LM magazine 130 juin 2017

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N°130

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JUIN

2017

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GRATUIT

HAUTS-DE-FRANCE & BELGIQUE Cultures et tendances urbaines



sommaire

© Myimagine

LM magazine n°130 - Juin 2017

NEWS - 06 RENCONTRE - 10

Werchter, Main Square Festival, Couleur Café, Les Folies, Les Rutilants…

Dame nature

MUSIQUE - 60

Yolande Moreau

PORTFOLIO - 14 Magdiel Lopez Au jour le jour

DOSSIER SPÉCIAL FESTIVALS - 22 Part 1 : juin 2017

Latitudes Contemporaines, La Constellation Imaginaire, Cinémondes, Brussels Film Festival, Lille Piano(s) Festival, Faites de la Chanson, Graspop Metal Meeting, Best Kept Secret, Refugee Food Festival, Le Temps d’une Lune, Mon Inouïe Symphonie, La Bonne Aventure, Rétro C TRop, TW Classic, L’été au LaM, ARTour, Rock

DOSSIER BD - 78 Rétrospective Peyo, Astérix chez les Belges, Rendezvous de la BD d’Amiens

Princess Nokia, Real Estate, The Bats, Primal Scream, Richie Hawtin, Devendra Banhart, King Gizzard & the Lizard Wizard

EXPOSITION - 90

DISQUES - 68

THÉÂTRE & DANSE - 106

Maud Geffray, Boombox 2, DBFC, Dopplereffekt, When ‘Airy Met Fairy

LIVRES - 70 Fabcaro, X. Bétaucourt, B. Cadène et E.Cartier, Benoit Marchisio, Liel Leibovitz, Anne Jeanson

Givenchy, Tu sais ce qu’elle te dit...ma concierge ?!, Graffizm, Pierre Alechinsky, Au nom du foot, Carolyn Carlson, Agenda...

L’Amour et les forêts, Bled Runner, Toute ma vie, j’ai fait des choses que je savais pas faire, Comment moi je ?, Noetic et Icon, Chris Esquerre

ÉCRANS - 72

LE MOT DE LA FIN - 114

Creepy, Drôles d’oiseaux, Missions, American Gods

Vue plongeante

Luisa Azevedo


LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09 - fax : +33 (0)3 62 64 80 07

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Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Magdiel Lopez www.magdiellopez.com

Hugo Guyon info@lm-magazine.com

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Sonia Abassi redaction@lastrolab.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Mélissa Chevreuil, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Patricia Gorka, Magdiel Lopez, Raphaël Nieuwjaer et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT



NEWS Ces sculptures en forme de canettes froissées sont l'œuvre de Lei Xue. Baptisée Drinking Tea, cette série a été réalisée à la manière des vases de la dynastie Ming, en porcelaine blanche ornée de motifs bleus peints à la main. L'artiste chinois compare ainsi nos us modernes en matière de consommation de boissons à la cérémonie ancestrale du thé. Un petit conseil : ne les jetez pas sur la voie publique… www.artsy.net/artist/lei-xue

Pornfood Avant de causer barbecue (voir cicontre), en voilà un qu'on peut déjà mettre sur le gril. Tapas Magazine nous sert Donald Trump sur un plateau. Le mensuel culinaire espagnol a croqué le président des USA en "une" de son édition de mai, avec une banane, de la mortadelle et du chorizo. De quoi le rendre plus appétissant ? Ça se discute… tapasmagazine.es

© Tapas Magazine / DR

Drinking Tea, 2010 © Lei Xue

Boire et déboires


© Mario Ayala

Grillades rétros

Double impact

© Foreal studio

Vous êtes pressé(e)s ? Foreal a la solution pour gagner du temps. Dans sa nouvelle série Unsmart Devices, le studio de design allemand imagine une double utilité aux objets du quotidien : râpe à fromage-fer à repasser, sèchecheveux - chalumeau ou, comme ici, téléphone-plaque de cuisson. Pratique pour appeler mamie tout en préparant une omelette. Attention à la friture sur la ligne quand même ! www.weareforeal.com

The Onigiri Art © Yujia Hu

Voilà l'été ! Les nuages filent et le ciel s'éclaircit, on entend rugir les plaisirs de la vie comme… le barbecue, pardi ! Attention, pas d'impair. Pour se démarquer de la concurrence, rien de tel que ce rutilant modèle rose conçu par l'artiste Mario Ayala. Le petit plus ? L'objet est équipé de rétroviseurs, histoire de garder un œil sur l'apéro pendant la cuisson. s-a-d-e.la/mario-ayala.html

Shoe-shi On lui a bien répété de ne pas jouer avec la nourriture, mais Yujia Hu s'en fiche comme d'une guigne. Installé à Milan, ce chef italien aime les sushis et les baskets. En toute logique, il excelle aujourd'hui dans l'art du "shoe-shi". Ces grolles confectionnées en riz, algues et poisson cru sont les reproductions (presque) parfaites de modèles célèbres. Elles sont comestibles, mais pas très confortables… www.instagram.com/theonigiriart


Out of Disorder, (Brushes of World), 2015 © Takahiro Iwasaki

Œuvres au poil

© Leaf / DR

© Skipping Rocks Lab / DR

Bien mangé et bien bu ? Il est temps de se laver les dents. Hélas, trop tard ! Passé maître dans l'art de sculpter des œuvres miniatures avec les objets du quotidien (rouleaux de scotch, chaussettes…), Takahiro Iwasaki a confectionné avec les poils de ces brosses… des pylônes électriques. Voilà qui nous laisse bouche bée. www.artsy.net/artist/takahiro-iwasaki

Compte-gouttes

Bonnes feuilles

Une petite soif ? Gobez donc une bille d'eau. Aujourd'hui, rien de plus ringard que de boire à la bouteille, surtout si elle est en plastique – la plaie de notre belle planète. L'entreprise londonienne Skipping Rocks Lab a mis au point des capsules fabriquées à partir d'algues. Ces membranes peuvent contenir n'importe quel liquide, et sont surtout biodégradables. Emballant, n'est-ce pas ?

Après avoir avalé votre capsule d'eau, vous prendrez bien une merguez (cuite sur notre joli barbecue) ? On vous la sert dans une assiette en feuilles ! Conçus par l'entreprise allemande Leaf Republic, ces couverts sont entièrement composés de végétaux pressés, et ne mettraient que 28 jours à se dégrader (contre 400 ans pour le plastique !). Gare à ne pas déshabiller trop d'arbres, quand même…

www.skippingrockslab.com

leaf-republic.com



Écrans – Rencontre 10

YOLANDE MOREAU Quand le rire monte

Propos recueillis par Sonia Abassi Photo De toutes mes forces © Michaël Crotto / TS Productions / DR

Depuis Les Deschiens jusqu’à De toutes mes forces en passant par Séraphine, Yolande Moreau s’est imposée comme une artiste tout en relief. Actrice, mais aussi réalisatrice, la Bruxelloise collectionne les rôles et les récompenses avec une humilité qui force le respect. Après Guy Bedos l’an passé, le Brussels Film festival lui "fait sa fête" en juin (voir page 32). L’occasion rêvée de boire un p’tit verre de Gibolin !

Quelle adolescente étiez-vous ? Je ruais dans les brancards. Mais il y avait le contexte de l’époque, aussi, on était en plein mai 68. J’étais persuadée que le monde allait évoluer. J’en suis moins convaincue aujourd’hui. Je pensais que le mouvement hippie allait prendre de l’ampleur, qu’on allait vivre autrement… c’est assez utopique.

Avez-vous découvert le théâtre à ce moment-là ? Oui. J’ai suivi des cours de diction et de déclamation. J’ai réalisé mon premier spectacle avec Martine Wijckaert qui a fondé le théâtre de La Balsamine à Bruxelles. Puis j’ai été maman, très tôt, et suis revenue sur scène par le biais du théâtre pour enfants. On jouait dans des écoles


et ça m’arrangeait bien, j’avais les mêmes horaires qu’eux (rires). Enfin, après un passage chez les clowns, j’ai monté mon premier solo, plutôt pour adultes, cette fois (Sale affaire, du sexe et du crime, 1982). Comment êtes-vous passée du théâtre au cinéma ? J’ai obtenu un premier prix au festival de Rochefort qui m’a très vite portée sur le devant de la scène en France et au Canada. C’est ainsi que j’ai rencontré Agnès Varda, qui m’a proposé de jouer dans Sans toit ni loi (1985). Pendant le tournage, j’ai sympathisé avec Jacques Deschamps (son assistant réalisateur). Il m’a alors parlé de Jérôme Deschamps des Deschiens…

Comment avez-vous approché cette compagnie ? Un jour j’ai lu dans Libération un article dans lequel Jacques Deschamps regrettait qu’on gomme tous les défauts d’une personne dans les cours d’acteur. Ça me parlait totalement. J’ai eu envie de les rejoindre, j’ai écrit à Jérôme Deschamps qui m’a invitée à travailler avec lui. Ce passage dans cette compagnie vous a-t-il éloignée du cinéma ? En effet, je m’en suis détourné un long moment. Je suis quand même restée 12 ans chez Jérôme Deschamps, avec lequel on tournait tout le temps.


Écrans – Rencontre 12

En matière de cinéma, où va votre préférence ? C’est toujours une histoire de rencontre. Tout d’abord avec le scénario puis le réalisateur. Je pense qu’après Les Deschiens, on m’a prise pour la rigolote de service, on me proposait souvent des petits rôles et heureusement, Quand la mer monte a ouvert le jeu. Après cela, Martin Provost m’a appelée pour Séraphine. Vous êtes aussi passée derrière la caméra, avec Henri et Quand la mer monte, et avez réalisé en 2016 un documentaire sur les réfugiés de Calais, Nulle part, en France. De quoi s’agit-il ? C’est Arte qui m’a donné cette carte blanche. Je ne connaissais rien à l’exercice mais justement, il s’agissait d’apporter un autre regard, peut-être moins formaté. Face à cette montée des extrêmes, je devais accepter de prendre la parole. Il fallait mettre un visage sur ces destins si tragiques. J’avais aussi envie que les Calaisiens s’expriment et se rendent compte que ces migrants auraient pu être leur frère, leur ami, leur père… Justement, avant la présidentielle, on vous a entendue réciter un poème plutôt engagé à la radio… Oui. Pendant l’entre-deux tours, j’ai lu Étrange Étranger de Prévert

sur France Inter. Un texte salutaire alors qu’on assiste à la montée des extrêmes et au repli sur soi un peu partout en Europe.

« APRÈS LES DESCHIENS, ON M’A PRISE POUR LA RIGOLOTE DE SERVICE »

Vous nourrissez une appétence pour la poésie, n’est-ce pas? Sans être une férue, j’aime les mots. D’ailleurs, avec les Têtes Raides, on crée un spectacle à partir des poèmes de Jacques Prévert, que je trouve d’une grande actualité. J’apprécie ses vers populaires qui, en même temps, résonnent d’une étrange manière. On vous a vue dans De toutes mes forces (voir LM magazine 129) et vous serez bientôt à l’affiche de Crash Test Aglaé, pourriez-vous nous en parler ? C’est une comédie. L’histoire de trois filles dont l’usine est délocalisée en Inde. On leur propose d’y aller et, contre toute attente, elles acceptent. Je trouvais ça original. Il y a un beau casting, notamment Julie Depardieu avec qui je suis restée très proche, elle vient chez moi cet après-midi, d’ailleurs.


Quels sont vos projets ? Ce spectacle sur Prévert dont on a parlé plus tôt, avec les Têtes Raides. Cet été je tourne avec Delépine et Kervern et suis très heureuse de les retrouver. Il y aura aussi Jean Dujardin. Je vais ensuite jouer dans un film de Valeria Bruni-Tedeschi. Quel est le titre ? Heu… Je ne me rappelle, pas. Attendez… Non, je n’vois pas ! (rires)

De toutes mes forces De Chad Chenouga, avec Khaled Alouach, Yolande Moreau, Laurent Xu… En salle Crash Test Aglaé De Eric Gravel, avec Yolande Moreau, Julie Depardieu, India Hair… Sortie le 02.08 La fête à Yolande Moreau Brussels Film Festival BRUXELLES – 10.06, Théâtre 140, 20 h 30, 28 / 25 €, www.theatre140.be/la-fete-a-yolande-moreau


Portfolio – Portrait 14


Au jour le jour

➤ Retrouvez l’interview de Magdiel Lopez sur www.lm-magazine.com

À visiter www.magdiellopez.com

En 2016, Magdiel Lopez s’est lancé un défi : concevoir un poster par jour. Une décision radicale, mais nécessaire. « Je suis graphiste depuis l’âge de 15 ans et, avec le temps, la dimension artistique de mon travail s’estompait, ne créant plus qu’à des fins commerciales ». Frustrant. Surtout pour un jeune homme pas encore trentenaire qui a « toujours voulu traduire ses pensées en images », et grandi dans un pays où la liberté d’expression reste bridée. Né à Cuba, Magdiel Lopez a gagné les États-Unis avec sa famille en 2005, alors qu’il était adolescent – « après un voyage difficile par le Mexique, qui nous a valu quelques mois en prison ». Il vit aujourd’hui à Dallas. Ces affiches aux teintes pastel et fluo, souvent des portraits, reflètent les multiples sentiments de l’artiste. Et parlent à chacun d’entre-nous. « Elles sont à la fois pleines d’espoir, de tristesse ou de bonheur ». Tel ce type affublé de lunettes de soleil pleurant des rivières de larmes, ou cette jeune femme dont on devine des paysages intérieurs florissants. Ces créations surréalistes combinent photographies, collages et graphisme digital. Un brin stakhanoviste, ce fan de Dali et Matisse s’avère surtout un sacré autodidacte. « J’ai découvert les arts numériques à 13 ans. Vivant alors dans un pays aux ressources limitées, et sans accès à Internet, j’ai appris à utiliser seul les logiciels. J’essayais de reproduire les pages des magazines ou couvertures de livres ». Désormais Magdiel Lopez souhaite exposer ses œuvres et débuter une série de courts-métrages. En réalisera-t-il un par jour ?

