LM magazine - Janvier 2019

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n°147 / janvier 2019 / GRATUIt

Art & CulturE

Hauts-de-France / Belgique





sommaire

Chei Wei, In the Waves #1, 2013.

LM Magazine #147 Janvier 2019

News – 08

Gloss Wu-Tang Clan, Enlysée…

reportage – 12 Nostradamus Futur antérieur

Portfolio – 20

Simon Kerola Songes et merveilles

Rencontre Alexandre Bloch - 44 à la pointe de l'épopée

disques – 48

Toro Y Moi, Art Brut, Balthazar, Studio One Lovers Rock, Bertrand Belin

livres – 50

Hyam Zaytoun, Alain Pacadis, Jacques Rivette, Maylis de Kerangal…

écrans – 52

Edmond, L'Homme fidèle, L'Heure de la sortie, Un Beau voyou, L'Incroyable histoire du facteur Cheval, Doubles vies

Exposition – 64

Alexis Michalik - 52 Côté coulisse

Night Fever, Revolutions - Records & Rebels, Au Temps du Jurassique, Vice Versa, Urbanus, Agenda...

Thomas VDB - 94 De bon poil

Théâtre & danse – 82

Musique – 28

The Como Mamas, Algiers, Arthur H, Feu! Chatterton, Jim Murple Memorial, Anna Calvi, Vaudou Game, Lomepal vs Gringe, Massive Attack, The Residents… Agenda…

Vivat la danse !, Ménopausées, Patrick Timsit, Scala, Histoires en série, Monsieur Choufleuri, Haroun, Guillermo Guiz, La Bajon, Max Bird, Agenda…

Le mot de la fin – 106

Tatsuya Tanaka - Miniature Calendar


Magazine LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09

www.lm-magazine.com

Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com Marion Humblot info@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com

Direction artistique Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Graphisme Christophe Gentillon concepteur-graphic.fr

Réseaux sociaux Sophie Desplat

Couverture Simon Kerola Kärleksfönster, 2018 www.simonkerola.com

Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Madeleine Bourgois, Mélissa Chevreuil, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Sarah Elghazi, Hugo Guyon, Simon Kerola, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement


DÉCIBELS PRODUCTIONS & REPRENONS DEPUIS LE DÉBUT PRÉSENTENT

MAX BIRD L’ENCYCLO - SPECTACLE Jim Carrey « Le digne héritier de our ! » donne des ailes à l’hum

DÉCIBELS PRODUCTIONS 491 422 978 RCS PARIS L2-1072531 L3-1072532 / PHOTO : PASCAL ITO / CONCEPTION : MERMON

LE FIGARO

LILLE THÉÂTRE SÉBASTOPOL JEUDI 31 JANVIER 2019 + D’INFOS SUR DECIBELSPROD.COM FNAC.COM & POINTS DE VENTE HABITUELS


© Icy and Sot

news

Porte ouverte Surnommés les "Banksy iraniens", Icy et Sot dénoncent les maux de ce bas monde à travers des fresques murales ou des installations engagées. Réfugiés à Brooklyn depuis 2012, ces frangins défendent leurs opinions politiques avec grâce et efficacité. Entourée de grillages et de barbelés, cette porte ouverte sur la mer se passe en effet de discours, n'est-ce pas ? icyandsot.com

(réponse : Marie Curie ! )

#8

Marre de jouer à Qui est-ce ? avec des moustachus et des barbus roux ou chauves ? La Polonaise Zuzia Kozerska-Girard en a créé une version peuplée de femmes remarquables, telles Joséphine Baker ou Frida Kahlo. Who’s she ? se présente sous la forme de deux plateaux en bois supportant 28 portraits peints à l'aquarelle. A-t-elle gagné deux prix Nobel ? Est-elle blonde ? Pas de doute, c'est… playeress.com

© Zuzia Kozerska-Girard

Enjeux de société


Laisse pas traîner ton stick Le Wu-Tang Clan ? Du gangsta rap débité à la mitraillette, des guns, du kung-fu et… du gloss ? Eh oui, nos lascars de Staten Island viennent de sortir leur rouge à lèvres. Conçu avec la marque Milk Makeup, chaque petit bâton est orné d'un dragon doré et du blason du groupe. à quand le mascara Public Enemy ? Le fard à paupières 50 Cent ? www.milkmakeup.com

© Disney

© Milk Makeup

Au premier abord, cette lampe ne semble pas extraordinaire. Pourtant, elle l'est ! Son abat-jour est en effet constitué de champignons comestibles. Pour obtenir cette enveloppe organique, le Danois Jonas Edvard cultive ces pleurotes sur une structure composée de mycélium et de fibres végétales. Trois semaines plus tard, vous pouvez passer à table, bien éclairés. jonasedvard.dk

© Jonas Edvard

Lampe hallucinogène

s w ne On touche le faon

Accusé d'avoir massacré plus d'une centaine de cervidés pour s’en faire des trophées de chasse, un braconnier a été condamné par un tribunal du Missouri à un an de prison... et à visionner le film Bambi une fois par mois. Espérons que Panpan le lapin ne lui rappelle pas de mauvais réflexes...


© Enlysée

# 10

news


Enlysée

Le parti d'en rire Lancée par des Lillois et des Calaisiens, cette boutique en ligne parodie les produits dérivés du palais présidentiel, en détournant les petites phrases pas toujours heureuses de son pensionnaire. Apolitique, Enlysée taille un joli costard à Emmanuel Macron, tout en défendant une bonne cause.

L'

histoire débute lors des journées du patrimoine. L'Elysée lance sa boutique en ligne officielle. Au programme : tricots "perlimpinpin" et autres goodies s'amusant du langage suranné du président français. « On s'est alors dit qu'il avait lâché des trucs vachement plus intéressants », confie Théo, l'initiateur d’Enlysée. Cette petite entreprise parodie ainsi la charte graphique dudit site, et surtout les dérapages verbaux d'Emmanuel Macron « notre ghost writer en quelque sorte ». Sur "la boutique officielle du ruissellement", on peut ainsi acheter un tee-shirt "Gaulois réfractaire", un pull "Dernier de cordée" ou un mug "Traverser la rue". Start-up fashion Concrètement, l'affaire fonctionne avec un atelier parisien : la pièce est fabriquée dès qu'un achat est validé. « On a créé une dizaine d'emplois », assure Théo. Aujourd'hui, Enlysée compte près de 6 000 commandes ! Les bénéfices sont reversés à la Fondation Abbé Pierre ou des associations d'aide aux réfugiés (Salam et L'Auberge des migrants, à Calais). « Notre président avait déclaré en 2017 qu'il ne voulait plus voir personne dormir dans la rue… On a décidé de l'aider ! ». Espérons simplement que notre auteur en herbe ne flanche pas. « Oh pas d'inquiétude, la pléiade Emmanuel Macron est très riche. D'ailleurs, on n'a encore rien fait sur "Notre projet"… », note-t-il. Justement, Théo pense déjà à l'avenir, imaginant décliner le concept. Quand ? Le temps de se mettre… en marche ! Julien Damien à lire / La version intégrale de cet article sur lm-magazine.com à visiter / enlyseeboutique.fr


reportage

un peu plus près des étoiles

# 12

Texte & photo © Elisabeth Blanchet

L’an 2019 vient de démarrer. Que va-t-il encore nous tomber sur la tête ? En matière de prédictions, un nom s’impose depuis déjà plus de cinq siècles : celui de l’astrologue, scientifique, médecin (ou charlatan) Nostradamus. Pour tenter de comprendre la fascination qu’il suscite toujours, voyage au cœur de ses prophéties et de sa maison-musée, dans le sud de la France.



reportage

Nostradamus et Lucette Monje. Poupée de cire, poupée de son.

# 14

C’

est dans la charmante bourgade médiévale de Salon-deProvence, également connue pour ses savons, ses oliviers et sa base de pilotes de chasse, que Nostradamus s’installe en 1547. Il y épouse une jeune veuve et prend ses quartiers dans une maison du centre, transformée aujourd’hui en un musée dédié à son œuvre. Passionnée par son métier de conservatrice, Lucette Monje raconte l’histoire de cet homme qu’elle admire : sa naissance en 1503 (vers midi) à Saint-Rémy-de-Provence, ses études à Avignon puis Montpellier où il devient apothicaire, astrologue. Elle évoque aussi sa rencontre avec Rabelais, son escale à Agen, son pre-

mier mariage, une épouse et deux enfants qu’il perd à cause de la peste. Puis Salon et cette autre vie qui commence…

« Un visionnaire soutenu par une force surnaturelle » Intarissable, Lucette s’attarde devant les dix scènes peuplées de personnages de cire. On surprend ici Nostradamus enfant dans un verger, là s'échinant dans son cabinet sur ses fameux écrits… suite


L'astrolabe (ou "preneur d'ĂŠtoiles"), outil fĂŠtiche de Michel de Nostredame.

Illustration de la peste, qui emporta femme et enfants de Nostradamus.


reportage

Catherine de Médicis, toujours en pleine forme malgré les siècles.

La cour des grands C'est grâce à ces travaux que Michel de Nostredame, de son vrai nom, est mondialement connu. « Il compose d'abord des almanachs, explique notre spécialiste. Puis en 1555, il publie le livre des Centuries, composé de cent quatrains prophétiques, qu’il complète par un second ».

# 16

« De son vivant déjà, il ne faisait pas l’unanimité » Le succès ne se fait pas attendre. La même année, Catherine de Médicis l'invite à lire l’avenir de la royale progéniture… « En 1564, elle se déplace

cette fois à Salon. Nostradamus devient son conseiller et annonce le règne d'Henri IV ». Selon certaines rumeurs, la Régente et l'astrologue auraient même été amants… Mais tel n’est pas l’avis de Lucette. Ni de Patrick Bouvier qui décrypte avec passion ces oracles. Dans les poèmes de Michel « C’était un homme loyal, un visionnaire soutenu par une force surnaturelle », déclame ce sexagénaire au sens de l’humour aigu. Le Varois est persuadé de comprendre ses œuvres, pourtant libellées dans « un mélange de français du xvie siècle, d'occitan et de latin ».


Une vie gravée dans la pierre.

Ancien marin, Patrick lui a voué une grande partie de sa vie. « Ça m’est tombé dessus en 1979. Je voulais rédiger des fadaises pour gagner des sous et on m’a offert un livre sur Nostradamus. Il m'a envoûté ». Cet autodidacte conçoit alors une méthode de décodage unique. « Il faut lire lettre par lettre et non mot à mot ». Patrick n’est pas le seul à être fasciné par le grand homme. à Fort Worth au Texas, Victor Baines étudie depuis 1982 les prophéties du Salonais. « Lors des attentats du 11 septembre, nous avons observé des millions de visites sur notre site. J’avais en effet annoncé un acte terroriste impliquant des Musulmans à

New York, quelques années auparavant, assure l'Américain. D’ailleurs, beaucoup de ses prédictions se sont révélées exactes ». Pêle-mêle, il cite l’arrivée de Napoléon au pouvoir, les premiers pas sur la Lune, la Guerre du Golfe… Lucette reste sceptique. « De son vivant déjà, il ne faisait pas l’unanimité, on l’appelait "Monstradamus". De plus, ses écrits donnent lieu à des milliers d’interprétations ». Attention, danger ! Elle se souvient ainsi de cette journée bien particulière du 11 août 1999. La municipalité avait prévu des débordements. Le couturier Paco suite Rabanne, s’inspirant du


reportage

quatrain 72 de la centurie X*, avait "vu" la chute de la station spatiale Mir, la destruction de Paris et de cités du sud de la France ! Alors, pas question de jouer à Madame Soleil. Une précision qu’elle apporte sans cesse car les questions des visiteurs ne manquent pas. Dernière en date : « Les gilets jaunes vont-ils poursuivre leurs actions en 2019 ? ». Quoi qu'il en soit, les rues de Salon-de-Provence restent marquées par l’empreinte de Michel : statues, fresques murales, brasseries et sucreries portent son nom, et la Collégiale Saint-Laurent abrite ses ossements. Se tient aussi chaque printemps le festival Nostradamus. Patrick Bouvier y exposera pour la première fois comment, ayant distingué son nom dans ces quatrains, il est devenu le « scribe de Nostradamus ». * « L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois, Du ciel viendra un grand Roy d’effrayeur : Resusciter le grand Roy d’Angolmois, Avant après Mars regner par bon heur. »

La Maison de Nostradamus Salon-de-Provence, rue Nostradamus, lun, mer, jeu ven, sam & dim : 13 h 30 > 18 h, 5,10 / 3,30 € www.salondeprovence.fr Le festival Nostradamus Salon-de-Provence, 18 & 19.05 www.festivalnostradamus.com En savoir plus Pour devenir un as du décryptage, rendez-vous sur le site de Patrick Bouvier : www.nostradamusbp.fr Pour bénéficier des prédictions de Victor Baines : www.nostradamususa.com à lire / La version intégrale de cet article sur lm-magazine.com

P. Bouvier

Astres et désastres Selon Victor Baines, « le réchauffement climatique va provoquer d'énormes inondations qui entraîneront des sécheresses et famines à répétition avant la fin de notre siècle. Il y aura aussi plus de guerres en Europe dans les décennies à venir. Dans un futur plus proche, Donald Trump pourrait démissionner ou être limogé. Des tremblements de terre devraient aussi avoir lieu en Asie, en Europe et en Amérique en 2019 ». Patrick Bouvier voit quant à lui un accident de sousmarins nucléaires en Europe du Nord en 2028. Lucette Monje s’en tient aux paroles de Nostradamus, qui n’aurait pas prévu la fin du monde avant… 3797. Ouf !


