LM magazine 144 - Octobre 2018

Page 1

n°144 / octobre 2018 / GRATUIt

Art & CulturE

Hauts-de-France / Belgique




sommaire

News – 08 lieu & Reportage - 10 Fondation Verbeke Bazar bizarre Marfa La ruée ver l'art

Portfolio – 28 Maja Egli Nature humaine

Rencontre

Gustave Kervern et Benoît Delepine - 64 Le parti d'en rire Karim Madani - 80 Pop Panther Julien Gosselin - 106 à livres ouverts David Van Reybrouck - 110 Pièces d'identité(s)

événement - 82

Réouverture de La Pisicne En d'autres thermes

The Blob, dmvA Architecten © Tineke Schuurmans

LM Magazine #144 Octobre 2018

Musique - 36

Clara Luciani, Keren Ann, Thousand, Scènes Sonores, Lloyd Cole, Jorja Smith, Myth Syzer, Jon Hopkins, Paul Weller, The Human League, Toots & The Maytals, Idles, Superorganism…

Disques - 60 Livres - 62 écrans - 64

I Feel Good, Libre, Vingt-Cinq…

Exposition - 74

Power to the People, La Piscine, Danser brut, Chris Marker, Philippe Paoli, Beyond Klimt… Agenda

Théâtre & danse - 106

Para, François Chaignaud, Into the Woods, L'Attentat… Agenda

Le mot de la fin - 130 Gluten Free Museum



Magazine LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F -

tél : +33 (0)3 62 64 80 09 - fax : +33 (0)3 62 64 80 07

www.lm-magazine.com

Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com Marion Humblot info@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com

Direction artistique Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Graphisme Christophe Gentillon concepteur-graphic.fr

Réseaux sociaux Sophie Desplat

Couverture Maja Egli www.instagram.com/ majaeglicollages/

Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, François Annycke, Rémi Boiteux, Madeleine Bourgois, Mélissa Chevreuil, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Maja Egli, Sarah Elghazi, Hugo Guyon, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



Comedy Wildlife Photography Awards © Mary McGowan

news

Bêtes à concours Nos amies les bêtes ne sont pas les dernières à se poiler. En attestent les Comedy Wildlife Photography Awards, rassemblant chaque année les clichés d’animaux les plus drôles – soit une manière plutôt sympa de nous sensibiliser à leur cause. 41 images ont été sélectionnées, et le vainqueur sera connu le 15 novembre. Ici, on se dit que cet écureuil se prenant pour Bruce Lee a toutes ses chances. www.comedywildlifephoto.com

#8

© DR

Le coup du chapeau

Le feutre coiffant Indiana Jones lors des Aventuriers de l'Arche perdue a été adjugé à près de 450 000 euros lors d’une vente aux enchères, fin septembre, à Londres. En revanche, la veste que portait Han Solo durant l’épisode V de Star Wars n’a pas trouvé preneur. Sans doute un sale coup de Dark Vador… qui a lui cédé son sabre pour 125 000 euros !


© Siaka S. Traore

Mons Street Festival # 2 Du graff, des battles, du rap, du slam… bref, du hip-hop sous toutes les coutures (de casquette). Initié en 2017, ce festival dédié aux cultures urbaines prend de l'ampleur à Mons (Biennale oblige, cf LM 143). Dans ce foisonnant programme, on a déjà repéré le mix improbable entre Eminem et Hamlet de Louise Emö, ou la Danse des guerriers de la ville, un parcours de chorégraphies virtuelles – mais authentique ! © José Margulis, Kinetic tart 3d printing

© Dinara Kasko

Mons, 17 > 31.10, maison Folie & divers lieux en ville, 12 € > gratuit, surmars.be

s w ne

Oh mon gâteau !

La pâtisserie, c’est tout un art. Dinara Kasko ne nous contredira pas. Diplômée de l’Université d’architecture et de design de Kharkov, cette Ukrainienne mêle ses talents de cuisinière et de dessinatrice pour créer des œuvres soignant les papilles comme les yeux, à l’image de ces origamis sucrés. Seul problème : c’est tellement beau qu’on n’ose pas trop y toucher… www.dinarakasko.com


lieu

# 10

Hemauer Keller, A Road Not Taken Bath © Christian Hemauer & Roman Keller


Fondation Verbeke

Ceci n'est pas un musée à quelques encablures de la frontière hollandaise, à l'ouest d'Anvers, on trouve Kemzeke, un petit bourg tranquille coincé entre les champs et une autoroute. Tranquille ? Pas tant que ça... La commune flamande abrite depuis 2007 le musée le plus dingue de Belgique : la Fondation Verbeke. Entre bio-art et œuvres monumentales, cette institution indépendante noue un lien particulier avec Dame Nature. Petit tour du proprio.


lieu

P

erchée à 24 mètres de haut, elle est visible de loin sur cette route reliant Gand à Anvers. Conçue par le Roumain Marius Ritiu, cette immense lettre " M " jaune aux formes rondes renvoie au logo d'une célèbre chaîne de fast-food. La consonne attire d'ailleurs nombre de voyageurs en quête de pause calories. « Chaque semaine, des automobilistes s'arrêtent pour me demander un hamburger, se marre Geert Verbeke, le maître des lieux. Je ne suis pas agréé et n'ai donc pas le droit d'utiliser de sigles, mais il faut bien que je me signale. Disons que c'est le " M " de musée… ». Eh oui, point de bouffe qui rend bouffi ici, mais un endroit dédié à l'art (vraiment) pas comme les autres.

« Je souhaite descendre l'art de son piédestal »

Vous avez dit bizarre ? Dans ce décor truffé de conteneurs, de tubes métalliques et de grues ressemblant à de gros animaux se cache la Fondation Verbeke. Logique : il s'agit d'une ancienne entreprise de transport routier. « J'employais ici près de 90 personnes, explique Geert. à 50 ans, j'ai décidé de tout arrêter, sinon je n'aurais jamais eu 60 ans ». Aujourd'hui, il en a 65. Rattrapé par le virus de l'art, le Flamand a suite donc vendu sa société, mais

# 12

Geert Verbeke, Tête de l'art

© Julien Damien


Science for the Masses Š Marius Ritiu


Hermann de Vries, In Memoriam de Koeien © Julien Damien

# 14

Marinus Boezem, 1984 la Cistercienne © Picarus-eu

Il est venu le temps des cathédrales…

lieu


© Julien Damien

pas ses hangars : 20 000 m2 de surface intérieure abritent désormais une flopée d'œuvres hétéroclites, à dominante " bio-art ". « Dans les musées, tout est stérile, figé, regrette Geert.

« Rien à voir avec un lieu stérile où tout est figé » Ici j'entretiens un lien avec la nature. Dans ma fondation, vous trouverez des choses très rares, composées avec des animaux morts ou vivants ». On admire par exemple l’intrigant travail de Martin uit den Bogaard. Ce Néerlandais observe l’évolution postmortem des organismes vivants. Il a ainsi branché un voltmètre sur divers

CasAnus de Joep van Lieshout : un trou d'enfer !

cadavres (d'oiseaux, de poulpes…) pour en mesurer les signaux électriques (car oui, il y en a toujours) et les convertir en musique. On l’aura compris, il s’agit ici de s’intéresser à la vie dans l'au-delà. Hôtel très particulier Le temps de reprendre nos esprits (façon de parler...), nous pénétrons dans une grande serre peuplée de spécimens tout aussi étonnants, tel ce piano jouant seul, activé grâce à un système de capteurs par le vol des oiseaux. La visite se poursuit en plein-air, dans un immense terrain de 12 hectares, un ancien champ de maïs où poussent désormais des œuvres de land-art. Du genre monusuite mental. Au milieu de cette


lieu

# 16

CasAnus, Atelier van Lieshout © Tineke Schuurmans

nature galopante on trouve, pêlemêle, une maison intégralement construite avec des fenêtres (Jason van der Woude) ou cette cathédrale bâtie avec des échafaudages, haute de 22 mètres, et abritant des peupliers (Marinus Boezem), soit une magnifique ode à notre environnement. « Je souhaite descendre l'art de son piédestal. à l'inverse des institutions classiques où l'on ne peut rien toucher, chez nous on peut entrer dans les créations ». Et même y dormir : dans un œuf géant ou lové dans la reproduction géante... d'un intestin. Conçue en 2006 par le Néerlandais Joep van Lieshout, la CasAnus trône près d'un petit étang, au sein de la Fondation. « Et hop ! On se réveille le matin dans une œuvre d'art ». En sortant par où vous savez… Ce qui s'appelle avoir la tête dans le c… L'esprit, lui, divague. Julien Damien

© Jason van der Woude

Fondation Verbeke Westakker z/n, 9190 Kemzeke jeu > dim 11 h > 18 h (groupes sur rendez-vous : mar & mer), 12 > 6 € / gratuit (-14 ans) verbekefoundation.com

à lire / la version intégrale de cet article sur lm-magazine.com à voir / Annie Debie, solo Collagemuseum. SBK Amsterdam, 04.11 > 14.04.2019





# 20

reportage


marfa

L'art et la poussière à l’est, Austin et Dallas pointent à 700 km. à l’ouest, l’aéroport d’El Paso, le plus proche, à trois bonnes heures de voiture. C’est peu dire que Marfa, confetti perdu dans le désert de Chihuahua, se mérite. Pourtant, cette bourgade fait figure de Mecque de l’art contemporain au Texas, attirant artistes, touristes, étudiants et riches collectionneurs. Pèlerinage arty par 38 degrés.

© Pierre Millet


reportage

Une boutique Prada en plein desert ! C'est pas du luxe… © Pierre Millet

# 22

à

Marfa, le circuit découverte démarre sous un soleil de plomb. Plus précisément devant Prada Marfa, cube de béton posé en bordure de la route US 90. Stores siglés, chaussures et sacs en vitrine… Le magasin à l’effigie de la marque italienne ressemble à s’y méprendre à une vraie enseigne de luxe. à un détail près : autour, on ne trouve que des herbes jaunies et cactus épars. Inaugurée en 2005 par le duo d’artistes Dragset et Elmgreen, cette " boutique-sculpture " est devenue l’icône de la ville. Une douzaine de galeries d’art (pas mal pour une commune de 2 000 habitants) quatre festivals et un hôtel-librairie design complètent la hype entourant Marfa. « L'endroit n’est pas encore très

« L’héritage de l’art minimal et la géographie singulière en font un lieu inspirant »

connu aux Etats-Unis, mais de plus en plus à la mode. C’est petit, sexy et tout tourne autour de l’art », analyse Lory, élégante quinqua attablée à une terrasse ombragée. New-Yorkaise, elle est venue rendre visite à son amie Val. « Là où les artistes vont, les gens suivent. Un peu comme le quartier de SoHo, où les usines ont été transformées en ateliers avant que les prix n’explosent », observe l'autochtone.


Gabriela Carballo devant sa galerie © Pierre Millet

L’héritage Donald Judd Le destin de Marfa, autrefois village de cow-boys aux portes du Mexique, est lié au plasticien Donald Judd. Le théoricien du minimalisme, lassé de l’agitation de Manhattan, y a posé ses valises au début des années 1970, achetant ranchs, maisons et bâtiments anciens. « Je pense qu’il cherchait la liberté, un lieu pour travailler de manière indépendante », se félicite la peintre Ann Marie Nafziger, élue maire de la cité en 2017. Jusqu’à sa mort, en 1994, Judd installe à Marfa ses studios et ateliers de création, expose ses sculptures monumentales, accueille les œuvres d'amis, tels Dan Flavin et John Chamberlain. suite Il acquiert aussi une ancienne Palace Theater © Pierre Millet


reportage

# 24

L'art Ă pleins tubes

Dan Flavin Š Pierre Millet


Donald Judd, Untitled works in concrete, 1980-1984 © Chinati Foundation

base militaire désaffectée. L’espace, aujourd'hui un centre d’art contemporain administré par la Chinati Foundation, constitue l’attraction principale de la région. Ce matin-là, une dizaine de touristes tourne, l’air circonspect, autour des 100 blocs d’aluminium alignés dans cet entrepôt vitré. Depuis 15 ans, musiciens, plasticiens ou réalisateurs sont ainsi aimantés par ce cœur battant pour l’art en plein no man’s land. « L’héritage de l’art minimal, la géographie singulière, associés à la problématique des frontières en font un lieu inspirant », résume l'historienne de l'art Ide Soulard. Elle se souvient aussi que la ville a pris son essor au milieu

« Là où les artistes vont, les gens suivent » des années 2000, quand de grosses galeries ont débarqué... Rester authentique Darby Hillman est serveuse au Lost Horse Saloon, le seul bar ouvert ici toute l’année. Elle a travaillé quelques mois à la Chinati Foundation, il y a trois ans, puis a décidé de rester. « Les touristes affluent mais nous sommes une petite communauté à vraiment vivre ici ». Comme beaucoup, suite elle craint la gentrification.


reportage

El Cosmico, camping d’inspiration bohème offrant des nuitées en yourtes, tipis ou caravanes colorées où Beyoncé a séjourné en 2012… © Nick Simonite

Ces maisons d’architectes, proposées à 4 000 dollars le m2 et vendues comme résidences secondaires, traduisent le phénomène. « C’est important de voir les choses tant qu’elles sont authentiques. Combien de temps cela va-t-il durer ? », s'inquiète Val. Depuis sa terrasse, elle nous accorde un dernier conseil : ne pas manquer les " Marfa Lights ", visibles certains soirs depuis la fin du xixe siècle. Vers 22 h, sur l’aire d’observation dédiée au bord de l’US 90, une

poignée de curieux s'est rassemblée pour admirer les flashs colorés qui zèbrent le ciel. Le fantôme d’un chef apache ? Une tentative de communication extraterrestre ? En 2011, des scientifiques ont livré une autre conclusion : la fréquence des lumières correspondrait à celle du passage des camions, sur la route 67 avoisinante. Mais laissons aux esprits chagrins l’explication pragmatique. Si un jour Marfa perdait son âme, elle gardera au moins ses mystères… Marine Durand

# 26

à visiter / visitmarfa.com à lire / la version intégrale de cet article sur lm-magazine.com


Robert Irwin, Untitled Dawn to dusk Š Chinati Foundation


# 28 portfolio


Maja EGLI à fleur de peau

S

i les grands rêveurs ont, dit-on, la tête dans les nuages, les personnages de Maja Egli l’auraient plutôt dans les fleurs sauvages. Il faut dire que cette " designer d’art ", qui parsème ses images de pâquerettes, trèfles et autres boutons d’or, niche au bon endroit. « Je vis en Suisse, entourée des beautés que la nature nous offre, se réjouit-elle. Les montagnes, lacs ou plantes m’inspirent ». Dans ses compositions, la vitalité du végétal, que la jeune femme photographie elle-même, contraste avec l’évanescence des visages en noir et blanc ou aux couleurs fanées. La fusion s’opère ensuite sur ordinateur, confie la Suissesse installée à Zug. Mais d’ailleurs, pourquoi ces gracieuses créatures ontelles toujours le regard dissimulé ? « L’omission des yeux leur donne une dimension mystérieuse, presque magique », éclaire Maja Egli, tout en suggérant de ne pas trop interpréter son travail. « Je cherche d’abord à montrer mon attachement à notre Terre, que nous devrions protéger davantage ». Cette amoureuse de la campagne est pourtant loin d’être déconnectée. C’est sur Instagram, où elle sévit depuis un an, que ses collages floraux ont d’abord fait mouche, avant d’éclore dans différentes revues d’art. Une première pour cette créative au parcours atypique, qui a longtemps œuvré dans la mode. Indépendante depuis quelques mois seulement, Maja rêve de voir ses images tirées en grand format, et montrées au plus grand nombre. Des lauriers que l’on jugerait ici mérités... sans vouloir lui jeter des fleurs ! Marine Durand

