LM magazine 194 - Février 2024

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N°194 / FÉVRIER 2024 / GRATUIT

ART & CULTURE

Hauts-de-France / Belgique


21.02 > 21.07 2024 @FineArtsBelgium fine-arts-museum.be

Copyright : Salvador Dalí, Soft Construction with Boiled Beans (Premonition of Civil War) (1936) © Philadelphia Museum of Art, Philadelphia (Pennsylvania). The Louise and Walter Arensberg collection É.R. | V.U.: Sara Lammens, rue du Musée | Museumstraat 9, 1000 Bruxelles | Brussel


LM magazine 194 - février 2024

Tania Dutel © Patrick Fouque

NEWS – 06 Événements queer, des sculptures, du violoncelle, du tatouage et Arno

CHRONIQUES – 44

SOCIÉTÉ – 10 Museum of Broken Relationships Vestiges de l’amour

Livres : L’entretien d’embauche au KGB, Oum Kalsoum – L’arme secrète de Nasser, L’échec, Rousse, T’inquiète Écrans : Mambar Pierrette, Captives, 20 000 espèces d’abeilles, Green Border, Il fait nuit en Amérique, Polar 80, Il était une fois en Amérique

PORTFOLIO – 16 Kaloian Toshev Muses en scène

RENCONTRE Xavier Canonne – 66 Une histoire belge du surréalisme Tania Dutel – 76 Une fille du cru

ÉVÉNEMENT PhotoBrussels Festival – 54 Plan large Lille Art Up ! – 58 Exquises esquisses Les 100 ans du surréalisme – 62 L’imagination au pouvoir

MUSIQUE – 26 Derya Yıldırım & Grup Şimşek, Joe Unknown, Jana Horn, Yīn Yīn, Art School Girlfriend, OMD, Kim Wilde, Véronique Sanson, Paul Young, Adèle Castillon, Marie-Flore, L’Rain, Air

Disques : Lescop, El Perro del Mar, Delgres, Idles, Grandaddy

EXPOSITION – 54 PhotoBrussels Festival, Lille Art Up !, Imagine !, Histoire de ne pas rire, Les enfants impressionnistes du musée d’Orsay, Rémy Hans, Agenda

THÉÂTRE & DANSE – 76 Tania Dutel, Alison Wheeler, Rosa Bursztein, Marine Baousson, Mythologies, Out of the Blue, L’Enfant brûlé, Die Erdfabrik, Delphine et Carole, Fallait pas le dire, ART.13, 20 000 Lieues sous les mers, Pestacles !, Qu’est-ce qu’on fabrique en famille ?, Contes et légendes, Agenda

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© MZK

René Magritte, Le Bain de cristal, 1946, © Photothèque R. Magritte, Adagp Images, Paris, 2019

SOMMAIRE


LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09

MAGAZINE

Direction de la publication Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Direction artistique & graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Hello Kaloian Toshev mzk.art @mzkvisuals

Élise Coquille info@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com

Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Tanghe Printing (Comines) Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.MEDIA (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Audrey Chauveau, Marine Durand, Raphaël Nieuwjaer, Florent Servia, Kaloian Toshev et plus si affinités.

Scannez-moi

www.lm-magazine.com

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

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L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT



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© Laurent Poma

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J'veux du queer Depuis plusieurs saisons Central soutient les revendications de la communauté LGBT - et pas pour faire genre. En février (puisque c'est le mois de l'amour), on assiste à une version queer de Songe d'une nuit d'été, on cause tolérance et homosexualité avec David Lallemand (Passé composé d'un gay versatile spécialiste en généralités)... avant de se couvrir de paillettes et d'enfiler des talons hauts ! La Louvière, jusqu'au 31.05, divers lieux, cestcentral.be

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Sélection / 09.02 : Passé composé d’un gay versatile spécialiste en généralités 15 & 16.02 : Le Songe d'une nuit d'été // 17.02 : Charivarii l’atelier Gilette


Mons, 17 > 23.02, Arsonic 1 spectacle : 20 > 5€, surmars.be

Roshko Brothers © Stanislaw Roszkowski

Sélection / 19.02 : Ô-Celli // 21.02 : Art Zoyd Studios & Musiques Nouvelles // 22.02 : Glaise

© Be Culture

La Semaine du violoncelle C'est l'instrument dont le son se rapproche le plus de la voix humaine. Durant une semaine, Mons célèbre le violoncelle et ses innombrables variations. Jazz, avec le trio Glaise, mais aussi electro, grâce à l'ensemble Musiques Nouvelles et Art Zoyd Studios. Sans oublier les violoncellistes belges d'Ô-Celli qui rejouent les BO de films légendaires, de Strauss à John Williams. Parce que l'émotion, c'est dans leurs cordes.

Sculptura #2 Deuxième édition pour ce festival qui met en lumière la sculpture sous toutes ses formes. On y découvre des œuvres monumentales, comme cette croix formée de containeurs du Slovaque Lubo Mikle, des créations pop (les Cyberbabies du Belge Olivier Pauwels) et parfois grinçantes. En témoigne la gigantesque main squelettique au pouce levée du Tchèque Krystof Hosek, présageant le pire pour la civilisation du "like"... Bruxelles, jusqu'au 10.03, Tour & Taxis ts ls jrs : 10h-18h, gratuit, sculpturafestival.be

Arno. The Show of Life Ostende a occupé une place à part dans le cœur d'Arno : il y est né, l'a célébrée (souvenezvous, Comme à Ostende). Rien de plus logique que le photographe Danny Willems, son ami de toujours, ait choisi la ville du bord de mer pour y dévoiler son exposition. Celle-ci retrace la vie du crooner belge en images, de ses premiers concerts en 1972 à sa dernière scène, en 2022. Un accrochage empli de rock, de pitreries, de classe... Oh la la la, c'est magnifique ! © Danny Willems 7

Ostende, jusqu'au 21.05, Galeries vénitiennes mar > dim : 14h-17h, 10€, visitoostende.be


INTERNATIONAL LILLE TATTOO CONVENTION

© Peji Photographie

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L'art dans la peau

C'est un rendez-vous désormais bien "encré" dans l'agenda de celles et ceux qui ont l'art dans la peau. Mais bien plus qu'une mode, le tatouage est une pratique ancestrale, née il y a 4 000 ans en Océanie – le mot provient d'ailleurs du tahitien tatau, signifiant "marquer ou dessiner". À l'origine, c'est même un art sacré. Voilà justement le thème de la 9e édition de l'International Lille Tattoo Convention, où l'on découvre (entre autres) comment les créateurs d'aujourd'hui s'emparent de motifs séculaires, utilisés un peu partout dans le monde à des fins symboliques, religieuses ou rituelles. Au programme de ces trois jours ? Près de 500 exposants, dont 470 tatoueurs maîtrisant tous les courants ou techniques, du style néo-japonais de Gaby Castel aux œuvres à l'aquarelle de Bleu Venin, en passant par les personnages "kawaii" de Cassie Cachou. Au fond, il y en a pour tous les goûts – et les épidermes.

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Lille, 16 > 18.02, Lille Grand Palais, ven : 14h-23h • sam : 11h-23h • dim : 11h-20h 1 j. : 16/11€ • 3 j. : 36€ (gratuit -12 ans), lille-tattoo-convention.com


Rémy

Hans

Les Bleus du 18.11.23 temps. 13.05.24 Musée des Beaux-Arts de Tournai DANS LE CADRE DU CYCLE D’EXPOSITION « PORTRAIT D’AMIS » ET DE ART NOUVEAU BRUSSELS 2023.

MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE TOURNAI RUE DE L’ENCLOS SAINT-MARTIN 3 7 500 TOURNAI

DANSE

MAR. 13 FÉV. I 20H I LE VIVAT

MALDONNE

Leïla Ka

ÊTRE ENSEMBLE, AU FÉMININ !

levivat.net I 03 20 77 18 77 I Place Saint Vaast, Armentières


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© Željko Curić


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MUSEUM OF BROKEN RELATIONSHIPS Vestiges de l'amour

"Les histoires d'amour finissent mal en général", chantaient les Rita Mitsouko. Au Museum of Broken Relationships, elles sont éternelles. Installé à Zagreb, en Croatie, ce musée pas comme les autres collectionne depuis plus de 15 ans des objets ayant appartenus à des amants au cœur brisé. Une cafetière, un test de grossesse positif, une hache, des menottes, des dreadlocks... Provenant du monde entier, ce bazar bizarre raconte des relations chaotiques ou incandescentes, mais toutes rompues. Dans quel but ? Son instigatrice, Olinka Vištica, nous explique tout.

« Les archives des amours brisées » L'objet, qui sautille après trois tours de clef, est bien plus qu'un jouet rigolo. « On l'emportait avec nous lorsqu'on voyageait seul, pour penser à l'autre », explique Olinka. En somme, c'est un symbole de

leur vie commune, il n’appartient à personne. Les Croates ont alors eu une idée : « créer un espace métaphorique où l’on enverrait des objets après une séparation, une sorte d’archive publique des amours brisées, explique Olinka. De quoi mettre fin à une union pour passer à autre chose, tout en protégeant sa mémoire. Comme pour garantir que cet amour a existé ». Tournez ménages ! Cette volonté s’est concrétisée en 2006, d’abord dans le cadre d’un projet collectif à Zagreb. Et ce fut un succès. À tel point que cette drôle d’exposition s’est mise à a 11

Il y a une vingtaine d'années, lorsqu'il a fallu se séparer, Olinka Vištica et Dražen Grubišić ont fait comme tous les couples lors d’une rupture : ils ont partagé leurs affaires. Oui mais voilà, à qui revenait ce petit lapin mécanique ?


© Sanja Bistricic

parcourir le monde, de l'Australie au Canada, en passant par la France ou la Belgique.

« Des histoires auxquelles chacun peut s’identifier »

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« Avant chaque voyage, on lance un appel aux dons auprès de la communauté locale. Les gens nous envoient leur objet fétiche, avec leur histoire. Puis nous les exposons tels quels en précisant la date et le lieu de provenance. Le donateur reste anonyme, ce qui incite à dire la vérité ». Au fil d’une soixantaine d’expositions itinérantes (toujours en cours), Olinka et Dražen ont ainsi amassé plus de 4 000 pièces,

conservées depuis 2010 dans un endroit fixe, un ancien palais de la vieille ville de Zagreb, devenu le Museum of Broken Relationships – littéralement, "le musée des relations rompues". Mais qu’y trouve-ton exactement ? Un peu de tout. Un frisbee, un gobelet de café, un thermomètre, une montre… Des objets du quotidien, somme toute banals, mais qui symbolisent des histoires drôles ou tragiques, toujours émouvantes « et auxquelles chacun peut s’identifier ». Émotions fortes À travers ce parcours, on découvre par exemple un parachute. Celui-ci a été offert par une Finlandaise dont l’amant est mort durant un saut. a


La cassette VHS détruite du mariage de mon père Denver, États-Unis © Boris Cvjetanović

Un biscuit de pain d'épices, Chicago, États-Unis

Un Proust en 3 volumes, Londres, 1983 -2011

© Museum of Broken Relationships 13

Une boîte d'encens d'amour, 1994, Bloomington, États-Unis (avec une mention : "Ne fonctionne pas.")


Menottes, Zagreb, 2005 © Museum of Broken Relationships

Dans un autre registre, voici une paire de menottes accompagnée d’une simple mention, en espagnol : "Átame", soit "attache-moi", vestige d’ébats sans doute épicés. On tombe aussi sur… une hache, témoin d’une séparation explosive. Celle-ci a été offerte par une amoureuse éconduite. Lorsque sa moitié

« C’est un voyage à travers les émotions »

Eh oui, une promenade dans les allées du Museum of Broken Relationships n’a rien d’anodin. « C’est un voyage à travers les émotions ». On y ressent de la joie, de la tristesse, de la colère… Autrement dit, c'est une histoire de l’humanité racontée par le prisme des sentiments. Car au final, « seul l’amour permet de vivre les choses les plus exaltantes ». Julien Damien À visiter / brokenships.com

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l’a quittée pour une autre, elle a soigneusement taillé en pièces chacun de ses meubles, restés chez elle le temps du déménagement, inaugurant « la valeur thérapeutique » de l’outil.

À lire / The Museum of Broken Relationships, Olinka Vištica et Dražen Grubišić (Hachette Book Group) 224 p., environ 25€ hachettebookgroup.com À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com


© Sanja Bistricic

Matériel de parachutisme, Helsinki, Finlande © Boris Cvjetanović

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An Exe Axe, Berlin © Museum of Broken Relationships


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Série Hello


o li o

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KALOIAN TOSHEV Muses en scène

« Clean, coloré et un peu abstrait ». Ainsi Kaloian Toshev définit-il son art. On pourrait ajouter à cette liste bien d'autres épithètes, comme "étrange", "envoûtant" ou… "beau", tout simplement ! C'est d'ailleurs là le principal moteur du Bulgare, aussi connu sous le nom de MZK, qui dit être « fasciné par la beauté féminine » et plus particulièrement par les visages. « Ils ont quelque chose de spécial, difficile à saisir, et c'est ce qui les rend encore plus désirables à mes yeux », ajoute l'esthète, qui sublime ses sujets à travers des portraits tantôt futuristes, tantôt chimériques, mais toujours captivants. « J'aime surtout expérimenter », précise l'intéressé. Formé aux arts visuels puis à l'architecture, ce trentenaire a commencé à dessiner « très tôt » et n'a depuis jamais arrêté, même si au fil des années le papier et les crayons ont laissé place aux outils numériques, « J'aime surtout voire à l'intelligence artificielle, stimulant expérimenter » d'autant plus sa débordante créativité. Ses œuvres parlent pour lui, alliages singuliers de formes, de textures et de couleurs éclatantes. Ici une fille orange à la peau mouchetée de petites pyramides, là une autre au corps translucide et rempli de sphères zébrées ou encore recouvert d'une colonie de pompons bigarrés... Si « les femmes sont des muses », Kaloian Toshev nourrit également d'autres passions, notamment les sports extrêmes. Il pratique le snowboard depuis 25 ans, le motocross et, depuis peu, le Ving Tsun, un art martial chinois dont « la simplicité et l'efficacité m'ont séduit », confiet-il. Jusqu'à infuser son travail, à n'en pas douter. Julien Damien À visiter / mzk.art // c @mzkvisuals

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À lire / L'interview de Kaloian Toshev sur lm-magazine.com


