LM magazine 124 decembre 2016

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n°124 / dÊcembre 2016 / GRATUIt

Hauts-de-france & belgique Cultures et tendances urbaines



sommaire magazine

LM magazine n°124 - Décembre 2016

News – 08 Portfolio – 12 Alastair Magnaldo, La science des rêves

DOSSIER ROCK Rebel Rebel, Le son par l’image Richard Bellia, Rock en stock

– 20

– 24

Pamela Des Barres, Confessions d’une groupie Punk 45, La France épinglée

32

– 34

rencontre Wax Tailor – 36

Emmanuelle Bercot – 52 Rachid Ouramdane – 86

style Demeure, Art-à-porter

– 62

portrait Christian Voltz, Dr Bidouille – 68 Damien Jalet, Danse sans frontière

– 90 Robert Smith, The Cure, Bruxelles, mai 1984 © Richard Bellia


LM magazine n°124 - Décembre 2016

Elina Brotherus, Der Wanderer 2, série The New Painting, 2004 © Collection Frac Normandie Rouen /Adagp, Paris

sommaire sélection

Musique – 36

exposition – 66

Wax Tailor, ScHoolboy Q, Molécule, Thylacine, Gaspard Royant, Etienne de Crécy, Acid Arab, Cassius, Miossec, MHD…

Braderie de l’art, Christian Voltz, L’art de la couverture, L’histoire commence en Mésopotamie, Alechinsky, Picasso, Sacrebleu...

écrans – 52

théâtre & danse – 86

La Fille de Brest, Une vie, Baccalauréat, Wallace et Gromit

Rachid Ouramdane, Damien Jalet, Halka, Baptiste Lecaplain, François Morel, Olivier Py…



LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09 - fax : +33 (0)3 62 64 80 07

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Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Alastair Magnaldo Pluies éparses www.alastairmagnaldo.com Publicité pub@lm-magazine.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles / Mons)

Ont collaboré à ce n° : Sonia Abassi, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Mélissa Chevreuil, Marine Durand, Audrey Jeamart, Alastair Magnaldo, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



news

Hip Hop Family

Et si la bible du hip-hop était une BD signée par un blanc-bec de 34 ans ? Ultra-documenté sans être indigeste, présenté sur un papier jauni, le 1er tome de cette saga retrace la naissance du rap à New-York à la fin des seventies. Des soirées organisées par Kool Herc au premier disque d’or (officiel) du genre (The Breaks de Kurtis Blow) on retrouve tous les héros de cette odyssée musicale (Grandmaster Flash, Afrika Bambaataa…). Surtout, l’ouvrage fourmille de ces petites histoires qui firent la grande – tel le blackout de 1977 qui plongea NewYork dans le noir, voyant fleurir moult DJ’s, équipés comme par magie de sound systems flambant neufs. Le comic book ultime pour frimer en soirée. J.D.

OhOhOh

Hip Hop Family Tree, 1970s - 1981 (tome 1), Ed Piskor (éditions Papa Guédé), 112 p., 26 €

Parmi les incontournables rediffusions de Noël : Les Gremlins. C’est le moment qu’a choisi Mondo pour rééditer en vinyle la B.O du chef-d’œuvre de Joe Dante. Avec cette particularité que la pochette est sensible aux rayons UV et à l’eau (comme les bestioles du film, pour ceux qui ne suivent pas). Exposez-la à la lumière et des messages cachés apparaîtront. Humidifiée, elle fera surgir des p’tits monstres. Surtout, ne les nourrissez pas après minuit… mondotees.com

© Mondo / Phantom City Creative

Monstrueux vinyle


Atlas Obscura

Certains livres feuilletés au coin du feu inspirent l’aventure sitôt les premières pages tournées. C’est le cas d’Atlas Obscura, adaptation d’un blog participatif américain recensant depuis 2009 des centaines de lieux étranges et paysages spectaculaires. Entre guide de voyage et cabinet de curiosités, ce beau livre nous entraîne à la découverte de la plus grosse météorite du monde en Namibie, du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan ou, pour la touche locale, du Mundaneum de Mons, qui projetait de compiler l’ensemble des connaissances humaines sur des fiches cartonnées ! L’ancêtre d’Internet en somme. M.D.

© Kymera

© Stuart Semple

De Joshua Foer, Dylan Thuras et Ella Morton (Marabout), 496 p., 29,90 €

Abracadazap Pour les sorciers en herbe, voici la télécommande universelle en forme de baguette magique. Oui oui, la même que celle d’Harry Potter ! En effectuant divers mouvements, celle-ci vous permet de contrôler la télé, la chaîne Hi-Fi, le lecteur DVD… tout ce que vous voulez, pourvu que cela soit équipé d’un récepteur infrarouge. Tout ça pour moins de 60 €, et sans passer par la case Poudlard ! www.thewandcompany.com

Défendre ses couleurs En mars, Anish Kapoor provoquait un tollé en confisquant le Vantablack, soit « le noir le plus noir », commercialisé par la société britannique Surrey NanoSystems. Stuart Semple lui répond en créant PINK, « le rose le plus rose », qu’il met à disposition du monde entier pour moins de 5 €… à condition de certifier sur l’honneur que vous n’êtes pas Anish Kapoor. Va-t-il broyer son noir ? stuartsemple.com


news

OhOhOh

L’année du cinéma 2027

Le cinéaste du génial Gaz de France (ancien du Fresnoy) imagine les films du futur : une série de chroniques à peu près toujours hilarantes où les innovations techniques rencontrent les soubresauts de la société. Où les plus improbables « fils de » apportent leur absurde pierre au cinéma d’auteur dégénéré. Ceux qui s’en délectaient déjà via la revue So Film apprécieront de dénicher running-gags et autres obsessions, ici enrichis et joliment illustrés (notamment par Philippe Katerine). Les autres découvriront un ton poétique et grotesque ente Pierre La Police et Claude-Jean Philippe. Un humour lunaire, élégant et prophétique. R.B.

© DR

© Colin Lowe

Benoit Forgeard, (Capricci / So film), 166 p., 15 €

Pataphoto Quel cadeau offrir quand on est un peu radin ? L’Australien Colin Lowe a réussi à fabriquer un appareil photo avec… une patate ! Baptisé « SpudCam », l’objet prend des clichés en noir et blanc grâce, notamment, à un aimant de frigo et quelques élastiques. Si vous visez une offrande plus onéreuse, sachez que notre homme a également conçu une caméra en graines de Baobab.

Eclair de genie C’est Noël, on peut bien se lâcher un peu. Tandis que la bière belge s’apprête à figurer au patrimoine immatériel de l’Unesco, des pâtissiers du plat pays viennent d’écraser un record détenu jusqu’ici par les Suisses : celui du plus grand éclair au chocolat du monde. Soit une gourmandise de 676 mètres de long, pour 750 kilos de beurre et 2 000 œufs. Bonne dégustation ! facebook.com/darcischocolatier



Alastair Magnaldo

La jonquille


Portfolio – Portrait 13

La science des rêves Texte Julien Damien

Dans le monde revu et corrigé par Alastair Magnaldo, on navigue dans les airs, on attend le bus à côté d’une poule géante et on promène sa hyène en laisse comme un toutou. Guidé « par une recherche de liberté extrême », ce docteur en physique partageant son temps entre les laboratoires et l’art (« j’ai peur de m’ennuyer » dit-il) reconsidère le rapport à notre environnement. « J’ai commencé à capturer des paysages à 20 ans, avant d’abandonner, insatisfait de ces représentations dénuées d’interaction », explique cet Occitan d’origine britannique. Il y est finalement revenu quelques années plus tard avec une approche différente, « en y injectant de la fiction ». Ses images se présentent tels des songes. Puisant leur force dans un brillant travail de composition, elles racontent des histoires à décrypter, s’articulant autour de thématiques comme la guerre, l’enfance ou l’écologie. Citons ce cliché où une fillette tire un gros escargot sur les rails. « Il vise le temps humain, rapide, représenté ici par le train et imposé sans vergogne aux animaux… ». Pour réaliser ces œuvres, Alastair effectue jusqu’à 12 prises de vue d’un même lieu, avant de recomposer un panorama de grand format sur ordinateur. « J’envisage ensuite la mise en scène via un dessin, photographie en studio les éléments ou personnages nécessaires, avant d’assembler le tout numériquement ». Eh oui : chez Alastair, le rêve est une science très exacte.

à visiter www.alastairmagnaldo.com A voir Paris – jusqu’au 26.02.2017, Théâtre du Lucernaire, www.lucernaire.fr


Ici nulle part ailleurs


Animal Crossing II


Rouleau d’automne


La hyène


La mer


La goutte


Dossier rock – Exposition 20

Rebel Rebel Esprit rock


Aborder le rock via le prisme de l’art contemporain : voilà le nouveau défi du MAC’s. Bien plus qu’une exposition dédiée à un style musical, Rebel Rebel porte un regard politique, économique et anthropologique sur notre société. Il est ici question de quête d’identité, de dévotion et… de rébellion, of course ! Texte & Photo Julien Damien

D’emblée, on note l’hommage à Bowie. « Pour autant, j’aurais nommé cette expo Rebel Rebel même s’il n’était pas mort, souligne Denis Gielen, le directeur du MAC’s. La rébellion, c’est la remise en cause des acquis des générations précédentes, l’utopie, des idées que partagent les arts plastiques et le rock ». En filigrane, on trouve ainsi la figure de l’adolescent, éternel révolté et acteur majeur de ce courant. Elvis Presley n’avait en effet pas 20 ans lorsqu’est sorti That’All Right (Mama) en 1954. Accélérant un morceau de blues d’Arthur Crudup, sa chanson marque la naissance de la musique du Diable, comme nous le rappelle dès l’entrée ce rébus de Jean-Michel Alberola. On l’aura compris, il ne s’agit pas ici de se prosterner devant des reliques de l’histoire du rock, mais de convoquer son esprit. Punk, notamment, comme les œuvres de Steven Parrino, artiste proche des Ramones qui capture cette énergie destructrice en chiffonnant ses toiles et figurant « la distorsion, cet effet propre aux guitares électriques ». Tout aussi destroy : Alan Vega. Dans un même rejet de la société

Vue d’exposition, David Claerbout, King (After Alfred Wertheimer’s 1956 Picture Of A Young Man Named Elvis Presley), 2015-2016 Vue d’exposition, Alan Vega, Purple Heart, 2001. Courtesy galerie Laurent Godin, Paris


de consommation, le leader de Suicide ramassait des déchets, des ampoules, des câbles, pour créer ses crucifix.

Vue d’exposition, Quentin de Briey, Steffy In A Eurostar, The Day After, 2016 Vue d’exposition, angelica mesiti, Rapture (Silent Anthem), 2009

Religion Politique donc, l’accrochage n’en demeure pas moins critique avec son objet. Ainsi, le Bruxellois Jacques André accumule sur un grand mur des centaines de pochettes de vinyles des icônes d’antan (Neu!, Iggy Pop…) raillant cette révolution contre-culturelle des années 1960 « complètement digérée par la société de consommation et muée en marchandise ». La dernière salle prend à contre-pied les attributs naturels du rock : le bruit, la vitesse. Ralenties, muettes, trois vidéos nous invitent à la contemplation. Tandis que des jeunes gens saisis en gros plan lors d’un concert semblent en pleine extase (Angelica Mesiti), Douglas Gordon décortique le jeu de scène satanique des Cramps. Au centre, le Belge David Claerbout nous plonge littéralement dans une photo intime de Presley (en 3D), prise à l’aube de sa carrière. « Son corps ressemble à une sculpture de marbre, tel le David de Michel-Ange ». Un être plus vraiment de chair, Dieu d’une religion éternelle. Oh yeah ! Hornu – jusqu’au 22.01.2017, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans), www.mac-s.be



Serge Gainsbourg, Luxembourg, fĂŠvrier 1985


© Julien Damien

Dossier rock – Rencontre 25

Richard Bellia Légende photo

Propos recueillis par Julien Damien Photo Richard Bellia

Richard Bellia compose une drôle d’encyclopédie musicale. De James Brown à Gainsbourg en passant par Iggy Pop, Nirvana, The Clash (on en passe), le Lorrain photographie depuis 36 ans, à la pellicule et surtout en noir et blanc, les icônes du rock, de la pop ou du rap. Ce collaborateur du prestigieux Melody Maker publie un livre de près de six kilos, et expose ses clichés à l’Aéronef de Lille. Un œil sur la musique, et pas la langue dans sa poche.


