LM magazine 153_juillet aout 2019

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n°153 / juillet-août 2019 / GRATUIt

Art & CulturE

Hauts-de-France / Belgique



sommaire - magazine

LM Magazine #153 Juillet-août 2019

Les Ardentes © Benoit Dehousse

portfolio – 16 Xaviera Altena Sweet nineties

rencontre Pierre Demoux – 10 Bien dans ses baskets Quentin Dupieux – 92 Du poil de la bête Olivier Theyskens – 100 Dans la dentelle

reportage

Des statues vivantes – 54 Une course de baignoires – 70 La fête des jumeaux – 86

écrans – 92

Le Daim, Yves, Chernobyl, 100 grands films pour les petits, The Beach Bum

exposition – 100

Olivier Theyskens - In Praesentia, Roman-photo, Les Muses insoumises, De Gaulle prend le large !, Pierre Marie Lejeune, Agenda...

Dossier spécial festivals (part 2) – 24

Odyssée, OLT Rivierenhof, ARTour, Pile au RDV, Gent Jazz, Festival au Carré, Cactus Festival, Paradise City, Main Square, Les Ardentes, Roots Reggae Festival, En Nord Beat, Dour Festival, Festival du Conte de Chiny, LaSemo, Joly Jazz en Avesnois, Ostend Beach, Tomorrowland, Festival de la Côte d'Opale, Francofolies de Spa, Statues en Marche, Les Nuits Secrètes, Dekmantel, Rock en Stock, Esperanzah!, Lokerse Feesten, Wecandance, Ronquières Festival, Brussels Summer Festival, Régate Internationale de Baignoires, W Festival, Pukkelpop, Festival Int. des Arts de la Rue de Chassepierre, Le Cabaret Vert, Les Rencontres Inattendues, Touquet Music Beach, Bagnols Reggae Festival, Grand Rassemblement des Deux et Plus…

le mot de la fin – 118 Nicolas Amiard Nom d'un chien !


Magazine LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09

www.lm-magazine.com

Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Xaviera Altena Tulum xavieraaltena.com

Emma Van Ceunebroeck Bréant info@lm-magazine.com

Publicité pub@lm-magazine.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Xaviera Altena, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Sarah Elghazi, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Françoise Objois, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



Shayna Leib, Banana split, The American Series © Eric Tadsen

news céramiques gourmandes Dégoulinant à souhait, ce banana split nous a mis l’eau à la bouche. Mais on ne s’y risquera pas, sous peine de se casser les dents ! Cuisiné par l’Américaine Shayna Leib, cet appétissant trompe-l’œil est présenté à Limoges au sein de Céramiques gourmandes. Tartes aux fruits, pièces montées, glaces italiennes… l’exposition rassemble 250 œuvres alléchantes en terre cuite et signées par 14 artistes internationaux. De quoi en faire tout un plat. Limoges, jusqu’au 28.03.2020, Manufacture Bernardaud, circuit de visite guidée tlj sauf dim : 9 h 45 > 16 h 15, 6 € / gratuit (-18 ans), www.bernardaud.com

© Bonzini

#6

balle au centre La coupe du monde féminine de foot bat son plein (tant mieux), mais à quand des matchs rassemblant les deux sexes ? Sans doute pas demain la veille… Heureusement, une fois encore, la lumière nous vient du bistrot du coin. L’ancienne internationale française Nicole Abar s’est associée au fabricant Bonzini pour lancer un babyfoot mixte, comptant autant de figurines masculines que féminines. On verra si Fanny porte bien son prénom… blog.bonzini.com


Du son pour la route

© Reddit / DR

© Katrin Rodegast / client ETH Zurich, photo © Ragnar Schmuck

On se calme. N'allez pas imaginer une baignoire remplie de pilules (sinon, ecstasy serait au pluriel). On parle ici d'un bain de joie, voire de jouvence. On ne sait trop quand les membres de Hot Chip trouvent le temps d'enregistrer des chansons, occupés qu'ils sont à droite à gauche. Qu'importe, toujours aussi doués pour faire danser les foules au salon, nos Britanniques ont encore trop à écrire et chanter pour s'arrêter en si bon chemin. En témoigne ce septième album, merveilleuse alliance d'électro inspirée, de mélodies pop et d'approche à l'amateurisme professionnel – pas si facile que ça en a l'air. T.A. Hot Chip, A Bath Full Of Ecstasy - (Domino Records)

Grain de folie

s

à la carte

new

Supplantées par le GPS, quel avenir pour nos bonnes vieilles cartes routières ? Katrin Rodegast les coupe, les enroule et les sculpte pour composer des organes humains. Cette artiste allemande a ainsi façonné un cerveau, des poumons, une colonne vertébrale et ce cœur, où les axes autoroutiers dessinent le réseau de capillaires sanguins avec une précision… chirurgicale. www.katrinrodegast.de

Au nord de l'île de Fuerteventura, aux Canaries, les grains de sable ressemblent à du pop-corn. En réalité, il s’agit d’algues calcaires. Hélas victime de son succès, ce lieu insolite est désormais au bord d’un péril écologique. L’image de ces concrétions, fruits d’un long processus naturel, est devenue virale sur les réseaux sociaux et la plage pillée de sa substance. #dommage.


s e r v i l Rohan O’Grady

Et c'est comme ça qu'on a décidé de tuer mon oncle

M. La Mine Encyclopédie nonexhaustive des savoirs approximatifs

(Monsieur Toussaint Louverture)

(éd. Delcourt, coll. Pataquès)

Et c’est comme ça qu'on a décidé de tuer mon oncle a le charme des récits dont le personnage principal est une île. Celle que l’on découvre sous la plume raffinée de la romancière Rohan O’Grady baigne au large du Canada. Deux enfants la parcourent le temps d’un été : Christie et Barnaby, aux prises avec l’oncle terrifiant de ce dernier. Ce classique anglo-saxon est servi dans une merveilleuse traduction. Elle restitue ce style gothique amusé à la Roald Dahl et une mélancolie hantée par la guerre. Les plus jeunes seront saisis par l’aventure, les plus grands goûteront les subtilités de la proverbiale innocence enfantine. 304 p., 17,50 €. Rémi Boiteux

Le Namurois M. La Mine excelle dans l'art des jeux de mots. Il a par exemple inventé une carte des lieux communs ou une fiche ornithologique recensant les pinsons-sans-rire et autres merles moqueurs. Le ressort comique réside dans le décalage entre la finesse de l'exécution et le propos, absurde. On se régale avec les super-héros des figures de style, les citations philosophiques dans la bouche de footballeurs ou encore le livre "dont vous êtes le héros (très) secondaire". Inénarrable, cet album donne à découvrir un auteur qui sévissait déjà sur le Web. Vivement la suite ! 112 p., 17, 95 €. Thibaut Allemand

Richard Mèmeteau

#8

Sex Friends (La Découverte / Zones) Ce n'est pas tous les jours qu'un philosophe place des paroles d'Ariana Grande ou des répliques de Black Mirror en exergue de ses chapitres. Mais Richard Mèmeteau n'a peur de rien, et manie autant le concept que l'humour potache. Démontant quelques idées reçues sur la sexualité en régime capitaliste (les relations amoureuses réduites à un marché), l’auteur de Pop culture (2014) décortique les interfaces virtuelles et les modes de rencontres qu'elles induisent. Il dessine même les contours d'une "écologie sexuelle" découlant sur une morale de l'amitié. Stimulant ! 192 p., 17 €. Raphaël Nieuwjaer



style

Interview

Pierre Demoux La rĂŠvolution basket

# 10

Propos recueillis par Julien Damien Photo Pierre Demoux Š Alexandre Chabert


On les appelle sneakers, baskets, tennis et même espadrilles (au Québec) ou "paires de crêpes" (en Côte d'Ivoire). Sportifs ou flemmards, riches ou pauvres, vieux ou jeunes, femmes ou hommes, on les chausse tous d'un bout à l'autre de la planète. Mais connaissons-nous leur histoire ? Dans L'Odyssée de la basket, Pierre Demoux, journaliste pour le quotidien économique Les échos, décrypte l'un des objets iconiques de notre époque. Et il en a sous la semelle.

Pourquoi s'intéresser aux baskets ? Il suffit de baisser les yeux pour le constater : tout le monde en porte, quels que soient l'âge, le sexe, le lieu, les circonstances… Aujourd'hui en France, une chaussure achetée sur deux est une basket. C'est un témoignage de la globalisation culturelle qui gomme les particularités entre les pays. Les modèles leaders en France sont les mêmes aux étatsUnis, en Allemagne, au Japon… Barack Obama, lui-même fan de basket, porte parfois les mêmes qu'un pauvre hère à l'autre bout du monde.

Quand et où sont-elles nées ? Durant la seconde moitié du xixe siècle en Amérique du Nord et en Europe, au moment où la pratique du sport devient un loisir, d'abord dans les classes aisées. Puis elles apparaissent très vite dans la rue, car c'était une façon de montrer son aisance sociale.

Gebruder Dassler Schuhfabrik ‘rennschuh’ 1925, sprint shoe © Adidas

suite


Nike Air Jordan, 1984-85 © DR

Le mouvement est ensuite devenu massif à partir des années 1960, jusqu'à inverser la norme.

# 12

« Le terme "basket" n'existe qu'en France. » On parle de "baskets", mais aussi de "sneakers", de "tennis"… Quelles différences ? à l'origine, les baskets sont des chaussures montantes qui enserrent la cheville pour éviter les risques de torsion (pour jouer au basket, donc) et les tennis des chaussures "basses". Mais très vite, les Anglo-Saxons ont utilisé le terme générique de "sneakers" pour designer cette grande famille, dès le xixe siècle.

En réalité, le terme "basket" n'existe qu'en France. Que signifie sneakers ? Il provient du verbe anglais "to sneak", signifiant "se déplacer furtivement, sans bruit". Les semelles en caoutchouc ont en effet la particularité d'être silencieuses. C'est pourquoi les sneakers affichaient au début un petit côté sulfureux. Les pickpockets les plébiscitaient car elles leur permettaient de se faufiler derrière leurs victimes… Quel est le plus ancien modèle en production ? La Converse All Star. Elle est apparue en 1917, à Boston, et fut très peu modifiée depuis.


C'est certainement l'un des modèles les plus vendus à travers le monde (aujourd'hui encore), ayant sans doute dépassé la barre du milliard. Et puis c'est surtout le premier à porter le nom d'un sportif, en l'occurrence Chuck Taylor, bien avant Michael Jordan (qui les chaussait lors des JO de Los Angeles en 1984).

« la converse est la paire anticonformiste. » Les Converse ont séduit Elvis, les Who, les Rolling Stones… Est-ce la chaussure du rocker ? Oui, chaque génération l'adopte comme la paire anticonformiste. Depuis les beatniks en passant par le punk, le grunge, elle accompagne un certain goût pour la rébellion… alors qu'objectivement, ce n'est pas la plus confortable.

La Converse All Star, une étoile est née en 1917 !

Parallèlement au développement de Converse aux USA, on assiste à la naissance de deux géants en Allemagne : Puma et Adidas… En effet, c'est une histoire digne de Dallas, sauf qu'ici la basket a remplacé le pétrole, et J.R. et Bobby Ewing s'appellent Adolf et Rudolf Dassler. Ces deux frères, originaires d'une petite ville de Bavière, ont créé leur entreprise dans les années 1920. Ils se sont rapidement fait une réputation en chaussant les meilleurs athlètes, quelles que soient leur couleur de peau ou nationalité. Lors des J.O. de 1936 ils ont notamment chaussé Jesse Owens. suite


# 14

Avant de se séparer ? Oui, après la Seconde Guerre mondiale, brouillés à mort, ils créent chacun leur marque. Adolf fonde Adidas (contraction de son surnom "Adi" et des premières lettres de son nom de famille), et Rudolf Puma. Les deux installent leur entreprise chacune d'un côté de la rivière coulant au milieu de Herzogenaurach. Pendant un demi-siècle, la ville fut ainsi coupée en deux, comme une préfiguration de la guerre froide. Mais cette haine a aussi nourri l'évolution de la basket. Adidas et Puma se battront pour avoir les meilleurs matériaux, machines, ouvriers, sportifs. Elles deviendront respectivement

les numéros 2 et 3 du sport mondial, derrière l'intouchable Nike. Quel est le moment phare de l'histoire de la basket ? Pour moi, l'invention de la Air Jordan représente l'an zéro de l'ère de la basket comme accessoire grand public. Cette chaussure a cassé les codes marketing. Le premier modèle fut commercialisé en 1985 et porté par une légende : Michael Jordan. C'est pile le moment où la culture sportive rencontre celle du hip-hop, dont les fans ont adopté la basket dans les années 1970. Elle est pour eux une contestation de l'ordre établi, et bien pratique pour breaker.

Concert Run DMC, 1986 © DR


Quel est l’avenir de la basket ? Vous parler de "smartshoes"… Oui, il y a un essor de la chaussure "intelligente", capable d’anticiper vos besoins et de corriger vos défauts, via des semelles réalisées à partir d’une photo de vos pieds. Certaines embarquent aussi un petit logiciel et communiquent avec votre smartphone : pour signaler l'usure de votre paire, compter vos pas… Des startups développent même des sneakers chauffantes, détectant la fatigue ou les chutes. Demain, elles embarqueront peut-être votre carte de bus ou de métro !

à lire / L'Odysée de la basket. Comment les sneakers ont marché sur le monde, de Pierre Demoux (La Tengo), 160 p., 19 €, www.la-tengo.com

© Adidas

Les sneakers sont-elles toujours fabriquées dans des ateliers indignes ? Il y a effectivement eu une période noire. Les enseignes sportives furent les premières pointées du doigt, Nike en tête, lors d'un scandale planétaire dans les années 1990. Ces conditions de fabrication honteuse furent alors révélées, très souvent en Asie. Ces groupes n’ayant pas d’usine, ils sous-traitent la production sur ce continent. Pour continuer à vendre elles durent se plier à des conditions de travail aux standards plus élevés. Cette histoire montre à quel point la basket est un objet mondialisé : imaginée en Occident pour être produite en Asie puis réexpédiée.

Adidas et BVG, la compagnie des transports publics berlinoise ont créé un ticket original. La languette de la chaussure sert de carte valable dans le réseau de bus et de métro (une paire baptisée EQT-Support 93 / Berlin).

L’interview intégrale sur lm-magazine.com


portfolio

Xaviera Altena Ex-fan des nineties Alors que le revival eighties s’éternise, les nineties jouent aussi les prolongations. De quoi parle-t-on ? Du bon vieux temps du jean, de l’excentricité vestimentaire, des couleurs flashy ou du girl power façon Spice Girls… Bref, toute une époque ici réveillée par les créations digitales de Xaviera Altena. « J’adore l’esthétique et la pop culture de cette période », confirme cette Néerlandaise née en 1991. Pour autant, ses sujets demeurent on ne peut plus d’actualité : l’émancipation des femmes, mais aussi « le consumérisme, le changement climatique et notre façon de traiter les animaux », souligne l’intéressée, qui a trouvé sa vocation dès son plus jeune âge. « J’ai créé mes premières bandes dessinées à quatre ans, avant même de savoir lire, confie-t-elle. Je relatais mes aventures dans le jardin ou en famille ». Depuis, l’artiste a fait du chemin, et ses images ont tapé dans l’œil de clients prestigieux, comme Hermès ou The Guardian. Il faut dire que son style est reconnaissable au premier coup d’œil : une ligne claire, une palette flamboyante, soit la parfaite symbiose entre la BD et le graffiti. Elle nomme d’ailleurs ça le « cartoon pop-art ». évidemment, on pense à Keith Haring, une influence assumée de la Rotterdamoise, qui cite aussi Hergé ou Willy Vandersteen (le père de Bob et Bobette). Aujourd’hui illustratrice reconnue, Xaviera se serait aussi bien vue détective privée car, dit-elle, « j’adore les mystères et les enquêtes criminelles ». Dans la lignée de Twin Peaks, sans doute… Julien Damien

à visiter / xavieraaltena.com

# 16

à lire / L’interview de Xaviera Altena sur lm-magazine.com


Winter Queen


Ode to Rubens


Not Today…


Summer Body


Portrait of Zappa the Cat


Simple Diet


Lolita


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5

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Suisse

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Pleucadeuc

28 Paris

Bag ls-s -Cèze

Dossier spĂŠcial festivals Part 2

# 24

juilletaoĂťt 2019


1 – OLT Rivierenhof, Musique jusqu'au 05.09, Deurne (Anvers), p. 30

rancofolies de Spa, Musique 25 – F 18 > 21.07, Spa, p. 53

dyssée saison 2, Pluridisciplinaire 2 – O jusqu'au 31.08, Lens et alentours, p. 26

omorrowland, Musique 26 – T 19 > 28.07, Boom, p. 52

3 – A RTour, Arts visuels jusqu'au 08.09, La Louvière…, p. 32

27 – S tatues en marche Arts de rue, 20 & 21.07 Marche-en-Famenne, p. 54 28 – B agnols Reggae Festival, Musique 25 > 27.07, Bagnols-sur-Cèze, p. 84