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Série Hello


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Série Hello


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Série Hello


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Série Color Queens


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Série Color Queens


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Série Color Queens


Debout sur le Zinc ven. 02 fév. |

The Black Lab - Wasquehal

Bagarre ven. 02 fév.. |

Slalom - Lille

LEJ sam. 03 fév. | DER. PLACES La Nvl. Scène - Nestle

St Graal sam. 03 fév. |

La Bulle Café - Lille

Fary mer. 07 fév. |

Le Zénith - Lille

Tsew The Kid jeu. 08 fév. |

Le Zénith Club - Amiens

James Baker jeu. 08 fév. |

La Bulle Café - Lille

Stony Stone sam. 10 fév. |

La Bulle Café - Lille

Rounhaa sam. 10 fév. | COMPLET

Le Splendid - Lille

HORKSH jeu. 15 fév. |

La Bulle Café - Lille

Adèle Castillon ven. 16 fév. |

Le Splendid - Lille

Zinée ven. 16 fév. |

La Bulle Café - Lille

Alice & Moi mer. 21 fév. |

La Bulle Café - Lille

Donovan mer. 21 fév. |

Théâtre Louis Pasteur - Lille

ElGrandeToto jeu. 22 fév. |

Le Splendid - Lille


IAM

jeu. 22 fév. | COMPLET La Cdto Publique - Lille ven. 05 avril | DER. PLACES Scénéo - Longuenesse

PLK

jeu. 22 fév. | COMPLET ven. 23 fév | sam. 24 mars | DER. PLACES

Tuerie

ven. 23 fév. | COMPLET

Le Zénith - Lille Le Zénith - Lille Le Zénith - Lille La Bulle Café - Lille

Franglish sam. 24 fév. |

Le Zénith - Lille

Neko Light Orchestra

sam. 24 fév. | Le Nouveau Siècle - Lille 15:30 Echos de la Vallée du vent 20:30 Echos d’Hyrule

Pat’Patrouille dim. 25 fév. | DER. PLACES mer. 28 fév. |

Paloma

mar. 27 fév. | COMPLET mar. 15 oct. | mer. 30 oct. |

Le Zénith - Lille Le Zénith - Lille

Le Splendid - Lille Casino- Arras Thé. Sébastopol - Lille

Noé Preszow jeu. 29 fév. |

Le Grand Mix - Tourcoing

Doully

ven. 01 mars | DER. PLACES Thé. Sébastopol - Lille

Al’Tarba x Senbeï → Rogue Monsters ven. 01 mars |

Good Bana ven. 01 mars |

The Black Lab - Wasquehal La Bulle Café - Lille

FOLIES DU RIRE agauchedelalune.tickandyou.com RÉ A: S et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse.studio

Monsieur Poulpe jeu. 07 mars | Le Kursaal - Dunkerque Djamil Le Shlag ven. 08 mars | Le Kursaal - Dunkerque Pierre Thévenoux sam. 09 mars | Le Kursaal - Dunkerque


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© Philomena Wolflingseder


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m u si

DERYA YILDIRIM & GRUP ŞIMŞEK Transe Orient-Express La musique ottomane moderne a-t-elle eu un âge d’or ? Oui, et Derya Yıldırım et le groupe Şimşek l’ont trouvé dans le rock anatolien des années 1960-70. Celui d’Arif Sağ, Selda, Erkin Koray, Moğollar ou Cem Karaca, lorsque les sonorités traditionnelles rencontraient les instruments électriques occidentaux. Mais à l’origine, il y a surtout un sentiment : la nostalgie pour le pays. Née en Allemagne de parents turques, Derya Yıldırım a paré cette mélancolie d’un habit rétro au moment de former le groupe avec la batteuse britannique Greta Eacott, les Français Antonin Voyant (guitare, basse, flûte) et Graham Mushnik (orgue, synthés), croisés à Berlin. Outre le rock turc, la chanteuse remet au goût du jour les traditions musicales des bardes alévis transmises par sa famille. Mais à sa manière, par l’entrelacement des cordes pincées de son puissant bağlama (luth turc) et de la guitare fuzz saturée. Ce syncrétisme culturel, mariant mélodies orientales, embardées rock psyché et funk, a permis au combo de trouver son public dès le début, au mitan des années 2010. Il faut dire que la recette est efficace, entre modernité et passé glorieux, et un groove nonchalant qui n’interdit pas quelques pas de danse. Florent Servia

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Bruxelles, 02.02, Botanique, 19h30, 24 > 19€, botanique.be


© DR

JOE UNKNOWN

La rage au ventre Du spoken word revêche débité avec un accent cockney à couper au couteau. Des beats post-punk, un soupçon de drum'n'bass et de la méchanceté à revendre. Sleaford Mods ? Mieux : Joe Unknown. Soit un parfait inconnu qui ne devrait pas le rester longtemps. Originaire de Glasgow, biberonné à la Motown et au punk par des parents mélomanes, notre lad à couettes s'est révélé il y a deux ans avec le morceau Ride. S'ouvrant avec la ligne de basse de Neat Neat Neat de The Damned, ces trois minutes de hargne pure condensent une certaine idée de la British Way of Life, avec ce qu'elle suppose d'énergie du désespoir et de sales coups. La sortie de son premier album en juin dernier, For Better, For Worse, confirmait qu'on n'avait pas affaire à un one-hit wonder, mais bien à la promesse d'un phénomène. Du genre fougueux, le phénomène. Évidemment, le zeitgeist du millénaire y est pour beaucoup dans la dureté du bonhomme. Au cynisme de l'époque, Joe Unknown oppose une violence absurde et une ironie propre à la perfide Albion ("Images futuristes en accéléré sur ma Playstation 4. Tirer sur des enfants en ligne fait passer le temps mais ma copine déteste ça", clame-t-il sur le précité Ride). Fan de Joy Division, l'Écossais a surtout le chic pour balancer d'imparables bangers (Gang, Silent). Lors de ses concerts, il ne fait pas non plus dans la demi-mesure. Adepte du pogo, Joe assène des "fuck" à tire-larigot et passe plus de temps à jouer des coudes dans le public que sur scène. Ça tombe bien, nous aussi on aime la bagarre. Julien Damien

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Anvers, 03.02, Trix, 19h30, 17 > 13,50€, trixonline.be


2024

LE fév.→mars L’AÉRONEF GRAND MIX legrandmix .com

SCÈNE DE MUSIQUES ACTUELLES TOURCOING

LILLE

FÉV. 24

Ve. 02 fév.

MOLÉCULE (LIVE) + ZERO GR4VITY

LE GRAND MIX

Ma. 06 fév.

AÉRO CAMPUS TOUR

Brain Damage + guest Je. 08 fév.

05/02 Lillarious Festival : Boom Bap + 06/02

GYASI + THE COURETTES

COMPLET

08/02

Yvnnis + guest

10/02

Blind Test Battle

15/02

LES NUITS DE L’ALLIGATOR :

FRENCH 79

+ DANYL

+ LYDSTEN

Di. 11 fév.

Astral Bakers + Jana Horn

LANKUM

22/02

Selug & $enar + guest

25/02

Beach Fossils + guest

29/02

Noé Preszow + guest

13/03

Structures + guest

+ guest

29/03

Lescop + guest

30/03

Joanna + guest

Ma. 20 fév. + guest

Ve. 23 fév.

SKANK LAB : DUB CREATOR

FEAT. LYRICAL BENJIE & RAPHA PICO + SLIMMAH SOUND + SKANK LAB RECORDS FEAT. LITTLE-R

design_les produits de l’épicerie - L-R-22-4685 / L-R-22-4687 / L-R-22-4689

Look Mum No Computer

Hors les murs

MARY LATTIMORE YĪN YĪN

21 /03 Tourcoing Jazz Club : Ann O'aro

28/03 Afterwork gratuit

LA COLONIE DE VACANCES + guest

Lu. 19 fév.

Roland Cristal + guest

Tom McRae solo + Bali Dou

Me. 14 fév.

SWANS

BEST OF : DITZ + GURRIERS + HOTEL LUX + LAMBRINI GIRLS + TREEBOY & ARC + UNSCHOOLING

+ guest

+ Lynn Adib

+ CATHERINE GRAINDORGE Ma. 13 fév.

Sa. 17 fév.

Vieux Farka Touré Sextet

22/03 Le Temps d'une Lune #8 Sofiane Saidi (solo)

Hors les murs

+ MARIA W HORN

14/03 Le Temps d'une Lune #8

23/03

Sa. 10 fév.

FAVÉ

par Connexions Freestyle

16/02 Afterwork gratuit : DITTER

15/03

Ve. 09 fév.

Sa. 24 fév.

PERSONAL TRAINER + PIP BLOM Ma. 27 fév.

TILT DE CHAPI CHAPO

& LES PETITES MUSIQUES DE PLUIE

Je. 29 fév.

SLIFT

+ HOOVERIII

ET PLUS ! AERONEF.FR

Licences : 1-012328 / 2-012329 / 3-012330 — Design graphique : les produits de l’épicerie / Lille

02/02


© Ebru Yildiz

Jana Horn On dirait le Sud. Étouffant parfois, alangui souvent, chaleureux toujours. Grandie à Austin (Texas), relocalisée en Virginie, Jana Horn embrasse l’héritage de la Bible Belt, de ses croyances et sa mystique. Tout cela transpire dans ce folk épuré qui renoue avec le slowcore de glorieux anciens – pensez Low, Cowboy Junkies, Red House Painters… La multi-instrumentiste (guitare, piano, bouzouki, violoncelle) signe des chansons qui prennent leur temps, ne font jamais de bruit et furètent du côté du jazz. Guère étonnant que des pointures de la scène d’Austin (liées à Spoon, Bill Callahan, White Denim, on en passe) aient pointé le bout de leur nez. T.A. Bruxelles, 06.02, Botanique, 19h30, 10/7€, botanique.be + Astral Bakers : Tourcoing, 15.02, Le Grand Mix, 20h, 9/5€, legrandmix.com

Yīn Yīn Les Bataves ont le sens du mélange. On le sait au moins depuis Altin Gün et son mariage de pop anatolienne et de musiques occidentales. Cette sympathique propension atteint des sommets avec Yīn Yīn. Originaire de Maastricht, le quatuor nimbe ses rêveries psychés de nu-disco, et surtout de sonorités rock et funk seventies, issues de Saïgon ou Bangkok. Bien secoué, ce cocktail contient un groove imparable, qui frappe pile entre la tête et les jambes. J.D.

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© Jonas Loelmann

Bruxelles, 08.02, Botanique, 18h, 26,50 > 20,50€ pass 2 j. : 35€, botanique.be (Europavox Festival Brussels) Lille, 20.02, L'Aéronef, 20h, 6/3€, aeronef.fr


OIGNIES

Février

OUT OF H O ME COMM UNIC ATIO N

Urban Posting Display Racks Visitor Information Cultural Spots Hotels, Bars & Restaurants Universities Libraries Bicycle parkings Bus Stops Indoor Posting Banners on Street Lamps Amusement Parks

10

[9-9club]

14

[Hors les murs] CHEZ TI CHEZ MI :

JEANNE BONJOUR + AMOUË LA COLONIE DE VACANCES

L’Aéronef - Lille 9-9bus > aller/retour

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[9-9club]

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ALKPOTE + DAU + Konga Mars

10

[9-9club]

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TALISCO + PIERRE GUÉNARD

23

[Festival Les Enchanteurs]

TÉTÉ + Guest CO M P L E T

DUO RUUT

ASIAN DUB FOUNDATION + MANUDIGITAL meets TETRA HYDRO K feat. TRACY DE SÁ & DAPATCH 9-9bus > aller/retour Arras

Rue Alain Bashung • OIGNIES Accès A1 sortie 17.1 ‘’Site minier 9-9bis’’

À 30 min de Lens - Arras - Lille

9-9bis.com


© Isak Berglund

Art School Girlfriend Et si l’on prenait un chemin de traverse ? Pour présenter cette "copine des Beaux-Arts", on pourrait évoquer The Cars, légendaire groupe mené par Ric Ocasek. Étonnant ? Sans doute, au vu des pop songs éthérées à l’œuvre ici. Si l’on pense aux Cars, donc, c’est pour cette confusion entre guitares et synthétiseurs – les unes sonnant comme les autres, et inversement. La comparaison s’arrête là. Pour le reste, Polly Mackey, ex-figure de proue de Deaf Club, a signé deux albums sur lesquels se marient mélodies indolentes et langoureuses et sons électroniques, à la manière d’Everything But the Girl voici quelques années. Tout est dit. T.A. Bruxelles, 14.02, Botanique, 19h30, 18,50 > 12,50€, botanique.be

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© Sarah Doyle

CMAT De loin, un acronyme façon société de transports. De près, les initiales d’une dénommée Ciara Mary-Alice Thompson, effectivement douée dans les transports… amoureux. Digne héritière de Dolly Parton (textes futés, country affûtée), l’Irlandaise manie également l’espièglerie pop de Lily Allen ou Katy Perry. Derrière l’ambiance enjouée se planquent de vrais morceaux de bravoure, tel Where Are Your Kids Tonight ?, en tandem avec John Grant, de The Czars. T.A. Bruxelles, 14.02, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€, botanique.be


du 8 mars au 27 avriL 2024

Festival

de chansons itinérant

dans les Hauts-de-France

27

VILlEs

elMeR FOOD Beat JeF Kino riM’K

leXIE T UnE ToUCHE d’OPTIMIsMe saM saUVaGe

MarCEL eT sOn OrCHEsTRe

ManuDIGiTaL MeeTs TeTra HYdrO K rYOn asian DUB FoUNDatiOn

mes soUliers sOnt roUGEs aDelYs

lOs TrEs PUnTOs roMain WaTsON PICOn mOn amOuR

BlaNKass dIdIER TrONcHeT HeRvÉ VILaRD CaCTUs In lOve CHrIsTian OliVier IsMaËL MÉtis PlasTIC dUcK dIdIER sUPeR le PiED De la PoMPE GUilTY deLIGHT BoUlE unClE BaRD & thE dIrTY BasTards

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QUOI DE NEUF ?

