n째99 / septembre 2014 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
#99 Sommaire LM magazine - septembre 2014 Design September, Celine Vahsen © Denereaz
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n ews Vinyles à gogo, Barbatruc, Le blues du jean, Crevettes de concours, Comment désobéir ?, 24 heures chrono, Downton Abbey prend l’eau, Le record de Borremans
E xposition Design September, Patrick Guns, Tardi, Monument, Format à l’Italienne… Agenda
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r eportage Les potagers urbains, graines de futur
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s tyle La barbe, sur le fil du rasoir
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s ociété Référendum en Ecosse
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p ortfolio Tom Haugomat, le vide à moitié plein
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musique Le NAME (10e édition), Woods, Beck, City Sonic, la tournée des iNOUïS, Sinkane, Sohn, Azealia Banks, Tuxedomoon, Tunng, We will folk you, Poulpaphone
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c inéma Les Gens du Monde, Sils Maria, Un homme très recherché, P’tit Quinquin
théâtre Entretien avec Christophe Rauck et Germaine Acogny, La Comédie de Béthune, Les Invisibles, La Scène du Louvre-Lens… Agenda
littérature Entretien avec Thierry Beinstingel
Livres Steve Tesich, Haruki Murakami, Thomas Pynchon, Paulo Lins, Arnaud Delrue, Golo Zhao, Jesmyn Ward
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disques Boys Noize+Chilly Gonzales, Erland & The Carnival, Banks, The Growlers, Naomi Shelton & The Gospel Queens
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Le Mot de la fin Homme/femme. Mode d’emploi, les étiquettes qui collent aux sexes
flash info
Nouveau site web Nouvelle adresse postale
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Let’smotiv Nord & Belgique 28 rue françois de badts - 59110 La madeleine - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07
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Rédaction : Julien Damien redaction@lm-magazine.com
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Couverture : Hors-pistes © Tom Haugomat / éd. Thierry Magnier lespetitestruffes.blogspot.fr tomhaugomat.tumblr.com
Clémence Rolin
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réseaux sociaux : Sophie Desplat Impression : Imprimerie Ménard 31682 Labège
diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)
Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, François Annycke, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Julien Bourbiaux, Madeleine Bourgois, Julien Collinet, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Elsa Fortant, Tom Haugomat, Florian Koldyka, Raphaël Nieuwjaer, Olivia Volpi et plus si affinités.
Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
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Pour tous les vinyles du monde
Beard and Flame © Will It Beard
Pourquoi les disques ? 40 ans de thérapie n’ont pas répondu à cette question. Zero Freitas, 62 ans, collectionne les vinyles depuis son plus tendre âge. Ce magnat du bus brésilien en possède des millions qu’il stocke dans un entrepôt de 2 500 m2, à Sao Paulo (sur cette photo il pose sur l’une de ses nombreuses palettes). Une armée de stagiaires est chargée de chiffrer son butin et de le numériser tandis que ses équipes d’acheteurs sillonnent le monde à la recherche des précieuses galettes. Et Zero veut l'infini (et au-delà) !
Barbatruc Pile-poil à la mode, Pierce Thiot publie sur son blog de nombreuses photos d'une barbe fourre-tout. Au départ, ce directeur artistique californien amusait les enfants de sa famille en stockant un maximum de stylos sous le menton. Désormais tout y passe : noeuds papillon, bonbons, spaghettis et même, ici, des allumettes en feu. De quoi faire son marché sans se raser. (Voir aussi notre sujet p.22). willitbeard.tumblr.com
le blues du jean ✪
On l’a tous : ce jean troué, décoloré à force de lavages et qu'on tarde à recycler. Tobias Juretzek a trouvé une solution : immortaliser ces pièces fétiches sous forme de tables ou de chaises personnalisées. Le designer allemand revendique un mobilier original, respectueux de l’environnement mais surtout porteur d’une histoire. Pour 699 € (!) on peut s’asseoir sur ses souvenirs ou dîner dessus. Un tarif qui invite immédiatement à confier ces vêtements à d'autres (bonnes) œuvres. www.tobiasjuretzek.com
Sans filet à Leffrinckoucke, Nicole Vanzinghel décortique les crevettes grises plus vite que son ombre. Un sport incongru qui a même son championnat international. Et la star indétrônable depuis 8 ans a réalisé une belle perf : en 10 minutes, elle est venue à bout de 141 g de fruits de mer, éclipsant ainsi ses 119 concurrents. Qui l’eût cru (stacé) ?
How to guide © Marwan Kaabour
Désobéissance, mode d'emploi
Comment fabriquer un masque à gaz avec une bouteille en plastique ? Ou s’enchaîner à un poteau sans se faire mal ? C'est ce que propose le très sérieux Victoria and Albert Museum de Londres à travers une centaine d'œuvres didactiques et décalées. Des badges antiracisme datant de l'apartheid aux billets de banque détournés par Occupy Wall-Street, l’exposition Disobedient Objects souligne l’ingéniosité des « armes » du parfait petit révolutionnaire et leur apport au design. Jusqu'au 01.15, Londres, V&A Museum, 10h>17h45 sf ven. 10h>22h, Gratuit, www.vam.ac.uk
Rememberme Chair © Tobias Juretzek / Casamania
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news
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24 heures Chrono
Faut-il travailler plus pour... être reconnu ? Une société de management* répond à cette question en passant au crible la journée type de 26 grands artistes et penseurs. Leurs « Daily Routines » sont divisées en six activités. L’occasion de vérifier qu'il n’y a pas de règles pour passer à la postérité : Voltaire et Kant planchaient respectivement dix-huit et une heure par jour.
+de 140 000 visiteurs Notre exposition préférée depuis ce début d'année a battu un record d'affluence au Palais des Beaux arts de Bruxelles. Avec As Sweet as it Gets, rétrospective d’une centaine d’œuvres (peintures, dessins, films), le Gantois Michaël Borremans a fait mieux que Frida Kahlo ou El Greco ! Signe d’un attachement du public à l’art contemporain belge, mesurable à l’aune des 9 000 "likes" recueillis sur Facebook.