à visiter / www.instagram.com/majaeglicollages/


# 30



# 32



# 34



# 36

Š Manuel Obadia-Wills

musique


French Clara Luciani

Connection

Joueuse d’harmonium pour Raphael, invitée par Nouvelle Vague à revisiter le fameux I Could be Happy d’Altered Images, à l’affiche du spectacle Les Gens dans l’enveloppe d’Alex Beaupain, chanteuse et choriste intérimaire pour La Femme… Clara Luciani a 26 ans et connu bien des vies avant Sainte-Victoire. Un titre prémonitoire, tant l’accueil critique fut élogieux. Il faut dire qu’elle cochait à peu près toutes les cases de l’air du temps. Cette brindille brune à frange, féministe déclarée et dotée d’une voix grave, marie pop et guitares électriques à des accents eighties dont on se demande s’ils seront, un jour, démodés – ça fait longtemps que ça dure, non ? En attendant, encensée par quelques monstres sacrés peu portés sur le jeunisme (Françoise Hardy, Christophe…), la Marseillaise poursuit sa route et défend dignement son drôle d’album… pour une Drôle d’époque, comme elle le chante. Thibaut Allemand Amiens, 05.10, La Lune des Pirates, 20 h 30, complet !, www.lalune.net Tournai, 15.11, Maison de la Culture, 20 h , 16 > 8 € www.maisondelaculture.com Roubaix, 16.11, La Condition Publique (festival Pop Factory), 19 h 30 21 / 17 €, www.legrandmix.com Bruxelles, 12.12, Le Botanique, 19 h 30, complet !, www.botanique.be


Dans ses cordes

© L. Willems

musique

Keren Ann & le Quatuor Debussy

# 38

Deux ans après un disque boisé en forme de retour aux sources (le très folk You're Gonna Get Love), la chanteuse franco-néerlandaise revisite son répertoire sur scène. Une discographie hétérogène (on a toujours eu du mal avec ses premiers albums) mais que l'on est impatient de redécouvrir. Pourquoi ? Car Keren Ann s'entoure du Quatuor Debussy. Ce fameux carré magique orchestre, depuis 28 ans, la rencontre entre "grande" musique et… toutes les autres ou presque. Les deux violons, l'alto et le violoncelle ont ainsi confronté Debussy au jazz, se sont frottés à quelques comptines (avec Philippe Roussel), ont accompagné Cocoon, Yael Naïm… Alors, outre les morceaux de son tout dernier LP, on est curieux d'entendre les réarrangements de l'electropop 101 (2011) ou les réinterprétations de Keren Ann (2007). Et, qui sait, peut-être apprécierons-nous enfin, à Lens, 13.10, Louvre-Lens, 19 h, 14 > 5 € sa juste mesure, La Biographie de Luka www.louvrelens.fr Philipsen ? Thibaut Allemand Dunkerque, 20.12, Le Bateau Feu, 20 h, 15 € www.lebateaufeu.com



Sacré parcours que celui de Stéphane Milochevitch. Une enfance lorraine, une vie parisienne et une préadolescence… texane ! De quoi se prendre de plein fouet toute la vague indierock US qui agita les nineties… Devenu batteur, il rythmera les disques de H-Burns, fera les beaux jours du précieux label Arbouse Recordings avant de s’envoler vers Talitres, qui publie ses deuxième et troisième LP. Ce dernier, Le Tunnel végétal, condensé de pop altière, lui a valu moult compliments amplement mérités. Entouré d’amis intimes (Emma Broughton, Jonathan " Syd Matters " Morali, Olivier " O " Marguerit…), le musicien (et dessinateur, sculpteur…), ne s’était jamais livré de façon aussi frontale, délaissant l’anglais pour la langue de JoeyStarr. Pour une fois, la lumière est dans le tunnel. T.A.

# 40

Bruxelles, 06.10, Atelier 210, 19 h 30, 13 / 10 € Roubaix, 16.11, La Condition Publique, 19 h 30 21 / 17 €, legrandmix.com (festival Pop Factory, + Clara Luciani)

Le Peuple de l'Herbe © RA2

musique musique © Mélanie Elbaz

thousand

Scènes Sonores

Quel rapport entre Cali, Black Bomb A ou Le Peuple de l’Herbe ? a priori, aucun, si ce n’est qu’ils partagent tous l’affiche de ce festival, dont la première qualité réside, donc, dans son éclectisme. Dans ce joli théâtre classé Art déco, le Perpignanais à la voix éraillée ouvre les hostilités en reprenant les chansons de Ferré. Le lendemain, les murs tremblent avec le punk hardcore de Black Bomb A ou de l’Opium du Peuple. Enfin, les fans de dub ont noté depuis un bail la soirée du 13 octobre et la venue du Peuple de l’Herbe. Les Lyonnais célèbrent leurs 20 ans dans une formule guitare, basse, batterie et DJ set, en jouant des morceaux de leur huitième album (Stay Tuned) mais aussi leurs grands classiques : No Escape, Herbman Skank, ou PH Theme. Ruuudeboy ! J.D. Anzin, 11 > 13.10, Théâtre, jeu : 20 h 30 (20 / 17 €) ven & sam : 20 h (15 / 12 € la soirée), www.anzin.fr Programme : 11.10 : Cali chante Ferré // 12.10 : Black Bomb A Dadabovic, Opium du Peuple // 13.10 : Le Peuple de l’Herbe, Weeding Dub, La Bombe Verte



# 42

Omar Sosa & Yilian Canizares Š Franck Socha musique


tourcoing jazz Festival

Accords parfaits Le jazz est affaire d'inspiration, de réinvention et surtout d'ouverture. En cela, ce festival remplit parfaitement le cahier des charges imposé par la note bleue. Certes, Tourcoing a toujours su attirer les papes du genre (Michel Petrucciani ou Herbie Hancock sont passés par ici), mais sait aussi s'encanailler...

«

N

ous n'avons aucun complexe à regarder vers le blues, la soul, le funk ou le R'n'B », assure d'emblée le directeur, Yann Subts. Cette 32e édition se distingue toujours par son œcuménisme sans perdre en qualité (et en décontraction). Les grands rendez-vous s'apprécient dans l'architecture italienne du Théâtre municipal, parfait écrin pour le " Mozart cubain " Chucho Valdés ou Biréli Lagrène, qui troque la guitare pour la basse dans un hommage à l'immense Jaco Pastorius. Plus intimiste, le Jazz Club de la maison Folie Hospice d'Havré est le spot idéal pour les belles découvertes. à l'image du quartette Old and New Songs, dont le répertoire repose sur des pièces folkloriques du monde entier (du Japon

au Brésil), mais aussi d'époques différentes (jusqu'au xvie siècle). Le tempo retrouvé Le Magic Mirrors, surtout, s'affiche comme « le lieu emblématique du festival ». Soit un chapiteau posé en plein centre-ville, restituant une salle de bal des années 1920 (avec ses velours rouges), ouvert le soir comme à midi - à la cool, quoi ! « Oui, il s'agit de rompre avec les lieux intimidants, de casser les codes élitistes propres au jazz ». On y attend la diva malienne Fatoumata Diawara, le père de l'ethio-jazz, Mulatu Astatke, ou la révélation soul française, Kimberose, dont la voix profonde est déjà comparée à celle de Billie Holiday - rien que ça ! Julien Damien

Tourcoing, 13 > 20.10, Théâtre municipal Raymond Devos, maison Folie Hospice d'Havré, Magic Mirrors, Colisée & divers lieux, 32 > 5 € (gratuit le midi / Magic Mirrors), pass : 10 € (permet d'accéder aux tarifs réduits), tourcoing-jazz-festival.com Sélection : 13.10 : Lagrène Charlier Sourisse Multiquarium Big Band… // 16.10 : Old and New Songs, Enrico Rava Quartet, Fatoumata Diawara… // 17.10 : Vincent Peirani, André Manoukian Quartet, Mulatu Astatke… // 18.10 : Hugh Coltman, Theo Lawrence & The Hearts… // 19.10 : Charlie Winston Trio… 20.10 : Omar Sosa & Yilian Canizares, Chucho Valdés, Kimberose…


Le revenant Quel sinueux parcours que celui de Lloyd Cole. Quittant l’Écosse, ce Britannique rêva sa vie durant d'Amérique. Il y partit, y vécut et, face au succès relatif, emprunta de surprenants méandres, jusqu'à cette tournée solitaire et acoustique. En un mot, intimiste. Dès ses débuts, en 1984, au sein des Commotions, les tubes s'enchaînent (Are You Ready to be Heartbroken ?, Forest Fire, Perfect Skin…). On prédit le succès à ce crooner aux faux-airs d'Elvis. Mais voilà, après deux albums inusables, un troisième, ironiquement nommé Mainstream, fait un flop et la formation jette l'éponge en 1989. Débute l'acte II : l'aventure américaine. Avec des hauts et des bas, des coupes de douilles embarrassantes et de grandes chansons courant après les maîtres (Lou Reed, Bob Dylan). Sans jamais (ou rarement) les atteindre, évidemment. Sans doute Cole a-t-il souffert de ce manque de reconnaissance, même si la jeune garde lui rendit hommage (Lloyd, I’m Ready to be Heartbroken par Camera Obscura, en 2009). Et c'est en se réinventant totalement que Lloyd Cole a passé les années 2000. Qui aurait pu prévoir, par exemple, qu'il collaborerait avec la légende Hans-Joachim Roedelius, âme de Cluster et d'Harmonia ? Depuis une vingtaine d'années, le cheveu désormais blanchi, le chanteur redevient artisan. Privilégie les petites salles avec un attirail réduit (guitares, banjo, mandoline…). Ici, le répertoire se concentre sur la période 1983-1996. De quoi se souvenir de quelques commotions… et autres bleus à l'âme. Thibaut Allemand # 44

Lesquin, 14.10, Centre Culturel, 18 h, 15 / 9 €, www.centrecultureldelesquin.fr

© Doug Seymour

musique

lloyd cole



musique

Jorja Smith

Relève soul On pourrait débuter les présentations en évoquant son fan-club, qui compte Kendrick Lamar ou Drake. Mais Jorja Smith n’a pas, ou plus vraiment, besoin de ces grands noms pour s’en faire un. Il suffit d’écouter Blue Lights pour s’en convaincre. La jeune Anglaise de 21 ans y évoque les violences policières à l’encontre des Noirs avec un souffle voilé et une plume acérée que n’aurait pas renié Nina Simone. Nourrie au hip-hop, mais aussi et surtout à la soul et au jazz, la gamine de Birmingham a déjà tout d’une grande, et les comparaisons vont bon train – Amy Winehouse en tête. Moins cramée que la divine choucroute, les pieds davantage sur terre, cette complice de Stormzy devrait, si tout se passe bien, nous rappeler que la soul anglaise ne peut pas, ne doit pas se résumer à Adele… Thibaut Allemand

© Rashid Babiker

# 46

Bruxelles, 21.10, Ancienne Belgique, 20 h, complet !



tunng

Matthew Houck fut trop rapidement rangé dans une case " country " regardée de haut de ce côté de l’Atlantique. S’il a bien offert un disque hommage à Willie Nelson, pape du genre, le natif de l’Alabama en redessine les contours en jouant avec ses co(r)des : pedal steel omniprésente, ballades plaintives et chapeaux de cow-boy. Ignorer Phosphorescent en 2018, c’est donc passer à côté d’un septième album empli de folk songs poignantes et d’un concert à fleur de peau. M.D.

Hérauts d’une certaine idée de la folktronica, les Londoniens de Tunng propulsent, depuis 15 ans, le folk vers le futur – et reboisent, dans le même mouvement, les friches électroniques. Après de nombreux changements de personnel, cette formation attachante est revenue en 2018 à son line-up originel. L’occasion, donc, de saluer ces dignes descendants du Beta Band, dont les concerts relèvent de la haute voltige, entre expérimentations, harmonies vocales et climats intimistes.

Bruxelles, 23.10, Botanique, 19 h 30, 21 > 15 €, www.botanique.be

Bruxelles, 01.11, Botanique, 19 h 30, 18 > 12 €, www.botanique.be

Thibaut Allemand.

© Alice Moitié

# 48

myth syzer Myth Syzer a 28 ans, défend son premier album (Bisous), mais n’a rien d’un perdreau de l’année. La liste des rappeurs ayant sollicité ce beatmaker stakhanoviste est aussi longue que prestigieuse : Damso, Ichon ou Kaytranada. Ce passage des studios à la scène se traduit par un R’n’B sucré et un poil mélancolique, contant les affres de l’amour avec des paroles simples. Trop ? Peut-être, mais les premiers baisers ne sont jamais parfaits, n’est-ce pas ? J.D. Bruxelles, 30.10, Botanique, 19 h 30, 28 > 22 €, www.botanique.be Lille, 31.10, Le Splendid, 20 h, 23,80 €, www.le-splendid.com

© Eva Vermandel

© Daniel Arnold

phosphorescent



Singulier pluriel

# 50

Tutoyant les cimes (et quelques génies) depuis 2001, Jon Hopkins est une valeur sûre de l’electronica, au sens large. Artiste insaisissable, l’Anglais reste attendu au tournant mais négocie d’implacables virages – de quoi nous faire tourner la tête. Singularity est le titre du sixième LP de Jon Hopkins – hors BO et collaborations (voir LM 140). Un intitulé simple, mais qui sied à merveille à cet artiste peu ordinaire. Le natif de Surrey aurait pu ronronner dans son verdoyant comté, bénéficier d’un statut de producteur honnête et fiable reconnu par ses pairs (après tout, il a bossé avec Brian Eno ou King Creosote). Mais il a préféré se mettre en danger. Se surprendre, et nous avec, via le très dancefloor Immunity – on n’attendait pas forcément de tels hymnes de la part d’un électronicien connu pour ses tracks sensuels et aériens. Cet adepte de la méditation transcendantale relève donc le pari un peu fou de mêler techno âpre, ambient nébuleux et chorale séraphique. Bien que cérébral, le Britannique plonge les mains dans la matière sonore, la malaxe et modèle des sculptures phoniques aux mille et une facettes. C’est une métaphore, évidemment, car sur scène, le musicien tripote ses machines et fixe son écran – rien de spectaculaire, si ce n’est quelques visuels inspirés. Pas grave. Dans un lieu mythique comme l’Ancienne Belgique, le mieux est de fermer les yeux et de se faire son propre film : Bruxelles, 24.10, Ancienne Belgique 20 h, complet ! Hopkins se charge de la BO. Thibaut Allemand

© Steve Gullick

musique

Jon Hopkins



©

Pe

ro

u

musique

quoi de neuf

Si vous pensez qu’un musicien aura toujours tout dit dans son premier album, alors passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remirent l’ouvrage sur le métier. Ces noms-là font partie de notre décor – de celui de nos parents, parfois. Alors, chefs-d’œuvre en péril ou monuments incontournables ? Thibaut Allemand

The Human League

# 52

Tout comme les divins Pulp, ou les affreux Arctic Monkeys, ce groupe vient de la cité minière de Sheffield. À la fin des seventies, fascinés par Kraftwerk, le chanteur Phil Oakey et deux complices fondent The Human League, avant que lesdits compères filent former Heaven 17. Resté seul, Oakey et de nouveaux comparses marquent les eighties de leur empreinte (les albums Travelogue et Dare, le single Don't You Want Me…) et posent les jalons de l'electropop. Après un come-back réussi en 2001 (année de l'electroclash) le trio poursuit sa route plutôt rétro-futuriste, rejouant intégralement Dare, par exemple. Nostalgie, quand tu nous tiens… Bruxelles, 31.10, Ancienne Belgique, complet ! Ostende, 17.11, Kursaal, 20 h, 54,50 € > 30,25 €, www.kursaaloostende.be Anvers, 18.11, De Roma, complet !


