LM magazine france belgique 96

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mai

2014

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GRATUIT

nord & belgique

Cultures et tendances urbaines



#96 Sommaire Let’smotiv - mai 2014 Barnum City, Tiger and Turtle - Magic Mountain, Duisburg - 2010 © Heike Mutter & Ulrich Genth

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n ews Terry Border, Daft Punk, Tom Of Finland, des maillots américano-franco-hollandais, la compilation Schnock, aristorap, McGyver en kit, We Are Family !

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p ortfolio Hervé Dieudonné, le passé recomposé

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r eportage Doel, la traversée du désert

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musique Interview de The Hacker, Fivestival, Festival de Flandre, Chet Faker, Autour de Lucie, Juana Molina, Madeleine Peyroux, Wazemmes L’Accordéon, Jagwar Ma, Les Nuits Botanique, Jungle, Isaac Delusion, Rodrigo Amarante, The Brian Jonestown Massacre, Ciné-Concert Steven Spielberg

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c inéma Conversation animée avec Michel Gondry, Night Moves, Charlie Countryman, Real Humans, Archer, Les Amants Électriques

E xposition Open Museum Air, Le Lointain de près, Géricault, Parcours d’artistes, No country for young men, Elmar Trenkwalder, Monte le son !, Eclectic Campagne(s), Robert Heinecken, Birds Of Paradise, Barnum City, Les Vikings, Agenda

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théâtre Rencontre avec Caroline Sonrier (Opéra de Lille), KunstenFestivaldesArts, L.A. Dance Project, Crocodile Trompeur, Le Grand Sextacle, Zarts’Up !, Prémices, Hamlet VS Hamlet, Rigoletto, La réouverture du Bateau-Feu, Agenda

Livres Jacques Rancière, Tarquin Hall, Philippe Delerm, Ian Monk, Clara Usón

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disques Shawn Lee, The Pains Of Being Pure At Heart, Joakim, Elephant, Avey Tare’s Slasher Flicks

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L e Mot de la fin Tata&Friends


flash info

Nouveau site web Nouvelle adresse postale

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Let’smotiv Nord & Belgique 28 rue françois de badts - 59110 La madeleine - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Direction de la publication / Rédaction en chef : Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Rédaction : Thibaut Allemand redaction@lm-magazine.com

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Couverture : Hervé Dieudonné Horror show www.hervedieudonne.com

Alexis Floret

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administration : Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

réseaux sociaux : Sophie Desplat Impression : Imprimerie Ménard 31682 Labège

diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Ont collaboré à ce n° : François Annycke, Julien Bourbiaux, Catherine Callico, Sylvain Coatleven, Julien Collinet, Christophe Delorme, Hervé Dieudonné, Marine Durand, Elsa Fortant, Audrey Jeamart, Florian Koldyka, Vincent Lançon, Raphaël Nieuwjaer, Clément Perrin et plus si affinités. Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



© Terry Border

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Coup coup de fil De Terry Border, on avait apprécié la série des Bent Objects reposant sur des boîtes de conserve, du déodorant, des bouchons en liège, des cadenas... Avec un peu de fil de fer, l'artiste américain leur donnait vie et les plaçait dans de drôles de situation. Aujourd'hui, le quadragénaire dévoile un projet plus lettré : des mises en perspective de romans (très) célèbres. Ainsi de 1984 de George Orwell équipé d'une caméra, L'Odyssée d'Homère avec sa valise, Rosemary's Baby dans un lit pour enfant... Ingénieux. www.terryborder.com

Futur antérieur En 1995, Daft Punk représentait le futur. Aujourd'hui conservateur du patrimoine, le tandem édite une série de T-Shirts bien rétro dont les publicités ont de faux-airs de réclame. On n'avait pas vu ce genre d'imagerie depuis 1985. Rétromania, vintage, appelez-ça comme vous voulez. "That's entertainment !" comme chantait l'autre. www.daftpunk.com


© Itella Posti Oy / FinlandOriginal image: Tom of Finland foundation / USA

échange de maillots

Les Affranchis à l'heure où l'on écrit ces lignes, le parlement finlandais envisage d'autoriser le mariage homosexuel. C'est horrible, hein ? On en dort plus la nuit. Alors message à notre meilleure amie, Christine Boutin : Chère Chris', si tu pars en croisade à Helsinki, surveille les timbres au moment de nous envoyer une carte postale ! La Finlande vient d'éditer une série consacrée aux œuvres de Tom Of Finland. Cet artiste décadent a consacré sa triste vie à faire l'éloge de fantasmes d'invertis. Des hommes über-virils, velus, vêtus de cuir et aux sexes turgescents auxquels il faudrait donner un coup de langue ? Non merci.

Grosse boulette chez Nike. Le couturier des gens qui transpirent vient de présenter le maillot de l'équipe de football des États-Unis pour le Mondial 2014. C'est bleu, c'est blanc, c'est rouge... Normal, ce sont les couleurs du drapeau. Mais ça ressemble beaucoup au maillot de champion de France cycliste sur route... Pire, les supporters retrouvent ici le drapeau des Pays-Bas à l'envers (dont l'équipe joue quand même en orange) voire une référence à la France en général. Bref, l'insulte.

On ne présente plus la revue trimestrielle Schnock, destinée aux "vieux de 27 à 87 ans". Elle édite un florilège de 42 titres issu du patrimoine francophone – mais pas seulement. Les grands noms célébrés (Françoise Hardy, Dutronc, Christophe, Bashung, Kevin Ayers...) y côtoient des perles inattendues signées Hugues Aufray, Sheila, ou Michel Sardou. Une belle réévaluation de nos certitudes de mélomanes. Sur la platine de Schnock, Vol.1, 17,99€

© DR

La chance aux chansons


© DR

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rap du XVIe ✪

Tandis que Kanye West et Jay-Z se partagent, paraît-il, le trône du hip-hop, Cecilia Azcarate s'est penchée sur les similitudes gestuelles et vestimentaires entre les tough guys d'aujourd'hui et les aristos du XVIe (le siècle, pas l'arrondissement... quoique). Le résultat est amusant mais, entre nous, ça tient plus de la coïncidence que de l'étude scientifique. www.b4-16.tumblr.com

Kit McGyver Si McGyver n'a jamais utilisé d'armes à feu, il a beaucoup fait pour la popularisation du couteau suisse et du bricolage. Or, un site consacré à la célèbre mullett commercialise un kit McGyver. À l'intérieur ? Du scotch, un chewing-gum, une petite bougie, un bloc de papier, un timbre... de quoi sauver le monde libre. www.macgyveronline.com

We we Are are Family family L'Aéronef publie un jeu des sept familles musicales. Ah oui, pop, rock, reggae, house... ? Raté. Ici les parentés sont transversales et centrées non sur le style du groupe, mais sur une chanson en particulier. On retrouve The Stone Roses avec Fela Kuti et N.E.R.D. dans la famille "Groove Imparable", tandis que Metallica côtoie Air et Otis Redding dans la famille "Slow Langoureux". À la fois ludiques et érudits ces deux jeux (donc 14 familles en tout) permettent de revisiter le vaste patrimoine des musiques populaires sans se soucier des chapelles. 7e le jeu. Soirée de lancement : 27.05, Lille, L'Aéronef, 19h, gratuit, www.aeronef-spectacles.com



portfolio

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Mask paper Tequila gourmet for KK Outlet, London, UK, 2013


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Hervé Dieudonné Passé recomposé

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stampillée "Beware Of The Spreading Evil !", et maculée de rouge, l’image noir et blanc d’un couple effrayé surgi des fifties. Ailleurs, un gamin rappelant La Guerre des Boutons. Plus loin, un soldat du temps jadis rehaussé de couleurs pastel... Hervé Dieudonné joue avec les images sépia d’hier et les modernise, maniant la fantaisie avec une rare dextérité. « Je ne veux pas souligner leur côté vintage, explique le Liégeois, mais leur donner une nouvelle vie en les sortant de leur contexte ». Après avoir lâché ses études d’histoire de l’art, « trop théoriques », ce graphiste inspiré s’est tourné vers l'Académie des Beaux-arts de Liège, pour trouver quelque chose de « plus concret ». Celui qui se définit comme un « autodidacte, un peintre en recherche » traque sans cesse les images « dans

À visiter / www.hervedieudonne.com www.hervedieudonne.tumblr.com

les vieux journaux, sur du papier peint abîmé, sur lesquels on distingue parfois des traces d’encre ou du scotch. Ensuite, je scanne et dessine sur ordinateur, avec la palette graphique ». Über-moderne, donc ? Pas totalement : « Désormais, je tente de me détacher du numérique, trop léché, pour retrouver un aspect très brut et spontané ». Ce grand amateur de Basquiat réserve ainsi une place à quelques craboudjas ou gribouillis typiques des enfants. Dans la foulée, on note un goût pour de facétieuses légendes (Cheval Passion, Des yeux revolver, Touctouc…) introduisant un nouveau décalage avec ses tableaux. En jouant constamment avec le fond et la forme, le passé et le présent, Hervé Dieudonné nous raconte surtout de sacrées histoires ! à découvrir dans ce cabinet de curiosités. Christophe Delorme


Touctouc


PĂŞcheur chasseur


Des yeux revolver


Birdy


Frisco


L'ours


Cheval passion


L’aviateur




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Doel

La traversée du désert texte ¬ Julien Collinet photos ¬ Julien Collinet, Cécile Fauré, Nicolas Pattou



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Récemment, les problèmes techniques d’une centrale nucléaire replaçaient Doel au cœur de l’actualité. Doel ? Un village situé à 30 kilomètres d’Anvers et dont l’avenir est en sursis… depuis quarante ans. Voué à être rayé de la carte suite au projet d’extension du Port d’Anvers, la plupart des villageois sont partis au début du nouveau millénaire. Alors, depuis quinze ans, il est devenu le terrain de jeu des artistes qui ont recouvert de graffitis des rues entières. Dans ce décor ahurissant, vit encore une poignée d'irréductibles qui, coûte que coûte, ne souhaitent pas quitter leurs logements. Explications.

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ortes des bâtiments condamnées, portiques de garages déglingués, enseignes des commerces rongées par la rouille... Seul le souffle du vent semble animer les vestiges de ce petit village flamand. On erre ici pas forcément à l'aise car nous faisons partie, nous aussi, de ces touristes urbains venus constater l'ampleur des dégâts. Ou des chefs-d'œuvre, c'est selon. Boîtier Reflex autour du cou, trépied sur l’épaule, un groupe de jeunes Néerlandais


Le centre-ville de Doel surprend par le contraste entre ses maisons délabrées et des espaces publics entretenus.

arpente chaque recoin du bled. Ces photographes amateurs mitraillent les innombrables graffitis recouvrant la quasi totalité d'habitations désespérément vides. Ruud apprécie particulièrement « les couleurs très vives. Avec ce soleil, je vais avoir des photos géniales. » Certaines fresques signées Jiem, Roa, Emer.K, ou Grolou dans les années 2009-2010 valent le coup d'œil – et le déplacement. Beaucoup de ces artistes ont repeint les murs pour attirer l'attention sur la situation du village et soutenir la lutte des habitants. Mais l'aspect militant a été quelque peu dilué avec le temps. Pas mal sont venus bomber, attirés uniquement par les mètres carrés de surface vierge. Un village sur la sellette Comment en est-on arrivé là ? Tout a débuté en 1963, avec les premiers projets d'expansion du port sur la rive gauche de l'Escaut. À l'origine, l'ensemble des polders du pays de Waas et Doel devaient disparaître pour faire place à des bassins et des terrains industriels. Mais durant près de quarante ans, les habitants furent ballotés entre interdictions et autorisation de nouvelles constructions. En 1993, Doel comptait encore 1 500 habitants, des commerces, une école... ▲


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Marina Apers, l'irréductible doeloise.

Et, ce n'est qu'au début du nouveau siècle que la plupar t d'entre eux quitta finalement la ville. Aujourd’hui, 26 habitants occupent toujours une dizaine de bâtiments. Ces derniers résistants ont obtenu le droit de rester jusqu'en 2018. Et après ? Pour l'heure, le climat économique joue en faveur des habitants : sans être supprimé, le projet d'expansion est plus ou moins remis aux calendes grecques. Alors, paradoxalement, dans ce décor de western moderne, la chaussée est très bien entretenue et décorée de bacs fleuris.

Le clan des irréductibles Myriam vient de tondre sa pelouse et s’apprête à promener son chien. Cette mère de famille habite Doel depuis trente ans et a refusé les compensations financières offertes pour quitter son pavillon. « Des gens vont revenir ici » assure-t-elle devant une stationservice abandonnée – et ses pompes à essence taguées. Cette mutation de la commune a aussi le don d’agacer Marina Apers : « C’est de la mauvaise publicité. Il y a beaucoup de vandalisme. Les jeunes viennent passer la nuit ici à se faire peur, en pensant dormir dans une ville fantôme. Ce n’est pas un parc d’attractions, on est bien vivants nous ! » Cette citoyenne engagée a placardé des panneaux


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sur sa maison pour protester contre le projet portuaire. Ironie du sort, ses parents avaient été expropriés il y a quarante ans d'un village voisin. Pour les mêmes raisons. Marina vit au pied de la centrale nucléaire, dont la silhouette rajoute à l’aspect chaotique des lieux. Un luxe selon elle, malgré la vétusté des réacteurs régulièrement pointée par les médias. « Je travaille dans cette centrale depuis vingt-trois ans, je peux aller au travail en vélo. » Elle regrette le Doel de sa jeunesse : « On avait tous les commerces à disposition, il y avait un vrai esprit de village. Heureusement, il nous reste encore le calme de la campagne. » Demeure pourtant un bar où l'on se réjouit de l’afflux touristique. La terrasse ne dé-

semplit pas de curieux. Vers 17 heures, quatre dockers aux carrures imposantes prennent d’assaut le comptoir. Mathias sort un bâtonnet de salami de sa poche et s’apprête à profiter de ce moment de détente après une journée harassante. « Il n’y a absolument rien à des kilomètres à la ronde. On est bien contents de pouvoir venir vider quelques bières avec les collègues après le boulot » se réjouit-il. Le bistrot pourrait encore rafraîchir longtemps les ouvriers assoiffés. Profondément déterminée, Marina nous prévient : « On se battra jusqu’à notre mort ». En attendant, les réacteurs nucléaires tout proches ne seront pas remis en marche avant le 15 juin prochain. La fermeture de la centrale signerait-elle l'arrêt de mort du village ?


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interview

the hacker Un héros très discret Propos recueillis par ¬ Clément Perrin Photos ¬ Mathieu Cesar / Cédrit Keffer / DR

« J’écoutais de la musique électronique avant de découvrir la techno, se souvient Michel Amato, alias The Hacker. La new wave, Depeche Mode, Kraftwerk... Puis sont arrivés les sons de Détroit et Chicago. Tout est parti de là ». C'était il y a plus de vingt ans et depuis, le Grenoblois a fait du chemin. Moitié d'un duo légendaire avec Miss Kittin, fondateur du label GoodLife, puis Zone (avec Gesaffelstein), The Hacker publie seulement son troisième album – enfin, la première moitié. Pour en dire plus, l'homme sort de l'ombre. Tu es originaire de Grenoble, tout comme Miss Kittin, Oxia ou Kiko. Comment expliques-tu que cette ville ait vu émerger autant de piliers de la techno française ? Nous nous sommes connus dans les raves, au début des années 1990. Nous avons tous découvert cette musique à peu près en même temps, et nous nous sommes rapidement investis. Certains étaient Djs, d’autres, comme Oxia et moi, produisions déjà un peu. Forcément, tout ce petit monde a créé une émulation.

En composant ce nouvel album, avaistu idée précise en tête ? Pour mes deux premiers Lps, Mélodies En Sous-Sol (2000) et Rêves Mécaniques (2004), j'ai trouvé facilement une direction. Ce fut beaucoup plus compliqué pour Love/Kraft. Durant deux ans, j'étais vraiment en panne d’inspiration, je tournais en rond et ne savais pas trop où j’allais. Puis en 2013, tout s’est enfin débloqué. J’ai fait une sélection des morceaux et m’y suis tenu en m’interdisant de tout recommencer. ▲


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« Devenir une star ne m’a jamais intéressé »

L’idée est d’avoir une partie assez dure, et la seconde plus calme ? Oui, bien que ce ne soit pas quelque chose de complètement nouveau pour moi. Cette dualité revient toujours dans ma discographie, parfois au sein d’un même morceau.

Pourquoi publies-tu Love/Kraft sous la forme de deux maxis, espacés de plusieurs mois ? C’est le fruit d’une réflexion que j’ai eue avec Gesaffelstein, avec qui j’ai monté le label Zone. Aujourd’hui, je trouve que les gens passent très vite à autre chose. Tu bosses sur un album durant des mois, tu t'investis beaucoup jusqu'à la sortie et, quelques jours après, les gens l'ont oublié. C'est pourquoi j'ai privilégié deux parutions. De plus, le fait que Love/Kraft soit le fruit d’une période un peu difficile pour moi m’a aussi incité à le sortir sous un format original. De toute façon, nous éditerons une version finale réunissant les deux parties, avec quelques titres inédits.

Les années 2000 furent marquées par l’appellation fourre-tout de "minimale". Or, on revient à des sons beaucoup plus radicaux, plus techno. Soulagé ? Soulagé, c’est un peu fort. Mais c'est vrai que la minimale fourre-tout, comme tu dis, ne m’a jamais touché. Tout n’est pas à jeter, des choses excellentes sont sorties durant cette décennie. Cela dit, ce retour des sons un peu plus durs ne me déplait pas, on tourne moins en rond. Tu es un grand amateur d'electro "originelle", que Dopplereffekt incarne à merveille. Comment expliques-tu que ce genre musical ait finalement si peu de représentants aujourd’hui ? C’est tout à fait normal, puisque c’est une musique difficile d’accès. Il faut du temps pour l’apprivoiser et ce n’est pas vraiment le style idéal pour faire danser les gens en club. Tu as presque 20 ans de carrière derrière toi et participé à la naissance du mouvement techno... L'an passé, tu rejoignais la tournée We Are 2014


aux côtés d’une nouvelle génération. Te retrouves-tu dans cette scène ? Ce qu’on appelle la french touch 2.0 n’a jamais été mon truc. Je me fous complètement de "l’école Daft Punk". Mais l’énergie de cette nouvelle génération est très intéressante, car les barrières de styles sont plus floues qu’il y a quelques années. Il y a un échange, à l’exemple de Gesaffelstein. Comment expliques-tu le fait que la musique sombre de Gesaffelstein fédère un tel public ? Ça tient à l'énergie avant tout. Au départ, son public se composait de fans de Justice et d'Ed Banger. Ses productions ont des points communs avec cette scène dans leur construction, notamment la manière d’utiliser les breaks. Tout cela marié au meilleur de l’electro et à une techno sombre donne quelque chose de novateur.

À l’inverse, tu as toujours cultivé une certaine discrétion. C’est sûr que devenir une star ne m’a jamais intéressé. Après, ça fait aussi partie du jeu et ça ne me dérange pas. En revanche, je souhaite réussir à durer dans le temps sans me lasser.

