LM magazine 131 - juillet aout 2017

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n°131 / juillet-aoÝt 2017 / GRATUIt

Hauts-de-france & belgique Cultures et tendances urbaines



sommaire magazine

LM magazine n°131 - Juillet & août 2017

News – 08

La route de Rome, Glace à l’eau polluée, Matelas gonflés, Notre bain quotidien, Souffler dans le ballon

Portfolio – 10 Weronika Gesicka Passé recomposé

Reportage – 20 L’école des sirènes La vie aquatique

dossier – 28 La crevette grise Garde la pêche

rencontre – 62 Juliette Armanet © Erwan Fichou & Theo Mercier

Juliette Armanet Quelques mots d’amour

portfolio – 106 Loïc Vendrame Vertige des vestiges

Lieu – 112

Middelheim museum En plein art

le mot de la fin – 130 Jim Denevan Prend un râteau


sommaire sélection

LM magazine n°131 - Juillet & août 2017

Pukkelpop 2016 © JOKKO

Festivals – 38

Part 2 : juillet-août 2017 Openluchttheater Rivierenhof, L’été au LaM, ARTour, Summer GrandHornu, L’été au parc du Louvre-Lens, Rock Werchter, Main Square Festival, Couleur Café, Festival au Carré, Gent Jazz Festival, Les Ardentes, En Nord Beat, Rock Zottegem, Le Manifeste, Cactus Festival, Pile au rendez-vous, Festival interculturel du conte de Chiny, Dour Festival, Festival de la Côte d’Opale, Suikerrock, Tomorrowland, Rock en Stock, Les Nuits Secrètes, Dekmantel, Dranouter, Esperanzah!, Lokerse Feesten, Ronquières Festival, Brussels Summer Festival, Nostalgie Beach Festival, Wecandance, W Festival, Pukkelpop, Festival international des arts de la rue de Chassepierre, Cabaret Vert, Touquet Music Beach Festival, Fête des Solidarités, Horst Festival, Les Rencontres Inattendues, Hill Climbing…

écrans –

98

120 battements par minute, Les Proies, Dear White People, The Handmaid’s Tale : la servante écarlate

livres –

104

Kieron Gillen & Jamie McKelvie, Axel Cadieux, Thierry Martin, David Snug, Jeff Lemire & Emi Lenox

exposition–

112

Richard Deacon, Nendo, Art is Comic, The Paper Revolution, Par voiX postale, En léger différé, Céline Duval, Fabulous Failures, Agenda...



LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09 - fax : +33 (0)3 62 64 80 07

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Couverture Weronika Gesicka Série Traces weronikagesicka.com

Hugo Guyon info@lm-magazine.com

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Ont collaboré à ce n° : Sonia Abassi, Thibaut Allemand, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Mélissa Chevreuil, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Weronika Gesicka et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



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Roman Roads © Sasha Trubetskoy

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Le dessous des cartes Toutes les rames mènent-elles à Rome ? Pour le découvrir, un étudiant de Chicago a retranscrit les routes construites par l'Empire romain... façon carte de métro. Comme on peut le voir, les Latins avaient le sens du pavé. En l'an 125, ils avaient déjà relié 113 provinces, de l'Espagne à la Grande-Bretagne en passant par le Nord de l'Afrique. Seul un petit village d'Armorique restait mal desservi. sashat.me

© Hung I-chen, Guo Yi-hui et Cheng Yu-ti

Parfum pollution

fr-fr.facebook.com/PollutedWaterPopsicles

Vous la voulez comment votre glace ? Avec des morceaux de plastique ou goût pétrole ? Plus sérieusement, ce projet est l'œuvre de trois étudiants de l'université d'art de Taïwan. Ces fausses douceurs ont été concoctées avec une véritable eau polluée, prélevée dans 100 points précis de la ville. Le résultat est plutôt glaçant...


Gonflé ! On n’est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gras sur nos matelas gonflables en forme de bacon grillé et d'œufs au plat. Et puis on mangera quand on aura envie de manger. N'empêche, avant de frimer à la piscine du camping cet été, il vous faudra débourser près de 60 €. www.kangaroomfg.com/categories/summer

Martin (et Paul) à la plage

Passe décisive

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Rester snob même sur la plage ? OK. On a repéré des shorts au poil, signés Martin Parr et Paul Smith. Le photographe et le styliste anglais se sont associés autour d'une collection originale. En résultent des maillots de bain sur lesquels sont publiées des scènes de plage quotidiennes, mais qui n’ont rien de banales sur votre arrière-train.

Comment passer de l'alcool en festival sans se faire pincer (eh oui, le flacon de gel-douche ne trompe plus personne) ? Voici la "football flask", soit un ballon de foot américain contenant une bouteille, tout simplement. Astucieux certes, mais il n'empêche pas la gueule de bois. Fonctionne aussi avec du jus de fruits.

www.paulsmith.com/uk

www.footballflasks.com

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Portfolio – Portrait 10

Passé recomposé

à lire l’interview de Weronika Gesicka sur www.lm-magazine.com

Gesicka

Weronika

à visiter weronikagesicka.com

Texte Julien Damien

Quelque chose cloche dans ces images. Ces fillettes en maillot de bain tenant le même ballon ont les bras trop longs, tandis que cette famille prend un malin plaisir à se verser du lait sur la figure. Et que dire de ces jeunes femmes perchées sur les épaules de leurs "boyfriends", dont la tête a disparu dieu sait où… Issues de la série Traces, ces photographies témoignant de l’American way of life ont été déformées de manière étrange, engendrant des scènes qui ne jureraient pas dans un film de David Lynch. Un passé recomposé avec un sens de l’absurde certain par Weronika Gesicka. « J’ai revisité des clichés provenant des archives américaines des années 1950 et 60, achetés à une banque d’images, détaille l’artiste polonaise. En les examinant de près, je ne savais pas exactement lesquels étaient authentiques, c’est à dire issus d’un véritable album de famille, ou créés pour une séance photo commerciale ». Qui sont vraiment ces gens ? Quels liens les unissent ? Weronika ménage le doute, sur le fil entre réalité et fiction. Comme au sortir d’un rêve. « Je travaille avant tout sur la mémoire, personnelle et collective. La façon dont nous percevons le passé, dont nos souvenirs évoluent avec le temps guide ma recherche ». Certains événements ou visages persistent dans notre esprit, d’autres s’estompent mais laissent toujours une trace, et autant de lignes de fuite.






Siamese Twins / Family






Loisirs – Reportage 20

L’école des sirènes Passion d’eau douce Texte & Photo Elisabeth Blanchet


Hôtel Palm Beach, Corniche Kennedy, Marseille. Au bord de la piscine de cet établissement de luxe gît du matériel de plongée incongru : des monopalmes recouvertes de lycra à paillettes… en forme de queue de poisson. Eh oui, c’est ici, à deux pas des plages du Prado que Julia Sardella enseigne depuis deux ans le mermaiding, ou comment nager comme une sirène ! Découverte d’une discipline combinant sport, jeu, imaginaire… et qui n’a rien d’un poisson d’avril.



L

es cinq jeunes femmes arrivent avec un peu de retard (le fameux quart d’heure marseillais). L’une d’elles, Lola, écarquille les yeux en réalisant la métamorphose qui l’attend : le cours de sirène est le cadeau surprise de ses copines pour enterrer sa vie de jeune fille ! Une fois les queues de poisson enfilées, le tohu-bohu des "ploufs" attire le regard amusé des clients du Palm Beach. Pendant que les néophytes s’essayent aux premières propulsions, Julia Sardella, 35 ans, explique en quoi consiste la discipline : « elle mêle l’aspect sportif, en nageant avec la monopalme, mais aussi l’évasion, car c’est une activité hyper ludique faisant rêver les femmes, les enfants et même les hommes ». Du rêve et du sport,

voilà ce que cette ancienne athlète de haut niveau en natation synchronisée, aussi instructrice de pilates, propose à ses élèves. 70 % sont des filles. La séance est ouverte à partir de huit ans, à la seule condition de savoir bien nager. Ce qui n’est pas le cas de Mélanie… Tandis que ses camarades s’accommodent de leur nouvelle morphologie, elle reste assise sur le bord du bassin, la queue dans l’eau, semblant sortir du film de Walt Disney. Pour autant, ces créatures n’ont pas toujours ressemblé à Ariel. Un petit "splash back" s’impose…

Du drame au glam Les sirènes qui apparaissent dans la mythologie grecque sont d’abord mifemmes, mi-oiseaux.


il existe une vraie communauté de mermen et de mermaids Leurs chants aimantaient les marins vers le naufrage et la mort. Puis, dans le folklore médiéval scandinave, elles troquent les plumes pour des écailles mais se comportent toujours comme des aguicheuses néfastes… Au fil des siècles, elles acquièrent un statut glamour, devenant de jolies naïades vivant en eaux peu profondes, dans des estuaires, des lagunes… Enfin, le personnage du conte d’Andersen (La Petite Sirène, 1837) n’est plus un monstre tentateur, mais une héroïne en quête d’amour. Une représentation toujours d’actualité puisque sa statue à Copenhague attire pléthore

de touristes romantiques… C’est d’ailleurs tout cet imaginaire qui séduit, reprend Julia. « Aux étatsUnis, au Canada ou en Australie, où les écoles émergent depuis la création de la première à Manille, en 2013, il existe une vraie communautés de mermen (ndlr : tritons, en anglais) et de mermaids (sirènes). Ils se retrouvent pour nager ensemble mais aussi deviser sur la mythologie, les légendes. Un mouvement est en train de naître en France. Le tout premier festival vient de se dérouler dans une fosse de plongée des Hauts-de-Seine : les participants y exposaient leurs tenues, créations, accessoires ». Julia mentionne également l’existence d’un concours international de "Miss Mermaid", gagné par la Bretonne Ingrid Fabulet, l’an passé en égypte.



Celle-ci défend d’ailleurs son titre de "meilleure sirène de France" à Vannes, en juillet.

Communauté Mais Julia ne recherche pas la compétition : « je développe un loisir sportif, tout en enseignant les valeurs du travail en équipe. Durant les spectacles, les sirènes évoluent parfois par groupe de 10. Les séances reposent sur des jeux, on est là pour s’amuser ». C’est ce que font nos apprenties : elles se faufilent au centre de cerceaux placés sous l’eau, progressent en duo. Au bout d’une heure, le résultat impressionne les clients du Palm Beach. Après des regards amusés, voire moqueurs, eux aussi veulent troquer leur maillot pour une queue. Justement, qu’en est-il de l’équipement ? « J’ai créé ma propre marque », explique Julia qui, après sa carrière sportive, a vécu quatre ans à

Las Vegas où elle se produisait dans le show aquatique Le Rêve. Le textile pailleté aux dominantes vert, bleu turquoise, rose-violet, est plus épais que celui des maillots de bain. Un tantinet kitsch, aussi. La monopalme pèse à peine deux kilos. Désormais, Julia compte étendre son activité cet été du côté d’Aix-en-Provence et ouvrir des franchises de son école. En attendant, c’est la fin de la séance pour nos Marseillaises venues enterrer, ou plutôt noyer, la vie de jeune fille de leur amie Lola. Un peu intimidées au début, elles rechignent maintenant à ôter leurs écailles synthétiques. Mais bon, il faut bien revenir sur terre !

à visiter : école de sirènes de Marseille : 50 € / heure / personne, prêt du matériel inclus, sirene.perle-events.fr/les-cours-de-sirene école de sirènes de Quimper : aqua-reve-enbzh.com Miss Sirène France : Vannes – 15 & 16.07, Piscine Vanocéa, missmermaidfrance.com


Loisirs – Reportage 27


La crevette grise Garde la pĂŞche Texte Julien Damien Photo Sonya Kamoz / Julien Damien / Ville de Leffrinckoucke / Dirk Van Hove


Loisirs – L’appel du large 29

En croquette, dans une tomate ou simplement cuite à la poêle, la crevette grise reste l’un des mets favoris des Belges – et de nombreux Ch’tis. Le plat pays a beau en pêcher six fois moins qu’il y a 50 ans (500 tonnes par an) et les importer (principalement des PaysBas), il reste le plus gros consommateur au monde de ces crustacés, consommant à lui seul 54 % de toute la production – soit 15 5000 tonnes ! Il faut dire que ce caviar de la mer du Nord, plus petit que ses cousines roses, est bien plus goûtu. Pourquoi ? Réponse au ras du filet.


PrÊparation de croquettes de crevettes avec le chef Simon Kambala (restaurant François, Bruxelles).


A

u premier regard, elle ne paye pas de mine. Néanmoins, la croquette de crevettes reste l’une des "stars" des tables belges. Elle serait apparue dans les tranchées de l’Yser, au nord du plat pays, durant la Première Guerre mondiale. Les crevettes grises étaient alors consommées par les soldats, qui les conservaient dans une pâte. Mais, plus qu’un simple plat, « c’est une pièce de notre patrimoine, au même titre que la frite ou la gaufre », assure Samy Citgez. Il en sait quelquechose. Son restaurant, François, place Sainte-Catherine à Bruxelles, est le premier à l’avoir inscrit sur sa carte, dans les années 1950. La recette est d’ailleurs conservée dans un coffre-fort… Pourtant, rien de complexe (a priori), lorsqu’on observe le

« La croquette de crevettes grises est une pièce de notre patrimoine » chef dans les cuisines. Simon Kambala exécute d’abord un bouillon de légumes, relevé de déchets du précieux décapode. Il y ajoute de la farine, du beurre, du jus de citron et une mystérieuse épice « spécialement conçue pour nous »… Il obtient une pâte dans laquelle il plonge les crevettes et du fromage râpé. Il laisse durcir puis confectionne des portions de 80 grammes, les roule dans la chapelure avant de les frire trois minutes, à 180 degrés.


Championnat du monde de décorticage de crevettes grises à Leffrinckoucke.

Ne reste plus qu’à servir avec du persil frit (lui aussi) et un citron. Qu’estce qui fait une bonne croquette ? « Elle doit être croustillante et, quand vous la coupez au milieu, l’intérieur doit couler, comme un moelleux au chocolat ». Comptez tout de même 16 euros pour deux pièces… Cher ? Peut-être, mais le crustacé est une denrée de plus en plus prisée, donc rare. « La crevette se vend 80 euros le kilo, épluchée, assure Samy Citgez. Et puis il y a la manutention. Ici, elles sont décortiquées à la main, c’est un sacré boulot ». Celui de Micheline qui s’active dans l’arrière-boutique, depuis 38 ans, à raison parfois de 12 kilos par jour ! On lui conseille de s’inscrire au championnat du monde de décorticage…

Championne du monde ! Cette compétition très sérieuse se déroule chaque premier dimanche d’août, depuis 2004, sur la plage de Leffrinckoucke. Une idée de Bernard Weisbecker, le maire de cette commune de l’arrondissement de Dunkerque. Aficionado de la pêche à pied (où l’on pousse le filet devant soi), il entendait souvent les copains débattre de leurs qualités d’éplucheurs. « Un jour je me suis dit : "on va mettre ça sur la table, on verra bien qui est le meilleur" ». Voila comment ce "Mondial" est né. « Au début on n’était pas plus de 18, et puis il y a eu un engouement… ». Aujourd’hui, près de 120 hommes ou femmes venus de France, de Belgique ou de Hollande se bousculent pour participer au


Loisirs – L’appel du large 33

Nicole Vanzinghel, 10 fois championne du monde : déshabille 186 grammes en 10 minutes.

concours – nécessitant 50 kilos de notre animal. Des règles ont donc été établies. « L’épreuve est découpée en trois séries de 40 concurrents. On leur distribue un grand bol de crevettes puis il y a un coup de feu, comme aux jeux olympiques. Charge à eux d’en déshabiller le plus possible en 10 minutes ». Un jury veille ensuite au bon décorticage et à la pesée. Le record est de 186 grammes. Il est détenu par une Leffrinckouckoise : Nicole Vanzinghel, 59 ans, six fois maman, deux fois mamie et… dix fois championne du monde ! Son secret ? « Je suis déjà hyperactive, mais en compétition je suis encore plus énervée ! J’attrape et j’épluche, sans me soucier des autres ». Cette ex-couturière, devenue mère au foyer

après la fermeture de la confection qui l’employait, a désormais sa petite notoriété. « Je me rends souvent à Paris pour des interviewes, j’ai été reçue par France Inter, NRJ 12… J’ai même tourné

Le saviez-vous ? Une grande partie des crevettes grises pêchées dans les pays du nord sont envoyées au Maroc pour être décortiquées à moindre coût. Elles reviennent ensuite en Belgique saupoudrées d’un conservateur. Conclusion, l’empreinte carbone est déplorable et le produit perd ses qualités gustatives. Mieux vaut donc mettre la main à la pâte.


