PRINTEMPS 2023 GARE SAINT SAUVEUR
12 AVRIL
8 OCT 2023GRATUIT
PRINTEMPS 2023 GARE SAINT SAUVEUR
12 AVRIL
8 OCT 2023GRATUIT
JEAN-FRANÇOIS FOURTOU
+ WEEK-ENDS GRATUITS DÈS LE 14 AVRIL
Une
CONCERTS, SPECTACLES, ATELIERS, CINÉMA JEUNE PUBLIC, ANNIVERSAIRES, FERME URBAINE…
NEWS - 08
La chasse aux bières, Un pavé dans la mare, Le 1er mai au Familistère, La Louche d’or, Plan fixe, Emmaüs vs Vinted, Festival Demain, Fabulivre, L’Institut pour la photographie
STYLE - 16
Rankin
L’agité de la focale
Man Ray et la mode
Le précurseur
Diane von Furstenberg
La femme qui aimait les femmes
PORTFOLIO - 32
Nash Weerasekera
Comme au cinéma
Alex G - 42
L’intranquille
Jeanne Herry, Leïla Bekhti & Élodie Bouchez - 72
La parole libérée
LE MOT DE LA FIN - 130
Tondo
Bruxelles fait le pont
Alex G, Fever Ray, Tori Amos, Eels, Dominique A, Ana Carla Maza, The Orb, Petite Noir, The Golden Dregs, Joesef, Jonathan Bree, Les Nuits Botanique, Siouxsie, Kekra, Albin de la Simone, Nick Waterhouse, Beautiful Swamp Blues Festival, Agenda…
Everything but the Girl, Shifted Phases, Les Fils de Joie, Debby Friday, Sandra Nkaké
Quentin Tarantino, Earl Thompson, Franz Kafka, Salomé Lahoche, Nathalie Gendrot et Guillaume Meurice
Je verrai toujours vos visages, The Lost King, Chien de la casse, Ailleurs si j’y suis, Relaxe, The Old Way
Valérie Belin, Paysage. Fenêtre sur la nature, Hans Op de Beeck, Range ta chambre !, Odyssée, aux origines de Blake et Mortimer, Swedish Ecstasy, Agenda…
Rollercoaster, Voodoo Sandwich, La Trilogie des contes immoraux, Hippocampe, Ovaire the Top, Sans titre ni bite, Rage, Bartleby, 3S, Les Turbulentes, Agenda…
Direction de la publication
Rédaction en chef
Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com
Rédaction
Julien Damien redaction@lm-magazine.com
Simon Prouvost info@lm-magazine.com
Publicité pub@lm-magazine.com
Direction artistique & graphisme
Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com
Couverture
Views
Nash Weerasekera jackywinter.com/artists/nashweerasekera c @ nashweerasekera
Administration
Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com
Réseaux sociaux
Sophie Desplat
Impression
Tanghe Printing (Comines)
Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.MEDIA (Bruxelles / Hainaut)
Ont collaboré à ce n° : Coraline Aim, Selina Aït Karroum, Fatma Alilate, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Flo Delval, Marine Durand, Hugo Guyon, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Nash Weerasekera et plus si affinités.
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com
L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours
L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales.
LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
La chasse aux œufs, c'est surfait. De notre côté, on privilégiera la chasse aux bières pour relâcher la pression. Celle-ci est organisée à Lasne, en Belgique, par la brasserie Lutgarde, et serait même « la plus grande du monde » promettent les organisateurs, toujours prêts à se faire mousser. 3 000 bouteilles ont été planquées dans les jardins de l’abbaye d’Aywiers, mais les plus jeunes y trouveront aussi des chocolats et des jus de fruits, histoire de parfaire ces fêtes de pack. Lasne, 09 & 10.04, Jardins d’Aywiers, 11h, 12€ (gratuit -16 ans, pour une chasse aux œufs et jus de fruits), lutgarde.eu
La Belgique a lancé ce 21 mars son festival d'extraction de pavés. Mais rien de loufoque ici. Ce concours, qui prendra fin en octobre, est organisé entre communes flamandes. Chaque citoyen est invité à retirer le plus de dalles possible pour les remplacer par de la verdure. Il s'agit de lutter contre la bétonisation des sols, qui empêche l’eau de pluie de rejoindre les nappes phréatiques et menace désormais le pays de sécheresse. vk-tegelwippen.be
© LutgardeÀ l'heure où le travail n'est plus vraiment à la fête, le Familistère de Guise célèbre le Premier mai grâce à un événement populaire et joyeux. Dans ces lieux propices à l'utopie, on célèbre les 50 ans de l'apocalypse (!) avec Marzouk Machine, les 400 ans de Molière, avant de danser au son des accordéonistes des Rustines de l'ange, et envoyer valser la morosité.
Guise, 01.05, Familistère, 10h spectacles gratuits & entrée du musée à 3€ (gratuit -12 ans), familistere.com
Puisque les Hauts-de-France deviennent capitale européenne de la gastronomie, impossible de faire l'impasse sur la Louche d'or. Mijoté par l’association Attacafa, ce festival international de la soupe mélange bien plus que des légumes.
Il célèbre le mariage des cultures dans le très ouvert quartier de Wazemmes à Lille. En sus de ces dégustations et rencontres, on se pose aussi devant des spectacles et concerts aux p'tits oignons. Lille, 01.05, quartier de Wazemmes, 15h, gratuit, lalouchedor.com
À la Louvière, on aime le cinéma, le théâtre, la musique mais aussi l'extravagance des cabarets, les matchs de boxe clandestins, les lumières de Vegas... Alors, plutôt que de choisir, on mélange tout, et ça donne Plan fixe ! Un spectacle total donc, où les décors, costumes et performances des comédiens sont organisés autour d'un film culte. Lequel ? Mystère, mais Central promet déjà « la plus grande rave party intersidérale de tous les temps » !
La Louvière, 28.04, LouvExpo (C'est Central), 20h 20€, cestcentral.be
"Si tu ne le portes pas, donne-le". Tel est le nouveau slogan d'Emmaüs, qui détourne astucieusement celui de Vinted - "Tu ne le portes plus ? Vends-le !". Confronté à l'essor des plateformes de revente en ligne, l'association créée par l'Abbé Pierre veut inciter les Français à offrir leurs vêtements (ou objets) usagés, au lieu de les monnayer – et rend coût pour coût. emmaus-france.org
"Demain, c'est loin", clamait IAM. Mais ça pourrait aussi être "bien", à condition de s'y prendre dès aujourd'hui. Depuis six ans, cet écofestival dessine un futur désirable, entre spectacles, conférences ou ateliers de "super-pouvoirs". On y apprend par exemple à "rebeller" la ville et végétaliser les espaces publics avec des bombes à graines. Cyril Dion, l'inspirateur de cet événement, nous invite de son côté à entrer en résistance poétique, posant de bons mots sur les maux. Mons, 22 > 30.04, divers lieux, gratuit (sauf spectacles Résistances poétiques & Avec l'animal : 15 > 9€), surmars.be
Résistances
Le marché du livre de Mariemont devient Fabulivre, mais reste plus que jamais à la page. Durant deux jours, on découvre des ouvrages pas comme les autres, publiés par des micro-éditeurs. On met aussi la main à la pâte : des illustrateurs et auteurs nous apprennent à fabriquer nous-mêmes notre bouquin (façon pop-up par exemple, avec Nadia Corazzini ) mais aussi à l'imprimer, le dessiner ou... à l'écrire, pardi !
Morlanwelz, 22 & 23.04, Domaine & Musée royal de Mariemont, 10h, gratuit musee-mariemont.be
Les beaux jours reviennent ! Rien de tel que l'Institut pour la photographie pour mieux s'aérer l'esprit. Déployée au sein d'espaces réaménagés, cette nouvelle programmation ouvre de larges horizons artistiques, et même sensoriels. Parmi ces huit expositions, on découvre par exemple les installations interactives de Bertrand Gadenne. Ce plasticien français propose une « expérience tactile de la photographie » à l'aide de projections. Il invite le public à intercepter des faisceaux lumineux avec les mains, pour donner vie à des papillons, ou transforme carrément la cour de l'hôtel particulier en aquarium. Entre autres magiciens de l'image, citons aussi l'immense Harry Gruyaert. Pionnier de la photographie couleur, cet Anversois né en 1941 est connu pour ses compositions très graphiques, picturales, voire cinématographiques. Il dévoile à Lille (mais aussi à la Fileuse, à Loos) le projet Nord, produit spécialement pour l'Institut. Entre paysages ruraux, industriels ou bords de mer, cette série de 160 clichés pris dans les Hauts-de-France depuis les années 1980 est ici séquencée et mise en musique. Une immersion au cœur de la photographie.
Lille, 07.04 > 18.06, Institut pour la photographie, jeu & ven : 13h-19h • sam & dim : 11h-19h gratuit, institut-photo.com (+ Horizons : Loos, 01.04 > 30.06, La Fileuse)
Ses photographies ont fait le tour du monde. De Kate Moss à Blondie, en passant par un David Bowie espiègle ou une reine d'Angleterre souriante comme une fillette, le portfolio de John Rankin Waddell, alias "Rankin", regorge d'images qui ont nourri notre imaginaire. En 1991, le Britannique fondait avec son complice Jefferson Hack Dazed & Confused (aujourd'hui Dazed), un magazine mêlant mode, musique, cinéma et sujets sociétaux les plus brûlants. Devenu culte au fil des ans, notamment pour ses couvertures iconoclastes, ce titre a saisi comme aucun autre l'esprit des années britpop. À Knokke-Heist, une exposition remonte le fil de cette histoire éditoriale unique. Rencontre. Propos recueillis par Julien Damien
Comment êtes-vous devenu photographe ?
Un peu par accident, j'ai eu beaucoup de chance. Je ne suis pas du tout issu d'un milieu artistique. Mes parents viennent de la classe ouvrière. Nous avons déménagé de Glasgow à Londres. Mon père a arrêté l'école très jeune mais s'en est bien sorti, me permettant d'aller dans une bonne université pour suivre des études de comptabilité. Une fois en résidence, je me suis retrouvé entouré d'étudiants en art et me suis intéressé, pour la première fois, à la culture. Ils ont encouragé ma créativité, alors je me suis saisi d'un appareil photo, et voilà !
Comment Dazed & Confused
a-t-il vu le jour ?
Après avoir abandonné la compta, j'ai étudié la photographie dans une école réputée. Je suis reparti de zéro. À 23 ans, j'ai rencontré Jefferson Hack, qui est devenu mon associé. On a alors développé notre propre magazine. On voulait qu'il ait du style, parle de culture, d'art, d'idées politiques... bref, sortir un truc avant-gardiste.
Pourquoi ce nom ?
C'est le titre d'une chanson de Led Zeppelin, Dazed and Confused (ndlr : "étourdi et confus"), on se sentait comme ça, un peu perdus.
On avait raté les années 1960 et le train du punk, mais on voulait poursuivre dans cette voie. On était aussi très influencés par Andy Warhol.
S'agissait-il aussi d'évoquer des enjeux de société ? Par exemple, vous avez mis en avant des personnes de la communauté LGBT avant tout le monde...
Comment définiriez-vous votre style ?
J'ai toujours essayé de ne pas revendiquer un style particulier, mais plutôt une approche. Je crois au concept.
C'est-à-dire ?
Pour mes travaux les plus anciens par exemple, c'était la "confrontation". Beaucoup de mes portraits étaient pris avec un objectif grand angle et éclairés par un flash très dur. Mes modèles défiaient le public du regard. Il fallait que ce soit "punchy".
Carrément ! Et ce n'était pas pour la frime, mais une question de justice sociale. Ma famille m'a toujours encouragé à me poser des questions et m'ouvrir à la différence. L'industrie de la mode est incroyablement séductrice, j'utilise ce pouvoir pour aborder des sujets profonds.
Comment travaillez-vous ?
Laissez-vous une certaine liberté aux modèles ?
Ce n'est pas une question de liberté, plutôt de collaboration. Même si je suis directif pendant les shootings, il s'agit de créer ensemble... Selon moi, il y a une grande différence entre "prendre" une photo et "faire" une photo. On pense que cet art s'est démocratisé avec les smartphones. Mais moi, je fabrique vraiment quelque chose !
À quoi ressemblait cette collaboration avec les stars de la pop à l'époque ?
Comment choisissez-vous vos modèles ? Qu'est-ce qui vous plaît chez eux ?
Leur humanité. J'ai toujours choisi mes modèles pour leur personnalité ou parce que j'aimais leur travail, mais je les descendais de leur piédestal, pour les rendre humains.
Il y a vraiment eu un âge d'or entre le milieu et la fin des années 1990, car il y avait tellement de fric dans l'industrie de la musique, des milliards ! C'était facile de réaliser des trucs fous. Le rapport de force était aussi différent entre les maisons de disques et les artistes. >>>
« Le Londres des années 90 débordait de créativité »
« Je rendais les modèles le plus humain possible »
Vous pouviez travailler directement avec le groupe, et la musique était vraiment au cœur de Dazed & Confused . Mais c'est fini maintenant, l'argent a quitté le navire.
Pouvez-vous commenter cette photographie de Björk : ses cheveux cachent son visage, on la reconnaît à peine... Oui, c'était un instant suspendu. Je suis parti à New York tout seul pour la rencontrer. J'ai dû me débrouiller. À un moment nous étions dans la rue et, à cause du vent, ses cheveux balayaient son visage. La plupart des gens l'auraient recoiffée, mais j'ai suivi mon instinct, et fait la photo à ce moment-là, et je savais qu'elle était très bonne. Cette image a d'ailleurs fait la couverture de notre magazine.
Vous êtes aussi connu pour votre travail sur le nu. Qu'est-ce qui vous intéresse ici ?
Je suis toujours surpris quand les gens me présentent comme un photographe de mode. Car je ne comprends rien aux fringues ! C'est pour ça que je suis passé au nu. C'est comme de la photo de mode, mais sans vêtements. Et puis le cul c'est joli, et en même temps un peu rigolo !
Que pourra-t-on découvrir lors de votre exposition, à Knokke-Heist ?
Ces photos montrent surtout le Londres des années 1990, alors une ville centrale du point de vue de la créativité. Elles révèlent mes premiers pas tout en restituant l'ambiance de cette époque. C'est aussi
le dernier moment, dans l'histoire, avant Internet. Tout était analogique, et les gens un peu plus libres !
Rankin : The Dazed Decades
Knokke-Heist, jusqu'au 11.06
Centre culturel Scharpoord, tous les jours sauf mar : 10h -18h, 10/8€ (gratuit -18 ans) www.knokke-heist.be
À visiter / dazeddigital.com // rankin.co.uk
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
« Le dernier moment dans l'histoire avant Internet »Feel It, Dazed & Confused, Issue 63, 2000 © Rankin
Après Marseille et Paris, Man Ray et la mode fait escale à Anvers, et c’est évidemment le MoMu qui se penche sur ce pan méconnu de la carrière du photographe américain. Repensée spécialement pour la Belgique, l’exposition entrelace vêtements de couturiers, œuvres dada et couvertures de magazines pour raconter l’invention de la photo de mode – rien que ça !
De Man Ray, on connaît généralement les penchants surréalistes, l’amitié avec Marcel Duchamp et le célèbre Violon d’Ingres, ce cliché de Kiki de Montparnasse nue, deux ouïes de violon dessinées dans le dos. Par contre, on oublie sou-
vent les shootings pour Chanel, Vogue ou Vanity Fair ... Pourtant, ces accointances avec la mode ne sortent pas de nulle part, comme le raconte la commissaire Romy Cockx. « Man Ray avait un père tailleur et une mère couturière. >>>
Il est évident que grandir au milieu des patrons et des chutes de tissu a formé son œil ». Celui d’Emmanuel Radnitsky (de son vrai nom), qui débarque à Paris au début des années 1920, est plus attiré par les mannequins que par leurs robes. Mais la branche américaine du mouvement dada a fait long feu, la peinture ne paye pas, alors le natif de Philadelphie commence à immortaliser les mondains, puis les créations des couturiers Paul Poiret ou Elsa Schiaparelli.
