n°120 / juillet-aoÝt 2016 / GRATUIt
Hauts-de-france & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire
LM magazine n°120 - Juillet / Août 2016
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News
Interview
Disques & Livres
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Woodie Smalls deviendra grand
Róisín Murphy, Oscar, Har Mar Superstar, Molly Prentiss, David Simon, Ben Brooks…
Reportage Brighton en huit lettres
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Exposition t 2016 Part 2 : Juillet - aoû
18 Street-art : Fais le trottoir
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Dossier spécial Festivals
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Hauts-de-France & Belgique
Axel Oswith : la beauté du quotidien
Summer of Photography, Les Ardentes, Gent Jazz Festival, Festival du Conte de Chiny, Cactus Festival, Rock Zottegem, Dour, Festival de la Côte d’Opale, Les Francofolies de Spa, Tomorrowland, Les Nuits secrètes, Irie Vibes Roots, Dranouter, Brussels Summer Festival, Esperanzah!, Lokerse Feesten, Wecandance, Pukkelpop, Festival de Chassepierre, Le Cabaret Vert, Les Rencontres Inattendues…
Portfolio
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Art & jardin Le Monde des 1000 couleurs, Les hortillonnages d’Amiens, Les jardins de Valloires, Huit musées wallons à découvrir à vélo
Weegee, Every Body, Willem et Vuillemin, Etienne Davodeau, My Body is a Cage… Agenda
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Le mot de la fin Stephan Zirwes : Pools
Brighton © Elisabeth Blanchet / Ode to Thiebaud © Axel Oswith, collaboration with Amanda Kusai / Dour Festival © Simon Grossi / Weegee by Weegee © Collection de Jean Pigozzi, International Center of Photography / Pools © Stephan Zirwes
LM magazine France & Belgique
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Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Flora Beillouin, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Julien Collinet, Marine Durand, Patricia Gorka, Thomas Lansoud-Soukate, François Lecocq, Raphaël Nieuwjaer, Axel Oswith et plus si affinités.
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
Crados a la playa Sur la plage abandonnée, bouts de plastique et tas de déchets… Le photographe Stuart Haygarth s’est amusé à ramasser les objets rejetés par la mer sur les côtes anglaises, du Kent (sud-est) jusqu’à Land’s End (sud-ouest), parcourant 800 km en 38 jours. Classés par couleur et fonction, ces jouets, chaussures ou couvercles composent de magnifiques tableaux, que le Britannique a rassemblés dans le livre Strand (éd. Art/Books). Ou comment faire de l’art avec du cochon. www.stuarthaygarth.com
© DR
Il suffira d’un signe Tombés en panne au Vietnam sans dico pour les sortir du pétrin, trois petits Suisses – George, Steven et Florian – ont créé un t-shirt permettant de communiquer avec n’importe quel être humain. Baptisé Icon Speak, le vêtement est illustré de 40 petites icônes universelles. Il suffit de les combiner pour se faire comprendre. Sinon, il y aussi les oreillettes de traduction en temps réel de Waverly Labs. C’est plus sophistiqué, mais beaucoup moins rigolo. iconspeak.world, waverlylabs.com
© Stuart Haygarth
News
© DR
Graft © Benwu Studio
Sors tes couverts Tandis qu’on s’échine à expliquer aux gamins que c’est mal de jouer avec la nourriture, les designers chinois de Benwu Studio sortent des couverts en forme de légumes ou de fleurs… Bon, il faut reconnaître que ces cuillères-carottes ou couteaux-poireaux sont remarquables. Et écolos avec ça : ces ustensiles jetables ont été moulés dans un plastique biodégradable. Pas sûr qu’on ait envie de les bazarder. www.benwustudio.com
© DR
© DR
Microcosmos Depuis le temps qu’on vous dit que le monde part en sucette. à bien y regarder, ce serait même tout le système solaire. Ces friandises en forme de planètes sont l’œuvre du confiseur américain Vintage Confections. Elles nous proposent de déguster un soleil à la guimauve, une Vénus au goût cerise ou une Terre à la barbapapa… et promettent leur lot de caries galactiques. www.vintageconfections.com
Cordes sensibles Quelle mission, une fois la nuit tombée, de retourner au camping ! Il faut se souvenir du bon chemin, retrouver sa tente et, surtout, y entrer sans se prendre les pieds dans ses satanées cordes. Rassurezvous, tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir : ces tendeurs phosphorescents vont sauver vos fins de soirées. Maintenant, on attend les sardines qui clignotent. www.amazon.fr
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© Secret Solstice / DR
musique
Bling-bling
T’es trop VIP
© DR
Louise Attaque © Y. Orhan
Zut. Le mois dernier, on a oublié de vous présenter le Secret Solstice, un festival qui se tenait à Reykjavik, en Islande. C’est ballot, vous avez raté une chouette prog’ : Radiohead, St Germain ou un charmant groupe local du nom de Vagina Boys. Vous avez aussi loupé un concert dans un volcan, une fête dans un glacier, une soirée privée en yacht… Enfin, tout cela si vous aviez pu sortir un million de dollars pour payer le pass en or, évidemment. Sans rancune ? secretsolstice.is
Squatteurs de festivals
Electhrones
Ils ont accepté (par erreur ?) beaucoup d’invitations. Les Louise Attaque seraient les plus gros squatteurs de festivals (30 dates) à en croire Sourdoreille et son classement des artistes les plus programmés cet été. Parmi les 550 affiches françaises épluchées par le site, on trouve dans le top 20 tous les cartons de l’année : Jain, Jeanne Added, Feu! Chatterton… et Mass Hysteria. Mais là, on n’a pas d’explication.
Du haut de la cité d’Astapor, vous songez à un moyen de délivrer les Immaculés à dos de dragon. Au loin, vous percevez les cris du peuple dansant au rythme… d’un DJ set endiablé ? Eh non, vous n’êtes pas Daenerys Targaryen, et la Cité Rouge n’est que fiction. Mais la ville d’Essaouira, au Maroc, existe bel et bien. C’est dans les décors de Game of Thrones que se tiendra la première édition du Moga Festival, du 14 au 16.10. Teufeurs are coming… www.mogafestival.com
sourdoreille.net
10 10 reportage reportage
Brighton Sea, fish and fun Texte & Photo Elisabeth Blanchet
Bienvenue dans l’une des stations balnéaires préférées en Angleterre. à 50 minutes de train de la capitale du pays, on la surnomme « London by the sea ». Au-delà de sa plage de galets, ses jolis transats aux rayures colorées et ses deux illustres piers (ou jetées) qui s’élancent dans la mer, Brighton brille par sa culture, son architecture, son avant-gardisme et ses fish and chips ! Découverte en huit lettres d’une ville cosmopolite et vivifiante.
La jetée de Brighton, située sur la côte sud, a été aménagée en complexe de loisirs au cours des années 1920 (théâtres, cinémas, salles de concert, manèges et jeux d’arcade).
12 reportage
On n’est pas bien là ? à la fraîche…
B
comme Balnéaire. La conversion de cet ancien village de pêcheurs en station balnéaire remonte au milieu du xviie siècle. à cette époque, un médecin d’une ville voisine prescrit des bains de mer à ses patients et publie même un traité sur les vertus des eaux de Brighthelmstone qu’il recommande de boire. Sensibles à cette consigne, aristocrates et notables affluent et la cité gagne en élégance. La croissance de Brighton est encore stimulée lorsque le Prince Régent (futur roi George IV), en fait l’une de ses destinations favorites, à la fin du xviiie, pour soigner sa goutte…
R
comme Royal.
Ce même Prince y fait bâtir au début du siècle sa résidence d’été, le Pavillon Royal. Exotique et inspiré du style anglo-indien (combiné avec des éléments chinois, arabes et moghols), ce bâtiment devient le théâtre de nombreux banquets et des histoires de cœur du roi avec sa maîtresse de longue date, Mrs Fitzherbert… Symbole de l’Empire et de l’extravagance britannique, ce « Taj Mahal du bord de mer » est cédé à la ville en 1850, sous le règne de Victoria. La visite de cette folie architecturale demeure la principale attraction touristique du coin. xixe
13 reportage
I
comme Idéal. Un vent de liberté souffle sur cette commune de près de 156 000 âmes. Les somptueuses fêtes du Pavillon ont cédé la place aux événements alternatifs et aux idées progressistes. L’University of Sussex est ainsi connue pour ses positions bien ancrées à gauche. On s’installe à Brighton pour vivre différemment, à l’écart de la frénésie londonienne. Malgré son extrême vivacité, elle conserve une dimension humaine, plus écolo, mêlant bord de mer, parcs, culture, et shopping dans les Lanes – ces petites rues piétonnes commerçantes du centre truffées de pubs, disquaires indépendants, friperies et magasins rétros… Pléthore d’artistes ont élu domicile ici : Paul McCartney, Noël Gallagher, Nick Cave, Cate Blanchett, Adele et Fatboy Slim, entre autres. >>>
Le Pavillon Royal (1815-1823), un goût d’orient au royaume d’Albion.
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Ces constructions sociales low cost ont été inaugurées en décembre 2013. Soit 36 containers superposés avec cuisine, dortoir et toilettes.
G
comme Gay. Brighton est la « capitale » gay du RoyaumeUni. La première Gay Pride y est organisée en 1973 – aujourd’hui elle a lieu la première semaine d’août, attirant plus de 150 000 participants ! Cette marche des fiertés est doublée d’un des plus grands festivals d’art de Grande-Bretagne. à cette occasion, les bars et cabarets sont en effervescence. On lance aussi des challenges comme la Saucy Sea Swim, un bain de mer dans une eau plutôt fraîche !
H
comme Homeless. Dans
un pays où les écarts entre riches et pauvres se creusent, Brighton n’échappe pas à la règle, le nombre de SDF augmente… Mais la ville innove en créant le Richardson’s Yard : des containers aménagés en studios et regroupés. Un pas significatif pour une mairie qui s’est fixé comme objectif de ne plus compter de sans-abri d’ici 2020 !
T
comme Tendance. La
gentrification n’a pas atteint l’esprit créatif et subversif qui anime la cité. Les événements du printemps 1964 opposant Mods et Rockers, deux journées de bagarre entre deux subcultures, ont marqué la mémoire collective. La baston fut immortalisée par deux films : Quadrophenia (1979) et Brighton Rock (2010). Dans les années 1990 les raves ressuscitent ce frisson d’illégalité, avant que Fatboy Slim ne s’empare de la plage (250 000 personnes dansant sur le sable en 2002). Depuis, le tempo musical n’a pas faibli, porté par d’innombrables festivals tels que le défricheur The Great Escape, en mai. >>>
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O comme OVNI.
Elle est toute neuve, verticale et la seule tour d’observation du pays à offrir une vue panoramique à 360 degrés, à 162 m d’altitude… Mais elle ne fait pas l’unanimité. Beaucoup pensent que ce long et maigrichon bâtiment en acier tranche avec l’architecture Regency et qu’il valait mieux rénover le West Pier en ruines (auquel elle fait face)… à suivre !
N comme Nuit
. Brighton demeure une ville de 24 hour party people. à la tombée de la nuit, les familles exténuées par les machines à sous et l’abus de fish and chips croisent des groupes délurés. Les classes sociales et les genres se mélangent sur le Brighton Pier avant la virée dans les bars et les clubs. Il y en a pour tous les goûts. Parmi les plus alternatifs : The Prince Albert (difficile de rater son mur de graffitis, dont un célèbre Banksy), The Green Door Store pour découvrir des petites formations « noisy ». Citons aussi le fameux Komedia, théâtre connu pour ses « 80’s nights for people who hate 80’s nights », entre comédie satirique, cabaret surréaliste et stand-up. Car Brighton n’a pas oublié de rire…
Au cœur des Lanes, quartier des boutiques indépendantes.
Oh ! Oh ! Vertige de la tour…
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Fais le trottoir
Les murs ont la parole Texte Julien Collinet Photo Caroline Vercruysse
Chaque week-end, l'association bruxelloise « Fais le trottoir » organise des visites guidées pas comme les autres. Des balades de deux heures autour de la thématique du street-art pour démystifier une discipline parfois mal perçue. « Les gens acceptent les fresques travaillées, mais il est important de montrer que de plus modestes graffitis relèvent aussi d'une démarche artistique » explique François, notre guide. Rejoignons-le au pied des murs !
E
n ce dimanche de printemps, un groupe d'une dizaine de touristes s'aventure dans une artère longeant le canal de Bruxelles. Ce quartier en pleine mutation présente de nombreux contrastes. D'un côté du trottoir s'élèvent le majestueux bâtiment de Tour & Taxis et le siège de la banque
KBC, alors qu'en face on trouve des squats (tolérés), comme le Barlok, et des jardins partagés. Un couple d'Italiens, accompagné de ses deux enfants, écoute les explications du guide, également graffeur. Celui-ci décrit les différentes techniques et le matériel utilisé et s'attarde devant un
premier flop (un lettrage effectué d'un seul trait), non sans livrer un rapide cours d'histoire du tag. « Ce graff est typique du style bruxellois. Les extrémités des lettres se caractérisent par des piques. Ce style date des années 1990, des crews comme RAB (Rien à Branler), CNN (Criminels Non Négligeables) ou NSE (Non Soumis à l’État) l'ont popularisé. à l'époque le graff traduisait une réelle origine sociale. Il était porté par des jeunes des quartiers populaires. Aujourd'hui on retrouve derrière ces tags des étudiants ou mêmes des médecins et des avocats ». Circuit ouvert – Cela fait un an que l'association « Fais le trottoir » organise ces visites guidées. Quatre parcours sont proposés mensuellement dans
divers quartiers de Bruxelles comme Saint-Gilles ou Neerpede. Il existe aussi des balades spécifiques autour des voies ferrées et même à Doel, un village abandonné près d'Anvers (voir LM n° 96). Des promenades sont également dédiées à des écoles ou à des groupes. « On a aussi accueilli des seniors. Au début ils pensaient qu'on leur montrerait les fresques BD de la ville… » s'amuse Caroline Vercruysse, l'une des deux gérantes de l'association qui défend un but pédagogique. « Nous ne sommes pas là pour convaincre le public des bienfaits du street-art mais juste pour le décoder, qu’il s’agisse de graffitis légaux ou vandales. Nous tenons aussi à préserver son côté mystérieux. On ne va donc pas dévoiler l'identité des auteurs ». >>>
20 reportage
Capitale du street-art ?
Au cours de la visite, le groupe croise plusieurs artistes en plein travail. « C'est tout nouveau ! Dans ce parc, la commune de Bruxelles a mis des murs à disposition des graffeurs depuis hier, mais seulement le week-end, précise Caroline. Au niveau institutionnel, c'est encore modeste par rapport à d'autres capitales. On compte pourtant ici des artistes renommés comme Bonom ou le collectif Créons. Le potentiel pour devenir une place importante du street-art est réel ». Le quartier du canal a ainsi eu la chance d'accueillir l'an dernier le festival itinérant Kosmopolite Art Tour. Le quai Béco, passage obligé de l'excursion
du jour, héberge depuis une fresque collaborative monumentale de plusieurs centaines de mètres réalisée par Steve Locatelli, Mesk ou Parole. La démarche ne semble toutefois pas faire l'unanimité. Trésor, un habitué des visites, fait remarquer qu'à quelques mètres, sur la façade de la salle de concert du Magasin 4, on retrouve des tags « Fuck art, do vandal graffiti », ou « tagueurs rémunérés de merde ». Pas besoin de décortiquer ces messages pour comprendre ce qu’ils dénoncent…
Bruxelles centre, Forest, Ixelles, Neerpede, Canal, Saint-Gilles, Louvain-La-Neuve, Doel… Visite guidée graffiti et street art, 10 €, info et réservation : www.faisletrottoir.com ou la page Facebook de l'ASBL
21 loisirs
23 portfolio
Axel Oswith éloge de l’ordinaire Texte Julien Damien / Sonia Abassi / Anne Demange Illustration Knowleyes
L’
artiste que nous vous présentons ce mois-ci vit à l’autre bout de la planète. Plus précisément à Jakarta, en Indonésie – qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour vos beaux yeux. En revanche, Axel Oswith n’a de son côté pas besoin d’aller bien loin pour trouver l’inspiration, puisqu’il la débusque partout autour de lui ! « Je veux montrer que chaque petite chose, même la plus insignifiante, est unique et belle si on la regarde avec un œil différent », explique-t-il. Ses sujets de prédilection ? « Les œufs, les pilules, les poupées et le papier ». Son imagination débordante et sa science du mélange font le reste. Dans le monde décalé et ultra-coloré d’Axel, on trouve des morceaux de viande en forme de cœur, des rouleaux à tapisser des piscines, des œufs qui se laissent cuire au soleil… Mais quel est son secret de fabrication ? « Généralement, les idées me viennent sous la douche, c’est une sorte d’endroit sacré pour moi », confie ce grand admirateur de Magritte – « c’est le meilleur ! J’en suis fan depuis le collège. » Une fois l’image bien visualisée – et les oreilles bien nettoyées – direction sa caverne d’Ali Baba : « les supermarchés ou les magasins d’ameublement, de bons endroits où fouiner ». Il peut ensuite passer des heures dans son studio, à mettre en scène puis photographier les objets qu’il a dénichés, avant de finaliser l’ensemble numériquement sur des fonds pastel ou de couleurs très vives. Et voilà le travail ! Vous ne regarderez plus jamais votre petite cuillère comme avant. à visiter / thetaable.com, vsco.co/axeloswith Retrouvez l’interview d’Axel Oswith sur lm-magazine.com
Afternoon Delight
Formation
Waves Roller
INTJ
Off the Wall on the Menu
Garรงons for Dinner
30 art & jardin
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Le Monde des 1000 couleurs
Grandeur Nature Texte & Photo François Lecocq
à Dikkebus, Dries Delanote cultive fleurs et plantes aromatiques dans le plus grand respect de la nature. Ses productions subliment les tables des plus grands chefs belges et français. Ce maraîcher atypique nous a ouvert les portes de son jardin (très) secret.