Catherine de MĂŠdicis et Nostradamus font le mur, Ă Salon-de-Provence.


portfolio


Simon Kerola états d’âme

O

nirique. Ici, le terme n’a rien de galvaudé. Même si notre artiste préfère parler de « romance et de mélancolie ». Des sentiments se reflétant dans le regard (pour le moins) absorbé de ses modèles. Allongée sous un écran de télévision antédiluvienne, cette jeune fille par exemple, semble comme absente d’elle-même, telle une statue de cire figée. Les visages sont parfois masqués, par un éclat de lumière, de verre ou par une fleur. « Ils portent des histoires, des secrets. Mais à la fin, c’est à vous d’imaginer les vôtres », glisse le Suédois. Saisies en lumière naturelle, ces scènes convoquent une esthétique surannée (dans les couleurs, les vêtements), nous renvoyant quelque part entre les années 1950 et 1970. Simon Kerola n’a pourtant rien connu de cette époque, étant né en… 1997. Alors, pourquoi ce choix ? « Honnêtement, je n’en sais rien. Cela traduit sans doute une nostalgie, cette idée que les choses étaient "meilleures" auparavant. Lorsque nous étions plus proches de la nature ». Cet autodidacte a justement grandi dans la banlieue de Stockholm, « entouré de verdure » et, pour ne rien gâcher, au contact de la photographie. « Mon grand-père et mon père possédaient tous les deux une belle collection d’appareils ». Il est ainsi âgé de 15 ans lorsqu’il prend ses premiers clichés. Pour autant, Simon ne vise pas la composition parfaite. Il recherche plutôt des lieux suscitant des émotions, un instant spécial, un mirage dans lequel nous perdre davantage. Julien Damien

à visiter / www.simonkerola.com

# 21

à lire / L’interview de Simon Kerola sur lm-magazine.com








# 28 musique


The Como Mamas

© Aaron A. Greenhood

Il était une foi Où il convient une fois de plus d'évoquer Daptone Records. Label auquel on doit la découverte, depuis 2002, de Sharon Jones, Antibalas, Charles Bradley ou encore The Budos Band, et dont le groupe-maison, The Dap-Kings, fut recruté par une jeune anglaise nommée… Amy Winehouse. C'était en 2006, au service de son chef-d'œuvre absolu (et hélas, ultime), Back To Black. Un succès qui a transcendé toutes les chapelles. De transcendance, il est justement question lorsqu'on écoute (religieusement) The Como Mamas. On y parle des tables de la loi, des évangiles… du gospel, en somme. Cette musique chaude et inspirée, qui ne sera jamais jouée à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, est mise en lumière (divine) par ces trois femmes issues d'une chorale de Como, dans le Mississippi. Loin de leur village, leurs chansons conservent toute leur puissance. Elles enverraient le dernier des athées à l'église la plus proche. Thibaut Allemand Anvers, 15.01, De Roma, 20 h, 16 / 14 €, www.deroma.be


musique

Algiers

Combat rock En deux albums, Algiers s'est affirmé comme un digne représentant d'une société sans discrimination. Un mythe pour l'heure, tant les barrières sociales résistent. Mais, à l'instar des Specials ou, plus près de nous, Bloc Party, cette formation venue d'Atlanta mêle influences noires et blanches avec (précisons-le) une prédilection pour les sons abrasifs. Nos gonzes concassent funk agressif, punk-rock frénétique, gospel hanté, afro-beat épileptique, blues habité et hip-hop fracassé… Le tout avec une classe et une grâce qui forcent le respect. Récemment enrichi d'un quatrième membre en la personne de Matt Tong (ex-batteur de Bloc Party, tiens !), le groupe s'en donne à cœur joie sur scène, mêlant dans un même mouvement fougue musicale et réflexion politique – ce qui dans la situation actuelle, des deux côtés de l'Atlantique, s'avère salutaire. Bref, nous sommes convaincus par le discours d'Algiers – mais vous l'aviez compris. Thibaut Allemand

© Joe Dilworth

# 30

Louvain, 13.01, Het Depot, 20 h, 15 > 10 €, www.hetdepot.be



© Léonore Mercier

musique

Arthur H Du punk au disco, en passant par la pop, le jazz ou le blues-rock, le fils de Jacques Higelin pousse sa voix rocailleuse sur à peu près tous les chemins, sans jamais s’égarer. Amour chien fou, son dixième album, est rempli de fantômes, de sortilèges, d’amours meurtrières et de mysticisme (La Dame du lac). Dix-huit ballades orageuses ou mélancoliques comme autant de nouvelles, que le crooner au chapeau livre au piano, accompagné d’un batteur et d’un guitariste. Nous voilà prévenus : les prestations de ce clochard céleste tiennent plus du cabaret fantastique que du concert classique. J.D. La Louvière, 18.01, Le Théâtre, 20 h, 32 / 29 €, www.cestcentral.be Calais, 25.01, Centre culturel Gérard Philipe, 20 h 30, 20 > 11 €, www.spectacle-gtgp.calais.fr Mons-en Baroeul, 22.03, Salle Allende !, 20 h 30, 35 > 23 €, www.coliseeroubaix.com

© Sacha Teboul

# 32

Feu ! Chatterton Feu ! Chatterton ? Voyons voir… Du spoken word lettré, empruntant à Bashung ou Aragon ? Déjà dit (et redit). Du rock racé et des arrangements sophistiqués, entre spleen et volupté ? Deux albums de haute tenue ? Des concerts abrasifs ? Ça aussi, on le sait… Quoi d’autre, alors ? Ah, si, nos dandys viennent de sortir une nouvelle chanson (et un clip rigolo) en hommage au chat Souris que la plasticienne Sophie Calle a perdu. Eh bien voilà ! J.D. Oignies, 11.01, Le Métaphone, 20 h 30, 22 > 16 €, 9-9bis.com Bruxelles, 19.01, Ancienne Belgique, 20 h, 32 / 31 €, abconcerts.be Charleroi, 09.03, Eden, 20 h, 32 / 25 €, eden-charleroi.be



Anna Calvi

Depuis 1996, ces Montreuillois signent des chansons n'ayant rien à envier à leurs grandes sœurs jamaïcaines. Ici, ska ou rocksteady sont joués dans le respect de la tradition sans plagiat à l'horizon. Si l'on est moins friand des tentatives en français, la troupe fait des merveilles dans la langue d'Alton Ellis. Pour l'anecdote, la chanteuse Célia a pris le relai de sa mère après une vingtaine d'années de bons et loyaux services. Une affaire de famille, donc. T.A.

Comparée à PJ Harvey par des commentateurs paresseux, cette Britannique a troqué le costume de "rockeuse-sauvage-à-voix-grave" pour celui de "dure à queer". Dans son troisième album, Anna Calvi s'attaque en effet aux stéréotypes de genre (comme à peu près tout le monde) via quelques chansons bien tournées (l'entêtant Don't Beat the Girl Out of my Boy). Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est dans la peau de bête de scène qu'elle reste la plus convaincante. J.D.

Hénin-Beaumont, 18.01 L'Escapade, 20 h, 12 / 9 €, www.escapadetheatre.fr

Anvers, 20.01 Trix, 19 h 30, 26 > 24 €, www.trixonline.be

© Russ Flatt

# 34

Neil & Liam Finn Figure de proue des sous-estimés Crowded House, Neil Finn s'associe à son fils, Liam, pour un album en commun. Le fiston n'est pas un perdreau de l'année : leader de Betchadupa, il a signé trois LP en solo depuis 2014. Dans cette réunion de famille jouent aussi la maman, le p'tit frère, et les voisins (Connan Mockasin, Mick Fleetwood…). Ici en comité restreint, père et fils entonnent leurs réussites et piochent, forcément, dans le répertoire de chacun… T.A. Louvain, 26.01, Het Depot, 33 > 27 €, www.hetdepot.be

© Maisie Cousins

© DR

Jim Murple Memorial



musique

# 36

Š Julien Lebrun


Vaudou Game

Sorciers bien-aimés Mené par Peter Solo, vétéran de la scène africaine, Vaudou Game confronte de multiples influences (togolaises, béninoises, françaises) et moult courants (le vaudou, l'afro-funk, le rock au sens large…). Cet art du métissage force l'admiration - les hanches, elles, ne se font pas prier pour remuer !

S

i l'on vous dit vaudou, vous pensez rites sacrés, têtes de mort et corps en transe… Pas loin. Le projet de cette équipe est tout de même moins ésotérique et plus réjouissant. Nourri aux vieux 33 tours de musiques africaines de son paternel, commissaire de police à Lomé (Togo), le jeune Viwanu Déboutoh (pour l'état civil) a connu un succès fulgurant dans son pays natal. Après avoir lui-même fabriqué son instrument, il devint un as de la six-cordes. Très tôt repéré, il accompagna ainsi les plus grands, de Papa Wemba à Miriam Makeba, de Julie Akofa Akoussah à l'Orchestre Sassamasso – impossible de tous les citer. Corps et âme Aujourd'hui quadra, et lyonnais depuis une dizaine d'années, le Togolais charismatique a créé Vaudou Game avec des musiciens locaux. L'occasion de se replonger dans la culture de sa mère, empreinte de vaudou, donc, et de confronter cet apport au funk de James Brown et Roger Damawuzan - son plus bel héritier. En résultent trois albums signés chez Hot Casa Records (un label à suivre). Trois œuvres explosives, gorgées de tubes implacables (Not Guilty) et de paroles a priori naïves (Pas contente, Tata fatiguée, La Vie c'est bon). Avec, évidemment, toujours le même problème Dunkerque, 23.01, Les 4 Ecluses (ou qualité, c'est selon) : ces enregistrements ne 20 h, 12 / 9 € (+ goûter-concert : 16 h 4 / 2 €), www.4ecluses.com rendent pas justice à la fièvre dégagée par la troupe sur scène. Raison de plus pour le constaOignies, 03.02, Le Métaphone 18 h, 18 > 12 e, www.9-9bis.com ter en direct. Thibaut Allemand


S gringe

Ego tripes

Le premier est entré dans le game par effraction, et assoit désormais son statut. Le second s'est révélé sur le tard, sortant son premier album solo (Enfant Lune) à 38 ans ! Mais Lomepal et Gringe ont tous les deux su concilier, avec la même réussite, rap et fragilité. Oui, les temps changent… Zone sensible Qui dit rap dit ? Biscotos en acier, dents et chaînes en or (qui brillent), guns, "boules" (féminins, hein) et biftons à gogo ? Ben non. Ici, nos gars se révèlent des plus sensibles, exposant leurs doutes et fêlures intimes, voire leur féminité - pour preuve la pochette de Flip de Lomepal, où il apparaît maquillé comme une voiture volée. Le sobriquet Le pseudo dans le rap, c'est comme une bonne fessée dans un clip de Booba : il faut que ça claque. Antoine Valentinelli a choisi le sien en référence à son teint pâle. Guillaume Tranchant, aka Gringe, renvoie à "Gringo", son premier nom de scène… Mouais. Côté passion Quand il lâche le mic', Lomepal se jette sur sa planche à roulettes. Gringe, lui, avoue préférer le 7e art à la scène. Fan de cinéma coréen, on l'a vu dans Comment c'est loin avec Orelsan, Les Chatouilles d'Andréa Bescond et Éric Métayer ou Carbone d'Olivier Marchal. Salut les copains Nos deux gonzes sont plutôt bien entourés. Lomepal peut toujours compter sur Roméo Elvis, Caballero et JeanJass voire Philippe Katerine, qui signe un chouette featuring sur son dernier album - Jeannine. Dans le crew de Gringe, on trouve Vald, Némir, DJ Pone et son poto Orelsan, bien sûr ! Julien Damien

# 38

Gringe Lille, 31.01, L'Aéronef, 20 h, 24 > 18 €, aeronef.fr // Liège, 01.02, Reflektor, 20 h, complet !, www.reflektor.be Lomepal Lille, 02.02, Zénith, 20 h, complet !, www.zenithdelille.com // Bruxelles, 12.02, Forest National, 20 h 40 > 33 €, www.forest-national.be

© Mika Cotellon

© Julie Oona

Lomepal V



En 1998, la France soulevait la Coupe du Monde, Titanic remplissait les salles obscures et Monica Lewinsky défrayait la chronique. Quoi d'autres ? Massive Attack publiait Mezzanine, son troisième album devenu culte, ici ressuscité le temps d'une tournée. Vingt ans plus tard, les Bristoliens ont perdu des copains mais se défendent toujours bien sur scène, promettant un sacré trip optique. Bruxelles, 31.01, Palais 12, 20 h, 110 > 51 €, www.palais12.com

# 40

Nom de nom ! Formé à Bristol à la fin des années 1980 par Robert Del Naja (3D), Grant Marshall (Daddy G) et Andrew Vowles (Mushroom, perdu en route), le groupe tient son nom d'un tag du street-artiste Brim Fuentes, posé suite à une descente de police lors d'une rave party.

© Virgin Records

musique

massive attack Retour de flamme


Fous de baby Daddy G et 3D nourrissent une grande passion : le baby-foot. Ils en transportent une version pliable en tournée, dans une grande valise, histoire de s'envoyer des roulettes (et quelques bières) dans les loges.

Au pied du mur… En 2016, un journaliste britannique affirmait que Banksy et 3D seraient la même personne. Selon Craig Williams, les dates de tournée du groupe et les apparitions d'œuvres du street-artiste coïncident étrangement. Robert Del Naja (par ailleurs, ex-graffeur…) a souvent démenti. Tout en laissant planer le doute…

à la pointe En 1998, avec Mezzanine, ils furent parmi les premiers à proposer un album complet en téléchargement légal sur leur site. Vingt ans plus tard, nos Anglais innovent toujours, en sauvegardant ce même disque sous forme… de brins d'ADN. Ainsi séquencée puis conservée dans des perles de verre nanométriques, cette musique pourra être conservée des milliers d'années. Mais sera-t-elle encore à la mode ?

Mezzanine

On se souvient des basses sombres et des guitares aiguisées d'Angel, du downtempo et de la voix de cristal de Liz Fraser sur Teardrop ou des échos reggae de Risingson… Parfait mélange de trip-hop ténébreux, de dub angoissant, de soul et d'electropop hypnotique, ce troisième album demeure la pierre angulaire de la carrière des Bristoliens.


