Une saison au cœur de la terre
Samedi 4 mai de 14h30 à 17h
Rencontre
DES RICHESSES SOUTERRAINES
À PRÉSERVER
Par le CERDD (Centre Ressource du Développement Durable)
• De 14h30 à 15h15
Explorez les richesses du parc en famille.
Par Justine Lepers, ambassadrice du CERDD
• De 15h30 à 17h
Conférence sur les enjeux des sols et sous-sols dans les crises écologiques actuelles.
Par Dominique Poissonnier, ambassadeur du CERDD
Dimanche 5 mai à 17h Théâtre
TERAIROFEU
La Belle Meunière
En partenariat avec Culture Commune – Scène nationale du Bassin minier
De 6 à 12 ans
JOURNÉE UNDERGROUND
En partenariat avec L’Aéronef
Samedi 25 mai
MOONDOG, un artiste underground hors-norme
• À 16h
Conférence
Moondog à travers le 20e siècle
Par Amaury Cornut
• À 20h Musique
Looking for ‘H’ART SONGS’
Concert hommage à Moondog
Par Bertrand Belin et d’autres musiciens passionnés.
Réservation et programmation complète de spectacles, conférences, visites et ateliers sur louvrelens.fr
Moondog © Stefan LakatosSOMMAIRE
NEWS – 08
RENCONTRE
Cobie – 10
En haut de l’affiche
Willy Vanderperre - 58
Bain de jouvence
PORTFOLIO – 16
David Szauder
Aux frontières du réel
MUSIQUE – 26
La Fève, Olivia Dean, Cotonete, Nubiyan Twist, Pianos Folies, Katia & Marielle Labèque, Postmodern Jukebox, Lil Yachty, Beth Gibbons, Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, Nouvelle Vague, Les Paradis artificiels, NAME Open Air, Minuit avant la nuit, URBX festival
CHRONIQUES – 44
Disques : Justice, Pet Shop Boys, Cyril Cyril, Fat White Family, Ibibio Sound Machine
Livres : Katie, Les Enfants de la crique, Trahir et venger, Au Pied des étoiles, Vivre libre ou mourir
ÉCRANS – 50
État limite, Un Jeune chaman, Bushman, Figra, Border Line, Concrete Utopia, Le Temps du voyage, Chien blanc
EXPOSITION – 58
Willy Vanderperre, Antoine Repessé, Retratistas do Morro, Textimoov !, Giants, Anima (Ex) Musica, Second souffle, Agenda
THÉÂTRE & DANSE – 80
Festival iTAK, Passeport, Borderless, La Vie trépidante de Brigitte Tornade, La Convivialité, La Vie secrète des vieux, Car/Men, Helldebert - Enfantillages 666, La Constellation imaginaire, Agenda
LE MOT DE LA FIN – 98
David Szauder
Kitsch et cash
MAGAZINE
Direction de la publication
Rédaction en chef
Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com
Rédaction
Julien Damien redaction@lm-magazine.com
Clémence Ménart info@lm-magazine.com
Publicité pub@lm-magazine.com
LM magazine – France & Belgique
28 rue François de Badts
59110 LA MADELEINE - Ftél : +33 (0)3 62 64 80 09
Direction artistique
Cécile Fauré
cecile.faure@lastrolab.com
Graphisme
Christophe Gentillon concepteur-graphic.fr
Couverture
Série Exotic Portraits
David Szauder
davidarielszauder.com @davidszauder
Administration
Laurent Desplat
laurent.desplat@lastrolab.com
Réseaux sociaux
Sophie Desplat
Impression
Tanghe Printing (Comines)
Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.MEDIA (Bruxelles / Hainaut)
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Élise Coquille, Marine Durand, Hugo Guyon, François Lecocq, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, David Szauder et plus si affinités.
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours
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Triennale de Bruges
Ces gigantesques bottes en bronze sont posées sur les eaux réfléchissantes de la Speelmansrei. Voici le genre de miracle auquel on peut assister à Bruges, à l'occasion de la quatrième édition de sa Triennale. Œuvre du Colombien Iván Argote et intitulée Who ? , cette statue figure une absence, en l’occurrence celle du fameux "grand homme". Elle questionne ainsi, non sans ironie, la place des symboles du pouvoir mais aussi de l'histoire (souvent coloniale) dans l’espace public. Ou comment mêler contemplation et réflexion - et ça, ça nous botte. Bruges, jusqu'au 01.09, centre-ville & Zeebrugge Strand, gratuit, triennalebrugge.be
La vie en Crocs
Jadis synonyme d'impardonnable faute de goût, la Crocs tutoie aujourd'hui les étoiles. À tel point que la marque américaine de sabots disgracieux s'est associée à la NBA pour créer un modèle en cuir, orné d'une petit panier et d'un mini-ballon. Sans doute soucieuse de préserver son image ringarde, elle sort aussi des accessoires en formes d'orteils, à fixer dans les trous de la chaussure en plastique, prenant une nouvelle fois la mode à contre-pied.
StrEat Fest
C'est la grand-messe de la street-food, le "snack plus ultra" de la gastronomie sur le pouce. Durant quatre jours, une centaine de chefs issus de Belgique, de France et de Navarre affolent nos papilles. Entre les délices du roi de la croquette aux crevettes (Cédric Mosbeux) ou la cuisine locavore de Florent Ladeyn, on assiste à des master class données par quelques grands noms, tels Christophe Hardiquest. Alors, envoyez la sauce !
Bruxelles, 16 > 19.05, Tour & Taxis jeu & ven : 17h • sam & dim : 11h, 1 j : 14 > 9€ (gratuit - 5 ans) streatfest.be
Diabolique Nick Cave
Chanteur, compositeur, écrivain mais aussi… céramiste. C'est à Bruxelles, à la galerie Xavier Hufkens, que Nick Cave dévoile l'un de ses talents cachés. L'exposition The Devil - A Life révèle sa toute première série de faïences, soit 17 figurines inspirées de l’époque victorienne et racontant l'histoire du Diable, du berceau à la tombe. Un parfait contrepoint au prochain album de l'Australien à l'âme tourmentée, intitulé Wild God .
Bruxelles, jusqu'au 11.05, Galerie Xavier Hufkens, mar > sam : 11h-18h, gratuit, xavierhufkens.com
COBIE
Collé-décalé
"Oui à la guerre". "Mort aux pandas". "Pensez à vos enfants, n'en faites pas". Les programmes des prochaines élections européennes s'annoncent un poil disruptifs. En réalité, ces drôles d'affiches sont signées par un certain Cobie. Passé maître dans l'art d'imaginer des slogans absurdes (quoique...), ce Grenoblois transforme l'espace public en vaste terrain de jeu, de Lille à Marseille, en passant par Lyon ou Paris. Décalés, satiriques, voire poétiques, ses messages dérouillent les zygomatiques comme ils incitent à la réflexion. Pas de doute, notre candidat favori pour siéger à Bruxelles, c'est lui !
D'abord, pouvez-vous nous dire un mot sur votre parcours ?
Je suis un individu de 45 ans et je me balade dans la vie le nez en l'air en sautant à pieds joints dans les flaques d'eau pour voir ce que ça fait. Je n'ai suivi aucune étude d'art, de graphisme ou de design. Par contre, j'ai toujours dessiné, peint, bidouillé des trucs, sans jamais devenir spécialiste de quoi que ce soit. Côté professionnel, j'ai eu plusieurs métiers et je vis de mon art depuis quelques années.
« Des phrases absurdes pour surprendre les passants »
Vous vivez à Grenoble, mais êtes
aussi passé par Lille, n'est-ce pas ?
J'ai grandi dans les Alpes du Sud et me suis installé à Grenoble. J'ai aussi traversé d'autres bleds comme Marseille ou, en effet, Lille. Je garde un très bon souvenir du Nord et j'espère y revenir bientôt pour exposer mes bêtises et en coller dans les rues. D'ailleurs, ami lecteur, amie lectrice, si tu tiens une galerie, un lieu d'art ou disposes d'une cave ou d'un garage, j'étudie toute proposition...
D'où vient ce nom, Cobie ?
C'était le nom de ma chienne quand j'étais enfant. Je crois que c'est la seule partie de ma biographie officielle qui soit vraie.
Comment l'idée de ces affiches vous est-elle venue ?
Tout est parti des textes. Le choix du support est arrivé après. Au début des années 2000, j'écrivais des phrases absurdes et/ou marrantes sur des petits autocollants que je dispersais dans les rues. Cela m'amusait d'imaginer les passants tombant sur ces réflexions idiotes sorties de nulle part.
Comment votre pratique a-t-elle évolué ?
Chemin faisant, j'ai découvert la sérigraphie. Alors, le support s'est agrandi, il est devenu plus visible dans la rue. Cela dit, à côté des panneaux de pub, mes productions, même au format A2, se distinguent à peine dans la jungle urbaine. Le choix du collage plutôt que le pochoir ou le graff participe du même esprit... On peut facilement décoller mes affiches qui, d'ailleurs, ne tiennent en moyenne qu'une dizaine de jours. Je ne veux pas imposer ma présence indéfiniment.
D'où vous viennent ces slogans ?
La première source, ce sont les médias grand public, comme les chaînes d'info en continu, les émissions idiotes et la publicité bien sûr... En gros, plus c'est institutionnel et médiocre dans la forme et le fond, plus c'est inspirant. Une campagne présidentielle vue à travers le
prisme d'une chaîne d'info en continu, c'est ce qu'il y a de plus riche en termes d'idées débiles.
D'ailleurs, les élections européennes approchant, vos affiches vont trouver un peu de concurrence... voire une caisse de résonance ?
Les périodes électorales sont toujours sympas pour coller. Certes, il y a de la concurrence en ville et la durée de vie des affiches diminue grandement, mais le plaisir de glisser un slogan idiot au milieu de ce déferlement de propos prétendument sérieux n'a pas de prix.
« Les chaînes d'info sont très inspirantes »
Vos messages renvoient souvent à l'actualité sociétale, n'est-ce pas ?
Il ne s'agit pas de répondre à l'actualité "à chaud" mais de sentir l'absurdité sous-jacente. Pour mieux la souligner ou la détourner.
Obtenez-vous quelques retours de passants sur vos œuvres ?
Au départ, je ne faisais qu'imaginer les réactions. Officiant la nuit, je ne suis pas là lorsque les gens découvrent mes méfaits. Et puis j'ai obtenu quelques retours, des mots posés directement sur l'affiche. La réaction est positive en général.
Concrètement, comment travaillez-vous ?
J'opère tôt le matin, vers 6h, en même temps que les agents de nettoyage. Tout le monde se promène un seau et un balai à la main, je passe donc inaperçu.
Cultivez-vous l'anonymat ?
Je ne donne pas mon vrai nom, en effet. Au début parce que je menais deux vies en parallèle : un boulot "sérieux" avec des "responsabilités" et mon activité de colleur de bêtises. Et puis, l'idée est de surprendre le public, pas de me faire mousser en tant qu'auteur. Cela permet aussi de me rendre dans mes propres expos incognito et d'observer la réaction des visiteurs.
Quels sont vos projets ?