MAGDIEL LOPEZ

Texte Julien Damien








Hilvarenbeek

Rotterdam C terb y Folk tone

Oo ende

Dover

13 23 20

C s Hardelot

12

Fle in

10

Berck

Bethune Lens

Lille

3 Ar s Dou y l Min

8 B uv s

Wavre Lie

24

30

Nam

27 Spa

Maubeu

luxembourg

Amiens

Rouen

cologne

Bruxell

11 2 29 17

Mons La Louviere

5

14

21 Wer ter 26

Kortrijk

4 6 31 2816

amsterdam

D sel

25 9 19 To coing 1 7 Roub x

Cambrin Oigni

22

twerpen

Brug

Dunkerque

15

Tilloloy Compiegne

Septmonts

18

Paris

1 – Le Temps d'une Lune, Pluridisciplinaire, jusqu'au 25.06, Métropole lilloise, p.42

8 – Z urban, Pluridisciplinaire, 07 > 11.06, Beauvais, p.28

2–D Festival, Danse, jusqu'au 10.06, Bruxelles, p.26

9 – L ille Piano(s) Festival, Musique, 09 > 11.06, Lille, Villeneuve d'Ascq… p.34

3 – L es Douchynoiseries, Théâtre, 03 & 04.06, Douchy-les-Mines, p.26

10 – M ais où va-t-on ?, Théâtre, 09 > 11.06, Fléchin, p.36

4–Y 'a pas l'feu, Musique, 03 & 04.06, Cambrin, p.28

11 – B russels Film Festival, Cinéma, 10 > 23.06, Bruxelles, p.32

5–C hez Oim Fest', Musique, 03 & 04.06, Noyellessous-Bellonne, p.28

12 – C inémondes, Cinéma, 10 > 17.06, Berck-surMer, p.32

6 – L a Constellation Imaginaire, Pluridisciplinaire, 06 > 18.06, Bassin minier du Pas-de-Calais, p.30

13 – L a Fête de l'Îlot, Musique, 10.06, Dunkerque, p.36

7 – L atitudes Contemporaines, Danse, 07.06 > 09.07, Lille, p.24

14 – G raspop Metal Meeting, Musique, 16 > 18.06, Dessel, p.38 15 – B est Kept Secret, Musique, 16 > 18.06, Hilvarenbeek, p.40


23

Festivals DOSSIER SPÉCIAL

16 – F aites de la Chanson, Musique, 17 > 25.06, Arras, p.36

25 – R efugee Food Festival, Solidaire, 25 > 29.06, Lille, p.42

17 – W acolor, Musique, 23.06, Wavre, p.42

26 – R ock Werchter, Musique, 29.06 > 02.07, Wechter, p.52

18 – F estival Pic'Arts, Musique, 23 & 24.06, Septmonts, p.50 19 – L 'été au LaM, Pluridisciplinaire, 24.06 > 17.09, Villeneuve d'Ascq, p.48 20 – M on Inouïe Symphonie, Pluridisciplinaire, 24 & 25.06, Dunkerque, p.44 21 – T W Classic, Musique, 24.06, Werchter, p.46 22 – Rétro C Trop, Musique, 24 & 25.06, Tilloloy, p.46 23 – L a Bonne Aventure, Musique, 24 & 25.06, Malo-les-Bains, p.44 24 – A RTour, Exposition, 25.06 > 10.09, La Louvière, Mariemont, Binche…, p.50

27 – H eroes Spa Tribute Festival, Musique, 29.06 > 01.07, Spa, p.50 28 – M ain Square Festival, Musique, 30.06 > 02.07, Arras, p.54 29 – C ouleur Café, Musique, 30.06 > 02.07, Bruxelles, p.56 30 – L es Folies. Monstres et Merveilles, Pluri, 30.06 > 02.07, Maubeuge, p.58 31 – L es Rutilants, Pluridisciplinaire, 01 .07, Oignies, p.58

Festival Rock Werchter © JOKKO (voir p. 52)

Pa rt 1 : ju in 20 17


Lisbeth Gruwez, We’re pretty fuckin’ far from okay… © Leif Firnhaber


Dossier – Festivals 25

Danse

Latitudes Contemporaines Quinze ans à la barre des Latitudes Contemporaines n’ont pas entamé la détermination de Maria-Carmela Mini à défendre une scène vivante, ouverte, et des artistes d’avantgarde. Le festival se penche cette année sur la diversité. « Un sujet récurrent dans le discours des politiques, que nous n’allions pas leur laisser ». Lumière sur une édition combative. Israël, Liban, Italie, États-Unis… Sur la vingtaine de spectacles présentés sur 11 scènes de l’Eurométropole, plus de la moitié ont été glanés hors de notre territoire. « Ce n’est pas intentionnel, mais ce que je voyais à l’étranger me semblait plus convaincant », expose la directrice artistique, rappelant qu’il est essentiel de soutenir la nouvelle génération en faisant fi des frontières. Les chorégraphes RADOUAN MRIZIGA et FOUAD NAFILI présentent chacun leur première création, évoquant respectivement la culture marocaine et la quête d’identité, tandis que l’Afghane KUBRA KHADEMI profite de son "pop-up performatif", une nouveauté 2017, pour dénoncer la « misogynie ordinaire ». Formes inédites L’audace se manifeste aussi sur le plan esthétique. « Il y a des formes que je n’avais jamais vues sur scène », relève Maria-Carmela Mini. Héritiers de Podemos, les Espagnols du collectif EL CONDE DE TORREFIEL se positionnent au carrefour du théâtre, de la littérature, de la danse et des arts plastiques pour porter un regard critique sur l’Europe. KATE MCINTOSH, habituée du festival, n’est pas en reste et sollicite avec In Many Hands tous les MÉTROPOLE LILLOISE, COURTRAI, sens des spectateurs (cf LM magazine 126). CONDETTE – 07.06 > 09.07, divers Toucher, écouter, sentir… La meilleure façon lieux, un spectacle : 10 / 5 €, pass 4 spectacles : 20 €, pass 6 spectacles : de s’ouvrir au monde ? Marine Durand 30 €, latitudescontemporaines.com

Sélection : Yuval Rozman : Sécur!té, Kubra Khademi : Pop-up performatif… (07.06) // El Conde de Torrefiel : Guerrilla… (07 & 08.06) // Cécilia Bengolea et François Chaignaud : DFS (08 & 09.06) // MP5 et Teho Teardo : Phantasmagorica (09.06) // Radouan Mriziga : 55… (09 & 10.06) // Fouad Nafili : Sarab "Mirage",

Colette Sadler : We are the monsters (10.06) // Bryan Campbell : Marvelous… (12.06) // Milo Rau : Hate Radio… (13 & 14.06) // Lisbeth Gruwez : We’re pretty fuckin’ far from okay… (15 & 16.06) // Kate McIntosh : In many hands… (16 & 17.06) // Yuval Pick : Hydre… (24 & 25.06)


So you can feel © Bart Stadnicki

D Festival

Danse

Pour la 7e édition de ce festival de danse contemporaine, Le Marni et le Théâtre Les Tanneurs ont trouvé un nouveau camarade de jeu : l’Espace Senghor. Pour le reste, rien n’a changé. À savoir : des chorégraphies détonantes, en prise avec les maux du monde. Pour exemple la barbarie des hommes dont SARA SAMPELAYO ET HAROLD HENNING offrent un kaléidoscope dérangeant (Odium). Ou encore la question de l’identité, saisie par PIETER ET JAKOB AMPE dans une ode à la liberté (So You Can Feel). BRUXELLES – 30.05 > 10.06, Théâtre Marni, Théâtre Les Tanneurs, Espace Senghor, pass 2 spectacles : 15 €, 1 spectacle : 12 > 5 €, www.theatremarni.com // www.senghor.be // lestanneurs.be Sélection : Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre : Le Terrier, Sara Sampelayo & Harold Henning : Odium (30.05 > 01.06) // Fannie Falk, Gilles Gobert & Véronique Delcambre : récital piano-danse (06.06) // Karine Pontiès : La Peau de l’ombre, Élodie Donaque : Eymen (06 > 08.06) // Marielle Morales & Mala Hierba : Rushing Stillness (07.06) // Pieter & Jakob Ampe : So You Can Feel (08>10.06)

Les Douchynoiseries

Théâtre

© Compagnie Aquacoustique

Des spectacles de rue, du cirque, des concerts… et quelque 17 compagnies. Parmi toutes ces propositions, on note la création conjointe de LA VACHE BLEUE ET LA ROULOTTE RUCHE. L’ambassade raconte l’arrivée en ville de la déléga- DOUCHY-LES-MINES – 03 & 04.06, samedi à L’imaginaire et dimanche au Parc Maingoval, sam : 17 h, dim : 14 h 30, tion officielle d’un pays méconnu : la gratuit, douchy-les-mines.com Polystirénie. La reine ainsi que son Sélection : Cie des Baltringues : Commune révolte, Cie orchestre semblent coupés de notre Detournoyment : Brut... (03.06) // Collectif La Girafe : Radio active, Cie Aquacoustique : Concert'eau en duo civilisation depuis des lustres. On leur nageur, Cie La Baleine Cargo : Le cimetière itinérant offre ici l'hospitalité et on partage leurs des canapés, La Clé des Chants : Opérabus, Cie la Boussole : De l’exploit et du risque, Cies La Roulotte coutumes, chants et danses. Ruche et La Vache Bleue : L’ambassade... (04.06)



© Jérôme Bujakiewicz

© DR

Musique

Musique

Chez Oim Fest'

Y'a pas l'feu

Parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Julien Candas organise son festival chez lui, dans sa grange. Quatre éditions plus tard, on y est toujours aussi bien reçu. Les Lillois de HERE’S TO THE LION ont trouvé dans ce joli coin de campagne le cadre idéal pour leur folk intimiste, tandis que LABOTANIQUE y cultive un mélange raptronica planant. Quelqu’un a-t-il prévenu les voisins ?

Mis sur pied par l'association Droit de cité, déjà responsable des Enchanteurs, ce festival sous chapiteau revendique une certaine nonchalance, qui plus est dans un chouette coin de verdure. Si le conseil tient pour les rastas de JAHNERATION, difficile de rester complètement zen face aux fougueux MASS HYSTERIA. Bref, y'en aura pour tout le monde.

NOYELLES-SOUS-BELLONNE – 03 & 04.06, 6 rue de Tortequenne, sam : 19 h 30, dim : matinée, 1 jour : 7 €, pass 2 jours : 12 €, gratuit (-12 ans), www.chezoimfest.fr Sélection : Here’s To The lion, Dez Mona (03.06) // Randolive (parcours musical), Grand Morse, LaBotanique, Donnerwetter (04.06)

CAMBRIN – 03 & 04.06, stade municipal (sous chapiteau), sam : 17 h, 21 > 15 €, dim : 16 h, 16 > 10 €, pass 2 j. : 30 / 20 €, www.festival-yapaslfeu.com Sélection : Unswabbed, Paranoid, Linecrusher, Space Alligators, Capanga, Mass Hysteria (03.06) // Rutabaska, Bab El West, Monsieur Roux, Thomas Albert Francisco, Les rappeurs en carton, Jahneration (04.06)

Zurban

Pluridisciplinaire

N'en déplaise à DEMI PORTION, dont le style lettré n'est pas sans rappeler Fabe, ici on ne fait pas les choses à moitié quand il s'agit de "cultures urbaines". Battle de danse hip-hop, ateliers mix, scratch ou light painting, cinéma (Rize), concert pour les enfants... BEAUVAIS – 07 > 11.06, L’ouvre-boîte, mar : 9 h 30 > 12 h & 13 h 30 > 19 h, mer : 9 h > 12 h & 13 h 30 > 19 h, jeu & ven : 13 h 30 > 19 h, sam : 13 h 30 > 18 h, 12 > 4 € / gratuit, www.asca-asso.com Sélection : Da Titcha : concert rap dès 6 ans (07.06) // David LaChapelle : Rize (07, 10 & 12.06) // Atelier light painting (07 & 10.06) // Concert Demi Portion + Pumpkin & Vin’s da Cuero + Fanko, Introduction au rap et au beatmaking, Atelier danse hip-hop, Atelier mix et scratch (10.06) // Battle de danse hip-hop All4One Bvs (11.06)



La Constellation Imaginaire Pluridisciplinaire

25 compagnies investissent six communes du BASSIN MINIER DU PAS-DE-CALAIS (Douvrin-le-Marais, Annequin, Rebreuvebassin minier durant une semaine, pour livrer près Ranchicourt, Annezin, Cité des provinces de 60 représentations. Du cirque, du théâtre, de à Lens, Base 11/19 à Loos-en-Gohelle) – 06 > 18.06, divers lieux, gratuits, la musique et de la danse, joués à même le macawww.culturecommune.fr dam, les pavés ou l’herbe… Soit autant d’occasions de sortir de chez soi, et surtout des sentiers battus. L’expression est maintes fois rabâchée mais n’a rien de galvaudée ici, tant les artistes magnifient l’espace public. Dans Wrzz, la COMPAGNIE 26 000 COUVERTS transforme le parvis de la salle des fêtes d’Annezin en théâtre burlesque et sonore. On y voit un homme un brin maladroit dont chaque action est agrémentée d'un bruit, dans un solo absurde et poétique digne de Buster Keaton. Tandis qu’à Loos-en-Gohelle le COLLECTIF [KOMYNREVOLT] invite les passants à la révolte, la KTHA COMPAGNIE nous convie à nous serrer dans une toute petite arène, improvisée en face du gymnase d’Annezin. Il s’agit ici de se poser 1001 questions sur l'amour, la vie… Enfin, NOËL FOLLY, "le fou du quartier", distribue des prospectus de Loos-en-Gohelle à Lens, embarquant les habitants dans une drôle de tournée… Oui, l’aventure est définitivement au coin de la rue. Julien Damien Sélection : Douvrin-le-Marais, Annequin et RebreuveRanchicourt – Muchmuche Company : Libreté, L’Art Osé : Jacqueline et Marcel jouent L’Ours de Tchekhov… (06 >  08.06) // Annezin – Ktha compagnie : (nous), L'Autre Main : Les attractions extraordinaires de la femme chapiteau, 26 000 Couverts : WrZZ, Collectif La Méandre : Douter de mes propres appuis…(09 & 10.06)

// Annezin – Compagnie Dyptik : D-Construction (10.06) // Lens – Concert de Mazalda… (17.06) // Loos-en-Gohelle – Garniouze inc. : Je m'appelle…, Le Bar à Mômes : La Piscine Minicipale, Métalu à Chahuter : La Chose à voir, Collectif [komynrevolt] : Commune Révolte, Compagnie La Hurlante : Regards en biais… (18.06)

Bruissements de pelles © Yumi Rigout

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Brussels Film Festival

Mariage à l'italienne © DR

Cinéma

Cinémondes

Cinéma

« Je crois beaucoup à la générosité de la vie », disait MASTROIANNI. Ça tombe bien, Cinémondes célèbre ici sa mémoire. Le mythique interprète de Marcello dans La Grande Bouffe est au cœur de cette 13e édition. Fellini, Visconti, Antonioni… c’est une filmographie légendaire que l’on (re)découvre. Entre autres invités d’honneur (JEANFRANÇOIS LAGUIONIE, SAM LOUWYCK) citons la venue de PIERRE LHOMME, grand directeur de la photographie du 7e art français (L’Armée des ombres, Camille Claudel…). Il ouvre le festival avec un film-surprise, tourné dans les Hauts-de-France. Au total, ce sont 50 films internationaux qui sont projetés… le tout à quelques mètres de la plage. Bref, La Dolce vita. S.A.

Victime d'une baisse de subsides, le festival réduit la voilure. La compétition disparaît au profit d'un programme dédié au cinéma européen. Mais on se rassure, de belles rencontres sont maintenues comme celle avec YOLANDE MOREAU (voir interview page 10) ! En tant qu'invité d’honneur, CÉDRIC KLAPISCH dispense quant à lui une très attendue leçon de cinéma avant de lancer la rétrospective de ses œuvres. Autre (immense) figure mise à l’honneur : JEAN-PIERRE MELVILLE, dont on découvre une sélection de films restaurés (L’Armée des ombres, Le Cercle rouge…). Enfin, on raffole des projections gratuites de plein air rappelant la grande époque des cinémas de quartier (Moi, Daniel Blake, au hasard). J.D. BRUXELLES – 10 > 23.06, Cinematek, Flagey / Place Sainte-Croix, Théâtre 140, White Cinema, 1 film : 7,50 €, pass 5 films : 25 €, cinéma en plein air : gratuit, La fête à Yolande Moreau : 28 / 25 €, www.brff.be Sélection : La fête à Yolande Moreau (10.06) // Leçon de cinéma et rétrospective de Cédric Klapisch (16.06) // Rétrospective Jean-Pierre Melville (11 > 29.06) // Cinéma en plein air : Julietta (14.06), Mr Holmes (15.06), Comment c’est loin (16.06), Quand la mer monte (18.06), King of the Belgians (19.06), Moi, Daniel Blake (22.06), Florence Foster Jenkins (23.06)…

Sélection : Leçon de cinéma avec Pierre Lhomme (11.06) // Hommage à Marcello Mastroianni (11 > 17.06) // Rétrospective Jean-François Laguionie (12 > 15.06) // Rétrospective Jean Rouch (13 > 17.06) // Rencontre avec J.-F. Laguionie (14.06)…

© DR

BERCK-SUR-MER –10 > 17.06, Cinéma Cinos (+ MONTREUIL/MER, CALAIS, BOULOGNE/MER, FORT MAHON), 1 séance : 4 > 2,50 €, pass Cinémondes (50 films) : 40 > 25 €, pass journée (5 films) : 10 > 6 €, Leçons de cinéma : gratuit, www.kdiffusion.com