L’obscur carnaval

# 42

Sur la lancée d’une tournée en forme de rétrospective biaisée, mais aussi d’une poignée d’albums réussis, The Residents est de retour. Un événement, tant les prestations de ces quatre énergumènes tiennent davantage du théâtre barré que du concert "classique". Mais qui sont-ils à la fin ? C'est vers la fin des sixties, à San Francisco, que ce collectif commence à désosser la pop, l’explosant en éclats de rire démesurés et terreur grimaçante. Au programme : collages obsédants, carnaval inquiétant, reprises cinglées d’Elvis, des Stones ou de James Brown. Et un anonymat conservé durant des décennies derrière costumes (les iconiques globes oculaires en haut-de-forme) ou concepts à tiroirs. Ces 15 premières années de délires indispensables, d'incursions sur des territoires aussi divers que le jazz, l’electronica, les jingles ou l’opéra-bouffe furent suivis de prolongations moins essentielles… Jusqu'à aujourd'hui où le groupe renoue avec le meilleur. En 2017 sort ainsi The Ghost of Hope, sur le thème des grands accidents ferroviaires entre les xixe et xxe siècles. La tournée qui suit confirme ce réveil, avec ses mélopées de guitares sur des projections vidéo oniriques. Tandis qu'un drame terrible se jouait en coulisse (le cancer dont souffrait Hardy Fox, probable Resident canonique, qui l'a emporté en octobre) sortait le fabuleux Intruders avec son blues hanté et sa théâtralité hypnotique. Les retrouver sur scène, qui (ou quoi) qu'ils soient aujourd'hui, est Bruxelles, 01.02, Botanique 20 h, 29 > 23 €, www.botanique.be bien plus qu'une aimable plaisanterie. Rémi Boiteux

© The Residents

The Residents



musique

Interview

Alexandre

Bloch

L'émotion connectée

# 44

Propos recueillis par Julien Damien - Photo Ugo Ponte / onl

Nommé directeur musical de l'Orchestre National de Lille en 2016 (à 30 ans), fraîchement reconduit dans sa mission, Alexandre Bloch s'attaque à un monument du répertoire en jouant… l'intégrale des symphonies de Mahler ! Surtout, n'oubliez pas d'allumer votre téléphone.


En quoi consiste ce cycle ? Il s'inscrit dans le cadre d'Eldorado de lille 3000, et s'étend de janvier 2019 à janvier 2020. Nous interprétons l'intégralité des neuf symphonies de Mahler, à peu près une par mois, dans l'ordre chronologique, retraçant ainsi l'histoire de ce compositeur à travers sa famille, ses amours… Cela permet d'observer l'évolution de son style, de plus en plus moderne au fil du temps. Comment définiriez-vous cette musique ? Il est question d'émotion, avec un grand "E". Elle fait largement écho à sa vie. Mahler passe de la noirceur à la lumière de façon très furtive. Il bascule du tragique à l'ironie, à la joie, composant presqu'une chanson d'amour… Et sur scène ? C'est assez puissant car ces émotions sont décuplées par la masse orchestrale. On compte au moins 100 musiciens dont des bois, des cors, beaucoup de cordes, dix trompettes, des chœurs parfois imposants. Ce sont des aventures "gargantuesques". Quelles sont les caractéristiques de cette Première symphonie ? Elle comporte une dimension très théâtrale avec deux timbales, beaucoup de cors, de trombones. On y entend aussi une valse paysanne de Bavière dans le deuxième mouve-

ment, traduisant l'héritage des Strauss qu'il admirait. Le début du troisième mouvement est empreint de musique populaire juive, klezmer, avant de reprendre le thème de Frère Jacques… Mahler joue aussi sur l'ambiguïté entre les modes majeur et mineur, celui de la sérénité et du tourment. On ne sait jamais sur quel pied danser ! Le quatrième mouvement est quant à lui très opératique : on traverse plein d'états, de l'héroïsme à l'intimisme… Vous allez décliner ce rendez-vous sous forme de Smartphony®. Quel est le principe ? Le public interagit avec les musiciens via une application développée dans le Pas-de-Calais avec la société Waigéo. Elle permet de prendre la main sur le déroulé du concert, le tempo de l'œuvre, sa nuance ou même de devenir le chef d'orchestre ! Titan (cycle Mahler - Première symphonie) Programme : Mozart : Les Noces de Figaro, ouverture, Concerto pour cor et orchestre n°4, Rondo pour cor et orchestre Mahler : Symphonie n°1, Titan Direction : Alexandre Bloch, Cor : Alec Frank-Gemmill Dunkerque, 29.01, Le Bateau Feu, 20 h, 15 € www.lebateaufeu.com Valenciennes, 31.01, Le Phénix, 20 h, 31 > 10 € scenenationale.lephenix.fr Lille, 01.02, Nouveau Siècle, 20 h, 55 > 5 € www.onlille.com Smartphony® Lille, 02.02, Nouveau Siècle, 18 h 30, 55 > 5 € à lire / L'interview intégrale sur lm-magazine.com


© Yann Buisson

Theo Lawrence and the Hearts

et aussi…

Oignies, 26.01, Le Métaphone, 20 h 30, 19 > 13 € www.9-9bis.com (+ Radio Elvis)

Ven 11.01 Architects Anvers, Lotto Arena, 18h30, 41,94e

Jeu 03.01

Légendes écossaises (OnL) Charleroi, PBA, 20h, 16>11e

La la land (ciné-concert) Lille, Le Zénith, 20h, 69>39e

Sam 12.01

Ven 04.01 Laurent Garnier Lille, Magazine Club, 23h59, 25>18e€

Mar 08.01 Journal d'un disparu (Opéra, Leoš Janáček / Ivo Van Hove) Douai, L'Hippodrome, 20h, 22>12e Éric Navet Trio Valenciennes, Le Phénix, 20h, 17>10e

Mer 09.01 Journal d'un disparu (Opéra, Leoš Janáček / Ivo Van Hove) Douai, L'Hippodrome, 20h, 22>12e

Jeu 10.01 WISHBONE ASH Verviers, Spirit Of 66, 20h, 25e # 46

Emmenée par le Franco-Canadien Theo Lawrence, cette formation propose un road trip dans le sud des états-Unis : blues moite, soul cuivrée et rock rétro. Bien plus qu’un cover band, le quintette du Val-de-Marne a sorti ce printemps l’excellent Homemade Lemonade. Hantée par Bo Diddley ou Muddy Waters, cette musique assume cet héritage sans passéisme, entre respect de la tradition et modernité, à la façon de Nick Waterhouse. J.D.

Légendes écossaises (OnL) Lille, Nouveau Siècle, 20h, 55>5e

LA MUERTE + DOOL + HANGMAN'S CHAIR: LOVE-SEXFEAR-DEATH Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 27/26e David Hallyday Lille, Théâtre du Casino Barrière, 20h30, 39e

lecture musicale par Arnaud Cathrine et Florent Marchet Dunkerque, Le Bateau-Feu, 20h, 6e Steve’n’Seagulls + Kepa Lille, L'Aéronef, 20h, 26>19e Les Hurlements d'Léo + Zaïba Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 12>7e Melanie De Biasio Arras, Théâtre d'Arras, 20h30, 22>12e The Driver aka Manu Le Malin Lille, Magazine Club, 23h59, 15>10€

Sam 19.01

Mer 16.01

Ghostemane Anvers, Trix, 19h30, 25>22e

Cavetown Bruxelles, Botanique, 19h30, 15>9e

Adam Naas Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 15/12e

Jeu 17.01

Stephan Eicher & Traktorkestar Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 55>45e

A Bowie Celebration Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 69,70>49,90e Rodolphe Burger Hornu, Mac's, 20h, 10e

Rhys Chatham… Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 8/5e

Sharko La Louvière, Kéramis / Centre de la céramique, 20h, 15/12e

Vladimir Cauchemar Lille, Magazine Club, 23h59, 15>10€

Ven 18.01 Aldebert - Enfantillages 3 Lille, Le Zénith, 19h30, 35>19e

Dim 20.01 K’s Choice Anvers, De Roma, 20h, 26/24e


Mar 22.01

Ricardo Villalobos b2b Edward Gand, Kompass Klub, 23h, 25>5e

Snow Patrol Bruxelles, Forest National, 20h, 54,76>43,57e

DIM 27.01

Jeu 24.01 Barbara Carlotti Bruxelles, Botanique, 19h30, 17>11e Didier Super Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 25e The Dandy Warhols Anvers, De Roma, 20h, 26/24e

Ven 25.01

We Loft Music : Elias Dris Roubaix, au loft de Laurent Prévost, 16h, 6€ We Loft Music : Sarah McCoy Roubaix, Hôtel de Ville, 18h, 12€

Mar 29.01 Amparanoia Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 20/19e

Mer 30.01

Christophe Hem, Zéphyr, 21h, 45/36e

A Bowie Celebration Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 150>42e

Roof 168 #3 Lille, L'Aéronef, 21h, 11,70>7e

Sam 26.01 We Loft Music : Foé Roubaix, L'Espace Libre, 17h, 9e Dominique A + Laetitia Velma Bruxelles, Botanique, 19h30, 33>27e We Loft Music : Jay Jay Johanson + Elias Dris Roubaix, La Piscine, 19h, 24/21€ Pauline Croze Lens, Le Colisée, 20h, 25>12,50e

Thylacine Lille, L'Aéronef, 20h, 26>19e The Limiñanas + Milk TV Bruxelles, Atelier 210, 20h30, 14/11e Laurent Garnier Gand, Kompass, 23h, 25>5e € Charlotte de Witte Bruxelles, Fuse, 23h, 15e Jeff Mils Lille, Magazine Club, 23h59, 20>15€

Sam 02.02 Low Courtrai, De Kreun, 19h30, 29,50>23,50e Thylacine Bruxelles, Botanique, 19h30, 23>17e

Jî Drû + Festen Lille, L'Aéronef, 20h, 15>5e

Chevalrex Tournai, Maison de la Culture de Tournai, 20h, 16>10e

Jeu 31.01

Dim 03.02

Grand Corps Malade Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 44>22e

Albin de la Simone + Bastien Lallemant + Chevalrex Tournai, Maison de la Culture de Tournai, 16h, 14>9e

Ven 01.02 Jil Caplan Lens, Le Colisée, 20h, 15>7,50e

Cloud Nothings Bruxelles, Botanique, 19h30, 18>12e

Montevideo Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e

Shabazz Palaces Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 17>5e

© Benoït Jeannet

Kadebostany Longtemps nimbée de mystère, cette formation à géométrie variable fut d’abord concentrée autour du DJ Guillaume Bozonnet, président de l’imaginaire république du Kadebostan. Elle cumule près de 500 millions de vues sur YouTube, notamment grâce à sa version down-tempo de Crazy in Love de Beyoncé. Portés par la voix de leur chanteuse russe, ces Helvètes marient rythmes orientaux, fanfare et electropop, soutenus sur scène par des effets de lumière et une intensité évoquant Woodkid. J.D. Lille, 01.02, Le Splendid, 20 h, 25 €, www.tumetonnesproductions.com


disques Toro y Moi

Outer Peace (Carpark Records) Que devient Chaz Bear, alias Toro Y Moi ? Cette incarnation du cool et figure de proue de la très éphémère mouvance "chillwave", a fait du chemin. La trentaine passée, il inscrit ce sixième album dans la lignée du précédent, Boo Boo. De fait, avec Outer Peace, le Californien pousse à fond les potards du groove, flirtant avec la house, sur-abusant de l’auto-tune sur plusieurs morceaux dont le jubilatoire Freelance. Une énergie assortie à des paroles désabusées, presque mélancoliques. Le morceau Ordinary Pleasure résume ce paradoxe avec sa basse funky répondant à des réflexions métaphysiques. On apprécie aussi les références disséminées çà et là, à Ariel Pink mais aussi LCD Soundsystem dans Laws of the Universe : « James Murphy is spinning at my house », pastichant le tube de ce dernier. Bref, Chaz fait définitivement partie de la famille indie et le prouve avec les collaborations choisies ici : le groupe de synthpop Wet, la perle du R'n'B Abra, l’électro downtempo de Instupendo. Seul regret, ces featurings ne sont pas toujours sensationnels et manquent un tantinet de punch. On pardonnera cette fausse note, tant l'ensemble est réussi. Hugo Guyon

Art Brut

Wham ! Bang ! Pow ! Let's Rock Out !

# 48

(Alcopop ! Records) C'est peu dire qu'on les attendait… tout en craignant le pire. Treize ans après des débuts flamboyants, Art Brut a-t-il encore quelque chose à dire ? La réponse est oui, mille fois oui. Dans un line-up un chouïa remanié, l'immense Eddie Argos conte à nouveau sa vie de Berlinois, entre fêtes où l'on s'incruste, péritonite à l'hôpital et rupture amoureuse, le tout sur fond de punk-rock mâtiné de cuivres. Nos Britanniques, héritiers de Half Man Half Biscuit (la franchise désarmante en plus), ne jouent jamais sur la nostalgie mais écrivent des chansons pour le temps présent. C'est tout simplement parfait, et enfonce tous les Arcade Fire de la Terre. Une certaine idée de l'indépendance véritable. Message personnel : on rêve toujours d'un concert au LaM… Thibaut Allemand


Balthazar

Compilation

Fever

Studio One Lovers Rock

(PIAS) Autorisons-nous ce cliché : en trois albums, Balthazar a imposé un son unique. Cette franchise affiche d'ailleurs des spin off avec les projets solos de ses deux principaux protagonistes (Warhaus de Maarten Devoldere et J.Bernardt alias Jinte Deprez). Leur griffe ? Une pop de fin de bastringue, un R’n’B élevé au grain où pointe une certaine mélancolie soutenue par des cordes et voix s'entrelaçant à merveille. Fever marque un tournant dans le règne des Belges (sans leur violoniste, ils composent en duo) mais pas dans leur démarche. Ils concilient toujours pop entraînante et poésie lasse, avec de belles trouvailles mélodiques. Les fans de la première heure préféreront sans doute la trilogie originale (Applause, Rats, Thin Walls), mais la recette demeure excellente. Mathieu Dauchy

(Soul Jazz Records) Où l'on évoque une musique jamaïcaine née… au cœur des sound systems londoniens. Au début des seventies, l'émergence du rastafarisme et du roots reggae a attristé plus d'un rude boy ou d'un skinhead. Ces joyeux drilles se retrouvèrent donc dans le lovers rock, un style qui n'en est pas vraiment un. Plutôt, disons, une étiquette sous laquelle regrouper ces chansons pas du tout politisées, dénuées de toute référence à Jah, mais empreintes de vocalises issues des grandes heures du rocksteady et de la soul américaine. Cette compilation estampillée Soul Jazz (qui d'autre ?) donne à entendre des pépites signées Alton Ellis, Marcia Griffiths (du tandem Bob & Marcia), Horace Andy, The Heptones… Faramineux, comme d'habitude. T.A.