© Ed Miles

Si vous pensez qu’un musicien a tout dit dans son premier album, passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remettent l’ouvrage sur le métier. Ces quatre noms font partie de notre décor – de celui de nos parents ou grands-parents, parfois. On en écoute toujours certains, on a en oublié d’autres, on a même essayé d’en réhabiliter mais, que voulez-vous, c’est parfois au-dessus de nos forces. Revue des troupes. Thibaut Allemand

Orchestral Manoeuvres In The Dark La vie est injuste, et OMD toujours dans l’ombre. En dépit de tubes insensés (Enola Gay, Electricity, Souvenir, on en passe), nos pionniers techno pop n’ont jamais obtenu la reconnaissance de, au hasard, New Order ou Depeche Mode. Il faut dire qu’entre Peter Hook et ses bons mots ou Dave Gahan et sa farandole d’OD, Andy McCluskey et Paul Humphreys faisaient pâle figure. Trop sérieux. Trop occupés à sonder les cœurs et les âmes des synthétiseurs. N’empêche, le tandem, aidé de quelques amis, a signé une quinzaine d’albums inégaux, certes, mais animés d’une foi inextinguible en la technologie. Grâce leur soit rendue, et tant pis pour la gloire ! 34

Bruxelles, 15.02, Cirque royal, 20h, complet !, cirque-royal-bruxelles.be


© N. Tangi

© Sean J. Vincent

Kim Wilde

Véronique Sanson

Qui dit Kim Wilde, dit Kids In America. C’est pavlovien. Il y eut d’autres cartons (Cambodia, évidemment) et, surtout, une drôle de carrière. Cette Anglaise, hâtivement comparée à Debbie Harry, publia des albums toujours dans l’air du temps et en même temps à la marge. Entourée de son père et de ses frères musiciens, Kim Wilde n’a jamais signé de disques absolument parfaits, mais on trouve chez elle une forme de labeur, d’honnêteté et de véritable joie de chanter qui forcent le respect.

Ah, Véro ! An acquired taste, comme disent les Anglais. En d’autres termes, un goût qui s’acquiert. Il faut en effet accepter cet insensé falsetto. Ceci accompli, c’est Byzance ! Véronique Sanson a passé les seventies à aligner des classiques (Chanson sur ma drôle de vie, Une Nuit sur son épaule…) et les décennies suivantes à signer des œuvres plus que dignes. Son legs conséquent (Pharaon de Winter, Jeanne Cherhal) et parfois encombrant (Juliette Armanet) est à l’image d’une vie et de mélodies mouvementées.

Roubaix, 11.02, Le Colisée, 19h, 62 > 40€ Anvers, 15.04, Stadsschouwburg, 20h, 65 > 45€

Bruxelles, 22.02, Cirque royal, 20h, complet !

Soyons honnêtes. On n’a jamais eu grand-chose à faire de Paul Young (sauvons seulement Love of the Common People). L’homme a du coffre, une voix soul et puissante, mais a toujours manqué de discernement dans le choix de ses productions. Ses premiers albums accumulent les tics eighties : le son de caisse claire, la basse fretless… On aurait pu espérer que le Britannique tende vers un son plus brut, mais non. Les disques s’enchaînent et se ressemblent, comme coincés dans une faille spatio-temporelle. Étrange ! Anvers, 22.02, De Roma, 20h, 30/28€, deroma.be 35

© James Hole

Paul Young


© DR

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ADÈLE CASTILLON

Musique et dépendances On se souvient de Videoclub, duo nantais qui avançait Main dans la main, pour reprendre un titre d’Elli & Jacno, l’un de ses modèles affichés. Tout s’est achevé avec un SMS et Adèle Castillon, désormais amoureuse solitaire, n’a pas connu que des hauts. Elle s’en ouvre aisément dès le titre de son premier album solo, Plaisir Risque Dépendance. Accrochée aux opiacés, remise depuis, la jeune femme de 22 ans dresse des parallèles entre amour et drogue le long de pop songs qui renvoient à une vague francophone très contemporaine, nourrie aux 80’s bien sûr, mais aussi à une certaine électronique. Pas un hasard, car Surkin, des labels Institubes et Marble, signe la majeure partie des instrus. Par ailleurs, au-delà du potentiel très addictif de certains morceaux (Alabama, Impala) on perçoit ici un mal-être diffus et très début de siècle. Une façon de chanter les dents serrées, comme fatiguée, blasée, que l’on retrouve parfois chez Billie Eilish ou la très recommandable Marie-Flore (voir ci-contre), le tout nimbé d’une légèreté pop voisine de celle d’Angèle. Reste à voir comment elle transpose cet intimisme sur scène. Thibaut Allemand

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Lille, 16.02, Le Splendid, 20h, 25€, le-splendid.com Bruxelles, 06.03, Botanique, 19h30, 29,50 > 23,50€, botanique.be


© Rachael Pony Cassells

Lille, 19.02, Palais des beaux-arts, 20h 6/3€, aeronef.fr

Marie-Flore Depuis ses débuts en fanfare à 17 ans, et des premières parties pour (excusez du peu) Baxter Dury ou Peter Doherty, Marie-Flore a parcouru du chemin. Elle a changé, s’est réinventée. Troquant sa guitare contre des ballades pianovoix et la langue de Shakespeare contre celle de PNL, la désormais trentenaire oscille entre mélancolie et poésie crue, pop composite et sens de la punchline. Une artiste inclassable, en somme, à l'image de son dernier album, Je sais pas si ça va. Elle y dénonce le jeunisme ambiant, ses amours contrariées, évoque ses doutes et le temps qui fuit avec une élégance "canaille" n'appartenant qu'à elle. É.C. Marcq-en-Barœul, 16.02, Théâtre Charcot 20h, 15 > 9€, marcq-en-baroeul.org 37

Bruges, 18.02, Cactus, 19h30, 19 > 7€ cactusmusic.be

© Sam Hellman

Mary Lattimore Eh oui, harpe et pop ont souvent fait bon ménage. Citons l’Anglaise Serafina Steer ou l’Américaine Joanna Newsom parmi les grands noms de la quarante-sept cordes aventureuse. Originaire de Caroline du Nord, Mary Lattimore a collaboré avec, entre autres, Thurston Moore, Sharon Van Etten ou Jarvis Cocker. En solitaire, la harpiste a signé cinq albums unissant les mélodies vaporeuses de The Durutti Column à l’ambient de Brian Eno. Un divin mariage ! T.A.


© Tonje Thilesen

L’RAIN

À contre-courant Attention, avis de tempête ! L’Rain déverse sur la Belgique un spleen électrique chargé d'un groove vibrant. Mais oubliez les parapluies : mieux vaut se laisser submerger par ce déluge sonore. Douches glacées et courants chauds, un phénomène impossible à contrôler. C’est essentiellement par Fatigue, son deuxième album, que Taja Cheek s’est fait un nom, sous l’alias L’Rain. En 2021, elle dévoilait un alliage de soul, de folk, de trip-hop et de jazz oblique ne ressemblant à aucune tentative de refonte de la musique dite "urbaine". Inclassable, en somme. S’il fallait trouver un équivalent, il n’y aurait guère que l’insaisissable Dean Blunt pour rivaliser d’inventivité avec la jeune et frondeuse artiste. Comme le Britannique d’ailleurs, c’est là où on ne l’attendait pas que L’Rain a ressurgi ensuite, toutes griffes et caresses dehors, signant l'un des grands albums de 2023 : l'indocile et sensuel I Killed Your Dog. C’est avec ce disque que l’Américaine originaire de Brooklyn s’apprête à brûler les planches belges. Elle y scandera et susurrera des textes aux très contemporaines préoccupations. L'ensemble est porté par des sonorités tour à tour inquiétantes et accrocheuses, à l'instar de la transe flippée de Kill Self sur Fatigue ou des guitares nineties de Pet Rock. Suivons son courant jusque dans les cascades en transe de New Year’s UnResolution, l’épais tapis de basses est là pour nous accueillir à l’arrivée. Gare au coup de foudre... Rémi Boiteux

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Bruxelles, 27.02, Ancienne Belgique, 19h, 17€, abconcerts.be Bruges, 29.02, Cactus Muziekcentrum, 19h30, 18 > 12€, cactusmusic.be


E Q TUMETONNESPRODUCTIONS COMPLET

COMPLET

ET 3 FÉVRIER PL M AVE CÉSAR O GrandC Théâtre - 20H30 - Comédie romantique

15 FÉVRIER LES SOUFFRANCES DE JOB Grand Théâtre - 20H30 - Théâtre et marionnettes

16 FÉVRIER FAADA FREDDY + BIBB MUSIC Gérard-Philipe - 20H30 - Soul Gospel

20 FÉVRIERT E PL CASSE-NOISETTE M Grand Théâtre - 20H30 - Ballet classique O C Retrouvez le programme ici Retrouvez la billetterie : www.billetterie.calais.fr

www.spectacle-gtgp.calais.fr

LICENCES : R-2021-012664 / R-2021-012665 - © L’ASTROLAB*

T EFÉVRIER DU 7 AU 11 PL FESTIVAL DU JEUNE PUBLIC PestaO cM les ! C


© DR

Mick Jenkins Pas le plus médiatisé des rappeurs, Mick Jenkins n’en demeure pas moins l’un des plus attachants. Depuis une petite dizaine d’années, le natif d’Huntsville (Alabama) mêle soul et jazz à un hip-hop "conscient", certes, mais jamais donneur de leçons. Surtout, ses productions possèdent un groove familier (on n’est pas surpris de le voir bosser avec BadBadNotGood) et un amour franc et sincère pour le rap des 90’s, confirmé par un featuring de Ghostface Killah (Wu-Tang Clan). En cela, l’Américain s’affirme comme un cousin de province de Kendrick Lamar autant qu'un héritier du regretté Gil Scott-Heron. À (re)découvrir, donc ! T.A. Anvers, 27.02, Trix, 19h30, 29 > 25,50€, trixonline.be

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© Lexi Hide

Strongboi Alice Phoebe Lou est célèbre pour son folk blues lo-fi intriguant. Parallèlement, cette SudAfricaine mène Strongboi avec son complice Ziv Yamin. Né d’une passion commune pour les antiques claviers Casio et autres jouets musicaux, ce side-project devenu "vrai" groupe joue avec tous les styles, du disco au jazz en passant par l’electro déglinguée, quelque part entre la pop oblique de Cate Le Bon et Mac DeMarco. Réjouissant ! T.A. Bruxelles, 28.02, Botanique, 19h30, 22,50 >16,50€, botanique.be


Édition 2024

Inscription gratuite jusqu’au 9 mars 2024 sur ww.marcq-en-baroeul.org Finale TREMPLIN DERBYBOX le vendredi 19 avril 2024 20H - Théâtre Charcot

Renseignements et inscriptions sur

29.03 LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE

La Vie

H Arthur toute la saison ↓

CESTCENTRAL.BE


AIR

Anvers, 29.02 De Roma, complet ! Gand, 19.07 Gent Jazz festival

Objectif Lune

© W/Wide press

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BIEN AVANT THOMAS PESQUET (ENFIN, PEUT-ÊTRE), ILS FURENT LES PREMIERS FRANÇAIS À POSER LE PIED SUR LA LUNE. APRÈS UN LONG SILENCE RADIO ET LA PUBLICATION D'UN (ULTIME ?) DISQUE EN 2016 (LE BEST-OF TWENTYEARS), JEAN-BENOÎT DUNCKEL ET NICOLAS GODIN RÉACTIVENT LE DUO AIR. LE MOMENT N'A PAS ÉTÉ CHOISI PAR HASARD, PUISQUE LES VERSAILLAIS CÉLÈBRENT LES 25 ANS DE LEUR PREMIER ALBUM, MOON SAFARI, QU'ILS INTERPRÈTENT POUR LA PREMIÈRE FOIS SUR SCÈNE, EN INTÉGRALITÉ. 3, 2, 1... IGNITION !


MOON SAFARI Un coup d'essai comme un coup de maître. Publié en 1998, Moon Safari est le premier album du duo Versaillais. Enregistré entre Montmartre et les studios londoniens d’Abbey Road, il est porté par des tubes intergalactiques comme Kelly Watch the Stars et Sexy Boy.

À l'aube des années 2000, le tandem fait figure de pionnier, inaugurant un son nouveau, "aérien" (d'où le nom du groupe), propice à la méditation, regardant à la fois le passé et l'avenir. Leur musique est nourrie d'influences seventies (de Pink Floyd au Melody Nelson de Gainsbourg), cinématographiques, de synthés, de vocoders et nimbée d'une douce mélancolie. Rétro-futuriste, quoi.

© Pathé et Carlotta Films

© DR

DES GARÇONS DANS LE VENT

C'EST VERSAILLES ICI ! Phoenix, Motorbass, Alex Gopher... et Air, donc. On ne compte plus les groupes electro ayant vu le jour à Versailles, berceau de la French Touch. Mais pourquoi ? Dans le documentaire Why Versailles ?, Marc Collin, fondateur de Nouvelle Vague, explique : « C’était une ville où, à l’époque, il n’y avait rien à faire. Pas de bars ni de salles de concert. Donc il fallait faire de la musique nous-mêmes ». Tout simplement !

En 1999, Sofia Coppola souhaite utiliser l'intégralité de Moon Safari pour son premier film. Air refuse... et lui propose d'en composer une bande originale. Ce sera celle de Virgin Suicides, à notre sens le meilleur album du groupe, contenant l'indépassable Playground Love – écrit avec Thomas Mars (Phoenix). En 2003, l'Américaine les sollicitera à nouveau pour Lost in Translation.