Devenir maître du monde. Et puis me préparer des coquillettes. Plus sérieusement, je présente une expo au cœur du Vercors de fin mai à fin août. Sinon, j'aimerais beaucoup découvrir la Belgique, notamment Bruxelles, y exposer et coller des affiches idiotes. Comme je le disais précédemment, j'étudie toute proposition. De quoi s'amuser en se marrant, quoi…
Propos recueillis par Julien Damien
À visiter / cobie.fr // @cobie.cobz
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
DAVID SZAUDER Aux frontières du réel
« Je ne pourrais pas vivre sans technologie »
David Szauder a longtemps hésité entre une carrière d’historien de l’art et celle de programmeur. Finalement, il a choisi… de ne pas choisir. Voici donc une quinzaine d’années que ce Hongrois entremêle passé et futur, création débridée et numérique. « J'aime visiter les musées, admirer les œuvres contemporaines comme les peintures classiques, mais je ne pourrais pas vivre sans technologie », confie-t-il. Ainsi, cet artiste multimédia ne cesse d’agrandir sa boîte à outils. Ce fut d’abord la modélisation 3D, puis la programmation (en créant ses propres applications), la robotique, la réalité virtuelle et, depuis peu, l’intelligence artificielle - il en donne d’ailleurs des cours. Nourries d’images d’archives et de ses propres photographies (« cela peut être des reflets dans la rue, différents effets de lumière, des textures »), ses compositions distordent la réalité dans tous les sens, sans pour autant trahir la vérité. « Dans mon travail, j'essaie toujours d'être honnête, certes, avec une pointe de sarcasme. Peut-être que cela aide les gens à mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons ». Ses images singulières, hautes en couleur, réenchantent la trivialité du quotidien tout en revisitant de grands mouvements artistiques, des collages dadaïstes aux portraits d’antan des peintres flamands, ici revus à la sauce pop – tel cet éminent représentant de la "dynastie donuts". Si elle est emplie d’humour et de considérations personnelles (comme son amour pour les spaghettis, matérialisé par un gros câlin), son œuvre témoigne aussi des dangers guettant notre planète, à l’image de ce Trump vêtu d’un pull de Noël à l’effigie de Poutine. Ou comment taquiner la réalité pour mieux la révéler…
Julien Damien & Clémence Ménart
À visiter / davidarielszauder.com // c @davidszauder
À lire / L’interview de David Szauder sur lm-magazine
Problem with Coexistence
La Fève
Jeu. 09 mai | Le Splendid - Lille COMPLET Ven. 10 mai | Zénith Club - Amiens DER. PLACES
Mad Foxes
Mer. 15 mai | La Bulle Café - Lille
The Odds
Jeu. 16 mai | La Bulle Café - Lille
Alain Souchon accompagné par Ours et Pierre Souchon jeu. 16 mai | Casino - Arras COMPLET jeu. 21 nov. |
DER. PLACES
L’Embarcadère - Boulogne /s Mer
GiédRé ven. 17 mai | Le Kursaal - Dunkerque
Zélie jeu. 23 mai | La Bulle Café - Lille
Mézigue (live) + Supa (live) jeu. 23 mai | Le Splendid - Lille
Ichon ven. 24 mai |
Le Flow - Lille
Yodelice ven. 24 mai | Théâtre Sébastopol - Lille COMPLET
Fabrice Éboué sam. 25 mai | Théâtre Sébastopol - Lille COMPLET
Jil Caplan lun. 27 mai | La Bulle Café - Lille
Food House mar. 28 mai | La Bulle Café - Lille
Marie S’infiltre mar. 28 mai | Théâtre Sébastopol - Lille COMPLET ven. 06 déc. | Le Zénith - Lille
George Ka
mer. 29 mai | La Bulle Café - Lille
Hang Massive
mer. 29 mai | Le Splendid - Lille
Monsieur Poulpe
jeu. 30 mai | Le Splendid - Lille
DER. PLACES
Bigflo & Oli ven. 31 mai |
DER. PLACES
Stade Pierre Mauroy - Villeneuve D‘Ascq Les Paradis Artificiels Gazo + Niska + La Fève + Lala&ce + Zamdane + Tif &+ 01 & 02 juin | Halle de Glisse - Lille
David Castello-Lopes sam. 01 juin | Théâtre Sébastopol - Lille COMPLET jeu. 10 oct. | Le Kursaal - Dunkerque mer. 18 déc. | Théâtre de Béthune - Béthune Molière le spectacle musical du 06 au 09 juin | Le Zénith - Lille
Biohazard mer. 12 juin | Le Splendid - Lille Atreyu lun. 17 juin | The Black Lab - Wasquehal
Julian Marley mer. 19/06 | Le Splendid - Lille
Ayron Jones mer. 19 juin | The Black Lab - Wasquehal
High on Fire jeu. 20 juin | The Black Lab - Wasquehal
Karnivool lun. 24 juin | The Black Lab - Wasquehal
Of Mice and Men ven. 21 juin | Le Splendid - Lille SCH + Osirus Jack + Eesah Yasuke jeu. 11 juil. | Fest. Côte d’Opale - Boulogne /s Mer
LA FÈVE Une longueur d'avance
Il fait partie, avec Yvnnis, H JeuneCrack ou J9ueve, de ce que l'on nomme la "new wave" du rap français, soit une scène avant-gardiste où l'expérimentation est reine. Louis Ambroise Germain, aka La Fève, est même une figure de proue de cette génération en quête de renouveau à l'heure où le hip-hop hexagonal tourne en rond - Booba, si tu nous lis… Originaire de Fontenay-sous-Bois, ce jeune prodige se distingue dès 2018 avec la trilogie Nocturnes puis la mixtape Empty the Bin (soit "vider la poubelle"). Au programme ? Un flow mélancolique, voire impavide, des textes sombres sur des prods ciselées, emplies de beats tranchants, de notes de violon, de piano ou de flûte. Mais c'est en 2021 avec l'album Errr qu'il sort de l'ombre, grâce à des titres comme Mauvais payeur, tout en basses lourdes et egotrip de bon aloi. Un morceau plus accessible, mais pas moins travaillé, avec notamment ce sample de la BO du jeu vidéo Hollow Knight. Le voici de retour d'Atlanta, la capitale américaine du rap, avec sous le bras 24, petit précis de trap à la française, froid et brutal, toujours ouvert aux quatre vents. On y entend de l'orgue et même… des trompettes. Pour mieux annoncer son sacre ? C'est bien possible. J.D.
Bruxelles, 08.05, Ancienne Belgique, 19h, complet !, abconcerts.be
Lille, 09.05, Le Splendid, 20h, complet !, le-splendid.com / agauchedelalune.com
Amiens, 10.05, Le Zénith, 20h, 32€, zenith-amiens.fr / agauchedelalune.com
Lille, 01.06, Festival Les Paradis artificiels, Halle de Glisse, 12h, 65€ (pass 2j : 95€)
lesparadisartificiels.fr (voir page 40)
Liège, 12.07, Festival Les Ardentes, Rocourt, 110€ (pass 4 j: 292€), lesardentes.be
Charleville-Mézières, 17.08, Fest. Cabaret Vert, Square Bayard, 16h, 65€ (4j : 219€), cabaretvert.com
OLIVIA DEAN Soul à facettes
Le premier album d’Olivia Dean évoque pas mal de ses consœurs, maîtresses et pairs britanniques qui, depuis le début du siècle, ont rejoué les grandes heures de la soul américaine avec plus ou moins de bonheur. On songe à Adele, Amy Winehouse, voire à Duffy. Ce souci du vintage et du détail chic pousse le vice amusé jusqu’à glisser des craquements de vinyle sur un disque que l’immense majorité du public écoutera… en streaming. Et c’est étrange, car cette Miss Olivia cache une Dr Dean autrement plus savante folle. Ainsi, sans doute encouragée par tout ce que l’Angleterre compte de têtes chercheuses et de labels défricheurs, la native du nord de Londres parsème son premier album, sobrement et joliment baptisé Messy ("bordélique", donc), de trouvailles sonores et soniques. Celles-ci modernisent sa soul sans lui enlever son charme - un vocoder ici, une rythmique étrange là-bas. Pas de quoi rivaliser avec le futurisme d’une Janelle Monáe, mais on s’interroge : sur scène, laquelle de ses deux personnalités l’emportera ? Donnera-t-elle un concert façon diva ou un set qui fait tourner la tête ? Arrivera-t-elle à marier les deux aspects de sa musique bicéphale ? Suspense. Thibaut Allemand
Bruxelles, 11.05, Ancienne Belgique, 19h, complet !, abconcerts.be
04
JULY
05
JULY
main stage the barn klub c slope
LENNY KRAVITZ
GRETA VAN FLEET � DROPKICK MURPHYS � PARKWAY DRIVE
THE HIVES � THE GASLIGHT ANTHEM � STONE
JANE’S ADDICTION � PJ HARVEY � BLACK PUMAS � MEUTE
EEFJE DE VISSER � JALEN NGONDA
THE STREETS � NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEATS
SLOWDIVE � JOHNNY MARR � BOMBAY BICYCLE CLUB
THE CAT EMPIRE
THE SNUTS � THE CLOCKWORKS � DEHD � ALICE MERTON � KINGFISHR
THE SOUTHERN RIVER BAND
main stage the barn klub c slope
MÅNESKIN
SUM 41 � YUNGBLUD � TOM ODELL � SIMPLE PLAN
THE BEACHES � FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES
SNOW PATROL � dEUS � BAD OMENS � GARY CLARK JR.
SLEAFORD MODS � LOVERMAN
JAMES ARTHUR � TOM MORELLO � ARCHIVE � GLINTS
DECLAN MCKENNA � KNEECAP
AGAINST THE CURRENT � NECK DEEP � THE ARMED � HOT MULLIGAN
THE RUMJACKS � SPRINTS
06
JULY
07
JULY
main stage the barn klub c slope
DUA LIPA
KHRUANGBIN � AVRIL LAVIGNE � NOTHING BUT THIEVES
THE KOOKS � BRIHANG � EQUAL IDIOTS
RÓISÍN MURPHY � THE BLAZE � JANELLE MONÁE � JESSIE WARE
THE LAST DINNER PARTY � NO GUIDNCE
BENJAMIN CLEMENTINE � MARC REBILLET � ARLO PARKS
CIAN DUCROT � J. BERNARDT � NONAME
PRINS S. EN DE GEIT � PALAYE ROYALE � BOB VYLAN
PSYCHEDELIC PORN CRUMPETS � DEADLETTER � PEUK
main stage the barn klub c slope
FOO FIGHTERS
ROYAL BLOOD � PRETENDERS � IDLES � THE BREEDERS
BRUTUS � BLUAI
JUNGLE • MICHAEL KIWANUKA � SAMPHA � FROUKJE
WHISPERING SONS � ISAAC ROUX
PARCELS � ZARA LARSSON � LOYLE CARNER
LAUREN SPENCER SMITH � LAWRENCE � MATT MALTESE
HIGH VIS � SKINDRED � SOCCER MOMMY � SCOWL � HOTWAX � ISE
Cotonete
À l’origine, la rencontre entre le claviériste Florian Pellissier et le saxophoniste Frank Chatona. Musiciens accomplis (conservatoire et tout le tralala) et jazzmen avertis, ces Parisiens créent le collectif Cotonete en 2005 avec à l’esprit les grands noms du jazz-funk brésilien, tels Azymuth ou Jorge Ben. Près de 20 ans plus tard, Cotonete a signé une poignée d’albums impeccables, dont le dernier se nomme… Victoire de la musique. Le combo s’est fait un nom en Europe comme à l’étranger. Il a joué avec quelques-unes de ses idoles sud-américaines et répand son groove avec une maestria qui force le respect, ne laissant jamais les hanches en place. T.A.
Wambrechies, 15.05, Salle des fêtes, 20h, 5€, aeronef.fr
Nubiyan Twist
Ce collectif d’une dizaine de musiciens s'est réuni voici dix ans autour du producteur et guitariste Tom Excell. Il nourrit son jazz au reggae et à la soul, à l’afrobeat, aux rythmes latins ou au dub, le tout rehaussé d’harmonies vocales à quatre voix. Aux côtés de Kokoroko, Nubya Garcia ou encore Ezra Collective, Nubiyan Twist ouvre de nouveaux horizons au jazz britannique moderne, à mille lieues de tout conservatismeimmanquable, donc. T.A.
Tourcoing, 15.05, Le Grand Mix, 20h, 19 > 11€, legrandmix.com tourcoing-jazz-festival.com
PIANOS FOLIES
Touches de grâce
C’est au cœur du Touquet-Paris-Plage que ressurgissent les incontournables Piano Folies. Six jours, six moments denses et précieux. La FrancoGéorgienne Khatia Buniatishvili, quasi-habituée des lieux, et la Russe Alexandra Dovgan donnent vie aux notes de Beethoven, Liszt, Schubert et Bach pour la première, Schumann, Scriabine ou Rachmaninov pour la seconde. On n’oubliera pas le piano à quatre mains d’un tandem bien rodé, formé par Guillaume Coppola et Hervé Billaut. Et l’on se réjouit de redécouvrir des œuvres de Debussy, Fauré ou Ravel ou, plus rares, d’Alfred Schnittke par la pianiste Anastasia Safonova et le violoncelliste Andrej van Brakel. Enfin, les Folies ne jouent pas les fines bouches et invitent des têtes d’affiche dont l’audience dépasse largement le seul public pianistique – Amaury Vassili, pour n’en citer qu’un. La venue de ce ténor (ou baryton martin, les avis divergent) adepte de variétés françaises et de pop lyrique est l’occasion de mêler passionnés et curieux d’un soir. Et, de fil en aiguille, créer des vocations, qui sait ? Thibaut Allemand
Le Touquet Paris-Plage, 16 > 21.05, Palais des congrès, Église Saint-Sulpice, 1 concert : 49 > 29€ lespianosfolies.com
Sélection / 16.05 : Khatia Buniatishvili // 17.05 : Alexandra Dovgan // 18.05 : Claire-Marie Le Guay, Amaury Vassili… // 19.05 : Guillaume Coppola & Hervé Billaut, Plamena Mangova & Evelyne Berezovsky… 20 & 21.05 : Anastasia Safonova & Andrej van Brakel…
Katia & Marielle Labèque
D’une richesse impressionnante, la carrière des sœurs Labèque a débuté sous le saint-patronage d’Olivier Messiaen, duquel elles furent les interprètes fétiches. Or, ces pianistes ne cessent de surprendre plus de 40 ans après. Ce programme s’articule autour de deux pièces du répertoire : les Épigraphes antiques de Debussy et les tableaux de Ma mère l’Oye de Ravel. Des compositeurs-phares pour un certain… Philip Glass, qui découvrit leurs œuvres à Paris, durant les sixties. Alors c’est d’autant plus émouvant de voir Katia et Marielle s’atteler à La Belle et la Bête, œuvre composée par le NewYorkais, spécialement réarrangée par Michael Riesman. Une rencontre au sommet entre ces figures du piano, une partition souvent surprenante et, bien sûr, le génie salutaire de Cocteau qui plane tout là-haut. T.A.
Lille, 15.05, Nouveau Siècle 20h, 48 > 10€, onlille.com
Postmodern Jukebox
Scott Bradlee ? Un doux rêveur. Né à Long Island il y a 42 ans, ce pianiste, chanteur et arrangeur ne s’est jamais remis de n’avoir pas vécu les grandes heures du musichall ou des big bands – l’Amérique des 40’s, quoi. Alors, ce musicien accompli a décidé de jouer les tubes d’aujourd’hui comme des standards pré-fifties. Il n’est pas le premier, on se souvient de The Mike Flowers Pops ou de Richard Cheese. Mais ces deux-là devaient beaucoup à Burt Bacharach et aux soirées cocktail. Bradlee, lui, propose un jukebox postmoderne et uchronique où Radiohead, Beyoncé, The Strokes ou Katy Perry sonnent tour à tour doo-wop, be-bop, ragtime ou swing. Une bonne blague ? Plus que ça. Des réinventions sidérantes et la preuve qu’une bonne chanson le demeure, quel que soit l’arrangement. T.A.