Enhco et Serafimova Š SÊbastien Vincent


Dossier – Festivals 35 Musique

Lille Piano(s) Festival Quatorzième édition déjà pour Lille Piano(s) Festival, et un principe bien rodé : des concerts en tous genres, répartis aux quatre coins de la métropole et au-delà. À la baguette, Jean-Claude Casadesus nous dévoile le programme d'un « kaléidoscope sonore et musical » au succès jamais démenti. « Des concerts symphoniques aux récitals de musique de chambre, des standards de jazz et de classique en passant par l'électronique, ce festival révèle le piano dans tous ses états », insiste le fondateur de l'onl. De l'accordéon jusqu'au marimba (xylophone africain), on découvre aussi toutes sortes de claviers, d'instruments, pour autant de rencontres rares (telle celle entre THOMAS ENHCO et la percussionniste bulgare VASSILENA SERAFIMOVA). Ce marathon musical est placé sous le signe de Mozart, "parrain" de cette édition. Une cinquantaine d'artistes, des étoiles montantes (l'Islandais VÍKINGUR ÓLAFSSON) aux « grandes stars du piano », apportent ici leur(s) touche(s) en moins de trois jours. Le son et l'image Parmi ces virtuoses, citons l'Américain NICHOLAS ANGELICH, la Russe ELENA BASHKIROVA ou MIKHAIL RUDY, lequel associe musique et images autour des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, à partir d’esquisses de Kandinsky. Dans ce même esprit synesthésique, Chassol est attendu pour un récital sonore et visuel dont il a le secret. Au centre de son Animal conducteur, on retrouve… Jean-Claude LILLE – 09 > 11.06, Nouveau Siècle, Casadesus. « Je n'ai pas encore vu son film, Palais des beaux-arts, Conservatoire, Gare Saint Sauveur, Maison natale mais il paraît qu'on m'y voit d'une façon répéCharles de Gaulle + VILLENEUVE D'ASCQ titive exercer ma coupable industrie », s'amuse – Forum départemental des sciences + SAINT-JANS-CAPPEL – Villa Marguerite le principal l'intéressé, maestro d'un rendez-vous Yourcenar, 24 > 5 € / gratuit, pass 10 € éblouissant. Julien Damien (donne accès à tous les spectacles au tarif réduit), lillepianosfestival.fr

Sélection : Mozart : Concerto pour piano n°21 en Ut majeur (concert d’ouverture de l'onl avec Elena Bashkirova & Stephen Hough sous la dir. de J.-C. Casadesus), Éric Legnini, Víkingur Ólafsson (récital hommage à Philip Glass)… (09.06) // Philippe Bianconi (récital Schumann), Variations pour accordéons, Piano et Bretelles (Sur un air de danse), Thomas Enhco & Vassilena Serafimova (récital piano et marimba), Thomas Enhco & Ismaël Margain, Yannic Seddiki,

Chassol (Animal conducteur), Denis Chouillet & PierreYves Macé (récital piano et nouvelles technologies Song Recycle)… (10.06) // The Amazing Keystone Big Band (Le Carnaval jazz des animaux), Mikhail Rudy (récital piano et images), concert des lauréats du concours du Brin d'Herbe, Poulenc : Concerto pour deux pianos et orchestre (concert de clôture de l'onl avec Hélène Mercier, Louis Lortie & Nicholas Angelich sous la direction de J.-C. Casadesus)… (11.06)


An Pierlé © Kaat Pype

Le Bato Fracas © Fabrice Roque

Théâtre

Musique

Mais où va-t-on ?

Faites de la Chanson

Mais où va-t-on du 9 au 11 juin ? À Fléchin, pardi ! Enfin, pour peu qu'on apprécie les arts de la rue, la musique ou repenser le monde devant des spectacles inventifs. Pour n'en citer qu'un : LE BATO FRACAS. L'histoire vraie de matelots au chômage qui ont transformé leur bateau en "boîte à Crincrin". Une drôle de scène mouvante où ils dépeignent une fresque ouvrière sensible et pertinente.

Changement de refrain pour l'excellent festival arrageois qui, pour sa 13e édition, cultive un thème unique : la Belgique. Forcément, ARNO et AN PIERLÉ sont de la partie. Ce rendez-vous éminemment convivial a les moyens de vous faire chanter. Tous les jours, la "boîte à chansons" invite les plus téméraires à se produire sur scène entourés de musiciens profesionnels. Et, qui sait...

FLÉCHIN – 09 > 11.06, l'Arrêt-création, ven : 19 h, sam & dim : 10 h, ven : 5 / 3 €, sam ou dim : 15 / 10 €, pass sam & dim : 20 / 15 € /grat.(-12 ans), l-arret-creation.fr Sélection : Cie Fatras : G.A.S.T.O.N, Cie Tout le Monde Dehors ! : Hernani by Night... (09.06) // Cie Métalu à Chahuter : Le Bato Fracas, Cie Les Invendus : Accrochetoi si tu peux... (10.06) // Cie Zapoï : Chat / Chat, Typhus Bronx : Le Delirium du Papillon, Ljuba de Angelis & Matrupix : Dallu Culla Alla Vasca... (11.06)

ARRAS – 17 > 25.06, Théâtre d’Arras, Hôtel de Guînes, Casino, Le Pharos, Université d’Artois, Cinémovida, concert d'Arno : 30 / 20 €, autres concerts : 20 / 10 €  + concerts gratuits ("Les heures avec"...), didouda.net Sélection : Arno (17.06) // V. Delbushaye et C. Semal (18.06) // Claire Spineux (19.06) // Jules and Jo's et Antoine Hénaut (20.06) // Fête de la musique "boîte à chansons géante"... (21.06) // Sages comme des Sauvages (22.06) // An Pierlé (23.06) // Bortsch Orkestra... (24.06) // Together ensemble : autour de la belgitude (25.06) + "Les heures avec" (concerts gratuits)

La Fête de l'Îlot

Musique

On n'est pas bien là, à la coule, sous le toit voûté des 4 Ecluses ? Le spot idéal pour entrer en transe à l'écoute des riffs hypnotiques d'ELECTRIC ELECTRIC, avant d'embrayer avec l'electro-soul de WOODINI. À l'extérieur, au bord de l'eau cette fois, la fusion rock-hip-hop de PSYKOKONDRIAK met le feu. Gaffe quand même, l'endroit est une ancienne poudrière. DUNKERQUE – 10.06, Les 4 Ecluses, 18 h, gratuit, 4ecluses.com // Sélection : Kill Me This Monday, Fake Off, Psykokondriak, Yolk, Ohayo, Temenik Electric, De Saturne, Electric Electric, Woodini, Kimberley Tartines, Mr Pepper



Sepultura © DR


Dossier – Festivals 39

Musique

Graspop Metal Meeting Les musiques extrêmes et le metal en particulier rassemblent, d'après une récente étude, les fans les plus loyaux. Sans doute pourquoi le Graspop Metal Meeting incarne, depuis deux décennies, une véritable et vénérable institution du décibel. Avec, comme chaque année, son affiche incroyable, entre nouveaux venus et valeurs sûres. Trois jours, ça passe vite. Trop vite. Surtout si l'on compte les heures gâchées à chercher les amis perdus, les pauses au bar, les allers-retours au camping qui génèrent, eux aussi, leur lot d'arrêts-boisson… N'empêche, sur 72 heures, vous semble-t-il possible d'assister à, disons, quatre concerts ? Si oui, alors vous ne manquerez évidemment pas SEPULTURA. Figures de proue du death metal, les Brésiliens ont sorti le genre de sa confidentialité relative en le mêlant à des rythmes traditionnels sud-américains et, croyez-le ou non, mais ils passaient jadis en boucle sur Fun Radio… Line-up vénère Un privilège que les Français de GOJIRA, adulés partout dans le monde sauf dans l'Hexagone, ne sont pas près de connaître, hélas. Qu'importe, les Landais s'en fichent un peu, préférant recevoir des compliments de Lars Ulrich (le batteur de Metallica) que de Nagui. On les comprend. Enfin, on ne manquera pas de rejoindre d'autres revenants comme MINISTRY – l'occasion de rappeler que ce totem de la scène indus a débuté dans la synthpop, chez Wax Trax. Et puis, saluons le retour des Californiens énervés (et un peu ridicules aujourd'hui, on l'avoue) de SUICIDAL DESSEL – 16 > 18.06, Plaine de Dessel, 1j : 95 €, pass 3 j : 195 €, TENDENCIES – l'ancien groupe de Thundercat, www.graspop.be pour le dire vite. Trop vite ! Thibaut Allemand

Sélection : Blue Öyster Cult, Northlane, Sepultura, W.A.S.P., Amenra, Alcest, Epica, Europe, The Dillinger Escape Plan, Emperor, Rammstein… (16.06) // Gojira, Mayhem, A Day To Remember, Amorphis, Clutch,

Ministry, Monster Magnet, Deep Purple, Helmet, In Flames… (17.06) // Ugly Kid Joe, Airbourne, Mastodon, Evanescence, Suicidal Tendencies, Rob Zombie, Scorpions, Primus, Sum 41, Sabaton… (18.06)


© Chris Stessens

Musique

Best Kept Secret Festival On l'a lu dans les journaux, entendu clamer par nos amis, on a relu de vieux LM et on s'est rendu à l'évidence : on ne vous fera pas à nouveau le coup du "Best Kept Secret, un secret qui ne sera pas gardé bien longtemps !" Car si le secret est éventé depuis des lustres, les surprises sont toujours au rendez-vous. Thibaut Allemand

© Tim Saccenti

RUN THE JEWELS

C'est pas mal, Run The Jewels. En fait, c'est bien mieux que ça, mais ce n'est guère étonnant : d'un côté, El-P, membre fondateur de Company Flow et patron de Def Jux. De l'autre, Killer Mike, icône du rap d'Atlanta et complice d'Outkast. Franchement, la surprise aurait été que ce soit mauvais, non ? Alors, on déguste ce hiphop sombre et cramé comme un délicieux whisky. Un Ardbeg, par exemple : âcre, tourbé, ne révélant ses saveurs qu'à la troisième gorgée. Une valeur sûre.


JAMES BLAKE

Depuis 2011, James Blake pose son élégie sur infrabasse avec une maîtrise inouïe et, malgré les émules, personne ne lui arrive à la cheville. Ce qui aurait pu n'être qu'un feu de paille, un crooner électronique qui aurait fini par lasser (qui se souvient de son homonyme, Perry Blake ?) nous prend encore une fois par surprise. The Colour in Anything (2016) repousse les limites du post-dubstep et prouve que cet Anglais fragile possède une force tranquille, mais inouïe.

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Impatience à l'idée de retrouver sur les planches une bande menée par un batteur-chanteur (l'exercice n'est pas courant, ni facile). Ce quatuor de jeunes gens timides compte deux exSmith Westerns, dont l'un a traîné chez Unknown Mortal Orchestra. Leurs pop songs légères évoquent Neil Young et Curtis Mayfield. Paru l'an passé de façon discrète, bien trop discrète, le premier album de ces Américains est de ceux qui s'insinuent dans nos vies l'air de rien – mais une fois qu'on les a goûtés, impossible de s'en passer.

© DR

© DR

WHITNEY

THUNDERCAT

Ou comment un bassiste virtuose nous aura finalement mis au… free jazz, cette maladie honteuse que quelques mélomanes masochistes entretiennent en secret. Il faut dire que cet instrumentiste hors pair excelle dans tous les styles, et explore de lointaines galaxies, collaborant avec Suicidal Tendencies ou Kamasi Washington. Ceci posé, les concerts de l'AméHILVARENBEEK – 16 > 18.06, ricain relèvent du pari. Laissant libre cours à Beekse Bergen, ven : 15 h, sam & dim : l'inspiration du moment, il peut fasciner comme 12 h 30, complet sf ven : 79 €, www.bestkeptsecret.nl irriter – et parfois, les deux à la fois ! Sélection : Run The Jewels, Agnes Obel, Jenny Hval, King Gizzard & The Lizard Wizard, Metronomy, Real Estate (voir page 62), The Parrots, Weval (live), Kelly Lee Owens… (16.06) // Arcade Fire, Andy Shauf, Chris Cohen, Cigarettes After Sex, Circa Waves, Floating Points, George Ezra, Her, Joy Orbison,

The Thurston Moore Group, Thomas Dybdahl, Whitney, Wild Beasts, Cloud Nothings, Thomas Azier, Wild Beasts… (17.06) // Radiohead, Arab Strap, Cass McCombs, James Blake, Kadhja Bonet, Soulwax, Strand of Oaks, Thundercat, Yussef Kamaal… (18.08)


Wacolor

Musique

L'an passé, on fut plus subjugués par le vélo-fruto que par la programmation (Tryo, Quentin Mosimann...). Cette année, on pédalera encore pour mixer nos fruits, mais cette fois pour se remettre de concerts bien plus attrayants. ROMEO ELVIS & LE MOTEL, CABALLERO & JEANJASS ou KONOBA rehaussent le niveau (et la température) d'au moins un cran. WAVRE – 23.06, parking de Walibi, 13 h, 20 > 10 € / gratuit (-12 ans), www.wacolor.be Sélection : The Subs, Biga Ranx, Konoba, Romeo Elvis & Le Motel, Caballero & Jeanjass, Abel Caine, Delta, Typh Barrow...

© UNHCR / Benjamin Loyseau

Roméo Elvis © Guillame Kayacan

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Refugee Food

Solidaire

Festival

Durant une semaine, les cartes de restaurants lillois accueillent des plats concoctés par des chefs-réfugiés. Après deux éditons réussies en 2016 (à Paris et Strasbourg), ce festival créé par l'association Food Sweet Food se déploie dans 13 villes européennes. L'objectif ? Changer les regards sur les migrants, favoriser leur insertion professionnelle et découvrir des cuisines du monde entier ! LILLE – 25 > 29.06, www.refugeefoodfestival.com

Le Temps d'une lune

Pluridisciplinaire

Durant le Ramadan, ce festival invite à partager les valeurs de l'Islam, au-delà des convictions de chacun. Du Maroc à la Palestine, voici un opportun voyage musical (entre autres) au sein des cultures musulmanes. On y découvre le cocktail raï, rock et jazz de AYWA ou le blues touareg de EZZA, tandis que DOUEH et CHEVEU célèbrent la Fête de la musique une semaine avant tout le monde ! LILLE, TOURCOING – jusqu'au 25.06, IMA, Le Grand Mix, L'Hospice d'Havré (Tourcoing), maison Folie Moulins, Opéra de Lille, Le Grand Sud, cinéma l'Univers (Lille), Parc Mosaïc (Houplin-Ancoisne), 10 > 3 € / gratuit, www.attacafa.com Sélection : Les contes de Nasr Eddin Hodja (04.06) // Vardan Hovanissian et Emre Gültekin (07.06) // Ezza + Ango (09.06) // La Lune sur les Toits avec Aywa (11.06) // Women Sense Tour (13.06) // Goûter cinéma sur la Lune (14.06) // Fête de la musique : Djélicombo, Doueh et Cheveu, chorale Wasla, Nasr Eddin Hodja (16.06)



The Abyss © Dorothée Thébert Filliger

Musique

Pluridisciplinaire

Mon Inouïe Symphonie Mine de rien, voici déjà la 15e édition de ce festival porté par les activistes de Fructôse. Faisant feu de tout bois les Dunkerquois mêlent, dans une affiche ô combien ambitieuse mais jamais élitiste, des performers, musiciens, plasticiens, micro-éditeurs et autres artistes inclassables. On ne manquera pas d'admirer le spectacle de cette grande bavarde qu'est PAMINA DE COULON (The Abyss, voir LM n°121), ni de visiter l'atelier de sérigraphie de PIERRE BOLIDE. Sans parler des concerts de CHEVALIEN et de BLACK BONES. Et que dire des lectures poétiques du COLLECTIF BOXON ? Éclatée et éclatante, Mon Inouïe Symphonie emprunte des chemins de traverse sans jamais nous perdre. T.A.