À écouter / Love/Kraft part 1 (Zone/ La Baleine) Love/Kraft part 2 (Zone/La Baleine, sortie 09.14) À visiter / www.zone-music.fr soundcloud.com/the-hacker Retrouvez notre interview sur

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fivestival Le Splendid, Lasécu, le Théâtre Massenet ou la fameuse Salle des Fêtes... Fives compte des lieux culturels intéressants. Mais le quartier prend une autre dimension lors du Fivestival : une semaine de concerts, spectacles et discussions. On ne manque pas le barbecue géant façon auberge espagnole place Degeyter (17.05), où se succèdent musiciens et artistes de rue. Ni le retour de DLGZ Rock 5Tet (24.05), formation lilloise discrète mais ayant œuvré avec John McEntire (Tortoise, The Sea & Cake, Stereolab, Fiery Furnaces...). N'omettons pas l'aspect social de l'affaire avec cette promenade historique et sociologique dans les rues, revenant sur le passé industriel et les luttes ouvrières qui ont agité la zone. Enfin, un débat sur la transformation du quartier (21.05) devrait intéresser les Fivois autant que les visiteurs. Thibaut Allemand 16>24.05, Lille – Fives, Divers lieux, gratuit sauf indiqué, www.fivestival.org

Si le vernis peut sembler (trop) cérébral, l'expérience s'avère éminemment émouvante – on songe aux nippons Akio Suzuki et Aki Onda : leur travail sur le field recording, a priori austère, hypnotise et fait redécouvrir les sons de la nature. Par ailleurs, une quinzaine de concerts, conférences et parcours revisite plusieurs siècles de partitions, de Beethoven à Chostakovitch, de Bartók à Cage - dont le Quatuor MP4 présente l'éprouvant Different Trains (1988), évocation de la Shoah via la voie ferroviaire. Nettement plus proche de nous, le duo néoclassique et adepte des grands espaces A Winged Victory for the Sullen dévoile sur scène un album éponyme accompagné par un trio de cordes. Mêlant constamment les champs classique et contemporain, le Festival de Courtrai balaie ici le large panorama des recherches sonores. Thibaut Allemand 08>25.05, Courtrai, Concertstudio, Budascoop, Tacktoren, Sint-Maartenskerkchouwburg, Onze-Lieve-Vrouwekerk, Villa Lauwer, & Lille, L'Opéra, divers prix et horaires, programme complet : www.festivalkortrijk.be

Il Fondamento © Michel Novak

Sylvain De Saturne © Sébastien Tribalat

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Festival de Courtrai



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chet faker Après Com Truise et Jichael Mackson, débarque un autre p'tit rigolo, pensez-vous. Eh bien, pas du tout. On avait repéré l'Australien en 2012 au détour d'une reprise du célèbre No Diggity (Blackstreet, 1996) ou croisant le fer avec son compatriote Flume. Aujourd'hui, il revient avec une soul électronique élégante. Beats discrets, mélodies vaporeuses et voix de velours, le barbu marche discrètement sur les platesbandes de James Blake et séduit tout son petit monde. 01.05, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !

16.05, Lens, Petit Théâtre - Médiathèque Robert Cousin, 20h30, 10,90/8,60€, www.villedelens.fr

© Matthieu Dortomb

© Willy Ward

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Autour De Lucie Parmi les couturiers de luxe de la pop française, on cite souvent Etienne Daho, Dominique Dalcan (voir p. 42), Hubert Mounier... Et l'on oublie trop souvent Autour De Lucie. Vingt ans après avoir taquiné la pop anglaise et trouvé L'Accord Parfait d'une Échappée Belle (1994) qui n'a pas pris une ride, la formation fait son retour. Autour de Valérie Leulliot, le fidèle Sébastien Lafargue et le nouveau venu Loïc Morin (batteur de M83). Un come-back à l'image du groupe : discret et gracieux.

© Marcelo Setton

Juana Molina Jadis pensionnaire de la maison Domino (Franz Ferdinand, Animal Collective...), la Brésilienne a publié son 6e album chez Crammed Discs – logique, vu le défrichage sonore et géographique opéré par les Belges depuis 34 ans. Armée d'une guitare, de claviers et quelques machines, la lusophone, seule ou accompagnée, donne vie à des ritournelles déphasées, des chansons mêlant freak folk et recherches soniques, planquant la complexité derrière l'évidence apparente. 18.05, Bruxelles, Botanique, 20h, 16/13/10€ // 07.06, Roubaix, La Cave Aux Poètes, 20h30, 12/10/8€



Š Rocky Schenck musique

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Madeleine Peyroux

Le tempo retrouvé Madeleine Peyroux s'intéresse aux cœurs brisés, aux êtres imparfaits. Sur le ton de la confidence, la francophile chanteuse de jazz américaine - qui doit son prénom à l'œuvre de Proust - décrit des relations tourmentées qu'on suppose inspirées par sa propre adolescence. Cet âge ingrat propice aux fugues qui nourrit des crises existentielles. Dont on ne sort jamais complètement... Madeleine Peyroux a toujours ménagé une part de mystère, mais tentons de revenir ici sur son parcours. Si elle n'a jamais donné le jour de sa naissance (en 1974), on sait qu'elle a traversé l'Atlantique, au bras de sa mère, pour s'installer à Paris au mitan des années 1980. S'en suivent fugues et pratique intuitive du chant. Publié en 1996, l'inaugural Dreamland annonce d'autres succès critiques, fruits de multiples collaborations avec Larry Klein (producteur de Tracy Chapman, Herbie Hancock). La délicatesse de son interprétation rappelle Bessie Smith. Elle oscille entre blues et jazz, envisageant quelques accents pop. Pourtant, l’ambition n’est pas de renouveler le genre mais de s’y réfugier. Du côté de la scène L'autodidacte vêtue de noir laisse les chansons se déployer sans brouiller les pistes. Sa chance ? Son vibrato, chaleureux mais modéré, tombé du bon côté de la faille qui la place loin de Sarah McLachlan ou de Camélia Jordana. L'ambiance généralement tamisée incite le public à noter les moindres variations instrumentales, comme assis au milieu d'un studio d'enregistrement. La Parisienne d'adoption se méfie des mots et cultive les silences. Ses madeleines sont à découvrir entre les notes. Ces fameux silences sont d'or, surtout lorsqu'on est constamment en recherche. En recherche du temps perdu. Florian Koldyka

17.05, Lille, Théâtre Casino Barrière, 20h30, 28/25/22/16€, www.lucienbarriere.com


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wazemmes l'accordéon Seize fois plus fort. Chaque année, l'association Culture & Flonflons transforme les rues du quartier de Wazemmes en ateliers de musique ouverts sur le monde. Si l'édition 2013 culminait avec la venue du légendaire Salif Keita, la seizième se recentre légèrement sur nos contrées. La maison Folie Wazemmes accueille ainsi HK & Les Déserteurs, qui, en donnant leur version chaâbi des classiques de Brel ou Vian, résument à eux seuls l'esprit de l'évènement. Puis, on retrouve avec plaisir les Headshakers pour une grand-messe funk sur le parvis de la maison Folie. Sans oublier un bonus de taille : le Bal du Cheval Blanc ! Un hommage à l'institution de la rue des Sarrazins, dont la perpétuelle euphorie et l'emblématique Monique ont fait la renommée. Alexis Floret 22.05>01.06, Lille, maison Folie Wazemmes, Grand Sud et autres lieux, www.flonflons.eu

Madchester en 2014 ? The Stone Roses affiche la grande forme, Inspiral Carpets réédite des albums sous-estimés et Bez, chaman chimique des Happy Mondays, s'est lancé en politique - on voterait volontiers pour son Reality Party à la mairie de Salford. Pendant ce temps-là, deux Australiens sont présentés comme les héritiers de ces héros mancuniens. Certes, The Throw ou Exercise auraient pu jaillir des rives du Rochdale Canal, mais Jagwar Ma ne se cantonne pas au baggy sound, cousine avec The Field ou Gui Borratto et s'inscrit avant tout dans une tradition toute britannique où l'on croiserait également Death In Vegas et Chemical Brothers (autre tandem foudroyé par les sets de Mike Pickering, c'est vrai). Sur scène, les deux gusses sont soutenus par un batteur et pour le reste, c'est aussi à vous de jouer. Thibaut Allemand

17.05, Bruxelles, Le Botanique, 19h, 20/17/14€, www.botanique.be 25.05, Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 18/15€, www.legrandmix.com

© DR

© Michel Spingler

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Jagwar Ma



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Les Nuits Botanique

Texte ¬ Vincent Lançon

Victor Hugo n'a pas écrit que des romans de gare. La preuve : en 1852, découvrant la capitale belge, l'écrivain nota : « Bruxelles possède deux merveilles uniques au monde : la Grand Place et le panorama du Jardin Botanique ». C'est pas faux. Désormais, deux ou trois tours ont poussé dans le quartier, mais on y passe tout le mois de mai à l'occasion des Nuits Botanique. Impossible d'assister aux quarante-neuf (!) soirées. Alors on en a choisi cinq. En toute mauvaise foi.

© Franck Courtès

dominique dalcan Le visage le plus glabre de la pop française est aussi le plus insaisissable. Si la natif de Beyrouth évolue sous divers pseudonymes (Snooze pour ses productions électroniques, l'état-civil pour la pop), il n'est pas du genre à occuper le terrain. Ainsi, seize ans séparent Ostinato (1998) de Hirundo (2014), sa dernière réussite en date. Fidèle à lui-même, le divin chauve ourle une pop ouvragée mais fluide, aussi étudiée qu'évidente. Rien n'est laissé au hasard, chaque note, chaque verbe est pensé par cet artisan des sentiments. En simplifiant, on pourrait dire que Dominique Dalcan représente le chaînon manquant entre Étienne Daho et Benjamin Biolay – mais n'a connu le succès ni de l'un, ni de l'autre. Il n'est pas trop tard ! Dominique Dalcan + La Plage 24.05, La Rotonde, 20h30, 14/11e


the julie ruin

© DR

Fondé en 2010, ce quintette est l'énième projet de Kathleen Hanna, figure de proue de Le Tigre et âme des Riot Grrrls via Bikini Kill. On pense d'ailleurs à ces derniers à l'écoute de ce punk rock sans fioriture mais rehaussé de claviers et de chœurs pop. Hargne, classe, charisme et mélodies.

Membre du trop méconnu trio Centenaire, Axel Monneau avait publié quelques merveilles bidouillées sous le nom de Snark. Mais, c'est sous ce patronyme, et à l'heure de son troisième LP, que le Parisien s'est fait un nom. Super Forma n'obéit à aucune règle, sinon celles du psychédélisme (Turn on, tune in, drop out), mêlant allègrement Syd Barrett et Morricone, British folk et Beach Boys. Sur le papier, cette liste sent le bon goût ennuyeux. Mais entre les oreilles, c'est une autre affaire !

© DR

Orval Carlos Sibelius + S. Carey 23.05, Grand Salon De Concert, 20h, 14/11€ // 01.05, Arlon, L'Entrepôt, 20h, 12/10€

© DR

The Julie Ruin + Traams + Hospitality 20.05, Orangerie, 20h, 16/13€

orval Carlos sibelius

hercules & love affair Lorsqu'en 2008, l'on vit débarquer Andy Butler, sa disco millésimée et ses créatures de la nuit, on a succombé à ses tubes en forme de résurrection du Paradise Garage de Larry Levan. Mais on a un peu pris à la légère ses revendications gays et queer – tout ça, c'était loin, non ? En 2014, dans une Europe très crispée sur les questions de genre et d'identité, les mythes concrets d'Hercules & Love Affair prennent une tout autre résonance. Et les chansons de Butler, qui revient avec une faim de "méchantes lignes de basses" selon ses propres termes sont assez prometteuses. à commencer par le survolté et très acidulé Do You Feel The Same. Hercules & Love Affair + Frànçois & The Atlas Mountains + Moodoid 20.05, Chapiteau, 19h30, 20/17€


© Robert Redfield

musique

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mac demarco Découvert via quelques titres publiés sous l'alias Makeout Videotape, puis révélé à la faveur d'une paire d'albums plus importants qu'ils n'en ont l'air, le jeune Canadien désamorce toute sacralisation par un sens ravageur de la légèreté. Marc DeMarco fut tour à tour décrit comme laidback, détendu, branleur... On a épuisé les épithètes sans même évoquer le principal : les chansons. Tricotés en un mois dans sa piaule de Brooklyn, les 11 titres de Salad Days (2014) Superdiscount 3 allient guitares cristallines et voix, hum, nonOn n'a pas oublié ce projet estampillé French chalante, mais toujours Touch et créé par Etienne de Crécy en 1995. Son touchante. Sur scène, premier LP bénéficiait d'un visuel marquant (des le godelureau demeure studios H5) et de la participation d'Alex Gopher – entre autres. Aujourd'hui, de Crécy et Gopher, surpris de son succès. accompagnés de Julien Delfaud, livrent un live Mais transcende ses 100% analogique. De quoi patienter jusqu'à la morceaux avec une sortie de l'album, prévue en septembre. classe débonnaire. MacDeMarco + Cloud Nothings + Mountain Bike 18.05, L'Orangerie, 20h, 15/12€

Superdiscount 3 Live, Etienne de Crécy DJ set, Aeroplane DJ set, Compuphonic DJ set 24.05, Chapiteau, 19h, 22/19/16€

12.05>07.06, Bruxelles, Cirque Royal, dans le Chapiteau, l'Orangerie, la Rotonde et le Museum Programmation complète et infos pratiques sur www.botanique.be : Prog : 12.05, Badbadnotgood + Lefto / 16.05, Tune+Yards + Benjamin Clementine / Cascadeur + Cats On Trees + Alb / James Holden / Brns / 17.05, Cat Power Solo / Jagwar Ma + Jamaica / 18.05, Wax Tailor / We Have Band + Thomas Azier / Mac Demarco + Cloud Nothings / Juana Molina / 19.05, Piers Faccini / Florent Marchet / 20.05, Emily Loizeau / Hercules & Love Affair + François & The Atlas Mountains / The Julie Ruin / 21.05, Vincent Delerm / Nuit Belge : Vismets, School Is Cool, Amatorski / 22.05, Fauve / 23.05, Mulatu Astatke + Rodrigo Amarante / Orval Carlos Sibelius / The Flaming Lips + Young Knives / 24.05, Superdiscount 3 Live + Etienne De Crécy Dj Set + Aeroplane Dj Set + Compuphonic Dj Set / Son Lux / Dominique Dalcan / 25.05, Emilie Simon / Jungle / 26.05, Joseph Arthur + Joy / Sonic Cathedral #3 : sous la direction de J.P. Dessy, avec M. De Biasio, Sigtryggur Baldursson...



Jungle © DR

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Jungle

The sound of young England Cultivant discrétion et élégance, savoir-faire et imagination, Jungle représente sans doute LE futur de la soul. Confirmation sur les planches, suivis de près par d'éternelles belles promesses. On ne sait pas grand chose de ces deux Britanniques à l'identité passée sous silence – l'un se prénomme Josh, voilà tout. Le tandem, la vingtaine, a les étagères gavées de classiques acid jazz et raretés Philly Sound. Mais pas seulement. La paire dévoile une lecture très personnelle de la soul, l'irriguant d'influences pas banales – on pense parfois à AR Kane, et l'on jurerait entendre la basse de Peter Hook sur Platoon, à la fois tranquille ET inquiet. Ailleurs, le minimalisme et la fièvre rythmique de Lucky I Got What I Want rend Jungle autrement plus passionnant que le p'tit bonheur de Pharell Williams. Enfin, l'intimiste Drops et ses voix trafiquées élèvent le point trop n'en faut au rang d'art majeur – l'émotion, elle, ne fait jamais défaut. Sur scène, le binôme s'est souvent produit derrière de lourds rideaux de fumée. Qu'ont-ils à cacher ? Le secret de la soul moderne, peut-être. Au Grand Mix, Isaac Delusion se voit confier la lourde tâche d'ouvrir pour l'avenir. Exercice périlleux : ces jeunes pousses sont prometteuses... depuis 2012. S'agirait peutêtre de mettre la main à la pâte et de publier enfin l'album tant attendu, non ? Ce serait dommage qu'Isaac nous réserve une désillusion. Thibaut Allemand 25.05, Bruxelles, Botanique, 19h30, 20/17/14€, www.botanique.be 28.05, Tourcoing, Grand Mix (+ Isaac Delusion) 20h, 13/10€, www.legrandmix.com 14.08, Hasselt, Pukkelpop, 85€, www.pukkelpop.be



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© Elliot Lee Hazel

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The Brian Jonestown Massacre

rodrigo amarante Pour faire court, ce Brésilien fut membre des obscurs Los Hermanos, traîne avec le baladin Adam Green, a collaboré avec le monument Tom Zé et fricote avec l'ex-néo-babos Devendra Banhart. Ah, le natif de Rio de Janeiro tient également le micro au sein de Little Joy (avec le Strokes Fab Moretti et Binki Shapiro). C'est tout ? Ben non : cette incarnation de la coolitude sud-américaine a publié un album solo de haute volée et farci de pop détendue touchant à tous les genres, de la bossa la plus laidback au rock moderne façon The Strokes. 22.05, Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5€ 23.05, Bruxelles, Botanique, 19h, 23/20/17€

Une vaste blague, jusqu'il y a peu. Une bande de losers devenus stars internationales, sans trop qu'on sache comment – enfin si, Dig! (2004), mais on s'était promis de ne pas en parler. On conserve aussi le souvenir d'un désastre aux Trans Musicales de Rennes, en 2005. Affaire classée ? Oui, jusqu'à cette année 2012, où Anton Newcombe et ses sbires publiaient Aufheben et le single Blue Order/New Monday. Pas rancuniers, on s'est dit que ça valait la peine d'attendre. 20.05, Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10€ 24.06, Bruxelles, Botanique, 20h, 21/18/15€

© Sasha Eisenman

© Universal Studios

Ciné Concert Steven Spielberg & John Williams « Tin tin tin tiiin, tin tin tin, tin tin tin tiiiin, tin tin tin tin tin ! » Vous avez reconnu le thème d'Indiana Jones. Poursuivant sa belle entreprise – amener la grande musique vers la culture populaire, ou l'inverse – l'onl interprète en direct des standards de John Williams, illustrée de projections d'extraits des films de Spielberg (Les Dents de la Mer, E.T., Rencontres du Troisième Type...). Bel hommage à un compositeur inspiré – dans tous les sens du terme, puisqu'on retrouve dans ses œuvres des morceaux de Dvorak, Prokoviev ou Stravinsky. Gentleman cambrioleur, donc. Lille, Nouveau Siècle, 23.05, 20h // 24.05, 18h30 // 25.05, 16h, 45>5€, www.onlille.com



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interview

michel gondry Desseins animés Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Shellac

On savait Michel Gondry musicien, bédéaste, clippeur et cinéaste doué. On l'attendait moins sur le terrain du débat d'idées. Or, sa dernière œuvre met en images animées des entretiens avec Noam Chomsky. Né en 1928, ce scientifique américain a révolutionné la linguistique dans les années cinquante. Cet intellectuel engagé et controversé a reçu le Français chez lui pour évoquer l'acquisition du langage, la biologie, la perception du monde... Ces Conversations Animées lèvent le voile sur l'intimité d'un penseur hors-norme – et nous en apprennent un peu plus sur Michel Gondry, aussi.