© 2011 Nick Briggs/ITV for Masterpiece
Histoire d’eau histoire d'eau Oups ! Sur cette photo qui promeut la 5e saison de Downton Abbey, une bouteille d’eau en plastique trône fièrement sur la cheminée. Bel anachronisme pour la production de cette série britannique censée nous plonger dans l’aristocratie anglaise du début du xxe siècle. Evidemment, la bourde a été raillée par la presse et les réseaux sociaux. Beaux joueurs, les membres de l’équipe ont publié un cliché où ils posent avec l’objet du crime en main, relayant une campagne pour un meilleur accès à l’eau potable. Ou comment retourner une gaffe sans boire la tasse. www.itv.com/downtonabbey
Michaël Borremans, The Angel, 2013, Courtesy Zeno X Gallery Antwerp © Dirk Pauwels
*Infographie réalisée par la société Citrix, à partir de l'ouvrage de Mason Currey Daily Rituals : How Artists Work (2013) - https://podio.com/site/creative-routines
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les potagers urbains La graine et le muret Texte & photo ¬ Julien Collinet
« Savez-vous planter les choux, à la mode de chez nous ? » Non ? Eh bien maintenant, on les plante sur les toits, les friches et même au coin de la rue… Si le xxe siècle a consacré l'habitat urbain, désormais, la tendance est bien au vert dans les villes où l’on voit pousser toutes sortes de jardins et de potagers. De Bruxelles à Lille, ils sont nombreux à montrer que l’agriculture reprend ses droits dans la cité. Prenons-en de la graine. bettes rouges. « Je viens une fois par semaine, les légumes sont frais, excellents, et pas plus chers que sur un marché » explique la jeune femme. Julien est lui bénévole pour l’association Potage-Toit, à l’origine du projet. Chaque semaine, il consacre une journée pour entretenir les plantes et accueillir les clients. « J’ai appris à jardiner avec mon père » se remémore-til en semant du mesclun. Enfant, cette activité n’était pourtant pas des plus exaltantes, « mais en vieillissant, j’ai
En ce matin d’été, le soleil tape fort sur le toit de la Bibliothèque Royale de Belgique. Le vent fait frémir les feuilles de plants de carottes tandis que se dégagent des odeurs d’herbes aromatiques et de tomates. Les nombreuses tours environnantes nous rappellent pourtant que nous sommes en plein centre-ville. Ludivine profite de sa pause déjeuner pour faire ses courses. Avec 7€, elle repartira aujourd’hui avec quelques courgettes, du céleri, une botte de persil et d’éclatantes ▲
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pris beaucoup de plaisir à remettre les mains dans la terre. » Des aubergines en Belgique L’espace a été ouvert en 2012 par Filippo Dattola. Après des essais sur son propre toit il a trouvé ce lieu idéal : « C’est accessible, la surface de 120 m2 est importante et exposée plein sud. Avec la forte réverbération des murs il y a même presque trop de chaleur. On peut faire pousser des variétés que l’on ne voit habituellement pas en Belgique, comme des aubergines ou des poivrons ». En plus des particuliers, l’association approvisionne deux restaurants. « Mais très irrégulièrement, car cela exige une production au-delà de nos possibilités » tempère Filippo. Or la productivité n’est pas capitale. « L’agriculture
« Les gens veulent reprendre en main leur consommation. »
urbaine reste marginale et compliquée d’un point de vue économique. En revanche l’aspect pédagogique est très intéressant. » Filippo sensibilise ainsi les visiteurs aux problématiques du système agro-industriel et milite pour un maraîchage diversifié et raisonné. Une production limitée L’association Le Début Des Haricots partage cette logique. Elle a accompagné la création de près de 70 potagers collectifs à Bruxelles. S’il existe depuis longtemps des jardins ouvriers, ils étaient généralement réservés aux employés du rail « sans aucune dimension collective » souligne Fanny Pieman, en charge de ces jardins. « Ces potagers créent beaucoup d’échanges et de partage. Ils ne permettront jamais de nourrir toute la ville, mais on ressent une réelle prise de conscience et un désir de relocaliser l’économie. Les gens veulent reprendre en main leur consommation. » Malgré leur nombre important, la pérennité de ces jardins reste précaire. « Parfois, la sauce ne prend pas entre les différents jardiniers, et la dynamique s’essouffle. La pression démographique est également importante et peut menacer ces espaces. » L’agriculture urbaine a toutefois le vent en poupe. Des projets fleurissent dans la capitale. Ainsi, à Watermael-Boitsfort, la Ferme du chant des Cailles produit fromages, fruits et légumes en quantité intéressante. Alors qu’un impressionnant potager de 4 000 m 2 devrait voir le jour en 2015 sur le toit des halles des... Abattoirs. à visiter / www.potage-toit.be & www.haricots.org ▲
© Julien Collinet
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Guérillero potager Texte ¬ Julien Damien
Dans une vidéo postée sur Facebook, on le voit jardiner autour d’un arbre bordant la rue Brûle-Maison, en face de la CAF de Lille. Encagoulé, il lance à des policiers, intrigués : « C’est le Front de Libération de la Pomme de Terre. On plante des patates messieurs ! Des armes d’alimentation massive »… Une envie de se prendre le chou ? Non. Julien Pilette est un guérillero potager. Rencontre en terrain connu.
I
l crée des mini-jardins urbains un peu partout en ville. Au pied des arbres, sur des friches... Bref, il aide la nature à reconquérir la cité. Voilà un an que ce Lillois de 35 ans a initié le collectif « Guérilla potagère ». Le principe ? « Se réapproprier de la terre dans les espaces publics pour y cultiver de l’alimentation locale et non marchande ». La municipalité le laisse faire, tant qu’il jardine des endroits nonentretenus et non-pollués. Marketing altermondialiste Il a découvert ce concept via le mouvement Incredible Edible (Incroyables comestibles), lancé à Todmorden, une petite ville anglaise coincée entre Manchester et Leeds. En 2008, trois Anglaises y ont eu l’idée de transformer les espaces publics en potagers accessibles à tous. Un art de vivre qui a germé aux quatre coins de la planète. Jusque dans la tête de Julien donc, qui se définit volontiers altermondialiste. Ce qui ne l’empêche pas de maîtriser les codes de la communication. « Incroyable comestible, ça ne me plaisait pas. Je suis très marketing. Guérilla potagère, ça parle plus et ça me fait marrer ces deux mots qui se télescopent ». Un sens de la mise en scène et de la formule qui lui a valu de s’attirer les faveurs des médias nationaux (TF1, M6). Depuis il a créé un blog et ouvert une page Facebook qui compte désormais un peu plus de 500 dangereux guérilleros prêts à en venir aux mains. Vertes, bien sûr. www.guerillapotagere.org ▲
& sur Facebook : Guérilla potagère à Lille
« Il n’est pas nécessaire de posséder la terre en propriété pour en recueillir les bienfaits. Une jouissance précaire peut suffire à les procurer. »
© Julien Damien
Jules-Auguste Lemire (1853 - 1928)
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interview
Françoise dubost à la racine Propos recueillis par ¬ Julien Damien Photos ¬ Julien Damien / Nicolas Pattou
Cela fait quelques années qu’on assiste à un « boom » de l’agriculture urbaine. Mais tout cela est-il vraiment nouveau ? Où cette tendance prend-elle ses racines ? Françoise Dubost, sociologue et directrice de recherche honoraire au CNRS, nous propose un retour au xixe siècle, au bon vieux temps des jardins ouvriers de l’abbé Lemire.