A
u sud du plat pays, au milieu de vastes étendues agricoles, on retrouve les gracieux reliefs du Kemmelberg. C’est ici, près d’Ypres (Flandre occidentale), que Dries nous reçoit dans sa petite ferme. à peine arrivés, il nous dirige vers le jardin. On découvre alors plusieurs tunnels de plantation, des alignements de jeunes salades entourées de plantes qui prospèrent telles des herbes folles. Notre hôte se penche et coupe une fleur de radis puis de fenouil : « pour goûter ! ». Voilà des saveurs étonnantes, introuvables dans nos grandes surfaces et autres espaces primeurs en vogue. Malgré un ciel menaçant, tranchant avec la blancheur de la terre encore chargée des averses de ce début juin, le Flamand poursuit la visite en sandales, son couteau de cueillette à la main. >>>
« Je crois en une cuisine
Changement de cap – à 42 ans, ce fils d’agriculteurs aurait pu reprendre la ferme familiale, les générations à venir » que l’on aperçoit au loin. Mais quelques voyages en Afrique Dries Delanote et en Amérique latine lui ont révélé les mérites des techniques agraires traditionnelles, respectueuses de la nature, sans traitement et raisonnées. Il se détourne alors des cultures intensives et des débouchés de l’agro-alimentaire pour créer Le Monde des 1000 couleurs, en 2006. Un nom traduisant une belle diversité : « Généralement, les gens connaissent une vingtaine de légumes et de fleurs, les fans de bio une soixantaine peut-être, pourtant la nature en crée des milliers », remarque-t-il. Dries a débuté en ensemençant une parcelle de 25 ares de graines de plantes aromatiques, fleurs comestibles, légumes du terroir de variétés endémiques ou glanées parfois très loin. Son jardin a rapidement proliféré. Cresson sauvage, pourpier, crosnes du Japon, camomille ananas, ficoïde glaciale, mertensie maritime, bourrache, aspérule… Aujourd'hui, difficile de lister les centaines
en accord avec la nature pour
d’espèces qu’il cultive sans machine. Très rare dans la région, cette production ne se destine pas directement au grand public, même si le maraîcher accueille chaque semaine des visiteurs intéressés. Elle s’adresse avant tout aux grands chefs de restaurants belges et français. Tout au moins, à ceux qui témoignent d’un authentique respect pour les produits. « Ce jardin a grandi avec eux car ils tiennent compte des saisons, s’adaptent à ma récolte et composent leurs menus en fonction de ces contraintes ». Cette constellation d'étoilés ne cesse d'ailleurs de s'étendre*. Moelle de poireau – Maxime Schelstraete, à la tête du restaurant Meert à Lille se souvient : « Notre première rencontre a eu lieu en hiver, il faisait gris et froid. Quand je suis entré dans le hangar j’ai découvert ces dizaines de fleurs et de plantes que des petites mains empaquetaient méticuleusement ! Toutes ces couleurs et ces saveurs, quel contraste extraordinaire ». Depuis quatre ans, le cuisinier retourne chez l'artiste potager pour se ressourcer, échanger et peaufiner ses expérimentations, comme cette moelle de poireau (soit un cœur volontairement >>>
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trop mature). « Alain Passard, chef trois étoiles de l'Arpège à Paris est venu récemment chez Meert, j’étais au taquet alors je lui ai proposé cette trouvaille en provenance de Dikkebus. Ce fut une révélation pour ce maître pas facile à surprendre », s’enthousiasme-t-il. Dix ans après sa création, Le Monde des 1 000 couleurs avoisine 5 hectares et accueille une serre de 2 500 m2, le laboratoire où Dries élève des variétés fragiles et « teste des trucs ». Avec le succès remporté auprès des cuisiniers, on lui a suggéré d'inaugurer des cultures plus intensives. Très peu pour lui ! « Je préfère travailler beaucoup, marcher plusieurs kilomètres par jour, cueillir à la main. C’est fatigant, peu rémunérateur mais passionnant ! Je crois en une cuisine en accord avec la nature pour les générations à venir, en tout cas je me consacre entièrement à cette cause », conclut-il en souriant. Le bonheur, sans doute, est dans son pré. * Koen Lefever (Pakhuis), Reinout Reniere (Zeno), Kobe Desramaults (In de Wulf), Maxime Schelstraete (Meert), Florent Ladeyn (Auberge du Vert Mont), Inaki Aizpitarte (Le Chateaubriand), Bertrand Grébaut (Septime) Pascal Barbot (L’Astrance), Anne-Sophie Pic (Pic)… Entre autres.
Le Monde des 1000 couleurs Dikkebus (B), 6, Zweerdstraat, +32 (0)472 96 35 68, www.millecouleurs.be
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Festival Art, Villes et Paysage
Les îles fantastiques Texte Julien Damien Photo Île Perdue - Musée Picardie © Yann Monel
Amiens. Sa cathédrale gothique, ses jolies rues piétonnes jadis foulées par Jules Verne… et ses hortillonnages, pardi ! Encore trop méconnu, cet entrelacs de jardins flottants qui s’étale sur 260 hectares offre des balades éminemment poétiques. Sur terre ou sur l’eau. à pied, à vélo ou, le must : en barque. Jusqu’en octobre, le festival « Art, Villes et Paysage » transforme ce lieu magique en musée à ciel ouvert.
37 art & jardin
I
maginez le tableau : vous dirigez une petite barque, déambulant au sein d'un site verdoyant vieux de 2 000 ans, entre de petites îles où trônent les œuvres de jeunes artistes, architectes ou paysagistes. Au gré de vos escales, vous trouvez par exemple une houblonnière détournée en jardin (Small is Beautiful, de l’Atelier du Gründberg). Allongés dans un hamac, vous voilà dégustant une bière aromatisée au houblon des marais. Plus loin, vous croisez sur l’eau la structure cinétique de Jo Lathwood, Interference. En vous approchant doucement, les deux panneaux recouverts de motifs qui la composent s’alignent, dessinant une vague en mouvement. Elle symbolise l’équilibre fragile entre le paysage et l’intervention humaine… Au total, ce sont 40 œuvres (28 jardins et 12 installations) qui sont à découvrir dans ce poumon vert, mais aussi en ville. Danger – Mêler promenade bucolique et visite culturelle, c’est la belle idée de la Maison de la Culture d’Amiens, qui a prolongé un projet initié en 2010 par Martin Hirsch. Si l’objectif est de soutenir la jeune création artistique, « il s’agit aussi de faire découvrir et protéger un patrimoine en danger », ajoute le directeur de la MCA, Gilbert Fillinger. Car ce paysage exceptionnel, dessiné par les Romains, souffre depuis les années 1950 d’un inquiétant déclin – notamment à cause des inondations. Un trésor qu’il serait dommage de voir disparaître.
Jo Lathwood, Interference
Chilpéric de B
Atelier du Gründberg, Small is Beautiful, Houblonnière Jusqu’au 16.10, Amiens, Hortillonnages, gratuit (tarif de location des barques : 26 > 14€ / gratuit (-3 ans), www.maisondelaculture-amiens.com En barque : mar > jeu : 14 h > 19 h, ven, sam et dim : 11 h > 20 h, embarcations au Port à fumier de Camon, réservation : +33 (0)3 22 97 79 77 ou +33 (0)6 78 53 55 92 à pied : L’île aux fagots, l’étang de Rivery et l’île Robinson accessibles par le chemin du halage. à vélo : Velam, www.velam-amiens.fr ou Vélo service, +33 (0)3 22 72 55 13
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Les jardins de Valloires
50 nuances de vert Texte Julien Damien Photo La Roseraie, Le jardin de l'évolution © Baie Attitude / Fontaine, Cerisiers © R. Jacq / Les Editions Gaud
Au cœur de la très bucolique vallée de l’Authie, à Argoules, entre la Baie de Somme et le Pas-de-Calais, la terre et la mer, on trouve les cinq jardins de Valloires. Œuvre du paysagiste Gilles Clément, ce petit coin de paradis nous immerge dans un tableau vivant qui semble dessiné par la Nature elle-même.
E
n pénétrant ces lieux, on est d’emblée frappés par une certaine idée de la perfection. La balade débute par le « jardin régulier », une large et longue pelouse dans la pure tradition française, façon Le Nôtre. Elle est délimitée à une extrémité par un cloître végétal et ses petits arbres élégamment taillés, et de l’autre par une roseraie riche de 200 variétés, soit un étourdissant mariage de couleurs et de parfums. En arrière-plan de ce paysage nous domine l’abbaye cistercienne
de Valloires. Cet édifice fondé au xiie siècle, puis entièrement rebâti au xviiie, achève de nous démontrer ce que l’Homme peut accomplir de merveilles. Oui, tout cela est très « carré ». Mais en se dirigeant vers les « Ici, on a pris le parti sous-bois qui bordent cette première de laisser s’exprimer escale, changement d’ambiance…
la Nature »
5 000 plantes – Tout d'abord « Le jardin des îles », plus à l’anglaise, nous emmène sur des chemins sinueux où s’entremêlent dans un bazar végétal savamment orchestré toutes sortes d’espèces exotiques, du poivrier du Sichuan à l’arbre aux mouchoirs. Plus loin, place à la moiteur sauvage du « jardin des marais », bâti autour d’un bras mort de l’Authie, où l’on croise entre bambous et plantes grimpantes des écureuils ou des crapauds. On se rend compte alors qu'ici, on a pris le parti de laisser s’exprimer la Nature, d’accompagner son mouvement sans trop intervenir. « C’est une vraie leçon d’humilité », note Sophie Nothum, la directrice. Les spécimens de toutes origines se côtoient et se concurrencent. >>>
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« Gilles Clément a travaillé
Voilà l’un des grands préceptes de Gilles Clément, comme un peintre, composant paysagiste à qui l’on doit notamment le jardin du un gigantesque tableau avec musée du quai Branly. Pour sa première grande œuvre couleurs et parfums » (ici à Argoules en 1987) il a fait bon usage de ces huit hectares et de la collection de 5 000 plantes et arbustes dénichés aux quatre coins du monde par le pépiniériste Jean-Louis Cousin. « La particularité de cet endroit tient au fait que les espèces sont classées selon des critères esthétiques, plutôt que botaniques », précise Sophie Nothum. Gilles Clément a ainsi travaillé comme un peintre, composant un gigantesque tableau avec les couleurs et parfums que lui offre la Nature. « Le jardin des cinq sens » enfin, plus pédagogique, réveille l’enfant qui sommeille en nous, tout heureux de caresser les douces feuilles de ces « oreilles d’ours » (ou épiaires de Byzance, pour les spécialistes) et de goûter quelques framboises… Les jardins de Valloires On part d’ici en se souvenant que le Argoules, 10 h > 19 h, 9 / 6,50 € (adultes), premier des paradis était un jardin. 5,50 / 4,50 € (enfants de 6 à 16 ans), +33 (0)3 22 23 53 55, jardinsdevalloires.fr On sait pourquoi maintenant.
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Huit musées wallons à découvrir à vélo
En selle ! Texte Marine Durand Photo Canal du Centre historique, ascenseur n°4 © CGT-A-Si
Entre sport, nature et culture, pourquoi choisir ? Embrassant pleinement le thème touristique de l’année 2016 défini par la Fédération Wallonie-Bruxelles, « la Wallonie à vélo », la Maison du tourisme du Parc des canaux et châteaux a mis au point trois parcours à bicyclette reliant huit musées de la région.
S
i on partait de bon matin, si on partait sur les chemins, à la découverte des expositions estivales de la région du Centre ? De Seneffe à Morlanwelz, le premier des trois itinéraires à vélo (22 km aller-retour) propose aux cyclotouristes un grand écart spatio-temporel : tandis que les divinités égyptiennes font la pluie et le beau temps au Musée Royal de Mariemont, le Domaine du Château de Seneffe met en lumière le « plaisir des jardins au xviiie siècle ». Version cycliste du dimanche (22 km) ou as de la pédale (26,5 km), le deuxième circuit démarre dans le centre-ville de la Louvière et s’achève à Binche. On pédale depuis les dessins de presse de Willem et Philippe Vuillemin, présentés au musée
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Domaine de Seneffe-Photo : F Vauban / Musée International du Carnaval et du Masque © DR / Ascenseur funiculaire de Strépy Thieu © FTPH
Ianchelevici (voir p.104), jusqu'aux rituels tchèques immortalisés par la photographe Marketa Luskacova au Musée International du Carnaval et du Masque. Patrimoine – Hommage aux paysages autant qu'au patrimoine de la Wallonie, le projet « ne pouvait faire l'impasse sur les ascenseurs à bateaux du Canal du centre historique et sur le site minier du Boisdu-Luc, classés par l'Unesco », relève Camille Lefèbvre, de la Maison du Tourisme, qui a mis en place un service de location de vélos. Le parcours numéro 3, passant par les cinq musées louviérois, raccorde ces deux attractions majeures de la région dans une boucle bucolique de 14,5 km, qui devrait mettre d’accord les amateurs d’art et les spécialistes de la petite reine.
La Louvière, Maison du Tourisme du Parc des Canaux et Châteaux, Place Mansart, 21-22, www.parcdescanauxetchateaux.be Tarifs : 14 € le week-end, 8 € la journée, 6 € la demi-journée, 2 € l’heure (caution de 20 €)
Circuit n°1 Seneffe (Château de Seneffe) – Morlanwelz (Musée Royal de Mariemont) : 11 km (22 km aller-retour)
Circuit n°2 [ Version courte ] Centre-Ville de La Louvière (Centre de la Gravure, Daily-Bul & C°, MiLL, Keramis) – Binche (Musée international du Carnaval et du Masque) : 11 km (22 km aller-retour) [ Version longue ] Centre-Ville de La Louvière (Centre de la Gravure, Daily-Bul & C°, MiLL, Keramis) – Canal du Centre historique (UNESCO) – Site minier
du Bois-du- Luc (UNESCO) – Binche (Musée international du Carnaval et du Masque) 26,5 km (aller-retour)
Circuit n°3 Centre-Ville de La Louvière – Canal du Centre historique (UNESCO) – Site minier du Bois-du-Luc 14,5 km (circuit en boucle) – Week-end au bord de l'eau, 2 & 3.07, La Louvière, canal, centre historique
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Woodie Smalls Vers l’infini et au-delà
Propos recueillis par Sonia Abassi Photo Thomas Hoy
C’est au lendemain de son anniversaire que nous rencontrons Woodie Smalls, qui se désespère alors de se « sentir vieux, maintenant ». Avant d’investir dans un déambulateur le rappeur de St-Niklaas – près d’Anvers – âgé de tout juste 20 ans (!), nous parle de ses débuts, du buzz créé par son premier album (Soft Parade) et de son contrat avec Sony… Entretien avec un espoir du hip-hop belge aux ambitions internationales.