Que représente Noam Chomsky pour vous ? C’est l'un des plus grands penseurs actuels, et l'un des seuls scientifiques de cette envergure dont les discours et l'activisme sont aussi importants. Je l'ai découvert vers 2003, en achetant par hasard le film Rebel Without A Pause (2003). D'autres ont accompli un travail incroyable, comme Stephen Hawkings avec les trous noirs.

Mais leur discours politique et humaniste se cantonne à des généralités. À ce niveau, Chomsky est unique. Comment est venue l'idée du film ? Je voulais réaliser un film d'animation sur un sujet scientifique depuis 2001. Ç'aurait pu être l'astronomie, la physique... En lisant ses écrits sur la grammaire générative universelle, la linguistique et l'acquisition du langage, ▲


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L'apparition de vos dessins, un peu naïfs, sert-elle de contrepoids aux théories complexes ? Oui, c'est pas du Walt Disney. (Sourire.) Cela renvoie aux flip-books dont j'ai conservé le côté imparfait. En fait, j'ai été marqué par le travail d'Emile Cohl. Je me souviens d'une image de lui découverte à six ans, en 1969 : un bonhomme avec une tête ronde, un corps carré et des jambes en bâton. Je crois que ça m'a influencé à vie.

« Je présente concrètement des concepts très abstraits »

j'ai souhaité présenter concrètement des concepts très abstraits. De plus, je pouvais exprimer mon ressenti, improviser au gré de l'imagination. Vous avez souvent l'air candide dans vos questions. C'est volontaire ? (Rires.) Non. Je n'ai pas honte de poser des questions simples. C'est ainsi que l'on aborde les vrais problèmes : pourquoi une balle retombe lorsqu'on la lance en l'air, par exemple ? C'est peutêtre candide, mais c'est une méthode scientifique.

La politique est un peu évacuée ? Je ne l'ai pas écartée, mais il y a tellement de choses disponibles sur les engagements politiques de Chomsky. En fait, j'avais un plan : en France, on lui a collé de fausses étiquettes. En me focalisant sur l'aspect humain et scientifique, je souhaitais ouvrir les gens à sa critique des médias et de la politique. Dans le film, il n'est pas tendre avec la politique française vis-à-vis des Roms, par exemple. Cela dit, j'aimerais réaliser un documentaire sur sa pensée anarchiste, mais comment l'illustrer ? Pas avec de l'animation mais avec des photos, peut-être. Votre anglais imparfait a provoqué des quiproquos que vous avez conservés. Pourquoi ? C'est vrai, mais je lui ai appris un mot : téléportation ! (Rires.) J'ai gardé ces moments d'incompréhension pour leur drôlerie, tout simplement. Cela permet aussi au spectateur de se reposer les neurones, de découvrir le côté humain de Chomsky, qui ne se formalise pas pour si peu.


« Chomsky est le philosophe vivant le plus coté au monde »

Terminer semblait vital pour vous... Aviez-vous peur de décevoir ? Totalement. C'est un peu adolescent, voire infantile, mais je cherchais l'approbation de mon aîné. Je voulais qu'il me donne son avis. Lorsqu'on dépense des millions pour un long-métrage, il faut le finir, le promouvoir, le distribuer. Mais, en travaillant tout seul, avec son argent, sans rien ni personne, on doit trouver en soi les ressources et la motivation pour aller au bout. De plus, j'étais très angoissé à l'idée qu'il lui arrive quelque chose. Maintenant, je pense que c'est moi qui vais claquer avant, il a l'air tellement solide ! (Sourire.)

Pensez-vous que ce film amènera un nouveau public à découvrir ce penseur ? Secrètement oui, mais c'est prétentieux. (Sourire). Il s'agit du philosophe vivant le plus coté au monde. Mon public représente un millième du sien. Mais au moins, ça peut court-circuiter une élite pensante qui le snobe et le rejette. Et puis, pour être tout à fait honnête, ça me permet de frimer un peu : discuter avec lui pendant plusieurs heures, c'est fabuleux. Mais Chomsky reçoit tout le monde dans son petit bureau, il n'a pas de préjugés.

à voir / Conversation Animée Avec Noam Chomsky (Is the Man Who is Tall Happy ?) écrit et réalisé par Michel Gondry, sortie le 30.04 Retrouvez l’intégralité de l'interview sur

www.lm-magazine.com


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night move

Grandeur nature En cinq longs métrages, Kelly Reichardt, cinquante ans, est devenue l'une des figures les plus importantes du « cinéma indépendant américain ». Appellation fourre-tout, qui vaut autant pour les sinistres Alexander Payne et Jason Reitman que pour Gus Van Sant et Vincent Gallo. Reichardt est du bon côté - celui des cœurs purs et sauvages. Night Moves débute avec la projection d'un documentaire militant alarmant les spectateurs sur l'imminence de la catastrophe écologique. Dans la salle, Josh (Jesse Eisenberg, parfait de minimalisme) est déjà convaincu. L'activiste

connaît l'urgence et la nécessité d'éveiller les consciences. Avec deux amis, le jeune homme monte une opération visant à détruire un barrage. Malgré les apparences, et l'intérêt jamais démenti de Reichardt pour les espaces


© Tipping Point Productions, LLC

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naturels (Old Joy, 2006, La Dernière Piste, 2010), Night Moves n'est pas un film écolo à thèse mais, à sa manière cotonneuse et languide, il flirte avec le film de genre pour saisir au plus près ses personnages. à bout de course Le rythme est haletant, digne du film de braquage : préparation, exécution, dissolution de l'équipe. Par la précision de son découpage, Reichardt réalise

même une des séquences les plus tendues de son œuvre, lorsque les amis glissent sur le lac vers leur cible, dans un silence à peine troublé par le bruit des rames. Pour autant, les relations entre les personnages ne se réduisent pas à l'action. C'est le rapport de l'individu à la communauté, la possibilité du couple dans la clandestinité, qui portent le film. Et certainement l'idée d'un achèvement irrémédiable, celui de l'innocence, ou de la jeunesse. Raphaël Nieuwjaer

Un film de Kelly Reichardt, Avec Jesse Eisenberg, Dakota Fanning, Peter Sarsgaard. En salles


© Bona Fide Productions

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Charlie Countryman

Bucarest Express Réalisateur de pubs multi-primé, Fredrik Bond cultive une esthétique tourbillonnante dans son premier long-métrage, rêverie psychédélique dans les ruelles poisseuses de la capitale roumaine. Toutefois, le Suédois s'égare dans les méandres d’un scénario imbriquant inutilement les genres. À la mort de sa mère, Charlie Countryman, déboussolé, se rend à Bucarest suivant les dernières volontés du fantôme de sa génitrice. L’Américain y tombe amoureux de la mystérieuse Gabi, violoncelliste au regard envoûtant et ex-compagne d’un chef de la pègre locale. Ce pitch résume les faiblesses d’une œuvre revendiquant maladroitement diverses influences : la comédie romantique (la relation entre Charlie et Gabi), le film de mafieux (Shia LaBeouf, chien fou qui a flirté avec l’ex-femme du patron est suspendu par un pied au-dessus de la Dambovita) et le réalisme magique servi par quelques métaphores risibles, tel ce nuage nacré pour représenter l’âme s’échappant du corps des défunts. Franchement ! Limiter Charlie Countryman à un patchwork brouillon serait pourtant injuste. Maîtrisé visuellement – à la limite de l’épate –, filmé sous ecstasy dans une ville entre éclat et crasse encore peu montrée à Hollywood, ce délire tortueux dégage un souffle de vie inattendu qui doit surtout à la performance de ses interprètes - l’incontournable Mads Mikkelsen en tête. Une jolie BO embarque in extremis le spectateur, laissant l’impression d’une œuvre singulière, parfois confuse mais prometteuse pour la suite de la carrière du cinéaste. Marine Durand Un film de Fredrik Bond, Avec Shia LaBeouf, Evan Rachel Wood, Mads Mikkelsen, Rupert Grint… Sortie le 14.05



© SVT

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Real Humans

Robots après tout Après une première saison remarquable, Real Humans approfondit ses intrigues et pose sans détour les questions brûlantes. L'intégration des hubots au sourire béat est-elle bien acceptée ? Quel avenir pour le "vivre-ensemble" ? Le progrès technologique est-il infini et toujours souhaitable ? Dans ce futur proche, tout est identique à notre présent, excepté les hubots (pour humains-robots). Ceux-ci sont vendus chez des concessionnaires et programmés pour être domestiques ou auxiliaires de vie. Au sein des foyers, les robots s'individualisent et développent des sentiments, premiers pas vers une conscience. Or, un marché noir s'organise et ces machines à la plastique parfaite sont reprogrammées à dessein sexuel. Des hubots "clandestins" - libérés de leur propriétaire - préparent le soulèvement des leurs grâce à un code informatique libérateur, celui de David Eisher, leur docteur Frankenstein. En six épisodes et autant d'histoires, l'intrigue pose des questions sociales d’actualité, comme les droits des étrangers (voir ces "vrais humains" qui refusent que leur boulot soit "volé" par des robots) ou plus existentielles – la question de la conscience, tout simplement. Enfin, le créateur Lars Lundström pointe l'incessante course au progrès technologique et anticipe le trans-humanisme, qui prône l'usage des sciences et des techniques pour améliorer les capacités physiques et mentales des êtres humains. L'un des champions de ce mouvement se nomme Google. Un futur très, très proche, donc. Florian Koldyka Real Humans, saison 2 15.05> 12.06, 2 épisodes chaque jeudi, 20h50, Arte



© FX Networks

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Caricature de James Bond, Sterling Archer charme à tout va et traîne un Œdipe mal digéré. Et si l’anti-héros combat le crime pour le compte de l'ISIS (une agence dirigée par... sa mère), il est surtout obsédé par ses performances sexuelles. Bref, l'espion au col roulé est un gamin gaffeur à l'ego démesuré bénéficiant d'une chance insolente. Au graphisme réaliste, la série animée d'Adam Reed (Sealab 2021) ajoute un humour gratiné et potache, proche d' OSS 117. Pour preuve, le casting ad hoc composé des hilarants transfuges d'Arrested Development : Judy Greer, Jessica Walter et le débonnaire Jeffrey Tambor. En définitive, Archer privilégie les intentions comiques aux enquêtes de police rigoureuses. Une réussite à l'image de la chaîne derrière cette série, la pertinente FX (The Shield, The Americans, Louie, Legit, Philadelphia). Florian Koldyka Archer saison 1 Jusqu'au 08.06, France 4, 1 épisode par nuit (du samedi au dimanche), 00h

Le scénario du dixième long métrage d’animation de Bill Plympton est assez rudimentaire. Il repose sur une passion (entre Jake et Ella), une histoire de tromperie autour d’un bête malentendu et une machine à voyager dans le temps. Une variation sur le thème de la jalousie qui emprunte au film noir. Mais est-ce bien important ? On apprécie surtout Plympton pour son style ébouriffant - citons L’Impitoyable Lune de Miel, Les Mutants de l’Espace. Pour ses coups de crayon en perpétuel mouvement, ses perspectives et ses silhouettes outrées, décalées, ses formes étirées en quelques secondes par la magie du dessin - ce film sans dialogue en comporte quarante mille. Le trait inimitable cerne les contours d’une matière malléable, polymorphe, qui ne connaît d’autres limites que celles de son imagination. Audrey Jeamart Un film de de Bill Plympton

© Bill Plympton

archer

Les Amants électriques



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interview

open museum air Compositions sur-mesure Texte ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Air © Linda Bujoli / œuvres © Palais des Beaux-Arts de Lille / © L'astrolab

« Une première mondiale », s'enthousiasme le directeur, Bruno Girveau. « Air a composé la BO du musée ». Effectivement, le célèbre tandem a créé des compositions uniques à plus d'un titre pour mettre en musique le Palais des Beaux-Arts de Lille. L'institution, qui a souvent accueilli des créations contemporaines, devient source d'inspiration : ses collections, mais aussi ses murs et ses volumes devinrent muse des Versaillais - qui ne sont pas venus seuls. Dès l'entrée, on est saisi par les douces mélopées nimbant l'atrium. Aux (très) hauts plafonds, sont accrochées huit enceintes installées de façon circulaire. On va, on vient, on s'arrête au cœur de ce cercle informel pour goûter aux rêveries ambient, façon Tangerine Dream ou Pink Floyd, semblant jaillir du ciel. Grâce au logiciel Spaces, développé par le GRM, on entend et voit quasiment les instruments circuler d'une source à l'autre. « L'atrium est vaste et possède une réverbération de sept secondes et demie, explique Jean-Benoît Dunckel. Pour une salle de concert, ce serait l'horreur. Nous avons donc pris en

compte cette réverb' naturelle, l'avons reconstituée en studio et composé en tenant compte de cet écho ». Inutile de préciser alors que ce dispositif ne sera pas itinérant, puisque totalement pensé et conçu pour l'endroit. « Une autre contrainte fut de refuser la mélodie, poursuit Nicolas Godin. Le musée étant ouvert de 10 à 18 heures, le personnel serait devenu fou ! » Peinture sonore À l'étage, où les volutes de l'atrium effleurent l'oreille, les deux musiciens ont choisi cinq toiles pour proposer une drôle d'expérience. Approchez▲


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« L'atrium est vaste et possède une réverbération de sept secondes et demie. Pour une salle de concert, ce serait l'horreur. »

vous du Martyre de Saint-Georges, de Veronese, par exemple. Non, mettezvous bien dans l'axe. Juste en face. Là, voilà : vous entendez ? Aux nappes ambient de l'atrium, répondent des rythmes fracassés ici, quelques tintinnabulements ailleurs. Décalez-vous et... vous n'entendrez plus rien. Créés par l'entreprise roubaisienne A-Volute, ces hauts-parleurs unidirectionnels confèrent une dimension, hum, ludique et interactive à l'ensemble. Les auteurs de Moon Safari (1998) avaient imprégné nos cortex avec Virgin Suicide (2000) et sonorisé Le Voyage Dans La Lune (2012) – voici

qu'ils imaginent la bande-son de tableaux signés Lastman, D e lorme ou Delaunay. Cet aller-retour entre le son et l'image demeure la marque de fabrique du duo, et cimaises et couloirs prennent une toute autre allure – comme si, d'un tableau à l'autre, une histoire était contée, comme si l'oreille dirigeait le regard. « Ce serait bien que, dans quelques années, les gens trouvent normal d'admirer les œuvres en musique, comme c'est la règle au cinéma » espère Nicolas Godin. Son complice poursuit : « Nous étions un peu gênés au début, car la plupart des artistes présentés sont décédés ». Patrimoine et création Heureusement, le binôme a convié quelques artistes bien vivants au sous-sol. « Nous travaillons depuis longtemps avec des plasticiens, réalisateurs, sculpteurs, photographes... explique Nicolas Godin. Cela nous permet de rompre la mécanique du showbusiness : une sortie d'album, une tournée, une sortie d'album, une tournée... Une fois un disque achevé, nous


Ci-contre : Anthonie de Lorme, Intérieur de l'église Saint-Laurent de Rotterdam (1669) Ci-dessous : Sonia Delaunay, Rythme couleur 1076 (1939)

confions la conception de la pochette à un ami, celle des clips à un autre... Cela permet de prolonger notre univers ». (voir encadrés). Sous les voûtes des salles consacrées au Moyen-Âge, on passe en revue crucifiés, gisants et autres bustes. Eux que l'on a si souvent contemplés dans un silence (quasi) religieux semblent soudain plus... vivants. On peut véritablement parler de dramaturgie – d'inéluctable fuite du temps ? Pourquoi pas. Propices à la contemplation, ces instrumentaux s'ouvrent à toutes les interprétations. Et la suite, pour le tandem ? « Ce que nous avons composé ici était spécialement pensé

pour le musée, donc je ne pense pas que cela nous influencera à l'avenir, conclut J-B Dunckel. En revanche, et afin de sortir du rapport entre musique et art contemporain, nous souhaiterions appliquer tous ces procédés techniques à un format pop ».

À noter / Nuit des Musées, 17.05, 18h>minuit, gratuit 21.05, 19h30, Rencontre avec le groupe Air, 20h30, Le Voyage dans la lune + Virgin Suicides, reservationpba@mairie-lille.fr 04.06, 19h>22h, Atelier de modèle vivant, interventions chorégraphiques, visites… gratuit, Réservé aux étudiants et moins de 26 ans.


Land me © Aircheology - Revolvair coll. de Madame Ney D’Elchingen

Hear, Earth, Heart © Yi Zhou. Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris © Aircheology - Revolvair

yi Yi Zhou Hear, Earth, Heart (2008) - On se pose

quelques instants devant le courtmétrage onirique de Yi Zhou, projeté face au bas-relief Le festin d'Hérode, de Donatello et mis en musique par le duo – Music For Museums, aurait suggéré Brian Eno.

Xavier Veilhan Jean-Benoît et Nicolas (2012) - Ces deux

Linda Bujoli Land Me (2012) - Ici, on prend le contre-pied de la vision classique de « LA femme ». Comment ? En plaçant ironiquement La Vérité de P-J Cavelier à l'entrée de sa salle où sont exposées 12 photographies présentant les femmes hors des modèles déposés, en mouvement et dans une lumière soigneusement étudiée – on jurerait que ces clichés sont rétro-éclairés. Au centre, une sculpture diffuse un titre de Air, donnant à l'ensemble des allures de conte fantastique.

Mathias Kiss Mercure (2014) - Un sombre jeu de miroirs, dans la salle des plans-reliefs (des maquettes militaires de villes du Nord sous Louis XV). Le septième art n'est pas loin et Air livre un morceau guerrier, quasi tribal.

Jusqu'au 24.08, Lille, Palais des Beaux-Arts, lun, 14h>18h, mer>dim, 10h>18h, 6,50/4€ www.open-museum.pba-lille.fr

Mercure © Aircheology - Revolvair © Jonathan Barbot - coll. de l'artiste, Galerie Armel Soyer

Nicolas © Diane Arques © X. Veilhan ADAGP Paris 2014

statuettes représentant les musiciens font forcément écho à la pochette de Pocket Symphony (2007), signée du même Veilhan. Pour mémoire, le tandem avait également collaboré avec le plasticien pour son spectacle Aérolite, en 2007, signant une composition pour harpe japonaise (Koto) et synthétiseur.