5 – Montreux Jazz Festival, Musique jusqu'au 13.07 Montreux (Suisse), p. 85

es Nuits secrètes, Musique 29 – L 26 > 28.07, Aulnoye-Aymeries, p. 58

6 – G ent Jazz, Musique jusqu'au 09.07, Gand, p. 36

30 – D ekmantel, Musique 31.07 > 04.08, Amsterdam, p. 60

es Ardentes, Musique 7 – L 04 > 07.07, Liège, p. 41

31 – R ock en Stock, Musique 02 > 04.08, étaples, p. 62

8 – E n Nord Beat, Musique 05 & 06.07, Bailleul, p. 42

32 – E speranzah !, Musique 02 > 04.08, Floreffe, p. 62

9 – Rock Zottegem, Musique 05 & 06.07, Zottegem, p. 42

33 – L okerse Feesten, Musique 02 > 11.08, Lokeren, p. 64

10 – Cactus Festival, Musique 05 > 07.07, Bruges, p. 38

34 – R onquières Festival, Musique 03 & 04.08, Ronquières, p. 66

11 – Main Square, Musique 05 > 07.07, Arras, p. 41

35 – W ecandance, Musique 09 > 11.08, Bruges, p. 66

12 – Paradise City, Musique 05 > 07.07, Perk, p. 40

36 – Grand rassemblement des deux et plus, Insolite, 14 & 15.08, Pleucadeuc, p. 86

13 – Roots Reggae Festival, Musique 05 > 07.07, Hensies, p. 42 14 – Pile au RDV, Musique 05 > 07.07, Roubaix, p. 34 15 – Bruxelles fait son cinéma, Cinéma 05 > 19.07, Bruxelles, p. 34 16 – Les Nuits d'été, Musique 09 > 12.07, Lille, p. 48 17 – Dour Festival, Musique 10 > 14.07, Dour, p. 44 18 – Rock Herk, Musique 12 & 13.07, Herk-de-Stad, p. 48 19 – Festival interculturel du conte de Chiny, Pluridisciplinaire 12 > 14.07, Chiny, p. 46 20 – LaSemo, Musique 12 > 14.07, Enghien, p. 48 21 – Ostend Beach, Musique 12 > 14.07, Ostende, p. 50 22 – Joly Jazz en Avesnois, Musique 12 > 21.07, Avesnois, p. 50 23 – Het Groot Verlof + M-idzomer, Musique, 12.07 > 11.08, Louvain, p. 50 24 – Festival de la Côte d'Opale, Musique 15 > 21.07, Côte d'Opale, p. 53

a route du Rock, Musique 37 – L 14 > 17.08, Saint-Malo, p. 85 38 – B russels Summer Festival, Musique 14 > 18.08, Bruxelles, p. 68 39 – R égate internationale de Baignoires Arts de rue, 15.08, Dinant, p. 70 festival, Musique 40 – W 15 > 18.08, Waregem, p. 74 41 – P ukkelpop, Musique 15 > 18.08, Hasselt, p. 76 42 – F estival international des Arts de la rue Chassepierre, Pluridisciplinaire 17 & 18.08, Chassepierre, p. 78 43 – L e Cabaret Vert, Musique 22 > 25.08, Charleville-Mézières, p. 80 44 – T ouquet Music Beach, Musique 23 & 24.08, Le Touquet, p. 83 45 – L es Solidarités, Musique 23 > 25.08, Namur, p. 83 46 – R ock en Seine, Musique 23 > 25.08, Saint-Cloud, p. 85 47 – L es Rencontres inattendues Pluridisciplinaire, 30.08 > 01.09 Tournai, p. 82

Cactus festival, Minnewaterpark © Thomas Geuens, page 38

4 – Festival au Carré, Pluridisciplinaire jusqu'au 12.07, Mons, p. 36


pluridisciplinaire

saison 2

OdyssĂŠe

# 26

Tout un poème


Racines © Clément Lesaffre

Cabanes, Forest Living Room © BOYU architects Chaine des parcs © Euralens - Photo Jean-Michel André

En 2012, l'inauguration du Louvre-Lens réveillait le bassin minier grâce à la culture. Sept ans plus tard, c’est avec une "Odyssée" en trois saisons qu’Euralens célèbre cette mutation (réussie). Depuis mai, cette structure de développement de la future métropole a imaginé 150 événements avec la population pour magnifier les friches et terrils. Une bonne raison de passer l’été au grand air.


Fiat coupé-friterie © Benedetto Bufalino

P

récédemment dans "Odyssée - saison 1". Le peintre Hervé Di Rosa investissait Labanque de Béthune avec ses "trésors", acryliques sur toiles, sculptures et céramiques conçues ou glanées au gré de voyages (visibles jusqu’au 28 juillet). Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer racontaient dans la BD-enquête Sortir de terre la genèse et les bénéfices (culturels et économiques) du Louvre-Lens… lequel accueillait Homère. Cette exposition rassemble jusqu’au 22 juillet les artistes qui, de l’Antiquité à aujourd’hui, se sont inspirés du poète. En parlant d'inspiration, la population locale n'est pas en reste. « Tous les projets de la saison 2 émanent d’un "Appel à folles idées" lancé en 2016 auprès des habitants, explique Julien Carrel, directeur d’Euralens. Il s'agit cette fois de mettre en lumière la Chaîne des parcs, un archipel vert de 4  200 hectares au cœur de notre territoire, et classé au Patrimoine mondial de l’Unesco ».

# 28

Piscine gonflée Et que fait-on dans les parcs ? Des cabanes, pardi ! Entre juin et août, six spécimens durables, participatifs et sélectionnés lors d'un concours international de designers investissent les anciens charbonnages, où la nature a repris ses droits. Kiosque en copeaux de bois dans la Forêt domaniale de Vimy, futaie écarlate au sommet du terril de Noyelles-sous-Lens… Ces "bicoques" singulières sont prétextes à des promenades familiales, à pied, à vélo ou


Colombophilie © Jean-Michel André / Euralens

même en… "Fiat coupé-friterie" ! Après avoir baladé ce drôle d'engin entre le Parc des îles, Bruay-la Buissière et Roubaix (Pile au RDV, voir page 34), le plasticien Benedetto Bufalino (cf LM 133) invite petits et grands à plonger dans un "bus-piscine", construit à partir d’un véhicule désaffecté du réseau de transport Tadao. Entre "battle d’harmonies", "nightwalk gourmande" et balade sonore le long de la Souchez, la programmation réserve bien d'autres expériences sensorielles, mais jamais éloignées des traditions. Depuis plusieurs semaines en effet, le parc du Louvre-Lens abrite un « hôtel 4 étoiles pour pigeons », histoire de se frotter à la colombophilie, un autre totem des Hauts-de-France, et prêt à conquérir la capitale… Eh oui, durant la saison 3, ces pigeons prendront leur envol depuis l’institution lensoise jusqu’au Louvre Paris – vivement la suite ! Marine Durand Lens-Liévin, Hénin-Carvin, Béthune-Bruay, jusqu'au 31.08, divers lieux au sein de la Chaîne des parcs, nombreux événements gratuits, odyssee.euralens.org Sélection : 05 > 14.07: Le bus-piscine de Benedetto Bufalino (Gosnay, 14 h > 19 h, gratuit) 05.07 : Odyssée colombophile (Parc du Louvre-Lens, 18 h, gratuit), Nightwalk gourmande (Loos-en-Gohelle, 20 h 30, 10 / 7 € / gratuit (-6 ans) // 06.07 : Ouverture d'Avion-Plage (Avion, 14 h, gratuit) 07.07 : Battle d'harmonies (Parc du Louvre-Lens, 15 h > 18 h, gratuit), Gladiateurs du Haut-Empire (Parc du Louvre-Lens, 11 h 30, gratuit)... Et toujours / Exposition Homère : Lens, jusqu’au 22.07, Louvre-Lens, www.louvrelens.fr Exposition Les Trésors d’Hervé Di Rosa : Béthune, jusqu’au 28.07, Labanque, www.lab-labanque.fr Les cabanes : Cabanes 1.& 2 (Le Voyeur et Forest Living Room), Hénin-Beaumont // Cabane 3 (Futaie), Terril de Noyelles-sous-Lens (dès le 13.07) // Cabane 4 (Le Kiosque du Vallon), Forêt domaniale de Vimy // Cabane 5 (Cabin of Renewal), Mont-Bernanchon (dès le 06.07) // Cabane 6 (La Pic Niche), Bruay-La-Buissière


The Cinematic Orchestra Š b+@mochilla.com

# 30


musique

OLT

Rivierenhof

Un décor de verdure, entre bois, étangs et châteaux… Dans ce théâtre en plein air (Openluchttheater, en VO) se tient l'OLT Rivierenhof, festival étalé durant tout l'été et conviant, entre autres, quelques légendes ahurissantes des scènes pop, au sens très large. Tout d'abord une surprise, avec l'apparition inattendue du tandem Hall & Oates, parangon d'une certaine idée de la soul à la fin des 70's et au début des 80's. Pour situer : à côté, Phil Collins, c'est GG Allin. Le reste de l'affiche est heureusement bien moins effrayant : le parti pris est réellement détendu, cosy, à la coule – et ce, quelle que soit la couleur musicale. Ainsi, au fil de l'eau et des soirées, on se laisse bercer par les complaintes mélancoliques d'Omara Portuondo (figure du Buena Vista Social Club), les volutes romantiques de Tindersticks et la pop acoustique du suédois José Gonzales. Plein cadre Ailleurs, on cède à l'envoûtement du piano de Nils Frahm. L'ex-ministre de la Culture Gilberto Gil nous rappelle que le Brésil ne se résume heureusement pas au triste Bolsonaro. Et l'énergie brute ? Oh, on la retrouve du côté du reggae combatif d'Alpha Blondy, dans Deurne, jusqu'au 05.09, Anvers les riffs d'Amenra ou le set (prévisible, mais Openluchtheater, 46 € > gratuit www.openluchttheater.be toujours plaisant) du Syrien Omar Souleyman. Sélection : 04.07 : Low Alors bien sûr, peu d'entre nous apprécient + The Colorist & Howe Gelb tous les artistes ici présents – mais c'est un 07.07 : The Cinematic Orchestra 11.07 : Tindersticks // 16.07 : Daryl Hall peu le principe d'un festival. En revanche, & John Oates // 17.07 : Dead Man Ray 23.07 : Pink Martini chacun peut goûter entre deux concerts la 24.07 : Gilberto Gil & Roberta Sá majesté des lieux, au cœur du domaine de 01.08 : Omar Souleyman 04.08 : Los Lobos // 06.08 : Ziggy Rivierenhof, un parc de 132 hectares. Rien Marley // 07.08 : José Gonzales 08.08 : Omara Portuondo que pour ça, l'OLT vaut le déplacement. 10 & 11.08 : Hooverphonic Thibaut Allemand

22.08 : Nils Frahm // 24.08 : Alpha Blondy // 29.08 : Melanie De Biasio 01.09 : Amenra


Benoit+ Bo. Bar Union, photographie

ARTour

# 32

arts visuels

Mariant patrimoine et art contemporain, empruntant quelques chemins de traverse, cette biennale investit les musées et lieux remarquables de la Région du Centre (entre canaux et châteaux). Après la notion de collection, cette 12e édition s'intéresse au temps. Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, le site minier du Bois-du-Luc, à La Louvière, accueille par exemple l'herbier en métal de Jean-Philippe Tromme (soulignant la fragilité du présent) ou les images futuristes gravées dans le marbre de Carrare de Stéphanie Roland. à Binche, les Happy Heads déjantées du duo Benoit + Bo résonnent avec les pièces traditionnelles de la collection du Musée international du carnaval et du masque, dans un dialogue amusant entre passé et présent. Autre voyage temporel au Château Gilson : les installations de Transcultures réveillent des appareils devenus archaïques (cassettes audio, magnétos à bandes…), interrogeant avec poésie la notion d'obsolescence programmée. De quoi (re)prendre le temps de la réflexion. Julien Damien

Région du Centre, jusqu'au 08.09, La Louvière, Soignies, Binche, Carnières, MorlanwelzMariemont, divers lieux et horaires, pass : 10 € (entrée aux 5 musées du parcours de la biennale), www.artour.be Sélection : Bientôt déjà hier La Louvière, jusqu'au 08.09 Centre de la gravure et de l’image imprimée, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 3 € / grat. (-12 ans) Media Memories (Transcultures) La Louvière, jusqu'au 08.09 Château Gilson, sam & dim : 14 h > 18 h, gratuit Maëlle Dufour + Stéphanie Roland + Jean-Philippe Tromme + Migr'Actions La Louvière, jusqu'au 08.09, Bois-du-Luc, Musée de la mine, lun > ven : 10 h > 17 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 5 / 3 € / grat. (-6 ans) Happy Heads (Benoit + Bo) Binche, jusqu'au 03.11, Musée international du carnaval et du masque, mar > ven : 9 h 30 > 17 h sam & dim : 10 h 30 > 17 h 8 > 3,50 € / gratuit (-6 ans)



Pile au RDV

pluridisciplinaire

Chelsea Reject © DR

Bruxelles fait son cinéma

Créé en 2008 avec les habitants du quartier du Pile à Roubaix, ce temps fort envisage l'art comme une grande fête populaire. Entre les toupies géantes d'Esrawe Studio et la Fiat coupé-friterie de Benedetto Bufalino (tout est dit), La Cantina initie les papilles à la cuisine mexicaine (Eldorado oblige). Idéale pour reprendre des forces et danser lors du Bal latino "Tabaco y ron". Au crépuscule, les sets métissés (et épicés) de La Original Batichica ou d'Edsik & Faraï accordent tous les violons.

cinéma

Pour ceux qui auraient raté tous les bons films de ces deux dernières années, voici une belle séance de rattrapage. Ce cinéma itinérant et de plein air pose ses toiles d'Anderlecht à Uccle. Oh, pas de blockbusters ici (quoique…), mais des œuvres intimistes (Call me by your name), engagées (Capharnaüm), des comédies populaires mais de qualité (Guy d'Alex Lutz). Perso, on a déjà réservé notre transat pour enfin voir L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam – mais on fait cavalier seul… J.D. Bruxelles, 05 > 19.07, divers lieux, gratuit bruxellesfaitsoncinema.be Sélection : 05.07 : En Liberté ! de Pierre Salvadori (Koekelberg) // 09.07 : Guy d'Alex Lutz (Auderghem) // 10.07 : Foxtrot, De Samuel Maoz (Watermael-Boitsfort) // 13.07 : Capharnaüm de Nadine Labaki (Uccle) // 14.07 : Le Grand bain de Gilles Lellouche (Forest) // 16.07 : Everybody Knows d'Asghar Farhadi (Woluwe-Saint-Pierre) 17.07 : Call Me by Your Name de Luca Guadagnino (Woluwé-Saint-Pierre) // 18.07 : L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam (Jette)…

J.D.

Sélection : 05.07 : Sociedad Recreativa, Edsik & Faraï (DJ set) // 06.07 : Chelsea Reject, La Original Batichica (DJ set), Cie Just 1 Kiff : Bojoo, Métalu à Chahuter : Demoiselle verticale… 07.07 : Bal latino "Tabaco y ron" avec la Cie du Tire Laine, La Cantina - L'eldorado de la papille… 05 > 07.07 : Fiat coupé-friterie de Benedetto Bufalino, Los Trompos de Esrawe Studio, Le Bananalab de La Société Volatile…

© Laureline Baron

# 34

Roubaix, 05 > 07.07, La Condition Publique, Place Faidherbe et Canal de Roubaix, ven : 19 h, sam & dim : 14 h, gratuit, laconditionpublique.com



Festival

au Carré

Plongée en pleine Biennale, Mons profite de la torpeur estivale… pour bouger plus encore ! Entre théâtre, danse, concerts et fêtes partout en ville, ce festival convie la fine fleur de la création contemporaine, et quelques jeux de mains pas vilains, à l'image Kiss & Cry et de Cold Blood. Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et l’écrivain Thomas Gunzig ont donné naissance à des "nano-mondes" narrés du bout des doigts, confrontant en direct cinéma, musique, bricolages géniaux et une bonne dose de poésie. J.D. musique

Depuis 2002, le Gent Jazz réunit esthètes de la note bleue et artistes familiers du genre. Installé au milieu d’une ancienne abbaye, debout ou assis sur la pelouse (bien tondue), on apprécie une prog' aux horizons grands ouverts. Ici, le ténor soul Gregory Porter côtoie la légende folk Joan Baez, le pape de l'éthiojazz Mulatu Astatke ou Blick Bassy. Nourri de culture bassa, le Camerounais mêle sons latinos et africains, tradition et modernité, passé et présent, annonçant un moment fort du festival. J.D.