Loisirs – L’appel du large 34


Deux fois par semaine à Oostduinkerke, sauf en hiver, les chevaux brabançons s’enfoncent dans l’eau jusqu’au poitrail et avancent parallèlement à la côte, en tirant des filets en forme d’entonnoir que deux planches en bois maintiennent ouverts. Une fois piégées, les crevettes sont triées puis versées dans des paniers attachés à la monture. Chaque pêcheur peut en rapporter de 8 à 25 kilos en une journée.


Loisirs – L’appel du large 36

La Fête de la crevette à Oostduinkerke attire plus de 10 000 visiteurs en deux jours.


une émission avec Norbert le cuisinier ». Elle connaît aussi la rançon de la gloire. « J’ai des admirateurs, mais aussi beaucoup de rivaux, il y a de la jalousie… Et puis toutes ces caméras à la maison, c’est beaucoup de pression ! ». Le pied à l’étrier Quelques kilomètres plus au nord, d’autres ont aussi acquis une belle notoriété : les pêcheurs de crevettes à cheval d’Oostduinkerke. Cette station balnéaire du littoral flamand est parvenue à sauvegarder une tradition vieille de près de cinq siècles, et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2013. Celle-ci se pratique en eaux peu profondes, d’avril à juin, puis de septembre à décembre. Elle a lieu une heure et demie avant et après la marée basse.

« La pêche de la crevette à cheval est reconnue par l’Unesco » Les chevaux utilisés sont des brabançons, assez grands et forts pour se déplacer dans l’eau et tirer un filet de 8 mètres d’envergure. Une fois piégées, les crevettes sont triées puis versées dans des paniers attachés à la monture. Chaque pêcheur peut en rapporter de 8 à 25 kilos en une journée. On trouve les premières traces de cette technique en 1563, autour de l’abbaye des Dunes. Autrefois répandue sur les côtes françaises, belges et hollandaises, elle a disparu face à l’industrialisation, au milieu du xxe siècle,

pour ne perdurer qu’à Oostduinkerke. Pourquoi ici ? D’abord, parce que les conditions sont idéales : cette plage de 12 km de long n’est entravée par aucun obstacle – comme des brise-lames. Les crustacés y trouvent des températures de rêve et quatre belles lagunes pour pondre. Ce fut aussi une volonté politique locale. « Dans les années 1950, le tourisme s’est développé sur la côte. Mais tout le monde allait à Ostende sans s’arrêter chez nous, explique Ineke Steevens, directrice du musée national de la pêche, inauguré en 1974. Alors le bourgmestre a eu une idée : mettre en valeur notre trésor ! ». Ainsi naquit la "Fête de la crevette". Celle-ci a lieu fin juin. Voilà 68 éditions qu’on admire son marché, ses concours, son élection de "Miss Crevette"… Si, au xixe siècle, cette pêche était l’apanage de paysans désireux d’augmenter leurs revenus, elle demeure aujourd’hui une passion. Seule une douzaine de familles la perpétue. Parmi eux Eddy d’Hulster, 74 ans. « J’ai appris ces gestes il y a 50 ans auprès mon beau-père. Maintenant, c’est moi qui les transmets à mon beau-fils ». Tant qu’il y aura de l’amour… on mangera des croquettes ! Restaurant François Bruxelles – Quai aux Briques 2, www.restaurantfrancois.be 13e championnat du monde de décorticage de crevettes grises (dans le cadre de la Fête de la Plage) Leffrinckoucke – 06.08, sur la Plage, 11 h (+ concert de Gold à 17 h), gratuit, www.leffrinckoucke.fr Musée national de la pêche - Navigo Oostduinkerke – Pastoor Schmitzstraat 5, mar > ven : 10 h > 18 h, sam & dim : 14 h > 18 h, 7 > 2 € / gratuit (-7 ans), www.navigomuseum.be


Rotterdam

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Lille

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Rouen

Chiny

35 Charleville-Mezier

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cologne

dler

39

luxembourg

16 Chassepierre

1–R ock Werchter, Musique, 29.06 > 02.07, Werchter, p.44

11 – G ent Jazz Festival, Musique, 06 > 15.07, Gand, p.48

2 – Main Square Festival, Musique, 30.06 > 02.07, Arras, p.44

12 – E n Nord Beat, Musique, 07 & 08.07, Bailleul, p.52

3–C ouleur Café, Musique, 30.06 > 02.07, Bruxelles, p.44

13 – R ock Zottegem, Musique, 07 > 09.07, Zottegem, p.52

4 – F estival au Carré, Pluridisciplinaire, 30.06 > 08.07, Mons, p.46

14 – C actus Festival, Musique, 07 > 09.07, Bruges, p.54

5 – L’été au Louvre-Lens, Pluridisciplinaire, jusqu’au 31.08, Lens, p.43

15 – P ile au Rendez-vous, Pluridisciplinaire, 07 > 09.07, Roubaix, p.56

6 – Summer Grand-Hornu, Pluridisciplinaire, jusqu’au 03.09, Grand-Hornu, p.43

16 – F estival interculturel du conte de Chiny, Pluridisciplinaire, 07 > 09.07, Chiny, p.58

7–O penluchttheater Rivierenhof, Musique, jusqu’au 03.09, Anvers, p.40

17 – D our Festival, Musique, 12 > 16.07, Dour, p.60

8–A RTour, Exposition, jusqu’au 10.09, La Louvière, Mariemont, Binche…, p.42

18 – L e Manifeste, Théâtre, 14 > 16.07, GrandeSynthe, p.52

9 – L’Eté au LaM, Pluridisciplinaire, jusqu’au 17.09, Villeneuve d’Ascq, p.42

19 – F estival de la Côte d’Opale, Musique, 17 > 22.07, Boulogne-sur-Mer, Outreau, Hardelot, Le Portel, Desvres, p.62

10 – Les Ardentes, Musique, 06 > 09.07, Liège, p.50

20 – Tomorrowland, Musique, 21 > 23.07 & 28 > 30.07, Boom, p.68


Festivals Dossier spécial

39

ao ût 20 17 Pa rt 2 : ju ill et  /

22 – Les Nuits Secrètes, Musique, 28 > 30.07, Aulnoye-Aymeries, p.70 23 – Rock en Stock, Musique, 29 & 30.07, étaples, p.68

32 – Pukkelpop, Musique, 16 > 19.08, Hasselt, p.84 33 – W Festival, Musique, 18 > 20.08, Amougies, p.82

24 – Dekmantel, Musique, 02 > 06.08, Amsterdam, p.72

34 – Festival International des Arts de la Rue de Chassepierre, Arts de rue, 19 & 20.08, Chassepierre, p.86

25 – Dranouter, Musique, 04 > 06.08, Dranouter, p.74

35 – Cabaret Vert, Pluridisciplinaire, 24 > 27.08, Charleville-Mézières, p.88

26 – Esperanzah !, Pluridisciplinaire, 04 > 06.08, Floreffe, p.76

36 – Touquet Music Beach Festival, Musique, 25 & 26.08, Le Touquet, p.90

27 – Lokerse Feesten, Musique, 04 > 13.08, Lokeren, p.78

37 – La Fête des Solidarités, Musique, 26 & 27.08, Namur, p.90

28 – Ronquières Festival, Musique, 05 & 06.08, Ronquières, p.80

38 – Les [rencontres] inattendues, Pluridisciplinaire, 31.08 > 03.09, Tournai, p.92

29 – Brussels Summer Festival, Musique, 06 > 15.08, Bruxelles, p.80 30 – Nostalgie Beach Festival, Musique, 12.08, Middelkerke, p.82 31 – W ecandance, Musique, 12 & 13.08, Zeebrugge, p.82

39 – Hill Climbing, Gamelles & cylindrées, 01 > 03.09, Andler-Schönberg, p.94 40 – Horst Festival, Musique, 08 & 09.09, Holsbeek, p.90

Festival cabaret vert © thierry michel (voir p. 88)

21 – Suikerrock, Musique, 28 > 30.07, Tienen, p.68


40

Openluchttheater Rivierenhof C’est le poumon vert d’Anvers. Situé dans le district de Deurne, de l’autre côté du périphérique, le parc Rivierenhof s’étend sur 132 hectares et comprend deux étangs, deux châteaux et même un mini-zoo ! Un espace prisé des randonneurs autant que des adeptes du petit verre, à la coule sur les chaises longues au bord de l’eau. C’est dans cet écrin de verdure qu’on trouve l’Openluchttheater. Chaque été, l’Arenbergschouwburg propose dans ce théâtre de plein-air un programme épatant, entre légendes et champions des musiques actuelles. Kurt Vile ouvre ainsi cette édition avec son rock rugueux et un son lo-fi. L’Américain est accompagné par le folkeux texan Will Johnson et Mauro Pawlowski, chanteur culte de la scène belge. Hasard du calendrier, son ancien compagnon de route au sein du groupe dEUS, Tom Barman, présente une semaine plus tard son projet jazz TaxiWars. Une soirée complétée par les Canadiens de Timber Timbre, qui trouvent ici le cadre idéal pour déployer leur pop atmosphérique. Les figures mythiques sont aussi de la partie. Et quelles figures ! Citons le Rockabilly Rebel Brian Setzer, la diva punk Patti Smith et surtout le vétéran du hip-hop Yasiin Bey, aka Mos Def, pour sa tournée d’adieu. Un Deurne – Jusqu’au 03.09, Parc concert immanquable, donc, avant qu’il ne se mette de Rivierenhof, 19 h, 1 concert : 47 > 15 €, www.oltrivierenhof.be lui aussi… au vert. Hugo Guyon Sélection : Kurt Vile & the Violators, Mauro Pawloski, Will Johnson (04.07) // Yann Tiersen (08.07, Complet !) // Taxiwars, Timber Timbre (10.07) // Brian Setzer’s Rockabilly Riot ! (12.07, Complet !) // Rodrigo & Gabriela (13.07, Complet !) // Yasiin Bey (Mos Def), Thecolorgrey,

Lefto (22.07) // José Gonzales solo (24.07) // Patti Smith (01 & 02.08, Complet !) // Tinariwen (09.08) // Coely, Romeo Elvis & le Motel, Dvtch Norris (13.08) // Ozark Henry (26.08) // Franz Ferdinand (30.08, Complet !) // Bill Callahan, Nigel Williams (02.09)…

Yasiin Bey (Mos Def) © DR

Musique



© Cinéligue Nord-Pas de Calais

Juan Paparella, Archéologie des blessures © ARTour

Dossier – Festivals 42

Exposition

Pluridisciplinaire

ARTour

L'été au LaM

Combinant art contemporain et patrimoine, cette biennale se penche pour sa 11e édition sur la notion de collection. L'occasion de découvrir des expositions étonnantes et une ribambelle d'objets farfelus, telles les dizaines de paires de lunettes de Baudouin Oosterlynck, au Musée Ianchelevici de La Louvière. Question originalité, le Musée du carnaval et du masque de Binche tire aussi son épingle du jeu, en présentant une fausse collection d'art premier, échafaudée par le Belge Olivier Goka à partir de bouts de plastique. Un pied de nez au marché de l'art et un joli clin d'œil à la création africaine. J.D.

Le LaM met en valeur son joli parc à raison d'un week-end « festif et culturel » tous les 15 jours. En sus des expositions consacrées à André Breton, Jean Dubuffet ou Yüksel Arslan (voir LM 130), il organise un bal avec La Baronne de Paname (agrémenté des douceurs du collectif Mange Lille !). Après une séance ciné en plein air, on profite de la nuit des étoiles pour poser son sac de couchage au pied des œuvres du parc, se laissant bercer par des conteurs. Pascal Comelade et Hervé di Rosa clôturent les festivités avec un concert-performance. Alors, elle est pas belle la vie ? J.D.

La Louvière, Mariemont, Binche, Soignies, Braine-le-Comte, Seneffe – jusqu'au 10.09, Divers lieux, pass ARTour : 10 € (donne accès à six musées), programme complet : www.artour.be

Villeneuve d'Ascq – jusqu'au 17.09, LaM, mar > dim : 10 h > 18 h, expos : 7 / 5 € / gratuit (-12 ans) , rendez-vous thématiques du week-end : gratuit, www.musee-lam.fr Sélection : La Baronne de Paname + Mange Lille ! (13.07) // Nocturne flamenco (29.07) // Nuit des étoiles (12.08) // Ciné en plein air (26.08) // Concert en peinture de P. Comelade et de Hervé di Rosa (16.09) // Expositions : André Breton et l'art magique, Yüksel Arslan (jusqu'au 15.10) // Jean Dubuffet (jusqu'au 05.11)


© Grand-Hornu

© B. Cappelle

Pluridisciplinaire

L'été au parc du Louvre-Lens Envie d'aller au musée tout en profitant du beau temps ? Alors direction le parc du Louvre-Lens. Façonné par la paysagiste Catherine Mosbach, ce coin de nature de 20 hectares comprend 6 000 arbres, un plan d’eau et une riche biodiversité. L’institution programme pléthore d’ateliers et de visites. Pour les sportifs (cours de yoga, jogging guidé) autant que pour les créatifs – les enfants sont invités à graffer dans le parc ! à noter : une initiation au photogramme solaire lors de la journée mondiale de la photographie (19 août). Une expérience à vivre dans le cadre de l’exposition Miroirs. Ça fait réfléchir, non ? H.G. Lens – 08.07 > 31.08, Louvre, Musée : mar > dim : 10 > 18 h, Le parc : tous les jours, 7 h > 21 h (jusqu'au 15.09), ateliers : 7,5 € > gratuit, exposition Miroirs (jusqu’au 18.09) : gratuit, www.louvrelens.fr

Exposition

Atelier

Summer Grand Hornu Où passer l'été ? Au LaM, au LouvreLens… et au Grand Hornu, pardi ! Alors que le CID revêt les atours du Japon avec l’exposition Nendo (voir page 118), la fête des lanternes ou un concours de cosplay, le MAC’s met à l’honneur Philippe de Gobert et Wesley Meuris. Ces deux artistes belges mêlent fiction et réalité, questionnant notre rapport à l'espace. Les enfants de 5 à 11 ans s’initient à la construction de maquettes en compagnie de médiateurs et d’un architecte. Pendant ce temps-là, leurs parents se prélassent avec un bon livre dans les transats installés dans les jardins. Y'a pas de raison. H.G. Grand Hornu – jusqu’au 03.09, CID et MAC's MAC’s, mar > dim : 10 > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans) / Stages Archi-minis et Archi-kids : 80 € la semaine, www.mac-s.be Centre d’innovation et de design : Stage « les samouraïs du design » : 80 € la semaine, www.cid-grand-hornu.be Programme complet : www.grand-hornu.eu


© Jérôme Pouille

Rae Sremmurd © DR

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Musique

Musique

Rock Werchter

Main Square

Jamais à une légende près, le sextuple « meilleur festival du monde » se paie le luxe de recevoir Thurston Moore (fondateur de Sonic Youth) le même jour que les Foo Fighters. Ceux qui n’écoutent plus les disques du grand frère rejouent ici au mannequin challenge avec Rae Sremmurd ou frissonnent auprès de Benjamin Clementine.

Mince. On évoquait le mois dernier le festival arrageois sur deux pages, en omettant d’écrire tout le bien qu’on pense de la techno vaporeuse de Thylacine. Pas une seule ligne non plus sur le rap sans filtre de Vald ! Ben voilà, c’est fait – par contre, on a encore oublié d’annoncer la venue de Radiohead. Mais, tout le monde est au courant, non ?