Bertrand Belin

Persona (Cinq7 / Wagram) Persona débute avec des claviers et une voix profonde méditant sur la naissance d’un Bec. Naturaliste, philosophe et nonchalant, le crooner Bertrand Belin inaugure ainsi son sixième album avec une profession de foi qui contraste avec la suite. Il s'agit certainement de son disque le plus réussi depuis Hypernuit. Laissé en 2015 au bord d’un Cap Waller caressé de vents légers, le Bill Callahan français revient plus tumultueux, en commentateur de la cité, comme sur le diptyque Glissé redressé / Choses nouvelles. C’est Sous les lilas et Sur le cul que le Breton se révèle plus intime, avec deux sommets de délicatesse folk. L’album s’achève sur une charmante chronique sociale en talk over, l’auteur observant la vie de ses contemporains : « voilà ce qu’on peut dire de vivre ». Mathieu Dauchy


livres Hyam Zaytoun Vigile (Le Tripode) Dans Vigile, premier roman de la comédienne Hyam Zaytoun, les émotions débarquent sans prévenir, rapides et intenses. Ce court texte qui reste longtemps en mémoire, écrit sur le fil du rasoir, raconte les quelques jours où tout a basculé dans la vie de l’écrivaine. Le récit débute par cette nuit durant laquelle son compagnon fut victime d’un arrêt cardiaque, avant d’être plongé dans un coma artificiel. à son chevet, la narratrice se tient et nous tient en équilibre au bord de l’abîme, se laissant aller à la culpabilité, à la peur et au chagrin, mais aussi à la douceur des souvenirs. Sans cesse en mouvement, d’allers-retours de la maison à l’hôpital, du présent au passé, Vigile recompose les étapes d’une histoire d’amour : la rencontre, les projets, les enfants… dessinant en filigrane un autoportrait troublant de son auteure. Surtout, ce livre accueille et accompagne, avec une poésie fluide, la vie au présent, qui continue sans vergogne, jusque dans l’antichambre de la mort. C’est enfin une ode à l’art et aux mots, flammes tremblantes qui ne changent peut-être rien, mais aident toujours à supporter le pire. 128 p.,13 €. Sarah Elghazi

Alain Pacadis

# 50

Un Jeune homme chic (Héros-Limite) Alain Pacadis (1949-1986) fut un chroniqueur mais aussi une icône des nuits parisiennes. Durant les années 1970 et 80, ce dandy trash rendit compte dans Libération ou Façade du nightclubbing dans divers lieux de perdition - tel Le Palace. Les éditions suisses Héros-Limite exhument son unique livre, paru il y a 40 ans, soit le journal qu’il rédigea entre les automnes 1976 et 77, quand la vague punk déferla en France. Paca y évoque, entre autres, son amour pour les Stinky Toys emmenés par Elli et Jacno, Asphalt Jungle ou ses rencontres avec Iggy Pop. L’intérêt de l’ouvrage tient moins à la forme (un peu rébarbative) qu’au fond, offrant la reconstitution brute de cette ère artistique exubérante. à l’époque "underground", son récit a désormais valeur de document historique. 272 p., 20 €. Julien Damien


Maylis de Kerangal

Jacques Rivette

Kiruna

Textes critiques

(La Contre Allée)

(Post-éditions) Longtemps, l’héritage critique de Jacques Rivette a semblé se limiter à un mot : "abjection". Mot-couperet, utilisé souvent à tort et à travers, mais toujours avec la certitude d’être du bon côté de la morale. La publication intégrale des textes du cinéaste, parus dans La Gazette du cinéma, agrémentés de précieux inédits et de son fameux entretien de 1999 avec Hélène Frappat (Le secret et la loi), servira d’abord à cela : déplier une pensée rigoureuse mais pas rigide, soucieuse avant tout de dialectique. C’est en même temps à une traversée de la modernité cinématographique que nous invite ce recueil, avec des pages exemplaires sur Rossellini, Renoir ou Hitchcock. Heureuse époque où la critique, indissociable de la création, se concevait geste de pensée. 480 p., 24 €. Raphaël Nieuwjaer

Maylis de Kerangal a arpenté la mine. Pas celle du Nord façon Germinal, mais plutôt du Grand Nord, à Kiruna. Ce territoire suédois est situé dans le cercle polaire. On y extrait depuis la fin du xixe siècle du minerai de haute qualité : « 25,5 millions de tonnes en 2013 - l’équivalent d’une tour Eiffel par jour aime-t-on dire ici ». Dans la forme, ce texte est à l’opposé de l’œuvre fleuve de Zola. La romancière, ici reporter en région glaciale, a opté pour un récit bref. Elle révèle le pouvoir immense de la mine sur les esprits, l’économie, la ville, dont les fondations s’écroulent et qu’il faut donc reconstruire plus loin. Fascinée, elle n’en reste pas moins précise, même lorsqu’il s’agit de plonger dans le passé, les profondeurs de la terre. 160 p., 12 €. Madeleine Bourgois

Denis Bruna et Chloé Demey (dir.) Histoire des modes et du vêtement : Du Moyen Âge au xxie siècle (Éditions Textuel) Quelle entreprise ! Réunir en un (magnifique) volume d’un demi-millier de pages l’histoire de la mode du xive siècle à nos jours. Évidemment, on pourra toujours trouver à redire sur le xxe siècle – on l’a connu et on en conserve forcément une mémoire subjective. Mais le reste ! Plus que la mode, c’est le vêtement qui est scruté et analysé sous toutes les coutures (historiques, sociologiques et culturelles). On pense souvent à la démarche de Michel Pastoureau, à la fois universitaire et vulgarisatrice, dans cette quête d’entomologiste qui ne délaisse pas les classes populaires – outre la cour, on se penche aussi sur la tenue du paysan, par exemple. Sans doute le travail le plus complet (veston) à ce jour sur le sujet. 504 p., 55 €. Thibaut Allemand


ĂŠcrans

Interview

Alexis Michalik

Naissance d'un mythe Š Julien Damien

# 52

Propos recueillis par Julien Damien


Nous sommes en 1897. Tandis que Feydeau triomphe, Edmond Rostand piétine. Toutes ses pièces sont des bides… jusqu’à celle-ci. Portée par Constant Coquelin (le Depardieu de l’époque, ici joué par Olivier Gourmet), Cyrano de Bergerac deviendra le plus grand succès du théâtre français. Dans Edmond, Alexis Michalik raconte le "making-of" de ce chef-d'œuvre, en mêlant le vrai au faux et l’humour à l’émotion. Après avoir raflé cinq Molières en 2017, le comédien, auteur et metteur en scène parisien adapte ce spectacle sur grand écran. Tirons-lui les vers du (gros) nez. Comment Edmond est-il né ? Au départ c'était un film, qui est devenu une pièce… avant de redevenir un film ! J'ai cette idée en tête depuis 15 ans, c'est le projet de ma vie. Le théâtre est ma passion et Cyrano l’une de mes œuvres préférées, tout comme Shakespeare in Love (ndlr : de John Madden, retraçant la vie du dramaturge au moment de l'écriture de Roméo et Juliette). Je l’ai vu ado et me suis toujours demandé pourquoi on ne faisait pas la même chose en France, en l'occurrence avec Edmond Rostand. J’ai développé un scénario, mais personne n'en a voulu. J'ai donc créé un spectacle et le succès fut tel que les financements sont arrivés. Finalement, je l’ai réalisé moi-même. Pourquoi vous concentrez-vous sur la genèse de Cyrano ? Je trouvais la mise en abyme plus intéressante : je me passionne pour Edmond Rostand, lui-même passionné par Cyrano. Il s’agit d'introduire le public dans les coulisses de la création. J'essaie de transmettre

tout mon amour du théâtre. J'ai eu la chance de grandir à Paris et mes parents m’ont emmené assez jeune voir des pièces extraordinaires (de Peter Brook, Ariane Mnouchkine…).

« C'est le projet de ma vie » Pour moi, cet art est tout sauf poussiéreux, sclérosé, il est au contraire vivant et riche. Au final, c’est une comédie reposant sur une réalité historique, mais prenant pas mal de libertés avec la vérité... Y a-t-il beaucoup d'inventions ? Oui, par exemple Rostand n'a pas écrit Cyrano en un mois, plutôt en six, mais je voulais injecter une certaine urgence, donnant au film cet élan propre à la création théâtrale. Ce qui m'intéresse, c'est le mois précédant ce phénoménal triomphe auquel personne ne croit. Et la jeunesse de l'auteur : il a 29 ans au moment où il écrit suite ce monument !


# 54

S'agissait-il aussi de tourner le film à la manière d'un vaudeville ? Oui, car le rythme est une obsession chez moi, il est aussi primordial dans mes pièces. L'ennui est mon pire ennemi. D'ailleurs dans le film on croise Georges Feydeau, que j'interprète notamment dans une scène

assez comique à l'hôtel, où il y a des portes qui claquent… Ce passage est un hommage au vaudeville. Feydeau est ici présenté comme "l'ennemi" de Rostand… Oui, mais dans la réalité il était beaucoup plus sympa ! Il s'agissait de donner à Edmond un Némésis, d'incarner son contraire, soit un type passant son temps à boire du champagne, montant des comédies légères et qui, par-dessus le marché, se moque de lui ! Ça le pousse à se surpasser. Comment avez-vous choisi les comédiens ? J'ai cherché de nouveaux visages, pour souligner la fraîcheur de cette histoire. Le casting mêle ainsi acteurs

© Gaumont / Nicolas Velter

Quel fut votre parti pris sur le plan de la réalisation ? Plus de 90 % du film est réalisé en steadicam. On tournait les scènes dans la durée pour jouer comme au théâtre, avec un cameraman toujours en mouvement autour des comédiens. Au final, cela donne à Edmond un certain dynamisme, évitant ce côté "théâtre-filmé" un peu ringard et statique, à éviter à tout prix.


Y a-t-il un peu de vous dans Edmond ? Je n’écris jamais d'autofiction, mais me suis rendu compte après coup qu'on avait des points communs. Par exemple, dans le film, Rostand ne boit jamais d'alcool, plutôt de la verveine, lui donnant ce côté "vieux jeu"… comme moi ! Le scepticisme

général auquel il est confronté m'est également familier, tout comme l'urgence dans laquelle il doit écrire.

« On introduit le public dans les coulisses de la création » Je l'ai vécue pendant la création du Porteur d’histoire. Suite à la défection d'un auteur pour le festival Faits divers, mon ami Benjamin Bellecour m'avait demandé de composer une pièce en un mois ! Edmond D’Alexis Michalik, avec Thomas Solivérès, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Tom Leeb… Sortie le 09.01 à lire / L'interview intégrale sur lm-magazine.com

© Gaumont / Nicolas Velter

confirmés et débutants. Pour interpréter Coquelin, le choix d'Oliver Gourmet fut évident, c'est un comédien fabuleux. Mathilde Seigner, dont le franc-parler n'est plus à démontrer, incarne Maria Legault, une actrice insupportable, avec beaucoup d'autodérision ! On peut citer aussi Dominique Pinon ou Olivier Lejeune... En fait, j'ai réuni des gens animés par un esprit de troupe.


© Shanna Besson - Why Not Productions

# 56 écrans


L’Homme fidèle

L'humour courtois Thriller ou comédie romantique ? Pour son deuxième essai derrière la caméra, Louis Garrel a refusé de trancher. En résulte un quiproquo sentimental des plus… décalés. Car ici, les bons sentiments sont allègrement dévoyés par des gags ubuesques, servis par deux femmes fortes. Merci pour ce moment, comme dirait l’autre.

à

la mort de son époux, Marianne voit réapparaître Abel, son premier amant, perdu de vue depuis une décennie. Ce dernier semble bien décidé à la reconquérir, malgré les réticences de son fils, Joseph, et de la sœur du défunt, jolie jeune fille qu’il ne laisse guère insensible… Difficile de classer cette deuxième réalisation de (et avec) Louis Garrel - déjà auteur du très juste Les Deux amis. Et c’est ce qui fait tout son charme. Certes, le film a des airs de thriller hitchcockien, grâce à une Laetitia Casta très convaincante en veuve accusée (à tort ?) par son propre rejeton d’avoir assassiné son mari. Une succession de plans fixes et serrés appuie d’ailleurs l’inquiétante étrangeté du récit. La mauvaise réputation L’œuvre détonne surtout par sa légèreté et un ton burlesque. L’Homme fidèle ne se prend pas au sérieux, se jouant avec délectation des clichés des comédies romantiques. Loin de jouer les briseuses de ménage, Lily-Rose Depp campe une harceleuse si pathétique qu’elle en devient (volontairement) risible – on lui doit d’ailleurs les meilleures répliques. Louis Garrel incarne quant à lui un loser. Incapable de prendre la moindre décision, il est tiraillé par les femmes de sa vie. Voilà un joli pied de nez à cette réputation de beau-brun-ténébreux qui lui colle à la peau… Pas si fidèle à son image, en somme. Mélissa Chevreuil De Louis Garrel, avec lui-même, Laetitia Casta, Lily-Rose Depp… En salle


Classe tous risques

# 58

Les preuves du désastre environnemental s'accumulent. D'évènement en évènement se forme, à l'échelle du globe, un nouvel imaginaire apocalyptique. Dans ces conditions, que peut le cinéma ? Pourquoi pas abandonner les vieilles ficelles du film-catastrophe pour ancrer ce péril dans notre quotidien ? L'Heure de la sortie se donne d'abord comme un film de genre. Remplaçant un professeur qui s'est défenestré durant les cours, Pierre Hoffman (Laurent Lafitte) est vite déstabilisé par les élèves à qui il est censé enseigner le français. Brillants, ceux-ci ne manquent pas de remettre en cause sa légitimité. Après tout, pourquoi est-il encore vacataire à 40 ans ? à partir d'une confrontation de classes assez piquante (la grande bourgeoisie contre l'enseignant précarisé) Sébastien Marnier sème le trouble, et bientôt l'angoisse. Nappés de la musique de Zombie Zombie, même les plans les plus anodins annoncent une menace. Pratiquant d'étranges rituels, les collégiens se révèlent hantés par l'idée de la fin du monde. En cela, L'Heure de la sortie n'est pas sans évoquer Take Shelter (Jeff Nichols, 2012). Mais là où l'Américain jouait de l'éventuelle folie de son personnage, le Français fait de la catastrophe moins un horizon qu'un point de départ. Elle rôde sur nos écrans, derrière le paysage. Si proche, et pourtant si facile à occulter… Le travail du film est de rendre ce danger sensible. Pour rompre la spirale du pire, Marnier suggère qu'il De Sébastien Marnier faut commencer par imaginer l'inimaginable : avec Laurent Lafitte, Pascal Greggory Emmanuelle Bercot… Sortie le 09.01 un monde sans humanité. Raphaël Nieuwjaer