Avant lui, « la représentation des vêtements se résumait à des illustrations sur du papier de mauvaise
qualité. Man Ray a quasiment inventé la photo de mode, grâce à des procédés innovants », ajoute Romy Cockx. À Anvers, ces portraits de commande, dont 80 ont été prêtés par le centre Pompidou, constituent l’essentiel des 300 œuvres exposées.
Et que ce soit dans les silhouettes en surimpression, l’utilisation de la solarisation ou ces compositions étranges qui isolent certaines parties du corps pour Harper’s Bazaar , l’artiste prend le pas sur l’exécutant. En 1926, il shoote telle
« Man Ray a quasiment inventé la photo de mode »À gauche : Man Ray, Nancy Cunard, 1926 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Man Ray 2015 Trust / Sabam Belgium 2023 À droite : Dries Van Noten, Autumn-Winter 2008-09 © MoMu, photo : Stany Dederen
une muse l’autrice Nancy Cunard et ses avant-bras lourds de bracelets. Un cliché dont s’inspirera d'ailleurs Dries Van Noten pour créer un ensemble tunique, gilet en fourrure et imposant collier, présenté ici en reflet.
Puisque nous sommes dans un temple de la mode, les vêtements sont les autres stars du parcours au MoMu. Ceux qui ont été photographiés, et que l’on peut découvrir "en vrai" dans une scénographie tout en ombres et lumières (signée Madeleine Vionnet et Augusta Bernard). Mais surtout ceux qui empruntent au travail de Man Ray.
Au milieu de quelques meubles et sculptures issus du courant dada, comme Le Cadeau (1921), un fer à repasser hérissé de quatorze punaises, les stylistes belges, nourris de surréalisme, revendiquent plus que jamais cet héritage. Outre Dries
Van Noten, citons ainsi ce blazer décoré de longues mèches blondes par Olivier Theyskens, calqué sur La Chevelure (1927). Ou encore l’avantgardiste Martin Margiela, assumant la référence à l'Américain dès son premier défilé, et qui a toujours tendu des ponts entre l’art et la mode, comme son illustre aîné. Marine Durand
Anvers, 22.04 > 13.08, MoMu mar > dim : 10h-18h, 12 > 5€ (gratuit -18 ans) www.momu.be
Le saviez-vous ? Derrière l’une des robes les plus vendues au monde se cache… une Belge. Installée depuis cinquante ans à New York, Diane Von Furstenberg a vu le jour à Bruxelles, se passionne pour les plantes et fleurs, et sa carrière dépasse largement l’iconique wrap dress. Tout cela (et bien d’autres choses) est à découvrir dans Woman Before Fashion, au Musée Mode et Dentelle.
Lorsqu’on monte une exposition de mode, il faut parfois donner de sa personne. Pour appréhender le travail de Diane Von Furstenberg, Nicolas Lor, responsable des expositions et des publications au musée bruxellois, a crapahuté avec la créatrice dans le Connecticut.
« Et malgré ses 76 ans, elle marche très vite ! », sourit-il. Invité à creuser le sillon de la "Brussels Touch" et ces stylistes liés à la capitale,
le jeune commissaire est revenu sur le parcours de celle qui est née Diane Halfin avant d’épouser un prince suisse, de divorcer puis de créer sa griffe. Le tout avant l'âge de 25 ans ! Il en est ressorti avec une conviction : « Il n’y a aucune frontière entre sa vie personnelle et sa carrière. Ses problématiques de femme active, les questions de praticité, de versatilité du vêtement ont fait l’essence de sa marque. » >>>
Divisé en quatre chapitres « chronothématiques », le parcours de Woman Before Fashion entraîne le visiteur dans les pas de "DVF" via 230 pièces : robes, jupes, chemises, tuniques, mais aussi patrons, échantillons de tissu, photographies et articles de presse.
La robe portefeuille en jersey, confortable, infroissable, qui permet aux femmes d’être libres de leurs mouvements, ouvre naturellement l’exposition. « Diane Von Furstenberg a toujours été animée par une soif de liberté et d’indépendance, et cela se voit dans son vestiaire », remarque Nicolas Lor.
Depuis la création de la wrap dress en 1974, il s’en est vendu plus de 10 millions d’exemplaires dans des centaines d’imprimés différents, dont le léopard, emblématique. Plus loin, c’est le goût de la femme d’affaires pour l’art, son amitié avec Andy Warhol puis sa curiosité à l’égard de la nature qui se dévoilent. Une dernière partie focalise sur ses activités philanthropiques et sur InCharge, sa plateforme d’empouvoirement. En somme, une femme qui aime les femmes – et elles le lui rendent bien. Marine Durand
Diane Von Furstenberg, Woman Before Fashion
Bruxelles, 21.04 > 07.01.2024
Musée Mode et Dentelle, mar > dim : 10h-17h 10 > 4€ (gratuit -18 ans) fashionandlacemuseum.brussels/fr
13 km de trésors près de chez vous !
⟶ Pour conserver la mémoire
Ouverture des portes à partir du 25 mars 2023
Plus d'infos
Impressionnante maîtrise du cadre et de la lumière, élégant travail chromatique... on imaginait Nash Weerasekera formé dans les meilleures écoles d’art. Raté. Ce Sri-Lankais installé depuis quelques années à Melbourne est un autodidacte. « J’ai commencé à dessiner au dos de mes manuels scolaires, puis je me suis dirigé vers le street art, confie l'intéressé. Je réalisais aussi des portraits dans la rue pendant mes études, mais j'avais peu de temps à investir dans ma pratique de la peinture ». Pour le jeune homme, la pandémie de Covid fut un tournant. Sans activité ni revenu, il se lance dans la création d'images numériques et tape dans l’œil de l’agence d’artistes Jacky Winter. Il faut dire que ses illustrations, ébauchées au crayon ou à l’encre et finalisées sur ordinateur, ont des choses à raconter. Tournés vers l’horizon, ces personnages de dos semblent tirés d’un film. Les couleurs caressantes, évoquant le point du jour ou le crépuscule, font pencher la scène du côté du thriller ou du film d'auteur contemplatif. Nash Weerasekera ne cite pourtant aucun cinéaste à son panthéon, mais reconnaît s’inspirer de tous les longs-métrages et séries qu’il avale. Seule constante dans sa production : « un sens de la narration, je suppose ». Il n’est donc pas étonnant de le trouver également en librairie, comme auteur d’un guide dessiné à destination des immigrants, empreint d’ironie et inspiré de son propre parcours. Son nouveau projet aborde un autre champ, puisqu’il s’agit cette fois d’un livre d’images pour enfants. Avant un passage sur grand écran ? Marine Durand
À visiter / jackywinter.com/artists/nash-weerasekera ; c @ nashweerasekera
À lire / What to Expect When You’re Immigrating (Affirm Press, 2021, non traduit) affirmpress.com.au
L'interview de Nash Weerasekera sur lm-magazine.com
Des personnages qui semblent tirés d'un filmSuburbia
Spider Zed
sam. 1 avril | The Black Lab - Wasquehal
Axel Bauer
mar. 4 avril | Le Splendid - Lille
Zaoui + The Doug
ven. 7 avril | Le Splendid - Lille
Albin de la Simone
mer. 12 avril | Le Splendid - Lille
Youv Dee
dim. 16 avril |
L’Aéronef - Lille
Cannibal Corpse + Dark Funeral + Ingested + Stormruler
dim. 16 avril | Le Splendid - Lille DER. PLACES
Daria Nelson & Mathias Malzieu
mar. 18 avril | Le Splendid - Lille
Soen
mer. 19 avril | The Black Lab - Wasquehal
Before Paradis avec Balle Perdue et le Flow
Freestyle 100% Lillois
Saamou Skuu + Rad Cartier + Vicky R
mer. 19 avril |
Josman
jeu. 20 avril |
Doully
sam. 22 avril |
Le Flow - Lille
Le Zénith - Lille COMPLET
Th. Louis Pasteur - Lille COMPLET
Choses Sauvages
sam. 22 avril |
La Bulle Café - Lille
RÉSA:
Soirée Raplume Lille
Lesram + H La Drogue + STO + JNR
sam. 22 avril | Le Splendid - Lille
Tori Amos
sam. 22 avril | Th. Sébastopol - Lille
Roland Cristal
mar. 25 avril | La Bulle Café - Lille
Franjo
jeu. 27 avril | La Comédie - Lille COMPLET
Doxx + Yuston XIII
ven. 28 avril | Slalom - Lille
Kekra
sam. 29 avril | Le Splendid - Lille COMPLET
2 Heures de Perdues
sam. 29 avril | Th. Sébastopol - Lille DER. PLACES
Pas Sages
sam. 29 avril | La Bulle Café - Lille
Aimé Simone
jeu. 4 mai | Le Grand Mix - Tourcoing COMPLET
Kodes
jeu. 4 mai | Slalom - Lille
Lynda
ven. 5 mai | Le Zénith - Lille
Bigflo & Oli
sam. 6 mai | Le Zénith - Lille COMPLET
dim. 7 mai | Le Zénith - Lille DER. PLACES
So La Lune
jeu. 11 mai | Le Splendid - Lille COMPLET
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse.studio
Doucement mais sûrement, Alexander Giannascoli, aka Alex G, continue de creuser un sillon à part dans la pop mondiale. En témoigne son neuvième album, God Save the Animals, élégant précipité de folk, de punk-rock ou d’electro, servi avec cette touche lo-fi inimitable. Avant un deuxième passage au festival Coachella, le natif de Philadelphie jette l’ancre sur le vieux continent pour une tournée entre l’Irlande, l’Allemagne et… le Grand Mix de Tourcoing. Rencontre.
Propos recueillis par Simon Prouvost
Quand avez-vous commencé la musique ?
Très jeune. Mon grand frère était assez doué, donc mes parents lui ont acheté une guitare. J’ai également une sœur passionnée par la musique. J’ai ainsi grandi entouré d’instruments, en passant mon temps à écouter des CD. Ça aide, forcément !
Comment définiriez-vous votre style ? On perçoit beaucoup d’influences différentes dans votre dernier album, entre folk, country, electro ou rock… Honnêtement, je ne saurais pas le qualifier précisément. Disons que ça sonne comme du rock alternatif.
me suis formé tout seul, à la guitare comme pour l’enregistrement.
Comment avez-vous composé votre nouvel album, God Save the Animals ?
Pour la première fois j'ai travaillé en studio dans la région de Philadelphie et non pas dans ma chambre. La qualité finale s'en ressent. D'ailleurs je l'ai composé en grande partie lors des sessions d’enregistrement.
Quel est votre rapport à la scène ?
Je suis plutôt à l’aise car je connais bien mon groupe, ça fait un moment que nous jouons ensemble. C’est important car partir en tournée vous rend vulnérable… En concert, je cherche à faire danser et chanter les gens, mais je préfère le studio et sa partie créative.
Il y a aussi une touche de reggae, que j’aime de plus en plus. Parmi mes inspirations, je citerais aussi Keith Richards et la chanteuse de country Gillian Welch. Ces deux artistes ont fortement influencé ma musique.
J’ai suivi des cours de piano pendant quelques années quand j’étais plus jeune mais, pour le reste oui, je
Vous êtes notamment encensé par Frank Ocean. Est-ce important pour vous ?
Oui, ça me touche beaucoup, je mentirais en prétendant l’inverse. Mais j'essaie de ne pas trop y prêter attention. Je ne veux pas créer en fonction de ce que les gens pensent de moi.
Tourcoing, 05.04, Le Grand Mix, 20h, 14>6€
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
« Partir en tournée vous rend vulnérable »
Fever Ray est de retour avec un troisième album aussi atypique et réussi que les précédents. Radical Romantics est gorgé de chansons electropop déviantes, dérangées et dérangeantes. La Suédoise sillonne désormais l’Europe avec un spectacle dont on ne sait pas grand-chose. Mais au vu des tournées de jadis (electro-gothique et masques à bec en 2009, cour des miracles queer jouant avec les codes du black metal huit ans plus tard), on s’attend à tout. Un concert qui en tout cas étonne, émeut, emporte. C’est monstrueux, au sens étymologique du terme : une chose étrange, prodigieuse, qui mérite d’être montrée. Et dans le cas présent, écoutée, aussi. T.A.
Bruxelles, 03.04, Cirque royal, 20h, complet !, cirque-royal-bruxelles.be
Apparue en 1992, en même temps que d’autres femmes à poigne (citons PJ Harvey, Courtney
Love) Tori Amos était également la plus surprenante. Fille de pasteur de Caroline du Sud, elle incarne un peu une héritière southern gothic de Kate Bush. À rapprocher davantage de Flannery
O’Connor qu’Emily Brontë, entre douceur et révolte. La soixantaine approchant, la pianiste et chanteuse s’est (un peu) assagie mais sous la glace, le feu demeure. T.A.
Bruxelles, 05.04, Cirque royal, 20h, complet ! // Lille, 22.04, Sébastopol, 20h, 56 > 32€, theatre-sebastopol.fr
JULY
THE OPPOSITES • XINK
FRED AGAIN..• XAVIER RUDD • SIGUR RÓS • BLACKWAVE.•
CITY AND COLOUR • VINTAGE TROUBLE
DEAN LEWIS • ADEKUNLE GOLD • DOPE LEMON • SOFI TUKKER • MIMI WEBB • DANIELLE PONDER
THE MURDER CAPITAL • TOUCHÉ AMORÉ • JUST MUSTARD • STONE • DEAD POET SOCIETY • MAYORGA
ARCTIC MONKEYS • QUEENS OF THE STONE AGE
LIL NAS X • THE LUMINEERS • DERMOT KENNEDY •
INHALER • THE DRIVER ERA
ROSALÍA • CHRISTINE AND THE QUEENS • PUSCIFER •
GABRIELS • AMENRA • THE TESKEY BROTHERS
R F S DU SOL • JACOB COLLIER • J.I.D • PORTLAND •
MEROL • PIP MILLETT
LOVEJOY • BILLY NOMATES • BABY QUEEN • NOVA TWINS •
DESTROY BOYS • ETHAN BORTNICK
Depuis presque trente ans, Eels promène ses guitares à travers le monde. Sans susciter l’hystérie, non, mais un intérêt certain. On pourrait se demander ce qu’il reste du groupe pop qui décrocha la timbale en 1996. Pas grand-chose, c’est vrai. Mais on lui reconnaît un magnifique parcours, balisé d’albums intimes et importants.
Cela peut paraître invraisemblable aux plus jeunes d’entre vous, mais il fut un temps où les radios FM étaient prescriptrices en matière… d’indie rock : un morceau était bombardé quatre fois l’heure, pendant que le clip tournait en boucle sur MTV. C’est ainsi qu’un petit groupe venu de LA, Eels, fit un carton avec un single, Novocaine for the Soul. Cette rengaine, et une signature chez le tout jeune label DreamWorks Records (monté par David Geffen et… Steven Spielberg) ne fut pas forcément bénéfique pour cette formation : beaucoup ne virent là qu’une énième sensation. Une petite quinzaine d’albums plus loin, le succès massif d’hier n’est plus là, mais quelle œuvre ! Mark Oliver Everett, a multiplié les collaborations (citons Lisa Germano ou John Parish) et signé Tais-toi ou meurs (2011), remarquable autobiographie qui nous éclaire (un peu) sur cette âme torturée. Certes, il a perdu des êtres chers, pleuré leur absence et chanté sa douleur, mais ne s’est jamais apitoyé sur son sort. Face au deuil, "E" se propose d’encenser les plaisirs simples de la vie. Une démarche pas éloignée de celle de Neil Young, autre cabossé qui sublime ses blessures dans des chansons intemporelles.