Werchter – 29.06 > 02.07, Parc du festival, 1 jour : 100 €, (samedi et dimanche complets !), rockwerchter.be Sélection : Arcade Fire, Agnes Obel, Mark Lanegan, Cigarettes After Sex, Whitney… (29.06) // Radiohead, James Blake, Future Islands, The Pretenders, Warhaus… (30.06) // Linkin Park, System Of A Down, Bonobo, Glass Animals, Sohn… (01.07) // Foo Fighters, Alt-J, Soulwax, The Kills, Rae Sremmurd, Benjamin Clementine, Fatima Yamaha, Thurston Moore… (02.07)

Arras – 30.06 > 02.07, La Citadelle, ven :15 h 30, 54  € / sam : 13 h 30, 54 € / dim : 12 h 30, 69 € / pass 3 jours : 129 €, mainsquarefestival.fr Sélection : System Of A Down, Vitalic, Soulwax… (30.06) // Jain, Vald, Kungs, Rag' N' Bone Man, Talisco, Major Lazer… (01.07) // Radiohead, La Femme, Naive New Beaters, Thylacine, Savages, The Lemon Twigs, Mark Lanegan Band… (02.07)

Couleur Café

Musique

« Le terme world music, c’est du passé », déclarait sans rire Matthieu Chedid à nos confrères de Moustique, en amont de son passage à Couleur Café. On est content pour lui. Mais la Malienne Oumou Sangaré n’a pas attendu cette épiphanie pour déployer une pop afro-synthétique explosant les frontières musicales, l’un des sons les plus excitants de ce début de siècle – écoutez donc Yere Faga. CQFD, M ? Bruxelles – 30.06 > 02.07, Parc de l'Atomium, ven : 16 h, sam & dim : 15 h, 1 jour : 49 / 33 €, pass 3 jours : 79 €, www.couleurcafe.be Sélection : Lamomali, Patrice, Birdy Nam Nam, Roméo Elvis & Le Motel, Vald, Flavia Coelho… (30.06) // The Roots, Emir Kusturica, Oumou Sangaré, Toots & The Maytals, Baloji, Coely… (01.07) // Damian “Jr. Gong” Marley, Lianne La Havas, Alpha Blondy, Kery James, Loyle Carner, Guts, Caballero & JeanJass, Princess Nokia… (02.07)



Pluridisciplinaire

Festival au Carré Où il sera question de douce torpeur estivale, de repas qui se prolongent tard dans la nuit, d'apéros décontractés – et modérés ! à la veille des grands départs en vacances, dans la cité du Doudou, on prend le temps de vivre tout en découvrant une programmation artistique exaltante. Citons Violette Pallaro, qui décortique nos façons de se réunir autour de la table familiale, dans une pièce grinçante sur notre place en société (Tabula Rasa). Tandis que Michel Tanner revisite l'histoire des héros grecs (œdipe, Antigone…) en sept pièces de 20 minutes (Sophocle XS), Serge Aimé Coulibaly se glisse dans la peau de Fela Kuti (Kalakuta Republik). à travers la figure du contestataire et inventeur de l'afrobeat, le Burkinabé signe un spectacle mêlant danse, poésie et politique. Si les arts vivants ont la part belle, la musique n'est pas en reste. Après le concert intimiste en mode piano-voix de Katerine ou l'electro mélancolique de Konoba, on se dérouille les articulations sur la cumbia Mons – 30.06 > 08.07, Carré des Arts, Théâtre le Manège (+ Maison du Design, jazzy des Colombiens de Puerto Candelaria, Tour Valenciennoise, Arsonic, cour du en révisant d'abord quelques pas de danse. En Mundaneum), 1 spectacle : 25 > 3 € / gratuit, surmars.be pente douce, évidemment. Julien Damien Sélection : Didier Laloy : Belem & The MeKanics… (30.06) // Salvatore Calcagno : Le Monde ou rien (30.06 > 08.07), Serge Aimé Coulibaly : Kalakuta Republik… (01.07) // Violette Pallaro : Tabula Rasa (01 & 02.07) // Akropercu… (02.07) // Michel Tanner : Sophocle XS – 7 petites tragédies (02 > 07.07) // American Classics : Sisters in Crime, Ariane Rousseau, Muriel

Legrand et Julie Leyder : Tibidi (03.07) // Concert de Konoba (04.07) // Concert de Katerine (05.07) // Ayelen Parolin : Nativos (06.07) // Collectif 49 701 : Les Trois mousquetaires (06 > 07.07) // Concert d'Eric Legnini et Fabian Fiorini, Puerto Candelaria (+ initiation à la salsa) (07.07) // Soirée de clôture : les tubes des années 1980… (08.07)

Puerto Candelaria © Jorge Cano

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Kamasi Washington © Kayla Reefer


Dossier – Festivals 49

Musique

Gent Jazz Festival Certes, le jazz est avant tout affaire d'inspiration, de feeling et, en grande partie, d'improvisation. Le Gent Jazz remplit en ce sens toutes les cases. Sauf celle de l'improvisation : finement pensée, parfaitement construite, l'affiche 2017 est en ce sens un modèle d'équilibre, entre valeurs sûres, nouveaux venus et invités surprenants. Le Gent Jazz Festival, c'est un cadre idyllique – l'ombre des jardins d’une ancienne abbaye (le Bijloke de Gand). Un confort idoine car le cœur et l'esprit, eux, sont volontiers bousculés, remués, retournés. Jugez plutôt : ce ne sera certes pas la première fois que l'on applaudira Herbie Hancock. Talent fondateur du jazz contemporain, l'Américain passe souvent dans le coin mais n'a jamais donné deux fois le même concert, et la surprise sera forcément au rendez-vous. Le jeu est ouvert Un autre rencard est pris avec Kamasi Washington : déjà présent l'an passé, cette pointure du saxophone aux horizons grands ouverts (jazz, soul, R'n'B, rien ne lui résiste) est du genre à livrer des sets d'anthologie sans donner l'impression de forcer. Et puis, bien sûr, on ne saurait manquer l'instant douceur soulful avec Kadhja Bonet, dont le premier LP évoque les ambiances chics et moites de Terry Callier, enrichi d'une production hip-hop (pour le dire très, très vite). Enfin, on se délecte d'un concert des papes de l'indus avec Einstürzende Neubauten mais, rassurez-vous, ils ont remisé les marteaux-piqueurs au placard depuis un bail, Gand – 06 > 15.07, Abbaye de Bijloke, 1 jour : 90 > 37 € (enfant de 4 à 12 ans : Blixa Bargeld étant peu à peu devenu un croo5 €), pass 2 jours : 95 > 65 €, pass 3 jours (13 > 15.07) : 114 €, gentjazz.com ner sombre et magnétique. Immanquable, on vous dit ! Thibaut Allemand

Sélection : Gogo Penguin, Kadhja Bonet, Miles Mosley, Grace Jones… (06.07) // Herbie Hancock, Christian Mc Bride… (07.07) // Wayne Shorter Quartet… (08.07) // Norah Jones, Omer Avital Quintet, Emile Parisien &

Vincent Peirani… (09.07) // Robert Glasper Experiment, Kamasi Washington… (13.07) // Peter Doherty, Trixie Whitley… (14.07) // Archive, Einstürzende Neubauten, Daau… (15.07)


Musique

Les Ardentes Notons d'abord que cette 12e édition s'ouvre au théâtre, en accueillant Blockbuster du Collectif Mensuel, une pièce qui s’en prend avec humour aux superproductions américaines des années 1980 à nos jours (voir LM 110). Les aficionados de la manette vintage ont aussi repéré la "Gaming Zone", où tâter de l’Atari 2600. Ensuite, difficile d'ignorer les têtes d’affiches : Placebo, Liam Gallagher… Mais attardons-nous sur une tendance lourde : au fil des ans la place réservée aux musiques électroniques est devenue ici inexistante. Désormais, c'est le rap qui rafle la mise. Les cadors du genre déboulent, à l'instar de Gucci Mane – lequel, depuis 2016 et sa sortie de prison, a publié quatre albums. Le non moins productif Booba clame dans Habibi « J'veux aller plus haut qu'le sommet de la montagne ». Des paroles que l’ancien de Lunatic respecte à la lettre depuis ses débuts. En parlant de débuts, ceux de son protégé belge Damso ne sont pas mal non plus. La faute à son opus Ipséité, certifié disque de platine. De son extravagante personnalité à la qualité indéniable de ses productions, Young Thug est lui aussi devenu une icône. à l'aise en toutes circonstances. Quel autre gangsta se baladerait en jupe avec tant d’assurance ? Bref, Les Ardentes permettent d'observer tout ce beau monde sur scène. Eux et bien d’autres grands noms strictly Liège – 06 > 09.07, Parc Astrid, hip-hop, en provenance des States, de France ou 1 jour : 55 € , pass 2 jours sam & dim : 95 €, de Belgique. Sonia Abassi pass 4 jours : 120 €, www.lesardentes.be Sélection : Booba, Coely, Gucci Mane, J. Bernardt, Jacques, Pone, Young Thug… (06.07) // BRNS, Damso, Fishbach, Rae Sremmurd, Roméo Elvis & le Motel, Sean Paul, Sofiane… (07.07) // Caballero & Jeanjass, Georgio, Jacle Bow, La Femme, Mac Miller, Paradis,

Placebo, The Pirouettes, Tyga, Warhaus… (08.07) // Aquaserge, Chinese Man, DJ Snake, Julien Doré, Liam Gallagher, Post Malone, Princess Nokia… (09.07) + Collectif Mensuel : Blockbuster (06 > 09.07)

Gucci Mane © Jonathan Mannion

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Musique

The Lighthouse © Diederik Craps

Hippocampe Fou © Fifou

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Musique

En Nord Beat

Rock Zottegem

Il y a les mastodontes et puis les festivals à taille humaine où l’on navigue facilement du bar à la scène. « Jamais dans la tendance, mais toujours dans la bonne direction », la Scred Connexion devrait quand même brancher son GPS pour trouver le jardin public de Bailleul. Chemin faisant on savoure aussi les rimes d’Hippocampe Fou.

On n’était pas tous nés lorsque nos parents se pavanaient sur Slave to Love de Bryan Ferry. Et pourtant, le dandy à mèche roule toujours sa bosse aux quatre coins du monde, de revival Roxy Music en reprises de Dylan – son idole. En parallèle, on goûte la pop raffinée de Tout Va Bien, mais on évite les navrants sets eurodance de Dirk Stoops.

Bailleul – 07 & 08.07, Square Plichon, 1 jour : 18 / 15 €, pass 2 jours : 32 / 26 €, www.ennordbeat.fr

Zottegem – 07 > 09.07, Bevegemse Vijvers, 1 jour : 45 / 20 € (ven & sam), 35 / 15 € (dim), pass 2 jours : 85 € (ven & sam), rock-zottegem.be

Sélection : Panda Dub, Hippocampe Fou, Totorro, Jumo… (07.07) // UK Subs, Scred Connexion, Scratch Bandits Crew, Guerilla Poubelle, Umwelt… (08.07)

Sélection : Tout Va Bien, Milow, Bryan Ferry, Anouk… (07.07) // The Lighthouse, Equal Idiots, Goose, Bazart, Golden Earring (08.07) // Dirk Stoops, Marco Borsato… (09.07)

Le Manifeste

Théâtre

Le camp de réfugiés de Grande Synthe défraie régulièrement la chronique. Le rôle de ce festival de théâtre engagé dans la ville est d'autant plus essentiel. Persuadé que l'art peut transformer les hommes, celui-ci sert trois jours de rencontres, de débats et de spectacles. On recommande particulièrement Zaï Zaï Zaï Zaï, adaptation par le Collectif Mensuel de la BD de Fabcaro, petit bijou absurde et politique. Grande-Synthe – 14 > 16.07, Palais du Littoral, 16 h, 1 jour : 7 / 4 €, pass 3 jours : 18 €, www.lemanifeste.com Sélection : E. Henry & B. Foly : Les Conturlurades, C. Passalis : Les nouveaux Perses, Collectif Mensuel : Block Buster… (14.07) // A. Constantinou & D. Bilion : Questions de genre, Theresa Hupp : Danse avec l’idiot…(15.07) // Cie Luna Lunera : Le corps qui pense, le corps qui danse, Collectif Mensuel : Zaï Zaï Zaï Zaï… (16.07)



Musique

Cactus Festival A-t-il hérité de la "Venise du Nord" son orgueil et son goût pour la rareté ? Le Cactus n’est en tout cas pas un festival comme les autres. Il a résisté depuis 1982 à l’appel de la périphérie urbaine qui lui aurait permis d’atteindre les dimensions dantesques de ses voisins flamands (Werchter, Pukkelpop…). Trente cinq ans après sa création par une bande de copains, l'événement s'épanouit en conservant une taille "humaine" (25 000 spectateurs en 2016), telle une bouture de la salle de concert portant le même nom. Logé dans le beau Minnewaterpark, à deux pas du centre historique, le charme de Bruges opère : il faut franchir quelques ponts pour accéder à l’unique scène. Le dépaysement est garanti. Certes, ce n’est pas le rendez-vous des méga-stars, mais pas non plus des micro-événements. L’affiche compile des dates d’artistes précieux : Róisín Murphy, fée électro-pop, Jamie Lidell et sa nu-soul ou Michael Kiwanuka, soulman gorgé de blues (ou l’inverse) livrent ici leur unique concert belge. Kevin Morby et Local Natives, orfèvres folk (pour le premier) et pop (pour Bruges – 07 > 09.07, Minnewaterpark, les seconds) ont aussi trouvé les conditions ven : 16 h, sam & dim : 11 h, 1 jour : idéales pour libérer leur poésie. Bruges n’a 57 / 47 €, pass 2 jours : 93 / 80 €, pass 3 jours : 117 / 105 €, www.cactusfestival.be pas fini de livrer ses secrets. Mathieu Dauchy Sélection : Róisín Murphy, Richard Ashcroft, Michael Kiwanuka, Tamino… (07.07) // Kaiser Chiefs, Jamie Lidell & The Royal Pharaohs, Steve Winwood,

Millionaire, Rhye, Coely… (08.07) // Explosions In The Sky, Warhaus, Goose, Kevin Morby, Local Natives… (09.07)

Róisín Murphy © Nicole Nodland

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Dossier – Festivals 56

Pile au rendez-vous

Pluridisciplinaire

Plus qu'un festival, un événement participatif. Le terme fut souvent galvaudé (n'est-ce pas Ségolène ?) mais que voulez-vous : c'est vrai. La Condition Publique construit sa programmation (concerts, spectacles, expositions…) avec les habitants du quartier (du Pile, donc), les invitant même à redessiner l'espace public. L'an dernier, ils avaient ainsi réaménagé la place Faidherbe à leur goût. Cette année, ils saupoudrent cette cité roubaisienne d'un peu de poésie, grâce à leur collaboration avec Charles Pétillon (voir photo). Ce photographe français parcourt le monde avec des ballons blancs, qu'il pose par grappes çà et là (dans une piscine, un toboggan…), histoire d'ajouter un peu de légèreté à notre quotidien. Oui, c'est gonflé. J.D.