D’où vient le concept du jardin partagé? C’est une invention de philanthropes et d’hygiénistes allemands du xixe siècle qui se sont occupés de la classe ouvrière des centres-villes alors dans un grave état de misère, tant sur le plan du logement que de la nourriture. L’abbé Lemire a repris en France cette invention du docteur Schreiber, mais de manière plus humaniste, car son prédécesseur était en même temps l’auteur d’un manuel de dressage des enfants assez redoutable. L’abbé Lemire était quelqu’un de
beaucoup plus sympathique, considéré comme un homme éclairé. Quelle était le projet de l’abbé Lemire ? En tant que député (ndlr : d’Hazebrouck), il défendait une loi qui devait permettre à toutes les familles d’avoir un toit mais aussi un lopin de terre pour se nourrir. Face à l'opposition d'une assemblée à l’époque à majorité très conservatrice, il a fondé cette œuvre des jardins ouvriers, La Ligue Du Coin De Terre Et Du Foyer , comme une solution provisoire.
Le Poteau rose (Villeneuve d’Ascq, quartier Pont de Bois) : Jardin communautaire fondé en 2007 est composé d’espaces verts (5 800 m2) et d’une parcelle de 1 300 m2 mise à disposition des habitants du quartier.
Comment va évoluer cette idée ? La Ligue Du Coin De Terre Et Du Foyer continua à créer des jardins relayés par les sociétés de Saint-Vincent de Paul. Dans les années 1920, les grands patrons qui ont compris l'intérêt de la démarche construisent de plus en plus de lotissements autour de leurs usines. Puis, la crise économique va tout accélérer. En résumé, c'est un concours, soit associatif, soit patronal ou des collectivités locales, qui a permis le développement des jardins ouvriers. Il connaît même un pic pendant la guerre, car l’état s’en mêle pour la première fois.
« Avec ces jardins, les habitants retrouvent un contact avec la nature et le goût du partage. »
De quelle manière intervient-il ? Sous Vichy, cela colle extrêmement bien avec la devise "travail, famille, patrie". Sachant qu'on est en pleine crise de subsistance, l’Etat promulgue une loi qui encourage et protège les jardins ouvriers. Cette caution de Vichy pèsera d'ailleurs au lendemain de la guerre sur le sort de ces jardins. Avec le retour de la prospérité durant les Trente Glorieuses, on privilégie l'appellation jardins familiaux (à jardins ouvriers : comme pour
effacer leur passé prolétaire), avant de délaisser ces terrains. à quel point ? On n’a pas de chiffres précis, mais on estime que les 9/10e ont disparu dans les années 1950-60. L'urbanisation est alors en plein essor. Ces lopins de terre qui appartenaient à des collectivités publiques, ont été repris par des promotteurs pour construire des logements, des parkings, des hôpitaux, etc. ▲
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De quand date leur retour en grâce ? Dans les années 1990 apparaissent les jardins dits partagés. Ils viennent des Etats-Unis et du Canada. Ce sont les community gardens qui sont nés à l’initiative d’une artiste new-yorkaise, Liz Christy, qui jetait des bombes de graines par-dessus les palissades pour faire fleurir les friches. Quelle est l’idée de ces community gardens ? De permettre à des gens de la ville de retrouver le contact avec la terre et en même temps de créer du lien social dans le quartier. En France, on investit les friches et on assiste à des initiatives spontanées, associatives qui ont des appellations multiples : jardin communautaire à Lille, jardin citoyen à Lyon, jardin solidaire dans le Sud-Est, etc. Assiste-t-on aujourd’hui à un « boom de l’agriculture urbaine » ? Oui. Mais, à mon avis - je suis peut-être pessimiste – il y a une réelle récupération de ce mouvement citoyen par les professionnels. En vieille soixante-hui-
Jardins familiaux (Wambrechies, quartier St Mathieu) : Créée en 2011, cette association gère 27 parcelles de jardins familiaux.
tarde que je suis, cette qualité autogestionnaire me plaisait beaucoup. à l'heure actuelle, la tendance maîtresse des architectes est à la densification pour lutter contre l’extension infinie de l’habitat pavillonnaire. Et tous ces petits bouts de terrain dispersés dans la ville, ça ne leur plaît pas. Des agronomes, paysagistes et architectes rejettent toute forme d'agriculture urbaine, en prétextant qu'elle ne résoudra pas les problèmes d’alimentation. C'est bien vrai, mais ce n’est pas fait pour ça ! Avec cette forme de culture, les habitants cherchent à retrouver le contact avec la nature et le goût du partage.
à lire / Les Jardins Ordinaires (éd. L’harmattan – 1997, 174p.)
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Tous à poils !
Le match des barbiers Texte ¬ Marine Durand - Photos ¬ DR / The Bluebeards Revenge, Thiers-Issard, Herold
Depuis que la barbe s’est découvert une nouvelle jeunesse sur les mentons encore frais des citadins branchés, les « barbers » à l’ancienne investissent les rues des métropoles, offrant à ces nouveaux adeptes du poil bien plus qu’un simple passage à la tondeuse. L’occasion pour la rédaction de frapper à la porte de deux salons : à notre droite, une institution bruxelloise, qui perpétue avec amour la tradition familiale, à notre gauche, une jeune enseigne lilloise appartenant déjà à l’élite des barbiers français. Rencontre avec ces experts pas rasoirs.