Thibaut AllemandBruxelles, 08.04, Forest National, 20h, 49€, forest-national.be
APHEX TWIN, BOYS NOIZE, CARIBOU, CKAY, DAMSO, DENZEL CURRY, d EUS, HUDSON MOHAWKE, JANELLE MONÁE, LA FEMME, LOMEPAL, LOUS AND THE YAKUZA, MALL GRAB, MEUTE, ORELSAN, PAUL KALKBRENNER, PEGGY GOU,
PHOENIX, PLK, REZZ, SOLOMUN, TALE OF US, THE BLAZE, TRYM, YUNG LEAN, ZIAK, ZOLA, 070 SHAKE, ...
En 1992, La Fossette redéfinissait les contours de la pop française au seul moyen d’un attirail spartiate (deux claviers, une guitare). Le strict minimum pour habiller des mélodies entonnées d’une voix douce et féminine. Quinze albums plus tard, Dominique A s’est imposé en figure majuscule de la chanson, un pied dans Le Monde réel (pour reprendre le titre de son essai paru en mars), l’autre à la recherche de ce qui pourra le (nous) surprendre. En témoigne cette tournée, célébrant ses trente ans de "carrière" en revisitant son répertoire en sextette, avec claviers, piano, flûte, contrebasse, batterie et programmation électronique. T.A.
Béthune, 06.04, Théâtre municipal, 20h, 34 > 17€, theatre-bethune.fr Mons, 07.04, Théâtre le Manège, 20h, 30 > 21€, surmars.be Woluwe-Saint-Pierre, 01.06, W:Halll, 20h30, 40/35€, whalll.be
Née à Cuba à la fin des années 1990, Ana Carla Maza dessine une fresque imaginaire unissant le tango argentin, la samba et la bossa nova brésiliennes, la rumba cubaine, mais aussi le jazz et la musique classique. Coutumière des concerts en solo ou en quartette, la violoncelliste et chanteuse s’essaie pour la première fois au duo, en compagnie du pianiste allemand Norman Peplow. De quoi redécouvrir ces (déjà) standards sous un autre jour ! T.A.
Métropole lilloise, 01 > 07.04, divers lieux :
01.04 : Gruson // 02.04 : Wambrechies // 04.04 : Lomme
05.04 : Croix // 06.04 : Roncq // 07.04 : Lesquin
8/4€ (gratuit -12 ans), tourcoing-jazz-festival.com
The Orb, ou l’art du paradoxe. Pour évoquer ces légendes des musiques électroniques, il ne faut pas simplement disserter sur la communion du dancefloor ou l’ivresse des BPM. Au contraire ! Il s’agit de se souvenir de ces pauses, de ces effluves techno, ces instants volés à la nuit nommés chill out.
The Orb, c’est un peu Caspar David Friedrich version techno. Refusant de jouer la carte de l’escalade lors des premières free parties, le duo a pensé à ceux qui souhaitent un peu de calme, loin de la foule déchaînée. En s’inspirant de la pop
planante anglaise (Brian Eno) et allemande (Tangerine Dream), Alex Paterson et Jimmy Cauty ont créé un style en soi : l’ambient techno. Jimmy Cauty quittera bientôt le navire pour se consacrer à KLF, projet subversif auteur d’un "rave
anthem" mémorable ( What Time is Love ? ) et, surtout, d’un chefd’œuvre ambient intitulé… Chill Out (1990). Comme quoi.
Dans les nuages Depuis Paterson, par ailleurs fondateur du label WAU! Mr. Modo, spécialisé en dub industriel (ce qui en dit long sur l’appétence de cet Anglais pour les sons lourds ET planants) n’a pas tourné en rond. La tête pensante du "Globe" a multiplié les collaborations et les albums, s’acoquinant même avec le sorcier Lee Perry ! Ainsi, ce qui
n’aurait pu être qu’un épiphénomène cantonné aux warehouses et autres champs est devenu un véritable laboratoire sonore. Les ventes n’ont pas toujours suivi, certes, mais The Orb a cependant conservé un noyau dur de fans, et pas seulement des nostalgiques. Alors bien sûr, le duo ne renouvelle plus le genre depuis un moment, mais entendre Little Fluffy Clouds sur un soundsystem gigantesque, ça vaut toujours le détour.
Thibaut AllemandAnvers, 12.04, De Roma, 20h, 25/23€ deroma.be
Né voici 32 ans à Bruxelles d'un père congolais et d'une mère angolaise, Yannick Ilunga n'aura guère le temps d'arpenter la place de Brouckère. Encore enfant, ses parents s’installent au Cap, en Afrique du Sud. Après diverses expériences musicales, Ilunga se réinvente en Petite Noir et qualifie son œuvre balbutiante de "noirwave" – un gimmick, plus qu’un courant, car il en est le seul représentant. Quelques jours avant la parution d’un deuxième album très attendu, on pourra juger sur pièce de cette propension à confronter avec panache des sons profondément africains (polyrythmie, attaques de guitares…) à une certaine noirceur post-punk. T.A.
Amiens, 12.04, La Lune des Pirates, 20h30, 12/7€, lalune.net Lille, 15.04, L'Aéronef, 20h, 6/3€ (gratuit abonnés Let’s Go), aeronef.fr Anvers, 04.05, Trix, 19h30, 20,50>17€, trixonline.be
The Golden Dregs incarne le véhicule des lubies de son leader, Benjamin Woods. Ce batteur de formation est devenu chanteur, guitariste et songwriter sur le tard. Un premier essai rejoignait le vaste fourre-tout garage-rock. Le deuxième jouait avec les mythes US. Pour ce dernier album, le Cornouaillais au timbre de baryton s’inscrit dans la lignée de grands noms à voix basse, tels Stuart Staples, Richard Hawley ou Lee Hazlewood – oui, rien que ça. T.A.
Tourcoing, 13.04, Le Grand Mix, 20h, 14/6€ (gratuit abonnés) Bruxelles, 17.04, Ancienne Belgique, 19h, 17€, abconcerts.be
La légende veut que le meilleur ami de Joesef (devenu depuis son manager) lui ait enjoint de se lancer dans le songwriting après l’avoir entendu chanter California Dreamin’ (signé The Mamas and the Papas) lors d’un open mic. L’Écossais se lance et, en dépit d’un premier single nommé Limbo, place immédiatement la barre très, très haut : une blue-eyed soul moderne, une pop bricolée dans sa chambre et percluse de souvenirs Philly sound. Bref, un nouveau chapitre du continuum soul qui, depuis plus d’un demi-siècle, effectue un mouvement de balancier entre les USA et la Grande-Bretagne. Si les basses rondes, les rythmes hip-hop et les éclats de guitare jazz ont nourri deux EP et créé l’attente, un premier album paru en janvier élargissait le terrain de jeu sonore, multipliant les couleurs et les tonalités. Notre homme semble y avoir mis toute sa vie, ses confessions amoureuses et ses doutes. Seul l’un d’eux n’est plus permis : Joesef est désormais un nom sur lequel on peut compter. Thibaut Allemand
Bruxelles, 14.04, Botanique, 19h30, 21,50 > 15,50€, botanique.be
Egyptian Blue + Humour
Alex G + Momma
Afterwork gratuit : Deadletter
Festival Le Temps d'une Lune #7 : Bab l'Bluz + Popimane
Tourcoing Jazz Club : Portico Quartet + guest
The Golden Dregs + guest
Anna B Savage + guest
Swell - Sunshine Everyday Tour (hommage à David Freel)
Jonathan Bree + guest
Zed Yun Pavarotti + Ian Caulfield
La Jungle + Usé + L'E ondras
Warhaus + guest
Blondshell + Girl and Girl
Max Romeo avec Xana et Azizzi Romeo + Lutan Fyah + Droop Lion
And So I Watch You From Afar + A burial At Sea
Lael Neale + guest
Pigs x7 + guest
The Lemon Twigs + Tchotchke
Afterwork
Michelle & Les Garçons
Ulrika Spacek + guest
Martine Au Bruit
Kitty, Daisy & Lewis + guest
Figure singulière d’une scène néo-zélandaise décidément emballante, Jonathan Bree a le chic pour façonner de charmants petits tubes tristes. Après plus de 20 ans de carrière, l’homme masqué colle plus que jamais au zeitgeist d’une époque fatiguée d’elle-même, mais toujours prête à danser.
Jonathan Bree, ou le secret le mieux gardé de l’indie pop ? Plus vraiment non, même si le Néo-Zélandais cultive toujours un certain mystère, le visage éternellement recouvert d'un masque blanc en élasthanne. Après deux albums solos passés inaperçus, l'ancien leader des sympathiques Brunettes est sorti de l'anonymat par la grâce d'un morceau : You're so Cool - qui n'a stricto sensu rien de "cool". Publiée en 2018, cette merveille de chanson contient à elle seule tout ce qui fait le charme du fondateur du label Lil'Chief Records : une pop orchestrale spleenétique à souhait, tout en cordes et synthés, des textes sibyllins, un sens imparable de la mélodie. Surtout, l’ensemble est porté par cette voix grave de crooner d'outretombe, rappelant par endroits Scott Walker ou Lee Hazlewood. Produit par le roi du funk Nile Rodgers, qui œuvra (entre autres !) pour David Bowie ou Daft Punk, son cinquième album (Pre-Code Hollywood) ne se départit toutefois pas de cette mélancolie cotonneuse – voire gothique. Sur scène, ce complice de Princess Chelsea est entouré de choristes aux gestes synchronisés, comme des automates, offrant à ses concerts les allures d'une boîte à musique grandeur nature, et terriblement hypnotique. Julien Damien Tourcoing, 21.04, Le Grand Mix, 20h, 14 > 6€, legrandmix.com
« Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! » s’enflammait le poète. Vrai qu’on n’est pas mécontent de profiter, comme chaque mois d’avril, du Botanique : ses jardins, sa verdure et ses concerts, aussi. Lesquels réunissent, le temps de quelques jours, les nouvelles figures de la scène indépendante, mais aussi des valeurs sûres. Voici nos chouchous – de Bruxelles. Thibaut Allemand
Dans le sillage du label PC Music et d’artistes tels A.G. Cook, 100 Gecs ou Charli XCX, l’hyperpop se nourrit d’elle-même et s’auto-référence volontiers. On aurait pu s’attendre à un épiphénomène, mais le "genre" demeure et essaime un peu partout. Ainsi d’Eloi. Cette jeune Parisienne formée au piano classique a désappris pour mieux se réinventer.
l’arrivée, deux EP, et quelques tubes imparables. Citons Divorce, parfait même (surtout ?) après la quinzième écoute en boucle, et jtm de ouf, reprise de Wejdene qui se fiche du bon comme du mauvais goût. Ces basses et ces beats gabber en carton semblent vulgaires, oui, mais qu’est-ce que c’est bon ! Grand salon, 29.04, 19h30, 28 > 13,50€
Bruxelles, 23.04 > 12.05, Botanique, 1 concert : 33,50 > 13,50€, botanique.be
Sélection / 27.04 : Bill Callahan, Rozi Plain, Zed Yun Pavarotti... // 28.04 : Albin de la Simone, Vanille, Oiseaux Tempête... // 29.04 : Johan Papaconstantino, Miel de Montagne, Eloi...
30.04 : Jeanne Added, Zaho de Sagazan // 02.05 : Predatory Void, Hippotraktor, Oracle Sisters...
03.05 : The Haunted Youth, Ada Oda... // 04.05 : La Dispute, Pool Kids, Nes, Eesah Yasuke...
05.05 : Echt !, Kuna Maze, Jean-Paul Groove... // 06.05 : Flavien Berger, Aurel, Debby Friday...
07.05 : Mustii, Colt... // 08.05 : November Ultra, Sura…
Près de 33 ans après ses débuts sous l’alias Smog, l’Américain n’en finit pas de nous étonner. Par sa régularité (un disque tous les deux ans en moyenne), ses incartades (le récréatif Blind Date Party en duo avec Bonnie "Prince" Billy) et par sa plume, jamais émoussée. En témoigne YTILAER (2022), dernier album en date où se rencontrent guitares, pianos, cuivres ou clarinette contralto. Loin du cliché de l’Americana austère, Callahan met de la soul dans son folk.
Sous chapiteau, 27.04, 18h30, 32,50 > 26,50€ (+ Lille, 26.04, L'Aéronef, 20h, 25/19€, aeronef.fr)
Paris sera toujours Paris , clament les… touristes. N’empêche, la Ville lumière inspire encore des musiciens en exil. Ainsi des Bruxellois Lewis Lazar et Christopher Willatt et de la chanteuse et batteuse finlandaise Julia Johansen. À la façon des Byrds ou, plus près de nous, de Whitney, le trio apprécie les harmonies vocales et les chansons héritées de la tradition du Laurel Canyon. Sauf qu’ici, on chante moins la contre-culture que le métro, les grands boulevards… et ce n’est pas pour nous déplaire.
Rotonde, 02.05, 20h, 19,50 > 13,50€
Chanteuse et musicienne accomplie, Jeanne Added est passée par le jazz et la "grande musique" avant de se lancer sous son nom en 2011. Quatre albums plus tard, elle croule sous les prix, les acclamations critiques, publiques, et le respect de ses pairs. Mêlant dans un même mouvement pop, R&B, post-punk ou funk, acoustique et électronique, la Rémoise s’octroie une rare liberté, s’avérant à la fois inclassable et immédiatement reconnaissable – la marque des grandes.
Sous chapiteau, 30.04, Botanique, 18h30, 33,50 > 27,50€ (+ 14.04, Oignies, Le Métaphone, 20h30, 20/17€, 9-9bis.com 10.06, Amiens, Parc St-Pierre (Minuit avant la nuit), 16h, 28/25€
© Hanly Banks Callahan © Cyrielle Rigot © Camille VivierSiouxsie sur scène, en 2023 ? Drôle de nouvelle ! Figure marquante du punk-rock et de la scène dite gothique qui en émergea, la Londonienne a entamé une carrière solo voici vingt ans, ne signant qu’un seul et unique album sous son nom. Ce retour pose question… et permet de mesurer le chemin parcouru.
Parler de Siouxsie Sioux, c’est évoquer une époque, un lieu, une atmosphère, une énergie. Celle du Londres de la fin des seventies et du Bromley
Contingent – ces fans qui suivaient les Sex Pistols à leurs balbutiements. C’est aussi une imagerie façon Portier de nuit (1974), avec look SM et insignes SS... Mais ce n’est heureusement pas que ça. Car son groupe, The Banshees, pour qui l’aurait oublié, comprenait des musiciens pas vraiment limités. Citons la frappe solide du batteur Steve Severin, et le regretté guitariste John McGeoch, qui agrémenta de son jeu subtil et inventif quelques pierres de touche post-punk chez Magazine, PiL mais aussi… Visage (!).