© Charles Pétillon


Roubaix – 07 > 09.07, La Condition Publique et quartier du Pile, ven : 17 h 30, sam : 13 h, dim : 11 h, gratuit (sauf Street Generation(s) : 5 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.laconditionpublique.com Sélection : Parkour 59, Chorale de l'ARA, concert de Feini-X Crew, projection en plein air : Le cirque de Charlie Chaplin… (07.07) // Cie Détournoyment : Navettes piétonnes, Cie La Girafe : Girafomaton, Cie La Fabrique : Mère et fille, Cie Melting Spot & Tire-Laine : Trans'Hip Hop Express, concert de Jim Nasty K… (08.07) // Brunch au restaurant l'Alimentation et sur les toits de La Condition Publique, concert de Moone, Cie Détournoyment : Navettes piétonnes, Cie La Girafe : Girafomaton, Bal d'Areski… (09.07) + Expositions et installations (07 > 09.07) : Charles Pétillon : La Baguette magique + Atomes, Street Generation(s) - 40 ans d'art urbain, Construire / Déconstruire, K.Voinet : Celui qui dit, R. Piccinno : Conte de soi…


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Pluridisciplinaire

du conte de Chiny

Chuchotées ou déclamées, sur une scène, dans une barque ou en forêt, c’est à Chiny que se racontent les plus belles histoires, au point du jour comme à la nuit tombée. L’ancienne cité des comtes devenue ville du conte accueille l’un des plus anciens festivals francophones dédiés à l’oralité. Mais exit les princesses endormies et sorcières maléfiques, nains, ogres et loups affamés… Malgré leur parfum de madeleine, voilà des personnages que l’on ne risque pas de croiser dans cette commune rurale de la Gaume. « Oubliez les lectures de Grimm ou Perrault », insiste le directeur artistique de la manifestation, Benjamin Roiseux, qui revendique son attachement aux formes modernes. « Le conte peut se marier au slam, à l’humour ou au set d’un DJ ». Venus de toute la francophonie, les conteurs-comédiens, accompagnés d’un musicien ou munis de leur seule voix, attirent les oreilles curieuses d’autres cultures. L’immigration, « thématique officieuse de cette édition », se retrouve d’ailleurs dans toutes les bouches, notamment celle de Matthieu Epp, décrivant les sensations ressenties lors d’une traversée, ou de Boubacar Ndiayé évoquant ses rêves de jeune Sénégalais déraciné. Tête Chiny – 07 > 09.07, divers lieux et d’affiche de ce 28e festival, Henri Gougaud égrène ses horaires, entrée du site 1 jour : 6 € douceurs au cours d’une grande soirée d’ouverture. Bref, / 2 € (5 à 12 ans) / gratuit (-5 ans), pass 2 jours : 10 €, 1 spectacle en chacun devrait y trouver… son compte. Marine Durand salle : 7 / 4€e, www.conte.be Sélection : L’exquis cabaret d’Henri Gougaud… (07.07) // Julie Boitte : Antre(s), Flopy : Hommes et animaux en scène, Geneviève Wendelski : Haut les cœurs, hissons les couleurs !, Boubacar Ndiayé : Voyage sans Visa, Nadine Walsh : O' La traversée fantastique, Pascal Guéran : Dans les valises de Grand Padoc… (08.07) // Catherine Pierloz : Cassandre, Matthieu Epp : Merci de vous être déplacé !, Stéphane Guertin : EAU, sortir la

tempête du verre / Nadine Walsh : Femmes pirates ou crise de foi(e)… (09.07) // Barques à l'aube (dès 6 h) avec promenades contées par Christian Schaubroeck, La Cie des Bonimenteurs, La cie Les Pieds dans l'Plat Pays, Thomas Delvaux : Boule de Berlin + Il était une fois de trop… (08 & 09.07) + concerts : Les Compagnons du temps, Emeline, Maya, BA-YA trio, Tam Echo Tam… (08 & 09.07)

© DR

Festival interculturel



© Gilles Charlier

Dour Festival

Musique

Une débauche de décibels. De scènes. De lumières. De concerts, forcément. Et avec, leur cortège de souvenirs plus ou moins embrumés – quatre jours, ça peut sembler court, mais quelle épopée ! Ci-dessous, une trop brève sélection de concerts qui nous semblent immanquables. Enfin, autant que les 250 autres ! Thibaut Allemand

© DR

Solange

La petite sœur de Beyoncé Knowles possède le même talent que sa frangine mais, étant (un peu) moins connue, elle bénéficie d'une marge de manœuvre bien plus large. En 2012, elle avait ainsi pu s'entourer de Devonté Hynes (Lightspeed Champion, Blood Orange) ou de Chris Taylor (Grizzly Bear). A Seat at the Table (2016), son dernier LP en date, la voyait épaulée par Raphael Saadiq. Un pied dans le mainstream, un autre dans l'indie chic, Solange peut ainsi s'affirmer comme une artiste réellement libre. Cela se voit sur scène, lors de shows très pros, certes, mais heureusement moins calibrés que ceux de sa grande sœur.


Kate Tempest

En trois albums, l'ex-Sound Of Rum s'est imposée comme une pointure du hip-hop britannique. Joué live, ce rap teigneux est entonné par une jeune Anglaise à la plume âpre et au flow gouailleur. Un temps hébergée par Big Dada, la division hip-hop de Ninja Tune, la Londonienne a depuis filé chez EMI – preuve que ces brûlots narquois peuvent toucher le plus grand nombre. En tout cas, ses prestations scéniques ne laissent personne indifférent.

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Le dernier essai en date des Versaillais exilés, Ti Amo, s'avère, comment dire… long en bouche. Non, il ne se livre pas forcément à la première écoute. On va donc lui laisser le temps. De toute façon, nos Français ne sont pas uniquement attendus pour ce sixième album studio. Des tubes, ils en ont à la pelle, non ? Des années plus tard, des morceaux tels Too Young, If I Ever Feel Better, Lisztomania ou Bankrupt! font toujours leur (gigantesque) effet ! Et puis d'ici là, on aura apprivoisé le petit dernier.

© Antoine Wagner studio

© DR

Phoenix

The Black Madonna

Marea Stamper a grandi dans le Kentucky puis a filé à Chicago, devenant résidente du Smart Bar aux côtés de Derrick May. Normal. Puis, l'Américaine a décidé de filer à Londres, du côté de Hackney. Un clin d’œil au fameux One Night in Hackney, de Dynamo City ? Allez savoir. En tout cas, elle a bien fait, tant sa techno-house musclée colle parfaitement à l'ambiance de Dour – 12 > 16.07, Plaine de la la capitale anglaise. Acclamée à juste titre, son apmachine à feu, 12 h, 1 jour : 65 € proche fine et précise du son piège merveilleusement (sf mer : 55 €), pass 5 jours : 155 €, www.dourfestival.eu le public. On en redemande ! Sélection : Damso, Vald, Caballero & Jeanjass, M.I.A, Dj Vadim… (12.07) // Lee Fields & The Expressions,Vitalic, Wax Tailor, Agar Agar, Solange, Kaytranada, Kate Tempest, Temples, The Lemon Twigs, The Black Madonna, Todd Terje, Dubfire, Red Axes, Larry Heard… (13.07) // The Kills, Superpoze, Nina Kraviz, Alex Cameron, Warhaus, Nas, Crystal Castles, Trentemoller,

Little Simz, Romare… (14.07) // Phoenix, Francois & The Atlas Mountains, De La Soul, Rone, Acid Arab, Timber Timbre, Kevin Morby, Jagwar Ma, Roman Flügel… (15.07) // Pnl, Roméo Elvis, Justice, Hanni El Khatib, Metronomy, Demi Portion, Chassol, Tale Of Us, Solomun, Carl Craig, Sleaford Mods, Dixon, Nicolas Michaux, Young Fathers… (16.07)



Dossier – Festivals 63

Juliette Armanet Drôle de dame Propos recueillis par Hugo Guyon Photo Erwan Fichou et Theo Mercier

Révélée en 2014 avec son titre L’Amour en solitaire, produit par Yuksek, Juliette Armanet s’est depuis imposée comme la nouvelle coqueluche de la chanson française. à 33 ans, la native de Lille dévoile dans son premier album, Petite amie, des morceaux élégants et une plume faussement légère. Avant un concert à Hardelot, lors du Festival de la Côte d’Opale, puis au Splendid à Lille, rencontre avec une drôle de dame. Quand avez-vous commencé à jouer de la musique ? Dès l'enfance. Il y avait un piano à la maison sur lequel tout le monde jouait. Ma mère préférait le classique tandis que mon père composait du jazz. De mon côté, je m'y suis mise vers 14 ans, avec l'arrivée des premiers émois amoureux. En quoi votre dernier disque se distingue-t-il des précédents ? J’ai réalisé un premier album vers 20 ans, une sorte de cabaret, loin de ce que je produis aujourd’hui. Plus tard a suivi un autre disque inspiré de Björk et de Camille, assez bruitiste, avec des chœurs… Aucun de ces deux essais n'était très convaincant.

En composant la chanson Manque d’amour, j’ai senti que c’était la bonne couleur, la bonne façon de placer ma voix, avec un texte consistant.

« Je n’ai pas cette obsession de la modernité »

Auparavant vous étiez journaliste, n'est-ce pas ? Je ne me considérais pas vraiment comme tel mais je tournais des documentaires, principalement pour les soirées « thema » d’Arte.


Dossier – Festivals 64

Je recueillais la parole des gens sur tel ou tel sujet de société mais n’avais pas de formation de journaliste. Ce souci de l’exactitude n’est pas dans mon tempérament. J'ai exercé ce passionnant travail durant sept ans. Comment la musique a-t-elle pris toute la place ? J’emportais toujours mes synthés en tournage, entretenant cette passion en parallèle. Puis, il y a eu un alignement de planètes. A la fin de ma collaboration avec Arte, j'ai ressenti une forme de lassitude pour ce métier. Cet album est donc arrivé à point nommé.

« C'est tellement impudique de chanter ses déboires amoureux… »

Comment qualifieriez-vous votre style ? Je crois que c’est vraiment de la variété, chic j’espère, et je dirais ironico-mélancolique (rires). Pourquoi avez-vous intitulé votre album Petite amie ? J’aime l’idée de m’auto-qualifier, un peu comme Cavalier seule, ça fait très saga. Cette formule évoque aussi toute la mythologie de l’amour adolescent, pur, des premiers émois sentimentaux, romantiques et très romanesques. C’est la mèche de

cheveux ou le foulard qu’on garde après les vacances. Ce titre comporte aussi une dimension un peu ironique et érotique, ce côté « 36 15 petite amie ». Pourquoi l'amour est-il le seul thème de votre album ? Parce que je ne sais pas parler d’autre chose. J’aime y voir une espèce de « carte du temps », d’analyse de tous les sentiments qui gravitent autour de l'amour : le désespoir, l’attente, la joie, la désillusion, la mélancolie, la vengeance… Cela dit, on perçoit aussi un décalage… C'est tellement impudique de chanter ses déboires amoureux… Du coup, je pratique l’autodérision, en tant que première auditrice, j’ai envie de me faire rire tout en m’émouvant. Evidemment, certains textes sont assez mélancoliques mais la tragédie n’existe pas sans comédie. Ce n’est pas du cynisme mais une manière de ménager le chaud et le froid pour renforcer l'émotion. A-t-on raison de vous comparer à des artistes comme Véronique Sanson, Alain Bashung ou William Sheller ? Je me sens en phase avec cet héritage-là et je ne m’en cache pas. Il y a des références conscientes et inconscientes, je n’ai jamais pensé à Véronique (Sanson) en écrivant. Mais ça me flatte, ce sont de grands noms de


la chanson française. Je ne sais pas si on a fait mieux depuis. Même si certaines artistes que j'adore comme Camille et Christine and the Queens ont renouvelé le genre récemment. Vous ne vous souciez guère de l'air du temps ? Je n’ai pas cette obsession de la modernité. Quand une chanson est bonne, elle l’est peu importe sa contemporanéité. Je suis beaucoup plus attirée par l'idée d’être intemporelle. C’est pourquoi la production est assez épurée, je ne veux pas que ma musique vieillisse trop vite.

C’est donc la postérité qui vous intéresse ? Oui ! D’ailleurs j’espère ardemment qu’à Lille on inaugurera une rue Juliette Armanet (rires).

à écouter Petite amie (Barclay)

Hardelot – 17.07, Hôtel du Parc, 20 h 30, 25 / 20 €, www.festival-cotedopale.fr (Festival de la Côte d’Opale) Lille – 19.10, Le Splendid, 20 h, 23 €, www.le-splendid.com


© DR

Musique

Festival de la Côte d'Opale Ici, le parti-pris est simple : réunir des têtes d’affiche, dans tous les styles mais en évitant les fautes de goût. Ce joli bout de littoral qu'est la Côte d’Opale accueille en l’espace d’une semaine, dans cinq communes, son lot de valeurs sûres : du trip-hop (Morcheeba), du rap (Kery James), de la chanson française d’hier (Axel Bauer) et d’aujourd’hui (Albin de la Simone ou Juliette Armanet). Ajoutez à cela quelques légendes vivantes (Goran BreCôte d’Opale – 17 > 22.07, Outreau (le Phénix), govic, Calypso Rose) et vous Boulogne-sur-Mer (gare maritime : plein air), Hardelot savez où tremper les pieds tout en (Hôtel du parc), Le Portel (le Chaudron), Desvres (salle du Pilbois), 1 concert : 35 > 5 €, pass 2 jours 21 & chouchoutant vos tympans. 22.07 : 50 €, pass tous spectacles : 100 €, www.festival-cotedopale.fr

Sélection : Tony Melvil & Usmar : Quand je serai petit, Juliette Armanet, Goran Bregovic (17.07) // Motivés avec Mouss & Hakim, Claudio Capeo (18.07) // The

Bun’s, Axel Bauer (19.07) // Edgär, Albin de la Simone (20.07) // Calypso Rose, Cali, Morcheeba (21.07) // Kery James, Boulevard des Airs, Julian Perretta (22.07)



© DR

© Jokko

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Musique

Musique

Tomorrowland

Suikerrock

Comme chaque été, la petite bourgade de Boom attend 200  000 teufeurs. Dans un décor évoquant Disneyland redessiné par Francis Bacon sous LSD, on croise le meilleur (Cassius, Ben Klock…) et le pire (David Guetta, Bob Sinclar…) de la scène électronique mondiale. Petite nouveauté : le festival absorbe deux week-ends. évidemment, c’est complet depuis belle lurette.

Iggy Pop, Zucchero, Status Quo (rappelez-vous : In the Army Now) ou ces bons vieux Soulsister… Oui, le line-up de Suikerrock ressemble pas mal à la playlist de Classic 21. Sauf qu’on découvre aussi une scène belge enthousiasmante, entre le rap funky de Coely, le garage-punk d’Equal Idots ou le blues-rock de The Black Box Revelation.

Boom – 21 > 23.07 & 28 > 30.07, Zone de loisirs de Schorre, complet !, www.tomorrowland.com

Tienen – 28 > 30.07, Grote Markt, ven : 18 h 30, sam : 15 h 30, dim : 13 h 15, 1 jour : 49 / 45 €, pass 3 j. : 95 €, www.suikerrock.be

Sélection : Art department, Joey Beltram… (21.07) // Riton, Jamie Jones, Seth Troxler, Boys Noize, Nina Kraviz… (22.07) // Ben Klock, Dave Clarke, Booka Shade, Dixon, R. Villalobos… (23.07) // Luciano, S. Troxler… (28.07) // Fatboy Slim, Loco Dice, Richie Hawtin, Tale of us…(29.07) // P. Kalkbrenner, Âme, Maceo Plex… (30.07)

Sélection : Iggy Pop, Black Box Revelation, Rival Sons, Equal Idiots (28.07) // Lost Frequencies, Bazart, Coely… (29.07) // Zucchero, Status Quo, Soulsister, Matt Simons… (30.07)

Rock en Stock

Musique

Certes, étaples n'est pas Le Touquet – on s'y sent plus à l'aise, en fait. Mais son festival n'est pas en reste. Mis à part quelques scories (vous les trouverez), on note la présence des estimables Naive New Beaters, et puis on a hâte d'écouter les élégantes compositions d'Awir Leon ou le revival eighties de Carpenter Brut. étaples-sur-mer, Le Touquet – 29 & 30.07, Parc de plein air (sous chapiteau), sam : 14 h, dim : 12 h 30, 1 jour : 29 / 25 €, pass 2 jours : 35 €, www.rockenstock.fr Sélection : Soldat Louis, Les Felins, Naâman, Les Felins, Carpenter Brut… (29.07) // Awir Leon, Tryo, Naive New Beaters… (30.07)



Apparat © Sandro Baebler


Dossier – Festivals 71

Musique

Les Nuits Secrètes Après un dernier exercice « compliqué » suite à l’attentat de Nice, le festival aulnésien se réinvente : nouvelle scène, réorganisation du site… mais un line-up toujours soigné. Le secret le moins bien gardé du Nord de la France a encore de belles surprises sous le coude. Nul besoin d’écrire des tartines pour vanter les charmes de ce festival. Installées au cœur de la ville, dans la jolie campagne avesnoise, les Nuits Secrètes distillent depuis 16 ans une programmation fédératrice et pointue. Cet été, Julien Doré partage par exemple l'affiche avec le collectif afropysché de Soweto BCUC. Oui, la méthode a fait ses preuves, incarnée par les fameux "Parcours Secrets" : on monte dans un bus sans savoir où l'on va (dans une grange ? Un château ?) ni qui l'on va écouter. Une intimité unique pour apprécier, au hasard, la mélancolie à fleur de peau de Mathieu Boogaerts. De la bombe Pourtant, Les Nuits ont connu quelques journées blanches. Confrontée à une baisse de subventions l'an passé, l'organisation s'est résolue à faire payer la Grande Scène, et a vécu une édition 2016 gâchée par le climat sécuritaire. Bref, « il fallait se réinventer », assure Olivier Connan, le directeur artistique. Le festival se recentre donc sur un seul site et inaugure une nouvelle scène. Bye bye "Le Jardin", place à "L'Eden", « un dancefloor à ciel ouvert » posé dans une ancienne usine où l'on fabriquait jadis… des bombes. Le cadre idéal pour déguster la dream pop Aulnoye-Aymeries – 28 > 30.07, centre-ville, pass 1 jour (Grande Scène (sans filtre) de Cigarettes After Sex, la + L'Eden) : 40 > 25 €, pass 3 jours (Grande Scène + L'Eden) : 80 > 55 €, new wave de Fishbach, ou les sets endiablés La Bonaventure : 10 € par soir, d'Apparat, pilier de la techno berlinoise. Ce 1 Parcours secret : 8 €, 3 Parcours secrets : 25 / 20 €, lesnuitssecretes.com n'est un secret pour personne : ici, nos nuits sont plus belles que nos jours. Julien Damien Sélection : S Crew, Yuksek, Romeo Elvis (Grande Scène) / Parcels, Charlotte de Witte, Daniel Avery, Fishbach (L'Eden) / Yuksek, Rebeka Warrior, James Darle (La Bonaventure) (28.07) // Julien Doré, Her, Camille (Grande Scène) / Jacques, Apparat (DJ set), Louisahhh B2B

Maelstrom, Blow (L'Eden) / Amélie Lens, Azur (La Bonaventure) (29.07) // Chinese Man, Dub INC, Inna de Yard, Matt Bastard, BCUC (Grande Scène) / Tale of Us, Mind Against, Cigarettes After Sex, Frànçois and The Atlas Mountains (L'Eden) (30.07)


© Bart Heemskerk

Dekmantel

Musique

Label et organisateur de soirées depuis le mitan des années 2000, le collectif Dekmantel a lancé le festival homonyme en 2013. Au menu ? Un savoir-faire hollandais : faussement austère et sacrément ambitieux (tout le génie du protestantisme, donc). L'événement convoque la crème, et se déroule majoritairement de jour dans un cadre paradisiaque (une forêt du sud-ouest d’Amsterdam) et très (trop ?) clean. Thibaut Allemand

© DR

Dopplereffekt

Démarré comme un side project de Drexciya, Dopplereffekt a marqué la fin du xxe siècle et l'aube du suivant lorsque parut Gesamtkunstwerk (1999). Imagerie communiste, sons kraftwerkiens, humour à froid et scientisme über-poussé, l'entité menée par Gerald Donald ressuscitait une techno froide, clinique, cérébrale, SF et pince-sans-rire. Près de 20 ans plus tard, le duo de Détroit conserve son énorme part de mystère, livre ses productions au compte-gouttes et suscite un culte amplement mérité. La dernière fois qu'on les vit, c'était à Charleroi, au Rockerill. On vous le certifie : c'est immanquable !