Paul Weller

ic

ol

e

N

od

la

nd

Légataire des Who et explorateur soul au sein de The Style Council, rêvant du chic français depuis les falaises de Douvres et éternel passeur en solo, parrain de quelques figures pop (Oasis, Ocean Colour Scene)… C'est tout cela et plus encore, Paul Weller. Le natif de Woking, 60 ans tout rond, est une légende vivante outre-Manche. Une curiosité dans nos contrées. Dans tous les cas un monument, sans lequel nos rêves d'Angleterre ne seraient pas tout à fait les mêmes. ©

N

Louvain, 05.10, Het Depot, complet !

Toots and the Maytals Réduite à quelques standards, l’œuvre de Toots Hibbert vaut bien plus que ça. Pour l'anecdote, Do the Reggay (1968) fut la première chanson à utiliser le terme " reggae " – de quoi nommer le genre donc, puisque tous ces artistes venaient du ska et du rocksteady. Toots ne porta jamais la moindre dreadlock – ce qui impose le respect. Certes, l'âge d'or (1964-1976) est loin. La voix, un peu voilée avec les années. Les instrus sont désormais volontiers synthétiques. Mais la ferveur, elle, n'a pas bougé d'un iota. © DR

Lille, 08.10, L'Aéronef, 20 h, 26 > 19 €, www.aeronef.fr

jimmy cliff

a

cc

be

Re id

Re

Lille, 21.10, Théâtre du Casino Barrière, 18 h, 69 > 25 €, www.casinosbarriere.com

©

Dans la catégorie " chanson avec reggae dans le titre ", Reggae Night est le pire morceau du monde, talonné par l'ineffable C'est le reggae de Claude François. Mais peut-on réduire Jimmy Cliff à cela ? Non. Il a aussi chanté Hakuna Matata du Roi Lion… Certes. Mais il faut se souvenir d'une période faste (1967-1972) durant laquelle parurent, entre autres, un album éponyme inusable et le premier rôle de The Harder They Come – quelle BO ! Et entendre Many Rivers to Cross justifie amplement le déplacement.


musique

© Tom Ham

idles

L'Angleterre des années 2000 engendra The Libertines : la misère et le glamour dans un même mouvement. Redescendue sur terre, l'Albion s'entiche désormais d'Idles. Ces trentenaires à l'humour aussi noir que l'humeur entonnent d'une voix rageuse des chansons contant les bagarres de pub, flinguent la masculinité exacerbée, narrent le quotidien de la middle-class en plein Brexit. Ailleurs, le quintette pleure la mort d'une mère ou d'un nouveau-né (deux drames qui frappèrent le chanteur, Joe Talbot). D'une franchise désarmante, Idles s'est imposé, aux côtés de Shame, comme la relève d'une certaine tradition punk-rock britannique. T.A. Lille, 30.10, L'Aéronef, 20 h, 22 > 14 €, www.aeronef.fr Bruxelles, 01.11, Botanique, 19 h 30, complet !, www.botanique.be Leffinge, 02.11, De Zwerver, 21 h, 17 > 12 €, www.leffingeleuren.be

© Pari Dukovic / Subpop Records

# 54

Father John Misty Derrière cet alias fleurant bon le clergé séculier, s'avance un missionnaire folk. Autrefois préposé aux fûts chez les Fleet Foxes (d'autres ravis de la crèche), Joshua Tillman chante désormais les louanges et les souffrances de l'amour. Dans une veine soul et pop seventies, il rédige ses propres missels. S'il n'a rien d'un moine copiste, on y décèle l'esprit du Dylan chrétien, du versant crépusculaire des Beach Boys et de l'ange déchu Gram Parsons. T.A. Anvers, 01.11, De Roma, 20 h, 26 / 24 €, www.deroma.be



Arnaud Rebotini

© Quentin Caffier

Dans le public des artistes à la looooongue carrière, on croise toutes sortes de gens. Avec Rebotini, on peut rencontrer de vieux fans de Zend Avesta, des nostalgiques de Me and Madonna (classiques de Black Strobe, avec Ivan Smagghe), des rockeurs burnés amateurs de Burn Your Own Church (signé Black Strobe, mais sans Smagghe), et même des cinéphiles pas encore remis de 120 Battements par minute. Un dénominateur commun : tous apprécient la techno authentique du colosse gominé. T.A. Liège, 05.10, Reflektor, 20 h, 13,50 / 12 €, www.reflektor.be

et aussi… Mer 03.10 Bachar Mar-Khalifé Dunkerque, Le Bateau-Feu, 19h, 9€ OLDELAF Lille, L'Aéronef, 20h, 29,60€

Jeu 04.10 Moodoïd Bruxelles, Botanique, 19h30, 20 > 14€

Ven 05.10

# 56

MEDINE + DEMI PORTION… Lille, L'Aéronef, 20h, 22 > 14€

Popa Chubby Oignies, Le Métaphone, 20h30, 21 > 15€

Voyou Arras, Théâtre d'Arras, 20h30, 10  / 8€

Sam 06.10

Jeu 11.10

Pigalle + Saso Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9,10 > 5,10€

BRIGITTE Lille, Le Zénith, 20h, 50 > 31,50€

Paula Temple + Mind Against… Lille, Le Grand Sud, 22h, 36,20 > 28,20€ Ben Klock + Terence Fixmer… Bruxelles, Fuse, 23h, 12€

Dim 07.10 NAME Festival : Tale of Us + Patrice Bäumel + APM001… Roubaix, La Condition Publique, 14h, 36,20 > 24,20€

Lun 08.10

MNNQNS Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 14 > 10€

Anna Calvi Lille, Le Splendid, 20h, 29,80€

NAME Festival : Stephan Bodzin + MARCEL DETTMANN + Ellen Allien + Agoria + THE HACKER b2b Job Jobse… Roubaix, La Condition Publique, 22h, 36,20 / 32,20 / 28,20€

Mar 09.10

Marble Sounds Dixmude, 4AD, 20h, 14 > 10€

Mer 10.10

Oiseaux-Tempête + Princess Thailand + Di÷cl÷se Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 10 / 7€

Les Négresses Vertes Lille, L'Aéronef, 20h, 28,50€

THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE Anvers, Trix, 19h30, 23 / 21,50€

Thurston Moore Gand, Vooruit, 20h, 18€

Mark Lanegan Anvers, De Roma, 20h, 35 / 33€ Nemir + Saknes Lille, Le Flow, 20h, 15 > 5€

Ven 12.10 Bagarre Bruxelles, Botanique, 19h30, 21 > 15€ Christine and the Queens Bruxelles, Forest National, 20h, 41,32 / 36,84€ JULIEN CLERC Lille, Le Zénith, 20h, 68  >  45€ Ry Cooder Ostende, Kursaal, 20h, 95  >  55€

Sam 13.10 Synapson Bruxelles, Botanique, 19h30, 30 > 24€ Cali chante Léo Ferré Hem, Zéphyr, 20h, 38 > 32€ The Gladiators Louvain, Het Depot, 20h, 20 > 15€



© Steph Wilson

Superorganism

Lille, 02.11, Le Splendid, 20 h, 24,20 €, www.le-splendid.com

ASAF AVIDAN Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 44 > 22€

Michel Jonasz Mons, Théâtre Royal, 20h, 49 > 35€

Motorama Lille, maison Folie Moulins, 20h, 7€

BB Brunes Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 21,80€

Palatine + Sammy Decoster Béthune, Le Poche, 20h30, 10 / 8€

Mer 24.10

Dim 14.10

The Herbaliser Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 16,20 > 12,10€

ALDEBERT Saint-Omer, Sceneo, 15h, 35 > 29€ / 24 > 19€ (enfant)

mer 17.10 miossec Liévin, Centre Arc-en-ciel, 20h, 13 > 8€

Jeu 18.10 Carpenter Brut + Ghost Oignies, Le Métaphone, 20h30, 20 > 14€ Kimberose + Dj set Béthune, Poche, 20h30, 12/10€

# 58

On se remémore avec plaisir une prestation de Superorganism, l’hiver dernier, à Bruxelles. En revanche, on conserve un souvenir moins enjoué de leur passage à la Route du Rock, cet été… On ne sait donc absolument pas à quoi s’attendre, si ce n’est que la troupe, héritière de la folie de The Go! Team, sait trousser quelques chansons imparables. Certes, la magie n’a pas opéré sur la longueur de l’album. Mais sur les planches, si la bande s’en donne la peine, on peut passer un bon moment. Soyons confiants ! T.A.

Sam 20.10 Sophie Hunger Bruxelles, Botanique, 19h30, 19 > 13€ Bloc Party Bruxelles, Forest National, 20h, 36€ Her + Owlle Lille, L'Aéronef, 20h, 26 > 19€ Hubert-Félix Thiéfaine Lille, Le Zénith, 20h, 52 > 39€ Dead MEADOW Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 20h30, 8  /  5€

SUUNS + Vive La Void Lille, L'Aéronef, 20h, 26 > 19€ The Skatalites… Louvain, Het Depot, 20h, 17   > 12€

Jeu 25.10 Ben Mazué La Louvière, Le Théâtre, 20h, 25 / 21€

Ven 26.10 L'Impératrice Liège, Reflektor, 20h, 19€

Sam 27.10 Forever Pavot + Bed Rugs Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 12  /  9€

Le Trio Joubran Lille, Le Grand Sud, 20h, 12 / 8€

Dim 21.10

Ven 19.10

Sophie Hunger Lille, L'Aéronef, 18h30, 22 > 14€

LES WRIGGLES Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 28€

Bernard Lavilliers Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 62,50 > 41,50€

Mar 23.10

Mar 30.10

Arrested Development Gand, Vooruit, 20h, 31 > 28,75€

Kurt Vile & The Violators Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 29 / 28€

Dizzy Mandjeku & Alé Kumá Dixmude, 4AD, 20h, 15 > 11€



disques Low

Double Negative (Sub Pop / Pias) Pour ses 25 ans, Low n’a pas prévu d’autocélébration ni de best of, malgré une carrière grandiose. En 2016, une collection de faces B avait prolongé le sublime Ones & Sixes, que le gratin du rock progressif n’avait pas attendu pour saluer Alan Sparhawk et Mimi Parker. Pour Double Negative, le couple et le bassiste Steve Garrington sont retournés sur le lieu de création de cet album, à Eau Claire, dans le Wisconsin. Ils y ont retrouvé le producteur BJ Burton. Ensemble, ils se sont mis en tête de sculpter… le silence - « la véritable musique, disait Miles Davis. Toutes les notes ne font que l’encadrer ». La sobriété habituelle du " slowcore " façon Low laisse place, sur ces 11 titres sidérants, à des textures dérangées et semées de battements caractéristiques de la terreur. Les voix de Sparhawk et de Parker, amantes depuis 1993, sont parfois englouties sous les bourrasques sonores. Mais elles ressurgissent plus vivantes que jamais. L’écoute de Double Negative offre au cerveau l’étrange sensation de décrypter une œuvre soumise aux plus terribles déchaînements, témoins des temps troublés que l’Amérique (et le monde) traversent. Sombre, le tableau final confine au chef-d’œuvre. Mathieu Dauchy

Yves Tumor

# 60

Safe in the Hands of Love (Warp / Boogie Drugstore) Années 2010 : les freaks sortent des souterrains pour affronter la lumière. Et Yves Tumor de prendre, avec son premier album chez Warp, la suite des Ariel Pink, Dean Blunt ou King Krule. Sans rien renier de la nature labyrinthique de ses efforts passés, le comparse de Mykki Blanco trouve dans Safe in the Hands of Love un paradoxal équilibre. Les atmosphères bifurquent, poisseuses puis extatiques, tortueuses puis évidentes, et le groove reste. Du début à la fin, qu’il aligne de véritables tubes (Noid, Licking an Orchid) ou invente les crossovers du futur (Economy of Freedom, Hope in Suffering), Tumor joue les funambules sur un fil cérébral et sensuel. Aussi humide que le R’n’B le plus moite, aussi tranchant que la pop la plus savante : n’ayez pas peur de ce très grand disque. Rémi Boiteux


Grand Blanc

Miossec

(Entreprise)

(Columbia)

Image au mur Fer de lance du label Entreprise, précieux architecte d’une nouvelle scène française emballante (Bagarre, Fishbach…), Grand Blanc injecte des couleurs dans son jeu clair-obscur (à l’image de Belleville ou Los Angeles, tubes évidents). Révélés en 2016 avec Mémoires vives, brassage réussi de post-punk et de techno, les Messins élargissent leur territoire dans un deuxième disque plus bigarré, bardé de trouvailles sonores et textuelles. Image au mur est ainsi traversé d’accents new-wave, rap (Rêve BB rêve), psychés... Il s’autorise aussi de jolis clins d’œil aux jeunes gens mödernes d’hier ou à… Françoise Hardy (Ailleurs). Rien que de très normal pour une génération qui a grandi avec la dématérialisation de la musique, et avance en regardant à la fois le passé et le futur. Julien Damien

Les Rescapés Deux ans après le plus mauvais disque de toute sa carrière, et avec la même équipe, Miossec signe l’un de ses albums les plus ambitieux depuis un bail. Renouant avec les bricolages synthétiques présents à dose homéopathiques sur À Prendre (1999) et, dans une moindre mesure, avec les envolées symphoniques du merveilleux 1964 (2004). Ainsi, le quinquagénaire glisse une pulsation façon Suicide, débaroule ailleurs avec un classique pop instantané (Je suis devenu), foudroie en deux temps trois mouvements (Les infidèles) et pousse même la voix sur L’Aventure. Désireux, à l’instar de Dominique A, de se remettre en question à chaque LP, le Brestois pose ici de bonnes interrogations – dont il n’aura, évidemment, jamais les réponses. Thibaut Allemand + concert : Liévin, 17.10, Centre culturel Arcen-ciel, 20 h, 13 > 8 €, arcenciel.lievin.fr