La Bonne Aventure Ce nouveau festival rejoint l'une des plus belles plages des Hauts-deFrance. Idéal pour danser en maillot de bain, certes, mais pas devant n'importe quoi. On y retrouve JACQUES, le type le plus mal coiffé de la scène electro française, garantissant des performances live interactives à partir d'objets empruntés au public. PETIT BISCUIT, le plus jeune, dont les boucles sonores paisibles triomphent à l'international, devrait envoûter la place. Et puis, on suit les yeux fermés AWIR LEON, le plus aérien ou WAX TAILOR, le plus... bah le plus "Wax". Monté par la Communauté urbaine de Dunkerque et l'association Les Nuits Secrètes, l'événement peut enfin se targuer d'accueillir CATHERINE RINGER, qui présente ici son nouvel album en exclusivité. J.D. MALO-LES-BAINS – 24 & 25.06, front de mer, place du Casino, club du festival au Kursaal, 15 h, gratuit, www.labonneaventurefestival.com Sélection : Catherine Ringer, Petit Biscuit, Jacques, Awir Leon... (24.06) // Wax Tailor,  Rodrigo y Gabriela, Unno... (25.06) + sound systems + parcours secrets et visites insolites

Sélection : Atelier de sérigraphie avec Pierre Bolide, lecture par le collectif Boxon, concert Chevalien, Dj set Tom : Landscape, Lecture musicale de Chloé Delaume : Les Sorcières de la république, Black Bones... (24.06) // Pamina de Coulon : The Abyss, Lecture A.-L. Jaeglé et musique A. Rigaud : Demande à la nuit (25.06) // Croisière Légendes sonores... (24 et 25.06)

© Sarah Bastin

DUNKERQUE – 24 & 25.06, Môle 1 - Quai Freycinet 4, 1 j. : 8 / 6 €, pass 2 j. : 12 / 10 € (les pass donnent droit à une place pour la création Légendes sonores), croisière Légendes sonores : 5 / 3 €, www.fructosefructose.fr



The Beach Boys © Guy Webster

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Rétro C Trop

Musique

Pour la deuxième édition, le festival rétromaniaque convoque le gratin : THE BEACH BOYS, BLUE ÖYSTER CULT, THE STRANGLERS… et deux tribute bands ou presque (THE RABEATS et LES INSUS). On ne manquera surtout pas la prestation du légendaire WILKO JOHNSON. Pour certains (les inconscients !), c'est l'acteur qui incarne Ilyn Payne dans Game of Thrones. Mais les vrais savent que ce guitariste, pilier fondateur de Dr. Feelgood, a changé le rock anglais en… ne changeant rien, justement. Un jour, nous lui consacrerons un hors-série. T.A. TILLOLOY – 24 & 25.06, Parc du château, sam : 15 h, dim : 12 h, sam : 59 €, dim : 49 €, pass 2 j. : 95 €, retroctrop.fr Sélection : Sarah Olivier, Wilko Johnson, Blue Öyster Cult, The Stranglers, Les Insus (24.06) // The Rabeats, Uriah Heep, The Beach Boys, The Pretenders, Matmatah ( 25.06)

TW Classic

Musique

© DR

Comme d'habitude ou presque (on conserve un souvenir circonspect de l'édition 2015), TW Classic aligne les noms immenses. Citons les figures du punk rock new-yorkais THE PRETENDERS et surtout GUNS N’ ROSES, dont les tubes immarcescibles ne parviennent pas à faire oublier, hélas, qu'Axl n'a plus grand chose à voir avec le chat de gouttière de jadis. Qu'importe ! Nous n'étions pas là en 1988, il n'est jamais trop tard pour se rattraper. Quant à FLEDDY MELCULY (sic!), c'est, hum, une curiosité… T.A. WERCHTER – 24.06, Werchter Festivalpark, 12 h 30, 156 > 91 €, www.twclassic.be Sélection : Guns N’ Roses, The Pretenders, Wolfmother, Channel Zero, Fleddy Melculy



© DR

L'été au LaM

Pluridisciplinaire

Tandis que la saison culturelle s'achève, le LaM VILLENEUVE D'ASCQ – 24.06 > 17.09, LaM, mar > dim : 10 h > 18 h (horaires accélère le mouvement. Il faut dire qu'il jouit d'un étendus à l’occasion des week-ends thématiques de juin à septembre), atout imparable : le parc du Héron, soit 110 hectarifs expositions d'été + collections tares de verdure. « On a la chance d'être le seul permanentes : 7 / 5 € / gratuit (-12 ans) , musée de la métropole entouré d'un tel espace rendez-vous thématiques du week-end : gratuit, www.musee-lam.fr naturel, se réjouit Benoît Villain, responsable des projets éducatifs et culturels. Danse, musique, cinéma… nous y proposons six rendez-vous gratuits, tous les 15 jours ». Avant d'y passer la nuit à la belle étoile ou de s'y trémousser (on vous en dit plus le mois prochain), on se pose devant Le Surréel et son écho, pièce de musique électronique signée par DJ CHLOÉ « autour des grandes figures du surréalisme ». Des week-ends « culturels et conviviaux » donc, et trois nouvelles expositions à découvrir. Entre ANDRÉ BRETON et JEAN DUBUFFET, on découvre un artiste inclassable, hélas décédé le 20 avril, et jamais dévoilé dans un musée français : YÜKSEL ARSLAN – qui avait d'ailleurs rencontré le chef de file du surréalisme comme le pape de l'art brut, sans se revendiquer d'eux. L'institution dévoile une soixantaine des œuvres du Turc, qu'il appelait des "artures". Celles-ci sont parées de couleurs qu'il concevait lui-même, avec des matières naturelles : fleurs, pierres, urine… Plusieurs séries sont révélées, dont L'Homme, qui a pour sujet la maladie mentale. Il faudrait être fou pour la manquer. Julien Damien Sélection : André Breton et l'art magique, Yüksel Arslan (24.06 > 15.10) // Jean Dubuffet. Un don exceptionnel (jusqu'au 05.11) // Visite guidée de l’exposition André Breton et l’art magique, Le Surréel et son écho, (sieste électronique de Chloé),

Hydre (Yuval Pick, dans le cadre de Latitudes contemporaines, voir page 25) (24.06) // Workshop danse et arts visuels en compagnie de Yuval Pick, projection de Parade (Susanna Della Pietra), atelier de sérigraphie (25.06)… à suivre !



Olivier Goka, Vonpischmeyer © Bernard Babette

Tryo © Yann Orhan

Musique

Exposition

Festival Pic'Arts

ARTour

On ne vantera jamais assez le cadre de ce festival… pas forcément son lineup. Si on reste volontiers au pied du Donjon de Septmonts pour écouter les pop-songs de JUNIORE ou les textes ironiques de BARCELLA, on profitera des passages de TRYO et de DUB INC pour visiter le village associatif bordant ce vestige du xive siècle. SEPTMONTS – 23 & 24.06, Parc du Château, 1 jour : 45 / 36 €, pass 2 j. : 56 / 47 €, www.festival-picarts.com

Cette biennale met en regard art contemporain et patrimoine via des expositions disséminées dans toute la Wallonie. La 11e édition s'articule autour de la notion de collection. Certaines servent de support à l'élaboration d'une œuvre (tels les palimpsestes d'ALECHINSKY, voir page 98), tandis que d'autres peignent l'histoire d'une région, comme ces centaines de céramiques dévoilées par le KERAMIS.

Sélection : Juniore, Broken Back, Barcella, Tryo, Mon Côté Punk... (23.06) // The Noface, Olivia Ruiz, Dub Inc, Boulevard des Airs, The Inspector Cluzo... (24.06)

LA LOUVIÈRE, MARIEMONT, BINCHE, SOIGNIES, BRAINE-LECOMTE, SENEFFE – 25.06 > 10.09, Divers lieux, pass ARTour : 10 € (donne accès à six musées), programme complet : www.artour.be

Heroes Spa Tribute Festival

Musique

On se demandait déjà s'il était bien sérieux d'écouter Genesis, Muse ou Green Day... que dire alors des reprises ? Reconnu comme l'un des plus grands festivals européens de tribute bands, ce rendez-vous attire quelque 30 000 fans. Et ça fait 10 ans que ça dure ! Et si finalement, à l'instar des concours de sosies (Johnny et consorts) la copie était plus sympa que l'original ? SPA – 29.06 > 01.07, Parc de 7 Heures, jeu : 17 h, ven : 16 h, sam : 11 h 30, 1 jour : 25 / 20 €, pass 3 jours : 35 / 30 €, www.spatribute.be Sélection : Placebo by Bitter End, Scorpions par Scorpion, Rammstein by Stahlzeit... (29.06) // Green Day by Sunk, The Police by The Police Contact, AC/DC by High Voltage, Pink Floyd by Pink Factory... (30.06) // The Doors by Back Doors Man, Indochine by Black City, Genesis & Phil Collins by Invisible Touch, The Cure by Curiosity, Muse by Museum, Simple Minds by Waterfront, Depeche Mode by The Sneakers... (01.07)



Rae Sremmurd © DR

Bonobo © Neil Krug


Dossier – Festivals 53

Musique

Rock Werchter Dans les prairies de Werchter comme sur la route des vacances, la prime va aux audacieux. Ceux qui quittent les axes majeurs signalés en grands caractères pour bifurquer vers de plus modestes segments découvriront un joli panorama. On vous indique le chemin. Pour rejoindre Werchter en venant des Hauts-de-France ou de Bruxelles, suivre la N21 jusqu’à la Haachtsesteenweg. De petites routes mènent également à ce festival, parmi les plus grands d’Europe, alignant têtes d’affiche pour des concerts exclusifs et "middle names" balayant le large spectre des musiques actuelles. Il n’y aurait rien d’étonnant à filer à toute vitesse vers ARCADE FIRE, annoncé le jeudi, pour la seule apparition en Belgique du mythique groupe de Montréal, quatre ans après Reflektor. Rien de honteux non plus à grossir l’embouteillage créé par RADIOHEAD, qui fête cette année les 20 ans de OK Computer, pierre angulaire du rock anglais. Itinéraire bis À côté de ces air(e)s d’autoroute, Rock Werchter propose également des escales à taille humaine. La "Main Stage" est ainsi secondée par le "KluB C" et "The Barn", des scènes aux dimensions plus réduites. Sans parler de découvertes, les bonnes surprises devraient surgir de ces angles pas morts du tout. Signalons les locaux J. BERNARDT et WARHAUS, ténébreuses excroissances de Balthazar, le live de FATIMA YAMAHA, producteur d’une house délicatement vintage ou la dream pop de CIGARETTES AFTER SEX, qui pâtira cependant peut-être de son passage à 14 heures. Pour WERCHTER – 29.06 > 02.07, 236 € arriver sain et sauf jusqu’au dimanche, faites (pass 4j épuisés), pass 1 jour : 100 € (samedi et dimanche épuisés) des pauses toutes les deux heures. Mathieu Dauchy

Sélection : Kings of Leon, Arcade Fire, Imagine Dragons, Lorde, Agnes Obel, Mark Lanegan, Savages, Cigarettes After Sex, Whitney… (29.06) // Radiohead, James Blake, Oscar And The Wolf, Bazart, Birdy, Future Islands, Jain, The Pretenders, Warhaus, White Lies, Coely… (30.06) // Linkin Park, System Of A Down, Blink-182, Bonobo (live), Milky

Chance, Crystal Fighters, Glass Animals, J. Bernardt, Sohn… (01.07) // Foo Fighters, Alt-J, Soulwax, The Avalanches, G Easy, The Kills, The Lumineers, Rae Sremmurd, Rag’n’Bone Man, Warpaint, Benjamin Clementine, Cage The Elephant, Fatima Yamaha, Thurston Moore Group… (02.07)


© Jérôme Pouille

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Musique

Main Square Festival Plus grand festival au nord de Paris, le Main Square n'aligne quasiment que des stars – et quelques (re)découvertes. Surtout, ces trois jours arrageois offrent leur lot de promesses toujours tenues. La preuve en quatre sets. Thibaut Allemand

© Alex Salinas

SOULWAX

Soulwax, ou le retour des fils prodigues (ça fait un bail qu'ils n'avaient donné de nouvelles) ET prodiges : inutile de s'étaler à nouveau sur la maîtrise exceptionnelle des frères Dewaele dans l'art de mixer rock et electro – réécouter les œuvres de 2manyDjs ou Soulwax suffit. Dernière réussite en date de la formation, From Deewee est porté sur scène avec l'aide de trois batteurs – et pas des moindres : Victoria Smith (Jamie T), Blake Davies (Turbowolf) et Igor Cavalera (Sepultura, mais aussi et surtout Mixhell). Un rendu dantesque pour un groupe qui frappe fort – dans tous les sens du terme.


© Jonathan Witt

© C.Le Mindu, D.Hugono Petit

VITALIC

Autre ressuscité, Vitalic revient triomphalement de quelques errements avec Voyager, grand disque d'electro moderne qui sonde nos obsessions. Épaulé par, entre autres, Miss Kittin ou David Shaw, le Dijonnais polyglotte, patron du label Citizen (du monde, donc) se place dans les pas de Depeche Mode et, plus généralement, dans le versant techno pop et défricheur du label Mute. De bonnes références, aucune déférence, un son qui fait toute la différence.

LA FEMME

Ah ! Voici le seul débat dans lequel le ni-ni n'a pas lieu d'être. La Femme, on est pour. Ou contre. Pas de milieu mou avec ces loustics. Mélodistes émouvants et paroliers brûleurs de Bescherelle, Sacha, Marlon et les autres ont signé un second album à la hauteur du précédent et s'avèrent, parfois, inégaux sur scène – on le concède. Mais c'est justement ce sens de l'à peu près, de l'hymne bancal et de la chanson (presque) parfaite qui touche en plein cœur.

THE LEMON TWIGS

Pour résumer, l'histoire de la pop a toujours été affaire de simplification. Les virtuoses furent parfois adulés, mais, franchement, qui écoute encore Emerson, Lake & Palmer ou Arcade Fire ? The Lemon Twigs sont donc l'exception qui confirme la règle. Jamais totalement remis de leurs obsessions soft rock et glam pop-rock, les frangins D’Addario, techniciens hors-pair et compositeurs inspirés, se révèlent, en plus, pas ARRAS – 30.06 > 02.07, La Citadelle, ven : 15 h 30, 54 € / sam : 13 h 30, 54 € / manchots du tout sur les planches ! Et ce, sans dim : 12 h 30 / 69 €, pass 3 jours : 129 €, mainsquarefestival.fr pyrotechnie, ni pitrerie. Sélection : System Of A Down, Vitalic, The Noface, The Inspector Cluzo, Machine Gun Kelly, Soulwax, Biffy Clyro… (30.06) // Jain, Vald, Kungs, Rag' N' Bone Man, Kaleo, Die Antwoord, Talisco, Major

Lazer, Dirtyphonics, Cage The Elephant… (01.07) // Radiohead, La Femme, Naive New Beaters, Thylacine, Savages, The Lemon Twigs, Spoon, Kensington, Mark Lanegan Band… (02.07)


Flatbush Zombies © Ellington

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Musique

Couleur Café

BRUXELLES – 30.06 > 02.07, Parc de l'Atomium, ven : 16 h, sam & dim : 15 h, 1 jour : 49 / 33 $, pass 3 jours : 79 €, www.couleurcafe.be

Fini les pieds dans la gadoue ou les longues heures d’attente pour se garer. Couleur Café quitte le site de Tour et Taxis pour le parc de l’Atomium. N’ayez crainte, l’âme de l’événement reste intacte. Il est toujours question de bonnes vibes. Rassurons aussi les gourmands : les stands de snacks issus des quatre coins du globe sont toujours de la partie. Mais ne nous fourvoyons pas, l’intérêt de ce rendez-vous repose sur un line-up éclectique, tourné vers les musiques du monde, en particulier "urbaines" – comme dirait Drucker. Jetez donc une esgourde aux vétérans de TOOTS AND THE MAYTALS et à leur reggae intemporel. Peut-être entonneront-ils leur célèbre 54-46 That Was My Number ? THE ROOTS quittent, eux, le plateau de Jimmy Fallon pour la Red Stage du festival, qui fait toujours la part belle à la jeunesse. En témoigne la présence des nouveaux espoirs de la scène hip-hop internationale comme la Ricaine PRINCESS NOKIA (voir page 61) ou le Londonien LOYLE CARNER. Sans oublier les perchés FLATBUSH ZOMBIES, tout droit débarqués de Brooklyn. Entre deux concerts, on admire l’installation Migrant Art, une fresque de 200 mètres de long réalisée par des réfugiés et artistes belges. N’oublions pas le fameux NIVEAU4 où ROMÉO ELVIS, CABALLERO & JEANJASS et ISHA démontrent aux plus sceptiques que le renouveau du rap se situe bien outre-Quiévrain. Sonia Abassi Sélection : Lamomali, Patrice, Birdy Nam Nam, Roméo Elvis & Le Motel, Vald, Flavia Coelho… (30.06) // The Roots, Niveau4, Emir Kusturica, Toots & The Maytals, Coely, Demi Portion… (01.07) //

Damian “Jr. Gong” Marley, Lianne La Havas, Alpha Blondy, Flatbush Zombies, Kery James, Loyle Carner, Soom T, Guts Live Band, Batuk, Caballero & JeanJass, Princess Nokia… (02.07)



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Cie Beau geste © Frederic David

Pluridisciplinaire

Les Rutilants

Monstres et Merveilles Ce festival tire sa révérence. En attendant qu'il revienne sous une autre forme l’an prochain (on l’espère), admirons YOANN BOURGEOIS qui rivalise d'équilibre. Personne ne défie la pesanteur avec autant de poésie. En sus des spectacles (de rue, de cirque…) cette édition de transition, sous-titrée « Monstres et Merveilles », convoque des créatures chimériques, tels les instruments-insectes de l’exposition ANIMA (EX) MUSICA. Côté musique, les remparts de la place Vauban forment la chambre d’écho idéale pour le PETIT ORCHESTRE POPULAIRE, réunissant rockeurs, choristes, harmonies, SAULE ET DAVID BARTHOLOMÉ (Sharko) ! Allez, ce n’est qu’un "au-revoir". J.D. MAUBEUGE – 30.06 > 02.07, centre-ville, gratuit (sauf : Sous la toile de Jheronimus de la Cie Les Colporteurs : 6 / 5 €), www.lemanege.com Sélection : Exposition Anima (ex) Musica (27.06 > 02.07) // Construction monumentale en carton avec Olivier Grossetête (27.06 > 02.07) // Cie Les Colporteurs : Sous la toile de Jheronimus, Inne Goris & Dominique Pauwels : Rêveries... (30.06 > 02.07) // Golden Delicious : Jonathan + La Table bleue, Concerts de Saule, David Bartholomé et du POP... (01.07) // Yoann Bourgeois : Tentatives d’approches d’un point de suspension (01 & 02.07)

OIGNIES – 01.07, 9-9 bis, 17 h, gratuit, 9-9bis.com Sélection concerts : Banda Kalimucho, Le N’euro Jazz Band & Labotanique, La Rhinofanpharyngite, Fanfare Olaïtan, Bandakabra, Fanfare Casbah, Boris Viande, Shantel & Bucovina Club Orkestar // Sélection spectacles : Stéphane Kozik : Les machines anthropomorphiques, Cie Mécanique Vivante : Le Chant de sirènes, Cie Exoot : AMI 6...