Comment décrirais-tu ton style ? Un mélange de vibes oldschool et de modernité, que l’on retrouve par exemple dans mon morceau About the dutch, avec beaucoup de basses et une dose d’electro. Mon style est avant tout ludique et plein de couleurs. J’aime parler de choses simples, des jeunes et « Je n’imaginais pas de leur quotidien.
gagner de l’argent ou
Qu’est-ce qui t’inspire? monter sur scène grâce à peu près tout ce que je fais avec mes amis ! Sinon, à un seul titre » beaucoup de rappeurs m’ont bien sûr inspiré, comme Kanye West et Pharrell Williams. Tyler, The Creator aussi, que j’écoute depuis que j’ai 12 ans. Maintenant, je veux juste produire quelque chose qui ne ressemble qu’à moi. >>>
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Est-il vrai que tu as commencé à rapper avec ton cousin Grey, dans le studio d’enregistrement de ton oncle ? Oui ! Mon oncle avait effectivement un studio d’enregistrement à Anvers. On s’y retrouvait souvent avec Grey, lui s’occupait des platines et moi du micro. J’avais huit ans à l’époque, c’était plutôt mauvais. Mais j’en garde d’excellents souvenirs.
« Je veux être plus
Quand as-tu donc sérieusement démarré ? grand que Stromae, Vers l’âge de 15 ans, j’ai commencé à produire des en tout cas j’y travaille ! » sons que je pouvais écouter sans me marrer. J’en ai conservé un paquet dans mon ordinateur, mais je ne les sortirai pas. Peut-être quand j’aurai 30 balais, pour montrer aux gens mon talent précoce, et crâner un peu en les publiant sur Youtube. Même si j’avoue qu’à cet âge, j’avais une voix de fille (rires) ! Comment ton premier single, Champion Sound, fut-il accueilli en 2015 ? Quand le clip est sorti, tout s’est emballé ! J’ai cumulé pas loin de 30 000 vues en deux jours, et les médias se sont intéressés à moi. Je n’imaginais pas gagner de l’argent ou monter sur scène grâce à un seul titre.
Dans ce morceau tu annonçais d’ailleurs que ton album (Soft Parade) ressemblerait à un poisson que le public finirait par attraper… Pourquoi ? Tu es déjà allée pêcher ? Quand tu finis par attraper un poisson, ça fait de toi la personne la plus heureuse du monde ! Parce que je t’assure que cette merde n’est vraiment pas facile à choper (rires) ! Soft Parade, c’est le même délire : quelque chose d’excitant, de drôle et qu’on finit par saisir. Pas mal la métaphore, hein ? Comment réagis-tu par rapport à l’engouement général ? J’ai compris que cela devenait sérieux à partir du moment où j’ai signé avec Sony. Je ne peux plus me permettre d’enregistrer un album en 10 jours, comme ce fut le cas avec Soft Parade. Avant, la musique ne représentait qu’un hobby, j’aimais aussi être en studio pour passer du temps entre potes. Maintenant beaucoup de gens m’attendent au tournant, je dois gérer tout ça. L’année 2015 a donc été très intense… C’était complètement fou ! Et l’année 2016 le sera plus encore. Ce qui se passe en Belgique est déjà énorme, mais je veux aussi toucher le reste de l’Europe ! J’adorerais que les jeunes débloquent à l’idée de me voir débarquer dans leur ville et qu’ils se ruent sur la billetterie. Je veux être plus grand que Stromae, en tout cas j’y travaille (rires) !
à écouter : Soft Parade (Sony)
Tu viens tout juste de sortir le single Planet Shrooms, quels sont tes projets ? Je prépare un nouvel album, il s’appellera Space Cowboy ! Il est vraiment différent de Soft Parade, et je dois admettre que je le préfère… J’ai passé nettement plus de temps dessus et la sélection des titres est plus rigoureuse. Le résultat me paraît supérieur, mais ça sera à vous de juger… 01.07, Bruxelles, Festival Couleur Café, 20 h 15, pass 1 jour : 55 > 39 €, www.couleurcafe.be 07.07, Liège, Les Ardentes, pass 1 jour : 55 €, www.lesardentes.be 16.07, Dour, Festival de Dour, pass 1 jour : 60/ 50 €, www.dourfestival.eu 20.07, Gand, Boomtown Festival, concert gratuit, www.boomtownfestival.be 29.07, Province d’Anvers, Openluchttheater, concert gratuit, www.oltrivierenhof.be 11.08, Lokeren, Lokerse Feesten, pass 1 jour : 28 €, www.lokersefeesten.be 17.08, Hasselt, Kiewit, Pukkelpop Festival, pass 1 jour : 99 €, www.pukkelpop.be
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P a rt 2 : ju il le t & août 201 6
Paris
Dossier spécia l
01 - S ummer of Photography, Exposition, jusqu’au 04.09, Bruxelles, p.50 02 - Mon Inouïe Symphonie, Pluridisciplinaire, 01>03.07, Dunkerque, p.56 03 - Les Rutilants, Pluridisciplinaire, 03.07, Oignies, p.56 04 -
Les Ardentes, Musique, 06>10.07, Liège, p.54
05 - Gent Jazz Festival, Musique, 07>10.07 & 14>16.07, Gand, p.58 06 -
En Nord Beat, Musique, 08>09.07, Bailleul, p.60
07 - R ock p.66
Zottegem, Musique, 08>09.07, Zottegem,
08 - Cactus
Festival, Musique, 08>10.07, Bruges, p.64
09 - F estival interculturel du conte de Chiny, Pluridisciplinaire, 08>10.07, Chiny, p.62 aSemo Festival, Pluridisciplinaire, 08>10.07, 10 - L Enghien, p.58 11 - Pile au rendez-vous, Pluridisciplinaire, 08>10.07, Roubaix, p.60 12 -
Sjock Festival, Musique, 08>10.07, Gierle, p.66
16 -
19 - T omorrowland, Musique, 22>24.07, Boom, p.72 20 - Les Nuits Secrètes, Musique, 29>31.07, Aulnoye-Aymeries, p.74 21 - S uikerrock, Musique, 29>31.07, Tienen, p.76 22 - D ekmantel, Musique, 04>07.08, Amsterdam, p.76 23 - Dranouter Festival, Musique, 05>07.08, Dranouter, p.78 24 -
Esperanzah!, Musique, 05>07.08, Floreffe, p.80
25 - B russels Summer 05>14.08, p.78 26 - Lokerse p.82 27 -
Festival, Musique, Bruxelles
Feesten, Musique, 05>14.08, Lokeren,
Ronquières Festival, Musique, 06>07.08, Ronquières, p.82
28 -
Dour Festival, Musique, 13>17.07, Dour, p.68
29 -
estival de la Côte d'Opale, Musique, 15 - F 16>24.07, Côte d’Opale, p.70
de Spa, Musique, 19>23.07,
18 - I rie Vibes Roots, Musique, 22>23.07, Kortemark, p.76
e Manifeste, Théâtre, 09>10.07, Grande-Synthe, 13 - L p.60 14 -
Boomtown, Musique, 19>23.07, Gand, p.72
17 - L es Francofolies Spa, p.72
Wecandance, Musique, 13>14.08, Zeebrugge, p.82
Pukkelpop, Musique, 17>20.08, Hasselt, p.84
30 - Festival
international des arts de la rue Chassepierre, Art de rue, 20> 21.08, Chassepierre, p.86
31 - C abaret Vert, Musique, 25>28.08, CharlevilleMézières, p.88 32 - L es
Solidarités, Musique, 27>28.08, Namur, p.90
33 - L es Rencontres Inattendues, Pluridisciplinaire, 02>04.09, Tournai, p.90
Pukkelpop 2015 © Philippe Wuyts (voir p.84)
Dey your Lane ! - From the series ‘A Familiar Run’, 2015 © David Uzochukwu
51 festivals
Summer of Photography exposition
Après s’être intéressée aux paysages (2012), puis aux genres (2014), cette biennale de photographie interroge notre relation à l’espace public – mais aussi privé, réel ou irréel, fantasmé… 23 expositions disséminées dans Bruxelles nous dévoilent le regard de 65 artistes sur ce sujet, loin des clichés. Il est ici question d’esthétique, de poésie, de politique… D’architecture, aussi. Celle que malmène, par exemple, l’Américain Gordon Matta-Clark, qui s’est fait une spécialité de découper des maisons abandonnées en deux… Présentées lors de l’exposition collective Open spaces - secret places (réunissant 28 artistes), ses images donnent à nos lieux de vie une dimension, sinon plus aérée, diablement poétique. Dey your lane !, second temps fort de Summer of Photography, nous plonge au cœur de Lagos, au Nigéria, la plus grande mégalopole d’Afrique. Une vingtaine de photographes nous montrent comment ses 18 millions d’habitants s’accommodent de cet endroit saturé. Invisible – Comment vivons-nous aujourd’hui dans un monde urbanisé à l'extrême ? Les uns à côté des autres, mais pas forcément ensemble. En confiant des appareils jetables à des SDF, le Belge Vincen Beeckman attire notre attention sur des « existences invisibles » (Cracks). Lieu de (sur)vie, l’espace public est aussi celui du drame, là où se joue l’Histoire. C’est ainsi en pleine rue qu’a été assassiné Yitzhak Rabin, comme nous le rappelle Amos Gitaï. Le cinéaste israélien investit Bozar avec une installation photo et vidéo fondée Jusqu’au 04.09, Bruxelles, Bozar, mar > dim : 10 h > 18 h, jeu : 10 h > 21 h, gratuit, www.summerofphotography.be sur son dernier film*, racontant la + divers lieux : Botanique, Centre culturel Strombeek, tragique mort du prix Nobel de la BRASS, De Markten, Wiels, Contretype, Alliance française de Bruxelles-Europe, Art&Marges Musée, Paix. Et une démocratie jetée dans Centre culturel Jacques Franck le caniveau. Julien Damien * Le dernier jour d’Yitzhak Rabin
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Bart Lodewijks, Bozar Strombeek Drawing © Dirk Pauwels, 2015
Mobutu © Colin Delfosse / The river…
Colin Delfosse
Remarqué pour son travail sur les catcheurs congolais ou les combattantes du PKK (LM n°104), le photographe belge s’est aussi intéressé à l’héritage de Mobutu, à ses projets pharaoniques, et notamment celui de Gbadolite. Cette cité luxueuse, bâtie en pierre et en marbre à la fin des années 1970 au cœur de la jungle équatoriale, symbolise la démesure du dictateur zaïrois. Ou comment un espace demeure aujourd’hui une utopie en ruine. [ Gbadolite, Versailles in the jungle ] : jusqu’au 04.09, Bozar, gratuit, [ The river that swallows all the rivers ] : jusqu’au 03.07, BRASS, gratuit…
Bart Lodewijks
[ Strombeek Bozar Drawing ] Pour cet artiste néerlandais, l’espace public est une toile. Bart Lodewijks dessine à la craie blanche sur des murs en couleurs, à la craie noire sur des murs blancs, dans la rue ou sur les façades des maisons, à l’intérieur ou à l’extérieur. Ces photos de Dirk Pauwels nous restituent les dessins monumentaux qu’il a réalisés en 2015 sur les toits de Bozar et du centre culturel Strombeek. Jusqu’au 04.09, Centre culturel Strombeek, mar > dim : 10 h > 18 h, jeu : 10 h > 21 h, gratuit
Eva Frapiccini [ Golden Jail Discovering Subjection ] Pasqua Vorgia [ Traces ]
L’espace public est aussi l’endroit des manifestations, voire de l’insurrection. Citons le mouvement Occupy à New York, la révolution des parapluies à Hong Kong ou le Printemps arabe. Mais plutôt que de montrer des foules survoltées, cette exposition conjointe s’intéresse aux traces que ces manifestations ont laissées dans ces lieux. Quelles cicatrices la révolte inflige-t-elle au tissu urbain ? Jusqu’au 04.09, Bozar, gratuit
Prog :
Dwelling in the work of James Casebere, After Scale Model / Amos Gitaï / Gbadolite, Versailles in the jungle, Colin Delfosse / open spaces - secret places / Dey your Lane! / Eva Frapiccini et Pasqua Vorgia / The Gang, Vincen Beeckman / The Citizen,
Tobias Zielony (jusqu’au 04.09, Bozar) // Strombeek Bozar Drawing, Bart Lodewijks (jusqu’au 04.09, C.C. Strombeek) // The river that swallows all the rivers, Colin Delfosse (jusqu’au 03.07, BRASS) // Michael Goldgruber / Palais, Kim Zwarts (jusqu’au 04.09, Contretype) //
Views from the Expended City, Pablo Lopez Luz. Terrazo (jusqu’au 24.07, Botanique) // Sammy Baloji & Filip De Boeck… (jusqu’au 14.08, Wiels) // Cracks, Vincen Beekman (jusqu’au 18.09, Art & Marges Musée) // World City News, Vincent Peal (jusqu’au 20.08, C.C. J. Franck)…
54 festivals
Les Ardentes
Les petits plats dans les immenses. Pour ses dix ans, le festival liégeois s'offre un jour de plus, inaugure un village foot (Euro oblige)… et affiche un line-up épatant. Du rap hypnotique de PNL aux sets survitaminés de 2manydjs, du rock lettré de Feu! Chatterton au show de Pharrel Williams… Non, le cadre bucolique du Parc Astrid ne s’annonce pas comme le lieu idéal pour calmer nos ardeurs. La preuve par 4. Anne Demange et Julien Damien
Thundercat Avant de jouer les premiers rôles, ce Californien fut bassiste pour Erykah Badu, Snoop Dogg, les punks de Suicidal Tendencies mais aussi Flying Lotus, Kendrick Lamar (l’architecte de To Pimp a Butterfly, c’est lui)…. Bref, on comprend mieux sa facilité à passer de la soul au funk, du jazz au rap en un pincement de corde. Mais, plus qu’un instrumentiste de talent, ce boulimique sonore affublé de l’oreille absolue demeure un remarquable songwriter. Prenant un plaisir malin à détruire rythmes et mélodies tels qu’on les connaît ici-bas pour les reconstruire dans son labo afro-futuriste. Sur disque comme sur scène, son génie ne frappe jamais deux fois au même endroit.
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musique
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Future
Il faut l’avouer : bien que très musical, le flow de ce prodige de la trap est parfois totalement incompréhensible. Pas grave. Il a beau avaler une syllabe sur deux, et noyer ce qui reste dans l’autotune, notre gaillard débite des morceaux bardés de spleen qui sonnent comme autant de tubes lunaires. Originaire d’Atlanta, capitale du hip-hop ricain, il a déjà à son actif deux albums et un projet commun avec Drake (What a Time to Be Alive). Malgré ses petits problèmes d’articulation, on se dit que Future a de l’avenir.
Young Thug
Ce rappeur d’Atlanta (eh oui, encore) sort des mixtapes à la pelle, souvent bien accompagné (Duke, Birdman ou Gucci Mane, fraîchement sorti de prison). à seulement 24 ans, Jeffrey Lamar Williams – pour sa maman – a vite trouvé sa place parmi les grands du gangsta, mais garde son âme de voyou – collectionnant les arrestations pour possession de drogue. Identifiable à sa voix nasillarde et ses fringues glam, cet hyperactif aux dreads peroxydées distille une prose psychédélique sur des instrus qui claquent. C’est le principal, non ?
Kurt Vile & the Violators
Difficile de louper Kurt Vile et sa dégaine de hippie. L’ex-membre de The War On Drugs a pris le large en solo en 2008. Depuis, les succès s’empilent comme des vinyles de Neil Young, The Byrds ou Sonic Youth dans la chambre d’un ado des 80’s. Sa folk mélancolique a beau être totalement anachronique, elle nous projette d'emblée sur les routes d’une Amérique fantasmée (ses stations-services 06 >10.07, Liège, Parc Astrid,55 €, paumées, ses motels miteux…). Kurt « Vaiiile » pass 4 jours : 130 / 120 €, pass 5 jours : 160 / 150 €, lesardentes.be n’invente certes rien, mais excelle dans son genre.