© Laurent Champoussin

écrans

L'Heure de la sortie


Ils sont jeunes et beaux. Leurs regards se croisent dans un crépitement de pétards. Bientôt, ils s'embrassent. Un cliché ? Certes, mais dans ce coup de foudre filmé au ralenti se loge aussi un trouble : à quoi tient une attirance, et a fortiori un amour ? Questions rendues vertigineuses par la disparition soudaine du garçon, puis la rencontre d'Asako avec un "sosie". Récit au long cours ponctué de profondes ellipses, Asako I & II laisse place, après le ravissement, au temps de la perte et de l'incertitude. Avec délicatesse, le film se déploie dans le douloureux interstice séparant le souvenir (de l'un) de la présence (de l'autre). S'il s'agit d'échapper à une hantise, l'amour s'y découvre aussi comme une ouverture absolue. Raphaël Nieuwjaer

© Art House

De Ryusuke Hamaguchi, avec Erika Karata Masahiro Higashide, Koji Seto… Sortie le 02.01

© Claire Nicol

Asako I & II

Un Beau voyou Le commissaire Beffrois est à deux doigts de la retraite quand il est confronté à un vol de tableau. Il se lance alors à la recherche d’un jeune voleur atypique, du genre acrobate… à partir de ce postulat, Lucas Bernard livre un premier film attachant. Si vous craquez pour les atmosphères singulières et dialogues finement ciselés, ce film est pour vous. Charles Berling, en flic solitaire revenu de tout, est épatant et Swann Arlaud (César du meilleur acteur pour Petit Paysan) confirme tout le bien que l’on pense de lui. Un Beau voyou n’est pas exempt de défauts inhérents à certaines premières réalisations (la mise en scène est parfois hésitante). Il est toutefois rythmé par une petite musique jazz offrant à cette comédie un aspect suranné très agréable. Grégory Marouzé De Lucas Bernard, avec Charles Berling Swann Arlaud, Jennifer Decker… Sortie le 02.01


Remise en selle

© Fechner Film

écrans

L’Incroyable histoire du facteur Cheval

# 60

Plus connu en tant qu’acteur que réalisateur, Nils Tavernier (le fils de) s’attaque dans son troisième long-métrage à un monument de l'Art brut - ou naïf, c'est selon. Soit l'histoire extraordinaire d'un homme ordinaire. Mais au fait, qui était Ferdinand Cheval ? Né en 1836, ce fils de paysans fut boulanger et ouvrier agricole avant de devenir cet employé des Postes farfelu, grand marcheur et rêveur, collectionneur de cailloux bizarroïdes après avoir trébuché dessus un beau jour d’avril 1879. Dès lors, l’homme entreprend de bâtir seul, pendant 33 ans, un édifice fantasque. Exploit ou folie ? Totalisant 12 mètres de haut et 26 autres de long, son "Palais Idéal" est toujours visité, à Hauterives, dans la Drôme. Reconnu officiellement en 1969, le site est protégé et fréquemment restauré, afin de conserver l’œuvre de celui qui n’aura été « ni maçon, ni sculpteur, ni architecte ». Les écrits de Ferdinand Cheval attestent de ses obsessions d’ailleurs (Inde, Chine, Moyen-Orient), entre syncrétisme rêvé et quête spirituelle… Alors, qu'en est-il de ce biopic ? On reprochera surtout à cette libre adaptation sa tendance à surinterpréter le moteur de ce chantier d’une vie : la paternité (quand le bonhomme était peut-être, tout simplement, atteint d’un trouble autistique). D’autre part, Laetitia Casta fait pâle figure à côté d’un Jacques Gamblin habité. On appréciera la photo léchée, mais pas la bande-son paresseuse. Au final, voici un divertissement familial De Nils Tavernier et inoffensif. Pas de quoi s’enfuir au galop… avec Jacques Gamblin, Laetitia Casta Selina Aït Karroum

Bernard Le Coq… Sortie le 16.01



© Ad Vitam Distribution

Gene Tierney © Editions Montparnasse

écrans

Doubles vies

# 62

Alain, éditeur chevronné, et Séléna, actrice de série télé, forment un couple soudé. Chacun entretient une liaison, l’un avec sa nouvelle recrue, jeune louve défendant l’ère numérique, l’autre avec un écrivain dont Alain refuse de publier l'autofiction... Olivier Assayas avait affirmé un cinéma peu orthodoxe, héritier de la Nouvelle Vague. Hélas, rien de tout cela ici. On assiste avec ennui à un marivaudage galvaudé. Le casting se veut un brin cynique (Binoche, Canet, Macaigne, Hamzawi...), mais l'autodérision ne perce pas. Entre chassés-croisés amoureux et interrogations quant aux enjeux du digital, ce monologue intérieur entre tradition et modernité rend le film (trop) bavard. Doubles vies est enfin doublement dépourvu : de rythme, mais aussi de bande-son, bizarrement. Selina Aït Karroum D’Olivier Assayas, avec Juliette Binoche, Vincent Macaigne, Guillaume Canet… Sortie le 16.01

Il était une fois… Hollywood On saluera, une fois encore, les choix des Editions Montparnasse. Ici, un coffret impressionnant se penche sur l'âge d'or d'Hollywood, c'est-à-dire des années 1930 aux seventies. Où l'on retrouve ce fameux "code Hays" (pas de sexe, de violence, d'alcool…), censure puritaine que contourneront joliment Wilder, Lubitsch ou Capra. On s'intéresse à la place des femmes ou de l'espionnage (eh oui !). On redécouvre l'icône Gene Tierney ou le monstre sacré Orson Welles. On se souvient que Ronald Reagan, plutôt cohérent, fut un acteur minable avant de devenir un mauvais président. On sort repu de ces dix documentaires et presque dix heures d'images. Et l'on se prend à rêver d'une telle somme consacrée au cinéma anglais, trop souvent sous-estimé… Thibaut Allemand Coffret 5 DVD, 40 € www.editionsmontparnasse.fr



exposition

# 64 Despacio sound system, New Century Hall, Manchester International Festival, July 2013. Š Rod Lewis


Night Fever

Voyage

auboutde

lanuit à Bruxelles, l'ADAM retrace l’épopée du clubbing sous le prisme du design et de l'architecture, des années 1960 à nos jours, du rock à la techno en passant par le disco. Ces films, photos, mixtapes (dont les originales de Jean-Claude Maury, DJ culte du Mirano), maquettes, mobiliers et même une installation immersive dessinent une passionnante histoire de la musique.


exposition Guests on the golden sofa DS-600 by de Sede, Studio54, New York. © Bill Bernstein

# 66

S'

il se joue souvent entre quatre murs, le nightclubbing est avant tout affaire d'évasion. Pour créer un monde propice à toutes les échappées, le design joue un rôle prépondérant. C'est tout le propos de cette exposition, aussi originale que vaste, car la discothèque est un concentré de pop culture. « Elle réunit toutes les disciplines : la décoration, l’architecture, la musique, la mode, le graphisme… c'est une œuvre d'art totale ! », observe Katarina Serulus, commissaire de Night Fever. Le parcours débute dans les années 1960 : « c’est à cette période que les boîtes se transforment en laboratoires ».

Investis par les designers italiens, alors en vogue, ces espaces utopiques deviennent multifonctionnels, tel le Piper à Turin (1966) conçu par le collectif radical Gruppo Strum.

« le club est une œuvre d'art totale » Un endroit où l'on pouvait aussi assister à des expositions, des performances… Au même moment, à New-York, Jim Henson (le père des Muppets) rêve d'un dancing multimédia « en forme de dôme, dont les murs seraient couverts de miroirs.


DJ Larry Levan at the Paradise Garage, New York, 1979. © Bill Bernstein

Il voulait y projeter ses films au rythme d’une musique psyché, formant une image kaléidoscopique immergeant le visiteur ». Monte le son ! Îlot de liberté artistique, le club est aussi un lieu d’émancipation, en particulier pour les minorités : ethniques, sexuelles… à l'image du Paradise Garage, temple du funk et du disco (et berceau de la house garage, donc). Installé en 1977 au premier étage d'un parking couvert, il fut durant dix ans LE spot des communautés gays, noirs ou latinos, sous le haut-patronage de Larry Levan et un

sound system de 10 000 watts. « C'est avec lui que naquit le culte du DJ », précise notre guide. Ce qui n'aurait pas déplu aux platinistes officiant à The Haçienda, à Manchester, relégués dans la cave avant d'être placés sur un piédestal. La friche c'est chic Temples de la jet-set (le Studio 54 et son fameux cordon de velours) ou de la mode (à Bruxelles, Le Mirano accueillit les premiers défilés de Walter Van Beirendonck), les dancefloors ont investi tous les types d'habitats. à Berlin, Le Trésor a suite éclos dans la salle des coffres


exposition

# 68

Tecnobrega #093 Tupinambà, 2016. From the series Tecnobrega – The Religion of Soundmachines. Metropoles Club, Belém do Parà, Brazil. © Vincent Rosenblatt

Akoaki, The Mothership, Detroit, 2015. © Anya Sirota and Jean-Louis Farges


ADAM Brussels Design Museum © Vincent Everarts

« les dancefloors investissent les lieux abandonnés » d'un ancien magasin, le Café d’Anvers réunit quant à lui ses fidèles dans une église du xvie siècle… « Il s'agit souvent d'endroits abandonnés, en tout cas liés à l'histoire de la ville, ajoute Katarina. En Allemagne, l'effondrement du mur a provoqué la réaffectation de nombreuses friches ». Qu'en est-il de l'avenir du clubbing ? Citons les boîtes éphémères, modulables ou même "mobiles", telle The Mothership, imaginé par les designers

d'Akoaki. Inspirée de la soucoupe volante utilisée sur scène par George Clinton avec Parliament-Funkadelic, cette cabine de DJ se déplace dans le quartier en ruine d'Oakland North End, à Détroit, histoire de semer de bonnes vibes. Toute sortie n'est donc pas définitive… Julien Damien Night Fever. Designing Club Culture. 1960 - Today Bruxelles, jusqu'au 05.05 ADAM - Brussels Design Museum, tous les jours : 10 h > 18 h, 8 > 5 €, gratuit (- 6 ans) www.adamuseum.be

à lire / La version intégrale de cet article sur lm-magazine.com

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Calvin Klein Party at Studio 54, 1978. © Hasse Persson

Haçienda, 1982.

Studio 54

The Haçienda

Inaugurée en 1977 à Broadway dans une ancienne salle d'opéra, cette boîte fut le lieu de tous les excès, et surtout une vitrine à une époque où le culte de la célébrité prenait un tour nouveau. à l'ADAM, les photos de Bill Bernstein et Hasse Persson témoignent des fêtes dantesques, voire orgiaques (en tout cas cocaïnées...) qui se déroulaient dans ce haut-lieu du disco. Parmi les habitués citons Grace Jones, Andy Warhol ou toute la bande du Saturday Night Live. Miné par les dealers, le Studio périclita en 1986.

Fondée en 1982 par le label Factory Records et New Order, le club mythique de Manchester fut l'un des premiers à diffuser en Europe la techno de Detroit ou l'acid-house de Chicago. Cet épicentre de la culture rave investit un ancien entrepôt de bateaux. Il fut dessiné par Ben Kelly dans un style industriel (ces bandes de signalisation noires et jaunes) et ne rencontra pas un succès immédiat (les Mancuniens hésitèrent avant de retourner à "l'usine" le week-end...). Il ferma en 1997, suite à une overdose d'ecstasy.

Berghain

Philip Topolovac © Julien Damien

C'est le plus célèbre club techno du monde. L'un des plus impénétrables, aussi. Branché depuis 2004 dans une centrale électrique désaffectée, gardé par Sven Marquardt, le physio au visage tatoué, l'endroit est soumis à une stricte interdiction de filmer ou de photographier - ce dont s'amuse l'artiste Philip Topolovac avec sa maquette en liège nommée I’ve never been to Berghain. Chauffé par les meilleurs DJ, le club accueille aussi des expos, des performances ou deux backrooms. Tout ce qui se passe au Berghain…



Š Julien Damien

exposition

Š Julien Damien

# 72

Le costume que portait John Lennon sur la pochette de Sgt. Peppers's Lonely Hearts Club Band.

Pochettes-surprises !


revolutions – records & rebels. 1966-1970

Ex-fan des sixties Tandis que la France tangue au rythme des gilets jaunes, l'ING Art Center de Bruxelles nous replonge au cœur de la révolution qui secoua le monde durant la seconde moitié des sixties. Rassemblés par le Victoria and Albert Museum de Londres, 350 objets originaux retracent ces bouleversements culturels, sociaux, technologiques et artistiques. e chambardement démarre par une grosse crise d'adolescence. Au pays de l'Oncle Sam, les babyboomers s'ennuient ferme. En Europe, ils sont lassés de leurs parents trop conservateurs (marqués par deux guerres mondiales, tout de même), alors que l'économie tourne à plein régime. « Cette jeunesse a soif de liberté, précise notre guide, Dagmar Ghesquière. Elle a envie de dépenser, de s'amuser, de vivre ». C'est pourquoi elle va prendre la main sur la mode, la musique, le cinéma, la politique… Good trip Casque sur les oreilles, nous déambulons dans les deux étages du parcours au rythme d'une BO de circonstance

© Julien Damien

C

(Jefferson Airplane, The Rolling Stones…). La visite débute au cœur du Swinging London, marqué par ses fringues légères et colorées rappelant les clubs et boutiques de Carnaby Street. Son égérie est une poidsplume de 16 ans aux yeux immenses et surlignés d'eyeliner : Twiggy. Les jupes et les cheveux sont courts mais les idées élargies, grâce au suite LSD par exemple, dont on


Hewlett-Packard, HP 9100A calculator, 1968 © Julien Damien

observe ici quelques buvards. Nous sommes en plein psychédélisme. Les Beatles n'y échappent pas, accouchant de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band. D’ailleurs, on admire ici le costume porté par Lennon sur la pochette de cet album mythique, et le manuscrit de Lucy in the Sky with Diamonds !