Lille
L'Atelier du Barbier Ouvert en décembre 2012, l’Atelier du Barbier pourrait faire office de nouveau venu sur le marché florissant des coiffeurs-barbiers. Derrière les authentiques fauteuils années 70 de ce salon du Vieux-Lille, on trouve pourtant deux associés expérimentés et au couteau bien affûté : Mélanie Descamps et Valéry Rémy ont travaillé pendant 20 ans comme maîtres barbiers dans différentes enseignes lilloises avant de monter leur affaire. En vrai amoureux de la barbe, Valéry (qui arbore un menton joliment fourni) manie shavette, coupe-chou ou tondeuse à l’envi, et suivant la demande du client. « Tous les outils sont bons, il suffit de s’en servir à bon escient ». C’est peut-être cette maîtrise (l’homme utilise des rasoirs depuis l’âge de 14 ans) qui a conduit le salon à intégrer le classement des dix meilleurs barbiers de France, réalisé par le magazine GQ en 2013. « Une belle surprise » commente le co-gérant, entre deux rasages. Il faut dire que depuis l’ouverture, l’espace intimiste, esprit rétro « mais surtout pas poussiéreux », ne désemplit pas. Les habitués ont suivi le duo. Les hipsters viennent, de plus en plus jeunes, pour le service barbier et restent pour se faire coiffer, ou simplement pour papoter, ambiance The Barber (2001) des frères Coen. Pas avare de conseils, Valéry recommande à ceux qui débutent avec une petite barbe « maison » de s’armer d’un peigne en corne, de ciseaux fins et de beaucoup de patience. Mais de pousser les portes d’un pro passés 9 cm de long. « Même moi, je ne me taille pas la barbe tout seul », sourit le patron.
34 rue de la Barre, Lille www.facebook.com/ LatelierDuBarbier
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Bruxelles
Salon Rodolphe « Je suis coiffeur pour hommes et barbier, fils de coiffeur pour hommes et barbier », annonce fièrement Rodolphe Leprovost, à la tête d’un salon réputé en plein cœur d’Ixelles. Au sein de cet espace lumineux dans les tons taupe et crème, le décor est planté : ici, poils et cheveux sont une affaire de famille, qu’on se ferait un tort de négliger. Formé à Cannes puis passé par Paris, ce quadragénaire énergique a posé ses rasoirs et blaireaux dans la capitale belge il y a 16 ans. Soit bien avant que le menton velu ne revienne en grâce chez une jeune génération adepte des chemises à carreaux et bonnets colorés. « J’ai toujours eu de la clientèle, c’est plutôt la demande qui a changé : je fais de moins en moins de rasage classique et plus de taille de barbe », confirme Rodolphe, qui aime conseiller ses gentlemen de clients. « Je suis là pour les guider au niveau du style, corriger certains détails du visage. C’est ma vocation, et ce qui me distingue de mes concurrents. » Serviette chaude, huile essentielle d’eucalyptus, savonnage au blaireau, rasage à la shavette (« pour la précision ») puis massage pour adoucir la peau, l’entretien des barbiches et autres favoris se pratique dans les règles de l’art. Et sur des fauteuils de barbier Belmont, « un clin d’œil vintage », note le patron. Du côté du coin boutique, les inconditionnels trouveront d’ailleurs tout l’attirail pour reproduire le rituel à la maison. Avec un set siglé « Rodolphe barber », pour un rasage (forcément) au poil.
137 avenue Louise, Bruxelles www.salon-rodolphe.be
Le coupe-chou Aussi appelé « couteau », le rasoir droit à l’ancienne dispose d’une lame qui se rentre dans la chasse (ou le manche). C’est l’instrument vintage par excellence, qui nécessite de l’entretien : un affilage à l’aide d’un « cuir sur tendeur » avant chaque rasage, et un aiguisage sur une pierre une à deux fois par an.
Petit précis de vocabulaire capillaire La shavette
La pogonotomie
BBS
Soit un coupe-chou à lame amovible. Plus pratique car elle ne nécessite pas d’affilage, la shavette est souvent jugée plus hygiénique (on en change à chaque client) par les barbiers.
Vous l’ignoriez peut-être, mais l’art de se tailler la barbe à un nom. Le terme a été inventé par le maitre coutelier parisien Jean-Jacques Perret, auteur du traité La pogonotomie ou l’art de se raser soi-même, en 1769.
L’une des abréviations les plus populaires sur les forums est le BBS, pour « baby butt skin » (voire « baby butt smooth), qui s’utilise pour parler d’un rasage parfait, laissant la peau « douce comme un cul de bébé ».
Typologie (non exhaustive)
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des tailles de barbe
Les favoris (Aussi appelés pattes ou rouflaquettes) : une assez longue touffe de poils sur chaque joue, tandis que menton et moustache sont rasés. Elvis si tu nous entends.
La barbe à l’impériale
Le bouc ou « goatie »
Peu connue car peu portée aujourd’hui, une barbe qui tient son nom du dernier empereur des Français, Napoléon III. Soit une barbiche assez longue et une moustache fournie aux extrémités relevées.
Composé d’une barbiche et d’une moustache (les joues sont rasées), très en vogue dans les années 90, notamment dans les milieux artistiques et sportifs.
Bienvenue au Coupe-Chou Club
e
« Premier rasage au CC hier, avec mon Dovo SR. Résultat : quasiment BBS !* » Si vous n’avez rien compris à cette phrase, c’est que vous n’avez pas encore osé traîner votre souris du côté du Coupe-Chou Club, un forum d’initiés complètement accros au rasage à l’ancienne. Rassemblant des centaines de membres actifs, le « club de ceux qui se rasent comme les cowboys » regorge de conseils, tutos, et références culturelles pour les débutants qui hésitent à se lancer, et pour les confirmés qui veulent échanger leurs anecdotes ou faire leur marché. Attention avant de vous y risquer : la passion du coupe-chou a l’air très contagieuse. * Dovo (marque allemande) / Shave Ready (prêt à raser) / Baby Butt Skin » à visiter / coupechouclub.cultureforum.net
La barbiche Une touffe de poils sous le menton. Lorsqu’elle est courte, on l’appelle barbichette. Je te tiens, tu me tiens…
Sélection Coffret de rasage Plisson “bleu nuit”, 80,27€, en vente sur blaireauxplisson.com ☛ du Made in France !