Prog :
Hyphen Hyphen, Ibrahim Maalouf, Indochine, Suede, Compact Disk Dummies… (06.07) // Action Bronson, Bagarre, Flying Lotus, FKJ, Little Simz, Georgio, Mac Miller, Mark Ronson, Superpoze, Thundercat, Thylacine, Woodie Smalls, PNL, Young Thug… (07.07)
// Baloji, Christophe, 2manydjs, Charles Bradley, Demi Portion, DJ Shadow, Hollywood Porn Stars, Guizmo, Jurassic 5, Max Cooper, Nicolas Michaux, Rone, Sniper… (08.07) // Pharrell Williams, Alice On The Roof, Bigflo & Oli, Caribbean Dandee, Broken Back, Cat Power, Guts, Jungle,
Kurt Vile & The Violators, Scred Connexion, Son Lux, Synapson… (09.07) // Angel Haze, Aaron, Black Mountain, Casseurs Flowters, Future, Ibeyi, José Gonzàlez, Les Innocents, Lilly Wood and the Prick, Nekfeu, Marc Ribot, Tyler The Creator, Snarky Puppy (10.07)
pluridisciplinaire
L'Orchestre International du Vetex © DR
Les Rutilants
Ancien site minier réhabilité en haut-lieu culturel, le 9-9bis conjugue patrimoine et création contemporaine. Mais ici rien de pompeux. Ce joyeux bazar est orchestré autour d'une brocante-expo, des spectacles déjantés et en fanfare ! Mlle Orchestra nous entraîne dans un tourbillon rock et disco (« Ras le pompon du quotidien ! ») tandis que Human Sound System, entre autres, nous prouve que les cuivres restent décidément dans le vent. 03.07, Oignies, 9-9 Bis, 10 h > 19 h, gratuit, 9-9bis.com
Prog : Brocante expo : Broc’troc // Exposition, Installation, Atelier : Les Objets qui parlent, La Symphonie électro-ménagère… // musique : Mlle Orchestra, Orchestre International du Vetex, Human Sound System, Fanfare des Tiots Galibots, Métalu à Chahuter, Zic Zazou, Loïc Lantoine… // Visite : Parcours d’objets, La Cité de Clercq // Manège : Le P’tit manège fait main, Le Cacophonium
pluridisciplinaire
Prog :
Théâtre : Renaissance du socialisme (Stéphane Gornikowski et Florent Grouazel) / musique : Tomaga, Quiet Motors (Pierre Bastien) (01.07)… // Lecture : Feuilleton Biohardcore (Antoine Boute), Fire of Emotions : The Abyss (Pamina de Coulon), Auuu pas (Vincent Thomasset) / musique : Uz Jsme Doma, Cachette à Branlette (Florent Steiner) (02.07) // Le prix du Pif, Alice Lescanne et Sonia Derzypolski (03.07)
Mon Inouïe Symphonie Mon Inouïe Symphonie fête sa 14e édition. Une longévité relevant du petit exploit, au vu du pluralisme et de l'exigence de sa ligne artistique. L'affiche abat les chapelles et confronte Pierre Bastien, ce complice de Comelade, aux chansons étranges de Fantôme, convie le performer littéraire Eric Therer, et, surtout, l'excellent bédéaste Florent Grouazel et Stéphane Gornikowski pour un spectacle dessiné, Renaissance du Socialisme. Une partition sans fausse note !
Antoine Boute © Pierre Khan
01 > 03.07, Dunkerque, Entrepôt 4.IV, Fructôse, Môle 1 (Port industriel), ven & sam : 8 / 6 €, dim : 3 €, www.fructosefructose.fr
Gent Jazz 58
festivals
festival
Kamasi Washington © DR
musique
Ici, pas question de renverser sa bière sur le voisin en hurlant avec une merguez dans la bouche. Dans cette ancienne abbaye médiévale, on se pose avec un verre (en verre ! dingue) à l'ombre d'un verger et on savoure chaque prestation. Pas snob pour un sou, le Gent Jazz Festival est ouvert aux quatre vents. Le trompettiste de légende Terence Blanchard y côtoie par exemple Kamasi Washington, saxophoniste des stars du rap (Snoop Dogg, Kendrick Lamar), avant que les soul sisters Ibeyi et St Germain nous invitent à danser sur la pelouse. 07 > 16.07, Gand, Bijloke, 49 > 5 € (4 à 12 ans), pass 2 j. : 79 > 49 € / gratuit (-3 ans), www.gentjazz.com
Prog : Terence Blanchard, Daedelus, Kamasi Washington, Ibrahim Maalouf «Kalthoum »… (07.07) //
Pat Metheny & Ron Carter, Hugh Coltman, John Scofield/Brad Mehldau/Mark Guiliana… (08.07) // Dave Harrington Group, John Cale, Max Richter… (09.07) // Moondog by Roland and Friends, Flat Earth Society, Balthazar… (10.07) // ALA.NI, Lianne La Havas, Jill Scott… (14.07) // Ibeyi, St Germain… (15.07) // Perfume Genius, dEUS ‘Soft Electric’… (16.07)
pluridisciplinaire
08 > 10.07, Enghien, Parc, 42 / 9,50 € (3 > 15 ans) / gratuit (-2 ans), pass 3 j. : 52 / 19,50 € (3 > 15 ans) / gratuit (-2 ans), www.lasemo.be
Prog :
Musique : Caravan Palace, Flavia Coelho, Les Hurlements d'Léo… (08.07) // Bernard Orchestar, Grandgeorge, Mickey 3D, Tryo, Zaza Fournier… (09.07) // Anaïs, Henri Dès, HK et les Saltimbanks… (10.07) // spectacle : La compagnie Flashy Cordons, Les Semeurs de rêves (08 > 10.07), Christian Pierron (09.07), Couzin, La compagnie des Bonimenteurs, Les Conteurs sur le pont (09 & 10.07)…
© Sophie Delapierre
LaSemo
De la détente (sauna, jacuzzi), des jeux pour enfants, un écrin de verdure où l'on fait bonne chère (mention spéciale aux food trucks)… Oui, on est bien à LaSemo. On oublierait presque que ce rendez-vous précurseur en matière d'éco-festival affiche une jolie prog'. Mickey 3D trouve le cadre idéal pour présenter son nouvel album, Sebolavy, sous le regard circonspect d'Henri Dès qui le renvoie fissa à l'école… mais pour jouer à cache-cache !
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Aurelien Nadeau © Delphine Chenu
festivals
pluridisciplinaire
Pile au rendez-vous Créé par la Condition Publique, ancienne manufacture textile reconvertie en haut-lieu culturel, ce festival de quartier (le Pile, donc) a la particularité d’être mis sur pied avec les habitants. Entre concerts (la folkeuse Lena Deluxe), spectacles et balades artistiques, ils poussent la démarche en réaménageant cette partie de Roubaix (place Faidherbe…) sous la houlette du collectif Faubourg 132. 08 > 10.07, Roubaix, Condition Publique et Quartier du Pile, ven : 18 h > 00 h, sam : 13 h > 00 h, dim : 11 h > 18 h, gratuit, www.laconditionpublique.com
Prog :
Théâtre et animations : Inauguration de la « nouvelle » place Faidherbe, fanfare et découverte des œuvres d’Aurélien Nadaud… (08.07) // Radio-Active (Collectif de La Girafe), Au cœur, la brûlure (Cie La Fabrique)… (09.07) // Carnabal avec Louise Bronx (Métalu A Chahuter)… (10.07) / Musique : Lena Deluxe… (08.07) // D.Street Cypher : Battle hip-hop, À l’ARAch’ (percussions urbaines), Elmo, Ephemerals, DJ Aziz… (09.07)
théâtre
Le Manifeste
13 ans que ce festival ausculte la société. Il se penche cette fois sur les questions de genre et de liberté d'expression. Les Tchèques de Divadlo Líšen montrent avec des marionnettes comment la Russie devient un état totalitaire (Poutine fait du ski), tandis que les Danoises de Himherandit productions transforment quatre femmes en hommes (The WOMANhouse), histoire de chiffonner quelques clichés.
En Nord Beat
musique
à deux pas de la frontière belge, le festival bailleulois souffle sa deuxième bougie. L’association ENB prod élargit son horizon avec un programme pour l'ensemble du week-end. Une vingtaine d’artistes locaux et internationaux s’enchaînent sur deux scènes. On guette les rappeurs bruxellois de La Smala, loin des clichetons gangsta à deux balles, entre autres. Parés au décollage ?
09 & 10.07, Grande Synthe, Palais du Littoral, sam & dim : 14 h, 7 / 4 €, pass 2 j. : 12 €, lemanifeste.com
08 > 09.07, Bailleul, Square Plichon, ven : 18 h, sam : 16 h, 15 > 10 €, 2 j. : 25 / 20 €, www.ennordbeat.fr
Prog : Poutine fait du ski (D. Líšen), Bommeleeër,
New York Ska Jazz Ensemble, Shazalakazoo, Spacid, Andréas & Nicolas, Mutiny on the Bounty… (08.07) // Les Ramoneurs de Menhirs, Gypsy Hill, La Smala, TBK Family Sound System, Bison Bisou, Labess, Youssef Swatt's… (09.07)
le poseur de bombe (N. Lambert), The WOMANhouse (A. Constantinou) (09.07) // Des mots pour la bouche et le corps (R. De Vos), Poutine fait du ski (D. Líšen) (10.07)
Prog :
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© DR
festivals
08 > 10.07, Chiny, divers lieux et horaires, En extérieur : 1 jour : 5 /1,25 € / gratuit (-12 ans), pass 2 jours : 8 € En salle : 7 / 4 / 1 € le spectacle Tarifs spéciaux : 15 / 4 / 1 €, www.conte.be
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Festival interculturel du
pluridisciplinaire
conte de Chiny
Vénérable institution belge francophone (c'est la 27e édition), le rendez-vous chinien propose plus de 80 spectacles de conteurs venus des quatre coins du globe. Chaque été, ce sont plus de 5 000 spectateurs, petits et grands, qui déambulent dans ce village à la frontière de l'Ardenne et de la Gaume. À Chiny, des conteurs, il y en a partout : dans les salles, bien entendu, mais aussi à l'orée de la forêt, sur la place publique, dans un passage secret et même sur l'eau, à l'aube ou au crépuscule, lors des descentes en barques à fonds plats. « Chacun y trouvera son compte… et son conte ! », s'amuse le directeur artistique du festival, Benjamin Roiseux. Pour les toutes petites oreilles, citons Crapule de la compagnie Tärae, une jolie rencontre entre un enfant qui va naître et sa sœur, mise en bouche par Marie-Noëlle Baquet. Pauvre Petit Chaperon Pour ceux qui pensent encore que tout cela n’est qu’affaires de crapauds et de princes charmants, on conseille la relecture cruelle, sanglante et sexuelle, du Petit Chaperon rouge par Italia Gaeta et Gilles Ghéraille. Au rayon « iconoclastes », le Québécois Jean-Marc Massie n’est pas mal non plus. à mi-chemin entre le récit urbain et le dessin animé, son Delirium débride la réalité. Parmi les temps forts, notons le cabaret du vendredi soir. « Chaque conteur livre un bout d'histoire durant une dizaine de minutes pour nous mettre en appétit ». Enfin, les rencontres entre collectifs, sortes de "bœuf" de l’oralité, rassemblant des bonimenteurs africains, québécois ou brésiliens, transforment Chiny en cité des mots et de l'imaginaire… N’en jetez plus, le conte est bon. Patricia Gorka
Prog :
EXPOsition : Fleuriste Josyflor Thomas Evrard Spectacle : Roger le Clown, Faar Wouest (La Compagnie des Bonimenteurs), La roulotte de
Monsieur Baraki, Le Baiser de fée (Le fil à couper l’eau chaude), Flamingo Road, Los Cigarillos, Les Hippocampes (Magic Land Théâtre), Les fables de La Fontaine (Les Compagnons du Temps), Barques de l’aube et promenade contée (Christian Schaubroeck
& Les Passeurs Réunis), Parfums d’embrouilles (Jean-Marc Derouen), Pétiteurs sans frontières (La Compagnie du Bouton), Bocca al Lupo (Italia Gaeta et Gilles Ghéraille), Delirium (Jean-Marc Massie), Veillée contée autour du feu… (08, 09 & 10.07)
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Cactus Festival
musique
08 > 10.07, Bruges, Minnewaterpark, 55 / 45 €, 2 jours : 91 / 78 €, 3 jours : 117 / 105 €, www.cactusfestival.be
Où il sera (peut-être) question de douce torpeur. De Roger Leloup (L'Astrologue de Bruges, 1994) à Martin McDonagh (In Bruges, 2008), la culture populaire a souvent représenté la Venise du nord comme une cité endormie – au mieux : on se souvient du poème en prose Bruges-la-Morte (1892), signé Georges Rodenbach… De fait, cette ville-musée dégage un parfum capiteux et nostalgique. Heureusement, le Cactus Festival ne verse pas dans la programmation lénifiante. Dans un cadre intimiste et tranquille, l'affiche jongle entre valeurs sûres et découvertes qui, à leur tour, deviendront peut-être incontournables – citons le melting-pot amphétaminé de Goat, la centrifugeuse congolaise Mbongwana Star ou l'étoile jamaïcaine Chronixx (oui, le fils du toaster Chronicle). Quant aux « grands noms », on ne résiste pas à la pop spatiale et sophistiquée de Air, à l'americana tourneboulante de Wilco ni à la tendre mélancolie acoustique de Damien Rice. Encore moins aux inflexions soul de Gregory Porter ou Charles Bradley, deux hommes qui ont eu le temps de mûrir leur musique… Et bien que le mercure belge n'ait pas grand-chose à voir avec le cagnard de Tucson (Arizona), la présence de Calexico immortalisera nos souvenirs en CinemaScope. Thibaut Allemand
Prog : Calexico, Wilco, The Black Box Revelation, Tourist Le mc, Warhola (08.07) // Gregory Porter, Charles Bradley, Damien Rice, Black Mountain,
Laura Mvula, Daniel Norgren, Flying Horseman… (09.07) // Air, The Cinematic Orchestra, Mbongwana Star, Kurt Vile &The Violators, Chronixx, Oddisee & Good Company, Goat, Sx (10.07)
Air © Linda Bujoli
festivals
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Rock Zottegem
Grace Jones © Andrea Klarin.
musique
C'est un peu Classic 21 en chair en en os. Ou "Rides" et Chansons, soufflent les mauvaises langues. L'occasion d'applaudir Elvis Costello, qui sut rompre avec le punk-rock pour mieux tâter du jazz, de la country, produire The Specials et autres Pogues avant d'être adoubé par Burt Bacharach. Tiens, Grace Jones ! Un énième come-back ? Oui et non, puisque cette figure des eighties est revenue aux affaires en 2008. À voir, par curiosité. Enfin, The Hives sort toujours le même disque depuis 23 ans, mais relève sur scène de la mécanique de précision. 08 & 09.07, Zottegem, Bevegemse Vijvers, 60 / 50 €, pass 2 jours : 85 €, www.rock-zottegem.be
Prog : Elvis Costello & The Imposters, The Hives, Skunk Anansie, K's Choice… (08.07) Grace Jones, The Kooks, Gogol Bordello, Channel Zero « Unplugged »… (09.07)
08 > 10.07, Gierle, Anvers, ven : 25 / 20 €, sam & dim : 35 / 28 € par jour, pass 3 j. : 70 / 60 €, sjock.com
Prog :
The Mavericks, Sturgill Simpson… (08.07) // Pokey Lafarge, Danko Jones, Radio Birdman, The Hillbilly Moon Explosion, Flat Duo Jets, Peter Pan Speedrock, The Nomads, The Baboons, Devil Makes Three… (09.07) // Flogging Molly, The Bronx, The Bellfuries, Turbo AC’s, The Polecats, Miss Lily Moe, Supersuckers,… (10.07)
musique
Ici, le 501 à rivets est de rigueur. Et l'on ne porte pas la banane, mais la ducktail. Bref, nous sommes chez les puristes – revivalistes parfois (Pokey Lafarge), allumés souvent (les andouilles de Supersuckers). Outre Heavy Trash, on ne manque pas The Polecats, surtout connus pour une reprise psychobilly de Bowie (John, I'm Only Dancing) et dont le leader, Boz Boorer, a supporté Morrissey durant 25 ans, soit cinq fois plus longtemps que Johnny Marr – non, ce n'est pas rien !
Pokey Lafarge © DR
Sjock Festival
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Dour Festival
© Dorian Jespers
festivals
musique 13 > 17.07, Dour, Plaine de la machine à feu, 60 / 50 €, pass 5 jours : 150€, www.dourfestival.eu
Vous étiez venus pour Wiz Khalifa, The Prodigy ou les Pixies et vous avez tout raté. à la place, vous atterrissez sous un chapiteau face à un type dont vous ignoriez l’existence, mais qui vous hypnotise. Voici résumée l’essence de ce festival. Bien plus qu’une immense foire de la musique, Dour offre son lot de découvertes, dans tous les styles. Julien Damien
Skepta
Le rap britannique porte beau. Le sud de Londres a Roots Manuva, Nottingham, les Sleaford Mods, et Tottenham peut s’enorgueillir de Skepta, nouveau roi du grime. Le grime ? Un mélange de UK garage, de drum'n'bass et de hip-hop dont les sujets de sa gracieuse Majesté ont le secret. Notre gaillard deale une musique de "raclure" (grime, donc) bien nerveuse, bourrée d’argot, façon "do it yourself" et qui suinte les quartiers pauvres, les clubs poisseux… Bref, l'Angleterre d'en bas, comme dirait l'impayable J.P. Raffarin. Reste que sur scène, ce son brut invite irrémédiablement au déhanchement. En fronçant les sourcils, of course.