Bruxelles, 18.05, La Madeleine, 20h, complet ! la-madeleine.be
Seraing, 10.10, OM, 19h, 38€, omconcerts.be
LIL YACHTY
La renaissance
On se souvient de notre réaction, amusée, aux alentours de 2015, lorsque l’on entendit le nom de Lil Yachty. Tiens, encore un Lil ! Une ironie narquoise que l’on a remballée fissa à l’écoute de son dernier album, Let’s Start Here, fruit d’un décentrage improbable et proprement époustouflant.
Ce p’tit bateau était apparu, en 2015, avec une trap relevée de "violonnades" synthétiques. Le flow, lui, n’en restait pas moins banal – un flow trap, quoi. Michigan Boy Boat (2022), croulant sous les featurings, proposait néanmoins un rap oppressant et très convaincant. N’empêche, rien ne nous préparait à ce Let’s Start Here , promesse de nouveau départ et, effectivement, table rase en règle de son passé : explosion des cadres, destruction des habitus hip-hop, instrus rappelant presque le Pink Floyd 80’s. Il y a dans ses sons la touche étrange d’un Hugo (non, pas Victor, mais Chad, moitié des Neptunes). Et sans jouer les naturalistes obsédés par l’hérédité, façon Zola (oui, Émile, pas le rappeur), on ne s’étonne pas de la provenance de ce gonze : Atlanta, Géorgie, la ville qui nous offrit Childish Gambino, Young Thug ou Outkast. Soit une tripotée de musiciens imaginant tout bonnement un autre futur au rap. Reconnaissons toutefois un biais de réception : cette démesure, ces guitares parfois grassouillettes et ces vocalises de choristes échevelées, pas sûr qu’on les apprécie dans un album dit rock. Mais ici, traitées via le prisme du hip-hop, elles surprennent et séduisent. Reste à voir si l’ensemble passe l’épreuve des planches. Thibaut Allemand
Bruxelles, 18.05, Ancienne Belgique, 19h, 53/52€, abconcerts.be
Tourcoing Jazz Club Nubiyan Twist + Jungle Sauce
Danyèl Waro + Emma Prat & Johannes Leroy
Ghostwoman + Arthur J. Reptilian
Bowie/Cage
A erwork : Zzzahara
Tourcoing Jazz Club
Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
Whispering Sons + guest
Mannequin Pussy + guest
La Guingue e des Chorales
Le goûter concert de Joseph Arthur
Complet
Joseph Arthur + Vivienne
Urbx Festival : L2B + Le Docho
Bar Italia + guest
Fat White Family + guest
Beth Gibbons
Si elle est assez parcimonieuse, la discographie de Beth Gibbons tutoie les sommets tout en brouillant les pistes. D'abord indissociable de Portishead (et donc du trip-hop, dont les contours sont restés aussi flous que la brume d'où il a émergé), la chanteuse et compositrice s'est sporadiquement aventurée en-dehors de la formation qui la lie à Geoff Barrow. On se souvient par exemple d’un Out of Season fomenté en 2002 avec l’ex-Talk Talk Rustin Man (le grandiose Funny Time of Year ) ou du plus confidentiel Symphony n°3 , interprétation de Henryk Górecki avec orchestre. L'Anglaise a toujours su tirer parti de son timbre en équilibre entre retenue et expressionnisme. La retrouver sur scène est un évènement à la hauteur des prodigieuses nouvelles chansons de Lives Outgrown.
Rémi Boiteux
Bruxelles, 06.06, Cirque Royal, 20h, complet ! cirque-royal-bruxelles.be
Beth Gibbons
Lives Outgrown (Domino)
Malgré quelques embardées hors-Portishead, Lives Outgrown est le premier disque de Beth Gibbons publié exclusivement sous son nom. Qu’on ne s’attende pourtant pas à l’ascèse, au dénuement : l’album compte parmi les plus luxuriants que l’artiste ait pu enregistrer. Cette collection de dix chansons amples, parfois tortueuses, toujours envoûtantes, oscille entre majesté (Lost Changes et ses arrangements cinématographiques) et sortilèges (l’hypnose intranquille de For Sale ). Un peu comme sur Third (3 e opus de son illustre groupe), mais qui aurait troqué le kraut et l’electronica contre un classicisme transfiguré. Un jalon essentiel. Rémi Boiteux
L’AÉRONEF
LILLE MAI 24
Sa. 04 mai
THOMAS DE POURQUERY + DANDEE
Di. 12 mai
Di. 05 mai
TIMBER TIMBRE + DINO BRANDÃO
Hors les murs
EUROMÉTROPOLE EN FÊTE
Je. 16 mai
ICEAGE + PARLOR SNAKES
Je. 23 mai
Hors les murs
LES BELLES SORTIES : CHIEN NOIR + PARABEL
Sa. 25 mai
Ve. 17 mai
Me. 15 mai
LES BELLES SORTIES : COTONETE + DJ CAROLL Hors les murs
Dernières places
SO LA LUNE + guest
Je. 23 mai
Me. 22 mai
UPCHUCK + GUT HEALTH
SWEEPING PROMISES + MOCK MEDIA
Hors les murs
MOONDOG À TRAVERS
LE 20e SIÈCLE
CONFÉRENCE PAR AMAURY CORNUT
Sa. 25 mai
Complet
MC SOLAAR + ISMAËL METIS
Me. 29 mai
MODEL/ACTRIZ + METH MATH
Di. 26 mai
Sa. 25 mai
LOOKING FOR ‘H’ART SONGS’ CONCERT HOMMAGE À MOONDOG Hors les murs
SLOWDIVE + PALE BLUE EYES
Je. 30 mai
FAUX REAL + M.A.O. CORMONTREUIL
Ve. 31 mai
Hors les murs
LES BELLES SORTIES : FRED NEVCHÉ + NINON
Ma. 28 mai
FRANKIE & THE WITCH FINGERS
+ C.O.F.F.I.N + LONG HOURS
ET PLUS
AERONEF.FR
Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce
Qu’il est énervant, ce Bertrand Belin ! Quelques excellents albums, puis une auto-parodie qui, pourtant, en ravit certains. Grand bien lui fasse. N’empêche, c’est grâce à lui et au tube Oiseau, en 2022, que Tigre d’Eau Douce a dépassé le cercle des heureux initiés tombés amoureux de Love Is Everywhere (2020). À l’heure du troisième essai, le saxophoniste Laurent Bardainne (Poni Hoax, Limousine) et sa troupe poursuivent un voyage ensoleillé à travers le jazz, la soul, les musiques africaines et sudaméricaines. Sur scène, on ne résiste pas à ce mariage entre savoir-faire et candeur revendiquée. Allez Bertrand, tout est (presque) pardonné. T.A.
Tourcoing, 30.05, Le Grand Mix, 20h30, 19 > 11€, legrandmix.com // tourcoing-jazz-festival.com
Nouvelle Vague
En 2004, Olivier Libaux et Marc Collin signaient un disque tenant de l’exercice de style, de la blague potache et de l’idée de génie : réorchestrer des classiques new wave en version bossa nova – deux nouvelles vagues, en somme. Passée la surprise, l’ensemble tourna un peu à la formule. En la mémoire d’O. Libaux (disparu en 2021) et à l’occasion d’un septième album renouant joliment avec les débuts, Nouvelle Vague fête ses vingt ans. Et on y replonge ! T.A.
Bruxelles, 30.05, Cirque royal, 20h, 33,70€ cirque-royal-bruxelles.be
LES PARADIS ARTIFICIELS
Le rap sous les feux de la rampe ! Installé depuis deux ans à la Halle de Glisse, vaste skatepark situé à Lille, ce festival initié par À Gauche de la Lune convie la crème du hip-hop francophone - et une pépite anglaise. Tous les styles sont mis à l'honneur, de la trap à la drill, en passant par le boom-bap ou le chaâbi. Outre Gaso, Niska ou Lala &ce, voici déjà quatre noms à retenir. Julien Damien
Prince Waly
« La peau dure, le sang froid ». Ainsi se présente Moussa Magassa dans Walygator, et ça n'a rien de surfait. La carrière du Montreuillois a tout du parcours du combattant. Jugez plutôt : une mise en orbite en 2016 avec Myth Syzer (Junior), un deuxième EP salué de toutes parts (et des featurings avec Alpha Wann ou Feu! Chatterton) puis... il perd la voix, apprend qu'il souffre d'un cancer. Mais Prince Waly remporte sa lutte contre le crabe, remonte sur le ring en 2022 pour signer un premier album en forme de renaissance, et enchaîner les singles hautement recommandables (MP5). Toujours tourné vers le boom-bap des 90’s, avec le futur en ligne de mire.
Cristale
La drill anglaise a une nouvelle ambassadrice. Du haut de ses 20 ans, Cristale De'ABreu secoue la perfide Albion avec son flow acéré et des prods nourries de dancehall (son petit plus). Il faut dire qu'elle est née à Brixton, le quartier afrocaribéen de Londres, d'un père guyanais et d'une mère jamaïcaine. D'abord footballeuse pour Crystal Palace, également poète et illustratrice, cette fan de Lauryn Hill a plus d'une corde à son arc, mais peu d'équivalents lorsqu'il s'agit d'embraser la scène.
Tuerie
Ne pas se fier au blase : le son de Tuerie est plutôt doux, infusé de soul et de gospel. Né au Cameroun, grandi à Boulogne-Billancourt, le dénommé Paul Nnaze fut lauréat du dernier Prix Joséphine (sorte d'anti-Victoires de la musique) pour son deuxième album, Papillon monarque. Il y aborde des thèmes aussi variés que le deuil, la paternité ou la solitude, par le biais de textes mordants, comme dans Angèle où il lance : « J'ai tellement broyé du noir que je recevais des invitations du Ku Klux Klan ». Et ça nous a tués.
Tif
Comme un pont entre la France et l'Algérie. Né à Alger, aujourd'hui installé à Paris, Toufik Bouhraoua célèbre les noces entre rap, chaâbi et musique andalouse. Révélé avec 3iniya en 2019, signataire d'un premier album remarqué (1.6, en référence au code postal d'Alger), il souffle un vent de fraîcheur sur le hip-hop hexagonal. Ses textes et mélodies sont empreints d'une douce mélancolie, qu'il défend sur scène entouré d'instrumentistes (percussions, guitares) pour un résultat… authentique.
+ Amiens, 08.06, Parc Saint-Pierre, festival Minuit avant la nuit, voir page 43
Lille, 01 & 02.06, Halle de Glisse, 12h, pass 1 jour : 65€ • pass 2 jours : 95€, lesparadisartificiels.fr
Sélection / 01.06 : Niska, Caballero & JeanJass, La Fève, Zamdane, Cristale, Houdi, Mademoiselle Lou, 8Ruki, Tuerie, AnNie .Adaa, AAMO // 02.06 : Gazo, Lala &ce, Tif, Prince Waly, Isha & Limsa, NeS, Malo, Stony Stone, Jey Brownie…
Révolution industrielle
Le Name s'est trouvé un nouveau terrain de jeu : le 9-9 bis, à Oignies ! À bien y regarder, cette rencontre tenait de l'évidence. D'un côté, l'ancien site minier reconverti en haut lieu culturel fait résonner patrimoine et musiqueun mariage symbolisé par le Métaphone, soit une salle de concert capable de se transformer en instrument géant. De l'autre, le festival electro a toujours visé les cadres "indus", comme la Condition Publique de Roubaix pour l'édition "mère", en automne. Rien de plus logique : la techno n'a-t-elle pas vu le jour dans le bruit sourd des machines ? De Détroit aux carreaux de la mine, il n'y a donc qu'un pas de danse. En cela, l'équipe d'Art Point M n'est pas déçue du voyage. « Entre les chevalements, les terrils, les machines et tous ces tuyaux... c'est une vraie carte postale ! », s'enthousiasme Sabine Duthoit, la porte-parole de l'association roubaisienne. Laquelle inaugure dans le Pas-de-Calais une version en plein air, de midi à minuit le samedi, avant un brunch électronique (gratuit) le dimanche. Côté son ? Attendezvous à une montée crescendo des BPM au fil de la journée. À l'indie dance de Darlyn Vlys et aux sets teintés de UK Bass de Blac succèderont par exemple Cassie Raptor et Kobosil, tous deux pourvoyeurs d'une techno dure, froide, percussive... En un mot ? Industrielle. J.D.
Oignies, 25 & 26.05, 9-9 bis, 12h, sam : 26 > 13€ • dim : gratuit, lenamefestival.com
Sélection/ 25.05 : 6EJOU hybride live, APM001, Blac, Cassie Raptor, Darlyn Vlys, Zataar, Kobosil
26.05 : Brunch électronique
Minuit avant la nuit
Ici, on joue les équilibristes entre artistes qui ont trouvé un job d’été (Eddy de Pretto, Zaho de Sagazan, Disiz) et artisans plus confidentiels : le hip-hop grande gueule et vague à l’âme de Winnterzuko, le post-punk de Baby’s Berserk… Mais ce qui fait le sel et le charme de Minuit avant la nuit, outre la verdure ou les balades musicales en barque, ce sont les soirées d’ouverture et de clôture - gratuites, avouez que ce n’est guère courant. Surtout au vu de la qualité des plateaux : à la pop slacker d’Adam El Mutant répond le noisy rock de Dog Park. Dimanche, le mélange hollandais de pop, surf rock aux accents indonésiens de Nusantara Beat percute le "blues' n'soul" de Masstø Bref, loin des affiches fourre-tout aperçues çà et là, voici un festival généreux et cohérent. T.A.