Connan Mockasin

Jassbusters (Mexican Summer / Boogie Drugstore) Cinq ans après le suave Caramel et deux après l’ébouriffé tandem Soft Hair (avec LA Priest) l’attachant NéoZélandais revient avec un film qu’il réalise et dans lequel il joue. Accrochez-vous : ce « mélodrame en cinq parties » est baptisé Bostyn ‘n Dobsyn, du nom d’un professeur de musique et de son élève formant le groupe Jassbusters. L’album de ce duo fictif, le troisième de Mockasin, est censé être écouté après visionnage dudit film. Son teaser, qui illustre également le titre Con Conn Was Impatient, donne à voir un soap opiacé à cinq balles et à entendre une jolie ballade de guitare désaxée. Ces huit nouveaux titres sentent à la fois la paresse et une délicieuse décontraction, un blues brouillon susurré par un ami pas-comme-les-autres, aussi déroutant que charmeur. Mathieu Dauchy


livres Ouvrage collectif sous la direction d’Eric Fottorino Les Nouveaux combats des femmes (Le 1 / Philippe Rey) Comment repenser la place des femmes, à l’aune du séisme de l’affaire Weinstein ? Une vingtaine d’auteurs, sociologues, chefs d’entreprise ou journalistes s’y attèlent dans cet intelligent recueil, dernier né de la collection " Les 1ndispensables " du 1. Le harcèlement sexuel et les violences morales au travail y sont bien sûr abordés, parmi d’autres symptômes inhérents à notre société patriarcale (bien qu’en transition). Ces " nouveaux combats des femmes ", ce sont les inégalités salariales, que décrypte l’économiste Françoise Milewski. C’est le choix de la contraception, qui n’appartient ni à la société, ni au médecin, selon le propos de Martin Winckler. C’est la lutte permanente pour voir son labeur reconnu à sa juste valeur, sous la plume d’une Lola Lafon de 24 ans, signant ses premiers textes. On trouve ici des témoignages de 2014, nous rappelant que la prise de conscience ne date pas d’octobre 2017 et des réflexions post #balancetonporc, tentant d’analyser cet " an I de la révolution ". On pourra reprocher à ce petit volume de s’arrêter au simple constat. Voilà pourtant une première flèche décochée sans ménagement à plusieurs siècles de domination masculine. 96 p., 9 €. Marine Durand

Bertrand Galic, Kris, Javi Rey

# 62

Violette Morris. Tome1 (Futuropolis) Bigger than life. Désolé pour l’anglicisme, mais cette expression sied à merveille aux 51 ans que Violette Morris passa sur Terre. Pas franchement sympathique (elle a quand même fini tortionnaire pour la Gestapo rue Lauriston), cette femme fut tour à tour championne de lancer du poids, du disque, joueuse de football, de water-polo, de tennis, boxeuse, lutteuse, haltérophile, motarde, pilote automobile, aviatrice… Bisexuelle, féministe sans le savoir, en rébellion contre l’ordre établi, elle se prit de nombreux revers (homophobie, misogynie, on en passe…), voua une haine au pays et choisit la collaboration. C’est évidemment plus complexe, plus paradoxal, et longuement rendu (et documenté) dans ce premier tome signé de l’équipe d’Un Maillot pour l’Algérie. 72 p., 16 €.Thibaut Allemand


Nicole Krauss Forêt obscure (L’Olivier) La couverture en noir et blanc avertit d’emblée le lecteur : il sera ici question de contraste. Du blanc d’une vie faussement paisible, au noir des interrogations profondes. Ces existences sont notamment celles de Jules Epstein et de Nicole. Ces deux New-Yorkais partent à Tel Aviv et confrontent leurs origines à l’histoire du peuple juif. L’un est riche et disparaît dans le désert après avoir fait don de tous ses biens. L’autre est auteure et cherche l’inspiration avant de croiser la route de Kafka. Sans cesse sur le fil entre réalisme et fantastique, ce roman nous emporte. Il pose aussi des questions fondamentales, inspectant nos prisons héritées autant que nos possibles libertés. 288 p., 23 €. François Annycke

É. Liberge, G. Mordillat, J. Prieur Le Suaire. T2 (Futuropolis) Second volet de la trilogie consacrée au fameux saintsuaire. Après un premier volet situé dans la campagne champenoise, les auteurs investissent Turin, en 1898. Là, l’intrigue mêle remous politiques (les luttes ouvrières de l’époque) et culturels (l’influence de l’Église étant incontournable). On peine parfois à saisir la finalité de quelques " trucs " (tels ces triangles relationnels qui se répondent, d’une époque à l’autre). En revanche, la question de la foi, du besoin de celle-ci et des stratagèmes utilisés pour, qui donner de l’espoir, qui garder le pouvoir, est remarquablement soulignée. Le tout dans un somptueux noir et blanc, dont le trait fin invite à la contemplation – et bien davantage que ce fichu torchon ! 72 p., 17 €. Thibaut Allemand

Maylis de Kerangal Un Monde à portée de main (Verticales) Du chantier de Naissance d’un pont aux hôpitaux de Réparer les vivants, Maylis de Kerangal n’aime rien tant qu’explorer des métiers nécessitant une grande dextérité. Dans Un Monde à portée de main, ce sont les virtuoses de la copie qui la passionnent : les peintres en décor, ceux qui inventent faux marbres et trompe-l’œil. On suit Paula, étudiante à l’Institut de peinture puis jeune professionnelle nomade, jusqu’à « une grotte où l’on a situé rien de moins que l’origine de l’art » : Lascaux. Odeurs de peinture, décors en carton-pâte, ateliers mal chauffés… Dans une langue à la fois experte et poétique, l’auteure nous embarque aux côtés de ces anonymes qui créent l’illusion du réel. Or, qui mieux que l’écrivain pour partager cette préoccupation ? 288 p., 20 €. Madeleine Bourgois


écrans

Rencontre

Benoît Delépine & Gustave Kervern La politique du rire

# 64

Propos recueillis par Julien Damien Photos JD Prod-No Money Productions-Arte France Ciné

Après un détour par la route des vins (Saint Amour), Benoît Delépine et Gustave Kervern reviennent à leurs marottes : dézinguer le culte de l'individualisme, de l'ultra-capitalisme et de la " win ". Comédie sociale déjantée, I Feel Good met en scène Monique (Yolande Moreau), à la tête d'une communauté Emmaüs. Après des années d'absence, elle voit réapparaître son frère, Jacques (Jean Dujardin), un hurluberlu en quête d'une idée qui le rendra riche. Deux visions différentes du monde s'opposent alors, pour le meilleur et pour le rire.


Comment ce film est-il né ? Benoît Delépine : En travaillant pour Groland, on a la chance de côtoyer des gens très différents. Les problèmes sociétaux nous sont donc familiers. Certains sujets méritent plus qu'un sketch. Alors, on avait envie de réaliser un film à la fois comique et politique, sur notre actualité. Gustave Kervern : à Groland, chacun a sa spécialité. Moustic c'est l'absurde, moi et Benoît les questions de société. Comme tout le monde, on se demande où l'on va. La terre brûle mais on met tout ça sous le tapis en se badigeonnant de crème solaire… On cherche toujours le meilleur système politique : le communisme n'a pas marché, le capitalisme ne fonc-

tionnera pas non plus, et risque d'ailleurs de finir très violemment... Comment avez-vous découvert le village Emmaüs où se déroule le film ? B.D. : Par l’intermédiaire de José Bové puis Moustic, qui fut DJ lors du festival Emmaüs Lescar-Pau. G.K. : On s'est invités là-bas il y a cinq ans, et on a été bien reçus. Groland ouvre des portes. Germain, le créateur du lieu, et les compagnons nous ont immédiatement fait confiance. Ce village est intéressant d’un point de vue cinématographique, avec ces maisons un peu à l’envers et les Pyrénées en arrière-plan. Et puis, il nous permet d’aborder de suite front la surconsommation.


écrans

# 66

Tu découvres ici de véritables cavernes d'Ali Baba ! Tous ces objets s’accumulant illustrent toute la bêtise de notre société. C'est à la fois désespérant et génial. B.D. : Oui, c'est dingue, il y a carrément des étagères déjà remplies de drones ! On en est là aujourd’hui... Sauf qu’eux réparent ou en font d'autres choses, c'est l'anti-obsolescence programmée. à notre arrivée, on s'est dit : " enfin, voilà des gens qui vont dans le bon sens de l’Histoire ". Ils sont modestes, solidaires et réalisent des choses intéressantes et belles. N'êtes-vous pas lassés du thème de l'ultra-libéralisme, des puissants ? G. K. : C'est sûr, on ne pisse plus mais on chie dans des violons maintenant. Vous avez raison, on pourrait en avoir marre. Mais c’est dans nos tripes. Je ne vois pas comment on pourrait

« On voulait éviter tout misérabilisme » filmer autre chose. Cela vient sans doute de mon grand-père magistrat qui ne supportait pas l'injustice. Finalement, on n’a tourné que des Don Quichotte affrontant des moulins à vent, mais ça nous fait rire. Ces mecs d'Emmaüs nous ont redonné un peu d'espoir. B.D. : Comme dans les bouquins de Houellebecq, nos films sont des moments de vérité totale. On remodèle parfois pour les besoins de l’histoire, mais le fond est véridique. à l'inverse, on ne saurait pas écrire sur la bourse... Ma mère nous meublait justement chez Emmaüs, ça fait partie de moi. Du coup, on a traité cette communauté de Lescar-Pau avec respect. On n’était pas au zoo, mais comme à la maison.


Pourquoi tournez-vous avec beaucoup de " stars " comme Depardieu ou Poelvoorde ? G.K : Dans Saint Amour, Depardieu et Poelvoorde nous avaient épuisés. Après ça, je ne voulais plus faire de cinéma. En même temps, les emmener ensemble sur la route des vins, c’était un peu suicidaire (rires). On ne va pas leur reprocher de boire trop ou de faire les cons et regretter qu’il n’y ait que des acteurs insipides. On a toujours recherché des gens hors norme, des dingues. Jean Dujardin l’est aussi, il est partant pour tout et organise des troisièmes mi-temps d'anthologie (rires). Et puis, pour moi, OSS 117 est un film culte. Dupontel, qui avait joué avec lui dans Le Bruit des glaçons, nous en avait dit le plus grand bien !

Le propos est assez alarmant mais, pourtant, le film est drôle et coloré, avec de belles teintes pastel... B.D : Oui, on a aussi choisi ce lieu pour ça, et de le filmer avec cette couleur d'image particulière. On voulait éviter tout misérabilisme. La misère, ce n’est pas que les frères Dardenne où tout le monde pleure, est au fond du trou... Ben non, malgré le contexte difficile, on peut aussi se marrer. G.K : Et puis on voulait faire des entrées (rires) ! I Feel Good - De Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Jo Dahan, Lou Castel… En salle. à lire / l'interview intégrale sur lm-magazine.com


un héros ordinaire

# 68

Parce qu’il aide et accueille des réfugiés, Cédric Herrou est hors-la-loi. Cet agriculteur sera de nouveau jugé pour avoir comparé le traitement des exilés par l'Etat français à celui des Juifs sous l'Occupation. Libre revient sur trois années de combat d'un citoyen résistant. Avec sa barbe épaisse, ses lunettes rondes et son verbe haut, Cédric Herrou est devenu l'un des visages de la lutte pour l'accueil des réfugiés. Peut-être même le seul, tant les médias auront peu fait pour donner corps à ces récits d'exil. Mais avant d'être un porte-parole, Herrou est un homme terre à terre. Paysan dans la Roya, à la lisière de l'Italie, c'est d'abord par bon sens qu'il a hébergé dans sa ferme hommes, femmes et enfants croisés sur les routes escarpées de cette région montagneuse. Et c’est poussé par l'incurie des pouvoirs publics qu'il en est venu à transformer un geste d'humanité en affaire politique. Ami et voisin de Herrou, Michel Toesca filme au plus près cette histoire dont il est d'ailleurs un des acteurs. Paradoxalement, une telle intimité empêche le documentaire de tomber dans le panégyrique. Herrou n'y est qu'un homme parmi d'autres, avouant la joie apportée par son combat. Jamais il n'apparaît comme un saint, et s'il est déterminé, c'est aussi parce qu'il est touché par la relégation dont souffrent les exilés. Autour de lui : des camarades, associations… c'est une vallée entière qui se sera mobilisée. Aujourd'hui, pourtant, ce passage est fermé, forçant chacun à emprunter des voies encore plus dangereuses. Raphaël Nieuwjaer Documentaire de Michel Toesca. En salle

© Jour 2 Fête, Laurent Carré

écrans

libre



© Diaphana production / Menuet / Kris Dewitte

écrans

girl

corps à corps

# 70

Lara, 15 ans, voudrait devenir danseuse étoile. Elle est aussi une jeune fille née dans un corps de garçon. Caméra d'or au dernier festival de Cannes, Girl échappe avec délicatesse aux pièges de son sujet pour faire le portrait nuancé d'une adolescente sous tension. Pour son premier long-métrage, le Gantois Lukas Dhont ne s'est pas simplifié la vie. Pendant un moment, le spectateur redoute d'assister à des scènes trop ordinaires de crises et d'humiliations publiques subies par bien des transsexuel(le)s. Ici, la famille de Lara est aimante, les médecins attentifs et ses camarades de classe compréhensifs. Toute l'intelligence de Girl est là : tout va bien, mais tout pourrait craquer. En se tenant sur cette ligne de crête constamment menacée de s'ébrécher, le film rend d'autant plus sensible la précarité physique et affective dans laquelle se trouve le personnage principal. On comprend en effet à quel point sa vie est suspendue au regard d'autrui. Et c'est bientôt le nôtre qu’on interroge. Dhont suscite ainsi une empathie jamais mièvre. Difficile de ne pas être troublé par ce corps si manifestement masculin, mais tellement féminin. Notons que le récit finit par s'emballer, cédant à la tentation du coup de force. Le cinéaste ne tient-il pas la note jusqu'au bout ? Ce qu'il accomplit demeure pourtant précieux. En filmant le corps de Lara dans son élan et sa retenue, il ne focalise pas tant sur une identité que sur De Lukas Dhont, avec Victor Polster, Arieh Worthalter, Valentijn Dhaenens… l'énergie alentour. Raphaël Nieuwjaer Sortie le 10.10



© Eliph

© Zentropa-Christian Geisnae

# 72

the house that jack built

vingt-cinq

Lars von Trier est un cinéaste malicieux. Narquois, roublard, ironique, et aussi profondément préoccupé par " le Mal ". Dans son nouveau film, celui-ci a le visage de Matt Dillon, un tueur en série qui, cheminant vers les enfers, raconte cinq de ses crimes. D'abord hasardeux et impulsifs, mais aussi teintés d'un humour assez irrésistible, ces meurtres nécessitent une élaboration de plus en plus complexe. L'ambition du cinéaste n'est pas de dresser ici le portrait réaliste d'un psychopathe. Il chatouille notre part la plus sombre, considérée en dernière instance comme moteur de l'Humanité. Grandiloquent, parfois confus, The House that Jack Built ne s'appréhende pas comme une leçon, mais comme un conte – c'est-à-dire une initiation à la terreur. Raphaël Nieuwjaer

Parisiens nés en 1993, Jérémy, Jonas, Alexandre et Adrien sont quatre potes à qui tout pourrait sourire… en théorie. Car si « à 20 ans, rien n'est impossible » pour citer Lorie, le stade du quart de siècle fait nettement moins rêver : chômage, précarité... Et pourtant, comme cet âge est riche en leçons de vie ! Preuve en est avec ce quatuor de losers magnifiques. Présentée comme le pendant masculin de Girls de Lena Dunham, cette " dramédie " primée lors du festival Séries Mania, à Lille, observe un cynisme tout aussi efficace. Ajoutez à cela une réalisation ultra-sobre, un casting solide (coucou Vincent Dedienne), une flopée de punchlines, et vous voilà devant le programme pour " adulescents " le plus efficace de la plateforme OCS.