Rhinofanpharyngite © Clement Vernay

Les Folies

Pluridisciplinaire

Quoi qu'on en dise, les fanfares et harmonies sont toujours dans le vent. La RHINOFANPHARYNGITE enrhume les plus sceptiques en réveillant notre animalité (musicale) dans son spectacle-déambulation (Les Impairs). Dans le même esprit, le N'EURO JAZZ BAND fricote avec les rappeurs electro de LABOTANIQUE le temps d'un duo (unique), histoire de redonner un nouveau souffle aux airs de rue. Sinon, au-delà des concerts, soulignons aussi la performance sonore de STÉPHANE KOZIK, qui revisite l'usage des moteurs industriels (Les Machines Anthropomorphiques) ou encore les vieilles bagnoles frappadingues de la COMPAGNIE EXOOT (AMI 6), s'envolant à plus de deux mètres de haut ! J.D.




Musique – Sélection 61

Princess Nokia Poing américain

Texte Sonia Abassi Photo DR

Il n'y a pas si longtemps, Destiny Frasqueri pédalait à toute berzingue dans les rues de New York pour vendre sa weed, le téléphone greffé à l’oreille. C'est ce dernier détail qui lui fournit son blaze : Princess Nokia. Mais, en découvrant M.I.A et Santigold, elle troque les sachets de beuh pour le mic'. Une révélation qui la porte illico sur le devant de la scène rap. Faut pas déconner avec Princess Nokia. C’est la leçon apprise par un étudiant lors d'un concert à l’Université de Cambridge, donné en février. Destiny quitta subitement l'estrade pour lui asséner trois coups de poing. Le type lui aurait balancé un florilège d’obscénités sexistes... Celle qu’on appelle aussi Wavy Spice avait pourtant prévenu : « Je veux botter le cul du patriarcat, pas en faire partie ». L’enfant de Harlem a un caractère bien trempé, se revendique féministe et, surtout, bouscule les codes du rap depuis la sortie de sa mixtape Metallic Butterfly, en 2014. Reine de la rue Entre extrême sensualité et brutalité démesurée, l’artiste afro-portoricainne a choisi de ne pas choisir. Une caractéristique qu’on retrouve jusque dans ses compositions où s’entrechoquent sonorités nineties, influences africaines ou punk, mélodies jazz et rythmes strictly hip-hop. Avec l’EP 1992, elle s’extirpe de l’underground pour s’ouvrir à l’international avec des textes conjuguant egotrip et féminisme, donc. Son tube Tomboy rudoie sacrément la concurrence, en particulier masculine. « Je veux que les jeunes filles enlèvent leur soutif à mes concerts et se sentent libérées », clame-t-elle. On a hâte de la voir sur scène. Gaffe à ce que vous dites, quand même… LILLE – 22.06, L’Aéronef, 20 h, 22 > 14 €, aeronef.fr BRUXELLES – 02.07, L’Atomium (Couleur Café, voir page 56), 15 h, 39 / 33 €, www.couleurcafe.be


Foncièrement bons Des nerds du New Jersey qui jouent du rock indépendant ? Au premier abord, les gars de Real Estate ont plusieurs points communs avec Yo La Tengo. La comparaison s’arrête pourtant là, les premiers préférant au bruitisme cérébral des seconds des mélodies plus raffinées et pop. Amis depuis leurs études au lycée de Ridgewood, banlieue paisible à quelques dizaines de kilomètres de New York, les trois compères à l’origine de Real Estate ("immobilier", quel blaze…) se sont fait remarquer en 2009 avec la sortie d’une tripotée de singles efficaces suivis d’un premier album éponyme encensé par la critique. La bande a rapidement fait son trou, favorisant la sortie d'un deuxième opus (Days, 2011) sur Domino Records, le label derrière Franz Ferdinand, Arctic Monkeys ou plus récemment Julia Holter. Des titres pop-rock aux accents folks, la voix vaporeuse de Martin Courtney et une grosse dose de reverb' composent la recette de ce discret quintette. La formation aborde une nouvelle étape puisque Matthew Mondanile, le guitariste originel, a pris le large pour se consacrer à Ducktails, son autre projet. Il est alors remplacé par Julian Lynch (rien à voir avec David). À l’écoute d'In Mind, leur dernier album sorti en mars, ce renouvellement n'entame pas la qualité des producBRUXELLES – 15.06, Botanique, 19 h 30, tions. Le cocktail nous enflammera-t21 > 15 €, botanique.be HILVARENBEEK –16.06, Beekse Bergen il aussi sur scène ? De nôtre côté, on (Best Kept Secret, voir page 40), 14 h, 79 €, spécule à la hausse. Hugo Guyon www.bestkeptsecret.nl

© Shawn Brackbill

Musique – Sélection 62

REAL ESTATE



© DR

Musique – Sélection 64

The Bats Quatre amis inséparables et des dizaines de chansons intemporelles. Impliqués dans des formations légendaires telles Tall Dwarfs, The Jean-Paul Sartre Experience, The Chills ou The Clean, The Bats ont fait les belles heures du label néo-zélandais Flying Nun Records – et de nos esgourdes. Depuis 1984, le quatuor signe une pop mélodieuse et ouvragée, pas loin des discrets débuts de REM. La formule n'a pas changé, et la bande signait récemment The Deep Set, 9e album hautement recommandable. Belles retrouvailles ou session de rattrapage, ce concert représente en tout cas un pan d'histoire de la pop Kiwi. T.A. LESQUIN – 09.06, Auditorium du centre culturel, 20 h, 10 / 6 €, www.centrecultureldelesquin.fr

Encore un vieux groupe ? Eh oui. Encore une reformartion ? Eh non ! Primal Scream est le seul PS qui tienne toujours debout – avec Patrick Sébastien. En 30 ans, la bande de Bobby Gillespie a sorti au moins cinq classiques absolus – on pourrait citer Screamadelica, mais on évoquera Sonic Flower Groove et XTRMNTR, pour changer. Un reproche : leurs récents albums ne sont plus historiques, "seulement" vitaux. Quant à la scène… Des claques, des baffes, des mandales. Un bonheur intégral. T.A. ANVERS - 16.06, De Roma, 20 h 30, 26 / 24 €, www.deroma.be

© Sarah Piantadosi

Primal Scream



© Moses Berkson

© Skinny

Richie Hawtin

Devendra Banhart

Depuis 1993, et la fameuse trilogie Sheet One / Musik / Artifakts (BC), Richie "Plastikman" Hawtin a laissé son empreinte dans la techno, à la fois mainstream et en défrichage permanent. Plutôt discret ces derniers temps, le patron des labels Plus 8 et M_Nus n'en a pas moins marqué une génération. Ce Canadien qui aurait voulu naître noir à Detroit a fait ses débuts dans l'acid techno avant de s'épanouir dans la minimale. Aujourd'hui, ses sets reflètent ces larges horizons et en ouvrent, une fois encore, de nouveaux. T.A.

T-shirt troué, barbe mal taillée et guitare sèche. Autant de détails qui auraient pu faire de Devendra Banhart un énième ersatz beatnik, comme il en éclot depuis des années. Mais non. En digne héritier de la freak folk, le Texan manie les sonorités avec dextérité. Pour preuve, Ape In Pink Marble (2016) où se côtoient voix feutrée, synthé et koto, instrument traditionnel japonais. Enregistré à L.A. dans une cabane de jardin, cet album témoigne de la créativité d’un artiste qui ne suit aucune mode. Excepté la sienne. S.A.

LILLE – 16.06, Le Magazine, 23 h, 25 € HASSELT – 18.08, Kiewit (Pukkelpop), 22 h, 1 j. : 99 €

BRUXELLES – 26.06, Botanique, 20 h, complet !, botanique.be

© DR

King Gizzard & The Lizard Wizard À l'heure où l'on écrit ces lignes, la formation australienne a signé neuf albums. En cinq ans à peine. À l'heure où nous aurons achevé ce billet, trois ou quatre disques supplémentaires seront sortis – et ce, dans tous les genres possibles, la bande s'étant déjà attaqué avec brio au psychédélisme, au garage rock, au jazz, au krautrock, aux musiques orientales... Sur scène, les sept musiciens passent en revue leur vaste répertoire. Quelque chose comme la meilleure des radios, mais en vrai. T.A. HILVARENBEEK – 16.06, Beekse Bergen (Best Kept Secret), 14 h, 79 € COURTRAI – 21.06, De Kreun, 20 h, 18 > 12 €


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Illustration : Sonia © Tyler Spangler LIC 1 - 11083804 / 1-1083806 / 3-108380W5

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z-vous ! Abonne FRÈRE ANIMAL 2 CALI MICHAËL GREGORIO GASPARD PROUST VINCENT DELERM FRANCOIS MOREL ALA.NI MATHIEU BOOGAERTS + ALBIN DE LA SIMONE LE CIRQUE LE ROUX ADAMO ALDEBERT EMILY LOIZEAU CAROLINE VIGNEAUX À DROITE, À GAUCHE OLDELAF PETITES VIRTUOSITÉS VARIÉES / 3e ÉTAGE MARIANNE JAMES ON N’EST PAS QUE DES VALISES PIERRE PALMADE MARIAGE ET CHÂTIMENT CAMILLE L’ORCHESTRE DE PICARDIE JULIETTE ALTAN COMPAGNIE XY UN ANIMAL DE COMPAGNIE AIRNADETTE FRANCOIS-XAVIER DEMAISON TRANS / COMPAGNIE HYBRIDE MA BELLE-MÈRE ET MOI, 9 MOIS APRÈS THÉÂTRE DE BÉTHUNE - BOULEVARD VICTOR HUGO - F - 62400 BÉTHUNE 03 21 64 37 37 - WWW.THEATRE-BETHUNE.FR - FNAC, TICKETNET ET DIGITICK


Disques – Chroniques 68

MAUD GEFFRAY Polaar

(Pan European Recording)

Jusqu'ici, Maud Geffray, c'était simplement la moitié de Scratch Massive. Loin d'être la plus passionnante des formations electroclash – comme on disait à l'époque. Elle aurait pu disparaître des mémoires. Mais il y eut 1994. Et de mémoire, il est justement question dans ce court-métrage beau à pleurer. Soit la mise en son des rushes d'une free party posée sur les dunes entre Carnac et Quiberon. Ce film touche à l'indicible magie des petits matins. Un morceau de nostalgie électronique où se mêlent mélancolie et béatitude. Bref, réconcilié avec Maud Geffray, on attendait toutefois Polaar avec une certaine appréhension. Et c'est un bonheur. Si 1994 incarne un retour aux sources pour la Nazairienne, Polaar est une prise à bras-le-corps du présent – et, surtout, du futur. Goodbye Yesterday, annonce-t-elle d'ailleurs. Alors, entre réappropriation des codes house (Ice Teens), duo mordoré avec l'épatant Flavien Berger (In Your Eyes) ou plongée dans une techno noirâtre et libératrice (High Side), Maud Geffray prend tout, et nous avec, signant l'un des plus beaux albums électroniques-mais-pas-que entendus depuis un bail. Thibaut Allemand

BOOMBOX 2 Early Independent Hip Hop, Electro and Disco Rap 1979-82 (Soul Jazz Records) Arborant un instantané signé Jamel Shabazz (oui, la même photo ornait la couverture de LM en… février 2012 !), ce florilège nous renvoie près de quarante ans en arrière, aux débuts balbutiants et festifs du hip-hop. Boom Box fleure bon les block parties où, entre deux boucles de funk et une basse slappée, des débutants se bousculaient pour poser un couplet (Harlem World Crew, Kool DJ A.J.). Mais le raccourci est trop facile et les faits, bien plus passionnants. Tandis que Lonnie Love s'inspirait du Philly Sound et Eddie Cheba du disco, Little Starsky effleurait l'electro (…ainsi que l'on nommait aussi le hip-hop à l'époque). Ce second volet offre un vaste panorama d'une musique bricolée sur laquelle, franchement, il eût été risqué de miser un dollar. Et pourtant ! Thibaut Allemand


DOPPLEREFFEKT

DBFC Jenks

Cellular Automata

(HMS / Different

Recordings / PIAS)

Mené par Dombrance et David Shaw, ce quatuor s'était fait attendre. Patient, on écoutait leurs EPs en boucle, heureux d'y retrouver une certaine idée de la folie mancunienne – mais revisitée, ne sombrant jamais dans le cliché éculé. L'album est du même acabit. Mieux : il élargit nos horizons. Ces enfants cachés de Primal Scream et EMF, Stone Roses et Chemical Brothers mêlent acid house, baggy, garage rock, disco millésimée ou encore krautrock. Songwriters plus finauds et subtils que Jagwar Ma, les gonzes de DBFC signent des pop songs sans œillères qui n'auraient pour seul but, pour paraphraser Franz Ferdinand et Luz, de faire danser les filles – et les garçons, évidemment. Impossible de rester insensible à ce savoir-faire qu'on pensait perdu. Thibaut Allemand

(Leisure System)

Cette mystérieuse entité est née en 1995 des cendres de Drexciya (ou comment nourrir la techno de Detroit de mythologies, entre Atlantide fantasmée et afro-futurisme). Dopplereffekt s'est imposé, depuis Gesamtkunstwerk (1999), comme le gardien du temple d'une techno rétro-futuriste, jamais remise de Kraftwerk – outre le son, on y entend le même humour pince-sansrire. Ici, le beat est délaissé pour des nappes ambient qui ramènent moins à Eno qu'à… Kraftwerk, une fois encore. Imaginez les synthétiseurs de TransEurope Express (1977) dénués du rythme, et vous aurez une petite idée de la merveille étrange qu'est ce troisième album. Thibaut Allemand

WHEN ‘AIRY MET FAIRY Glow

(Believe / Boogie Drugstore)

On se méfie parfois des disques qui se proposent de nous faire du bien. Ainsi s’avance pourtant Glow ("lueur", donc) dont les 12 titres sont autant de tubes secrets. Dès la superbe ouverture 123 Magic, ils évoquent des paysages rêvés, un temps foulés par Beth Gibbons sur Out of Season. Plus loin, Sanctify You nous emporte avec son lyrisme carillonnant. Au rang des voix singulières, on pensera aussi, évidemment, à Björk. D’origine islandaise, Thorunn Egilsdottir partage avec sa compatriote une façon de poser une voix élastique sur des textures renvoyant aux contes de fées. Mais ces compositions très mélodiques et organiques ambitieuses, conservent une charmante accessibilité. Elle fait de cet album de comptines pop un merveilleux baume. Rémi Boiteux


Livres – Chroniques 70

FABCARO Pause (La Cafetière)