Amiens, 06 > 09.06, Parc St-Pierre & Hortillonnages, ven ou sam : 33 > 8€ • pass 2 j : 53 > 12€ jeu & dim : gratuit, minuitavantlanuit.fr
Sélection / 06.06 : Dog Park, Adam El Mutant 07.06 : Zaho de Sagazan, Eddy de Pretto, Winnterzuko… // 08.06 : Disiz, L'Impératrice, Baby's Berserk… // 09.06 : Nusantara Beat, Masstø…
URBX Festival
Musique, danse, street-art, mode et sport : ici, on célèbre les cultures urbaines sous toutes les coutures, toujours OKLM, pour citer les grands auteurs. D’autant que la plupart des rendez-vous sont gratuits, comme le concert sur la Grand Place de Roubaix, dont la tête d’affiche n’est autre que ZKR, le parrain du festival. Après un passage par l’Olympia, le natif du quartier du Nouveau-Roubaix joue pour la première fois à domicile. Outre des figures tutélaires (Rim’K) et talents locaux (Dalibido, Eesah Yasuke …) on découvre, entre autres, une exposition retraçant l’histoire des sneakers (Fière allure) avant de vibrer devant les Urban Games et leur fameux World Chase Tag, soit le championnat mondial de "chat" (oui, comme dans les cours de récré !). Ce qu’on appelle sortir le grand jeu. J.D.
Roubaix & métropole lilloise, 11 > 23.06 divers lieux, 1 spectacle : 39€ > gratuit urbxfestival.com (+ Before, gratuit)
Sélection / 11.06 : ZKR/RBX
15.06 : ZKR + Fakear + Georgio… L'Impératrice
12.06 > 28.07 : Fière allure // 13.06 : Menace
Santana // 14.06 : Rim’K + Eesah Yasuke
disques
Justice
Hyperdrama
(Ed Banger / Because Music)
Daft Punk n’est plus ? Vive Justice ! Depuis la séparation du duo casqué, Xavier de Rosnay et Gaspard Augé sont les nouveaux rois de l’electro à la française, et ce n’est pas ce (jouissif) quatrième album qui démentira leur sacre. Dans les pas de danse de leurs glorieux aînés, les Parisiens cultivent une musique ouverte à toutes les influences et (pour la première fois) aux collaborations. En témoigne Neverender, nimbé des effluves de pop solaires dispensées par Tame Impala. Comme un symbole, ce morceau ouvre un disque mariant la chaleur du disco et du funk (l’homérique Explorer, starring Connan Mockasin) à la froideur de la techno, sans jamais verser dans la tiédeur. Au contraire ! Bien cimentés par ces fameux élans gabber et synthés distordus qui ont fait la réputation de nos justiciers du dancefloor, ces 13 titres s’autorisent toutes les expérimentations. On y entend du jazz (le saxophone de Moonlight Rendez-Vous), du R’n’B (avec le chanteur américain Miguel sur Saturnine) ou de la soul. En l’occurrence grâce à l’apport de Thundercat sur The End, apothéose d’un album qui fera date… et prolongé cet été lors d’une tournée des festivals ! Julien Damien
Pet Shop Boys
Nonetheless (Parlophone Records)
Les Gilbert & George de la synth-pop sont de retour avec un 15e album. Celui-ci nourrit leur manifeste d'entertainment aux accents doux-amers. Une fois encore, il ne suffit pas ici de se trémousser, mais bien de tendre l’oreille. Histoire, politique, religion… leur nouvelle livraison est des plus consistantes. Ce nouvel opus témoigne de la vitalité du tandem, et contient son lot de pépites. Citons les imparables Loneliness, Feel, Dancing Star ou New London Boy (clin d’œil au London Boy de Bowie). Le projet dévoile aussi une face B plus sombre (A New Bohemia, The Secret of Happiness), voire lugubre (Love is the Law). À l’écoute de ces dix titres une mélancolie de fin de soirée persiste... Spleen sur le dancefloor ou temps du bilan ? Cette fausse légèreté demeure en tout cas salutaire. Selina Aït Karroum
Cyril Cyril
Le Futur
ça marche pas (Born Bad Records)
Ils sont Suisses, l’un joue sur une batterie hybride, l’autre fait du banjo (ou de la guitare, c’est selon) et s’appellent tous les deux Cyril. Voilà pour les présentations. Côté son, ces compères mêlent rock psyché, musiques traditionnelles et noise la plus bruitiste. Le morceau qui a donné son nom à l’album en est un parfait exemple, avec le violoncelle fou de Violeta Garcia du groupe argentin non moins expérimental Blanco Teta. S’ajoutent à ce melting-pot des rengaines un peu mystiques, presque enfantines. En témoigne le premier titre, Le Mensonge, où le duo dévoile une vision du monde sous forme de mantra (« Couard c’est le monde, chaud c’est le monde… »), oscillant entre humour nihiliste et message messianique. Hugo Guyon
Fat White Family Forgiveness Is Yours (Domino)
C’est peu dire qu’on ne donnait pas cher de leur peau lorsqu’ils apparurent en 2013. Ces lendemains d’orgie ambulants semblaient se complaire dans une esthétique des bas-fonds et de la fange. De quoi séduire un temps, et lasser à la longue. Or, loin du bluespunk débraillé des débuts, Fat White Family s’est renouvelé dans divers projets (Warmduscher, Insecure Men, The Moonlandingz), s’essayant à d’autres genres : krautrock délavé, jazz-pop aseptisé, funk désossé… On pourrait, pour le dire vite, classer ce quatrième album quelque part entre l’attitude laidback de Baxter Dury et la fouille des tréfonds de l’âme anglaise de The Good, the Bad & the Queen. En beaucoup plus malade, personnel et surtout, impossible à dater. Une réussite. T.A.
Ibibio Sound Machine
Pull the Rope (Merge Records / Modulor)
Voici deux ans, Electricity, quatrième album du groupe mené par la paire de génies Eno Williams et Max Grunhard, replaçait New York au centre de la carte. Plus précisément, il ressuscitait une idée de l’underground de la Grosse Pomme. Celle de l’aube des 80’s, où les rues tremblaient au son du punk-funk d’ESG et, cité-monde oblige, des vibrations de musiques nigérianes, d’electro, de disco, de soul… C’était évidemment un artefact : IBS est né à Londres en 2013 et n’a pas connu l’explosion précitée. Qu’importe, l’esprit est conservé, et ce cinquième essai s’inscrit dans cette même lignée où house soulful, disco ensoleillée, afrobeat sans compromis et punk-funk musclé se carambolent joyeusement. Increvable, cette machine à son promet de belles nuits sans lendemain. Thibaut Allemand
Michael McDowell
Katie
(Monsieur Toussaint Louverture)
Encensé par Stephen King, Michael McDowell (1950-1999) fut l'un des écrivains les plus lus aux États-Unis à la fin du xxe siècle. De ce côté-ci de l'Atlantique, on a découvert cet auteur de très bonne littérature populaire (et par ailleurs créateur de Beetlejuice) l'an passé, grâce à la parution des six tomes de la saga surnaturelle Blackwater. Après Les Aiguilles d'or, les éditions Monsieur Toussaint Louverture poursuivent l'exploration de cette œuvre immensément riche, dont la qualité principale est aussi simple que noble : satisfaire le plaisir de lecture. En cela, cet excellent Katie ne déroge pas à la règle. Quelque part entre le roman victorien et l'horreur, le livre nous embarque à travers l'Amérique du xixe siècle. Il met en scène une jeune femme pauvre aux prises avec une famille de tueurs en série, dont la cruelle Katie, douée du pouvoir de lire l'avenir… Hommage aux "penny dreadfuls" (du frisson pour pas cher), ce récit demeure un implacable page-turner. Découpé en courts chapitres, écrit dans un style clair, il foisonne d'images et de rebondissements. Ou, dit autrement, de "cliffhangers", pour emprunter au langage des séries, auquel McDowell avait déjà tout compris. 480 p., 12,90 €. Julien Damien
Rémi Baille
Les Enfants de la crique (Le Bruit du monde) Une crique méditerranéenne qui se mérite, au bout d’un long sentier caillouteux. Des cabanons en guise de refuge face à l’adversité du monde, ou de prison, selon d’où on les observe. Deux adolescents qui ont grandi là, en parallèle l’un de l’autre, vont soudain se regarder différemment… Comme nombre de premiers romans, celui de Rémi Baille fleure bon le vécu. Pour donner corps à la crique du Longo Maï (qui n’existe que sous sa plume), le trentenaire a retrouvé les paysages spectaculaires de son enfance au bord de la mer, près de Toulon. Dans cet élégant livre d’ambiance, les éléments dictent leur loi. D’une plume alerte, l’auteur nous guide vers le climax de son livre : un incendie sans pitié, et sans coupable autre que le réchauffement de notre planète. 180 p., 19 €. Marine Durand
Karine Abiven Trahir et venger (La Découverte)
Transfuge de classe. Un terme très en vogue. À l’origine, c’est un concept sociologique bien réel, désignant les personnes ayant vécu une mobilité sociale ascendante, parfois documenté par les principaux intéressés. Songez à Pierre Bourdieu, Annie Ernaux, Édouard Louis… Au point de devenir un type de récit littéraire en soi. Quelles en sont les conséquences ? C es textes dénoncent-ils ou confortent-ils les inégalités en mettant en valeur l’exception, qui devrait sa "réussite" à son mérite personnel ? Sont-ils devenus une nouvelle mythologie moderne ? Toutes ces questions, et bien d'autres, sont abordées par les chercheuses Laélia Véron et Karine Abiven dans un travail remarquable et accessible, à la croisée de la littérature et de la sociologie. 232 p., 19,50 €. T.A.
Baudoin & Lepage
Au Pied des étoiles (Futuropolis)
Tout démarre avec José, professeur de physique dans un lycée grenoblois, qui invite Baudoin et Lepage à se rendre au Chili pour visiter le désert d’Atacama. Hélas, tout ne va pas se passer comme prévu… Sur le fond, l’œuvre aborde la convalescence (la rémission d’un cancer), la sidération collective (le Covid et le confinement) et deux voyages : l’un dans les Alpes, l’autre en Amérique du Sud, où le poids de l’Histoire récente n’empêche pas de regarder vers le ciel… Visuellement renversant, cet album multiplie les styles graphiques, les cadrages et les points de vue. Les dégradés de noir et blanc (charbonneux par l’un, extrêmement fin par l’autre) alternent avec des explosions de couleurs qui surprennent à chaque page. Un régal pour les yeux. 264 p., 28 €. Thibaut Allemand
Arnaud Le Gouëfflec & Nicolas Moog
Vivre libre ou mourir (Glénat)
Le prolixe Arnaud Le Gouëfflec et l’as du noir et blanc Nicolas Moog s’intéressent à la vague "alternative" qui dynamita le rock hexagonal durant les années 1980. À l’instar de Please Kill Me (McCain et McNeil), cette œuvre laisse la parole aux acteurs. Citons Loran (Bérurier Noir), Didier Wampas, Géant Vert (Parabellum), sans oublier OTH, Les Rats, ou encore Marsu et David Dufresne (Bondage Records). Dans la France de François Mitterrand (les autonomes, la mort de Malik Oussekine, SOS Racisme, l’essor des squats), se dessinent des trajectoires individuelles inattendues et une utopie collective brutalement fracassée. Un album prenant, souvent drôle, jamais nostalgique, toujours instructif. Parfait ! 176 p., 22,50 €. T.A.
ÉTAT LIMITE
Hôpital en souffrance
Après des débuts américains tonitruants (Southern Belle puis Ghost Song), Nicolas Peduzzi a trouvé en France un nouveau territoire sous tension : l'hôpital Beaujon de Clichy. Sur les pas du seul psychiatre encore affecté à ce site, il saisit dans les ruines du service public des lueurs d'humanité.
Musique rythmée, caméra nerveuse, couloirs labyrinthiques encombrés de patients : État limite commence fort. S'il y aura encore de telles montées de fièvre, c'est néanmoins une fausse piste. Ce que cherche Nicolas Peduzzi, en harmonie avec le psychiatre Jamal Abdel Kader, c'est respecter le temps de la parole. Contre le nouvel impératif de quantification des actes médicaux, il s'agit d'affirmer la possibilité de véritables relations de soin. Des situations parfois sidérantes se retrouvent ainsi "dédramatisées" par l'écoute et la bienveillance du médecin. L'urgence cède la place à des moments d'apaisement, de grâce parfois, comme lors des ateliers de théâtre où des êtres cabossés renouent avec le jeu et les autres. Des montages de photographies en noir et blanc permettent de varier le tempo, de fixer des instants précieux. Des échanges émergent également entre les membres du personnel, qui évoquent leurs angoisses ou leurs frustrations. L'hôpital public pourra-t-il encore longtemps compter sur le dévouement de ces bonnes âmes ? Sans didactisme, c'est la responsabilité des pouvoirs publics qui est alors pointée. Si Peduzzi se laisse aller à quelques coquetteries, notamment musicales, cela n'entame en rien la force de son film. Raphaël Nieuwjaer
Un Jeune chaman
Zé, 17 ans, possède des dons chamaniques et communie à la demande avec l’esprit des ancêtres de chacun. Mais lorsqu’il rencontre la pétillante (et cardiaque) Maralaa, son équilibre sacré flanche… Après Si seulement je pouvais hiberner de Zoljargal Purevdash (2023), voici un autre film magnifique en provenance de Mongolie. Lkhagvadulam Purev-Ochir confronte elle aussi tradition et modernité. Quel avenir pour ces jeunes vivant dans des yourtes en périphérie de la capitale et qui n’aspirent qu’à quitter le pays ? Servi par de sublimes plans, le charme d’ Un Jeune chaman réside autant dans son illustration d’une spiritualité propre à la culture mongole que son exploration très contemporaine des tourments adolescents. Une histoire de cœur, au propre comme au figuré… Selina Aït Karroum
De Lkhagvadulam Purev-Ochir, avec Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene Ariunbyamba, Anu-Ujin Tsermaa… En salle
Bushman
Bushman est un film rescapé. Ce long-métrage réalisé en 1970 par un jeune cinéaste américain, David Schickele, n’est pas sorti en France ni aux États-Unis. Les raisons ? Le choix du noir et blanc mais surtout une forme radicale et une vision peu reluisante du pays de l'Oncle Sam. Au croisement de La Nouvelle Vague française, du Free Cinema anglais et de l'œuvre de Cassavetes, Bushman retrace un épisode de la vie de Gabriel, jeune intellectuel Noir ayant fui la guerre du Nigéria. Installé à San Francisco, il croise des Afro-Américains, des Blancs, rencontre l’amour, subit le racisme et l’intolérance de la société américaine. Le film, d’une modernité insolente, réserve une surprise de taille... qu’on ne dévoilera pas. Une merveille ! Grégory Marouzé
De David Schickele, avec Paul Eyam Nzie Okpokam, Elaine Featherstone, Jack Nance… En salle
FIGRA Zoom sur le monde
Kaléidoscopique, le Figra focalise sur le meilleur du documentaire et célèbre le métier de journaliste. Cette 31e édition, qui se tient durant six jours à Douai, ausculte notre époque à travers une soixantaine de films, une exposition, des master class et une pièce de théâtre.