# 74

Prise de conscience « Cette génération hédoniste n'achète plus par besoin, mais par envie », soutient Dagmar. C'est le début de la société de consommation, et l'explosion de la publicité. L'URSS et les USA se disputent la Lune et les Terriens contemplent ces expéditions sur leurs premières télévisions, bien calés dans des fauteuils aux lignes arrondies (telle cette Globe Chair d'Eero Aarnio). Ces années fascinent aussi par le rejet de la culture dominante. Une partie de la jeunesse s'élève

contre les gouvernements et l'autoritarisme en général : manifestations contre la guerre du Vietnam, Mai 68, Black Panthers, revendications gays et féministes. Symbole de cette impatience, Jimi Hendrix assassine l'hymne américain avec sa guitare, le mêlant au son des bombes. à Woodstock justement, les hippies n'ont cure de l'avènement des ordinateurs personnels (le Hewlett-Packard 9100A), trop occupés à faire l'amour (merci la pilule contraceptive). Entre deux volutes suspectes, ils s'interrogent : ce consumérisme effréné ne serait-il pas en train de tuer Dame Nature ? Arrivent les seventies, et la naissance de Greenpeace. En vain ? L'exposition s'achève. Dans notre casque résonne Imagine. Oui, il n'y a plus qu'à tout recommencer. Julien Damien Bruxelles, jusqu'au 10.03 ING Art Center, tous les jours (sauf lundi) : 10 h > 18 h (21 h le mercredi), 12 > 2 € / gratuit (-18 ans) www.ing.be/art

Eero Aarnio, Finnish, born in 1932, Globe chair, 1965. Fibreglass, fabric. Victoria and Albert Museum // David Montgomery, American, born in 1937, The Who Sell Out album cover, 1967. Victoria and Albert Museum © Vincent Everarts - Photography

Les fameuses binocles de John © Julien Damien



Retour vers le passé Qu’est-ce-que le Jurassique ? Quelles espèces peuplaient notre Terre il y a 150 millions d’années ? Autant de questions passionnantes auxquelles le Musée d’histoire naturelle de Lille répond à travers une nouvelle exposition permanente. Comme dirait le professeur Malcolm : « la vie trouve toujours un chemin… ».

D'

# 76

emblée, deux charmants dinosaures de près de cinq mètres nous accueillent - un Iguanodon et un Mégalosaure. Oui, mais attention, certains mythes ont la vie dure. Ces « grosses bêbêtes » comme les appelle Thierry Oudoire, responsable des collections du musée, ne représentent qu’un petit maillon de ce qui constitua le règne vivant du Jurassique. À cette époque, on observe surtout des végétaux (dont des pins, « principale nourriture des dinosaures ») mais aussi de petits mammifères et des reptiles - dont « une grande diversité de crocodiles ». Toutes ces découvertes, nous les devons bien-sûr aux fossiles, "stars" de l'institution lilloise. « Ils offrent une sorte de photo partielle, donnant une idée de l’image de la planète il y a des millénaires ». Au Temps du Jurassique s'apprécie ainsi dans un espace dédié à la géologie totalement renouvelé (La Terre, théâtre de changements). Riche de minéraux rares, de reconstitutions de paysages ou d’insectes (dont les vestiges d’une libellule), ce nouveau parcours révèle un visage du monde antédiluvien, où les Hauts-deFrance étaient alors… sous l'eau ! « Notre but est Lille, à partir du 03.01, Musée d'histoire naturelle de replacer l'Homme dans une très vaste histoire ». lun, mer, jeu & ven : 9 h 30 > 17 h sam & dim : 10 h > 18 h Une belle leçon d’humilité… Marion Humblot à lire / L'interview de Thierry Oudoire sur lm-magazine.com

3,70 > 2,60 € / gratuit (-12 ans) www.mhn.lille.fr

© Marion Humblot

exposition

Au Temps du Jurassique



Inauguré en octobre 2016, le MusVerre est un écrin de 3 500 m2 consacré au verre, niché au cœur de l'Avesnois. C'est ce paysage de bocage et de rivières sinueuses, de forêts touffues et d'anciennes industries qu'a arpenté durant deux saisons (l'été et l'automne) la Britannique Sally Fawkes. De cette résidence résulte Vice Versa, rassemblant des pièces créées in situ et traversées par la notion de dualité. Ces œuvres fluctuent ainsi entre le passé et l'avenir, les grandes routes et les chemins étroits, mais aussi l'ombre et la lumière, le visible et l'invisible. On admire alors un jeu de miroirs, de transparence et de couleurs à couper… le souffle. J.D. Sars-Poteries, jusqu'au 17.02, MusVerre, mar > dim : 11 h > 18 h, 6 > 4 € / gratuit (-26 ans), musverre.lenord.fr

© Willy Linthout

# 78

Urbanus C'est un personnage culte de la BD belge. Tintin ? Un peu plus underground… D'ailleurs, ce n'est pas un héros de fiction. Urbanus existe vraiment. Il s'agit d'un comique flamand que le dessinateur Willy Linthout a eu l'idée de croquer, dès 1982 dans Le Mystère de la baraque à frites. Résultat ? 170 albums où une bande de losers se marre de la prostitution, l'euthanasie, la pédophilie… sur fond d'alcool et de scatologie. Cradingue, moche, mais poilant. J.D. Bruxelles, jusqu'au 26.05, CBBD, tous les jours : 10 h > 18 h 10 > 3,50 € / gratuit (-6 ans), www.cbbd.be

Revealing Traces, 2018, Miroir, pâte de verre © Ph. Robin

exposition

Vice Versa



Bruxelles, jusqu'au 10.02, Botanique mer > dim : 12 h > 20 h, 5,50 > 2 € / gratuit (-12 ans) www.botanique.be

Resistance

Les Américains

Des barricades estudiantines aux manifestations ouvrières, Mai 68 fut un épisode d’intense protestation populaire. Et les artistes, dans tout ça ? Cette exposition mesure l’influence du créateur dans la transformation de la société, et cherche les marques de contestation dans les pratiques contemporaines. Des affiches coup-de-poing de l’Atelier populaire ("Interdit d’interdire") aux "périssables" de Dieter Roth (conçus avec des aliments ou déchets) ces œuvres nous rappellent l’urgence de désobéir.

Robert Frank est un géant de la «street photography». Paru il y a tout juste 60 ans, Les Américains est considéré comme son chef-d'œuvre. En 1955, ce Suisse se mit en tête de « documenter visuellement la civilisation américaine ». Il sillonna durant un an 30 états et immortalisa des instants de la vie quotidienne au pays de l’Oncle Sam : une serveuse dans un restaurant, des ouvriers au travail, des amoureux… En résulta un livre culte, et aujourd’hui une exposition immanquable.

Bruxelles, jusqu’au 27.01 Centrale For Contemporary Art mer > dim : 10 h 30 > 18 h, 8 > 2,50 € / gratuit (-18 ans) www.centrale.brussels

Charleroi, jusqu’au 20.01 Musée de la Photographie mar > dim : 10 h > 18 h 7 > 4 € / gratuit (-12 ans) www.museephoto.be

Serial Graveurs Gravelines met à l’honneur deux géants du roman xylographique. Le premier, Frans Masereel (1889 -1972), l’inventa il y a tout juste un siècle. Méconnu du grand public, ce Belge demeure pourtant une figure majeure du 9e art, avec ses récits sans paroles. Le second, Olivier Deprez, perpétue cette tradition à travers une œuvre située entre la BD et les arts plastiques. Présentées sous forme de séquences pour l’un, et de rétrospective pour l’autre, ces gravures sur bois s'affranchissent de toutes les cases. Gravelines, jusqu’au 17.02, Musée du dessin et de l’estampe originale, tous les jours sauf mardi : 14 h > 17 h (week-end : 14 h 30 > 17 h 30), 3,50 / 2,50 € / gratuit (-15 ans), www.ville-gravelines.fr

Warwick (Durban) XXIII, 2002, © Ernest Pignon-Ernest Courtesy Galerie Lelong & Co

Ernest Pignon-Ernest. Empreintes Des silhouettes envahissant sans autorisation les rues des grandes villes. Des dessins engagés, défendant les opprimés. Vous aurez sans doute reconnu… Banksy ? Raté. Il s'agit d'Ernest Pignon-Ernest. Bien avant notre vandale millionnaire, le Français fit parler les murs pour dénoncer les maux de ce bas monde. Cette rétrospective célèbre un pionnier du street-art et présente des œuvres iconiques, tel ce Pasolini, immortalisé grandeur nature à Rome en 2015, à la manière de La Pietà de Michel-Ange.


François Curlet François Curlet jongle avec les mots et les objets pour mieux faire dérailler notre quotidien. Le MAC's offre au Français sa première grande exposition monographique en Belgique. Crésus et Crusoé révèle un travail iconoclaste et critique de notre société de consommation - et de communication. L'artiste détourne avec humour ou poésie les objets qui nous entourent. Par association d'idées ou contre-emploi, il joue avec les signes culturels, politiques ou économiques, livrant autant de métaphores plastiques. Hornu, jusqu'au 10.03, MAC's, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans), www.mac-s.be

Benoît Deneufbourg - Process

Amour

Vitrine pour les designers belges, le CID présente la première exposition de Benoît Deneufbourg. Le travail de ce jeune créateur né à La Louvière se distingue par sa sobriété, conjuguant fonctionnalité et esthétique (à l’image de Jasper Morrison). Ses luminaires, meubles ou objets s’insèrent de façon intuitive dans notre quotidien. Le parcours dissèque ce processus de fabrication en dévoilant moult croquis, prototypes ou photos - car faire simple est plus complexe qu’on ne le croit.

L’amour ? Vaste sujet… Du péché originel à la libération des mœurs, de la séduction au libertinage en passant par le romantisme, quelque 250 œuvres décryptent ce sentiment à travers les âges. Divisée en sept chapitres illustrant chacun un tournant majeur dans nos façons d’aimer, cette histoire s’écrit au gré des sculptures de Rodin ou de Camille Claudel, des peintures de Delacroix ou de Fragonard, mais aussi de citations de grands auteurs ou d’extraits de films. En somme, le cœur ET la raison.

Hornu, jusqu’au 03.02, CID, mar > dim : 10 h > 18 h 8 > 2 € / gratuit (-6 ans) www.cid-grand-hornu.be

Lens, jusqu’au 21.01, Louvre-Lens, tous les jours sauf mar : 10 h > 18 h, 10 > 5 € / gratuit (-18 ans) www.louvrelens.fr

hervé Di Rosa Pionnier de la Figuration libre, inventeur de l’Art modeste, infatigable globe-trotter, Hervé Di Rosa puise dans tous les courants artistiques, cultures ou techniques. Il crée ainsi un langage foisonnant, entre la BD et les films de série B, le rock ou le graffiti. Ce parcours revient sur 40 années de peinture, depuis ses diptyques sur carton de 1978 à ses très grands formats, en passant par un voyage en 19 étapes autour du monde, entrepris dès 1993. Le Touquet, jusqu'au 19.05, Musée du Touquet-Paris-Plage, tous les jours sauf mar : 14 h > 18 h, 3,50 / 2 € / gratuit (-18 ans) www.letouquet.com


théâtre & danse baleine ,©

Ma rce lo M ard one s

# 82

self portrait camouflage © Nadia Lauro

LABOURER © Tamara Seilman

ALTHOUGH I LIVE INSIDE © Maciej Fiszer

LET'S DANCE © Frédéric Iovino


Vivat la danse !

Les pieds sur terre Sous-titrée "Terre !", la 22e édition de Vivat la danse ! s'intéresse à l’environnement au sens large, sondant ce qui nous relie profondément au monde, mais aussi les uns aux autres. Danses jardinières, inspirations paysagères et rapport aux gestes ancestraux imprègnent cette précieuse mise au vert chorégraphique !