Š Alireza Mostafazadeh Ebrahimi

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Le lointain de près

Jeunes lettres persanes Une exposition de 65 affiches, et autant d’illustrations d'une culture iranienne qui demeure méconnue en Occident. Toute une jeune génération de graphistes croise ici les Anciens. Cette civilisation millénaire est aussi décryptée via des rencontres littéraires, musicales, et surtout, un hommage à Abbas Kiarostami. Très imagée, la poésie persane, témoin de l'Histoire et de la culture, influence toutes les formes d’art iraniennes - le graphisme n'échappe pas à la règle. Co-commissaire de l'exposition, la céramiste Faezeh Afchary, installée à Tournai, est rentrée dans son pays en 2012, après quarante ans d’exil. Sur place, une remarquable exposition de jeunes graphistes a l'effet d'une révélation : « J’ai souhaité créer un projet comparable ici, pour présenter une image moins négative de l’Iran ». Est ainsi dévoilé le travail d'artistes de moins de trente ans et venus de tout le pays. On n'omet ni le passé (23 affiches réalisées par la génération précédente soulignent l’évolution du genre), ni les correspondances : d’autres travaux, inspirés de lettres persanes, sont signés des étudiants de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai. Les Anciens revisités « Le jeune graphisme iranien se réfère beaucoup aux Anciens à travers la typographie, la littérature, la poésie, les miniatures ». Passéiste ? « Non, car Internet a ouvert ces jeunes créateurs sur le monde ». Aucun message politique ou religieux, mais les idées traversent les œuvres. Ainsi de cette affiche pour le nouvel an (Norouz), une fête laïque et vieille de 3 000 ans, qui rappelle que l’Islam n’est pas la religion de tous. L’exposition est brillamment soutenue par les projections des films d’Abbas Kiarostami, qui sera présent le 26 ! Un bien joli mois de mai iranien. Catherine Callico Le lointain de près : graphisme en Iran, Jusqu'au 01.06, Tournai, Maison de la Culture, mar>sam, 10h30>18h, dim, 14h>18h, gratuit, www.maisonculturetournai.com


La monomane de l’envie, (La hyène de La Salpêtrière) © bpk, Berlin | Musée des Beaux-Arts de Lyon Portrait d'un cleptomane © MSK Museum voor Schone Kunsten Gent

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Géricault, Fragments de compassion

à hauteur d'homme De la courte vie de Géricault (1791-1824), on garde en mémoire le colossal Radeau de la Méduse, évidemment. Achevée peu avant la mort du Rouennais, l'œuvre fit de lui, dans l'imaginaire collectif, le peintre de la douleur et de la mort. Qu'en est-il réellement ? Qu'on se le dise : Théodore Géricault n'est pas réductible à la Méduse, dont nous est présentée la réplique historique venue du musée d'Amiens. C'est aussi la série des Monomanes, dont la célèbre Hyène de la Salpêtrière, vieille femme au regard fixe et au rictus crispé. Cette attention portée au personnage plus qu'au contexte révèle un grand peintre humaniste et non pas un simple romantique. Les tableaux, estampes et dessins exposés ici montrent à quel point Géricault sonde l'âme humaine, avec empathie. Ses portraits, ses grandes fresques, témoignent de la vie de tous les jours, celle des familles les plus modestes. Et lorsqu'il s'intéresse aux tragédies de son temps, notamment les désastres de la guerre, il ne montre pas les héros mais les soldats blessés. à mesure qu'on chemine dans les couloirs du MSK, on découvre les œuvres d'autres maîtres tels Goya, Delacroix, ou Jean-Baptiste Carpaux répondant à Géricault dans un contexte plus large. Mieux encore, deux artistes contemporains Alfredo et Isabel Aquilizan, spécialistes du thème de l’émigration soulignent la dimension politique de l'auteur du Radeau de la Méduse. En pénétrant dans leur salle jonchée de bidons, de valises, de voiles, on perçoit le vibrant écho entre le chef-d'œuvre accroché au Louvre et les récentes tragédies de Lampedusa. Alexis Floret Jusqu'au 25.05, Gand, Musée des Beaux-Arts, mar>dim 10h>18h, 10/8/2€/gratuit, www.mskgent.be



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Parcours d’artistes Tous les deux ans depuis 1988, les artistes Saint-Gillois ouvrent grand leurs ateliers. La commune bruxelloise est depuis longtemps une terre d’asile, un lieu d'émulation pour les plasticiens, peintres ou photographes. Pour la première fois, l’opération s'étend à la ville de Forest. « La hausse récente du prix des logements a poussé des artistes à émigrer dans cette autre commune » explique Juliette Roussel, responsable du service culture. Les collaborations se sont multipliées et l'alliance de ces deux territoires semblait donc évidente. Pas moins de 530 artistes donnent rendez-vous au public durant deux semaines. Des expositions photos sur le thème du « vivre-ensemble » et des installations dans des lieux publics complètent l’évènement. Promesse est faite aux visiteurs de rencontrer « des personnages et des créations atypiques, détachés d’une culture académique ». Julien Collinet 16.05>01.06 Bruxelles, sam&dim, 14h>19h, gratuit, www.stgillesculture.irisnet.be

Les récessions économiques sont souvent propices à la création artistique. L’exposition No Country For Young Men affiche l'ambition de démystifier la crise grecque. Au-delà des questions bancaires et des manifestations (parfois) violentes, les 33 artistes contemporains offrent une vision critique de l’Europe et du dogme de l’austérité. Ce regard devient d’autant plus pertinent lorsqu’il se focalise sur le quotidien des Grecs. La raréfaction des services publics et la hausse du chômage ont plongé ce peuple dans une spirale de la pauvreté – au point de l'affamer, au sens propre du terme. Ainsi de ce long travelling où les personnages passent d’une interminable file dans un supermarché à celle d’une soupe populaire. Un cri de colère contre les puissants, mais aussi une note d’espoir pour un peuple qui espère reprendre son destin en main. Julien Collinet Jusqu’au 03.08 Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h, sf jeu, 10h>21h, gratuit, www.bozar.be

Dimitris Tsoublekas, The Problem With Our Current Situation © Courtesy the Artist and Ileana Tounta Contemporary Art Center With the support of Outset

© Doug Biggert

exposition

No country for young men



exposition

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WVZ 250 KH, 2012, (détail vertical), terre cuite émaillée, 470 x 600 x 360cm, coll. privée, Autriche © DR


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Elmar Trenkwalder

Des statues en liberté Immenses, ces céramiques évoquant à la fois des temples hindous, des cathédrales gothiques et romanes ou des façades baroques. On découvre ensuite de petits détails plus frivoles, voire grivois, au sein de ces constructions. Pas de doute : la première rétrospective française consacrée à l'œuvre monumentale, aux peintures et dessins d'Elmar Trenkwalder est sacrément revigorante. La surprise. Et l'interrogation. Telles sont les émotions ressenties en pénétrant dans la vaste salle consacrée à Elmar Trenkwalder. Cette forêt de statuaires en céramiques, monumentales et colorées, imposante mais fourmillant de détails, semble surgie du fond des âges. Soudain, l'artiste s'avance vers nous. La cinquantaine, grand et mince, le démiurge arbore un physique de prof de maths pépère. « Je crée ce qui manque à mon monde », explique-t-il dans un français hésitant, avant de nous dévoiler ses croquis préparatoires – où le coup de crayon instinctif le dispute à la précision des calculs, notes et repères. Humour et légèreté À l'origine, l'Autrichien avait étudié la peinture. « Mais j'ai toujours été obsédé par la troisième dimension, la profondeur » précise-t-il. En témoigne cette œuvre de jeunesse, un trompe-l’œil au carré, puisqu'il n'y a ni toile, ni cadre, mais du simple carton savamment plié et peint... Car en dépit de la carrure imposante de ses œuvres (le château imaginaire WVZ 250 KH frise les cinq mètres !), l’artiste n'omet jamais l'humour et la légèreté. Impossible d'évoquer Trenkwalder sans mentionner le sexe – masculins, féminins, sculptures érotiques... mais toujours cachés au cœur d'une autre pièce, à l'allure quasi-sacrée. À chacun de les voir, ou pas. Nous sommes au MUba, où le regard fait l'œuvre. Thibaut Allemand Elmar Trenkwalder, Ornement et obsession Jusqu'au 24.11, Tourcoing, MUba, tlj sf mar, 13h>18h, 5/3€/gratuit, www.muba-tourcoing.fr


© Mobiles Musik Museum

exposition

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Monte le Son !

Les murs ont des oreilles Ludique, interactive et sensorielle. Telle est la ligne de programmation du Forum des Sciences de Villeneuve d'Ascq. Avec sa nouvelle exposition, Monte le Son !, la structure nous en met plein les esgourdes, aidée par les créations itinérantes du musicologue allemand Michael Bradke. « L'ouïe est le premier sens que l'on développe », nous rappelle l'artiste invité d'honneur. Partant de ce constat, on pénètre dans l'exposition serein, sûr de soi : après tout, nos oreilles, on les connaît bien. Mais, dès l'entrée, un jardin suspendu sonore créé par le duo Scenocosme bouleverse tous nos repères. Les plantes communiquent entre elles et l'œuvre nous traduit leurs chuchotements. Remis de notre émotion, nous découvrons les créations parfois loufoques de Michael Bradke. Grâce à ses modules, l'artiste-chercheur-musicien nous pousse à l'expérimentation. « à chaque fois, le public est très actif et curieux ». Votre obligé ne déroge d'ailleurs pas à la règle et se prête au jeu. On nous rappelle ici qu'un bruit est un son non désiré. à l'inverse, un son désiré et mis en harmonie donne de la musique... Un tunnel posé au milieu de la salle nous bombarde de voix venues d'ailleurs. Plus loin, on crée des sons avec son propre poids ou les battements de son cœur, les mains posées sur un plateau. « Les adultes adorent jouer, ils sont d'ailleurs plus joueurs qu'il y a vingt ans », s'enthousiasme Michael Bradke. On le prend volontiers au mot. Mais on n'oubliera pas d'emmener le petit neveu, à qui cette exposition s'adresse avant tout. à bon entendeur, salut ! Alexis Floret Jusqu'au 8.05.2015, Villeneuve d'Ascq, Forum des Sciences, mar>ven 10h>17h30, sam>dim 14h30>18h30, 4/2€, gratuit -18 ans, www.forumdepartementaldessciences.fr



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Eclectic Campagne(s) Benoî t Meneboo, plasticien et co directeur, défend un programme ambitieux, à la fois ancré dans le territoire ET à la recherche de nouvelles formes. Sans doute pour cela que cette biennale, autrefois nommée Campagnes Vidéo, fut baptisée Eclectic Campagne(s). Ainsi, La Chambre d'Eau (l'association organisatrice) prévoit notamment des résidences d'artistes au Mexique et en Finlande. Si, en journée, les séminaires autour de la coopération culturelle sont (hélas) réservés aux professionnels, on ne manque pas, à la fraîche, des courts-métrages oniriques et ruraux (Self Portrait With A Deer, de la finlandaise Saana Inari, le 23.05). Ailleurs, on découvre l'installation Moments d'écoute du phonographe Thomas Tilly (24.05). Deux jours de performances, rencontres, concerts, spectacles en campagne, mais hors des sentiers battus. Alexis Floret 22>24.05, Le Favril, La Chambre d'eau – Moulin des Tricoteries, jeu>ven 18h, sam 16h, gratuit, www.lachambredeau.com

Celui dont le travail reposait principalement sur le collage, tout en s'ouvrant à la sculpture et à la vidéo, se présentait comme un "para photographe". Depuis les années 1960 et durant toute sa carrière, Robert Heinecken (1931-2006) a démontré le caractère trompeur des images. Volontiers militant, l'ex-pilote de chasse transforme allègrement des revues. Il en détourna un stock entier avant leur diffusion en kiosques, en superposant des photos à caractère érotique ou militaire, telle cette publicité capillaire associée à un soldat viet-cong brandissant deux têtes décapitées. Ici, est présentée la série Lessons in Posing Subjects (19811982). L'Américain y photographie des images trouvées dans des catalogues de vente par correspondance avec un Polaroid SX-70. à coups d'instantanés et de légendes ironiques, il re-contextualise, raille toute une tradition iconographique misogyne et mercantile. L.Tchalabi Robert Heinecken, Lessons in Posing Subjects 16.05>17.08, Bruxelles, Wiels, mer>dim, 11h>18h, 8/5/3/1,25€/gratuit, www.wiels.org

(Détail) Lessons in Posing Subjects, 1982 © Courtesy The Robert Heinecken Trust

Self portrait with a deer de Saana Inari, Finlande, 2013

Robert Heinecken



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Birds Of Paradise « Mon truc en plumes/Plumes de zoiseaux/De z´animaux » soupire la muse. Car ici, il s'agit bien de plume, et leur emploi dans la haute couture. Comble du raffinement à la Belle Époque, plus provoc' durant les Années Folles (les fameuses flapper girls), en passant par les dernières œuvres de la créatrice Ann Demeulemeester, les « poils d'oiseaux » (J. Prévert) sont définitivement à l'honneur. Pour le reste, on retrouve les suspects habituels : Chanel, Balenciaga, Givenchy, Dior, Vuitton, Yves Saint Laurent...

Jusqu'au 21.06, Lille, MAV, mar>ven, 10h>12h30, 14h>17h, sam, 10h>18h, www.mav-npdc.com

Jusqu'au 24.08, Anvers, MoMu, mar>dim, 10h>18h, 8/6/3€, www.momu.be

Les Vikings dans l'Empire Franc Cette exposition prend le pari de retracer « l'impact, l'héritage et l'imaginaire » des Vikings en France. Facétieux, ces vaillants gars venus du Nord avaient la fâcheuse habitude de s'adonner à des raids un brin violents, déstabilisant des territoires entiers – et s'en appropriant d'autres, telle la future Normandie. Ce peuple de marchands et de navigateurs a marqué l'inconscient collectif, de la société carolingienne à nos jours. Vestiges archéologiques, manuscrits médiévaux, navires reconstitués et affiches témoignent de cette empreinte dans l'identité française.

16.05>16.09, Valenciennes, Musée des Beaux-Arts, mer>dim, 10h>18h, sf jeu, jusqu'à 20h, 5/2,60€, www.musee.valenciennes.fr

Battersea Power Station Londres non construit © Airstudio

Blue Angel, A/W 2012-13 © Roger Vivier

La fête foraine est une ville dans la ville – ou dans le village, ça dépend. Une société avec ses codes, ses rites et surtout, son architecture. Improbables ou bien réels, ces projets photographiques dévoilent la foire et le cirque s'emparant totalement de la cité. Parmi la vingtaine de propositions, on sourit devant la sinistre Battersea Station de Londres entourée de montagnes russes, et l'on admire le chapiteau hitech abritant le Pôle National des Arts du Cirque, à Auch.

Maquette du navire d’Oseberg construite en 1933 pour les célébrations de la ville de Coutances, L. 450 cm. © Musée de Coutances

exposition

Barnum City Architecture foraine



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Zefiro torna el bel tempo rimena, 1979 © Fausto Melotti, Photo Sylvain Jennebauffe

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SIGNA MENTIS, UNE INSTALLATION DE CHRISTIAN JACCARD Depuis 40 ans, Christian Jaccard confectionne et accumule des boîtes. Le rassemblement de ces anti readymade souligne le temps qui passe, et pose la question de la valeur de l'œuvre. Présentés près des collections archéologiques, ces artefacts prennent une autre dimension, que le plasticien n'avait sans doute pas imaginée lors de leur conception. Belle façon d'interroger la création, comme la réception de l'art. Amiens, Musée de Picardie, 18.04>30.06, mar, ven, sam : 10h>12h, 14h>18h, sf mer sans interruption et jeu >21h, dim, 14h>19h, 5,50/3,50€/gratuit, www.amiens.fr/musee

GUERRE ET TRAUMA Le stress post-traumatique à travers l'Histoire. L'exposition prend pour point de départ "l'obusite" qui marqua les Poilus. Et établit des liens entre les rescapés de viols, les enfants maltraités, les prisonniers politiques et les militaires. Le tout en photos impressionnantes, cartels instructifs et œuvres spécialement réalisées pour l'occasion. Non, c'est pas gai. Mais salutaire. Gand, Musée du Dr Guislain, jusqu'au 30.06, mar>ven, 9h>17h, sam&dim, 13h>17h, 8/6/3/1€/ gratuit – 12 ans, www.museumdrguislain.be

L'IMAGE SUIVANTE

Au mitan des années 1960, les artistes pop – Warhol au premier chef – détournent les codes de la société de consommation. Hanson, lui, opte pour une critique aussi acerbe, mais plus subtile : le sculpteur s'intéresse aux oubliés du Rêve américain. Cette première rétrospective belge donne à voir 28 individus (sur 140 au total), aussi "normaux" que perdus en ce bas-monde.

La Fédération Wallonie-Bruxelles et son Musée des Arts Contemporains (MAC's) dévoilent une grande partie de leur fonds. Cette double collection rassemble des artistes belges et internationaux émérites. Et ce n'est pas tout : le lieu met à la disposition de chacun, par le biais des nouvelles technologies, l’ensemble de ses ressources documentaires – d'où le nom de l'exposition, vous suivez ? Avec entre autres les photos recontextualisées de l'Allemand Hans-Peter Feldmann ou les installations vidéos de l'Anglais Jeremy Deller.

Bruxelles, Musée d’Ixelles, jusqu'au 25.05, tlj sf lun, 9h30>17h, 8/5€/gratuit, www.museedixelles.be

Grand-Hornu, MAC's, jusqu'au 08.06, mar>dim, 10h>18h, 8>1,25e/gratuit, www.mac-s.be

DUANE HANSON, SCULPTURES OF THE AMERICAN DREAM



Crossed Leg, Sofie Lachaert, Luc Dhanis © Joris Luyten

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TRANCHES DE VIE

Y.E.A., REGARDS

Arts appliqués, artisanat, design ? Depuis vingt ans, Sophie Lachaert et Luc D'Hanis bâtissent une œuvre brouillant les frontières entre ces trois disciplines. Pour ce faire, le couple utilise des objets du quotidien (vaisselle, mobilier, etc.) et les transforme de manière subtile – déplaçant ainsi le sens premier de chaque ustensile. Ici, le tandem recrée le fragment d'une rue de coron – les maisons ouvrières des alentours devenant alors véritable cœur du sujet, et œuvres d'art en soi.

Y.E.A., pour Young Erfurt Artists, groupe fondé par Monique Förster et Dirk Teschner de la galerie Kunsthaus d’Erfurt. Jumelée avec Lille, la ville allemande envoie ces artistes pour poser un regard moderne sur la Grande Guerre. Vidéos, installations ou peintures grand format s'intéressent aux tranchées, certes, mais dépassent la cadre strict de 1914-18 pour rappeler l'actualité de conflits brûlants. Car la Der des ders ne le fut jamais.

Hornu, GHI, jusqu'au 17.08, mar>dim, 10h>18h, 8/4/2€, www.grand-hornu-images.be

TAZONE LIBRE

Lille, Espace Le Carré, jusqu'au 15.06, mer> sam, 14h> 19h, dim, 10h>13h, 15h>18h, www.facebook.com/espacelecarre

ZONE URBAINE LUDIQUE

Selon Hakim Bey, une Zone d'Autonomie Temporaire « ne se définit pas, mais occupe provisoirement un territoire et se dissout dès lors qu'elle est répertoriée ». Alors, comment une TAZ resterait-elle près de deux mois sur place à Wazemmes ? En fait, l'association Koan réalise un espace virtuel où les technologies sont mises au service de tous : applications, installations multimédia, cartographies... Ces œuvres nous tiennent hacker.

La ville transformée en vaste terrain de jeu. Ou l'urbanité réinventée. Citons les affiches sérigraphiées venues des quatre coins du globe ayant pour thème commun la cité, la réappropriation de la ville par les jeux vidéos – GTA, entre autres. Mais aussi ce fameux Casse-Brique détourné en utilisant des éléments de l'architecture moulinoise. Comment cela, le quartier est souvent en travaux ? Ce n'est rien à côté de ce que vous aller pouvoir créer...