Ol’ Dirty Bastard, Wu-Tang Clan, Los Angeles, mars 1997

Comment es-tu devenu photographe ? En me rendant à un concert à l’âge de 18 ans, avec un appareil photo que je venais d’acheter. Tout simplement. Les Anglais ont une expression pour ça. Ils disent : « I got carried the way ». Cela me correspond bien, je me suis laissé emporter par le truc.

des magazines. Sans t’en rendre compte, tu te retrouves un jour à un concert avec un badge portant le nom d’un canard…

Comment as-tu approché le monde de la musique ? à partir d’une série de rencontres, de collaborations avec des fanzines,

Où as-tu publié ta première photo ? Dans Santiag, un journal réalisé par une bande de potes, à Metz, et qui était dirigé par Denis Robert. Un

« Une bonne photo invite à observer 1000 détails »


truc dans l’esprit de Libération, mais en province et mensuel. En même temps, la comparaison est moyenne. Comme si je te disais que t’étais le James Brown de la pâtisserie (rires). Quand as-tu rejoint le fameux Melody Maker ? à 23 ans j’ai passé des vacances à Londres alors que The Cure répétait dans les parages. Je m’y rendais chaque jour, profitant d’un concert pour moi seul. J’ai débarqué dans ce journal anglais en 1985 avec quelques clichés sous le bras, ça a démarré comme ça…

Joe Strummer, Town & Country Club, Londres, oct. 1989

Qu’est-ce qui t’a d’abord guidé ? La musique ou la photo? Très largement la musique. J’aime la photo mais je ne suis pas une espèce de malade mental qui travaille la lumière, se procure le matériel dernier cri… Au départ, c’était un bon moyen pour ne pas avoir l’air d’une quiche devant les musiciens. Tu t’occupes les mains, tout ça. Comment gagnes-tu la confiance des artistes, te démarques-tu des autres photographes ? Je suis super drôle, t’as pas idée ! Ça joue beaucoup. Et je leur parle musique naturellement. Mais la vraie question n’est pas tant de connaître mon secret, que de découvrir le problème de mes confrères…

Nirvana, Piccadilly Circus, Londres, août 1991

Quel est donc leur problème ? Là je peux te répondre d’une façon définitive : 99 % des photographes musicaux ont des goûts de merde.

David Bowie, Prague, février 1996


LL Cool J, Londres, septembre 1986

Morrissey, The Smiths, Londres, dĂŠcembre 1986


James Brown, 1991

Robert Smith, The Cure, Fiction Records, Charlotte Street, Londres, novembre 1985


« La vitesse à laquelle on attaque son sujet est primordiale »

l’une des plus célèbres du groupe, voir page 29). Je l’ai prise en arrivant à Londres. J’avais 23 piges, pas un rond en poche alors qu’il faisait très froid et je voulais devenir photographe. La première pellicule que je cale dans mon appareil, eh bien ça a donné ça.

Boy George, Londres, septembre 1985

C’est hallucinant ! Leur job c’est d’aller à des concerts, mec. Techniquement c’est impossible d’avoir des goûts aussi pourris ! Qu’est-ce qu’une bonne photo ? Elle invite à te poser longtemps devant et à observer 1 000 détails. Qu’est-ce qui caractérise ton style ? Je suis assez rapide. La vitesse à laquelle on attaque son sujet est primordiale. Certaines photos renvoient-elles à des moments heureux ? La plupart. Elles traduisent souvent des trucs personnels… Tiens, la photo de Robert Smith avec la toupie (ndlr :

Comment l’as-tu réalisée ? On était dans le sous-sol de la maison de disques. J’ai tout simplement proposé d’utiliser cette toupie qui traînait. En réalité, il s’agit d’un instrument de musique qu’on entend au début du morceau The Top. Il y a aussi cette fameuse photo d’Ol’ Dirty Bastard, prise dans sa chambre (voir page 26)… Tu parles, elle est surtout rentable pour mon avocate qui a fait plus de 30 000 dollars avec… Pourquoi ? Je me la suis fait voler. Un jour des potes m’appellent en me disant : « regarde, David Guetta porte un tee-shirt avec ta photo ! » C’est une énorme compagnie américaine qui a produit cette fringue sans mon autorisation, mais avec celle de la veuve d’ODB, qui a les droits d’utilisation post-mortem de l’image de son mari. Aux états-Unis, la photo doit être déposée au copyright américain, ce que je n’avais pas fait…


Comment as-tu conçu le parcours de cette exposition à L’Aéronef ? Mon but n’est pas que les gens se disent : « regarde, c’est David Bowie ! », mais plutôt qu’on apprécie la qualité des images et des tirages. On s’intéressera à ce travail sans être un passionné de musique. D’ailleurs, j’ai placé James Brown entre Bowie et Kraftwerk ce qui, on en conviendra, ne répond à aucune logique. Pourquoi ? Imposer une narration quelconque à mes images sous-entendrait qu’elles n’ont pas assez de force. Elles n’ont pas besoin non plus d’explications, de textes. Elle se suffisent à ellesmêmes. Crazyhead, Londres, septembre 1987

Pourtant, tu dois compter ton lot d’anecdotes, non ? Oui, un sacré stock, mais je veux éviter le côté “Tonton Richard raconte ses histoires”, du genre (ndlr : là, il imite Philippe Manœuvre) : « Oh putain Mick Jagger venait de m’appeler, il avait passé la nuit avec machin… ». Non, je ne marcherais pas sur les plates-bandes de Manœuvre (rires).

à lire

Un œil sur la musique, Richard Bellia, (éditions 123 ISO), 800 p., 130 € Un œil sur la musique Lille – jusqu’au 31.01.2017, les soirs de concert, gratuit, aeronef.fr

à visiter richardbellia.com


Dossier rock – Littérature 32

PAMELA DES BARRES Partenaire particulière Texte Thibaut Allemand Photo DR

Surnommée « la reine des groupies », Pamela Des Barres a vécu des aventures plus ou moins brèves avec, en vrac, Mick Jagger, Jim Morrison, Jimmy Page, Keith Moon (The Who), Gram Parsons… On en passe. Pas grave : ces moments de plaisir ne constituent pas le cœur des mémoires, remarquablement traduites, de Miss Pamela. Le cœur battant de l’ouvrage, c’est l’Amérique des sixties et des seventies. Ou comment une fille du baby-boom s’ouvre au monde grâce au rock – Pamela décrit avec une passion contagieuse ses groupes favoris et l’effet physique que lui procure une mélodie. Groupie ? Certes. Mélomane ? Évidemment ! C’est d’ailleurs via ses amitiés (chastes) avec deux figures majeures du rock des marges, Don Van Vliet (Captain Beefheart) et Frank Zappa, que la petite Californienne fait son entrée dans ce chaud business. Mieux : sous la houlette


du précité Zappa, elle formera The GTO’s, premier groupe entièrement féminin aux textes faussement absurdes. Féministe ? Ce livre témoigne également de prises de conscience : les droits civiques, le Vietnam, mais aussi une certaine idée du féminisme que Pam expérimente sans véritablement le théoriser. Bref, elle plonge à corps perdu dans cette gigantesque fête que furent, nous dit-on, les sixties. Avec, bien sûr, des gueules de bois : le flowerpower a accouché de quelques tordus, dont Charles Manson, qui traîne déjà dans les parages. Enfin, on sourit parfois face à cette approche très américaine et paradoxale de la vie : puritaine malgré elle, l’insatiable séductrice tient plus que tout à sa virginité. Finalement, ces frasques en disent moins sur l’auteure que sur les soubresauts qui secouèrent le monde. Pamela Des Barres, une allégorie ? Il y a de ça. I’m With the Band, Confessions d’une groupie (Le Mot et Le Reste), 432 p., 26 €


xxx – xxx 34

Les Punks : The French Connection

God save the frogs Après s’être penché sur les mille et une variations punk rock à travers le monde, le label Soul Jazz épingle le genre au pays des 600 fromages. Un florilège compilé par Marc Zermati, ex-disquaire de l’Open Market, patron du label Skydog et promoteur du festival punk de Mont-de-Marsan en 1976. Le punk (on disait painque à l’époque) français de 1977 à… 1980, donc. Outre-Manche, le courant est terminé ou presque dès 1978. La France est à la traîne. Comme d’habitude. Impossible de monter une compilation 1977-1978. Il faut le temps qu’on décante, qu’on intellectualise. Qu’on reprenne The Stooges pour faire lettré. Qu’on tripote des synthés pour sonner (jeune gens) moderne, européen, continental. Le rapport au punk de certains de ces Les Punks : The French Connection - The First Wave classiques est moins musical (la pop de Marie & Of French Punk 1977-80 Les Garçons, le pub rock classieux de Dogs…) que (Soul Jazz Records) structurel : c’est le Do it yourself et l’émulation qui permirent cette éclosion (labels, fanzines, concerts…). La seconde vague s’avère aussi intéressante (Charles de Goal, Kas Product, A 3 Dans Les WC…). Parisienne à de rares exceptions près (Marie & Les Garçons sont lyonnais, les Dogs rouennais et Kas Product, nancéens), cette scène disparate n’aura pas vraiment eu le succès mérité. Cette compilation lui rend un peu justice, même si le label Born Bad, par exemple, s’en était chargé en 2014 avec Paink, 19771982. On regrette cependant les absences de Starshooter, Stinky Toys, La Souris Déglinguée ou encore Plastic Bertrand (belge, certes), bien plus décisifs dans la popularisation du genre. Thibaut Allemand



Musique – Rencontre 36

Wax Tailor Sur la route Propos recueillis par Julien Damien Photo Portraits © Geraldine Petrovic / Live © Christophe Bardey

On l’avait quitté en 2014 avec Phonovisions Symphonic Orchestra. Jean-Christophe Le Saoût, aka Wax Tailor, revisitait alors dix ans de tubes (Que Sera, Seize The Day…) avec un orchestre symphonique. Le revoici avec By Any Beats Necessary, un cinquième album teinté de blues, de rock et de hip-hop. Celui-ci a été imaginé lors d’une tournée aux états-Unis mais composé dans sa ville natale de Vernon. On a rencontré ce sculpteur de sons lors d’une résidence à l’Aéronef à Lille tandis qu’il peaufinait son show, entouré de deux rappeurs, d’une joueuse de flûte traversière, d’un contrebassiste… Classe, quoi.


A écouter

By Any Beats Necessary (Le Plan / Lab’Oratoire)

Comment cet album est-il né ? J’avais le titre en tête depuis longtemps. Il fait référence à une phrase de Malcolm X, « By any means necessary », qui lui-même s’était inspiré des Mains sales de Sartre. Ce n’est pas le fruit du hasard.

« Le titre de l’album renvoie autant à Malcolm X qu’à Jean-Paul Sartre »

Pourquoi ?

Comment cela se traduit-il ?

C’est le hip-hop qui m’a attiré vers la musique à la fin des années 1980, en particulier des groupes comme Public Enemy pour qui Malcolm X était une icône. En parallèle, Sartre reste l’une de mes grandes références. Ma culture musicale très américaine rencontre donc mes notions littéraires plus françaises.

By Any Beats Necessary traduit bien ma démarche. Cela signifie que mon projet musical peut recourir à n’importe quel type de son. Là-dessus est venu se greffer un angle inattendu : le « road trip » américain.


Vous multipliez les collaborations prestigieuses ici : Lee Fields, Tricky, Ghostface Killah… Quelle fut la plus marquante ? Lee Fields, mais le contexte a aussi compté. On a enregistré à New-York lors d’une séance dans un studio vintage, très classe, le jour de la disparition de Prince… Travailler avec Ghostface Killah du Wu-Tang Clan, c’est un rêve de gosse, non ? Complètement ! Mais, honnêtement, je suis plus fier de compter sur l’album la chanteuse IDIL ou les rappeurs A-F-R-O et Token qui ont à peine 18 ans. C’est la découverte de jeunes talents qui m’intéresse avant tout. Que verra-t-on sur scène ?