GIVE ME 5 All I Need, Sexy Boy, How Does It Make You Feel ?, Playground Love, Electronic Performers 43

© DR

MORTEL SPLEEN


disques Lescop Rêve parti (Wagram) Ses débuts post-punk furent flamboyants, et on est encore parcouru du même frisson à l’écoute de La Nuit américaine. A contrario, sa mue funk avec le quintette Serpent nous avait laissés de marbre... Pour son troisième album solo (le plus réussi), Lescop renoue avec une certaine idée de la pop française, raffinée et faussement minimaliste, dans les pas de Taxi Girl, dont il demeure le plus digne héritier. En témoigne Les Garçons, sublime ode "darcienne" à la masculinité ambiguë qui ouvre le disque. Faisant table rase du passé (autre label, nouveaux musiciens), Mathieu Peudupin s’est entouré de Thibault Frisoni (complice de Bertrand Belin) et d’Ash Workman (Metronomy, Baxter Dury) pour signer treize chansons ciselées avec une maîtrise d’orfèvre pop : sensibilité à fleur de peau, compositions épurées, refrains über-entêtants (Exotica, Radio). Sa voix de crooner lunaire se fond à merveille dans d'élégantes notes de synthé, agrémentées de cordes soyeuses. On pense à LCD Soundsystem, Alex Cameron ou même à O Superman de Laurie Anderson (le souffle haletant de Elle). On se dit aussi que la douce mélancolie de Grenadine n'aurait pas juré sur un album d’Étienne Daho. Oui, rien que ça ! Julien Damien

El Perro del Mar Big Anonymous (City Slang)

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Près de 20 ans après un inusable et insurpassable premier essai, Sarah Assbring trace une route pavée d’albums, oscillant entre electropop, dub, et enrichis d’instruments venus du monde entier (on se souvient de KoKoro, 2016). Rien d’aussi renversant que son disque inaugural, donc, mais des morceaux où il faisait bon vivre. Autre ambiance ici. Marqué par le deuil, ce sixième essai s’avère intranquille et peu "aimable" – entendre par-là qu’il ne se laisse pas facilement apprivoiser. La voix lacrymale de la Suédoise fait toujours son effet, mais les instrumentations naviguent à vue dans un brouillard gris. Réussi, ce disque nécessite néanmoins un moral au beau fixe pour s’y plonger. Ne reste qu’à souhaiter à Assbring un bon rétablissement… Thibaut Allemand


Delgres Promis le ciel

Idles Tangk

( [PIAS] )

(Partisan Records)

Delgres offre une nouvelle tournée de son blues arrangé à la sauce caribéenne. Dans son troisième album, le trio et son emblématique soubassophone délivrent une musique plus apaisée au service de textes alliant créole, français et anglais. Entre désillusion et optimisme, ces morceaux sondent la foi et la confiance en l’autre dans une société aussi rude qu’imprévisible. En témoigne Promis le ciel qui, entre transe rock et gospel, traduit toute la rage du désespoir ("On m'a promis le ciel, en attendant je suis en enfer"). Tandis que le blues zouké de Pourquoi ce monde et la fanfare de Samedi soir chaloupent joyeusement sur nos interrogations, Mettre les voiles aspire à prendre le large loin du tumulte. Et nous embarque irrésistiblement. Audrey Chauveau

Moins déglingué que The Fat White Family, plus drôle que The Libertines (dont on attend un nouvel album en mars, tiens), Idles s’est d’abord taillé une belle réputation d’incendiaire punk – souvenez-vous, Danny Nedelko. Mais la folie furieuse d’hier s’est estompée au profit de chansons plus "matures". Comprendre : ambitieuses. Au fil de ces dix titres résonnent accords de piano (A Gospel) et déluges de cordes sensibles. Si certains morceaux renouent avec la rage des débuts (les guitares hurlantes de Hall & Oates), l’ensemble est plus aérien. Normal, ce cinquième disque est produit par Nigel Godrich, qui façonna (entre autres !) le son de Radiohead. Sa patte est d’ailleurs flagrante dans Grace ou Idea. Des larmes, de la violence, de l’amour, un peu de déconne… parfait ! Julien Damien

Grandaddy Blu Wav (Dangerbird Records)

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Signé Grandaddy mais essentiellement l’œuvre du seul Jason Lytle, Blu Wav est une épaisse couverture (de tristesse) dans laquelle se lover au creux de l’hiver. Collection de chansons sur l’étiolement et la perte, l’album paraît d’abord monolithique. Pourtant, ces valses lentes, infusées par la synthpop comme la country, constituent de fidèles refuges. Pedal steel mélancolique et synthés rêveurs portent quelques-uns des plus beaux titres du groupe (Jukebox App, Long as I’m Not the One ou le quasi-tube Watercooler). Malgré une "première fin de carrière" honorable, deux superbes disques en solo et un beau retour en 2017, Grandaddy n’avait jamais ajouté un troisième chef-d’œuvre à sa discographie après les sommets Sophtware Slump et Sumday. C’est désormais chose faite. Rémi Boiteux


Iegor Gran L'entretien d'embauche au KGB (Bayard)

Fils de l’écrivain russe dissident Andreï Siniavski, Iegor Gran s’est plus d’une fois penché sur la Russie. En 2002, Z comme zombie abordait ainsi la question du conflit russo-ukrainien. Deux ans plus tôt, il signait Les Services compétents, qui racontait, avec une légèreté empreinte de gravité la traque de son père par le KGB et les ruses dudit paternel pour échapper aux services secrets soviétiques. Il évoquait d’ailleurs le quotidien de ces officiers scrupuleux et persuadés d’agir pour "le bien". Lors de ses recherches, il tomba sur le manuel du parfait agent. Un document à la fois anodin dans ces sphères, mais finalement exceptionnel, car jamais traduit en français. C’est Gran lui-même qui s’en charge, dissertant alors sur le fond (ce qui se joue ici, les conséquences des actes, etc.) et la forme (où l’auteur devient critique littéraire avec des touches d’humour noir et acide). La mise en page, originale et possible héritière de l’OuLiPo, offre de lire indépendamment ou simultanément la matière et le commentaire. Un livre à la fois ludique et profondément d’actualité. N’oublions pas qu’un certain Vladimir Poutine a eu ce manuel entre les mains, et en a retenu quelques leçons... 224 p., 19€. Thibaut Allemand

Martine Lagardette & Farid Boudjellal Oum Kalsoum – L’arme secrète de Nasser (Éditions Oxymore)

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Il est des 13 novembre plus heureux que d’autres. Celui de 1967 sera marqué par la venue, à l’Olympia, d’Oum Kalsoum pour son unique concert hors d’Égypte. La diva, considérée comme la Quatrième pyramide, avait ému Bruno Coquatrix, qui l’avait admirée sur scène un an plus tôt. Quelques mois après la défaite de la guerre des Six Jours, l’occasion était belle pour cette figure du féminisme et du nationalisme arabe (eh oui !) de soutenir son pays à Paris. Cette bande dessinée relate les coulisses et tractations qui ont abouti à ce concert d’anthologie (auquel De Gaulle aurait assisté incognito). Si l’on peut, parfois, regretter le didactisme du texte de Martine Lagardette, l’ensemble est sublimé par le trait précis du chevronné Farid Boudjellal. 192 p., 25,50€. Thibaut Allemand


Claro L'échec. Comment échouer mieux (Éd. Autrement)

Manuel d'auto-sabordage, l'essai de Claro ? L'écho de son sous-titre à Beckett (« Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux.») charrie une malice certaine. Le "mieux" ne désigne pas un progrès, mais la fécondité de l'inachevé, de l'imparfait, du béant. Car l'échec est bien sûr constitutif de toute existence. Alternant listes, aphorismes, récits et études critiques, Claro creuse les champs qui sont les siens : la traduction, l'écriture et la lecture. Cela donne (entre autres) des pages vertigineuses sur l'impossible passage du modeste « It is about... » de l'américain au français. On se délecte aussi d'une analyse aussi inattendue que convaincante du Vertigo de Hitchcock, que l'auteur voit comme l'histoire d'un homme empêché de boire par le film lui-même. 240 p., 20€. Raphaël Nieuwjaer

Denis Infante Rousse (Éd. Tristram)

Rousse décide de s'aventurer au-delà de son bois, de moins en moins hospitalier. Notre renarde découvrira l’étendue du monde au fil de rencontres qui bouleverseront son rapport à l’univers… Le canevas et la forme ancestrale du conte animalier : tels sont les atours choisis par Denis Infante. L’auteur explore à travers ce court roman une terre où les seules traces de présence humaine sont celles laissées par les catastrophes. Entre Watership Down de Richard Adams et Le Discours de la panthère de Jérémie Moreau, ce récit d’apprentissage et d’émancipation renoue avec la frontalité du mythe. Dans une langue faussement archaïque, on entend naître une voix et reculer la peur. Une célébration de la connaissance, aussi mélancolique que vivifiante. 132 p., 16,50€. Rémi Boiteux

Guillaume Bouzard, B-Gnet, Fabrice Erre, Fabcaro, Gilles Rochier T’inquiète (Six pieds sous terre)

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« Des gags, des gags, des gags, mais où est le fond ? Quel est le message ? Comment les auteurs espèrent-ils être dans la sélection du FIBD avec ça ? Incompréhensible ». Cette critique n’est pas de nous, mais se trouve nichée dans une case de cette BD très, très potache. On vous passe le scénario, comme improvisé au fur et à mesure. On ne doute pas une seconde que cette bande de joyeux drilles s’est marrée comme jamais en réalisant cet album à dix mains. On y retrouve le sens de l’absurde cher à Fabcaro et Fabrice Erre, comme les contingences terre-à-terre de Bouzard (souvenez-vous de Moi, BD, 2014). On demeure moins séduit par l’agressivité de Gilles Rochier. Pour le reste, voici un album plus amusant que proprement indispensable. 160 p., 18€. Thibaut Allemand


MAMBAR PIERRETTE

© Tândor Productions

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Tissu social

Entre la Belgique et le Cameroun, l'œuvre de Rosine Mbakam dépeint des figures féminines confrontées à la précarité. Tourné en famille, ce premier long-métrage de fiction met en scène une couturière de Douala, et confirme l'acuité d'un regard formé à l'école documentaire. Après le salon de Chez jolie coiffure (2018), le micro-atelier de confection de Mambar Pierrette s'offre comme un nouveau poste d'observation de la vie des femmes camerounaises. La période de la rentrée scolaire s'avère particulièrement chargée, à la fois en commandes et en dépenses. Seule avec ses antiques machines, notre héroïne tente de négocier les meilleurs prix de vente afin d'acheter les fournitures nécessaires à ses enfants. Cela constitue à peine une intrigue, mais ce qui intéresse avant tout la cinéaste, c'est la vie sociale se cristallisant dans cette petite pièce, dont la porte, toujours ouverte, laisse entrevoir l'animation d'un quartier périphérique de Douala. On entre, on sort, on discute de ses difficultés financières ou de ses aspirations romantiques. La politique aussi pointe son nez... Par-delà les concours de circonstances, des mouvements de fond affleurent, comme la tentation de l'exil, la dislocation des couples. Rosine Mbakam donne à son entourage l'occasion de se raconter et de s'inventer comme personnage. D'une précision remarquable, la mise en scène magnifie les gestes et les émotions de la protagoniste. Celle-ci est incarnée avec beaucoup de force et de douceur par Pierrette Aboheu, la cousine de la cinéaste, dans un rôle... sur mesure. Raphaël Nieuwjaer

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De Rosine Mbakam, avec Pierrette Aboheu, Karelle Kenmogne, Cécile Tchana, Fabrice Ndjeuthat... Sortie le 31.01


Selina Aït Karroum D'Arnaud des Pallières, avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Carole Bouquet, Marina Foïs… En salle

© Cécile Burban / Prélude

20 000 espèces d'abeilles Lors d’un séjour dans sa ville natale, au Pays basque espagnol, Ane, en pleine crise existentielle, investit l’atelier de son père disparu. Aitor, son fils de huit ans, est lui initié aux abeilles par sa grand-tante, et laisse émerger une autre identité… au féminin. Sur fond d’apiculture et de sculpture, voici le portrait en clair-obscur d’une famille durant les festivités de la Saint-Jean. À la façon d'un conte, légendes et vœux se mêlent autour de feux de joie, tandis que les certitudes de chacun vacillent face au comportement de cette petite fille née dans un corps de garçon. Ours d’argent de la 73e Berlinale, le film illustre avec brio la transidentité de l’enfant. Saluons aussi l'utilisation de la lumière naturelle, qui révèle toute la beauté du genre humain… et de la biodiversité. Selina Aït Karroum D’Estibaliz Urresola Solaguren, avec Sofía Otero, Patricia López Arnaiz, Ane Gabarain… Sortie le 14.02 49

Paris, 1894. À la recherche de sa mère, Fanni se fait admettre dans une institution psychiatrique pour mener son enquête. Mais parviendra-t-elle à en sortir ? Film choral au casting de choix, Arnaud des Pallières offre une partition subtile à chacune de ses huit actrices, quelque part entre Huit Femmes de François Ozon et Le Bal des folles de Victoria Mas. Tourné parmi de vraies patientes, ce film quasi documentaire évite l’écueil voyeuriste, non sans interroger les anciennes représentations de la maladie mentale. Rappelons que les femmes internées de force étaient légion à l’époque… Couleurs vives et costumes soignés contrastent toutefois avec l’âpreté du propos. Mélanie Thierry est elle filmée au plus près, caméra à l’épaule, livrant une interprétation à fleur de peau.

© 2023 Gariza Films Inicia Films Sirimiri Films Especies De Abejas Aie

Captives


© Agata Kubis / Piffl Medien

GREEN BORDER Rideau de l'enfer

Une famille originaire de Syrie et une femme afghane entreprennent un éprouvant périple pour tenter de rejoindre l’Europe, via la frontière polono-biélorusse... Dans Green Border, Agnieszka Holland dénonce d’absurdes (en)jeux géopolitiques. La réalisatrice polonaise a remporté le prix spécial du jury à la Mostra de Venise avec ce film coup-de-poing. On survole d'abord une vaste forêt aux cimes inquiétantes, rappelant l’ouverture de Shining. Sans transition, nous suivons le parcours chaotique d’une famille vers l’Union européenne. Filmée au ras du sol, dans un noir et blanc glaçant, celle-ci évolue de part et d’autre des barbelés, entre camps de fortune et retour à la case départ. Ces migrants sont ballotés selon le bon vouloir des militaires. Heureusement, des initiatives individuelles émergent... Au fil de cette œuvre polyphonique, migrants, garde-frontières et militants ont voix au chapitre. Trois parties rythment ici trois actes d’un drame bien réel. Le film dépeint en effet l’épisode survenu aux frontières polonaises, durant l'hiver 2021. Orchestré par Alexandre Loukachenko, ce flux de populations en provenance de Biélorussie, et issues du Proche-Orient, a cristallisé les tensions en Europe. L’immense "frontière verte" (ou forêt de Bialowieza) est ainsi devenue une sinistre zone grise, symbolisée par l'édification par la Pologne d'un mur antihumaniste et écocidaire... Agnieszka Holland dresse ici un réquisitoire à l’égard de l'ex-gouvernement ultraconservateur de son pays tout en mettant en lumière ceux qui ont pris des risques pour sauver des vies. Une édifiante leçon d’humanité. Selina Aït Karroum

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D’Agnieszka Holland, avec Jalal Altawil, Maja Ostaszewska, Behi Djanati Ataï, Mohamad Al Rashi, Tomasz Wlosok… Sortie le 07.02