Évacuons ceci d’emblée : oui, Fabcaro a signé l’une des bandes dessinées les plus absurdes, hilarantes et politiques publiées depuis des décennies avec Zaï Zaï Zaï Zaï (2015). Pour le fond, un scénario frappadingue qui fait écho à notre monde BFMisé. Pour la forme, un jeu sur la répétition, le rythme et l’anonymat. Bref, si ce n’est fait, foncez lire ce monument du 9e art. On ne pouvait faire l’économie de mentionner ce précédent car c’est ce succès public (l’album est régulièrement épuisé) et critique (les récompenses s’amoncellent) qui a valu un gros coup de fatigue à son auteur. Qui prend une pause. Et revient à ses marottes, celles d’un éternel ado maladroit et déjà quadra, précaire à temps plein et doutant de tout et de lui-même. Impossible de conter ici un gag plus qu’un autre (bien que "l’usine à gaz" vaille son pesant d’or). Les fanatiques, dont nous sommes, retrouveront ici le même trait rond et l’esprit de La Clôture (2009) du même auteur (qui narrait entre autres son impossibilité à trouver l’inspiration tant que la barrière du voisin ne serait pas réparée) ou, dans un autre registre, Moi, BD (2014) de Bouzard. Du très grand art. On attend forcément la suite, en espérant ne pas trop mettre la pression à l’intéressé… 64 p., 13 €. Thibaut Allemand

XAVIER BÉTAUCOURT, BRUNO CADÈNE, ÉRIC CARTIER One Two Three, Four Ramones (Éd. Futuropolis)

De leur look à leurs envolées bubble-gum, les Ramones incarnèrent le plus cartoonesque des groupes punk rock. Pas étonnant donc que le 9e art se penche sur une saga bien plus glauque que ce qu’en laissait paraître ces hymnes (pas toujours) crétins. Le trait fluide et la prose documentée (on reconnaît des anecdotes relatées par le bassiste Dee Dee Ramone dans ses mémoires Mort aux Ramones !, 2002), le trio d’auteurs laisse, hélas, peu de place à l’interprétation. Les faits sont là. La légende est tragique et méritait d’être contée. Les néophytes seront comblés mais on regrette de ne pas retrouver une patte, un parti pris, un point de vue personnel. Ce bémol passé, reste une chouette BD à lire en écoutant Pleasant Dreams, au hasard. 96 p., 20 €. Thibaut Allemand


BENOIT MARCHISIO Génération Propaganda (Playlist Society)

Érudit et souvent surprenant, cet ouvrage signé Benoit Marchisio (SoFilm, contributeur de Paul Verhoeven, Total Spectacle) se penche sur des francs-tireurs qui ont longtemps agi dans l’ombre (clips dantesques pour Guns N’ Roses ou Madonna, pubs pour Nike, séries TV telles Twin Peaks ou Beverly Hills…) avant d’être révélés au grand jour. Ce Nouvel Hollywood des 90’s a révélé David Fincher, Michael Bay, Spike Jonze… Non, on ne les apprécie pas tous, loin de là. N’empêche, cette enquête au long cours, truffée d’anecdotes et de témoignages éclairants, offre un point de vue panoramique sur l’épopée d’un cinéma souvent tape-à-l’œil et malgré tout expérimental qui a révolutionné les codes de la pop culture – et dont l’influence demeure sensible aujourd’hui. 160 p., 14 €. Thibaut Allemand

LIEL LEIBOVITZ A Broken Hallelujah (Éd. Allia)

Le journaliste israélien Liel Leibovitz a choisi, pour nommer son foisonnant ouvrage sur Leonard Cohen, les paroles d’une des chansons les plus reprises de l’immense artiste. Judicieux à plusieurs titres. Il reflète l’angle suivi, lequel accorde une grande importance au cheminement spirituel du poète puis du songwriter, en s’intéressant notamment à sa dimension "prophétique". L’auteur nous propose, plus qu’une biographie, un portrait broken, c’est-àdire diffracté. Si le lecteur suit peu ou prou le fil chronologique du parcours, chaque chapitre aborde une facette différente et opère un glissement thématique. En résulte un livre passionnant qui n’épuise pas son fascinant sujet, mais ouvre au fan comme au profane des portes inattendues. 272 p., 20 €. Rémi Boiteux

ANNE JEANSON Palace (L’Harmattan) C’est l’histoire d’un amour fantasmé et réel, platonique et intense, fraternel et mythologique entre Goyave, chef de bande au cœur stellaire, et Lise Berger, narratrice qui enfile des pulls trop grands, comme une protection entre son eczéma et le monde. C’est surtout un portrait impressionniste de groupe, dans une maison de province – le Palace du titre. Entre ses murs, et avec une plume volontiers fébrile, se joue le trouble prolongement de l’adolescence. Court, marqué par un souffle rapide, Palace emporte son lecteur. Cette vélocité a un prix : l’incarnation de certains personnages, la cohérence des références. En brûlant toutes les règles pour atteindre la beauté de façon fugace mais infiniment juste, Anne Jeanson fait de son premier roman la plus impertinente des élégies. 100 p., 12,50 €. Rémi Boiteux



Écrans – Sélection 73

Creepy Nos chers voisins

Texte Raphaël Nieuwjaer Photo Eurozoom

Quelques mois après la sortie du Secret de la chambre noire, son premier long-métrage réalisé en France, Kiyoshi Kurosawa revient sur les écrans avec Creepy. Un film de genre qui, oscillant entre le polar et le thriller horrifique, ausculte avec brio la désagrégation du tissu social japonais. « Meilleur est le méchant, meilleur est le film ». Certes, on connaît la formule de Hitchcock. Mais il y a bien des manières d’être méchant. Prenez Mr. Nishino, par exemple. Voilà un type qui ne paye pas de mine. Il semble même d’une couardise répugnante. Et pourtant, il suffit que vous fassiez un pas dans sa maison pour que soudain vous vous sentiez mal à l’aise. Non sans raison, d’ailleurs. C’est le génie de Kiyoshi Kurosawa que d’instiller aussi lentement que précisément l’inquiétude. Ce cinéaste n’a pas besoin de plaquer une musique stridente pour créer du suspense. Une action à peine aperçue dans la profondeur de champ, un changement d’axe inattendu, et nous sommes saisis. Face-à-face Après un brillant prologue, Creepy se divise en deux. D’un côté, un ancien

flic devenu professeur de criminologie rouvre avec un collègue une vieille enquête sur le meurtre inexpliqué d’une famille. De l’autre, sa femme s’installe dans leur nouvelle maison, essayant au passage de faire connaissance avec le voisinage. Sans surprise, les récits vont converger. Mais sur cette trame, Kurosawa parvient à créer des jonctions inattendues, et surtout à déplacer l’angoisse sur un terrain ordinaire. Dès lors, le foyer ne fonctionne plus comme un refuge. Et le quartier, hors des solidarités traditionnelles, prend des allures de piège. De ce point de vue, Kurosawa dresse un portrait cinglant de la société japonaise.

De Kiyoshi Kurosawa, avec Hidetoshi Nishijima, Yuko Takeuchi, Teruyuki Kagawa... Sortie le 14.06


L’envol Drôles d’oiseaux est un drôle de film. Et, ce qui ne gâche rien, un film drôle. À travers ce second long-métrage, Elise Girard marie les contraires avec une étonnante gracilité : l’amour impossible et la fantaisie, le poids du passé et les fulgurances du présent. Mavie voudrait écrire. Peut-être même devenir écrivaine. Mais comment se concentrer quand le couple qui vous héberge exprime bruyamment son plaisir, et que dans la rue les goélands « tombent comme des mouches » ? Il lui faut trouver une chambre, une « chambre à soi » comme le disait jadis Virginia Woolf. Celle-ci lui sera prêtée par Georges, vieil homme aussi séduisant qu’atrabilaire. En échange, il lui suffit de travailler quelques heures dans sa librairie. La tâche n’est pas trop difficile : Georges éconduit tous les égarés qui ont le malheur d’entrer dans sa boutique. « Plus personne ne lit... », regrette-t-il amèrement. Un humour pince-sans-rire, douloureux parfois, baigne ainsi le film. Ce qui pourrait alors se transformer en aigreur est sauvé par l’amour qui se noue entre Mavie et Georges. Amour tendre, qui n’est peut-être d’ailleurs qu’un fantasme. Mais celui-ci permet à la jeune femme de prendre la plume, d’inventer un monde. En ce sens, Drôles d’oiseaux raconte l’éclosion d’une vocation. Et le passage de témoin entre deux générations, l’une qui se sera consacrée vainement à la lutte politique, l’autre qui tente de se trouver grâce à l’art. Qu’une entente puisse exister entre les deux, voilà ce qui rend le film si touchant. Raphaël Nieuwjaer De Elise Girard, avec Jean Sorel, Lolita Chammah, Pascal Cervo… En salle

© Shellac

DRÔLES D’OISEAUX



© OCS / Empreinte Digitale

© FremantleMedia North America

Écrans – Sélection 76

Missions

American Gods

Mars s’apprête à être colonisée par les Terriens. Pour mener à bien le projet, six brillants scientifiques et astronautes sont catapultés sur la planète rouge, guidés par la fringante psychologue Jeanne. Petit pépin : celle-ci ne donne subitement plus signe de vie. La mission européenne devra donc la récupérer avant qu’il ne soit trop tard… Cette série qui n’a rien à envier aux productions américaines est un cocktail subtilement référencé : de la littérature d’Asimov jusqu’à 2001, l’Odyssée de l’espace en passant par Alien, Interstellar ou Seul sur Mars, pour son second degré. La réalisation de Julien Lacombe est suffisamment habile pour masquer de modestes moyens. Voilà qui devrait pimenter le paysage audiovisuel français, jusqu’ici sagement abonné aux comédies familiales et affaires judiciaires. Cocorico !

Il y a des jours avec et des jours sans. Pour Shadow Moon, fraîchement libéré de prison, c’est un peu les deux. En effet, ce gros balèze a obtenu une réduction de peine pour assister à l’enterrement de sa femme, décédée dans un accident de voiture... En se rendant aux funérailles, il rencontre le mystérieux Wednesday, qui lui propose de devenir son homme de main. En acceptant, le jeune veuf prend part au combat que se livrent les anciens et nouveaux dieux (télévision, médias et Internet). Questionnement bienvenu sur notre rapport à la technologie, American Gods est adapté du roman de Neil Gaiman. À l’écran, ce road trip mythologique ne perd rien de sa superbe. Sombre mais pas dénuée d’humour, la série est un bijou de fantasy à l’esthétique léchée. Un vrai péché mignon.

Mélissa Chevreuil

Sonia Abassi

De Henri Debeurme, Julien Lacombe, Ami Cohen, avec Hélène Viviès, Clément Aubert, Mathias Mlekuz… Sur OCS, À partir du 01.06

De Bryan Fuller et Michall Green, avec Ricky Whittle, Ian MacShane, Emily Browning, Crispin Glover… Disponible sur Amazon Prime Video



Exposition – Rencontre 78

SCHTROUMPF ALORS ! Peyo raconté par Hugues Dayez et José Grandmont Propos recueillis par Julien Damien Illustration Peyo

Certes, la renommée mondiale de Pierre Culliford, alias Peyo (1928-92), n’est plus à démontrer. Pour autant, son talent d’auteur de BD fut un peu éclipsé par le succès de ses lutins bleus. Schtroumpfée à la Fondation Folon, à La Hulpe, cette rétrospective rassemble 150 pièces conservées par sa famille. Ces toutes premières esquisses et ces planches originales de Johan et Pirlouit ou Benoît Brisefer retracent un parcours artistique horsnorme. Co-commissaires de cette exposition inédite, le journaliste Hugues Dayez et José Grandmont, collaborateur de longue date du dessinateur bruxellois, nous en schtroumpfent un peu plus.


Comment les Schtroumpfs sontils nés ? Hugues Dayez : C’est l’un des tout premiers spin-off : des personnages secondaires qui ont obtenu leur propre série. Ils sont nés pour les besoins d’une histoire, en 1958, dans la 9e aventure de Johan et Pirlouit intitulée La Flûte à six trous. Peyo aimait détourner les clichés. Plutôt que de dessiner un vieux sorcier fabriquant une flûte enchantée, il a confié ce rôle à des lutins bleus dirigés par un chef de 542 ans, vivant dans des champignons. Ils n’apparaissent que l’espace de 12 pages, mais ça marche tout de suite. Pourquoi ? H.D. : Non seulement ils sont attachants mais ce néologisme et ce langage plaisent aux lecteurs, les enfants s’amusent à parler comme eux. Peyo s’en rend compte et rebaptise l’album La Flûte à six schtroumpfs. Dans un second temps Yvan Delporte, le rédacteur en chef du Journal de Spirou, imagine

Johan et Pirlouit

Benoît Brisefer

un récit réservé à ces petits personnages, Le Schtroumpf noir, qu’on détache au centre du magazine. Ils vont rapidement éclipser Johan et Pirlouit. D’où ce nom vient-il ? José Grandmont : Peyo s’entendait bien avec Franquin avec lequel il partait souvent à la mer en famille. À l’occasion d’un repas, Peyo ne trouvant plus ses mots, demanda la salière à Franquin en s’écriant « passe-moi la schtroumpf » !


Exposition – Rencontre 80 Qu’est-ce qui fait leur succès ? H.D : Ces albums ont été écrits il y a 50 ans mais on a l’impression qu’ils datent d’hier. Peyo a évité toute référence à l’actualité. Du coup, on ne sait pas très bien où et quand cela se déroule. Cet humour est plus atemporel que celui d’un Goscinny par exemple. Astérix chez les Bretons c’est génial mais il y a des allusions aux Beatles, au "swinging London"… c’est le reflet d’une époque. Peyo n’est jamais contextuel, et donc éternel. Photo de Peyo prise en plein boom des Smurfs aux U.S.A., 1963.

Ce fut l’hilarité générale, ils se sont amusés avec ça toute la soirée. C’est devenu une source de gags intarissable. Quelle est la caractéristique de cette série ? H.D : Au départ les Schtroumpfs se ressemblent tous mais très vite Peyo affirme des personnalités comme le Schtroumpf Coquet, Musicien, Costaud… C’est une comédie humaine où il est question de jalousie, de rivalité, d’orgueil… tous les sentiments s’y trouvent.

« PEYO N’EST JAMAIS CONTEXTUEL, ET DONC ÉTERNEL. » Pourquoi appréciez-vous tant Peyo? H.D : J’ai appris à lire avec Johan et Pirlouit. Cet univers de Moyenâge fantasy a un charme indicible. L’équilibre entre émotion, humour et aventure est parfait. Sur le plan scénaristique ces histoires de 60 pages rivalisent avec L’Affaire Tournesol ou Tintin au Tibet. Peyo, c’est le Hergé de l’école Spirou, sa fluidité narrative est impressionnante.


Peut-on aussi déceler à travers les Schtroumpfs une vision de la société? H.D : On y a vu une allusion au communisme, ce qui est faux puisque chacun affiche sa différence et la propriété privée n’est pas interdite : le Schtroumpf Paysan cultive son propre lopin de terre et tout le monde possède son champignon. Pour autant, il y a deux albums plus politiques. Lesquels ? H.D : Le Schtroumpfissime raconte l’émergence d’une dictature. Lewis Trondheim le présente comme l’un des meilleurs albums politiques jamais réalisé. Alors que le Grand Schtroumpf est en voyage, le village organise des élections pour désigner un chef et là, il y a tout : les promesses électorales, les fraudes, le culte de la personnalité…

Projet de couverture du 1er album Les Schtroumpfs noirs,1963 Premier dessin définitif d'un Schtroumpf (à noter : ici le petit lutin bleu a encore cinq doigts).


Exposition – Rencontre 82

« PEYO, C’EST LA SYNTHÈSE ENTRE HERGÉ ET WALT DISNEY, SES DEUX INFLUENCES MAJEURES »

Mais encore ? H.D. : Schtroumpf vert et Vert Schtroumpf se lit lui comme une allégorie de la Belgique qui se délite : les Schtroumpfs du nord et du sud se disputent autour du langage, les uns parlant de "tire-bouschtroumpf" et les autres de "schtroumpf-bouchon"… Bref, ce sont les Flamands et les Wallons qui divorcent. Comment définir le style de Peyo ? H.D. : C’est la synthèse entre Hergé et Walt Disney, ses deux influences majeures. Il a la fluidité narrative de Hergé et l’aspect rondouillard et en relief de son trait le rapproche de l’école Disney. Le dessin de Peyo est en 3D, tout en volume : on y voit des gros pieds, des gros nez, des gros bonnets et c’est grâce à cela que la déclinaison en petites figurines et en images de synthèse, au cinéma, fonctionne. Quel est le but de cette rétrospective ? J.G : Il n’y a pratiquement jamais eu d’expositions sur Peyo. On souhaitait mettre en avant le créateur, le conteur d’histoires autant que le dessinateur.