« Suis-je le seul à écouter dans la même journée Billie Holiday et Radiohead ? » Cet album est-il conçu comme un voyage à travers une Amérique fantasmée ? Oui, mais aussi à travers le temps et l’espace. On évolue de ville en ville et d’un courant à l’autre. De cette façon, j’associe des lieux à des périodes musicales. Le sud des étatsUnis me ramène au blues des années 1940. Quand on monte vers Chicago on rejoint la soul des années 196070 tandis que New-York m’évoque le hip-hop des années 1990…

C’est un live plus organique, moins narratif que les précédents. Pour cet album, j’avais besoin d’une énergie plus brute. Il y a donc un batteur sur scène, ce qui permet de débrider les morceaux. L’installation scénique s’appuie sur les lumières et les vidéos. Il s’agit d’asseoir le propos avec des atmosphères et des tableaux. D’une façon générale, comment définiriez-vous votre style ? On m’a collé beaucoup d’étiquettes sans jamais viser juste. J’ai moimême souvent parlé de hip-hop orchestral ou d’électro-cinématique… disons que j’ai le sentiment de composer une musique populaire et exigeante. Elle ne repose sur aucun


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code complexe. Ce sont des morceaux « couplets / refrains » qui comprennent différents niveaux de lecture et une certaine finesse d’arrangement. Pourquoi utilisez-vous aussi régulièrement des extraits sonores, notamment tirés du cinéma ? Pour injecter du sens, et puis parce qu’il y a une musicalité dans le phrasé, le dialogue. Cela renvoie au début du hip-hop, au sampling, au break. On n’est pas loin du spoken word, d’une culture initiée par Gil Scott-Heron. Je puise ces extraits dans le cinéma, mais aussi dans des leçons d’anglais audio, des contes pour enfants… J’ai ainsi des tonnes de vinyles de Disney chez moi. Peut-on dire que vous êtes plus connu aux états-Unis qu’en France ? Certes, mon travail est bien accueilli aux états-Unis, mais en France

aussi. C’est une impression due à un manque d’exposition médiatique. Parce qu’il est difficile de vous « classer » ? Certainement. Quand j’ai commencé on était tous très sectaires. Les gens qui évoluaient dans la house, la techno, le rock ou comme moi dans le rap s’observaient bizarrement, sans se mélanger. Et puis il y a 15 ans, j’en ai eu marre. Je suis sorti de ma bulle pour m’ouvrir à tous les genres. Ce fut décisif dans mon travail, mais les médias n’ont toujours pas compris que je ne voulais pas choisir. Mais franchement, est-ce que je suis le seul à écouter dans la même journée Coltrane, Billie Holiday et Radiohead ? Je ne crois pas. Bruxelles – 06.12, Ancienne Belgique, 20 h, 29 / 28 €, www.abconcerts.be Lille – 08.12, L’Aéronef, 20 h, 26 > 14 €, aeronef.fr Anzin ­– 01.04.2017, Théâtre municipal, 20 h 30, 15 / 12 €, www.ville-anzin.fr


Bandit pas manchot à l’opposé de son vieux complice, le good kid Kendrick Lamar, Quincy Matthew Hanley s’est forgé une belle réputation de bad boy. Pour cause : notre homme s’inspire de son ex-vie de délinquant pour livrer des beats raides comme des coups de trique. Un gangsta-rappeur de plus ? Oui, mais pas que… Né en Allemagne en 1986, Quincy Hanley déménage vite en Californie, du côté de South Central, vaste quartier de Los Angeles connu pour ses gangs. Elève doué mais dissipé, il est affublé par ses p’tits camarades du sobriquet de Schoolboy. Elevé par une grand-mère aimante, il ne tarde toutefois pas à intégrer la bande des Crips, pour lesquels il devient dealeur. Mais l’écriture le taraude. à 16 ans, il griffonne ses premières rimes. à 21 ans le voilà rappeur, pour notre plus grand bonheur (et celui de sa mamie). Influencé par les titans de la East Coast (hérésie !) comme Biggie et Nas, il s’impose en 2014 avec la sortie d’Oxymoron. L’album est sombre. Normal : Hanley puise dans sa vie d’exbandit des textes hardcore farcis de crimes, de drogues, de filles faciles… Pour autant, il s’affranchit des leçons apprises sur les bancs du gangsta-rap avec un style introspectif et des mélodies spectrales, comme l’illustre son dernier disque, Blank Face LP. Tatouages faciaux et bob vissé sur la tête, ScHoolboy Q tire le hip-hop vers une dimension quasi-théâtrale : il change de voix, bouffe une syllabe sur deux, ponctue à l’occasion ses gimmicks de prières… sans oublier d’insulter la police. Sale gosse oblige. Sonia Abassi

Bruxelles – 05.12, Ancienne Belgique, 20 h, 34 / 33 €, abconcerts.be

© DR

Musique – Sélection 40

ScHoolboy Q



Oignies – 10.12, Le Métaphone, 20 h 30, 16 / 13 / 10 €, 9-9bis.com (dans le cadre des Fugues Sonores, avec Chassol)

Amiens – 07.12, La Lune des Pirates, 20 h 30, 12 / 7 €, www.lalune.net

© Alexandre Gosselet

Sélection – Musique 42

Molécule Trop souvent réduit à un son qui a marqué les années 2000 (la techno turbine emmenée par Justice) le label Ed Banger a également su faire une place à Sébastien Tellier, le regretté DJ Mehdi ou encore le vétéran Laurent Garnier. Plus singulier encore fut l’album dévoilé l’an passé par la maison fondée par l’agitateur Pedro Winter. 60° 43’ de Molécule évoque aussi bien les expérimentations smooth de Monolake ou Jeff Mills que le Kraftwerk de l’album Tour de France (2003). Pour mener à bien cette expédition sonore, Romain Delahaye, figure de l’electro-dub, avait passé cinq semaines dans un chalutier dans l’Atlantique Nord. Mêlant guitares, synthés et sons saisis dans le vaisseau (du pont à la cabine en passant par la salle des moteurs), le Français signe un formidable voyage immobile, ambient mais rythmé, hanté et habité. T.A.



© Julien Bourgeois

© Louis Jammes

Thylacine

Gaspard Royant

Tandis que Molécule joue les aventuriers en haute mer pour composer son album (voir page 42), Thylacine avale les 9 288 km qui séparent Moscou de Vladivostok à bord du Transsibérien. En résulte un disque, un documentaire et une techno toujours aussi « raveuse ». Machines tournées vers le public, William Rezé restitue ce voyage musical envoûtant dans un show-vidéo qui nous fait définitivement préférer le train. J.D.

Le crooner savoyard revient avec un album en forme d’hommage à la Northern Soul (encore un lecteur de LM, voir n°122). L’ancien critique musical ressuscite un son qui fit fureur chez les kids du Nord de l’Angleterre dans les sixties. Une musique qui fait taper du pied et onduler les genoux (en réalité : des raretés soul importées des USA). Oui, l’avenir est derrière lui, mais il nous colle toujours la banane. J.D.

Tourcoing – 08.12, Le Grand Mix, 20 h, 16 > 5 €, www.legrandmix.com

Saint-Quentin – 08.12, Magic Mirror, 19 h, gratuit

Bruxelles – 17.12, Botanique, 19 h 30, 21 > 15 €, botanique.be

Béthune – 09.12, Le Poche, 20 h 30, 8 > 3 €, www.lepoche.fr Dunkerque – 10.12, Les 4 Ecluses, 20 h 30, 9 / 6 € + goûter concert : 16 h, 5 € / gratuit (enfant) en famille

Voici vingt ans, Motorbass signait Pansoul, coup d’essai (et de maître) voyant deux blancs-becs (Étienne de Crécy et Philippe Zdar, voir page 48) donner leur vision des musiques noires (house, hip-hop…). Le tandem donnerat-il un jour un successeur à cette œuvre inusable ? On en doute. En attendant, de Crécy, après avoir parcouru le globe dans un cube revient à ses premières amours en club, armé de son Super Discount 3 (2015). Oui, comme à la grande époque du Queen, du Rex puis du Pulp. Sauf qu’à l’époque, l’entrée était gratuite… T.A. Lille – 10.12, Le Magazine, 23 h, 13,80 €, magazineclub.fr Bruxelles – 16.12, Ancienne Belgique, 20 h 30, 24 / 23 €, abconcerts.be (dans le cadre du festival Neon, avec Cassius, Claptone…)

© Marie de Crecy

Etienne de Crécy



Musique – Sélection 46


Acid Arab

Transe Orient Express

Texte Thibaut Allemand Photo Pierre-Emmanuel Rastoin

Les bonnes idées donnent souvent lieu à un maxi parfait, voire un album de bonne tenue. Parfois, aussi, ces bonnes idées s’étiolent, leurs auteurs en ayant épuisé la sève. Ce n’est heureusement pas le cas d’Acid Arab. L’ancien tandem et désormais quatuor a signé un (vrai) premier LP abouti et confirme, en club, sa science du mélange. Métissage culturel, mariage entre tradition et modernité, acid house sauce harissa… Depuis 2012 et la parution des premiers titres d’Acid Arab, les scribouillards s’en donnent à cœur joie, question lieux communs, pour décrire la musique de Guido Minisky et Hervé Carvalho. À l’origine, pourtant, une idée somme toute simple et presque évidente : harmoniser d’ancestraux instruments arabes (pungi, oud, derbouka…) aux sons électroniques (de l’acid de Chicago à la techno de Détroit en passant par les ramifications du Vieux Continent). Arabesques soniques Ils n’étaient pas les premiers : oublions l’aimable curiosité Omar Souleyman, mais souvenons-nous de la rencontre fructueuse entre Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani, ou des dynamitages tous azimuts d’un certain Rachid Taha. On ne cite pas ce dernier par hasard : parmi les invités (tel A-Wa), l’ex-Carte de Séjour est présent sur le morceau Houria. Pensé comme une œuvre à part entière, Musique de France (un titre provocateur par les temps qui courent) donne une très bonne idée de ce que propose Acid Arab sur scène : une incitation à la transe où se confondent instruments antédiluviens et sons synthétiques, de longues plages insensées où l’on se perd tout à fait, des arabesques soniques et des beats qui prennent aux tripes. Lille – 16.12, L’Aéronef, 20 h, 20 > 10 €, aeronef.fr Une réussite absolue.


Bruxelles – 16.12, Ancienne Belgique, 20 h 30, 24 / 23 €, www.abconcerts.be (dans le cadre du festival Neon, avec Etienne de Crécy, Claptone…)

© Toiletpaper

Sélection – Musique 48

Cassius Ce fer de lance de la French Touch réunit Philippe Zdar et Hubert « Boom Bass » Blanc-Francard. Le tandem a passé ces dernières années en club (pour mixer et humer l’air du temps) et en studio (pour suer sur les disques des autres). Loin de la house filtrée des débuts ou des tentatives plus rock de 15 Again (2006), le dernier-né Ibifornia (mot-valise pour filer à Ibiza et en Californie, donc) se présente comme un condensé. En compagnie de Mike D (Beastie Boys), de Cat Power ou de la vieille connaissance Pharrell Williams (déjà présent sur le précité 15 Again), les Frenchies tirent joyeusement le bilan de notre décennie. La paire s’amuse avec les codes de cette pop sans chapelle, typique des années 2010, et en tire quelques singles plus qu’efficaces. Ou comment se jouer des règles sans prétention, mais avec brio. T.A.