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Fatima Yamaha

Bas Bron, alias Fatima Yamaha, avait marqué 2015 avec What's A Girl To Do ?, tube electrofunk et souterrain (paru une première fois en 2004 dans l'indifférence générale !). Depuis, le Néerlandais a fait du chemin, remixant Amadou & Mariam ou Cerrone et, surtout, signant un formidable EP en février dernier – toujours aussi synthétique, mais à la fois planant, voire kosmiche, comme on disait jadis, outreRhin. Le tout publié par Dekmantel – on est jamais aussi bien servi que par soi-même, hein !

© Adrian Hylton

© DR

Larry Heard

Larry Heard, alias Mr Fingers, est ce que l'on appelle un taulier. L'homme tient les murs de la house depuis un bail. Au sein du trio Fingers Inc., il signe en 1986 Can You Feel It (In the beginning, there was Jack, and Jack had a groove…), qui est un peu le tube fondateur de la house de Chicago, plus chaude et avenante que sa cousine de Détroit. Pas encore à la retraite, le quinquagénaire a signé quelques albums récents et plutôt recommandables, mais c'est évidemment pour ses mixes historiques aux choix surprenants que l'on rend visite au monsieur.

D.A.F.

Torses luisants, muscles saillants et la force dans la joie. Trop souvent réduit aux caricatures EBM de ses épigones, Deutsch-Amerikanische Freundschaft vaut bien mieux que ça. Opposant l'énergie urbaine et la pulsion de vie face aux pleurnichards postpunk, D.A.F. jouait avec de nombreux codes (voir leur imagerie homo-érotique et autoritaire) et comAmsterdam – 02 > 06.08, Amsterdamse Bos + Muziekgebouw, posait avant tout des hymnes virils et dotés d'une Tolhuistuin, Shelter, Eye, Bimhuis, profonde mélancolie. Sur scène, ces deux vétérans 29 > 12,50 € / concert, pass complet !, www.dekmantelfestival.com n'ont rien perdu de leur volonté de puissance. Sélection : Steve Reich & Slagwerk Den Haag (02.08) // Fatima Yamaha (live), Floating Points (live), Tuxedomoon, Factory Floor (live), Optimo, Nathan Fake (live), Dopplereffekt… (03.08) // Mathew Jonson (live), Job Jobse & Midland, Bicep (live), Robert Hood,

Jeff Mills & Tony Allen (live), Joe Claussell, Rødhåd, Nina Kraviz, Young Marco… (04.08) // Red Axes, Tom Trago (live), Floating Points, Marcel Dettmann… (05.08) // Masters At Work, Larry Heard (live), Helena Hauff, D.A.F. (live), Motor City Drum Ensemble… (06.08)


Gregory Porter © Shawn Peters

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Dranouter

Musique

Tradition, n.f. : « Ensemble de légendes, de faits, Dranouter – 04 > 06.08, divers lieux, 1 jour : 85 / 70 €, pass 2 jours : de doctrines, d'opinions, de coutumes, d'usages, 115 / 100 €, pass 3 jours : 135 / 120 €, www.festivaldranouter.be transmis oralement sur un long espace de temps. Manière d'agir ou de penser transmise depuis des générations à l'intérieur d'un groupe », nous dit Larousse, décidément bien bavard. D'accord, mais alors que seraient les nouvelles traditions, alors ? La réponse est simple : Dranouter. Depuis plus de 40 ans, ce festival of new traditions, à la fois mémoriel et défricheur, mêle les grands anciens et les modernes incontournables avec un incroyable sens de l'équilibre. Ainsi, la prairie accueille Gabriel Yacoub (fondateur de Malicorne et responsable de beaux albums pour Françoise Hardy), mais aussi le soulman Gregory Porter, les Touaregs Tamikrest, le local et inclassable Stef Kamil Carlens ou encore la folk lo-fi et intimiste de Warhaus (l'échappée belle du chanteur de Balthazar). Bref, comme chaque année, le patrimoine accueille la nouveauté – une belle tradition. Thibaut Allemand Sélection : Cocos Lovers, Tutu Puoane, J. Bernardt, Martin Harley, Variomatic, Gabriel Yacoub, McGowan & Munnelly, Daau… (04.08) // Mandolinman, Sarah Ferri (With String Trio), Leyla Mccalla, Bazart, Chantal Acda, Orkesta Mendoza, Eliza Carthy & The Wayward Band,

Novar, Opposite Loft Singers, Stef Kamil Carlens, Omiri, Warhaus… (05.08) // Charlie Cunningham, Tamikrest, Gregory Porter, Kim Janssen, Daniel Norgren, Les Poules À Colin, Bukahara, Mira, Kommil Foo… (06.08)



Pluridisciplinaire

Esperanzah! En 2016, Esperanzah! fêtait ses 15 ans, toujours convaincu « qu'un autre monde est possible ». Une posture utopiste ? Sans doute, mais salutaire à l'heure du repli sur soi. Le public ne s'y trompe pas. « Nous avons reçu près de 12 000 visiteurs par jour, se réjouit le directeur, Jean-Yves Laffineur. Toutefois, il était temps de redessiner le festival ». La programmation a été repensée et les trois scènes remaniées, afin de « découvrir plus d’artistes émergeant à travers le monde ». La cumbia 2.0 des Péruviens de Dengue Dengue Dengue ! ou l’afrotrap de MHD trouvent leur place sur le plateau "Futuro", dédié aux groupes d'avant-garde. La scène "Alpha" est elle réservée aux sons traditionnels, comme le blues haïtien de Leyla McCalla. Enfin, le "Jardin" accueille les têtes d'affiche, tel IAM qui célèbre les 20 ans de son album l'école du micro d'argent, mais aussi les coups de cœur – goûtez donc le cocktail rap, funk et soul des Sud-Africains de BCUC. La forme est chamboulée, mais l'esprit reste le même. Après s'être engagé contre le TTIP, Esperanzah! élève "des ponts contre les murs" « physiques et symboliques », ouvrant le débat sur la migration ou la décision Floreffe – 04 > 06.08, Abbaye, ven : 15 h, du gouvernement belge d'augmenter le nombre sam & dim : 12 h, ven : 42 / 36 €, sam & dim : 44 / 38 €, pass 3 jours : 92 / 76,50 €, de centres fermés. Rendez-vous dans l'irréducwww.esperanzah.be tible "village des possibles", histoire d'ouvrir des horizons pas si insensés. Julien Damien Sélection : Scylla, Imany, Gregory Porter, Jacques, Protoje, Uncle Waldo, Leyla McCalla…(04.08) // Mashrou’ Leila, IAM, MHD, Little Big, Elida Almeida, Dengue Dengue Dengue !, Sages comme des Sauvages,

BCUC, Uman, Blow Trio… (05.08) // Hindi Zahra & Fatoumata Diawara, Ozark Henry, Keny Arkana, Batuk, FKJ, Panda Dub, High Jinks Delegation, Yallah Bye!, Noura Mint Seymali, Pierce Brothers… (06.08)

© Gaetan Nadin

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Musique

Lokerse Feesten Chaque année, c'est la même chose. Intrigue, étonnement, émerveillement… et rendez-vous l'année suivante. Pas un été sans que le Lokerse Feesten convie durant une semaine, sur deux scènes à taille humaine, une tripotée d'artistes – en gros, les bacs "variétés internationales et rock indépendant" de la Fnac la plus proche. Ainsi, après avoir reçu, au hasard, Primal Scream, The Specials, Paul Weller, Van Morrison, The Jesus and Mary Chain, Belle and Sebastian ou encore Giorgio Moroder, cette « grosse fête de village » (comme la présentent ses organisateurs) se paie le luxe d'inviter Riton (héros underground d'un clubbing pointu et déjanté), mais également les hérauts du music-hall pop Madness (les limiter à leurs tubes ska, c'est passer à côté de 98 % de leur œuvre) ou la légende du shock-rock Alice Cooper, auquel a beaucoup piqué (doux euphémisme) un certain Marilyn Manson… présent aussi, évidemment. On ne manquera pas de citer, au milieu de ce déluge, les Belges de La Jungle (des jeunes pousses, forcément), et le set du producteur aux doigts d'or Mark Ronson (Amy Winehouse, Black Lips…). On continue ? On se posera sur quelques méloLokeren – 04 > 13.08, Grote Kaai (Grand pées planantes signées Air avant le clou de ce Quai : Mainstage) & Red Bull Elektropedia Room, Mainstage : 49 > 28 €, Red Bull spectacle kaléidoscopique : les pionniers british Elektropedia Room : 18 > 13 €, pass : 160 €, Leftfield jouant en intégralité Leftism pour son www.lokersefeesten.be 22e anniversaire. Sacrées bougies ! Thibaut Allemand Sélection : Pixies, Black Box Revelation, Salut c’est Cool… (04.08) // Anouk, Delv!s, Erol Alkan, Riton… (05.08) // Marilyn Manson, Alice Cooper, Apocalyptica, Megadeth… (06.08) // Madness, Tiga, Heidi… (07.08) // Fabio & Grooverider, Ben Harper, Tom Odell… (08.08) // The Offspring, Pennywise, Slaves, La Jungle… (09.08)

// Lil Wayne, Mark Ronson, Coely, Roméo Elevis & Le Motel… (10.08) // Oscar and the Wolf, Bazart, Warhola, School is Cool… (11.08) // J. Bernardt, Arsenal, Leftfield, Air, Yves Deruyter, DJ Ghost, Zolex… (12.08) // Lost Frequencies, Craig David, Emma Bale… (13.08)

Alice Cooper © DR

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Musique

Musique

Ronquières Festival 6e édition pour ce festival qui se déroule au pied du plan incliné de Ronquières – le plus long du monde. Un lieu pas banal puisqu’il s’agit d’un gigantesque ascenseur tractant chaque jour plusieurs péniches. On y savoure les mélodies planantes du groupe Air ou le mix (réussi) entre chanson française et house des Français de Paradis. Et on profite du passage de House of Pain (Jump around !) et de Naïve New Beaters pour sautiller dans ce joli coin de nature. Ronquières – 05 & 06.08, Plan incliné, sam : 13 h, dim : 14 h (complet !), 1 jour : 40 €, pass 2 jours : 68 €, www.ronquieresfestival.be Sélection : Air, Archive, House of Pain, BigFlo & Oli, Kid Noize, Soldout, Suarez, Matmatah, Roméo Elvis & Le Motel, Noa Moon, Salut c’est cool, Berywam (05.08) // Julien Doré, Vianney, Cali, LP, Tom Odell, Mustii, Paradis, Konoba, Naïve New Beaters, Emma Bale, Delta (06.08)

Les petits plats dans les immenses. Parmi ces 70 concerts répartis sur quatre scènes, on note la présence de La Femme, Lescop ou le retour de The Jesus and Mary Chain, 19 ans après leur dernier album. On se réjouit aussi de la venue du trublion pop Benjamin Schoos, avant de plonger dans le tourbillon electro des Pet Shop Boys. Les hérauts de la culture club des 198090 transforment la Place du Palais en discothèque géante, avec un show pas avare d’effets spéciaux. Qui a dit que l’été en centre-ville était morose ? Bruxelles – 06 > 15.08, La Madeleine, Place des Palais, Mont des Arts (Orange Stage), Place du Musée (Magic Mirrors), 1 jour : 27 > 15 €, pass 10 jours : 62 / 55 €, bsf.be Sélection : Nouvelle Vague, Magyd Cherfi, Octave Noire… (06.08) // Calypso Rose… (08.08) // Lescop, Jain, Fishbach… (09.08) // Talisco, Trust… (10.08) // Jil Caplan, Mugwump… (11.08) // Rinôçérôse, Goose, Orbital… (12.08) // Black Box Revelation, The Jesus And Mary Chain, Puggy, The Pirouettes, La Femme… (13.08) // Ozark Henry, The Divine Comedy, Feist, Benjamin Schoos… (14.08) // Goldfrapp, Pet Shop Boys… (15.08)

Calypso Rose © Richard Hodler

Air © Linda Bujoli

Brussels Summer Festival



Bananarama © DR

© Dimitri Bekaert

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Musique

Musique

Nostalgie Beach

Wecandance

Sur la plage abandonnée, stars sans âge et vieux succès… Ostende remporte le prix du line-up le plus « Top of the Pops » de l’été. Jugez plutôt : Bananarama, UB40 ou ce bon vieux Nick Kershaw (souvenez-vous : Wouldn't It Be Good). Avec ou sans short fluo, y' a pas de mal à jerker sur Talking in your Sleep de The Romantics. Du moment que cela reste entre nous…

C’est le plus guindé des festivals de plage. Entre fooding étoilé, mode et musique, ce rendez-vous affiche un ton underground, plutôt chill (élitiste ?). Certes, les recos vestimentaires nous laissent sceptiques (rien ne vaudra jamais le mankini vert fluo de Borat) mais on salue une sélection musicale aux petits oignons : Âme, Midland, Matthew Herbert… C'est le principal, non ?

Middelkerke – 12.08, Festivalpark, 11 h, 54 €, nostalgie-beachfestival.tickoweb.be

Zeebrugge – 12 & 13.08, plage de Zeebrugge, 12 h, 1 jour : 54 €, pass 2 jours : 93 €, wecandance.be

Sélection : UB40, Anastacia, Bob Geldof & The Boomtown Rats, Bananarama, Nik Kershaw, The Romantics, The Kid, Belinda Carlisle

Sélection : Âme, DJ Harvey, Matthew Herbert, Midland, Motor City Drum Ensemble, Robag Wruhme…

W Festival

Musique

Fans de mélodies sombres ? Voici LE rendez-vous new et cold wave de l'été. Ne serait-ce que pour la présence de Peter Hook, bassiste de Joy Division et membre fondateur de New Order. Au milieu d'une flopée d'obscurs joueurs de synthés, on salue la venue de The Human League, Anne Clark, Blancmange ou Thompson Twins ! Et on ne s'étonne guère du passage de Desireless qui voyage, voyage… Amougies – 18 > 20.08, Aérodrome, ven : 15 h, sam & dim : 12 h, ven : 25 €, sam & dim : 45 €, pass 2 jours : 78 / 60 €, pass 3 jours : 90 / 85 €, www.w-festival.com Sélection : The Arch, Neon Electronics (18.08) // Blancmange, Peter Hook, Anne Clark featuring Herrb, The Human League (19.08) // Desireless, China Crisis, T’Pau, Big Country, Thompson Twins’ Tom Bailey, Front 242… (20.08)



© Davy

Pukkelpop

Musique

"Waterloo, morne plaine", d'après une fameuse plume. Celle de Kiewit (la plaine, pas la plume, vous suivez un peu ?!) vaut le détour, elle. Depuis 1985 et durant trois jours, se succèdent des dizaines d'artistes (vedettes ou découvertes) et des milliers de mélomanes. Qui y laissent parfois des plumes. Dans la plaine, donc. Thibaut Allemand

© Coley Brown

Mac DeMarco

Flemmard, on pourrait présenter Mac DeMarco comme le “trublion déjanté du rock indé”. Jamais à court d'une bonne blague pas toujours fine, le Canadien a pu fatiguer. Certes, nous vivons dans une dictature du cool, mais est-on toujours obligé de se marrer comme des baleines ? La réponse est non. Ça tombe bien : derrière la façade de slacker dingo, se cache un songwriter plutôt doué qui a écouté The Durutti Column plus que de raison – ces guitares ! Une poignée d'albums plus tard, on se rend à l'évidence : doué, le natif de Duncan l'est sans aucun doute. Ses chansons bancales se ressemblent souvent et pourtant, cette désinvolture vise souvent dans le mille.