© DR
© Laura Lewis
Gold Panda
De retour d'un road-trip au Japon avec un nouvel album rempli de ses fameux collages sonores (Good Luck and Do Your Best), l'Anglais confirme sa propension à la rêverie, et marque une pause avec les remixes. Dommage, ses relectures de Caribou avaient un certain cachet. Soit. Les sets de ce geek discret se situent du côté lumineux de la Force. Il nous saisit avec une sélection zen et bigarrée, un brin perchée. Pas forcément le mieux armé pour nous entraîner sur le dancefloor mais cela fait du bien de se poser. Surtout à Dour.
Babyfather
On vous disait en avril tout le bien qu'on pensait de cet avatar de Dean Blunt. Si vous avez loupé son passage à Gand, c'est le moment de vous rattraper. Un type qui ouvre un album en entonnant durant cinq minutes qu’il est « fier d’être Anglais » (non sans une certaine ironie, donc) ne peut pas être un mauvais bougre. Il n'est pas seulement question de hip-hop ici. Avec son flow d’outre-tombe, l’ex-moitié de Hype Williams délivre un grime expérimental et hypnotique, ouvrant d’insensés horizons.
Leon Vynehall
De belles lignes de basse, des percussions pénétrantes entrecoupées de vagues ambient : voilà le cocktail idéal pour hausser notre taux d'endorphine. Oui, mais pas seulement. Leon Vynehall se distingue par des mélodies touffues, agrémentées de cris d'oiseaux, de voix gospel, de boucles de piano, de harpe… à sa manière, il puise dans les origines de la house et du garage. Cette étoile montante de la scène dance underground annonce un mix en apesanteur.
Prog : Netsky, The Vaccines,
Salut c’est cool… (13.07) // The Prodigy, Wiz Khalifa, MHD, Tiga, Dave Clarke, Mac DeMarco, MCDE, Henrik Schwarz, Fatima Yamaha, Dan Deacon, Petit Biscuit, Flavien Berger, Babyfather… (14.07) // Birdy Nam Nam, Mobb Deep, Sharko, Peaches, Roots Manuva, Four Tet,
Richie Hawtin, Poliça, La Femme, Jeanne Added, Fakear, Adrian Sherwood, Maceo Plex, Damian Lazarus, U-Roy… (15.07) // Underworld, Sigur Rós, Odezenne, Skepta, Woodie Smalls, Roméo Elvis, Lefto, Django Django, Allah-Las, Pantha Du Prince, Daniel Avery, Fat White Family, La Mverte, J.C.Satàn,
Leon Vynehall… (16.07) // Boys Noize, Pixies, DJ Premier & The Badder, Mr. Oizo, Etienne de Crécy, Club cheval, Oxmo Puccino, Vald, Seth Gueko, 20syl, Suuns, Acid Arab, Gold Panda, Italian Boyfriend, Manu Le Malin, Ben Klock, John Talabot, Popof, Maya Jane Coles, Louisahhh, Konono N°1, Lefto… (17.07)
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Luce © Paul Rousteau
festivals
musique
Festival de la
Côte d’Opale
15 > 24.07, Boulogne-sur-Mer, Hardelot, Desvres, Outreau, Le Portel, Abbeville, Saint-Valery-sur-Somme, 28 > 5€, carte émotion (4 concerts, sauf Louane) : 60 €, carte passion (tous les concerts) : 140 €, www.festival-cotedopale.fr
Loin des sentiers battus, et contre vents et marées, car torpillé par les restrictions budgétaires, ce singulier festival garde le cap. Cette édition est toutefois un peu particulière. D’abord, parce que l’événement célèbre ses 40 ans. Ensuite, il dit « au revoir » à son directeur historique. Patrick Dréhan quitte une aventure qu’il avait initiée en 1976 avec plein de beaux souvenirs, comme ce concert donné par Miles Davis au Touquet en 1988, ou les prestations de Michel Jonasz, Bob Dylan… on en passe. En guise d'adieu, il ressuscite Le scaphandre et le papillon, spectacle qu’il a adapté en 1998 du récit de Jean-Dominique Bauby et raconté en musique et illustrations live. Pour le reste, rien n’a changé. Certes resserré sur le Boulonnais (avec une jolie escale à Saint-Valery-sur-Somme, où les 3SomeSisters délivrent leurs mélodies tribales) ce rendez-vous met en valeur un paysage tout en relief et une chanson française raffinée, à l’image des compositions sensibles de La Grande Sophie. Une langue de Molière sublimée lors d’une soirée d’anniversaire en compagnie, entre autres, de Nicolas Peyrac, Diane Tell, Nilda Fernandez… Outre les incontournables Jeanne Added et Hyphen Hyphen, on fait toujours de belles découvertes, comme le rock lettré de Radio Elvis ou la petite dernière de la famille Chedid, Nach. Julien Damien
Prog : Le scaphandre et le
papillon, MeS Patrick Dréhan (15.07) // 40e anniversaire : Nicolas Peyrac, Nilda Fernandez, Berry, Diane Tell…, Taraf Décalé & Melting
Spot (danse hip-hop et musique tsigane) (16.07) // Hyphen Hyphen, Aaron (17.07) // Vianney, Radio Elvis (18.07) // Nach, Alex Beaupain (19.07) // Broken Back, La Grande Sophie (20.07) // Père & fils et
l’Harmonie d’Outreau, Tryo (21.07) // 3SomeSisters, Sarah Lenka, Jeanne Added (22.07) // Noor, 3SomeSisters, Luce & Mathieu Boogaerts, Louane (23.07) // Jeanne Cherhal solo… (24.07)
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Francofolies de Spa
© Gilles Charlier
festivals
musique
De Polnareff au Grand Jojo (Chef, un p'tit verre on a soif), on célèbre la chanson francophone au sens (très) large. Pas sûr que la langue de Molière s'en retrouve toujours grandie – vous trouverez vous-mêmes les cancres. Mais quand elle est déliée par Doc Gynéco ou les Belges bien fendards de Sttellla (Quelle heure reptile, je n'en saurien), on se dit que ça vaut le coup d'écouter les paroles. 19 > 23.07, Spa, Parc de 7 heures, Place hôtel de ville, 80,50 > 17,50 €, pass : Complet !, www.francofolies.be
Prog :
Michel Polnareff, Machiavel, Jain, Sharko… (19.07) // Grandgeorge, Hyphen Hyphen, Nicolas Michaux… (20.07) // Ghinzu, Marka… (21.07) // Les Charlots, La Grande Sophie, Alice On The Roof, Zazie… (22.07) // Doc Gynéco, Le Grand Jojo, Puggy, Radio Elvis, Sttellla, Ulysse… (23.07)
musique
musique
Boomtown
Installé en plein cœur de la ville, le Boomtown égaie un peu plus les Fêtes de Gand. Il propose son lot de concerts gratuits, et pas vilains (tel celui de Woodie Smalls, voir p. 45) et puis d'autres à prix très raisonnables qui font la part belle au rock indé. On a repéré Damien Jurado, chantre de la folk psyché, et Tindersticks, dont le spleen n'entame en rien l'euphorie générale. 19 > 23.07, Gand, Handelsbeurs, Kouter, Opera, 37€ > gratuit, pass 1 j.: 20 €, boom pass : 40 €, www.boomtownfestival.be
Prog : Damien Jurado, Giant Sand, Tindersticks
(19.07) // Woodie Smalls, Flying Horseman, Wim Mertens (20.07) // Alice On The Roof, Mykki Blanco (21.07) // The Black Heart Rebellion, Anna Meredith (22.07) // Compact Disk Dummies, An Pierlé (23.07)…
Tomorrowland
Tomorrowland, ou une autre idée de la démesure. La petite bourgade jusquelà tranquille de Boom (ça ne s'invente pas) attend plus de 200 000 accros aux BPM venus de toute la planète, dans un décor conçu par un Lewis Carroll sous acide, et des centaines de DJ plus ou moins respectables. Parmi eux, on a repéré Marcel Dettmann, Nina Kraviz, Jamie Jones et Maceo Plex. 22 > 24.07, Boom, zone de loisirs De Schorre, 12h, Complet !, www.tomorrowland.com
Prog :
David Guetta, Jamie Jones, The Martinez Brothers, Kolombo, Compuphonic… (22.07) // Afrojack, Lost Frequencies, Robin Schulz, Solomun, Adam Beyer, Len Faki, Marcel Dettmann, Nina Kraviz, Spacid, Dj Tennis… (23.07) // Paul Kalkbrenner, A-Trak, The Magician, Dave Clarke, Vitalic, Maceo Plex, Busy P, Sven Väth, Para One, Boston Bun…(24.07)
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Selah Sue © Alexander Brown
festivals
29 > 31.07, Aulnoye-Aymeries, divers lieux, pass 1 jour Jardin, Grande scène : 40 / 30 €, pass 1 jour Grande scène : 28 / 21 €, pass 1 jour Jardin : 18 / 14 €, pass 1 jour Bonaventure : 10 €, pass 3 jours Jardin, Grande scène : 85 / 70 / 50 €, pass 3 jours Grande scène : 67 / 50 / 45 €, Parcours secrets : 20 > 6 €, www.lesnuitssecretes.com
75 festivals
Les Nuits secrètes
musique
Le festival aulnésien fête son quinzième anniversaire. Un cap jamais facile à passer. D’ailleurs, cette édition a bien failli ne pas voir le jour. En cause ? Un modèle économique devenu fragile. On a eu peur. On se rassure. Et on prend le bus. C’est une petite révolution. Après 14 ans de concerts gratuits (Arno, Bashung, Marianne Faithfull, entre autres monuments) la Grande scène des Nuits secrètes devient payante – comptez une vingtaine d’euros. Les temps sont durs. Les subventions publiques fondent comme neige au soleil malgré une édition 2015 qui a battu des records – 68 000 festivaliers. Ce choix était donc une question de survie. Un changement de cap ? Oui et non. Oui, parce que l'affiche est plus relevée que jamais, bardée de noms qui remplissent des zéniths : Souchon et Voulzy, Selah Sue, Feu! Chatterton… Entre l'indie dance de Jagwar Ma (au Jardin) ou les sets abrasifs de The Hacker (La Bonaventure), on se réjouit aussi de la venue des zébulons punks de Ludwig Von 88 – houlala ! à l’aveuglette Non, parce que l’esprit de ces Nuits reste le même : défricheur et rassembleur, incarné par les fameux « parcours secrets » (24, cette année). Une formule unique. Et géniale : on embarque dans un bus pour un concert privé dont on ignore le lieu et les artistes. C'est par exemple dans une grange de l'Avesnois, sous une nuée de chauves-souris, qu'on a découvert en 2007 le post-rock gothique de Mansfield Tya. Clin d'œil sympa : les Nantaises viennent souffler les 15 bougies du festival (avec les fidèles Vitalic, Mr Oizo) et rempilent pour un nouveau « parcours ». On y croisera aussi Flavien Berger mais chut, on ne vous a rien dit… Julien Damien
Prog : Selah Sue, The Shoes, Lilly Wood and
The Prick, Alice On The Roof, General Elektriks (Grande scène), Jagwar Ma, Odezenne, O., FKJ, Soulwax (Jardin), La Mverte… (Bonaventure) (29.07) // Souchon & Voulzy, Mickey 3D, Deluxe, Hinds (Grande scène), Thylacine, Petit Biscuit, Flavien Berger,
Mr Oizo… (Jardin), Arnaud Rebotini, The Hacker… (Bonaventure) (30.07) // Gogol Bordello, Oblivians, Ludwig Von 88, Feu! Chatterton, 2manydjs (Grande scène), Mansfield Tya, Vitalic, Bachar Mar-Khalifé (Jardin), Digital Vandal, Ann Clue, André Bratten (31.07), Parcours secrets : Mansfield Tya, Flavien Berger…
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musique
Irie Vibes Roots Festival
Anthony Johnson © DR
festivals
Dans ce village bucolique transformé en grand-messe rastafari, on se pose pour écouter un reggae à l'ancienne, bardé de cuivres et qui chante Jah, la paix et l’amour. Pour les 15 ans du festival, Anthony Johnson, voix légendaire des studios de Kingston, partage l'affiche avec Cedric Myton, chanteur mythique des Congos. Bref, des tauliers, des tonnes de dreadlocks et de good vibes. 22 & 23.07, Kortemark, ven : 18 h, 30 / 20 €, sam : 12 h, 35 / 25 €, pass 2 j. : 45 / 35 €, dev-greenforward.be
Prog :
Cedric ‘Congo’ Myton & 149 Band, Sous Couche, Rootsman Dirki Sound ft I Man T, Bobalicious, Ionyouth Soundsystem, DubKasm, Negus Melody… (22.07) // Anthony Johnson, Mike Love, Earl Sixteen ft Addis Pablo & Moonband, Jah Frequency, Chalice Soundsystem, Bottle of Moonshine, Micah Shemaiah… (23.07)
musique
musique
Suikerrock
Avant de vendre des parfums dans des flacons en forme de fleur, Deep Purple fut une légende du hard rock. On leur pardonne cet écart lucratif, tant ça nous fait plaisir de réécouter Child in Time ou Smoke on the Water ailleurs qu'à la fête de la musique. Sinon, parmi cette ribambelle de noms alléchants, on privilégie les Flamands de Balthazar pour leurs compos sophistiquées. Et puis dEUS, parce que c'est dEUS. 29 > 31.07, Tienen, Grote Markt, ven : 18 h 30, sam : 15 h 30, dim : 13 h 30, 1 jour : 45 €/ 12 € (-12 ans), pass 3 jours : 95€, www.suikerrock.be
Prog : Deep Purple, The Sore Losers… (29.07) // dEUS, Balthazar, Alice On The Roof… (30.07) // The Corrs, Emma Bale… (31.07)
Dekmantel Festival
Depuis quatre ans, le Dekmantel réunit la crème de l'electro – citons Helena Hauff, DJ Harvey, Daniel Avery. Avec ceci de particulier que les festivités se tiennent de jour, dans une forêt du sudouest d'Amsterdam. Dès minuit, des salles de la capitale prennent le relais pour emmener les clubbers jusqu'au lever du jour. On n'a pas perdu l'oreille au pays de Van Gogh ! 04 > 07.08, Amsterdam, divers lieux, 50 > 15€, pass : 120 / 65 / 45 / 26,75 €, www.dekmantelfestival.com
Prog :
Cabaret Voltaire, J. Holden, Tony Allen, Matias Aguayo… (04.08) // DJ Harvey, Helena Hauff, Jeff Mills, Moodymann, Ricardo Villalobos… (05.08) // Daniel Avery, Dixon, Nina Kraviz, Roman Flügel, Tale Of Us, The Orb… (06.08) // Ben Klock, DJ Koze, Fatima Yamaha, Magda, M. Dettmann, MCDE… (07.08)
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Dranouter Festival
Dans cette prairie où se posent 80 000 mélomanes, entre des champs de maïs et de betteraves, on cultive de la pop, du blues, du rock mais sans se couper des racines folk qui ont fait la renommée du festival. La présence de l'estimable soulman Michael Kiwanuka ou de la nomade Emiliana Torrini (Jungle Drum) illustrent à merveille cette œcuménisme musical. Suzanne Vega achève de nous convaincre de la pertinence de l'endroit – et nous colle toujours autant de frissons avec Luka ou Tom's Diner. 05 > 07.08, Dranouter, 80 / 65 €, pass 2 jours : 110 / 95 €, pass 3 jours : 130 / 115 €, www.festivaldranouter.be
Prog :
The Colorist & Emiliana Torrini, Arno, Afro Celt Sound System, King Dalton, Hayseed Dixie, Habadekuk, Bent Van Looy, Berlaen… (05.08) // Trixie Whitley, Flying Horseman, Dez Mona, Balthazar, Le Vent Du Nord, Riguelle chante Brel, Walrus… (06.08) // Michael Kiwanuka, Suzanne Vega, ZAZ, An Pierlé, Tout Va Bien, Dom Flemons, Yevgueni, Guido Belcanto, Ìmar… (07.08)
musique 05 > 14.08, Bruxelles, La Madeleine, Mont des arts, Place des palais, Le club, 1 jour : 27 / 22 / 15 €, pass 10 j. : 65 / 55 €, bsf.be
Prog :
Hooverphonic, Markus Mann… (05.08) // Brisa Roché, Mickey 3D, Feu! Chatterton… (06.08) // Georgio, Vald, Grandgeorge… (07.08) // St Germain, We Are Match… (08.08) // HF Thiéfaine, Fishbach, Sage, Jay-Jay Johanson… (09.08) // Guts, Baloji, Abd Al Malik… (10.08) // Hyphen Hyphen, Tindersticks, Balthazar, Keziah Jones, La Grande Sophie… (11.08) Pony Pony Run Run, Caravan Palace, The Shoes, Louise Attaque, La Mverte, Caribbean Dandee, Housse De Racket, Flavien Berger… (12.08) // Fat Freddy’s Drop, An Pierlé… (13.08) // The Sore Losers, Nada Surf, Peter Doherty… (14.08)
Brussels Summer Festival Et revoilà Pete Doherty. évidemment, on attend de lui quelques inédits avant la sortie de son deuxième album solo en septembre, et son concert de réouverture du Bataclan en novembre. Les présences de Feu! Chatterton et de Thiéfaine confirment la bonne santé de ce festival au lineup très ouvert, et jamais avare de jolis pas de côté. Ainsi, la synthpop froide de Fishbach nous rappelle le bon vieux temps des Rita, d'Elli et Jacno, de la vague novö et des amours contrariées.