Lille, maison Folie Wazemmes, jusqu'au 08.06, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, gratuit, www.mfwazemmes-lille.fr

Lille, maison Folie Moulins, 16.05>06.07, mer>dim, 14h>19h, gratuit, www.mfmoulins-lille.fr



exposition

Victor Noël, Sans titre, 1957. Huile sur unalit, Collection André Le Bozec, Paris, © photo : Pascal Gérard / Tous droits réservés

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ABSTRACTIONS GEOMETRIQUES BELGES, DE 1945 A NOS JOURS

YANN OULEVAY, AU FIL DE LA GRAINE

Mons, BAM, jusqu'au 13.07, mar>dim, 10h>18h, 9/6€, www.bam.mons.be

Disciple des verriers Philip Baldwin et Monica Guggisberg, Oulevay a sillonné divers pays et continents pour perfectionner ses techniques de souffleur. Rare étranger à avoir étudié à Murano, le Suisse présente – et crée – ici ses fameuses "graines". En fait, des œuvres soufflées sur lesquelles l'artisan appose des filigranes. Apparaissent alors des formes plus ou moins sphériques ressemblant à des graines. Quelle est la place du hasard dans le résultat ? Minime. C'est là tout le savoir-faire de l'artiste.

ANDRE FOUGERON – VOILA QUI FAIT PROBLEME VRAI

Sars-Poterie, Musée-Atelier du Verre, jusqu'au 25.08, tlj sf mar, 10h>12h30, 13h>18h, 3/1,50€, www.museeduverre.lenord.fr

Après-guerre, l'abstraction se divise en deux sensibilités : lyrique et géométrique. Cette dernière repose sur la précision des lignes mais aussi la pureté des couleurs. Peintures, sculptures, mobiliers, joailleries ou textiles conçus par Jo Delahaut, Pol Bury, Marthe Wéry, Dan Van Severen, ou Jean Rets rendent justice à ce courant majeur de l'art belge, toujours fécond, mais trop méconnu.

L'existence d'André Fougeron (19131998) correspond à ce que l'historien Eric J. Hobsbawm nommait "le court XXe siècle". Un âge des extrêmes pour le moins tourmenté. Dans cette tempête, le peintre parisien est resté ancré à gauche. Héritier des Naturalistes et, surtout, de Courbet, ce peintre, graveur et affichiste autodidacte s'adonna au collage en gardant à l'esprit que l'art doit être utile et émanciper les peuples. Roubaix, Jusqu'au 18.05, La Piscine – Musée d'Art et d'Industrie A. Diligent, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, weekend, 13h>18h, 9/6€, www.roubaix-lapiscine.com

Meret Oppenheim. Rétrospective Des pièces mythiques (Bracelet en fourrure) retracent l'itinéraire d'une artiste majeure, muse de Man Ray, amie des Surréalistes puis figure majeure du mouvement. Féministe, profondément attachée à sa liberté, marquée par les mythes et les idéaux de son époque, Meret Oppenheim aurait eu cent ans en 2013. Gageons que son œuvre lui survivra, mille ans au moins. V.d'Ascq, LaM, jusqu'au 01.06, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr


15 - 16 - 17 Mai / 20h30

Nicolas, la grande braderie [théâtre / Philippe Despature et François Marzynski]

Dimanche 18 Mai / 17h

Musiconoclast’ Orchestra [concert]

Jeudi 22 Mai / 21h

Die ! Die! Die ! + V A T I CA N [concert]

Mercredi 11 Juin / 21 h

+

Jil is Lucky Tim Fromont Placenti [concert]

Dimanche 15 Juin / 17 h

Hypnotic Wheels + Bilboquet [concert]

Dimanche 22 Juin / 17 h

Des couleurs dans les branches [jeune public / cie Les Guilidoux]

Du Mardi 24 au dimanche 29 Juin

Les minuscules

[festival jeune public / cie La Vache Bleue]

Vendredi 4 Juillet / 20h30

Impro Fight

[théâtre / Lille Impro]

268 rue Jules-Guesde 59650 Villeneuve d’Ascq Réservation : 03 20 61 01 46 facebook.com/fermedenhaut.vda www.villeneuvedascq.fr/feh



interview

CAROLINE SONRIER Viva l’Opera ! Propos recueillis par ¬ Marine Durand Photo ¬ Caroline Sonrier © Eric Le Brun

En décembre 2003, l’Opéra de Lille rouvrait sous les clameurs du public après cinq ans de travaux, accompagnant dans la foulée le lancement de Lille Capitale européenne de la Culture. Dans un bâtiment au lustre retrouvé, liberté était laissée à Caroline Sonrier de créer l’identité d’un lieu de production lyrique. à l’heure d’évoquer le bilan des 10 ans, la musicienne de formation préfère regarder vers l’avenir. Rencontre avec la première femme nommée directrice d’un opéra en France. Quels étaient vos objectifs en arrivant à la direction de l’Opéra de Lille ? La mission première d’un opéra, c’est précisément de produire des opéras. Cela surprend le public, qui croit souvent qu'on programme des troupes en tournée. Or, il faut constituer une équipe, trouver un metteur en scène, engager les rôles principaux… La plupart du temps, j'ai privilégié des pièces du grand répertoire lyrique, qui déclenchent un choc et donnent envie de revenir.

Pour cela, il a fallu composer avec un budget plus limité que vos confrères à Paris ou Bruxelles ? Il est vrai qu'on ne peut rivaliser sur ce plan. Il faut se démarquer avec des propositions originales, des pièces et des classiques plus décalés. On a aussi joué avec nos spécificités. Notre chœur de qualité participe à la plupart de nos productions. Nous pouvons aussi compter sur deux ensembles en résidence : l’ensemble belge Ictus pour le contemporain, et le Concert d’Astrée, ▲

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Cendrillon © Frédéric Iovino

spécialisé dans la musique baroque chose rare. Ceci donne une couleur très particulière à des œuvres mythiques. Quels sont les opéras dont vous êtes particulièrement fière ? Par exemple, notre première production, Madame Butterfly, en 2004. C’était aussi le premier opéra mis en scène par Jean-François Sivadier, resté notre complice depuis lors. Citons aussi Jules César de Haendel ou encore La Métamorphose, d’après Kafka créé par Michael Levinas en 2011. Et puis Cendrillon en 2012, avec les musiciens de l’onl. Un triomphe ! Je choisis des chefs-d’œuvre, bien sûr, mais pas toujours connus du grand public, comme La Petite Renarde Rusée de Janácek,

ou La Finta Giardiniera, l’un des opéras de Mozart les moins célèbres. Vous accordez aussi une grande place à la danse... Absolument. Et ce n’est pas le cas de tous les opéras ! Les chorégraphes contemporains travaillent souvent les formes hybrides, et je tenais à mettre en avant des artistes développant un nouveau langage. Accueillir un chorégraphe en résidence, c’est un repère pour le public. Qu'attendez-vous de ces chorégraphes ? Christian Rizzo, en résidence de 2007 à 2012, faisait des propositions radicales. J’aime sa façon de remettre en


« J'ai privilégié les artistes développant un nouveau langage »

question la définition de la danse elle-même, son approche de la création, le travail sur un plateau. Il sera d'ailleurs à l'affiche de cette 10e saison. Il a dérouté une partie du public, mais un noyau important de fidèles s’est constitué, des spectateurs sensibles à l’architecture, aux arts plastiques et visuels. Ce n’était pas facile de lui succéder... Justement, pourriez-vous présenter son successeur ? Daniel Linehan m’impressionne par l’étendue de son talent. Il a déjà présenté ici certaines pièces. Il a aussi réuni 40 personnes sans emploi pour un stage participatif. Sa première création à Lille s’appelle Karaoké Dialogues. Comme toujours, il explore le lien entre un texte, poétique, proche du haïku, et sa transformation en mouvement par le danseur. Cela recouvre une dimension politique importante, un regard sur le monde et ses absurdités.

Karaoké Dialogues © Frédéric Iovino

jamais nous couper des habitués, nous avons mené une politique de quotas volontariste, en réservant des places aux abonnés, mais aussi aux scolaires et aux centres sociaux. Surtout, nous avons multiplié le nombre de représentations pour chaque opéra. Et puis, durant les week-ends Happy Days, on présente l'art lyrique dans des circonstances inattendues en ouvrant grand nos portes. Un grand karaoké réunira bientôt tous ceux qui aiment fredonner un air de Carmen sous la douche. Sans oublier nos bus, qui s'adressent à un public familial éloigné qui considère l'opéra comme inaccessible, dans tous les sens du terme.

Qu'en est-il de votre ouverture à de nouveaux publics ? Cela a fonctionné tout de suite, en particulier auprès des jeunes. Sans ▲


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Des Chiffres et des Lettres

10 ans !

1 525 représentations

2940 artistes vus sur la scène

43 nouvelles productions/créations 674 597 spectateurs

205 933 entrées aux journées Happy Days

83% : taux de remplissage moyen depuis l'ouverture

365 abonnés permanents

(n'ayant

jamais interrompu leur abonnement depuis 2003)

38 492

élèves accueillis en provenance de 962 établissements

Secteur social : 8 874 personnes et 355 établissements

La Finta Giardiniera © Frédéric Iovino

Comment avez-vous préparé ce 10e anniversaire ? C’est un moment symboliquement fort mais je n’aime pas trop regarder vers le passé. Orfeo14, créé pour l’occasion, est tourné vers l’avenir : le compositeur allemand Helmut Oehring revisite l’œuvre fondatrice de l’opéra, L’Orfeo de Monteverdi, en compagnie d’Ictus et le Concert d’Astrée. C’est formidable de réunir les deux ensembles qui font notre identité. Le deuxième volet de ces célébrations est une joute musicale inspirée de la querelle des Anciens et des Modernes. Sur scène, les deux orchestres vont se répondre avec humour, tandis que Jean-François Sivadier tiendra la place d’arbitre.


Et à quoi peut-on s'attendre pour les saisons à venir ? Nous n’avons encore jamais abordé certains incontournables du grand répertoire italien ou Wagner. J’aimerais aussi développer l’opéra baroque. Et nous prévoyons des commandes à des compositeurs. Il ne s’agit plus seulement de monter un opéra, mais de repartir de zéro en l’écrivant. Il faut se projeter assez loin, aux alentours de 2016, pour l’aboutissement du projet. Vous vous voyez donc encore un moment à la direction de l'Opéra de Lille. Il y a eu pas mal de rumeurs dans la presse ces derniers mois, mais je n’ai postulé nulle part. Cette expérience a été extraordinaire jusqu’à présent. Même s'il est toujours excitant de développer de nouveaux projets, avec des moyens plus importants, je me sens très bien à Lille. Vous êtes l’une des deux seules femmes à la tête d’un opéra en France. Pourquoi le milieu est-il encore si masculin ? Notez quand même que le nombre a doublé l’an dernier ! (Sourire.) Je suis ravie de la nomination (en décembre 2013) de Valérie Chevalier-Delacour à Montpellier. Un opéra est un équipement culturel de tout premier plan. Et comme dans tous les domaines, plus l'enjeu est de taille, moins on fait confiance aux femmes. Ce n'est pas spécifique au monde lyrique mais traverse toute notre société. Je me félicite de la révélation de ces chiffres au niveau national, cela a déclenché une prise de conscience.

Le Concert d’Astrée © Frédéric Iovino

L’OPéRA DE LILLE FÊTE SES 10 ANS ! CRÉATIONS • The Karaoke Dialogues / Daniel Linehan 13>15.05 • D’après une histoire vraie / Christian Rizzo 11 & 12.06 • Orfeo14 [Vol.1] / Le Concert d’Astrée, Ensemble Ictus, 18 & 19.06 Concerts 23.05, Quatuor Ébène 24.05, Quatuor Jérusalem 25.05, Quatuor Artis 27.05, Sophie Karthäuser 6.06, Chœur de l’Opéra de Lille 7.06, Rhoum El Bakkali / The Brown Sisters HAPPY DAYS 11.05, Tous à l’Opéra ! (Fan attitude : karaoke, concerts, conférence...) 24 & 25.05, Quatuors à cordes (Master-class et concerts) 7.06, Oh les Chœurs ! (Ateliers et concerts) 22/17/13/8/5€, Pass 3 spectacles = 15% de réduction, Prog. complet sur www.opera-lille.fr


Transquinquennal Quarante-Et-Un Š Josepha Ferris


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Kunstenfestivaldesarts

Art (cosmo)politique Dans un esprit fédérateur, faisant-fi des communautés, le Kunstenfestivaldesarts investit une vingtaine de théâtres et lieux bruxellois. Trente artistes belges et internationaux remettent en question les pratiques politiques contemporaines. Que nous réserve leur fondamentale recherche ? Croisant artistes émergents et établis, langues et références culturelles, formes et formats, danse, performance, théâtre, vidéo et arts plastiques, le Kunstenfestivaldesarts transforme la ville, trois semaines durant, en un grouillant laboratoire. Ce mois de mai 2014 est particulier, élections européennes obligent. L’occasion pour Christophe Slagmuylder, directeur artistique, de souligner le credo de cette nouvelle édition: « La politique, ici comme ailleurs, donne de plus en plus l’impression de se réduire à un spectacle, et peine à défendre des idées de fond ». à l’inverse des œuvres présentées ici. De la lenteur Cette édition s’ouvre avec deux projets d’envergure. Du théâtre documentaire avec 100% Brussels du collectif Rimini Protokoll, qui traduit la complexité de la capitale belge en convoquant cent Bruxellois sur scène. Et le spectacle théâtral The Monk From Tang Dynasty du grand cinéaste Tsai Ming-liang, dont l’œuvre méditative s’oppose au rythme d’un monde agité et saturé d’informations. Conçue pour le Cinéma Marivaux à l’abandon - et centre du festival -, cette performance retrace le pélerinage, sur la Route de la Soie, d’un moine bouddhiste au viie siècle. De lenteur et de silence, il est encore question dans le magistral Intérieur de Claude Régy, basé sur la pièce écrite en 1894 par Maeterlinck. Mais la vie, c’est aussi le chaos (dés)organisé avec, pour clore l’événement, la parade indignée Batucada du chorégraphe Marcelo Evelin. Catherine Callico

02>25.05, Bruxelles, divers lieux (Cinéma Marivaux, La Raffinerie, Argos, Kaaistudio’s...), 25>5€, Pass 150€, www.kfda.be


Crocodile Trompeur

L.A. Dance Project Installé à Los Angeles, le chorégraphe et danseur Benjamin Millepied a réuni un collectif de créateurs et invite des chorégraphes à partager l'affiche avec lui. Patrimonial, le programme se tourne cependant vers l'avenir. L'artiste, remarqué des amateurs depuis longtemps et du grand public depuis Black Swan (2011) propose Quintett (W. Forsythe), Winterbranch (Merce Cunningham) et l'une de ses créations. Récemment, un second volet était présenté au Châtelet parisien. À suivre... 06.05, Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39/37/30/27/8€, www.coliseeroubaix.com

De l'opéra baroque Didon Et Enée (1689) de Purcell, Samuel Achache et Jeanne Candel proposent un bricolage magistral. Sur un amas de pianos, fauteuils et autres objets hétéroclites, trône un contre-ténor en chaussures de ski... Sans jamais ridiculiser l'œuvre du maître, les deux metteurs en scène en font jaillir l'aspect contemporain. Ainsi, des acteurs deviennent chanteurs et, sous la houlette de Florent Hubert, des musiciens venus du jazz jouent la partition. Foutraque, jubilatoire – autant d'épithètes galvaudés qui conviennent, pourtant, à merveille ici. (Spectacle présenté dans le cadre des Ch'mins de Traverse). 30 & 31.05, Arras, Théâtre, 20h sf 31.05, 18h, 8€, www.tandem-arrasdouai.eu

Didon et Enée © Victor Tonelli

© Benjamin Millepied

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Le Néo Burlesque, c'était mieux avant ? Désormais, nous est intimé l'ordre de trouver fabuleux, avant-gardistes et féministes des spectacles plutôt ennuyeux, avouons-le. Alors, un énième show Burlesque... Mais Le Grand Sextacle s'avère différent. La vingtaine de comédiens – vieux, jeunes, blancs, noirs, wallons, flamands, etc. - s'en prend au conformisme de nos sociétés à la fois foutrement érotisées et si prudes. Drôle, souvent grinçant, voire choquant, ce mélange de théâtre, cirque et cabaret ne laisse jamais indifférent. 08.05, La Louvière, Le Palace, 20h, 14/12€, www.ccrc.be

© Véronique Vercheval

Le Grand SEXtacle



The Wheel House © Steve Edwin

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© DR Motionhouse

Captive / MotionHouse Enfermés dans une grande cage, quatre danseurs réalisent des prouesses techniques aériennes imitant la folle marche des animaux tournant derrière les barreaux… 16.05, Béthune, Place de l'Europe, MontLiébaut, 19h // 17.05&18.05, Béthune, Place de la République, samedi à 16h45 et 21h15, dimanche à 11h30 et 16h40


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Z’ARTS UP !

La voie est libre ! Un vent de folie douce est annoncé dans la région de Béthune. Le festival européen des arts de la rue Z’Arts Up ! qui conjugue musique, danse et théâtre, réduit plus que jamais les frontières entre acteurs et spectateurs en 2014. Décryptage de cette édition haute en couleurs servie à la sauce British !

« Proposer un rendez-vous artistique touchant la population locale, voici l’objectif du festival depuis quinze ans », résume sa directrice, Chantal Lamarre. Sur les hauteurs du Mont-Liébaut à Béthune, chacun est donc invité aux préparatifs. Ici, on cuisine des cupcakes, là on monte des fanions et des guirlandes. Dans d'autres ateliers, on reproduit joyeusement l’ancienne Halle aux Draps en carton, autrefois accolée au beffroi de Béthune, sous la houlette d’Olivier Grossetête. Et puis, avec la Cie On Off, on prend la commande des chansons qui seront livrées à domicile et à mobylette comme une pizza. …

The Color of Time / Artonik

© Vanhecke

Un feu d’artifices de poudres colorées, inspirée de la Holi, fête des couleurs en Inde. Mais cette fois, la belle bleue ou la belle verte, c'est vous. 18.05, Béthune, départ Place du 73e, Centre-ville, 18h30


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La revue militaire © Vincent Vanhecke

Amitié franco-britannique Rassembler des artistes reconnus et émergents, dresser des ponts vers d'autres régions, c’est l’autre force du festival. « En tant que Scène Nationale, on doit développer des projets à l’échelle européenne », souligne Chantal Lamarre. Cette année, Z’Arts Up ! accueille donc des créations venues d’outre-Manche. Au total, six compagnies britanniques sur vingt-et-une, enfoncent toutes les barrières – ou jouent avec des cages. Un exemple ? Le spectacle Captive, dans lequel quatre acrobates effectuent des chorégraphies aériennes dans une cage, donc (voir p.98).

Et les enfants ne sont pas en reste : non, les cages ne sont pas pour eux, mais des ateliers et spectacles leurs sont dédiés dans une cour spéciale jeune public ! En guise de bouquet final, ne manquez pas The Color of Time, une déambulation dansée emmenée par la Cie Artonik (voir p. 99). Inspirée de la Holi, célèbre fête traditionnelle hindoue, elle repose sur un jaillissement de poudres colorées dont chacun peut s'enduire le corps. Un hymne au métissage qui chasse au loin les idées noires. Et dont peut se réjouir Madame Lamarre qui quittera ses fonctions après cette dernière réussite. Un sacré pot de départ ! Lina Tchalabi


The Wheel House / Acrojou

© DR

À bord d’une roue équipée et aménagée comme une maison, deux acrobates arpentent les rues, contant une histoire évoquant à la fois Robinson Crusoé et Tarzan. Une belle combinaison de prouesse physique et d'humour.