D

epuis sa création en 1994, ce festival n'a cessé de révéler des formes audacieuses. Pour sa toute dernière programmation, Eliane Dheygere creuse ce même sillon. « Plutôt que d’inviter des artistes fidèles, je continue à prendre des risques, en privilégiant la relève », indique la directrice du Vivat. Rythmé par cinq créations et une ribambelle d’impromptus, ce cru 2019 défriche les reliefs du champ chorégraphique. Belle récolte Labourer, premier solo de Madeleine Fournier, donne le ton, reliant l'acte de retourner la terre à la bourrée, cette danse traditionnelle auvergnate à trois temps - qu'on retrouve aussi bien dans le jazz que la house ! Céline Cartillier propose avec Champ constant un travail documentaire à partir de paroles recueillies auprès d’agriculteurs. Dès lors, elle conçoit une chorégraphie avec leurs gestes. Tandis que Marion Sage se glisse dans les pas oubliés du danseurjardinier Jean Weidt, Latifa Laâbissi reprend Self Portrait Camouflage. Cette pièce incisive raille la France colonialiste - et titille nos rapports à l’identité. Autant de démarches qui, chacune à leur façon, « questionnent une certaine écologie du monde, et appréhendent nos façons d’être ensemble », précise Eliane. En somme, du circuit court - et pas mal de courts-circuits. Marie Pons Armentières, 22.01> 02.02, Le Vivat & divers lieux, pass : 56 €, 1 spectacle : 8 €, www.levivat.net Sélection :22.01 : Christian Rizzo : d’à côté // 23.01 : DeLaVallet Bidiefono : Monstres, On ne danse pas pour rien // 25.01 : Cie l’Unanime : Dans l’idéal, Céline Cartillier : Champ constant… // 26.01 : Madeleine Fournier : Labourer, Cie l’Unanime : De façon générale… // 27.01 : Madeleine Fournier : Bourrée bourrée ratatam, Puce Moment : O.R.G. // 29.01 : Anne Lepère & Marion Sage : On se les pèle sur la pirogue !, Jonas Chéreau : Baleine… // 30.01 : Amélie Marneffe : Celebration, Alexander Vantournhout : Red Haired Men // 31.01 : Latifa Laâbissi : Self Portrait Camouflage // 01.02 : Bérénice Legrand : Let’s dance 02.02 : Sylvain Groud : L'oubli, Robyn Orlin & Sophiatou Kossoko : … Although I live inside… my hair will always reach toward the sun…


L’âge des possibles

# 84

Que dit-on aux jeunes filles au moment de leurs premières règles ? L’une des phrases les plus entendues est généralement la suivante : « à partir de maintenant, tu es une femme ! ». Mais qu'advient-il alors, au moment de la ménopause ? Ce spectacle empoigne un sujet tabou avec sensibilité. Si le théâtre s’empare de plus en plus des questions de genre, il aborde peu les discriminations liées à l’âge. à Bruxelles, le Poche prend de l’avance : après les célèbres Monologues du vagin, rare texte à donner la parole à toutes les demoiselles, il accueille Ménopausées. Cette pièce est conçue à partir des témoignages d’une cinquantaine de femmes de toutes origines et conditions (PDG, sportives, mères au foyer…), et déclamés sur un plateau épuré par deux comédiennes… et un comédien. « Notre spectacle ne se veut pas militant, mais le sujet l’est intrinsèquement », décrit la metteure en scène Caroline Safarian. Tout en déconstruisant avec humour les préjugés associés à ces moments de vie, cette création pointe en effet de vraies questions sociétales : la solitude, la mainmise patriarcale sur le corps féminin, le tabou d’une sexualité plus mûre, l’obsession d’une jeunesse éternelle… Il dénonce ainsi la « ménopause sociale » qui, selon les auteures, se surajoute à cette étape physiologique (souvent douloureuse). Bruxelles, 08.01 > 02.02 Théâtre Le Poche, 20 h 30, 20 > 12 € Histoire de détricoter collectivement l'affaire, www.poche.be* les artistes récoltent vos « anecdotes, colères Bruxelles, 01.03 et bons plans » sur le site du Poche* avant de Wolubilis, 20 h 30, 22 > 13 € www.wolubilis.be les lire, anonymement, sur scène. Sarah Elghazi

© Ryan Armbrust

théâtre & danse

Ménopausées



# 86

Du rire aux larmes On connaissait l’humoriste politiquement incorrect (parfois borderline), sa capacité à nous faire rire de tout… pas forcément celle de nous tirer des larmes. Dans ce monologue mis en scène par Dominique Pitoiset, Patrick Timsit ouvre grand Le Livre de ma mère – et son cœur. Récit autobiographique autant qu’ode universelle à l’amour maternel, ce texte d’Albert Cohen (1954) oscille entre le deuil et les souvenirs, la joie et la mélancolie. Au-delà d’une simple lecture, l’inoubliable Quasimodo (d'El Paris) devient ce fils meurtri par la disparition de sa mère, avec une sensibilité qu’on lui devinait déjà – par exemple dans Quelqu’un de bien. Sur scène, il déambule entre un grand bureau et un écran sur lequel sont projetés des films en Super 8 de sa propre enfance. Une dualité qui sied plutôt bien à ce clown (forcément) triste, faisant siens ces mots qu’il incarne : « Et surtout souris, n'oublie pas de sourire. Souris pour escroquer ton désespoir, souris pour contiUccle, 11.01 nuer de vivre, souris dans ta glace et devant les gens, et Centre culturel, 20 h 55 > 40 €, www.ccu.be même devant cette page ». J.D.

© Pascal Victor

théâtre & danse

Le Livre de ma mère


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

Du 5 décembre 2018 au 27 janvier 2019

Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Perrine Delers, Denis Carpentier, Anne Chantraine, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Frédéric Celini, Natasha Henry et Philippe Peters. Mise en scène : Alexis Goslain Décors : Francesco Deleo Costumes : Ronald Beurms et Fabienne Miessen Lumières : Laurent Comiant Chorégraphies : Kylian Campbell Réalisation musicale : Bernard Wrincq

 www.trg.be 02 512 04 07 du mardi au samedi de 11h à 18h Galerie du Roi, 32 à 1000 Bruxelles

En coproduction avec La Coop asbl avec le soutien de Shelterprod, taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge


théâtre & danse

Scala

La gravité de l'être Acrobate ? Chorégraphe ? Poète ? Magicien ? Sans doute un peu tout cela à la fois. Formé au Cirque Plume, puis interprète pour Maguy Marin, Yoann Bourgeois développe depuis 2010 une dramaturgie singulière, jouant avec maestria de la gravité. Scala, sa dernière création, offre la quintessence d'un art de la chute infinie. Dans les spectacles de Yoann Bourgeois, les hommes et les femmes sont traversés par des forces qui les dépassent, devenant plus "vecteurs" qu'acteurs. Pour créer cet effet, le Jurassien conçoit des dispositifs intensifiant des phénomènes physiques élémentaires. Dans Cavale (2010), deux hommes tombaient d'un escalier pour y revenir en rebondissant sur un trampoline, créant l'illusion de l'apesanteur. Celui qui tombe (2014) confrontait six interprètes à la force centrifuge, sur un plateau tournant à toute vitesse. Dans Scala, le metteur en scène pousse cette mécanique infernale plus loin encore... Mouvement perpétuel Ici sept "corps", donc, sont prisonniers d'un décor inquiétant. Teinté de bleu sombre, il est constitué d'escaliers, de trappes et de meubles anodins - en apparence… Construits sur le modèle des wakouwas (des petits jouets en bois articulés), ces lits, chaises ou tables se forment et se déforment sans cesse, créant un déséquilibre permanent. Tels des pantins, les acteurs sont alors entraînés dans une réaction en chaîne infinie. Accompagnés par une bande-son signée Radiohead, ils valdinguent et rebondissent sur le mobilier, surgissent d'une porte pour disparaître dans le sol, comme captifs d'un espace-temps non pas linéaire, mais cyclique. Ces jouets humains livrent une métaphore troublante de notre époque moderne, exacerbant ce corps-à-corps complexe entre l'Homme et l'objet. Renversant. Julien Damien

# 88

Namur, 09 > 12.01, Théâtre de Namur, 20 h 30 (sauf sam : 19 h 30), 20 / 15 €, www.theatredenamur.be Mons, 15 & 16.01, Théâtre Le Manège, mar : 20 h, mer : 18 h, 15 > 9 €, surmars.be


© Géraldine Aresteanu


Lectures à suivre

# 90

Arrivé à la barre du Bateau Feu il y a un an, Ludovic Rogeau s'empare de la programmation dunkerquoise avec "Histoires en série". Ce temps fort dédié à la lecture ausculte, pour sa première saison, la France à l'heure des attentats grâce aux textes d'Arnaud Cathrine. Dans la trilogie à la place du cœur (Robert Laffont, 2016-18), Arnaud Cathrine contait les parcours de Caumes, Swann, Esther et les autres. Chacun se débattait entre l’adolescence et les premières amours adultes, Charlie Hebdo et l’après-Bataclan. à l’invitation de Ludovic Rogeau, le romancier retrouve ces personnages, cette fois dans la seule nuit du 13 novembre 2015. « Le projet 13 est à la frontière du théâtre et de la lecture. Chacun livre son point de vue et ses états d’âme, dans une série de solos qui s’imbriquent », détaille le directeur. C’est là toute l’originalité de ces "Histoires en série". De bibliothèques en maisons de quartier, les spectateurs voyagent dans l’agglomération dunkerquoise pour recoller « les différentes pièces de ce Cluedo grandeur nature, indique Ludovic Rogeau. J’incite les gens à venir au théâtre, en allant les chercher Dunkerque et son agglomération, 14.01 > 02.02, divers lieux et horaires lecchez eux ». Ce rendez-vous permet aussi tures gratuites, Sous le soleil exactement : 6 €, Carré 35 au Studio 43 : 6,50 > 4 € d’explorer l’œuvre d'Arnaud Cathrine en www.lebateaufeu.com famille (Coquillette la Mauviette, Nous Programme : Lectures : 13, Coquillette ne grandirons pas ensemble) ou avec les la Mauviette, Nous ne grandirons pas ensemble (Agglo dunkerquoise 14.01 > 02.02, plus "grands" (la lecture-spectacle Sous gratuit) // Lecture-spectacle avec Arnaud le soleil exactement, avec le musicien Cathrine et Florent Marchet : Sous le soleil exactement (Dunkerque, 18.01 Le Bateau Florent Marchet). Le 2 février, "La Nuit de Feu, 20 h, 6 €) // Documentaire d'éric Caravaca : Carré 35 (Dunkerque 01.02, la série", marathon compilant toutes ces Studio 43, 20 h, 6,50 > 4 €) // La Nuit de la lectures au Bateau Feu, donnera de quoi série (Dunkerque, 02.02, Le Bateau Feu, 14 h 30 > 22h, gratuit) patienter jusqu’à la saison 2. Marine Durand

© Astrid di Crollalanza

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Histoires en série - saison 1



© Vinh Giang Vovan

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Monsieur Choufleuri restera chez lui

Monsieur Choufleuri veut épater le tout-Paris. Pour cela, ce nouveau riche organise un concert chez lui. Problème : les artistes lui ont posé un lapin… et il n'y connaît rien en musique ! Sa fille a la solution : faire passer son amant, qu'il déteste, pour un ténor italien… Ou comment transformer l'opéra-bouffe d'Offenbach en vaudeville lyrique - et bien barré. Récompensés du prix du meilleur spectacle musical au festival d'Avignon en 2016, Vinh Giang Vovan et Guillaume Nozach s'appuient sur six comédiens-chanteurs, un valet belge gaffeur, un piano, un violoncelle, trop de champagne… et pas mal d'éclats de rire. J.D. Lille, 19.01, Théâtre du Casino Barrière, 20 h 30, 31 / 25 €, www.casinosbarriere.com

© Vincent Martin

# 92

H&G Pour sa première création jeune public, Christian Ubl s'empare avec gourmandise de Hansel et Gretel. Cette libre adaptation du conte des frères Grimm s'attaque en effet à la "junk-food". Sur un plateau aux couleurs acidulées, quatre danseurs font face à des glaces ou saucisses géantes, sur une musique électronique minimaliste (industrielle). Perdus dans ce supermarché fantasmagorique, nos héros retrouverontils le chemin de la raison alimentaire ? J.D. Roubaix, 23.01, Le Colisée, 10 h & 17 h, 10 / 5 € www.balletdunord.fr



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thomas vdb On peut rire de toutou

# 94

Propos recueillis par Mathieu Dauchy Photo Laurent Bricard


Fan de rock devenu critique rock puis humoriste rock, chroniqueur d’ "Actualiziks" azimutées sur France Inter, Daft Punk clownesque, second rôle impayable au cinéma… Thomas VDB a une carrière rythmée, mais le syndrome du mal de dos pendant les concerts a fini par le rattraper. Ce quadra peut-il espérer mieux que la tendresse d’un "bon chienchien", comme l'annonce ce très personnel quatrième spectacle ? Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ? Je suis né en 1977 et j’ai sorti ma première blague à six ans. Mon cousin m’a demandé : « Il est tatoué ce chien ? ». Ce à quoi j’ai répondu « bien sûr qu’il est à moué ». Ça a été une révélation. J’ai commencé à jouer la comédie en 1998 et me suis lancé dans le théâtre de rue. Vous avez aussi été journaliste musical, n'est-ce pas ? En parallèle, j’ai effectivement eu la chance de collaborer au magazine Rock Sound. Le journalisme n’était pas ma motivation première mais j’étais – et suis toujours – un fan de musique. Cette expérience m’a permis d’approcher certains de mes héros. Justement, quelles furent ces rencontres marquantes ? En rejoignant cette rédaction j’avais une liste d’artistes que je rêvais d’aborder. J’ai ainsi pu interviewer Brian May, moi l’immense fan de Queen, mais aussi Rivers Cuomo de

Weezer ou encore le groupe anglais The Cult. Qu’écoutez-vous en ce moment ? J’ai du mal à suivre l’actualité musicale, je l’ai fait trop assidûment pendant des années… Je me repasse donc beaucoup d'anciens groupes. Ça fait vieux con de dire ça, mais je me sens parfois dépassé par les goûts des jeunes. Skrillex par exemple, ça sonne comme une machine à laver, c’est affreux ! Je ne comprends pas ces artistes cherchant à se montrer inventifs à tout prix. Si un genre n’a jamais été créé, il y a une raison ! Cette année, j’ai quand même découvert quelques trucs : Sloan, Giuda... Et puis j’adore Kanye West ! Comment définiriez-vous votre humour ? Il me fait beaucoup rire ! Plus sérieusement, j’essaie de me moquer du monde, mais pas des gens. J’aime bien jouer au débile, comme je le fais avec Mathieu Madénian, en ne suite disant rien, comme un clown.


J’adore ce côté enfantin. On me parle parfois d’absurde, mais je ne vois pas bien ce que ça veut dire… Quel est le sujet de votre nouveau spectacle ? Il y est question de moi, à 40 ans, qui désormais s’ennuie pendant les concerts. Je parle de mes passions, évoluant avec la paternité, et Internet aussi…

# 96

« Notre société très tendue a besoin d’être détendue » Vous évoquez aussi notre rapport ambigu aux objets, aux livres qu’on achète sans les lire et aux disques devenus obsolètes... Oui, je suis fasciné par le retour du vinyle par exemple, la façon dont les maisons de disques ont compris le truc. C’est totalement contradictoire avec l’écologie… Une nostalgie du vinyle ?