Musique – Sélection 50

Miossec

© Yann Orhan

Le Breton tombe l’habit d’écorché vif pour une escapade acoustique. Une parenthèse ? Un tournant ? On ne sait guère, mais on ne s’en plaint pas. Déclenché par la disparition de son ami Rémy Kolpa Kopoul, (journaliste sur Radio Nova) qu’il avait hébergé chez lui, à Brest, Mammifères l’emmène loin de sa zone de confort (le rock, les rades), entre ballades folk, tsigane ou tango. Sur scène, le voilà sur une chaise, entre un accordéon et un violon, clamant des textes jamais loin du cœur. Bruxelles – 15.12, Botanique, 19 h 30, 29 > 23 €, botanique.be Boulogne-sur-Mer – 29.04.2017, Espace de la Faïencerie, 20 h 30, 25 > 20 €, www.ville-boulogne-sur-mer.fr

Jeu 01.12 Mesparrow + Camp Claude Arras, Théâtre, 20h, 10>8e Nicolas Jaar (Live) Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 29/28e Jean-François Zygel Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h30, 15>10e Lisa Simone Amiens, Maison de la Culture, 20h30, 33>15e Thomas Dutronc Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39>10e William Sheller Arras, Casino, 20h30, 41,50>37,50e

Ven 02.12 Arno Maubeuge, La Luna, 20h, 20/15e Joan As Police Woman Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 20/19e heartbeats festival #2 : the van jets + black box revelation + broken back… Lille, L’Aéronef, 20h, 9>5e

Sam 03.12

Mer 07.12

LE PÈRE NOËL EST UN ROCKEUR : SCRATCH BANDITS CREW… Bruxelles, VK*, 20h30, 10 e

Tony Melvil & Usmar : « quand je serai petit » Dunkerque, Le Bateau-Feu, 15h, 5e

Le Père Noël est un rockeur : Témé Tan + Warhaus + Dan San + Le Colisée Mons, Le Manège, 20h30, 10 e ONL : Roméo et Juliette (Direction JC Casadesus) Lens, Le Colisée, 20h30, 15>7,50e

Dim 04.12 Heartbeats Festival #2 : ANGEL + THE WOLF UNDER THE MOON Lille, L’Aéronef, 10h30, Gratuit Charles Aznavour Anvers, Lotto Arena, 20h, 119>59e

Lun 05.12 SCHOOLBOY Q Bruxelles, AB, 20h, 34/33e

Mar 06.12 Wax Tailor Bruxelles, AB, 20h, 29/28e

Emily Loizeau Arras, Théâtre, 20h30, 22>9e Molécule (Live) Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 12/7e

Jeu 08.12 Alice on the Roof Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e Thylacine + Douchka Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16>13e Wax Tailor Lille, L’Aéronef, 20h, 26>14e

Ven 09.12 Fantaisies animalières (Atelier Lyrique de Tourcoing) Pérenchies, Salle des Fêtes M. Schumann, 19h30, 5€ / gratuit (-18 ans) Marillion Lille, L’Aeronef, 20h, 31>20€


Flavia Coelho Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e Puggy Bruxelles, Forest National, 20h, 35e Le Rêve Américain (Orchestre National de Lyon) Nouveau Siècle, Lille, 20h, 50>5€ Gaspard Royant Béthune, Le Poche, 20h30, 8>3e Klô Pelgag + Sophie Maurin Lille, L’Antre-2, 20h30, 10>2e

Sam 10.12 GiedRé Liège, Reflektor, 19h, 22e Plantec (Bigounight 5) Lomme, mF Beaulieu, 19h, 7e Gaspard Royant Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e Keren Ann Bruxelles, Théâtre 140, 20h30, 32e MOLÉCULE + CHASSOL Oignies, Le Métaphone, 20h30, 16>10e Mr.Scruff + Supagroovalistic Lille, L’Aéronef, 21h, 15>5e

ETIENNE DE CRÉCY Lille, Le Magazine, 23h, 13,80e

Lambert Wilson chante Yves Montand Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39>10 e

dim 11.12 Block Party # 4 Lille, Flow, 14h, gratuit

Mars Red Sky Béthune, Le Poche, 20h30, 8>3e

lun 12.12 Peter Kernel + Bison Bisou Lille, L’Antre-2, 20h30, 10>2€

Cassius (live) + Claptone Bruxelles, Ancienne Belgique, 21h, 24/23e

Sam 17.12

Mar 13.12 Hooverphonic Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h30, 34 / 33 e

Jeu 15.12 Aaron Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 39>30e Happy New Year In America (ONL) Nouveau Siècle, Lille, 20h, 50>5€

MICHEL JONASZ & Manu Katche Hem, Zéphyr, 20h30, 49>36e

Ven 16.12 Great Mountain Fire + Oy… Bruxelles, Botanique, 19h30, 19>13 e

MHD

© Elisa Parron

C’est la grande trouvaille de 2016 : l’afro trap, mêlant rap et rythmes africains. Un succès presque tardif tant ce croisement semblait évident. Son ambassadeur est un ex-livreur de pizza qui se trémousse juché sur un hoverboard à la gloire de Roger Milla, ou nous apprend «la Moula», geste consistant en se déhancher en jouant d’une guitare invisible. Un son efficace qui cherche d’abord à faire danser, et c’est déjà pas mal. Amiens – 15.12, Zénith, 20 h, 28 €, www.zenith-amiens.fr Dunkerque – 16.12, Kursaal, 20 h, 28 €, www.dunkerquekursaal.com Bruxelles – 21.12, Ancienne Belgique, 20 h, 24 €, www.abconcerts.be

Acid Arab Lille, L’Aéronef, 20h, 20>10e

Thylacine Bruxelles, Botanique, 19h30, 21>15e Crystal Castles Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 27/26e Michael Mayer Charleroi, Rockerill, 22h, 10 e

Lun 19.12 Patricia Petibon & Olivier Py Bruxelles, Théâtre Royal des Galeries, 20h, 44>10e

Mar 20.12 Doc Gynéco Bruxelles, AB, 20h, 33/32e TRIXIE WHITLEY Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 33e


Écrans – Rencontre 52

EMMANUELLE BERCOT En quête de vérité Propos recueillis par Mélissa Chevreuil Photo Portrait Emmanuelle Bercot © Emmanuel Pain / La Fille de Brest © 2016 Haut et Court, France 2 Cinéma, Photos : Jean-Claude Lother

Les toubibs affranchis ont le vent en poupe au cinéma. Après les Frères Dardenne (La Fille inconnue, 2016), c’est au tour d’Emmanuelle Bercot de s’essayer au thriller médical. Sa nouvelle héroïne ? Irène Frachon (jouée par Sidse Babett Knudsen), une pneumologue brestoise qui révéla les méfaits du Médiator, ce coupe-faim commercialisé par les laboratoires Servier qui aurait causé la mort de près de 1 800 personnes en France. Au-delà du scandale, l’actrice-réalisatrice signe le portrait d’une des premières lanceuses d’alerte françaises.


Comment ce film est-il né ? Au départ, ce n’est pas mon idée. C’est ce qu’on appelle vulgairement un film de commande. Même si comme tout le monde, j’avais entendu parler de l’affaire du Médiator dans les médias. Ce sont les productrices qui m’ont invitée à lire le livre d’Irène Frachon (Médiator 150 mg : Combien de morts ?) et à l’adapter. Cette lecture m’a estomaquée. Toutefois l’aspect médical, très technique, me dépassait. Les productrices ont alors insisté pour que je rencontre Irène et elles ont eu raison. Un déjeuner a suffi pour que je souhaite retracer son combat. Que raconte votre long-métrage? L’aventure d’une fille ordinaire qui se retrouve projetée dans une aventure extraordinaire, et qui devient une machine de guerre. Elle réussit

« L’idée que ce film suscite des vocations me plaît » tout de même à mettre à genoux un puissant laboratoire pharmaceutique français. Le retrait de ce médicament dangereux en 2009 est aussi une histoire collective. Tout au long de l’affaire, elle pouvait compter sur l’aide d’une équipe aussi exceptionnelle qu’elle. Ce sont tous des héros. Quelle était votre intention ? Celle de raconter en deux heures, cinq ans d’enquête ardue, truffée de rebondissements et d’intervenants. Il a fallu faire des choix douloureux, on ne rend hélas pas hommage à toutes les personnes impliquées…


De plus, on devait conserver l’aspect grand public du film, effectuer un travail de vulgarisation tout en gardant une crédibilité d’un point de vue médical et scientifique. Quel est votre parti-pris ? La Fille de Brest raconte le scandale uniquement du point de vue d’Irène Frachon, je ne dénonce rien. Je ne suis ni militante ni engagée : c’est le personnage qui, à travers son combat, contamine le récit. Il suffisait alors de citer les évènements auxquels elle a assisté. Il n’y a quasiment pas de scène sans elle. Et comme tous les faits sont avérés, qui pourrait contester ce que dit le film ?

Vous ne signez donc pas un film engagé ? Je brosse avant tout le portrait d’une lanceuse d’alerte. Irène a relevé ses manches au nom de l’intérêt général. L’idée que ce film suscite des vocations me plaît. Après la projection, certains spectateurs me disent qu’ils ont envie de s’engager. Pour la réouverture d’une épicerie de quartier par exemple. Selon moi, cela n’a pas moins de valeur. à l’heure actuelle, on attend beaucoup que les autres règlent les problèmes à notre place. Si mon film peut tempérer cette mentalité, même à petite échelle, c’est déjà une victoire.


« Je recherche la vérité absolue, une impression de vie »

Comment avez-vous travaillé avec Irène Frachon ? L’écriture fut particulièrement longue et complexe. Je me suis appuyée sur le livre pour la première partie du film. Toutes les anecdotes partagées ainsi que ma rencontre avec les autres protagonistes de l’affaire ont suffi à composer le reste. Si le moindre doute subsistait, nous revenions vers Irène pour obtenir des conseils. Elle a été très présente durant la fabrication du film sans jamais juger l’aspect artistique. Pas un instant elle n’a cherché à m’influencer sur l’écriture de son personnage ou le choix de l’actrice.

Comment définiriez-vous votre style ? Je ne pense pas en avoir. Je suis très « protéiforme », je passe facilement d’un sujet à l’autre. En revanche, devant comme derrière la caméra, je recherche la vérité absolue, une impression de vie. Pour toutes ces raisons, je ne réaliserai pas un film de science-fiction. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? J’ai envie de faire un film de guerre. Quelle époque ? Quelle guerre ? Quelle histoire ? Je ne le sais pas encore. Mais ça sera forcément avec Benoît Magimel, qui reste un vrai coup de cœur !

L’idée d’interpréter vous-même Irène Frachon vous avait-elle effleurée ? La question ne s’est même pas posée : je ne veux pas jouer dans mes films. Ce serait me priver du plaisir de travailler avec des acteurs. Et puis je ne voyais pas de comédienne française incarner ce personnage. Je redoutais tout de même la réaction d’Irène devant le choix de Sidse Babett Knudsen et son fort accent danois. Mais il se trouve que toute la famille Frachon est fan de la série Borgen. Elle a littéralement sauté de joie en apprenant la nouvelle.

La Fille de Brest D’Emmanuelle Bercot, avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel… En salle


Écrans – Sélection 56


Une vie

Plus vraie que nature

Texte Julien Damien Photo Michael Crotto

On avait quitté Stéphane Brizé avec le très social La Loi du marché, mettant en scène un vigile de supermarché obligé de traquer de pauvres gens pour survivre. D’aucuns pourraient s’étonner de le retrouver avec cette adaptation d’Une vie de Maupassant. Mais ces films se rejoignent sur de nombreux points. « Une vie a été initiée un peu avant La Loi du marché, nous apprend Stéphane Brizé. Ils ont le même thème : la fin des illusions ». L’argument ? Jeanne, 17 ans, quitte le couvent pour retrouver ses parents dans leur château de Normandie. Mais cette existence pleine de promesses s’avère décevante. Elle se marie avec un beau vicomte qui se révèle infidèle, son fils l’ignore, l’endette… Jeanne s’enfonce dans la dépression. « Parce qu’elle ne parvient pas à faire le deuil de ce paradis qu’est l’enfance. Elle s’engouffre dans l’âge adulte en s’accrochant à une vision idéale de la vie, c’est à la fois beau et tragique, analyse le cinéaste. Ça me touche, car j’ai moi-même connu cette douleur ». Documentaire Le parti-pris fut de raconter l’histoire en suivant Jeanne, en plan serré, éludant « toutes les scènes du roman qui ne la mettent pas en jeu ». Le récit s’affranchit aussi de la narration chronologique pour s’articuler autour de flashbacks. Les séquences oscillent entre tristesse du présent et insouciance du passé, nous rendant cette destinée d’autant plus émouvante. Saisie en lumière naturelle, présentée en format carré, l’œuvre surprend par sa beauté et son réalisme. « J’ai tourné un film d’époque tel un documentaire, comme si les acteurs étaient des gens qui m’acceptaient chez eux avec une caméra ». On les quitte bouleversés, mais persuadés que la vie « ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit ». De Stéphane Brizé, avec Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau… En salle