Bouchée à la Reine / Push Plus Née d’une collaboration entre la compagnie britannique et un groupe d’étudiants de l’université d’Artois, cette pièce dévoile les coulisses d’un dîner en grande pompe avec sept bouffons… Ou comment fustiger la société de consommation et le gaspillage. 16.05, Béthune, Parc maison des associations, Mont-Liébaut, 18h20 // 17.05&18.05, Béthune, Grand Place, Centre-ville, samedi à 16h et 18h15, dimanche à 13h15 et 14h40

La Revue Militaire / Les Urbaindigènes Une troupe d’athlètes et voltigeurs moustachus part à l’assaut de la ville pour une démonstration de gymnastique naturelle. En toile de fond, un propos humaniste dénonçant l'ultranationalisme et les boucheries du XXe siècle.

16.05, Béthune, Départ école élémentaire Charlemagne, Mont-Liébaut, 17h05 // 17.05, Béthune, Départ Grand-Place, 15h30 et 19h // 18.05, Départ Place de la République et Grand Place, 12h et 14h15

Marchand de Voyage / La Chose Publique Halte ! Vos tickets ! Après tirage au sort, embarquez dans une drôle de capsule (artisanale) pour un voyage musical « Julevernien » orchestré par Till Sujet. Attention au retour, vous reviendrez peut-être avec un poulpe sur les épaules… 16.05, Béthune, Ecole élémentaire Victor-Hugo, Mont-Liébaut, 16h30 // 17.05&18.05, Béthune, Cour élémentaire Sévigné, Centre-ville, samedi à 16h10 et 18h55, dimanche à 10h30 et 15h50

15e du festival européen des arts de la rue 16.05>18.05, Béthune, Divers lieux et horaires, gratuit, programmation complète sur : www.culturecommune.fr

© Cedici

17&18.05, Béthune, Départ parking Lycée Blaringhem, Centre-ville, samedi à 18h, dimanche à 15h


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Festival Prémices

Premières armes

« Il faut accompagner les jeunes compagnies en amont et en aval, pour les aider à prendre leur envol et vivre de leur travail. » Le directeur de la Rose des Vents rêve, pour ses protégés, d’un destin semblable à celui du collectif Si Vous Pouviez Lécher Mon Cœur, repéré en 2012 par l’équipe du festival d’Avignon avant d’y triompher en 2013 (Les Particules Élémentaires). Avancer la date pour attirer plus de programmateurs ? Miser sur la proximité avec la Belgique ? Autant de pistes à l’étude, qui n’effacent en rien les fondamentaux de l’évènement : création et transmission. Ce millésime 2014 se révèle éminemment féminin, puisque cinq des sept spectacles sont portés par des metteures en scène. Julie Duclos n’a dévoilé son deuxième projet que dans de rares salles parisiennes : Masculin/Féminin, mêlant interview-vidéos et lecture de textes sur le thème du désir, a ici toute sa place. Mounya Boudiaf revient avec pudeur sur la tragédie d’Hassi Messaoud - une centaine d’ouvrières algériennes violées et torturées à l’appel d’un imam en 2001 (« mais Haine des femmes n’est pas une pièce contre les hommes », prévient la direction du festival). C'est la création choc de cette troisième édition. Et prochaine révélation d’Avignon ? Marine Durand 15>24.05, Lille (Théâtre du Nord, Le Prato, Théâtre Massenet), Tourcoing (Théâtre du Nord - Idéal), Villeneuve d’Ascq (La Rose des vents). 12/7/5€, Pass 3 spectacles 30/15€. Navettes gratuites vers Tourcoing. Plus d’infos sur www.larose.fr ou www.theatredunord.fr.

Haine Des Femmes © Gottfried Helnwein

Né de la rencontre du Théâtre du Nord et de la Rose des Vents autour de la jeune création théâtrale, Prémices s’affiche comme un rendez-vous en constant questionnement. Comment se distinguer parmi les festivals dits "d’émergence" ? Comment permettre à une première mise en scène de tourner hors de la région ? éclairages avec Didier Thibaut.



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Hamlet VS Hamlet Il faut de l'ambition, du talent et, avouons-le, un peu d'inconscience pour s'attaquer ainsi au personnage phare du corpus shakespearien. Tom Lanoye et Guy Cassiers se penchent ici sur la psyché du prince du Danemark. Personnage tragique et tourmenté, celui-ci annonce les cas de conscience de Lorenzaccio (1834). Tiraillé entre la pureté de ses sentiments et la cruauté des hommes, Hamlet se perd entre l'orgueil et la haine de soi. Au son d'une musique angoissante et minimale, plongés dans la pénombre, les comédiens déploient un jeu sec et violent sur une scène transparente et surélevée - comme si les secrets, trahisons et mensonges étaient visibles, là-dessous. Cette âpreté donne du coffre et de la chair aux souffrances du jeune homme. Hamlet doit s'imposer et, comme dirait Freud, « tuer le père ». Comment faire, lorsqu'on est orphelin ? Thibaut Allemand

28>31.05, Bruxelles, Kaaitheater, 20h30, 20/16/8€, www.kaaitheater.be

Présentons rapidement l'œuvre pour les retardataires. Pour Rigoletto, bouffon bossu du duc de Mantoue, la coupe est pleine lorsque son maître, insatiable séducteur, s'éprend de sa fille. Le bouffon voit rouge et, pour protéger son enfant, met au point une implacable vengeance. Mais la malédiction les frappera, lui et le duc... Créée en 1851, ce drame, inspiré du Roi s'amuse (1832) de Victor Hugo, est une pièce majeure de Verdi et le premier volet de sa Trilogie Populaire (avec Le Trouvère et La Traviata, en 1853). Faux opéra-bouffe et véritable tragédie, Rigoletto est un grand classique de l'art lyrique – difficile de le renouveler, donc ? Pourtant, Robert Carsen réussit le pari fou de placer l'intrigue dans l'univers du cirque. Dans cette arène où se meuvent des acrobates, Rigoletto (George Gagnidze et Dimitri Platanias, en alternance) est un formidable clown triste. Thibaut Allemand 08>23.05, Bruxelles, Théâtre de la Monnaie, mar>dim, 20h sf dim, 15h, Complet !

© Patrick Berger, Artcomart

© Jan Versweyveld

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Rigoletto



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Le bateau feu

Texte ¬ Elsa Fortant Photos ¬ Les Petits Bateaux © Guillaume Collanges /Les Mots ivres © Eric Legrand / Bateau Feu © Eric Legrand / Quatuor Debussy © Bernard Benant / Le Roi Lear © Michel Cavalca

dossier

L'appel du large

Dans le port de commerce de Dunkerque, on peut admirer le dernier bateau-feu français mis en service, le Sandettié, aujourd’hui classé monument historique et devenu musée. À quelques encablures à peine, dans le centre-ville, on découvre un bâtiment homonyme labellisé Scène Nationale en 1991 : le Théâtre du Bateau-Feu. Fermé durant trois saisons pour rénovation, le revoici prêt à embarquer le public. A la barre depuis 2006, Hélène Cancel, revient ici sur le chemin parcouru et dévoile de nouveaux horizons. Bienvenue à bord !


« Les Dunkerquois sont fiers d’avoir un théâtre, même ceux qui n’y viennent jamais, explique la directrice. Ce capital sympathie nous donne des ailes pour oser et surtout, associer la population à nos projets ». La fréquentation parle d'elle-même : plus d'un habitant sur trois est déjà venu au Bateau-Feu (voir encadré). Cette popularité s’explique en partie grâce à une programmation ouverte, dont la trame de fond demeure la création contemporaine - Scène Nationale oblige. « Je souhaite que le public découvre toutes les disciplines, avant de choisir, poursuit Hélène Cancel. Il faut donner à chacun au moins une raison de venir ». Ainsi, le projet de développement des quatre prochaines années s’articule autour de deux axes majeurs : le théâtre d’objet (avec l’arrivée du théâtre de la Licorne à Dunkerque) et l’art lyrique, depuis la formation de jeunes chanteurs jusqu'à leur diffusion. Un projet ambitieux ? Oui, mais le Bateau-Feu s'appuie également sur les villes de Saint-Omer (où la Clef des Chants prévoit de s'implanter), Boulogne et Calais. à l'échelle nationale, on imagine déjà une possible coopérative entre six Scènes Nationales et un opéra. Mais motus, ce n'est qu'un projet... Sur le pont Avant de voir si loin, le théâtre convie spectateurs avertis comme simples curieux à rejoindre le vaisseau lors des Fêtes de Crémaillères. Durant trois semaines, une quarantaine d'événements gratuits promettent ▲


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Des chiffres et des lettres

35 000 spectateurs en moyenne chaque saison

(Population de Dunkerque : 90 000 habitants, 200 000 avec agglomération)

40 titres de spectacles

pour 110 représentations annuelles

20 membres d'équipage 18 résidences durant

une belle remise à flots : danse avec la Cie Beau Geste, musique, théâtre ou per formances (La Licorne)... Une affiche qui reflète le travail de fond entamé depuis 1990. à travers une ligne de programmation pluridisciplinaire, l'implication de la population locale et une politique tarifaire 15,82 millions d'euros adaptée, le Bateau-Feu sensibilise le plus grand de travaux nombre au spectacle vivant. Cette pendaison géante est d'ailleurs l’occasion de découvrir ensemble un parvis entièrement rénové avec la marionnette géante Tantôt. à l'intérieur du bâtiment flambant neuf, les compagnons de route de la structure nous attendent. Comprenez ceux qui ont animé les saisons « hors-les murs » en investissant les villes de Bray-Dunes, Coudekerque-Branche, Bergues ou Roselaere. « Ces invitations sont une façon de remercier ces metteurs en scène, chorégraphes ou plasticiens qui se sont mis en quatre pour nous accompagner lors de ces trois saisons inhabituelles » souligne Hélène Cancel. À l’image de Didier Galas, Guy Alloucherie ou encore Frédéric Le Junter et ses Petits bateaux. Et s'il ne fallait retenir qu'un seul événement ? Peut-être Le Roi Lear, la dernière création à succès de Christian Schiaretti (voir p. 110). Mais, qu'il s'agisse de grand spectacle ou de petites formes, le Bateau Feu s'adresse à toute la famille : « Le jour où les parents emmèneront leurs enfants au théâtre comme ils les emmènent au cinéma, espère la directrice, ce sera une vraie victoire ! ». Vingt-quatre heures après l’ouverture des réservations, la moitié des places s'étaient envolées. Un premier raz-de-marée augurant un sacré rythme de croisière ! les 3 saisons hors les murs « Le Bateau-Feu en promenade »


Monter un bateau Problèmes d’étanchéité, de thermicité, mises aux normes mais aussi manque de capacités techniques et technologiques... les travaux étaient inévitables. « Le Bateau Feu a toujours été bien entretenu. On a accompagné sa précédente vie » modère Hélène Cancel. Les architectes Blond&Roux, rompus à l’exercice de la rénovation d'équipements culturels (théâtre Fanal à Saint-Nazaire, théâtre d’Arras - entre autres), ont séduit le jury du concours avec un projet tout en transparence, ouvert sur l’extérieur comme sur l’intérieur. Colossal, le bâtiment constitue un véritable repère dans la ville, à la manière d’un authentique bateau-phare. Première particularité : pas d'entrée des artistes, tout le monde est accueilli à l'entrée principale où siègent la billetterie et le bar. Ainsi, ce hall, ouvert et lumineux, devient «un lieu de vie». Entièrement rénovées, les deux salles (respectivement 712 et 189 places) sont désormais utilisables simultanément. La plus vaste, un amphithéâtre, possède une fosse d’orchestre pouvant accueillir 65

Après 3 ans de rénovation confiée aux architectes Blond&Roux, Le Bateau Feu, Scène Nationale de Dunkerque est de retour.

musiciens et un plancher escamotable. La seconde, nommée "Blackbox", intimiste et chaleureuse, est accessible uniquement par l’étage (où sont aussi situés les bureaux). Enfin, toujours dans l'extension, on trouve une salle d’échauffement ou de répétition avec un véritable parquet de danse - un équipement unique. Pour un lieu unique. ▲


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Le Roi Lear

Shakespeare / Christian Schiaretti Un Serge Merlin enchanteur, à l’interprétation magique... Croyez-nous, vous allez en lire, des compliments-clichés sur l’acteur principal de ce Roi Lear. C’est vrai que l’octogénaire apporte une démesure et une folie qui siéent parfaitement à ce vieux roi perdu, vieillissant, régnant sur un territoire qui ne lui appartient plus, et en conflit avec sa fille Cordelia. Mais à tout mettre sur les épaules d’un seul acteur, on en oublierait le reste – voire l’essentiel : la scénographie circulaire fluidifie les mouvements, la traduction d’Yves Bonnefoy devrait faire autorité, l’équipe de comédiens est parfaite – exceptionnelle Cordelia, à la fureur retenue ! - et la mise en scène de Christian Schiaretti embrasse cette œuvre majeure de Shakespeare dans toute sa complexité. Surtout, le directeur du TNP de Villeurbanne ne sombre jamais dans le travers contemporain (modernisation à tout prix, tentation de la psychanalyse...). Pur produit du théâtre populaire, Christian Schiaretti et son équipe signent un Roi Lear qui fera date – et dont Jean Vilar aurait été fier. 04>06.06, Dunkerque, Bateau-Feu, grande salle, 19h, gratuit, réservations fortement conseillées !, www.lebateaufeu.com

Fêtes de Crémaillère 16.05>06.06, Dunkerque, Bateau Feu, gratuit sur réservation, programme complet sur www.lebateaufeu.com Spectacles : Inaugurations, Jean-Pierre Bodin (16&17.05) // Les Aventures de Madame Mygalote, Gilles Defacque (21.05) // Petites Formes dansées, Gilles Verièpe (23.05) // Les Encombrants font leur Cirque, Claire Dancoisne (23&24.05) // Le Roi Lear, Christian Schiaretti (4>6.06)… Lectures musicales : Ma pomme, Olivier de Solminihac ( 17.05) // La Mouette et le Chat, Gilles Defacque et Arnaud Van Lancker (21.05) // Holden, mon frère, Fanny Chiarello (23.05) … Expositions : Les petits bateaux, Frédéric Le Junter (16>25.05) // Chacun vaque à son destin, Sophie Rousseau (16>25.05)… Musique : Soirée Funky Vibes, DJ Stamiff (17.05) // Soul and blues, Stuff in Machine (24.05)…



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Blanche Neige © La nouvelle compagnie

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agenda

Le Mariage de Mme Beulemans

Blanche Neige

Fonson & Wicheler/D. Michels Jusqu'au 18.05

Nicolas Liautard et ses quatre comédiens transfigurent ce conte connu de chacun dans une adaptation muette. Toutes les scènes-clés sont réinventées dans un jeu d'ombres et de lumières qui sied parfaitement à cette fable plus noire qu'elle n'y paraît. On est emporté par l'aspect visuel d'une histoire qui a imprégné la conscience collective. Les enfants sont ravis – et les adultes aussi.

Frères Grimm/N. Liautard

Créé en 1910, fort d’un succès jamais démenti depuis, ce vaudeville aligne ses quiproquos, amours contrariées et infidélités classiques. Mais sur scène, cette pièce prend toute sa saveur. Mêlant le français et la zwanze bruxelloise, ces noces truculentes sont la pièce fétiche du Théâtre des Galeries ! Bruxelles, Th. Des Galeries, mar>dim, 20h15, certains sam & dim, 15h, 24 à 10€

Vivons heureux en attendant la mort P. Desproges/F.Gardin

06.05

C'est étrange de retrouver sur scène la petite musique de Desproges jouée par un autre. Ici, Fabrice Gardin (Karl Marx, Le Retour, entre autres) met en scène Dominique Rongvaux. Un comique, Pierre Desproges ? Pas du tout. L'homme était drôle, certes, comédien, sans doute, mais comique... En fait, le natif de Pantin se rêvait écrivain – il le devint, mais ne s'en aperçut jamais. Desproges est un grand auteur, ses textes peuvent donc être joués par un autre que lui. CQFD. Nismes, Action-Sud // 14.05, Ciney, Centre Culturel // 23.05, Verviers, Esp. Duesberg // 24.05, Soignies Esp. Cult. Victor Jara...

14&16.05

Douai, L'Hippodrome, 14.05, 10h ; 16.05, 20h, 8€, www.tandem-arrasdouai.eu

Rabah Robert Lazare & Cie Vita Nova

13&14.05

Ce dernier volet d'une trilogie, entamée avec Passé-je ne sais où et poursuivie avec Au pied du mur sans porte, évoque la France et l'Algérie, mais aussi le rapport à la langue, à la famille et à la transmission. Entouré des comédiens de sa compagnie (Vita Nova, fondée en 2006), Lazare conte entre autres sa mère, son fils Libellule, son père, mêle rêves et réalité(s), donne des touches picaresques à cette histoire (le voyage à Amsterdam...). Une œuvre profondément personnelle, incarnée avec un talent et une force rares. Béthune, Le Palace, 20h, 18/14/8/7€, www.comediedebethune.org



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Discours à la nation © Antonio Gomez Garcia

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agenda

Cindy Vs Julie Cie XXY

Discours à la Nation 13&15.05

La GRS (ou gymnastique rythmique et sportive) comme métaphore de l'adolescence ? Et pourquoi pas ? Ces années de questionnements, de tensions psychologiques et sexuelles sont aussi celles où l'on choisit, définitivement ou non, ce que l'on deviendra. La GRS, ses codes et chorégraphies imposées, mais aussi ses figures libres, incarne une parfaite allégorie de ce moment. Utilisant la vidéo en temps réelle et un fascinant travail électro-acoustique, la Cie XXY joue sur le trouble des repères et s'avère une fois encore émouvante. Roubaix, Th. De l'Oiseau-Mouche, 20h30, 12/10/8/6 €, www.oiseau-mouche.org

15>23.05

De l'autre côté des Alpes, on dit que traduire, c'est trahir. On n'a pas découvert ce texte de Celestini, figure du théâtre-récit, en italien, mais cet humour noir supporte bigrement le passage au français, surtout lorsqu'il est manié par David Murgia. Ici, la lutte des classes vue du côté du manche : ou quand les puissants s'expriment, avec franchise, souvent, et cynisme, toujours. Charleroi, Th. De l'Ancre, 20h sf 21.05, 19h, relâche 18 & 19.05, 14/10/9/5€, www.ancre.be // 26 & 27.05, Arras, Th., 20h, 8€, www.tandem-arrasdouai.eu

Sillons B. Bouchelaghem/Cie Zahrbat

Mille Poches C. Le Berre

A. Celestini/D.Murgia

14.05

16.05

Qui est ce Mille Poches ? Un personnage enroulé dans des couvertures. Avec lui, une malle magique, contenant des tas de petits objets. Ce p'tit bonhomme conte ses voyages (fantasmés) autour du monde et s'invente – comme tous les enfants – un ami imaginaire. Christine Le Berre détourne les objets et crée un personnage un brin solitaire, dans lequel les enfants se retrouvent forcément.