Et pourquoi pas une nostalgie du forgeron ou de l’invention de la roue ? Pourquoi ce titre, Bon chienchien ? J’aime les gros chiens. Pas les petits caniches, les gros avec plein de poils, j’ai envie de plonger dedans. Et puis ce "bon chienchien" c’est un peu moi aussi, bonne pâte, qui s’ennuie facilement… On connaît votre passion pour Queen, Spoon ou les Sparks, mais qu’est-ce qui vous fait rire ? Tout dépend de l’âge. Plus jeune j’ai aimé De Funès, Desproges… Aujourd’hui je citerais Louis C.K., Larry David, Ricky Gervais, mais aussi ces nombreux Français talentueux, Blanche Gardin, Monsieur Fraize, Pablo Mira… Cette génération est brillante. Sans doute parce que notre société très tendue a besoin d’être détendue. Béthune, 17.01, Le Poche, Complet ! www.lepoche.fr



les vannes ! Ils sont corrosifs, burlesques ou lucides… mais pareillement hilarants. Ces quatre valeurs sûres (ou en devenir) de la gaudriole débarquent près de chez nous pour le meilleur et le rire – et ce n’est pas de la blague. Julien Damien

# 98

Haroun Ne pas se fier à son look de premier de la classe. Derrière ces petites lunettes carrées se cache un redoutable sniper. Cet ancien étudiant en école de commerce décrypte notre époque dans la grande tradition du stand-up, raillant aussi bien l'intégrisme religieux que l’écologie, nos petites contradictions ou soubresauts

politiques - « à BFM, ils ont qualifié certains gilets jaunes de "modérés". Tu sens que les musulmans leur manquent… ». Un jeune homme bien dans son temps, en somme. Lille, 11.01, Sébastopol, Complet ! www.theatre-sebastopol.fr // Bruxelles, 12.01 La Madeleine, Complet !, www.la-madeleine.be Libramont, 28.02, Centre culturel, 20 h 15, 32 € www.cclibramont.be

© Ben Dauchez

théâtre & danse

ouvrez


Avant de nous plier en deux avec ses horreurs, ce ket d'Anderlecht (« où se situe le siège social de Confessions intimes ») fut un espoir du football belge, puis gérant de discothèque, journaliste… Guy Verstraeten de son vrai blase (qu'il n'aime pas, car « ça pue le sexe entre vieux »), remonte aujourd’hui le fil de sa vie, raconte ses premiers émois (notamment son concept du « viol altruiste »), ses opinions sur tout et (surtout) n'importe quoi. A-t-il un bon fond, comme l'annonce son spectacle ? Pas sûr…

Cette petite brune s'est distinguée sur le Net avec des sketchs politiques « tournés à l'arrache ». Dans la peau de la députée corrompue ou de l'avocate de Macron, Anne-Sophie Bajon passe les puissants à la soude caustique, toujours raccord avec l'actu, quitte à écrire ses vannes avant de monter sur scène - « Le Pen ? Elle est aussi solide qu'un immeuble marseillais ». Elle est ici accompagnée d'un second larron chargé de l'interviewer, à qui elle lance sa fameuse réplique : « vous couperez » - mais la plus tranchante, c'est elle. Lille, 24.01, Casino Barrière, 20 h 30, 29 € www.casinosbarriere.com Arras, 10.03, Casino 17 h 30, 29 / 23 €, www.arras.fr Béthune, 04.04, Théâtre municipal, 20 h 30, 22 > 11 € www.theatre-bethune.fr

Béthune, 24.01, Théâtre municipal, 20 h 30 22 > 11 €, www.theatre-bethune.fr (+ Vérino) Lesquin, 25.01, Centre culturel, 20 h, 10 / 6 € www.centrecultureldelesquin.fr

Max Bird Compliquée, la science ? Plutôt tordante. Surtout avec Max Bird. Ancien étudiant en biologie, passionné d’ornithologie (d’où son surnom), ce Tourangeau vulgarise la biologie moléculaire ou la mythologie en sautillant et grimaçant, comme si Jim Carrey présentait C’est pas sorcier. Dans L’Encyclo-spectacle, ce conférencier déjanté imite le vélociraptor, détaille les effets de l’alcool et dézingue les idées reçues. Bref, il stimule les neurones autant que les zygomatiques. Lille, 31.01, Sébastopol, 20 h, 34 > 25 €, www.theatre-sebastopol.fr Dunkerque, 02.04, Kursaal, 20 h, 25 €, www.dunkerquekursaal.com

© Pascalito

Guillermo Guiz

© Lauent Sigwald

© Thomas Braut

La Bajon


La Revue des Galeries

© Martin Gallone

Alexis Goslain

Cette revue est une véritable tradition du rire bruxellois. Les comédiens Bernard Lefrancq, Denis Carpentier, ou Angélique Leleux (pour en citer trois parmi une douzaine) tirent à boulets rouges sur ce qui a fait la Une des gazettes du plat-pays et dans le monde (oui, il y a de la matière…). Entre le cabaret et le music-hall, danseurs, imitateurs, chanteurs ou acteurs passent 2018 à la moulinette, pour entrer de plain-pied dans la nouvelle année ! Bruxelles, jusqu’au 27.01, Théâtre Royal des Galeries mar > dim : 20 h 15 (matinée : 15 h), 30 > 12 €, www.trg.be

Notre parole

In the Middle

Cédric Orain / Valère Novarina

Marion Motin / Cie Swaggers

Quel est notre rapport au langage à l’heure des médias de masse ? Bien avant l’avènement du Net et des chaînes d’info en continu, le dramaturge Valère Novarina s’en inquiétait dans un article signé dans Libération, en 1988. Cédric Orain pousse cette réflexion sur les planches. Un narrateur et deux interprètes pastichent d’abord un journal télévisé devant trois écrans géants… avant de chanter et danser au rythme des mots, dans un cabaret polyphonique décortiquant notre parole moderne.

Interprète pour Madonna ou chorégraphe de Stromae, Marion Motin réunit sa propre troupe hip-hop. La compagnie Swaggers a été créée en 2009 et constitue le premier crew exclusivement féminin. Sur une scène épurée, habillée de lumières renvoyant au 7e art, neuf performeuses révèlent une danse instinctive. Elles évoluent entre street-dance et krump, sur des chansons des Doors ou des Pixies. Il est question d’émotion, mais aussi de la place de chacune au sein d’un groupe - magnifiquement soudé.

Valenciennes, 08 > 11.01, Le Phénix, 20 h 17 > 10 €, www.scenenationale.lephenix.fr

Béthune, 12.01, Théâtre municipal 20 h 30, 22 > 11 €, www.theatre-bethune.fr

Wulverdinghe

Lucien Fradin / Cie HVDZ

# 100

Wulverdinghe, c’est un village des Flandres un peu magique où l’eau de la fontaine peut guérir les yeux. C’est ici que vit la grand-mère de Lucien Fradin, qui pratique une forme de médecine alternative : elle est rebouteuse. De là à parler de sorcellerie, il n’y a qu’un pas… Après Eperlecques, Lucien Fradin développe son théâtre documentaire en convoquant l’esprit de son aïeule sur scène. L’occasion d’insister sur les notions de transmission et les croyances. Arras, 15 > 17.01, Théâtre, mar & jeu : 20 h 30, mer : 19 h, 10 / 8 €, www.tandem-arrasdouai.eu Armentières, 30.04, Le Vivat, 20 h, 16 / 8 €, www.levivat.net



les Crépuscules

© Pierre Martin

Thomas Piasecki / Spoutnik Theater

Thomas Piasecki revient dans son bassin minier natal à la faveur d’une fresque familiale. Le récit débute en 1998, à Bruay-la-Buissière, au moment de la victoire de la France en Coupe du Monde. Bac en poche, Charles s’élance confiant dans la vie. On le retrouvera en 2021. Au centre du plateau se tient la maison parentale où se croisent trois générations, entre tragédies et réflexions sociologiques, le poids du passé et la peur de l’avenir. Ou comment envisager la grande Histoire à travers la petite. Béthune, 15 > 18.01, La Comédie (Le Palace), 20 h, 20 > 6 € Dunkerque, 05 & 06.02, Le Bateau Feu 19 h, 9 € Tourcoing, 09 > 11.05, Théâtre de l’Idéal, 19 h, 25 > 10 €

Pygmalion & L’Amour et Psyché

La Violence des riches

E. Haïm / R. Orlin / J.P. Rameau J.J. Cassanéa de Mondonville

Cie Vaguement compétitifs M. Pinçon-Charlot & M. Pinçon

Emmanuelle Haïm à la direction musicale, Robyn Orlin à la mise en scène… L’Opéra de Lille réunit un casting de luxe pour rendre grâce à ces deux pièces rares du répertoire baroque. Pygmalion, de Rameau, met en scène un artiste délaissant son amante après être tombé amoureux d’une statue de son atelier. L’Amour et Psyché, signée de Mondonville, narre la fureur de Vénus, jalouse de la beauté de la nymphe Psyché. Sur scène, art lyrique, danse et vidéo se mêlent pour servir ce dyptique atemporel.

Manifestations, échauffourées… On a beaucoup parlé de la violence de la rue. Mais qu’en est-il de celle des riches, plus "invisible" ? Licenciements boursiers détruisant des familles, évasion fiscale… La compagnie lilloise Vaguement compétitifs porte sur scène les travaux des célèbres "Pinçon-Charlot". Cette adaptation illustre avec humour mais précision la thèse des sociologues militants (et décapants), en s’appuyant sur des situations et témoignages concrets.

Lille, 16 > 24.01, Opéra, 20 h (sauf dim : 16 h) 71 > 5 €, www.opera-lille.fr

Armentières, 17.01, Le Vivat, 20 h, 16 / 8 € www.levivat.net Wallers-Arenberg, 23.03, Creative Mine 9 h > 22 h, 8,80 > 2,20 €, www.arenberg-forum.org

The Sea Within Lisbeth Gruwez

# 102

Après le rire (AH/HA) ou l’angoisse (We’re Pretty Fuckin’ Far From Okay), Lisbeth Gruwez s’empare de la méditation. Dans ce spectacle créé avec dix danseuses, le geste est organique, tout en ondulations et en cercles. Ces vagues chorégraphiques répondent à une musique "ambient" inspirée de Brian Eno, et traduisent à la fois le calme et la force. Les interprètes se déploient dans une scénographie de velours rose formée par leurs jambes nues avant de nous emporter, comme la houle… Charleroi, 18.01, Charleroi Danse (Les Ecuries), 20 h, 15 > 6 €, www.charleroi-danse.be Anvers, 27.03, Toneelhuis, 20 h, 23 > 11 €, www.toneelhuis.be



Barbaresques. Ne sors plus de chez toi

© Christophe Piret

Christophe Piret / Théâtre de Chambre

En Algérie, la côte des Barbaresques est un territoire d’arrivée et de départ, de colonisation et d’exil incessant. Bref, de migration. C’est aussi le sujet de cette pièce. Pour autant, il ne s’agit pas là d’une énième fresque historique. Plutôt un voyage dans le temps et l’espace, conté dans la pure tradition du genre épique. La pièce mêle la danse et le chant, le slam et la vidéo, mais aussi des paroles d’artistes et d’habitants du Nord de la France. Tous lancés à la découverte de nouveaux horizons. Oignies, 19.01, Le Métaphone, 20 h, 13 > 7 €, 9-9bis.com Valenciennes, 29 & 30.01, Le Phénix, mar : 20 h, mer : 19 h, 24 > 10 € www.scenenationale.lephenix.fr

Monstres, on ne danse pas pour rien

DeLaV allet Bidiefono / Cie Baninga

Comment s’accomplir en tant qu’artiste, dans un pays rongé par la dictature et la censure ? Avec trois musiciens et neuf danseurs, DeLaVallet Bidiefono raconte la construction difficile de leur espace de création, à Brazzaville. Face aux "monstres" du pouvoir, les performeurs, gants de chantier et outils en main, entrent en résistance, bâtissant la politique culturelle de leur nation. Les corps s’affirment dans une chorégraphie empruntant parfois à la boxe. Un combat qui ne se dévoile pas pour rien. Villeneuve d’Ascq, 22 & 23.01 La Rose des Vents, 20 h, 20 €, www.larose.fr Amiens, 29.01, Maison de la Culture 20 h 30, 29 > 13 €, www.maisondelaculture-amiens.com

Le Nid de cendres

Simon Falguières / Le K

C’est une épopée scénique, une fresque de six heures mêlant deux mondes différents. D’un côté une société gérée par les machines, en proie à la révolution. De l’autre un pays où une princesse tente de sauver sa reine malade et part en quête d’un remède, pour se retrouver dans les cendres de l’Occident… Portée par une vingtaine de comédiens et un souffle épique, la pièce mêle le théâtre de tréteaux et celui de l’illusion. Une odyssée haletante. Tourcoing, 23 > 27.01, Théâtre de l’Idéal, mer & jeu : 1re partie, 20 h, ven (20 h) & sam (19 h) : 2e partie, 25 > 10 €, dim : intégrale, 14 h, 40 > 18 € www.theatredunord.fr Villeneuve d’Ascq, 31.01 > 02.02, La Rose des Vents, jeu : 1re partie, 19 h, ven : 2e partie, 19 h, 21 > 6 € sam : intégrale, 16 h, 42 > 26 €, www.larose.fr

Red Haired Men

Alexander Vantournhout

# 104

Dans Aneckxander, il dressait un autoportrait en dansant (nu et avec des gants de boxe). Alexander Vantournhout est cette fois entouré de trois autres larrons pour un "quatuor à corps" détonant. Inspiré par la poésie absurde du romancier russe Daniil Harms (censuré par Staline), le chorégraphe belge livre des saynètes burlesques, entre le cirque, l’acrobatie voire la ventriloquie. Parsemée de métaphores anti-totalitaires, la pièce se joue des mots comme de nos perceptions. Bluffant. Courtrai, 26.01, Schouwburg, 20 h 15, 16 > 8 €, www.schouwburgkortrijk.be Lille, 30.01, Le Prato 20 h, 8 / 5 €, www.leprato.fr (dans le cadre d’On est tous des quelqu’uns)



le mot de la fin

# 106

Tatsuya Tanaka Depuis 2011, cet artiste japonais développe des calendriers inédits. Chaque jour, il publie d’astucieux dioramas peuplés de figurines, aliments et objets du quotidien. Sur Miniature Calendar, on admire ainsi des bédouins perdus dans une mer de chips ou des nageurs prêts à plonger depuis un cahier à spirales. Autant de vies minuscules, servies par un immense talent. www.miniature-calendar.com




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