Le délégué général, Georges Marque-Bouaret, insiste sur ce point : « dans ce festival il n’y a pas de thématique, si ce n’est un juste regard porté sur l’actualité ». À l'heure où les débats outranciers règnent sur les plateaux de télévision, une manifestation dédiée au grand reportage à l’étranger demeure d’utilité publique. Les reporters sont d’ailleurs nombreux à envoyer leurs films en espérant rejoindre l’une des quatre sélections projetées à un jury averti.
Des images du front
La situation en Afghanistan tient tristement le haut de l’affiche. Plusieurs documentaristes se penchent sur l’état du pays depuis la reprise en main par les talibans. Ils témoignent en particulier de la condition des femmes ou de l’exfiltration des ressortissants français. La guerre en Ukraine se fraye aussi un chemin jusqu’à la compétition… Mais au détour d’un long ou d’un court-métrage, « l’espoir jaillit parfois ». C’est le cas avec L’usine, le bon, la brute et le truand, de Marianne Lère Laffitte, qui suit la lutte acharnée de trois salariés pour sauver la papeterie Chapelle-Darblay, près de Rouen. La crise au Proche-Orient est elle abordée de manière singulière avec I Shall Not Hate, de Tal Barda. Soit le portrait d’un médecin palestinien qui exerce en Israël – car de Gaza « rien ne vient », regrette Georges Marque-Bouaret. Rappelant qu’il est aussi périlleux qu’essentiel de documenter la tragédie à l’œuvre dans cette partie du monde. Marine Durand
Douai, 28.05 > 02.06, Cinéma Majestic, Hippodrome, Théâtre & Musée de la Chartreuse
1 séance : 6/5€
• pass 5 séances : 20/17€
• pass semaine : 48/40€, figra.fr
+ Expo La Vie en rose, 60 photos de Véronique de Viguerie, 22.05 > 10.06, Musée de la Chartreuse
BORDER LINE
Excès de zèle
Quand tenter de passer une frontière devient un cauchemar. Ainsi pourrait-on résumer le premier film des Vénézuéliens Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas. Le duo signe un huis clos étouffant doublé d'une critique de l’Occident et de son rapport à l’immigration. Une vraie réussite.
Vivant à Barcelone depuis des années, Diego et Elena décident de quitter l’Espagne pour s’installer aux États-Unis. Elle est Catalane, lui d’origine vénézuélienne, et ce détail va revêtir une importance primordiale. Car une fois arrivés à l'aéroport de New York, les trentenaires vont être confrontés à la police des frontières américaines, qui soupçonne une union arrangée. S’ensuit un jeu de questions-réponses, de double vérification et de coups de pression confinant à la torture psychologique. Au départ soudé, le couple va être mis à l'épreuve par des questions de plus en plus intimes et agressives… Border Line impressionne par son réalisme. Puisant dans leurs expériences personnelles et celles de leurs proches, les réalisateurs traduisent parfaitement la lourdeur et l’absurdité de ces interrogatoires policiers. Mention spéciale aux acteurs et notamment à Laura Gómez (révélée par Orange is the New Black) glaçante dans le rôle de la "bad cop". Sobre, la mise en scène use de gros plans et d'une lumière blafarde pour mieux nous projeter dans cet aéroport. Enfin, seule musique de la BO, Congratulations de Kevin Morby ajoute une tonalité douce-amère à ce film aussi virtuose qu'anxiogène. Hugo Guyon
De Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas, avec Alberto Ammann, Bruna Cusí, Ben Temple, Laura Gómez… Sortie le 01.05
Concrete Utopia
« Putain c'qu'il est blême, mon HLM », chantait Renaud. D'accord, mais si c’était le dernier bâtiment encore debout après l’apocalypse ? L'austère barre de béton deviendrait alors une sorte de paradis... C’est le point de départ de ce film catastrophe. Sur les décombres d’une Séoul détruite par un tremblement de terre, les survivants s’organisent dans ce qui reste de leurs appartements. Mais l’Eden se transforme vite en société dystopique. Les propriétaires traquent les non-résidents et les traîtres qui les accueillent, sous la houlette d’un délégué général dictant sa loi. Ce dernier est campé par Lee Byung-Hun, vedette coréenne notamment connue pour son rôle dans Joint Security Area de ParkChan-Wook. Un film politique pas toujours subtil mais bougrement efficace. Hugo Guyon
De Um Tae-hwa, avec Park Seo-joon, Lee Byung-hun, Park Bo-young... Sortie le 01.05 (en VOD, sur Canal +, et DVD)
Le Temps du voyage
Dans No pasarán, album souvenir (2003), Henri-François Imbert avait raconté l'internement en France des républicains espagnols à partir de cartes postales éditées à la fin des années 1930. Le Temps du voyage dévoile un autre enfermement, un autre pan honteux de l'histoire hexagonale. Construits par le gouvernement de Vichy, une trentaine de camps ont en effet servi à emprisonner les "nomades" jusque fin 1945 – soit 6 500 Tsiganes. Si le documentaire participe d'un effort de mémoire essentiel, il se laisse aussi porter par le plaisir des rencontres avec les "voyageurs". Les moments de revendication se mêlent à des scènes plus intimes, parfois anecdotiques. Le film semble alors naviguer à vue, perdant un peu de sa nécessité. L'hommage à une communauté marginalisée n'en reste pas moins louable. Raphaël Nieuwjaer
Documentaire de Henri-François Imbert. En salle
CHIEN BLANC
La rage au ventre
Chien Blanc est un roman de Romain Gary écrit en 1969 durant son séjour aux États-Unis, en pleine lutte pour les droits civiques. Il raconte une expérience glaçante. L'auteur avait recueilli, avec son épouse Jean Seberg, un chien abandonné, qui se révèlera d’une incroyable férocité, car dressé pour tuer les Noirs... Anaïs Barbeau-Lavalette signe une adaptation forte, engagée, avec un Denis Ménochet impérial.
Il faut du courage pour se lancer dans une nouvelle adaptation de Chien blanc de Romain Gary, après le classique de Samuel Fuller, Dressé pour tuer (1982). Cette première transposition au cinéma rapportait l’histoire d’une comédienne découvrant que son chien avait été dressé pour tuer les Noirs. Dans sa version, Anaïs Barbeau-Lavalette réintroduit la part autobiographique du roman. Elle filme le délitement du couple formé par Jean Seberg et Romain Gary et leur amour pour leur fils Diego. Pour autant, ce film dépasse le simple biopic. Kacey Rohl et Denis Ménochet ressemblent assez peu à leurs modèles, car l’intérêt est ailleurs. Lors de leur rencontre, Anaïs Barbeau-Lavalette et Diego Gary ont découvert que Jean Seberg et la grand-mère de la réalisatrice, la plasticienne et poétesse Suzanne Meloche, toutes deux militantes pour les droits des Afro-Américains, s’étaient côtoyées. Le film se nourrit ainsi de l’histoire familiale de la cinéaste, tout en fustigeant le racisme. Plus d'un demi-siècle ans après les faits, rien n’a changé. La haine de l’autre se perpétue et Chien blanc reste cruellement d'actualité. Grégory Marouzé
D’Anaïs Barbeau-Lavalette, avec Denis Ménochet, Kacey Rohl, K.C. Collins… Sortie le 22.05
7 mai →
6 juillet 2024
WILLY VANDERPERRE
Bain de jouvence
Un photographe célébré par un musée dédié à la mode ? Même Willy Vanderperre a trouvé cela « aventureux » ! L’artiste belge, qui shoote les campagnes des plus grandes maisons de couture depuis plus de 30 ans, porte un regard rétrospectif sur son travail au MoMu d’Anvers. On y découvre notamment sa fascination pour la jeunesse, inspirant un ton si singulier. Rencontre.
Le style romantique ou minimaliste de ses portraits et l’atmosphère parfois inquiétante de ses prises de vue ont assis sa réputation. Teintées d'influences pop ou rétro, oscillant entre l'ombre et la lumière, ses compositions raffinées, parfois provocantes, se situent à mille lieues d'un glamour longtemps de circonstance. Elles traduisent à merveille cet esprit de rébellion (et de liberté) propre à la jeunesse, son sujet phare, séduisant nombre de grandes marques et de magazines - comme Dior, Prada, i-D ou Vogue… entre autres ! Et pourtant, « 80% des gens qui vont pousser les portes du MoMu ne me connaissent pas », reconnaît avec modestie Willy Vanderperre.
Mickey maousse
S’il avoue préférer « l’instant présent » au fait de « regarder en arrière », cet ancien étudiant des sections "mode" puis "photo" de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers a soigneuse-
ment replongé dans trois décennies de carrière, pour sélectionner les 200 images et quelques films montrés au MoMu, en évitant la simple approche chronologique. « Dans chacune des sept salles, il y a une image directrice », précise l'intéressé, citant par exemple le tirage Mickey Mouse.
Celui-ci montre le mannequin Robbie Snelders posant pour V magazine avec la célèbre souris dessinée sur le visage, qui a participé à bâtir la renommée de l'artiste. a
« Une fascination pour la jeunesse »
Parmi ses modèles fétiches, on trouve aussi la star des podiums, Natasha Poly, ou Clément Chabernaud, qu’il photographie depuis ses 15 ans. Le Belge est en effet du genre fidèle, et il aime travailler en confiance. En l’occurrence avec son styliste d'époux, Oliver Rizzo, et son compatriote Raf Simons, qui fit basculer la mode masculine dans une autre dimension en arrivant chez Dior, en 2012. « Nous nous sommes retrouvés tous les trois autour d'une fascination pour la jeunesse », s’exclame le quinquagénaire, qui sublime la spontanéité des corps autant que leur esprit. Attentif, justement, à parler à ce jeune public, Willy Vanderperre a misé avec sa co-commissaire Romy Cockx sur une expérience interactive. Dès l'entrée de l’exposition, le visiteur est invité à scanner un QR code renvoyant à une playlist concoctée par l’artiste, renouvelée tous les quinze jours. Une autre façon enthousiasmante de découvrir son monde. Marine Durand
Willy Vanderperre, prints, films, a rave and more… Anvers, jusqu’au 04.08, MoMu, mar > dim : 10h-18h, 12/8€ (gratuit -18 ans) , momu.be
À lire / L'interview de Willy Vanderperre sur lm-magazine.com
ANTOINE REPESSÉ
Déclic & collecte
Après l'anthropocène, sommes-nous entrés dans l'ère du "poubellocène" ?
Selon la Banque mondiale, la production annuelle de déchets sur Terre dépasse désormais deux milliards de tonnes… et devrait franchir les trois milliards en 2050. Une catastrophe écologique magnifiquement mise en lumière par le Lillois Antoine Repessé, à travers une série photographique à découvrir à Liège.
Antoine Repessé n'est pas vraiment un cordon bleu. Il a longtemps dû sa "survie" à l'achat de plats préparés. Un jour de 2011, après avoir oublié de sortir les poubelles, il s'est rendu compte du nombre d'emballages qu'il générait au quotidien. Plutôt que d'apprendre à cuisiner, le photographe a creusé une autre idée : conserver ses déchets recyclables. Durant quatre ans, et avec l'aide de près de 200 personnes, ce Lillois a ainsi collecté
quelque 70 m3 de détritus, stockant dans son appartement (entre autres) 1 600 bouteilles de lait vides, 4 800 rouleaux de papier toilette et des kilos de publicités. Une jolie « déchethèque » qui constitue la matière première de #365, Unpacked.
Emballez, c'est pesé
Pour réaliser cette série d'images, le Nordiste a trié chacun de ses emballages pour les entasser dans les pièces où ils sont généralement destinés : la salle de bain, les toilettes donc, la salle à manger… Ses clichés révèlent des montagnes de rebuts au centre desquelles posent des hommes, des femmes ou des enfants, submergés par ces morceaux de plastique ou de carton qu'on utilise chaque jour. Il en résulte des compositions aussi belles qu'effrayantes. Empruntant aux codes esthétiques de la publicité, cellesci illustrent concrètement une lente invasion et, plus largement, l'absurdité des modes de consommation du désormais célèbre Homo detritus.