Retrouvez l’interview de Stéphane Brizé sur lm-magazine.com


Examen de conscience En une poignée de films, Cristian Mungiu s’est imposé comme le chef de file d’une nouvelle génération de cinéastes roumains. Son Baccalauréat, prix de la mise en scène à Cannes, se révèle un drame intimiste et social conduit comme un polar, entre exploration d’une relation père-fille et cartographie d’un pays corrompu. Comme un mauvais présage, le film s’ouvre sur une pierre brisant une fenêtre de l’appartement où vivent Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, sa femme Magda et leur fille Eliza. Victime d’une agression sexuelle, cette élève brillante qui s’apprêtait à passer les épreuves du baccalauréat voit son inscription dans une université anglaise compromise. Accroché au rêve de voir sa fille quitter un pays gangrené par la pauvreté et la corruption, Romeo se laisse entraîner dans la spirale que lui-même dénonce, en rendant des « services ». Facilitant la greffe de foie d’un homme influent, qui lui promet de « parler » à un correcteur de copies, par exemple. La fin justifie les moyens (illégaux), mais signe la dilution de ses principes moraux… Dans son 5e long-métrage, le réalisateur de 4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours met en scène des situations peu à peu gagnées par une dynamique d’engrenage propre au polar. Il parle, surtout, du poids de l’éducation, de la mise à mal de la transmission des valeurs, les idéaux paternels se heurtant au libre-arbitre d’une jeune fille refusant de suivre une route toute tracée. Examen (de conscience) réussi. Audrey Jeamart De Cristian Mungiu, avec Adrian Titieni, Maria Dragus, Lia Bugnar… Sortie le 07.12

© Mobra Films

Baccalauréat



© Studio Aardman

Wallace et Gromit Les Inventuriers Comme nous sommes de grands enfants, nous ne pouvions ignorer la ressortie des premières aventures de Wallace et Gromit. L’occasion de (re)découvrir deux petits bijoux de stop-motion et d’humour british made in studio Aardman. Dans Une grande excursion (1989), l’inventeur loufoque et son flegmatique toutou s’envolent pour la lune, celle-ci étant composée de frometon (c’est bien connu), le met favori de Wallace. Un mauvais pantalon (récompensé d’un Oscar en 1994) met quant à lui nos deux compères aux prises avec un locataire plutôt louche : Feather McGraw, le pingouin braqueur... Ces deux courts-métrages sont réunis sous le titre Les Inventuriers. Rien d’inédit certes, mais force est de constater que deux décennies avant Shaun le mouton, Nick Park n’avait déjà pas son pareil pour donner vie à ses « potes à modeler », qui n’ont pas pris une ride. Dira-t-on dans 20 ans la même chose des blockbusters numériques qui inondent le box-office ? Pas sûr. J.D. De Nick Park, avec Wallace et Gromit !... En salle en famille



Bodiesflow, Unisex Collection SS17


Style – Portrait 63

RE U E M DE Toutes griffes dehors

Biographie 1982 : Naissance à Toulouse

Texte Marine Durand Photo Merlin Meuris Model Elise Patry Photo Shoot Production & Invited Artistic Director Olivier Schmitt

Des tissus découpés, torsadés, déstructurés. Des couleurs organiques : beige, chair, sang. Des motifs, graphiques ou figuratifs, aussi délicats que torturés. Tout, dans les créations de Charlotte Cazal, interpelle. Vêtements ? Œuvres d’art ? Alors que se profile le 29e Marché des Modes, focus sur Demeure, l’une des griffes les plus singulières du label Maisons de Mode.

2001 : étudie les arts plastiques à l’université de Toulouse Le Mirail 2003 : Programme Erasmus aux BeauxArts de Barcelone 2004-2012 : Réalise plusieurs expositions et performances pluridisciplinaires 2012 : Lance Demeure depuis Berlin 2013 : Remporte le Grand Prix Maisons de Mode et intègre le label de créateurs, à Roubaix


Fragmances, Unisex Collection AW16

Blank – Visages © DR

C

harlotte Cazal n’a pas le profil de la férue de mode ayant fait de sa passion un métier. « Je ne suis pas une créatrice qui adore les femmes, qui cherche à les sublimer, vous voyez ? », souligne-telle, d’une voix à l’accent du sud où pointe l’ironie. La Toulousaine de 34 ans revendique même un rapport « très bizarre à la fringue », elle qui ne porte que des vieilles liquettes ou des chemises ayant appartenu à son grand-père. Point d’école de stylisme, d’ailleurs, sur le CV de cette touche-à-tout habile en dessin depuis l’enfance, mais une formation en arts plastiques à Toulouse, un passage aux Beaux-Arts de Barcelone, et une dizaine d’années d’activité comme artiste pluridisciplinaire. Branchée sur l’actu Demeure, « c’est un nom qui allie la tradition, la famille, et une sonorité belge, comme la mode que j’admire ». La création de cette boutique, en 2012, n’est pas un hasard. Avec une mère commerciale dans le textile, Charlotte a toujours vu circuler des vêtements à la maison. « La mode réunissait la créativité et l’amour du vivant. C’est aussi très proche de la sculpture, dans la façon d’appréhender un volume ». Les yeux grands ouverts sur le monde qui l’entoure, la jeune femme puise dans l’actualité pour créer ses motifs, et ses pièces en coton et lin. La question du recroquevillement sur soi pour les amas de corps nus de la collection Bodiesflow (SS 2017). Le symbole du nid, en référence aux migrations, pour la capsule de chemises We Are Birds lancée fin novembre. Après avoir fidélisé sa clientèle à Roubaix, Charlotte Cazal vise aujourd’hui l’international. Brouillant habilement les lignes entre art et mode, Demeure ne devrait pas avoir de mal à dépasser les frontières.


Boutique Demeure – 85 avenue Jean Lebas, Roubaix, www.demeurestore.fr Marché des Modes – Roubaix, 02 > 04.12, à l’Ensait et au Vestiaire, ven : 16 h > 21 h, sam : 11 h > 22 h, dim : 11 h > 19 h, gratuit, www.maisonsdemode.com

Fragmances, Unisex Collection AW16 Jewellery and bag Morgan Wisser Backpack House of Vice


Exposition – événement 66

26e Braderie de l’Art

Now Future

Texte Julien Damien Photo Jacob Khrist

L’histoire débute avec Fanny Bouyagui. « Elle se baladait à Lille avec sa maman quand celle-ci a eu le coup de foudre pour un tableau dans une galerie. Mais il coûtait 5 000 francs, soit plus que le salaire de son père… » raconte Sabine Duthoit, la porte-parole d’Art Point M. Dès lors, la plasticienne roubaisienne imagine un événement mettant « l’art à la portée de tous ». Nous sommes en 1991, la première Braderie de l’Art voit le jour.


25 ans plus tard, le rendez-vous sans cesse renouvelé conserve le même principe. 150 artistes, designers, illustrateurs, pochoiristes, soudeurs sont « enfermés » durant 24 h dans les 2 000 m2 de la Condition Publique. Ils vendent leurs œuvres (meubles, sculptures…) entre 1 et 300 euros, avec cette particularité qu’ils les conçoivent sur place, en puisant dans un stock de 3 000 m3 de matériaux et d’objets de récupération issus d’entreprises régionales et d’Emmaüs. « Surtout pas une foire expo ni un marché de Noël », la Braderie de l’Art est donc, avant tout, « un laboratoire d’idées nouvelles, doublé d’un joyeux bordel organisé, d’un capharnaüm surréaliste ». Sacrés makers C’est l’occasion de découvrir des techniques variées et de repartir avec des objets uniques. « Cela va de la customisation au détournement de l’usage initial, en passant par la création pure à partir de bois, de carton ou de métal ». Enfin, comme vous lisez assidûment LM magazine, vous savez que l’avenir appartient aux makers. Cette 26e édition met justement à l’honneur le collectif Beirut Makers, des créateurs libanais « qui ne travaillent qu’à partir de matériaux récupérés sur les chantiers, partageant le même esprit que la Braderie de l’Art : aider la ville à se reproduire par elle-même ».

Roubaix – 03 & 04.12, La Condition Publique, du samedi au dimanche, de 19 h à 19 h (fermeture de 2 h 30 à 8 h 30), gratuit, labraderiedelart.com


Chri tian Dr Bidouille

Voltz


Exposition – Portrait 69

Texte Julien Damien Photo DR

Bienvenue dans un monde en fil de fer, carton et bouts de tissu ! Auteur et illustrateur de livres pour enfants, Christian Voltz conte des aventures insolites où évoluent des créatures de bric et de broc. Le Colysée de Lambersart nous dévoile ce travail singulier à travers une grande exposition, la bien nommée Poésie bidouillée.

à bien y regarder, ces boulons pourraient former des yeux, cette simple planche un nez et cette chaussure… une voiture ! Voilà plus de 20 ans que Christian Voltz raconte des histoires peuplées de personnages qu’il fabrique avec des matériaux de récupération. « J’ai un gros stock de rondelles, de bouts de bois flotté, vieux cuir craqué… confie-t-il. Je n’utilise que des objets sur lesquels le temps a laissé une trace, pour transformer ces rebuts en quelque-chose de précieux ». Avant de se muer en Dr Frankenstein de la bricole, le Strasbourgeois fut travailleur social. Mais en parallèle, cet admirateur des œuvres en fil de fer d’Alexander Calder et d’art brut s’adonnait discrètement à la sculpture, ce qui le poussa finalement vers les Arts Décoratifs de Strasbourg. « Là, je me suis rendu compte que le plus important pour moi était de raconter des histoires. J’ai donc abandonné la sculpture pour m’orienter vers l’atelier d’illustration, à l’époque dirigé par Claude Lapointe ». Auteur-bricoleur En 1997, il publie aux éditions du Rouergue le premier de ses 27 livres : Toujours Rien, l’histoire d’un homme qui sème une graine et s’impatiente de la voir germer…


« C’est une réflexion sur les choses essentielles de la vie, et comment ne pas les louper… En général, j’aborde de grandes thématiques comme l’amour ou la mort, mais très simplement ». D’ailleurs, Christian Voltz se définit surtout comme un auteur. « Mon travail débute toujours par l’écriture, c’est l’étape la plus importante. Ensuite, je dessine les personnages puis les façonne avec des objets que je pose à plat sur ces croquis. J’étale enfin les pages et invite un photographe. Une fois les clichés pris, je range tout en vue d’une autre utilisation ! ». C’est ce processus de création original que révèle cette exposition. Entre les jouets revisités à la sauce bidouille (un aspirateurfusée, un garage en bidons…) ou ses drôles de bonshommes ou animaux, on découvre aussi des céramiques, des gravures… soit les multiples facettes d’un artiste décidément complet.

en famille

Lambersart – 10.12 > 26.02.2017, Le Colysée, mer > sam : 13 h > 18 h, dim : 13 h > 19 h, gratuit, lambersart.fr

à visiter www.christianvoltz.com Retrouvez l’interview de Christian Voltz sur www.lm-magazine.com



À découvert On ne juge pas un livre à sa couverture. Un adage que les éditeurs font mentir chaque jour : songez aux bandeaux mentionnant tel ou tel prix littéraire… La bande dessinée ne pouvait, par essence, faire l’économie d’une « façade » accrocheuse. Le CBBD se penche sur la question dans la première exposition consacrée à cet art de l’équilibre. Que l’on ait lu ou non ces albums, on a tous à l’esprit l’image d’On a marché sur la Lune, signée Hergé, ou de La Marque jaune, par Edgar P. Jacobs. Ni chronologique ni exhaustif (tâche impossible), l’accrochage se penche sur les étapes de la conception d’une couverture, du premier jet à l’achèvement, en passant par la composition, le choix des couleurs, la typographie… Enrichi de courtes vidéos très instructives, il réunit des dizaines de moyens et grands formats. Située à la frontière entre l’art et la publicité, la couverture emprunte ses codes aux deux domaines – citons le « logo » de XIII, conçu par l’ex-publicitaire William Vance. Ainsi, la couverture est réalisée six mois avant la sortie d’un album, afin que l’éditeur puisse communiquer. Cette image n’est d’ailleurs pas conçue par le seul dessinateur : l’éditeur, l’infographiste, le directeur artistique (d’une collection par exemple) et le maquettiste ont également leur mot à dire. Le but ? Interpeller le lecteur, le conforter dans ses présupposés ou, au contraire, le déstabiliser dans ses convictions. Bref, ce voyage passionnant au cœur d’un art de la surface s’avère tout, sauf superficiel. Thibaut Allemand

Bruxelles – jusqu’au 28.05.2017, CBBD, tlj : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 €, www.cbbd.be

Vue d’exposition © CBBD / DR

Exposition – Sélection 72

L’art de la couverture



Dépôt de fondation d’Ur-Bau de Lagash : clou et tablette dans une jarre / Tello (ancienne Girsu), sous l’angle du temple de Ningirsu © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Raphaël Chipault et Benjamin Soligny