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Cypress Hill

La France avait Licence IV, le blanc, le rouge et le saucisson (et Gillou avec son p'tit accordéon). Les USA ont Cypress Hill, la beuh et Hits from the Bong. Vestiges d'une époque où la jeunesse middle-class avait un objectif commun : la légalisation de l'herbe. Près de 25 ans après, cette rébellion semble futile. C'est sans compter sur la nostalgie. Et sur le talent de DJ Muggs, dont l'album Dust (2003) enterre tout ce qu'il a pu faire avec les deux zouaves à voix nasillarde – mais ça ne parlait pas de joints, donc ça a moins bien marché.

S'il ne fallait citer qu'un seul tube de The Shins ? New Slang peut-être. Mais les vrais savent qu'il s'agit de l'insurpassable So Says I. Depuis 1998, avec quelques hiatus certes, la bande menée par James Mercer recherche la pop song parfaite. Elle en a déjà livrées quelques-unes mais poursuit sa quête. On ne s'attend évidemment pas à la folie des Black Lips (au hasard), mais on est bien heureux de retrouver ces mélodies magiques et ces harmonies vocales en pagaille. Et, oui, c'est déjà pas mal !

© Marisa Kula-Mercer

© DR

The Shins

Vince Staples

Avis aux étourdis fans de soul : rien à voir avec The Staples Singer. Ce Staples officie davantage dans un hip-hop malade et moderne – plus proche d'Odd Future que de la diva Kanye West, donc. Après avoir bossé avec, entre autres, Common ou A$AP Rocky, cet ex-Crips a signé un premier LP solo qui en a laissé plus d'un sur le carreau. À l'heure où l'on écrit ces lignes, on n'a Hasselt – 16 > 19.08, Kiewit, pas encore entendu son successeur, joliment intitulé 1 jour : 99 € (sam complet !), pass 4 j. : 199 €, pukkelpop.be Big Fish Theory. À découvrir sur scène, donc ! Sélection : Ben Klock, Cypress Hill, Dave Clarke, Editors, Interpol, Mac DeMarco, Moderat, Mykki Blanco, Petit Biscuit, PJ Harvey, Robert Hood, Ty Segall, Vakula, Vincent Staples, The XX… (17.08) // 2manydjs, Black Lips, Boys Noize, Clark, Fakear, The Flaming Lips, Mount Kimbie, Mr Oizo, Nicolas Jaar, Parquet Courts,

Perfume Genius, Richie Hawtin (close), Rødhåd, Sampha, The Shins, STUFF… (18.08) // The Afghan Whigs, Armand Van Helden b2b Jackmaster, At The Drive In, Badbadnotgood, Band of Horses, Cashmere Cat, Cocaine Piss, Culture Abuse, Death Grips, Flume, Fritz Kalkbrenner, Jake Bugg, Talaboman… (19.08)


Joshua Monten © Christian Glaus


Dossier – Festivals 87

Arts de rue

Festival international des arts de la rue de Chassepierre Chassepierre, ses 200 habitants, son église classée, ses charmantes bâtisses bordant la Semois… Et ses esplanades, places et prairies transformées chaque été en théâtre à ciel ouvert. Bienvenue dans ce village wallon pour un 44e festival des arts de la rue, accueillant 50 compagnies européennes et plus de 25 000 spectateurs. Entre les voltigeurs, comédiens, musiciens ou drôles de bêtes en carton-pâte qui prennent place pendant deux jours dans l’espace public, le spectacle promet d’être riche et détonnant. Charlotte Charles-Heep, la programmatrice, explique d’ailleurs que « le fil directeur " sens et contre-sens" s’est imposé, car plusieurs propositions ne nous emmènent pas là où on les attendrait ». Ainsi du numéro rock des Britanniques Gandini Juggling (8 Songs) et de ses jongleuses rousses (sont-elles de face ou de dos ?) mises à l’honneur sur l’affiche de cette édition, ou encore du mentalisme artistique du Belge Kurt Demey. Amour toujours Théâtre burlesque (Bruitquicourt), funambulisme sur sculptures mobiles (La Migration), déambulations de dodos géants (Ekart) et fanfare pyrotechnique (Commandos Percu) : les formes les plus innovantes sont représentées à Chassepierre. Les plus intimistes aussi. Entre une variation sur tissu aérien (Abrazzo, de la compagnie TaKaPa) et une étreinte mi-dansée, mi-jonglée (Stefan Sing et Cristiana Casadio), plusieurs duos de cirque Chassepierre – 19 & 20.08, divers contemporain explorent les mystères de la lieux en ville, sam & dim : 13 h (ouverpassion amoureuse. Un autre fil rouge de ture du village : 11 h), 1 jour : 20 > 7 €, pass 2 jours : 30 > 10 € / gratuit (-8 ans), cette édition, propre à bouleverser nos sens. www.chassepierre.be Marine Durand

Sélection : Gandini Juggling : 8 Songs, Circ Panic : MiraT, Les Chaussons Rouges : Hircus, Cie La Migration : Landscape(s) #1, Vincent Warin : L'Homme V, Stefan Sing & Cristiana Casadio : Tangram, Xav To Yilo : Silento, Cie TaKaPa : Abrazzo, Cirque Hirsute : Les Butors, Kurt Demey : évidences inconnues, Joshua Monten : Kill Your Darlings, Super Super : Plouf et Replouf, Grandet

Douglas : Le Contrevent, Cie Bruitquicourt : The King Of The Kingdom, Cie Du Grenier au Jardin : Pryl, prophète à la rue, Thank You For Coming : Les Ogres, Les Cubiténistes : La Manif peinte, Écart : Homs Fums, ÉkArt : Les Dodos, Titanos : Ouroboros, Les Commandos Percu : Silence, Ça Va Valser, Marino Punk, Kermesz à l’Est, Fières Bretelles… (19 & 20.08)


Justice Š so me


Dossier – Festivals 89

Pluridisciplinaire

Cabaret Vert Au départ, l’aventure d’une bande de potes décidés à rendre ses lettres de noblesse à une région mal-aimée. 10 000 curieux avaient suivi la première édition du Cabaret Vert. Treize ans plus tard, celui-ci compte parmi les plus grands festivals de l'Hexagone. Et promet son lot d’illuminations, pour citer une grande plume locale. 100 000 spectateurs sont désormais attendus dans la cité de Rimbaud. « On souhaite toutefois conserver un rendez-vous à taille humaine » insiste le directeur artistique, Christian Allex. Car ici, le succès tient autant à l'ambiance, chaleureuse, qu’à la sélection de bières (22, toutes brassées dans les environs, hic !), au parti-pris écologique (oui, le Cabaret Vert est vraiment vert) et au lineup. Celui-ci s'articule entre spectacles de rue, cinéma, BD (la SF est à l'honneur cette année) et surtout la musique. Sidérant L'affiche réunit ainsi petites pépites et pointures internationales, dans tous les styles. Sous-titré Ardenne sidérale, ce 13e opus nous invite à « prendre de la hauteur pour découvrir de nouveaux mondes ». Pas besoin de s’élever jusque-là pour saisir le potentiel scénique de Justice, Franz Ferdinand ou Cypress Hill. On aurait pu citer Korn mais on a passé l'âge (comme eux). Par contre, on vous enjoint d’entrer en transe avec la house hypnotique de The Blaze ou le revival 70's de The Lemon Twigs. Les plus aventureux se risqueront au concert de Death Grips (littéralement, « la mort s’accroche »), un duo américain qui concasse punk et grime Charleville-Mézières – 24 > 27.08, sans forcément se soucier de nos tympans. Square Bayard, jeu : 17 h, ven, sam & dim : 14 h, jeu, ven & sam : 40 / 36 €, Pour se mettre au vert, il faudra repasser. dim : 5 €, pass 4 jours : 100 / 89 €, pass 3 jours (ven, sam, dim) : 70 / 60 €, Question cas barrés, vous êtes au bon endroit. Julien Damien

Sélection : Cypress Hill, Flume, London Grammar, Death Grips, Chronixx, Cashmere Cat, The Orwells… (24.08) // Korn, The Kills, Jain, Soulwax, Band of Horses, Parquet Courts, Ty Segall, Carpenter Brut, Goat Girl… (25.08) //

cabaretvert.com

Justice, Franz Ferdinand, Vald, The Blaze, The Lemon Twigs, Allah-Las, Fishbach, ALB, Panda Dub, Last Train… (26.06) // Catherine Ringer, Petit Biscuit, FKJ, Declan McKenna, Kate Tempest… (27.08)


© W. Govaerts

Todd Terje © DR

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Musique

Musique

Horst Festival Bienvenue au château d’Horst, un bijou du xvie siècle. Qui peut revendiquer un cadre aussi royal ? Sa cour vibre durant deux jours sous les assauts de quelques seigneurs de l'électro, de la techno martiale d’Helena Hauff aux sets métissés de Gilles Peterson… La vie de châtelain, quoi. Holsbeek – 08 & 09.09, Château d’Horst, ven : 16 h, sam : 14 h, ven : 35 €, sam : 40 €, pass 2 jours : 70 €, www.horstartsandmusic.com Sélection : Gilles Peterson, Helena Hauff, Funkineven, Jay Daniel, San Soda, Lefto, Jayda G, Tako, Nosedrip, Le Motel, WWWater – live, DJ soFa, Sugarhouse Records… (08.09) // Motor City Drum Ensemble, Egyptian Lover, Special Request, Young Marco, Romare, Call Super, Kornél Kovács, K15, Mehmet Aslan, DC Salas, Bjeor, Beatsforbeaches, DTM Funk (09.09)

Touquet Music Beach Festival Autrefois cantonné à une soirée, ce beach festival promet deux jours radieux. Entre deux cours de kite-surf ou de char à voile, la scène accueille la techno façon Détroit de l'inoxydable Agoria, la house bigarrée de Todd Terje ou la synth-pop d'Agar Agar… Les pieds dans le sable et la tête dans les étoiles ? On peut le dire. Touquet – 25 & 26.08, Boulevard de la Plage, 17 h, 1 jour : 39 > 28 €, pass 2 jours : 60 > 44 €, touquetmusicbeach.fr Sélection : The Avener, Kungs, Paradis, L'Impératrice… (25.08) // Agoria, Todd Terje, Agar Agar, NUMéROBé, Vitalic… (26.08)

Fête des Solidarités

Musique

Le festival namurois pratique le grand écart, de Roméo Elvis à Tiken Jah Fakoly en passant par Slimane ou Patrick Bruel ! Gare au claquage tout de même… à l'affiche aussi, des spectacles de rue, des débats, un nouvel espace réservé aux enfants et… du saut à l’élastique ! De quoi s'envoyer en l’air ? Pas sûr. Namur – 26 & 27.08, Citadelle, 10 h, 1 jour : 29 €, pass 2 jours : 39 € / gratuit (-12 ans), www.lafetedessolidarites.be Sélection : Broken Back, Caballero & Jeanjass, Dick Annegarn, Julian Perretta, Lost Frequencies, Puggy, Roméo Elvis & Le Motel, Tiken Jah Fakoly… (26.08) // Allez Allez, Cali, Cyril Mokaiesh, Magyd Cherfi, Patrick Bruel, Saule, Slimane… (27.08)



Pluridisciplinaire

Les Rencontres inattendues Lancées à l’été 2011 comme un pari, les Rencontres inattendues ont bien grandi. Ce rendez-vous associant musique et philosophie accueille pendant quatre jours 120 penseurs et artistes, aux plus belles adresses de la ville. Les réjouissances commencent avec le prometteur L’Histoire du monde en deux heures, à la Halle aux Draps. Fruit de la collaboration entre Michel Serres et le compositeur Dick van der Harst, cette pièce narrant l’évolution de l’univers entre deux big bang représente bien l’envol du festival. « On compte 20 musiciens et danseurs dans le spectacle », s’enthousiasme le commissaire du festival, Didier Platteau, qui fait désormais appel à des metteurs en scène pour les plus grosses productions. à côté d’une proposition multimédia sur Corto Maltese, autre événement de ces Rencontres, la variété des formats a de quoi séduire tous les spectateurs : lunch gourmand sous l’égide de Michel Onfray (pour ceux qui visent les "stars"), lectures participatives introduisant à la pensée de Kant ou Arendt pour les plus curieux. L’héroïsme, fil rouge de cette édition, trouve son point d’orgue dans l’entretien sur l’amour conduit par la sociologue franco-israélienne Eva Illouz, avec l’appui d’un philosophe, d’une chanteuse et Tournai – 31.08 > 03.09, divers lieux, d’une pianiste. Réflexion et jolis sons, sans doute activités gratuites et spectacles payants, 20 > 4 €, www.lesinattendues.be la meilleure façon d’aborder la rentrée. Marine Durand Sélection : Dick van der Harst et Michel Serres : L’Histoire du monde en deux heures (31.08) // Lunch « de la raison gourmande » avec M. Onfray / Hugo Pratt, trait pour trait : film de Thierry Thomas / Que nous disent les héros : avec Boris Cyrulnik / Corto Maltese, Conversation avec Irène… (01.09) // Orient/

Occident, pour un nouveau dialogue, Glenn Gould, le romantique : avec Jean-Yves Clément, L’héroïsme aujourd’hui : avec B. Cyrulnik… (02.09) // Foutez-vous la paix !… et commencez à vivre : avec F. Midal, et M.Leros, Y a-t-il un héroïsme de l’amour : avec Eva Illouz… (03.09)

© Véronique Pipers

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Dossier – Festivals 94

© Robert Frauenkron


Hill Climbing

Gamelles & cylindrées

Chaque année depuis 1999, des dizaines de motards de toute l’Europe se réunissent à Andler, un hameau belge de 46 âmes situé à la frontière allemande. Ces casse-cous tentent de gravir au guidon de leur machine une pente de 100 mètres de long taillée dans une ancienne carrière… et frôlant les 90 % de dénivelé. Bref, une montée impossible. Ce n'est pas la seule au monde, mais celle-ci a une petite particularité : la fin du parcours est jonchée de rochers, promettant de spectaculaires gadins. Seuls deux loustics ont atteint le sommet en 17 éditions. Mais là n'est pas l'essentiel. D'ailleurs, il n'y a rien à gagner, si ce n'est quelques breloques dans le meilleur des cas, beaucoup de bleus ou une jambe cassée dans le pire – autant dire souvent. Le Hill Climbing, c’est le mythe de Sisyphe revisité par des motocyclistes ne carburant pas forcément qu’au diesel. Une métaphore de l’existence, mais en plus fendard. J.D. Andler-Schönberg – 01 > 03.09, vieille carrière, sam : 13 h 30, dim : 10 h, 1 jour : 10 €, week-end : 18 € / gratuit (-12 ans), www.hillclimbing.be


La croisière s'amuse... sur fond de musiques électroniques. Du 31 août au 3 septembre, le Freedom of The Seas embarque 4 000 passagers et 90 DJs, pour un trajet Barcelone-Marseille-Ibiza-Barcelone des plus remuants. L'idée n'est pas nouvelle, mais le line-up vaut le coup : Cassius, Boys Noize, 2manydjs... évidemment, la "Ark Cruise" n'est pas donnée : de 600 à 6 000 euros la cabine (intérieure ou avec vue sur la mer...). Avec un p'tit cocktail d'Isaac en prime ? Barcelone – 31.08 > 03.09, port, enregistrement à 12 h, départ à 17 h, 5 949 > 549 €, www.theark.cruises