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IL FAIT NUIT EN AMÉRIQUE

© The Dark

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Présences animales

Ancienne étudiante du Fresnoy de Tourcoing, Ana Vaz filme sa ville natale de Brasília comme un territoire hybride. Sous son regard, la capitale brésilienne devient à la fois refuge et prison pour des animaux sauvages chassés de leur habitat par le développement urbain et la monoculture. Brasília, à perte de vue. La caméra pivote sans qu'une brèche n'apparaisse dans la muraille urbaine, empilement de gratte-ciels semblant repousser au loin les montagnes. Au vrombissement d'un avion se substituent bientôt des martèlements métalliques, des râles inquiétants, des grondements interminables, toute une jungle de sons féroces. Cela pourrait être la fin d'une agonie ou le début d'une révolte. Essentiellement tourné dans le zoo de la mégalopole, avec de la pellicule 16 mm périmée, le premier long-métrage d'Ana Vaz plonge la capitale brésilienne dans une "nuit américaine". À travers ce filtre bleuté, un autre monde se dévoile. Singes, tapirs, tamanoirs ou serpents tentent de se frayer un chemin dans la ville. La cinéaste renverse les codes de l'éco-terreur, ce genre dans lequel de vilaines bébêtes menacent le monde, pour interroger la place aujourd'hui accordée aux "animaux non-humains". Ceux-ci sont devenus des exilés. Au mieux, des réfugiés. L'approche documentaire croise des gestes volontiers expérimentaux. De longs plans nous font sillonner une étendue frôlant l'abstraction, quasiment réduite aux constellations de feux tricolores. Il fait nuit en Amérique dépeint ansi l'environnement urbain sous un autre angle, un poil plus sauvage. Raphaël Nieuwjaer

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Documentaire d'Ana Vaz. Sortie le 21.02


Rod Glacial Polar 80 (Le Chat qui fume)

Thibaut Allemand

Harry Grey Il était une fois en Amérique (Éditions Sonatine)

On ne présente plus Il était une fois en Amérique, chef-d’œuvre proustien de Sergio Leone. À l’origine, un roman paru en 1952, jamais traduit en français et signé Harry Grey, alias Herschel Goldberg. Cette figure de la Yiddish Connection mit quelques années de prison à profit pour signer une œuvre lucide et subjective sur les mafias (juives, italiennes) qui croquaient la Grosse Pomme. Grey y dépeint la pauvreté de son quartier new-yorkais, évoque les casses, arnaques et autres sales coups dans un style clair, à la franchise désarmante et rehaussé de pas mal d’humour. Auteur de la passionnante préface, Leone n’adaptera pas le livre à la lettre. Raison de plus de découvrir cet autre monument, avant de visionner, une énième fois, ces quatre heures de pellicule. 624 p., 24,90€. Thibaut Allemand 53

Tous les cinémas possèdent leur encyclopédie, de la SF aux films de zombies. Tous, sauf cette vague qui submergea la France des années 1980 : le polar. Influencée par l’Amérique de L’Inspecteur Harry et le Poliziottesco italien, cette tendance dura dix ans et concerna des dizaines d’acteurs et de réalisateurs. Dans cet ouvrage, Rod Glacial en interviewe certains (Lhermitte, Balmer, Arcady…), en manque d’autres (Lanvin, Berry…) mais recontextualise pas loin de 300 œuvres. C’est érudit, enlevé, souvent drôle, et rappelle que non, le polar français ne se résume pas aux Tontons flingueurs et au triste Olivier Marchal. Beaucoup de ces films n’ont jamais été réédités, hélas, mais on sait qu’en 2024, on peut à peu près tout retrouver, en cherchant bien. 380 p., 25€.


PHOTOBRUSSELS FESTIVAL Vision panoramique

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Plus d’une cinquantaine de lieux d’exposition, des artistes issus du monde entier, confirmés ou émergents, des rétrospectives en pagaille, des portraits, des reportages, des performances… Ne cherchez plus : durant un mois, Bruxelles se mue en capitale de la photographie ! Initié par le Hangar en 2016, le PhotoBrussels Festival inaugure sa huitième édition, et met à l’honneur les multiples facettes d’un art en perpétuelle réinvention. Focus sur quelques temps forts.


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expos

Embrace Red © Derrick O. Boateng

Page de gauche : Untitled, 1993 © Jacques Sonck, Courtesy Gallery FIFTY ONE

siècle, celui-ci s’employa à capter la singularité de l’être humain, au hasard de ses déambulations dans

« Favoriser la diversité des approches » les rues belges. Pris au débotté, ses portraits en noir et blanc subliment une faune de personnages originaux. Ils soulignent leur attitude, leur style ou leur morphologie. a 55

Certes, à l’ère du smartphone, l’image est partout, mais quid de la photographie ? À Bruxelles, elle rayonne. Pas de thème imposé ici, mais une multitude de sujets et de techniques. « Notre objectif est avant tout de démocratiser cet art, en favorisant la diversité des approches », soutient Tina Rainoldi, la coordinatrice générale de l’événement. Voilà qui ne déplaira pas à Jacques Sonck. Durant un demi-


Generations of Resilience, série Not Like Us © Lisa Bukreyeva

Dans le portfolio de cet admirateur d’Irving Penn ou de Diane Arbus, une dame âgée aux faux airs d’Elton John, emmitouflée dans un dantesque manteau de fourrure, côtoie par exemple un adolescent aux jambes interminables. À travers ces modèles fantaisistes, « il remet en cause la notion floue de normalité ». Le Gantois présente une vaste rétrospective de son travail à la Fondation A, l’un des… 56 lieux d’exposition du festival !

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Mise au point Impossible de tous les citer, mais parmi les temps forts, on ne manquera pas Generations of Resilience,

au Hangar. L’accrochage met en regard trois générations d’artistes ukrainiens. De l’emprise soviétique des années 1970 à la guerre actuelle, de l’immense Boris Mikhaïlov aux photographes émergents, ceux-ci luttent perpétuellement pour leur indépendance.

« Remettre en cause la notion de normalité » Leurs images témoignent d’un quotidien difficile, bien sûr, mais laissent également poindre une énergie vitale, à l’instar du travail de Lisa Bukreyeva. La Kiévienne a saisi la jeunesse de son pays au fil


Generations of Resilience, extrait de Yesterday's Sandwich © Boris Mikhaïlov

Colore le monde Au fil de cette déambulation dans la capitale européenne, on découvrira de grands noms (tel l’Israélien Michael Ackerman) et des artistes encore méconnus, mais qui ne devraient pas le rester longtemps. Tenez : Derrick Ofosu Boateng. Au Brussels African Art Center, ce Ghanéen dévoile des scènes "feel good" saturées de couleurs (et de sourires) de la jeunesse africaine. À rebours des clichés misérabilistes accolés au continent, ses images sont toutes prises et éditées avec…

un iPhone. Car au final, peu importe l’outil, pourvu qu’on ait le regard. Julien Damien Bruxelles, jusqu’au 25.02, divers lieux et tarifs, photobrusselsfestival.com Sélection / Exposition collective - Generations of Resilience (Hangar, jusqu’au 23.03) // Ève Cadieux - I Have Seen the Future (Atomium, jusqu’au 25.02) // Michael Ackerman - Light. Darkness. (and some Smoke) - (box galerie, jusqu’au 02.03) // Derrick Ofosu Boateng - Capture(s) Viewing Room #03 (Brussels African Art Center, jusqu’au 31.03) // René Bertrand - Femmes du Sud du Maroc (1933-1967) (Centre culturel espace Magh, jusqu’au 29.02) // Jacques Sonck (Fondation A, jusqu’au 31.03) // Lucas Leffler (Lee Bauwens Gallery, jusqu’au 25.02) À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com 57

de compositions vibrantes, comme ces scènes prises en boîte de nuit ou dans des salles de concerts.


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Colonized © Steve Bandoma


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LILLE ART UP !

Exquises esquisses Plus grande foire d’art contemporain en région, Lille Art Up ! célèbre une nouvelle fois la création sous toutes ses formes. Ouvert aux collectionneurs chevronnés comme aux néophytes, ce rendez-vous séduit par son éclectisme et son sens de l’accueil – il a attiré quelque 30 000 visiteurs en 2023. Au programme de ces quatre jours ? Plus de 100 galeries françaises et internationales, trois expositions et un fil conducteur : le dessin. En voici les grandes lignes.

Untitled © Evdoxia

Moonment © Sizhu Li

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L’art dans tous ses états, et pour tous. À rebours de l’élitisme que suppose ce genre d’événement, cette foire mise avant tout sur des valeurs chères au nord de la France : « le partage et la convivialité », souligne Marie-Françoise Bouttemy, la directrice artistique. Cette volonté s’incarne à merveille dans le choix de la thématique de cette 16e édition, centrée sur le dessin, qui résonne en chacun de nous. « Il y a un côté très accessible, et même intime avec cette technique, car on a tous dessiné étant gamin ». C’est aussi la première forme d’expression artistique humaine… et pas la moins riche. « Je ne m’attendais pas à autant de découvertes », confie d’ailleurs l’intéressée. Parmi la centaine de galeristes présents à Lille, une trentaine ont joué le jeu, révélant des artistes singuliers, a


© Renaud Wailliez

à l’image de Steve Bandoma. Le Congolais dévoile de grands formats réalisés au crayon et à l’encre sur papier représentant une humanité chaotique, mais avec une bonne dose de dérision. Citons également les œuvres en fil de fer de la Grecque Evdoxia. Aériennes, épurées, ses installations s’apparentent à des dessins en trois dimensions, faisant plus que jamais sortir cet art de son cadre. Le violon d’Ingres de David Lynch Comme chaque année depuis 2012 ans, on ne manquera pas non plus Revelation, exposition nourrie par les travaux d’étudiants de l’Eurorégion. Parmi eux Nina Aouadi, de l’UPHF de Valenciennes, qui trace littéralement des figures de feu dans l’air, immortalisées en photos et vidéos. Dans le même esprit, du côté des jeunes artistes internationaux (Interfaces), on admire les gigantesques feuilles d’aluminium de la Chinoise Sizhu Li. Sous l’effet de ventilateurs, celles-ci ondulent et ébauchent dans l’espace d’étonnantes arabesques. Enfin, cherry on the cake, on (re)découvre quelques trésors du Musée du dessin et de l'estampe originale de Gravelines. Situé au cœur de la foire, l’accrochage dévoile les planches xylographiques (sur bois) du Belge Olivier Deprez, ou encore les lithographies d’un certain David Lynch (!), entre autres exquises esquisses… Julien Damien

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Lille, 08 > 11.02, Lille Grand Palais, jeu : 11h-23h • ven : 11h-20h • sam : 10h-20h • dim : 10h-19h 18 > 12€ (gratuit -16 ans), lilleartup.com



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René Magritte, Les Idées de l’acrobate, 1928 © Succession René Magritte / Sabam Belgium, 2024 – photo : bpk | Bayerische Staatsgemäldesammlungen


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IMAGINE !

Aux sources du surréalisme Cent ans après la publication de son manifeste par André Breton, le 15 octobre 1924, le surréalisme est partout. À l'occasion de cet anniversaire, les expositions fleurissent à travers le monde. Bruxelles n'est pas en reste, évidemment ! Tandis que Bozar focalise sur l'histoire belge du mouvement, les Musées royaux des beaux-arts de Belgique s'intéressent à ses racines, l'observant sous le prisme symboliste. Tout a-t-il déjà été dit sur le surréalisme ? Oh, loin de là, comme en témoigne cette exposition itinérante. Montée à l'initiative du Centre Pompidou, celle-ci passera par Paris donc, mais aussi par la Kunsthalle de Hambourg, la Fondation Mapfre de Madrid, le Philadelphia Museum of Art et, bien sûr, les Musées royaux des Salvador Dalí, La tentation de saint Antoine, 1946 Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres / Sabam Belgium, 2024 beaux-arts de Belgique, ©photo : J. Geleyns – Art Photography qui ouvrent ce parcours international. « Chaque musée accueille le noyau dur de l'accrochage et développe une approche particulière, en lien avec son héritage », précise Francisca Vandepitte, conservatrice de l'art moderne au sein de l'institution bruxelloise, qui s'intéresse à un précurseur du surréalisme : le symbolisme.

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Au-delà du réel À la fin du xixe siècle, ce mouvement a le vent en poupe. Face à la révolution industrielle et l'essor de la science, les artistes partent en quête d'un sens caché de la réalité, d'un idéal plus mystérieux et poétique. La Belgique est à l'avant-garde. Citons le Gantois Maurice Maeterlinck, auteur de Pelléas et Mélisande, ou le peintre Fernand Khnopff, dont on admirera à Bruxelles l'étrange mélancolie de La Méduse endormie - qui fit aussi son a


Max Ernst, L’ange du foyer (Le triomphe du surréalisme), 1937 © Sabam Belgium, 2024

petit effet sur Magritte. En tout cas, leur influence sera prégnante sur la génération suivante. Clause d'inconscience Intitulée Imagine !, comme une injonction à l'évasion, cette exposition est ainsi rythmée par « les thématiques du rêve, du labyrinthe, de la métamorphose, de l’inconnu et du subconscient », qui infusent chez les symbolistes comme les surréalistes. Au fil de plus de 130 œuvres sont mis en regard les deux courants, avec leurs similitudes et leurs différences. La plus importante ? « Leur position face à l'inconscient. Le symboliste sait à quelle image il veut aboutir, le surréaliste le découvre à travers la création et des méthodes inspirées par la psychanalyse, l'hypnose ou le cadavre exquis ». À Bruxelles se côtoient Max Ernst, Giorgio de Chirico, Salvador Dalí, Joan Miró, Man Ray ou même... Paul Klee et Jackson Pollock ? « Oui, car il s'agissait de sortir des cases, de montrer à quel point le surréalisme est avant tout un mouvement libérateur ». Et d'ouvrir toujours plus le champ des possibles. Julien Damien

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Bruxelles, 21.02 > 21.07, Musées royaux des beaux-arts de Belgique mar > ven : 10h-17h • sam & dim : 10h-18h, 18 > 6€ (gratuit -6 ans), fine-arts-museum.be


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Max Ernst, La Toilette de la mariée, 1940 © Sabam Belgium, 2024


René Magritte, Le Double secret, 1927 © succession Magritte – Sabam Belgique 2023

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Marcel Mariën, Le Tao, 1976, © Fondation Marcel Mariën – L’activité surréaliste en Belgique


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expos

XAVIER CANONNE

Rendons à André Breton ce qui lui appartient. Oui, l'écrivain français a signé Le Manifeste du surréalisme, en 1924. Pour autant, au même moment, le mouvement prenait également racine en Belgique. Son théoricien est un poète qui, tout au long de sa vie, s'est moqué de la notion même d'œuvre : Paul Nougé. À Bruxelles, Bozar choisit cet autoproclamé « ouvrier des lettres » comme fil conducteur d'une exposition retraçant 75 ans de surréalisme belge. Baptisée Histoire de ne pas rire, celle-ci rassemble 150 documents et quelque 260 créations signées René Magritte, Jane Graverol, Paul Delvaux, mais aussi Max Ernst ou Salvador Dalí. Xavier Canonne, commissaire de l'événement et spécialiste du sujet, remet les points sur les "i". D'abord, qu'est-ce que le surréalisme ? Pour moi c'est une attitude, un état d'esprit. Avant d'être un courant esthétique, c'est un mouvement philosophique, poétique et politique. Il a compté des poètes, des peintres, des photographes... Comment définiriez-vous cet état d’esprit ? C'est ne pas se contenter de ce qu'André Breton appelait le "donné". En envisageant le monde, non pas selon des angles économiques ou

politiques, mais d’une façon plus poétique. En quoi diffèrent les surréalistes belges et français ? Selon l'endroit où on se place, à Paris ou Bruxelles, la part de l'inconscient dans la création n'est pas la même. Paul Nougé, qui est la tête pensante du surréalisme en Belgique, a toujours refusé l'automatisme. Pour lui, toute action artistique doit être calculée, préméditée, car il s'agit de transformer le réel. C'est la grande différence a 67

© Musée de la photographie de Charleroi

Une histoire belge du surréalisme


Salvador Dalí, L'Énigme du désir, 1929 © Sabam Belgique 2023. Photo : bpk / Bayerische Staatsgemäldesammlungen

avec le mouvement surréaliste en France. La peinture de Magritte traduit bien cette pensée. Elle est tout sauf spontanée, et répond à des questions concrètes, interrogeant notre relation au vocabulaire, aux objets...