L’Histoire commence en Mésopotamie

à l’origine Rarement l’Antiquité aura trouvé un tel écho dans l’actualité. Tandis qu’un conflit armé et moult trafics rongent le Proche-Orient, le Louvre-Lens rappelle que c’est en Mésopotamie, peu ou prou l’Irak actuel, que notre Histoire a débuté. Plus de 400 objets retracent 3 000 ans d’une civilisation méconnue, mais essentielle. Certains sont issus de grands musées internationaux mais c’est bien le Louvre qui détient la plus grande collection. Il la doit au consul Paul-Emile Botta qui lança, dès 1840, les premières fouilles archéologiques au Nord de la Mésopotamie. Ce parcours découpé en huit sections nous apprend ainsi que ce « pays entre les fleuves » fut le berceau de l’économie moderne et des premières villes. Des maquettes et reconstitutions virtuelles de cités monumentales soulignent ainsi le degré de perfectionnement de ce « Monde des premières fois ». L’accrochage s’intéresse ensuite au religieux, via les représentations de divinités et mythes. Citons ce récit du déluge très proche (et antérieur) de celui de la Bible. On revient aussi sur des innovations remarquables comme l’irrigation et, surtout, l’écriture. En témoigne cette tablette d’argile, portant l’une des ses plus anciennes traces (cunéiformes, car en forme de « coins » ou « clous »), nous renvoyant 5 000 ans en arrière. Notons enfin que c’est là qu’apparurent les vins ou même… la bière ! Pour preuve ces tablettes du second millénaire avant J.C., arborant des recettes de ce Lens – jusqu’au 23.01.2017, Louvre, tlj sf breuvage qu’on buvait alors à la paille… mar : 10 h > 18 h, 10 / 5 € / gratuit (-18 ans), Sacrilège ! Julien Damien www.louvrelens.fr



Alvéoles, 1972, Collection particulière © DR

Exposition – Sélection 76

Alechinsky. Marginalia, plume et pinceau Membre du mouvement CoBrA (pour Copenhague, Bruxelles et Amsterdam) qui privilégie l’art primitif, Pierre Alechinsky est connu pour son travail mêlant expressionnisme et surréalisme. C’est toutefois une facette plus méconnue du Belge qui nous est dévoilée ici : son œuvre autour des mots. Un retour aux origines pour celui qui a d’abord étudié la typographie et l’illustration du livre à La Cambre, à Bruxelles. On découvre ainsi des images accompagnant des ouvrages de Balzac ou Michel Butor, des gravures et lithographies réalisées avec ses amis écrivains et ces encres inspirées par les vers de Cendrars. Ou quand le pinceau dialogue avec la plume. J.D.

Picasso. Sculptures Moins célèbres que ses peintures, les sculptures de Picasso illustrent tout autant sa créativité et sa propension à transgresser les règles. Bois sculpté, bronzes, œuvres réalisées en ciment, en fil de fer… 80 pièces sont disposées selon un parcours chronologique et thématique. Mises en regard de toiles ou céramiques issues de sa collection privée, elles révèlent la diversité de techniques et de matériaux dont usait l’Espagnol, qu’on ne finit plus de redécouvrir. J.D. Bruxelles – jusqu’au 05.03.2017, Bozar, mar > dim : 10 h > 18 h, jeu : 10 h > 21 h, 18 > 2 €, www.bozar.be

Pablo Picasso,Tête de femme, 1953 © Succession Picasso – SABAM Belgium 2016 - Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Gérard Blot

Le Cateau-Cambrésis – jusqu’au 12.03.2017, Musée Matisse, tlj sf mardi : 10 h > 18 h, 5 / 3 € / gratuit (-18 ans), museematisse.lenord.fr



Haut en couleur Le musée des Beaux-Arts d’Arras explore l’usage du bleu dans la création, du MoyenÂge à nos jours. Il dévoile son aspect technique, historique et symbolique à travers près de 150 pièces (peintures, porcelaines, sculptures…), nous conviant à un voyage instructif et poétique autour du monde et dans le temps. Classé parmi les trois couleurs primaires avec le vert et le rouge, le bleu ne peut être obtenu en mélangeant d’autres teintes. Avant de le synthétiser par accident, en 1704, il fallut donc le puiser dans la nature. Dans le monde végétal (l’indigotier ou le pastel, qui est une plante européenne), minéral (cobalt, lapis-lazuli…) ou animal, en piquant ses plumes au martin-pêcheur ! En témoigne cette aigrelette à chignon qui coiffait les mariées chinoises sous l’ère Ming (l’oiseau, fidèle, étant signe de bonheur conjugal). Prisé depuis des lustres en Orient, il attendit le xiie siècle pour être à la mode en Europe. D’abord divin (car céleste), il orne la Vierge dans ses représentations (citons cet émail de Jean 1er Penicaud), devient royal sous Clovis (d’où l’expression « avoir du sang bleu ») et intègre le drapeau français en 1794. Symbolique, il demeure aussi la couleur de la mélancolie (le blues) ou du rêve, tel que cristallisé dans l’heure bleue, ce moment furtif entre le jour et la nuit (le réel et l’imaginaire) que saisit au stylo Bic Jan Fabre ou suggèrent les cyanotypes de Paul Haviland. Tirées avec du fer plutôt que de l’argent, ses photos nous plongent Arras – jusqu’au 06.02.2017, Musée des Beauxdans un monde monochrome, mais Arts, lun, mer, jeu & ven : 11 h > 18 h, sam & dim : 10 h > 18 h 30, 6 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.arras.fr jamais monotone. Julien Damien

Jean-Michel Alberola, Rien (Argon), 2012 © Courtesy Galerie Daniel Templon, Paris Bruxelles / Bertrand Huet / Tutti

Sacrebleu



Exposition – Sélection 80

Œuvre de Nadine Hilbert et Gast Bouschet, Metamorphic Earth plonge le visiteur dans un monde inquiétant via des vidéos et constructions sonores complexes. Il s’agit d’interroger les métamorphoses de la Terre, à l’heure de l’anthropocène. Soit une ère où l’activité humaine aura modifié plus de la moitié des écosystèmes mondiaux. En parallèle, Panorama magnifie notre belle planète grâce à des créations contemporaines revisitant le genre du paysage. Deux accrochages complémentaires, et nécessaires. Charleroi – jusqu’au 22.01.2017, BPS22, mar > dim : 11 h > 19 h, 6 > 3 € / gratuit (-12 ans), bps22.be

Dis-moi voir

Ceci n’est pas une copie

Quel est le rapport entre les arts plastiques et la littérature ? Vaste question à laquelle répond Catherine Millet. La directrice de la revue Art press a sélectionné des œuvres dans les collections du FRAC et du LAAC de Dunkerque pour confronter ces deux domaines. Citons cette installation de Gilles Barbier, illustrant l’influence qu’ont eu les romans de SF sur son travail. Le Reproducteur nous montre ainsi un être humain raccordé à des tuyaux, lui permettant de s’alimenter ou de déféquer, le réduisant à un simple objet...

Le plagiat, c’est mal (et interdit). Pour autant, la créativité n’est-elle pas une forme de recyclage inspiré ? Les artistes ne sont-ils pas influencés par ce qui a été conçu avant eux ? à l’heure du « copié-collé » généralisé, le CID se penche sur la question de l’imitation à travers une large série d’œuvres, telle Kiosk, l’intriguant scanner 3D du duo belgo-néerlandais Unfold. Celui-ci nous projette dans un avenir (proche) où tout le monde a le pouvoir d’imprimer les objets qu’il souhaite. Avec quelles conséquences ?

Dunkerque – jusqu’au 31.12, FRAC, mer > dim : 12 h > 18 h, gratuit, www.fracnpdc.fr

Hornu – jusqu’au 26.02.2017, CID, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 5 / 2 € / gratuit (-6 ans), www.cid-grand-hornu.be

Shakespeare à la folie En 2016, Shakespeare aurait eu 452 ans. L’homme n’est pas immortel certes, mais son œuvre, oui. Célébrant le quatrième centenaire de sa disparition, la Louvière présente 80 affiches signées de graphistes internationaux – Michal Batory, Anthon Beeke, Michel Bouvet, pour ne citer qu’eux. Ici, chacun s’est emparé d’une pièce pour créer des œuvres uniques, s’inspirant de figures universelles : Othello le jaloux, Macbeth l’usurpateur, Richard III le sanguinaire... La Louvière – jusqu’au 08.01.2017, Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 2 € / gratuit (-12 ans), www.centredelagravure.be

Mira Sanders, Série Ane(c)dote - Ornements © Province de Hainaut / BPS22

Metamorphic Earth & Panorama



Exposition – Sélection 82

Le Musée du Touquet-Paris-Plage consacre une grande rétrospective à un pionnier du street-art français. Speedy Graphito s’est fait connaître dès les années 1980 avec ses graffs détournant la culture populaire. Celui qui se définit comme un « DJ des arts plastiques », jonglant avec la photo, la peinture, la sculpture, invente un monde où Picsou tague tandis que BlancheNeige croque la pomme d’Apple. Ses œuvres interrogent notre mémoire collective, l’histoire de l’art ou le consumérisme. Le Touquet – jusqu’au 21.05.2017, tlj sf mar : 14 h > 18 h, 3,50 / 2 € / gratuit (-18 ans), www.letouquet-musee.com

Safet Zec

Gérard Garouste

Figure de proue du « réalisme poétique », Safet Zec livre une vision à la fois sensible et mélancolique du monde. « Ma peinture est pleine de souvenirs, de symboles… », explique cet artiste bosniaque. à travers ses représentations de façades vénitiennes, de draps blancs ou de corps (souvent sans visage), l’émotion est toujours palpable, comme on le découvre avec ces tableaux réalisés après 2 000. Soit 15 années d’un travail fascinant.

Des corps tortueux hantent les toiles immenses de leurs anamorphoses. Les membres sens dessus dessous, en apesanteur, semblent arrachés aux couleurs magnétiques du fond (violet épiscopal, rouge sang). Des visages angoissés, euphoriques, se mêlent aux bestiaires mythiques... Voici un parcours inédit à travers le monde extatique du peintre français. Rassemblant près de 80 œuvres – huiles sur toile, gravures, dessins, gouaches, sculptures – celui-ci traduit la pensée d’un illustre « intranquille ».

Lille – jusqu’au 15.01.2017, Musée de l’Hospice Comtesse, lun : 14 h > 18 h, mer > dim : 10 h > 18 h, 5 / 4 €, mhc.lille.fr

Mons – jusqu’au 29.01.2017, BAM (+ salle SaintGeorges), mar > dim : 10 h > 18 h, 9 / 6 € /  gratuit (-12 ans), www.bam.mons.be

Triennale internationale de l’affiche politique Rendez-vous incontournable des graphistes de la planète depuis 1978, cet événement donne à voir 115 affiches traitant, souvent avec humour, des sujets en rapport avec l’actualité (le terrorisme, l’immigration ou l’écologie). Disposées sur des murs ou colonnes Morris de façon thématique, ces images « coup-de-poing » dévoilent une belle diversité de techniques : graphisme, dessin, photographie ou création numérique. Mons – jusqu’au 25.06.2017, Mons Memorial Museum, mar > dim : 10 h > 18 h, 3 €, monsmemorialmuseum.mons.be

Sprayground, 2011 © Speedy Graphito

Speedy Graphito, un art de vivre



Georges Dorignac Soutenu par Modigliani ou Soutine, Georges Dorignac demeure une figure inclassable du début du XXe siècle. Les dessins du Bordelais, exécutés à la sanguine ou au fusain, semblent avoir été sculptés dans le papier. Ses grandes feuilles montrent des nus ou des portraits, souvent de travailleurs et de paysans. Surtout, elles illustrent le fascinant équilibre entre la lumière, l’ombre ou les volumes que maîtrisait cet artiste méconnu. Georges Dorignac (1879 - 1925). Le trait sculpté Roubaix – jusqu’au 05.03.2017, La Piscine, mar > jeu : 11 h > 18 h, ven : 11 h > 20 h, we : 13 h > 18 h, 5,50 / 4 € /  gratuit (-18 ans), www.roubaix-lapiscine.com

Panorama 18

Indices d’Orient

Durant plusieurs mois, les 48 étudiants du Fresnoy ont peaufiné leur projet de fin d’année, réalisant leurs œuvres sans autre contrainte qu’un espace et un budget. Installations sonores, courts-métrages, sculptures robotiques ou vidéos interactives se répondent. Elles dévoilent des visions poétiques, comme écriture divine (Chia Wei Hsu) qui narre la légende taïwanaise du dieu grenouille, ou plus politiques, telles ces réalisations évoquant les camps de réfugiés.