# 36

Gand, jusqu'au 09.07, De Bijloke 1 jour : 68 > 29 €, 2 jours : 97 > 42 € 3 jours : 144 > 72 €, www.debijloke.be Sélection : 03.07 : Mulatu Astatke, James Holden, Blick Bassy… // 04.07 : Joan Baez, Julia Holter… // 05.07 : Diana Krall, Vincent Peirani… 07.07 : Gregory Porter… // 08.07 : Sting, Novastar, Jaguar Jaguar… // 09.07 : John Zorn…

Mons, jusqu'au 12.07, Carré des arts, Théâtre le Manège, maison Folie, Tour Valenciennoise, Cour du 106, Arsonic, Grand- Place & divers lieux en ville, spectacles et concerts : 25 > 3 € nombreuses animations gratuites, surmars.be Sélection : 30.06 & 03.07 : Kiss & Cry + Cold Blood… // 02.07 : Swami Jr / Harold et Ruy Adrian Lopez-Nussa : Cuba-Brazil, Jazz Mestizo 06.07 : M.A. De Mey & J. Van Dormael : Amor… 07.07 : Road Trip en famille, Jazz Made in Mons… 08.07 : Via Katlehong & G. Maqoma : Via Kanana 08 & 09.07 : A.-L. Liégeois : Roméo & Juliette 09.07 : GrandGeorge // 11.07 : Les Innocents 12.07 : Voyage au bout de la nuit

Cold Blood © Julien Lambert

Blick Bassy © Justice Mukheli

Gent Jazz

pluridisciplinaire



Joe Jackson © John Huba

# 38


musique

Cactus Festival

Quelques jours de paix à l'écart du tumulte ambiant. On ne vous évoquera pas le proverbial "luxe, calme et volupté", car on n'aime pas les clichés. Et de luxe, il n'y a point. Mais la volupté, elle, se niche partout à l'ombre des arbres du Minnewaterpark, en compagnie d'artistes triés sur le volet. Les bonnes habitudes ont parfois du bon. Comme chaque année, les programmateurs du festival brugeois dressent une affiche en équilibre entre légendes vivantes et valeurs montantes. Au rayon géants, citons Joe Jackson : à 64 ans, l'auteur de Look Sharp ! (1979) s'avère toujours pertinent. Son dernier essai en date, Fool, se pare d'éléments classiques et jazz – et se situe comme l'un des meilleurs albums du maître. À l'opposé de ce spectre, la Néo-Zélandaise Aldous Harding continue de diviser : feu de paille ou future grande du folk ? On se fera un avis (ou on en changera) lors d'un concert qui promet, une fois encore, son lot d'étrangetés. Du bruit et de la douceur Et puis, le temps aidant, certains jeunots d'hier sont devenus des monuments. Ainsi de dEUS, qui célèbre les vingt ans d'Ideal Crash, pierre de touche d'une discographie sans faille, ou de Cat Power. Issue de la scène indie rock américaine, la barde blues folk n'a plus rien à prouver et reprend tranquillement Rihanna ou Lana Del Rey. Enfin, Bruges, 05 >07.07 on attend aussi (et surtout) Parquet Courts. Minnewaterpark, ven : 16 h, & dim : 11 h, 1 jour : 55 € Wide Awake ! (2018), dernier LP du gang de sam (sauf ven : 49 €), 2 jours : 90 €, Brooklyn, est sans doute son meilleur. N'étant 3 jours : 120 €, cactusfestival.be pas exactement des manchots sur scène, les Sélection : 05.07 : Oscar and Wolf, Goose, Faces on TV… quatre Américains devraient marquer le Cactus The 06.07 : Bloc Party, Joe Jackson, de leur empreinte et devenir, à leur tour, des Cat Power, Dead Man Ray… 07.07 : dEUS, Trixie Whitley, légendes vivantes. Thibaut Allemand Band Of Horses, Neneh Cherry, Parquet Courts, Aldous Harding, Boy Azooga…


© Fille Roelants

musique

Paradise

# 40

City

Depuis 2015, Paradise City prend place au pied d’un château du xve siècle, entouré d’étangs et de forêts – à mille lieues de l’hypermarché Tomorrowland. Derrière cet intitulé rappelant une chanson de Guns N’Roses se cache un festival écologique (pas de gobelet en plastique, nourriture 100 % locale…) et rassemblant la crème de l’electro. Branché sur courant alternatif, le plateau oscille allègrement entre house et techno, tout à la fois fédérateur (Polo & Pan, 2manydjs) et pointu. On y attend par exemple l’audacieux Folamour, jonglant avec le jazz et le hip-hop, le style eighties de Motor City Drum Ensemble ou Todd Terje, pour un set bigarré, entre lounge et disco-funk. Soyons clairs : de sa version dub d'All That She Wants d'Ace of Base à sa relecture de Welcome to the Jungle des Perk, 05 > 07.07 Domaine du Château de précités Guns N’Roses, le facétieux Norvégien a Ribaucourt, ven : 14 h toujours envisagé le remix comme un art (ré)créatif. sam & dim : 12 h 1 jour : 59 €, 3 jours : 109 € Enfin, outre Daphni (un avatar énervé de Caribou), paradisecity.be comment ne pas évoquer Dixon ? Co-fondateur du Sélection : 05.07 : John Mind Against, label Innervisions avec Âme, le Berlinois a brûlé plus Talabot, Polo & Pan (DJ set)… d’un dancefloor avec sa techno envoûtante, truffée 06.07 : Attari, Egyptian Lover, Folamour, Motor d’envolées lyriques et de cordes sensibles. Dès lors, City Drum Ensemble… 07.07 : 2manydjs (DJ set), Perk prend des airs… paradisiaques. Julien Damien Daphni, Dixon, Dj Koze, Todd Terje (DJ set)…


Main Square

Le petit frère du Rock Werchter continue de grandir, inaugurant un troisième plateau pour promouvoir quelques "produits" locaux (les punks de Bison Bisou, le folkeux Louis Aguilar). Sinon ? La Citadelle d'Arras aligne de sacrés noms (Cypress Hill, Damso) tout en ménageant de la place à de discrètes légendes, tel Arnaud Rebotini. Enfin, discrètes… Ce pionnier de la techno française n'est jamais aussi à l'aise que sur scène, alimentant le public en courant (très) haute tension ! J.D. Arras, 05 > 07.07, Citadelle, ven : 15 h 30, sam : 13 h 30, dim : 12 h 30, 1 jour : 54 € (ven & sam : complet !), 3 jours : épuisé !, mainsquarefestival.fr

Bigflo & Oli © Boby

Sélection : 05.07 : DJ Snake, Christine & The Queens, Damso, Caravan Palace, Charlotte De Witte, Cypress Hill, Angèle, Miles Kane, Lizzo… 06.07 : Martin Garrix, Macklemore, Skip The Use, Agar Agar, Arnaud Rebotini, Lomepal, Masego, Maggie Rogers, Matt Corby, Weekend Affair… 07.07 : Jain, Ben Harper & The Innocent Criminals, Bigflo & Oli, John Butler Trio, Idles, Editors, Eddy De Pretto, Bison Bisou, Structures, Louis Aguilar…

Gringe © Mika Cotellon

musique

musique

Les Ardentes En bord de Meuse, l'été à Liège, la température grimpe inexplicablement. Les causes de cette canicule se situeraient du côté de l'affiche incendiaire de ce festival, et en particulier au niveau de son plateau rap. Outre les pointures anglo-saxonnes (Little Simz, Young Thug, Pusha-T), c'est sans doute au Parc Astrid qu'on trouve le meilleur du rap francophone. Jugez plutôt : Nekfeu (dont on attend des inédits issus de son dernier album), Lomepal, Gringe, Booba, Roméo Elvis… Chaud, on vous dit ! J.D. Liège, 04 > 07.07, Parc Astrid, 13 h, 1 jour : 60 €, 4 jours : épuisé !, www.lesardentes.be Sélection : 04.07 : Aya Nakamura, Nekfeu… 05.07 : Aminé, The Black Eyed Peas, Brodinski, Gringe, Polo & Pan, Roméo Elvis, Pusha-T… 06.07 : Booba, Josman, Little Simz, Petit Biscuit, Vladimir Cauchemar… 07.07 : Lil Uzi Vert, Lomepal, Young Thug…


Roots Reggae festival, Lee Scratch Perry © pitpony.photography

Roots Reggae

Festival

Cinquième édition d'un petit événement dédié à la musique de Jah. On y a repéré le vétéran Rod Taylor (cousin vocal d'Horace Andy) ou les valeureux britanniques Ben Russell and the Charmers. Enfin, Lee Scratch Perry est aussi de la partie. Et sans lui, le bastringue moderne n'aurait sans doute pas le même visage. Hensies, 05 > 07.07, Ferme Bériot, ven : 16 h sam & dim : 12 h, 1 jour : 30 / 20 €, 3 jours : 60 / 50 € www.rootsreggaefestival.be Sélection : 05.07 : Tonton David, Mystikal Man, Dreaddy Baro // 06.07 : Lee Scratch Perry, The Skanky Fools, Ben Russell and the Charmers 07.07 : Rod Taylor, Mystikal Man, Alambic, Bob Wasa, Ryon, Naturality…

Rock Zottegem Né voici 25 ans au cœur de Zottegem, ce festival convoque d'anciennes gloires. L'occasion pour les amateurs de survêt' d'acclamer Limp Bizkit. Les plus nostalgiques applaudissent ici Tears For Fears ou Midnight Oil et leurs enfants découvrent en chair et en os ces artistes dont les disques encombrent les étagères du salon. On remarque enfin Interpol, encore jeunes pousses hier… Zottegem, 05 & 06.07, Bevegemse Vijvers ven : 17 h, sam : 12 h, 1 jour : 50 €, 2 jours : 95 € / gratuit (-7 ans), rock-zottegem.be Sélection : 05.07 : Limp Bizkit, Flogging Molly, Midnight Oil… // 06.07 : Interpol, Tears For Fears, Arsenal, Black Mamba…

En Nord Beat

# 42

Dingue ce qu'on peut imaginer au bord d'un zinc, en l'occurrence celui du Barabao à Bailleul. C'est ici que Sébastien Terrier et Louis Fagoo ont eu l'idée de monter ce festival. Quatre ans plus tard, En Nord Beat fait graviter autour de deux scènes légendes vivantes (The Skatalites, Omar Souleyman) et artistes scintillants (Jazzy Bazz, Numérobé) dans une ambiance de fête des voisins – mais cosmique. Bailleul, 05 & 06.07, Parc Legrand - Grubbe, ven : 16 h, sam : 14 h 30, 1 jour : 27 / 22 €, 2 jours : 48 / 40  €, www.ennordbeat.fr Sélection : 05.07 : Panda Dub, Jazzy Bazz, Brain Damage, Al'Tarba & Senbei, L'Ordre du Periph… 06.07 : Omar Souleyman, The Skatalites, Lysistrata, Numérobé x Loup Blaster…



Qui aurait pensé, en 1989, que ce festival existerait trente ans plus tard ? Certainement pas les deux étudiants à l'origine du projet, Marc de Fays et Carlo di Antonio. Aujourd'hui, ce dernier est ministre de l'Environnement et le festival, le plus grand événement musical et touristique de Belgique francophone. Délocalisé sur le parc éolien, il est plus que jamais dans le vent ! La preuve par quatre. Thibaut Allemand

Dour

© DR

# 44

Festival

© Boris Gortz

musique

A$AP Rocky

Le New-Yorkais fut auteur, l'an dernier, d'un Testing qui ne mit pas tout le monde d'accord, la faute à une pléiade d'invités (Kid Cudi, Moby, FKA Twigs, Frank Ocean…). En revanche, A$AP Rocky a bien amusé la galerie voici quelques semaines en posant pour des caleçons Calvin Klein. C'est qu'il faut bien payer les factures… À Dour, Rakim Mayers devrait cependant s'en sortir avec les honneurs. L'homme n'a pas son pareil pour incarner un savant mélange de trap et de cloud rap. Oh, certes, les débuts aventureux sont loin et A$AP n'est plus un challenger. Mais une valeur sûre, parfois déifiée (et plus souvent défiée) par la jeune garde. Un Rocky, quoi.


© DR

© Richard Dumas

Fontaines D.C. Il ne faut jamais dire, Fontaine, etc. N'empêche. En dépit de l'enthousiasme (généralement contagieux) de notre entourage, on n'a pas succombé au charme de ces Irlandais. Certes, il y a ici de l'énergie – mais chez n'importe quel groupe de K-Pop aussi, non ? Certains citent Shame, Idles, veulent à tout prix créer une scène – quel ennui ! Punk-rock ? Non, tout bêtement balourd. On a parfois révisé nos cruels jugements en voyant les accusés sur scène. Alors, ces D.C., qui sait ?

Skepta Avez-vous déjà visité Tottenham ? Pour autre chose qu'un match des Spurs, évidemment. Non ? C'est normal. Il ne s'y passe rien. Et c'est tant mieux. Car c'est de cette grisaille morne, de ce vide atroce et de cet ennui terminal qu'est né Skepta. Comme tous les rappeurs, en fait. À force de tenir le mur et de ressasser les mêmes vannes, on finit par les mettre en rythme – sur un grime on ne peut plus rocailleux. Et vous savez quoi ? Dans la boue de Dour, loin des rues londoniennes, ça fonctionne aussi.

Masters at Work Derrière un fameux logo, se planque l'un des plus célèbres tandem de producteurs de la Grosse Pomme. Little Louie Vega et Kenny "Dope" Gonzalez ont ambiancé les 90's de leur savoir-faire house et garage, et remixé un paquet de stars. À condition d'écouter la radio, évidemment : Michael Jackson, Madonna, Jamiroquai, Janet Jackson… mais aussi Daft Punk et Björk. Le duo possède une formule, on ne l'a pas toujours appréciée mais, la nostalgie aidant… Le charme de la p(l)atine des années, sans doute.

Dour, 10 > 14.07, Parc éolien, 12 h 1 jour : 75 €, 5 jours : 170 € www.dourfestival.eu Sélection : 10.07 : Amelie Lens, Bonobo, Moha la Squale, Salut c'est cool, Vladimir Cauchemar & Todiefor… 11.07 : Cypress Hill, Orelsan, Vince Staples, Laurent Garnier, Richie Hawtin, SebastiAn, AZF, Fontaines D.C., Hubert Lenoir… // 12.07 : Disclosure (DJ set), Rae Sremmurd,Vald, Apparat live, Flavien Berger, Masters at Work, Nina Kraviz, Paula Temple, Youssoupha, Charlotte Adigéry… // 13.07 : Damso, Skepta, Bicep (DJ set), Dima live (aka Vitalic), Tirzah… // 14.07 : A$AP Rocky, Action Bronson, Mr. Oizo, Roméo Elvis, Agar Agar, Charlotte de Witte, Curtis Harding, Kaytranada, Kompromat, Odezenne, Solomun, Tale Of Us, Chaton, Fat White Family…


Veronique De Miomandre, Sous les néons du désir © Novella De Giorgi

# 46

Festival interculturel du Conte de

Chiny

pluridisciplinaire

Le 14 juillet, tandis que la France se pâme devant un défilé militaire, la Belgique célèbre le conte sous toutes ses formes, en salle ou sous les étoiles. Une bonne raison de snober les démonstrations de force pour écouter de bonnes histoires, d'autant qu'elles reviennent de loin… Cette 30e édition accueille en ouverture La Marche des conteurs, 20 ménestrels des temps modernes achevant un périple d’une semaine de Chiny, 12 > 14.07, lieux et horaires, bourgades en villages. Ils y ont partagé des anec- divers entrée du site : 6 € / jour, 2 jours : 10 €, 2 € (-12 ans) / dotes avec les habitants, pour les restituer lors d'un gratuit (-5 ans) florilège de chroniques. La traditionnelle promenade en salle : 7 € / spectacle, (-12 ans) en barque a cette année de la concurrence, avec une 4 € 5 spectacles : 28 € (adultes) / 16 € (enfants) nouvelle "sieste contée" dans les bois, orchestrée par www.conte.be Léa Pellarin et le Vénézuélien Victor Cova Corréa. Sélection : Mais au fait, que se raconte-t-on à Chiny ? Oh, tout un 12.07 : La Marche des tas de choses. Des histoires personnelles et boulever- conteurs, Cabaret conte 13.07 : Christian santes, recueillies notamment auprès de prostituées Schaubroeck & Les passeurs réunis : Barques belges (Sous les néons du désir, de Véronique De de l’aube… et promenade Miomandre). Des comptines futées, entre chansons contée, Véronique de Miomandre : Sous les néons et langue des signes pour tout-petits (Anne Laroche du désir, Pascal Guéran : Les Evaporés du Japon… et Céline Asselborn). Ou encore des fables tsiganes 14.07 : Ummée Shah : narrées par deux conteurs et deux musiciens. Soit Kali, Victor Cova Corréa & Léa Pellarin : Sieste « l’un des temps forts du festival », selon son direc- contée, Armelle & Peppo Audigane, Anne Borlée teur, Benjamin Roiseux. Ceci n’est évidemment qu’une & Gilles Kremer : Scène mise en bouche. Une centaine de bonimenteurs sont partagée, contes tsiganes, Anne Laroche attendus – prêts à régler leurs contes… Marine Durand & Céline Asselborn : Le Tout petit qui…



dEUS © Jose Carlos Nero

Les Nuits

d'été

Rock

Emprisonnée suite à une bagarre, une bohémienne rend fou d'amour le brigadier Don José… Vous aurez sans doute reconnu l'argument de Carmen. Pour sa première édition, ce temps fort met à l'honneur l'ultime œuvre de Bizet. L'opéra comique le plus joué au monde est ici dirigé par Alexandre Bloch, magnifié par les illustrations de Grégoire Pont, et raconté par… Alex Vizorek ! Lille, 09, 11 & 12.07, Nouveau Siècle, 20 h 55 > 5 €, www.onlille.com