Double impact

C'est bien connu : qui se ressemble s'assemble. C'est encore plus vrai à Pleucadeuc. Tous les 15 août depuis 1994, jumeaux, triplés ou même quadruplés se réunissent dans cette commune du Morbihan lors d'un festival qui reste, lui, singulier. C'est le maire, Alain Launay, père de deux jumelles, qui a eu cette idée. Pas si farfelue d'ailleurs puisque des frères et sœurs du monde entier rappliquent. Normal, on s'y amuse deux fois plus. Pleucadeuc – 15.08, www.jumeaux-pleucadeuc.org

© Jacques Guillaume

Rythme de croisière

© Croisières Royal Caribbean International / DR

Dossier – Festivals 96


© Wisconsin State Cow Chip Throw / DR

Vachement drôle Que faire avec une bouse de vache ? Marcher dedans, ou bien la lancer. Dans le Wisconsin, les habitants de la Prairie du Sac en ont fait une tradition. Depuis 43 ans, début septembre, ce festival réunit des milliers de compétiteurs, animés par la seule envie de jeter le plus loin possible leur "cow ship", une bouse de vache séchée, donc, et aplatie tel un disque. Le record est de 75 mètres. Que voulez-vous, ça nous émeuuuuh ! wiscowchip.com

© Ryan Hodgson-Rigsbee - rhrPhoto.com

Vous connaissez sans doute les fêtes de San Fermin, à Pampelune, célèbres pour leur lâcher de taureaux dans les rues. Eh bien en juillet, on trouve quasiment la même fête à l'autre bout du monde, à La Nouvelle-Orléans. Sauf qu'ici ce ne sont pas des bovidés qu'on libère dans le centre-ville, mais des joueuses de rollerderby équipées de casques à cornes. à chacun sa culture... nolabulls.com

© DR

Montrer les cornes

Cadavres exquis Vous ne finissez pas votre viande écrasée ? Elle a pourtant été ramassée avec soin... Aux USA, il est permis de "recycler" les animaux qui ont péri sur le bitume. à Marlington, en Virginie Occidentale, cette jolie activité sert une compétition culinaire, fin septembre. Le principe du "Road Kill Cook-Off" est simple : concocter des plats à partir de cadavres dénichés sur la route. Lapins, ratons laveurs, opossums... Bon appétit ! pccocwv.com/roadkill


Écrans – Sélection 98

120 battements par minute

Au cœur de la lutte

Texte Mélissa Chevreuil Photo Celine Nieszawer

En rappelant l’histoire de la lutte contre le sida à l’orée des années 1990, Robin Campillo a bouleversé la 70e édition du Festival de Cannes. Il rend hommage aux militants qui ont refusé de vivre cette période comme une fatalité, multipliant les actions coups de poing. Une œuvre politique qui suscite le rire autant que les larmes sans sombrer dans le pathos. Il y a 25 ans, en France. Le sida ronge les corps et provoque la mort à court ou moyen terme. Les homos sont alors méprisés par les pouvoirs publics

et les séropositifs victimes d’une abjecte chasse aux sorcières. Face à cette infamie, les activistes d’Act Up-Paris, association de lutte contre


le VIH, montent au front de manière peu orthodoxe. Témoin, cette capote géante recouvrant l’obélisque, place de la Concorde (1993). Ou ces militants aux allures de pom-pom girls qui scandent des slogans touchés par la grâce : « des hémophiles pour qu’on s’enfile » ou « des molécules pour qu’on s’encule ». Plus fort que la mort Parmi eux il y a Nathan, le néophyte. Et Sean, un vétéran des manifs. L’un est séronégatif, l’autre déjà à l’agonie. Pourtant, quand leurs corps se frôlent puis se pénètrent, c’est toute l’histoire des scènes de sexe au cinéma qui vacille. Rien à voir avec une amou-

rette, le film traduit une vraie rage de vivre. On assiste à une course contre la montre dès lors que les personnages apprennent leur séropositivité : il faut redoubler la pression sur les laboratoires pharmaceutiques. Adèle Haenel, galvanisée par des nouveaux talents (Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz) guide un collectif qui ne manque pas d’humour. Face à cette jeunesse désemparée qui retrouva l’espoir dans la chaleur du groupe, le cœur du public devrait battre plus de 120 fois par minute. De Robin Campillo, avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz… Sortie le 23.08


Des femmes puissantes Il y a 20 ans son premier essai, Virgin Suicides, électrisait la Croisette. Sofia Coppola récidive avec Les Proies, et met à nouveau en scène un chœur féminin. Ou comment un jeune homme blessé bouleverse une maisonnée de dames moins pudibondes qu’elles paraissent. Quelque part dans le sud de l’Amérique, alors que la guerre de Sécession fait rage, de charitables pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat du camp adverse blessé (Colin Farrell). Au centre de ce gynécée coupé du monde, le mâle attire toutes les convoitises, entraînant rivalités et tensions érotiques. Mais au jeu de la séduction, ce n’est pas le Yankee qui a l’avantage… Le nouveau film de Sofia Coppola est, à l’instar du reste de son œuvre (du crève-cœur Virgin Suicides au maladroit The Bling Ring), une ode au pouvoir des femmes. La cinéaste parachève ici son art. Son huis clos bénéficie d’une photographie très léchée. Néanmoins, personne ne voudrait mettre un pied dans cet endroit. Si le trio de choc Nicole Kidman / Kirsten Dunst / Elle Fanning ne manque pas de charme, il incarne avant tout une domination matriarcale des plus terrifiantes. Sofia Coppola affirme s’être inspirée du roman éponyme de Thomas Cullinan, et non de sa première adaptation cinématographique signée Don Siegel, en 1971. Il n’empêche : Colin Farrell souffre de la comparaison avec Clint Eastwood. Contrairement à son aîné, l’Irlandais ne véhicule pas la moindre menace, aucun trouble. Dans ce thriller jubilatoire, « danger » s’écrit uniquement au féminin. Mélissa Chevreuil De Sofia Coppola, avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning… Sortie le 23.08

© Focus Features

Les proies



© Netflix

© George Kraychyk / MGM Television Entertainment Inc. & Relentless Prod. LLC

Écrans – Sélection 102

Dear White People « L’égalité ressemble à de l’oppression pour les gens qui sont déjà privilégiés », affirmait il y a peu le créateur de Dear White People. Justin Simien réagissait à la polémique accompagnant la sortie de sa série sur Netflix. Des internautes accusaient alors le site de racisme anti-blanc... Approche cinglante de la question raciale dans les hautes sphères, ce show séduit par sa pertinence et son humour. La faute à Sam, étudiante afro-américaine de la prestigieuse université de Winchester, et animatrice-vedette de l’émission de radio la plus engagée du campus. à travers le portrait de la jeune femme et de son entourage, Dear White People aborde des sujets attendus comme le racisme, et d’autres qui l’étaient moins, telle l’homosexualité, se jouant avec talent des clichés. Sonia Abassi De Justin Simien, avec Logan Browning, Brandon P Bell, DeRon Horton… Disponible sur Netflix

The Handmaid’s Tale (La servante écarlate) Imaginez un pays gouverné par une troupe de bigots annihilant la moindre liberté. Un régime où les femmes n’ont qu’un seul droit, celui de servir l’homme, et un seul devoir, celui d’enfanter. Un peuple traumatisé par une catastrophe biologique et une fécondité en berne qui a cédé à l’extrémisme politique et religieux. Une nation où toute forme d’art est illégale. Ce pays, c’est la République de Gilead. Vous le connaissez mieux sous son ancien nom : les états-Unis. Adaptation du roman La Servante écarlate de Margaret Atwood, cette série nous plonge dans un monde parfois trompeur, souvent menaçant, dont on peine à s’évader. Elle nous démontre comment une société rongée par la peur peut facilement sombrer dans l’obscurantisme le plus total. à voir et à méditer, donc. Sonia Abassi De Bruce Miller, avec Elisabeth Moss, Joseph Fiennes, Yvonne Strahovski... Disponible sur OCS Max



Livres – Chroniques 104

Kieron Gillen & Jamie McKelvie Phonogram, T1 : Ex Britannia (Glénat)

Hallelujah ! La série Phonogram paraît enfin dans la langue d’Étienne Daho. Si l’action se déroule en GrandeBretagne, le trait emprunte énormément aux comics américains. Quant au propos, c’est un vibrant hommage à la Cool Britannia, surnom donné au Royaume-Uni au milieu des années 1990, durant le règne d’Oasis, Blur, Suede, Elastica ou encore Pulp – la couverture est un hommage à This Is Hardcore (1998) de ces derniers. Bref, il s’agit d’une relecture des comics à travers une BO et des clins d’œil typiquement britanniques. Évidemment, les trentenaires goûteront davantage cette madeleine de Proust pop, mais les plus jeunes (et plus vieux) trouveront également leur compte dans les folles aventures de David Kohl. Ce “phonomancien” (mage utilisant la musique pour ses rituels) est chargé par la Déesse d’enquêter sur Britannia, l’une de ses incarnations disparues… Toujours étrange, souvent déroutant, Phonogram ne s’avale pas comme le premier Marvel venu. Il faut aimer l’occulte, accepter de se laisser perdre et rester attentif aux détails et références (parfois) obscures pour apprécier pleinement ce travail d’orfèvre. Un must ! 192 p., 17,50 €. Thibaut Allemand

Axel Cadieux Voyages à Twin Peaks (éd. Capricci)

Vous voulez découvrir la – sublime – nouvelle saison de Twin Peaks ? Vous n’avez pas le temps de vous rafraîchir la mémoire en repassant les épisodes précédents ? Vous connaissez tout par cœur et n’en aurez jamais assez ? Dans tous les cas, Voyages à Twin Peaks demeure votre meilleur guide touristique. Journaliste à So Film, Axel Cadieux mène une passionnante enquête sur les lieux du crime – pardon, du tournage. À la rencontre des protagonistes-clés (production, casting, écriture) ou périphériques, il nous raconte à la fois une certaine Amérique, la genèse puis l’existence tumultueuse d’une œuvre culte. En révélant l’envers du décor, l’auteur ne tue pas le mystère mais le rend plus envoûtant encore. 130 p., 17 €. Rémi Boiteux


Thierry Martin

DAVID SNUG

Nam-bok

50 Classiques de la pop (Marwanny Corporation)

(Futuropolis)

Adaptée d’une nouvelle du prolifique Jack London, cette bande dessinée conte l’histoire de Nam-bok, jeune adolescent de l’Arctique qui, porté disparu après une chasse au phoque, est recueilli par l’équipage d’une goélette. Il découvre une réalité jusqu’alors inconnue : le monde moderne, ses trains, paquebots et autres avancées technologiques. Rentré chez lui, il relate son périple. En vain. Face aux croyances millénaires et aux superstitions ancestrales, Nam-bok est considéré comme un menteur et mis au ban. Ne lui reste qu’à fuir… Belle et tragique, cette fable remue. Elle méritait sans doute mieux que ce trait naïf, qui ne rend pas justice aux paysages de l’Arctique – mais il est vrai que là n’était pas le sujet. 104 p., 18 €. Thibaut Allemand

Le véritable titre de ce bouquin ? Ne vous fatiguez pas à écouter ces 50 classiques de la pop, David Snug s’en est occupé pour vous. Snug, c’est un peu l’antiMichka Assayas. La rigueur, le sérieux, l’encyclopédisme ? On s’en fout. Armé d’un humour potache, d’une orthographe déplorable, d’une mauvaise foi imparable et, surtout, d’une érudition approximative, Snug élucubre le temps de 50 fiches manuscrites consacrées à Bowie, Oasis, Sonic Youth, La Femme, New Order, Nirvana… ou son propre groupe, Trotski Nautique. Difficile de résumer cet ouvrage faussement naïf, mais on se souviendra longtemps de "Martine Annette", productrice de Joy Division, ou des fiches évoquant Miossec, Dominique A et Katerine – qu’on vous laisse découvrir. 110 p., 15,99 €. Thibaut Allemand

JEFF LEMIRE & EMI LENOX Plutona (Futuropolis)

On pourrait, fainéant, situer Plutona dans la lignée de la série Stranger Things (2016) : une relecture des aventures étranges et fantastiques de garnements dans les eighties. Or, à travers les péripéties de ces cinq gamins, le tandem Jeff Lemire / Emi Lenox se remémore sa propre adolescence et la sublime par le biais de cette BD pas comme les autres. Hommage aux comics "classiques" et à son aréopage de super-héros, ce récit initiatique et haletant joue également avec le réalisme (ces héros ne sont pas immortels) et le conte (la forêt, les balades nocturnes…). Cette fable, qui n’aurait pu être qu’un décalque des Goonies (1985), se révèle attachante et plus profonde qu’il n’y paraît de prime abord – la marque des grandes histoires. 152 p., 20 €. Thibaut Allemand


Portfolio – Portrait 106

Loïc Vendrame Les mondes engloutis Texte Julien Damien Photo Future Rust, Future Dust, Spanish © Loïc Vendrame

Dans la série Future Rust, Future Dust, Loïc Vendrame témoigne de la crise immobilière et financière qui a frappé le monde en 2008. Le Lyonnais a posé sa tente et son appareil photo en Espagne, au pied de squelettes de béton figés dans une nature reprenant ses droits. Irréelles, absurdes, ces images de cités désertes, de routes ou d’édifices inachevés ont la force des symboles, et la beauté tragique des grandes catastrophes.



Spanish Riviera - Carboneras

O

n avait quitté Loïc Vendrame en janvier 2016, avec ses clichés dignes de toiles de maître, sublimant les formes et couleurs de l’architecture moderne (voir LM 114). On le retrouve avec un projet non moins excitant, où l’abstrait laisse cette fois place au documentaire. « J’avais fait le tour de mon approche, et ressentais le besoin de raconter une histoire, d’engager un point de vue plus marqué ». Ainsi ce Lyonnais de 27 ans, géographe de formation, s’intéresse désormais aux bâtiments abandonnés et autres villes fantômes. à ces « non-lieux urbains » nés des crises financières et immobilières de 2008. Ces images proviennent des deux premiers volumes de sa série Future Rust, Future Dust. Elles ont été prises autour de Madrid


Spanish Riviera - Cox

et dans la région de Murcie-Alicante. « Ces endroits sont perturbants, on se demande ce qu’il a bien pu s’y passer. Seul le bruit du vent vous accompagne et, pourtant, vous êtes entourés par toutes ces traces laissées par l’Homme, qui a soudainement tout plaqué comme si le pire était arrivé ». Rêves brisés Ces complexes hôteliers mort-nés, ces routes ne menant nulle part, ces cités inachevées, sans âme qui vive, nous plongent dans une ambiance post-apocalyptique. Vestiges d’une époque insouciante, ils nous racontent en silence la faillite d’une économie, et les catastrophes humaines qu’ils renferment.


Spanish Sahara - Sesena Nuevo

« J’essaie de montrer l’absurdité, le gâchis d’argent public, les rêves d’accession à la propriété brisés derrière ce béton. Les personnes endettées et les escrocs toujours en liberté. Il est aussi choquant d’observer autant de maisons habitables mais délaissées, alors que tant de personnes ne parviennent pas à se loger ». Une immense gabegie, doublée d’une atteinte à Dame Nature. « Au-delà de l’aspect politique et social, on voit aussi à quel point les paysages ont été défigurés pour rien ». On est également saisi par ce paradoxe entre la disgrâce des embryons immobiliers et la beauté du décor, la douceur de sa lumière. « J’aime ce contraste entre le climat et la dureté des lieux. Beaucoup étaient dédiés au tourisme, c’est une façon de


Spanish Riviera - Sueca

les montrer tels qu’ils auraient existé s’il n’y avait pas eu la crise ». Oui, les vacances sont finies… avant même d’avoir commencé. Le travail de Loïc Vendrame, lui, ne fait que débuter. « Je pars bientôt au Portugal et compte aussi me rendre dans le sud de l’Europe, au Maroc, dans les pays du Golfe ou en Chine. Mon objectif ultime est d’offrir une vision exhaustive des impacts de la crise sur les paysages urbains ». Comme un voyage autour d’un monde parallèle, à visiter loicvendramephotography.com // englouti, mais hélas bien réel. www.facebook.com/LoicVendramePhotography

à lire l’interview de Loïc Vendrame sur www.lm-magazine.com


Max Bill, Eindeloze kronkel (Enroulement sans fin), 1953 – 1956 Š Photo Julien Damien


exposition – Lieu 113

Middelheim Museum Jardin de plein art C’est le dilemme de l’été : sortie au parc ou visite d’exposition ? Et pourquoi pas… les deux en même temps. à Anvers, le musée en plein air de Middelheim propose depuis plus de 60 ans une déambulation artistique dans un immense jardin, au milieu de sculptures du xxe siècle à nos jours. Visite guidée – pas tout à fait comme les autres.