Variant les sujets et les techniques, ce parcours présente un Orient réel ou fantasmé, saisi par 13 vidéastes. On y découvre des œuvres poétiques, telle l’éclosion d’un pissenlit accélérée artificiellement, ou plus politiques. Citons Tehran-Geles, soit un survol nocturne au-dessus de Los Angeles. Ces images de mégalopole futuriste sont truffées de messages publicitaires en persan, figurant ce qu’aurait pu devenir Téhéran si l’américanisation des années 1970 s’était poursuivie.

Tourcoing – jusqu’au 31.12, Le Fresnoy, mer, jeu & dim : 14 h > 19 h, ven & sam : 14 h > 20 h, 4 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.lefresnoy.net

Tourcoing – jusqu’au 08.01.2017, MUba Eugène Leroy, tlj sauf mar : 13 h > 18 h, 5 > 3€ / gratuit (-18 ans), www.muba-tourcoing.fr

Luc Tuymans. Prémonitions à une époque saturée d’images, Luc Tuymans est un artiste nécessaire. Son travail reste toutefois méconnu en France. Le LaM répare cet impair en présentant l’un des plus grands peintres belges contemporains, et une démarche unique. Derrière chaque tableau, aquarelle ou estampe il y a en effet, toujours, une photo dénichée dans la presse, sur le web… En la modifiant, l’artiste nous livre son point de vue sur des représentations (de l’histoire et de l’actualité) qu’il considère comme biaisées. Villeneuve d’Ascq - jusqu’au 08.01.2017, LaM, mar > dim : 10 h > 18 h, 10 > 7 € / gratuit (-12 ans), musee-lam.fr

Portrait de femme au chignon © Galerie de Bayser / Courtoisie Galerie Malaquais, Paris / Laurent Lecat

Exposition – Sélection 84



Théâtre & danse – Rencontre 86

RACHID OURAMDANE Emporté par la foule Propos recueillis par Marine Durand Photo Portrait Rachid Ouramdane © Géraldine Arestean / Tenir le temps © Patrick Imbert

Dans Tenir le temps, sa dernière création présentée en clôture du Next festival à Courtrai, Rachid Ouramdane explore le motif de la foule, mettant en scène 16 danseurs pris dans un tourbillon de mouvements. En 20 ans, le chorégraphe et co-directeur du CCN2 de Grenoble (avec Yoann Bourgeois) a fait du témoignage le socle de productions très politiques. Il s’interroge aujourd’hui, de manière plus abstraite, sur la place de l’individu face au groupe. Entretien avec un artiste engagé.


Comment avez-vous débuté la danse ?

« Je veux porter la voix de ceux que l’on n’entend pas »

Par le hip-hop, quand j’étais préadolescent, dans mon quartier de Cran-Gevrier (Haute-Savoie) où mes parents ont emménagé au début des années 1970. à l’époque, la discipline ne s’enseignait pas dans les écoles… Tout se passait dans la rue et ce n’est qu’à 15 ans que j’ai suivi mon premier cours de danse moderne, à la MJC d’Annecy.

combattu pour la France et a connu les tortures avant d’arriver sur le sol français. L’histoire de mes parents explique cette volonté de porter la voix de ceux que l’on n’entend pas.

Ces cours ont-ils été déterminants dans votre carrière ?

Vos premiers spectacles comportent d’ailleurs un aspect documentaire…

C’est plutôt lorsque que je suis entré au conservatoire de Grenoble que j’ai décidé de faire de la danse mon métier. Mes racines tiennent aussi une place importante dans mon parcours. Mon père est algérien, il a

Il est vrai que durant une dizaine d’années j’ai enrichi ma recherche chorégraphique de témoignages. Peu après les émeutes dans les banlieues en 2005, j’ai eu envie de donner la


parole à ces jeunes des quartiers que l’on n’écoutait pas. Cela a donné Surface de réparation, une pièce mettant en scène des adolescents sportifs de haut niveau. J’ai aussi interrogé des victimes d’actes de barbarie (Des témoins ordinaires), des réfugiés climatiques (Sfumato). Mais cela ne relève pas tant du documentaire que de l’art. à travers l’art du geste on peut exprimer des choses que les mots ne disent pas.

un solo, j’ai eu envie d’explorer la figure de la foule. Mais finalement, cette réflexion rejoint la précédente : chaque individu cherche son rapport au groupe. Comment arrive-t-on à produire une intelligence collective ? Ou à l’inverse, comment un groupe parvient-il à broyer l’individu ?

« Chaque individu cherche son rapport au groupe »

En ce sens, Tenir le temps ne se démarque-t-il pas de vos précédents spectacles ?

Que verra-t-on sur scène ?

Il s’inscrit dans la continuité de Tout autour (2014), créé avec 24 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon. Après avoir réalisé beaucoup de pièces centrées sur des individus,

Des jeux de force et de vitesse, des déplacements, des motifs chorégraphiques. Une énergie unique se dégage et montre qu’être ensemble favorise le dépassement de soi.


« Être ensemble favorise le dépassement de soi »

Abordez-vous une phase moins politique ? POLICES !, que j’ai créé en 2013 à partir d’un texte de Sonia Chiambretto, constitue la charnière entre ces deux périodes. Ce spectacle au contenu politique marqué faisait appel à une quarantaine de citoyens des villes où nous nous arrêtions, ainsi qu’à une chorale d’enfants. Mais on y trouvait déjà le motif de la foule, et des jeux de tension renvoyant à l’émeute, à la révolte, aux manifestations. Tout autour et Tenir le temps prolongent certains questionnements, de manière plus abstraite. Je reviens au mouvement pur, avec ce traitement formel très dansé.

Vous avez signé une tribune dans Libération fin septembre sur le manque de diversité dans la culture en France. Pourquoi ? Notre multiculturalisme n’est plus à démontrer mais, dans les faits, on constate que des professionnels issus de la diversité ne sont pas sur les plateaux. Comment expliquer qu’après des années de programmes d’accès à la culture, le théâtre français soit aussi peu représentatif de la population ? Comment se fait-il qu’au moment de distribuer un acteur de couleur, on se pose la question du sens ? Il y a une vraie forme de discrimination, passive, de la part des directeurs de théâtre. Même si certains dépassent ces questions, et mettent en scène une Juliette pakistanaise ou un Roméo afro-américain. Tenir le temps Courtrai – 03.12, Schouwburg, 21 h, 21 / 19 / 8 €, www.nextfestival.eu


Théâtre & danse – Portrait 90

DAMIEN JALET L’explorateur Texte Marie Pons Photo Portrait Damien Jalet © Koen Broos Yama © Brian Hartley

à Bruges, le festival December Dance met en lumière la scène chorégraphique britannique et sa belle pluralité, à l’heure du Brexit. Le chorégraphe Damien Jalet y signe une collaboration avec le Scottish Dance Theatre. L’occasion de se pencher sur la personnalité d’un touche-à-tout en perpétuel mouvement.


D

amien Jalet nous accorde un moment depuis l’Italie. Il y chorégraphie de grandes scènes pour le nouveau long-métrage du cinéaste italien Luca Guadagnino avec Tilda Swinton (Suspiria, dont la sortie est prévue en 2017). Rien d’inhabituel pour celui qui multiplie les collaborations prestigieuses. En témoigne sa version du Boléro créée pour l’Opéra de Paris en 2013, où Givenchy signe les costumes et Marina Abramović la scénographie. Bref, qu’il s’agisse de danse, de cinéma ou d’opéra… le Franco-Belge manifeste un goût sans limite pour la mise en scène. Damien a commencé par étudier le théâtre

à Bruxelles. Il a ensuite développé sa propre écriture avec D’avant, en 2002, pièce cosignée avec Sidi Larbi Cherkaoui dont il est un proche collaborateur.

Sur la route De son riche parcours de chorégraphe, il évoque plus particulièrement ses débuts chez Wim Vandekeybus, dont il garde une appétence pour une danse très physique, nourrie d’une énergie instinctive : « Ce côté passionnel reste une source d’inspiration, ça fait partie de moi » atteste-t-il. à l’opposé, il goûte aussi une approche plus minimaliste en s’envolant pour New-York.


Théâtre & danse – Portrait 92

Voyageur et insatiable curieux, Damien puise l’inspiration au gré de ses nombreux déplacements. Fasciné par les rites et les croyances il sillonne ainsi l’Asie, le Japon en particulier, où il trouve le terrain d’exploration de sa dernière pièce, Yama. Cette création sonde la mythologie de la montagne, l’abordant comme un espace sacré. Dans un décor épuré les interprètes, vêtus de grands masques tissés de crins de chevaux surgissent et disparaissent dans un trou creusé dans le sol. Ils forment une sorte de créature sculpturale qui se taille un chemin vers l’humanité. « Il y a là l’idée de passer

par les enfers pour trouver l’élévation, une forme de renaissance » explique-t-il. Ce qui continue à l’inspirer au fil du temps ? « Les îles volcaniques ! Le paysage y est puissant, imprévisible ». Tout à son image.

Yama Bruges – 09.12, MaZ, complet ! – December Dance Bruges – 01 > 11.12, Concertgebouw, www.concertgebouw.be – Babel 7.16 (Sidi Larbi Cherkaoui & Damien Jalet) Louvain – 18.01.2017, Stuk Kunstencentrum Genk – 09.03.2017, C-Mine Cultuurcentrum

à visiter : www.damienjalet.com



Théâtre & danse – Sélection 94


Halka Le grand saut

Texte Julien Damien Photo Christian Ganet

Des pyramides humaines, des roues qui ne semblent jamais s’arrêter, des sauts dans le vide dignes d’un écureuil et puis des chants, des danses, des rires… Avec Halka, le Groupe Acrobatique de Tanger se joue de la pesanteur avec poésie, et nous raconte l’histoire d’un art ancestral.

Au Maroc subsiste une tradition de l’acrobatie aussi ancienne que méconnue. Celle-ci est née au xve siècle et son « Saint Patron » est le sage soufi Sidi Ahmed Ou Moussa. à cette époque, la voltige a une vocation guerrière. « Les combattants de cette confrérie dressaient des pyramides humaines pour espionner l’ennemi au-delà des murailles ou surveiller les voleurs au lointain » souligne Sanae El Kamouni, directrice du Groupe Acrobatique de Tanger. L’autre caractéristique de cet art réside dans l’exécution de la roue arabe, figure faisant tourner le corps de l’interprète sur lui-même à l’infini. « Plus tard, ces guerriers se sont mués en artistes, plusieurs familles marocaines ont alors perpétué cette tradition, de génération en génération ». C’est le cas des Hammiche, découverts il y a 11 ans par Sanae et le chorégraphe toulousain Aurélien Bory. ☞


La rencontre eut lieu sur la plage de Tanger, « où se retrouvent les acrobates du pays, les agents du cirque les recrutant là-bas ». Le projet de Sanae et d’Aurélien est inédit. « Certes, il s’agissait pour nous de valoriser ce patrimoine en voie de disparition mais en lui donnant un nouveau souffle, grâce à la création contemporaine ». Ainsi naquit le Groupe Acrobatique de Tanger. Clowns tristes Cette troupe de 14 acrobates raconte sa propre histoire dans Halka, mot arabe signifiant « cercle », mouvement central de la pièce. Sur un plateau nu, ils narrent leurs débuts sur la plage où ils apprirent l’exécution de la roue attachés à leur maître par une ceinture. Ils évoquent la destruction de leur lieu de travail, cette fameuse Lille – 05 & 06.12, Le Grand Sud, complet !, www.leprato.fr digue de Tanger désormais rasée pour laisser Valenciennes – 09 > 11.12, place à une Marina, lors d’une scène poétique Le Phénix, ven : 20 h, sam : 19 h, dim : 16 h, 23 > 10 €, www.lephenix.fr où le sable s’écoule du ciel… Ils nous parlent Dunkerque – 16 > 18.12, aussi de leurs amis qui ont tenté de traverser Le Bateau Feu, ven : 20 h, sam : 19 h, dim : 16 h, 8 €, www.lebateaufeu.com la Méditerranée, espérant un ailleurs meilleur Bruxelles – 20 > 22.12, Halles de mais n’en revenant jamais… Drôle, triste et Schaerbeek, 20 h, 20 > 10 €, www.halles.be diablement spectaculaire, Halka dépeint la Turnhout – 09 & 10.05.2017, Kapel vie de ces artistes singuliers avec ses bas, ses Merksplas Kolonie, 20 h 15, 24 > 12 €, www.warande.be combats et ses très, très hauts.

en famille



© Manuelle Toussaint

© Matthieu Dortomb

Baptiste Lecaplain

Hyacinthe et Rose

Dans Origines, son deuxième spectacle, Baptiste Lecaplain nous raconte son enfance : de sa timidité maladive à ses ennuis avec sa prof de musique (« comment voulez-vous qu’on respecte une dame qui nous enseigne la flûte à bec ? »). Il enchaîne les gags absurdes, se moque de lui-même, imite des animaux bizarres dans un jeu proche du mime. Logique : il est fan de Courtemanche ou Dupontel – et des Girondins de Bordeaux… ça c’est de l’autodérision. J.D.