« Envisager le monde d’une façon plus poétique »

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André Breton est français. Alors pourquoi dit-on de la Belgique que c'est le "pays du surréalisme" ? D'abord, et c'est ce que je vais tenter de démontrer dans cette exposition, la Belgique est premier

ex-æquo avec la France dans la naissance de ce mouvement, car Le Manifeste du surréalisme est publié fin octobre 1924, et les premiers tracts de la revue Correspondance de Paul Nougé datent de novembre 1924. Maintenant, on définit la Belgique comme "le pays du surréalisme" mais c'est un dévoiement du langage. Ce terme est employé à tout bout de champ, pour désigner des situations absurdes ou incongrues. Depuis hier, j'ai entendu ce mot dix fois ! Mais on le vide de sa substance. Pourquoi avoir intitulé cette exposition Histoire de ne pas rire ? En premier lieu, parce que c'est le titre des premiers écrits de Paul


« Le surréalisme belge n'est pas une plaisanterie ! » Bien sûr il y a de l'humour ici, mais il est grave, ce n'est pas de la plaisanterie ! Son but n'est pas seulement de faire rire, c'est aussi une arme. Comment avez-vous conçu cette exposition ? Elle est à la fois chronologique et thématique. Elle s'ouvre sur la situation de l'art en Belgique en 1922, avec des tableaux futuristes, modernistes, à l'image des premiers travaux de Magritte. On voit ensuite apparaître Giorgio de Chirico, Paul Nougé. Le parcours fonctionne un peu par "noyaux", montrant à la fois l'évolution de ce mouvement et les contacts avec le groupe français. On dévoile ainsi des œuvres de Dalí, Man Ray, Miró... Comment avez-vous choisi les œuvres ? Elles offrent une vision assez complète de 75 années d’activité surréaliste. Il a donc fallu ménager

un équilibre entre les époques et témoigner de la variété de ce courant. Le parcours n'est pas linéaire car on favorise un "entrechoc" d'œuvres. De quelle façon ? Il n’y a aucun tableau aux murs. Les œuvres et les vitrines s'offrent au milieu des différents espaces. Les scénographes proposent des accrochages ressemblant à ceux des surréalistes, qui bouleversaient les codes muséaux. Les toiles sont parfois placées très bas ou très haut, tel un patchwork. Le surréalisme est-il toujours bien vivant ? On a plutôt affaire à un état d’esprit qui se diffuse dans les créations. D’ailleurs, plus personne ne se réclame du surréalisme, ou alors c’est suspect. Ce n'est pas parce qu’on représente une femme nue sur un sol à carreaux dans un décor de Rome antique qu’on est surréaliste ! Le mouvement perdure davantage dans l’attitude de certaines personnes vis-à-vis du monde, sans nécessairement créer. On peut être surréaliste et ne rien faire ! Propos recueillis par Julien Damien Histoire de ne pas rire. Le surréalisme en Belgique Bruxelles, 21.02 > 16.06, Bozar, mar > dim : 10h-18h, 18 > 2€ (gratuit -6 ans), bozar.be À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com 69

Nougé, rassemblés et publiés par son ami Marcel Mariën en 1956. Et puis je voulais battre en brèche cette idée que le surréalisme belge serait de la rigolade, comme les pralines, les schtroumpfs ou les majorettes tant qu'on y est !


Edgar Degas, Petite danseuse de quatorze ans, 1921-1931 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda // Camille Claudel, La Petite Châtelaine, 1895-1896 © Roubaix, La Piscine-musée d’Art et d’Industrie André Diligent / Alain Leprince // Auguste Renoir, Le Garçon au chat, 1868 © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Les enfants impressionnistes du musée d'Orsay L'impressionnisme fête son 150e anniversaire, et s'expose partout en France. Pour l'occasion, le Musée d'Orsay prête ses trésors. La Piscine accueille ainsi au cœur de son parcours permanent, dans la salle consacrée au thème de l'enfance, trois tableaux signés Degas, Pissarro et Renoir mais également une sculpture du précité Degas, la Petite danseuse de 14 ans. Dialoguant avec des pièces de l'institution roubaisienne (dont l'incontournable Petite châtelaine de Camille Claudel), ces œuvres livrent des visions iconoclastes de la jeunesse, à l'instar du troublant Garçon au chat de Renoir. On peut avoir un siècle et demi et aucune ride ! É.C. Roubaix, 17.02 > 26.05, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • dim : 13h-18h 11/9€ (gratuit -18 ans), roubaix-lapiscine.com

Rémy Hans C’est un bleu à nul autre pareil. Presque cyan, mais pas tout à fait. Il est aussi élégant que fragile, comme sur le point de s’estomper au premier regard. Cette couleur traverse l’œuvre de Rémy Hans, et lui offre toute sa singularité. Le lauréat du Prix du Hainaut des arts plastiques en 2020 investit le Musée des beaux-arts de Tournai et revisite l’œuvre de l'architecte Victor Horta à la faveur d’un accrochage empli de poésie et de symboles. J.D.

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Rémy Hans © Musée des beaux-arts de Tournai

Tournai, 13.05, Musée des beaux-arts, lun > sam : 9h30-12h & 14h-17h • dim : 14h-17h, 4/3€ (gratuit -6 ans), mba.tournai.be


8 EDITION 56 LOCATIONS 3OO ARTISTS th

— 56 expositions célèbrent le médium de la photographie dans des galeries, centres d’art, musées répartis dans Bruxelles. Une occasion unique de découvrir des artistes, des oeuvres et des lieux !

25.O1.25.O2.24


James Barnor © James Barnor, Courtesy of Galerie Clémentine de la Féronnière

C'est une légende de la photographie africaine. Désormais âgé de 94 ans, James Barnor bénéficie d'une grande rétrospective à Anvers. Une ville qu'il connaît bien : c'est ici qu’il s’est formé au procédé de développement d’Agfa-Gevaert, avant de retourner au Ghana en 1970 pour ouvrir le premier laboratoire de photo couleur du pays. Baptisée Studio of Life, cette exposition révèle toute la richesse de son travail, entre scènes de rue célébrant une jeunesse en quête de liberté et portraits glamour.

Anvers, jusqu’au 10.03, FoMu, mar > dim : 10h-18h, 12 > 5€ (gratuit -18 ans), fomu.be

Le Lombard

Peter Knapp

Blake et Mortimer, Michel Vaillant, Thorgal et... Le Journal Tintin, bien sûr ! Maison culte, les éditions du Lombard célèbrent leurs 77 ans au dernier étage du CBBD. Conçue comme un showroom, nourrie de documents inédits et d’images d'archives, cette rétrospective revient sur la genèse de cette "affaire de famille" et un catalogue d'une immense richesse, avec ses défricheurs, ses figures emblématiques et ses (nombreux) francs-tireurs.

C'est l'homme qui a relooké la presse française, à l'orée des années 1960. Peter Knapp fut notamment directeur artistique du magazine Elle, et traduira comme peu d'autres l'émancipation féminine, avec ses mannequins en apesanteur ou aux allures de cosmonautes. Le Suisse contribua surtout à offrir ses lettres de noblesse à la photographie de mode, alors considérée comme un genre mineur. Cette exposition rend hommage à un avantgardiste, dont l'œuvre nourrit les évolutions de notre temps.

Bruxelles, jusqu'au 25.08 CBBD, mar > dim : 10h-18h 13 > 4€ (gratuit -6 ans), cbbd.be

Charleroi, 03.02 > 26.05, Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be

Mineurs d’Ukraine Le travail à la mine est affaire de courage et de fraternité. Ces valeurs s'incarnent dans les images de Youry Bilak. Né dans l’Ain de parents réfugiés ukrainiens, l'artiste a sillonné entre 2005 et 2012 les mines de l’ouest et de l’est de son pays d'origine pour photographier le quotidien des "gueules noires". Il présente à Lewarde 26 de ses œuvres. Entre portraits et scènes de travail, ces clichés empreints d'humanité rendent hommage à la bravoure d'un peuple aujourd'hui meurtri par la guerre

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Lewarde, jusqu'au 10.03, Centre historique minier lun > sam : 13h-17h • dim : 10h-17h 6,70 / 7,70€ (gratuit -5 ans), chm-lewarde


Les enfants impressionnistes

du musée d’Orsay

17 fév. — 26 mai 2024

La Piscine

Roubaix

roubaix-lapiscine.com

Edgar Degas (1834-1917), Petite danseuse de quatorze ans, date du modèle : entre 1878 et 1881, date de la fonte : entre 1921 et 1931. Paris, musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda

Roubaix La Piscine


Moloch, Belzébuth, à moi ! Couverture Journal Tintin 19 sep 47 © Paul Cuvelier

C'est le chef-d'œuvre de Paul Cuvelier (1923 -1978). Parues pour la première fois dans l'édition inaugurale du Journal Tintin, le 26 septembre 1946, les aventures de Corentin Feldoë ont captivé des générations de lecteurs par l'exigence du trait, la finesse d'écriture. Son héros est un orphelin breton, naviguant jusqu'en Inde accompagné par le tigre Moloch et le gorille Belzébuth. Pour le centenaire de la naissance de l'auteur, voici réunis planches originales et travaux préparatoires d'un géant de la BD belge.

Mons, jusqu'au 18.02, Salle Saint-Georges, mar > dim : 12h-18h 2/1€, sallesaintgeorges.mons.be

Fares Cachoux

Fashion Victims

Né en Syrie, désormais installé en France, Fares Cachoux s’est révélé avec des œuvres pop, minimalistes et résolument engagées. Quelque part entre le graphisme et la peinture, ses créations dénoncent les horreurs de notre époque, de la tyrannie dans son pays natal à l’obscurantisme religieux. Publiées dans de nombreux journaux, mais aussi les manuels scolaires, ses images décryptent l’actualité avec une acuité et un sens de l’ironie évoquant les pochoirs de Banksy – l’un de ses complices.

Fermé pour cause de travaux de rénovation, le Musée des beaux-arts de Valenciennes prend l'air. Après Homo Ludens, cette nouvelle exposition extérieure conjugue peinture, sculpture et mode. Sélectionnées après un vote du public sur le net, dix œuvres témoignent du bon goût des "fashionistas" des collections du Hainaut. De la robe sertie de pierres précieuses d'Elisabeth de France au drapé à l'antique d'Abel de Pujol, on admire maintes prouesses artistiques... et un sacré défilé !

Tourcoing, 16.02 > 14.07, Institut du monde arabe, mar > dim : 13h-17h45 5/4€ (gratuit -6 ans), ima-tourcoing.fr

Valenciennes, jusqu'au 11.03, Espaces verts autour du Musée des beaux-arts, gratuit musee.valenciennes.fr

Anselm Kiefer Anselm Kiefer est connu pour ses peintures, installations et sculptures souvent monumentales. Son œuvre est traversée par une fascination pour le mythe et l’Histoire, en particulier le souvenir de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, le plasticien allemand a toujours placé la photographie au cœur de son travail. C’est justement sur cette pratique que focalise le LaM, lors d'une incursion inédite dans la chambre noire d'un alchimiste de la mémoire.

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Villeneuve d’Ascq, jusqu'au 03.03, LaM, mar > dim : 10h-18h, 11/8€ (gratuit -18 ans), musee-lam.fr


© Peter Knapp

PETER KNAPP

MON TEMPS Une exposition de la Fotostiftung Schweiz, Winterthur, en collaboration avec le Musée de la Photographie. Avec le soutien de Pro Helvetia

MUSÉE DE LA PHOTOGRAPHIE CHARLEROI

26.5.2024

WWW.MUSEEPHOTO.BE


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© Patrick Fouque


théâtre & danse

TANIA DUTEL

Une fille du cru Pertes blanches, masturbation, expérience avec un fétichiste des pieds… Non, Tania Dutel n’a aucun tabou. Humoriste de l’intime (donc universelle), elle raconte sa vie de façon, disons, "cash", sans jamais sombrer dans la provocation facile. Originaire du Beaujolais, celle qui est aussi chroniqueuse sur France Inter (dans Zoom Zoom Zen) s'est découvert une passion pour le stand-up devant un spectacle de Mustapha El Atrassi. Après des débuts dans un registre absurde, elle a donné à son écriture un ton plus féministe en 2016, désacralisant des sujets longtemps réservés à ses confrères masculins. Son nouveau spectacle, Les autres, est déconseillé aux moins de 16 ans mais recommandé à celles et ceux qui aiment rire de tout, mais pas n'importe comment.

D'où vous vient cette propension à évoquer des sujets aussi intimes... Le fait de raconter sa vie est propre au stand-up. Mine de rien, dans les comedy clubs, on entend beaucoup de trucs persos. Disons que je vais peut-être plus loin que d'autres. D'ailleurs, on dit souvent de mon humour qu'il est "trash", mais je n'aime pas trop ce qualificatif. "Cru", à la rigueur...