Julien Damien#365, Unpacked
Liège, jusqu'au 06.10, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h, 7/5€, provincedeliege.be
RETRATISTAS DO MORRO
L'autre Brésil
Le Brésil comme on ne l'a jamais vu, ou si peu. Ces clichés révèlent le quotidien des habitants d'Aglomerado da Serra, une favela bâtie à flanc de colline en périphérie de Belo Horizonte. Ils sont l'œuvre de deux photographes originaires de ce bidonville de 50 000 âmes : Alfonso Pimenta et João Mendes. Durant près d'un demi-siècle, ces philanthropes ont saisi au plus près la vie d'une population majoritairement noire, provenant du centre de l'état et attirés par le développement industriel de la métropole. Soit quatre générations immortalisées en noir et blanc puis en couleur. Loin de tout misérabilisme, leurs images montrent des scènes familiales, prises lors de mariages, de baptêmes, de matchs de football, de remises de diplômes ou dépeignent l'émergence d'une "black soul" au cœur de ces quartiers populaires. Elles ont été rassemblées par l'artiste Guilherme da Cunha au sein du projet Retratistas do Morro ("les portraitistes de la colline"). Le voici dévoilé pour la première fois en Europe par l'Institut pour la Photographie de Lille qui, fermé pour travaux, n'en demeure pas moins actif. En l'occurrence, il a trouvé au Théâtre du Nord l'écrin idéal pour accueillir cette exposition qui focalise sur les années 1970 à 1990 de ce fonds exceptionnel. J.D.
Lille, 07.05 > 06.07, Théâtre du Nord, mar > ven : 12h30 - 19h
• sam : 14h-19h, gratuit, institut-photo.com
TEXTIMOOV !
En forme olympique
La culture organise aussi ses olympiades. Baptisée Textimoov !, cette sixième édition de Futurotextiles entrelace textile, mode et sport, mais pas seulement… Investissant les trois étages du Tripostal, à Lille, cette exposition propose également des tenues confortables en prévision de nos futurs voyages spatiaux - histoire d'être bien dans ses baskets, mais la tête dans les étoiles !
Depuis sa création en 2006, Futurotextiles dévoile les innovations qui agitent le monde du textile, entre haute technologie, design et art contemporain. Évidemment, en cette année olympique, la manifestation initiée par lille3000 se met au sport. Après avoir envisagé l’avenir des sneakers avec le label lillois LBC, on découvre ainsi, au premier étage du Tripostal, une garde-robe très "sportswear", mais aussi des matières novatrices et écoresponsables, comme le lin. Cette fibre végétale, cultivée en France (et massivement exportée en Asie !) offre une alternative confortable et élégante au polyester ou à l'élasthanne. Elle sert surtout de jolis vêtements, comme en témoignent les créations de la marque roubaisienne Juin fait le lin.
C’est gonflé !
Outre les réalisations spectaculaires de Thierry Mugler (ce tailleur en pneu, autorisant tous les dérapages), on s'attarde devant les accessoires et vêtements conçus par Marianna Ladreyt à partir… d'animaux de piscine gonflables recyclés ! Une idée brillante, au moins autant que Starlink, la nouvelle collection de la couturière technophile Clara Daguin. Présentée au second étage, entre des maquettes de satellites ou de lanceurs de fusée, celle-ci révèle des pièces brodées de perles, de verre et de micro-leds. Autant de créations qui évoquent un voyage interstellaire, idéal pour prendre de la hauteur. Julien Damien
Lille, 17.05 > 29.09, Tripostal, mer > dim : 11h-18h, 10/8€ (grat. -18 ans et rez-de-chaussée), lille3000.com
GIANTS
Monstres et compagnie
Les dinosaures ne furent pas les seuls géants à peupler la Terre. Leur extinction, il y a près de 66 millions d'années suite à l’impact d’une météorite, a laissé place à d'autres mastodontes. À Bruxelles, l’Institut des sciences naturelles en révèle onze, à travers des représentations à taille réelle et des squelettes quasiment complets - qui font nous sentir tout petits !
On a du mal à imaginer que le paisible paresseux avait un tel ancêtre : le Megatherium americanum, soit une montagne de graisse et de poils de près de six mètres de haut, pour plus de quatre tonnes ! Voici le genre de "monstres" qui habitaient notre planète, jusqu’à 10 000 ans avant notre ère pour certains (avant-hier, en somme). La disparition des dinosaures a en effet laissé le champ libre à une autre faune des plus monumentales, à l’aube de l’Eocène (il y a 56 millions d’années), suite à un spectaculaire réchauffement de la Terre. Le plus connu (et hollywoodien) de ces animaux demeure sans doute le mégalodon, qui s’expose à Bruxelles dans toute sa démesure. Atteignant la vingtaine de mètres, cette espèce éteinte (ouf !) il y a près de 3,5 millions d’années, donne au requin blanc des allures de poisson rouge. De son côté le Smilodon populator, ou "chat à dents de sabre", n’avait non plus rien d’un petit minou, affichant quelque 400 kilos. Il n’y a pas vraiment de preuves scientifiques à ce sujet, mais il est fort probable que les hommes préhistoriques, qui le côtoyèrent un peu, le laissaient faire ses griffes sur le canapé de la grotte… Élise Coquille Bruxelles, jusqu'au 25.08, Institut des sciences naturelles mar > ven : 9h30-17h • sam & dim : 10h-18h, 13 > 5€ (gratuit -3 ans), naturalsciences.be
Musée des beaux-arts de Calais
Exposition du 20.04.24 au 03.11.24
Quels beaux visages !
nouvelles œuvres
© Pierre et Gilles: Lio, Lio 1986Anima (Ex) Musica
Ce sont les mal aimés de la faune. Redoutés ou chassés, les insectes représentent pourtant 80% des espèces de notre planète, et demeurent méconnus. Un peu comme les instruments de musique, dont la savante "mécanique" échappe à notre œil. C’est donc une double invitation à la découverte que nous propose Anima (Ex) Musica avec les créatures imaginées par le collectif tout/reste/à/ faire. Depuis 2013, celui-ci réalise des insectes géants et articulés à partir de vieux instruments. On trouve ici une grande sauterelle verte conçue avec deux pianos, là une scolopendre formée de violoncelles ou d'un accordéon. Une exposition tout en vibrations… et qui ne donne pas le bourdon. C.M.
Guise, 01.05 > 22.09, Familistère tlj : 10h-18h (10h-19h, du 01.06 > 31.08), 10/7€ (gratuit -10 ans), familistere.com
Second souffle
Année olympique oblige, le 9-9 bis se lance sur la piste ! Pas n'importe comment : en acoquinant art contemporain et patrimoine. Citons Antoine Bertin, qui a enregistré le souffle d'habitants de la région pour composer une œuvre sonore diffusée par les murs du Métaphone. Dans la salle des douches de l'ancien site minier, les montages de l'Américain Pelle Cass fusionnent des centaines de photographies d'athlètes, révélant des images débordantes de vie. J.D.
Oignies, jusqu'au 08.12, 9-9 bis mer > dim : 14h-18h, gratuit, 9-9bis.com
Imagine !
Tout a-t-il déjà été dit sur le surréalisme ? Oh, loin de là, comme en témoigne cette exposition, qui en célèbre le centenaire. Celle-ci passera par Paris, Hambourg, Madrid, Philadelphie et, bien sûr, Bruxelles, qui inaugure cet événement international. Les Musées royaux des beaux-arts de Belgique s'intéressent à une source du mouvement cher à Magritte : le symbolisme. Un parcours conçu comme un labyrinthe onirique, où se côtoient Max Ernst, Giorgio de Chirico, Salvador Dalí… entre autres !
Bruxelles, jusqu’au 21.07, Musées royaux des beaux-arts de Belgique mar > ven : 10h-17h • sam & dim : 11h-18h, 18 > 6€ (gratuit -6 ans), fine-arts-museum.be
Histoire de ne pas rire
Rendons à André Breton ce qui lui appartient. Oui, l'écrivain français a signé Le Manifeste du surréalisme, en 1924. Pour autant, au même moment, le mouvement prenait également racine en Belgique. Son théoricien ? Paul Nougé. À Bruxelles, Bozar choisit cet autoproclamé « ouvrier des lettres » comme fil conducteur d'une exposition retraçant 75 ans de surréalisme belge. Celle-ci rassemble 150 documents et quelque 260 créations signées René Magritte, Jane Graverol, Paul Delvaux, Marcel Mariën...
Bruxelles, jusqu‘au 16.06, Bozar mar > dim : 10h-18h, 18 > 2€ (grat. -6 ans), bozar.be
Jules François Crahay
Ce n’est pas le plus connu des créateurs belges. Tombé dans l’oubli, Jules François Crahay (1917-1988) est pourtant considéré comme l’un des derniers génies de la couture. Comparé à Christian Dior, le Liégeois s’est révélé avec des œuvres mêlant la légèreté et le strict. Passé par les maisons Nina Ricci et Lanvin, il a habillé des icônes telles que Jackie Kennedy ou Claudia Cardinale. Le voici célébré grâce à une soixantaine de ses pièces emblématiques.
Bruxelles, jusqu’au 10.11, Musée mode & dentelle, mar > dim : 10h-17h 10 > 4€ (grat. -18 ans) fashionandlacemuseum.brussels
Le Monde fabuleux de Nicolas Eekman
Par quel mystère Nicolas Eekman (1889-1973) n’a-t-il pas été reconnu comme ses contemporains, Max Ernst ou Fernand Léger ? Injustement sorti des radars et s'inscrivant dans les pas de grands peintres flamands, l'artiste belge fait l’objet d’une rétrospective jusqu’à la rentrée au Musée de Flandre. Près de 80 toiles témoignent de ses multiples influences, entre expériences expressionnistes et tentatives cubistes, jusqu’à l'édification de son propre monde fantasmagorique. Un joli retour en grâce.
Cassel, jusqu'au 08.09, Musée de Flandre mar > ven : 10h-12h30 & 14h-18h • sam & dim : 10h-18h, 6 > 4€ (gratuit -26 ans), museedeflandre.fr
Peter Knapp
Quels beaux visages !
Le Musée des beaux-arts de Calais expose les œuvres récemment entrées dans ses collections (dont certaines jamais vues) dévoilant de "beaux visages". On découvre ici les photographies d'adolescent en gros plan de Philippe Bazin, les multiples figures qui composent la France vue par le pochoiriste C215, ou encore une Lio immortalisée par Pierre et Gilles, entre autres ! Rassemblant de grands artistes d'hier et d'aujourd'hui, cette exposition célèbre le portrait sous toutes ses facettes.
Calais, jusqu'au 03.11, Musée des beaux-arts mar > dim : 13h-17h, gratuit, mba.calais.fr
C'est l'homme qui a relooké la presse française, à l'orée des années 1960. Peter Knapp fut notamment directeur artistique du magazine Elle, et traduira comme peu d'autres l'émancipation féminine, avec ses mannequins en apesanteur ou aux allures de cosmonautes. Le Suisse contribua surtout à offrir ses lettres de noblesse à la photographie de mode, alors considérée comme un genre mineur. Cette exposition rend hommage à un avantgardiste, dont l'œuvre nourrit toujours les évolutions de notre temps.
Charleroi, jusqu'au 26.05, Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h 8 > 4€, (gratuit -12 ans), museephoto.be
Monet-Duhem
Ça ne vous aura sans doute pas échappé : on célèbre les 150 ans de l'impressionnisme ! Douai n’est pas en reste. Sous l'impulsion de l'artiste Henri Duhem (1860-1941), le musée de la Chartreuse a en effet acquis, durant 40 ans, une collection de tableaux signés Renoir, Pissarro ou Sisley. Celle-ci est aujourd’hui mise en valeur à travers une exposition de circonstance, rehaussée de ce prêt du musée d'Orsay de La Rue Montorgueil de Monet... une des sources d’inspiration de Duhem.
Douai, jusqu'au 24.06, Musée de la Chartreuse, mer > lun : 10h-12h & 14h-18h, 5/2,50€ (gratuit -26 ans), museedelachartreuse.fr
Superpower Design
Toujours plus loin, plus haut, plus fort... Ainsi avance l'Homme depuis la nuit des temps. Cette course à la performance s'accélère d'ailleurs avec le progrès technologique. Exosquelettes, prothèses, smartphones... Ces objets qui envahissent nos sociétés ne seraient-ils pas en train de nous transformer en "super sapiens" ? Quitte à nous amputer de notre humanité ? En Belgique, le CID observe nos futurs possibles par le prisme du design, entre vêtements empathiques et troisième œil robotique !
Hornu, jusqu'au 25.08, Centre d'innovation et de design mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans), cid-grand-hornu.be
NATURE la
Paysages impressionnistes du musée d’Orsay
16 mars > 24 juin 2024
Auguste Renoir, Pont du chemin de fer à Chatou, en 1881 Musée d’Orsay, Legs Gustave Caillebotte, 1894Mondes souterrains
Parés pour un voyage riche en émotions ? Le Louvre-Lens nous entraîne dans les mondes souterrains, tour à tour effrayants ou enchanteurs, mais toujours inspirants. Au fil de cette exploration entre réalité et imaginaire, ombre et lumière, on croisera Jules Verne et Émile Zola, Platon, Dante, Hadès et, bien sûr, des mineurs. Sculptures, peintures, installations, vidéos… Cette exposition réunit plus de 200 œuvres, de l'Antiquité à nos jours, preuve d'une fascination abyssale pour le sujet.