De Lars von Trier, avec Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman… Sortie le 17.10

De Bryan Marciano, avec Bryan Marciano, Alexandre Boubil, Vincent Dedienne… Saison 1 sur OCS Max le 25.10

Mélissa Chevreuil



# 74 exposition


Power to the People. The Black Panthers

Au cœur de la révolte Milieu des années 1960, Etats-Unis. Malcolm X vient d'être assassiné. La guerre du Vietnam bat son plein. La ségrégation raciale aussi… à Oakland, en Californie, deux jeunes militants de la cause noire, Huey P. Newton et Bobby Seale, rédigent sur un coin de table le Ten-Point Program. Le Black Panther Party est né. La maison Folie Moulins nous précipite dans ce grand mouvement d'émancipation à travers le regard du photographe Stephen Shames, loin des légendes urbaines. Photographies © Stephen Shames / courtesy Steven Kasher Gallery


exposition

# 76

S

tephen Shames a passé sa vie à gratter le vernis trop lisse du rêve américain, immortalisant ses laisséspour-compte : toxicomanes, gangs, enfants pauvres… Cet engagement viscéral amènera ce blanc d'origine juive vers les Black Panthers. En 1966, il a 19 ans et étudie à Berkeley lorsqu'il rencontre Bobby Seale, lors d'une manifestation contre la guerre au Vietnam. « Il se lie d'amitié avec lui et va ainsi plonger dans les entrailles de ce parti durant sept ans », raconte Audrey Hoareau, co-commissaire de cette exposition. Le photographe a un objectif précis : « corriger la vision négative accolée à ce mouvement ». Trente-six ans après sa dissolution officielle, force

« stephen shames était au bon endroit au bon moment... »

est de constater que l'organisation révolutionnaire demeure au mieux méconnue, au pire décriée. « Aux états-Unis, les Black Panthers sont encore perçus comme des " tueurs de flics "… Shames a d'ailleurs du mal à montrer ses photos dans son propre pays ». Et pourtant, quel travail ! D'un point de vue esthétique, d'abord. « Ses compositions sont remarquables, alors qu'il se trouve, parfois, dans des situations limites, où la police tire sur le


QG dans lequel il se trouve… Mais il est au bon endroit au bon moment ». The Message La soixantaine d'images en noir et blanc présentées à Lille nous introduit au cœur de cette lutte, qui reposait avant tout sur des rassemblements pacifiques. « Ils organisaient des manifestations rapidement, afin de défendre des camarades emprisonnés, détaille Audrey Hoareau. Ces marches n'étaient pas violentes, mais les armes étaient visibles, synonymes d'autodéfense ». D'où le choix, aussi, de la pan-

thère noire comme emblème. « Cet animal qui n'attaque pas, sauf s'il est menacé… ». Eh oui, ici, les symboles n'ont rien d'anodins. à commencer par le look : « tout ce qui le compose porte un message. Le béret est un hommage aux résistants français, la coupe afro revendique les origines… ». Protection sociale Surtout, ces photographies dévoilent toute la dimension sociale du mouvement. « Les Black Panthers ont mis en place des dizaines de programmes humanitaires, distribuant des vêtements, suite


# 78

des petits-déjeuners aux enfants les plus démunis… ». En guerre ouverte contre le gouvernement, le parti périclite en 1982. « En réalité, il est mort dès 1975. Ses membres sont presque tous passés par la prison, certains ont été détruits. Hoover et le FBI leur ont pourri la vie ». Leurs héritiers, aujourd'hui, ne sont pas nombreux. Retracer les réussites de ce combat pour la liberté, la justice et l'équité reste donc une nécessité. « Au-delà de cette réalité politique, nous montrons aussi que cette histoire pourrait inspirer d'autres luttes, comme celle menée par

les femmes : la révolution est l'affaire de tous, c'est à nous de la mener ». Power to the People ! Julien Damien Power to the People. The Black Panthers Lille, 29.09 > 06.01.2019, maison Folie Moulins, mer > dim : 14 h > 19 h, gratuit, maisonsfolie.lille.fr Autour de l'exposition (sélection) : 29.09 > 06.01.2019 : .ensemble., exposition d'Olivier " Tavu " Ente // 13.10 : James Baldwin, le grand démystificateur (causerie avec Didier Boudet) // 31.10 : Triple H : Hip Hop et Histoire(s) (Table ronde + dj set) // 02.11 : Clips inspirés de l’univers des Black Panthers (projection par Backpackerz) // 01.12 : Spike Lee (causerie avec Karim Madani)…

à lire / la version intégrale de cet article sur lm-magazine.com


ÂŤ Cette histoire pourrait inspirer d'autres luttes Âť


© Jean-Philippe Carré Mattei

exposition

Interview

Karim Madani

Pop Panther

# 80

Karim Madani est écrivain et journaliste spécialisé dans les cultures urbaines et la musique noire américaine - jazz, rap.... Ce Parisien est l’auteur, entre autres, d’une biographie sur Spike Lee, qu’il abordera en décembre à Lille, en marge de Power to the People. En attendant, on a causé des Black Panthers. Comment voyez-vous ce parti ? C'est une nouvelle proposition dans la défense des droits civiques, très révolutionnaire, tranchant avec celle de Martin Luther King, un peu à la papa, traditionnelle.


Les Black Panthers sont souvent présentés comme radicaux, violents… Qu’en dites-vous ? C'est l'image véhiculée par les politiciens américains, républicains ou démocrates, et la presse conservatrice. Si la radicalité signifie protéger les gamins à la sortie des écoles, leur donner de la nourriture ou armer leurs parents pour éviter de tomber sous les balles des policiers, alors oui, ce mouvement est radical. Mais il faudrait plutôt parler d'autodéfense. Les photos de Stephen Shames montrent d’ailleurs un parti organisé et fraternel… Oui, au départ, il se forme en distribuant des soupes populaires pour sa communauté, le lumpenprolétariat, les ouvriers, et récolte des fonds pour les prisonniers et leurs familles. C’était avant tout un mouvement très social, voire marxiste. A voir l'actualité l'américaine, leur combat semble inachevé… Complètement. Et, paradoxalement, la vague de meurtres racistes commis par des policiers a explosé sous la présidence Obama. Mais cette organisation peut, d'une certaine manière, réapparaître. Surtout sous Trump, où la paupérisation du peuple noir est maximale. Qui seraient leurs héritiers ? Black Lives Matter ne semble pas fédérer… Parce que c'est un mouvement de protestation peu organisé. Il manque cruellement de leaders. D’ailleurs, il

n'y a pas vraiment de figures politiques noires majeures. Il faut plutôt chercher leurs héritiers dans la culture. Les Black Panthers ont beaucoup inspiré le cinéma, la musique… Par exemple ? Ils ont annoncé la blaxploitation, ces super-héros blacks en cuir et armés, même si c’étaient souvent des voyous (rires). Plus politiquement, citons Spike Lee, dont le dernier film, BlacKkKlansman, est une charge

« C’était un mouvement très social, voire marxiste » anti-Trump assez virulente. De plus en plus de jeunes cinéastes, comme le réalisateur de Get Out, Jordan Peele, sont également nourris par cette radicalité. On peut même évoquer le film Black Panther, énorme carton du boxoffice américain. Il ne fait pas directement référence aux Black Panthers, mais véhicule un message intéressant pour les gamins n’ayant pas l'habitude de voir des super-héros noirs au cinéma. Quelque chose est en train de se passer, le message des Black Panthers est entré dans la pop-culture… Propos recueillis par Julien Damien à voir / Spike Lee, causerie avec Karim Madani : Lille, 01.12, maison Folie Wazemmes, 16 h, gratuit // Aux origines du mouvement goon : Karim Madani + Dj Asfalte : Lille, 16.10, Flow 18 h, gratuit, flow.lille.fr à lire / Spike Lee. American Urban Story (Don Quichotte, 2015), 192 p., 18 € Jewish Gangsta (Marchialy, 2017), 96 p. 18 € (+ édition 10/18, 192 p., 6,60 €)


exposition

La Piscine

Réouverture

le grand bain

# 82

Depuis sa reconversion en 2001, La Piscine connaît un succès croissant. Ses collections n'ont cessé de s'enrichir, comme son affluence, estimée à près de 250 000 visiteurs par an. C'est donc peu dire que ces travaux d'agrandissement devenaient nécessaires. Fermé depuis avril dernier, le célèbre musée roubaisien révèle dès le 20 octobre ses nouveaux trésors. Visite guidée...

La Piscine de Roubaix, vue du bassin © DR


E

n se refaisant une beauté, la Piscine a pris du poids. Le bâtiment Art déco s'agrandit de 2 300 m2, portant à 8 000 la surface accessible. Derrière ces chiffres, l'ambition est claire : s'imposer comme une référence incontournable en matière de sculpture moderne, LA spécialité de l'institution roubaisienne. « Oui, c'est un marqueur fort de notre image, matérialisé par la scénographie autour du bassin, rappelle Bruno Gaudichon, le conservateur. Nous tenions donc à renforcer cette singularité ». De fait, on découvre ici une nouvelle aile (à gauche) entièrement consacrée à cette discipline. Dans l'atelier Imaginés par l'architecte Jean-Paul Philippon (déjà à l'œuvre lors de la réhabilitation de 1998), ces hauts espaces s’ornent de teintes gris clair, et sont éclairés par une lumière zénithale, grâce à un toit-verrière. Des conditions idéales pour contempler ce joli panorama de la sculpture des xixe et xxe siècles. « Nous avons bénéficié de dépôts très importants », s'enthousiasme Bruno Gaudichon. Tel cet émouvant portrait d'Ida Chagall (la fille de) par Chana Orloff. « Il fut réalisé au début des années 1920, c'est un plâtre original fort peu connu, car volé durant l'occupation ». Mais le " clou du spectacle ", sans doute, demeure cette salle suite dévolue à Henri Bouchard.

Vue de la nouvelle aile © DR

En chiffres

9,3 M€

coût des travaux (millions d'euros)

2 300 m2

surface supplémentaire (1 600 d'espaces neufs, et 700 de réhabilités)

3

nombre de nouveaux ateliers dédiés à la pratique artistique (sculpture, textile, muséographie)


exposition

# 84

« La sculpture moderne est un marqueur fort de notre image » © Julien Damien


Vue de l'atelier Henri Bouchard © Julien Damien

« Il fut essentiellement sculpteur de monuments publics, c'est un artiste considérable du xxe siècle. Au moment où éclosent le modernisme et l'abstraction, il demeure le représentant du style figuratif, un peu académique ». Ce qui l'est moins, « académique », c'est la scénographie consacrée à son travail. Celle-ci reproduit en effet, quasiment à l'identique… l'entièreté de son atelier : les poutres métalliques, les dimensions de la pièce et, surtout, l'agencement originel des statues. En résulte une impression de foisonnement, d'authenticité. L'occasion, unique, de montrer « l'atelier vrai du sculpteur ».

internationale de la cité du Nord, aujourd'hui restaurée, cette toile de 6 mètres sur 13 n'a quasiment jamais été montrée. Pour cause, « elle a dormi dans le grenier d'un pavillon de l'Hôtel de ville et fut retrouvée au milieu des années 1990. Elle servait à colmater les fuites de la toiture… ». Elle nous saisit dès l'entrée, au sein d'une salle dédiée à l'ancienne capitale du textile, l'autre grande star de cette réouverture… Julien Damien La Piscine - Roubaix, 23 rue de l'Espérance, réouverture le 20.10, mar > jeu : 11 h > 18 h ven : 11 h > 20 h, sam & dim : 13 h > 18 h hors exposition : 9 / 6 €, en période d'exposition : 11 / 9 € / gratuit (- 18 ans)

La ville dans le musée Pour autant, la plus imposante des nouvelles pièces de La Piscine n'est pas une sculpture, mais ce vaste Panorama de la Grand' Place de Roubaix. Créée en 1911 par les Ateliers Jambon-Bailly pour l’exposition

à visiter / www.roubaix-lapiscine.com à voir / 20.10 > 20.01.2019 Hervé Di Rosa. L'œuvre au monde Pablo Picasso. L'Homme au mouton Alberto Giacometti. Portrait d'un héros : Hommage à Rol-Tanguy Les Tableaux fantômes de Bailleul Nage libre

suite


Quels liens entre l'art, l'histoire et la politique ? Ces questions traversent la nouvelle galerie de La Piscine dédiée à la sculpture moderne. Pour cette inauguration, elles sont illustrées grâce au travail d'Alberto Giacometti, en particulier ses portraits, commandés par Aragon, du Colonel Rol-Tanguy, militant communiste et héros de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.

Pablo Picasso L'Homme au mouton

L'Homme au mouton est sans nul doute l'une des sculptures emblématiques de Picasso. Celle-ci fut initiée en 1942, après que l'Espagnol, bouleversé par l'appropriation de l'idéal classique par les nazis, eut visité l'exposition d'Arno Breker à Paris, " le sculpteur d'Hitler ". Cette exposition revient avec force documents sur la genèse de cette œuvre devenue un symbole du pacifisme.

# 86

Hervé Di Rosa. L'œuvre au monde

Pionner de la Figuration libre, le Sétois est aussi un infatigable globe-trotter. Ses œuvres mêlent ainsi, indistinctement, toutes formes d'arts, de cultures et de techniques. La Piscine revient sur ce tour du monde (géographique, humain) en 19 étapes entrepris dès 1993, et dévoile ses dernières céramiques créées dans l'une des fabriques historiques d’azulejos (carreaux de faïence) du Portugal.

Pablo Picasso, L’Homme au mouton, Mars 1943, Bronze, Paris, musée national Picasso – Paris © Succession Picasso 2018 - Photo © RMN-Grand Palais (Musée national PicassoParis) / Adrien Didierjean // Alberto Giacometti, Tête d’homme sur double socle (étude pour la tête du colonel Rol-Tanguy), 1946, Paris, Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti, Paris + ADAGP, Paris) 2018 // Hervé Di Rosa, Mandala - Étape 8 : Durban, Afrique du Sud, 2000, Câbles téléphoniques tressés. Collection particulière. © ADAGP, Paris 2018. Photo : Pierre Schwartz

exposition

Alberto Giacometti Portrait d'un héros : Hommage à Rol-Tanguy



Anonyme, Sans titre, s.d. Photographie argentique, 16,8 x 11,1 cm. Collection Edouardo Arroya. Photo © DR

# 88 exposition


danser brut

La beauté du geste Quels sont les liens entre la danse et l'art brut ou contemporain ? à travers une sélection inédite de près de 300 films, dessins, sculptures ou photographies, le LaM place le mouvement au cœur de la création, sous toutes ses formes. De Nijinski à Chaplin, cette exposition originale déniche des gestes au creux d'œuvres aussi diverses que magistrales.

John Elsas, Hast du es gebracht zu wenig Geld © DR

P

« Il s'agit de dévoiler l'invisible »

orter un regard transversal et neuf sur le corps, tel est le point de départ de l'exposition. « Celle-ci est une somme d'observations de gestes ou de façons d’être, explique la commissaire, Savine Faupin. Il s'agit aussi de dévoiler l'invisible, des mouvements auxquels on ne prête pas attention mais se révélant extraordinaires ». Depuis l’Hôpital de la Salpêtrière où le Dr Charcot décrit les attitudes de l’hystérie à la fin du xixe siècle, à l'aide de dessins et photographies, jusqu’aux films burlesques mettant en scène des pantomimes, l'accrochage scrute des corps désarticulés, gesticulant, en proie à des forces irrépressibles. On croise au gré de ce parcours de six sections la cabarettiste allemande Valeska Gert, suite les tribulations de Charlot ou


Anthony McCall, Leaving (with two-Minute Silence), 2009. © Anthony McCall, 2018

exposition

la grande silhouette dégingandée de Jacques Tati... dans un même élan !