The Book of Beards, de Justin James Muir (éd. Justin Jales Muir) 125p., 18,50€
DVD : Les Incorruptibles, de Brian de Palma, avec Robert De Niro, Kevin Costner, Sean Connery, 9,99€. ☛ Scène de rasage au coupe-chou culte avec Robert De Niro/Al Capone.
société
To leave or not to leave, that is the (Scottish) question Le dilemme de l'indépendance Texte & photo ¬ Elisabeth Blanchet
Phone box on Harris, Outer Hebrides .
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En février dernier, David Bowie recevait le Brit Award du meilleur musicien britannique. En son absence, c'est Kate Moss qui se chargea de récupérer le trophée. Et de lire la déclaration du créateur de Ziggy Stardust : « Scotland stay with us ! » (« écosse, reste avec nous ! »). Une parole inattendue qui alertait le monde entier sur l'avenir de ce pays de près de 5,3 millions d’âmes. Le 18 septembre, ses habitants voteront en effet pour ou contre son indépendance. Ce scrutin d'autodétermination mettra-t-il fin à trois siècles de rattachement à l'Angleterre? Les sondages prédisent que non, mais l'écart se resserre. Rencontre avec des artistes fervents défenseurs du "Yes".
«D
sur l'Ile de Lewis. Pourtant l'idée d'une avid Bowie est l'archétype séparation écosse / Royaume-Uni est de l'Anglais. Il représente dans l'air depuis des décennies, voire l'Empire et tout ce que des siècles ! Depuis 1997 et l'arrivée nous voulons changer », explique Peter des travaillistes à la Gillies, 33 ans, artête du Royaume-Uni, tiste de Glasgow. Une l'Ecosse a gagné en opinion très répanautonomie et inauguré due dans le milieu C'est sur le son propre Parlement culturel et artistique champ de bataille à Edimbourg en 1999. local. « Même Stuart « Traditionnellement Murdoch, le chanteur économique travailliste, le pays de Belle & Sebastian, que se livre le vient de virer sa cuti est devenue majoriprincipal combat. pour le "Yes" », pourtairement SNP (Scotsuit Peter. Alors qu'en tish National Party) en février, les statis2011 et c'est un peu tiques donnaient endans la logique des core le "No" gagnant choses qu'Alex Salà 70%, il semble que l'imminence mond, chef du SNP (centre gauche), a demandé à Westminster (ndlr : le du référendum rapproche les deux parlement britannique) l'établissement camps. « à mon avis, tout se décidera d'un référendum sur l'indépendance », au dernier moment », assure Matt explique Matt. Bruce, représentant du Labour Party ▲
Yes Scotland sign in Stornoway, Isle of Lewis, Outer Hebrides. Artist Peter Gillies at home, Glasgow.
La question Disposant déjà d’une relative autonomie (un gouvernement, un Parlement, des équipes sportives nationales distinctes…), l’écosse peut désormais aspirer à une totale indépendance. En cas de victoire du "oui", un nouvel état serait créé, qui déciderait de sa langue, de sa monnaie, de son hymne, de l’exploitation de ses ressources naturelles, ou encore de son appartenance à l’Union européenne.
Le nerf de la guerre Mais pourquoi se détourner de la couronne britannique ? « On en a marre que Londres prenne toutes les décisions pour nous, je pense que c'est légitime que nous ayons notre propre gouvernement. Pourquoi est-ce que Westminster continuerait à décider de la redistribution des richesses ? » s'insurge Peter. Un avis que partage
son confrère photographe Alan McCredie : « L'écosse a le potentiel pour être très riche, notamment grâce au pétrole. Mais au lieu de réinvestir l'argent dans une fondation au profit de notre société comme le font les Norvégiens, Londres l'a investi dans des guerres illégales et des armes nucléaires... ». Ainsi, c'est moins sur un terrain idéologique que sur le champ
Yes Scotland sign in Stornoway, Isle of Lewis, Outer Hebrides.
de bataille économique que se livre le principal combat. Et c’est bien la pauvreté et l’écart entre les riches et les pauvres qui révoltent ces artistes. Mais une Ecosse indépendante seraitelle vraiment plus prospère ? Quid des retraites, des services publics, des logements sociaux ? C'est aux indépendantistes, avocats de la rupture, qu'incombe le fardeau de la preuve. « L'écosse indépendante serait le 14e pays le plus riche au monde ! Ne vous laissez pas abuser par ceux qui prétendent que nous n'avons pas les moyens de nous offrir notre liberté ! » a récemment déclaré Angela Constance, ministre écossaise chargée de la Formation et de la Jeunesse. Et Peter de surenchérir : « Je suis conscient que cela prendra du temps et n'aura pas d'effet immédiat d'un point de vue pécuniaire, mais ça vaut la peine pour les générations à venir ». Ready or not ? Si la campagne du "Yes" est omniprésente - à l'image du National Collective qui tourne dans toute l'écosse à l'occasion du Yes Festival, celle du "No" en revanche semble inexistante. Les bureaux de Better Together sont difficiles à trouver et l'accueil est à la limite de la politesse britannique... D'ailleurs, son porte-parole fait clairement comprendre qu'il est impossible de rencontrer un acteur culturel écossais pour le "No" et qu'il se fiche de répondre à la presse internationale. En regrettant tout de même que la campagne de Better Together soit si peu visible, voire catastrophique... « Il est pourtant ▲
société
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Yes
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irvine welsh • Ecriv ain
Chanteu annie lennox •
david hayma ur / Réalisate
n • Acteur
Frankie Boyle • Humoriste / Journalis te
sean connery • Ac
teur
se
Mike Myers • Acteur
susan boyle • Chanteuse
David Tennant • Acteur
Sharleen
Spiteri • Ch
anteuse
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Labour Party member holding the No badge.
capital de mettre en avant nos idées, pour mieux souligner que les représentants du "Yes" n'ont pas vraiment de programme... ». Peter Gillies lui retourne gentiment le compliment, les supporters de Better Together, manqueraient d'arguments forts, se contentant de reprocher à leurs adversaires de vouloir créer un paradis socialiste. « Ils redoutent surtout le changement » ponctue
notre hôte. Alors, changer pour le meilleur ou pour le pire, ou rester dans l'Empire ? Telle est la question qui est posée aux écossais ou résidents écossais. Réponse le 19 septembre. Peter Gillies : www.gilliesart.com Alan McCredie: www.100weeksofscotland.com The National Collective : nationalcollective.com Yes Scotland : www.yesscotland.net Better Together : bettertogether.net
Au suivant ? Les écossais ne sont pas les seuls à réclamer leur autodétermination cette année. Un référendum aura lieu le 19 novembre sur l’indépendance de la Catalogne. Et le parti belge indépendantiste NVA (Nouvelle Alliance Flamande), qui a obtenu des scores exceptionnellement élevés aux municipales et aux européennes de 2014, réclame lui aussi l’indépendance de la Flandre. Selon plusieurs observateurs de la vie politique en Europe, ces processus témoignent d'une déception par rapport à l'Union européenne.
