Le livre de cuisine des affamés (K. Brzuzan)


Mme Butterfly © Cie Nathalie Cornille

Une cosmonaute est un souci dans notre galaxie © Charly Desoubry

Jeune public

Le P’tit Monde

Maxi’Mômes #10

Des spectacles à hauteur d’enfants et d’ados, mais jamais au ras des pâquerettes… tel est le programme du festival Le P’tit Monde. Cette 13e édition aborde en effet de grands thèmes de société avec finesse, et dézingue nombre d’idées reçues. En exposant les difficultés d’une petite fille à trouver sa place au milieu des garçons dans un programme spatial, Une cosmonaute est un souci dans notre galaxie pose ainsi la question des stéréotypes liés aux genres. À travers un tendre et drôle badinage entre deux ados, À la renverse place de son côté le spectateur face aux espoirs de la jeunesse et aux doutes propres à l’amour. Et à tous les

Derrière ce calembour se cache un festival dédié aux enfants (dès 6 mois !). Entre autres jeux ou ateliers (notamment une initiation au pochoir par Mimi the clown), on trouve des spectacles pas bas-de-plafond. Tel Le Yark, de la compagnie L’Organisation, qui met en scène un monstre qui a décidé de dépasser sa nature profonde, cessant de manger des enfants pour se lier d’amitié avec eux. Pour preuve aussi cette adaptation, excusez du peu, de Madame Butterfly de Puccini. Nathalie Cornille tire de cet opéra un solo chorégraphique accessible aux plus jeunes. Une porte d’entrée idéale vers le chant lyrique et la danse contemporaine, qui ne devrait pas

âges... J.D.

laisser les parents indifférents. J.D.

21>31.03, Hazebrouck, Centre culturel André Malraux et divers lieux, 7/5/4€, www.centreandremalraux.com Programme / 21.03 : J’ai un arbre dans mon cœur (Cie Sens ascensionnels), Une cosmonaute est un souci dans notre galaxie (Théâtre de l’Embellie) // 22.03 : Huck Finn (La mécanique du fluide) // 24.03 : À la renverse (Théâtre du Rivage) // 25.03 : Edgar Paillettes (La Manivelle Théâtre)...

16>20.03, Lille, maison Folie Wazemmes, 1 spectacle : 5,50/3,50/2€ (-12 ans), maisonsfolie.lille.fr Programme / 16.03 : ToiIci & MoiLà (Cie La Bicaudale), Le Yark (Cie L’Organisation) // 18.03 : Monsieur Bleu (Collectif Aïe Aïe Aïe) // 19.03 : Mme Butterfly (Cie Nathalie Cornille), Atelier d’initiation au pochoir par Mimi The Clown // 19 & 20.03 : Play (La Boîte à sel), Sur le chapeau d’étoiles (Cie de l’Echelle)...



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King Kong Théorie

Sexe fort Créée en 2009 par Cécile Backès, l’adaptation du manifeste féministe explosif de Virginie Despentes revient à Béthune pour deux représentations. Elles sont suivies d’un bal rock alternatif mettant les femmes à l’honneur. Tout un programme ! « Je parle de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal-baisées (…), toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et (…) je ne m’excuse de rien ! » Les premiers mots de Virginie Despentes donnent le ton de King Kong Théorie (Grasset, 2006) : provoc’, intransigeant mais drôle, assurément. Ce sont aussi les premiers que prononce Salima Boutebal, délicieuse d’ironie en manteau vinyle, perruque blonde et maquillage outrancier. Pour transposer l’essai sur les planches, la comédienne et la metteure en scène ont procédé par fragments : déclamations gouailleuses pour les éléments d’analyse, sur les inégalités hommes-femmes ou les représentations imposées de la féminité, voix plus mesurée pour les passages autobiographiques, dont celui sur le viol. Expurgé de certains extraits, le spectacle se transforme en one-woman show porté par une bande-son 100% féminine, qui inclut une reprise punk de All by Myself par Babes in Toyland. « Plusieurs chansons viennent de la compilation de rap féminin Fly Girls, note la directrice de la Comédie de Béthune, c’est donc le nom que j’ai donné à la soirée de clôture qui célèbre la liberté des femmes, pas mal, non ? » 24 & 25.03, Béthune, La Comédie de Béthune, Le Palace, 20h, 7€, www.comediedebethune.org Ce n’est pas Virginie Despentes Soirée Fly girls !, 25.03, Le Palace, 21h30 qui dira le contraire. Marine Durand