Pourquoi y a t-il eu si peu d’expositions sur Peyo ? H.D. : Parce qu’il a lui-même brouillé son image. Les Schtroumpfs deviennent populaires dans le monde entier grâce à leur adaptation à la télé dans les années 1980. Mais Peyo est oublié en tant qu’auteur de BD, ne dessinant plus lui-même. Toute une génération ne le connaît que par les dessins-animés, qui ne sont pas d’une qualité artistique exceptionnelle. Comment a été conçu le parcours ? H.D : De façon chronologique. C’est une exposition sur Peyo et non pas sur les Schtroumpfs. Un quart des pièces exposées leur est consacré et le reste montre l’étendue de son œuvre : Johan et Pirlouit, Benoît Brisefer… J.G : On découvre cette période où il se cherche, de 1945 à 1952. À l’époque, Peyo n’était pas un dessinateur hyperdoué. En 1952, il croise Franquin qui l’introduit au Journal de Spirou et lui donne des conseils. En l’espace d’un an ou deux, il va atteindre un niveau extraordinaire, au niveau de la narration comme du dessin.

Peyo, A Restrospective LA HULPE – jusqu’au 27.08, Fondation Folon, mar > ven : 9 h > 17 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 10 > 6 € / gratuit (-6 ans), fondationfolon.be

À lire Peyo l’enchanteur, de Hugues Dayez (Éd. Niffle), 190 p., 23 €


Premier essai de couverture. Dans le dessin définitif, " Schtroumpfs" sera écrit en lettres capitales, la montagne disparaîtra et Johan s'élèvera à la verticale, comme pour souligner l'emprise de la flûte enchantée de Pirlouit.


Exposition – Sélection 84

Asterix - Obelix © 2017 Les Éditions Albert René / Goscinny - Uderzo


PAR TOUTATIS, UNE FOIS ! Centre belge de la bande dessinée Le CBBD rend hommage à René Goscinny et Albert Uderzo à travers une exposition uniquement consacrée à Astérix chez les Belges. Ce parcours ludique décortique les références au plat pays qui jalonnent cet album sorti en 1979, et aujourd’hui réédité.

«D

e tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves… » écrivit Jules César. Il n’en fallait pas plus pour outrer nos irréductibles Gaulois, Abraracourcix en tête, bien décidés à vérifier sur place la validité d’une telle affirmation (oui Môssieu !). Voilà le point de départ d’Astérix chez les Belges, 24e et dernier album écrit en duo par Goscinny et Uderzo. L’occasion rêvée de se pencher enfin sur le plat pays, où ils s’étaient rencontrés en 1951. « La BD est truffée de clins d’œil à notre histoire », explique Mélanie Andrieu, commissaire de cette exposition avant tout « ludique ».

Pâté(e) de Romains Ce parcours est ainsi ponctué, non pas de planches originales mais de facsimilés épluchant les références aux célébrités belges (Annie Cordy, ici Nicotine, ou Eddy Merckx), aux belgicismes ou à la gastronomie : waterzooi, frites, bière … « Ils ont le talent de révéler les autres cultures en s’appuyant sur des clichés, mais toujours avec bienveillance, selon Jean Auquier, le directeur du CBBD. D’ailleurs Uderzo adore la Belgique, il a toujours eu le sentiment d’y être moins moqué qu’à Paris ». L’accrochage nous place aussi devant de superbes dessins. « Le trait est somptueux, à la fois extrêmement rond et précis ». Reste une question : les Belges sont-ils aussi braves que l’affirmait Jules ? « Eh oui, les Nerviens comme on les appelait, ont vraiment battu les Romains, dans une vallée de Wallonie. On a aussi eu notre Vercingétorix, il s’appelait Ambiorix ». BRUXELLES – 01.06 > 03.09, CBBD, Oui Môssieu ! Julien Damien tous les jours : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 €, www.cbbd.be


Exposition – Événement 86

Hors Cases © Michaelis


RENDEZ-VOUS D’AMIENS DE LA

BD

Ariol © Marc Boutavant

Chaque année, en juin, l’association « On a marché sur la bulle » donne à Amiens des airs d’Angoulême. À travers des rencontres, spectacles et surtout de belles expositions, ce festival « à la fois populaire et pointu » (re)dessine les contours du 9e art d’aujourd’hui. Visite guidée.

En 2017, nul besoin de rappeler que la BD est un art à part entière. Surtout en France, « 2 e marché devant les États-Unis, mais loin derrière le Japon » souligne Pascal Mériaux, directeur de « On a marché sur la bulle ». « Très diversifiée, elle demeure pourtant méconnue. C’est dû à sa maturité tardive ». Si ce format fut créé en 1827 par le Suisse Rodolphe Töpffer, il fut longtemps confiné à l’enfance. « Il fallut attendre la fin du siècle dernier et l’arrivée de revues comme (À suivre) ou Corto Maltese pour qu’il s’émancipe, et s’empare d’autres champs : l’autobiographie, le documentaire, etc. ». Initiés en 1996 par des passionnés, Les Rendez-Vous de la BD ouvrent ainsi les portes d’un vaste monde. Parmi les 80 noms jalonnant cette 22e édition, impossible de louper Charlie Adlard, le dessinateur de la série Walking Dead. Pour l’occasion, le Britannique dévoile une

Couverture Walking Dead © Charlie Adlard


Exposition – Événement 88 centaine de planches originales, réalisées au crayon et à l’encre. Pendant ce temps, les plus jeunes devraient poser quelques questions à Emmanuel Guibert et Marc Boutavant, papas de Ariol. Des styles variés donc et « mille et une façons d’aborder la BD ». Entre les rencontres ou les ateliers, on assiste à des spectacles vivants (tel ce concert-dessiné réunissant JP Nataf et Alfred) et, bien sûr, nombre d’expositions, la marque de fabrique de l’événement. Salut la planche ! Notons cette rétrospective consacrée à Brüno, qui signe l’affiche du festival, où l’on devine Jules Verne dans un style rétro-futuriste. L’auteur du Hors Cases © Enault

« LA BD N’OBÉIT DÉSORMAIS PLUS À AUCUNE RÈGLE STYLISTIQUE OU NARRATIVE » célèbre Tyler Cross fut déjà invité en 2005, à la faveur de sa sublime adaptation de 20 000 lieues sous les mers, que l’on (re)découvre à côté de son travail sur la Black Music. On le sait, la BD n’obéit plus à aucune règle, stylistique ou narrative, elle s’affranchit des marges, comme le révèle Hors Cases. Cet accrochage rassemble les œuvres de


Hors Cases - Métamorphose des corps © Ludovic Debeurme

neuf auteurs repoussant les limites de la planche pour taquiner l’art contemporain. C’est frappant dans ces dessins à l’encre de Lorenzo Mattotti, ces tableaux de Stéphane Blanquet, renvoyant à Jérôme Bosch ou ce récit en 3D du tandem Florent Ruppert et Jérôme Mulot. « Leur tour rotative de deux mètres montre l’évolution humaine, de la gangue de laquelle l’Homme s’extrait jusqu’à sa mort ». Ils ont tous une sacrée case en plus ! Julien Damien

AMIENS – 03 & 04.06, Pôle Universitaire Cathédrale, Maison de la Culture, Ciné Saint-Leu, Le Safran et divers lieux en ville, 10 h > 19 h, 3 € / gratuit (-12 ans), bd.amiens.com Expositions : Walking Dead (Charlie Adlard), Paul en France (Michel Rabagliati), Ariol, Un petit âne comme toi (Emmanuel Guibert & Marc Boutavant), Soul Graphic (Brüno), Une artiste en couverture (Miran Kim)... Festival jeune public : La bande dessinée sous toutes ses formes (Conte musical d’Alfred et Olivier Ka), Fresque d’Olivier Supiot... Spectacles : Concert dessiné : Alfred et J-P. Nataf, Concert de Fatherkid, Ariol’s Show (Emmanuel Guibert, Marc Boutavant et Bastien Lallemant)... Hors Cases : Maison de la Culture d’Amiens, 03.06 > 15.10, mar > ven : 13 h > 19 h, sam & dim : 14 h > 18 h, gratuit, www.maisondelaculture-amiens.com



Exposition – Sélection 91

Hubert de Givenchy L’homme qui aimait les femmes Texte Marine Durand Photo Détail d’un ensemble du soir composé d'une veste brodée effet patchwork et d'un pantalon en satin charmeuse, 1992 © Givenchy / Photo Luc Castel

À l’été 2015, c’est sur les conseils d’Hubert de Givenchy que la Cité de la dentelle et de la mode avait ouvert ses portes au travail de Cristóbal Balenciaga, son mentor. Calais accueille donc logiquement la rétrospective que lui a consacré le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, ajoutant des pièces d’exception à un parcours placé sous la direction artistique du couturier. Comment définir le style Givenchy ? « Chic décontracté », assure Shazia Boucher, responsable des expositions à la Cité de la dentelle. La formule a été usée par la presse féminine, mais correspond parfaitement aux 90 tenues et accessoires sélectionnés. « En dirigeant la boutique d’Elsa Schiaparelli, il a compris que les femmes avaient besoin de vêtements dans lesquels elles se sentaient bien », détaille la commissaire. Dès sa première collection en 1952, le créateur propose les "separates", des pièces faciles à porter que l’on peut mélanger. Puis il affine sa patte, soit « une ligne sobre toujours relevée par un détail qui détonne, une broderie ou un ornement ». Clientèle VIP À Calais, ce sont aussi les tenues de soirée des clientes prestigieuses qui font le show. Ici, un ensemble en satin ayant appartenu à Jackie Kennedy, là une robemanteau en crêpe habillant la duchesse de Windsor aux funérailles de son époux. Sans oublier Audrey Hepburn, la muse, pour qui il signe le fourreau au dos décolleté de Diamants sur canapé. La robe de bal la plus remarquable du parcours, en dentelle Chantilly rebrodée de pierreries, a pourtant été portée par une quasi-inconnue, le mannequin Capucine. « Elle ne figure pas dans les recueils de collection, et pourrait avoir été créée par Givenchy spécialement pour son amie ». Une touche de mystère qui fait aussi le charme CALAIS – 15.06 > 31.12, Cité de la dentelle et de la mode, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), de l’exposition. www.cite-dentelle.fr


Œuvres d'Orsten Groom, Thorsten Brinkmann © MUba / DR

TU SAIS CE QU'ELLE TE DIT… MA CONCIERGE ?!

Correspondance des temps Confronter les œuvres des siècles passés à celles d’aujourd’hui est l'une des spécialités du MUba. Le musée tourquennois pousse plus loin le principe en imaginant une conversation fascinante entre les époques et les styles. À partir du Portrait de ma concierge de Jean Fautrier, ce sont 150 pièces qui se répondent, de Rembrandt à Picasso ! Pénétrant dans la grande nef du MUba, on tombe nez-à-nez avec cette concierge à l’air peu commode, avec son visage vert et ses mains violacées. « Une figure tutélaire du musée » selon Yannick Courbès, le directeur-adjoint. À partir de la vieille dame, l’exposition se déploie en suivant le principe de l’anadiplose, une figure de style usitée en poésie consistant à reprendre le dernier mot ou syllabe d’une phrase au début de la suivante. Concrètement, dans ce parcours, ce sont les associations entre les thèmes et les styles des œuvres qui créent cette fameuse anadiplose. La posture de la concierge est ainsi mise en rapport avec celle, pareillement désuète et inclinée, d’un couple du xixe peint par CarolusDuran. Tandis que celui-ci est malicieusement placé à côté d’un portrait de Simone de Beauvoir signé Nina Childress, interrogeant la condition féminine. Construite de manière ludique, cette déambulation laisse le visiteur complètement libre, sans chemins balisés ni explications encombrantes. « Ce qui nous intéresse, c’est avant tout l’éducation du regard ». Regard qu'on laisse TOURCOING – Jusqu’au 18.09, MUba Eugène Leroy, tous les jours sauf mardi : 13 > 18 h, 5 / 3 € /  volontiers vagabonder… Hugo Guyon gratuit (-18 ans), www.muba-tourcoing.fr




Exposition – Sélection 95

Graffizm Les p’tits papiers

Texte Hugo Guyon Photo hbdistrict / 123Klan / Aple 76 / DR

Simples outils de communication ou œuvres d’art, que l’on jette ou conserve précieusement, les flyers et affiches ont longtemps été les seuls moyens d'annoncer un événement. Une pratique qui s’est largement développée dans le milieu underground et, plus particulièrement, le hip-hop. Montée par l'artiste lillois Isham One, cette exposition rend hommage à ces supports éphémères passés à la postérité.


C’

est dans les rues de New York et de Londres, dans les années 1980 avec la prolifération des blockparties puis des raves que les affiches, et surtout les flyers, sont devenus indispensables. Leur esthétique se démarque alors par un style brut ins-

piré du graffiti et confectionné avec des stylos, des feutres, du blanco et à la photocopieuse. Ces supports visuels sont par essence gratuits, fragiles et démocratiques. « Au même titre que le graff qui s’est développé à la même période résume Isham One,


le commissaire d'exposition. C’était un moyen pour ces jeunes de révéler leur travail en le propageant dans la ville ». Ces dessins étaient réalisés par des gonzes proches des DJs, comme le fameux street-artiste Phase 2, qui s’illustre par ses créations détournant l’iconographie art déco. Hip-Hopedia Cette histoire est retracée dans la Cornell Hip-Hop Collection, un fonds inestimable numérisé par la prestigieuse université Cornell qui comprend affiches, photographies, flyers et articles de presse. 127 visuels présentés dans l’accrochage sont des reproductions autorisées par cette vénérable institution. « Les universités américaines constituent les premières archives du hip-hop » selon Isham One. Les autres pièces exposées viennent pour partie de sa collection personnelle, composée des travaux qu’il a conçus pour les tournées françaises de légendes du rap, comme le Wu-Tang Clan, Rick Ross, NAS ou encore Grandmaster Flash. D’autres illustrateurs indépendants (Félix, Kylabe, Shake…) ont été mis à contribution, dans la dernière section du parcours, « Create your Date », où ils imaginent une affiche pour le concert de leur rêve. Donnant à la collection un caractère évolutif. LILLE – Jusqu’au 02.07, maison Folie Wazemmes, mer, jeu & dim : 14 h > 18 h, ven & sam : 14 > 19 h, gratuit, maisonsfolie.lille.fr


Forte impression Membre du mouvement CoBra (pour Copenhague, Bruxelles et Amsterdam), Pierre Alechinsky a toujours échappé aux diktats de la création artistique. Au carrefour de l'image et du mot, le Bruxellois déploie une œuvre exubérante et largement étudiée. Vraiment ? En voici révélée une facette inédite : ses palimpsestes. Entre le Centre de la gravure et Pierre Alechinsky, c'est une longue histoire. « Nous avions monté en 2000 une exposition sur son œuvre imprimée, explique Catherine de Braekeleer, la directrice. Il nous avait alors offert près de 300 pièces ». Tandis que l'artiste célèbre en octobre ses 90 ans, l'institution louviéroise salue cette générosité à l'occasion de ARTour. Ce festival associant patrimoine et art (voir page 50) s'articule cette année autour de la notion de collection. « Or, depuis plus de 60 ans, Alechinsky recueille avec frénésie toutes sortes de vieux papiers : billets de banque, courriers manuscrits, commerciaux ou administratifs, cartes de géographie… ». Des documents charriant leur propre histoire sur lesquels il peint, dessine… produisant autant de palimpsestes. Les traits ou mots qu'il ajoute sont toujours en lien avec le support original, dans la forme ou le fond, tels ces marins tracés à l'encre sur une antédiluvienne carte de navigation. Ces peintures, dessins ou collages sont répartis sur 1 200 m2 et trois étages. Le rez-de-chaussée est lui consacré aux estampages de mobilier urbain, comme ces bouches d'égout dont il retravaille l'image, « dénichant de la beauté dans l'invisible ». Le propre LA LOUVIÈRE – 03.06 > 05.11, Centre de la gravure des grands artistes. Julien Damien et de l'image imprimée, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 >  3 € / gratuit (-12 ans), www.centredelagravure.be

Alechinsky, Passerelle, 1986 © André Morain

Exposition – Sélection 98

PIERRE ALECHINSKY. LES PALIMPSESTES



© Province de Liège / musée de la vie wallonne

Exposition – Sélection 100

Au nom du foot Le sport le plus populaire de la planète serait-il devenu une religion ? La question est posée au sein d’une ancienne église reconvertie en musée. Cette exposition itinérante créée à Amsterdam et à (la bien-nommée) Bâle dissèque les rituels, idoles ou valeurs du foot grâce à des photos, vidéos, œuvres d’art et une palanquée d’objets hétéroclites. Citons cet autel conçu à la gloire de Maradona, qui lui-même évoquait « la main de Dieu » pour commenter son but controversé face à l’Angleterre lors du Mondial mexicain. L’accrochage fait aussi la part belle aux Belges, dont les joueurs de l’équipe nationale sont surnommés… les diables rouges ! J.D.