En solo ou en groupe, Brahim Bouchelaghem a souvent révolutionné la danse contemporaine. Dans sa dernière création, « tournée entièrement vers le micro-mouvement et la pause, la vitesse et la vélocité, mais aussi l'apesanteur », les quatre danseurs exécutent des ensembles et des soli qui défient le temps. Les cinq artistes sillonnent le plateau avec ardeur, le piétinent, le pressent jusqu’à en extraire le sens.

Armentières, Le Vivat, 14h30 & 16h, 7€, www.levivat.net

Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/13€, www.lephenix.fr



It's raining cats… © I. Bruyère

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agenda

Envers et Face à Tous O. Dubois

18.05

En sous-titre, « Les Habitants de Roubaix investissent Le Colisée ». Tout est dit, ou presque : dans le cadre de Made In RBX (du 16 au 18.05), 150 amateurs venus de tous horizons participent à une création signée Olivier Dubois, nouveau directeur du Centre Chorégraphique National de la Ville. Ces trois représentations ont de quoi nous faire redécouvrir Le Colisée et voir nos voisins sous un autre jour...

It's raining cats and dogs Les Escargots Ailés

24.05

La toile de spi (ou spinnaker) est utilisée pour les voilures de bateau. Seul en scène, l'acrobate André Mandarino use de ce matériau d'agrès et crée une chorégraphie virevoltante, parfois inspirée des toiles de Paul Klee ou Georgia O'Keefe. Teintes vives, mouvements périlleux et musique hypnotique sont au rendez-vous d'un spectacle haut en couleurs.

Roubaix, Le Colisée, 13h15, 14h15, 15h15, grat

Roubaix, la Condition Publique, 16h, 2€ / gratuit - 18 ans, www.laconditionpublique.com

L’Homme Qui Valait 35 Milliards

L'HEURE Du ZUGZWANG (CE N'EST NI FAIT NI À FAIRE)

N. Ancion/Coll. Mensuel

21>23.05

Un haut-fourneau liégois va fermer. Un plasticien au chômage, et quelques bras cassés, décident d’enlever le grand patron Lakshmi Mittal pour le forcer à reproduire des œuvres d’art... Sur le plateau, deux musiciens, auxquels se joignent parfois les trois acteurs, ponctuent les séquences narratives. Plus loin, un court-métrage de 15 minutes dans lequel se déshabille une centaine de figurants. Loufoque et drôle, cette épopée conserve une portée universelle... Mouscron, Centre Marius Staquet, 20h30 sf jeu, 19h30, 18/14/12/10/8€, www.lavirgule.com

Cie Les Bourgeois de Kiev

26>28.05

Aux échecs, "être en zugzwang" désigne la situation d'un joueur obligé de jouer un coup qui le fait perdre ou dégrade sa position. Ici les clowns Zug et Zwang doivent donner une conférence. Problème : le public arrive une heure trop tôt – à moins que les deux zigues aient une heure de retard ? Allons ! Tandis que Zwang tente de rattraper le coup, Zug fout tout en l'air, malgré une réelle bonne volonté. Coproduit par Le Prato, ce spectacle proche de Beckett constitue une belle métaphore de nos existences amochées. Lille, Le Prato, 20h sf mer, 15h, 17/13/8,50/5€, www.leprato.fr



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JACQUES RANCIÈRE Le fil perdu, essai sur la fiction moderne (La Fabrique) Pour Aristote, le récit fictionnel est un enchainement d'actions vraisemblables et s’inscrivant dans une forme de logique faisant nécessité. Ce principe est longtemps resté indiscutable, fondant notamment les grandes lignes de la critique littéraire. Aussi, lorsque Flaubert ou Conrad décident de briser cet axiome et de rendre à la fiction toute l’imprévisibilité et le désordre de l’existence, quelque chose de profondément nouveau se produit. Ce sont ces questions, ces péripéties, voire ces retournements de situations qu’analyse ici Jacques Rancière. Où il est notamment question d'un baromètre, dans Madame Bovary (1856), qui ne fonctionne pas et dont l'utilité narrative peut, à l'époque, sembler extrêmement discutable ; cette incongruité fictionnelle détourne le récit de sa fonction première (raconter des faits et des états) pour l'amener vers un ailleurs, vers la vie et sa partielle absence de logique. Vers une singularité détachée des conventions. L’ancien élève d’Althusser discute également les principes modernes de la critique : Barthes, Lukacs et Benjamin sont convoqués, discutés et parfois remués, l’ensemble constituant finalement un essai moderne sur la fiction – et l’inverse. Stimulant. 152p., 14€. Sylvain Coatleven

Tarquin Hall Les Aventures d’un bébé journaliste (Globe) Reporter chevronné, romancier et ex-directeur du bureau d’Associated Press TV à Delhi, Tarquin Hall s’est replongé dans ses carnets de bord de journaliste en devenir. À 20 ans, le jeune homme quitte Londres sans formation supérieure mais avec un furieux désir de découvrir le monde. Le récit s’attarde sur ses premières années de vagabondage (1989-1992) : portant un regard attendri sur ses maladresses de débutant, Hall conte un apprentissage sur le tas auprès de cow-boys texans, de mercenaires à Peshawar, d’un clan de femmes kenyannes ou sous les bombes en Afghanistan, sans cacher les difficultés du quotidien de pigiste. On savoure ses anecdotes en ayant à l’esprit le sentiment d’un temps révolu, mais son ouvrage donnera même aux plus casaniers des envies d’ailleurs. 304 p., 22,5 €. Marine Durand


livres PHILIPPE DELERM Elle Marchait Sur Un Fil (Seuil) Marie, 55 ans, attachée de presse dans l’édition, est quittée par l’homme de sa vie, Pierre. Cette passionnée de théâtre multiplie alors les allers-retours entre la Bretagne et Paris pour se retrouver. L'élan viendra de cinq jeunes comédiens. Avec eux, elle saisit la « chance unique de tenter quelque chose de singulier » - monter une pièce de théâtre nommée Le Fil, qu'elle avait imaginée pour son fils, comédien raté. Le roman se nourrit de ses désirs exacerbés, teintés de mélancolie et réprimés par son fils. Parfois enthousiasmant, le style délié de Delerm trace avec précision les cicatrices de cette femme blessée, mais laisse son lecteur à l’écart. Quelques beaux passages, d’autres sans chair, composent ce récit avenant mais sans véritable relief. 224p., 17€. Julien Bourbiaux

IAN MONK Là (Cambourakis) Couverture rouge brique, damiers dans les lettres du titre ; nous sommes bien là, entre ici et ailleurs, proche et lointain, fiction et réalité. Les vies qui s'y nouent rappellent son ouvrage précédent (Plouk Town, 2011) qui prenait pour cadre le quartier d'une grande ville (Fives, à Lille) et se penchait sur ses habitants. Ici, les vers font le récit et l'écriture est sous contrainte - normal, pour un membre de l'Oulipo. Tous ces portraits d'hommes, de femmes ou de rues confèrent au là une signification. « Là on pense à rien et immédiatement le dit / là on touche toi touche moi touche le ciel / là on recommence tout à la case départ / (…) là on pose un pied collectif sur terre inconnue ». Drôle et féroce. 176p., 17€. François Annycke

CLARA USÓN La Fille de l’Est (Gallimard) Le 24 mars 1994, la fille chérie du commandant de l’Armée de la République serbe de Bosnie, Ratko Mladic, se tuait d’une balle dans la tête. De ce fait divers tragique, duquel on a tiré toutes les interprétations, Clara Usón imagine les quelques mois précédant la mort d’Ana Mladic, au milieu d’une guerre des Balkans née sur les cendres de la Yougoslavie de Tito. Avec une précision d’historienne, l’auteure espagnole a rassemblé documents et témoignages (jusqu’à assister au procès du criminel à la Haye) pour construire un récit en trois parties : nécessaire journal de guerre, édifiants portraits de commandants serbes, bouleversant récit romancé de la vie d’Ana, étudiante patriote refusant de voir le héros de son enfance se transformer en général sanguinaire. 512 p., 24,90€. Marine Durand


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SHAWN LEE Golden Age Against The Machine (BBE Records/La Baleine)

"L’âge d’or contre la machine" : le prolifique producteur américain installé à Londres annonce la couleur. Enregistrées intégralement avec de "vrais" instruments - aucun sample, donc - les dix-sept compositions nous plongent dans les racines du hip-hop old school. Alors oui, on pense à GrandMaster Flash, KRS One, Wu-Tang Clan ou Nas... mais pas que. Le multi-instrumentiste (guitare, synthé, batterie, percussions, basse - entre autres) explore les styles et abat les barrières (We Got The Jazz ou School House Funk) sans jamais rien s’interdire. On se souvient de ses relectures de la soul (Soul In The Hole, 2009) ou du funk (World Of Funk, 2011). Ici, hochement de tête incontrôlable sur Boom Bap, invoquant l’esprit de A Tribe Called Quest, appel au freestyle avec Big Bad Wolf, featurings bien choisis (Christophe avec Busdriver, I Just Had a Baby avec Princess Superstar), tout y est. Collaborateur de AM et Clutchy Hopkins, le touche-à-tout génial convie MC ThinkTank à poser sur Back To The Future, illustration de la puissance du MCing "à l’ancienne". Qui a dit que le rap c’était mieux avant ? Elsa Fortant

THE PAINS OF BEING PURE AT HEART Days of Abandon (Yebo) En juin, paraîtra une réédition de la C86, fameuse cassette publiée par le NME en... 1986 et emblématique (à tort ET à raison) d'une certaine idée de l'indie pop. En attendant, nos Cœurs Purs, héritiers esthétiques de cette scène disparate, publient leur troisième album. Après un premier effort presque parfait en 2009, des concerts ennuyeux et un second essai noisy pop assez lourdaud, on n'attendait plus rien des New-Yorkais mignons tout plein. Amputée de sa claviériste Peggy Wang, partie piger chez Buzzfeed.com (sans déconner ?!), la bande aligne mélodies limpides, sensibilité à fleur de peau et arrangements malins. Le chanteur Kip Berman surjoue parfois la fragilité, mais un groupe qui cite clairement This Charming Man des Smiths (Kelly) aura toujours notre estime. Thibaut Allemand


disques JOAKIM Tropics Of Love (Because Music/ WEA) Comme ces quatre prédécesseurs (depuis 2003), Tropics Of Love multiplie les références, faisant fi des tendances actuelles, et dévoile une nouvelle facette du vaste univers du fondateur du label Tigersushi. Résolument downtempo (excepté This Is My Life, seule véritable incursion dancefloor), Joakim réussit le mariage plutôt improbable sur le papier entre electronica, pop et vision d’un R&B moderne et classieux ; citons Bring Your Love, petite perle invitant Luke Jenner de feu The Rapture, ou la ballade éthérée Heartbeats. Désormais installé à New York, le touche-àtout incontournable de la scène électronique française signe un cinquième album contemplatif, presque suspendu dans le temps, éclairé à défaut d’être solaire. Clément Perrin

ELEPHANT Sky Swimming (Memphis Industries/PIAS) Mauvais choix de nom pour le duo londonien : ils sont arrivés en toute discrétion, par les chemins de traverse – déjà empruntés par Beach House, auxquels on les comparera assez volontiers (la victoire revenant aux Américains). On retrouve sur Sky Swimming des cordes à l'envi, une voix somme toute peu aventurière, sans la sauvagerie mal apprivoisée de celle de Victoria Legrand. On avait aimé, voilà un an, l'EP Skyscraper : comme son nom l'indiquait (cette fois), on y entendait des fondations solides pour mieux aller gratter le ciel. L'album, lui, étire à outrance une pop de pause café-clope, un joli papier-peint sonore plombé par une voix rarement naturelle. Une dream pop dont on se réveille frustré. Alexis Floret

AVEY TARE'S SLASHER FLICKS Enter the Slasher House (Domino Records) Animal Collective fut un groupe majeur des années 00, l'affaire est entendue. Pour le meilleur (sons inouïs, psychédélisme post-bug, saine utilisation d'un buvard) et le pire – des hordes de gugusses déguisés en Sioux pensant pouvoir faire la même chose... L'horreur. En solitaire, les membres du collectif ont versé soit dans la pop déviante mais solaire (Panda Bear), soit dans la pop déviante... mais vraiment déviante, quoi (Avey Tare). Ici, entouré d'Angel Deraddorian (Dirty Projectors) et Jeremy Hyman (Ponytail), le natif de Baltimore publie ce qui pourrait constituer le dixième LP d'AC. Rythmiques brindezingues, chants tordus, chansons vrillées, effets spéciaux à tous les étages, on n'est jamais dépaysés – jamais surpris, non plus. Thibaut Allemand


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Concerts Jeu 01.05 BEN HARPER Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 55/49/45/41e Chet Faker Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, Complet ! Justin Timberlake Anvers, Sportpaleis, 20h, 99,5/79,5/49,5e LENINE RENAUD Grenay, Espace Culturel Ronny Coutteure, 20h, entrée libre sur réservation

FKA Twigs Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 16/13/10e

THE SUBS Leffinge, De Zwerver, 21h, 16/14e

The Subs Anvers, Trix, 19h30, 18/15e

Venera 4 + Surfer Rosa Lille, El Diablo, 21h, 5e

Justin Timberlake Anvers, Sportpaleis, 20h, 99,5/79,5/49,5e

BABAYAGA Lille, Le Biplan, 22h, 6e

Salvatore Adamo Ostende, Kursaal, 20h, 57/47e THE EXCITEMENTS Pérenchies, Salle des Fêtes Maurice Schuman, 20h, Gratuit

Luz Casal Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 38e

THE FEELING OF LOVE + CREVASSE Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e

ORVAL CARLOS SIBELIUS Arlon, L'Entrepôt, 20h, 12/10e

The Residents Gand, Vooruit, 20h, 22e

Castles + DJ Aeroplane... Charleroi, Rockerill, 21h, Gratuit

Barzin + Mad About Mountains Dixmude, 4AD, 20h30, 10/8/6e

Presque Maudit + Errata + Mr Marcaille Lille, El Diablo, 21h, 5e Horses On Fire Gand, Charlatan, 22h, 5e JEF KINO + MALAX Lille, Le Biplan, 22h, 6e FRITZ KALKBRENNER Lille, Magazine Club, 23h, 15e

Ven 02.05 Festival Zikenstock : COCKNEY REJECTS + LES WAMPAS + THE DECLINE + THE CASUALTIES... Le Cateau Cambresis, Marché aux bestiaux, 15h, 23/19e // Pass : 39/34e Balkan Trafik Festival : Selda Bağcan + Mahala Raï Banda & Jony Ilievs & dances of Albania... Bruxelles, Bozar, 18h, 22e Dat politics + Panpan Master + Turtoize... Mouscron, Plaine de Neckere, 19h, 15/6e

Juliette Gréco chante Brel Bruxelles, Cirque Royal, 20h30, 65/59/49e White Cowbell Oklahoma + Guest Lille, El Diablo, 21h, 5e DJ Food... Louvain, Het Depot, 21h30, 16/13e JEF KINO + ARGAUD Lille, Le Biplan, 22h, 6e THE MAGICIAN Lille, Magazine Club, 23h, 10e

Sam 03.05 Cotton Claw + Ventura + Speed dial 7 + Gablé + Castles... Mouscron, Plaine de Neckere, 13h, 15/11e Balkan Trafik Festival : Amira, Bilja Krstic & Tamara Obrovac ft. Boyan Z Esma & Amazing Roma... Bruxelles, Bozar, 14h, 22e

Laurent Garnier + DJ Globul + Fabrice Lig + Dirty Monitor Charleroi, Rockerill, 22h, 15e Ben Klock + Nina Kraviz Bruxelles, Fuse, 23h, 15/12/10e

Dim 04.05 Festival Zikenstock : Les Sheriff + High Tone + Elmer Food Beat + Pigalle Le Cateau Cambresis, Marché aux bestiaux, 14h, 23/19e // Pass : 39/34e Arno Verviers, Spirit Of 66, 18h30, 29e Miley Cyrus Anvers, Sportpaleis, 19h, 59/54/49e Schoolboy Q Anvers, Trix, 20h, 29,5/26,5e

Lun 05.05 Hooverphonic Hasselt, Cultuurcentrum, 20h, 38e Janine Jansen Bruxelles, Bozar, 20h, 57>13,25e Mighty Oaks Louvain, Het Depot, 21h30, Gratuit

Mar 06.05 COLLECTIF MUZZIX ET DEDALUS : Moondog Madrigals Villeneuve d'Ascq, La Rose des Vents, 20h, 20/15/12/7/5e


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KRONOS QUARTET Arras, Théâtre, 20h, 20>9e JAM SESSION Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h30, Gratuit Krystian Zimerman Amiens, Maison de la Culture, 20h30, 36>15e

Mer 07.05 LETTERA AMOROSA RÉCITAL AVEC L’ENSEMBLE DESMAREST Lille, Opéra, 18h, 9/5e ECHO & THE BUNNYMEN Anvers, Trix, 19h30, 27/24e The Bug + Teebs + Jeremiah Jae Bruxelles, VK*, 19h30, 17/14e FILLS MONKEY Lille, Le Grand Sud, 20h, 16/11/8e Philippe Ménard, Cisco Herzaft & friends Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10e Last Killers + Guest Lille, El Diablo, 21h, 5e DUBFIRE Lille, Magazine Club, 23h, nc

Jeu 08.05 My Tv Is Dead Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, 15e Narcisse Mons, maison Folie Mons, 20h, Gratuit Sleaford Mods... Bruxelles, Les Ateliers Claus, 20h, 8e Zap Mama Arlon, Maison de la Culture, 20h30, 20e Hard Ton live + DJ Rick Shiver + Dorian + Globul Charleroi, Rockerill, 21h, Gratuit

Jon Spencer Blues Explosion Courtrai, De Kreun, 21h, 25/22/19e Motek + Celestial Wolves Gand, Charlatan, 21h, 8/5e Los Vigilantes + Paint Fumes Lille, El Diablo, 21h30, 6e

Ven 09.05 DIABLO BLVD + THE SETUP + KING HISS Anvers, Trix, 18h30, 19/16e By K Marcq-en-Barœul, La Corderie, 19h, Gratuit Worship + Loss + Funeralium Bruxelles, Magasin 4, 19h, 20/15e BodyBeat + ChrisT Waddle + MyDiscoJacket + DJ Afrojaws Dunkerque, Fructôse, 20h, 5e John Butler Trio + Brett Dennen Lille, L'Aéronef, 20h, Complet ! PONTIAK + KITCHEN TOOL SET Lille, La Malterie, 20h, 9/7e REGGAE WAZ FEST Lille, maison Folie Wazemmes, 20h, 10e FESTIVAL BIPLANESQUE: COLOSSUS + BLISS OF FLESH + TEMNEIN + GLOWSUN + KHOHD + CRAWLING IN SLUDGE + SPIRITUAL DRIVER Lille, Le Biplan, 20h30, Concert 8e /pass 2 soirées : 14e Tunisiano + Flynt + QWH Oignies, Le Métaphone, 20h30, 14/11e Mystik Motorcycles + Bacon Fudge Lille, El Diablo, 21h, NC The Subs Gand, Vooruit, 21h, 16,75e DANNY RED + JAH CHALICE FT.