# 90

Entrez dans la transe Plus loin, c’est l’implication de notre enveloppe charnelle tout entière dans la production de l’œuvre qui est explorée. On découvre les dessins de Nijinski qui, ayant cessé de danser et retiré en Suisse dans les années 1920, exécute un grand nombre de compositions abstraites. Le chorégraphe virtuose s'affiche d'ailleurs comme un trait d’union avec l’exposition contiguë, consacrée à Rodin. Le sculpteur, avec sa série des Mouvements de danse, a en effet saisi la fulgurance du geste du précité Nijinski (et d'autres) dans le plâtre et la terre cuite. Mais la danse s’empare aussi des corps, mal-

gré nous, comme en état de transe. En témoignent les " lignes d’erre " tracées par l'éducateur spécialisé Fernand Deligny, rendant compte au fil de cartes crayonnées des trajets d'enfants autistes. Enfin, c’est au tour du visiteur d’aiguiser ses perceptions, en interagissant avec la sculpture de lumière d’Anthony McCall, ou avec la chorégraphie sous hypnose de Catherine Contour. Des rendez-vous musicaux concoctés par le collectif La Belle Brute et Lucile Notin-Bourdeau entrent aussi de plain-pied dans la danse ! Marie Pons

Danser brut et Rodin et les mouvements de danse Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 06.01.2019, LaM, mar > dim : 10 h > 18 h, 10 / 7 € / gratuit (-12 ans) www.musee-lam.fr



le temps retrouvé On connaît surtout le Chris Marker cinéaste, son moyen-métrage La Jetée en tête. Pourtant, le Français a expérimenté (quasiment) tous les supports : romans, photos, arts plastiques, musique… Montée avec la cinémathèque de Paris, cette rétrospective rend hommage à un artiste total et engagé.

# 92

Memories of the Future, titre choisi par Bozar, fait référence au scénario de La Jetée. Dans ce film d’anticipation, le héros, vivant dans un futur postapocalyptique, est envoyé dans le passé où il retrouve une jeune femme qui hantait son enfance. Cet intitulé renvoie aussi à l’avant-gardisme de Marker (1921 -  2012), inlassable globe-trotter et collectionneur monomaniaque. Le fonds ici présenté est ainsi riche de plus de 500 documents et objets rares. Ce parcours chrono-thématique s'appréhende comme un voyage dans le temps, au cœur de ses archives ou créations, aussi profuses qu'inventives. Chaque section illustre une facette de la longue vie de Christian Bouche-Villeneuve (de son vrai nom). On y découvre un Chris Marker résistant à 20 ans, éditeur de guides de voyage, réalisateur anticolonialiste des Statuettes meurent aussi, ou le féru d'informatique, qui créa son propre monde dans le jeu de simulation de vie en ligne Second Life ! Certains de ses films sont projetés (comme Le Fond de l’air est rouge) et des visites guidées "subjectives", menées par des artistes, explorent la vaste œuvre de celui qu'Alain Resnais décrivit comme « le prototype de l'homme du xxie siècle ». Polyvalent, et Bruxelles, jusqu'au 06.01.2019, Bozar, mar > dim : 10 h > 18 h, toujours en mouvement. Hugo Guyon jeu : 10 h > 21 h, 8 > 2 €, www.bozar.be

La Jetée, Chris Marker, 1962 © Succession Chris Marker Fonds Chris Marker-Collection Cinémathèque française

exposition

Chris Marker. Memories of the Future



Sous les pavés, de l’art !

# 94

Des barricades estudiantines aux manifestations ouvrières, Mai 68 fut un épisode d’intense protestation populaire. Et les artistes, dans tout ça ? à Bruxelles, RESISTANCE mesure l'influence du créateur dans la transformation de la société, et cherche les marques de contestation dans les pratiques contemporaines. La Centrale For Contemporary Art fait souffler un vent de rébellion sur la capitale belge. « En 1968, les artistes ont réagi aux critiques de la population, qui les jugeait déconnectés des luttes sociales, resitue la commissaire Maïté Vissault. On a donc vu apparaître des œuvres " résistantes ", explorant des mediums inédits ». Sérigraphies, vidéos… Ces pièces ne sont plus rares, mais ont ouvert des portes. « Cette déconstruction des formes classiques nourrit l’art contemporain engagé. Nous entamons ici un dialogue entre œuvres passées et actuelles, soulevant des questions qui animaient déjà la société à l'époque : le féminisme, l’écologie, les droits des minorités ». Dans un espace habillé de cimaises montées telles des barricades, les affiches coup-de-poing de l’Atelier populaire (" CRS SS ", " Interdit d’interdire "…) répondent aux commentaires sarcastiques du dessinateur Dan Perjovschi, à même les murs. Plus loin, Dieter Roth désacralise l’œuvre d’art avec ses " périssables " (conçus avec des aliments ou déchets), tandis que la Belge Cécile Massart ouvre son " bureau artistique " aux visiteurs, pour débattre Bruxelles, jusqu’au 27.01.2019, Centrale For Contemporary Art de la centrale nucléaire de Tihange, dont la mer > dim : 10 h 30 > 18 h sécurité laisse perplexe… Oui, 50 ans après, il 8 > 2,50 €/ gratuit (-18 ans) www.centrale.brussels reste urgent de désobéir. Marine Durand

Guerrilla Girls © Andrew Hinderaker, 2015

exposition

resistance



© Philippe Paoli, 2018

exposition

philippe paoli Entre réalité et dystopie, politique et fiction, histoire et mythe, Philippe Paoli construit une œuvre à part. Issu d’une formation d’architecte, ce Lillois bâtit au fil de ses expositions un atlas mnémosyne, soit un monde parallèle au nôtre mais rendu crédible par une série de photos, peintures, dessins, vidéos ou sons. Au sein de ce qu’il nomme « narration spéculative » évolue alors un personnage fictif, Pépé Fozr. Lauréat du prix Wicar, il a bénéficié d’une résidence artistique de trois mois à Rome. Il présente la continuité de ce travail à l’occasion de Format à l’italienne # 9, nous emmenant cette fois sur les chemins de la Rome Antique… J.D.

beyond klimt

# 96

Figure de l’Art nouveau, Klimt a rompu avec l’académisme à la fin du xixe siècle. à travers ses couleurs ocres et ses courbes il dépeint une Europe centrale en mouvement, à l'image de son portrait de Johanna Staude. Après lui, c’est tout un pan de l’histoire de l’art qui évolue. L’après-guerre est synonyme de liberté et de perspectives nouvelles, et nombre d’artistes suivront cette démarche, tels Capek, Kokoschka… parmi 75 noms enrichissant ce parcours. M.H. Bruxelles, jusqu’au 20.01.2019, Bozar mar > dim : 10 h > 18 h, jeu : 10 h > 21 h, 16 / 14 €, www.bozar.be

Gustav Klimt, Johanna Staude, 1917-1918, Oil on canvas (unfinished), 70 x 50 cm © Belvedere, Vienna

Lille, jusqu’au 28.10, Espace Le Carré, mer > sam : 14 h > 19 h, dim : 10 h > 13 h & 15 h > 18 h, gratuit, www.lille.fr



Bruxelles, jusqu’au 20.01.2019, Centre d’art de Rouge-Cloître, mer > dim : 14 h > 17 h, 3 / 2 € / gratuit (-12 ans), www.rouge-cloitre.be

Charleroi, jusqu’au 20.01.2019, Musée de la Photographie, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 4 € / gratuit (-12 ans), www.museephoto.be

Amour

# 98

L’amour ? Vaste sujet… Du péché originel à la libération des mœurs, de la séduction au libertinage en passant par le romantisme, quelque 250 œuvres décryptent ce sentiment à travers les âges. Divisée en sept chapitres illustrant chacun un tournant majeur dans nos façons d’aimer, cette histoire s’écrit au gré des sculptures de Rodin ou de Camille Claudel, des peintures de Delacroix ou de Fragonard, mais aussi de citations de grands auteurs ou d’extraits de films. En somme, le cœur ET la raison. Lens, jusqu’au 21.01.2019, Louvre-Lens, tous les jours sauf mar : 10 h > 18 h, 10 > 5 € / gratuit (-18 ans) www.louvrelens.fr

James Pradier, Satyre et bacchante © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP - Hervé Lewandowski

Robert Frank est un géant de la " street photography ". Paru il y a tout juste 60 ans, Les Américains est considéré comme son chef-d’œuvre. En 1955, ce Suisse se mit en tête de « documenter visuellement la civilisation américaine ». Il sillonna durant un an 30 états et immortalisa, au hasard de ses rencontres, des instants de la vie quotidienne au pays de l’Oncle Sam : une serveuse dans un diner, des ouvriers au travail, des amoureux… En résulta un livre culte, et aujourd’hui une exposition immanquable.

© Monique Martin

Les Américains

City fathers - Hoboken, New Jersey, 1955, from The Americans © Robert Frank, courtesy Pace MacGill Gallery, New York. Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris

Ernest et Célestine Créés en 1981 par Monique Martin (alias Gabrielle Vincent), Ernest (l’ours bourru) et Célestine (la souris futée) demeurent de grands classiques des chevets d’enfants. Dans ses histoires, l’écrivaine et illustratrice dépeint les petits bonheurs et soucis du quotidien, avec la douceur des tons pastel et de l’aquarelle. Mais cette exposition révèle aussi un autre travail de la Bruxelloise : ses dessins en noir et blanc, au fusain ou à l’encre de Chine. Plus méconnu, mais tout aussi sensible.



Napoléon. Images de la légende À la faveur d’un partenariat établi en 2011 avec le Château de Versailles, le Musée des beaux-arts d’Arras accueille plus de 160 œuvres issues de sa collection. Ces peintures, sculptures ou meubles, pour beaucoup commandés par l’Empereur lui-même, offrent une plongée exceptionnelle dans l’histoire européenne, de la gloire à l’exil du petit Corse. On découvre aussi les talents d’un redoutable communicant, qui utilisait l’art pour asseoir son pouvoir. Arras, jusqu’au 04.11, Musée des beaux-arts, lun, mer > ven : 11 h > 18 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 7,50 / 5 € / grat. (-18 ans), napoleon.versaillesarras.com

Catel. Héroïnes au bout du crayon Kiki de Montparnasse, Joséphine Baker, mais aussi Lucrèce, Lucie... Fictives ou réelles, gamines impertinentes, grandes romantiques ou militantes, ces " héroïnes au bout du crayon " ont toutes été croquées par Catel Muller, dite " Catel ". Elles nourrissent une rétrospective de 300 pièces originales : croquis d’étudiante, aquarelles ou planches de ses célèbres " biographiques " (dont quelques-unes d’Alice Guy, la première femme cinéaste et prochain sujet de la dessinatrice française...). Bruxelles, jusqu’au 25.11, CBBD, tous les jours : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 €, cbbd.be

A Forest Le monde végétal est plus complexe qu’on ne l’a longtemps cru. Arbres ou lichens ont par exemple développé une forme de communication assimilable au langage - pour se défendre, se reproduire, proliférer… Dès lors, les frontières entre nature et culture, animé et non-animé, humain et non-humain se redessinent. Dix artistes interrogent cette prise de conscience. à l’image de Various Artists, cristallisant les plantes à l’aide d’un dispositif aquatique. En vert et contre tous ! Bruxelles, jusqu’au 15.12, ISELP, mar > sam : 11 h > 18 h, gratuit Conférences et projections : 6 / 4 e www.iselp.be

# 100

Calais, jusqu’au 04.11, Musée des beaux-arts mar > dim : 13 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.calais.fr

Séance photo pour un magazine français, 1969 © Andrew Birkin

jane et Serge. Album de famille Emblématique d’une époque de libertés nouvelles, le couple formé par Jane Birkin et Serge Gainsbourg fut aussi intensément médiatisé. Resterait-il des pans de leur vie inconnus du public ? Oui. Ceux captés par l’objectif d’Andrew Birkin. Le frère de la Britannique longiligne expose ses clichés privés, pris entre 1964 et 1979. Entre les déjeuners animés à la campagne, les virées en voiture de luxe ou les moments de tendresse, ces photos lèvent le voile sur le quotidien d’un mythe français.



Calais, jusqu’au 06.01.2019, Cité de la Dentelle et de la Mode, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.cite-dentelle.fr

Nan Goldin. Fata Morgana

The World of Tim Burton

On connaissait Nan Goldin pour ses portraits crus ou intimistes d’oiseaux de nuit new-yorkais, au mitan des années 1980. Moins pour ses paysages fantomatiques saisis lors de promenades. Et pour cause, ces photos n’avaient encore jamais été montrées en France. Cette trentaine de tirages invite à une déambulation contemplative. à l’image de cette ligne d’horizon brumeuse où plage, mer et ciel se confondent, parfaite illustration du phénomène optique donnant son nom à l’exposition : Fata Morgana.

Après des escales à New York ou Tokyo, The World of Tim Burton fait halte à Genk, dans une version taillée pour CMine. L’exposition réunit plus de 400 esquisses, peintures, photos, films, figurines et sculptures jaillis de l’imagination du Californien. Ce parcours thématique aborde le processus créatif du cinéaste, ses influences variées ou œuvres de jeunesse : polaroids expressifs et multiples projets de longs-métrages, livres, séries télévisées n’ayant pas vu le jour… mais enfin révélés !

Condette, jusqu’au 11.11, Centre culturel de l’Entente Cordiale - Château d’Hardelot, mar > dim : 10 h > 12 h 30 & 13 h 30 > 18 h, 5 / 3 € / gratuit (-18 ans) www.chateau-hardelot.fr

Genk, jusqu’au 28.11, C-Mine mar > dim : 10 h > 18 h, 15 > 6 € / gratuit (-6 ans) www.c-mine.be

Sportfoto

# 102

Nostalgiques du Mondial russe ? De la Grande Boucle ? Après un été riche en émotions, Lille joue les prolongations, mais cette fois sur le terrain de la photographie. Des exploits de Mohamed Ali lors des JO de Rome en 1960 (immortalisés par le fameux Sport Illustrated) à l’épopée des Bleus de 1998 ou celle du Losc en 2011, en passant par moult plongées au cœur des vestiaires, ces images racontent une autre histoire du sport, à la croisée de l’intime et du collectif. Lille, jusqu’au 04.11, Tripostal et Gare Saint Sauveur : mer > dim : 12 h > 19 h, Musée de l’Hospice Comtesse et Palais des beaux-arts : lun : 14 h > 18 h, mer > dim : 10 h > 18 h, Vieille Bourse : mar > dim : 13 h > 19 h gratuit, www.lille3000.eu

Robe (détail) en dentelles. Leavers apppliquées, collection couture automne-hiver 2014–2015, Alberta Ferretti [dentelles Solstiss et autres dentelles non identifiées] © Robin

Haute Dentelle L’usage récurrent de la dentelle dans la haute couture est un gage de modernité. Volants et jeux de transparence, dentelle de cuir découpée au laser… 14 vitrines présentent les créations d’autant de maisons de couture, chacune marquant de sa patte la luxueuse étoffe. De Chanel à Valentino, cette exposition révèle 65 silhouettes d’exception, célébrant des gestes stylistiques forts et un savoir-faire propre aux Hauts-de-France.



jazz Matisse

Pl. VIII. Photo © Philip Bernard

2019 marquera les 150 ans de la naissance d’Henri Matisse. Le Palais des beaux-arts de Lille célèbre l’événement en exposant la vingtaine de planches dont lui avait fait cadeau l’artiste catésien, en 1947. Rassemblées dans un recueil intitulé Jazz, ces premières œuvres furent réalisées en papiers gouachés puis découpés - une technique qui deviendra sa signature. Ces pièces sont complétées au fil de ce parcours par divers prêts du musée Matisse (Cateau-Cambrésis), notamment ses imprimés sur lin. Lille, 12.10 > 14.01.2019, Palais des beaux-arts, lun : 14 h > 18 h mer > dim : 10 h > 18 h, 7 / 4 € / gratuit (-12 ans), www.pba-lille.fr

Niki de Saint Phalle. Ici tout est possible

Au Temps de Galien. Un médecin grec dans l’Empire romain

De Niki de Saint Palle, on connaît tous les Nanas colorées, prenant leurs aises dans nos villes. Mais sait-on qui est la femme derrière l’artiste ? Cette première grande rétrospective belge révèle en 140 pièces l’évolution de l’œuvre mais aussi la vie de la " Calamity Jane de l’art ". On (re)découvre sa fameuse série des Tirs, ses peintures, films ou, bien sûr, ses monumentales sculptures féminines, disséminées un peu partout dans le BAM et même... dans la cité du Doudou !