Hyacinthe le coco et Rose la catho sont mariés depuis 45 ans, et ne s’entendent sur rien... sauf sur l’amour des fleurs. L’un aime le vin rouge et les chants révolutionnaires. L’autre les mots-croisés et les cantiques. Leur petit-fils se rappelle les vacances qu’il vivait chez eux (la papy ivre-mort dans les marguerites, la tombe du chat sous les tulipes...). Accompagné d’un pianiste, François Morel conte avec humour cette histoire au parfum de nostalgie. J.D.

Calais – 08.12, Grand Théâtre, 20 h 30, 33 / 30 € Anzin – 09.12, Théâtre municipal, 20 h 30, 33,30 > 28 € // Arras – 10.12, Casino, 20 h 30, 33 / 30 € // Woluwe-Saint-Pierre – 31.01.2017, W : Halll // Jeumont – 03.02.2017, C.C. André Malraux

Valenciennes – 15.12, Le Phénix, 19 h & 21 h, 29 > 10 € // Huy – 16.12, Centre culturel, 20 h 30, 30 / 25 € // Wolubilis – 09 > 11.02.2017, Théâtre, 20 h 30, 41,50 > 29,50 € // Namur – 17 & 18.02.2017, Théâtre royal, 20 h 30, 26,50 > 8,50 €

Un meunier miséreux signe un pacte avec le diable qui lui promet la fortune en échange de ce qui se trouve derrière son moulin. Le pauvre hère croit céder son pommier... mais c’est de sa fille qu’il s’agit ! Pour échapper à la satanique vengeance, il coupe les mains de cette dernière, qui s’enfuit. La voilà partie pour un périple merveilleux... De ce conte cruel des frères Grimm, Olivier Py signe une pièce musicale drôle et touchante, pour petits et grands. J.D. Lille – 14 > 22.12, Théâtre du Nord, mar & mer : 20 h, jeu : 19 h, dim : 16 h, sam : 15 h & 19 h, 15 > 5 €, www.theatredunord.fr

© Christophe Raynaud de Lage

La jeune fille, le diable et le moulin



Théâtre & danse – Sélection 100 Bouvard et Pécuchet

Tourcoing – jusqu’au 17.12, Salon de Théâtre, mar & jeu : 19 h 30, mer & ven : 20 h 30, sam : 17 h, 20 > 8 €, www.lavirgule.com

Inconnu à cette adresse

Auguri

Michèle Lévy-Bram / Kathrine Kressmann Taylor

Olivier Dubois / Ballet du Nord

Martin vit à Munich, Max à San Francisco. L’un est allemand et l’autre juif américain. Ces deux amis galeristes ont pris l’habitude de s’écrire. Mais nous sommes en 1933, date de l’arrivée au pouvoir d’Hitler… Au fil de ces 19 courriers, le ton se durcit. Sur scène, derrière leur bureau, les deux comédiens (F. Lalanne et D. Pinon) s’expriment tour à tour. Qui est le bon, qui est le méchant ? écrite par Kressmann Taylor en 1938, cette histoire annonça avant tout le monde la montée de l’antisémitisme.

Après Tragédie, qui mettait en scène 18 corps nus, Olivier Dubois boucle sa trilogie étude Critique pour un trompe l’œil avec le tout aussi démesuré Auguri. Sur scène, 24 interprètes courent au son d’une musique synthétique et glaciale, s’évitent, se bousculent, se rejoignent… Ces 12 hommes et 12 femmes traduisent une urgence un peu folle, entre déséquilibre et rattrapages, mais poursuivent une seule et même quête : le bonheur.

Béthune – 06.12, Théâtre municipal, 20 h 30, 34 / 30 €, www.theatre-bethune.fr

Lille – 06 & 07.12, Opéra, 20 h, 23 > 5 €, www.opera-lille.fr

Est-ce que vous pouvez laisser la porte ouverte en sortant ? Sophie Rousseau / Antoine Lemaire / Cie La Môme

Elle ne reconnaît plus celui qui partage sa vie depuis tant d’années. Pour cause : elle souffre d’Alzheimer. S’il aborde le sujet de la maladie, ce texte d’Antoine Lemaire s’intéresse d’abord à l’amour, au vrai. Celui qui invite à regarder l’autre chaque jour comme si c’était la première fois. Fuyant le réalisme, soutenue par la vidéo, cette pièce envisage l’inéluctabilité de la maladie avec une grande délicatesse. Villeneuve d’Ascq – 06 > 15.12, La Rose des Vents, mar, mer, ven : 20 h (sf mar 13 : 21 h), lun, jeu, sam : 19 h, 21 > 13 €, www.larose.fr

© Frederic Lepretre

Jean-Marc Chotteau / Gustave Flaubert

Adaptation du roman de Flaubert, cette pièce créée en 1994 par Jean-Marc Chotteau rencontra un vif succès. La reprendre aujourd’hui semblait une évidence au regard du sujet : la bêtise humaine. L’histoire ? Deux copistes quittent la ville pour s’« échapper » du monde, à la campagne. Là, ils se mettent en tête de tout décortiquer : l’histoire, les sciences… Mais la stupidité de leurs analyses débouchent sur un fiasco… Tout le contraire de ce spectacle en somme ! Une œuvre de salut public.



Le mensonge Bernard Murat / Florian Zeller

Alice et Paul ont invité leur couple d’amis à dîner, Laurence et Michel. Problème : Alice a surpris Michel en train embrasser une autre femme, dans la rue. Doit-elle le dire à Laurence ? En tout cas, Paul (Pierre Arditi) fait tout pour l’en dissuader. Pourquoi ? A-t-il lui aussi quelque-chose à cacher ? à moins que ce ne soit Alice (Evelyne Bouix) qui le teste… Thème récurrent dans le vaudeville, le mensonge est ici élevé au rang d’art par Florian Zeller. © DR

Roubaix – 07 & 08.12, Le Colisée, 20 h 30, 46 > 15 €, www.coliseeroubaix.com Huy – 09.12, Centre culturel, 20 h 30, complet !, www.acte2.be

La Revue des Galeries 2016 Théâtre des Galeries

La troupe des Galeries aborde la fin d’année à grand renfort de sketches, chansons et chorégraphies. Ce savant cocktail est devenu au fil des ans une véritable institution. La Revue digère ainsi 2016 à la sauce caustique et satirique. Qu’elle soit belge ou internationale, sportive ou musicale : l’actualité est sacrément revue et corrigée ! Bruxelles – 07.12 > 29.01.2017, Théâtre des Galeries, 20 h 15, (sf le 31.12 : 19 h & 22 h 30) + matinées : 15 h (11 / 17 / 18.12 + 07 / 08 / 14 / 15 / 18 / 21 / 22 / 28 / 29.01), 29 > 11 €, www.trg.be

Caroline Vigneaux quitte la robe Ancienne avocate, Caroline Vigneaux a quitté la robe pour la scène, plaçant sa verve au service de l’humour. Corrosif, l’humour. Qu’elle détourne un karaoké chinois ou la musique catholique, elle n’épargne rien ni personne, et surtout pas les hommes. Comme dans ce sketch où elle explique avoir tourné une « sextape » avec son petitami, non pas pour l’émoustiller… mais pour lui montrer ce qui ne va pas (« mais enfin tu vois bien que là, il y a simulation ! »). On plaide la relaxe. Lille – 08.12, Théâtre du Casino Barrière, 20 h 30, 31 > 25 €, www.casinosbarriere.com

In Spite of Wishing and Wanting Wim Vandekeybus / Ultima Vez

Le chorégraphe flamand ressuscite son spectacle culte. Présenté pour la première fois en 1999, celui-ci avait bouleversé le public avec un langage scénique mêlant théâtre, danse et vidéo. Soutenue par un film (The Last Words) la pièce se penche sur le désir qui ronge un monde peuplé d’hommes. Sur scène, les comédiens galopent tels des animaux sauvages, accompagnés par une musique signée David Byrne (Talking Heads), pour un résultat aussi beau qu’hypnotique. Amiens – 13.12, Maison de la Culture, 20 h 30, 29 > 13 €, www.maisondelaculture-amiens.com Ypres – 05.02.2017, Het Perron, 20 h 15, 25 > 18 € // Louvain – 16 & 17.02.2017, 30 CC, 20 h, 30 > 22 €



Théâtre & danse – Sélection 104

© Stephane de Bourgies

Patrick Timsit « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui… Par exemple, on peut faire une bonne blague nazie, mais qu’avec des nazis ». On l’aura compris, Patrick Timsit manie l’antiphrase avec un humour politiquement (très) incorrect, mais pas excluant pour un sou. Ce clown souvent dérangeant ne ménage personne : les racistes, les Arabes, les Juifs, les Africains, les Roms (« on n’ a pas vocation à tous les accueillir »), les handicapés… mais pas les djihadistes. « Je n’ai pas trouvé de vannes sur eux… ». Lille – 14.12, Théâtre Sébastopol, 20 h, 44 > 23,80 €, www.theatre-sebastopol.fr Bruxelles – 15.12, Cirque Royal, 20 h, 45 > 35 €, cirque-royal.org

Ça ira (1) Fin de Louis

Traces

Joël Pommerat / Cie Louis Brouillard

Les 7 doigts de la main

4 h 30 de spectacle et un thème hautement romanesque : la Révolution française. Dans cette succession de scènes comprises entre 1786 et les prémices de la Terreur (1792), les points de vue alternent entre le cœur du pouvoir et celui de l’Assemblée constituante, où les députés font l’apprentissage de la démocratie. Pommerat s’autorise des libertés avec l’Histoire, tel ce selfie raté avec le roi. Pour mieux mettre l’accent sur des valeurs républicaines remises en cause ?

Entre théâtre et acrobatie, humour et poésie, ces Montréalais réinventent le cirque avec génie. Créé en 2006 et présenté 1 800 fois dans 25 pays, Traces nous mène dans un abri de fortune constitué de morceaux de toile et de ruban adhésif. Dehors, une catastrophe menace. Face au désastre, la création demeure le dernier rempart pour nos sept personnages. Ils se confient au micro, escaladent des mâts, plongent dans des cerceaux, saisissant l’occasion de laisser une dernière… trace.

Calais – 16 & 17.12, le Channel, ven : 20 h, sam : 19 h 30, 7 €, lechannel.fr

Béthune – 17.12, Théâtre municipal, 20 h 30, 34 / 30 €, www.theatre-bethune.fr

Valérie Lemercier Sept ans après son dernier one-woman-show, Valérie Lemercier remonte sur scène. Pas besoin de décor ni d’accessoires pour ce sosie féminin de François Hollande (c’est elle qui le dit). Ici, ce sont les personnages, imitations et mimiques qui comptent. Du lascar à la coach sportive, en passant par le veuf qui raconte à son fils que sa mère n’était pas la dernière « pour aller à la sucette » (oui, c’est un peu cru), l’icône de l’irrévérence n’a pas – non plus – la langue dans sa poche. ROUBAIX – 17.12, Le Colisée, 20 h 30, 50 > 15 €, www.coliseeroubaix.com Bruxelles – 21 & 22.12, Cirque Royal, 20 h, 65 > 40 €, cirque-royal.org



© Adam Ross / www.facebook.com/ReasonsMySonCry

Le mot de la fin 106

Tom Murray ou Bill Hanks ? Le monde se divise en deux catégories : ceux qui reconnaissent dans cette photo Tom Hanks, et les autres qui distinguent la bouille de Bill Murray. On doit ce cliché en forme de casse-tête à une certaine Laura DiMichele Ross, qui s’est fait tirer le portrait avec son fiston en pleurs au côté du héros de… Un jour sans fin ! Eh oui, il s’agit bien de Bill Murray.




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