Corey McCorkle, Yayoi, 2005 © photo Joris Luyten Erwin Wurm, Misconceivable, 2010 © SABAM Belgium / Photo Joris Casaer

L

a Middelheimlaan est une longue avenue située au sud d’Anvers. Celle-ci offre au promeneur une balade des plus bucoliques. Arrivé devant l’entrée du parc qu’elle borde, le regard du passant est alors attiré par un château de style néoclassique… et un détail saisissant. Il aperçoit en effet un bateau mou, soit un voilier coulant, littéralement, sur le rebord où il est posé. Cette œuvre de l’Autrichien Erwin Wurm (Misconceivable, 2010) confirme que le parc Middelheim n’est pas seulement le poumon vert de la cité flamande. C’est l’un des plus anciens musées en plein air au monde. Cet espace naturel de 30 hectares est parsemé de vastes pelouses, de sous-bois, traversé de cours d’eau et

jonché d’arbres ou de plantes – rares pour certaines. Ici sont exposées quelque 230 sculptures modernes et contemporaines (parmi une collection de 450). En poussant les grilles, nous sommes d’abord accueillis par une statue en métal du Flamand Vic Gentils immortalisant un notable. Il s’agit de Lode Craeybeckx (18971976), ancien bourgmestre d’Anvers, symbolisé par ses différentes qualités : le tronc est par exemple constitué de socs de charrue (pour le côté travailleur) représentant aussi la toge d’un avocat. Mais l’homme était surtout un amoureux des arts. C’est à cette figure du socialisme qu’on doit ce musée.


Rik Wouters, Het Zotte Geweld (La Vierge folle), 1912 © Photo Julien Damien

Sous l’œil de Rodin Le passé du domaine de Middelheim reste mal connu. « On sait toutefois que la bourgeoisie anversoise possédait ses maisons de plaisance ici, au xvie siècle », indique notre guide, Inez Dechamps. La famille Le Grelle, dernier propriétaire en date, vendit les lieux à la ville en 1910. « Lode Craeybeckx trouva là l’endroit idéal pour inscrire Anvers sur la carte mondiale des arts ». La première exposition fut inaugurée en 1950, et propose depuis « une balade à travers l’histoire de la sculpture, de Rodin à nos jours ». Le génie français hante d’ailleurs toujours le parc. En avançant un peu, on découvre ainsi le premier bronze de son célèbre Balzac (1892 - 97).

Nous voilà invités à la contemplation. Celle-là même dans laquelle semblent plongés Roi et Reine du Britannique Henry Moore, représentés dans un style primitif, comme pour dénoncer l’archaïsme de la dynastie. Cet artiste aida d’ailleurs Lode Craeybeckx à organiser le parcours permanent de Middelheim. « Celui-ci se divise en deux parties autour du château : la plus haute fait la part belle à l’art moderne et la plus basse aux pièces contemporaines, créées à partir de 1990. Ce dernier terrain a été inauguré en 1993. Le bourgmestre souhaitait que le musée dispose d’une collection éclairant gratuitement le public des dernières tendances dans le domaine des arts plastiques ».


exposition – Lieu 117

Libre comme l’art Les époques et les styles se mélangent en parfaite harmonie. Après avoir admiré les Trois figures debout d’Eugène Dodeigne (1978) – soit d’inquiétantes silhouettes en pierre – nous croisons, au détour d’un chemin, une énorme boule rouge posée sur le sol, comme tombée d’un rêve – Yayoi de l’Américain Corey McCorkle (2005). Depuis 2012, on découvre enfin un espace consacré aux expositions temporaires. 31 créations de l’Anglais Richard Deacon occupent les lieux jusqu’en septembre. Elles nous révèlent un langage plastique articulé autour des matériaux et des

formes, appréciable à travers Never Mind. Ce gros zeppelin semblant flotter au dessus de l’herbe avait d’abord été conçu en bois, en 1993. Mais l’œuvre fut détériorée par les assauts de Dame Nature. « Il l’a alors reconstruite à l’identique, en acier inoxydable ». Gageons qu’elle survole longtemps le parc de Middelheim. / Julien Damien

Anvers – Middelheimlaan 61, mar > dim : 10 h > 21 h (juin & juillet), 10 h > 20 h (août), 10 h > 19 h (septembre), gratuit, www.middelheimmuseum.be Exposition Richard Deacon – jusqu’au 24.09

Richard Deacon, Never Mind, 1993–2017 © courtesy of the artist / Photo Werner J. Hannappel


Contourner les évidences Nendo. Guère évocateur pour le grand public, le terme renvoie pourtant les amateurs de design à une certaine idée de l’excellence. Formé en 2002 autour d’Oki Sato, le collectif japonais a conceptualisé cette rétrospective d’envergure inédite, révélant le travail d’un studio majeur sur la scène internationale. Le style Nendo ? « C’est un mélange de rigueur extrême et d’économie de moyens », analyse Marie Pok, consciente de ne pas éviter « les clichés sur la culture japonaise ». « Mais il y a toujours un twist, un moment où la silhouette de l’objet dévie, sort du cadre », ajoute la directrice du Centre d’innovation et de design, qui a collaboré pendant deux ans avec le designer Oki Sato pour donner naissance à Invisible outlines. Les « contours invisibles », voilà l’idée qui a motivé la sélection des 198 accessoires, éléments de mobiliers ou projets collaboratifs exposés au Grand-Hornu. Un « changement délibéré de point de vue sur des choses apparemment banales ». S’ouvrant dans l’atrium, le parcours nous emmène du magasin aux foins aux écuries, et se divise en 12 catégories, comme autant d’aventures bouleversant le destin d’un objet. "Soustraction" d’une partie du contour, pour ce tabouret aux pieds sectionnés sous l’assise, "connexion" entre les silhouettes de cinq tasses et d’un pichet à saké, mais aussi "limites", "superposition", "métamorphose"… Les manipulations créatives de Nendo chamboulent la moindre perHornu – jusqu’au 01.10, Centre d’innovation et ception que l’on avait alors des objets de design, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 5 /2 € /  du quotidien. Renversant. Marine Durand gratuit (-6 ans), cid-grand-hornu.be

Nendo, Farming Net, 2012 © Hiroshi Iwasaki

Exposition – Sélection 118

Nendo. Invisible Outlines



No one said it was going to be fair © Brecht Vandenbroucke

Exposition – Sélection 120

Art is Comic Situé au cœur de Molenbeek, le MIMA défend la création du troisième millénaire (stimulée par Internet, les réseaux sociaux...) en revendiquant son horizontalité. Le 9e art et sa dimension « comique » sont ici mis à l'honneur via cinq artistes et un collectif. Parmi les œuvres présentées, citons les strips de Joan Cornellà, repérées sur la Toile pour leur absurdité et un humour noir chahutant le trait coloré. Autre grand nom : le Belge Brecht Evens, qui dévoile des planches de son dernier roman graphique, Les Rigoles. Un titre taillé pour cet accrochage. H.G. Molenbeek – jusqu’au 31.12, MIMA, mer > dim : 10 > 18 h, 9,50 / 7,50 € / (gratuit -12 ans), www.mimamuseum.eu

La Révolution russe souffle sa 100e bougie. Choc social et politique, elle traversa aussi le champ artistique avec l’apparition des constructivistes. Sur le plan graphique, ceux-ci ont mis l'accent sur la composition géométrique, le photomontage et la typographie. Cette exposition retrace l'évolution de ce mouvement entre les années 1920 et 30, lequel a infiltré tous les supports de propagande du régime : affiches, tracts et même les couvertures de magazines ! Mais pas de Soviet’s Motiv. H.G. Bruxelles – jusqu’au 08.10, ADAM - Musée du Design de Bruxelles, tlj sauf mardi : 10 h > 18 h, 10 > 5 € / gratuit (-5 ans)

V. Mayakovsky, About this © The Rodchenko and Stepanova Archive

The Paper Revolution



© Omnia Photos

Exposition – Sélection 122

Musée de la Photographie de Charleroi

Au fil du temps Le musée de la photographie fête ses 30 ans. L’âge de raison, dit-on, mais sans doute pas celui du relâchement. Cet été, l’institution carolo s'aventure hors des sentiers battus, nous conviant à un drôle de voyage dans le temps à travers deux belles expositions… La première s'intéresse aux cartes postales, un support pas banal dont s’est emparé un courant artistique : le Mail Art. L’un de ses piliers, On Kawara, un poil monomaniaque, s’est illustré en envoyant une carte par semaine à un ami, entre 1968 et 1979, mentionnant l’heure de son réveil. Une régularité qui tranche avec le manque de ponctualité de nos petites missives... Un décalage temporel dont s'amuse aussi l'accrochage En léger différé, nous renvoyant à la grande époque de la RTBF, celle du noir et blanc et des speakerines. Une période archivée par la SONUMA* et son fonds iconographique de 12 000 photos, dont 500 des plus emblémaPar voiX postale + En léger différé Charleroi – Jusqu’au 24.09, Musée de la tiques sont réunies dans ce parcours. Photographie, mar > dim : 10 h > 18 h, à vous les studios ! Hugo Guyon 7 >  4 € / gratuit (-12 ans), www.museephoto.be * Société de Numérisation et de valorisation des Archives audiovisuelles.



HORIZONS, VI (2), documentation Céline Duval, 2007, Installation vidéo © Courtesy Semiose galerie

Exposition – Sélection 124

Céline Duval Passionnée par la signification des images, Céline Duval archive par thème, depuis 1998, un fonds photographique. Celui-ci comprend des œuvres personnelles, clichés amateurs, visuels de magazines... Sa série Vu! recense par exemple des cartes postales immortalisant des regards fugaces au milieu de la foule. Ils semblent observer le spectateur. Comme autant de secrets dénichés dans la mémoire collective. H.G. Morlanwelz – jusqu’au 10.09, Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10 h > 18 h, 5 > 2 € / gratuit (-12 ans), www.musee-mariemont.be (dans le cadre de la biennale ARTour, voir page 42)

Le succès des logiciels de retouche photo en dit long sur notre obsession de la perfection. Pourtant, les erreurs n'engendrent-elles pas aussi de splendides images ? Prenant le contrepied de ce mal contemporain, ces clichés et vidéos réhabilitent les bourdes. Cette exposition relève de magnifiques imperfections en photographie, design et art contemporain. Parmi ces gaffeurs (plus ou moins conscients), l’Arménienne Karmen Ayvazyan cultive les anomalies dans ses prises de vue pour troubler l’œil du spectateur. Gageons que l'ensemble forme une parfaite réussite ! H.G. Bruxelles – jusqu’au 20.08, Le Botanique, mer > dim : 12 h > 20 h, 5,50  > 2 € / gratuit (-12 ans), botanique.be

The Leviators © Ruth van Beek

Fabulous Failures



Exposition – Sélection 126

Le nom évoque une avant-garde typiquement belge plus que le faste d’une maison de luxe française. De 1997 à 2003, c’est pourtant chez Hermès que le plus mystérieux des couturiers officia comme directeur artistique. Peu connue du grand public, cette ère mode fait pour la première fois l’objet d’une rétrospective. Transformé en garde-robe géante, le MoMu présente en miroir 110 pièces imaginées pour Hermès et Maison Martin Margiela. Anvers – jusqu’au 27.08, MoMu, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 6 / 3 € / gratuit (-17 ans), www.momu.be

Ice Cream. Histoire fondante de la glace à l’eau ou en crème, sur un bâtonnet ou en cornet, déclinée à tous les parfums imaginables, la glace reste liée à nos souvenirs d’enfance. C’est en titillant cette fibre affective que le MBMA nous met l’eau à la bouche. Ce parcours décrit avec des objets d’époque, photos ou archives cet entremets sucré sous tous les angles. Il revient sur son histoire et ses secrets de fabrication, promettant une dégustation à certaines visites de groupes ! Bruxelles – jusqu’au 31.08, Musée Bruxellois du Moulin et de l’Alimentation (MBMA), mer > ven : 10 h > 17 h, sam > dim : 13 h > 17 h 30, 4 / 2 € / gratuit (-12 ans), www.moulindevere.be

Hubert de Givenchy Givenchy revendique un style chic et décontracté. Une ligne sobre relevée par le détail qui tue. à la faveur de cette rétrospective, on découvre les fameux "separates", soit des pièces faciles à porter et à mélanger sans complexe, mais aussi les tenues de soirée confectionnées pour de prestigieuses clientes. Point d’orgue du parcours, cet ensemble en satin ayant appartenu à Jackie Kennedy ou le fourreau au dos décolleté que portait Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé. Calais – jusqu’au 31.12, Cité de la dentelle et de la mode, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.cite-dentelle.fr

Le Baiser, de Rodin à nos jours Pour célébrer le centenaire de la mort du sculpteur avec originalité, le Musée des beauxarts de Calais se penche sur un thème populaire de l’histoire de l’art : le baiser. Depuis l’Antiquité jusqu’aux dessins animés Disney, cette figure s’interprète et se réinvente en peinture, sculpture, photo, BD, musique, danse et, évidemment, au cinéma. Autant de disciplines présentes dans cette sélection d’œuvres qui débute en 1882, date du premier bécot en plâtre d’Auguste Rodin. Calais – jusqu’au 17.09, Musée des beaux-arts, mar > dim : 13 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.calais.fr

Hermès A/H 2001-2002 © Ralph Mecke

Margiela, les années Hermès



Exposition – Sélection 128

Tchamba © Nicola Lo Calzo / L'agence à Paris

Afriques capitales Vers le Cap de Bonne-Espérance La création contemporaine africaine s’affiche à Lille dans toute sa diversité, avec des artistes pour certains jamais vus en France. Installations, vidéos, photos, peintures, sculptures… Cette exposition collective rassemble les œuvres de plus d’une trentaine de noms. On découvre ainsi un vaste panorama de techniques et de sujets. Une invitation à parcourir un continent complexe, entre mythes, symboles ou problématiques actuelles. Lille – jusqu’au 03.09, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h, gratuit, lille3000.com, www.garesaintsauveur.com

Pierre Alechinsky. Les palimpsestes

Carolyn Carlson Writings on Water

Alechinsky a toujours échappé aux diktats de la création. Au carrefour de l’image et du mot, il déploie une œuvre exubérante. En voici une facette inédite : ses palimpsestes. Depuis plus de 60 ans, le Bruxellois recueille toutes sortes de vieux papiers : billets de banque, courriers manuscrits, cartes de géographie…Des documents charriant leur propre histoire sur lesquels il peint, dessine, dénichant de la beauté dans l’invisible.

On connaissait sa « poésie dansée », un peu moins son œuvre graphique. De ses premiers dessins jusqu'aux encres plus abstraites conçues au Japon, l’ancienne directrice du CCN de Roubaix révèle une facette méconnue de son travail. Celui-ci s’inspire notamment de l’enso ("cercle"), cette recherche du geste parfait qui l’a toujours guidée. Ses motifs évoquent ainsi la nature, les éléments et autant de mouvements de danse, évidemment.

La Louvière – jusqu’au 05.11, Centre de la gravure et de l’image imprimée, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 3 € / gratuit (-12 ans), www.centredelagravure.be

Roubaix – 01.07 > 24.09, La Piscine, mar > jeu : 11 h > 18 h, ven : 11 h > 20 h, we : 13 h > 18 h, 5,50 > 4 € / gratuit (-18 ans), roubaix-lapiscine.com

Tu sais ce qu’elle te dit... ma concierge ?! L’anadiplose est une figure de style consistant à reprendre le dernier mot d’une phrase au début de celle qui suit. Cette exposition adapte ce principe avec des toiles, en prenant pour point d’appui le Portrait de ma concierge, de Jean Fautrier. Débute alors un dialogue fascinant entre les époques et les œuvres, dont celles de Picasso, Rembrandt ou Eugène Leroy. Il s’agit-là de s’interroger sur l’interaction des couleurs, la composition, le décor... à travers l’histoire de l’art. Tourcoing – jusqu’au 18.09, MUba Eugène Leroy, tous les jours sauf mar : 13 h > 18 h, 5 / 3 €, muba-tourcoing.fr



Le mot de la fin 130

Jim Denevan – De nouveaux signes de vie laissés par des extra-terrestres ? Que nenni ! Ces immenses dessins géométriques ont été tracés sur le sable par Jim Denevan. à la fois artiste et cuisinier, cet Américain sillonne les plages du monde pour réaliser des œuvres avec un râteau ou des morceaux de bois ramassés sur place. Certaines nécessitent jusqu’à sept heures de travail et 30 km de marche ! Oui, il a un grain. www.jimdenevan.com




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