Influence majeure
Siouxsie, grande prêtresse des gothiques ? Sans doute, mais pas seulement. Après tout, certains de ses hits auraient pu être entonnés par un groupe aussi lumineux que The Bangles (Hong Kong Garden, par exemple). Par ailleurs, son influence est depuis longtemps sortie de la Batcave : ses chansons furent reprises par Jeff Buckley ( Killing Time), Tricky (Tattoo), Massive Attack (Metal Postcard), LCD Soundsystem (Slowdive) ou encore The Weeknd (Happy House). Et puis, avouons-le, notre morceau préféré de l’Anglaise reste une reprise de Timi Yuro, composée par Georges Delerue et duettisée en 1994 avec un Morrissey au faîte de sa grâce. Elle s’appelle Interlude et, durant quelques minutes, le temps est suspendu. À l’image de la carrière de Siouxsie, finalement. Thibaut Allemand
Bruxelles, 03.05, Ancienne Belgique, 19h, complet !, abconcerts.be
D'après Sénèque, « personne ne peut porter longtemps le masque ». Voici donc huit ans que Kekra contredit le philosophe stoïcien. Si le natif de Courbevoie cultive soigneusement l'anonymat, il ne passe pas inaperçu, et a su imposer un style singulier dans le paysage rap français, entre grime, drill, 2-step et cloud rap. Derrière l'autotune et l'egotrip de rigueur, notre homme mêle à ces styles une plume des plus fines, ne cachant pas son passé de dealer – « si t’es pas à ma table c’est que t’es au menu, tester le crack mais quelle idée saugrenue », clame-t-il dans Ingé son, titre de son dernier album, Stratos. À côté de ses productions léchées, Kekra soigne aussi ses clips. Amateur de science-fiction (comme Laylow), il imagine pour celui de CLS un monde futuriste où humains et robots cohabitent… plus ou moins bien. Il dépeint parfois une société carrément post-apocalyptique, comme dans Putain de salaire, où notre héros se dresse contre l’oppression capitaliste. Un Zorro des temps modernes ? En tout cas, le plus contemporain des vengeurs masqués.
Simon ProuvostDeux ans après un album instrumental étrangement nommé Happy End, Albin de la Simone est revenu à la chanson avec Les Cent prochaines années. Cette septième réalisation consacre une bonne fois pour toutes le Picard comme l’un des songwriters les plus talentueux de la pop francophone. Dans la lignée de Souchon ou Miossec (avec lesquels il a travaillé), cet arrangeur rigoureux et mélodiste inspiré s’interroge sur le temps qui passe, ces heures qui rythment nos quotidiens pas toujours folichons. Cette mélancolie retenue, ce sourire malgré les peines, on les retrouve justement sur scène, lors de sets intimistes où il excelle. T.A.
Lille, 12.04, Le Splendid, 20h, 33€, le-splendid.com // Bruxelles, 28.04, Botanique, 19h 29,50 > 23,50€, botanique.be (festival Nuits Botanique, voir page 64)
À l’instar de Jack White, Nick Waterhouse pense que la musique s’est arrêtée en 1979 : guitares antiques, amplis vintage et micro hors d’âge. Tel est l’attirail avec lequel le Californien entreprend de signer des chansons en 2023. Ce qui sauve le trentenaire de la bête panoplie ? Le talent, tout simplement. Un art consommé pour trousser des arrangements malins à des mélodies tombées du ciel. Et une présence scénique qui lui promet un… passé radieux ! T.A.
Lessines, 30.04, Festival Roots & Roses (Ancien chemin d'Ollignies), 21h, 1 j. : 48/42€ • 2 j. : 76/70€ (gratuit -16 ans) rootsandroses.be
Des juke-joints du Mississippi à Calais, il n'y a qu'un pas ! En tout cas le temps de ce festival, qui réunit la fine fleur du blues, à commencer par Mike Sanchez. Le Londonien, qui partagea la scène avec Eric Clapton ou Paul McCartney, n'a pas son pareil pour ressusciter le boogie-woogie des fifties, façon
Jerry Lee Lewis. Après avoir humé l'air de la Louisiane avec Andy J. Forest, on retrouve la diva Toni Green, légende de la soul made in Memphis. J.D.
Calais, 07 > 29.04, La Halle, pass 5 j. : 45€ • 1 j. : 12€ (concerts du festival "Off" gratuits)
spectacle-gtgp.calais.fr – Sélection / 07.04 : Egidio 'Juke' Ingala & The Jacknive (gratuit)
08.04 : Black Boy de Richard Wright (Th musical) // 22.04 : Mike Sanchez
27.04 : Andy J. Forest Band // 28.04 : Monster Mike Welch // 29.04 : Toni Green
SAM 01.04
VOYOU
Lille, L'Aéronef, 20h, 18/11€
ALOISE SAUVAGE
Valenciennes, Le Phénix, 20h30, 19/16€
MAR 04.04
AXEL BAUER
Lille, Le Splendid, 20h, 33€
PATRICE
Bruxelles, La Madeleine , 20h, 31€
STACEY KENT
Lens, Le Colisée, 20h, 25>12,50€
JEU 06.04
BILLY NOMATES
Bruxelles, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€
LA GRANDE SOPHIE
Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 35€
SAM 08.04
ACID ARAB + GLITTER55
Anvers, Trix, 19h30, 26>22,50€
CINE-CONCERT ROBOCOP
Oignies, Le Métaphone, 20h30, 10/5€
VILLA FANTOME + THE LIQUIDATORS
Béthune, Le Poche, 20h30, 12/10€
DIM 09.04
SWELL
Bruxelles, Botanique, 19h30, 27,50>21,50€
MAR 11.04
GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR + MARISA ANDERSON
Lille, L'Aéronef, 20h, 27/20€
MER 12.04
TRYO (LES ENCHANTEURS)
Divion, Complexe Caron, 20h, 25/20€
MICHEL JONASZ
Lille, Théâtre Sébastopol, 20h30, 67>49€
JEU 13.04
MICHEL JONASZ Lille, Th. Sébastopol, 20h30, 67>49€
VEN 14.04
WE ARE SCIENTISTS
Lille, L'Aéronef, 20h, 9/5€
JEANNE ADDED + L'ARGOUSIER
Oignies, Le Métaphone, 20h30, 20/17€
BEN KLOCK
Charleroi, Rockerill, 22h, 20€
DIM 16.04
YO LA TENGO
Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 29/28€
LUN 17.04
MACKLEMORE
Bruxelles, Forest National, 20h, 75>53€
MER 19.04
DEPARDIEU CHANTE BARBARA
Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 130>40€
ANNA B SAVAGE
Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€
JEU 20.04
JULIEN CLERC
Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 69>44€
SWELL
Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6 €
VEN 21.04
GIANT SAND
Anvers, De Roma, 20h, 24/22 €
LYDIA LUNCH & MARC HURTADO
Lille, L'Aéronef, 20h, 6/3€
DIM 23.04
HELLFEST FESTIVAL TOURNÉE
WARM UP
Lens, Louvre-Lens, 17h, 20>5€
LUN 24.04
THE SELECTER + THE SKADDILACS
Louvain, Het Depot, 20h, 24/21 €
MER 26.04
BILL CALLAHAN
Lille, L'Aéronef, 20h, 25/19 €
VEN 28.04
CABALLERO & JEANJASS
Charleroi, Rockerill, 20h, 30/26 €
ZED YUN PAVAROTTI
Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6 €
SAM 29.04
DAVE CLARKE
Charleroi, Rockerill, 22h, 25/20 €
but
Fuse (Buzzin' Fly Records)
EBTG a connu deux carrières. La première, à l’aube des années 1980, lorsque Tracey Thorn, ex-Marine Girls, rencontre Ben Watt. Ensemble, ils dessinent une pop mâtinée de jazz et de bossa nova, portée par le timbre grave et suave de la Britannique. Puis, en 1995, le duo, que l’on n’imaginait a priori pas sous ecstasy à l’Haçienda ou Ibiza, s’entiche de house. Un remix de leur morceau Missing signé Todd Terry puis l’album Walking Wounded (1996) les révèlent à un nouveau public, autrement moins restreint. En pause musicale depuis 1999, mais en couple à la ville, Watt et Thorn sont coincés à la maison comme tout le monde au printemps 2020. Ils travaillent à nouveau ensemble, et renouent formidablement la chaîne des temps. De l’ouverture Nothing Left to Lose, tout en basses rondes et bondissantes, à la conclusive et rêveuse Karaoke, le poids des années ne semble pas avoir de prise sur leur production. Passéiste ? Absolument pas. De la même façon que le jazz et la bossa infusaient dans leur pop, c’est désormais la house des années 1990, à peine modernisée, qui nourrit leurs compositions actuelles. Mélodiques et mélancoliques. Comme on les a toujours aimées. Thibaut Allemand
The Cosmic Memoirs of the Late Great Rupert
J. Rosinthrope (Tresor Records)
C’était en 2002. Date sombre pour Drexciya qui, dix ans durant, avait créé une véritable légende, occulte et afrofuturiste, disséminant des indices au fil de nombreux maxis et de rares albums. Cette année marquait à la fois la parution d’un troisième et ultime album, Grava 4, et le décès de James Stinson, moitié du tandem. Routier le jour et démiurge la nuit, ce dernier avait composé, sous le pseudonyme Shifted Phases, ce disque pour le label berlinois Tresor Records – à l’époque où cette maison était encore un club. Introuvable, le voici réédité en bonne et due forme. On y trouve tout ce qui fait le sel de Drexciya. Enregistrés live, sur d'antiques machines capricieuses, ces titres, parfois sales et rêches, ne se départissent jamais d’un certain vague à l’âme. Thibaut Allemand
(Pop Sisters / [PIAS])
Drôle d’histoire que celle des Fils de Joie. Nés du côté de Toulouse en 1978, séparés en 1986, ces faux-frères post-punk n’avaient jamais publié d’album, mais composé au moins un tube, Adieu Paris , hymne post-reggae suicidaire et détaché, très növö, cynique et nihiliste. Ce titre eut d’ailleurs droit à une seconde jeunesse grâce à la compilation des Jeunes
Gens Mödernes (2008), qui revenait sur cette époque. Or, Olivier de Joie, leader et tête pensante de la formation, s’est vu offrir l’occasion de sortir (enfin !) cet album. Celui-ci ravira les nostalgiques, mais pas seulement. Cette pop enlevée, pas si éloignée de celle de Gamine ou d'Aline, est marquée par une noirceur 80’s qui trouve encore écho au siècle suivant. À (re)
Debby Friday compte parmi les révélations de ce début d’année. Il suffit d’écouter pour s’en convaincre le single So Hard to Tell, production revêche d’où s’échappe un chant puissamment évocateur. C’est dans cet exercice qu’excelle la Montréalaise aux racines nigérianes : frotter l’émotion (de celle qui irrigue le R’n’B contemporain) contre les sonorités agressives des clubs les plus physiquement éprouvants. Et ce frottement fait des étincelles : en 34 minutes, ce premier album souffle le chaud et le froid et offre un écrin hérissé d’épines (ces saturations indus) aux prouesses de Debby, à la fois blues dans l’âme et punk dans l’attitude. Good Luck nous embarque dans un grand huit riche en sensations et genres musicaux. Évidemment, on en redemande.
Rémi BoiteuxSandra Nkaké
Scars (Jazz Village / [PIAS])
En une quinzaine d'années, Sandra Nkaké s'est imposée comme l'une des grandes voix de notre époque. Complice de Jeanne Added ou de Troublemakers, cette Franco-Camerounaise donne ici tout son sens à la définition même de la soul : une musique de l'âme, qui exhume les blessures les plus profondes pour mieux les sublimer. Au fil de ce quatrième album soutenu par (entre autres) les flûtes et les claviers de Jî Drû, la chanteuse se livre comme jamais, et n'en est que plus touchante. Ici, elle évoque sa Voix éraillée dans un morceau pop et introspectif. Là, devient plus tempétueuse pour dénoncer les violences faites aux femmes (My Heart), avant de nous cueillir tout en douceur pour rendre hommage à une certaine "Nina". Une ballade pleine d'échos, presqu'une passation… Julien Damien
Génie pour les uns, faiseur pour les autres, « faquin » d’après le rageux Jean-Luc Godard (qui n’a jamais eu, hélas, l’once de son talent de conteur), le natif de Knoxville s’est imposé comme le plus cinéphile des cinéastes – ou l’inverse. Sa filmographie est truffée de références et de clins d’œil à tous les cinémas (bis, séries B et Z, western, chambara, Nouvelle vague, on en passe…). Sans parler d’ Inglourious Basterds et Once Upon a Time … In Hollywood, deux flagrantes déclarations d’amour au septième art. Dans cet essai (que l’on espère inaugural d’une série) Tarantino passe en revue les films qui l’ont marqué. Pas le plus mauvais des points de départ. Où l’on apprend qu’il n’y a pas de génération spontanée.
À sept ans, le petit Quentin assistait en effet à la projection du violent Joe, c'est aussi l'Amérique de John G. Avildsen – pas exactement le premier Marvel venu. Drôle, percutant et émouvant dans ces moments d’intimité, il conserve la même verve et la même précision lorsqu’il disserte sur L ’ Inspecteur Harry ou le Nouvel Hollywood. Un livre à lire crayon en main, pour noter toutes les références, et (re)découvrir quelques classiques avec, souvent, un éclairage nouveau sur ces bobines ! 448 p., 25€. Thibaut Allemand
Earl Thompson
Comprendre sa douleur (Monsieur Toussaint Louverture)
Après Un Jardin de sable et Tattoo, les éditions Monsieur
Toussaint Louverture bouclent la trilogie d'Earl Thompson.
Notre homme a quitté son Midwest crasseux, la guerre et cherche désormais sa place dans l'Amérique des années
1950, en se posant une grande question : « mais qu'est-ce qui cloche chez moi ? ». Sans doute cette incapacité à se fixer, dans un boulot ou un lit, et surtout à tirer un trait sur cet "ailleurs possible" qui fait tout le sel de la vie. D'aventures justement, ce roman en regorge, que Thompson dépeint avec une verve toujours aussi crue, voire pornographique. Le salut viendra de l'écriture, comme pour de nombreux autres : Bukowski, Dan Fante ou même Céline, tant son alter ego de papier évoque une variation de Bardamu, le héros de Voyage au bout de la nuit. 512 p., 24,50€. Julien Damien
Flammarion Flammarion « Je voulais écrire sur le cinéma et j’ai fini par vous raconter un peu l’histoire de ma vie. »Les Fils (Allia)
« Il existe un lien secret entre ces trois textes ». C'est ainsi que Kafka les a présentés à son éditeur en 1913. Une observation qui se concrétisa par un recueil publié en Allemagne en 1989 et pour la première fois en France cette année, grâce aux éditions Allia. On y retrouve des thèmes chers à l'écrivain tchèque. Les relations familiales complexes d'abord, que ce soit entre le père souffrant et son fils dans la nouvelle
Le Verdict ou le dégoût de la famille à l'égard du héros transformé en insecte dans La Métamorphose. Il est aussi question d'injustice, comme celle vécue par le mécano du texte éponyme. Le tout est agrémenté d'une postface très documentée de la traductrice. Une introduction parfaite à une œuvre décidément inépuisable.
176 p., 12€. Hugo Guyon
La Vie est une corvée (Exemplaires)
Lancée il y a deux ans, la maison d’édition alternative "Exemplaires" a déjà publié une dizaine d’auteurs en vue (Anouk Ricard, Boulet, Davy Mourier). Elle a aussi lancé de jeunes bédéastes, comme Salomé Lahoche, qui sort ici son premier livre. Celui-ci est une compilation de strips autobiographiques. On y retrouve, pêle-mêle : un tutoriel pour bien vivre avec sa honte, un pamphlet contre l’astrologie, une démonstration potache sur les infections sexuellement transmissibles (au doux nom de "chtouille de Schrödinger").