© Thomas Faverjon

THÉÂTRE & DANSE



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© Kersti K

THÉÂTRE & DANSE

Béatrice et Bénédict Après Le Trouvère de Verdi, Richard Brunel s’attaque à Béatrice et Benedict, un sommet de l’opéra-comique que Berlioz adapta de Beaucoup de bruit pour rien, de Shakespeare. Celui-ci narre les affres de deux jeunes gens forcés de se marier par leur entourage. À la demande de La Monnaie, le metteur en scène français a retravaillé les textes au plus près de la version anglaise afin de sublimer l’expressivité de la musique. À l’ombre de la gaieté de la composition, il révèle aussi la mélancolie et les questions existentielles propres à l’amour. J.D. 24.03>06.04, Bruxelles, Palais de la Monnaie - chapiteau à Tours & Taxis, 20h (sf le 03.04 : 15h) 130>15€, www.lamonnaie.be

Christophe Rauck © DR

Figaro divorce Mais qu’est devenu Figaro après la Révolution française ? Eh bien le porte-parole des revendications du peuple imaginé par Beaumarchais... a fui son pays, se muant en petit-bourgeois angoissé. Un barbier obsédé par son chiffre d’affaires, incapable de donner un enfant à sa femme, qui demande le divorce ! C’est ce qu’imagine Horváth en 1936 dans cette suite au Mariage de Figaro. Christophe Rauck s’empare de cette pièce très moderne en s’appuyant sur la musique et la vidéo pour restituer l’onirisme et l’ironie d’une « comédie douce-amère pleine d’ombre et de mélancolie ». J.D 03>20.03, Lille, Théâtre du Nord, jeu & sam : 19h, mar, mer & ven : 20h, dim 13 & 20.03 : 16h, 27>7€, www.theatredunord.fr



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Agenda

THÉÂTRE & DANSE

Cuisine & confessions Les 7 doigts de la main

© Alexandre Galliez

La recette d’un bon spectacle ? Une pincée d’originalité, un zeste d’humour et surtout, un cocktail d’acrobaties, de chants, de musiques et de numéros de jonglage ! Dans son 13e spectacle, la troupe montréalaise Les 7doigts de la main nous invite dans une grande cuisine. Entre petits plats et vaisselles sale, les voltigeurs reviennent sur les saveurs favorites de leur enfance, pour mieux réinviter l’art du cirque. Miam ! 04 & 05.03, Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39>10€ // 15 > 17.04, Arlon, Maison de la culture, ven & sam : 20h30, dim : 16h, 35>15€ // 21 > 24.04, Bruxelles, Wolubilis, 20h30 (+15h le sam), dim Complet !, 38,50>16,50€

Françoise Bloch / Zoo Théâtre

Money !

Rien ne va plus ! Casino Forain

Savez-vous ce qu’est une obligation, une Sicav, une action ? Non ? Alors on ne saurait trop vous conseiller d’aller voir Money ! Ce spectacle narre les mésaventures d’un homme qui, candidement, entre dans une banque pour demander où va son argent. Chemin faisant, il est confronté à un ballet de chaises roulantes, de chiffres et de graphiques. Aussi drôle qu’ instructive, cette pièce décrypte les dérives du capitalisme.

Les pièces de Cendres la Rouge reposent sur des comédiens et des marionnettes conçus avec... des os d’animaux. C’est le cas dans Rien de va plus ! Soit un étrange casino où des squelettes-automates se livrent à des jeux d’adresse et de hasard. Mais n’entre pas qui veut ! Le spectateur doit gagner des jetons pour pénétrer dans cette étrange attraction. Avec l’espoir d’en ressortir gagnant...