© DR
musique
80
Esperanzah! musique
05>07.08, Floreffe, Abbaye, 42 > 32 €, pass 3 j. : 86 / 69 €, www.esperanzah.be
Esperanzah! fête ses 15 ans, et n’a rien perdu de son engagement. Dans son viseur cette année : le TTIP, ce fameux accord de libre-échange que négocient en catimini l’Europe et les états-Unis. Le festival produit un court-métrage baptisé Diversion afin de mobiliser les foules contre ce projet qui confierait « nos vies et notre avenir à des multinationales », s’insurge Jean-Yves Laffineur, le directeur. En parallèle, l’abbaye de Floreffe se mue en zone d’accueil pour les réfugiés. Ainsi, ne loupons pas Refugees for refugees, un spectacle donné par des "migrants" syriens, afghans, irakiens… Pour l’occasion, Manu Chao livre un concert en mode "Força Esperanzah!", avec son lot de surprises et d’invités. Un joli clin d’œil, car c’est l’ex-leader de la Mano Negra qui a inspiré à Jean-Yves Laffineur la création de ce rendez-vous persuadé qu’« un autre monde est possible ». Puisqu’on parle des proverbiaux grands noms, citons aussi la venue d’une autre altermondialiste notoire : Patti Smith, tandis qu’Emir Kusturica fait L'Amour et la paix, titre de son prochain film, dont il révèle la musique avec son No Smoking Orchestra. Enfin, côté découverte, les keupons malgaches de The Dizzy Brains et les Israéliennes d’A-Wa, qui marient folk yéménite et dance (écoutez donc Habib Galbi), achèvent de nous convaincre que le métissage a du bon. Julien Damien
Prog :
Deluxe, Feder, FùGù Mango, L’Arbre Nomade (Cie des 4 saisons), Emir Kusturica, Lee “Scratch” Perry, Bakermat, A-Wa, Un Petit Coin de Paradis (Cie Le Coup de Foudre)… (05.08) // Anoushka Shankar, Bigflo & Oli, Refugees for Refugees, What
Happens in the Kitchen Stays in the Kitchen (Cirque Ozigno), Manu Chao, Rone, Calypso Rose, Ana Tijoux, Un petit Coin de Paradis (Cie Le Coup de Foudre), The Dizzy Brains… (06.08) // Patti Smith, Dub Inc, Ala.ni, Furieuse Tendresse (Cirque Exalté), St Germain, Odezenne, Caballero et JeanJass… (07.08)
Manu Chao, La Ventura © Hugues Thibaut
festivals
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Vanmorrison © Bradley Quinn
festivals
musique
Lokerse Feesten
On ne vous présente plus le bébé : une scène unique mais un plateau assez dément. Cette édition ne déroge pas à la règle avec son lot de come-back inattendus (Garbage, Limp Bizkit), de stars du moment (Christine and the Queens) et quelques monuments. On se réjouit ainsi du passage de l'auteur de Gloria, Van Morrison, et de l'une des rares prestations en Europe de House of Pain, dont le mythique Jump Around n'avait vraiment pas besoin des meetings de Donald Trump pour rester au top (le rappeur Everlast lui a interdit d'utiliser son titre). 05 > 14.08, Lokeren, Grand quai, pass 10 jours : 150 / 145 €, 1 jour : 48 > 15 €, www.lokersefeesten.be
Prog : Suicidal Tendencies, Limp Bizkit… (07.08) // Garbage, Trixie Whitley… (08.08) // Arno, Van Morrison,
Kitty, Daisy & Lewis… (09.08) // Richard Ashcroft, Magnus, Unearth… (10.08) // Selah Sue, Fat Freddy’s Drop, Woodie Smalls, House Of Pain… (11.08) // Christine and the Queens, Alice On The Roof… (12.08) // Maxi Jazz & The E-Type Boys, Hooverphonic, Cherry Moon Legends… (13.08) // G-Eazy, Lost Frequencies, Faithless… (14.08)
musique
Ronquières Festival
Cinquième édition pour ce festival qui empile les records de fréquentation au fil des ans – 32 000 spectateurs en 2015. La recette ? Un cadre bucolique et une affiche éclectique, faisant la part belle aux Belges. Cette année, la diva soul Selah Sue en remontre aux Innocents, à Thomas Dutronc et à la dealeuse de tubes bigarrés Jain. 06 & 07.08, Ronquières, site du Plan incliné, 38 €, pass 2 jours : 60 €, www.ronquieresfestival.be
Prog :
AaRON, Jain, Hyphen Hyphen, Lilly Wood & The Prick, Milky Chance, Puggy, Sharko, Selah Sue, Synapson… (06.08) // Alice On The Roof, Giédre, Zazie, Les Innocents, The Kooks, Thomas Dutronc… (07.08)
Wecandance
musique
Fooding, mode et musique. Voilà les trois pierres angulaires de ce beach festival. à Zeebrugge, on déguste des plats de chefs étoilés en appréciant un line-up pointu et hédoniste. Après quelques brasses, on profite de quatre ambiances les pieds dans le sable : techno (Recondite), house (citons l'élégant Jamie Jones), esprit hip-hop (Sam Tiba ou TLP) ou plus "dance" (Y. Marco). 13 & 14.08, Zeebrugge, 49 €, pass 2 jours : 79 €, wecandance.be DJ Tennis, DJ Dustin, Cleveland live, Roy Davis Jr, Mickey… (13.08) // Dixon, Recondite, Goldffinch, Sam Tiba, TLP, Neon, Jamie Jones, Pachanga Boys, Young Marco… (14.08)
Prog :
Pukkelpop 84
festivals
Pukkelpop 2015 - Sfeer Radio Topkaas © Robin De Raedt
musique
Aurait-on un jour entendu parler de la plaine de Kiewit sans le festival Pukkelpop, né en 1985 ? Non, sans doute. Sauf si on s'intéresse à l'aviation. Le saviez-vous ? L'aérodrome de Kiewit est le plus vieux de Belgique. Vous vous en fichez totalement ? Tant pis. Vous préférez notre petite sélection parmi le vaste programme du Pukkelpop ? La voici. Mais faites un tour sur l'aérodrome. C'est très joli. Vraiment. Thibaut Allemand
LCD Soundsystem Paradoxe : ce groupe aurait eu une carrière sans faute – épousant les contours flous des années 2000 – s'il ne s'était reformé. Cependant, on ne boudera pas notre bonheur face à la formation new-yorkaise, qui remit le punk funk au goût du jour et citait Daft Punk au moment où le duo casqué ne faisait plus rêver grand monde. On retiendra deux morceaux, exemples parfaits du caractère profondément humain de Murphy : Losing My Edge (où la nostalgie le dispute au sarcasme) et New York, I Love You, belle à pleurer. Rien que pour ces deux titres – et pour tout le reste, LCD Soundsystem incarne l'un des grands groupes de la décennie passée.
© DR
© Liam McCrae
Kaytranada
Ce Montréalais d'origine haïtienne s'était fait remarquer grâce à Brodinski (sa première sortie, en 2013, était estampillée Bromance). Mais aujourd'hui, le jeune homme de 23 ans n'a plus besoin de parrain pour nous convaincre : porté par le tube Lite Spots, 99,9% est un premier LP inespéré, conjuguant à peu près toutes les marottes de son auteur : electro, hip-hop, soul, le producteur jongle avec les styles et les invités – citons AlunaGeorge, Little Dragon, Vic Mensa… Voyons un peu si ce cocktail enflammera les planches !
Travis Scott
Responsable de quelques prods pour Kanye West, Jay Z ou Madonna, ce petit génie se voit aussi en rappeur. Et les choses ne se compliquent même pas. Même si la parution de Rodeo (2015), son premier véritable LP, a souvent été repoussée, le Texan annonce déjà la suite. Pour notre part, on se souvient d'un concert estomaquant du jeune prodige aux Eurockéennes de Belfort, en 2014. Une belle claque en pleine poire à grands coups de beats énervés. S'est-il assagi ? Réponse sur scène…
King Gizzard & The Lizard Wizard
L'an passé, Tame Impala replaçait l'Australie au centre des préoccupations musicales. En 2016, il va falloir compter avec King Gizzard & The Lizard Wizard. Nos kangourous sautent d'un genre à l'autre et boxent dans toutes les catégories : dérives psychédéliques, garage rock, jazz, ces sept stakhanovistes ont signé huit albums en quatre ans. Musiciens accomplis et virtuoses, ils refusent l'ostentation et envisagent leur "carrière" comme le véhicule de leurs lubies 17 > 20.08, Hasselt, 1 jour : 99 €, passagères – dans la bonne humeur et en écri3 jours : 199 €, www.pukkelpop.be vant d'excellents morceaux.
Prog : Battles, Bloc Party,
Cassius, Cage The Elephant, Chvrches, Coely, Die Antwoord, Eagles of Death Metal, Ezra Furman, The Kills, Loco Dice, Nina Kraviz, Rihanna, Travis Scott, Warpaint, Wolfmother, Woodie Smalls… (17.08) // Circa Waves,
Crystal Castles, The Chemical Brothers, Fatima Yamaha, Glass Animals, Kaytranada, Local Natives, The Lumineers, M83, Noel Gallagher, Róisín Murphy, Romare, Seth Troxler, Sleaford Mods, Thee Oh Sees, Whitney… (18.08) // AlunaGeorge, Âme, Audion,
Anderson .Paak, Damian Marley, Grandaddy, The Internet, Jamie Lidell, Julia Holter, King Gizzard & The Lizard Wizard, LCD Soundsystem, Max Jury, Miike Snow, Oscar And The Wolf, Riton, Sharon Jones, Soulwax, The Subs, Tale Of Us… (19.08)
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Cie Daraomai TiraVol © Yahnn Owen
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20> 21.08, Chassepierre, divers lieux, sam & dim : 13 h > 00 h, 16 > 6 €, www.chassepierre.be
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Festival international des arts de la rue
de Chassepierre
art de rue
à Chassepierre, la culture se savoure au grand air ! Chaque année à la fin du mois d’août, danseurs, musiciens, comédiens et circassiens investissent les ruelles et espaces verts de ce village wallon bordé par la Semois. Conçue autour des « équilibres et contrepoints », cette 43e édition devrait tenir toutes ses promesses. C’est d’ailleurs l’étonnante performance imaginée par Claudio Stellato, avec ses quatre bûcherons bâtissant d’éphémères constructions de bois, qui a inspiré à Charlotte Charles-Heep le thème de ce Chassepierre 2016 : « Certains spectacles évoquent l’équilibre des mots, d’autres celui de la musique, des matières ou des idées », indique la jeune directrice artistique, qui a programmé près de 50 compagnies venues de toute l’Europe. Entre les déambulations, pièces de théâtre et concerts, plutôt réservés au cœur de la commune, et les installations plastiques ou numéros de voltige présentés dans les prairies environnantes, il suffit de se laisser surprendre. Insultes et Dame de France – Après avoir goûté à l’art de la belle insulte avec les deux « marchands de gros mots » des Bonimenteurs, on s’extasiera devant l’élégance des Sœurs goudron, en lice pour le titre suprême de « Dame de France ». On ne manquera pas les portés poétiques de Strong Lady, à moins que les créatures colorées du Teatro Pavana, perchées sur échasses, ne retiennent toute notre attention. On attend, enfin, le défilé de marionnettes géantes des Manies, première compagnie à bénéficier d’une résidence à Chassepierre en cours d’année, et symbole du dynamisme d’un festival ayant définitivement trouvé son équilibre. Marine Durand
Prog :
The Primitive, Marcel et ses Drôles de Femmes, BOT Project, Group Berthe, Le Grand Jeté!, Claudio Stellato, Kadavresky, Porté Par Le Vent, Cie des Quidams, Ge.Pe.TO, Les Soeurs Goudron, Cie Jacqueline Cambouis, Pas Vus Pas Pris, Les Bonimenteurs, Guixot de 8, Strong Lady, Mario Queen Of The Circus, Gilles Charrot, Théâtre de la
Toupine, Mauvais Coton, Zut Zig Truck, Transport Auditif, Les Superluettes, Ah Mon Amour, Collectif à Moi Tout Seul, La Bastarda company, Les Batteurs de Pavés, Teatro Pavana, Arts Nomades, Gijs van Bon, Dela Praka, Les Taupes qui boivent du lait, Brizzi, SOS Fanfare, Tapage Nocturne, Les Manies, Watch Out, Ecole de Cirque de Gembloux…
Anderson .Paak Š DR
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Le Cabaret Vert musique
Le Cabaret Vert ? Voyons voir… Un modèle de festival éco-responsable ? Déjà dit. La belle aventure d'une bande de potes décidés à fleurir le désert culturel carolomacérien ? Un nom qui emprunte à Rimbaud, l'enfant du pays ? Ça aussi on le sait. Alors concentrons-nous sur le principal. Les cervoises locales ? Entre autres, mais surtout sur l'impressionnante programmation. Vrai qu’à force de parler terroir, « on oublie que c'est d'abord un put… de festival de musique », rappelle Christian Allex, le directeur artistique. Le sanglier a donc disparu de l'affiche pour laisser place à des néons vintage, façon Las Vegas, avec ce qu'ils supposent de débauche et d’allers-retours dans le temps. Sur cette route menant vers le "wild wild fest" on retrouve ainsi les pionnières du grunge de L7 ou les bûcherons pop-folk de Grandaddy, à qui répondent les allumés (mais fins songwriters) de Fat White Family. Samedi, les artisans-techno du duo Torb transforment le festival en théâtre des "raves", sous le haut patronage des revenants de Cassius. Bye Jesse En parlant de retour, celui de Nas ravira sans doute Nekfeu, MHD et surtout un type qui est en train de mettre tout le monde d'accord avec son cocktail rap, soul, funk, jazz : Anderson .Paak. Par contre, exit les Eagles of Death Metal. Lassés que le groupe « utilise les attentats pour se bâtir une notoriété », les Ardennais ont refoulé la bande de Jesse Hughes. Soit. Entre 25 > 28.08, Charleville-Mézières, deux scènes bien remplies, on ouvre une foultitude Square Bayard, jeu : 17 h, ven, de parenthèses enchantées : "le temps des freaks" sam & dim : 14 h, 40 / 36 €, pass 3 jours (ven, sam & dim) : (arts de rue, marionnettes, etc.) ou un espace BD, 68 / 60 € pass 4 jours : 97 / 89 €, véritable festival dans le festival. Idéal pour se dim : 5 €, gratuit (-12 ans), cabaretvert.com mettre… au vert. Julien Damien
Prog :
Indochine, M83, Fat White Family, Damian Marley, Anderson .Paak, King Gizzard and the Lizard Wizard, The Brian Jonestown Massacre, The Internet,
Seratones, Highly Suspect… (25.08) // Nekfeu, Louise Attaque, Nas, Sharon Jones, Wolfmother, Mastodon, L7, Grandaddy… (26.08) // MHD, Mass Hysteria,
Jake Bugg, Sum 41, Cassius, Bloc Party, Miike Snow, Club Cheval, Molecule, Torb… (27.08) // Feu! Chatterton, Arno, Breakbot, Soom T, Grand Blanc… (28.08)
Pour les poissards qui ont tout loupé cet été, voici l'ultime session de rattrapage. Alain Souchon et Laurent Voulzy, Nekfeu, Louise Attaque, Alain Chamfort… Bref, ne manque plus qu'Alice on The Roof – Ah, si, elle est y aussi. Le tout pour des prix modiques. Perché au sommet de la citadelle de Namur, le festival prend de l'ampleur cette année en ouvrant une troisième scène, derrière le Théâtre de Verdure, pour accueillir encore plus de concerts. Et de p'tits chanceux. 27 & 28.08, Namur, Citadelle, sam : 12 h 30, dim : 11 h 30, 25 €, pass 2 jours : 36 €, gratuit (-12 ans), www.lafetedessolidarites.be
Prog :
Louise Attaque, Nekfeu, Alain Chamfort, Abd Al Malik, Omar Souleyman, Naâman, Alpha Wann, Georgio, Baloji… (27.08) // Alain Souchon & Laurent Voulzy, Alice On The Roof, Tiken Jah Fakoly, Les Innocents, Grandgeorge, Féfé, Marka, Romeo Elvis, François Hadji-Lazaro… (28.08)
02 > 04.09, Tournai, divers lieux, divers horaires, 18 > 8 € / gratuit, www.lesinattendues.be
Prog : LECTURE : Petite histoire
de la philosophie : Platon & Aristote / Ciné-concert : Outlandish… (02.09) // café-philo : La Belgique est-elle une utopie pour le temps présent ? / LECTURE : Mariage de plaisir (Tahar Ben Jelloun) / conférence : Voyage en utopie : Revoir Paris (Benoît Peeters et François Schuiten), Le Piano oriental (Zeina Abirached) / Théâtre : Boussole (Mathias Enard), Les Illuminations (Rimbaud et Britten), Refugees for Refugees… (03.09) // café-philo : Les utopies ratées de l’Islam / conférence : Ce que nous fait la musique / Orient, Occident : Vivre ensemble, est-ce une utopie ?… (04.09)
pluridisciplinaire
Les Rencontres Inattendues
La culture peut-elle changer le monde ? Belle utopie. C'est en tout cas celle qui anime ce festival. Lectures, films, débats ou concerts nous invitent à (re)penser notre société. Ils mettent cette année l'Orient à l'honneur, qui demeure moins un épouvantail qu'une richesse, comme le prouve le spectacle Refugees for Refugees, joué par des "migrants" installés en Belgique. Peut-on vivre ensemble, s'interrogent Tahar Ben Jelloun ou Mathias Enard ? Musicalement, sans aucun doute, comme nous le narre Zeina Abirached dans Le Piano oriental.