Médecin grec de l’Antiquité, Galien (129 – env. 216 ap. J.-C.) exerça notamment à Rome où il soigna plusieurs empereurs. Auteur prolifique, le praticien laissa à la postérité de nombreux écrits. Ces manuscrits et papyrus rares, portraits ou statuettes de divinités guérisseuses, scalpels et autres objets hétéroclites décrivent les pratiques sanitaires aux premiers siècles de notre ère. Un voyage fascinant dans l’Empire romain, nous emmenant aux confins de la médecine moderne.

Mons, jusqu’au 13.01.2019, Musée des beaux-arts et divers lieux en ville, mar > dim : 10 h > 18 h, 9 / 6 € gratuit (-6 ans), www.bam.mons.be

Morlanwelz, jusqu’au 02.12, Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10 h > 17 h, 5 > 2 € / gratuit (-12 ans), www.musee-mariemont.be

# 104

Panorama 20 Lancée il y a 20 ans, l’exposition annuelle des étudiants du Fresnoy est un rendez-vous de premier ordre, où l’on découvre les artistes de demain et des œuvres emplies d’interrogations. Depuis quelques années, une veine nouvelle anime cette jeune création : penser notre devenir et l’évolution de l’être humain. à l’image de Thomas Garnier, qui figure notre frénésie constructrice en inventant une machine agglomérant et désassemblant en continu des pièces de béton… Intrigant et vivifiant. Tourcoing, jusqu’au 30.12, Le Fresnoy, mer > dim : 14 h > 19 h, 4 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.lefresnoy.net



théâtre & danse

Portrait

Julien Gosselin Une histoire de la violence # 106

Texte Madeleine Bourgois - Photos Don DeLillo © Simon Gosselin


« La tension du présent, voilà ce qui m'intéresse »

Une immersion totale dans l'écriture du romancier new-yorkais Don DeLillo... et dix heures de théâtre ! Telle est la promesse de Julien Gosselin, avec son triptyque Joueurs, Mao II, Les Noms. Un nouveau pari pour cet ancien élève de l'Ecole du Théâtre du Nord dont les créations tournent à travers le monde. Défi relevé, sur scène, par les membres de son collectif Si vous pouviez lécher mon cœur.

L

es étagères de la bibliothèque de Julien Gosselin doivent en receler, des rêves de spectacles. Le metteur en scène nordiste s'est fait une spécialité d'adapter des textes contemporains. Des " romans-mondes " embrassant une abondance de récits, de genres, de lieux et périodes… Après avoir monté Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq ou 2666 de Roberto Bolaño, il s'attaque cette fois à l'Américain Don DeLillo. Il a choisi trois de ses livres, Joueurs,

Mao II et Les Noms, pour concevoir une pièce-fleuve de dix heures. La longueur est l'une des obsessions de Gosselin : sa mise en scène de 2666 réclamait déjà 12 heures. Mais c'est la condition sine qua non pour que le théâtre devienne le lieu d’une expérience physique. Terreur et tremblements Ces textes de DeLillo explorent la question du terrorisme, à suite trois époques et dans trois


# 108

pays différents. Les Noms nous projette dans les seventies, à la poursuite d'une secte violente. Joueurs scrute l'intimité d'un couple dont l'homme bascule dans la violence. Enfin, Mao II traite du terrorisme moyen-oriental des années 1990. Sur scène, ce triptyque recourt à la musique et plus que jamais à la vidéo pour servir une écriture très cinématographique. « Chez DeLillo, l'art du dialogue est très développé. Il y a dans ses livres quelque chose de Michael Mann, de David Lynch… ». Aussi, la majeure partie du temps, les comédiens quittent le plateau mais continuent de jouer, fil-

més en direct. La pièce ménage de longs plans-séquences, projetés sur un écran au-devant de la scène. Avec cet usage de la caméra, on imagine volontiers un glissement vers le septième art… Une option que repousse

« L'art du dialogue est très développé chez DeLillo » d'emblée notre interlocuteur. « La tension du présent, voilà ce qui m'intéresse le plus. Et la place centrale de la langue ». De fait, le texte demeure sa principale préoccupation.


Pour donner corps à cette écriture, il peut compter sur une troupe de camarades fidèles, notamment ceux qu'il a rencontrés à l'EPSAD* de Lille. Virage calaisien Depuis le succès des Particules élémentaires à Avignon, en 2013, chacune des créations de cette équipe suscite des attentes. Présentée dans la cité des Papes cet été, Joueurs, Mao II, Les Noms n'a pas échappé aux projecteurs, dont ne raffole pas le trentenaire... « Avec le temps, je n'ai pas gagné en sérénité. Mais je me sens moins redevable. Mes choix artistiques sont plus personnels ». Entre deux tournées, le natif

de Oye-Plage se concentre sur l'installation de son collectif à Calais, au sein d'anciens bâtiments portuaires. Comme toujours, le projet est audacieux. Il comprend plusieurs studios pour accueillir sa bande et d'autres compagnies, un restaurant... Une « fabrique » où traîneront certainement quelques bouquins. * École professionnelle supérieure d'art dramatique

Joueurs, Mao II, Les Noms Valenciennes, 06.10, Le Phénix 14 h (version intégrale), 31 > 10 € www.scenenationale.lephenix.fr Lille, 14 > 20.10, Théâtre du Nord sam & dim : 14 h (intégrale), mar : 20 h (Joueurs) mer : 20 h (Mao II), jeu : 19 h (Les Noms) Version intégrale : 55 > 27 €, 1 soirée : 25 > 10 € www.theatredunord.fr


théâtre & danse

Interview Propos recueillis par Julien Damien

# 110

le passé recomposé Après Congo et Mission, l'écrivain brugeois David Van Reybrouck se plonge dans un nouvel épisode sordide de l'histoire du platpays : l’intervention militaire belge menée en Somalie, en 1992-93. Nourrie des témoignages d'anciens para-commandos, Para analyse le processus de déshumanisation et ces " opérations internationales de maintien de la paix ", entre idéalisme et impuissance.

David Van Reybrouck © Stefan Vanfleteren

david van reybrouck


Comment cette pièce est-elle née ? J'ai été marqué par une photo parue dans un hebdomadaire belge, au début des années 1990, durant la guerre civile en Somalie. Ce cliché, très dur, montrait des paramilitaires brûlant un Africain... La Belgique avait envoyé des commandos dans ce pays, mais on en parlait peu à l'époque. Au fil des années, cette mission a été oubliée, alors qu'il s'agissait de la plus grande action militaire menée par le Royaume, depuis le Congo.

mesure, il raconte des anecdotes, se perd, se retrouve en Somalie en 1992… son récit devient une confession. On découvre alors son traumatisme, provoqué par ces morts et crimes qu'il a commis, mais aussi par la violence du jugement du monde extérieur, qui ne veut plus l'écouter.

« Comprendre comment la violence se déclenche »

Pourquoi cette photo vous a-t-elle fasciné ? Je cherche à comprendre comment la violence se déclenche. Je ne crois pas que l'Homme soit par nature méchant ou bienveillant, qu'il y ait les bons d'un côté et les mauvais de l'autre. La pièce montre ce glissement moral, comment un jeune garçon gentil en vient à commettre de tels actes de barbarie. Mais Para n'est ni un éloge ni un réquisitoire. Il s'agit d'écouter...

Que verra-t-on sur le plateau ? C'est très épuré. Moins on met en scène, et plus on montre de choses. Comme dans Mission, un décor sobre, un texte et un comédien suffisent à construire tout un univers. La lumière est très importante. Un tas d'ambiances et d'atmosphères sont créées avec des moyens extrêmement simples.

Comment résumeriez-vous la pièce ? C'est le monologue d'un paramilitaire (joué par l'époustouflant Bruno Vanden Broecke) nourri des interviewes que j'ai menées auprès d'anciens soldats. Le personnage commence en donnant une conférence, avec son Powerpoint et une carte de l'Afrique. Puis, au fur et à

Para et Mission reflètent-elles les deux faces d'une même pièce ? En quelque sorte. Dans les deux cas le personnage est un Européen blanc parti en Afrique postcoloniale, avec un certain idéalisme : sauver les citoyens. Mais ces bonnes intentions s'accompagnent souvent de suite pratiques sordides…


théâtre & danse

# 112

Bruno Vanden Broecke © Thomas Dhanens

« Doit-on se mêler des guerres civiles ? »

Est-ce l'histoire de l'Occident que vous racontez ? Oui. Dans les années 1990, tous les pays africains sont décolonisés, le mur de l'Est est tombé. L'Occident s'interroge : à quoi bon nos armées ? Doit-on se mêler des guerres civiles ? On avait tendance à dire " oui ". C'est ainsi que nous sommes intervenus en ex-Yougoslavie, en Somalie, avec un certain idéalisme, sans se rendre compte de la complexité de la situation. Mais nous étions encore animés par une conscience mondiale des droits de l'Homme. Aujourd'hui, au regard des erreurs commises, on ne sait plus, et on constate une passivité, une impuissance. En Syrie par exemple, on n'agit pas…

Votre travail est-il nécessairement engagé ? Il a un fond commun : j'essaie d'être à l'écoute avant de juger. Nous vivons une époque, celle des réseaux sociaux, où tout le monde hurle mais n'entend plus personne. C'est une période complètement polarisée, où tout est noir ou blanc. Je pense que le théâtre est un des rares endroits où il y a encore une volonté d'aller au-delà de cette pensée binaire. Para (mise en scène : Raven Ruël) Maubeuge, 18.10, Théâtre Le Manège, 20 h 12 / 9 €, www.lemanege.com charleroi, 21.10, Palais des beaux-arts, 20 h 16 > 11 €, www.pba.be Bruxelles, 09 > 11.11, KVS, 20 h (dim : 15 h) 20 > 5 €, www.kvs.be



retour du refoulé

© éric Didym

théâtre & danse

née un 17 octobre

# 114

Issue d’une famille d’immigrés algériens, Marie-Myriam, 18 ans, revient d’une manifestation commémorative du 17 octobre 1961. Plein de colère et d’espoir, son récit déclenche les confessions longtemps retenues de son père et de son grand-père... Un spectacle citoyen, reliant trois générations meurtries. 17 octobre 1961. Oubliée (effacée ?) de notre mémoire collective, cette sinistre date renvoie au massacre perpétré par la police française, à Paris, contre 30 000 manifestants nord-africains qui protestèrent pacifiquement contre le couvre-feu imposé par le gouvernement De Gaulle, en réponse aux attentats du FLN. On parlera de plus de 200 morts… écrit par l’islamologue Rachid Benzine et mis en scène par Mounya Boudiaf, ce huis clos porte un regard sur la plaie ouverte de la guerre d’Algérie, mais aussi l’identité et l’injustice sociale vécue par la population maghrébine, en France. « C'est à nous de transmettre cette mémoire, affirme Mounya Boudiaf. On ne peut attendre qu'on agisse ou nous définisse à notre place ». L'action se situe dans un vieil appartement. La scène est séparée en trois parties par des cloisons transparentes - comme pour faciliter cette transmission. Lille, 06.10, maison Folie Il y a la chambre du grand-père, le salon où dort Wazemmes, 20 h, 12 / 8 € www.maisonsfolie.lille.fr le père et la chambre de la fille. Avec délicatesse, Amiens, 16 & 17.10, les masques tombent à mesure que les langues se Le Safran, mar : 14 h, mer : délient. « étrangement, raconter cet événement 19 h 30, 13,50 > 5 € www.amiens.fr les apaise tous les trois ». Et permet à chacun de Grenay, 30.11 se (re)construire. La compagnie Kalaam propose Esp. Culturel Ronny Coutteure ainsi un théâtre politique et pédagogique « pour 20 h 30, 10 > 3 € www.culturecommune.fr sensibiliser l’ensemble de la société ». Sarah Elghazi



Bruxelles, 10 & 11.10, La Raffinerie, 20 h 30 15 > 6 €, www.charleroi-danse.be Douai, 17.01.2019, Hippodrome, 20 h, 22 / 12 € www.tandem-arrasdouai.eu

# 116

Radio V.Park Charleroi, 23 & 24.10, Les Ecuries (parking de Q-Park), 20 h,12 €, www.charleroi-danse.be

François Chaignaud © Alexander Kargaltsev

théâtre & danse

Romances inciertos, un autre Orlando


françois chaignaud

les métamorphoses Longue chevelure blonde, ongles soigneusement vernis et voix suave... Rencontrer François Chaignaud, c’est avoir le sentiment de converser avec un de ses doubles scéniques. Passé maître dans l’art d’allier les styles et les époques, le chorégraphe français déploie ses multiples facettes.