05 > 06.03 & 12 > 17.04, Bruxelles, Théâtre National, Complet ! // 20.03, Caudry, Théâtre, 17h, 14>7€ // 03.05, Nivelles, Centre culturel // 10 > 13.05, Louvainla-Neuve, Atelier Thêatre Jean Vilar

Cie Cendres la Rouge

06.03 > 03.04, Lambersart, Colysée, mer : 14h30 > 17h30, sam & dim : 15h > 18h, gratuit, www.lambersart.fr

Marta Wolfgang Mitterer / Gerhild Steinbuch / Clément Power / Ludovic Lagarde

Œuvre de deux figures autrichiennes, le compositeur Wolfgang Mitterer et l’écrivaine Gerhild Steinbuch, Marta est un conte post-apocalyptique. Un monde où les enfants ont disparu, sauf Marta, exposée telle une poupée dans une vitrine du château de la reine Ginevra. Sombre et féérique, ce spectacle est soutenu par une musique tout en contrastes, entre l’électronique, le travail instrumental et des chanteurs solistes. 13>21.03, Lille, Opéra de Lille, mar, jeu, sam, lun : 20h, dim : 16h, 34>5€, www.opera-lille.fr



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Mas-Sacre

THÉÂTRE & DANSE

Agenda

Maria Clara Villa Lobos / XL Production

© XL-Production

Maria Clara Villa Lobos poursuit son exploration de la société de consommation à travers une relecture contemporaine du Sacre Du Printemps d’Igor Stravinsky (1913). Dans Mas-Sacre, la chorégraphe brésilienne s’attaque à la production et l’abattage industriels. Agrémentée de vidéos, la scénographie est centrée sur une grande table en inox, dans une usine à viande où les danseurs incarnent les employés d’une chaîne d’abattage. Drôle et glaçant. 19.03, Charleroi, Les Ecuries, 20h, 14€, www.charleroi-danses.be

La troupe du Jamel Comedy Club

Elles en rient encore

Pépinière de talents qui a vu éclore Thomas Ngijol ou Fabrice Eboué, le Jamel Comedy Club a désormais sa troupe. On connaît le principe : du standup et des vannes qui n’épargnent aucun sujet, des tensions entre les religions (dont s’amusent Younes et Bambi) aux particularités physiques (la drôle de voix de Christine Berrou). Une nouvelle génération d’humoristes bien ancrés dans notre époque et qui risque de nous faire rire encore longtemps.

Les femmes et le cirque ? De la clownerie sans fard, à l’état brut, comme nous le prouve La Boca Abierta. Soit deux femmes qui s’étreignent ou s’empoignent avec tendresse, l’une avec un accordéon et l’autre une guitare. Question acrobaties, celles du Groupe Bekkrell ne sont pas mal non plus : sur une bascule, un mât ou suspendues à une corde, ces quatre filles se jouent des lois de l’équilibre (et avec nos nerfs !), démontrant que la stabilité repose sur une mobilité continuelle.

19.03, Lille, Théâtre du Casino Barrière, 20h30, 22€, www.lucienbarriere.com // 17.11, Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 36€, www.theatre-sebastopol.fr // 18.11, Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 34>25€

Festival / Le Prato

02 & 03.03 : Une aventure (la Boca Abierta), 20h // 25.03 : Effet Bekkrell (Groupe Bekkrell), 20h, Lille, Le Prato, 17>5€, www.leprato.fr

D’après une histoire vraie Christian Rizzo / L’association fragile

C’est un souvenir qui a inspiré à Christian Rizzo ce spectacle. Celui d’une ronde d’hommes improvisée dans les rues d’Istanbul. Le chorégraphe en a puisé une pièce mettant en scène huit danseurs. Exaltés par les percussions joués en live par Didier Ambact et King Q4, ils s’épaulent, se prennent par la main, se soutiennent dans un équilibre fragile. Bref, ils dansent, dans une ode à la masculinité, la solidarité et au plaisir d’être ensemble. 31.03, Bruges, Concertgebouw, 20h, 33>17€, www.concertgebouw.be



140 LE MOT DE LA FIN

Asya Kozina –

En voilà une belle perruque ! Celle-ci a entièrement été confectionnée en papier, la matière de prédilection d’Asya Kozina. Passionnée par la période baroque, cette jeune russe donne libre cours à son talent en sculptant aussi toutes sortes de robes et accessoires. Une artiste qui fait dans la dentelle ! www.behance.net/asyakozina




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