Tom Haugomat à visage découvert Texte ¬ Julien Damien
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e larges espaces blancs, des personnages sans visage et une palette de couleurs restreinte. Le style de Tom Haugomat est reconnaissable au premier coup d’œil. On est d’emblée frappé par le contraste entre le minimalisme de ses dessins et leur force narrative, la puissance des émotions qu’ils dégagent : mélancolie, nostalgie, mystère... Le vide qui emplit ses illustrations est un appel au sens. « J’aime qu’on puisse interpréter mon image, y projeter ce qu’on veut. Je laisse place à l’imagination », explique ce Parisien de 29 ans. Sorti de l’école des Gobelins en 2008, Tom Haugomat s’est d’abord fait connaître en réalisant avec son camarade de promo, Bruno Mangyoku, un film d’animation, JeanFrançois (2009, Arte). Ce n’est qu’en 2012 que l’illustration s’est imposée à lui. « Pendant longtemps j’ai cherché des codes pour les yeux, le nez, les expressions, mais sans parvenir à trouver ce qui me plaisait ». Le déclic est venu lorsqu’il s’est mis à croquer ses proches en gommant leur figure. « Paradoxalement, ils disparaissaient dès que je dessinais leur visage ! En l'absence de ces traits, ils étaient tout de suite reconnaissables ». Le reste est une histoire de jeu : « Il s’agit de donner le plus de profondeur avec le moins de couleurs possible. C’est ludique, une contrainte très créative ». Tom Haugomat dessine essentiellement sur ordinateur, en superposant les couleurs via une palette graphique. En parallèle de ses projets de films, il travaille pour la presse (XXI, Le Monde) et l’édition pour enfants. à Marche ou rêve (2012, CMDE), succèdera début octobre Hors-pistes (éd. Thierry Magnier), dont sont publiés ici des extraits. Ce livre est le fruit d’une collaboration avec Maylis de Kerangal (Réparer les vivants, 2014) qui s’est inspirée des images de ce conteur d’histoires sans parole pour y projeter son propre récit. Et vous, qu’y voyez-vous ? à visiter / lespetitestruffes.blogspot.fr & tomhaugomat.tumblr.com à lire / Marche ou rêve (2012, CMDE) et bientôt Hors-pistes (éd. Thierry Magnier) à voir / Nuisible de Tom Haugomat et Bruno Mangyoku (2009, prod. Les Films d'Avalon)
à lire / l'interview de Tom Haugomat sur www.lm-magazine.com
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Illustration pour la revue Citrus.
Hors-pistes, ĂŠd. Thierry Magnier.
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Deux diptyques pour l'exposition ENDGAME à la gallery 33 à Amsterdam.
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Cher NAME, Tu te souviens ? Quand on s'est rencontrés il y a 10 ans et que tu n’étais encore qu’un tout petit festival ? Ta maman Art Point M se remettait à peine de ta naissance quelque part entre la Braderie de l'Art et Lille 2004... Tu n'en faisais qu'à ta tête : des soirées club, mais aussi de l'art électronique, des performances… Et on peut dire tu ne t'es pas assagi en grandissant. On dira ce qu’on voudra, mais avant, pour danser, il fallait migrer en Belgique. Après la fièvre de Lille 2004 et ton Labo Factory le clubbing s'est bien installé dans la région. Tu as posé tes meubles au Tri Postal et à l'époque, tu accueillais des projets multimedia hors-norme ! Mais si, rappelle-toi : Messa Di Voce, SphèrAléas, ou encore ce lapin rose géant, et toutes ces soirées d'électro minimale. ça a duré quelques éditions, et puis tu as trouvé un autre terrain de jeux. à la gare St Sauveur on a eu droit à de grandes expositions, qui coûtaient assez cher m'as-tu dit ! Voilà pourquoi tu t'es concentré sur le travail de Fanny, l’artiste de la bande. Avec « Soyez les bienvenus », elle est revenue sur son histoire familiale, interrogeant la notion d'exil au passage, et toi tu nous a montré les migrants de Calais, d'Agadez, de Castel Volturno. Des sujets brûlants que tu as traités sans donner de leçons. ça plaît, ça ne plaît pas, ça déroute en tout cas. Et c'est tout toi : entier et subjectif. Dans la foulée, tu nous as présenté le philosophe Yves Michaud, et tu as fait jouer Carl Craig, Ebony Bones et Buraka Som Systema. Sans oublier ces masterclasses Ableton où tu apprends au public à mixer et à composer ses propres morceaux ! Après le Tri Postal, tu as investi la Condition Publique, puis tu a défriché la Tossée, une zone industrielle sans électricité… quelle galère... Et maintenant que c'est devenu confortable, tu penses à déménager... Et la suite ? Bah, tu as bien le temps de voir. Enfin, je voulais te le dire : NAME, tu as bien grandi, mais tu n'as pas vraiment changé. Et c’est tant mieux.
Olivia
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Dossier réalisé par ¬ Olivia Volpi & Nicolas Pattou Photos ¬ Maxime Chermat
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Dix éditions, dix questions. De celles qui brûlent les lèvres et qui appellent des réponses atypiques. Quel est l’artiste le plus capricieux ? L'édition idéale ? Quelles attentes ? L’équipe du NAME s’est prêtée au petit jeu.
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Votre plus grande fierté ? D'avoir 10 ans ! Et puis l'accueil du NAME au sein de la fédération internationale Deconcert ! Aux côtés des Eurokéennes, des Vieilles Charrues, des Nuits sonores…
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Votre plus grand regret ou peine ? Le décès tragique de DJ Mehdi.