Herk

Herk-De-Stad est une petite commune du Limbourg qui vibre depuis 37 ans au rythme d'un festival entièrement dédié à la "musique alternative". On citera ici le combo postpunk de Whispering Sons, les lads de Sleaford Mods et surtout dEUS, qui célèbre les 20 ans de The Ideal Crash. Voir Herk et mourir ? Faut pas exagérer – mais ça, ce serait rock'n'roll ! Herk-de-Stad, 12 & 13.07, salle Harlaz-Olmenhof de Sint-Truidersteenweg, ven : 16 h, sam : 15 h 1 jour : 36 €, 2 jours : 52 €, www.rockherk.be Sélection : 12.07 : Digitalism, dEUS, Sleaford Mods, Metz, The Sore Losers… 13.07 : Dead Man Ray, Band of Skulls, The Van Jets, Dr. Lektroluv, Warhola…

LaSemo Derrière cet intitulé fleurant bon l'altermondialisme (LaSemo signifiant "graine" en esperanto), se cache l'un des premiers éco-festivals (ce genre à la mode). Dans cet écrin de verdure, on imagine le monde de demain (végétal) avec Luc Schuiten et on fait les zouaves avec Aldebert ou Les Négresses Vertes. Par contre, on a encore loupé le concert de Grand Corps Malade. On s'en remettra…

# 48

Enghien, 12 > 14.07, Parc d'Enghien, ven : 15 h, 45 € // sam & dim : 10 h 30, 48 € // 3 jours : 95 € Enfant 18 > 3 ans : 1 jour : 19 € (ven), 24 € (sam & dim) // 3 jours : 32 €, www.lasemo.be Sélection : 12.07 : Los Pepes, Grand Corps Malade… // 13.07 : Aldebert, Oldelaf, Debout sur le Zinc, Les Négresses Vertes… // 14.07 : Vers une cité végétale : conférence de Luc Schuiten, Stef Kamil Carlens, Saule, Les Wriggles, Charlie Winston…



Joly Jazz, Nouveaux climats © Guillaume Deraedt

Joly Jazz

en Avesnois

Du MusVerre à la station du Val Joly, ces 26 concerts (gratuits !) investissent des lieux insolites de la jolie campagne avesnoise. évidemment, il sera question de jazz (le titre annonce la couleur…), genre par essence ouvert aux quatre vents. On navigue ainsi entre les cuivres groovy d'Atomic Ladies, l'electronica de Verlatour et le blues de Sarah McCoy, dont la voix nous coupe toujours le souffle. Avesnois, 12 > 21.07, Avesnes-sur-Helpe, Trélon, Fourmies, Sains-du-Nord…, gratuit, bougezrock.com Sélection : 12.07 : Jim Nasty K 13.07 : Manaswing, GHV, Soul ‘n’Spirit, Verlatour 14.07 : Zanzi Groove, Les Vieux Garçons, The Swinging Dice // 15.07 : Swingin’ Partout feat. Robby Marshall // 16.07 : Nouveaux Climats 17.07 : Jug, Diego // 18.07 : Thomas Delor Trio, Interplay // 19.07 : Le Swing de l’Alligator, exposition Franck Marco, Atomic Ladies 20.07 : Yannic Seddiki Trio, Arnaud Van Lancker 21.07 : Nitcho Reinhardt, Sarah McCoy…

Het Groot Verlof & M-Idzomer Ici, outre un parcours gastronomique, la carte musicale est également haut de gamme, entre tagliatelles de branleurs mafieux (Fun Lovin' Criminals) et mythes sur patte, dont l'impayable Kid Creole & The Coconuts qui propose, depuis près de 40 ans, un inimitable cocktail de jazz swing, funk, calypso, reggae… La tequila paf est servie par Calexico. Si vous aimez le raisin ? Iron & Wine, évidemment. Het Groot Verlof Louvain, 12.07 >11.08, Oude Markt, Grote Markt, Vismarkt, gratuit, leuven.be Sélection : 12.07 : Fun Lovin’ Criminals, Dr Lektroluv… // 26.07 : Kid Creole & The Coconuts… M-Idzomer : Louvain, 01 > 04.08, Museum Leuven, 1 jour : 38 > 30 €, 4 jours : 115 €, www.m-idzomer.be Sélection : 01.08 : Lee Fields… 03.08 : Calexico, Iron & Wine… 04.08 : Dead Man Ray…

Ostend

Beach

# 50

On ne va pas se mentir, ce beach festival n'accueille pas forcément la crème de l'electro mondiale. Toutefois, comme lors du mariage d'un lointain cousin, on est content de retrouver des têtes connues : les vétérans Faithless et Ellen Allien. La Berlinoise nous présente d'ailleurs son dernier-né, Alientronic, fidèle à sa ligne techno abrasive – nous voilà en terrain connu. Ostende, 12 > 14.07, ven : 16 h, 20 € // sam : 12h, 45 € // dim : 12h, 35 € // 3 jours : 69 €, ostendbeach.be Sélection : 12.07 : Black Mamba, TLP aka Troubleman… // 13.07 : Ellen Allien, Luke Slater, Marco Bailey… // 14.07 : Cherry Moon Legends, Faithless (DJ set), Jan Van Biesen, Jeroen Delodder, KiNK…



Tomorrowland

# 52

Comme chaque mois de juillet, la bien nommée bourgade de Boom, dans la province d’Anvers, attend 400 000 fêtards venus de toute la planète. Imaginé par les frères Manu et Michiel Beers, ce grand bazar de la musique électronique attire depuis 2005 les figures du genre, avec un œcuménisme radical. Ici se côtoie le meilleur (Dave Clarke, Rødhåd, Tale of Us, Richie Hawtin…) et le pire (David Guetta, Bob Sinclar, Tiësto…). étonnamment, dans ce grand fourre-tout, on trouve aussi… le rappeur A$AP Rocky. En somme, deux week-ends traversés de BPM tous azi- Boom, 19 > 21.07 & 26 > 28.07 De Schorre, 12 h, Complet ! muts dans un cadre digne d'un Disneyland www.tomorrowland.com revu par Francis Bacon sous acide (à moins que Sélection : 19.07 : Camelphat, ce ne soit l’inverse). Dans ce gigantesque train Amelie Lens, Carl Cox, Steve Aoki, Tiësto, Dave Clarke, Rødhåd… fantôme décapotable, on danse sous les jets 20.07 : DJ Snake, Maceo Plex, Bodzin, Tale Of Us, de flamme, les feux d’artifice… Après "L’his- Stephan Helena Hauff, Nina Kraviz… 21.07 : Martin Solveig, Charlotte de toire de Planaxis" ou "L’élixir de vie", cette Witte, Richie Hawtin, A$AP Rocky… 15e édition est placée sous le thème du "Livre 26.07 : Amelie Lens, Carl Cox, PanLoco Dice, Charlotte de Witte… de la sagesse", comme en 2012. Une certaine Pot, 27.07 : Claptone, Armand van idée du paradis sur Terre – ou de l’enfer, c’est Helden, David Guetta, Bob Sinclar, DJ Snake, Die Antwoord, Rødhåd, selon. Julien Damien Tale Of Us… 28.07 : Solomun, Steve Aoki, Maceo Plex, Adam Beyer, Richie Hawtin…

© DR

musique


Festival de la

musique

Sur la jolie Côte Opale, en plein air ou au sein de lieux majestueux (le Château d’Hardelot), ce festival honore la chanson populaire tout en soutenant la création locale. Les Boulonnais de Père et Fils assurent ainsi la première partie de Bernard Lavilliers, tout en swing et java, quand les rappeurs rigolos de Welsh Records chauffent la place d'Orelsan. à Outreau, Marianne James se glisse quant à elle dans la peau de Tatie Jambon conviant nos chères têtes blondes à leur première "rêve-party" ! J.D. Boulogne-sur-Mer, Desvres, Le Portel, Condette, Neufchâtel-Hardelot, Outreau, 15 > 21.07, divers lieux et horaires, 1 concert : 25 > 15 €, www.festival-cotedopale.fr Sélection : 15.07 : Yves Jamait // 16.07 : Hoshi 17.07 : Marianne James (Tatie Jambon) 18.07 : Orelsan (+ Welsh Recordz) 19.07 : Bernard Lavilliers (+ Père et Fils) 20.07 : Cœur de Pirate // 21.07 : Les Franglaises

Angèle © Charlotte Abramow

Côte d’Opale

Francofolies

de Spa

à Spa, la langue de Molière se délie sous toutes ses formes, du rap d’Orelsan au rock de Feu! Chatterton. Les nouvelles sensations hexagonales (Bagarre, Therapie Taxi) donnent le change aux vieux de la vieille (Gaëtan Roussel, Patrick Bruel). Mais au petit jeu de la francophonie, c'est cette fois la Belgique qui gagne, en tout cas en nombre d’artistes. évidemment, Angèle galvanise la foule, tandis que Sttellla nous plie en quatre avec ses jeux de mots loufoques – alors, Parmesan autour de toi. J.D.

Orelsan © DR

Spa, 18 > 21.07, Parc de 7 heures, Place Royale Place du Mounument, 12 h 30, 1 jour : 53,50 € (sauf sam : 58,50 €) // 4 jours : 133,50 €, vitrines des Francos : gratuit, www.francofolies.be Sélection : 18.07 : Dionysos, Gaëtan Roussel, Ofenbach, Alice on the Roof, Juicy… 19.07 : Orelsan, Hyphen Hyphen, Therapie Taxi, L’Impératrice // 20.07 : Patrick Bruel, Feu! Chatterton, Sttellla, Hubert Lenoir, Camelia Jordana 21.07 : Angèle, Zazie, Bagarre, Clara Luciani, Thomas Azier, Jeanne Added, The Magician…


© Bruno Dream Pictures

# 54


Statues en Marche

arts de rue

Art vivant

© Renard Philippe / Fabrice Saudoyez

Attention, personne ne bouge ! Serait-ce une attaque à main armée ? Une invitation à 1, 2, 3 soleil ou au Mannequin challenge ? Que nenni, il s'agit de la règle d'or de ce festival. Pour cause, durant deux jours, Marche-en-Famenne accueille une centaine de statues vivantes. Un voyage immobile, dont vous ne reviendrez pas.


hors du temps… ». Dans les ruelles pavées, entre les vieilles bâtisses, parcs ou fontaines s’installe une flopée de personnages hétéroclites. « On croise des inventeurs, des peintres, des figures historiques ou évoquant des métiers oubliés… il n'y a pas de thème imposé ».

© Bruno Dream Pictures

Sacrés poseurs

# 56

Q

uel rapport entre Chaplin, Rubens ou Néfertiti ? Ils se retrouvent tous à Marche-enFamenne. Enfin, dans une version plus éveillée… mais figée. Située dans le sud de la Belgique, cette commune accueille depuis 2017 le plus grand rassemblement européen de statues vivantes – et près de 50 000 visiteurs. Il faut dire, le cadre s'y prête à merveille. « C'est une ville un peu moyenâgeuse, très verte et totalement piétonne durant l'événement, précise Cédric Monnoye, le concepteur. Elle se transforme alors en pays enchanteur,

Venus principalement des pays de l'Est, d'Espagne ou du Portugal où cette tradition est importante, ces artistes sont des virtuoses de l’inertie (pratique pour les selfies). « C'est une performance physique, ils restent statiques durant plus de 20 minutes dans des positions parfois inconfortables ». L'autre force de cette discipline réside dans la créativité des costumes et du maquillage « sans oublier les mimiques, le regard, l'attitude, précise Cédric Monnoye. Ils ne bougent pas, mais racontent une histoire ». Le parcours a lui été « écrit » sur-mesure : « l'homme de loi pose devant le tribunal, le médecin à côté de la pharmacie… ». à la fin, chacun vote pour son "œuvre" préférée. L'an passé c'est le Brésilien Euzébio Santos, en Chapelier fou, qui l'avait emporté – pour une fois, il a bien fait de se déplacer. Julien Damien Marche-en-Famenne, 20 & 21.07 divers lieux en ville, sam : 14 h, dim : 11 h gratuit, statuesenmarche.070.be Stage de statue vivante : Marche-en-Famenne 15 > 21.07, Maison des Jeunes de Marche, 85 > 65 € (18 > 11 ans), mj@marche.be


Ceci n'est pas une statue.

Š Renard Philippe / Fabrice Saudoyez


# 58

Kompromat © Erwan Fichou & Theo Mercier


musique

Les Nuits

Secrètes

« On n'est pas sérieux quand on a 17 ans », clamait le poète. Et à 18 ? Devenu adulte, le festival aulnésien poursuit sa croissance sans entrave, entre tradition et nouveauté, chemins de traverse et grands espaces, mais sans s'assagir pour un sou – tant mieux ! Les Nuits Secrètes sont donc « majeures et vaccinées », s'amuse le directeur, Olivier Conan. Vaccinées ? Pas sûr. Chaque été, elles transmettent la même fièvre, avec ses montées (devant Jeanne Added, entre autres bêtes de scène) ou ses pics de température (avec le duo Kompromat, les nouveaux morceaux de Nefkeu ou Hot Chip). La fête d'anniversaire est programmée à l'Eden, ancienne usine transformée en dancefloor à ciel ouvert, et chauffée par des artificiers de premier plan : le fidèle Vitalic, les lads de Sleaford Mods ou, en clôture, la fondatrice du label Passeport Records, Onyvaa, pour un set techno hautement inflammable. La grande vadrouille Pour le reste, le concept est inchangé. Les têtes d'affiche officielles (-M-, Paul Kalkbrenner, Metronomy, Roméo Elvis) côtoient des bricoleurs géniaux (Fat White Family, Flavien Berger). Mais la grande spécialité locale, ce sont bien sûr les parcours secrets : on prend le bus vers une destination inconnue (une église, une grange…) pour un concert "mystère". Parmi eux, Aulnoye-Aymeries, 26 > 28.07, 17 h, 1 jour : 42 > 27 € // 3 jours : 85 > 80 € citons la création hybride entre théâtre (pass 50 € épuisé !) // 1 parcours secret : 9 / 8 €, et musique, cosignée Seb Martel, grand parcours : 30 €, lesnuitssecretes.com Chocolate Genius et l'acteur Philippe Sélection : 26.07 : M, Jeanne Added, Salut c’est cool, Hot Chip, Pepite… // 27.07 : Roméo Rebbot (L'Amour flou). Déjà géniale, Elvis, Paul Kalkbrenner, Odezenne, Flavien Berger, Sleaford Mods, Léonie Pernet, Dima la recette se réinvente façon electro (aka Vitalic), Onyvaa… // 28.07 : Metronomy, (Molécule), sieste sonore, à vélo pour Polo & Pan, Blick Bassy, Yolande Bashing, Thylacine, Kompromat, Nekfeu, Fat White une balade musicale dans la jolie cam- Family, The Mamys & The Papys… Parcours secrets : Yael Naim, Molécule, pagne avesnoise ou carrément à l'aube Catastrophe, Blick Bassy, Chocolate Genius + Philippe Rebbot + Seb Martel, Canblaster – ou en after, selon l'âge… Julien Damien + Laure Brisa, Howe Gelb + M Ward…


Dekmantel

# 60

© Bart Heemskerk

musique

Depuis sa première édition, en 2013, Dekmantel s'est imposé comme le meilleur festival électronique. Ne pas s'imaginer des nuits remplies de laser, des basses ayant pour témoins les étoiles et autres cartes postales soniques. Cette petite sauterie a lieu… de jour principalement, dans une forêt merveilleuse, à deux pas du centre d'Amsterdam. Les habitués des petits matins de rave y trouveront leur compte. Les autres aussi, tant la programmation s'avère à la fois pointue et ouverte sur le monde (tous les genres et sousgenres sont présents) mais également sur l'Histoire : Dekmantel convie tout de même Cybotron. Nous sommes d'accord, Amsterdam, > 04.08, Cosmic Cars (1983) a mal vieilli. Mais sans Juan Atkins 31.07 Muziekgebouw, et Richard Davis, la techno de Detroit n'aurait pas eu Amsterdamse Bos, Tolhuistuin, Shelter, le même visage – aurait-elle seulement existé ? On Eye Filmmuseum, Bimhuis : 54 > 16,50 €, n'ose à peine l'imaginer. La Motor City est également 13 jour & 4 jours : épuisé ! dekmantelfestival.com représentée par Jeff Mills ou Arpanet, l'un des multiples alias de l'ex-Drexciya Gerald Donald (Japanese Sélection : 31.07 : Cybotron… Telecom, Dopplereffekt, Der Zyklus, Elecktroids…). 01.08 : Sunn O))), Yves Derrière, la manifestation convie des totems de Tumor, Jah Wobble & Bill Laswell, Peaking Lights, l'avant-dub avec Jah Wobble et Bill Laswell, des Wally Badarou, Arpanet… 02.08 : Adam X, Andrew figures de l'underground post-punk (Material, PiL…), Weatherall, Ben UFO & quelques ambassadeurs anglais (Andrew Weatherall, Blawan, Jeff Mills, Jon Hopkins, Mulatu Astatke, Ben UFO…) ou d'une techno abrasive mâtinée de Terrence Dixon… 03.08 : Danny Krivit, noise (Parrish Smith, Low Jack…). Bref, une grosse DJ Spinna, John Talabot, centaine de noms parmi lesquels chacun trouvera Low Jack, Parrish Smith, Surgeon, The Empire Line, son bonheur. Thibaut Allemand Tutu, Umwelt…



Moha La Squale © Sarah Schlumberger

musique

Rock

en Stock

Pour sa 21e édition, Rock en Stock fait peau neuve. Le traditionnel chapiteau laisse place à une scène ouverte située en contrebas (façon amphithéâtre de plein air) et le festival s'étend désormais sur trois jours, au lieu de deux. Les programmateurs ont remisé les jeux de mots au placard (dommage, on aimait bien Boris Viande), mais attirent du lourd, et pas seulement des rockeurs : Peter Doherty (et ses Puta Madres), Moha La Squale (et ses put… de punchlines) ou MNNQNS (toujours sans ses voyelles). J.D. étaples, 02 > 04.08, Boulevard du Valigot, ven : 17 h, sam & dim : 10 h 30 // ven : gratuit (sur réservation), sam ou dim : 25 € (+ camping : 30 €) // sam + dim : 40 € (+ camping 2 nuits : 50 €), www.rockenstock.fr Sélection : 02.08 : Pastel Coast, Beat Assaillant, Broken Back, Synapson // 03.08 : Penny Was Right, Pogo Car Crash Control, Hugo Barriol, Soviet Suprem, Les Tontons Flingueurs, Moha La Squale… 04.08 : Wille & The Bandits, MNNQNS, Natty Jean, The Spunyboys, Zola, Josman, Jahneration, Peter Doherty & The Puta Madres

Esperanzah !