Lens, jusqu'au 22.07, Louvre-Lens, mer > lun : 10h-18h, 11/6€ (gratuit -18 ans), louvrelens.fr
Rodin, une renaissance moderne
C’est un double événement qui s’ouvre à Mons, au printemps. La capitale culturelle de la Wallonie inaugure son nouveau complexe muséal en accueillant un monstre sacré de la sculpture : Rodin ! Et la cité du Doudou a vu les choses en grand. Cette exposition rassemble près de 200 pièces de l’artiste français, dont ses plus grands chefs-d'œuvre, du Penseur aux Bourgeois de Calais. Elle révèle aussi des dessins inédits, l’influence de la Renaissance sur son travail… et une indéniable "belgitude".
Mons, jusqu'au 18.08, CAP - Musée des beaux-arts de Mons, mar > dim : 10h-18h 16 > 2€ (gratuit -12 ans), cap.mons.be
Marie'ART
Derrière ce mot-valise se cache un nouveau rendez-vous mariant nature et culture. Pour cette première édition de Marie’Art, le Musée royal de Mariemont convie sept artistes belges et internationaux à investir son immense domaine. Monumentales, ces œuvres dessinent une promenade poétique tout en posant les bonnes questions. À l’instar de la Boîte forestière de l’architecte italien Daniele Del Grande, soit une cabane offrant un espace de contemplation comme de réflexion sur notre environnement.
Morlanwelz, 18.05 > 22.09
Domaine & Musée royal de Mariemont mar > dim : 10h-18h, gratuit musee-mariemont.be
Pascal Barbe
Ses petits bonshommes ont fait le tour du pays, et bien au-delà. Pour fêter leurs 50 ans, ils se posent (pour longtemps) à la Piscine. Œuvres de Pascal Barbe, ces silhouettes anguleuses et pétries d’humour dessinent une humanité foisonnante, joyeuse et libre. Ces dessins sont accompagnés de mots formant de petits haïkus, que le natif de Bruay-en-Artois a d’ailleurs offerts à l’institution roubaisienne. Soit 141 pièces (!), et autant de bonnes raisons de se laisser happer par cette exposition.
Roubaix, jusqu’au 26.05, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • sam & dim : 13h-18h, 11/9€ (gratuit -18 ans) roubaix-lapiscine.com
Le Printemps des Cimetières à Fromelles
Samedi 25 et dimanche 26 mai
En cette année olympique, et pour cette nouvelle édition du Printemps des Cimetières, le Musée de la Bataille de Fromelles vous propose des visites guidées sur le thème des sportifs de la Grande Guerre et une rencontre autour des paysages de mémoire. Venez (re)découvrir les histoires de soldats, qui se lisent encore aujourd’hui, sur nos terres !
Samedi 18 mai à 16 h - Rencontre
« Le pouvoir de l’acceptation est une richesse si précieuse, et nous jouons tous un rôle important dans l’évolution de celui-ci » par Francesca Clayton.
Samedi 25 mai à 16 h 30 - Visite guidée
« Jeu, guerre et match » : deuxième mi-temps. Visite guidée du cimetière militaire de Rue-Petillon (Fleurbaix).
Dimanche 26 mai à 16 h - Rencontre
Les paysages de mémoire par Etienne Verkindt.
Programmation et tarifs musee-bataille-fromelles.fr
Onglet « Agenda » et sur nos réseaux sociaux
Réservation conseillée (places limitées)
03 59 61 15 14 ou contactmbf@lillemetropole.fr
Peindre la nature
L’impressionnisme a 150 ans. Pour célébrer cet anniversaire, le musée d’Orsay, qui abrite la plus grande collection au monde de peintures de ce mouvement, prête 178 œuvres à 34 institutions françaises. Parmi elles, le MUba de Tourcoing reçoit 58 chefs-d'œuvre signés Monet, Renoir, Pissarro, Cézanne, Caillebotte… soit la plus importante part de ce corpus. Cette exposition focalise sur le paysage et plus largement la nature, nous offrant une promenade dans l'histoire de l'art... impressionnante.
Tourcoing, jusqu'au 24.06, MUba Eugène Leroy, tous les jours sauf mardi : 13h-18h 6/4€ (gratuit -18 ans), muba-tourcoing.fr
Fares Cachoux
Né en Syrie, désormais installé en France, Fares Cachoux s’est révélé avec des œuvres pop, minimalistes et résolument engagées. Quelque part entre le graphisme et la peinture, ses créations dénoncent les horreurs de notre époque, de la tyrannie dans son pays natal à l’obscurantisme religieux. Publiées dans de nombreux journaux, mais aussi les manuels scolaires, ses images décryptent l’actualité avec une acuité et un sens de l’ironie évoquant les pochoirs de Banksy – l’un de ses complices.
Tourcoing, jusqu'au 14.07
Institut du monde arabe mar > dim : 13h-17h45, 5/4€ (gratuit -6 ans) ima-tourcoing.fr
Marisa Merz, Sans titre , s.d. Technique mixte sur papier de riz monté sur cadre en plexiglas ; 45,5 x 32,5 cm. Collection particulière. © Adagp, Paris, 2024.
S’emmêler
Le Tour du Saint Cordon est une tradition millénaire à Valenciennes. En l’an 1008, la Vierge Marie aurait déroulé un cordon autour de la ville, pour la protéger de la peste. Depuis, chaque deuxième dimanche de septembre, les habitants refont le parcours du tracé miraculeux. L’artiste lilloise Elisa Moris Vai réinterprète cette procession à travers quatre œuvres disséminées dans la cité du Hainaut. À l’image de cette immense fresque figurant un cordon tombé du ciel, devant le Musée des beaux-arts.
Valenciennes, jusqu’au 24.06
Carré des Arts, Bd Watteau (accès libre), Hôtel de ville, Maison de quartier Centre-Ville... (divers horaires), grat., musee.valenciennes.fr
Marisa Merz
Considérée comme la seule artiste femme du fameux groupe Arte povera, Marisa Merz (1926-2019) demeure plus largement une figure majeure de la scène artistique italienne. Elle fut même récompensée d’un Lion d'or à la Biennale de Venise, en 2013. C’est dire l’importance de cette rétrospective (la première en France depuis 30 ans). Au LaM de Villeneuve d’Ascq, on découvre une œuvre foisonnante de matières, de techniques et d’émotions, traduisant la fragilité de l’art comme celle la vie.
Villeneuve d’Ascq, 03.05 > 22.09, LaM, mar > dim : 10h-18h 11/8€ (gratuit -18 ans), musee-lam.fr
ITAK L'odyssée fantastique
Né en 2022, ce festival s'est rapidement imposé comme une référence, une véritable boussole pour les amateurs de spectacle vivant. À Maubeuge (et ses alentours), le bien nommé iTAK nous convie à un voyage riche en découvertes, entre théâtre, danse, cirque ou musique. Allez, on vous embarque.
C'est un nom synonyme de voyage et de merveilleux. Dans l'Odyssée d'Homère, Ithaque est l'île grecque qu'Ulysse met dix ans à retrouver après la guerre de Troie. Rassurez-vous, point de cyclopes ou de sirènes meurtrières dans la cité du clair de Lune, mais de belles aventures artistiques... et des divinités en colère. Dans aSH d'Aurélien Bory, la danseuse indienne Shantala Shivalingappa incarne ainsi Shiva, dieu créateur et destructeur, dans un dispositif mêlant cendres et vibrations. Tout aussi inspirée, Tiphaine Raffier adapte l'ultime roman de Philip Roth. Son Némésis (déesse de la vengeance) raconte la folie d'un homme affrontant une épidémie de poliomyélite, mais terrassé par son désir d'héroïsme...
À table !
Toutes ces aventures, ça creuse ! Bonne nouvelle : Sien Vanmaele s'est donné pour mission de « sauver le monde depuis sa cuisine ». À travers Repas de mer, la comédienne nous invite à partager les plats qu'elle mitonne sur le plateau à partir de végétaux dénichés le long des plages (des algues par exemple), alimentant la réflexion sur notre façon d'exploiter la planète. Vous voilà requinqués ? Tant mieux, car le programme réserve encore son lot d'émotions, comme celles provoquées par le ballet aérien de CirkVost, lors d'un "Grand final" en forme d'apothéose. Dans Pigments, ces trapézistes et voltigeurs perchés à 15 mètres au dessus du sol nous en font voir de toutes les couleurs. Une performance… homérique ! Julien Damien
Maubeuge & alentours, 10.05 > 01.06, Théâtre Le Manège, La Luna & divers lieux
1 spectacle : 10 > 5€ (Grand final le 01.06 : gratuit !), lemanege.com
Sélection / 10 & 11.05 : Cie Laïka – Repas de mer // 15 & 16.05 : Tiphaine Raffier – Némésis
17.05 : Aurélien Bory – aSH // 22 & 23.05 : Post uit Hessdalen – Man Strikes Back // 25.05 : Marco da Silva Ferreira - Carcaça // 01.06 (Grand final) : Cie La Meute – Newroz, Cie Dérézo – Lennut, Sofiane Chalal – Danse avec Sofiane, CirkVost – Pigments...
PASSEPORT
Face à l’exode
Le Porteur d’histoire, Le Cercle des illusionnistes, Edmond… Alexis Michalik s’est imposé, en une petite dizaine de pièces, comme la star d’un théâtre grand public de qualité. Le dramaturge et metteur en scène retrace cette fois le parcours du combattant d’un jeune réfugié pour obtenir un titre de séjour.
Il présente Passeport comme son œuvre « la plus politique ». Alexis Michalik, cinq Molières au compteur, s’empare ici du sujet difficile des migrations. C’est d’ailleurs sur la tristement célèbre jungle de Calais que le rideau se lève. On découvre Issa, un Érythréen en quête de jours meilleurs en Angleterre, devenu amnésique après avoir été tabassé. Il a tout oublié du voyage et de son arrivée dans la froideur humide du camp. Sa seule chance réside dans un bout de papier : son passeport, grâce auquel il va tenter de se reconstruire et trouver sa place en France… S'intéressant précédemment à la PMA (Une Histoire d’amour) ou à la prison (Intra Muros), le metteur en scène a déjà montré son talent vis-à-vis des sujets de société. Avec sept comédiens sur le plateau, dont l’humoriste Kevin Razy, Michalik choisit de tirer cette pièce engagée vers la fable, « désamorçant » l'âpreté des parcours par des touches d’humour. Les décors figurant aussi bien un hôpital en bord d’autoroute qu’un commissariat nous rapprochent du terrain. Surtout, le mariage des langues révèlent un spectacle éminemment humaniste, où l'espoir n'est pas complètement exclu. Marine Durand
Amiens, 15 > 18.05, Comédie de Picardie mer & sam : 19h30 • jeu & ven : 20h30, 28 > 14,50€, comdepic.com
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BORDERLESS
Frontières à l'ouest
Est-ce du catch ? Du cirque ? Un peu des deux… et tellement plus que ça ! Dans Borderless, Blanca Franco et Sébastien Davis-VanGelder, alias Seb & Blanca, se jouent avec maestria des différences culturelles entre le Mexique et les États-Unis. Ils fustigent les clichés accolés aux deux pays et surtout les nationalistes érigeant des murs entre les deux. D'un côté, l'acrobate mexicaine, le visage masqué comme dans la grande tradition de la "lucha libre", brandit cactus et piments gonflables - quand elle n'effectuent pas quelques gestes de salsa endiablée. De l'autre, son vis-à-vis natif des USA s'affiche en cow-boy chargé de victuailles made in McDo et autres symboles caricaturaux. Entre les deux a été tracée une ligne de séparation à la craie, au centre du plateau, qu'ils s'évertueront à traverser pour se livrer une irrésistible joute acrobatique. Ces experts ès main à main s'empoignent, se tapent dessus (pour de faux, évidemment), se portent et se projettent au fil de prouesses mêlant danse et prises aériennes. C'est souvent drôle, parfois tendre, toujours spectaculaire et surtout hautement symbolique, à l'heure où les frontières n'en finissent plus de fracturer l'humanité… J.D.
Lille, 16 & 17.05, Le Prato, jeu : 20h • ven : 10h30, 15 > 5€, leprato.fr
LA CHAUVESOURIS
OPÉRA
JOHANN STRAUSS DU 4 AU 17 JUIN 2024
Johanna Malangré Direction musicale
Laurent Pelly Mise en scène
La Vie trépidante de Brigitte Tornade
Vie de femme moderne rime souvent avec "charge mentale", et Brigitte Tornade ne la supporte plus ! Loin de la "girlboss", cette presque quadragénaire tente désespérément de jongler entre sa carrière, ses quatre enfants et son couple usé par la routine… Imaginée par Camille Kohler, cette femme au bord de la crise de nerf fut pendant cinq ans l’héroïne d’un feuilleton radiophonique sur France Culture. La voici sur les planches pour nous livrer une comédie explosive, auréolée d’un Molière en 2020. Miroir tendu à la famille comme critique de la société, cette pièce s’attaque aux injonctions faites aux femmes et surtout aux mères. Show devant ! C.M.
Bruxelles, 01 > 26.05, Théâtre royal des galeries, mar > sam : 20h15 (matinées : 15h), 29>10€, trg.be
La Convivialité
Vous pensez être nul en français ? C'est peut-être la faute de l'orthographe, qui n'a rien de logique... c'est même tout le contraire ! Pourquoi existe-t-il douze façons d'écrire le son "s" ? Saviez-vous que Molière écrivait le misanthrope sans "h" ? Dans ce spectacle-conférence, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron soulignent avec malice les absurdités de notre langue, et explorent un grand bazar lexical où les accords ne sont pas toujours parfaits… J.D.