L

a danse de François Chaignaud, souvent montée sur pointes ou talons aiguilles, est peuplée de figures ambiguës et travesties, qu’il incarne avec virtuosité. « Autant de corps qui se laissent visiter par des fantômes anciens et actuels », précise-t-il. Ses chorégraphies font le grand écart entre le voguing new-yorkais (Mimosa), le dancehall jamaïcain mixé à la danse classique (DFS), le twerk et les déhanchements de club. Dans un même élan, il se passionne pour la musique et le chant baroque qu'il pratique assidûment depuis plusieurs années. Unique en son genre Le travail du Français abolit les frontières entre les genres et les disciplines, révélant une palette de personnages flamboyants. Dans Radio V. Park, il col-

labore ainsi avec le plasticien Théo Mercier, et se glisse dans le fourreau blanc d’une créature mystérieuse. Juchée sur stilettos, celle-ci affronte un motard casqué dans un parking, lieu d’effroi et de fantasmes qui devient l'arène d'une séduction underground. Dans Romances inciertos, opéra-ballet composé avec le vidéaste et musicien Nino Laisné, il incarne la Doncella Guerrera, jeune femme partie à la guerre sous les traits d’un homme au Moyen Âge ou la Tarara, gitane andalouse. Le tout sous l’égide d’Orlando, un lord anglais fantasque inventé par Virginia Woolf. Au fil du célèbre roman, celui-ci traversait les siècles en changeant de sexe. Visionnaire, ce récit inspire toujours les mille métamorphoses de François Chaignaud. Marie Pons


tout conte fait

# 118

Pour sa nouvelle collaboration avec La Clef des Chants, Olivier Bénézech voit les choses en grand. Dans Into the Woods, pièce adaptée de la comédie musicale de Stephen Sondheim, le metteur en scène français conjugue lyrisme, humour et grand spectacle. Parolier, entre autres, de West Side Story, Stephen Sondheim a marqué l’histoire du théâtre musical. « Il y a chez lui du sens et une musique d’une subtilité inouïe, il s'agit de conversations chantées », selon Olivier Bénézech, qui connaît bien l'Américain. Après deux adaptations réussies (Follies et Sweeney Todd), il s’attaque à Into the Woods. Créé dans les années 1980, ce chef-d’œuvre mêle quatre contes de fée (Raiponce, Le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique, Cendrillon) et un cinquième, inventé par Sondheim, reliant tous les autres. L'histoire relate la vie d'un couple de boulangers espérant fonder une famille, mais victime d'un sort jeté par une sorcière. C'est autour de cette intrigue, et dans un décor de forêt, que princesses, enfants et autres créatures cohabitent… Loin de l'adaptation cinématographique sortie en 2014, l'œuvre multiplie les clins d'œil psychanalytiques (voire sexuels). « Le Petit Chaperon rouge est par exemple un symbole de virilité. On traite aussi de l'agression des hommes envers les femmes... c'est une pièce violemment contemporaine ! ». Mais Into the Woods est surtout une comédie déjantée. Grâce à un orchestre et neuf solistes sur Boulogne-sur-Mer, 06.10, Théâtre Monsigny 20 h, 20 > 10 €, www.ville-boulogne-sur-mer.fr scène, la pièce conjugue ironie Condette, 18 & 19.10, Château d'Hardelot et virtuosité. Alors, marrons-nous (Théâtre Elisabéthain), jeu : 14 h 30, ven : 20 h dans les bois ! Marion Humblot 12 > 5 €, www.chateau-hardelot.fr

© Frédéric Iovino

théâtre & danse

into the woods



# 120

Refaire l'histoire Spécialisée dans le théâtre d’objets inspiré du réel, la compagnie La Bande passante touche ici à l’intimité... d’une inconnue. Pour Benoît Faivre et Tommy Laszlo, l’aventure commence dans une brocante à Bruxelles, lorsqu’ils tombent sur l’album de famille, particulièrement bien conservé, d’une certaine Christa née à Berlin en 1933. Qui était cette petite fille photographiée à moins de trois ans avec un drapeau nazi ? Comment expliquer cet exode qui la conduit, bien des années plus tard, à se marier en Belgique ? « Chaque découverte entraînait de nouvelles questions », expliquent les deux protagonistes, qui reconstituent micro en main leur passionnante investigation. Grâce à une habile mise en scène faite de cartes géographiques, de photos étalées au sol façon jeu de piste, et de vidéos de leurs rencontres (avec un historien, un prof de lettres, une employée administrative bornée ou encore leurs grands-mères respectives, toutes deux immigrées), ils retracent Arras, 15 & 17.10, Théâtre d'Arras, lun : la trajectoire de leur héroïne. Une 20 h, mer : 15 h, 10 / 8 €, tandem-arrasdouai.eu quête touchante, le destin mouveBéthune, 21 > 23.11, Le Palace menté de l’Europe en toile de fond. mer & jeu : 20 h, ven : 14 h 30, 20 > 6 € Marine Durand

comediedebethune.org

© Thomas Faverjon

vies de papier



© Hubert Amiel

© Andréas Etter

Tetris mon amour

L’Attentat

Créé en 1984, Tetris n’a cessé de faire des émules dans le monde. Parmi eux, la Néerlandaise Roni Haver, qui en tire une chorégraphie où les maîtres-mots demeurent, évidemment, précision, rapidité et sang-froid. Présentée comme « une métaphore de la vie réelle », la pièce met en scène sept interprètes du Club Guy & Roni. Ces hommes et femmes s’imbriquent et multiplient des postures à la parfaite géométrie au sein d’un cube de métal, soutenus par une musique electro jouée en direct. Parviendront-ils au niveau supérieur ?

Amine est un chirurgien arabe installé en Israël. Tout va bien pour lui. Jusqu’au jour où un attentat frappe Tel Aviv. Parmi les victimes il reconnaît son épouse, puis apprend qu’elle est la kamikaze responsable de cette attaque. Il se rend alors en Palestine pour tenter de comprendre ce geste, et un conflit qu’il avait ignoré… Vincent Hennebicq adapte le roman de Yasmina Khadra en mêlant théâtre, musique et documentaire, pour tenter de comprendre, comme Amine, les ressorts d’une guerre sans fin.

Villeneuve d’Ascq, 03 > 05.10, La Rose des Vents, mer & ven : 20 h, jeu : 19 h 21 > 6 €, www.larose.fr

Bruxelles, 03 > 17.10, Théâtre National, 20 h 30 sf mer 10 & 17.10 : 19 h 30, 21 > 11 € www.theatrenational.be

© DR

Pierre de patience Quelque part en Afghanistan, de nos jours. Une femme veille sur son mari plongé dans le coma, suite à une balle reçue dans la nuque. Recluse dans cette maison, elle se confie alors à cet homme qu’elle n’a jamais aimé, fustige ce mariage forcé, avoue que ses deux filles ne sont pas de lui... Bref, elle se révolte. Adaptation par la compagnie L’Echappée du roman d’Atiq Rahimi (Goncourt 2008), cette pièce épurée est une ode à l’affirmation de soi et à la liberté. Une tragédie bouleversante. Tourcoing, 04 > 20.10, Salon de Théâtre, mar & ven : 20 h 30 mer & jeu : 19 h 30, sam : 17 h, 20 > 8 €, www.lavirgule.com



Les Misérables

© Yves Gabriel

Les Karyatides

La compagnie belge Les Karyatides s’est fait une spécialité de raconter les grands romans de la littérature avec… des figurines ! Après Madame Bovary et Carmen, Karine Birgé et Marie Delhaye s’attaquent aux 2 000 pages du roman de Victor Hugo, qu’elles condensent en moins d’une heure sur un petit plateau. Narratrices et personnages, elles donnent vie à ce petit monde – Jean Valjean, Cosette, etc. – et livrent une adaptation pour tous les âges, pleine de poésie. Armentières, 08.10, Le Vivat, 19 h, 8 €, www.levivat.net Vieux Condé, 11.10, Le Boulon, 10 h & 14 h 30, 5 €, www.leboulon.fr

Danser Casa

WaW (We are Woman)

Cofondateurs du collectif Accrorap en 1989, Kader Attou et Mourad Merzouki n’avaient plus travaillé ensemble depuis 20 ans. Dans cette chorégraphie, ils révèlent l’effervescence de la jeune scène marocaine tout en célébrant Casablanca. Sur le plateau, huit virtuoses issus de tout le Royaume mêlent popping, locking, parkour, arts martiaux, acrobaties circassiennes et danse contemporaine, voyageant entre les époques et les techniques du hiphop.

La pièce débute dans un vestiaire, à la sortie d’un match de foot, avec ce que cela suppose de virilité, entre célébration musclée et démonstration de force. Puis, au fur et à mesure, nos 11 gaillards se dépouillent (dans les deux sens du terme) de l’attirail de la masculinité pour se muer en une communauté de femmes. Plus précisément, en sorcières. Transformation des corps, postures, gestes, façons d’être-ensemble… Ces danseurs entament dès lors un étonnant rituel - et pas pour faire genre.

Douai, 11 & 12.10, Hippodrome, 20 h, 22 / 12 € www.tandem-arrasdouai.eu

La Louvière, 12.10, Le Théâtre, 20 h, 15 / 12 € www.cestcentral.be

Kader Attou / Mourad Merzouki

Thierry Smits / Cie Thor

Red, A Documentary Performance

# 124

Wen Hui / Living Dance Studio

C’est un documentaire en mouvement. Une danse de combat. En s’emparant du Détachement féminin rouge, ballet célébrant l’esthétique communiste officielle (poings fermés, sabres hauts…) Wen Hui livre une sublime critique de la révolution culturelle chinoise. Accompagnée sur scène par trois danseuses, devant une toile où sont projetées vidéos d’archives, la chorégraphe dissèque et parodie les gestes de la propagande chère à Mao Zedong, affrontant l’Histoire et l’oppression avec sa chair. Armentières, 16.10, Le Vivat, 20 h, 16 / 8 €, www.opera-lille.fr / www.levivat.net



Bigre

© Fabienne Rappeneau

Pierre Guillois

Derrière cette interjection se cache une mélo burlesque irrésistible. Molière de la meilleure comédie en 2017, cette farce muette met en scène les tribulations de trois voisins de palier. Nichés sous les toits de Paris, un geek un peu enveloppé, un baba cool (foutraque) et une blonde affriolante enchaînent les gags et les catastrophes. Quelque part entre les Deschiens et Buster Keaton, ces trois clowns tristes livrent une pièce où l’émotion n’est jamais loin du rire. Valenciennes, 16 > 19.10, Le Phénix, 20 h, 31 > 10 €, scenenationale. lephenix.fr // Louvain-la-Neuve, 28 > 31.12, Atelier Théâtre Jean Vilar, lun & ven : 20 h 30, sam : 19 h, dim : 16 h, 20 > 10 €, www.atjv.be

deux pour le prix d’un

Ibeu Lo

Freddy Tougaux / Sum Magnificent Four

Romuald Brizolier, Babacar Top, Jean-Michel Frère & Pape Meissa Gueye

Révélé en 2012 dans La France a un incroyable talent, chantre de la positive attitude à la sauce barrée (cf son tube, Ça va d’aller) Freddy Tougaux présente son nouveau spectacle, Deux pour le prix d’un. En réalité, ce serait plutôt trois, puisqu’il a aussi invité son comparse Sum (Il était temps, mélange de stand-up et de … cascades) et ses potos de Magnificent Four, soit quatre types bien habillés qui font du clapping une chorégraphie virtuose… en s’asseyant sur des chaises. Oui, ça va d’aller.

Ibeu Lo est un personnage emblématique du folklore sénégalais. Il est à l’origine du Simb Gaïndé (ou Jeu du Faux Lion), fête populaire célébrant la puissance et le courage. Notre héros va ici affronter le roi de la savane dans un duel aux allures de rituel. Qui va l’emporter ? Inspirée d’un spectacle de rue très populaire au pays de la Téranga, cette chorégraphie mêle danses et rythmes africains, hip-hop, slam, djembés et electro. Entre mythe et réalité, tradition et modernité.

La Louvière, 17.10, Le Théâtre, 20 h, 15 / 12 € www.cestcentral.be

Mons, 17 & 18.10, Maison Folie, 20 h, 15 > 9 € surmars.be // La Louvière, 23.10, Le Théâtre 20 h, 15 / 10 €, cestcentral.be // Lille, 26.10, maison Folie Wazemmes, 20 h, 12 / 8 €, maisonsfolie.lille.fr

Les rues n’appartiennent en principe à personne Cie L’Hôtel du Nord

# 126

Mais à qui appartient la rue ? En principe, à personne – c’est dans le titre. Durant un an, la compagnie L’Hôtel du Nord a interrogé des habitants des Hauts-deFrance sur leur rapport à l’espace public. En résulte un spectacle en forme de déambulation sonore. Sur scène, un comédien, un musicien et un vidéoprojecteur restituent les paroles de ces riverains en les associant à des extraits d’Espèces d’espaces, de George Perec. Et, oui, l’aventure est bien au coin de la rue… Béthune, 17 > 19.10, Le Palace, mer & jeu : 20 h, ven : 14 h 30 & 20 h, 20 > 6 €, www.comediedebethune.org Loos-en-Gohelle, 27 & 28.03.2018, Fabrique théâtrale de culture, 20 h, 10 > 3 €, www.culturecommune.fr



M Festival

M comme le quartier Moulins, mais aussi… marionnettes, pardi ! Ici, on tire les ficelles de tous les imaginaires – dès 6 mois. Tandis que la compagnie De Fil et d’Os sort un cirque entier de sa petite valise (avec ses clowns ou funambules), LuluKnet et ses muppets nous invitent à un karaoké pas comme les autres, où l’on chante en animant de grands personnages. On pourra aussi grimper dans une soucoupe volante ou participer à une fête foraine… Tout ça sous l’œil des Anges au plafond, parrains de cette édition. Lille, 17 > 28.10, maison Folie Moulins, 5 > 2 € (entresorts et ateliers : gratuit) maisonsfolie.lille.fr

Un Grand cri d’amour

Ramses II

Daniel Hanssens / Josiane Balasko

Stéphane Hillel / Sébastien Thiéry

Il y a 15 ans, Hugo et Gigi formaient un couple vedette. Puis le temps a passé. Lui a poursuivi sa carrière, elle a sombré dans l’oubli. Suite à un concours de circonstances, les voilà à nouveau réunis sur scène. Les retrouvailles s’annoncent explosives. Le public assiste aux répétitions (mouvementées) avant la grande première… pour le meilleur et le rire ! Ecrite en 1996, portée à l’écran deux ans plus tard, cette comédie de Josiane Balasko se joue avec maestria des affres de l’amour et du théâtre.

Jean (François Berléand) et Elisabeth (Evelyne Buyle) attendent pour le déjeuner leur fille Bénédicte et son mari Matthieu (éric Elmosnino), de retour d’un voyage en Egypte. Mais ce dernier arrive seul. Pourquoi ? Les parents commencent à s’inquiéter, d’autant que leur gendre se montre très confus, mystérieux (voire pervers) dans ses explications… Haletante, dérangeante, cette pièce s’avère aussi drôle que son sujet est glaçant, quelque part entre le vaudeville et… le thriller.

Bruxelles, 17.10 > 18.11, Théâtre Royal des Galeries mar > sam : 20 h 15, dim : 15 h, 26 > 10 €, www.trg.be

Roubaix, 18 & 23.10, Colisée, 20 h 30, 46 > 15 € www.coliseeroubaix.com

Boi + Marathon + L’Herbe tendre Galapiat Cirque

# 128

Le Galapiat Cirque aime repousser les lois de la gravité, mais avec une certaine légèreté. Qu’ils effectuent mille acrobaties insensées (et en musique) au-dessus d’un billot de bois (Boi), marchent sur un fil en gobant des flans (Marathon) ou jonglent en duo avec à peu près tout ce qui leur passe par la main (L’Herbe tendre), ces virtuoses nous en mettent plein la vue. Avec une bonne dose d’autodérision, de tendresse et de poésie. Mons, 23, 24 & 26.10, Théâtre le Manège Boi + Marathon, mar & mer : 19 h 30 / L’Herbe tendre, ven : 20 h, 15 > 9 €, www.surmars.be

La Valse des Homelettes © Jean-Pierre Estournet

Marionnettes



© DR

le mot de la fin

# 130

Gluten Free Museum – à quoi ressemblerait un monde sans gluten ? Telle est la question posée par Arthur Coulet. Sur son compte tumblr, ce Français allège des œuvres d’art célèbres de toutes traces de blé. Adieu pain, pâtisseries et même spaghettis ! Le petit parisien de Willy Ronis semble ainsi bien démuni, et la sieste des faucheurs de Van Gogh moins confortable. Pire : la belle et le clochard pourraient même ne jamais s’embrasser ! glutenimage.tumblr.com




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.