Floreffe, 02 > 04.08, Abbaye de Floreffe, ven : 15 h, sam & dim : 12 h, 1 jour : 45 / 39 € // 3 jours : 92 / 79 € / gratuit (-12 ans), esperanzah.be Sélection : 02.08 : Danakil, Ibeyi, Thylacine, Delgres… 03.08 : Michael Kiwanuka, L.E.J., Fakear, Les Ogres de Barback, Georgio, Blick Bassy, Dom La Nena… // 04.08 : Caravan Palace, Feu! Chatterton, Polo & Pan, Veence Hanao…

musique

Ibeyi © David Uzochukwu

# 62

Esperanzah ! place cette année le climat au centre de ses préoccupations – mais pouvait-il en être autrement ? Accompagné par La Condition Publique et l’Irie Vibes Roots, ce festival conscient inaugure le projet "Trim The Footprint", visant à mesurer l'empreinte carbone de chacun, pour mieux corriger le tir. Côté artistes, on attend les sœurs Ibeyi, le jazzman Michael Kiwanuka, la mélancolie souriante de Dom La Nena ou Les Ogres de Barback, tous aussi engagés – et engageants. J.D.



Feesten

# 64

musique

NoFX © Joe Leonard

Lokerse

Chaque année, on se frotte les yeux, sidérés et un peu gênés pour la concurrence. C'est un peu comme si le Lokerse Feesten avait mis la main sur toutes les têtes d'affiche dont rêvent les événements estivaux en tous genres. Jugez plutôt : The Chemical Brothers, Patti Smith, Charlotte Gainsbourg, Europe, Scorpions, The Offspring, Therapy?, voire Keane… C'est vrai, ça ressemble au bac "variétés internationales" du Leclerc. Mais outre cette mise en rayon, l'affiche s'avère bien plus défricheuse et pas si tape-à-l’œil. Estampillée Red Bull, une scène accueille ainsi la crème électronique, du pionnier Felix Da Housecat à la pop cosmopolite de Charlotte Adigery, en passant par la techno plus dure d'une autre Charlotte – de Witte. Soutenue par cette dernière, Kaiserr défendra son approche plutôt abrupte de la chose, quand la Serbe Tijana T, habituée du Ber- Lokeren, 02 >11.08, Grote Kaai ghain, déploie son acid techno bien raide 1 jour : 57 > 15 €, pass Main Stage (+ Red Bull Music Stage) : 170 € dans nos contrées. Enfin, rien à voir mais www.lokersefeesten.be on y tient : la présence de NoFX, formation Sélection : 02.08 : Marc Borsato, régulièrement brocardée par les tenants du J Roots… // 03.08 : Dr. Lektroluv, Felix Da Housecat, Keane, Novastar bon goût, mais ô combien sous-estimée. 04.08 : Scorpions, Europe, Monster Magnet… // 05.08 : Patti Smith, Charlotte Braillards et débraillés, ces Californiens Gainsbourg, Father John Misty… 06.08 : The Offspring, Cocaine Piss, n'en restent pas moins des compositeurs It It Anita, NoFX, The Damned… hors-pair, des paroliers doués. Leur tort ? 07.08 : Christine and the Queens, Charlotte Adigery, Compact Disk Ne pas se prendre au sérieux. Et pour- Dummies, Róisín Murphy, Trixie Whitley… tant, on n'échangerait pas un titre de ces 08.08 : Roméo Elvis, L'Or du Commun… 09.08 : The Chemical Brothers, Charlotte zouaves contre tout Fontaines D.C., Idles et de Witte, Tiga, Kaiserr… // 10.08 : Arno, Triggerfinger, Therapy?, The Van Jets… Shame réunis. C'est dit. Thibaut Allemand 11.08 : Oscar and the Wolf, Kodaline…



© Ashley De Buck

musique

Wecandance "Yes we can dance" clamait (à peu de choses près) Barack Obama. Une bonne inspiration pour ce beach festival, dont les pierres angulaires demeurent fooding, mode et musique. à chaque année son thème, cette fois place au "safari". Après quelques brasses (déguisés en Indiana Jones), on déguste un menu signé par des chefs étoilés (dont Sergio Herman) et surtout un line-up aux p'tits oignons, entre house et techno, servi par DJ Tennis, Jennifer Cardini, Charlotte Adigéry ou Damian Lazarus. La classe. J.D. Bruges, 09 > 11.08, plage de Zeebrugge, 12 h, 1 jour : 59 > 26 € // 3 jours : 106 €, www.wecandance.be Sélection : 09.08 : Âme live, DJ Tennis, Jennifer Cardini… // 10.08 : Acid Pauli, Claire Laffut, Mathew Jonson live, Mind Against, Peggy Gou… // 11.08 : Charlotte Adigéry, Damian Lazarus, Jan Van Biesen…

Ronquières Festival

Ronquières, 03 & 04.08, Plan Incliné, 12 h, 1 jour : 46 €, 2 jours : 73 € / gratuit (-12 ans), ronquieresfestival.be Sélection : 03.08 : 2manydjs, Cœur de Pirate, Juicy, Kid Noize, Lomepal, Mustii, Todiefor, Typh Barrow // 04.08 : Bigflo & Oli, Clara Luciani, Daddy K, Eagle-Eye Cherry, Eddy De Pretto, GrandGeorge, Hooverphonic, Zazie…

Lomepal © Viktor Vauthier

# 66

Ici, le parti pris est simple : un cadre bucolique et une affiche éclectique faisant la part belle au plat pays. Au pied de ce Plan incliné (un ascenseur pour bateaux), on savoure les mixes œcuméniques de 2manydjs et quelques pépites belges en pleine croissance (Mustii, Juicy, Typh Barrow). Outre Lomepal et Eddy de Pretto (qui multiplient les points de chute cet été) on attend de pied ferme Eagle-Eye Cherry, tentant de remonter la pente plus de 20 ans après Save Tonight. J.D.

musique


re cultu Art & poche la e dans a lign oute l t r u s et

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www.lm-magazine.com


# 68

Festival

© éric Danhier

Brussels Summer musique

Plantons d'abord le décor. Le Brussels Summer Festival combine trois scènes à ciel ouvert en plein cœur de la capitale européenne. Les lieux sont plutôt majestueux : la Place des Palais, le Mont des Arts et la Place du Musée. Mais le cadre ne fait pas tout. Jamais avare de grands noms, le BSF (pour les intimes) accueille quelques fines plumes françaises (Feu! Chatterton, Grand Blanc, Gringe), la sensation post-punk du moment (les Belges de Whispering Sons), un freefighter contrarié (Booba) des artificiers electro (The Avener, Vladimir Cauchemar) et surtout l'immense Giorgio Moroder. De la BO de Midnight Bruxelles, 14 > 18.08 Place des Palais, Monts des Arts, Express (inoubliable Chase) à ses collaborations Place du Musée, 16 h 30, avec la muse Donna Summer (Love to Love 1 jour : 35 / 30 € // 5 jours : 75 €, bsf.be You Baby ou I Feel Love, premier morceau uni- Sélection : 14.08 : Christine and the Queens, Sein, Les Fatals quement composé avec des séquenceurs), le Picards… // 15.08 : Booba, Feu! Chatterton, Caballero & JeanJass, producteur italien a signé l'une des plus belles Grand Blanc, Pomme, Stuck in the pages de la dance-music. à 79 ans, le pape du Sound… // 16.08 : Giorgio Moroder, Hooverphonic, Manic Street disco entame sa toute première tournée mon- Preachers, Whispering Sons, Gringe, Inuït… // 17.08 : Kyo, The Magician, diale (qui a dit la dernière ?), accompagné par The Avener (DJ set), Vladimir plusieurs instrumentistes et choristes – mieux Cauchemar, Hyphen Hyphen… 18.08 : Lost Frequencies, Mustii, vaut tard que jamais. Julien Damien The Pirouettes…



RĂŠgate internationale de baignoires

arts de rue

# 70

Oh mon bateau !


© DR


© DR

Gare au gorille !

© DR

# 72

That's all Folks !


La Route du Rhum exhibe ses bolides des mers, mais on lui préfère la Régate internationale de baignoires. à Dinant, le jour de l'Assomption, ils sont une vingtaine à naviguer sur la Meuse à bord d'embarcations extravagantes. Bienvenue au carnaval nautique certifié insubmersible depuis 37 ans !

D

ans la Province de Namur, c'est une tradition bien ancrée. Chaque été, on bichonne sa baignoire, on la décore et on l'équipe pour… voguer sur la Meuse. Un événement « souvent copié, jamais égalé », s'amuse JeanOlivier Meyfroidt, le coordinateur. C'est en 1982 que les commerçants de la rue Sax, à Dinant, ont lancé l'idée – « après une réunion un peu arrosée… ». Depuis, tous les 15 août, une vingtaine de régatiers osent une croisière d'un kilomètre, plus folklorique que sportive. « C'est avant tout un défilé carnavalesque sur l'eau ». Il y a tout de même quelques règles. Cet « objet flottant non-identifié » doit par exemple être propulsé par l'énergie humaine ou éolienne : « en ramant, pédalant, avec une voile… seuls les moteurs sont exclus ». Pour le reste rien n'est figé, surtout pas la créativité. 69, année héroïque D'une année à l'autre, les participants rivalisent d'ingéniosité pour rendre leur rafiot unique. Voiture, château, paquebot… Le plus dingue ? « En 1989, pour les 100 ans de la Tour Eiffel, nous en avions conçu une réplique d'une dizaine de mètres, avec un troisième étage rétractable pour passer sous le pont ! ». Après le cinéma et ses frêles esquifs célébrant Jurassic Park ou King Kong, cette 37e édition a pour thème "69… on a marché sur la lune !" « Oui, ce fut une année mémorable pour la Belgique », sourit le Dinantais. Car chacun connaît le vrai miracle de ce fameux 20 juillet : tandis qu'Armstrong batifolait dans l'espace, Eddy Merckx remportait son premier Tour de France ! Attend-on quelques baignoires-bicyclettes à Dinant ? « Ah, vous n'en saurez rien ! La surprise doit rester totale », promet Jean-Olivier. C'est bien la seule fois où il ne se mouillera pas… Julien Damien

Dinant, 15.08, centre-ville, départ des régates : 16 h (rive droite en face du casino), course de baignoires en kit : 14 h (inscription dès 13 h 30) // brocante : 6 h, gratuit, www.lesbaignoires.be


Peter Hook © Fotech

# 74


musique

W Festival Doit-on s'étonner de la longévité du revival eighties ? Pas si l'on considère qu'à l'instar des sixties ou des seventies, les années 1980 sont désormais une source d'inspiration comme une autre – et ses survivants, plus jeunes que McCartney et moins morts que Lennon. De plus, c'est sans doute durant cette décennie que la Belgique a rayonné sur le monde. Des labels comme Crammed Discs, Les Disques du Crépuscule, R&S Records et Factory Benelux ont définitivement associé le plat pays à des scènes défricheuses et sombres : goth, cold wave, new wave, synth pop et new beat. La preuve avec le fil rouge de ces quatre jours, l'Américain Blaine L. Reininger, qui reprend le répertoire de son ancien groupe, Tuxedomoon. Eh oui : née sous le cagnard de San Francisco, cette formation mythique émigra rapidement à Bruxelles, où ses expérimentations s'harmonisaient davantage au climat local. Ombres et lumières Parmi les autres figures de proue de la scène indépendante, évoquons bien sûr Echo and The Bunnymen (dont les albums tardifs valent le détour), le nostalgique Peter Hook revisitant Joy Division et New Order. Les amateurs de testostérone ne manqueront pas Nitzer Waregem, 15 > 18.08, Waregem Expo Ebb (soit DAF, sans la finesse et l'ambi- 12 h, 1 jour : 60 € // 4 jours : 220 € www.waregemexpo.be guïté). Mais tout ne sera pas sombre ici, Sélection : 15.08 : Signal Aout 42, en témoigne la présence de The Human Tristesse Contemporaine, The Primitives, League (matrice d'à peu près toute la pop Time Bandits, Echo and the Bunnymen, The Stranglers, The Cassandra Complex, synthétique actuelle), d'Allez Allez ou de Blaine L. Reininger plays Tuxedomoon, The Blow Monkeys… // 16.08 : Allez Allez, Jimmy Somerville (ce mix improbable Johnny Hates Jazz, Nik Kershaw, Howard entre Lénine et Farinelli). On citera enfin Jones, Tony Hadley (Spandau Ballet), Blaine.L Reininger plays Tuxedomoon… The Primitives, une formation mineure 17.08 : Sigue Sigue Sputnik Electronic, The Human League, Killing Joke, Nitzer certes, mais ayant signé l'un des meilleurs Ebb, Blaine L. Reininger plays Tuxedomoon morceaux que Blondie a oublié d'écrire 18.08 : Peter Hook & The Light, China Crisis, Jimmy Somerville, New Model Army, Blaine L. Reininger plays Tuxedomoon… (Crash, en 1988). Thibaut Allemand


Pukkelpop Quiconque a traversé la Nouvelle-Zélande connaît Pukkelpop. À l'ombre de montagnes millénaires, face au soleil se couchant dans le bleu du Pacifique, se tient la plaine de Kiwi. Ah ! Que de souvenirs là-bas, que d'aventures inénar… Pardon ? Vous dites ? Pas Kiwi ? Kiewit ? Mais c'est où ça ? En Belgique ?!? Bon, ben voilà. Pukkelpop, la Belgique. Thibaut Allemand

Billie Eilish © Kenneth Cappello

musique

# 76

Billie Eilish Avec son air morose et ses fringues XXL, la jeune Américaine colle un peu de grisaille sous le soleil californien. Et c'est tant mieux ! À rebours des mirages optimistes vendus par la Silicon Valley, Eilish chante un mal-être aussi adolescent qu'intemporel, de Rimbaud à Cobain en passant par Antigone (le mythe, pas le DJ). Le tout sur une pop indescriptible, nourrie à la trap et aux différentes vagues de waves – on perçoit souvent dans son premier LP ce que l'on a attendu en vain de The XX. Voix d'ange légèrement auto-tunée par endroits, beats secs et froids, envolées séraphiques et détresse urbaine, c'est tout cela, Billie Eilish.


Loyle Carner Le hip-hop est une façon de se raconter. Avec frime, pour beaucoup. Sans fard, pour quelques-uns. Loyle Carner est de ceux-ci. Grandi dans le sud de Londres, rapidement soutenu par quelques grands tels MF Doom ou Kate Tempest, ce Britannique conte son quotidien sur fond de jazz et de soul (You Don’t Know, samplant l'emblématique Deep Shadows de l'étoile filante Little Ann). Cette veine autobiographique le voit "in-Carner" de multiples personnages et conserver une tenue honnête et droite. La classe.

Tame Impala Après deux albums franchement surestimés et au psychédélisme scolaire, Kevin Parker, tête pensante et brouillée de Tame Impala, réinventait son joujou en signant un morceau que Daft Punk avait oublié d'écrire (Let It Happen). Récemment vu sur scène, ce fondu de r'n'b et de nappes atmosphériques nous a éblouis (light-show divin, confettis…). L'Australien n'a cependant pas joué un seul inédit, excepté les deux singles, Borderline et Patience – soyons patients, donc !

Anderson .Paak représente un peu l'exact opposé de la précitée Eilish. Pas le temps pour la morosité : noir, sans le sou, un temps SDF avec femme et enfant, il a pu rebondir et devenir une star internationale – oui, ce vieux rêve américain, on y revient. Pas un hasard si son dernier LP se nomme Ventura, du nom du comté californien qui l'a vu naître. Ce poulain de Dr. Dre a même engagé la légende soul Smokey Robinson sur un titre. Travailler dur et espérer s'en sortir. L'Amérique, quoi.

© DR

© Matt Sav

Anderson .Paak

Hasselt, 15 > 18.08, Kiewit, 11 h (sauf jeu : 18 h), 1 jour : 100 € // 4 jours : 205 €, www.pukkelpop.be Sélection : 15.08 : Black Box Revelation, The Van Jets, TLP… // 16.08 : The National, Dermot Kennedy, Post Malone, Franz Ferdinand, James Blake, Jon Hopkins, Modeselektor, White Lies, Agoria, Idles, Loyle Carner, Yves Tumor & It’s Band… // 17.08 : Tame Impala, Eels, Gossip, The Streets, The Black Madonna, Jorja Smith, Altin Gün, Ezra Collective, Hop Chip, Meute, Parcels, Whitney… // 18.08 : The National, Prophets of Rage, Twenty One Pilots, Amelie Lens, Anderson. Paak, Billie Eilish, Johnny Marr, Kelis, Anna Calvi, Connan Mockasin, Jeff Mills & Tony Allen, Kate Tempest, Princesse Nokia, Tommy Genesis, Weval…


# 78

arts de rue

Hotel iocandi, Esquerdes © Dani Alvarez

Festival international des arts de la rue de Chassepierre

Chassepierre, charmant village de 200 âmes, se transforme chaque été en pôle international des arts de rue. Venues de Belgique, Suisse, France ou d’Espagne, plus de 50 compagnies investissent chaque ruelle et recoin de prairie de cette commune wallonne située au bord de la Semois. Cette 46e édition s’annonce tout en "corps en mouvements, et émouvants". Le conseil de Charlotte Charles-Heep, la directrice ? S’organiser un minimum, surtout si c’est votre première fois. « Programmez trois spectacles à voir dans la journée… puis déambulez le reste du temps, histoire de vous laisser surprendre ! ». Au cœur des 17 lieux du festival, les propositions Chassepierre, 17>18.08 sont multiples, entre jonglage, danse, clown, conte divers lieux en ville, 11 h, 1 jour : 20 > 14 €, (8-12 ans : 10 > 7 €) musical, pièces comiques et même concerts ! Cette 2 jours : 30 > 20 €, (8-12 ans : 15 > 10 €) / gratuit (-8 ans) année, le fil rouge fait la part belle au cirque, à www.chassepierre.be l’acrobatie et à des spectacles du genre intense. à Sélection : Cie Bivouac : l’image des trois jongleurs fous de Defracto, aux À corps perdus, Bruitquicourt : Hamlet en 30 minutes, prises avec la Dystonie, soit un « trouble moteur Cie Defracto : Dystonie, Dépliante : Starsky Minute, entraînant des gestes incontrôlés » – on vous La Happy Face : Passe par la fenêtre et cours, laisse imaginer la suite…Tout aussi athlétiques, les Joshua Monten : Little Joy, Suisses de Little Joy mêlent bastons dantesques, Cie La Passante : Cirquélix + Rue Dames, Les Filles du Renard gags et musique. On se laisse aussi séduire par des Pâle : Résiste, Le Nom du Titre l’architecture bien perchée d'à corps perdus. Dans – Fred Tousch : Fleur, Les Petits Détournements : La Manufacture cette chorégraphie époustouflante, la Compagnie Sonore, Cie Rhizome – Chloé : La Spire… Bivouac déploie une forêt de mâts chinois sur… Moglia Musique : En Fanfare, Folk une plateforme mouvante – gaffe au torticolis. M. Pons Dandies, The Muddy States…



Patti Smith © Férial / éditions Gallimard

# 80


musique

Le Cabaret

Vert

Ils s’étaient mis en tête de secouer le Val, ce beau dormeur. En une dizaine d’années, l’équipe du Cabaret Vert a placé les Ardennes sur la carte musicale européenne. Et avec la manière : à Charleville-Mézières on ne transige pas avec la qualité de l'accueil et le respect de l’environnement. à rebours du greenwashing ambiant, ce Cabaret serait donc bien vert. « C’est simplement du pragmatisme », affirme Julien Sauvage, à la proue de ce bateau pas si ivre. « Privilégier le local, c’est du réalisme économique, et ça correspond à notre idéal de départ ». Mais soyons honnêtes, personne ne se déplace en festival pour compter les touillettes en bambou. Ça tombe bien, ici on parle aussi de « biodiversité culturelle », soit un savant mélange d’artistes populaires et de découvertes. Droit au but Cette année, le haut de l’affiche est tenu par le all-star band métal-rap Prophets of Rage. à leurs côtés, Patti Smith incarne la synergie parfaite entre prestige international et souci du local : l’égérie rimbaldienne du CBGB se présente pour la première fois à Charleville en tant qu’Ardennaise, ayant élu domicile dans la ferme où vécut son idole. Entre autres noms immenses (Johnny Marr, Foals), le Cabaret se distingue également par son Greenfloor, qui transforme le Square Bayard Charleville-Mézières, 22 > 25.08, Square Bayard en club à ciel ouvert. Peggy Gou y jeu : 17 h, ven > dim : 14 h // 1 jour : 51 / 49 € (jeu), (ven & sam), 16 / 15 € (dim) // 3 jours : 89 > 79 € enflamme les débats avec des sets 41 / 39 € (ven > dim) // 4 jours : 135 > 119 €, cabaretvert.com hédonistes, tandis qu'un match Sélection : 22.08 : Twenty Øne Piløts, Prophets au sommet oppose les sélections of Rage, Roméo Elvis, Johnny Marr, Caballero & JeanJass, Maya Jane Coles, Motor City Drum impeccables de DJ Marcelle à la Ensemble, Peggy Gou, Djibril Cissé aka Tcheba… technique de Djibril Cissé, encore 23.08 : Orelsan, IAM, Angèle, Ziggy Marley, Courtney Barnett, Oh Sees, The Black Madonna, Robert Hood, peu éprouvée en dehors des ter- Todiefor… // 24.08 : Foals, Patti Smith, Nina Kraviz, James, Salut c'est cool, Joy Orbison, Kenny Dope, rains. à Charleville, on trouve donc DJ Sneak, Le Prince Harry, Cocaine Piss, It It Anita, la biodiversité, l’AOC, et même le The Egyptian Lover, Fishbach… // 25.08 : Bernard Lavilliers, Gaëtan Roussel, Barcella, Steve Gunn, Vaudou Game, AZF, DC Salas, DJ Marcelle… contrôle orienté ! Mathieu Dauchy


pluridisciplinaire

Les Rencontres

# 82

© Véronique Pipers

Inattendues

Unique en Europe, ce festival conjugue musique et philosophie à travers des formes artistiques innovantes. L’essai Habiter le monde, du poète et économiste sénégalais Felwine Sarr, donne le tempo de cette 9e édition, où l’on attend (entre autres) les écrivains Boualem Sansal et Gwenaëlle Aubry, ou le journaliste Edwy Plenel. Sur scène, ces intellectuels croisent les artistes Denis Lavant, Rokia Traoré ou Jean-Paul Dessy, donnant à rêver comme à réfléchir. Le Pouvoir de la musique, donné en ouverture, tend ainsi un pont entre notre Occident familier et le Japon. Dans l’écrin classé de la Cathédrale Notre-Dame de Tournai, des joueurs de shamisen, taiko ou de wadaiko communient avec le compositeur belge Eloi Baudimont Tournai, 30.08 > 01.09 lieux et horaires et sa "Fanfare détournée". « Chaque année, nous divers 20 > 4 €, nombreux événements montons des spectacles inédits », souligne Didier gratuits, lesinattendues.be Platteau, le commissaire de la manifestation. Parmi Sélection : 30.08 : Aubry & Nadine ces (grands) pas de côté, citons le rituel sonore cha- Gwenaëlle Eghels : La folie Elisa, manique proposé à la Halle aux draps… qui invite Le Pouvoir de la musique 31.08 : Boualem Sansal : face les participants à se reconnecter à leurs racines ! Et aux fanatismes, que peut la Peut-on vivre puis, parce que la mort est « l’un des sujets numéro littérature ?, à l’excès ? (avec Gwenaëlle Aubry), Comment habiter 1 explorés en philo », l'auteure Vinciane Despret le monde différemment ? et la pianiste Thérèse Malengreau dialoguent sur (Felwine Sarr), Au bonheur des (avec Vinciane Despret la façon de vivre, au quotidien, sans oublier les morts et Thérèse Malengreau)… défunts. L’esprit du regretté Michel Serres, com- 01.09 : Café croissant philo avec Edwy Plenel, Lecture plice du festival dès sa première édition, planera musicale par Boualem Sansal : Le train d’Erlingen ou la sûrement ce soir-là à Tournai… Marine Durand métamorphose de Dieu…


Touquet

musique

Pour sa quatrième édition, le TMB mêle tauliers de l'electro française et DJs régionaux… qui sont parfois les mêmes. Pour preuve Klingande, originaire de Croix, qui a connu un succès mondial avec sa tropical house. Si on ne présente plus étienne de Crécy, Møme ni Kungs (cf son hit This Girl) attardons-nous sur La Mamie's. Fondé en 2007, ce collectif parisien enjaille les clubs et free-parties en sautant de la deep house au funk… et mixant uniquement avec des vinyles – du groove certifié conforme ! J.D. Le Touquet-Paris-Plage, 23 & 24.08 Front de mer, 17 h, 1 jour : 40 € // 2 jours : 70 € touquetmusicbeach.fr

Étienne de Crécy © Marie de Crécy

Sélection : 23.08 : Kungs, étienne de Crécy, Myd B2B Boston Bun, La Mamie's… 24.08 : Feder, Møme, Klingande, Henri PFR…

musique

Suzane © Pierre & Florent

Music Beach

Les Solidarités Solidaire, ce festival l'a toujours été. Avec des artistes sur le retour en quête d'une gloire nouvelle (au hasard, Obispo, Axelle Red) et les spectateurs étourdis qui ont tout loupé cette saison. De Moha La Squale à Jeanne Added, en passant par Aya Nakamura, Clara Luiciani, Angèle ou L'Impératrice, la Citadelle de Namur accueille les sensations de l'année écoulée. Comme une sorte de best-of live ? Oui, mais sans Eddy de Pretto, pour une fois – qui a dit "dommage" ? J.D. Namur, 23 > 25.08, Citadelle de Namur ven : 18 h, sam & dim : 11 h 30,1 jour : 37 > 28 € (ven), 3 jours : 64 € / gratuit (-12 ans), www.lafetedessolidarites.be Sélection : 23.08 : Axelle Red, Gaëtan Roussel, Pascal Obispo… // 24.08 : Angèle, Caballero & JeanJass, Charlie Winston, Claire Laffut, Disiz La Peste, Jeanne Added, Juicy, Moha La Squale… 25.08 : Atome, Aya Nakamura, Camélia Jordana, Clara Luciani, GrandGeoge, Kendji Girac, Suzane, L'Impératrice, Vendredi Sur Mer…


festivals Hors Eurorégion

La grande vadrouille

Bagnols Reggae

Festival

Tiken Jah Fakoly © Youri Lenquette

En accord avec notre époque, nous privilégions le local. Mais foin de régionalisme ! Pour les chanceux qui partent en vacances, voici quatre bonnes adresses où planter sa tente. De Saint-Malo à Montreux, en passant par le Gard ou Saint-Cloud, ces festivals valent le détour. On vous indique la route ? Julien Damien

C'est très joli Bagnols-sur-Cèze. Jugez plutôt : une place ensoleillée typique du Gard, des remparts entourés de collines, de garrigue et des... dreadlocks ? Eh oui, cette ville affiche une chouette tradition. Au cœur de l'été, depuis 2002 et trois festivals successifs (celui-ci ayant repris le flambeau l'an passé) son histoire est liée à la musique de Jah, sous toutes ses formes. Au bord d'une rivière, au sein du bucolique parc Rimbaud, se côtoient de grands prêcheurs reggae (Tiken Jah Fakoly, Don Carlos), des tauliers du dub (Channel One), du ska (The Skatalites) et du dancehall (Horace Andy). Bref, c'est Babylone-sur-Cèze !

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Bagnols-Sur-Cèze (Gard), 25 > 27.07, Parc Arthur Rimbaud, 1 jour : 35 € // 3 jours : 90 € / grat. (-12 ans), bagnols-reggae-festival.com Sélection : 25.07 : Don Carlos, Busy Signal, Samory-I, Back Roots... // 26.07 : Morgan Heritage, Alborosie, Queen Ifrica, Bushman, I Wayne, Johnny Clarke & We The People Band, Channel One... 27.07 : Tiken Jah Fakoly, Rockers Jamaïca, Eek E Mouse, Third World, Horace Andy, The Skatalites...


La Route du Rock

Rock en Seine

Une institution pour les amoureux de guitares sèches et électriques ? Sans doute, mais aussi (et de plus en plus) pour les nappes électroniques. Entre Idles ou les saltimbanques de The Growlers, cette 29e édition reçoit de fines lames de la scène techno (Jon Hopkins, Paula Temple) et quelques fameux claviéristes : Metronomy ou Stereolab, de retour après une pause de dix ans. Perso, on en pince pour Le SuperHomard, pourvoyeur d'une parfaite BO estivale... tout en psychédélisme mélancolique.

Alors là, c'est simple : Rock en Seine, c'est les grands plats dans les immenses ! En témoigne la présence à Saint-Cloud de The Cure, Foals, Jorja Smith, Eels, Jeanne Added et surtout d'Aphex Twin. Le Britannique, qui ne s'était pas produit en France depuis 2011, n'est certes plus l'avant-gardiste de jadis, mais ses concerts restent immanquables, entre déluges d'effets visuels et de BPM tous azimuts. La jeune garde electro française, Agar Agar en tête, appréciera...

Saint-Malo, 14 > 17.08, Fort de Saint-Père mer : 23,50 > 21,50 € // jeu, ven & sam : 46,50 > 43,5 €, 3 jours : 108 > 98 €, laroutedurock.com

Saint-Cloud, 23 > 25.08, Domaine national de Saint-Cloud, ven, sam & dim : 69 > 49 € 2 jours : 115 € // 3 jours : 159 €, rockenseine.com

Séléction : 14.08 : Big Thief, Sharon Van Etten... 15.08 : Idles, Fontaines D.C., Jon Hopkins, Tame Impala, Stereolab... // 16.08 : Le SuperHomard, Beirut, Paula Temple, Hot Chip, Altin Gün... 17.08 : The Growlers, Deerhunter, David August, Metronomy...

Sélection : 23.08 : The Cure, Bagarre, Balthazar, Eels, Jeanne Added, Johnny Marr, Kompromat, Let's Eat Grandma... // 24.08 : Major Lazer, Jorja Smith, Catastrophe, Celeste, Jungle, Mahalia, Polo & Pan, Tommy Genesis... // 25.08 : Aphex Twin, Foals, Agar Agar, Boy Azooga, Deerhunter, Sam Fender, Two Door Cinema Club, Le VilleJuif Underground, Weval...

Festival

Créé en 1967, ce festival a vu passer Nina Simone, Miles Davis, Marvin Gaye ou Stevie Wonder ! Cette année, l'invité de marque s'appelle Quincy Jones. Entouré de six artistes (dont -M- et Ibrahim Maalouf), il rejoue ses hits composés dans les années 1980. On le sait, le jazz est affaire d'ouverture. Au bord du Lac Léman, on a donc laissé entrer Cat Power, The Chemical Brothers, Janelle Monáe, Loyle Carner ou même l'impayable Mac DeMarco – pourvu qu'il se tienne cette fois... Montreux, jusqu'au 13.07, divers lieux et horaires, 1 jour : 125 > 65 francs suisses (env. 112 > 58 €), www.montreuxjazzfestival.com Sélection : 01.07 : Chilly Gonzales, Dermot Kennedy // 02.07 : ZZ TOP, Cat Power // 03.07 : Joan Baez, C. Luciani, Jungle // 04.07 : Thom Yorke, James Blake // 05.07 : Melody Gardot, Apparat // 06.07 : Rag'N'Bone Man // 07.07 : Bon Iver, Yann Tiersen, Loyle Carner // 08.07 : The Chemical Brothers, Amadou & Mariam // 09.07 : Tom Jones, Joe Jackson, Mac DeMarco // 11.07 : Lizzo, Janelle Monáe // 12.07 : Lauryn Hill, Chick Corea, Modeselektor, Chloé, Ben Klock // 13.07 : Quincy Jones, Kimberose...

© Lionel Flusin

Montreux Jazz


insolite

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Grand rassemblement des deux & plus

Un air de famille


© Association des Deux et Plus de Pleucadeuc


© Association des Deux et Plus de Pleucadeuc

Quitte ou double

C’est bien connu : qui se ressemble s’assemble. C’est encore plus vrai à Pleucadeuc. Depuis 1994, le 15 août, jumeaux, triplés voire quadruplés affluent dans cette commune du Morbihan, en Bretagne, lors d’un festival (lui) singulier. C’est le maire, Alain Launay, père de deux jumelles, qui a lancé l'idée. Pas banale, mais pas si loufoque, car elle séduit le monde entier ! Normal, on s’y amuse deux (voire trois ou quatre) fois plus.

L

# 88

a gémellité, ce n’est pas toujours évident. Surtout à l’adolescence. « Les gens nous confondaient sans cesse, Aurélie et moi », raconte Cécile Launay. Pire, on ne les différenciait pas. « Lorsqu'on gagnait une course ex æquo par exemple, on partageait un seul trophée ! ». Les jumelles ont 13 ans lorsque leur père, Alain, décide d’organiser le

premier rassemblement des "deux et plus" à Pleucadeuc, une commune d'environ 1  800 âmes, non

« Pour une fois, ce sont les autres qui sont différents. » loin de Vannes, et dont il est maire depuis 2008 . L'idée lui est venue en


Plus on est de fous… La mayonnaise a pris rapidement. Cécile, qui n’a pas manqué une édition, en atteste : « c’est une journée rien que pour nous ! Et pour une fois, ce sont les autres qui sont différents ». Les chiffres ne trompent pas. De 298 en 1994, le nombre de festivaliers double presque l’année

Jamais deux sans trois

suivante. En 2018, ils étaient environ 1 500 – dont pas mal d'habitués. Plus de la moitié des participants seraient Bretons. « Les autres accourent de toute la France et d’Europe, mais aussi du Canada, des états-Unis, du Japon, de Corée ou d’Afrique », assure Alain. Du monde au balcon La fête débute dès le soir du 14 août avec l'accueil des convives. Ils s'habillent souvent de la même façon pour l'occasion, s'amusant de leur ressemblance – même si ce n'est pas une règle. Le lendesuite main, place à la messe célé-

© Association des Deux et Plus de Pleucadeuc

discutant avec le curé de la paroisse, un ami de la famille surnommé "tonton Louis"… qui lui-même a un frère jumeau. « Je voulais faire une surprise à mes filles et leur offrir un bon moment, poursuit l'édile. Je reconnaissais leurs tracas quotidiens… ».


brant l'Assomption de Marie, dans une église pleine à craquer. Puis les animations s’enchaînent dans une ambiance de kermesse : défilé vers le site champêtre de la fête, grand repas sous chapiteau, spectacles

« Des jumeaux accourent de toute la France et d’Europe. »

# 90

en déambulation, scène ouverte, danses bretonnes et concerts. « Nous essayons toujours de présenter des artistes jumeaux, ajoute Cécile. Cette année, nous recevons les Twins Phoenix ! ».

Soit deux chanteurs ayant notamment cassé la baraque, en 2016, lors de The Voice. Mais le temps fort reste la grande photo des "deux et plus", en fin d’après-midi. En sus des réjouissances, on vient aussi à Pleucadeuc pour échanger. « Beaucoup de jeunes parents cherchent des conseils pour l'éducation de leurs enfants ». Faut-il cultiver leurs points communs ? Leurs différences ? Pas facile de s'y retrouver dans cette paire de famille, où tous les maux comptent double (voire triple, quadruple…). Elisabeth Blanchet Pleucadeuc, 14 & 15.08 ven : 20 h 30, sam : 9 h 30, divers lieux, gratuit, www.jumeaux-pleucadeuc.org


© Association des Deux et Plus de Pleucadeuc

© Association des Deux et Plus de Pleucadeuc


écrans

Interview

Quentin Dupieux

# 92

Drôle d'oiseau

Propos recueillis par Julien Damien Photo Julien Damien

C'est un Quentin Dupieux fatigué que nous avons rencontré. Pour cause, il revenait à peine du festival We Love Green, dont il assurait la clôture sous la casquette de Mr.Oizo (bonne nouvelle, il remet ça en juillet à Dour). Un homme aux yeux gonflés, certes, mais inusable lorsqu'il s'agit d'évoquer son dernier film. Le pitch ? Georges, quadra paumé (Jean Dujardin), vire serial killer en revêtant un blouson en daim – « style de malade ». Projeté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Le Daim s'avance comme une comédie pittoresque (et franchement drôle) dont l'auteur d'Au poste ! ou de Steak a le secret.


Comment Le Daim est-il né ? De l'envie de tourner un film grotesque. Je l'ai d'abord pensé en anglais, comme une grosse comédie débile pour un copain, un acteur américain. Et puis la vie m'a emmené en France pour réaliser Au poste !. Sur place j'ai trouvé une bonne "substance" pour Le Daim. Je l'ai donc réécrit en français et c'est devenu tout autre chose.

« Tout est standardisé aujourd'hui ! » Comment l'avez-vous abordé ? Comme un premier film. C'est mon septième long-métrage. Je ne dirais pas que je tournais en rond, mais je cherchais de nouveaux ingrédients. Pour Le Daim, j'ai apporté une dimension plus humaine au personnage, et plus de réalisme. En tout cas, je n'envisageais pas une œuvre absurde, comme par le passé. Un de vos confrères m'a soufflé cette remarque assez juste : pour une fois mon film n'est pas fou, c'est le personnage qui l'est. Le considérez-vous comme un film d'horreur ? Pas du tout, elle n'occupe qu'une petite place. J'ai assisté à une

dizaine de projections et les gens rigolent beaucoup. Ce film est un objet hybride, et c'est comme ça que j'envisage le cinéma. Je ne parviens pas à réaliser de comédies "pures". Qu'en est-il des décors ? J'avais envie de montagnes, de neige, d'un no man's land. Mais ce n'est pas un choix rationnel. Si tout était calibré ce serait un métier chiant, certains travaillent comme ça d'ailleurs… C'est-à-dire ? Dans les blockbusters américains, tout est conçu à l'avance : les plans, le montage… Quand ils tournent, il n'y a plus aucune émotion, ce sont juste des types sur des fonds verts enfermés dans des studios. Moi je suis plutôt dans l'excès inverse, celui de la sous-fabrication. Je fais confiance à mes instincts. J'ai la prétention de croire que le cinéma est encore un art, à une époque où 200 séries sortent chaque jour, montées et éclairées de la même façon… Tout est standardisé aujourd'hui ! Le Daim oscille aussi entre le rire et la peur, un peu comme Série noire d'Alain Corneau… était-ce un modèle ? Jean m'en a parlé dès le début. suite


# 94

Pour un comédien comme lui, c'est évidemment un fantasme de tourner son Série noire ou son Taxi Driver. Mais on ne voulait pas être aussi lugubre et triste, plutôt rester "fun".

à une bonne dose de déni. Alors, puisqu'il est encore possible d'enfermer des gens dans un cinéma, mon ambition reste de les divertir avec une comédie qualitative. Pour moi c'est un genre noble, même s'il est souvent mal servi…

« Je veux juste divertir les gens avec une comédie qualitative. »

Comment travaillez-vous avec les comédiens ? Je ne suis pas partisan des longues préparations. Ce fut une frustration lors de Steak, tourné dans les règles de l'art : le maquillage, les costumes… Or la caméra doit tourner au bon moment sans trop dépendre de la technique. Lorsqu'un comédien trouve quelque-chose, c'est extraordinaire. On a envie de le filmer tout de suite.

Comment jugez-vous la réussite de vos films ? Quand j'entends les rires dans la salle. Je me fous du reste, car notre époque est sinistre. Nous sommes aliénés par nos téléphones, noyés dans un brouillard d'informations atroces et continuons à vivre grâce


© Atelier de Production

Il y a le cinéma, mais aussi la musique. Vous fêtez les 20 ans de Flat Beat. Qu'avez-vous prévu ? J'ai sorti un disque hommage de quatre morceaux (Rythme plat), je donne quelques concerts, mais j'ai très peu communiqué là-dessus. Pourquoi ? D'abord, je suis très occupé par le cinéma. Et puis la musique a tellement évolué… Enfin, on est tous d'accord : c'est pathétique de voir Madonna se la jouer sexy à 60 balais. Aujourd'hui, j'ai 45 ans, j'ai donc fêté mon tube en restant profil bas. Des milliards de trucs excitants sortent tous les jours. J'ai été avant-gardiste mais

maintenant je suis largué, et c'est très bien comme ça. C'en est donc fini de la musique ? Pas du tout, mais le cinéma est un outil plus complet, je commence à le maîtriser. Par contre je reste limité côté musique, je suis incapable d'en écrire, ce n'est que du bricolage, des rythmes… mais j'adore ça et continuerai à en produire.

Le Daim De Quentin Dupieux, avec Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy… En salle Mr. Oizo Dour, 14.07, Parc éolien, 00 h 45, 1 jour : 75 € www.dourfestival.eu à lire / L’interview intégrale sur lm-magazine.com


Le show et le froid

© Ecce Films / Le Pacte

Yves

Yves n’est pas humain. C'est un réfrigérateur intelligent qui débarque dans la vie d’un rappeur au talent incertain, pour mieux la chambouler. Porté par William Lebghil, Doria Tillier et Philippe Katerine, Yves est une comédie comme seul Benoît Forgeard sait les inventer : complètement givrée !

# 96

Les deux premiers longs-métrages de Benoît Forgeard, Réussir sa vie (2012) et Gaz de France (2016), prenaient le risque (assumé) de laisser les spectateurs sur le bord du chemin. Avec Yves, l'ex-pensionnaire du Fresnoy de Tourcoing signe son film le moins clivant. Jérem (William Lebghil, irrésistible), rappeur baltringue, essaie de composer son premier disque. Un jour, une mystérieuse enquêtrice le persuade de prendre à l'essai un "fribot", soit un réfrigérateur intelligent censé lui simplifier la vie. En réalité, celui-ci va le dépasser, et écrire de meilleurs morceaux… Yves convoque plusieurs genres : comédie, anticipation, rom-com, satire sociale, film musical… La mixture pourrait ne pas prendre, mais elle fonctionne ! Mieux : on finit par considérer ce frigo comme un vrai personnage. Il est drôle, agaçant, pathétique, manipulateur, jaloux, amoureux, émouvant… comme peut l’être un humain. Le film devient alors troublant, presque inquiétant. En filigrane, il pose des questions pertinentes sur l’avenir de l’intelligence artificielle, et notre cohabitation avec elle. S'il souffre de quelques longueurs, Yves reste une comédie futée et… rafraîchissante – forcément. Grégory Marouzé

De Benoît Forgeard, avec William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine, Darius... En salle


La Tortue rouge © Wild bunch

Chernobyl Certains événements historiques sont tellement sidérants qu'on ne mesure pas d'emblée leur réelle portée. En explosant, ce 26 avril 1986, le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl a provoqué bien plus qu'une catastrophe humaine ou environnementale : un ébranlement de l'Union Soviétique. Contre l'action corrosive des particules, le Parti ne pouvait pas grand-chose – si ce n'est cacher la vérité. Chernobyl reconstitue ainsi en cinq épisodes éprouvants les causes et les conséquences de ce désastre. Mieux encore, la mini-série montre comme il fut pour beaucoup incompréhensible, inimaginable. Et l'on se demande : ces familles rassemblées pour regarder le spectacle de la centrale en feu (certains le trouvant "magnifique"), ne traduisent-elles pas notre inconscience ? Raphaël Nieuwjaer

© Sky UK Ltd / HBO

De Craig Mazin, avec Jared Harris, Stellan Skarsgård, Emily Watson… Disponible sur HBO et Sky

100 grands films pour les petits Sous-titré "de Max Linder à La Tortue rouge", voici le livre idéal pour initier les enfants au septième art. Respectivement monteuse et réalisateur, Lydia et Nicolas Boukhrief y ont sélectionné des films éclectiques : courts et longs-métrages, cinéma muet, documentaire… à la fois érudit et accessible, richement illustré, l'ouvrage mêle classiques du dessin animé (Le Livre de la Jungle) et chefs-d’œuvre pas communément réservés aux enfants (L’Enfance nue, de Pialat), mais susceptibles de les enthousiasmer. « Nous avons écrit ce guide car on ne peut être cinéphile sans avoir envie de transmettre » confirment les auteurs. Chaque description d'œuvre s'accompagne d'ailleurs d'un espace vide en bas de page pour que les cinéphiles en herbe rédigent leurs propres critiques ! Grégory Marouzé De Lydia et Nicolas Boukhrief, coédition Arte Editions / Gründ, 240 p., 19,90 €, boutique.arte.tv


Légitime défonce

© Courtesy of Neon and Vice

écrans

The Beach Bum

Personne n'a oublié James Franco jouant Everytime de Britney Spears sur un piano blanc avant d'enchaîner les braquages. Sept ans après Spring Breakers, Harmony Korine continue d'explorer les mythes de la Floride, à la recherche cette fois du fameux "Grand écrivain Américain".

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Poète à l'inspiration fatiguée, Moondog (Matthew McConaughey) écume les plages en bermuda et chemise bariolée. à l'occasion, il lance au milieu de grands éclats de rire quelques strophes obscènes. Mais passe le plus clair de son temps à séduire les femmes et fumer des joints – pas un hasard, si son meilleur ami (Lingerie) est interprété par Snoop Dogg. Annoncé comme un « stoner movie » (ou "film de défonce"), The Beach Bum renoue avec l'esthétique de Spring Breakers. Tout baigne ici sous des néons roses ou bleus. Le montage enchâsse les lieux, les situations et les dialogues avec un flow d'une limpidité rare. Mariage, enterrement, renaissance : du point de vue du récit, le film paraît lisse, répondant aux schémas d'une rédemption toute hollywoodienne. Mais Korine est (évidemment) plus retors. à travers Moondog, c'est le mythe de l'écrivain américain qui ressurgit, et avec lui l'ombre d’Hemingway, autre joyeux ripailleur qui avait ses quartiers à Key West. Faut-il prendre au sérieux cette crise d'inspiration ? Pas sûr. Mais le cinéaste ne se contente pas d'ironiser sur la figure de l'artiste, tiraillé entre un goût pour la débauche et son a(r)gent. Son héros est surtout un symbole de liberté. Et Korine reste notre sale gosse préféré. Raphaël Nieuwjaer De Harmony Korine, avec Matthew McConaughey, Isla Fisher, Snoop Dogg, Zac Efron… Sortie le 31.07



© Thomas Deschamps

exposition

Olivier Theyskens

Taille patron

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Créateur autodidacte et surdoué, Olivier Theyskens marque les dix ans de la Cité de la dentelle et de la mode avec une exposition conçue sur-mesure. à travers In Praesentia, l'ancien directeur artistique de Rochas ou Nina Ricci engage un sublime dialogue entre ses vêtements et les collections du musée calaisien. âgé de 42 ans, le Bruxellois s'y dévoile comme rarement, dressant des liens entre passé et présent, patrimoine industriel et création contemporaine.


Ensemble robe, veste et crinoline en taffetas de soie moirÊe Olivier Theyskens, automne-hiver 2000-2001 Š Julien Claessens et Thomas Deschamps


Vue d'exposition © Thomas Deschamps & Julien Claessens


Vue d'exposition © Thomas Deschamps & Julien Claessens

L

a Cité de la dentelle et de la mode fête ses dix ans... mais c'est elle qui offre les cadeaux. à bien y regarder, inviter Olivier Theyskens pour cet anniversaire tenait de l'évidence. « Nous célébrons les ouvriers de la dentelle. » « La dentelle occupe une place très particulière dans mon parcours, explique le couturier. Mes premières créations en étaient souvent ornées et j'y suis revenu régulièrement ». Ce tissu déroule le fil conducteur d'une exposition non-chronologique et articulée en une vingtaine d'étapes. « C'est une façon d’analyser certaines récurrences de mon

travail ». On observe ainsi son appétence pour le noir, qui lui valut le surnom de "prince gothique de la mode". Parmi ses autres signatures visuelles, citons le corset, le biais ou les agrafes. Correspondances Libéré de la pression d'une première rétrospective au MoMu d'Anvers en 2017 (She Walks in Beauty) Olivier Theyskens a eu ici carte blanche. Guidé par son « intuition », il a librement puisé dans les collections de l'institution calaisienne, établissant ainsi de nombreuses correspondances, « parfois presque magiques », entre ses créations et des pièces historiques. à l'image de cette robe en taffetas de soie moirée suite


inspiré d'objets industriels – d'ailleurs jamais exposés. Au pied de ces robes en mousseline de soie ou en organza, on trouve aussi des bobines, moules en bois et autres torsiomètres métalliques. « La beauté plastique de cet outillage m'a séduit, certains instruments m'évoquent des cellules de Louise Bourgeois ou l'art brut ». « La rencontre entre la force et la fragilité. »

Broderie sur veste d'après une Vanité de Philippe de Champaigne © Photo Julien Damien

bleue, dialoguant avec une crinoline de 1860... et presque jumelle. « En découvrant les vêtements conservés par le musée je fus subjugué, certaines me rappelant mon travail, confie le styliste à la chevelure de jais. Ce sont des hasards heureux, même si j'ai tendance à puiser dans le passé, pour les formes, la technique, la coupe, les matières ou les couleurs. Au-delà de l'esthétique pure, cette nostalgie apporte une émotion, un supplément d'âme à la mode ».

# 104

Hommage Olivier Theyskens ne s'est pas contenté de sélectionner des habits dans le fonds de la Cité de la dentelle et de la mode. Il s'est aussi

Derrière ce parti pris esthétique se cache un sublime hommage à un savoir-faire de deux siècles. « à travers In Praesentia, nous célébrons les ouvriers de la dentelle, dont on parle peu », précise la commissaire Lydia Kamitsis. Le couturier, qui a visité plusieurs usines dans la région, a toujours été frappé par l'ambivalence entre la délicatesse de cette matière et la violence de sa fabrication. Ce contraste traduit à merveille la « rencontre entre la force et la fragilité » d'une œuvre romantique et moderne, organique et élégante. En un mot : atemporelle. Julien Damien

Calais, jusqu'au 05.01.2020 Cité de la dentelle et de la mode, tous les jours (sauf mardi) : 10 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.cite-dentelle.fr à lire / La version intégrale de cet article et l'interview d'Olivier Theyskens sur lm-magazine.com


Manteau en lin enduit, Olivier Theyskens, printemps-été 2000 © Julien Claessens et Thomas Deschamps


exposition

Photographie réalisée pour le roman-photo Qualcosa che si chiama onore (Ça s’appelle l’honneur) publié dans Bolero film, 1960. Collection Fondazione Arnoldo e Albe © Arnoldo Mondadori editore / DR


Roman-Photo

Remise au point Née en 2017 au Mucem de Marseille (patrie de Plus belle la vie), cette exposition célèbre un mal-aimé de l'édition : le roman-photo. Apparu après-guerre, sismographe des Trente glorieuses, ce genre fut largement dénigré, mais rarement décrypté. Il se dévoile désormais à Charleroi à travers ses "chefs-d'œuvre" et plus de 200 documents originaux dans un parcours un peu kitsch, mais empli de passion.

N

iaiseries sentimentales, "littérature de bonniche"… Le romanphoto a toujours eu mauvaise presse. Et pourtant, ce concentré d'eau de rose demeure un géant de l’édition.

« C'est un pan extraordinaire de la culture populaire. » L'inviter au musée relevait donc de l'évidence. « C'est un pan extraordinaire de la culture populaire, selon Frédérique Deschamps, l'une des deux commissaires. Durant 25 ans, il fut un best-seller dans toute l'Europe et en Amérique du Sud ». Ce divertissement hybride entre la BD et le cinéma est né en 1947, dans une Italie ravagée par la guerre.

Certes il fallait manger, digérer le fascisme, « mais aussi rêver… ». Le succès fut instantané, fédérant des millions de lecteurs jusqu'au milieu des années 1970, avant d’être supplanté par la télé. Les ressorts sont connus : trahisons, cœurs brisés, dialogues (cu)cultes (« Ne comprendstu pas que ma dignité se rebelle ? ») dont s'amuseront Les Nuls dans un sketch d'anthologie (Nous quatre). Surtout, la narration est terriblement addictive, ponctuée par ce fameux "à suivre", et aboutissant invariablement sur un baiser fiévreux. Amour, toujours Si le sujet est léger, cette exposition l'aborde avec sérieux. Parmi ces trésors, on trouve les négatifs de suite


Nous quatre, Les nuls du 14 mars 1992, Studio Canal - vue d'exposition © Julien Damien

l'éditeur phare Mondadori. On évoquera également le Français Hubert Serra. Surnommé le "Cecil B. DeMille du roman-photo", il adapta pour le magazine belge Femmes d'aujourd'hui les plus grandes œuvres littéraires (Madame Bovary, Les Hauts de Hurlevent…). Ces petites cases de papier glacé accueillirent aussi leur flopée de vedettes, parmi lesquelles Sophia Loren, première star du genre, avant d’être happée par le cinéma. Au prochain numéro

# 108

La seconde partie de l’accrochage nous révèle quelques "avatars" sulfureux, à commencer par Satanik, publié dès 1966, soit un type déguisé

en squelette pour torturer la gent féminine (!), anti-héros d'un récit érotico-sadique pour adulte et qui annoncera toute une vague pornographique. Citons aussi toute la veine satirique, dignement représentée par le professeur Choron (qui a "réponse à tout") ou Coluche (Les pauvres sont des cons). Qu'on se le dise, cette formidable saga éditoriale ne s'écrit pas au passé. Aujourd'hui encore, le magazine Nous deux s'écoule à plus de 200 000 exemplaires par semaine, et nombre d'éditeurs s'emparent de ce média. à suivre, donc… Julien Damien Charleroi, jusqu'au 22.09, Musée de la Photographie, mar > dim : 10 h > 18 h 7 > 4 € / gratuit (-12 ans), museephoto.be

à lire / La version intégrale de cet article sur lm-magazine.com


Planche de la maquette originale du roman-photo Un Amour impossible, France, années 1960. Collection particulière © Josselin Rocher


Anonyme, Carole Roussopoulos pendant le tournage de Les prostituées de Lyon parlent, 1975 © Fonds Carole Roussopoulos

exposition

Les Muses insoumises

Objectif lutte

# 110

Le LaM met les femmes à l'honneur pour la belle saison, à travers un parcours artistique et politique exceptionnel dont Delphine Seyrig (1932 - 1990) est le cœur battant. On la connaissait icône du cinéma des sixties (inoubliable Fée des lilas dans Peau d'âne de Jacques Demy), on la (re)découvre en insoumise iconoclaste, infatigable activiste et artiste exigeante en quête de liberté. Pour Giovanna Zapperi, l'un des commissaires, « Delphine Seyrig se situe au croisement du cinéma, du documentaire et des questionnements liés au genre ». Le mouvement féministe issu de mai 68 permettra à cette héroïne des films de Resnais ou Truffaut (entre autres) de briser une image trop lisse. L'apparition de la première caméra portative lui donnera des ailes. Au sein du collectif

Les Insoumuses, la vidéo devient pour elle une arme de libération majeure éclairant les minorités. La parole libérée Cette exposition retrace avec force pellicules, photos ou documents rares les combats menés via l'objectif de Seyrig : le droit à l’avortement, la nécessité d’une solidarité internationale, la critique de la psychiatrie…


Sarah Elghazi

Les Muses insoumises : Delphine Seyrig, entre cinéma et vidéo féministe (dans le cadre de l'été au LaM) Villeneuve d'Ascq, 05.07 > 22.09, LaM, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 / 5 € / gratuit (-12 ans), www.musee-lam.fr

L'été au LaM Durant l'été, le LaM joue les prolongations dans son joli parc. Au menu de cette programmation à l'air libre ? Chasse au trésor contée par la Compagnie du Tire-Laine, bal populaire rythmé par l'impayable Prieur de la Marne ou cinéma sous les étoiles ! Elle est pas belle la vie ? Villeneuve d'Ascq, 04.07 > 22.09, LaM, www.musee-lam.fr 06 & 07.07 : Week-end d'ouverture (sam : apéro-visite avec les commissaires de l’exposition Les muses insoumises, présentation de livres précieux d’artistes femmes de la bibliothèque Dominique Bozo… 07.07 : Chasse au trésor contée avec la Cie du Tire-Laine, projection de Peau d’âne)… // 13.07 : Grand bal populaire // 18.07 : Ouverture de l’exposition Jardin(s) Secret(s) // 24.08 : Nuit des étoiles (ateliers Mains dans la main, courts-métrages jeune public : Les P’tits explorateurs, documentaires et courts-métrages, installation participative I Will Keep A Light Burning, cinéma en plein air) // 25.08 : Ciné-goûter en famille (ateliers de création d’un livre d’artiste en famille, courts-métrages jeune public : Les P’tits explorateurs)…

Delphine Seyrig et l’actrice Viva lors du tournage de Sois belle et tais-toi, 1975 © Archives Seyrig

« Ces productions sont extraordinaires car elles nous ramènent au présent », ajoute Giovanna Zapperi. On découvre ainsi des pépites comme Sois belle et tais-toi (1976), manifeste MeToo avant l’heure où Seyrig interviewe 24 actrices sur leur métier, leur envie de s’émanciper du regard masculin… et les violences subies. Ces Muses insoumises sont également une ode à la sororité, à la bienveillance et au pouvoir du collectif. à ce titre, Les prostituées de Lyon parlent (1975) demeure un modèle d’éthique et d’écoute. Dans ce documentaire, la cinéaste rend à ces "filles de joie" une parole souvent usurpée. Un "artivisme" frontal, respectueux et émouvant.


Retraite anticipée

© Keystone-France, Gamma-Keystone, Getty images

exposition

De Gaulle prend le large !

# 112

« En ce moment grave de ma longue vie, j’ai trouvé ici ce que je cherchais : être en face de moi-même ». C'est ainsi que le général De Gaulle commenta ce passage (à vide) de son histoire : son aventure irlandaise, en mai 1969. Cette exposition dévoile les secrets et raisons d'un exil aussi méconnu que fascinant. L’Irlande. Voilà une bien étrange destination pour un chef d’état au crépuscule de sa vie politique. Suite au traumatisme de Mai 68 et à l’échec de son référendum sur la réforme du Sénat et de la régionalisation, le grand Charles démissionne. Il est à la retraite ! Quant à sa succession, ce n’est plus son problème. Il s’agit pour lui de faire le point. C’est le moment parfait pour s’offrir cinq semaines de solitude dans un pays qui ne lui est pas complètement étranger. Il y compte en effet du côté maternel des ancêtres : les Mac Cartan. L’île verte fit longtemps rêver le Général. Il y cherchera « un site sauvage et éloigné des agglomérations, ayant accès à une plage aussi déserte que possible ». C’est ce retour aux sources que nous conte cette exposition, pile 50 ans après ce voyage qu’il souhaitait secret. De l’arrivée à Cork avec "Tante Yvonne" et quelques fidèles, jusqu’à sa dernière étape à Dublin, le parcours révèle un De Gaulle plus intime. La scénographie mêle panneaux explicatifs pédagogiques, photographies, vidéos et même une salle recréant l’atmosphère d’une pièce des années 1960, avec des fac-similés de La Voix du Nord de 1969. Mais en toile de fond résonne la Lille, jusqu'au 03.11, Maison natale guerre civile, qui couve alors en Irlande Charles de Gaulle, mer > sam : 10 h > 13 h & 14 h > 18 h, dim : 13 h 30 > 18 h, 6 € / gratuit du Nord. La grande Histoire n'est jamais (-26 ans, pour tous entre 17 h & 18 h et chaque 1er dimanche du mois), lenord.fr bien loin. Françoise Objois



à pleins volumes

Megastone, 2015 © Pierre Marie Lejeune

Pierre Marie Lejeune

Bruxelles, Séoul, Paris… Habitué à parcourir le monde, Pierre Marie Lejeune n’avait pas encore posé ses œuvres monumentales dans le Pas-de-Calais. C’est chose faite avec la double exposition que lui consacre le TouquetParis-Plage, ouvrant au "sculpteur-dessinateur" ses jardins et son musée.

# 114

Pour qui n’est pas familier du travail de Pierre Marie Lejeune, c’est en plein air que débute le parcours. Dans le Parc des pins par exemple, où Porte Picto, en acier patiné, ouvre une brèche vers un autre espace-temps. Dans le Jardin des arts ensuite, là où Picto Manganèse, comme jailli de son moule, prend ses aises dans la pelouse. Ou encore dans le jardin du musée municipal, pour admirer Megastone, larme d’inox poli miroir englobant une pierre bleue de Namur. Reflets brouillant les perceptions, jeux de lumière, les 12 sculptures monumentales se confondent habilement avec leur environnement. Indépendants mais complémentaires, les dessins et travaux préparatoires présentés au musée retracent 35 ans d'une carrière impressionnante. Né en 1954, le Français commença peintre aux Beaux-Arts de Paris avant de se découvrir sculpteur au Caire, partagea quelques projets avec Niki de Saint Phalle et « fuit habituellement les représentations humaines ». Inédite, la série Move mêle collages, images de minéraux et photos de sportifs. Elle témoigne d’un questionnement nouveau de l’artiste sur le mouvement du corps, source d’ins- Le Touquet, jusqu'au 22.09 Musée du Touquet-Paris-Plage, piration pour des « formes et volumes inédits ». parcs et jardins, tlj sauf mardi : 10 h > 12 h 30, 14 h > 18 h 30 (juillet Ne reste plus qu’à reconstituer les liens avec les et août), 3,50 / 2 € / grat. (-18 ans) www.letouquet-musee.com pièces en extérieur. Marine Durand à lire / L'interview de Pierre Marie Lejeune sur lm-magazine.com



Jef Aerosol, Casablanca, 2014 © Collection Privée, Paris

Conquête urbaine Le musée des beaux-arts de Calais ouvre pour la première fois ses portes au street art, rassemblant les œuvres d'une soixantaine de créateurs emblématiques, des années 1960 à nos jours. On trouve évidemment les signatures de Keith Haring, Banksy ou Shepard Fairey (Obey), mais aussi pas mal de "frenchies", qui occupent une place de choix dans cette "conquête urbaine". à l’image de Gérard Zlotykamien, qui tapissa dès 1963 les murs de ses "éphémères", finalement plus pérennes que prévu. Calais, jusqu’au 03.11, Musée des beaux-arts mar > dim : 13 h > 18 h, 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.calais.fr

à boire ! Le Musée de la Chartreuse brasse l'art avec la bière. Cette exposition retrace en effet l'histoire d'une vedette de nos tables. Peintures, vieilles enseignes, chopes antédiluviennes ou affiches publicitaires témoignent de l'important passé brassicole des Hauts-de-France. Pour l'occasion, l'ancien couvent a planté 32 pieds de houblon dans son jardin, inventé un super-héros (Super Malt) et même sa propre bibine. Douai, jusqu'au 15.09, Musée de la Chartreuse tous les jours sauf mardi : 10 h > 12 h & 14 h > 18 h 4,70 / 2,35 € / gratuit (-18 ans) www.museedelachartreuse.fr

Georges Fessy et la photographie Né en 1937, Georges Fessy est considéré comme l’un des meilleurs photographes d’architecture en France. De par ses cadrages uniques et ses jeux de lumière, cet autodidacte a magnifié des monuments d’exception signés par les plus grands bâtisseurs, de Jean Nouvel à Dominique Perrault, en passant par Jean-Baptiste André Godin. Cette rétrospective restitue en une centaine d’images l’œuvre d’un témoin discret, mais essentiel de notre temps. Guise, jusqu’au 13.10, Familistère, tous les jours : 10 h > 18 h, 9 > 4 € / gratuit (-10 ans), familistere.com

Fiona Tan. L’Archive des ombres

# 116

Fiona Tan place les images au cœur de ses préoccupations, et notamment leur impact. « Je regarde comment on regarde », dit-elle. Cette exposition s’intéresse toutefois à un autre (et récent) versant de son œuvre : les raisons poussant l’Homme à collecter et archiver. Articulé en deux parties, ce parcours révèle les trésors dénichés au sein de divers musées de sciences naturelles, puis son travail au Mundaneum de Mons ("le Google de papier"). Un fascinant cabinet de curiosités. Hornu, jusqu'au 01.09, MAC’s, mar > dim : 10 h > 18h, 10 > 2 € / gratuit (-6 ans) , www.mac-s.be


Roos Meerman, Aera Fabrica, 2019 © Roos Meerman

Design On Air Cette exposition ne manque pas d'air, au sens le plus littéral de l'expression. Pour cause, elle présente les pièces de designers usant de ce fluide insaisissable, essentiel et ô combien menacé. Le parcours révèle notamment des meubles gonflables (la série iconique Aérospace, de Quasar Khanh), des objets sifflants et des processus de fabrication originaux. Approchez-vous des chaises de Marcel Wanders, conçues à partir de ballons de baudruche et légères comme une plume ! Hornu, jusqu'au 13.01, Centre d'innovation et de design mar > dim : 10 h > 18 h, 10 > 2 € / gratuit (-6 ans), cid-grand-hornu.be

Bientôt déjà hier

Homère

Derrière ce titre intrigant se cache un trésor. En 2011, la ville de La Louvière faisait l’acquisition de 50 autoportraits réalisés selon le même principe par le Franco-Polonais Roman Opalka, depuis 1965 jusqu’à son décès en 2011. L’occasion rêvée de s’intéresser au passage du temps, qu’il soit figé, altéré ou métamorphosé. Le Centre de la gravure et de l’image imprimée puise dans ses collections nombre d’œuvres illustrant un concept insaisissable, et terriblement poétique.

Homère nous fascine depuis près de trois millénaires. Mais a-t-il seulement existé ? Cache-t-il un collectif ? Comment ces écrits ont-ils traversé les siècles ? Après avoir exploré les mystères de l'amour, le Louvre-Lens nous (re)plonge dans L'Iliade et L'Odyssée, en pleine Guerre de Troie, dans le sillage d'Achille, Ulysse et Hector. Peintures, sculptures, pièces archéologiques rares ou extraits de films décryptent l'influence du "prince des poètes" sur les artistes et la culture occidentale.

La Louvière, jusqu'au 08.09, Centre de la gravure et de l’image imprimée, mar > dim : 10 h > 18 h 7 > 3 € / gratuit (-12 ans), www.centredelagravure.be

Lens, jusqu’au 22.07, Louvre-Lens, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h, 10 > 5 € / gratuit (-18 ans) www.louvrelens.fr

Alex Verhaest Dans cette exposition intitulée Aucun mythe pour ces contrées de l'esprit, le Bruxellois Alex Verhaest se joue avec maestria de nos perceptions. Au fil de ce parcours numérique, on trouve ainsi Temps mort / Idle Times - Dinner Scène. Associant l'esthétique des tableaux de la Renaissance à celle du cinéma ou des jeux vidéo, cette installation interactive figure une famille à table, où chaque protagoniste s'anime dans une troublante métaphore de l'incommunicabilité. Du grand art ! Morlanwelz, jusqu'au 08.09, Musée royal de Mariemont, tous les jours sauf lun : 10 h > 18 h 5 > 2 € / gratuit(-12 ans), www.musee-mariemont.be (dans le cadre d'ARTour, voir page 32 )


le mot de la fin

# 118

Nicolas Amiard – Près de 100 000 animaux de compagnie sont abandonnés annuellement sur la route des vacances en France. Histoire d’enrailler cette triste tradition, l’illustrateur Nicolas Amiard a détourné quelques fameux duos du neuvième art. Ces dessins valent mieux que de longs discours… Imaginerait-on Tintin sans Milou ? Obélix sans Idéfix ? Et Boule sans Bill ? www.nicolasamiard.com




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