Vous abordez aussi des thèmes qu'on n'a pas l'habitude d'entendre sur scène, comme le trouble alimentaire par exemple... Est-ce une forme de catharsis ? Pour moi l'humour n'est pas une thérapie. C'est plutôt une façon d'aborder librement un sujet jugé honteux, et je crois que ça fait du bien aux gens qui en souffrent. Il m'a fallu 20 ans pour prendre conscience de cette maladie, qui touche d'ailleurs du monde, des femmes comme des hommes, sans qu'ils s'en rendent forcément compte.

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De quoi parle votre spectacle ? Principalement de choses que j'ai vécues, j'exagère des anecdotes personnelles, mais très peu en fait ! Pas même la fois où un mec m'a invitée dans les catacombes de Paris, pour un premier "date".


« Je ne me fixe aucune limite » N'est-ce pas une forme de sexisme ? Quand les hommes se montrent grossiers sur scène, on ne leur fait pas ce procès... Eux diront le contraire, mais c'est complètement ça ! En général, ça gêne les hommes quand les femmes abordent sur scène des sujets touchy, comme la sexualité. Beaucoup de filles aussi d'ailleurs. Je pense que ça tient du conditionnement.

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Pourtant, lorsque vous avez débuté, vous étiez dans un registre plus absurde, n'est-ce pas ? Oui, j'ai commencé fin 2008, j'avais eu mon bac l'année précédente ! J'étais très jeune et c'était bien avant la vague MeToo, qui a aussi bouleversé les codes de l'humour en permettant aux femmes de s'exprimer plus librement.

© Patrick Fouque

Lorsque vous écrivez, vous fixezvous des limites ? Aucune, en tout cas plus maintenant. Avant, j'essayais de proscrire les mots grossiers sur scène, de faire attention à ce que je disais, mais on me jugeait malgré tout vulgaire... alors j'y suis allée à fond ! Ma seule crainte c'est de blesser les gens, c'est pour ça que je ne parle que de moi.

Est-ce MeToo qui vous a fait changer de registre ? Non, j'ai commencé à causer de sexualité sur scène un an avant l'apparition de ce mouvement, en 2016. Quel fut le déclic, pour vous ? J'ai grandi dans une famille assez traditionnelle, avec les codes du patriarcat, comme beaucoup. Mais c'est vraiment lorsque j'ai débuté le stand-up, à Paris, que j'ai subi la misogynie et le sexisme des humoristes, dans les comedy clubs. Ça m'a révoltée, alors j'ai commencé à parler de ce dont j'avais envie. Pourquoi les gars raconteraient-ils ce qu'ils veulent sur scène et pas nous ? Propos recueillis par Julien Damien Lille, 16.02, Théâtre Louis Pasteur (Grand Palais) 20h, 30€ tumetonnesproductions.com


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

Fallait pas

le dire

de Salomé Lelouch

Photo : Isabelle De Beir

Avec Catherine Conet, Alain Leempoel, Hélène Theunissen et Bernard Yerlès.

Mise en scène : Alain Leempoel Scénographie : Noémie Vanheste Costumes : Chandra Vellut Lumières : Laurent Comiant

 www.trg.be

02 512 04 07

Du 7 février au 3 mars 2024 En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge


DRÔLES DE DAMES

© DR

Stand-up, spectacle de vulgarisation, improvisation, seule en scène... Chacune dans un style différent, ces artistes irrévérencieuses, grinçantes ou poétiques (mais pareillement talentueuses) nous prouvent que l'humour est définitivement une affaire de femmes. Franchement, qui en doutait encore ? Julien Damien

Alison Wheeler Comme Panayotis Pascot, Alison Wheeler quitte la télévision pour la scène. À rebours de son personnage survolté dans Quotidien, elle dresse ici l'autoportrait sensible d'une trentenaire en prise avec les affres de l'âge (c'est-à-dire « admissible à la congélation d'ovocytes ») et de l'amour (« je suis celle juste avant celle qu'on épouse : un centre de formation »). Baptisé La Promesse d'un soir (qu'on ne tient pas le lendemain), le spectacle mêle stand-up, sketchs vidéo et... chansons ? Eh oui. Fan de télécrochets, la Franco-Irlandaise libère sa (jolie) voix, accompagnée d'un pianiste, sans jamais se départir d'un grain de folie. 80

Lille, 29.02, Théâtre Sébastopol, 20h, complet !, theatre-sebastopol.fr Bruxelles, 02.04, Centre culturel d'Auderghem, 20h, 39€, ccauderghem.be


© Fred Stucin

© Audoin Desforges

Rosa Bursztein

Marine Baousson

Ne surtout pas se fier à son air de jeune fille sage : Rosa Bursztein est du genre culotté. Cette ancienne comédienne reconvertie dans le stand-up cause sexualité sans détour. Dans ce deuxième spectacle (Rosa), la créatrice du podcast Les Mecs que je veux ken « dédramatise le cul » en parlant de son corps, de célibat, de plaisir féminin ou de ses coups d'un soir foireux, toujours en arborant un désarmant sourire. Pour mieux nous donner la banane, sans doute...

Marine Baousson serait-elle "vulgaire", comme l'annonce le titre de son spectacle ? C'est plutôt une as de la vulgarisation humoristique. « J'aime comprendre des trucs et les expliquer avec des blagues », précise-t-elle. Accompagnée par son musicien de frère, au fil d'un show interactif (le public choisit les thèmes), elle nous raconte la destinée de Raspoutine, la conquête de la Lune, les secrets des francsmaçons... Ou comment rire en étant moins bête !

Lille, 02.02, Théâtre Louis Pasteur, 20h, 26€ Bruxelles, 03.04, CC d'Auderghem, 20h, 30€ Roubaix, 29.05, Colisée, 20h, 39 > 15€

Lille, 17.02, Théâtre Louis Pasteur, 20h, 30€ Namur, 23.03, Le Caméo, 20h, 22/17,60€

© Audrey Knafo Ohnona

Elena Nagapetyan Faire rire avec un accent russe n'avait rien d'évident... mais c'est justement tout le charme d'Elena Nagapetyan. Originaire du pays de Tolstoï, la stand-uppeuse s'est révélée sur le net en racontant sa vie de maman célibataire ou d'expatriée « Je suis installée en France depuis 13 ans, j'ai connu trois présidents mais n'ai pas retenu leur nom. Pour une Russe, c'est trop de présidents...». Audelà de son sens de la formule, l'autoproclamée "milf" est aussi une pro de l'impro. 81

Lille, 02.03, Le Splendid, 20h, complet ! // Woluwe-Saint-Pierre, 22.05, W:Halll, 20h, 32€


© JC Carbonne

MYTHOLOGIES

Les yeux dans les dieux D'un côté, une légende de la danse contemporaine. De l'autre, une figure majeure de l'electro mondiale. Leur rencontre ne pouvait que produire des étincelles. Dans Mythologies, le chorégraphe Angelin Preljocaj explore les mythes fondateurs de l'humanité, sur une musique orchestrale de l'ex-Daft Punk Thomas Bangalter. Sur un plateau noir et nu, rapidement secoué par un maelstrom de couleurs, de sons et de mouvements, se succèdent une vingtaine de tableaux. Dansé par 20 interprètes, chacun d'eux illustre une mythologie, issue de la Grèce antique ou contemporaine. Les scènes sont suggérées, s'apprécient comme autant d'allégories. On reconnaît par exemple les Amazones, vêtues de robes et munies d'arc, aussi gracieuses qu'aguerries. Puis viendront Zeus, Arès ou le Minotaure affamé, cherchant une proie féminine dans son labyrinthe. Puissamment évocateur, le ballet est porté par la musique, non pas électronique, mais orchestrale de Thomas Bangalter, tour à tour lyrique ou plus nerveuse. En fond de scène, un écran projette tantôt un décor, tantôt des images plus actuelles, comme celles du conflit ukrainien... On comprend alors la volonté d'Angelin Preljocaj : confronter les mythes et la réalité. Montrer comment l'humanité reproduit ses crimes par-delà le temps, des violences faites aux femmes aux guerres incessantes. « Les mythologies révélaient nos nombreuses erreurs, insiste le chorégraphe. Cela devrait nous servir de leçon mais l’Histoire bégaye. Les mêmes horreurs se répètent... ». Reste donc l'art, pour les dénoncer. J. D.

82

Roubaix, 09 & 10.02, Colisée, ven : 20h • sam : 15h & 20h, 46 > 15€, coliseeroubaix.com


Sam 17 → ven 23.02

Semaine du violoncelle La

Arsonic – Mons BE

Roshko Brothers & Voytek Proniewicz / Duo La Gioia / Ô-Celli / Fernando Espírito Santo / Sigrid Vandenbogaerde / Art Zoyd & Musiques Nouvelles / Glaise / Pierre Fontenelle.

www.surmars.be


© Gaëtan Fritsch

OUT OF THE BLUE L'envie aquatique

Peut-on encore inventer de nouvelles disciplines de cirque ? Oui, grâce à l’apnée, répondent les acrobates Sébastien Davis-VanGelder et Frédéri Vernier. Le duo livre une performance poétique et inédite au Boulon, en s’immergeant dans... un aquarium de 8 000 litres. Ces deux-là ont du souffle, et des idées. Formé au cirque dès l’enfance, Frédéri Vernier s’est révélé sur le tard dans la pratique de l’apnée, qu’il aborde presque comme une thérapie. Sébastien Davis-VanGelder a fait, lui, le chemin inverse : c’est dans les piscines qu’il s’est épanoui, pratiquant la natation sportive à haut niveau, avant de plonger la tête la première dans le cirque contemporain, à 23 ans. Réunissant leurs compétences, ces deux artistes ont imaginé au printemps 2022 Out of the Blue, un ballet où la voltige, les portés et saltos s’effectuent… dans l’eau ! Après tout, « on commence notre vie en apnée dans le liquide amniotique », observe le second. Une fois en flottaison, retenant leur respiration jusqu’à quatre minutes, ces deux porteurs d’1,90 m s’éloignent de la pesanteur terrestre pour enchaîner les tableaux avec grâce, et un sérieux sens de l’humour. Ils réinventent la notion d’acrobatie avec ce nouvel agrès que constitue le bassin. Sont-ils des sirènes, des hommespoissons, des statues grecques abandonnées au fond de l’océan ? Leur "underwater circus", qui vise à « reconnecter l’humain à ses capacités aquatiques », offre une performance d’art immersif. Du vrai, cette fois, et du genre inoubliable. Marine Durand

84

Vieux-Condé, 09 & 10.02, Le Boulon, 20h30, 10/6€, leboulon.fr // leprato.fr


exclu web

THE ROMEO

16€ la place !

Trajal Harrell

14 & 15 FÉVRIER

Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble

Douai Hippodrome

© Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble

Danse

ART. 13

Compagnie Non Nova Phia Ménard

20 & 21 FÉVRIER Douai Hippodrome

| 09 71 00 5678 | tandem-arrasdouai.eu

©Christophe Raynaud de Lage

Performance


L'Enfant brûlé © Jean-Louis Fernandez

PHÉNIX DE VALENCIENNES Ombre et lumière

En attendant (avec une impatience certaine) le Cabaret de curiosités en mars, voici déjà deux bonnes raisons de prendre la direction du Phénix de Valenciennes. Où l'on se réjouit de voir la nouvelle pièce de Noëmie Ksicova. On l’avait découverte avec Loss, pièce coup-de-poing dans laquelle elle ressuscitait un être disparu, en l'occurrence un adolescent suicidé. Cette fois, la metteuse en scène adapte L'Enfant brûlé, chefd'œuvre du Suédois Stig Dagerman, publié en 1948. L'histoire débute avec un enterrement. Celui de la mère de Bengt, un jeune homme de 20 ans. Sa souffrance se transforme rapidement en violence, à l'égard de tout, et notamment de son père et de sa nouvelle compagne. Quelque part entre le drame familial et le thriller psychologique, au fil d'une mise en scène économe mais terriblement efficace, on assiste à la fin de l'innocence, et la fabrication d'un monstre. Mais de l'ombre à la lumière, il n'y a qu'un pas... que franchit aussi Georges Aperghis dans un autre spectacle. Avec Die Erdfabrik (soit "la fabrique de la terre"), le célèbre compositeur nous plonge dans les profondeurs de la mine de charbon. Imaginé avec l’écrivain et philosophe Jean-Christophe Bailly, ce voyage musical en clairobscur s'accompagne d'un film d'animation, et offre du combustible à notre imaginaire... Julien Damien L’Enfant brûlé : Valenciennes, 08 & 09.02, Le Phénix, 20h, 25 > 5€, lephenix.fr Amiens, 14.02, Maison de la culture, 20h30, 25 > 10€, maisondelaculture-amiens.com

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Die Erdfabrik : Valenciennes, 14.02, Le Phénix, 20h, 35 > 5€, lephenix.fr / opera-lille.fr


théâtre & danse

© Simon Gosselin

Mouvaux, 07 > 09.02, L'Étoile - Scène de Mouvaux, mer & ven : 20h • jeu : 19h 21 > 6€, larose.fr

Fallait pas le dire À l'ère des "procès en offense" et de la "bien-pensance", que peut-on encore dire ? Créée par Salomé Lelouch et mise en scène par Alain Leempoel, cette comédie ô combien moderne interroge le politiquement correct à travers les scènes de vie d’un couple ordinaire, mais aux opinions divergentes. Et les répliques fusent, sur tous les sujets. Doit-on encore se réjouir de porter un simple t-shirt en octobre, tandis que la planète brûle ? Telle est l'une des questions… É.C. Bruxelles, 07.02 > 03.03, Théâtre royal des Galeries, mar > sam : 20h15 (matinées : 15h) dim : 15h, 29 > 10€, www.trg.be 87

Ce sont deux "insoumuses", pour reprendre le beau néologisme de Callisto McNulty, qui leur consacrait un documentaire en 2018, lequel inspire aujourd'hui cette pièce. Dans les années 1970, l'actrice Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos dévoilèrent avec insolence et beaucoup d'humour une parole alors invisible : celle des femmes. Leur arme ? La caméra. Sur scène, dans un décor évoquant aussi bien un studio de montage qu'un appartement, Marie Rémond et Caroline Arrouas incarnent les icônes féministes. Elles jouent aussi leur propre rôle, pour mieux rapprocher les luttes d'hier et celles d'aujourd'hui - tout aussi nombreuses ! J.D.