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L’édition la plus difficile à monter et pourquoi ?
Le caprice d'un artiste ?
La première édition à la Tossée : un immense nettoyage, la mise aux normes… des semaines de chantier !
Le plus lourd : « FK » qui a fait enlever les tranches de jambon de son sandwich à la jeune fille de l'équipe du festival chargée de l'accompagner. No comment.
(donner au moins ses initiales)
5 A contrario, le plus cool, c’est qui ? Ellen Allien, Laurent Garnier, Superpitcher, Andrew Weatherall, Tale of Us, Radio Slave … Les artistes de talent sont souvent les moins chiants.
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© Maxime Chermat
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© Maxi
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6 La plus grosse ambiance ? Tale of Us l'an dernier, Laurent Garnier en 2010 et Nicolas Jaar en 2012.
7 La plus forte affluence ? Depuis que le NAME s'est installé pour ses deux nuits à la Tossée.
8 La personne que vous ne vous attendiez vraiment pas à voir sur le dancefloor ? Le président du Conseil Général du Nord en visite officielle et qui se promène seul de salle en salle.
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Le NAME ultime que vous aimeriez monter ? (Où ? Quand ? Et avec qui ?) Dans une grande ville, sur des scènes de toutes tailles et dans des lieux incongrus. En résumé, construire une ville électro pendant 2 ou 3 jours. Sans oublier un grand extérieur avec de l'herbe. Et à l'affiche : Ellen Allien, Laurent Garnier, Loco Dice, Andrew Weatherall, Nicolas Jaar, Brodinski, Damian Lazarus, Apparat, Ricardo Villalobos et Yvan Smagghe.
10 Une bonne raison de ne pas venir ? Une méchante gastro. ▲
Loco Dice © David Dunan
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Selection TENNIS
Italien exilé à Berlin, Dj Tennis allie la science de la techno allemande à l'élégance de ses racines siciliennes. C'est aussi le fondateur de Life and Death, l'un des labels les plus passionnants du moment dont la figure de proue est Tale of Us. Il aurait réalisé des exploits en 2013, notamment au Burning Man ou au Panorama Bar. Vous n'y étiez pas ? Nous non plus... Raison de plus pour monter ici au filet.
LOCO DICE
Pas le benjamin de l'étape mais certainement l'un des plus talentueux. Né à Düsseldorf en 1974, Yassine Ben Achour aka Loco Dice s'est d'abord illustré dans le hip-hop en tant que DJ, rappeur puis MC, en ouverture de show de Snoop ou Usher. Très vite, il poussera les BPM et domptera les foules à coups d'inénarrables sets tech-house dans les plus grands espaces de la planète.
TALE OF US
On vous recommandait déjà ce duo transalpin le mois dernier. Matteo Milleri et Carmine Conte se sont fait la main sur des mixtapes repérées par Seth Troxler et le label Visionquest. Puis ils se sont forgé une solide réputation, du Watergate à Berlin au DC10 à Ibiza, grâce à leur euphorisant mix house, nu-disco et pop-rock.
Informations pratiques 13.09
22h>06h Julien Electro Libre, NYMA, Marc Houle, MAGDA, APM001 Dunkerque, Le Kursaal, 10/6€ (prévente)
19.09
18h>00h (NAME by day) Blaise Bandini, Tito Parallel, Song, Gratuit 22h>06h (NAME by night) Matthus Raman, Maya Jane Coles, Laurent Garnier, Agoria, Throb Circle, Tennis, Teen Walls, Tall of Us, Mind Against, Peo Watson, Pachanga Boys, Ellen Allien, Recondite, Michael Mayer, 28/20€ (prévente)
20.09
18h>00h (NAME by day) CED, Faraï, Miss Noa, Gratuit 22h>06h (NAME by night) B.A.G.A.R.R.E, Sam Tiba, Panteros 666, 2Manydjs, Brodinski, Louisahhh!!!, Deiva et DJos, Clockwork et Avatism, Marcel Dettmann, Loco Dice, DC Salas, Reptile Youth, Agents of time, Apollinia, APM001, 28/20€ (prévente)
© DR
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Du beau bouleau Ces derniers mois, on a beaucoup évoqué Kevin Morby, responsable d'un premier album paru un chouïa trop tard pour figurer dignement dans les tops de fin d'année. Tant pis. Ce chef-d'œuvre folk donna l'occasion à beaucoup de se pencher sur le parcours de l'Américain, autrefois bassiste de Woods. L'arbre qui mène à la forêt, en quelque sorte. Et quelle forêt ! Luxuriant et accueillant, ce bois dont on fait les guitares abrite mille et une merveilles, dont les faux-airs antédiluviens ne sauraient cacher l'absolue contemporanéité. Certes, ces morceaux peuvent donner l'impression d'avoir été déjà entendus chez Neil Young, Bob Dylan ou le Jay Mascis acoustique. Bien sûr, il est difficile de renouveler un genre basé sur quelques cordes de nylon. Mais alors, à quoi tient le charme de la grosse poignée d'albums de Woods ? À l'inspiration – ces mélodies lumineuses. Et à l'exécution : simples mais jamais simplistes, limpides et jamais lapidaires, ces chansons prennent leur pleine mesure sur scène et sont portées par la voix d'enfant de Jeremy Earl. Ce dernier, et son alter-ego Jarvis Taveniere, incarnent les plus beaux héritiers d'une tradition toute américaine du folk électrifié et de l'indie rock. Héritier, mais pas usurier, Jeremy Earl est également tenancier du précieux label Woodsist, terre d'accueil de Blank Dogs, Pocahaunted, Ducktails, Real Estate, Thee Oh Sees ou encore Wavves – pour n'en citer que six. De quoi arpenter longtemps encore les chemins de cette forêt enchantée. Thibaut Allemand 06.09, Bruxelles, Atelier 210, 20h30, 13/10€, www.atelier210.be 20.09, Leffinge, Leffingeleuren, 45/38€, www.leffingeleurenfestival.be
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BECK Le blues rêche d'Only Foot In The Grave (1994) chevillé au corps, pris dans l'étau du hip-hop et de la soul d'Odelay (1996) ou revenu aux sources du folk sur Sea Changes (2002), Beck a nourri la pop moderne sans peur du grand écart. Derrière ces deux décennies de génuflexions, une constante : (se) surprendre. Dernier exemple en date, l'album Song Reader (2012) n'est sorti que... sur partitions. à l'ère du tout numérique, la pose ultime, en somme. D'ailleurs, sur quel pied danser devant un concert de Bek David Campbell ? Autrefois performeur agité, le Californien au visage diaphane se met davantage au service de ses chansons. Une attitude pudique peut-être inspirée par la présence du paternel David Richard Campbell, arrangeur de cordes et de cuivres sur Modern Phase (2014). Ambiance feutrée assurée. Suffisant pour nous clouer le bec ? Florian Koldyka