Carolyn Carlson Writings on Water On connaissait sa « poésie dansée », un peu moins son œuvre graphique. De ses premiers dessins aux encres plus abstraites conçues au Japon, l’ancienne directrice du Centre national chorégraphique de Roubaix révèle une facette méconnue de son travail. Celui-ci s’inspire notamment de l’enso (« cercle »), cette recherche du geste parfait qui l’a toujours guidée. Ses motifs évoquent ainsi la nature, les éléments et autant de mouvements de danse, évidemment. J.D. ROUBAIX – 01.07 > 24.09, La Piscine, mar > jeu : 11 h > 18 h, ven : 11 h > 20 h, week-end : 13 h > 18 h, 5,50 > 4 € /  gratuit (-18 ans), www.roubaix-lapiscine.com

© Carolyn Carlson, Rue des rondeaux / Photo : A. Leprince

LIÈGE – jusqu’au 03.12, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9 h 30 > 18 h, 5 > 3 €, www.provincedeliege.be



Exposition – Sélection 102

Le nom évoque une avant-garde typiquement belge plus que le faste d’une maison de luxe française. De 1997 à 2003, c’est pourtant chez Hermès que le plus mystérieux des couturiers officia comme directeur artistique. Peu connue du grand public, cette ère mode fait pour la première fois l’objet d’une rétrospective. Transformé en garde-robe géante, le MoMu présente en miroir 110 pièces imaginées pour Hermès et Maison Martin Margiela. ANVERS – jusqu’au 27.08, MoMu, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 6 / 3 € / gratuit (-17 ans), www.momu.be

RICHARD DEACON Près de 25 ans après, Richard Deacon réinvestit le jardin du Middelheim avec une trentaine de ses œuvres. Pour l’occasion, l’artiste réinvente la sculpture Never Mind qu’il avait conçue pour le musée. D’une taille colossale, cette création à l’origine composée de lamelles de bois est désormais entièrement en aluminium. Une transformation pas dénuée d’esprit pour cette exposition portant sur la variation et la fugacité de l’instant présent. ANVERS – Jusqu’au 24.09, Musée Middelheim, tlj : 10 h > 21 h (juin & juillet), 10 h > 20 h (août), 10 h > 19 h (septembre), gratuit, www.middelheimmuseum.be

YVES KLEIN. LE THÉÂTRE DU VIDE Mort à seulement 34 ans, entré dans la postérité grâce à ses monochromes bleus outremer (le fameux bleu Klein), l’artiste touchait à toutes les disciplines : peinture, sculpture, musique, théâtre et même architecture ! C’est cette carrière protéiforme que met en lumière cette monographie exceptionnelle. Celle-ci explore l’œuvre du plasticien dans toute sa radicalité, de ses Reliefs planétaires à ses Peintures de feu, réalisées... au lance-flammes ! BRUXELLES – jusqu’au 20.08, Bozar, mar > dim : 10 h > 18 h, jeu : 10 h > 21 h, 16 / 4 / 2 € (-26 ans et demandeurs d’emploi), www.bozar.be

LE BAISER, DE RODIN À NOS JOURS Pour célébrer le centenaire de la mort du sculpteur avec originalité, le Musée des beauxarts de Calais se penche sur un thème populaire de l’histoire de l’art : le baiser. Depuis l’Antiquité jusqu’aux dessins animés Disney, cette figure s’interprète et se réinvente en peinture, sculpture, photo, BD, musique, danse et, évidemment, au cinéma. Autant de disciplines présentes dans cette sélection d’œuvres qui débute en 1882, date du premier bécot en plâtre d’Auguste Rodin. CALAIS – jusqu’au 17.09, Musée des beaux-arts, mar > dim : 13 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.calais.fr

Hermès A/H 2001-2002 © Ralph Mecke

MARGIELA, LES ANNÉES HERMÈS



Exposition – Sélection 104 Louis Le Nain, Allégorie de la Victoire © RMNGrand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

LE MYSTÈRE LE NAIN Les œuvres des frères Le Nain n’ont pas cessé d’intriguer tant leur signification demeure énigmatique. Seulement 75 peintures ont été attribuées à ces maîtres picards du xvii e siècle, sans que l’on sache avec certitude lesquelles sont de Louis, Mathieu ou Antoine. C’est ce mystère que le Louvre-Lens démêle avec cet accrochage. On admire ici 55 toiles magnifiant des humbles, généralement des paysans affichant des expressions mélancoliques. Un travail de géant. LENS – jusqu’au 26.06, Louvre-Lens, tlj sf mar : 10 h > 18 h, 10 / 5 € / gratuit (-18 ans), www.louvrelens.fr

AFRIQUES CAPITALES. VERS LE CAP DE BONNE-ESPÉRANCE La création contemporaine africaine s’affiche à Lille dans toute sa diversité, avec des artistes pour certains jamais vus en France. Installations, vidéos, photos, peintures, sculptures… Cette exposition collective rassemble les œuvres de plus d’une trentaine de noms. On découvre ainsi un vaste panorama de techniques et de sujets. Une invitation à parcourir un continent complexe, entre mythes, symboles ou problématiques actuelles. LILLE – jusqu’au 03.09, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h, gratuit, lille3000.com, www.garesaintsauveur.com

OPEN MUSEUM : ALAIN PASSARD À chaque printemps depuis 2014, le Palais des beaux-arts donne carte blanche à une personnalité inattendue. Après Air, Donald Duck (oui oui) et Zep, c’est au tour du cuisinier Alain Passard de se prêter à l’exercice. Replaçant le jardin au centre de l’assiette, ce chef avant-gardiste est une référence de la gastronomie française. Le parcours qu’il a mitonné révèle ses bronzes ou collages et fait la part belle aux artistes contemporains autour de thèmes comme la marée, le feu ou la gourmandise, évidemment. LILLE – jusqu’au 16.07, Palais des Beaux-Arts, lun : 14 h > 18 h, mer > dim : 10 h > 18 h, 7 / 4 € /  grat. (-12 ans et à partir de 16 h 30 en semaine), pba-lille.fr

STREET GENERATION(S) Poussant les portes des 1 500 m2 de la Halle B de l’ancienne usine textile, le visiteur entre dans une ville-musée. Ce parcours a été conçu comme une mégalopole à échelle réduite. 150 œuvres y sont disposées chronologiquement. On trouve-là des pièces légendaires (signées JR, Banksy, JonOne…) mais aussi des photos, vidéos et des créations in situ (Jef Aerosol, Sten Lex, Vhils...), retraçant l’histoire d’un courant désormais quadragénaire. ROUBAIX – jusqu’au 09.07, La Condition Publique, mer > dim : 13 h > 19 h, 5 / 3 € / gratuit (-18 ans), visites guidées samedi 14 h 30 et dimanche 16 h, www.laconditionpublique.com




Théâtre & danse – Sélection 107

L'Amour et les forêts Réalité augmentée Texte Julien Damien Photo Svend Andersen

Laurent Bazin adapte le beau roman d'Eric Reinhardt, L'Amour et les forêts, en présence d'Isabelle Adjani. Ou, plutôt, avec sa voix et son image. L'actrice est ici dématérialisée au profit d'une mise en scène sensorielle et immersive, nous plongeant au cœur de l'âme humaine. Dans L'Amour et les forêts (2014), Eric Reinhardt dresse le portrait d'une Bovary des temps modernes. L'histoire d'une prof de français, Bénédicte Ombredanne, confiant à un écrivain qu'elle admire son enfer conjugal, sous le joug d'un mari pervers… L'auteur restitue alors le combat intérieur de cette idéaliste éprise d'amour et de liberté, entre onirisme et réalité, fantasme et cruauté. Cette lecture fut « un choc » pour Laurent Bazin. S'il reste fidèle à la trame du récit, difficile pour autant de transposer sur les planches cette langue très crue, triviale. « Je n'aurais pas pu restituer cette violence à travers un théâtre de la parole ». Défi technique Le parti pris fut donc de matérialiser ces sentiments à travers l'image et le son, « sans passer par les mots mais en allant directement au résultat ». Tenancier d'un théâtre hybride, à la frontière des arts plastiques, Laurent Bazin déploie de considérables moyens techniques. Sur scène, ses quatre acteurs évoluent dans une ambiance sonore spatialisée et sont entourés par « la cerce », soit un cerceau de fer de six mètres de diamètre équipé de projecteurs et vidéoprojecteurs tournant autour des personnages. « C'est l'incarnation du narrateur, qui scrute et interroge ses créatures de roman ». Cet « animal-machine » est "habité" par Isabelle Adjani, absente du plateau, mais dont la voix enregistrée et l'image mouvante, évanescente, la rendent omnisciente. Un rôle sur-mesure, VALENCIENNES – 07 > 09.06, Le Phénix, 20 h, 29 > 10 €, scenenationale.lephenix.fr et une création très attendue.


Joyeux pessimiste Clin d’œil au film culte de Ridley Scott, Bled Runner est le dernier opus de Fellag. À la faveur de cette rétrospective, florilège de ses meilleurs spectacles, le comédien raconte avec une liberté de parole réjouissante les bonnes mais aussi les pires histoires franco-algériennes. Chéchia rouge, chemise à pois, pantalon noir à bretelles, Mouloud Chalabi alias Fellag, remonte le fil de sa vie. Tout commence en Kabylie dans les années 1950 : c’est l’enfance puis l’adolescence insouciante, la découverte du cinéma et de ses actrices. Viennent ensuite la violence des attentats et l’arrivée à Marseille, en 1995. Fellag n’a pas joué en Algérie depuis 24 ans mais reste l’enfant de 132 ans d'occupation française, et porte un amour fou à ses deux pays. « De toute façon, vous avez raté votre colonisation, nous avons raté notre indépendance, on est quitte ! ». Avec un esprit qui, dixit son ami Jacques Bonnaffé, « a la force des épices », il joue avec les tabous et les clichés, ceux qui bousculent et égratignent. Le dosage est précis. C’est avec bienveillance qu’il convoque les personnages rencontrés lors de ses précédents spectacles : le philosophe athée, le croyant excessif, le "muriste" drogué (ce jeune qui passe sa journée adossé à un mur) sans oublier le fonctionnaire français et, bien sûr, sa mère… « L’humour, c’est quand on rit quand même » disait Mark Twain. Chez Fellag, il devient réconciliation, désamorce les bombes et les peurs. Dans la salle, les youyous rythment les applaudissements, le rire a pris la main sur le pire. Patricia Gorka

BRUXELLES – 14 > 17.06, Théâtre 140, 20 h 30, 25 €, www.theatre140.be

© Denis Rouvre

Théâtre & danse – Sélection 108

BLED RUNNER



Histoire de la violence Créé au Théâtre du Nord à l’automne 2015 et acclamé à Avignon, Maubeuge ou Agen, Toute ma vie, j’ai fait des choses que je savais pas faire est de retour à Lille. Ce monologue tout en intensité retenue, commandé par Christophe Rauck spécialement pour la comédienne Juliette Plumecocq-Mech, clôt la saison en beauté. « J’avais envie de quelque chose de singulier, d’une forme assez courte que l’on puisse montrer partout », rappelle Christophe Rauck, qui a laissé carte blanche quant au texte à Rémi de Vos, membre du collectif d’artistes du Théâtre du Nord. Pendant 45 minutes, Juliette Plumecocq-Mech, coupe courte grisonnante et sweat à capuche, est donc seule en plateau. Et comme souvent chez Christophe Rauck, avec qui elle collabore depuis 20 ans, elle joue un homme. « Son côté androgyne permet de créer un vrai trouble », commente le metteur en scène. Tout aussi troublante est l’histoire de son personnage qui déroule son flux de mots depuis le sol, s’extrayant d’un marquage à la craie évoquant une scène de meurtre. L’histoire d’un type dans un bar, qui buvait une bière sans rien demander à personne et sur qui s’abat soudain une flopée de menaces et d’insultes homophobes. « On découvre peu à peu comment l’agressé fait face, et la violence extérieure nous envahit », décrit Christophe Rauck, qui appuie la musicalité de la langue de Rémi de Vos avec deux sonates de Beethoven. De la musique classique plutôt que des cris ou des hurlements, car « la force politique du théâtre vient de sa force poétique ». Marine Durand LILLE – 07 > 24.06, Théâtre du Nord, mar, mer, ven : 20 h, jeu & sam : 19 h, dim : 16 h, 27 > 7 €, www.theatredunord.fr

© Simon Gosselin

Théâtre & danse – Sélection 110

TOUTE MA VIE, J’AI FAIT DES CHOSES QUE JE SAVAIS PAS FAIRE



© Fabien Debrabandere

© Mats Bäcker

Noetic et Icon

Comment moi je ?

Ces deux pièces ont été créées par Sidi Larbi Cherkaoui avec les danseurs du Ballet de l'Opéra de Göteborg. D'un côté, Noetic met en scène des hommes et femmes en costumes et talons aiguilles. Cette chorégraphie mathématique évoque notre besoin de structurer nos existences. De l'autre, Icon convoque une atmosphère plus primitive où les interprètes construisent et détruisent des idoles en terre cuite, disséquant notre rapport aux icônes, religieuses, politiques ou pop. Un même effet miroir donc, mais deux reflets distincts.

Et de 500 ! Le spectacle de Marie Levavasseur (Cie Tourneboulé) fête son demi-millier de représentations. Un joli succès pour cette pièce invitant les enfants à philosopher. Celleci raconte l'histoire d'une petite fille venant de naître et se posant déjà un tas des questions : qui suis-je ? Quelle est ma place dans le monde ? Au fil de ses rencontres, elle réfléchit sur l'amitié, la peur, la mort… dans une scénographie mêlant marionnettes, jeu d'acteur, théâtre d'objets et beaucoup de poésie.

BRUXELLES – 08 > 11.06, Théâtre National, 19 h (sauf dim : 15 h), 40 > 20 €, www.lamonnaie.be

LILLE – 08 > 10.06, Théâtre de la découverte, jeu : 14 h & 19 h, ven : 14 h & 20 h, sam : 15 h & 19 h, 15 > 5 €, theatre-verriere-decouverte.org

© Augustin Détienne / Canal+

Chris Esquerre - Sur rendez-vous Après sa revue de presse des journaux que personne ne lit (Réussir la chèvre, Sanglier Passion…), Chris Esquerre tire toujours plus le fil de la loufoquerie. Pas de sketches ni de vannes en rafales ici. Dans ce second one-man-show, il décortique avec génie les secrets de fabrication d’un « spectacle à vocation humoristique ». Placement de la voix, moyens mnémotechniques, analyse des critiques… le maître de l'absurde ne cherche jamais le rire à tout prix, et c’est d’autant plus drôle. BRUXELLES – 13.06, Théâtre de la Toison d'Or, 20 h 30, 23 > 8 €, www.ttotheatre.com



Le mot de la fin 114

Luisa Azevedo – Ces baigneurs n’ont pas l’air dans leur assiette. On ne s’étonnera guère de retrouver un cheveu dans notre soupe… Il faudra demander des comptes à Luisa Azevedo. Cette jeune artiste lisboète alimente la toile d’images extravagantes, jouant avec les proportions et un talent indéniable pour le photomontage. « I don’t want realism, i want magic », clame-t-elle. Ça tombe bien, nous aussi. www.heyluisa.com




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