ISAYAH & SARALÉNE... Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 11/8/6/5,5/5e JIMMY EDGAR + LXURY + RICK SHIVER + A.N.D.Y. + MONSIEUR MOUSTACHE... Bruxelles, Libertine Supersport, 22h30, 13/8e PANTEROS 666 Lille, Magazine Club, 23h, 10e

Sam 10.05 BARBARA, DE L'ECLUSE AU CHÂTELET Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 18h, 12/10e Dean Burbigo + Pink Tee Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5e Evening Call + The Citadines + The Bygones Huy, Atelier Rock, 20h, 8e Herman Van Veen Bruxelles, Ancienne Belgique/ Theater, 20h, 33e Iron Chic + Les Priceduifkes + Short Days Lille, El Diablo, 20h, 7e Nolwenn Leroy Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 49/44/39e PARIS COMBO Lille, Le Splendid, 20h, 19,80e REGGAE WAZ FEST Lille, maison Folie Wazemmes, 20h, 10e Ravi Coltrane Quartet Bruxelles, Bozar, 20h, 18e WAX TAILOR & THE PHONOVISIONS SYMPHONIC ORCHESTRA Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 28,60/25,30/22/19,80e Festival de Flandre : Akio Suzuki & Aki Onda Courtrai, Budascoop, 20h15, 10/7e Bart Defoort quartet Mouscron, Centre Culturel


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Concerts Marius Staquet, 20h30, 12/10/8e FESTIVAL BIPLANESQUE : COLOSSUS + BLISS OF FLESH + TEMNEIN + GLOWSUN... Lille, Le Biplan, 20h30, Concert 8e pass 2 soirées : 14e

HERE’S TO THE LION + MARKLION Lille, L'Aéronef, 19h, Gratuit Plaza Francia Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 39.50>37e

Jeu 15.05 ONB (Boreyko) Bruxelles, Bozar, 12h30, 7/3,5e KOUCHTAR ORCHESTAR Marcq-en-Barœul, Collège Rouge-Barres, 19h, Gratuit

Le Quatuor Modigliani Namur, Théâtre Royal, 20h30, 25/21/17e

Festival de Flandre : HERMESensemble Courtrai, Concertstudio, 20h15, 19/7e

DOUGLAS GREED Mons, Alhambra, 21h, 8e

The DeRellas Lille, El Diablo, 21h, 6e

Anna Caterina Antonacci / Combattimenti & Lamenti Bruxelles, La Monnaie, 20h, 39/30/25/12e

Dim 11.05

Mer 14.05

LA RUE KETANOU + MAGYD Lille, L'Aéronef, 20h, 25e

Messe du couronnement Davidde Penitente Lille, Le Grand Sud, 15h, 25/23/10/6e

Must du classique (Direction : Fayçal Karoui) Lille, Nouveau Siècle, 15h, 20h, gratuit

Festival de Flandre : Nina & Eugenia Ardachirova + De Ledebirds + Eva De Roovere + Wim Mertens Courtrai, Schouwburg Kortrijk, 16h30, 10e

MUSIQUES IMPROVISÉES PIANO SÉVÉRINE CHAVRIER PERCUSSIONS JEAN-PIERRE DROUET Lille, Opéra, 18h, 9/5e

Napalm Death + Wild Dunkerque, Les 4 Ecluses, 18h, 18/14e Pestilence + Massacre + Ancient Ascendant Bruxelles, Magasin 4, 18h, 16/13e Neil Finn Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 45/41/37e

Lun 12.05 Birth Of Joy + Milky Chance + Natas Loves You Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Grupo Compay Segundo Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 44/39/34e

Mar 13.05 Must du classique (Direction : Fayçal Karoui) Lille, Nouveau Siècle, 12h30, 19h, gratuit

And The Spoke In Anthems + Dorian & The Grays Gand, Charlatan, 20h, Gratuit CHERUB Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13,20e Detroit Lille, L'Aéronef, 20h, Complet ! Modà Bruxelles, Cirque Royal, 20h, The Subs Louvain, Het Depot, 20h, 18/15e Festival de Flandre : Pieter Wispelwey & Paolo Giacometti - sonates & variations (Beethoven) Courtrai, Schouwburg Kortrijk, 20h15, 21/18e Cheveu + New Bleeders Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 11/6e We Have Band Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h30, 12/10/8e Wille & The Bandits Lille, El Diablo, 21h, 7e

Le Boeuf du 301 Roubaix, ARA - Autour des Rythmes Actuels, 20h, Gratuit OLIVIER KER OURIO « MAGIC TREE » Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16/14/13/9e Compuphonic + Fabrice Lig Charleroi, Rockerill, 20h, Gratuit The Darlingtons Courtrai, De Kreun, 20h, Gratuit The Temperance Movement + Vundabar Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Black Flower Anvers, Arenbergschouwburg, 20h30, 10/8e IS DODELIJK + SECULAR PLAGUE Lille, El Diablo, 20h30, 5e TRIO GRANDE Lille, La Péniche, 20h30, 12/8e XIU XIU + SHIKO SHIKO Lille, La Malterie, 20h30, 10e FRANCK TORTILLER QUINTET : “JANIS THE PEARL” Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10e ANNA C & BARBICHE + DE SATURNE Lille, Le Biplan, 22h, 6e


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Ven 16.05 Cascadeur + Cats On Trees + Mark Daumail + ALB Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 23/20/17e FESTIVAL L’ASCENSEUR : Colt Silvers + Casssandre + Vadim Vernay + GYM + Blindhorses + Yellö Maubeuge, maison Folie, 19h, 10/7e James Holden + Luke Abbott Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 18/15/12e Quimby Bruxelles, VK*, 19h30, 21/18e

du Pas-de-Calais Calais, Le Channel, 20h30, 6e Le Prince Miiaou... Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, 14/12/9e Les Mauvaises Langues Bruay-La-Buissière, Espace Culturel Grossemy, 20h30, 10/8/5/3e PUGGY Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e The Lanskies + The Darlingtons Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e

Chris Eckman Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 16/13/11/8/5e

A'Tout Jeunes Festival : DR PHUNK + THE UNIT + JUMP KILLER + EDSTYLERZ Dunkerque, Halle AP2, 22h, 10/6e

LOUIS DELORT & THE SHEPERDS Lille, Le Splendid, 20h, 26e

MARC PREPUCE EST LE BIG CADDYMAN Lille, Le Biplan, 22h, 4e

RIFF RAFF Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, 7/5e

MARCEL DETTMANN Lille, Magazine Club, 23h, nc

Steve Hackett Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 34e The Subs Hasselt, Muziekodroom, 20h, 18/15e tUnE-yArDs + Benjamin Clementine Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20/17e Festival de Flandre : Brussel Philharmonic (Ives/Moessorgski-Ravel/ Strauss) Courtrai, Schouwburg Kortrijk, 20h15, 27/25/7e AUTOUR DE LUCIE Lens, Petit théâtre Médiathèque Robert Cousin, 20h30, 7,20/4,70e Crossroads : Michel Sanchez, Éric Scrève, Orchestre symphonique

Mr Nô + Comausaure... Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 23h30, 10/7e

Sam 17.05 Children of Surf : Mujeres + The Irradiates... Roubaix, Quai de Nantes, Canal de Roubaix, 14h, Gratuit

DMX + M.O.P. Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 35e MALBODIÈSE Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, 8/6e Festival de Flandre : Duo Jatekok Courtrai, Concertstudio, 20h15, 15/12e Lisa Stanfield Anvers, Arenbergschouwburg, 20h15, 30e Amadou et Mariam Saint-Quentin, Le Splendid, 20h30, 14/8e DEBOUT SUR LE ZINC Grenay, Espace Culturel Ronny Coutteure, 20h30, 6/4/3/2e High Tone + Kanka Oignies, Le Métaphone, 20h30, 15/12e MADELEINE PEYROUX Lille, Théâtre de l'HôtelCasino Barrière, 20h30, 29,80/26,80e Melt-Banana + Gruppo Di Pawlowski Dixmude, 4AD, 20h30, 16/14/12e Rayo de son Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, Gratuit Zaz Bruxelles, Forest National, 20h30, 38,4/28,4e

FESTIVAL L'ASCENSEUR : Persian Rabbit + Amelie McCandless + Tim Fromont Placenti + The Guardians... Maubeuge, maison Folie, 19h, 10/7e

Dim 18.05

Jagwar Ma + Jamaica + YellowStraps Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 20/17/14e

Musiconoclast’ Orchestra Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 17h, 7/4e

CAT POWER + Appaloosa Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 29/26/23e

We Have Band + Say Lou Lou

THE LANSKIES + THE DARLINGTONS Roubaix, La Cave aux Poètes, 23h, Gratuit

Opus 2 Brass Band Lomme, maison Folie Beaulieu, 18h, Gratuit


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Concerts + Thomas Azier + Samaris Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 20/17/14e Jawhar + Li-Lo* Bruxelles, Botanique/Grand Salon, 19h30, 16/13/10e Juana Molina + Le Colisée Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 16/13/10e Mac DeMarco + Cloud Nothings + Mountain Bike Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 18/15/12e Sharon Jones & The Dap-Kings Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 27e

WAX TAILOR & THE PHONOVISIONS SYMPHONIC ORCHESTRA Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 33/30/27e Michael Franti & Spearhead Gand, Handelsbeurs, 20h15, 32/30,5e Melt Banana + Petula Clarck + H.O.Z. Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e

Lun 19.05 Florent Marchet + Blondy Brownie Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 20/17/14e Piers Faccini... Bruxelles, Botanique/Grand Salon, 19h30, 16/13/10e

Mar 20.05 Hercules & Love Affair + François & The Atlas Mountains + Moodoïd Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 23/20/17e

Salon, 19h30, 21/18/15e The Julie Ruin + Traams... Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 19/16/13e BRIAN JONESTOWN MASSACRE Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10e Festival de Flandre : Bl!ndman Courtrai, Eglise Notre-Dame, 20h15, 19/7e

Mer 21.05 Pascal Parisot Oignies, Le Métaphone, 15h, 5/2e KRS Mons, Alhambra, 19h30, Gratuit Nuit Belge : Vismets + School is Cool + Coely + Amatorski... Bruxelles, Botanique, 19h30, 24/21/18e

Marcq-en-Barœul, Parking de la Maison de la Jeunesse de la Briqueterie, 19h, Gratuit Quantic + Débruit... Bruxelles, VK*, 19h30, 19/16e Royal Blood + The Amazing Snakeheads + Solids Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 18/15/12e Arno Ostende, Kursaal, 20h, 36/31/26e DOGORIANS Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/13e Edgar MOREAU + Quatuor MODIGLIANI Saint-André, Salle André Wauquier, 20h, 9/5e FAUVE Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20e RODRIGO AMARANTE + VILAIN Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5e

Yes Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h30, 43e

THE CROOKES Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

CHINESE MAN & DELUXE FEAT. TAIWAN MC Lille, Le Zénith, 20h, 35e

The Sisters Of Mercy Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !

DOGORIANS Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/13e

Die! Die! Die! + V A T I C A N Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7/4/1,5e

SOLIDS Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Soirée Ska Lille, El Diablo, 21h, Gratuit

Vincent Delerm Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 29/26/23e

The Woolen Men + Vickers Charleroi, Rockerill, 21h, Gratuit

Ven 23.05

OKAY MONDAY Marcq-en-Barœul, Espace Tabarly, 19h, Gratuit

Festival de Flandre : Aquarius Courtrai, Église Saint-Martin, 20h15, 19/16e

Jeu 22.05

Emily Loizeau... Bruxelles, Botanique/Grand

Le GLOBAL (Cie du TireLaine)

DAAU + Michel Cloup Duo + Xavier Dubois Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 17/14/11e

Arno Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 29/26/23e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

www.lm-magazine.com

Orval Carlos Sibelius... Bruxelles, Botanique/Grand Salon, 19h30, 17/14/11e DOGORIANS Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/13e Festival de Flandre : Quatuor Ébène Lille, Opéra, 20h, 22/17/13/8/5e Le Quatuor Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 45>39e Mulatu Astatke + Rodrigo Amarante + Sumie Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20/17e Radio Guga Courtrai, De Kreun, 20h, 18/15/12e

MONDAY Lille, Le Biplan, 22h, 6e Franky Jones + Stefan Zmk + Stoornis + Epidemie... Anvers, Petrol Club, 23h, 10/8e

Sam 24.05 STEVEN SPIELBERG & JOHN WILLIAMS Lille, Nouveau Siècle, 18h30, 45 à 5e Superdiscount 3 live + Etienne de Crécy DJ Set + Aeroplane DJ Set + Compuphonic DJ Set Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 22/19/16e Cheveu + Rock Party Mons, Alhambra, 19h30, 11e

Johnny Winter Liévin, Centre Culturel Arc-EnCiel, 20h30, 20/18/15e W.I.L.D. + Linecrusher Béthune, Le Poche, 20h30, 5e Festival de Flandre : Adam Wiltzie & Dustin O’Halloran Courtrai, Eglise Notre-Dame, 22h, 16/13e

Dim 25.05 QUATUOR ARTIS Lille, Opéra, 16h, 22/17/13/8/5e STEVEN SPIELBERG & JOHN WILLIAMS Lille, Nouveau Siècle, 16h, 45>5e

SPEEDY ORTIZ Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 8/5/2,5e/gratuit

Dominique Dalcan... Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 17/14/11e

IN TAVERNA OU LE TRIOMPHE DE BACCHUS Valenciennes, Le Phénix, 16h30, 15/9e

STEVEN SPIELBERG & JOHN WILLIAMS Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45 à 5e

Son Lux Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 19/16/13e

Jagwar Ma Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 18/15e

Axelle Red Anvers, Lotto Arena, 20h, 45/40/35e

MICAH PAUL HINSON + TADI CIRUS Lille, L'Aéronef, 18h, 13/7/5e

Michael Franti & Spearhead Louvain, Het Depot, 20h, 32/29e

Ásgeir + Only Real... Bruxelles, Botanique/ Chapiteau, 19h, 20/17/14e

Snarky Puppy Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Gratuit WATCHMEN + TANG + MARGARET CATCHER Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, Gratuit Conan + Hemelbestormer Dixmude, 4AD, 20h30, 11/9/7e FLYING DONUTS + THE REBEL ASSHOLES + NOT SCIENTISTS Arlon, L'Entrepôt, 20h30,14/12e Psykick Lyrikah & Kenyon Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, Gratuit Thomas Fersen + Esteban Fernandez Oignies, Le Métaphone, 20h30, 17/14e THE WANKS + KILL ME THIS

QUATUOR JERUSALEM Lille, Opéra, 20h, 22/17/13/8/5e THE FLAMING LIPS + YOUNG KNIVES Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 34/31/28e Festival de Flandre : Goeyvaerts Trio & Capella Pratensis Courtrai, Église Saint-Martin, 20h15, 19/16e CHUCHO VALDÉS & THE AFRO CUBAN MESSENGERS Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h30, 36/33e

Jungle + FùGù Mango... Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 20/17/14e ARLT & THOMAS BONVALET + GANG CLOUDS Lille, La Péniche, 20h, 10/9/8e EMILIE SIMON Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 28/25/22e Eagles Anvers, Antwerp Sportpaleis, 20h30, 100/88/74/59e Mutual Benefit + Yuko Dixmude, 4AD, 20h30, 11/9/7e


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Concerts Lee Ranaldo & The Dust Courtrai, De Kreun, 21h, 20/17/14e

Lun 26.05 Joseph Arthur + Joy Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 20/17/14e LEE RANALDO & THE DUST + GOLDEN ANIMALS Anvers, Trix, 19h30, 20/17e Jeff Beck Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e

Mar 27.05 Woodstock Experience Marcq-en-Barœul, Parc Valmy, 19h, Gratuit Cosmonauts + The Vickers + Thee Marvin Gays + Regal Lille, El Diablo, 19h30, 10e HEUREUSES FIANÇAILLES (ŒUVRES DE SCHUMANN, HONEGGER, POULENC) SOPRANO SOPHIE KARTHÄUSER PIANO CÉDRIC TIBERGHIEN Lille, Opéra, 20h, 22/17/13/8/5e HOSPITALITY Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e Manic Street Preachers... Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 30e

L’ENSEMBLE ESHARÊH : CHANTS EN GALLO, MÉLOPÉES DU MONDE Lille, Opéra, 18h, 9/5e

VILLE DE WALTER RUTTMAN PAR ZENZILE Hallennes-Lez-Haubourdin, Salle des Lucioles, 20h, Gratuit

Astronautalis Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Gary Clark Jr Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25e

Jungle + Isaac Delusion Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e

JORDI SAVALL ORIENT – OCCIDENT Valenciennes, Le Phénix, 20h, 28/26/22/15e

King Hiss + Grizzlyncher... Courtrai, De Kreun, 20h, 11/8/5e NINE INCH NAILS Anvers, Lotto Arena, 20h, 44e TORI AMOS Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 58/53/48/43e GROUPO COMPAY SEGUNDO Lens, Le Colisée, 20h30, 19/12,50e Arnaud Rebotini + Nasser + Christine + Rocky Oignies, Le Métaphone, 22h, 15/12e

Jeu 29.05 Chromeo Louvain, Het Depot, 20h, 22/19e

Mélissa Laveaux Arras, Le Pharos, 20h30, 8/6/4/3e Tryo Saint-Quentin, Le Splendid, 20h30, 31e Elliot Murphy & The Normandy Allstars Verviers, Spirit Of 66, 21h, 22e Prima Donna + Guest Lille, El Diablo, 21h, 5e CIME CIRRUS + NURSES RUN Lille, Le Biplan, 22h, 6e Kerri Chandler + Voyeur + Fabrice Lig + Massimo Charleroi, Rockerill, 22h, 10e

Sam 31.05

MUGSTAR + KRANE Lille, La Malterie, 20h30, 7/5e

Bad Religion Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28e

Motorpsycho Bruxelles, VK*, 20h30, 22/19e

Bilal Benjany L'Hexaler Liège, La Zone, 20h, 5e

Vibravoid + Moaning Cities Lille, El Diablo, 20h30, 6e

Cliff Richard Bruxelles, Palais12, 20h, 88,5/68,5/58,5/48,5e

The Glitch Mob Bruxelles, VK*, 21h, 17/14e

Regal + Olivier Pieters... Charleroi, Rockerill, 21h, Gratuit

Micah P. Hinson + Marco Z Opwijk, Nijdrop, 20h, 12e

Mer 28.05

Ven 30.05

Festival Mix'Cité : Aedo Time + Fishbone + The Sarah Connors + Déportivo... Lille, Campus Université Lille 1, 12h, Gratuit

The Prospects + Double Veterans + The Tubs Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 19h30, 15e

TIT'NASSELS & AS DE TREFLE Lille, Le Splendid, 20h, 16,80e

CINE-CONCERT BERLIN, LA SYMPHONIE D’UNE GRANDE

SHAKA PONK Lille, Le Zénith, 20h, 45/36e Take The Stage #5 Scène ouverte Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, Gratuit ANOREXIC SUMOTORI + JACK’S ON FIRE Lille, Le Biplan, 22h, 6e



le mot de la fin

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Tata and Friends. Amoureux de musique, de rébus et de pictogrammes, ces graphistes madrilènes ont réuni leurs trois passions dans Rock Band Icons. Une série de posters qui joue avec le sens littéral de quelques grands noms du genre. Ici, on retrouve entre autres, Radiohead, The Rolling Stones, Sex Pistols... http://tatafriends.com




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