Bruxelles, 23 > 31.05, Le Rideau jeu & sam : 19h • mar, mer & ven : 20h, complet ! lerideau.brussels
Philippe Lafeuille affole les œuvres classiques pour mieux en rire, l’opéra de Bizet s’offre ici une relecture qui risque de secouer. (Télérama)
LA VIE SECRÈTE DES VIEUX
L’amour, toujours
Derrière ce titre renvoyant à une BD acerbe de Riad Sattouf (La Vie secrète des jeunes) se cache une pièce débordante d’humanité. Dans sa nouvelle création, Mohamed El Khatib, figure du théâtre documentaire, évoque l’amour au temps du grand âge, et brise le tabou de la sexualité de nos aînés. Qu’en est-il du désir au crépuscule de l’existence ? Vaste question.
Sur le parquet d’une salle de bal, des personnes âgées de 76 à 102 ans évoquent leur vie amoureuse. Issues de divers milieux sociaux et toutes étrangères à la scène, comme souvent dans les pièces de Mohamed
El Khatib, elles évoquent leur intimité librement, leurs premiers et derniers émois... Car oui, sous les corps usés, il y a un cœur battant et du désir, même si encore aujourd’hui le sujet reste tabou, surtout dans une société qui marginalise ses aînés. En témoigne Danièle, qui avoue au metteur en scène : « Moi je veux bien tout vous raconter, mais je ne voudrais pas que mes enfants le sachent. Ils pensent que c’est fini pour moi depuis un moment… ».
Roméo et Juliette
Entrecoupés d’images tournées dans des EHPAD en France et en Belgique, ces témoignages emplis de tendresse, de nostalgie, d’humour parfois, reflètent une rare sincérité. Mais entre ces confidences sur une sexualité libérée, "bricolée", voire reléguée, pointent aussi des drames. « Comme Anne, 83 ans, rencontrée dans un EHPAD de La Rochelle, que nous avions filmée, et qui s’est suicidée parce que la famille de Jean-Claude, son bienaimé de 74 ans, s’est opposée à leur amour », indique Mohamed El Khatib. Pourtant, cette réalité refoulée dessine une promesse lumineuse pour notre fragile espèce : celle d’un amour qui ne s’éteint jamais. Julien Damien
Bruxelles, 28.05 > 01.06, Théâtre National, complet !, theatrenational.be (Kunstenfestivaldesarts) Arras, 04 > 06.01.2025, Théâtre, tandem-arrasdouai.eu
Calais, 18 & 19.01.2025, Le Channel, lechannel.fr
Car/Men
La compagnie Chicos Mambo fête ses 30 ans, mais ne s’est pas assagie pour un sou… tant mieux ! Après Tutu , la troupe de Philippe Lafeuille délaisse les froufrous rose bonbon pour se parer, entre autres, de robes d’un rouge éclatant. Vous l’aurez compris, ce spectacle revisite Carmen, l’opéra le plus joué au monde, mais sans doute jamais de cette façon ! Ici, un chanteur lyrique et huit danseurs se jouent avec fantaisie du masculin et du féminin. Sous leurs tenues flamboyantes, ces performeurs mêlent danse, musique, théâtre, clowneries et invitent le public à chanter avec eux. Ils renouent ainsi avec l'esprit de fête indissociable de l'œuvre de Bizet. C.M.
La Louvière, 31.05, Théâtre, 20h, 40 > 8€, cestcentral.be
Helldebert - Enfantillages 666
Vous aimez Aldebert ? Alors vous adorerez son "jumeau maléfique", Helldebert ! Dans ces Enfantillages 666, le chanteur préféré des enfants renoue avec ses premières amours (ou ses vieux démons, c'est selon) : le heavy metal. Le Bisontin, qui a débuté au sein du groupe de rock White dans les années 1990, balance Du (très) gros son (l'un de ses titres phares) et dévoile des inédits, comme Seum 51 (son âge !). Parés pour un spectacle diabolique ? J.D.
Béthune, 01.06, Théâtre municipal, 15h & 19h, 39/25€, theatre-bethune.fr Charleroi, 07.06, PBA, 20h, 27 > 10€, pba.be // Namur, 08.06, Théâtre de Namur, 16h & 19h, 35/25€ tccnamur.be // Lille, 21.12, Théâtre Sébastopol, 15h, 39 > 25€, theatre-sebastopol.fr
LA CONSTELLATION IMAGINAIRE Toujours plus haut !
Dix ans déjà que la Constellation imaginaire éclaire de sa poésie le ciel du bassin minier. Ce festival dédié aux arts de la rue ne change pas pour autant sa formule : trois jours de spectacles en itinérance dans la région, entre danse, cirque, théâtre… et des disciplines pour lesquelles il n’existe pas encore de nom !
Chaque année « aux beaux jours, Culture commune fait le mur et s’installe dans des petites villes du territoire », décrit Sidonie Diaz, responsable des projets danse, cirque et arts dans l’espace public. Une floppée d’artistes créatifs, virtuoses et disons-le, un peu perchés, sont une fois encore au rendez-vous. Durant le festival, le public est aussi mis à contribution. Les habitants de Rebreuve-Ranchicourt sont par exemple invités à construire des infrastructures pour « de tout petits êtres humains » avec la compagnie Tantôt. À Calonne-Ricouart, on coupe des patates dans la friterie théâtrale de la compagnie Bonjour Désordre, en écoutant de bonnes histoires - avec dégustation en prime.
La caravane passe
Le grand raout du samedi et du dimanche se tient lui, pour la première fois au parc d’Olhain et mixe les formes et les jauges. Sur la quinzaine de spectacles à l’affiche, citons Albatros, du collectif Théâtre Clandestin, où les spectateurs regardent depuis l’intérieur d’une caravane des personnages vivant à l’extérieur, sur un très beau texte de Fabrice Melquiot. Plus spectaculaire mais pas moins fantaisiste, Lemniscate, de la compagnie Bivouac, défie les lois de la gravité au sommet d’une structure hélicoïdale. Trois circassiens créent ainsi des constellations acrobatiques tout en légèreté. Vous avez dit vertigineux ? Marine Durand
Bassin minier du Pas-de-Calais, 28.05 > 02.06, Maisnil-lès-Ruitz, Rebreuve-Ranchicourt, Calonne-Ricouart & Parc d’Ohlain, gratuit, culturecommune.fr
Sélection / 28.05 > 01.06 : La Compagnie du Coin - La Cérémoniale // 30.05 : Cie Tantôt – Minus 31.05 : Cie Bonjour Désordre - Friterie mon ami·e // 01.06 : Cie Sens Ascensionnels - La Nature est un être humain comme les autres // 01 & 02.06 : Théâtre Clandestin – Albatros, Cie Les Grandes
Personnes - Histoires géantes, La Scie du Bourgeon - Encore heureux !, Cie Bivouac – Lemniscate
Passé simple
(Pablo Mira)
Pablo Mira lâche son personnage d'éditorialiste réac pour remonter le temps. Dans Passé simple, il se replonge dans les années 1990, « la décennie des chutes : celle de l'URSS et des cheveux de Bruce Willis ». Vêtu d'une veste bariolée comme dans Le Prince de Bel Air, il asticote la pop culture de son adolescence (tel « le Club Dorothée qui était diffusé 28h par jour ») et se pose des questions essentielles : « à quel moment on a pensé que ce serait cool de porter une visière de golf ? ».
Calais, 03.05, Le Grand théâtre, 20h, 35/32€ // Le Touquet, 04.05, Palais des congrès, 20h30 39 > 29€ // Bruxelles, 28.05, C.C. d'Uccle, 20h, 39/35€ // Roubaix, 28.11, Colisée, 20h, 39 > 28€
Fille
(Matt Hartley / Filigrane 111 & Cie Lolium)
"Fille" (c'est son nom) vit avec son père dans une zone rurale. Elle ne connaît rien du monde. Sa vie primitive est rythmée par les travaux, les récoltes. Elle vit avec "Père", qui lui sait, mais l'a exclue de la société, la privant d'humanité. Un jour, une femme enceinte vient trouver refuge à la ferme... et Fille l’éventre, sans saisir la portée de son acte. Comment fabrique-t-on les monstres ? Peuton les comprendre ? Telles sont les questions soulevées par cette pièce coup de poing.
Armentières, 07.05, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ levivat.net // Valenciennes, 23 & 24.05
Le Phénix, 20h, 20 > 5€, lephenix.fr
Les Enfants de Médée (Milo Rau)
Milo Rau s’est fait une spécialité de porter les sujets brûlants sur scène. Sa nouvelle création s'inspire d'une histoire vraie : celle d'une mère qui, après une séparation, se venge en assassinant sa progéniture. Renvoyant au personnage de Médée, dans la mythologie grecque, l'affaire est ici racontée du point de vue des victimes. Comme dans Five Easy Pieces, des enfants rejouent le drame, et donnent plus largement la parole à une jeunesse souvent muette dans ce type de tragédies.
Douai, 24 & 25.05, Hippodrome ven : complet ! • sam : 18h, 25/14€ tandem-arrasdouai.eu
Carcaça (Marco da Silva Ferreira)
Dans cette chorégraphie pour dix interprètes, Marco da Silva Ferreira confronte danses folkloriques, urbaines ou culture club, soit les modes d’expression de communautés considérées comme "minoritaires" (LGBT ou issues d’anciennes colonies). Vêtus de tenues fluo, les corps vibrent à l'unisson, entre mouvements du bassin et jeux de jambes virtuoses. Mêlant fanfare, house, kuduro et voguing, le Portugais dessine l’impalpable. À savoir : comment une identité collective se construit-elle ?
Charleroi, 25.05, Les Écuries, 20h, 18 > 5€, charleroi-danse.be
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Côte à côte
(Cie &co / Sandra Géco)
Dans un monde de plus en plus virtuel, le contact humain serait-il en voie de disparation ? Mariant danse contemporaine, hip-hop et cirque, ce duo célèbre un geste ô combien symbolique de notre espèce : le câlin ! Il est ici décliné sous toutes ses formes, durant un corps-à-corps (voire cœur-àcœur) où les deux interprètes peuvent compter l’un sur l’autre pour affronter les difficultés. Ils s’enlacent, chutent mais se relèvent toujours. Une ode à la tendresse et à l’humanité.
Roubaix, 29.05, Médiathèque La Grand Plage, 10h, 10 > 5€ (+ atelier famille : 25.05), balletdunord.fr
Inglorious by Vérino
(Gérémy Crédeville, Tania Dutel, Rosa Bursztein, Paul de Saint Sernin & Thomas Deseur)
Focus, son one-man-show, n'en finit plus de cartonner, mais Vérino aime aussi l'humour à plusieurs ! En l'occurrence, il réunit ici cinq artistes, qui ont chacun dix minutes pour livrer leurs moments les moins glorieux... Au casting, on retrouve, entre autres, Tania Dutel, qui n'a aucune limite lorsqu'il s'agit de parler d'elle (donc de nous), "l'éplucheur d'écureuils" Thomas Deseur ou encore Rosa Bursztein, qui « dédramatise le cul » comme personne. Oui, ça promet ! Roubaix, 29.05, Colisée, 20h, 39 > 15€, coliseeroubaix.com (+ Focus : Douchy-les-Mines 19.05, L'Imaginaire, 17h, 20 > 9€ (gratuit -12 ans) imaginaire-douchy.fr
La Formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten (Guillermo Guiz)
Quel chemin parcouru depuis son Anderlecht natal ! Avec deux spectacles au compteur et des chroniques d'anthologie sur France Inter, Guillermo Guiz s'est imposé comme l'un des meilleurs humoristes de sa génération. Mais voilà, à plus de 40 ans, Guy Verstraeten (son vrai nom) s'interroge quant à son nouveau statut et ses "valeurs". Comment manger une mitraillette belge dans un palace ? Vouloir taxer les riches mais se rendre compte qu’on en fait partie ? Vastes questions... et drôles de réponses !
Bruxelles, 29.05 > 01. 06, Théâtre de la Toison d'Or, complet ! sauf jeu : 37 > 25€, ttotheatre.com
Nomade 2.0 (Wary Nichen)
Ce n'est pas le plus connu des stand-uppers, mais pas le moins talentueux. Ni bourlingueurs ! Né en Algérie, passé par la France, Montréal, l'Angleterre ou la Suisse, Wary Nichen parle couramment arabe, anglais, français, espagnol... et a des choses à raconter. D'ailleurs, ne vous fiez pas à son air un peu las. Son flegme cache un sens certain de la formule redoutable - « Londres a choisi un maire musulman, en France c’est Jack Lang qui dirige l’Institut du monde arabe ». Vous avez dit piquant ?
Lille, 06.06, Théâtre La Comédie de Lille, 20h, 25€, comediedelille.fr //
David Szauder
Rhabillé pour l'hiver par David Szauder (qui signe aussi notre couverture), l'inquiétant Kim Jong-un fera-t-il un jour exploser la planète dans un grand nuage atomique ? C'est kitsch ou double ! "Rocket Man", comme le surnomme affectueusement Donald Trump, autre grand fou raillé par l'artiste hongrois (page 22), est hélas capable du pire. En tout cas, cette image synthétise à merveille la folie de ce bas monde, plus que jamais sur un fil… davidarielszauder.com // c @davidszauder
THÉÂTRE ROYAL DES GALERIES
Directeur : David Michels
Saison
2024 - 2025
Une idée géniale de Sébastien Castro
Times Square de Clément Koch
Lady Agatha de Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos
La nuit du fils de Giuseppe Santoliquido
Chers parents de Emmanuel et Armelle Patron
Kean d’Alexandre Dumas
Hors abonnement Le Crime de
d’Agatha Christie
l’Orient-Express
En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge