N째88 / SEPTEMBRE 2013 / GRATUIT
NORD & BELGIQUE
Cultures et tendances urbaines
L'amour, la guerre, S. Alaoui © DR
#88 SOMMAIRE LET’SMOTIV - septembre 2013
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NEWS
EXPOSITION
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Erwin Wurm a la frite, Design September, Sainte Soasig Chamaillard, une vague de pollution, de la bière pour les sportifs, comment téléphoner au volant, le roi toutou et 48h de mode
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P ORTFOLIO Nick Gentry
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R EPORTAGE Jérémy Bernard : l'Afric c'est pas chic
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MUSIQUE NAME Festival, rencontre avec Andrew Weatherall, The Black Angels, Junip, Bertrand Belin, MGMT, Born Ruffians, Alex Beaupain, We Are Enfant Terrible, Bleached, Gramme, Festival Leffingeleuren...
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PORTRAIT Corinne Masiero, L'Étoile du Nord
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CINÉMA François Ozon présente Jeune & Jolie, Les Apaches, Grand Central
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ÉVÉNEMENT L'Art à l'épreuve du monde
Bazaar België, Watch This Space, Seventies – Chacun ses audaces, Le Coup du Fantôme, City Sonic, Bernd Lohaus, Jean Roulland, Will Eisner... Agenda
94 THÉÂTRE Les Toiles dans la ville, Toernee General, 2 Rien Merci, Que ma joie demeure, A Queen of Heart, Orphelins... Agenda
112 LITTÉRATURE Thomas Gunzig, Raf Simons
120 LIVRES Paolo Giordano, Kevin Orr, Nicolas Bouyssi, Douglas Coupland, Sam Byers
122 DISQUES Pendentif, Jagwar Ma, French Pop, After Dark II, Au Revoir Simone
124 AGENDA CONCERTS ET SOIRÉES 130 L E MOT DE LA FIN
Les portraits gorumands de Vivi Mac
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LET’SMOTIV NORD & BELGIQUE 114 rue BARTHÉLÉMY DELESPAUL - F - 59000 LILLE tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 362 64 80 07 REDACTION.NORD@LETSMOTIV.COM REDACTION.BRUXELLES@LETSMOTIV.COM
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DIRECTION DE LA PUBLICATION / RÉDACTION EN CHEF : Nicolas Pattou
DIRECTION ARTISTIQUE / GRAPHISME : Cécile Fauré
ADMINISTRATION : Laurent Desplat
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RÉDACTION : Thibaut Allemand
COUVERTURE : Nick Gentry
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31682 Labège
DIFFUSION : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)
ONT COLLABORÉ À CE N° : Sandrine Allanic, François Annycke, François-Xavier Béague, Sylvain Coatleven, Sophie Desplat, Marine Duquesnoy, Marine Durand, Nick Gentry, Audrey Jeamart, Vincent Lançon, Benjamin Perez, Caroline Pilarczyk, Olivia Volpi et plus si affinités.
Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la SARL L'ASTROLAB* - INFO@LASTROLAB.COM L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT
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Chaud devant
ÇA BAIGNE DANS L'HUILE ! L'HUILE ! Erwin Wurm revient à Lille après une exposition en juin dernier à la faveur d'une commande. Cette oeuvre pérenne portée par ArtConnexion détourne un symbole de notre région : la baraque à frites ! L'illustre plasticien autrichien, célèbre pour ses transformations d'objets en livre une version toute personnelle, molle et fondante qui trouvera sa place entre les deux gares. Bob est un micro restaurant qui excitera réellement les papilles, grâce à sa carte variée : frites, soupes et autres sucreries. Prévu pour l'automne à Lille, Place François Mitterrand (face à la gare Lille-Europe), www.erwinwurm.at
FLESH FOR FANTASY
Ya Bon
« Y'a qu'un seul dieu sur terre, c'est Arnold Schwarzenegger », dit le poète. Cette année, la biennale Flesh Factory Festival mêle culture et culturisme et se penche sur la musculation et l'apérobic (sic). Au programme : plasticiens, performers, catcheurs, et des concerts évidemment physiques : acid au synthé analogique (Headcleaner, chez Rephlex), italo-disco (Den Haan), mais aussi EBM, noise... le tout au légendaire Rockerill. 14.09, Charleroi, Rockerill, 18h, 15€, www.fleshfactoryfestival.com
Bob © Erwin Wurm, visuel de préfiguration, 2013
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DESIGN SEPTEMBER ✪
Le design est partout, mais à Bruxelles, un mois durant, il ne fait pas semblant. La capitale est rythmée par une centaine d'événements : expositions, portes ouvertes, conférences, marchés... De quoi satisfaire tous les publics, du spécialiste des arts appliqués au simple curieux. 05>30.09, Bruxelles, divers lieux, gratuit, www.designseptember.be
Bau Lamp © Kids Design
57 000 euros C'est le montant perçu par la petite église de Borja (Espagne), à raison d'un euro par visiteur désirant découvrir le portrait de Jésus défiguré l'an passé par une octogénaire pleine de bonne volonté. Or, cette peintre du dimanche, maintenant considérée comme la pire restauratrice du monde, devrait percevoir 49% de cette somme, au titre de droit à l'image. Au fait, qu'est devenue la zinzin qui avait gribouillé un Delacroix, au Louvre-Lens ?
Holy Pocket, S'embrasser, Marie Rockstar © Soasig Chamaillard
Censure
MARIE À TOUT PRIX La plasticienne Soasig Chamaillard récupère, restaure et détourne des statuettes de la Vierge Marie. Son inspiration ? Les comics, le pop art, le manga... La Nantaise ne sombre jamais dans l'iconoclasme facile, pourtant des intégristes catholiques ont réussi, à force de harcèlement, à interrompre son exposition dans une galerie toulousaine. Question : ces grenouilles de bénitiers protestent-elles devant les boutiques de souvenirs de Lourdes croulant sous les babioles de mauvais goût, au service un business pas très catholique ? www.soasig-chamaillard.com
© Zak Noyle/A-Frame
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photo du mois
Vague de
Pollution
Parti à Java, en Indonésie – pour immortaliser des vagues aussi belles qu'à Lacanau – le photographe de surf Zak Noyle a découvert un gigantesque dépotoir flottant. Les flots et les rouleaux charriaient des détritus venant de plusieurs kilomètres à la ronde. Gros plan sur un tube en eaux troubles. www.zaknoyle.com
BIÈRE HYDRATANTE
2,3°C d'alcool
La véritable cause de la gueule de bois, c'est la déshydratation. Des chercheurs australiens auraient trouvé une solution : aider le corps à stocker l'eau en ajoutant des électrolytes à cette bière légère, comme dans le Gatorade. OK. Mais serait-ce la fin du plaisir de la bière du lendemain, celle qui chasse la gueuledeub' à tous les coups ? Tristesse.
© Johan Jaccob
FAIS-LE TOI-MÊME DIY, indépendants, appelez-ça comme vous voulez : ces artistes de l'ombre abattent un joyeux travail. La 5e édition de ce festival fait-main, monté sans aucune subvention, gratuit (ou à prix libre, parfois), défend la production graphique (sérigraphies, graphzines, photozines, petite édition) et la musique des labels indépendants. Soit une quarantaine d'exposants français, belges, allemands, espagnols, suisses... De quoi s'en mettre plein les yeux et les oreilles ! 21&22.09, Lille, L'Hybride, le Cagibi, le CCL, www.fais-le-toi-meme.com
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HARA-KIRI
KIT
Mais que fait la police
Tel un fils spirituel du professeur Choron, Phil Jones propose un bras et un téléphone factices à porter en conduisant. Le but ? Donner l'impression qu'on est au téléphone, alors qu'on a les deux mains sur le volant. Comment résister à un objet dont l'argument de vente ose à ce point l'auto-dérision : « Hand Free vous permet de téléphoner au volant tout en ayant l'air d'un gros crétin» ? www.phildesignart.com
© Phil Jones
LE CARNAVAL DES ANIMAUX
© Sébastien Gras
48h MAISONS DE MODE
La Chine, LE pays de la contrefaçon, a placé la barre très haut avec un zoo faisant passer un gros chien roux... pour un lion. Un garçon s'en est aperçu lorsque le roi des animaux s'est mis à aboyer. Malgré des excuses publiques, ce zoo a fermé ses portes selon le journal Jinghua Shibao.
Une fashion week lilloise ? Durant les 48h Maisons de Mode, qui mettent en lumière un riche vivier de jeunes créateurs, on s'en approche ! Prêt-àporter masculin, féminin, enfant, accessoires ou bijoux, la trentaine de griffes se dévoile à travers deux défilés et des boutiques pop-up, comprenez éphémères. Les plus curieux s'essayeront aux nombreux ateliers, les plus téméraires à la GlamRun, une course en talons hauts ou encore aux castings. L'occasion de vérifier que « non, la mode n'est pas la même partout », et qu'à Lille, elle ose. 13>15.09, Lille, Gare St Sauveur, gratuit, www.maisonsdemode.com
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NICK GENTRY L'obsolescence magnifiée Vous n'avez pas encore jeté vos vieilles disquettes ? Envoyez-les donc à Nick Gentry, qui leur offrira une seconde chance*. Cet artiste, diplômé de la Central St Martins, compose des toiles hors norme avec ce matériau obsolète. Plaçant l'échange au coeur de son projet, ce Londonien associe d'ailleurs le donateur, l'artiste et le spectateur, pour accomplir une œuvre collective. Tout a commencé avec un travail interrogeant la notion d'identité, où l'usage de disquettes s'est imposé comme une métaphore évidente. Chaque petite pièce de plastique qui, rappelons-le, revendiquait fièrement un espace de 1,40 Mo dans les années 1980 (pas de quoi stocker un seul mp3 aujourd'hui), joue pleinement son rôle ici. Selon la couleur d'origine des disques employés, le portrait tire sur le bleu, le gris ou le noir. De même, l'œuvre finale conserve un maximum de traces d'époque, les étiquettes indiquant ici de vieux jeux vidéo, là des rapports de stage ou encore des photos pornos. Certaines pièces nécessitant 300 disquettes, une exposition garantit forcément une lecture instructive. Tous ces portraits renferment une histoire, des pans de vie, une addition de documents plus ou moins privés. « J'aime l'idée que ces souvenirs personnels soient préservés. Mieux, je les utilise pour reconstituer une nouvelle identité, en faisant en sorte que l'humain resurgisse au premier plan ». L'emballement informatique de ces trente dernières années confère à l'ensemble une dimension archéologique. Cette série induit également une réflexion sur la modernité : aussi rutilants et prometteurs soient-ils, nos objets ne demeurent pertinents éternellement. Une technologie chassant l'autre, Nick Gentry élargit lui-même sa palette. Il couche désormais ses visages sur des négatifs, des cassettes audio ou VHS et des CD. Quel sort réservera-t-il à nos lecteurs mp3 et autres smartphones ? Nicolas Pattou À voir / London Portraits (expo collective), du 19.09 au 08.10, Munich, Galerie Flash, www.galerieflash.de Solo Show, à partir du 08.11, Miami, Robert Fontaine Gallery, robertfontainegallery.com À visiter / www.nickgentry.com (*vous y trouverez l'adresse de l'artiste pour envoyer votre éventuelle contribution. Un cadeau spécial vous est promis en retour).
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OUAGA 2000 La Pompe Afrique Photos ÂŹ Jeremy Bernard
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DE HAUTS BUILDINGS TOISENT LE RARE PIÉTON DE LEURS FAÇADES INSOLENTES, DES BÂTIMENTS INACHEVÉS CRÈVENT SOUS UN SOLEIL DE PLOMB, ET DES RUES VIDES SERPENTENT DANS LE DÉSERT. BIENVENUE À OUAGA 2000. UNE VILLE-FANTÔME ? PAS VRAIMENT. UNE CITÉ NOUVELLE PLUTÔT, ÉRIGÉE À L'OCCASION DU SOMMET FRANCE-AFRIQUE DE 1996. LES DIPLOMATES PARTIS, NE RESTE QUE CE QUARTIER SANS ÂME, IMMORTALISÉ PAR LE LILLOIS JÉRÉMY BERNARD EN 2012. QUI LE DÉVOILE, DE NUIT, SOUS UN NOUVEAU JOUR.
J
érémy Bernard et l'Afrique, c'est avant tout une histoire familiale. Son jeune frère est d'origine burkinabè. En 2003, le photographe, son frangin et ses parents visitent Ouagadougou. La famille découvre l'existence d'un drôle de quartier huppé nommé Ouaga 2000. « Les habitants
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voient ces constructions d'un mauvais œil, explique l'artiste. Des sommes astronomiques ont été dépensées dans ces bâtiments. Et la plupart des administrations, ambassades, services publics ont été délocalisés là-bas ». Tout est concentré au même endroit, c'est pratique, pense-t-on naïvement.
Quartier OUAGA 2000, Ouagadougou, Burkina-Faso, 2012 / Edouard, 65 ans
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Mohamed, 15 ans, gardien / Quartier OUAGA 2000, Ouagadougou, Burkina-Faso, 2012
« Oui, sauf que Ouaga 2000 est situé à 10 kilomètres de la ville » modère Jérémy. Entendu. « De toute façon, ce quartier n'a pas été construit pour la population. Il n'y a aucun bar, café, ou restaurant, on n'y retrouve pas du tout le mode de vie africain ». En fait, on n'y reconnaît pas grand-chose, puisque ces maisons, souvent vides, sont parfois acquises par de riches familles qui n'y vivent même pas – mais posséder une maison à Ouaga 2000, c'est afficher un certain standing. Mise en lumière Au Burkina Faso, un magazine comme Jeune Afrique s'est insurgé contre cette gabegie apparente. Mais le propos
de Jérémy Bernard est tout autre, et délaisse la polémique pour l'esthétisme. « J'ai pris ces photos de nuit, ajoutant à la lumière des lampadaires celle de phares de moto. Pour mettre en lumière un paradoxe africain ». On devine en tout cas un sens certain de la composition. « Avec un simple appareil numérique, un trépied et un temps de pause d'une cinquantaine de secondes, je pouvais obtenir ce que je voulais ». Néanmoins, ce projet est un véritable work in progress. « Je souhaite retourner à Ouagadougou pour découvrir de nouvelles constructions, l'évolution de l'urbanisation… ». Jérémy Bernard et l'Afrique, c'est aussi une longue histoire. Thibaut Allemand
À visiter / www.jeremy-bernard.fr À voir / exposition jusqu'au 22.09, Duren (près de Düsseldorf), Château de Burgau (dans le cadre du festival Art Up').
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• FESTIVAL• Texte ¬ Olivia Volpi
Ellen Allien © Crystalmafia
JAMIE JONES Né en 1980 à Caernarfon, un bled obscur du Pays de Galles, le jeune James Wyn Jones ne baigne pas vraiment dans l'electro. Pourtant, il s’offre des platines, rejoint la grande famille des DJ's anonymes, et démarre à Ibiza sur un malentendu : le « vrai » DJ était en retard. Depuis, il impose aussi sa patte en tant que musicien avec des titres comme Amazon : beats et chaleur, entre techno et deep house.
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LETHERETTE LE NAME C'EST COMME UNE GRANDE RÉUNION DE FAMILLE. CHAQUE ANNÉE, ON RETROUVE AVEC PLAISIR TATA ELLEN ALLIEN, COUSIN BOYS NOIZE, L'ONCLE EROL ALKAN… PLUS BESOIN DE PRÉSENTER LES AÎNÉS. MAIS C’EST QUI, LÀ, LES PETITS NOUVEAUX SUR LA PHOTO ?
Au départ, deux gamins, une menace : « tu m’invites à jouer au foot avec toi, ou je te tape ». Bizarrement, les deux mômes sont devenus amis, puis sont passés du foot à la musique. Coup de cœur des programmateurs du NAME, Letherette est un duo frais et enjoué, grandi sous l’égide du label Ninja Tune. Avec son premier album homonyme, le duo défend une musique électronique sexy et légère, qui sent un peu les 70's, mais pas le renfermé.
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ART DEPARTMENT Pas des inconnus : on se souvient de leur passage à la Tossée l'an dernier. Pas des jeunots non plus : si Art Department existe depuis 2009, Kenny Glasgow et Jonny White sont des pionniers de la nouvelle scène techno/house depuis près de 20 ans. Sombre et rythmée, nourrie de l’histoire du genre, elle évite les écueils de la monotonie. ▲
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DANIEL AVERY
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En moins de deux ans, l'Anglais a prouvé qu'il était un grand : découvert et hébergé par Erol Alkan via Phantasy Records, playlisté par Andrew Weatherall (voir interview p.34), résident du Fabric, bardé d'éloges au moindre maxi... Fin connaisseur de l'acid-house, ce militant du retour à la fête authentique a poussé Ivan Smagghe ou Simian Mobile Disco à (re)jouer dans une petite cave confidentielle, par passion pour la musique et la danse. Alors pourquoi pas vous ?
MAYA JANE COLES Depuis 2011, l’Anglo-japonaise collectionne les awards (meilleure DJ, meilleure productrice…) et la reconnaissance de pairs notoires (Laurent Garnier, Ellen Allien, Anja Schneider…). Enfant, elle est bercée par la musique classique, la soul, le jazz ou le punk, dont elle hérite l'éthique DIY : la jeune femme de 24 ans réalise ses productions de A à Z, pochette comprise. Planante, sa deep house s'avère plus rêveuse que dansante, douce comme un smoothie à la vanille.
♦ 14.09, 22h>06h Péo Watson, Coma (live), Chloé, APM 001 Dunkerque, Le Kursaal, 11/7€ (prévente) et 13/9€ (sur place)
Wankelmut, Emika, Daniel Avery, Edsik, Rocky, Péo Watson Tourcoing, La Tossée, 28/22€ (prévente) et 31/25€ (sur place)
♦ 20.09, 22h>06h Art Department, Riton, Maya Jane Coles, Crookers, Fritz Kalkbrenner, Jamie Jones, Magnetic Man, Erol Alkan,
♦ 21.09, 22h>06h Andrew Weatherall, Strip Steve, WhoMadeWho, Boys Noize, Tale Of Us, Ellen Allien and Pfadfinderei, ▲
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Booka Shade, Letherette, Hudson Mohawke B2B Rustie, Sierra Sam, Matthus Raman, Art Is A Consequence, Deiva & Djos, APM 001 Tourcoing, La Tossée, 28/22€ (prévente) et 31/25€ (sur place) ♦ NAME FESTIVAL ♦ www.lenamefestival.com
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• INTERVIEW•
ANDREW WEATHERALL Héros malgré lui Propos recueillis par ¬ Elsa Fortant Photos ¬ DR / Gullick
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PRODUCTEUR LÉGENDAIRE, REMIXEUR COURU, COMPOSITEUR INSPIRÉ, DJ INFATIGABLE... C'EST TOUT CELA, ANDREW WEATHERALL. MAIS DU HAUT DE SON DEMI-SIÈCLE, LE BRITANNIQUE SE PRÉSENTE SIMPLEMENT COMME UN « AMATEUR ENTHOUSIASTE DE MUSIQUES ». LE DOYEN DU NAME 2013 FAIT LE POINT SUR SON PARCOURS, SA VISION DE LA FÊTE, ET NOUS EN DIT PLUS SUR CE QU'IL NOUS RÉSERVE... OU PAS.
Comment définiriez-vous votre musique ? Comme la somme de toutes mes influences. Quand j'avais onze ans (en 1974), c'était l'époque du glam et d'un revival 60's célébrant l'âge d'or du rock'n'roll. Alors, j'allais fouiner dans les vinyles de mes parents, pour écouter Runaway de Del Shannon, ou Johnny Remember Me de John Leyton à fond dans ma piaule. Puis, arrivèrent le punk rock, le post-punk, l'electro... Des inspirations facilement identifiables quand on écoute mon travail. Comment rester créatif après avoir traversé le post punk, l'acid house,
Madchester, l'electro... N'est-ce pas paralysant ? C'est une malédiction et une bénédiction. Je suis très éclectique, mais j'envie les gens qui savent se concentrer sur une seule et même chose. Plus généralement, j'admire ceux qui ont une foi aveugle en leur croyance. Depuis vos débuts, quels changements avez-vous constaté dans le clubbing ? Le mp3 a changé la musique et le clubbing. La qualité du son a baissé, perdant de la profondeur. Et l'on ne peut se plonger dans une musique sans relief. La jeune génération actuelle ayant grandi avec ce format ne regrette
« JE ME SUIS TOUJOURS CONTENTÉ DE PASSER MES DISQUES PRÉFÉRÉS » pas des fréquences qu'elle n'a jamais entendues. Mais, on se rend compte que le bon son n'est pas celui du mp3.
de sets en sets. Et puis, mon label, Bird Scarer, édite environ 500 vinyles tous les trois mois, histoire de redresser la balance.
Tentez-vous d'y résister ? Non. Je ne suis pas un anti-digital, autant pisser dans un violon. Simplement, le vinyle reste mon support préféré, j'en achète dès que possible et les copie ensuite sur CD. Histoire d'avoir la qualité du vinyle sans avoir à les transporter
Le NAME investit d'anciens bâtiments industriels, cela vous rappelle-t-il l'époque des warehouses parties, ces fêtes dans des entrepôts ? Complètement. C'est en quelque sorte les bases de mon clubbing. Au mitan ▲
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des années 80, je participais à des soirées illégales dans des hangars avant même de connaître les raves officielles et autorisées. Pour moi c'est ça, le clubbing et l'acid house : de la transpiration, quelque chose de sale, sombre et très, très chaud. Tout ce que j'aime. Un peu comme vos soirées A Love From Outer Space ? Exactement ! Tout a débuté en 2010, dans la cave d'un pub de l'East-London. Je jouais pour à peine cent personnes, à la bonne franquette. On passait de la musique lente, à 100 BPM, 120 maximum. C'était pas gagné d'avance, mais cela a pris, petit à petit. On offrait juste une alternative, sans arrière-pensée.
Encore une fois, je ne me considère pas comme un Dj parce que je me suis toujours contenté de passer mes disques préférés. À quoi peut-on s'attendre pour votre set au NAME ? J'espère que le public viendra sans attente justement. Je respecte la progression de la soirée, j'écoute mon prédécesseur et m'accorde sur son rythme, accélère puis pense à mon successeur et le style qu'il va envoyer. Si j'étais un jeune Dj, j'essaierai peutêtre de m'imposer sans prêter attention au reste, mais maintenant j'ai un peu de bouteille !
♦ Le 21.09 (nuit 3) de 04 à 06h, Tourcoing, La Tossée
© Courtney Chavanell
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VOILÀ LES ANGES PAS FACILE DE TRACER DES PARALLÈLES ENTRE NOTRE ÉPOQUE ET LES ANNÉES 1960. CRISE FINANCIÈRE GLOBALE CONTRE TRENTE GLORIEUSES, ÉLARGISSEMENT DES LIBERTÉS CONTRE REPLI COMMUNAUTAIRE… POURTANT, DANS UN COIN DU TEXAS, DES RÊVEURS COURBENT L’ESPACE-TEMPS DANS UN ÉPAIS NUAGE DE FUMÉE. THE BLACK ANGELS, c’est le filtre Instagram « psyché » qui manquait à 2013. Depuis Austin, Texas, a priori pas le coin le plus fun du monde, trois barbus et une batteuse orchestrent le renouveau d’un genre dont les héros se nomment 13th Floor Elevators ou Jefferson Airplane : le psychédélisme. Inspiré par le Velvet et Sergent Pepper’s, mais passé à la moulinette d’un Reagan et de deux Bush. Au menu ? Guitares southerners étourdissantes, batterie psychotrope, chant halluciné. On avait déjà les néo-hippies Devendra Banhart, CocoRosie et consorts, voici donc les néo-psychés, auxquels se joignent The Brian Jonestown Massacre, Jacco Gardner, ou encore les fabuleux Thee Oh Sees… D'ailleurs, cette bande d'illuminés électriques a donné une bonne idée aux Black Angels. Depuis 2008, la formation organise l’Austin Psych Fest, rendez-vous des barbes les plus fleuries et des groupes les plus cools du pays, loin du Coachella, cet hypermarché climatisé. Bien sûr, les organisateurs s’y sont cette année réservé un beau spot pour présenter leur quatrième album, Indigo Meadow, avant une tournée estivale qui se termine donc dans les salles d’Europe, et qu’il nous tarde de retrouver ! Mathieu Dauchy THE BLACK ANGELS 11.09, Bruxelles, Orangerie, 19h30, 20/17/14€, www.botanique.be 22.09, Lille, L'Aéronef, 18h, 19/14/10€, www.aeronef-spectacles.com
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© Klara Andreasson
Junip Respectueux des traditions, Junip s'invite pour la seconde fois au pot de rentrée du Grand Mix. Souvent présenté comme le nouveau projet du suédois José Gonzales, il s'agit en fait de son premier groupe, tout simplement. En compagnie du percussionniste Elias Araya et de l’organiste Tobias Winterkon, Gonzales s'inscrit dans la lignée d'Elliott Smith et autres Kings Of Convenience, rehaussant le propos de jolies dérives psychédéliques, kraut, baggy, afropop... Bref, le groupe idéal pour démarrer une saison tout aussi ouverte d'esprit. 13.09, Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 10€/ gratuit abonnés 4X4, www.legrandmix.com 20.09, Anvers, Arenberg, 20h, 22/19€, www.arenbergschouwburg.be
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BERTRAND BELIN VU PAR 1 Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Bertrand Belin © Ph. Lebruman
Blandine Lenoir (CINÉASTE)
ON A DÉJÀ DIT TOUT LE BIEN QUE L'ON PENSAIT DE BERTRAND BELIN, SONGWRITER RURAL ET SOLITAIRE – ENFIN, APPAREMMENT. CAR LE MORBIHANNAIS A TRAVAILLÉ AVEC BEAUCOUP DE MONDE ET, MÊME SI ON N'A PAS PU TOUS LES INVITER, TROIS DE SES AMIS LIVRENT LEUR VISION DU PERSONNAGE.
20.09, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10€, www.legrandmix.com 14.11, La Louvière, Le Palace, 20h, 13/11€, www.ccrc.be 26.11, Bruxelles, Botanique, 19h30, 23/20/17€, www.botanique.be
Bertrand et moi nous sommes connus adolescents. Il voulait faire de la musique et moi, du cinéma. Depuis 1999 et Marinette, mon premier essai, nous avons fait huit films ensemble. Bertrand m'est indispensable. C'est une collaboration intime, évidente et joyeuse. Il est comme un co-scénariste, son travail nourrit la narration et la mise en scène. J'ai beaucoup d'admiration et de respect pour son talent, son humour, la ténacité, et un truc qui s'appelle « la foi ». Je reste toujours émue lorsqu'il joue devant une salle pleine à craquer car ce n'était vraiment pas le cas il y a une vingtaine d'années.
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Marc Lainé
Sing-Sing
(METTEUR EN SCÈNE)
(GUITARISTE DE ARLT)
Bertrand, c’est une sorte de cowboy qui aurait la grâce d’un danseur étoile, le mélange inattendu entre John Wayne et Noureev. Sa musique est à la fois puissante et délicate, ça effleure et ça remue, en même temps, comme une rivière, un doux torrent. Il sait se taire. Il a l’art des silences, des silences pleins, généreux, des silences vibrants de pensée. Sa voix est une caverne où résonnent les échos de mille vies, de mille histoires. C’est une source d’inspiration.
On a dit, on dit, on dira encore de Bertrand Belin qu'il est poète. C'est d'abord comme un poème qu'on l'a toujours entendu, énigmatique et clair, où semblent frémir des pages sous-marines de l'encyclopédie "Tout l'Univers", recueil d'histoires drôles et montagne de questions. Laissez-le faire votre portrait, il dessinera une cheminée, une locomotive à vapeur, une forêt en feu. Mais voilà qu'on se demande, à propos de rien, comment nage ce diable de type.
© DR
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TUBES À ESSAI EN 2010, CONGRATULATIONS, COMPLEXE, AVAIT DÉÇU UNE PARTIE DU PUBLIC, LUI PRÉFÉRANT LE TUBESQUE ORACULAR SPECTACULAR (2007). MGMT SIGNE SON RETOUR AVEC UN ALBUM HOMONYME ET COMME À SON HABITUDE, UNE TOURNÉE EUROPÉENNE. ON VOUS ÉPARGNE L'ALBUM DE LA MATURITÉ, PRÉFÉRANT ÉVOQUER UN BON COMPROMIS : INTROSPECTIF MAIS ACCESSIBLE, PSYCHÉDÉLIQUE MAIS INTEMPOREL. AUTREMENT DIT, PROMETTEUR. Depuis ses débuts, la paire se garde de tomber dans l'évidence et propose un univers flirtant avec l'expérimental, quitte à ne pas correspondre aux critères des charts ni à aucune prétendue scène new-yorkaise. Ou même à la norme, puisque Alien Days, premier single, est sorti en format cassette à l'occasion du Disquaire Day. Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser ne se sont jamais vraiment reconnus dans les influences qu'on leur a prêtées et affirment avoir composé ces morceaux, qui jusqu'ici leur ressemblent le plus, en s'inspirant d'Aphex Twin. En dix titres, les Américains traversent tant de genres musicaux qu'il en devient difficile de les nommer. On pense à la pop californienne, la musique anglaise des années 80 – déstructurées donc déstabilisantes – et aux paroles sûrement (elles aussi) composées sous influence. La reprise d'Instropection de Faine Jade (1970) donne la couleur. Cependant, cet imbroglio de sonorités parfois venues d'ailleurs, travaillées par Dave Fridmann, déjà co-producteur du premier travail des garçons, risque de ne pas obtenir le succès escompté en live, leur point faible. À voir donc, mais à écouter, surtout. Elsa Fortant MGMT 27.09, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !, www.abconcerts.be
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LE BAL DES VOYOUS DANS LES RAYONNAGES EN VRAC DU GRAND BAZAR POP, ON N'A JAMAIS SU OÙ RANGER BORN RUFFIANS. PAS GRAVE. LA BANDE MENÉE PAR LUKE LALONDE N'A QUE FAIRE DES TÊTES DE GONDOLES ET PRÉFÈRE CREUSER LE MÊME SILLON TORDU QUE SOLDER SON INSPIRATION. Longtemps, Born Ruffians n'a pas connu la retenue. Dans ses premiers essais, ces autoproclamés voyous-nés vrillaient la pop pour y faire rentrer, au forceps, mélodies brindezingues et chœurs foufous. Ainsi, le coloré Red, Yellow And Blue (2008) carambolait constructions acoustiques et envolées vocales, groove bancal et courtscircuits mélodiques, évoquant à la fois Animal Collective et Violent Femmes. Étaient chantés à tue-tête tourments post-adolescents et autres tracasseries. Ce disque en chamboula plus d'un, mais cette pop à cœur ouvert, le nez au vent, fatiguait parfois. Depuis, le quatuor de Toronto a peu à peu appris la rigueur, la discipline et l'amour du travail bien fait, valeurs trop souvent sacrifiées sur l'autel du fun. Cette année, Birthmarks plaçait le trio en cousin des mésestimés Clap Your Hands Say Yeah et, plus sûrement, en héritier de Talking Heads. Plutôt sage sur les planches, la formation exécute le plus précisément possible des chansons engageantes à la santé mentale pas très nette. Quant à savoir si ces Canadiens influenceront la jeune garde, ou ne demeureront qu'une formation coincée dans les années 10, on n'en sait rien. Et alors ? Cette pop se vit ici, et maintenant. Vincent Lançon BORN RUFFIANS 30.09, Bruxelles, Botanique (Witloof Bar), 19h30, 14/11/8€, www.botanique.be 01.10, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10€, www.legrandmix.com
is TROPICAL
La couverture médiatique d'Après Moi Le Déluge a sans doute réchauffé le cœur meurtri d'Alex Beaupain. À la scène, à la ville, le Bisontin s'avère confondant de modestie et d'humilité. Alors, évitons de le faire rougir, laissons les lauriers aux branches et résumons son œuvre en peu de mots : le temps qui file, le deuil de l'être aimé, des chansons d'amour plus politiques qu'elles n'en ont l'air (et l'inverse), des mélodies limpides, les bandes (vraiment) originales de son frère d'âme Christophe Honoré (citons au moins Les Chansons d'Amour, 2007), le refus de choisir entre sensibilité et sensualité... C'est tout cela, Alex Beaupain. C'est aussi quatre albums de très haute tenue et, si l'on garde une tendresse pour 33 Tours (2008), le plus récent l'a définitivement intronisé au rang de meilleur héritier d'Alain Souchon. Un chanteur pop, donc populaire. Thibaut Allemand 04.10, Béthune, Théâtre municipal, 20h30, 16/12€, www.theatre-bethune.fr 17.10, Bruxelles, L'Orangerie, 19h30, 21/18/15€, www.botanique.be 19.10, Lille, Le Splendid, 25€, www.le-splendid.com
Is Tropical, ce fut avant tout un tube implacable en 2009 (When O When), des concerts remarqués avec Klaxons ou Crystal Fighters, puis un premier album bien plat et décevant (Native To, 2011). Pourtant, sur scène, le trio, qui a fait ses classes dans l'une de ces artschools londoniennes pourvoyeuses de talents, révélait la puissance rentrée de ces chansons a priori banales. Refrains entêtants, guitares saturées et boîtes à rythmes surexcitées conféraient un nouvel éclat à des morceaux qu'on avait jugés plus ternes sur la platine. Aujourd'hui, rebelote ? Si I'm Leaving, deuxième essai produit par Luke Smith (Foals, We Have Band), souffre d'un manque d'idée certain, ceci sera rapidement oublié sur scène, où leur énergie communicative balaie toutes nos réserves ! Benjamin Perez 23.09, Roubaix, La Cave Aux Poètes, 20h, 12/10/8€, www.caveauxpoetes.com 24.09, Amiens, La Lune Des Pirates, 10€/ gratuit pour les abonnés, www.lalune.net
© DR
alex BEAUPAIN
© Rudy Waks
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WE ARE ENFANT TERRIBLE Énergie brute We Are Enfant Terrible ? Un trio lillois d'électro-pop-8-bit vivant d'amour et d'humour, de bidouilles et d'embrouilles. « On se dispute beaucoup, mais on se réconcilie vite », révèle le guitariste Thomas Fourny. Des bancs de la fac de droit, ce dernier a conservé la rigueur. À l'inverse la chanteuse Clotilde Floret attendait avec impatience les raves du weekend. S'évader. Végétant à l'Institut Supérieur de l'Agriculture de Lille, le batteur Cyril Debarge bricole quant à lui du 8-bit sous le nom de Funky Fingers. Un EP, puis un album les propulsent aux quatre coins du monde. Dans la foulée, la joyeuse bande crée un label, PIL Records. Cet acronyme post-punk signifie ici Play It Loud. On y trouve la crème de la scène locale (Peru Peru, Weekend Affair ou Gym). Si le son de WAET est léger et hédoniste, Thomas modère : « Depuis nos débuts, on est partagé entre l'envie de divertir et celle de se frotter à l'art avec un grand A ». Enregistré en mode DIY, le second LP passe entre les mains de Dan Walker (The Death Set). Sauf que les sales gosses sont repassés derrière cette figure du punk-rock US, qui ne souhaite plus être mentionné. Incorrigibles ! Elsa Fortant
Album illustré
Carry On (Pil Records/La Baleine), sortie le 16.09 Le saviez-vous ? • L'album a été enregistré en live à 90 %, chez Thomas. Les deux garçons jouant dans le studio installé dans la cave et Clotilde face au micro planté dans la chambre. • Le crash du disque dur contenant Carry On obligea le trio à tout ré-enregistrer en catastrophe. Nos titres préférés : Princess, le plus psyché. Restless, celui qui met tout le monde d'accord.
30.11, Soirée Pil Records, Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5€, www.aeronef-spectacles.com
Gramme
BLEACHED Prenez deux frangines (ici, Jennifer et Jessie Clavin) ayant fait leurs armes dans une tripotée de formations, dont Mika Miko. Laissez les épuiser une quinzaine de batteurs (dont ceux de Best Coast ou No Age). Réservez un studio pendant quelques jours, en remuant de temps à autres. Vous obtiendrez Bleached, groupe punk rock aussi dispensable que totalement addictif, relevé de subtiles touches de pop façon Ramones. Consommez sans attendre.
Ou l'histoire d'une formation rétro arrivée trop tôt. Inspirés par les vagues post-punk mancuniennes et newyorkaises (Section 25, A Certain Ratio , Liquid Liquid...), ces Américains, alors signés chez Output Recordings, publièrent quelques maxis. Mais le tout, au mitan des nineties... Dix ans plus tard, LCD Soundsystem, The Rapture ou Hot Chip raflaient la mise. Aujourd'hui, Gramme publie enfin son premier LP. Si pour certains, c'est un peu tard, voici l'occasion ou jamais d'en faire des tonnes ! 26.09, Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8€, www.caveauxpoetes.com
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© Todd Cole
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24.09, Bruxelles, L'Orangerie, 20/17/14€, www.botanique.be
Squarepusher © DR
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Squarepusher, Tiga… (13.09) / Jessie Ware, The Horrors, Jacco Gardner, Au Revoir Simone... (14.09) / Arno, Stand Of Oaks... (15.09) 13>15.09, Leffinge, Zaal De Zwerver, 45/38€, pass 3 j. : 89/79€, www.leffingeleurenfestival.be
« On doit être hors-saison ». Des festivals calés en plein mois de septembre nous rappellent toujours ces mots de Cabrel. Pas vous ? Bon. Bref, Leffingeleuren laisse passer les-grands-raouts-de-l'été pour mieux cueillir les perles, la rentrée venue. Guère besoin de s'éterniser sur les invités habitués de nos pages : Tiga, Squarepusher, The Horrors, Au Revoir Simone, Jacco Gardner, Arno... Par contre, d'autres vers reviennent à notre mémoire : « Quand vient la fin de l'été sur la plage, il faut alors se quitter peut-être pour toujours ». Ça ne vous dit vraiment rien ?
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PORTRAIT
CORINNE MASIERO L'Étoile du Nord Texte ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Louise Wimmer © Haut Et Court
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Filmographie Germinal - (1993) de Claude Berri La Vie Rêvée des Anges - (1998) de Erick Zonca Engrenages - saison 3 - (2005) de A. Clert et G.-P. Sainderichin Les Vivants et les Morts - saison 1 - (2009) de Gérard Mordillat Louise Wimmer - (2012) de Cyril Mennegun
De Rouille et d'Os - (2012) de Jacques Audiard Les Reines du Ring - (2013) de Jean-Marc Rudnicki La Marque des Anges - (2013) de Sylvain White Suzanne - (18.12.2013) de Katell Quillévéré Lulu Femme nue - (22.01.2014) de Solveig Anspach
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Nathalie Baye,Corinne Masiero et Audrey Fleurot dans Les Reines du Ring, de Jean-Marc Rudnicki, sorti en 2013 © Warner Bros France
« COMÉDIENNE ? OUI, C'EST MARQUÉ SUR MA FICHE DE PAIE, MAIS ÇA S'ARRÊTE LÀ ». LORSQUE CORINNE MASIERO LÂCHE CETTE SENTENCE DÉFINITIVE AU MILIEU DE L'ENTRETIEN, ON SE DEMANDE UN PEU COMMENT ON VA LA PRÉSENTER. ELLE JOUE LA COMÉDIE SUR LES PLANCHES, LES PETITS ET GRANDS ÉCRANS DEPUIS VINGT ANS, MAIS NE SERAIT PAS ACTRICE ? ÇA COMMENCE BIEN. ET ÇA CONTINUE DE PLUS BELLE, ENTRE ENTHOUSIASMES ET COLÈRES, SINGULIÈRE BONHOMIE ET ENGAGEMENTS AU LONG COURS. RENCONTRE AVEC UNE BONNE DÉFINITION DE L'HONNÊTETÉ.
L'
ayant découverte dans Les Vivants Et Les Morts, aperçue dans Engrenages et admirée dans Louise Wimmer, on souhaitait rencontrer Corinne Masiero depuis un bail. Mais question décor, on n'imaginait pas la bibliothèque d'un hôtel lillois très huppé – les affres de la promo... Or, voir débouler ce mètre quatre-vingt chaussé de baskets rose fluo met tout de suite à l'aise. Entre deux éclats de rires, la gouailleuse Corinne Masiero plante son regard dans le vôtre et oblige à la franchise. On a tenu bon : Les Reines du Ring n'est vraiment pas un grand film mais, armé de notre lâcheté légendaire,
on n'a rien dit. « C'est une comédie avec un fond social sur la solidarité entre gonzesses. De plus, le catch fait partie de la culture dans le Nord, comme la ducasse ou les majorettes » déclare-telle tranquillement, avec de (très) fortes pointes d'accents ch'ti. « Arrivée au collège, on m'a interdit de parler en patois ou avec l'accent, c'était "sale". Je l'ai vécu comme une injustice incroyable. Il ne faut pas oublier d'où l'on vient ». Entendu, mais quid du risque de se laisser enfermer dans ce type de rôle ? La Nordiste s'en amuse : « Lorsque j'ai débuté, j'ai entendu que j'étais trop grande, trop vieille, trop moche... Et depuis Louise Wimmer (ndlr. 2012) on m'a qualifiée de comédienne intello ! Certains journalistes me demandent si Les Reines est une nouvelle façon d'aborder le métier. Ben oui ma poule !, se marre-t-elle. Ça fait vingt ans que je fais du trash et du théâtre de rue ». L'ennui C'est sur les planches que tout à commencé pour cette native de Douai, grandie entre Cantin et Gœulzin. Milieu prolo et communiste, on travaille la semaine,
et « on allait parfois au ciné le weekend. Il y avait des livres et des bédés à la maison, mais on n'allait pas au théâtre, par exemple ». Son premier lever de rideau en tant que spectatrice, c'était « pour un Molière, au collège. C'était ennuyeux et pour moi, c'était ça, la culture : un truc chiant ». À l'aube de la trentaine, technicienne à l'Hippodrome de Douai, elle découvre le théâtre. « On nous permettait d'assister à tous les spectacles. J'allais voir au hasard et j'ai pris quelques claques ». De ces vadrouilles culturelles, cette amatrice de westerns spaghetti, qui vénère Buffet Froid (1979) et Le Goût Des Autres (2000), a conservé l'amour de la spontanéité et du lâcher-prise. Ainsi ne lit-elle jamais les scénarios, « seulement deux ou trois séquences. Je préfère discuter avec le réalisateur. Comme on va passer plusieurs mois ensemble, mieux vaut que le courant passe. De plus, ne pas connaître toute l'histoire permet de proposer des trucs spontanés, qui apportent parfois un plus ». Depuis vingt ans, ça lui a réussi. « Tant que je peux me regarder en face dans le miroir, tout va bien. Je ne regarde pas le chèque, il faut que le projet me parle, tout simplement. Enfin, je dis ça, mais je retournerai peut-être ma veste dans quelques années ! » glisse l'encartée au PCF, dans un rire.
Et demain ? « Je n'ai pas de plan de carrière, si ça continue, tant mieux, mais peutêtre qu'un jour, je voudrais faire autre chose... » Quoi, par exemple ? « Ah ça ! c'est la grande question. Je ne sais faire que ça. » Ce qui n'est déjà pas mal. « Tu parles ! N'importe qui peut être comédien ». Masiero démago ? « J'ai travaillé avec Guy Alloucherie, un putain de metteur en scène. Pas dogmatique, il anime des ateliers avec des enfants, des adultes, et obtient des résultats toujours géniaux, s'enthousiasme-telle. Et c'est du théâtre ! Au cinéma, c'est encore plus facile, tu peux rejouer trente fois jusqu'à ce que ce soit bon » Modeste, Corinne. Car les cinéastes qui l'ont côtoyée vantent tous son perfectionnisme. Mais de ça, pas un mot. « Comédien ? Un boulot de feignasse, lâche-t-elle en plaisantant à moitié. Ça me convient tout à fait, puisque je ne suis pas une grande bosseuse ». On dit que sans travail, le talent n'est qu'une mauvaise manie. On ne pensait pas l'écrire, mais Corinne Masiero est sacrément maniaque !
François Cluzet et Corinne Masiero dans 11.6, de Philippe Godeau, sorti en 2013 © Wild Bunch Distribution
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INTERVIEW
FRANÇOIS OZON On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Propos recueillis par ¬ Audrey Jeamart Photos ¬ Jeune et jolie, François Ozon et Marine Vacth © Jean-Claude Moireau
JEUNE ET JOLIE, OU LE PORTRAIT D’UNE ADOLESCENTE QUI CHOISIT DE SE PROSTITUER. POINT DE PROVOCATION ICI, RIEN DE SULFUREUX, MAIS UNE EXPLORATION DÉLICATE DES DÉSIRS ET DE LA SOLITUDE D'UNE LYCÉENNE, FINEMENT MISE EN SCÈNE PAR FRANÇOIS OZON. RENCONTRE AVEC UN RACONTEUR D’HISTOIRES PROLIFIQUE ET ÉCLECTIQUE. Quel fut le point de départ de ce nouveau film ? J’avais abordé l'adolescence dans mes premiers courts et longs-métrages, puis me suis tourné vers les adultes à partir de Sous le Sable (ndlr. 2000) et ma rencontre avec Charlotte Rampling. J’ai souhaité revenir à cette période, avec une distance et une maturité nouvelles, en esquissant le portrait d’une jeune fille de dix-sept ans, par son éveil aux sentiments et à la sexualité. Pourquoi avez-vous choisi le thème de la prostitution ? L’adolescence est vraiment une période de transformation durant laquelle on n’a pas vraiment conscience du dan-
ger. On a envie de transgresser, quitte à se brûler les ailes. C'est ce que je voulais souligner.
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Avez-vous effectué des recherches sur la prostitution ? J’ai interrogé des policiers spécialisés et la brigade des mineurs, pour vérifier la crédibilité de mon histoire. J'ai également rencontré le psychiatre Serge Hefez, qui apparaît dans le film. Sur cette base réaliste, j’ai raconté une histoire particulière. Ce n’est pas un film générationnel sur les adolescents, ni un film sociologique ou une thèse sur la prostitution, même si je montre qu'on accède à la pornographie en deux ou trois clics.
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Comment avez-vous choisi Marine Vacth ? Durant le casting, Marine m’a tout de suite intéressé parce qu’elle était mystérieuse. Pile ce que je voulais pour incarner une jeune fille très secrète. De plus, au-delà de la beauté évidente de Marine, on perçoit en elle une intériorité. Son regard mélancolique racontait déjà une histoire et annonçait un jeu avec le hors-champ très précieux pour le film. Pourquoi ce découpage en quatre saisons et quatre chansons ? Pour un lycéen, une année scolaire représente une éternité. Ce découpage en saisons représente quatre moments-clé du parcours d’Isabelle. Dans les chansons de Françoise Hardy, on trouve une mélancolie, une vision de l’adolescence teintée de désillusion romantique. Ces morceaux soulignent des moments poétiques et introduisent une autre narration.
CE N'EST PAS UN FILM GÉNÉRATIONNEL NI UNE THÈSE SUR LA PROSTITUTION Certains films sur l’adolescence vous ont-ils inspiré ? À seize ans, j'ai découvert À Nos Amours, de Maurice Pialat. Un véritable choc. C'est l’un des plus beaux portraits d’adolescente. Cette jeune fille a du mal à accorder ses sentiments et sa sexualité, comme dans mon film. Je pense également à La Boum qui, d’une certaine manière, est aussi une vision idéalisée de l’adolescence. Pourquoi alternez-vous comédies et projets plus intimes ? J’aime passer d’un genre à l’autre, sans me répéter. Je n’ai pas de plan de carrière, même si je sais qu'un échec pourrait m'empêcher de refaire un film. Mon prochain long-métrage se souciera des adultes, des gens de mon âge vivant des expériences fortes. Une histoire d’amour, un peu bizarre. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant !
JEUNE ET JOLIE, de François Ozon avec Marine Vacth, Charlotte Rampling, Frédéric Pierrot, Géraldine Pailhas, Nathalie Richard...
© Pyramide Distribution
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LES APACHES
TÊTE DE MAURE SUD DE LA CORSE, UNE NUIT D'ÉTÉ, CINQ JEUNES LOCAUX S’INTRODUISENT DANS UNE VILLA. LE JOUR MÊME, L’UN D’EUX L'AVAIT NETTOYÉE AVEC SON PÈRE AVANT L’ARRIVÉE DES ESTIVANTS ; RICHES, ET PARISIENS. AVANT DE QUITTER LES LIEUX, GRISÉE PAR DES RASADES DE BOURBON, LA BANDE VOLE LA CHAÎNE HI-FI DE LA MAISON. ET DES FUSILS. C'est le premier long-métrage de Thierry de Peretti, mais à n’en pas douter, ce ne sera pas le dernier, au vu du talent à l’œuvre ici. Cette histoire tragique inspirée d’un fait divers témoigne d’une grande force de narration. Ses personnages pétris de contradictions, très rapidement dépassés par les conséquences de leur petit larcin sont de ceux qui font les grands films. Prêts à tout pour éviter la colère des adultes, jusqu’au meurtre… qui revêt d’ailleurs la forme d’un sacrifice de leur adolescence. De contradictions, il est également question dans la forme, solaire mais sombre, tout en tensions mais construit sur de longs plans séquences. Contradictions enfin dans les paysages entourant Porto-Vecchio : magnifiques, mais lentement colonisés par des villas réservées à ceux qui peuvent se les offrir… Extrêmement bien mené et cadré, Les Apaches laisse une forte impression. Sans dévoiler l’intrigue, notons simplement que chez Sergio Leone, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Ici, les mêmes possèdent les fusils et se salissent les mains, dans tous les sens du terme, creusant une tombe sous un soleil de plomb. L’une des images fortes de cette réussite absolue. Sylvain Coatleven LES APACHES, de Thierry de Peretti avec Aziz El Haddachi, Hamza Meziani, Joseph Ebrard, François-Joseph Culioli et Maryne Cayon
© Les Films Velvet
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GRAND CENTRAL
AU CŒUR DE L'ATOME RÉCEMMENT ENGAGÉ DANS UNE CENTRALE NUCLÉAIRE, GARY TOMBE AMOUREUX DE KAROLE, FIANCÉE D'UN DE SES COLLÈGUES... PROMENANT SA CAMÉRA À HAUTEUR D'HOMME, JOUANT AVEC LES GENRES, ÉVOQUANT LES CONDITIONS DE VIE DES OUVRIERS TOUT EN CONSERVANT UNE PART DE MYSTÈRE ET DE NONDITS, REBECCA ZLOTOWSKI SIGNE UN CHEF-D'ŒUVRE. Pour conter cet amour impossible sur fond de réacteur nucléaire, l'ancienne élève de la Fémis multiplie les emprunts aux différents genres. On retrouve ici les codes du grand film d'amour bien sûr, mais aussi du cinéma social – nous sommes au plus près des travailleurs durant le labeur. On aperçoit le thriller, depuis la peur quotidienne des radiations et de l'accident, jusqu'à la réaction appréhendée de Toni, le mari trompé. Et enfin, le western : ce bar aux allures de ranch, cette communauté ouvrière vivotant en mobil-home, ces chansons au coin du feu, ces rivalités et ces amitiés... Cette œuvre doit également beaucoup à un noyau d'acteurs, dont Tahar Rahim, belle gueule ténébreuse et sous tension révélée dans Un Prophète (2009). À ses côtés, Léa Seydoux, petite chose menue chez tant d'autres, devient bloc de sensualité, femme à la fois fatale et enfant, dépassée par l'ampleur de cette romance. Le reste de la distribution ? À l'avenant, au plus juste. Et tous ces regards, fatigués ou complices, tous ces mots et ces gestes, amoureux ou laborieux, sont saisis par une réalisatrice attentive au moindre détail. Tient-on là LE film de l'année ? Sans doute. Thibaut Allemand GRAND CENTRAL, de Rebecca Zlotowski avec Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau...
exposition
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L'ART À L'ÉPREUVE DU MONDE DOSSIER
Dossier réalisé par ¬ Elsa Fortant & Caroline Pilarczyk Photo ¬ Bruce Conner, Crossroads, 1976, Pinault Collection © 2013 Conner Family Trust, San Francisco / Artists Rights Society (ARS), Courtesy Paula Cooper Gallery, New York / Adagp, Paris 2013
événement
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À DEUX PAS DE LA GARE DE DUNKERQUE, DEPOLAND. LE « MONDE DES BONNES AFFAIRES », INSTITUTION DU COMMERCE DUNKERQUOIS, S’EST PROVISOIREMENT MUÉ EN LIEU D'EXPOSITION. L'ANCIEN DÉPÔTVENTE ACCUEILLE ENTRE SES MURS DE BRIQUES BLANCHES L’ART À L’ÉPREUVE DU MONDE, « UNE RENCONTRE D’ŒUVRES QUI AVAIENT DES CHOSES À SE DIRE » SELON JEAN-JACQUES AILLAGON, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION.
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exposition
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Life Is Beautiful, Fahrad Moshiri, 2009 1242 couteaux, Pinault Collection, Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin © Guillaume Ziccarelli
Nazi Milk, General Idea, 1979 Dunkerque, FRAC Nord – Pas de Calais. Inv. 02.19.24 © General Idea. Photo : DR
À
l'occasion de Dunkerque 2013 capitale régionale de la culture, l'ancien ministre féru d’art a rassemblé sur 1 000 m² des œuvres majeures (et inédites) issues de la collection François Pinault, du Fonds Régional d’Art Contemporain et de dix musées du Nord–Pas de Calais. L'ensemble souligne l’engagement d’artistes interrogeant la condition humaine. Et ce, à différentes étapes de l’Histoire : ainsi, entre les créations contemporaines signées Jake et Dinos Chapman (les scènes minutieuses de Fucking Hell) ou Maurizio Cattelan, se glissent tableaux et sculptures plus anciennes, tel le Transi de Guillaume Lefranchois (voir p.72), sculpture anonyme datant du xve siècle. Pour le commissaire, ce mélange des genres et des époques n’avait pas pour but de suivre une quelconque tendance, mais bien de rendre visible les liens entre les créateurs d’hier et d’aujourd’hui ; « ces œuvres ne se détournent pas de la vie :
Bandiera Rossa (Comizio I), Michelangelo Pistoletto, 1966, Pinault Collection © Michelangelo Pistoletto, Photo : DR
elles parlent des hommes » affirme-t-il, convaincu que « l'art appartient à tout le monde ». État des lieux Mort, Violence, mais aussi Résistances et Amour, tels sont les quatre thèmesjalons de cette autopsie de l'Humanité. Dans ce circuit d'ombres et de lumières, où le minimalisme industriel révèle la force des œuvres, impossible de flâner. Et pour cause : le scénographe Frédéric Casanova (voir p.73) a volontairement conçu l'exposition comme un parcours contraignant, profitant du caractère brut – brutal ? – du lieu. La cité et son histoire sont également sources d'inspiration : « Dunkerque a, par le passé, été mise à l'épreuve et a beaucoup souffert. Nous n’aurions pas fait la même exposition dans un autre lieu, tant le lien historique et artistique avec la ville est important et palpable » explique le président des Arts Décoratifs.
Jusqu'au 06.10, Dunkerque, Depoland , mar>ven, 10h>12h, 14h>18h, sam>dim, 11h>19h, 4/2€/gratuit, www.dunkerque-culture2013.fr ▲
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L’art comme catharsis « Mort, où est ta victoire ? » nous interroge-t-on d'emblée, tandis que nos pieds foulent une moquette rouge sang. Plus loin, on découvre un Jean-Paul II terrassé par une météorite, soit le célèbre Nona Ora du précité Maurizio Cattelan (voir p.74). Puis, on est pris dans un tourbillon macabre : le sort funeste des animaux, la violence, l'horreur de la guerre. Le tout dit avec des œuvres tragiques, graves et superbes, telle Taxidermy d'Adel Abdessemed (un cube formé d’animaux empaillés que l’artiste a assemblés avec du fil de fer avant d’y mettre le feu), All de Maurizio Cattelan (voir p.72), Le martyre de saint Étienne de Diego Polo ou l'impressionnant Fucking Hell des frères Chapman (voir p.74). Plus tard, des virtuoses comme Piotr Uklanski et son Dancing Nazis proposent l'ironie comme antidote à l'infamie, ultime pied de nez à la guerre. Enfin sont célébrés la joie de vivre, la paix et l'amour universel, cristallisés dans l'absurde Bear and Rabbit on a Rock de Paul McCarthy (un ours et un lapin en peluche géants en train de s’accoupler). C'est à l'étage que s'achève le voyage : dernière station du chemin de croix, invitation à une élévation ? « Cette sélection tend à ouvrir le regard du public » éclaire le commissaire. Et en parlant de perspective, la mezzanine, où s'affiche Life is Beautiful de Farhad Moshiri, offre justement un angle inédit pour embrasser d'un seul regard le saisissant entretien artistique qu'est L'art à l'épreuve du monde.
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Depoland © DR
Œuvres commentées par Guillaume Picon, co-commissaire
Le transi de Guillaume Lefranchois, Anonyme
© Maurizio Cattelan Archive, Courtesy Matian Goodman Gallery, New York, Photo : Markus Tretter
All (9 sculptures),
Maurizio Cattelan 2008, Collection Pinault Cette série de neuf gisants a été sculptée dans du marbre de Carrare. Maurizio Cattelan a pris certaines libertés avec ces corps car en s'approchant on découvre des poses improbables. Par cette distorsion du réel, l'artiste instaure un rapport singulier avec la mort, démontrant sa volonté de la transfigurer. La forme de la série permet de varier les positions, de jouer sur le mouvement, à la manière d'une image animée. Une réflexion sur la mort convoquant autant la grande Histoire (renvoyant aux gisants royaux de nos églises gothiques) que la plus modeste avec des draps qui recouvrent des corps anonymes.
Début XVe, Arras, Musée des beaux-arts Cette œuvre, sculptée dans de la pierre de Tournai, répond à celle de Maurizio Cattelan. Mais, à l'inverse d'un gisant, un transi ne magnifie pas le défunt. Il est beaucoup plus macabre et cultive un rapport d'individualisation du décès insistant sur le passage de la vie à la mort. D'où la représentation de la faucheuse en action : des asticots se nourrissant de chair, des ossements apparents, un phylactère sort même ici de la bouche de Lefranchois... La dimension religieuse sous-jacente, sorte d'appel à l'humilité, rappelle aux vivants qu'il faut préparer son salut.
© Musée des Beaux-Arts d’Arras, Photo : Claude Thérier
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Interview DOSSIER
ATELIER FCs, Frédéric Casanova, scénographe Delphine Bailly, muséographe Brice Tourneux, graphiste www.fredericcasanova.com
Frédéric Casanova & Delphine Bailly [ Scénographes ]
Création d'installations pour les arts du spectacle, muséographie, conception lumière pour de grands ensembles architecturaux… L'atelier FCs a mis son art à l'épreuve de cette exposition. Rencontre avec Frédéric Casanova, scénographe et Delphine Bailly, muséographe. Comment avez-vous conçu la scénographie ? Nous voulions souligner l'engagement des artistes à différentes époques. C'est pourquoi, le parcours divisé en quatre sections thématiques empêche le visiteur de revenir sur ses pas. L'accrochage cultive quant à lui les télescopages historiques pour mettre les oeuvres en perspective et renforcer la prise de conscience. Pourquoi avoir placé l'imposant Fucking Hell au cœur de l'exposition ? Cette pièce-maîtresse des frères Chapman, une svastika remplie de scènes de violence, constitue une sorte d'horreur absolue. Le reste de
l'accrochage trouve son sens par rapport à celle-ci en multipliant les confrontations. Comment s'approprie t-on un site comme le Dépoland ? Avec humilité. C'est un lieu chargé d'histoire pour les Dunkerquois. Nous avons opté pour une scénographie minimale, approchant le lieu par sa lumière et son volume. Cela dit, présenter des œuvres monumentales comme celles de Maurizio Cattelan ou Piotr Uklanski dans un immense espace reste une contrainte. Il convient de leur accorder une juste place pour que le reste s'annonce de manière limpide. Peut-on parler de réhabilitation ? Non, car nous conservons le bâtiment en l'état. D'où le choix de dispositifs simples, des cimaises autoportantes blanches qui ne touchent pas les murs. Mais, cette apparente simplicité nécessite des recherches en terme de structure, de fixation, de passage de câbles, de résistance des matériaux. On a conçu un musée de haute technologie dans un lieu abandonné.
événement
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Œuvres commentées par J.-J. Aillagon, commissaire
Courtesy Anthony d'Offay Gallery, London © Maurizio Cattelan, Photo : Attilio Maranzano
La Nona Ora,
Maurizio Cattelan, 2000, Pinault Collection Cette sculpture représente Jean-Paul II terrassé par une météorite. Elle a fait scandale, d'autant que le pape était encore vivant lors de sa première exposition. Le titre de l’œuvre fait référence à Jésus qui, au moment de sa mort, à la neuvième heure (La Nora Ora, en latin), se serait écrié « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'astu abandonné ? ». Durant son existence, Jean-Paul II fut tour à tour victime d'un attentat, puis de la maladie. Le voici écrasé à son insu. Cet accablement papal rappelle que chacun est soumis au même destin : chacun, même le pape, est appelé à mourir.
© Palazzo Grassi Spa, Photo : ORCH orsenigo chemollo
Fucking Hell,
Jake and Dinos Chapman, 2008, Pinault Collection À la manière des modélistes, ces neuf vitrines représentent de minutieuses scènes de violence et d'horreur, formant toutes ensemble une croix gammée. Parmi les 30 000 figurines exposées, un détail est frappant : on y aperçoit Adolf Hitler peindre la scène macabre comme s'il s'agissait d'un paysage enchanteur. À deux siècles de distance, cette œuvre et son titre dialoguent avec Les Désastres de la Guerre (1810-1815), une série de gravures de Goya, accrochée à proximité. Toutes deux dénoncent la violence et l'absurdité de la guerre. Comme le maître espagnol, les frères Chapman figent le massacre pour en révéler toute l'atrocité.
Novissima Verba, 2000 © Jacques Charlier Arno, 2008 © Stephan Vanfleteren
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DE BIEN BELGES ŒUVRES LE PAYSAGE AUDIOVISUEL DU PLAT PAYS COMPORTE QUELQUES SOMMETS. PARMI EUX, CLAUDE BLONDEEL. À L'HEURE DE PRENDRE SA RETRAITE, CET ÉRUDIT TRUCULENT PRÉSENTE EN UN MÊME OUVRAGE, ET UNE EXPOSITION, SES CENT ŒUVRES D'ART BELGES FAVORITES. UN JOLI FOUTOIR ? UN BORDEL ORGANISÉ ? NON. UN BAZAR BELGE, TOUT SIMPLEMENT. Avant d'entrer, un mot sur son inspirateur, pour ceux qui n'auraient jamais écouté Radio Klara. Fils d'une néerlandophone et d'un francophone, le journaliste, critique d'art et écrivain Claude Blondeel incarne en quelque sorte le rêve de l'union belge. Ce parcours éminemment subjectif en est la preuve. La promenade s'ouvre sur une grande photographie d'Albert II et de la reine Paola. Ironie du sort : sur le trône à l'ouverture de l'exposition, le roi a depuis abdiqué, et cette image relève désormais d'un passé récent. Inutile de chercher un quelconque Brueghel ici, Blondeel étant surtout attiré par la modernité. L’œuvre la plus ancienne est une marine signée James Ensor, et l'on découvre ensuite le peintre, filmé à Ostende en 1920 – en fait, un faux, réalisé avec des comédiens. Car ce bazar belge ne serait pas complet sans ce « sens de l'humour, de l'absurde et de la dérision », insiste le commissaire. On ne s'étonne pas, alors, de croiser Noël Godin et Anne Teresa De Keersmaeker, Magritte et Gaston Lagaffe (« bien plus subversif que Tintin ») avant de saluer Arno reprenant Léo Ferré - Comme À Ostende, bien sûr. Thibaut Allemand BAZAAR BELGIË Jusqu'au 29.09, Bruxelles, Centrale For Contemporary Art, mar>dim, 10h30>18h, 5/4/2,5/1,25€, www.centrale-art.be
© Marie Lelouche © DR
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DÉPASSER LES BORNES BIENNALE CONSACRÉE À LA CRÉATION ÉMERGENTE, WATCH THIS SPACE RÉUNIT ARCHITECTES, PHOTOGRAPHES, DESSINATEURS – ON EN PASSE – SOUS LA HOULETTE DE 50° NORD. CE RÉSEAU, FÉDÉRANT UNE TRENTAINE DE STRUCTURES D’ART CONTEMPORAIN (GALERIES, ASSOCIATIONS…) DE L’EURORÉGION, A CHOISI POUR THÈME LA FRONTIÈRE. PASSEPORT POUR LA DÉCOUVERTE ! Lucie Orbie, coordinatrice du Réseau 50° Nord, souligne d’emblée le double objectif de la manifestation : « Watch This Space permet d’accompagner les artistes tout au long du processus de création mais participe aussi au rayonnement des écoles d’art de la région ». Thème imposé : l’équivoque « Frontières ? » avec en ligne de mire « le tricentenaire du tracé délimitant la France et la Belgique. Mais parler d’une frontière implique aussitôt de parler de son franchissement », précise la coordinatrice. Chacun, avec son matériau et ses techniques, s’approprie une notion aussi vaste qu’incertaine, à la fois concrète et abstraite. Parmi les 20 expositions, rencontres ou soirées réparties de Dunkerque à Namur, retenons l’expérience d’Hélène Marcoz qui, prenant une photo depuis chaque fenêtre d’un même immeuble, redéfinit l’ouverture sur le monde en fonction du point de vue. Le tandem Guillaume Jezy - Jérémy Knez édifie une barricade de palettes entre leurs deux univers lors d’une performance in situ. Des propositions à picorer sur l’ensemble du territoire ou à découvrir en parcours organisés, certes, mais qui brouillent sans complexe les frontières entre chaque discipline. Et si c’était ça, l’art de demain ? Marine Durand WATCH THIS SPACE, BIENNALE JEUNE CRÉATION Jusqu'à janvier 2014, Eurorégion, divers lieux, programme complet : www.50degresnord.net
SEVENTIES,
CHACUN SES AUDACES Hippie, disco, punk, androgyne... Après les 50's (2008) et les 60's (2010), le musée bruxellois revient sur les looks et symboles vestimentaires de la décennie de Jacques Mesrine et du Concorde. Dix ans marqués par de grands bouleversements sociaux : davantage que Moulinex, c'est le féminisme qui libère la femme, la communauté noire s'émancipe et crée les tendances, les jeunes affichent leur indépendance... Bref, on ose, et ce jusque dans les gardes-robes. Démocratisé, le jean devient unisexe, il s'élargit jusqu'à devenir pattes d'éph, les imprimés floraux s'invitent sur... à peu près tout, grâce au satin et au vinyle les paillettes scintillent dans les discothèques, tous perchés sur des chaussures compensées aux couleurs vives. On vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ? Ils n'ont désormais plus d'excuse. E. Fortant Jusqu'au 02.03.2014, Bruxelles, Musée du Costume et de la Dentelle, 4/3/2€/ grat, lun>dim sauf mer, 10h>17h, www.museeducostumeetdeladentelle.be
LE COUP DU FANTÔME SUN YUAN ET PENG YU Ceux qui ont parcouru les salles du Tri Postal pour La Route de la soie (2010) se sont forcément arrêtés devant leurs vieillards de cire hyperréalistes se heurtant sans cesse les uns aux autres dans leurs fauteuils roulants automatiques. Sun Yuan et Peng Yu reviennent à Lille pour présenter quatre installations monumentales dans le cadre des 25 ans de la galerie Perrotin. Même humour sombre, même veine provocatrice, les machines virtuoses de ces deux artistes, formés à l’Académie des Beaux Arts de Pékin mais très controversés dans leur pays, renferment toujours une dimension métaphorique. À l’image de ce balcon faussement romantique crachant bouteilles et missives, véritable invitation au réveil des consciences face à la censure qui sévit en Chine. Marine Durand 06.09>03.11, Lille, Gare Saint-Sauveur, mer>dim, 12h>19h, gratuit, www.lille3000.com
Dimensions var iables © Sun Yuan Peng Yu, 2009
© Musée du Costume et de la Dentelle, photo : Caroline Rome
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BERND LOHAUS © DR
City Sonic Impossible d'appréhender l'étendue, la force et l'impact de City Sonic sans se rendre sur place. Afin de constater de ses propres yeux et, surtout, de ses propres oreilles, ce qui se joue dans le centre-ville montois : des dizaines d'installations, de performances et de créations sonores de défricheurs, dont les Canadiens deleuziens de Rhizome Productions. En sus des nombreuses propositions, citons Sonic Kids, des ateliers d'initiations aux nouvelles pratiques audio pour le jeune public et une Nuit européenne de la jeune création – preuve que l'avant-garde est à la portée de tous !
On ne saurait réduire Bernd Lohaus (1940-2010) aux lourdes poutres en bois d'azobé, mais ces sculptures ont fait la réputation de l'artiste allemand. Ce parcours en cinq salles permet d'approfondir notre connaissance de ce visionnaire et dessinateur talentueux – comme en témoignent ses carnets. Depuis ses premiers travaux (réalisés avec des cordes) jusqu'à ses plus récentes sculptures, fabriquées avec des cageots de fruits, Lohaus a toujours remis ses pratiques en question. Et ne cesse, depuis, de nous interroger. Jusqu'au 06.10, Grand-Hornu, MAC'S, mar>dim, 10h>18h, 6>1,25€/gratuit, www.mac-s.be
© Ph DeGobert
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07>21.09, Mons, Salle des Arbalestriers, Site des Anciens Abattoirs, Médiathèque, etc., programme complet : www.citysonic.be
JEAN ROULLAND
Étude pour l'Apocalypse © Musée des beaux-arts de Calais © E. Watteau © Adagp, Paris 2013
Plus de deux cent dessins, pastels et autres sculptures en bronze signés Jean Roulland sont mis en regard du travail d'artistes aussi prestigieux que Francis Bacon, César, Alberto Giacometti ou encore Eugène Leroy, son compagnon du groupe de Roubaix. De quoi pleinement appréhender l'œuvre d'un visionnaire décisif dans les arts de la seconde moitié du xxe siècle. Jusqu'au 05.01.2014, Calais, Musée des Beaux-arts, mar>sam, 10h>12h, 14h>18h, dim, 14h>18h, 4/2€, www.musee.calais.fr
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WILL EISNER Un esprit du siècle IL S'EN EST FALLU DE PEU POUR QUE WILL EISNER (1917-2005) TOMBE DANS L'OUBLI. À TOUT JAMAIS. MAIS UN COUP DE CHANCE, ET LE CARACTÈRE VISIONNAIRE DE L'INTÉRESSÉ, ONT RADICALEMENT CHANGÉ SA DESTINÉE. ET LA FACE DE LA BANDE DESSINÉE. LE CBBD RETRACE LE PARCOURS D'UN TALENTUEUX AUTEUR DE COMICS DEVENU LE PAPE DU ROMAN GRAPHIQUE.
N
é à Brooklyn, grandi dans le Bronx, l'enfance de ce petit juif américain aurait pu ressembler à celle de Noodles et Max, ces gamins perdus d'Il Était Une Fois En Amérique (1984). Mais Will Eisner, passionné par le dessin, passe des heures un crayon à la main et publie ses premières planches à l'âge de 19 ans. En 1940, il crée The Spirit. Un peu à contre-coeur : la mode est aux superhéros, il faut bien vivre. Alors, va pour un justicier. Mais un anti-héros désinvolte et dénué de super-pouvoirs, couvert d'un costume trois pièces, d'un feutre mou et d'un simple masque. Et assisté par un jeune Noir... vingt ans
avant les droits civiques ! Les deux exemplaires présentés à Bruxelles reflètent bien cet imaginaire inspiré des films noirs. Ce travail caractérisé par un trait fluide, tout en courbes dynamiques, des compositions épurées et des perspectives inhabituelles, ne sera pas immédiatement reconnu à sa juste valeur. L'absence et la redécouverte Au début des années 1950, en bon père de famille et fatigué de la routine des arrestations de méchants, Eisner raccroche. Donne des cours dans une école d'art new-yorkaise, illustre des revues éducatives à destination
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des... militaires, auxquelles on jette un œil étonné. De quoi sombrer tranquillement dans l'anonymat. Pourtant, coup du hasard, des archéologues d'une culture pop encore balbutiante exhument The Spirit au mitan des sixties. Défendent sa ligne, son avantgardisme, sa pertinence. Eisner est touché mais refuse le dernier tour de piste. Marqué par les audaces de Robert Crumb et de la free press – dont, honnête bourgeois, il ne partage pas les opinions politiques anarchisantes – le vieil auteur remet tout en question. À commencer par son savoir-faire... Le retour du père prodige Conceptualisant, à travers deux ouvrages, le roman graphique, Eisner souligne que le texte n'est pas le faire-
valoir du dessin, mais doit jouer à jeu égal, ou presque. Le maître se penche sur son enfance, le Bronx, ces familles entassées, ces « salauds de pauvres », comme dirait l'autre, et fait montre d'un humour noir et acerbe. Un Pacte avec Dieu ou Le Rêveur sont des preuves flagrantes de cette révolution, qui tord les cadres étriqués pour laisser place à des plans dignes d'un metteur en scène. Pour saluer cette œuvre moderne, l'exposition ne se contente pas d'aligner des planches originales, ces reliques païennes, mais présente des vidéos d'entretiens, des éditions étrangères aux couvertures variées... Un véritable tour d'horizon d'un auteur majeur qui aura eu la chance... d'en avoir une deuxième. Elsa Fortant & Thibaut Allemand
WILL EISNER, DU SPIRIT AU ROMAN GRAPHIQUE 17.09>02.03.14, Bruxelles, CBBD, 8/6/3e/gratuit, mar>dim, 10h>18h, www.cbbd.be
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Mirror for Reflectplus © Jean-Francçois D'or
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GIORGIO MORANDI, RÉTROSPECTIVE
JEAN-FRANÇOIS D'OR, MOODBOARDS
En éliminant tout superflu et en réduisant ses natures mortes et paysages à l'essentiel, Giorgio Morandi (18901964) annonçait, déjà, l'amour de l'épure qui marquerait tout un pan du xxe siècle, jusqu'à nos jours. Une centaine d’œuvres (huile sur toile, dessins, gravures et aquarelles...) retrace, chronologiquement et thématiquement, le parcours d'un peintre héritier de Cézanne et pionnier du minimalisme.
Collaborateur de M. Van Severen et H. De Pelsmacker, Jean-François D'Or ouvrait son studio voici dix ans. Cette première rétrospective dévoile un designer jouant avec les formes géométriques et les contrastes ; ainsi de ce tabouret de jardin pouvant accueillir un pot de fleur, ou de cette froide psyché posée sur une base de bois. Épurés, ces meubles véhiculent du sentiment. Au fait, les mood boards sont un outil utilisé par les designers et signifient littéralement Planches d'humeur. Un bon résumé.
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, jusqu'au 22.09, mar>dim, 10h>18h, sf jeu, 10h>21h, 10/8/6/4€, www.bozar.be
IRIS VAN HERPEN
Hornu, GHI, 22.09>15.12, mar>dim, 10h>18h, 6/4/2€, www.grand-hornu-images.be
Mode ? Sculpture ? Cet enchevêtrement de cuir, de feuilles d'acryliques, de chaînes métalliques et autres lanières de plastique constitue les créations d'Iris Van Herpen. La styliste néerlandaise confectionne des robes avant-gardistes, relevant autant de la haute couture que de l'art contemporain. Cette trentaine de pièces réalisées entre 2008 et 2012 avec une imprimante 3D est accompagnées de photographies et de vidéos montrant les œuvres portées. Un défilé virtuel époustouflant.
BARTHÉLÉMY TOGUO, PRINT SHOCK
Calais, Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode, jusqu'au 31.12, tlj sf mar, 10h>18h, gratuit, www.cite-dentelle.fr
Gravelines, Musée du Dessin et de l'Estampe, jusqu'au 29.09, mer>lun, 14h>17h, sf we, 15h>18h, 2/1€/ grat, www.ville-gravelines.fr
Dessin, peinture, installation, performance, photo, vidéo, céramique, collages… Artiste complet, Barthélémy Toguo prolonge son projet autour des migrations, baptisé The New World's Climax. Soit d'imposants tampons de bois (80 x 100 cm) aux messages déroutants (Passport, No issue ou encore Who is the true terrorist ?). À deux pas des ports de Dunkerque et Calais, cet accrochage prend un nouveau sens.
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Nina Burri, Berlin, 2009 © Peter Lindbergh
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PETER LINDBERGH, BERLIN Cet homme a créé les icônes des années 90. Claudia, Cindy, Naomi ou Kate auraient-elles connu pareille destinée sans ce photographe né en 1944 ? Depuis, l'artiste n'a pas chômé. En témoignent ces clichés de Berlin, donc (mais aussi, paradoxalement, de Paris et New York) entre 1989 et 2009. Ces grands formats (1,30 x 1,60 m en moyenne) possèdent tous la marque du maître : sensualité sophistiquée, noir et blanc luxueux, jeux d'ombres et de lumières... Lille, Maison de la Photographie, 05>30.09, lun>ven, 10h>18h, sam, 14h>18h, gratuit, www.maisonphoto.com
CHARLEROI Après Bernard Plossu en 2011 et Dave Anderson l'an passé, le photographe danois Jens Olof Lasthein tire le portrait de la cité carolo. Les deux salles du musée rendent compte d'une mélancolie ambiante magnifiée par le travail de composition de l'artiste. Ni carte postale, ni intention moqueuse ou dépréciative ici. La quarantaine de panoramiques couleur, grave et touchante, parfois prise sur le vif, évoque malgré le contexte la vitalité de la ville. Mont-sur-Marchienne, Musée de la Photographie, jusqu'au 22.09, mar>dim, 10>18h, 6/4/3€, gratuit, www.museephoto.be
LES BOUSILLÉS, L’ART DU DÉTOURNEMENT Clin d'œil : en 1967, l'exposition inaugurale du musée du verre, était également consacrée aux bousillés. Les bousillés ? De 1802 à 1937, SarsPoterie fut la capitale industrielle du verre creux. Sur leur temps de pause, nombre des 800 ouvriers rivalisaient d'ingéniosité, réalisant sucriers, lampes à pétrole, encriers... Ces deux cents pièces relèvent donc d'un art populaire méconnu, et témoignent d'une belle façon de... bousiller son temps. Sars-Poterie, Musée-atelier départemental du Verre, jusqu'au 25.11, tlj sf mar, 10h>12h30, 13h30>18h, 3/1,50€/ gratuit, www.museeduverre.cg59.fr
CORPS SUBTILS Psychiatre et professeur de yoga, le Lillois Philippe Mons possède une collection d’œuvres et documents d'art brut et d'art indien, dont Corps subtils dévoile 350 pièces. Dans ce parcours, les créations artistiques indiennes à vocation collective (religieuse et traditionnelle) sont confrontées à des œuvres d’art brut, singulières par définition. Quels liens entre le tantrisme indien et l'ésotérisme occidental ? Réponse subtile, forcément. V. d'Ascq, LaM, jusqu'au 20.10, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, grat, www.musee-lam.fr
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L'ART DU RIRE Jos Houben
théâtre
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Présenté au Prato il y a quelques mois, ce spectacle a depuis remporté un succès à Paris et valu une reconnaissance critique méritée à Jos Houben. Ici, le comédien interroge le rire : pourquoi et comment riton ? Une conférence assommante ? Que nenni ! L'Art Du Rire chatouille subtilement les zygomatiques. Qu'il mime un camembert ou défie la verticalité du corps humain, Houben décortique chaque phénomène à l'extrême, poussant l'ensemble jusqu'à l'absurdité la plus totale.
QUI SOMMES-JE ? Ludor Citrik
Ludor Citrik fantasme de retourner à l'origine du clown – mais pas seulement. L'horrible Ludor de Je ne suis pas un numéro (créé au Prato voici dix ans) s'interroge sur la constitution de sa propre personnalité, et de son rapport à l'autorité. Plus qu'un simple spectacle, Qui sommes-je ? est donc un essai sur la praxis du clown, et sur notre propre surmoi. Un témoignage d'amour et de respect envers cet art auquel l'acide Citrik se dévoue corps et âme depuis vingt ans.
VRAI/FAUX Thierry Collet
On avait applaudi T. Collet à l'occasion de Qui-Vive, qui utilisait la magie pour étudier notre rapport à l'information et au politique. Dans Vrai/Faux, ce prestidigitateur horspair aligne les expériences psychologiques interactives, quelques illusions d'optiques, et pas mal d'humour pour tester notre libre-arbitre.
Ludor Citrik © Frederic Mei
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LES TOILES DANS
LA VILLE
UTO-PISTES INITIÉ PAR LE PRATO VOICI DEUX ANS, LES TOILES DANS LA VILLE PRÉSENTENT LES CIRQUES D'AUJOURD'HUI, EN CONVIANT DES COMPAGNIES RARES DANS LA RÉGION. CETTE DEUXIÈME ÉDITION ALIGNE PAS LOIN DE TROIS GÉNÉRATIONS D'ARTISTES, DEPUIS LA COMPAGNIE XY JUSQU'À RÉMI LUCHEZ. GILLES DEFACQUE, ÂME DU PRATO, ENFILE ICI SON COSTUME DE MONSIEUR LOYAL. Commençons par le commencement : c'est quoi, le cirque ? Hésitation de Gilles Defacque. « C'est une question difficile... » Ah ! On l'a eu ! « Eh bien, donnez-moi une définition de la poésie », répond-il en souriant. « Vous voyez, c'est pas facile, hein ? Disons que le cirque croise plusieurs disciplines. C'est un art populaire et sans filtre, héritier de la Commedia dell'arte, par exemple ». On valide. Mais alors, quid des Toiles dans la Ville ? Des chapiteaux partout ? « Ah oui ! Si je le pouvais, je mettrais des chapiteaux partout ! s'enflamme le comédien. Des petits, des moyens, des grands. Il a fallu se battre pendant une vingtaine d'années pour faire accepter leur présence. Le chapiteau, c'est l'émotion
collective, l'étonnement, c'est un lieu qui sort de l'ordinaire. » Coup de filet Ce festival rejoint également la tradition, contre laquelle s'est érigée le Nouveau Cirque il y a trente ans. Depuis lors, « La situation a encore changé, la création des Centres Nationaux des Arts du Cirque ou les liens avec la danse contemporaine ont changé le rapport à cette tradition », estime le clown. Mais quel est le but, in fine, de ces Toiles ? Il est ici question de donner à voir 20 spectacles en pleine ville, de « relier des maisons, des tentes, des places, des coins de rues ». De relancer une dynamique collective pour « aller au cirque comme on va au match de foot ». Coup d'envoi, donc. Thibaut Allemand ▲
MIETTES - Rémi Luchez
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théâtre
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Tour à tour drôle et émouvant, toujours étonnant, Rémi Luchez revisite l'image du clown sur une scène épurée. Quatre poteaux de bois, une boule d'argile, une tenaille et un peu de fil de fer sont les outils avec lesquels Luchez dépeint une galerie de personnages hauts en couleurs.
CAVALE
Yoann Bourgeois & Mathurin Bolze
Cavale © Cie Yoann Bourgeois
Programme Un Tournage Imaginaire : le cirque d’un monde en fanfare & Le Tournage Imaginaire Cirque - Le Prato 22.09 Bauvin, 11h45, gratuit, & 03.10, Esplanade Lille 3, 12h30, gratuit Carnages - Cie L’Entreprise / François Cervantés 02.10, Béthune, La Comédie, 20h, 5 à 17€ (Bus - départ place Casquette, Lille Wazemmes à 18h30) Impromptu - Cie XY 02.10, Lille, maison Folie Wazemmes, 17h30 + 03.10, Lille, Esplanade Saint Sauveur, 18h30, gratuit
Deux personnages en costumes sombres défient, en vain, les lois de l'attraction. En s'appuyant sur un escalier et un trampoline ils recherchent l'équilibre idéal : lorsque l’envol d’un corps atteint son apogée et que la chute n’a pas encore débuté. Dans cette fuite désespérément belle, cette cavale perdue d'avance, le tandem s'envole, tombe, rebondit et remonte, inlassablement. Tout à la fois Icare et Sisyphe, le duo de voltigeurs remonte aux sources de l'acrobatie. Planche A4 03.10, Lille, Esplanade Saint Sauveur, 20h + 05.10, Lille, Esplanade Saint Sauveur, 18h30, gratuit
06.10, 14h>18h, gratuit
Pour le meilleur et pour le pire - Cirque Aïtal Lille, Gare Saint-Sauveur, 03.10, 20h30 / 04.10, 21h / 05.10, 19h, 17/13/8,5/5€
c/o - Jörg Müller 07.10, Lille, Espace Culture Lille 1, 20h, gratuit sur réservation
Risque Zéro - Cie Galapiat Lille, Esplanade Saint Sauveur, 04.10, 19h / 05.10, 21h / 06.10, 17h30, 17/13/8,5/5€ Cavale - Yoann Bourgeois & Mathurin Bolze Lille, Esplanade Saint Sauveur, 05.10, 17h30 / 06.10, 16h45, gratuit Week-end Conditions Extrêmes « Roues, vertige & gravité » Roubaix, La Condition Publique, 05.10, 14h>21h /
A Rovescio - Circo Ripopolo 06.10, Lambersart, Le Colysée, 15h & 17h, gratuit sur réservation
Go on (Répétition publique) Le Cirque Inachevé / Thomas Dequidt 10.10, Roubaix, Le Gymnase/ CDC, 19h, gratuit sur réservation Le Repas - Cheptel Aleikoum 10>12.10, Lille, Gare StSauveur, 20h, 17/13/8,5/5€ 22>26.10, Tournai, maison de la Culture, 20h, 10 à 20€ Cirque Misère - Cie La Faux Populaire / Le Mort aux Dents Lille, Gare St-Sauveur, 11.10,
POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE Cirque Aïtal
Un acrobate géant, une voltigeuse minuscule, un cleb's et une Simca 1000. Une heure durant, le couple enchaîne des saynètes oniriques, des portés acrobatiques, autant de numéros époustouflants sur la petite piste circulaire, à l'intérieur et autour de l'auto. Victor Cathala et Kati Pikkarainen racontent leur vie de saltimbanque autant que leur histoire d'amour. © Mario del Curto
14h30 /12.10, 18h / 13.10, 17h30, 17/13/8,5/5€ Moulin Cabot - Compagnie 2 rien merci Wambrechies, Château de Robersart, 12.10, 11h et 16h /13.10, 15h et 17h, 17/13/8,5/5€ Miettes - Rémi Luchez 13.10, Mons-en-Baroeul, Salle Allende, 15h, gratuit 14.10, Mons-en-Baroeul, Collège Lacordaire, 18h, gratuit 15.10, Armentières, Le Vivat, 20h, soirée composée avec Chloé Moglia, 19/14/7€ Opus Corpus & Rhizikon - Cie Rhizome / Chloé Moglia 15.10, Armentières, Le Vivat, 20h, soirée composée avec Rémi Luchez, 19/14/7€ 16.10, Lille, Espace Culture Lille 1, gratuit
Maiurta - Los Galindos 16.10, Lomme, maison Folie Beaulieu, 15h30 & 20h, 2€ Le Grain - Pierre Déaux & Mika Kaski 18.10, Saint-André-lez-Lille, Les Voyageurs / Le Zeppelin, 20h30, 8 à 3€ La Machine - Cie du Fardeau 19.10, Lille, Place Degeyter, 16h, gratuit Vrai / Faux - Le Phalène / Thierry Collet 19.10, Lille, Maison Folie Moulins, 15h30 & 18h30, grat
Quelle est la différence entre un jongleur ? - Cie du Cirque Improbable Lomme, Centre Régional des Arts du Cirque, 29.10 à 15h / 30.10, 19h, 5€ Le Samovar Plateau de clowns 02.11, Lomme, Centre Régional des Arts du Cirque, 19h, 5€ L’art du rire - Jos Houben 06.11, Lille, Espace Culture Lille 1, 19h, gratuit sur réservation
Qui sommes-je ? - Ludor Citrik 19.10, Saint-André-lez-Lille, Les Voyageurs / Le Zeppelin, 20h30, 8 à 3€
Ce corps qui parle - Théâtre du Mouvement 20.11, Lille, Espace Culture Lille 1, 19h, gratuit sur réservation
L’enfant mer - La Bicaudale 27.10, Lomme, Centre Régional des Arts du Cirque, 16h, 5€
du 22.09 au 20.11, Métropole lilloise, +33 (0)3 20 52 71 24, www.leprato.fr
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© Louis-Alexis Fontaine
Y A PAS DE QUOI ! APPROCHEZ MESSIEURS DAMES ! LA COMPAGNIE 2 RIEN MERCI A PLANTÉ SA BARAQUE À VIEUX-CONDÉ. ELLE VOUS PROMET UN VERTIGE D'ILLUSION ET D'ÉTRANGETÉ. UNE TRIADE DE SPECTACLES, AU CROISEMENT DU THÉÂTRE FORAIN ET DU CINÉMA À NE MANQUER SOUS AUCUN PRÉTEXTE ! GROS PLAN SUR UN PHÉNOMÈNE. « Nous ne sommes ni acrobates, ni jongleurs, on se contente de stimuler l'imagination, de faire bouillir l'air » explique Jérôme Bouvet, co-fondateur de la compagnie. Emmené par trois énergumènes au langage quasi dadaïste, le spectateur plonge dans un imaginaire forain déroutant. L'aventure débute dans une baraque de foire (ici, une yourte) avec Moulin Cabot, un hommage au cirque de peu, grouillant de vieilles caisses en bois sur fond de lumière sépia. Ensuite, place au cabaret de curiosités, le fameux Gramoulinophone qui exhibe des phénomènes de foire, entre deux gags et tours de magie improbables. Nos personnages s'emparent enfin, des balbutiements du septième Art. Leur Moulinoscope présente des objets filmiques dont les escargots sont parfois les héros ! En sus de ces installations vivantes, la compagnie dévoile un « one-man-band à trois têtes ». Ce Minifocus délecte les esgourdes enfantines d'un concert électro blues forain, emmené par un montreur d'ours. Pour Delphine Duong, de l'équipe organisatrice du Boulon, « cette trilogie est à l'image de la saison : familiale, révélatrice de projets singuliers, soutenant la création et les formes pensées pour la rue ». Rendez-vous au prochain tour de piste. Elsa Fortant MOULIN CABOT (à retrouver aux Toiles dans la Ville, voir p.80), GRAMOULINOPHONE, MOULINOSCOPE, MINIFOCUS 27>29.09, Vieux-Condé, Le Boulon, 3e par spectacle, www.leboulon.fr
© Svend Andersen
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PASSE TON BACH D'ABORD ! JEAN-SÉBASTIEN BACH EST UN GÉNIE, L'AFFAIRE EST ENTENDUE. MAIS DE SON VIVANT, LE THOMASKANTOR NE FUT PAS CONSIDÉRÉ AINSI. D'AILLEURS, QUE SAIT-ON DE L'HOMME DERRIÈRE LE MYTHE ? C'EST CE QU'IMAGINE ALEXANDRE ASTIER, COMÉDIEN ET MUSICIEN ACCOMPLI, LE RESSUSCITANT AVEC HUMOUR ET GRAVITÉ, DANS UNE PIÈCE TENDRE ET FÉROCE. L'œuvre de Bach influença Mozart ou Beethoven, mais ce n'est qu'au xixe siècle que l'on prit la mesure de son talent. Autant dire que le Bach que l'on rencontre ici n'est pas encore auréolé de gloire. Le Kapellmeister donne, contraint et forcé, une leçon de musique à la populace (oui, c'est nous). L'occasion pour Astier, légendaire roi de Kaamelott, de prendre ses accents soupe au lait en dissertant sur le point et le contrepoint, les bémols et autres clés de sol – mais aussi de mi, de fa... Vous êtes perdus ? Tant mieux, c'est volontaire. Sont cependant révélés deux ou trois trucs que l'on n'oublie pas de sitôt – sur la musique chinoise, entre autres. Mais ce Bach ne parle pas uniquement de musique, et les amateurs d'Alexandre Astier retrouvent son art consommé de la prose, du rythme, de cette petite musique qui fit tout le sel de Kaamelott, série relevant du théâtre au petit écran. Jean-Christophe Hembert (le célèbre Karadoc) signe une mise en scène sobre et inventive (ce tableau transformé en escalier, par exemple) et rend justice au texte et au jeu du comédien lyonnais. Le Cantor de Leipzig apparaît humain, irritable, emporté contre la bêtise des Hommes et, moitié ivre, contre l'injustice de Dieu. Ironie du sort : le compositeur signa des dizaines d'odes au Tout-Puissant, qui lui prit dix de ses vingt enfants... Thibaut Allemand QUE MA JOIE DEMEURE ! 30.09>02.10, Valenciennes, Le Phénix, 20h, 40/35€, www.lephenix.fr
Raymond © Danny Willems
TOERNEE GENERAL
À LA SANTÉ ROI ! DU
LE 21 JUILLET DERNIER, LORS DE L'ACCESSION AU TRÔNE DE PHILIPPE (OU FILIP, C'EST VOUS QUI VOYEZ), FUT LONGUEMENT ÉVOQUÉE L'UNITÉ, FRAGILE, DU ROYAUME DE BELGIQUE, TIRAILLÉ ENTRE SES COMMUNAUTÉS LINGUISTIQUES. HEUREUSEMENT, AUCUNE ANIMOSITÉ ENTRE LE KVS ET LE THÉÂTRE NATIONAL : ÉCHANGE ET PARTAGE SONT LES MAÎTRES-MOTS D'UNE TOURNÉE GÉNÉRALE QU'ON PAIE BIEN VOLONTIERS ! Qu'est-ce qui sépare le KVS, néerlandophone, du Théâtre National, francophone ? 385 mètres, soit six minutes à pied, selon Mappy. Impossible de s'ignorer. Depuis 2007, les deux institutions s'invitent l'une chez l'autre, proposant leurs coups de cœur (pas forcément leurs propres productions) sus-
ceptibles de plaire au voisin. L'occasion de découvrir des spectacles surtitrés pour l'occasion – chose rare, car chère. Bien sûr, le langage utilisé joue un rôle dans l'interprétation : plus guttural, le néerlandais induit un jeu plus physique que le français, comme l'expliquait Jos Verbist, qui mit en scène Baal, de
David Van Reybrouck et l'Afrique, c'est une longue histoire. Dans le désordre, Citons L’Âme des termites (créé avec Josse De Pauw), Le Fléau, ou encore Congo, Une Histoire. Bref, cet universitaire connaît son sujet. Missie est un monologue inspiré de ses nombreux entretiens avec des missionnaires de tous ordres. De ces rencontres, l'auteur (athée) a tiré un spectacle pétri d'humanité, et d'humour. Un théâtre documentaire qui interroge la question de l'engagement sans aucun manichéisme. 05&08.10, Grande salle (en français), 20h15 Missie © Koen Broos
RAYMOND Brecht, dans les deux langues – et dont le premier rôle était tenu par le francophone Vincent Hennebicq, qui présente ici Heroes (Just For One Day). Le monde est petit, non ? À regarder plus près ces six propositions, on s'aperçoit que les valeurs sûres invitées ici (Joël Pommerat, Fumiyo Ikeda et Alain Platel ou Fabrice Murgia...) collaborent parfois, par-delà les idiomes. À l'aise dans les deux langues, Josse de Pauw récite ainsi un texte de Thomas Gunzig, et rend hommage à Thelonious Monk en compagnie de Kris Defoort. Enfin, soulignons qu'Arno, le Belge définitif, conclut les festivités. Pour l'anecdote, le chanteur clôt également Bazaar België (voir p.76). À croire que la stabilité du pays repose davantage sur les épaules du vacillant Arno que sur celles du nouveau monarque. Thibaut Allemand ▲
Thomas Gunzig, Manu Riche, Josse De Pauw
Raymond Goethals en quelques mots ? Un entraîneur visionnaire, qui rhabilla les diables rouges en blanc (si si!) et emmena l'OM à la conquête de la Champion's League. Bref, pas de la petite bière. Mais de ça, Thomas Gunzig se fout, ou presque. Si l'on croise Scifo ou Maradona, le football est ici prétexte et la pelouse, une grande métaphore de la vie. Mis en scène par Manu Riche (réalisateur, pour Strip-Tease) et incarné, dans les deux langues, par l'incontournable Josse de Pauw, ce Raymond est un solo enlevé sur l'existence, ses affres, ses doutes. Magistral. Lire notre interview de Thomas Gunzig p.112 09>11.10, Grande salle (en français et néerlandais), 20h15, sf mer, 19h30
& théâtre
Texte de David Van Reybrouck Mise en scène de Raven Ruëll
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MISSIE
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DISCOURS À LA NATION Texte et mise en scène d’Ascanio Celestini
De l'autre côté des Alpes, on dit que traduire, c'est trahir. On n'a pas découvert ce texte de Celestini, figure du théâtre-récit, en italien, mais cet humour noir supporte bigrement le passage au français, surtout lorsqu'il est manié par David Murgia. Ici, la lutte des classes vue du côté du manche : ou quand les puissants s'expriment, avec franchise, souvent, et cynisme, toujours. 12.10, KVS/BOX, 20h30
AU THÉÂTRE NATIONAL
et aussi
À LOUER, Peeping Tom 02&03.10, Grande salle, 20h15, 16/12€
NINE FINGER, KVS & ROSAS 04&05.10, Salle Jacques Huisman (en anglais surtitré français et néerlandais)20h30, 16/12€
AN OLD MONK, Josse De Pauw/Kris Defoort 06&07.10, Salle Jacques Huisman (en français), dim 15h, lun 20h30, 16/12€
ARNO en concert 13.10, Grande salle, 20h, 35/30€
AU KVS LA GRANDE ET FABULEUSE HISTOIRE DU COMMERCE, Joël Pommerat
© Antonio Gomez Garcia
LE SIGNAL DU PROMENEUR, Raoul Collectif 02.10, KVS/Box (en français et néerlandais), 20h30, 16/12€
AN OLD MONK, Josse De Pauw Kris Defoort 03&04.10, KVS/Box (en néerlandais), 20h30
HEROES (JUST FOR ONE DAY), Texte et mise en scène de Vincent Hennebicq 06&08.10, KVS/Box (en français surtitré néerlandais), 20h30
LES ENFANTS DE JEHOVAH, Texte et mise en scène de Fabrice Murgia/Cie Artara 07&08.10, KVS/Bol (en français surtitré néerlandais), 20h
01>03.10, KVS/Bol (en français surtitré néerlandais), 20h, Complet !
TOERNEE GENERAL 2>13.10, Bruxelles, Théâtre National & KVS, 16/12€, Pass 3 spectacles : 30€ // Concert d'Arno : 35/30€, www.theatrenational.be, www.kvs.be
© DR
© Marie Taillefer
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A QUEEN OF HEART
ORPHELINS
La voix envoûtante de Rosemary Standley (Moriarty), simplement accompagnée d'un pianiste, revisite les standards du Great American Songbook, soit la musique populaire américaine des années 1920 à 1960. On croise alors Cole Porter, Nina Simone, Kurt Weill, Peggy Lee, mais aussi Bryan Ferry ou Rita Hayworth... La metteure en scène, Juliette Deschamps, fille de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff (Les Deschiens), qui baigne dans la musique depuis toujours, a déjà collaboré avec -Mou Les Françoises (Rosemary, Camille, Olivia Ruiz, Emily Loizeau, La Grande Sophie, Jeanne Cherhal et Iko). Reposant sur une finance participative (ou crowdfunding), le projet a déjà récolté 7 000 €, permettant la réalisation d'un rideau par un tapissier et la création de robes d'époque époustouflantes par la costumière Vanessa Sannino (La Scala). Un succès avant l'heure ! Elsa Fortant
« Je veux que mes pièces soient sous tension. Que le public adore ou déteste, ça le regarde, tant qu'il ne s'ennuie pas », a déclaré Dennis Kelly, auteur d'Orphelins. Défi relevé ici : Liam rentre chez sa sœur Helen le visage couvert de sang. Pourquoi ? A-t-il réellement aidé un jeune blessé sur le trottoir, comme il le prétend ? Ses explications sont contradictoires... Ce huis-clos familial met le spectateur mal à l'aise, posant la question : « Qu'aurais-je fait ? ». Sur fond de violences urbaines, ce thriller psychologique interroge l'intimité d'une famille et les rapports entre la morale et le droit. Le rythme haletant et les répliques courtes renforcent le sentiment d'oppression. Patrice Minke, qui avait monté le dérangeant La Société Des Loisirs, devrait rendre justice à ce monument du théâtre anglais contemporain. Thibaut Allemand
25&26.09, Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 20>9€, www.theatredarras.com
24.09>19.10, Bruxelles, Théâtre de Poche, mar>sam, 20h30, 16/13/11/8€, www.poche.be
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Escorial © Koen Broos
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C(H)ŒURS 01.09, 03>07.09
SACRE Alain Platel
Avec les œuvres de Verdi, Wagner et plus de 80 chanteurs, danseurs et musiciens issus des Ballets C de la B et du Teatro Real de Madrid, Alain Platel s'intéresse aux tensions entre le groupe et l'individu. Platel fait danser ses choristes et les place au... cœur du dispositif scénique. Physique, abstraite et déroutante, cette chorégraphie tend les corps à l'extrême. Lorsque l'assemblée devient foule, quelle est la place de l'individu ? BRUXELLES, Th. De la Monnaie, 20h sf 01.09, 15h, 80/70/60/40/20/12€, www.lamonnaie.be
ESCORIAL 10&12.09 M. de Ghelderode/J. De Pauw
Cette histoire de reine empoisonnée, de roi assassin et d'amant inconsolable est typique de l’œuvre de Michel de Ghelderode (1898-1962), créateur d'un univers où se mêlent fantastique, grotesque, macabre... Accompagné du Collegium Vocale de Gand, Josse de Pauw propose une mise en scène visuelle et sonore ahurissante traversée d’aboiements, de cloches... et des chants polyphoniques de Roland de Lassus. BRUXELLES, KVS, 20h, 25/22/21/18€, www.kvs.be // LILLE, Opéra, 18&19.02.2014 // ANVERS, deSingel, 01&02.03.2014
13>15.09
Sasha Waltz & Guests
Sasha Waltz, qui avait chorégraphié les rythmes complexes et les superpositions d'accords de Stravinsky pour le Théâtre Marinsky, revisite ici son travail avec ses danseurs. En deuxième partie, la compagnie reprend Jagden Und Formen (2008), dont le compositeur Wolfgang Rihm retravaille la partition pour l'occasion. On pensait connaître ces deux œuvres, elles sont à (re)découvrir. BRUXELLES, Th. De la Monnaie, 20h sf dim, 15h, 60/45/40/25€, www.lamonnaie.be
INADAPTÉ 20>22.09
D'après R. Goetz/P. Camus
Cette adaptation de Chez Les Fous, premier roman de l'Allemand Rainald Goetz, suit le parcours d'un jeune psychiatre débutant. Se jouent ici les rapports entre patients et médecins, le quotidien médical, les diverses techniques utilisées (de l'analyse aux électrochocs)... Interprétée en temps réel, ou presque, cette initiation est divisée en trois parties, données durant toute la saison. De quoi nourrir notre réflexion, d'autant que cette création est accompagnée d'ateliers. Un pari un peu fou ? C'est le principe. BRUXELLES, Th. Océan Nord, 20h30, sf dim, 18h, 10/7,5/5€, www.oceannord.org
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Carnages © François Saint Rémy
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AGENDA
FUSÉE
L'AMOUR, LA GUERRE
25.09>05.10 Clinic Orgasm Society
01>05.10 & 08>12.10 D'après Shakespeare/ S. Alaoui
Après Pré (et son héroïne flanquée d'une vulve disproportionnée, mais dotée de superpouvoirs), et Blé (inspiré de l'expérience de Milgram), la COS conclut sa trilogie interrogeant les normes. Ici, une rencontre extraterrestre. Au vu des créations déjantées du collectif, inutile de tenter le début du commencement d'une description.
Deux ans après avoir scruté la mélancolie en s'inspirant de Melville et de Witkiewicz (I Would Prefer Not To), Selma Alaoui et ses sept comédiens s'attaquent à Shakespeare via ses ressorts et ses archétypes : Diane, mélange de Cordélia et d'Hamlet, cherche l'amour sur fond d’enjeux politiques, financiers et familiaux. L'amour comme moteur de la révolte, voire de l'Histoire ? Autant de questions (éternelles) posées par une création qui confirme le talent d'Alaoui.
BRUXELLES, Th. De La Balsamine, 20h30, 20/14/12/8/6/4€, www.balsamine.be
PETITS CHOCS DES CIVILISATIONS 27.09 Fellag
BRUXELLES, Les Tanneurs, 20h30, 10/7,5/5€, www.lestanneurs.be
CARNAGES
Le choc des civilisations. De cette carabistouille inventée par de sinistres réacs, Fellag fait un spectacle, en prenant les clichés à rebrousse-poil. Et puisque le plat préféré des Français est le couscous (si si !), le voici coiffé d'une toque, libérant un humour épicé sans jamais pédaler dans la semoule. Les vieilles peurs ancestrales comme les problèmes de visa sont passées à la moulinette d'une valeur sûre, mais discrète, de l'humour d'ici. Et de là-bas – à moins que ce ne soit l'inverse.
02&03.10 François Cervantes/Cie l'Entreprise
SAINT-POL-SUR-MER, Centre Romain-Rolland, 20h30, 12€, www.lebateaufeu.com
BÉTHUNE, La Comédie, 20h, 18>7€, www.comediedebethune.org
Dans cette onzième création, l'Entreprise questionne la marginalité et l'altérité à travers les figures de sept clowns, dont certains inspirés des grands pitres du début xxe (Pipo et Rhum, les frères Fratelli...). La compagnie marseillaise investit un théâtre abandonné et, face au public, fonde une nouvelle société, évoquant avec poésie comment le clown circassien, forain, est devenu clown de théâtre.
« LE SUPERMARCHÉ
EST UNE GRANDE
SCÈNE DE THÉÂTRE »
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INTERVIEW
THOMAS GUNZIG Écrivain en promotion Propos recueillis par ¬ Sylvain Coatleven Photo ¬ Thomas Gunzig © B. Maindiaux
ÉCRIVAIN, DRAMATURGE, CHRONIQUEUR RADIO, ENSEIGNANT, LE TOUCHE-ÀTOUT THOMAS GUNZIG MANIE LA NONCHALANCE ET L'HUMOUR CORROSIF. EN TÉMOIGNE SON QUATRIÈME ROMAN, IMPOSSIBLE À RÉSUMER (MANUEL DE SURVIE À L'USAGE DES INCAPABLES). S'Y CROISENT DES EMPLOYÉS DE SUPERMARCHÉ, UN BALEINIER, QUATRE JEUNES AMBITIEUX ET DES RÉFÉRENCES CONTRE-CULTURELLES SUR FOND D'ATTENTAT ET DE LICENCIEMENT ABUSIF. RENCONTRE EN FORME DE JEU DE PISTES. Pourquoi avoir choisi le supermarché pour décor de ce roman ? Depuis tout petit, j'aime déambuler dans les rayons, regarder le bel ordre des produits. J'ai choisi ce décor pour m'intéresser à son envers. C'est Alice aux Pays des Merveilles, mais inversé. Assez épouvantable. J'aime le contraste de la merveille et de l'épouvante.
cas, des gens qui souffrent, qui doivent accepter des rapports d'autorité et la violence qui en découle. Ce monde ne semble pas du tout fait pour l'être humain et le bonheur. Sans oublier la question de la liberté individuelle contrariée par la consommation et l'argent. L'écriture évoque parfois JG Ballard. C'est étrange, car je suis fasciné par les bouquins de Ballard. J'en ai achetés beaucoup sur la foi d'une chronique, mais je n'arrive pas à les lire, pas
Un lieu traversé par l'ambition, la compétition et la lâcheté... C'est ce que la société actuelle produit. Des compétiteurs dans certains ▲
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même les nouvelles. C'est très difficile et assez cérébral. En fait, j'ai du mal avec les essais car je ne peux pas me concentrer plus de 38 secondes sur un texte philosophique. C'est un problème de connexions neuronales, je pense. Je préfère les romans, les histoires, voire des ouvrages très techniques, des traités de marketing comme ceux que j'ai lus pour le Manuel.
au cinéma, d'auteur comme des blockbusters. J'ai beaucoup lu de science-fiction, mais aussi des classiques, comme Madame Bovary. Sans oublier la vie quotidienne. C'est pourquoi le supermarché m'intéresse. Il y a là une mise en scène et une dramaturgie : les chefs de rayon, les caissières, les clients, la musique, la lumière, c'est une grande scène de théâtre !
Alors quelles sont vos influences revendiquées ? Je suis un fan des Monty Pythons, dont l'humour est impossible à copier. J'aime les bonnes idées, et il y en a beaucoup
Comment qualifieriez-vous votre humour ? De l'humour noir, de l'ironie, ou du cynisme ? Pas du cynisme, car c'est un humour de crapule, du type « le monde souffre et c'est très drôle ». Je préfère l'ironie. Mais ici, c'est surtout de l'humour noir. Avez-vous vraiment réglé un litige avec un éditeur par un combat de karaté ? Oui ! Un éditeur belge qui avait publié certaines de mes nouvelles a fait faillite en s'accrochant à mes droits. Comme je souhaitais absolument publier ces textes au Diable Vauvert, je lui ai proposé de les racheter ! En vain. Puis, j'ai lu qu'il pratiquait le Taekwondo. Ayant moi-même fait du karaté, je lui ai proposé de régler cette histoire, sous forme de boutade, sur un ring. Or, il a accepté, en posant ses conditions quand même: une confrontation au salon du livre de Bruxelles, pour se faire un peu de publicité... Du coup, je me suis entraîné pendant les deux mois qui ont précédé le combat. Assez viril, puisque le sang a coulé, mais j'ai finalement récupéré mon dû !
À lire / Thomas Gunzig, Manuel de survie à l'usage des incapables, Éd. Au Diable Vauvert, 420p., 18€
Photos ¬ © Willy Vanderperre, I-D n°314, Pre-Fall 2011 /© Collier Schorr, I-D n°273, February 2007 / © Kacper Kasprzyk, I-D n°312, Spring 2011 / © Willy Vanderperre, I-D n°304, Winter 2009 / © Collier Schorr, I-D n°273, February 2007 / Cover © Daniele + lango, I-D n°323, Pre-Spring 2013
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SAINt-SIMONS PETIT PAYS POUR GRANDS COUTURIERS, LA BELGIQUE A VU NAÎTRE DANS LES ANNÉES 1980 UNE SCÈNE AVANT-GARDISTE, NOTAMMENT INCARNÉE PAR LE STYLE NOVATEUR, ÉPURÉ, PRAGMATIQUE ET MODESTE DES « SIX D'ANVERS ». TERRY JONES, FONDATEUR ET DIRECTEUR ARTISTIQUE DU MAGAZINE I-D, REND HOMMAGE À L'UN DE LEURS PLUS DIGNES SUCCESSEURS, RAF SIMONS.
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Il aura suffi d'une collection, la première, en 1995, pour que Terry Jones tombe sous le charme du style minimaliste de l'autodidacte. Architecte de formation, rien ne prédestinait Raf Simons au stylisme, jusqu'à ce que la mode se révèle à cet ancien designer industriel en 1991 grâce à Martin Margiela, illustre couturier belge lui aussi. Entre les cent vingt pages de portfolios photographiques, de longues interviews issues des archives du mensuel britannique reviennent sur les étapes-clefs de la carrière – atypique
TERRY JONES, RAF SIMONS, Éd. Taschen, 120p., 29,99€
et fulgurante – du quadragénaire. Ses différentes nominations, la création de sa marque pour hommes, Raf by Raf Simons (2005), et même des projets plus ouverts, citons la création de bijoux pour Minus, le label de Richie Hawtin, ou sa collaboration avec Eastpack. Une approche singulière Ses principales influences ? La rue, la musique et les arts en général. Raf Simons capture dans ses créations une humeur, un sentiment, une attitude. Habitué des silhouettes masculines, sa récente accession à la direction artistique du département haute couture Dior est un véritable challenge. S'inspirant de l'héritage New Look, le successeur de John Galliano dévoile une élégance empreinte de poésie, assoyant sa maturité et sa maîtrise des coupes et des matières, par ailleurs mise en valeur grâce au format de l'ouvrage (29,6 x 42cm). Proche de l'artbook, pièce de collection. Elsa Fortant
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LE CORPS HUMAIN, Paolo Giordano (Éd. du Seuil) Qu'est-ce qu'un soldat, aujourd'hui ? Un être bardé de technologies, de gilets pare-balles, de drones, de radars ? Peut-être. Mais sous la carcasse, que reste-t-il ? De la chair, des os, du sang et des sentiments. Le deuxième roman de Paolo Giordano propulse ces corps en Afghanistan, les dissèque dans ses moindres manques, besoins, carences, les éclate dans des scènes de combats absurdes, avant de finalement les rapatrier - corps sans vie. Le peloton Charlie conduit une mission de paix dans le désert afghan. Pourtant, on dirait la guerre : objectifs aberrants, problèmes de ravitaillements, ordres venus d'on ne sait où. D'en haut ? Personne n'y croit. Perdu dans ce maëlstrom, le lieutenant Egitto, médecin, rafistole les membres et les boyaux comme il peut. Et soigne les consciences, aussi, à commencer par la sienne. Chirugicale, la plume de l'Italien offre de ressentir ce que vit le combattant – dans sa chair et son âme : les conflits avec ses proches sur ces terres lointaines, les blessures corporelles, la détresse psychologique et ce corps solitaire qui, bon sang, ne saurait mentir. 420p., 22€. François Annycke
LE PRODUIT Kevin Orr (Éd. du Seuil) Pour son premier roman, Kevin Orr met en scène l'addiction, ou plutôt la désintoxication. Le narrateur (Parisien et trentenaire, comme l'auteur), en vacances à New-York pour visiter des proches, décide d'arrêter. Arrêter le produit, pour ne pas mourir. Jamais nommée, cette substance représente tout ce contre quoi l'Homme lutte. Et si la solution, c'était l'écriture ? Kevin Orr joue avec les formes – en témoigne l'ouverture, en forme de pastiche déroutant – et, à la manière d'une catharsis, ce journal intime rend compte, jour après jour, heure par heure, des questionnements, des peurs et des doutes existentiels, le tout dans une langue viscérale. Rythmé mais parfois trop syncopé, l'ouvrage nous interpelle, sans pour autant nous bouleverser. 208p., 17€. Elsa Fortant
LIVRES LES RAYONS DU SOLEIL Nicolas Bouyssi (Éd. P.O.L.) Un recueil de nouvelles s'apparente parfois à un exercice de style. C'est l'occasion de varier les tons, les personnages, les univers ; ou d'explorer les mêmes mais différemment. Cet ouvrage s'inscrit dans cette dernière catégorie. On y trouve des personnages souvent en retrait du monde, buttant sur un quotidien routinier, préférant le refuge en forêt à la vie ordinaire, évitant de se dévoiler aux autres. Ils sont souvent vides, avec cette clé, peut-être : « Le vide effraie autant qu'il fait envie, voilà pourquoi il m'attire ». Ça croustille sous la dent, c'est drôle parfois, acide souvent ; mais aussi froid, caustique, et peuplé de fantômes. 176p., 15€. François Annycke
GÉNÉRATION A Douglas Coupland (Éd. Au Diable Vauvert) Auteur du remarqué Génération X (1991), Coupland présente de nouveaux rejetons. Ici, le Canadien imagine un futur proche où les abeilles ont disparu. Reprenant la structure de son premier roman (sans les cases de BD et dictionnaire dans la marge), il y croise les récits à la première personne de Diana, Samantha, Harj, Julien et Zack. Leur point commun ? Celui d’avoir été piqué, aux quatre coins du monde, par la belle butineuse. De quoi attirer l’intérêt des scientifiques qui les étudient. Et le Web de propulser le quintette au rang de célébrité. Douglas Coupland raconte des histoires et évoque notre société avec ironie dans un roman qui...pique notre curiosité ! 368p., 20€. Benjamin Perez
IDIOPATHIE Sam Byers (Éd. du Seuil) En Angleterre, la Transe Idiopathique Bovine plonge les troupeaux dans un état végétatif. Une métaphore de notre époque, vu les protagonistes : trois trentenaires apathiques. En échec professionnel et amoureux, Katherine se venge sur les autres par les sarcasmes. Daniel, son ex, semble avoir mieux rebondi. En apparence. Le retour d'un ami disparu, Nathan, les contraint à se revoir. Des retrouvailles calamiteuses empreintes de rancœur, de culpabilité, de silences gênés. Glissant des piques envers certaines figures des sociétés modernes (bobos, adeptes du développement personnel...), ce premier roman promettait beaucoup. Mais ces personnages constamment apitoyés sur leur sort en deviennent irritants. Reste un récit peu drôle et trop lent. Dommage ! 352p., 21,50€. Sandrine Allanic
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PENDENTIF Mafia Douce (Discograph/Harmonia Mundi)
Single liminaire de Pendentif et fausse profession de foi, God Save La France contenait ce vers évocateur : « J’ai quitté mon pays pour gagner l’élégance ». L'exil est-il nécessaire ? À l'écoute de Mustang, Aline, Lescop, Yan Wagner, La Femme (et beaucoup d'autres, voir ci-contre) rien n'est moins sûr. À moins d'aller farfouiller par-delà les mers pour nourrir sa pop d'éclats électroniques, hédonistes et nacrés. Le genre de choses dont seuls les Anglais et Américains sont capables, pensent les béotiens. Or donc, ce quintette bordelais né il y a trois ans signe un premier LP qui fera date – et des émules, forcément. Sans jamais verser dans l'étalage d'érudition, ces douze titres permettent de déceler des influences, conscientes ou non (de Sarah Records à New Order, d'Elli à Memory Tapes, qui a d'ailleurs remixé l'engageant Embrasse-Moi). Ces balises posées, ces jeunes gens (vraiment) modernes slaloment entre les langues et les ambiances, languides ou frénétiques, et signent des chansons nerveuses et sensuelles, chipies et mélancoliques, contant des souvenirs de fêtes, des lendemains qui chantent, des histoires d'amour d'un soir ou d'un été... Une adolescence qui n'en finirait pas, en somme. Thibaut Allemand
JAGWAR MA Howlin (Marathon Artists/PIAS) Avec The Throw, single paru il y a quelques mois, Jagwar Ma avait frappé très fort : tout droit échappé d’un Madchester extatique, le duo reprenait le flambeau de génies tels The Stone Roses ou Happy Mondays. Aussi, la sortie de ce premier album permettait tous les espoirs : le retour du baggy, des guitares et de l’acid house, la réouverture de l’Haçienda, voire l’imminence d’un grand summer of love 2013. Il faudra se contenter d’une poignée de bonnes chansons, honnêtes relectures d’un héritage mancunien, tout en montée et en intensités. Finalement, c’est peut être cette notion d’honnêteté qu’il faut retenir de ce disque, tant le groupe semble respectueux de ses influences, et de ses auditeurs. C’est déjà beaucoup. Sylvain Coatleven
DISQUES FRENCH POP, A
AFTER DARK II
French Speaking Compilation (Bordeaux Rock/ DDP/Differ-Ant)
(Italians Do It Better/La Baleine)
L'an passé, paraissait Une Éducation Française, compilation censée témoigner de la vitalité hexagonale. Bonne idée, mais l'excellence (Lescop, La Femme) y côtoyait l'indigence (Hyphen Hyphen, Woodkid). Surtout, manquaient des hérauts de la francophonie pop moderne (Mustang, Aline, Pendentif...), et tant d'impétueux impétrants, amoureux de guitares claires et de lignes synthétiques. L'injustice est réparée, mais impossible, hélas, de tout citer. Alors, penchons pour la synthpop candide mais vénéneuse de Cinema, ou Marc Desse, héritier potentiel de D. Darc. Enfin, saluons simplement l'initiative : il ne s'agira pas, dans vingt ans, de regretter d'avoir bêtement manqué ces artistes. T. Allemand
Certes, Chromatics avait marqué 2012 de son empreinte et dévoilé l'étendue du génie de Johnny Jewel, tête pensante du label Italians Do It Better. Abusivement rangée, sur la seule foi de son nom, dans le revival italo-disco, la structure devrait définitivement dissiper le malentendu avec ce second florilège. Derrière les fers de lance (Chromatics, Glass Candy, Desire), est donnée l'occasion de (re)découvrir une nouvelle BO imaginaire de Simmetry (émanation de Jewel itou), le post-punk synthétique et oppressant de Farah ou le tandem Appalloosa et l'accent frenchy but chic de sa chanteuse. À la fois varié et complètement cohérent, After Dark II n'est pas seulement une compilation. C'est également l'un des grands disques de l'an 2013. T. Allemand
AU REVOIR SIMONE Move In Spectrums (Moshi Moshi Records/PIAS Cooperative) De mélodies simples, emballées dans des arrangements un peu régressifs, Au Revoir Simone avait su tirer jusqu’ici bien plus que la traduction sonore d’un rêve à la David Hamilton. Et le second album du trio new-yorkais (Still Night, Still Light, 2009) était même parvenu à faire entrer un peu de tranchant et de noirceur dans le cadre. Quatre ans plus tard, hélas, on n’arrive plus à se faire de film : Move In Spectrums sent la formule, juxtaposant les caractéristiques les plus saillantes de leurs anciennes compositions (Just Like A Tree : terrible impression de déjà entendu), sans en retrouver la grâce naïve – ni l’impact occasionnel (Crazy reste bien sage). Un rêve dont on essaie trop consciemment de restituer le charme et les contours n’a jamais la même saveur... F-X Béague
agenda
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CONCERTS MAR 03.09 GENERATION OF VIPERS + SEVERE Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e MY BLOODY VALENTINE Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 35e HAKEN Verviers, Spirit Of 66, 20h, 17e
MER 04.09 LISTENER + BENEATH THE SEAS Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e METROPOLICE : TRIBUTE THE POLICE Lille, Le Spotlight, 21h, 8e
JEU 05.09 KING KHAN & THE SHRINES Bruxelles, Magasin 4, 19h, 16/13e STEVE HOGARTH Verviers, Spirit Of 66, 20h, 25e SEUN KUTI & EGYPT 80 Borgerhout, De Roma, 20h, 26/24e SECRET GARDEN : TRIBUTE DEPECHE MODE Lille, Le Spotlight, 21h, 10e
VEN 06.09 AUTUMN ROCK FESTIVAL : MISTER COVER + GRAND JOJO + JOHNNY FLASHBACK + MACHINE GUN Braine-le-Comte, Parc Du Champ De La Lune, 18h, 8e/ Pass 2 Jours 30e BRAIDS Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/13/10e FORRÓAGOGO : COLLECTIF BRASIL AFRO FUNK Lille, Barraca Zem, 20h, 5/4/3e MAHLER CHAMBER
ORCHESTRA Brugge, Concertgebouw, 20h, 50/40/28/18e
LETZ ZEP : TRIBUTE LED ZEPPELIN Verviers, Spirit Of 66, 21h, 20e
MELIKE TARHAN Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 8e
DERRICK MAY + DOUBLE U JAY + CHRIS COLBURN Anvers, JCC Zappa, 23h, 10e
DAAU Leuven, 30CC, 21h, 10e
DIM 08.09
CRITICALZ #9 : MAJISTRATE + MACKY GEE + MC YOUTHSTAR Bruges, Het Entrepot, 22h, 16e
THE ROOFTOP - BY DE KREUN ET HOUSE (GRAND CRU) Courtrai, De Kreun, 14h, 10/7e
SAM 07.09
LA FÊTE DES SOLIDARITÉS : BARCELLA + CARAVAN PALACE + EIFFEL + MARC LAVOINE + SOUAD MASSI + SUAREZ + ZAZ Namur, Théâtre de Verdure Citadelle de Namur, 15h, Pass 2 Jours 25e
AUTUMN ROCK FESTIVAL : PUGGY + SUPERBUS + LE BAL DES ENRAGÉS + AQME + MELCHIOR + PERRY ROSE + GAËTAN STREEL + ABEL CAINE + THE BLACK TARTAN CLAN + BLACKFEET REVOLUTION + CÉDRIC GERVY + 14 WEEKS Braine-le-Comte, Parc Du Champ De La Lune, 14h, 25e/ Pass 2 Jours 30e LA FÊTE DES SOLIDARITÉS : AMADOU ET MARIAM + BURAKA SOM SISTEMA + DISIZ + SKA-P + STAFF BENDA BILILI Namur, Théâtre de Verdure Citadelle de Namur, 15h, Pass 2 Jours 25e FESTIVAL DTG : LES CLIQUOTEUX + SHYVAS + MLLE LAYNE ET MR ALV + MOTOLO + PSYKOKONDRIAK + VEGAS... Monceau-Saint-Waast, Brasserie Forest, 15h, nc NOSFERATU DE F.W. MURNAU : ORCHESTRE NATIONAL DE BELGIQUE Bruxelles, Bozar, 20h, 18/14/12/10e LES SLUGS + LA FRACTION + VISION OF WAR + BIÈRE SOCIALE + LA MARMITE Bruxelles, Magasin 4, 20h, 5e CHRIS JAGGER Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 12/9e
STEVE VAI Lille, Théâtre Sébastopol, 19h, 38,50/34,10e DIE SPIONE DE FRITZ LANG - AVEC STEPHEN HORNE (PIANO) & KRISTOFF BECKER (TROMBONE, VIOLONCELLE) Bruxelles, Bozar, 20h, 10e
LUN 09.09 RINGO DEATHSTAR + GUM Gand, Cafe Video, 20h, gratuit SCHUBERT QUARTETTE Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie , 20h, 39/30/25/12e THE PERPETRATORS Verviers, Spirit Of 66, 20h, 12e
MAR 10.09 NATURA MUSIC FESTIVAL : CRE TONNERRE + THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND + STÉPHANIE CRAYENCOUR + ALEK ET LES JAPONAISES + LYS + SHOES... Couvin, Site du Festival, 13h, 13/10e
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DAWES Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/13/10e MOON SAFARI Verviers, Spirit Of 66, 20h, 15e
MER 11.09 THE BLACK ANGELS Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h, 20/17/14e HOUNDMOUTH Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 19h, 14/11/8e BLACK YAYA + TURNER CODY Lille, La Péniche, 20h, 16/15e THE DREAM Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 24e THE SLOW SHOW Gand, Cafe Video, 20h, gratuit HOGJAW Verviers, Spirit Of 66, 20h, 12e
JEU 12.09 THE POPOPOPOS + EROTIC MARKET + BED RUGS Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 8/6€/Gratuit EMILIE AUTUMN Anvers, Trix Club, 19h, 19/16e THE BOXER REBELLION Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 18/15/12e FURIEUX FERDINAND Lille, L'Hybride, 19h, gratuit JAN SWERTS Hasselt, Hasselt Cultuurcentrum, 20h, 16/14,5e KLARAFESTIVAL - RADIOHEAD BY ZAPP 4 : ZAPP 4 Bruxelles, Mr Wong, 22h, 15e
VEN 13.09 LEFFINGELEUREN FESTIVAL : SQUAREPUSHER + TIGA + DAAN + GIRLS IN HAWAII +
AMENRA + COELY + DELV!S + SOLDIER’S HEART... Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 15h, 45/38e/Pass 3 Jours 89/79e JUNIP Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 10e/gratuit abonnés 4x4! VERNISSAGE D'ABRAMACABRA : DEAD ASTROPILOTS Lille, L'Aéronef, 19h, gratuit BL!NDMAN Hasselt, Hasselt Cultuurcentrum, 20h, 16/14,5e THE NOISE BELGIQUE : CASTLES + SPORT DOEN + STRUGGLIN FOR REASON + ELEVEN Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc LA MOUCHE Comines, Le Nautilys, 20h, 3/2e ABSYNTHE MINDED Borgerhout, De Roma, 20h, 20/18e
EIGHT + JACCO GARDNER + COMPACT DISK DUMMIES + AU REVOIR SIMONE + THE SPECTORS Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 15h, 45/38/ Pass 3 Jours 89/79e FLESH FACTORY FESTIVAL : HEAD CLEANER + DEN HAAN + ANKLEPANTS + ILLUSTRATION SONORE + DEVILMAN + SOUNDS OF MARS + UNAS + DJ LAZERLOVE + BUCHKAN + ALINE ALIEN + LES PLANCHES À ROULETTES RUSSES + COMPANY FUCK + NOIR BOY GEORGES + PRINCESS TWEEDLE NEEDLE & ROC ROC IT + OKC COLLECTIEF... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 18h, 15e WASHINGTON DEAD CATS Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e TONY JOE WHITE Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 30e GRIEFJOY Lille, L'Aéronef, 20h, 8/4/3e
DE PORTABLES Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 8e
COLLEGIUM INSTRUMENTALE MAASTRICHT Hasselt, Hasselt Cultuurcentrum, 20h, 20/18e
SAM 14.09
ANDREA CROONENBERGHS Diksmuide, CultuurCentrum Kruispunt, 20h, 17/15,50/5e
RAIMES FEST #15 : Y&T + PENDRAGON + AUDREY HORNE + ELVENKING + EVILE + MYRATH + BUKOWSKI + ELDORADO + EMERALD + STICKY BOYS + ASYLUM PYRE + RICKY DOZEN + KOMAH... Raismes, Château de la Princesse Arenberg, 10h, 33e DEADALUS + SEVEN TONGUES OF GOD + THE SLADEST + THE ZYGOMA DISPOSAL... Huissignies, La Marcotte, 13h, 7/5e LEFFINGELEUREN FESTIVAL : JESSIE WARE + MAX ROMÉO + THE MAGICIAN + THE HORRORS + STEAK NUMBER
N.A.M.E. FESTIVAL : COMA + CHLOÉ + APM001 + PEO WATSON Dunkerque, Le Kursaal, 22h, 12,70/8e
DIM 15.09 LEFFINGELEUREN FESTIVAL : SEASICK STEVE + TRIXIE WHITLEY + ARNO + BLAUDZUN + STRAND OF OAKS Leffinge-Middelkerke, De Zwerver, 15h, 45/38/ Pass 3 Jours 89/79e A PLACE TO BURY STRANGERS Lille, La Péniche, 18h, 17e
agenda
126
CONCERTS THE DECLINE + BLACK SHEEP + ROTYES Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc JESU + OATHBREAKER Courtrai, De Kreun, 20h, 15/12/9e
GREY + LITTLE X MONKEYS + ANTOINE CHANCE + UMAN... Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h, 9e LETLIVE Anvers, Trix Club, 19h, 14/11e
LUN 16.09
ANNA VON HAUSSWOLF Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
CHEER ACCIDENT... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e
KECAK Bruxelles, Bozar, 20h, 20e
THE MILK CARTON KIDS Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/14/11e
SLEEPING WITH SIRENS Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19e
JOHNNY DOWD Gand, Cafe Video, 20h, gratuit
DIRT RIVER RADIO Arras, Le Blue Devils, 20h, 7e
MAR 17.09
BRYAN ADAMS Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 81,50/71,50/61,50e
DAVID LEMAÎTRE Tourcoing, Hospice d'Havré, 20h, 13/10e MACKLEMORE & RYAN LEWIS Bruxelles, Forest National, 20h, 35e DANY ROSSIE Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/10/8e ASAF AVIDAN Borgerhout, De Roma, 20h, 28/26e
MER 18.09 CAPITAL CITIES Anvers, Trix Club, 19h, 20/17e CASCADEUR Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/13/10e THE BESNARD LAKE + SHEEP DOG AND WOLF Lille, L'Aéronef, 20h, 11€/ Gratuit Abonnés
JEU 19.09 NO CEREMONY Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 19h, 14/11/8e LA NUIT DU SOIR 2013 : PALE
SIRIUS PLAN Louvain-la-Neuve, La Ferme du Biéreau, 20h, 16/14/10e
VEN 20.09 AWEK + MALTED MILK + TINO GONZALES + TIFFANY HARP Grande Synthe, Palais du Littoral, 19h, nc DOOM Bruxelles, Magasin 4, 19h, 13/10e FRED AND THE HEALERS Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/13/10e INTRAMUROCK : THE BACKFIRE + PARAPHRENY + UNLIMITED BREAK + LES MARGATS GITÉS Boulogne-sur-Mer, la Faïencerie, 19h, 5€ / Pass 2 Jours 8e ASAF AVIDAN Lille, L'Aéronef, 20h, Complet ! WARHAUS Lille, La Péniche, 20h, 10/9e BRNS + LE COLISÉE + MEAN Bruxelles, Amerikaans Theater, 20h, 15/12e
SEEED Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 23e BERTRAND BELIN + STILL CORNERS Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e DE FRIVOLE FRAMBOOS Diksmuide, CultuurCentrum Kruispunt, 20h, 22/20,50/5e PSYCHIC ILLS + DEAD MEADOW + CARLTON MELTON Anvers, Trix Bar, 20h, 17/14e LUTUCRU Comines, Le Nautilys, 20h, nc JUNIP Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 22/19e N.A.M.E. FESTIVAL : MAGNETIC MAN + JAMIE JONES + FRITZ KALKBRENNER + MAYA JANE COLES + ART DEPARTMENT + CROOKERS + EROL ALKAN + WANKELMUT + DANIEL AVERY + EMIKA + RITON + ROCKY (DJ SET) + PEO WATSON + DJ EDSIK Tourcoing, La Tossée à l'Union, 22h, 29,80/23,80e
SAM 21.09 BUILT TO SPILL + DISCO DOOM Anvers, Trix Club, 19h, 22/19e INTRAMUROCK : BUG'Z + ORION + PIBROCK + 24PESOS Boulogne-sur-Mer, la Faïencerie, 19h, 5€ / Pass 2 Jours 8e YOAV Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/13/10e THE BLUES EATERS + NINA ATTAL + MITCH KASHMAR Grande Synthe, Palais du Littoral, 19h, nc LAURA MARLING Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 23e ORPHANED LAND Lille, Splendid, 20h, 20e
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ENSEMBLE MASQUES Brugge, Concertgebouw, 20h, 21e ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LA MONNAIE Bruxelles, Bozar, 20h, 39/30/25/12e PSYCHIC ILLS + CARLTON MELTON + WHITE MANNA Courtrai, De Kreun, 20h, 15/12/9e WIRE + MÚM + WOLF EYES... Bruxelles, Amerikaans Theater, 20h, 25e IGOR GÉHÉNOT TRIO Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/10/8e RAY COOPER Dranouter, Dranouter Centrum, 20h, 8/6/4e 5E SALON FAIS-LE TOI-MÊME : ADDITIVE ATARI SOUND SYSTEM + TUMBA SWING Lille, Centre Culturel Libertaire, 21h, Participation libre STEVE HOOKER Arras, Le Blue Devils, 22h, nc N.A.M.E. FESTIVAL : BOYS NOIZE + HUDSON MOHAWKE B2B RUSTIE + BOOKA SHADE + ELLEN ALLIEN & PFADFINDEREI + WHOMADEWHO + TALE OF US + ANDREW WEATHERALL + LETHERETTE + STRIP STEVE + APM001 + SIERRA SAM + ART IS A CONSEQUENCE + MATHUS RAMAN + DEIVA & DJOS Tourcoing, La Tossée à l'Union, 22h, 29,80/23,80e
DIM 22.09 MY DOG IS RADIOACTIVE Bruxelles, Beursschouwburg, 17h, gratuit THE BLACK ANGELS + ELEPHANT STONE Lille, L'Aéronef, 18h, 19/14/10e
AFTERLIVE BLACK ANGELS : SPUNYBOYS Lille, L’Aéronef, 22h, Gratuit avec billet des Black Angels BARBAROSSA Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 19h, 14/11/8e SMITH WESTERNS Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 19h, 14/11/8e
LUN 23.09 BLACK TUSK + FIGHT AMP Anvers, Trix Bar, 19h, 14/11e MOONKING Gand, Cafe Video, 20h, gratuit IS TROPICAL Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e
MAR 24.09 THE BLACK DAHLIA MURDER Bruxelles, Magasin 4, 18h, 18/15e TREMPLIN DU PÈRE NOËL ESTIL UN ROCKER ? : SORAH + THOMAS ALBERT FRANCISCO Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 3e KATE NASH Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 20/17/14e BETTENS Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 33,50/30,20e IS TROPICAL Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/gratuit abonnés SEXION D'ASSAUT Calais, La Calypso, 20h, 36>44e
MER 25.09
ALBERT LEE Verviers, Spirit Of 66, 20h, 23e LA FAMILYA Lille, maison Folie de Wazemmes, 20h, 3e ALEXANDRE THARAUD Brugge, Concertgebouw, 20h, 30/25/20/15e
JEU 26.09 GRAHAM PARKER Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 21,75e MR & MRS PAPA OOM MOW MOW + BO WEAVIL Leffrinckoucke, Digue Europlage, 19h, nc LAPSUS + ALEK ET LES JAPONAISES + HOBOKEN DIVISION + BARAKO BAHAMAS Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, nc GRAMME + BEAU FUN Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e THE FEELING OF LOVE Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/5e MESPARROW + YOHAV Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7/4/1,5e
VEN 27.09 BOZAR ELECTRONIC ARTS FESTIVAL : JUAN ATKINS AND MORITZ VON OSWALD + VATICAN SHADOW + CUT HANDS + SILENT SERVANT... Bruxelles, Bozar, 19h, 20/18€/ Pass 3 Jours 32e THE ROTT CHILDS Anvers, Trix Club, 19h, 13/10e
SPECTOR Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 19h, 14/11/8e
AUGUST BURNS RED + BLESS THE FALL Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 17/14e
FUZZ Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 18/15/12e
MGMT Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, Complet !
agenda
128
CONCERTS SPIN DOCTORS Leuven, Het Depot, 20h, 19/16/14e MARIA ISN'T A VIRGIN ANYMORE Courtrai, De Kreun, 20h, 11/8/5e À L'ÉCOSSAISE : SPOHR BRUCH - MENDELSSOHN : ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE + SOLENNE PAIDASSI Seclin, La Collégiale Saint Piat, 20h, nc AMADOU ET MARIAM Oignies, Le Metaphone, 20h, 13/10e MERMONTE + FÉFÉ + BRNS Mouscron, Plaine de Neckere, 20h, 12e MAÏA VIDAL Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, gratuit
Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 27e
DIM 29.09
LES IRLANDAIS + TOTORRO + HEY YEAH + FROWN-IBROWN + BUENAS ONDAS + COMPACT DISK DUMMIES Mouscron, Plaine de Neckere, 20h, gratuit
NADAR ENSEMBLE HAPPENING Brugge, Concertgebouw, 14h, 21e
SALOME KAMMER + DAAN VANDEWALLE Brugge, Concertgebouw, 20h, 21e
BARONESS + ROYAL THUNDER Anvers, Trix, 19h, 26/24e
ELECTRONIC GALLERY : DJ SNEAK + GLOBUL + MASSIMO DA COSTA + FABRICE LIG Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, nc DAS KAPITAL Gand, Culturell Centrum Vooruit/Theatre, 20h, 16e
AMENRA + OATHBREAKER Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 16/13e
CSS - CANSEI DE SER SEXY Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h, 20/17/14e BLACK MARKET III Arras, Le Blue Devils, 20h, 7e ORCHESTRA MOZART BOLOGNA Bruxelles, Bozar, 20h, 114/84/64/30e
SAM 28.09
BOZAR ELECTRONIC : BILL KOULIGAS + BURNT FRIEDMAN + JAKI LIEBEZEIT... Bruxelles, Bozar, 20h, 32>18e
THE VAN JETS + PING PONG TACTICS + THE FUTURE DEAD + HENRI PROSPER + MOVOCO + BEACH + MEAN + DEER... Diksmuide, Muziekclub 4AD, 14h, 15/12e
STANTON Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 10/8e
CROCODILES Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 17/14/11e
COLOUR HAZE + UFOMAMMUT Leuven, Het Depot, 17h, 19/16/14e
LA MAUVAISE FOI Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, gratuit
MOSQUITO Gand, Cafe Video, 20h, gratuit
BOZAR ELECTRONIC ARTS FESTIVAL : MODERAT + JON HOPKINS + LEE GAMGLE + HELM + BILL KOULIGAS + BURNT FRIEDMAN + JAKI LIEBEZEIT + DEADBEAT... Bruxelles, Bozar, 19h, 20/18€ / Pass 3 Jours 32e
RODRIGUE Lomme, maison Folie de Beaulieu, 20h, 14e
LE CABARET MONTÉ : NICO DUPORTAL + THE CAEZARS + BO WEAVIL + DJ ROOSTER Leffrinckoucke, Digue Europlage, 19h, 5e
TONY JOE WHITE Verviers, Spirit Of 66, 21h, 25e
À L'ÉCOSSAISE : SPOHR BRUCH - MENDELSSOHN Lestrem, Espace Culturel, 20h, nc
OHM : CLOUDS + RØDHÅD + FUBAR + TRIXY + PILOSE Courtrai, De Kreun, 22h, 15/10/7e
ED KOWALCZYK
MC METIS + HAMZA + DJ EMOHI Lille, Barraca Zem, 20h, 5/4e
FÊTE DE LA FÉDÉRATION WALLONIE BRUXELLES : THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND + ALPHA 2.1... Arlon, Entrepôt, 20h, gratuit
LIQUIDCITY ANTWERP : MADUK + RAMESES B... Anvers, Trix, 22h, 18/15e
LUN 30.09 BORN RUFFIANS Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 19h, 14/11/8e MMOSS + MASTON... Anvers, Trix Bar, 19h, 13/10e
WIZ KHALIFA Bruxelles, Forest National, 20h, 37e NOISETTES + JUAN ZELADA Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 20/15/13/10e
MAR 01.10 CLOUD CONTROL Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h, 16/13/10e ÉDOUARD FERLET Roubaix, La Condition Publique, 20h, 5/3e OLLY MURS Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 33e
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CARO EMERALD Lille, Le Splendid, 20h, 34,50e BORN RUFFIANS + MOON KING Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e NOISETTES Leuven, Het Depot, 20h, 15e CROCODILES Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
BAPTISTE TROTIGNON + MARK TURNER Tourcoing, Hospice d'Havré, 20h, 16e
CREATURE WITH THE ATOM BRAIN Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, gratuit
VEN 04.10
SAM 05.10
CHILDREN OF BODOM Anvers, Trix, 19h, 30/28e
THE COUP + THE INSPECTOR CLUZO + BALKAN BEAT BOX + THE STICKY BOYS + BURNING HOUSE Boulogne-sur-Mer, Site indutriel de Garromanche, 19h, 10/8e
LILLY WOOD AND THE PRICK Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 19h, 21/18/15e
FESTIVAL POULPAPHONE : PUGGY + WILLY MOON + GIRLS IN HAWAII + MC2 + MASCARADE + CATS ON TREES Boulogne-sur-Mer, Site indutriel de Garromanche, 19h, 10/8e
PIXIES Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, Complet !
VIVE LA FÊTE Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h, 24/21/18e
WE GOT CACTUS TOUR #2013 : BOB LOG III + ANDREW COLLBERG + THE PORK TORTA + OTHERLY LOVE + ACORN BICORN Lille, L'Aéronef, 20h, 11€ / Grat
D.A.A.U. Etterbeek, Atelier 210, 20h, 17/14e
MER 02.10
JEU 03.10 MOTORAMA Bruxelles, Botanique/Witloof Bar, 19h, 13/11/8e MAXIME LE FORESTIER Liège, Le Forum, 20h, 47/42e ANDY SCOTT Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 15e ALEX CARPANI Verviers, Spirit Of 66, 20h, 22e MURVIN JAY + POMRAD + RALPH STORM + GLOBUL Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, nc PIXIES Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, Complet ! SARAH W. PAPSUN + SWEET HAZE Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 5e ÉDOUARD FERLET Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 5e
FUCK BUTTONS Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19e LES BELLES SORTIES @ ST ANDRÉ LEZ LILLE : FRUSTRATION + VERTIGO Saint-André-lez-Lille, Salle André Wauquiez, 20h, gratuit MAXIME LE FORESTIER Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 47/42/37e ALEX BEAUPAIN Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 16/12e MOTORAMA Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/5e CHAPEL HILL Marcq-en-Baroeul, Théâtre de la Rianderie, 20h, 9/6/5e TÉTÉ + THOMAS ALBERT FRANCISCO Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, 22/20/17e MICK RALPHS Verviers, Spirit Of 66, 21h, 25e CISCO HERZHAFT Arras, Le Blue Devils, 22h, nc
VIVE LA FÊTE Anvers, Trix Club, 19h, 23/20e ROMANO NERVOSO + SONS OF DISASTER + PIGNITION... Marchienne-au-Pont, Rockerill, 20h, nc ONEOHTRIX POINT NEVER Courtrai, De Kreun, 20h, 16/13/10e RUDIMENTAL Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, Complet ! CASCADEUR Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e AXELLE RED Leuven, Het Depot, 20h, Complet! AMATORSKI Ixelles, Flagey Studio, 20h, 18e NAT BIRCHALL QUINTET Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 15/12/10/7/5e LE MAXI MONSTER MUSIC SHOW : JULIETTE Marcq-en-Baroeul, Théâtre Charcot, 20h, 9/6/5e LA FEMME + DECI-DELÀ Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 16/14/11e LILLY WOOD & THE PRICK + OKAY MONDAY Oignies, Le Metaphone, 20h, 15/12e CODY + STANTON Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e
le mot de la fin
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VIVI MAC - Cette artiste de 27 ans, orientée malgré elle en BEP hôtellerie restauration, y a appris l'art de présenter une assiette. Depuis, la Sétoise peint des portraits avec tout ce qui lui passe sous la main : café, thym, lait, chocolat... Le tout, avec le sens de l'à-propos : Amy Winehouse avec du vin rouge, Snoop Dogg creusé dans la weed ou encore un François Hollande tout en... Flanby. À VISITER / https://www.facebook.com/VIVIMAC.ARTWORKS