D’autres planches traitent de sujets moins légers, comme l’éco-anxiété ou la répartition inégale des richesses, mais toujours avec ce ton acide, contrebalancé par une bonne dose d’autodérision. Un autre nom à suivre ! 144 p., 18€. Hugo Guyon
Le Fin mot de l'histoire (Flammarion)
Choisir entre la peste et le choléra : "choisir entre deux maux également redoutables. Synonyme : voter au second tour de l’élection présidentielle". L’analogie piquante n’est pas de nous, mais de l’autrice Nathalie Gendrot et de l’insolent chroniqueur de France Inter Guillaume Meurice, qui signent ce recueil ayant fait grand bruit. À elle l’explication de texte, documentée et maligne, sur l’origine de chaque expression. À lui les tacles bien sentis sur le gouvernement, les CRS, le Medef, Monsanto. Ou encore sur Vincent Bolloré, qui a peu goûté une blague à son sujet, ce qui valut à l’ouvrage de changer d’éditeur et de paraître barré de la formule publicitaire « le livre que vous avez failli ne jamais lire ». La réponse du berger à la bergère !
336 p., 19€. Marine Durand
Après le succès de Pupille en 2018, Jeanne Herry se lance un nouveau défi. Dans Je verrai toujours vos visages, elle s’intéresse à la justice restaurative. Née en France en 2014, cette pratique favorise un dialogue entre victimes et auteurs d'infractions (concernés par la même affaire ou non). Entre écoute, monologues et huis clos, ces personnages en quête de reconstruction démêlent, sans manichéisme, de lourds chocs psychologiques. Rencontre avec une cinéaste inspirée et deux illustres actrices : Leïla Bekhti et Élodie Bouchez.
Pourquoi s’intéresser à la justice restaurative ?
Jeanne Herry : Passionnée par les sujets liés à la justice, je comptais d'abord m'intéresser à un procès. Soit le terrain idéal pour le jeu et la mise en scène. Mais, en me documentant, je suis tombée sur un podcast à propos de la justice restaurative. Trois minutes d’écoute ont suffi à me convaincre. Ce thème suppose des personnages complexes et des scènes aux enjeux très forts.
Avez-vous participé à des séances entre victimes et détenus pour préparer ce film ?
J.H. : Non, ces rencontres ne sont pas accessibles, pour préserver la sécurité des participants. Et puis ce sont des moments intenses, chargés d’émotion, donc je ne suis pas sûre qu’un visiteur serait le bienvenu.
taurative. Dans certains modules, il est question de jeux de rôles durant lesquels on incarne des auteurs et des victimes.
Vous réunissez ici un sacré casting. Aviez-vous déjà des noms en tête au moment de l'écriture ?
J.H. : Oui, pour certains personnages. C’est le cas des rôles incarnés par Élodie Bouchez et Leïla Bekhti. J’avais également écrit en pensant à Gilles Lellouche, Miou Miou, Birane Ba et Suliane Brahim. Pour moi, ce sont des boussoles.
C’est très agréable d’écrire en pensant aux acteurs, car ça donne une voix et un visage aux personnages.
S’agit-il d’un film sur le pardon ?
Leïla Bekhti : Il appartient à chacun de pardonner ou pas. Pour moi c’est d'abord un film sur la réparation. Que ça soit pour les victimes ou les agresseurs.
Alors, comment vous êtes-vous documentée ?
J.H. : J’ai accumulé de nombreux récits et témoignages. J’ai aussi participé à des formations de médiateur dédiées à la justice res-
J.H. : Les agresseurs n’ont pas conscience qu’ils participent à ces séances aussi pour eux. Progressivement, ils se rendent compte que les victimes peuvent leur apporter quelque chose. On assiste parfois à des demandes de pardon, mais ce n’est pas le but de la démarche. L’objectif premier est de réparer, et parfois ça passe par la haine. >>>
« C’est d'abord un film sur la réparation »
Pourquoi y a-t-il si peu de scènes extérieures ?
J.H. : Selon moi, mettre en scène le braquage de la supérette, les agressions sexuelles ou le vol à la tire était hors-sujet. Pour soutenir des scènes "d’action psychologique", la tension passe mieux par le verbe. Dans ces séances, parler est un geste fort. Il demande du courage. Comme écouter d’ailleurs.
êtes-vous appropriées les personnages ?
Élodie Bouchez : Pendant le tournage, des professionnels de la justice restaurative nous ont rendu
visite. Les échanges furent passionnants. Cela dit, Jeanne ne nous a pas suggéré ces rencontres. On sait tous qu'elle se passionne et se documente suffisamment sur le sujet, ne serait-ce qu’à la lecture du scénario.
L.B. : Je n’ai pas rencontré de victimes pour ma part. À vrai dire, même si j’en avais eu l’occasion, j’aurais trouvé ça indécent. Pour préparer le personnage de Nawell, il importait à Jeanne qu’on apprenne nos monologues à la virgule près
« Parler demande du courage »
(rires) ! Nous avons aussi beaucoup joué l’écoute. Durant de nombreux jours, nous ne parlions pas. C’était une expérience bouleversante.
Élodie, vous formez avec Adèle Exarchopoulos un duo assez intense. Aviez-vous déjà joué ensemble ?
E.B. : Non, et on s’était d’ailleurs rarement croisées. Par contre, on partage une expérience très forte : la collaboration avec Abdellatif Kechiche : La vie d’Adèle pour elle, La Faute à Voltaire pour moi. J’étais donc très heureuse à l’idée de jouer avec elle car nous étions, quelque part, déjà unies par ce lien.
Quelle étape préférez-vous dans la fabrication d'un film ?
J.H. : D'abord, la solitude durant l’écriture du scénario me plaît énormément. Puis, je suis ravie de retrouver le plateau de tournage et tout ce beau monde. Enfin, lors du montage, il y a toujours une phase dépressive, suite à l’euphorie procurée par le travail collectif. Mais c’est une étape passionnante. Et puis la promo, évidemment (rires) !
Propos recueillis par Simon Prouvost
Photos © Christophe Brachet
Je verrai toujours vos visages De Jeanne Herry, avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Élodie Bouchez, Gilles Lellouche, Fred Testot… Sortie le 29.03
Historienne autodidacte, l'Écossaise Philippa Langley contribua voilà une dizaine d'années à réhabiliter le controversé Richard III... en découvrant le site où gisait sa dépouille. Cette quête inouïe (et vraie) inspire à Stephen Frears un biopic aussi inattendu que stimulant.
Dernier de la lignée Plantagenêt, Richard III (1452-1485) n’a pas eu bonne presse durant environ… 500 ans. La faute à Shakespeare, qui l’avait dépeint comme un tyran sanguinaire. Dès le xvi e siècle, quelques irréductibles (les "ricardiens") s’échinent à lui redorer le blason. Et puis, le 12 septembre 2012, sous le sol d’un parking de Leicester sont exhumés les restes d’un corps déformé par la scoliose. Grâce à la téméraire Philippa Langley, Richard III a enfin droit à des funérailles royales. Il est inhumé le 26 mars 2015 dans la Cathédrale de Leicester.
Stephen Frears confirme tout son savoir-faire lorsqu'il s'agit de dépeindre la couronne britannique (The Queen, Confident Royal). Si nombre de réalisateurs abordent le sujet de manière classique, il opte lui pour une comédie teintée de women's empowerment. Les couleurs primaires rappellent parfois l’imagerie cocasse des Monty Python, et Sally Hawkins ( Be Happy, Blue Jasmine) est parfaite dans ce rôle d’historienne amateure no matter what . Derrière son air mutin et sa silhouette frêle, elle incarne une femme bien décidée à retrouver ce cadavre de sang bleu, malgré toutes les embûches : experts jaloux, bureaucratie universitaire paternaliste, scepticisme de son ex-mari... Au-delà de l’inévitable effet jeu de piste et carte au trésor, le film convoque nombre de thèmes (intuition, généalogie, pouvoir) et raconte avant tout l'histoire, universelle, d'une quête. Et vous, que cherchez-vous ? Selina Aït Karroum
De Stephen Frears, avec Sally Hawkins, Shonagh Price, Lewis Macleod, Steve Coogan… Sortie le 29.03
Le Pouget, ses églises, son Bar PMU et ses 2 000 habitants, parmi lesquels "Dog" et Mirales. Chien de la casse n'est pas un documentaire sur un village de l'Hérault, mais sa beauté tient à sa manière de mêler une histoire d'amitié à une géographie singulière.
"Dog"et Mirales ne sont pas partis. C'est peut-être cela qui les lie d'abord. Amis depuis le collège, ils habitent toujours le même village. L'un envisage de s'engager dans l'armée, l'autre dort sur sa formation de cuisinier. En attendant, ils dealent un peu d'herbe, survêt' Lacoste et gros son dans la Peugeot 205, mais ce ne sont pas vraiment des durs. Mirales (Raphaël Quenard) prépare même des petits gâteaux pour la voisine, ancienne pianiste professionnelle qu'il aime écouter jouer. Pour son premier longmétrage, Jean-Baptiste Durand tourne à domicile, et se souvient de sa propre jeunesse. Le scénario, rigoureux, laisse s'épanouir un verbe haut, mais il n'est pas dupe des séductions de la tchatche. Mirales humilie son pote plus souvent qu'à son tour, rongeant l'os de son insatisfaction. Chien de la casse s'aventure dans des zones troubles, où l'amitié a des allures d'intrusion. Que "Dog" (Anthony Bajon) rencontre une fille (Galatéa Bellugi), et c'est pour Mirales la fin trop longtemps différée de l'enfance qui lui saute à la gorge. Quenard, aboyant plus qu'il ne mord, tient son premier grand rôle. Et Bajon, avec son regard de chien battu, confirme la densité de son jeu. Une meute à suivre, donc. Raphaël Nieuwjaer
Présenté lors du dernier Arras Film Festival, Ailleurs si j’y suis sert une intrigue simple, mais fascinante : écrasé par son métier et sa famille, Mathieu disparaît dans la forêt en face de chez lui… et s’y installe. Cette quête de liberté (in)consciente aura des répercussions inattendues sur son entourage. Coscénariste de Joachim Lafosse, auteur de deux longs-métrages ( Mobile Home , le documentaire Euro-village ), le Belge François Pirot signe ici une réflexion singulière sur le sens de la vie. Portée par Jérémie Renier, Jackie Berroyer ou le trop rare Jean-Luc Bideau (le professeur Strauss dans H), cette fable éreinte les nombreuses injonctions de notre société. L’air de ne pas y toucher, le film évoque aussi, par endroits, le surréalisme de Luis Buñuel. Vous avez dit dépaysant ?
Grégory Marouzé
De François Pirot, avec Jérémie Renier, Suzanne Clément, Jean-Luc Bideau… Sortie le 29.03
Le 11 novembre 2008, 150 gendarmes débarquent dans le village de Tarnac. Une cellule terroriste d'ultra-gauche y aurait son repère, soupçonnée d'avoir saboté des lignes TGV. Un grand récit construit par l'État et relayé par les médias se met alors en place. Dix ans après le début de l'enquête, Audrey Ginestet accompagne un groupe d'accusés réunis en vue de préparer un ultime procès. Le décorum judiciaire est ici ramené aux dimensions du quotidien. Sur la table du petit déjeuner, une motte de beurre sert à représenter les juges. Les prévenus eux-mêmes se chargent de l'interrogatoire. Un espace s'ouvre pour perfectionner les déclarations de chacun et anticiper les contre-attaques. Relaxe accompagne ainsi le mûrissement, non d'un aveu, mais d'une authentique prise de parole. Raphaël Nieuwjaer
Documentaire d’Audrey Ginestet. Sortie le 05.04
Voici un western jouant avec les codes du genre sans les déjouer. Un plaisir simple et porté par des acteurs qui, sans esbroufe, servent à merveille leur partition. C’est une prestation à l’ancienne, pour un film de la vieille école – The Old Way, donc. Est-il pour autant démodé ? Absolument pas.
Nicolas Cage a quasiment tout joué, du chef-d'oeuvre lynchien au nanar absolu, en passant par des polars improbables et des drames incompris. Mais il n’avait, étonnamment, jamais tourné dans un western. Or il s'affiche ici colts en mains et bacchantes à la Philippe Martinez – et ça fonctionne. L'intrigue se révèle classique : un tueur de sang-froid, Colton Briggs (Cage, donc) raccroche les gants en rencontrant l'amour de sa vie, Ruth. Il l’épouse, adopte sa fille et coule désormais des jours tranquilles dans une épicerie. Mais voilà, près de vingt ans plus tard, le fils de l’une de ses victimes réclame vengeance, et tue sa femme. Colton reprend les armes... Comme toujours, c’est le sous-texte, la deuxième histoire qui importe. Elle n’est pas vraiment cachée : il s'agit du rapport entre Briggs et sa fille, la transmission, le rapport au passé et aux leçons que chacun en tirera. Ce film, de facture traditionnelle, ne rivalisera évidemment pas avec les westerns des trente dernières années, d' Impitoyable (Clint Eastwood) à 3h10 pour Yuma (James Mangold). N’empêche, voici une œuvre digne, sympathique et dont les fans de Nicolas Cage (on en connaît) n’auront pas honte. Thibaut Allemand
De Brett Donowho, avec Nicolas Cage, Ryan Kiera Armstrong, Dean Armstrong, Kerry Knuppe… Sortie le 13.04 (en VOD)
Marionnettes et théâtre de papier
Dimanche 2 avril à 15h
Lundi 3 avril à 10h
ET PUIS
De la SoupeCie / Icinori
Théâtre
Vendredi 7 avril à 10h et 14h
Samedi 8 avril à 15h
LE PETIT CHAPERON
ROUGE
De Joël Pommerat
Performance
Dimanche 9 avril
LA LUMIÈRE DES NUITS.
COMPOSITION N° 3
D’Enrique Ramírez
Humour
Mercredi 31 mai à 20h30
THOMAS VDB
S’ACCLIMATE
Mais aussi
Festival
Dimanche 23 avril
HELLFEST FESTIVAL, TOURNÉE WARM UP
Théâtre
Jeudi 8 et vendredi 9 juin à 19h et 20h30
AMOURS (2)
De Joël Pommerat
Un spectacle co-écrit par Thomas VDB, Audrey Vernon et Navo
Réservation et programmation complète de spectacles, conférences, visites et ateliers sur louvrelens.fr
Le MUba de Tourcoing présente l'œuvre spectaculaire de Valérie Belin, lors d'une rétrospective à l'ampleur inédite – donc immanquable. Cette artiste discrète compte parmi les photographes les plus inspirantes de notre époque, dont elle ne cesse de déconstruire les codes de représentation. Foisonnante, l'exposition réunit plus d'une centaine d'images, créées du milieu des années 1990 à nos jours. Entre mannequins statufiées, objets humanisés ou masques, ces grands formats plongent le visiteur en plein doute, et dessinent une "incertaine beauté du monde".
Ce sont des images à la fois sublimes et intrigantes. Nettes, et pourtant troublantes. Dans le travail de Valérie Belin, les mannequins en celluloïd semblent doués de vie et les jeunes femmes s'apparentent à des poupées en plastique. Les moteurs de voiture prennent une forme organique et les bodybuilders surgissent du cadre tels des êtres métalliques, des machines bien huilées. Face à ces photographies aux couleurs saturées ou en noir et blanc, réalisées à l'argentique puis au numérique, difficile de distinguer ce qui est vivant ou pas, naturel ou artificiel et, plus largement, vrai ou faux – une question ô combien contemporaine. >>>
« Valérie Belin se situe toujours sur une ligne de crête, observe Mélanie Lerat, la directrice du MUba. Son œuvre est immédiate, nous captive au premier regard, et cultive en même temps l'ambiguïté ».
Des images « intranquilles » qui véhiculent cette inquiétante étrangeté si chère aux surréalistes, « mais aussi très picturales ». D'ailleurs, face à ces séries présentées en (très) grands formats sous la lumière zénithale du musée tourquennois, les références
se bousculent. Ces paquets de chips froissés évoquent évidemment Andy Warhol, quand ces portraits en buste de jeunes femmes noyées dans des surimpressions de comics américains rappellent Roy Lichtenstein. Et comment ne pas penser au Crash de David Cronenberg devant ces automobiles accidentées ? Des clichés parfois dérangeants, certes, mais jamais gratuitement. À l'heure où la photographie est partout (donc nulle part), l'artiste brouille la surface des images pour interroger les codes de la représentation, par
exemple du corps féminin, longtemps renvoyé au statut d'objet.
Ainsi les modèles de Valérie Belin (généralement des mannequins d'agence) adoptent une pose neutre, statique, et un regard absent. La superposition des plans achève la déréalisation du sujet... à moins qu'elle ne suggère des émotions enfouies, à l'instar de ces Painted Ladies, dont le maquillage comparable à des peintures tribales traduisent un bouillonnement intérieur. En témoigne aussi la série Black-Eyed Susan, dévoilant des portraits de femmes typiques du cinéma des années 1950. Des bouquets de fleurs, en surimpression, "contaminent" ces figures iconiques (donc figées) pour mieux souligner une large palette de sentiments. Pour autant, « Valérie Belin ne se revendique pas féministe ». Elle questionne avant tout la notion d'identité, au-delà des stéréotypes et canons de beauté. Car au final, qui sommes-nous ? Le fruit d'une culture et de codes esthétiques incertains ? Des avatars ? Vaste question. Julien Damien
Photos © Valérie Belin, courtsey Galerie
Nathalie Obadia Paris/Bruxelles
L'Incertaine beauté du monde
Tourcoing, jusqu'au 27.08, MUba Eugène Leroy, tous les jours sauf mar : 13h-18h
5,50 > 3€ (gratuit -18 ans), muba-tourcoing.fr
Après nous avoir invité sur les traces des pharaons, le Louvre-Lens s'intéresse au paysage. Nombreux sont les artistes à l'avoir copié, magnifié, décortiqué ou réinventé. Des noms ? Monet, Fragonard, Corot, Millet, Hokusai, Kandinsky... Cette exposition réunit quelques maîtres du genre, de la Renaissance à nos jours, pour mieux nous guider vers les coulisses de la création.
Sujet phare de l'histoire de l'art depuis l'Antiquité, le paysage s'appréhende autrement à l'aune de nos préoccupations écologiques.
« Nous sommes en train de tisser un nouveau lien avec la nature », acquiesce Vincent Pomarède, conservateur général du patrimoine au musée du Louvre et commissaire de cette exposition.
pour devenir lui-même un créateur de mondes », renchérit Marie Gord, chargée de recherches au LouvreLens et co-commissaire.
Et la lumière fut
Il ne s'agit toutefois pas de dresser une chronologie de ce genre artistique, « plutôt d'en étudier la fabrique, d'observer comment l'artiste reproduit son environnement
Conçu comme une promenade, le parcours se penche d'abord sur ce que l'on nommait au xviie siècle les "ornements de la nature" : les arbres, le ciel, les rochers, les eaux... Soit autant de « gammes » à maîtriser et répéter, avant de composer, traduire la profondeur d'un panorama sur une surface plane ou (plus difficile) « saisir la lumière et le temps qui s'écoule ».
Citons Le Printemps de JeanFrançois Millet, qui capture avec poésie la magie fugace d'une éclaircie printanière, ou encore ces estampes issues de la série
Trente-six vues du Mont Fuji de Katsushika Hokusai, éclairant le volcan japonais selon les saisons. Signée par le plasticien français
Laurent Pernot, la scénographie fait la part belle au son et à la lumière pour mieux révéler, et même épouser les œuvres. On admire ici des bords de mer, des forêts, des champs, des montagnes...
« Le peintre n'a plus besoin de copier le paysage »Kleine Welten I (Petits Mondes I), Wassily Kandinsky, 1922 © Philippe Migeat – Centre Pompidou, MNAM-CCI/ Dist.RMN-GP >>>
« L'artiste devient lui-même un créateur de mondes »Le Printemps, Jean-François Millet (Gruchy, 18714 – Barbizon, 1875), 1868-1873 Huile sur toile, Paris, musée d’Orsay © Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt Les Charmes de la vie champêtre, François Boucher (Paris, 1703 – 1770), Vers 1735-1740, Huile sur toile, Paris, musée du Louvre, département des Peintures © RMN – Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
et quelques tempêtes. À l'image de ce Sadak à la recherche des eaux de l’oubli de l'Anglais John Martin, sublime représentation d'une nature en furie.
Si le paysage existe par lui-même dans l'histoire picturale, il sert aussi de décor. Au-delà du théâtre, il met en valeur bien des aventures humaines, illustrant par exemple les Charmes de la vie champêtre (François Boucher) et ses allusions coquines. Il accompagne aussi des scènes de bataille, telle cette gigantesque toile de JeanAntoine-Siméon Fort retraçant le siège d'Anvers. Ici, le "héros" n'est pas celui qu'on croit : dans cette
composition haute de trois mètres, le ciel en occupe plus de deux. À la fin du xixe siècle, l'avènement de la photographie et du cinéma incitera les peintres à refuser l'imitation. Ils ne se subordonnent plus à la nature, puisant en eux-mêmes un autre horizon, comme le fit Kandinsky, pionnier de l'abstraction dont on découvre à Lens les Kleine Welten Ces "petits mondes" sont cette fois constitués de couleurs, de lignes et de formes géométriques. « L'artiste n'a plus besoin de copier le paysage, commente Vincent Pomarède. Il est devenu un créateur à 100 % ». Mais
n'est-ce pas la nature humaine ?
Julien Damien
Lens, 29.03 > 24.07, Louvre-Lens mer > lun : 10h-18h, 11 > 6€ (gratuit -18 ans) www.louvrelens.fr
C'est sans doute l'un des plus grands artistes belges contemporains. Hans Op de Beeck déploie à Cassel, dans les Hauts-deFrance, son œuvre fascinante, entre mélancolie et mise en scène tragi-comique de la condition humaine. Ses fameuses sculptures grises ultra-réalistes, mais aussi ses aquarelles, photographies ou vidéos dialoguent avec les peintures des maîtres flamands si chères au musée de Flandre, lors d'une visite pleine de silence et de résonances
Elle est assise dans un fauteuil Chesterfield, les yeux clos et une cigarette entre les doigts. Cette danseuse échappée du carnaval de Rio semble avoir été pétrifiée au cours de sa pause par une catastrophe soudaine. Elle est présentée
à taille réelle et surtout dans une intrigante couleur grise, comme recouverte d'une fine couche de cendres, évoquant les corps statufiés de Pompéi après l'éruption
du Vésuve. Cette sculpture en polyester contient nombre des obsessions du génial Hans Op de Beeck, au premier rang desquelles l'irrémédiable fuite du temps, qu'il tente de figer... Cet artiste belge s'est distingué au début du millénaire en développant un univers postapocalyptique immédiatement reconnaissable. « C'est une œuvre mélancolique, poétique, suscitant la contemplation et l'introspection, mais pas forcément triste », commente Cécile Laffon, la directrice du musée de Flandre. En effet, ses créations peuvent aussi se révéler terriblement touchantes. >>>
« Une œuvre suscitant la contemplation et l'introspection »
En témoigne cette statue de garçonnet jouant aux billes, tendre allégorie de l'innocence juvénile.
Jeux de contrastes
Né en 1969 à Turnhout, Hans Op de Beeck multiplie les procédés, entre sculpture, peinture, photographie ou vidéo. Dans l'exposition Silence & résonance, une vingtaine de ses œuvres dialogue avec celles du parcours permanent du musée de Flandre. Celui-ci a été entièrement refaçonné l'an passé à la faveur de dépôts importants du musée des Beaux-Arts de Valenciennes, et fait plus que jamais la part belle à la peinture flamande, de Bruegel à Rubens, en passant par Jérôme Bosch... Une histoire de l'art avec laquelle Hans Op de Beeck entre-
tient des liens évidents. « Nous avons ainsi instauré des jeux d'opposition ou de filiation entre les deux », poursuit Cécile Laffon.
Citons par exemple cette monumentale composition sculptée de vanité, genre phare au xviie siècle en Hollande et symbolisant l'absurdité de l'existence humaine. Mais celleci fait cohabiter motifs classiques et contemporains, macabres et ludiques, à l'image de ce crâne humain surmonté d'un papillon, quelque part entre le tragique et le comique, l'ombre et la lumière... Un monde monochrome, tout en gris, noir et blanc, mais qui ne manque pas de contrastes. Julien Damien Cassel, 01.04 > 03.09, Musée de Flandre mar > ven : 10h-12h30 & 14h-18h sam & dim : 10h-18h, 6/4€ (gratuit -26 ans) museedeflandre.fr
Après avoir envahi l'Hospice Comtesse avec des personnages à têtes de fruits et légumes (dans le cadre d'Utopia) Jean-François Fourtou pose ses valises de doux rêveur à la Gare Saint Saveur. Cette fois, il nous invite à découvrir sa première chambre d’enfant… six fois plus grande que l’originale !
Passé maître dans l'art de la démesure, Jean-François Fourtou n'aime rien tant que décaler notre regard sur le quotidien. Passionné par la nature, l'artiste s'est distingué avec des insectes géants avant de créer un monde hybride, croisant l’humain et le végétal. Rappelez-vous ces fameux "Nanitos", "Minitos" et autres "Maxitos", créatures à tête de tomate ou de citrouille surgissant dans les potagers, pour mieux les cultiver. Mais notre homme révèle aussi des talents d'architecte. Il empile ainsi des cabines de plage à Knokke-Heist, en Belgique, formant une improbable tour (Beach Castel), ou renverse littéralement une maison (semblant tombée du ciel), comme dans le Vieux-Lille en 2012. À travers cette nouvelle installation immersive, Fourtou pousse cette fois la porte de sa première chambre d'enfant. Celle qu'il occupa jusqu’à ses quatre ans dans l’appartement familial, à Paris. Sauf que la pièce est du genre XXL : six fois plus vaste que l'originale ! Un monde désordonné, où tout aurait subitement grandi... à moins que ce soit nous qui ayons rétréci. On déambule ici entre un ours en peluche à taille humaine avant de se planquer sous un lit de douze mètres sur cinq. De quoi rêver en (très) grand ! Simon
ProuvostLille, 12.04 > 08.10, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12h-19h, gratuit, lille3000.com
De la Suède, on connaît le pragmatisme et le goût pour les meubles en kit. Un peu moins la scène artistique et son attrait pour le mysticisme. Cette exposition en révèle les figures de proue, dont Hilma af Klint. Cette pionnière de l'abstraction a voué sa vie, dès la fin du xixe siècle, à l'exploration d'un "monde invisible", peignant grâce à des séances de spiritisme. Une œuvre emplie de mystères, pour la première fois révélée en Belgique. J.D.
Bruxelles, jusqu'au 21.05, Bozar, mar > dim : 10h-18h, 14 > 7€ (gratuit -12 ans), www.bozar.be
L’an passé, le CBBD se penchait sur Blake, Mortimer et leurs imposants phylactères. Cette année, le musée poursuit ce passionnant travail archéologique en explorant le travail d’ Edgar P. Jacobs antérieur aux aventures de nos deux héros. Celui qui fut premier assistant de Hergé est ici comparé à un Homère moderne. Un aède ? En tout cas, cet héritier de Jules Verne effectuait de véritables recherches pour créer des récits d’anticipation, tel Le Rayon U (1943), qui tissait des liens entre la BD franco-belge et les comics américains. Notons qu’il dessina, pendant quelques temps, des planches de Flash Gordon. De quoi remettre en perspective ce monument. T.A.
Bruxelles, 07.04 > 01.10, CBBD, mar > dim : 10h-18h 13 > 6€ (gratuit -6 ans), www.cbbd.be
N é à Pa r i s e n 1 9 4 7, l e s c u l pt e u r D a n i e l P o n t o r e a u u t i l i s e l e s t e c h n i q u e s d e l a c é r a m i q u e . S o u v e n t i m p o s a n t e s , v o i r e monumentales, ses oeuvres se situent entre le volume et le paysage. Elles instaurent un dialogue inédit, tantôt avec la matière, tantôt avec le cosmos.
L'exposition à Keramis est la plus importante consacrée à l'artiste français.
KERAMIS
Centre de la Céramique de la Fédération Wallonie-Bruxelles
1 Place des Fours Bouteilles 7100 La Louvière, Belgique keramis.be
Urban Posting, Display Racks, Visitor Information, Cultural Spots, Hotels, Bars and Restaurants, Universities, Libraries, Bicycle parkings, Bus Stops, Indoor Posting (bars & restaurants), Banners on Street Lamps, Amusement Parks, ...
De la Corée du Nord on ne sait rien, ou pas grandchose. Auteur d’une œuvre profondément humaniste, quelque part entre l’art et le documentaire, Stéphan Gladieu est parvenu à entrer dans ce pays sous cloche, à raison de cinq voyages effectués entre 2017 et 2020. De ces séjours à Pyongyang et ses environs est née une série de portraits aussi intrigants que surréalistes : ceux des habitants de la dernière grande dictature communiste. Des images iconiques, brouillant les cartes entre fiction et réalité.
Charleroi, jusqu'au 21.05, Musée de la photographie mar > dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be
La guerre vue à hauteur d'enfant... et reconstituée avec des jouets. Tel est le principe de la série War-Toys initiée par Brian McCarty. Depuis 2011, ce photographe américain parcourt les zones de conflit pour aider des petits garçons et des fillettes à mettre en images les scènes traumatisantes qu'ils ont vécues. C'est ici une figurine de Cendrillon sous une pluie de missiles, là une poupée abattue par les tirs d'un hélicoptère en plastique... Un regard bouleversant sur le vrai visage de la guerre.
Charleroi, jusqu'au 21.05, Musée de la photographie, mar > dim : 10h-18h
8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be
Véritable maestro de l’architecture et du design italien, et plus largement mondial, Michele De Lucchi investit le CID, au Grand-Hornu. Porteuse d’un discours résolument humaniste et écologique, cette exposition se place à contre-courant de la déprime actuelle – justifiée, il faut dire. En premier lieu parce qu’elle ose imaginer un "futur aimable", à travers des architectures situées quelque part entre l’utopie et la science-fiction. Soit pile à l’endroit du rêve.
Hornu, jusqu'au 27.08, Centre d'innovation et de design, mar > dim : 10h-18h 10 > 2€ (gratuit -6 ans), cid-grand-hornu.be
Né en 1958, Angel Vergara a fui avec sa famille la répression franquiste pour s'installer en Belgique, en 1964. Il s’est révélé dès les années 1980 avec ses "films peints" réalisés en super 8, puis sous le nom de Straatman : caché sous un drap blanc, il dessinait en temps réel ce qui se passait autour de lui, dans la ville. Sa pratique n’a depuis cessé d’évoluer, entre performance, vidéo, installation… Intitulée Dans l’instant, cette rétrospective dessine le parcours d’un homme capturant le flux de la vie.
Hornu, 23.04 > 08.10, MACS, mar > ven : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans), www.mac-s.be
Né à Paris en 1947, Daniel Pontoreau n'est pas vraiment céramiste. C'est plutôt un sculpteur utilisant les techniques de la céramique. Souvent imposantes, voire monumentales, ses œuvres explorent d'abord la notion de paysage. Au regard des matériaux employés (des pierres, de la terre, en plus du verre, de l'acier, du marbre), ses créations donnent l'impression d'avoir été arrachées à des régions lointaines, voire fantasmagoriques. Il instaure ainsi un dialogue, tantôt avec la matière, tantôt avec le cosmos.
La Louvière, jusqu'au 20.08, Keramis, mar : 9h -17h mer > dim : 10h - 18h, 8 > 4€ (gratuit -18 ans), keramis.be
Ils sont partout autour de nous, et détruisent peu à peu la planète. Les envahisseurs ? Pire : les détritus ! De la rue aux océans, des forêts aux campagnes, pas un recoin de notre environnement n'est épargné par cette propension de l'Homme à jeter ses saletés un peu partout. À Liège, cette exposition fait le tri dans nos ordures, histoire de mieux se débarrasser de nos vilaines habitudes. Rien de plus logique : la patrie de Magritte demeure championne européenne du recyclage des déchets ménagers !
Liège, jusqu'au 31.12, Musée de la Vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h
7/5€ (gratuit -3 ans), viewallonne.be
C’est l’une des plus anciennes institutions de la capitale des Flandres. Inauguré en 1822, le Musée d’histoire naturelle de Lille fête ses 200 ans... mais reste bien conservé. Pour marquer le coup, une exposition immersive nous plonge dans les coulisses du lieu, en plein cœur des réserves. On déambule ainsi au milieu d'objets et de spécimens jamais dévoilés. Cet anniversaire offre aussi l'occasion de découvrir le projet de transformation du bâtiment, préfigurant de grands changements d'ici 2025.
Lille, jusqu'au 03.07, Musée d'histoire naturelle, lun, mer, jeu, ven : 9h30 > 17h • sam & dim : 10h-18h, 5/3,50€ (gratuit -12 ans), mhn.lille.fr
Le saviez-vous ? Le Musée royal de Mariemont possède la plus grande collection égyptienne de Wallonie – la seconde du Royaume. De Morlanwelz aux secrets des pharaons, il n'y a donc qu'un pas... et peut-être encore moins. Plus qu'un simple retour en arrière, cette exposition observe en effet comment l'Égypte antique irrigue notre quotidien. Des jouets à notre architecture, en passant par la pop culture, ce parcours est conçu comme un véritable miroir de la société contemporaine.
Morlanwelz, jusqu'au 16.04, Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10h-18h 8 > 3€ (gratuit -18 ans), musee-mariemont.be
Si l'expression est apparue dans les dictionnaires anglais dès le xixe siècle, elle n'a jamais été aussi florissante qu'aujourd'hui... et sans doute bien moins que demain. Popularisée par Donald Trump en 2016, la fake news s'est depuis imposée comme un redoutable enjeu de société, et même un défi. Initialement présentée en 2021 à Paris par la Fondation EDF, cette exposition, augmentée de nouvelles œuvres, oscille entre art, fiction et mensonge pour mieux aiguiser notre esprit critique.
Roubaix, jusqu'au 16.07, La Condition Publique (Galerie Coucke) mer & sam : 13h30-19h, jeu, ven & dim : 13h30-18h, tarif libre, laconditionpublique.com
L'Avesnois partage une longue histoire avec la verrerie, mais aussi le textile. Réunissant les œuvres d'une vingtaine d'artistes, cette exposition entremêle justement ces deux cultures, entre illusion et finesse, jeux avec les lumières et les matières. Ici le verre se tisse et se coud. Il semble parfois flotter, léger comme un drap. En témoignent les surprenantes étoffes de verre signées Lucile Viaud et Aurélia Leblanc, sur un fil entre la science et l'art, le passé et l'avenir.
Sars-Poteries, jusqu'au 20.08, MusVerre mar > dim : 11h-18h, 6/4€ (gratuit -26 ans) musverre.fr
Ancienne étudiante du Fresnoy, Saodat Ismailova s'est révélée avec une pratique singulière. À travers ses vidéos, cette artiste originaire d'Ouzbékistan mêle à la fois l'histoire et le mythe, la réalité de son pays (la condition féminine, le déclin des ressources naturelles) comme ses croyances. Pour sa première exposition française, elle dévoile ses œuvres les plus importantes (dont Chillahona, présentée lors de la dernière Biennale de Venise) mais aussi celles d'artistes qui l'ont influencée.
Tourcoing, jusqu’au 30.04, Le Fresnoy mer > dim : 14h-19h, 4/3€ (gratuit -18 ans) lefresnoy.net
Cet Américano-Japonais disparu en décembre 1988 à l’âge de 84 ans fut tout à la fois designer (on lui doit les fameux luminaires Akari, en papier et bambou), peintre, sculpteur, architecte voire paysagiste. Un artiste total, en somme, auquel le LaM consacre (à l'occasion des 40 ans du musée) la première grande rétrospective française. Protéiforme, kaléidoscopique, l'œuvre de ce créateur encore méconnu en Europe dressa un pont entre Orient et Occident, les époques mais aussi les disciplines.
Villeneuve d'Ascq, jusqu’au 02.07, LaM mar > dim : 10h-18h, 11 > 8€ (gratuit -18 ans), musee-lam.fr
Les Toiles dans la ville, saison 7 ! Le festival de cirque initié par le Prato offre un nouveau (dé)tour de piste à travers la métropole lilloise. Et quoi de mieux qu'une séance de jonglage pour ouvrir les hostilités ? Du genre épique, la séance, car menée par l'Américain Wes Peden, passé maître dans l'art de défier les lois de la gravité, et d'estomaquer les spectateurs.
Des boules, des quilles, mais aussi des cerceaux, des rouleaux de PQ... soit à peu près tout ce qui lui passe sous la main. En une poignée d'années, Wes Peden s'est imposé comme LA nouvelle star planétaire du jonglage. Le natif de Rochester, dans l'état de New York, s'est formé dès l'âge de cinq ans auprès de son acrobate de père. Après l'avoir suivi dans des shows à travers le monde, il s'est révélé en postant sur le net ses propres performances, effectuées dans une chambre d'hôtel, en pleine nature ou dans la rue, en s'inspirant de vidéos de skate.
Gonflé
De tricks en clics, l'Américain a ainsi projeté cet art vieux de 4 000 ans dans de nouvelles sphères : haut perchées et mâtinées de culture pop. S'ensuivit une série de spectacles en solo, dont ce mirifique Rollercoaster - soit "montagne russe". Notre homme est ici entouré d'immenses structures gonflables colorées et accompagné d'une bande son electro, transformant la scène en fête foraine. Mais qu'on ne s'y trompe pas : l'attraction, c'est bien lui. Armé d'une foultitude d'objets (massues, ombrelles, assiettes...), Wes Peden enchaîne les numéros impressionnants, manipulant par exemple un tube transparent de quatre mètres où virevoltent des balles. Sans en faire tomber une seule. Telle est la loi de la jongle !
Julien DamienLille, 29 & 30.04, Gare Saint Sauveur (sous chapiteau), sam : 19h
• dim : 17h, 15 > 5€, leprato.frLa nouvelle pièce d’Augustin Rebetez interroge l’adolescence et ses transformations grâce à la brillante performance du contorsionniste Niklas Blomberg. Quelque part entre le cirque, le cabaret gender fluid et la cérémonie vaudoue, ce solo prône la quête d’identités multiples et souffle un sacré vent de liberté.
Connu pour ses œuvres fantasmatiques, le plasticien Augustin Rebetez jongle avec la peinture, la vidéo, la photographie, la musique et la scène. Cet Helvète underground conçoit un monde peuplé de personnages étranges, monstres, machines, mobiles et autres chimères. Un univers déjanté et propice à dérouiller nos zygomatiques. Avec cette troisième création, il se penche cette fois sur l’adolescence, par essence l’âge de toutes les transformations, de toutes les révolutions et invite chacun à réinventer sa vie. Ce solo est porté par le performeur finlandais Niklas Blomberg, dont la souplesse se prête parfaitement aux jeux burlesques de Rebetez. Le décor de cette pièce est composé d’objets de récupération et de sculptures bricolées, évoquant le bazar d’une chambre d’ado. Accompagné par une bande-son bruitiste, Blomberg s’y métamorphose au fil d'une succession de sketchs. Entre un morceau de rap improvisé, la confection de masques, de costumes ou d’instruments (des racines de gingembre percées d'électrodes !), il défait les identités préconstruites pour en façonner d’autres. Bienvenue dans une atmosphère joyeusement punk et fantastique – dans tous les sens du terme ! Coraline Aim
Douai, 13.04, Hippodrome, 19h, 10 > 5€, tandem-arrasdouai.eu
Elle entre sur le plateau comme une guerrière post-punk, vêtue d’un perfecto rouge et de bottes à talons. Sur le sol sont étalées des feuilles de carton dans lesquelles elle plante sa lance. Cette Athéna queer entame alors une saisissante performance : élever un gigantesque Parthénon… avant que des trombes d’eau ne le détruisent (Maison Mère). Sur ces ruines, quatre esclaves acrobates bâtissent une immense (et phallique) tour de Babel, sous les ordres d’une chanteuse et prêtresse tyrannique (Temple Père). Dans la troisième partie, la circassienne et chorégraphe s’expose cette fois dans toute sa nudité sur le plateau, comme un refus de la barbarie, d’un monde qui se déshumanise (La Rencontre interdite)… Quelque part entre la science-fiction, la mythologie et la fable politique, Phia Ménard livre en trois spectacles une puissante allégorie de la construction européenne. Elle pointe aussi le possible effondrement de notre civilisation sous les coups de boutoir de l’ultralibéralisme et du patriarcat. Un conte fantastique mais plus que jamais ancré dans la réalité… J.D.
Lille, 06 > 08.04, Théâtre du Nord, jeu & ven : 19h • sam : 18h, 18 > 9€, theatredunord.fr
Partie 1 : Maison Mère : Charleroi, 20 & 21.04, Les Écuries, 20h, 16/13€, charleroi-danse.be
À travers de multiples témoignages, dont le sien, la metteuse en scène Lylybeth Merle interroge les notions de genre, par delà le féminin et le masculin. Hippocampe est un spectacle qui célèbre les transidentités non-binaires, en déplaçant le monde du drag show sur une scène de théâtre. Derrière les paillettes, il brosse le portrait d’une jeune génération libérée des carcans.
Lylybeth Merle a vu le jour à Strasbourg, mais elle est réellement née à Bruxelles, sur les planches. Formée dans une école de théâtre de renommée internationale (lNSAS), elle s'épanouit grâce à la nouvelle scène drag queer. Ni drag queen , ni drag king, ces spectacles de cabaret défient les genres. Dans ce monde chatoyant, Lylybeth fait son coming out de femme trans mais sans se reconnaître dans les rôles stéréotypés de la féminité : elle vit son identité de manière non-binaire. Son alter ego, Dame Lylybeth, apporte une touche dramatique et engagée, en contrepoint des ambiances festives des nuits queer. Hippocampe se présente donc comme un spectacle hybride, entre théâtre et cabaret. Six performers drags convoquent leur propre alter ego sur scène, tandis que cinq acteurs et actrices sont invités à s’en inventer un, sur fond de chansons en playback. L'art de Lylybeth s'appuie ainsi sur une écriture autobiographique collective. Ce spectacle fleuve (trois heures), qu'elle porte depuis ses années d’école, est l'accumulation de récits de vie où se mêlent blessures, fiertés et surtout affirmation de soi. Flo Delval Bruxelles, 20 > 26.04, Théâtre Varia, jeu & ven : 20h • sam : 18h • mar & mer : 19h complet !, varia.be // Bruxelles, 03 > 07.10, La Balsamine, balsamine.be
Dans Over the Top , sorti au cinéma en 1987, Stallone faisait étalage de sa virilité en remportant le championnat du monde de bras de fer. Lyly Chartiez-Mignauw et Grégory Cinus détournent ici ce nanar machiste en mêlant séance d'aérobic... et lectures féministes.
Ovaire the Top, c'est du « fitness sociologique et littéraire » agrémenté d'exercices « pour mieux comprendre les inégalités entre les hommes et les femmes... », assure le duo pince-sans-rire. Balaise ! J.D.
Lille, 06.04, Le Grand Bleu, 19h, 13 > 5€ legrandbleu.com
Le pénis fait-il l'homme ? Vaste question à laquelle s'attèle le collectif MIS Project. Nous suivons ici les aventures de Charlie. Employé dans une société d'affaires, celui-ci gagne bien sa vie et force l'admiration de ses amis et de sa femme. Mais un matin, notre héros se réveille sans son phallus. Perdu, il trouvera du réconfort auprès d'un cabaret queer...
Au-delà du réquisitoire féministe, Sans titre ni bite déshabille avec humour la notion de masculinité - et pas pour faire genre. J.D.
Bruxelles, 28.03 > 08.04, Théâtre de la vie 20h, 13 > 6€, theatredelavie.be
Comment réagir face à un patron un peu trop insistant ? Un inconnu qui vous siffle dans la rue ? Un frotteur dans le métro ? En leur rentrant dans le lard, pardi ! S'inspirant de faits réels, Émilienne Flagothier rejoue ces agressions sexistes quotidiennes subies par les femmes, ces remarques déplacées, mais en change cette fois le dénouement... façon Kill Bill. En lutte contre la domination masculine, cette insoumise laisse éclater toute sa rage dans un spectacle cathartique. J.D.
Bruxelles, 04 > 08.04, Théâtre National, mar, jeu, ven & sam : 20h15 • mer : 19h30, 21 > 7€, theatrenational.be
Qui est donc Bartleby ? Oh, tellement de choses. Une figure de la résistance passive façon Gandhi ? Un prophète de la décroissance ? Est-il simplement fou ? Vastes questions, auxquelles personne n'a jamais eu de réponses. En tout cas, il demeure un héros éminemment moderne en ces temps post-Covid de remise en cause du travail, comme en témoigne cette adaptation théâtrale.
Publiée en 1853 par Herman Melville (l'auteur de Moby Dick), cette nouvelle raconte l'histoire d'un notaire qui, pour assurer la bonne continuité de ses florissantes affaires, doit recruter un troisième copiste. Se présente alors à son étude Bartleby. On ne sait pas d'où il vient, ni son âge. Celui-ci se montre d'abord dur à la tâche (absurde, il faut dire), avant de lâcher à son patron, qui lui demandait de relire sa copie, un cinglant « I would prefer not to », qu’on traduira par « J’aimerais mieux pas ». Cette phrase, il la répétera à chaque nouvelle injonction, jusqu'à ne plus rien faire du tout, sans jamais expliquer la raison de ce refus...
Si le récit original se déroulait à Wall Street, à la fin du xixe siècle, JeanMarc Chotteau a choisi de le transposer à Paris, en plein Mai-68, à une époque où la jeunesse "ne veut pas perdre sa vie à la gagner" (tiens tiens...). Parfait dans le rôle de Dindonneau (employé semi-efficace et un brin sanguin) aux côtés du ballonné Trombone, le directeur artistique de La Virgule injecte du rythme et de l'humour à la scène. Mieux, il abat le quatrième mur en faisant du notaire son narrateur (impeccable Éric Leblanc).
Au final, dans cette pièce qui « débute comme une comédie mais tourne à la tragédie », le mystère Bartleby demeure, mais résonne plus que jamais avec notre époque. Julien Damien
Tourcoing, jusqu'au 15.04, Salon de Théâtre, mar, mer, jeu & ven : 20h, sam : 17h 20 > 9€, lavirgule.com
Trois solos, pour autant de solitudes et de souffrances. Dans cette pièce foisonnante créée en 2020, Sidi Larbi Cherkaoui sonde la douleur de l'humanité par le prisme de drames planétaires entre le Japon, la Colombie et l'Australie. Une œuvre puissante mêlant danse, chant et musique.