Louise Attaque © Yann Orhan
Les Solidarités musique
Dis Oscar
Cut and Paste
(Wichita / PIAS)
Oscar Scheller, simplement renommé Oscar, renoue avec la britpop. L'époque a changé : nous ne sommes plus en 1993-94, la fierté et l'arrogance insulaires ont laissé place à une espèce de neurasthénie mignonnette pour publicité de 4x4 crossover – bref, les navrants London Grammar mènent le bal, et on n'est pas sûr que la pop anglaise puisse influencer les prochaines élections. C'est dans cet environnement peu amène que le Londonien remet au goût du jour de vieilles et délicieuses recettes en « coupantcollant » un peu de Smiths (ces accords, cette voix morrisséenne), quelques éclats d'Elastica, un zeste de Blur… Cet excellent disque pop se consomme ici et maintenant, se fichant de la postérité comme d'une quelconque date de péremption. Thibaut Allemand
Italian Boyfriend Facing The Waves (62 TV Records / PIAS)
On tenait Italian Boyfriend à l’œil depuis 2014 et la parution de son EP éponyme. Mais voilà : César Laloux, fondateur de la bande, est également claviériste au sein de BRNS, ce qui ne lui laisse guère de temps libre. Ici, le Belge officie au chant et à la batterie (et s'en tire bien mieux que Phil Collins). Complété par Sarah Riguelle (chant, synthétiseur) Marc Pirard (guitare, chant) et Jérôme De Greif (basse), le quatuor s'inscrit dans une belle tradition indie pop, parmi Hefner, The Pastels et Papas Fritas. Si l'accent britannique laisse parfois à désirer, l'ensemble est sauvé par une plume maligne, des mélodies parfaites, une mise en son faussement lo-fi et deux-trois tendres trouvailles – la flûte à bec de The Beat, par exemple. T. Allemand
ques 93
Whitney
Light Upon The Lake (Secretly Canadian / PIAS)
Vous souvenez-vous de Smith Westerns ? Entre 2008 et 2013, ce petit groupe était passé d'un garage rock léger à de grandes chansons mélodiques et fouillées. Aujourd'hui, la troupe est séparée. L'ex-chanteur Cullen Omori signe un premier LP solo très honorable (New Misery, 2016). Mais c'est du côté de Max Kakacek (guitare) et Julien Ehrlich (chant/batterie), que l'on s'arrête. Pour mieux repartir avec Whitney, insensé condensé de country soul, éblouissant de facilité, déconcertant de maîtrise. Entre Neil Young et Curtis Mayfield, les Américains n'ont pas choisi. Ouverte par la cime No Woman et conclue par Follow (chœurs à l'unisson, cuivres déliés), cette demi-heure en apesanteur s'impose comme la plus belle collection de pop songs que n'a pas écrites Matthew E. White. Thibaut Allemand
Róisín Murphy Take Her Up To Monto (Play It Again Sam / PIAS)
Róisín Murphy retrouve l'éclectisme de Moloko avec ce quatrième album solo. Etonnamment, ce disque constitué des mêmes sessions que son bien accueilli prédécesseur le dépasse en ambition, et l'Irlandaise y réussit brillamment ce qui sera un de nos albums de l'été.
House, dubstep, rumba, music-hall s'entrechoquent. Róisín orchestre son feu d'artifice chatoyant dès un Mastermind d'ouverture – et d'anthologie. S'ensuit une assez incroyable fête VIP où se croisent Prince, Ryuichi Sakamoto, Björk et Beth Gibbons et à laquelle on n'en revient pas d'être invité. On se sent, dans ce disque qui tient à la fois de l'œuvre récréative et de la pièce maîtresse, comme dans l'ambiance électrique et feutrée d'un cabaret des années 30. 2030, bien sûr. Rémi Boiteux
Har Mar Superstar Best Summer Ever
(Cult Records / Differ-Ant)
à l’écoute de ce nouvel album de Har Mar Superstar, on se surprend à penser à Toute première fois (de Jeanne Mas, oui)… et à trouver ça bien. Mais, plutôt que de singer l'âge d'or de la pop, supposant que « c'était mieux avant », un morceau comme It Was Only Dancing (Sex) gagne sur tous les tableaux : plaisir nostalgique et constat que, oui, c'est mieux maintenant. Mais c'est aussi à Hasil Adkins comme à Prince que ce disque renvoie avec gourmandise et panache, porté par une voix soul et punk, et des arrangements joyeusement roublards. Les chansons de ce performer, même s'il joue au rigolo, laissent poindre une émotion bien réelle qui confirme la promesse de son titre : possible qu'on passe, à l’écouter, le meilleur des étés. Rémi Boiteux
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livres Molly Prentiss New York, esquisses nocturnes (Calmann-Lévy)
Sud de Manhattan, années 1980 : l’art jaillit sous toutes ses formes. Basquiat et Haring ne sont que des étoiles montantes… Des galeries chics aux squats foutraques, le critique James Bennett est de ceux dont l’avis compte. Un soir de réveillon, il aperçoit le peintre Raul Engales, qui a fui la dictature argentine pour se réfugier à New York. Rapidement, le destin des deux hommes se retrouve lié par de tragiques circonstances… Molly Prentiss éblouit par son sens de l’image, superbement déployé dans les descriptions du personnage de James Bennett, atteint de synesthésie. Les couleurs explosent en bouche, les toiles diffusent de suaves effluves, et la jeune Américaine se hisse, en un seul roman, au rang des plumes à suivre de très près. 416 p., 21,50 €. Marine Durand
Ted Conover Au fil du rail
(éditions du sous-sol)
à 22 ans, au début des années 1980, Ted Conover, tout juste sorti de fac d’anthropologie, décide de suivre des hobos, ces sans-domicile se déplaçant clandestinement dans les trains de
marchandises avec pour seul bagage un sac de couchage. Sans emploi durant la Grande Dépression, anciens de la Seconde Guerre mondiale puis du Viêtnam, ces « vagabonds » sont aujourd’hui des anarcho-punks. Ils symbolisent, quelles que soient les époques, une certaine idée de l'anticonformisme, désormais révolue. Pendant quatre mois, Conover a vécu comme eux, appris leur jargon, leurs us et coutumes. Se lever le matin et partir dieu sait où, trouver à manger et où dormir. « Cette expérience a changé ma vie et ma perception du monde », dit-il. Ce reportage en immersion est d’autant plus captivant pour les Européens que nous sommes. 336 p., 22 €. François Lecocq
Thierry Murat Étunwan : Celui-Qui-Regarde (Futuropolis)
Quelle claque ! À la fois roman initiatique et épistolaire, réflexion sur la poésie, la photographie et le temps qui passe, témoignage du génocide indien, cette bande dessinée sombre et mélancolique est l'une des plus belles jamais éditée sur le xixe siècle américain. En 1867, dans l'après-guerre de Sécession, le jeune photographe Joseph Wallace accompagne une mission de
repérage géographique. Il y découvre les grands espaces et rencontre des Sioux… On n'en dévoilera pas plus ici. Il faut se laisser porter par ces planches au découpage faussement classique, qui joue parfois avec les doubles-pages. Les fonds, (semblables à du papier de verre), l'ocre et les aplats de noir évoquent, peut-être, le crépuscule d'une civilisation. Magistral. 160 p., 23 €. Thibaut Allemand
Bastian Obermayer, Frederik Obermaier Le secret le mieux gardé du monde (Seuil)
La couverture criarde, avec billet vert et typographie rouge sang, laissait craindre le pire. Mais le sous-titre, Le roman vrai des Panama papers, n’est pas malhonnête. Ce gros document est signé par les deux journalistes du Süddeutsche Zeitung, quotidien allemand ayant mis au jour la stratégie d’évasion fiscale mondialisée du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Et il se lit effectivement comme un polar. Du premier message reçu par une source anonyme – « Bonjour, ici John Doe » – à l’énumération des noms de chefs d’état, patrons
ou criminels ayant dissimulé leurs avoirs dans des sociétés écrans, les auteurs tiennent le journal de bord d’une enquête effectuée dans l’ombre un an durant, à partir de la plus grande fuite de données de l’histoire du journalisme. Captivant. 432 p., 20 €. Marine Durand
David Simon Easy Money (Inculte)
Melvin Williams, dit « Little Melvin », règne sur le commerce de l'héroïne et de la cocaïne à Baltimore. Des années 1960 à 1980, il a écoulé les doses en quantité industrielle. Et mis au point un système de communication retors, à base de bipeurs et de cabines téléphoniques. Ça vous rappelle quelque chose ? Lire Easy Money, c'est remonter à la source de The Wire. En effet, Melvin Williams deviendra quelques années plus tard l'inoubliable Avon Barksdale dans ce qui reste l'une des plus belles séries jamais tournée. David Simon, alors journaliste au Baltimore Sun, réalisait une enquête fouillée qui amorçait son grand projet : raconter le déclin d'une grande ville américaine. Avec les magistraux Baltimore et The Corner, Easy Money est donc un document de première importance. 120 p., 17,90 €. Raphaël Nieuwjaer
Henning Wagenbreth Honky Zombie Tonk (Le Nouvel Attila)
Mystique du bayou, cuivres rutilants, pianos fous, vaudou, transe et corps ruisselants… Après le délirant Secret de Sainte-Hélène, le dessinateur Henning Wagenbreth lâche Napoléon pour les origines du jazz. Affichiste iconoclaste, décorateur d’opérette inspiré, l’Allemand renverse les perspectives, sature le papier de couleurs exaltées et de tronches en biais. Il s’associe pour l’aventure au traducteur de Fuck America, Jörg Stickan, qui s’offre une virée infernale sur les eaux troubles de l’histoire sonore et sociale du Mississipi. Anecdotes, rencontres patibulaires, faits divers et portraits de figures mythiques – King Oliver, Sidney Bechet, etc. – sont autant d’escales jubilatoires qu’il livre, en ménestrel déglingué, sous forme de quatrains au rythme hypnotique. 48 p.,12 €. Flora Beillouin
Ben Brooks
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La nuit, nous grandissons (La Belle Colère)
On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, écrivait Rimbaud. Ce n’est pas Jasper Wolf qui le contredira. Ce rejeton de la classe moyenne anglaise semble moins préoccupé par le lycée que par le sexe, les drogues ou ses tentatives de prouver que son beau-père est un serial-killer… L'aspirant-écrivain nous raconte ses orgies et divagations adolescentes avec un sens accru de l'humour, une bonne dose de cynisme et… de tendresse. Car derrière ces confessions sous kétamine d’un enfant du siècle, on trouve surtout un jeune homme effrayé de devenir adulte. Comme si Holden Caulfield – le héros de L’Attrape-cœurs – se retrouvait dans un épisode de Skins. 17 ans, c’est l’âge qu’avait aussi Ben Brooks quand il a écrit ce beau roman. Voilà un auteur à prendre au sérieux. 272 p., 19 €. Julien Damien
livre
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Weegee by Weegee
Retiens la nuit Texte Julien Damien Photo Collection de Jean Pigozzi, Genève © International Center of Photography
Entrer dans le monde de Weegee (1899 -1968), c’est plonger dans un film noir. Celui de l’Amérique de la Grande Dépression, les années 1930-40, avec son cortège de meurtres sanglants, sa pauvreté et sa faune hétéroclite. Le Musée de la Photographie de Charleroi rend hommage au travail de ce photojournaliste et artiste (très) loin des clichés.
V
oilà un personnage fascinant. Né Arthur Fellig, ce fils d’immigrés autrichiens débarque à Ellis Island en 1910. Il a dix ans. De condition très modeste, il quitte l’école et sa famille jeune. Entre deux vagabondages, il survit comme vendeur de voitures, confiseur, avant de se faire tirer le portrait par un photographe de rue. Le déclic. Dès lors, il parvient à entrer comme employé de labo au sein de l’agence ACME Newspictures, avant de se mettre à son compte, à l’âge de 35 ans. La radio de sa Chevrolet branchée sur les fréquences de la police (sa voiture est équipée d’une chambre noire dans le coffre !), il arpente les rues de la Grosse Pomme, la nuit, en quête de faits divers, souvent le premier sur le lieu du crime. « C’est un chasseur », selon Xavier Canonne, directeur du Musée de la Photographie de Charleroi. Meurtres, incendies, arrestations de caïds… Il mitraille le quotidien nocturne et macabre d’un New-York violent, en pleine crise économique, bien aidé par une invention remarquable : le flash à ampoule, qui forge son style. >>>
99 exposition
Henri Rosen et Harvey Stemmer arrêtés au Collège de Brooklyn pour avoir corrompu des joueurs de Basket, New York, 25 juillet 1945.
Deux officiers de police qui ont plongé dans le fleuve Hudson pour sauver Donna Landon, New York, 20 juillet 1941.