© Isabelle De Beir

Delphine et Carole


© Christophe Raynaud de Lage

ART. 13

Gestes barrières L'inégalité identitaire n'a rien d'un mythe. Le droit de vivre dignement est aussi une question de chance : celle d'être né au bon endroit. Dans sa nouvelle pièce, Phia Ménard donne corps à celles et ceux qui fuient leur terre dans l'espoir de survivre. Elle interroge surtout les limites de notre empathie... « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien et de revenir dans son pays ». Il s'agit de l'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, établie en 1948. Autant dire un vœu pieux, mais une source d'inspiration pour Phia Ménard qui se penche ici sur la migration, et surtout notre façon de l'appréhender. La pièce s'ouvre sur un décor impeccable : un jardin à la française avec ses haies taillées au cordeau et sa pelouse lisse comme le tapis d'un billard. Au centre trône la statue d'un homme blanc, appuyé sur une hache, avec sur son socle l'inscription "Art. XIII". Surgit alors de terre une étrange créature masquée. Habillée comme une enfant, notre "taupe" entame une danse désarticulée. Elle semble monstrueuse en regard de la perfection de la sculpture, qui en perd sa hache. Notre bestiole s'en saisit, et l'anéantit... Phia Ménard sonde ici notre capacité d'empathie face à cet autre qui ne nous ressemble pas, mais également nos peurs, dont celle de la destruction (certains diraient du "remplacement"). En somme, elle nous place face à nos frontières intérieures. Julien Damien

88

Bruxelles, 14 > 16.02, Les Halles de Schaerbeek, mer : 19h • jeu & ven : 20h, 22 > 14€, halles.be Douai, 20 & 21.02, Hippodrome, mar : 19h30 • mer : 20h30, 25/14€, tandem-arrasdouai.eu Anvers, 26 & 27.04, deSingel, 20h, 35 > 10€, desingel.be


THÉÂTRE

L’enfant brûlé

© J eanLouisFernandez

Noëmie Ksicova Stig Dagerman

jeu. 8 fév. | 20h ven. 9 fév. | 20h

lephenix.fr 03 27 32 32 32

THÉÂTRE + 14 ANS

corps premiers CÉDRIC ORAIN

mar. 13 fév. | 20 h mer. 14 fév. | 19 h © C. Raynaud de Lage

TARIF 10 €

03 28 51 40 40 lebateaufeu.com


© Brigitte Enguérand

20 000 LIEUES SOUS LES MERS En contre-plongée

Un sous-marin ultra-perfectionné, un inventeur de génie doublé d'un capitaine misanthrope, un poulpe monstrueux... Si tout le monde connaît 20 000 Lieues sous les mers, cette adaptation donne à voir le classique de Jules Verne sous un angle inédit : burlesque, et aussi ingénieux que Nemo lui-même. On embarque, moussaillons ! Créée il y a plus de huit ans par Christian Hecq et Valérie Lesort, récompensée d'un Molière en 2016, cette pièce poursuit son incroyable aventure. Le contraire eut été dommage, tant le spectacle regorge de trouvailles, dont celle de mêler comédiens et marionnettes, qui incarnent une faune éblouissante. Méduses phosphorescentes semblant flotter sur le plateau, mérous dessinés comme des cartoons nageant autour d'un scaphandrier et, bien sûr, le terrible kraken... Pour obtenir ces effets très spéciaux, les metteurs en scène ont opté pour la technique du fond noir. Habillés de cagoules et de chaussons sombres qui les rendent invisibles en arrièrescène, les six interprètes manipulent eux-mêmes les créatures marines. Pour un résultat saisissant. C'est bien simple, on a l'impression d'assister à un film d'animation grandeur nature ! L'histoire originale, elle, est plutôt bien respectée... à ceci près que notre équipage navigue dans des eaux un poil plus burlesques. Le décor, percé d'un gigantesque hublot, donne enfin des allures de cabinet de curiosités aux entrailles du Nautilus. Il en jaillit une indéniable poésie, et une irrépressible envie de replonger en enfance. Julien Damien

90

Dunkerque, 22 > 24.02, Le Bateau Feu, jeu : 19h • ven : 20h • sam : 15h, complet !, lebateaufeu.com Compiègne, 02 & 03.04, Espace Jean Legendre, 20h30, 22 > 13€, theatresdecompiegne.com


15, 16.02

LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE

eare Shakesp Zéro t in o P ie C

t d’été

L

i ’une nu d e g n o es

toute la saison ↓

CESTCENTRAL.BE


Alors, voyons voir : ici un loup inoffensif et jaillissant d'un immense livre pop-up, là une princesse transformée en grenouille. Sans oublier une chasse aux chimères désopilantes, comme le chat-cactus ou la truite à fourrure. Ajoutez à cela des marionnettes, de la musique, une bonne dose de poésie et, ça y est : le conte est bon ! Marcq-en-Barœul, 23.02 > 10.03, Théâtre de la Rianderie, Théâtre Charcot & divers lieux 1 spectacle : 5/3€, marcq-en-baroeul.org Sélection / 28.02 : Lou(hou)p 09.03 : La Chasse au squonk 10.03 : Vassilissa aux yeux d’or

À poils © Thierry Laporte

Lou(hou)p © Natacha Laissus

Contes et légendes

Qu’est-ce qu’on fabrique en famille ? Que faire en famille ? Oh, plein de trucs sympas, comme se promener dans des boîtes par exemple, pour vivre une ribambelle d'aventures avec des objets extraordinaires. On peut aussi danser avec un petit Poucet devenu grand ou se bidonner en regardant trois rockeurs tatoués envahir le théâtre avec... des poils. Et ça n'a rien de barbant. Loos-en-Gohelle, 22 > 25.02, Fabrique théâtrale, 1 spectacle : 5/3€ • 10 places : 35€ Sélection / 23 & 24.02 : Et si tu danse 23 > 25.02 : À poils // 25.02 : Promenons-nous dans les boîtes, culturecommune.fr

92

Odysseus © Matthieu Jeantet

Pestacles ! Des spectacles pour les plus petits, dès trois ans ! Durant ce festival, on croise deux clowns racontant l'Odyssée à hauteur d'enfant, on découvre les merveilleux contes de Grimm, en marionnettes ou en chansons, et puis un bonhomme de 20 cm qui travaille dans la machine à pop corn de la fête foraine : Monsieur Timoté. Du grand pestacle ! Calais, 07 > 11.02, Grand Théâtre & CC Gérard Philipe complet !, spectacle-gtgp.calais.fr


FESTIVAL

DANSE Hautsde-France

19 MARS 12 AVRIL 2024 +33 (0)3 20 20 70 30

gymnase-cdcn.com


Kano (Philippe Vande Weghe / Les Argonautes)

© Antoinette Chaudron

Ils sont quatre. Deux hommes et deux femmes, tous bien décidés à quitter leur terre de misère pour un ailleurs meilleur. Lors de leur périple, ils devront sauter, courir, escalader, se soutenir les uns les autres... soit autant de gestes répétés des millions de fois au fil de l'histoire de l'humanité – et peut-être plus encore aujourd'hui, hélas. Dans ce spectacle mêlant cirque, danse et musique, la fameuse quête de l'Eldorado n'en devient que plus tangible, et sensible. Bruxelles, 06 & 07.02, Théâtre Marni, mar : complet ! mer : 20h, 14 > 8€ // La Louvière, 10 & 11.02, Le Théâtre sam : 20h • dim : 16h, 18 > 8€

Tout est dans la voix (Marianne James) Prêts à assister à un cours de chant géant ? Celui-ci est assuré par une professeure de luxe : Marianne James ! Quelque part entre le onewoman-show et le spectacle musical, l'inoubliable Maria Ulrika Von Glott met son bel organe et son espièglerie au service d'une ode à la voix. Des grottes de Lascaux à Céline Dion, en passant par le bon usage du diaphragme, la spécialiste retrace l'histoire de son art, sur des airs d'opéra ou de hip-hop... et n'oublie pas de nous faire chanter. Béthune, 07.02, Théâtre municipal, 20h, 34/31€ // Arras, 14.02, Casino, 20h, 34/31€ Woluwe-St-Pierre, 10.04, W:Halll, 20h, 35€ Lille, 11.04, Le Splendid, 20h, 36€

Renversante

(Florence Hinckel / Léna Bréban) Et si les femmes dominaient le monde ? Dans Renversante, livre jeunesse signé de Florence Hinckel, les hommes s'occupent des tâches ménagères et à l'école on apprend que le féminin l'emporte sur le masculin. Mais deux enfants décident de détricoter les clichés... Adaptée au théâtre par Léna Bréban, cette histoire tend à un miroir inversé à notre société. Sur scène, une table, trois chaises et des perruques suffisent aux comédiens pour passer le sexisme à la moulinette ! 08 > 16.02, divers lieux dans l'Arrageois et le Douaisis, programmation du Tandem : tandem-arrasdouai.eu

Tom Na Fazenda (R. Portella & A. Babaioff / M.M. Bouchard) Tom se rend aux funérailles de son petit ami, à la campagne. Il découvre que sa mère ne savait rien de l'homosexualité de son fils décédé, au contraire de son frère, qui veut préserver le secret. Celui-ci voit alors en Tom un danger... Porté sur grand écran par Xavier Dolan, Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard trouve ici une autre résonance. Créée en 2017 au Brésil, où l'homophobie reste prégnante, la pièce met en avant une lutte charnelle, entre haine et désir... 94

Mons, 13.02, Théâtre le Manège, 20h, 18 > 5€, surmars.be // Bruxelles, 12 > 16.03, Théâtre national, mar, jeu & ven : 20h30 • mer & sam : 19h30, 21 > 7€, theatrenational.be


Qu’est-ce qu’on

mille ?... #10 ue En acfa fabriq , ateliers, jeux une public : spect les Festival je

infos et réservations :

terie@culturecommune.fr

03 21 14 25 55 / billet

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Visuel : © Elza Lacotte - L’Atelier du Zef / design :

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Visuel : © Elza Lacotte - L’Atelier du Zef

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du 22 au 2TÉ5 DEféS vPRrOVier 2

ne public Festival jeu iclier: s, jeux... du 22 au 25 févr e pu ate cles,bl val jeun specta S ux... & CITÉ DES PROVINCES, LEN s, ier acles, atel BASE je 11/19, LOOS-EN-GOHELLE UNE.FR MM ECO LTUR @CU ERIE ETT INCE 55 / BILL

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HE BASE 11/19, LOOS-EN-GO WWW.CULTURECOMMUNE.FR

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@CULTURECO 21 14 25 55 / BILLETTERIE


© Christophe Raynaud de Lage

Corps premiers (C. Orain / La Traversée) Pourvoyeur de performances comme d'émotions, le sport méritait bien son spectacle ! En l'occurrence, Cédric Orain réunit une comédienne, une contorsionniste et un acteur pour raconter de célèbres exploits – comme ce moment où Dick Fosbury décida de "sauter à l'envers", lors des JO de Mexico en 1968. Nourrie de récits, de portraits et images d'archives, la pièce met en exergue quelques grands inventeurs, qui dépassèrent les limites alors imposées, et célèbre le génie du corps. Dunkerque, 13 & 14.02, Le Bateau Feu, mar : complet ! • mer : 19h, 10€, lebateaufeu.com // Armentières, 16.02, Le Vivat, 20h, 21 > 2€, levivat.net // Valenciennes, 10 & 11.04, Le Phénix, mer : 19h • jeu : 20h, 25 > 5€, lephenix.fr

Joy Enjoy Joy

Le Songe d'une nuit d'été

(Ann Van den Broek / WArd/waRD)

(Cie Point Zéro)

On pourrait appeler ça l'essence de la fête. À travers cette pièce, Ann Van den Broek célèbre la joie et le plaisir. Dans un décor saturé de couleurs et de lumières, rappelant celui d'une boîte de nuit, huit interprètes dansent sans s'arrêter sur une bande-son electro. Au fil de leur chorégraphie, ils se filment eux-mêmes en plans serrés. Les images sont diffusées sur grand écran, comme pour mieux nous inviter à la soirée. Une ode vibrante à l'instant présent et à la vie.

Le classique de Shakespeare comme vous ne l'avez jamais vu. Cette adaptation s’apparente à une comédie fantastique, et met en scène une quinzaine de marionnettes. La pièce reste fidèle à la trame originale, narrant un chassé-croisé amoureux dans une forêt peuplée de créatures merveilleuses. Sauf qu'ici, fées et farfadets sont résolument "queer"… Flamboyant, le spectacle interroge joyeusement les notions de genre et d’identité.

Lille, 14 & 15.02, Le Grand Sud, mer : 20h • jeu : 19h, 21 > 6€, larose.fr // Eeklo, 22.02, CC De Herbakker, 20h, 21 > 5,25€, ccdeherbakker.be

La Louvière, 15 & 16.02, Le Théâtre, 20h 18 > 8€, cestcentral.be // Charleroi, 12 > 15.03, Eden, 20h, 15 > 10€, eden-charleroi.be

Skatepark (Mette Ingvartsen) On l’a vue interroger les relations entre l’humain et la nature, mettre en scène la nudité et la sexualité ou transformer la danse en exutoire (The Dancing Public). Mette Ingvartsen s'intéresse cette fois au skate. Au milieu des rampes construites pour l’occasion, le spectacle croise la danse et la glisse, avec des skateurs de tous âges issus des scènes locales. Entre tricks et arabesques, rires et musique punk, la chorégraphe danoise dessine le portrait documentaire d’une communauté. 96

Charleroi, 22.02, Les Écuries, 20h, complet !, charleroi-danse.be Gand, 19 > 21.04, Arsenaalsite, ven : 20h • sam : 18h • dim : 15h, 22 > 14€, viernulvier.gent


VEN 9 & SAM 10 FÉVRIER

20 H - 15H - 20H

Angelin Preljocaj C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

DIMANCHE 11 FÉVRIER

19 H

Kim Wilde SAMEDI 17 FÉVRIER

20 H

Les Souliers rouges MARDI 20 FÉVRIER

20 H

Pietragalla Giselle(s) MARDI 12 MARS

20 H

Pierre Richard VEN 15 & SAM 16 MARS

20 H - 15H - 20H

Béjart Ballet JEUDI 21 MARS

20 H

Une idée géniale JEUDI 28 MARS

20 H

Kyle Eastwood INFORMATIONS & RÉSERVATION SUR

coliseeroubaix.com


Pour la Saint-Valentin,

offrez la C’ART ! Le pass musées métropolitain

lacart.fr


cabaret de curiosités © henrike stahl

12 > 15 mars 2024

RÉPARATIONS


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