La pièce se décompose en trois tableaux, évoquant tour à tour les catastrophes nucléaires qui ont frappé le Japon, la guérilla colombienne (mais aussi la guerre civile syrienne) et la destruction de forêts ancestrales australiennes par des multinationales. Sur scène, un imposant écran fait écho à la beauté de la nature et au bruit du monde. Le premier acte s'ouvre avec Kazutomi "Tsuki" Kozuki. Prisonnier de ses obsessions, cet employé modèle passe en revue des idées pour réussir un suicide... La Tunisienne Ghalia Benali fait son entrée, accordant les rythmes arabes de ses chansons à des airs traditionnels japonais. Dans la deuxième partie, Jean Michel Sinisterra Munoz danse sous le bruit des balles. Son visage est dissimulé et son corps tressaute sous la torture. Enfin, la danseuse Nicola Leahey semble apporter une certaine sérénité à l'ensemble, par la fluidité de ses mouvements. Mais des images révèlent des paysages défigurés par l’industrialisation intensive. Apparaît alors sur l’écran la poétesse aborigène Alice Eather. « Mon histoire est votre histoire », répète cette militante écologiste disparue en 2017... « Avec 3S j’essaie de danser, malgré tout, dans ce monde qui n’est pas très beau », confie Cherkaoui, qui signe là un spectacle sombre et lumineux. Fatma Alilate
Bruxelles, 29.04 > 04.05, La Monnaie, sam, mar, mer & jeu : 20h • dim : 15h complet !, lamonnaiedemunt.be
Voilà 30 ans naissait l'espace culturel Boris Vian, qui allait devenir le Boulon... lui-même à l'origine du festival les Turbulentes il y a 25 ans ! Puis, en 2013, celui-ci reçut du ministère de la Culture le label de Centre national des arts de la rue et de l'espace public... Un triple anniversaire donc, et trois fois plus de raisons de respirer l'air de Vieux-Condé. Il paraît qu'il a des vertus vivifiantes.
En mai, le Boulon souffle une multitude de bougies, mais c'est bien lui qui offre les cadeaux. Avec en premier lieu un spectacle monumental, s'étalant sur trois jours. Imaginé par la compagnie L'Homme debout, La cabane à Plume(s) met en scène une marionnette haute de sept mètres. À travers plusieurs déambulations, nous suivons cette "petite" fille, dont on comprend que la cabane est menacée de destruction. Soit une vibrante allégorie de la fragilité de notre planète...
Ainsi avancent les Turbulentes : les deux pieds dans la fête, la tête dans les étoiles, mais pas non plus déconnecté du réel. Entre théâtre, danse, cirque ou musique, la programmation fait écho au bruit du monde. En ces temps de manifestations, les Flèches 3000 réveillent par exemple les gilets jaunes avec une performance nourrie de témoignages recueillis sur les rondspoints du Valenciennois. Dans On veut, la Ktha compagnie livre 25 monologues dans des lieux inattendus, dès l'aube, pour autant de revendications politiques et poétiques. Et puis, Marzouk Machine célèbre de son côté un quatrième anniversaire : celui des 50 ans de l'apocalypse ! La joyeuse troupe nous projette en 2073, dans une société sans argent ni ressources. Elle retrace avec un sens certain du décalage les événements qui ont mené à notre effondrement... Un sacré retour vers le futur ! Julien Damien
Vieux-Condé, 05 > 07.05, Le Boulon et divers lieux en ville, ven : 17h • sam : 14h • dim : 10h30 (les solos de la Ktha compagnie débutent à l'aube), gratuit, leboulon.fr Sélection / Cie L’Homme debout - La cabane à Plume(s), Cie Carabosse - D’arbre en arbre, Cie David Rolland - Happy Manif, Cie Internationale Alligator - Je hais les gosses, Cie Kumulus - Fragile, Cie Nanoua - Un jour sans pain, Les Flèches 3000 - RPZ / Rond-Point Zones, Marzouk Machine - Apocalypse, Collectif Maison Courbe - Obake, Cie Yann Lheureux - Autrement qu’ainsi, Ktha compagnie - On veut...
(Antoine
Mory & Cristiana Reali / Pauline Susini)Camille est invitée à prendre la parole au sujet de Simone Veil, à la radio. Au fil de l’émission, des souvenirs personnels et des enregistrements de la femme politique s’entrelacent, au point qu’une conversation voit le jour, comme un dialogue entre les générations…
L’ancienne ministre de la Santé iconique est ici incarnée par Cristiana Reali, qui s’appuie sur l'autobiographie Une Vie pour retracer les combats politiques et familiaux d’une personnalité engagée.
Bruxelles, 05 & 06.04, Wolubilis, 20h30, complet !, wolubilis.be La Louvière, 07.04, Le Théâtre, 20h, complet !, cestcentral.be
(Étienne
Saglio / Cie Monstre(s))Orfèvre de l’illusion, spécialiste en magie 2.0, Étienne Saglio nous avait ensorcelés avec Les Limbes . Dans
Le Bruit des loups , il ravive cette fois le frisson des contes d’enfance. Depuis son appartement, un homme taciturne est projeté comme Alice au pays des merveilles dans une forêt mystérieuse, peuplée de plantes anthropomorphes, d’un géant mélancolique, d'un rat messager ou d'un renard conteur d'histoires. Se reconnectera-t-il avec la nature ? Et donc la sienne ? Telle est la question…
Dunkerque, 05 & 06.04, Le Bateau Feu mer : 20h • jeu : 19h, 9€, lebateaufeu.com
Il faut un certain courage pour s'attaquer aux grands classiques, mais Benjamin Millepied n'en manque pas. Le chorégraphe s'empare de Roméo et Juliette, qu'il a choisi de "dégenrer", les rôles phares étant tour à tour incarnés par un homme et une femme, deux femmes ou deux hommes. Surtout, il présente son ballet à la manière d'un long plan-séquence, grâce une caméra mobile qui filme en direct ses seize interprètes. Retransmise sur grand écran, la tragédie prend alors une autre dimension.
Charleroi, 06 & 07.04, Les Écuries, 20h 30/20€, charleroi-danse.be
Le personnage de Dom Juan est entré dans l’imaginaire collectif. Vous croyez bien le connaître ? Revu et corrigé par David Bobée, le héros de Molière, manipulateur et bourreau des cœurs, traduit aussi la parfaite figure du patriarcat. Il serait donc une statue à déboulonner comme celles, immenses, échouées, sur le plateau. Le rôle principal est confié au jeune Radouan Leflahi, tandis que Sganarelle, le célèbre valet, est lui joué par un comédien noir. Vous avez dit iconoclaste ?
Valenciennes, 06 & 07.04, Le Phénix, 20h, 30 > 5€, lephenix.fr
(Richard
Pixel (Mourad Merzouki / Adrien M & Claire B)
Familier des créations hybrides, Mourad Merzouki pousse la recherche encore plus loin dans Pixel, s’offrant les services d’un duo spécialisé dans les arts numériques : Adrien M & Claire B. Projetées sur un voile transparent ou sur scène, des vidéos entament un dialogue virtuose avec 11 interprètes venus du hip-hop ou de la contorsion. Poétique, ce ballet croise danse et mapping, et le public ne sait plus si les images sont enregistrées ou dirigées en temps réel. Envoûtant.
Lille, 11.04, Théâtre Sébastopol, 20h, 59 > 35€ theatre-sebastopol.fr
Black Boy n'est pas un livre comme les autres : il est considéré comme la première autobiographie signée par un Afro-Américain (en 1940). Richard Wright y raconte ses souvenirs et dénonce les souffrances vécues par les Noirs dans le sud ségrégationniste des États-Unis, au début du xxe siècle. Il s'en sortira grâce à la lecture puis l'écriture. Inspiré du roman, ce spectacle réunit un musicien, un dessinateur et un comédien, entre moments de blues et vibrant récit d'émancipation.
Calais, 08.04, Grand Théâtre, 20h30, 12€ spectacle-gtgp.calais.fr (voir Beautiful Swamp Blues Festival, page 66)
Claude Monet a peint plus de 250 fois les nymphéas peuplant les jardins de sa maison, à Giverny, immergeant le spectateur dans la nature. Son geste inspirera d'ailleurs la technique du "all over" à des artistes comme Jackson Pollock, soit la répétition d'un même motif sur la toile. Emmanuel Eggermont applique la même démarche, mais cette fois sur scène. Le chorégraphe lillois imprime du mouvement sur toute la surface du plateau, entre petits gestes, défilé de mode et explosion de couleurs.
Douai, 12.04, Hippodrome, 20h30, 22 > 5€
tandem-arrasdouai.eu
(Edmond Russo & Shlomi Tuizer / Cie Affari Esteri)
L'amitié et l'altérité, expliquées à hauteur d'enfant : tel est le propos de ce spectacle signé Edmond Russo et Shlomi Tuizer. Sur scène, quatre interprètes incarnent des personnages aux identités bien distinctes. D'abord isolés chacun dans leur coin, ils composeront avec leurs différences pour ensuite danser ensemble. Entre rondes, jeux et chorégraphies synchronisées, ils apprendront tous et toutes à tirer de la force, et surtout de la joie, dans le collectif.
Roubaix, 12 & 13.04, Ballet du Nord, 10h, 10 > 5€ (jeu : complet !), balletdunord.fr
(Bernard-Marie Koltès / Matthieu Cruciani)
Seul dans la nuit, sous la pluie et au milieu d'un décor qui pourrait être un quai de métro ou une rue isolée, un homme noir s'adresse à un inconnu. Il lui donne du "tu" (mais ça pourrait bien être "nous"), lui demande une cigarette, du feu, mais surtout à ce qu'il reste avec lui. Il a besoin d'un bon bain, d'une chambre et surtout de parler. Jean-Christophe Folly raconte l'exclusion, la solitude, la précarité, le racisme au fil d'un monologue signé Bernard-Marie Koltès.
Lille, 12 > 14.04, Théâtre du Nord, mer & ven : 20h jeu : 19h, 18 > 9€, theatredunord.fr
(Hervé Niquet / Patrice Thibaud)
Il prétend avoir voyagé sur la Lune assis sur un boulet de canon, s'être extirpé (avec son cheval) de sables mouvants à la force de ses cheveux...
Le Baron de Münchhausen est sans doute le plus fieffé menteur de tous les temps. Le plus drôle, aussi. Cette comédie musicale baroque rend grâce à la fantaisie de ce personnage iconique de la littérature allemande. La mise en scène rappelle la loufoquerie du film de Terry Gilliam sur une bande-son convoquant Rameau ou Boismortier.
Tourcoing, 13.04, Théâtre Raymond Devos, 20h, 30 > 10€ // Le Touquet-Paris-Plage, 29.04, Palais des congrès, 20h30, 30/15€
(Thibaut Brignier et Mathieu
Lagaillarde / Cie La Meute)
Remarquée avec 78 tours et ses jeux poétiques dans une roue de la mort, la compagnie La Meute s'attaque cette fois à la virilité. Dans Fort, Thibaut Brignier et Mathieu Lagaillarde incarnent deux guerriers bien décidés à en découdre, histoire de montrer qui est le plus fort. Sous le regard d'une princesse-musicienne s'enchaînent alors combats et acrobaties. Ou comment démonter les clichés accolés à la masculinité avec une armure de chevalier, un châteaufort gonflable... et pas mal d'humour.
Lille, 13 & 14.04, Le Prato, 20h, 15 > 5€ leprato.fr
Les Chiens de Navarre n'ont pas fini de mordre. Dans leur nouvelle création, ils s'attaquent à nos folies individuelles et collectives. Le spectacle s'ouvre à l’Assemblée nationale lors d'une séance chaotique, où tout le monde s'invective, pour se poursuivre dans un hôpital psychiatrique. Au fil d'une succession de situations bien déjantées, entre patients schizophrènes et médecins dépressifs, cette farce tragi-comique (et un poil trash) dessine une société au bord de la crise de nerf.
Roubaix, 13 & 14.04, La Condition Publique, jeu : 20h • ven : 19h, 21 > 8€, larose.fr
Qu'il mette en scène sa grand-mère rebouteuse ou son coming out, Lucien Fradin ausculte le monde par le prisme de l'autofiction. Il observe cette fois la famille, en particulier celle qu'on s'est choisie, en dressant le portrait de ses "filleuls". Il y a là Marcel, 4 ans, qui est le fils d’une amie, puis Kelvyn, 14 ans, rencontré via une association et enfin Alex, 21 ans, croisé parmi la communauté queer. Au milieu d'un décor "pop", le Lillois parle à hauteur d'enfant de transmission et surtout d'amour.
Armentières, 15.04, Le Vivat, 16h, 10 > 6€ // Lille, 13.05, Le Grand Bleu, 19h, 13 > 5€
C'est un spectacle à part dans le répertoire de Pippo Delbono. Peut-être le plus émouvant. Pour cause, il y joue son propre rôle : celui d'un homme désespéré qui pleure la perte de son ami Bobò. Atteint de microcéphalie, cet acteur fut durant 22 ans de tous les spectacles du metteur en scène. Rongé par la mélancolie, l'Italien se met en quête de la joie ("la gioia", en VO). Entre chansons, musique et danses, il évoque sa soif de vivre et de beauté, tandis que pleuvent sur scène des torrents de fleurs.
Bruxelles, 18 > 22.04, Théâtre National, 20h15 (sf mer : 19h30), 30 > 7€, theatrenational.be
(O. Martin-Salvan & Pierre Guillois)
Nul besoin de grands moyens pour monter l’un des spectacles les plus drôles de la saison. Avec deux comédiens survoltés, une flopée de pancartes et de l’inventivité sans limites, Les Gros patinent bien met tout le monde d’accord. Sur scène, tout ou presque est en carton : les costumes, les décors, les accessoires. Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois déballent, plient et replient leur attirail pour conter un road-movie allant de l’Islande au sud de l’Espagne. Une performance... emballante !
Uccle, 26 & 27.04, Centre culturel, 20h30 35 > 11€, ccu.be
(S.Meyniac & JF. Cros / Daniel Hanssens)
Vous avez aimé Un jour sans fin avec Bill Murray ?
Alors vous adorerez Hier est un autre jour . Pierre Maillard est avocat, et doit préparer un important procès. Problème : plusieurs scènes de sa journée semblent se répéter, sans que personne autour de lui ne le remarque. Personne, sauf un étrange petit homme que lui seul peut voir... Cette comédie se distingue du théâtre de boulevard "classique" en s'aventurant vers le fantastique, et promet un moment extraordinaire, dans tous les sens du terme.
Bruxelles, 26.04 > 21.05, Théâtre royal des Galeries
mar > sam : 20h15 • dim : 15h, 28 > 10€, trg.be
Rodin
DIMANCHE 4 JUIN À 18H00
MAGIE/CIRQUE À PARTIR DE 37€
SAMEDI 11 FÉVRIER / 20H30
DANSE à partir de 31€
La belle au bois dormant
Imagination
SAMEDI 10 JUIN À 20H30
DANSE À PARTIR DE 24€
VENDREDI 17 FÉVRIER / 20H30
CONCERT à partir de 37€
Camille & Julie Berthollet
JEUDI 2 MARS / 20H30
DANSE à partir de 37€
DIMANCHE 11 JUIN À 18H00
HUMOUR À PARTIR DE 37€
DIMANCHE 5 MARS / 18H00
CONCERT à partir de 31€
DIMANCHE 25 JUIN À 20H00
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HUMOUR À PARTIR DE 47€
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jeudi 6 avril
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Nosferatu
Ciné-concert ONL
vendredi 12 mai
vendredi 26 mai
Carmen Cie Chicos Mambo
centre d’innovation et de design au Grand-Hornu