Ses sujets, cadrés au plus près, semblent en effet découpés dans les ténèbres, statufiés en un instant éternel. Ses clichés abreuvent la presse populaire (le New York Post, le Daily News…). Ils témoignent, aussi, de la face cachée du rêve américain. Celle des déclassés, des bars glauques, des marginaux… Esprits – Ce petit bonhomme cigare au bec devient Weegee, « sans doute une référence au Ouija, cette planche de spiritisme utilisée pour communiquer avec l’au-delà ». Mais il n’y a pas que des morts dans son album-photo. La parution de son premier livre, Naked City, en 1945, fait de lui un artiste reconnu (et modèle d’un certain Stanley Kubrick). L’autoproclamé « The Famous » se voit ouvrir les portes d’Hollywood et son cortège de stars et de fêtes, nourrissant une œuvre foisonnante que restitue cette exposition carolo. 120 clichés sont présentés dans un parcours thématique : « les meurtres », « les incendies », « les célébrités » ou, plus étrange, « la solitude ». « Oui, car ses images montrent aussi comment, dans une ville de dix millions d’habiJusqu’au 04.12, Charleroi, Musée de la tants, les gens peuvent être seuls ». Un Photographie, mar > dim : 10 h > 18 h, bel instantané de la vie moderne. 7 / 5 / 4 € / gratuit (-12 ans), www.museephoto.be
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Butz&Fouque, Blue Portrait, Studio JF, Sète, 2009 © ADAGP Paris 2016
exposition
Every Body
Haut les corps ! Comment offrir un regard pertinent et novateur sur la représentation du corps dans l’art contemporain ? Le LAAC s’y est essayé à travers Every Body, soit une soixantaine d’œuvres de la seconde moitié du xxe siècle disposées en cinq espaces d’exposition. Sophie Warlop, conservatrice du musée, rappelle que la gageure d’une exposition consiste à trouver des « correspondances esthétiques et thématiques à des œuvres qui n’en ont pas ». Every Body a donc fait de la transversalité un principe. Dans l’espace « Effet miroir », on cultive ainsi les paradoxes. Les gémellités photographiques de Butz & Fouque côtoient celles des toiles plus académiques de Roger-Edgar Gillet. Ailleurs, les salles « L’absence » et « La trace » se font écho. Du corps dissimulé dans l’œuvre aux empreintes qu’il y laisse, il n’y a qu’un pas. Dans le dernier espace, « Corpus », sont réunis documents écrits et audiovisuels puisés dans les champs de l’art, de la littérature et de la philosophie, ou comment passer du corps à son concept. Every Body est un jeu de piste dans lequel le spectateur recompose une sorte de corps monumental. Le parti pris d’accrochage, nous confie Richard Schotte, commissaire de l’exposition, confirme cette volonté « d’inventer » des passages entre ces créations. On se faufile entre les robes de Marie-Ange Guilleminot, on enjambe la sculpture d’un homme allongé de Gilles Barbier, on se penche à la balustrade Jusqu’au 18.09, Dunkerque, LAAC, pour observer l’automate de Maurizio Cattelan. tlj sauf lun : 10 h > 12 h 15, 14 h >18 h, 3 / 1,50 € / gratuit Every body is everywhere…Thomas Lansoud-Soukate (-18ans), www.musees-dunkerque.eu
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Willem et Vuillemin
Mohicans Willem et Vuillemin possèdent des styles immédiatement identifiables et prirent part aux épopées Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Les voici réunis pour la première fois dans un musée. Si on a souvent admiré leurs œuvres dans des journaux au papier pas souvent glacé, est offerte l’occasion de les (re)découvrir de très, très près. Pour Philippe Decressac, commissaire de l’exposition et lui-même dessinateur de presse, cette rencontre tombe sous le sens. « Ils partagent un état d’esprit, toujours à rebrousse-poil, et sont porteurs d’une liberté totale, à la fois très politique et déconneuse, que l’on ne retrouve guère chez les jeunes dessinateurs. Ce sont un peu les derniers des Mohicans ». Mais pas une génération spontanée : s’il y a évidemment du Topor dans l’humour absurde et outrancier de Willem, les deux se revendiquent avant tout de Reiser. Des Sales Blagues de Vuillemin aux étranges malaises de Willem, on pensait connaître tout cela par cœur. Or, ce parcours pose un regard nouveau sur ces élucubrations, à travers une centaine d’œuvres originales – souvent inédites. « C’est la vieille école ! Ils choisissent minutieusement leur papier, leurs pinceaux. Willem utilise l’écoline, une sorte d’aquarelle liquide, quand Vuillemin travaille sur la matière, gratte, enlève, ajoute… Et tout ceci ne se voit même pas à l’impression, donnant d’autant plus de valeurs aux originaux ». En outre, l’historien de l’art Guillaume Doizy gratifie l’accrochage de textes remettant en perspective et en contexte ces Willem et Philippe Vuillemin. Dessins de presse œuvres. Ou comment déconner, oui, Jusqu’au 04.09, La Louvière, Musée Ianchelevici, mar > ven : 11 h > 17 h, sam & dim : 14 h > 18 h, mais sérieusement ! Thibaut Allemand 3 / 2 /1,25 € / gratuit (-12 ans), www.ianchelevici.be
© Vuillemin
© Willem
exposition
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Immigrants © Etienne Davodeau, 2010
exposition
Etienne Davodeau Etienne Davodeau ? De loin, le Ken Loach du neuvième art. Le natif des Mauges porte la plume dans la plaie. Depuis 15 ans, son œuvre est peuplée de syndicalistes, de viticulteurs ou fouille les sombres arcanes de la Ve République… Souvent plagié, jamais égalé, son style demeure modeste : le trait semble parfois trop simple, le dessin reste au service du récit. Or, cette exposition (Chroniques de la vraie vie) permet de reconsidérer cette réputation : des planches issues d’une trentaine de ses livres montrent l’étendue de la palette d’un bédéaste complet – dessinateur, encreur, scénariste. Un auteur qu’on avait peut-être trop vite rangé dans une case, finalement. T.A.
My Body is a Cage Le corps humain ? Un thème qui préoccupe les artistes depuis la nuit des temps. Un sujet éculé ? Pas tant que ça… Empruntant son titre à un morceau d’Arcade Fire, et des peintures, sculptures ou photos au [mac] de Marseille, cet accrochage démontre que notre enveloppe charnelle nous protège comme elle nous emprisonne. à l’image du visage, cachant ou trahissant nos sentiments, tel que nous le montrent les masques de Dieter Appelt et d’Arnulf Rainer. J.D. Jusqu’au 25.09, Grand-Hornu, MAC’s, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 5 / 2 / 1,25 € / gratuit (-6 ans), www.mac-s.be
Yves Klein, Anthropométrie sans titre (ANT, 123),1961. Collection [mac] musée d’art contemporain, Marseille. Photo : Ceter, Ville de Marseille. © SABAM Belgium 2016
Jusqu’au 27.11, Bruxelles, CBBD, tlj : 10 h > 18 h, 10 / 8 / 7 / 3,50 €, www.cbbd.be
108 théâtre exposition & danse
Agenda
La Vie sexuelle de Tintin
© Agathe Dudragne
La vie sexuelle de Tintin ? C’est vrai qu’on commençait à se poser des questions. Jan Bucquoy nous la dévoile à travers un sulfureux pastiche, en exposant les planches de sa licencieuse BD parue en 1993. L’iconoclaste Bruxellois déniaise le plus célèbre des reporters en le mettant en scène dans des situations dignes des films de Marc Dorcel – même le pauvre Milou y passe. Bruxelles, jusqu’au 31.07, Musée de l’érotisme et de la Mythologie, lun, jeu, ven : 14 h > 20 h, sam & dim : 11 h > 17 h 30, 10 €, www.m-e-m.be
City Lights
Uchronies
Au cœur de Molenbeek, dans les anciennes brasseries Belle-Vue, le tout nouveau MIMA met à l’honneur la jeune scène artistique de Brooklyn. Dans ce temple dédié à la culture 2.0 on trouve, à l’occasion de cette première exposition : le kiosque monumental orné de gravures pop du duo Faile, la fresque psychédélique de Maya Hayuk ou les collages de la street-artiste Swoon. Dépêchez-vous, ces œuvres sont éphémères !
L’uchronie est un genre littéraire ou cinématographique qui consiste à imaginer une nouvelle réalité en modifiant un élément du passé. Sur ce principe, le BPS22 s’est amusé à créer de nouvelles histoires de l’art en réinventant des filiations artistiques entre art ancien ou contemporain. 70 œuvres sont disposées dans un parcours qui mélange ainsi les écoles et les périodes, offrant une visite troublante et des « courts-circuits » insoupçonnés.
Bruxelles, jusqu’au 28.08, Millennium Iconoclast Museum of Art, mer > dim : 10 h > 18 h, 9,50 / 7,50 €/ gratuit (-12 ans), mimamuseum.eu
Charleroi, jusqu’au 07.08, BPS22, mar > dim : 11 h > 19 h, 6 / 4 / 3 € / gratuit (-12 ans), www.bps22.be
Anne Valérie Hash - Décrayonner Labellisés « Haute couture », les vêtements d’Anne Valérie Hash passent pour la première fois des podiums au musée. Loin d’être un simple retour sur 13 ans de carrière, ce parcours dévoile un processus de création unique, au plus près de la matière. Virtuoses et mystérieuses, 88 pièces, mélange de jersey de soie et de laine sèche, de dentelle et de coton, s’égrènent au fil de 13 « boîtes » thématiques, dépourvues de vitres pour réduire la distance entre le public et les étoffes. Calais, jusqu’au 13.11, Cité de la dentelle et de la mode, tlj sf mar, 10 h > 18 h, 7 > 3 € / grat. (-5 ans), cite-dentelle.fr
Francis Cape - Bancs d’utopie Superbe édifice élevé au xixe siècle, classé monument historique, le Familistère de Guise fut un système d’habitation sociale utopique, avant de devenir un musée. Il accueille aujourd’hui l’artiste britannique Francis Cape et sa sculpture composée de 20 bancs différents. Pourquoi ce meuble ? Parce que c’est un formidable symbole : un siège que l’on partage et qui met tout le monde au même niveau ! Une réflexion tout sauf passive sur l’individualisme et la hiérarchie. Guise, jusqu’au 18.09, Familistère, tlj : 10 h > 18 h, 9 / 6 €, www.familistere.com
Francis Cape, Bancs d’utopie, communautés européennes, Fonds régional d’art contemporain de Franche-Comté, Besançon, 2015 © Blaise Adilon
Aldo Bakker - Pause Voici la première rétrospective d’envergure consacrée au designer néerlandais Aldo Bakker. Celle-ci dévoile des objets ou pièces de mobilier (carafes, bancs…) aux formes épurées et qui s’affirment au-delà de leur simple utilité fonctionnelle. Uniques, poétiques, ses créations nous invitent à repenser une gestuelle qui nous paraissait évidente (boire, manger, s’asseoir…). Elles changent définitivement notre perception de l’ordinaire. Hornu, jusqu’au 14.08, C.I.D., mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 5 / 2 € / gratuit (-6 ans), www.cid-grand-hornu.be
Charles Le Brun Le peintre du Roi-Soleil
RC Louvre Mémoires Sang & Or
Charles Le Brun fut durant près de 30 ans le premier peintre de Louis XIV. Dans une scénographie restituant la splendeur de l’époque du Roi Soleil, voici dévoilées 235 de ses créations. On découvre une œuvre extrêmement diversifiée : peintures aux sujets historiques, mythologiques ou religieux, mais aussi grandes sculptures du parc du château de Versailles, dessins, tapisseries, mobilier précieux et éléments de décor provenant de résidences aristocratiques !
Lens, son musée, ses terrils… et son club de foot, pardi ! Quand deux grandes institutions locales se rencontrent cela donne… le RC Louvre. En marge de l’Euro 2016, le LouvreLens propose un éclairage inédit sur les « Sang et Or ». Un patrimoine revisité à travers des objets inédits (tel le classeur d’entraînement de Daniel Leclercq !) et des témoignages de ses supporters ou d’anciennes gloires (citons Tony Vairelles ou les frères Lech).
Lens, jusqu’au 29.08, Louvre, tlj sf mar : 10 h > 18 h, 10 / 5 € / gratuit (-18 ans), www.louvrelens.fr
Lens, Jusqu’au 07.11, Louvre, tlj sf mar : 10 h > 18 h, gratuit, www.louvrelens.fr
110 théâtre exposition & danse
Agenda
Open Museum # 3 : Zep Initié en 2014, l’Open Museum renouvelle la visite muséale en proposant à des artistes de s’emparer des œuvres du Palais des beauxarts de Lille. Après Air et Donald (Duck, pas l’autre), c’est le bédéaste suisse Zep qui se prête à l’exercice. A travers une série de dessins inédits, accrochés sur les murs ou projetés sur les toiles ou sculptures, le papa de Titeuf offre une lecture drôle, impertinente et sacrément instructive de l’histoire de l’art. Pô pour les pôv’ naz !
© Zep
Lille, jusqu’au 31.10, Palais des beaux-arts, lun : 14 h > 18 h, mer > dim : 10 h > 18 h, 7 / 4 € (tarif réduit dès 16 h 30 en semaine) / gratuit (-18 ans), www.pba-lille.fr
Home Cinema
Foot Foraine
Jusqu’à quel point se fait-on des films ? Armés de nos téléphones portables, ne sommes-nous pas devenus des « hyper-spectateurs - producteurs - diffuseurs » ? Ces « mini-studios » transportables ont en tout cas modifié notre façon de consommer et de produire les images. Un phénomène qui a bouleversé notre société, et qu’interroge ce parcours d’œuvres d’artistes internationaux, entre installations et réalité virtuelle.
Entre deux matchs de l’Euro, la gare Saint Sauveur décale notre regard sur le ballon rond. Dans une scénographie restituant l’ambiance d’une fête foraine vintage se côtoient les œuvres d’artistes contemporains, mais aussi des jeux, des tournois décalés, des projections… On peut ainsi mouiller le maillot sur un terrain « triolectique », en forme d’hexagone où s’affrontent trois équipes ! Ou grimper sur des manèges de collection datant de plus d’un siècle.
Lille, jusqu’au 04.09, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h, gratuit, www.lille3000.eu
Lille, jusqu’au 06.11, Lille, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h (ouvert lundi et mardi durant l’Euro), gratuit (manèges : 2 €), www.lille3000.eu
Michel Jamsin - Frères humains Peintre figuratif, expressionniste, Michel Jamsin mêle réalité et imaginaire en mettant en scène notre quotidien. Son traitement des formes et des couleurs, très pop, n’est pas sans rappeler Robert Combas. Engagée, politique, l’œuvre du Belge n’a cessé d’évoluer depuis les années 1960. Que ce soit à travers une épaisse pâte acrylique ou un émail cellulosique, le fondateur du groupe MAKA considère que la peinture reste une question de sensualité, tactile et visuelle. Mons, jusqu’au 28.08, Anciens abattoirs, mar > dim : 10 h > 16 h, 6 / 4 € / gratuit (-12 ans), www.abattoirs.mons.be
112 théâtre exposition & danse
De Stargate aux comics. Les dieux égyptiens dans la culture geek (1975 -2015) L’influence de l’Egypte antique et de ses dieux sur la culture populaire ne se dément pas, du cinéma (Stargate, Le Retour de la momie) aux comics (Thor, Batman). En partie financée grâce à une campagne de crowdfunding, cette exposition confronte aux mythes ancestraux des planches de BD, des costumes ou objets issus de célèbres films et provenant de collections privées de fans (tel ce casque de Jaffa !). Morlanwelz, jusqu’au 20.11, Musée royal de Mariemont, tlj sauf lun : 10 h > 18 h, 5 / 2,50 / 2 / 1,25 € / gratuit (-12 ans), www.musee-mariemont.be
Jean Martin (1911-1996) De l’atelier à la scène
Eugène Leroy en miroir
Fils d’ouvrier, peintre autodidacte, Jean Martin fut influencé par l’expressionnisme allemand, flamand, et la tradition médiévale. Ses personnages sont identifiables par leur allure dégingandée et ses toiles par leurs couleurs profondes (bleu, vert, brun). L’œuvre foncièrement humaniste que le Lyonnais produit durant les années 1930 et 40 retranscrit un contexte social et politique difficile, marqué par les combats du Front populaire puis l’Occupation.
Comment présenter Eugène Leroy sous un jour nouveau ? Sous-titrée Histoires d’ondes, histoires d’eau, cette exposition focalise sur l’importance du reflet, du contre-jour et du miroir dans l’œuvre du peintre nordiste. S’appuyant sur des tableaux issus du riche fonds du MUba, le parcours est construit comme une déambulation sensorielle. Il débute avec la mer, traverse des paysages humides jusqu’à la fameuse vitre grâce à laquelle l’artiste dessina son autoportrait, à l’âge de 17 ans.
Roubaix, jusqu’au 09.10, La Piscine, mar > jeu : 11 h > 18 h, ven : 11 h > 20 h, sam & dim : 13 h > 18 h, 9 / 6 € / gratuit (-18 ans), www.roubaix-lapiscine.com
Tourcoing, jusqu’au 18.09, MUba, tlj sf mar : 13 h > 18 h, 5 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.muba-tourcoing.fr
Dubuffet. Jean des villes, Jean des champs
Jean Dubuffet, Le Petit Jardinier, 1955 (#1961) © Fondation DubuffetADAGP, Paris
Fondateur du concept d’ « art brut » cher au LaM, Jean Dubuffet porta une attention toute particulière à « l’homme du commun », plongé au cœur du monde. C’est cette relation entre l’être humain et le territoire urbain (« Jean des villes ») ou naturel (« Jean des champs ») que l’on retrouve questionnée, sublimée, dans ses « paysages grotesques » ou ce Petit jardinier, soit une quinzaine d’œuvres datées de 1949 à 1982 et rarement vues. Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 08.01.2017, LaM, mar > dim : 10 h > 18 h, 10 / 7 €, www.musee-lam.fr
114 le mot de la fin
Pools –
Stephan Zirwes s’est fait une spécialité de photographier le monde depuis un hélicoptère, révélant des paysages qui brouillent les pistes entre réel et imaginaire. Tenez, ces piscines. Vues du ciel, leurs lignes et formes géométriques les rendent presque abstraites. Ce qui l’est moins, abstrait, c’est le message caché derrière le travail de l’Allemand, livrant-là une réflexion sur le gaspillage de l’eau potable dans le monde… www.stephanzirwes.com