© Autumn De Wilde
10.09, Bruxelles, Forest National, 20h, 45€, www.forestnational.be
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City Sonic Depuis 12 ans le festival City Sonic propose, à l’initiative de l’association Transcultures et du Manège de Mons, une passionnante programmation autour d’œuvres sonores avant-gardistes, interactives et toujours intrigantes. Le parcours disséminé dans des lieux emblématiques de la ville du Hainaut, comme le site des Arbalestriers ou au sein des Anciens abattoirs, transporte le spectateur dans une ambiance étrange et planante à la rencontre d’installations d’artistes belges et internationaux. Des performances et concerts de Baudouin De Jaer ou de Siegfried Canto et Magali Desbazeille ont également lieu dans des jardins privés. Et comme de coutume, des ateliers d’initiation aux nouvelles pratiques audio sont proposés aux enfants. Julien Collinet 12>27.09, Mons, mar>dim, 12>18h, parcours gratuit, www.citysonic.be
Vous avez raté le Printemps de Bourges ? Pas grave. Cette année, c’est lui qui vient à vous, grâce à la Tournée des iNOUïS. Pour la première fois, le festival berrichon s’exporte dans 5 grandes villes de France : Nancy, Lyon, Marseille, Bordeaux et donc Lille. Le 30 septembre, le Grand Mix accueille les lauréats des iNOUïS 2014, ces jeunes talents que le festival déniche partout en France depuis 30 ans (Skip The Use, Les Têtes Raides) grâce au Réseau Printemps (ici, c’est l’association Dynamo qui fait office de tête chercheuse). Il s’agira de découvrir le rap hardcore de la Parisienne Billie Brelock, la pop-folk montréalaise de Mark Berube (prix du jury) ou encore l’électro-pop des Angevins de Thylacine. Frànçois & The Atlas Mountains (prix découverte 2011) fera office de parrain. Julien Damien 30.09, Tourcoing, Le Grand Mix, 19h30, 10>7€, www.legrandmix.com
Mark Berube © DR
©Isabelle Françaix
La Tournée des iNOUïS
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Sinkane La grande sono mondiale. Une expression consacrée, un cliché bien usé, mais on n'a pas trouvé mieux pour décrire Sinkane, alias Ahmed Galleb. Débarqué gamin de son Soudan natal, le jeune homme fut aperçu derrière les fûts de Yeasayer, Caribou, Of Montreal ou Born Ruffians. Signataire de deux albums aussi différents que prometteurs, Sinkane vient de publier Mean Love, troisième LP en forme de chef-d'œuvre. Ou comment faire cohabiter bossa nova, soul, reggae et clins d'œil à la country (cette steel guitar) en une douzaine de titres évoquant à la fois les racines et la transmission. Héritier de Curtis Mayfield (ce chant haut perché) et, dans une moindre mesure, de la démarche de Taken By Trees (l'album Other Worlds, 2012), Sinkane pourrait bien devenir un artiste très, très demandé – et pas seulement pour son jeu de batterie. Thibaut Allemand
© Martine Carlson
12.09, Lille, La Péniche, 20h, 13/12€, www.lapeniche-lille.com 13.09, Gand (Big next festival), Democrazy, 14h, 19/16e
© Andreas Waldschuetz
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CHANT MAGNéTIQUE Une flopée de jeunes artistes (James Blake, Rhye, Chet Faker), apporte un supplément d'âme à la musique électronique. Parmi eux, SOHN (fils en allemand) porte très haut le blues minimaliste des ordinateurs. Signé chez 4AD (Bon Iver, Beirut), celui qui faillit être comptable délivre sur scène des compositions d’une rare puissance. Né à South London, Christopher Taylor vit à Vienne depuis 2010, bien qu'il retourne régulièrement à Londres pour y réaliser ou remixer les enregistrements de figures montantes – Banks, Kwabs, Disclosure. Et il aura suffit d’un premier EP, The Wheel (2012), pour que l'Autrichien d’adoption séduise la critique et le public. Superposition habile de boucles vocales, de basses et de rythmiques, ses plages introspectives sont pétries de soul et de rhythm and blues. Son premier long format, Tremors (2014), a confirmé la dextérité de ce noctambule à transformer la mélancolie en ballades synthétiques et tourbillonnantes. « Métaphoriquement, j'ai imaginé Tremors tels des courants d'air frais » a-t-il d'ailleurs récemment déclaré. En dépit d'un processus de création reposant sur l'électronique, pas question pour SOHN de se produire devant un public avec des ordinateurs portables. Sur scène, il cultive le rapport physique à l'instrument. Et les sons plus chauds des synthétiseurs analogiques conviennent mieux à son travail. Discret et timide, il apparaît souvent camouflé sous une capuche et accompagné d'un trio de musiciens, bassiste et autres claviers. Une formation taillée pour une expérience sonore et visuelle. Elsa Fortant 20.09, Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 12€/gratuit, www.legrandmix.com 27.09, Anvers, Trix Muziekcentrum, 19h30, 20/17e, www.trixonline.be
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Azealia Banks
Comme une boule de flipper Les turpitudes d’Azealia Banks accompagnent le glas de l’industrie musicale : même sans avoir publié son premier album, l’Américaine de 23 ans est le dossier brûlant que se renvoient les labels. Sorte de Corinne Charby actualisée version sauvage, Miss Banks est comme une boule de flipper. Le single 212, rouleau compresseur de basses arrosées d’un texte gangsta (« Bitch, the end of your lives are near ») portait, en 2011, les germes d’un futur prometteur… Et marquait une volonté farouche de s’installer au fond de la classe pour perturber le cours. Depuis, c’est davantage sur Twitter que sur les plateformes de streaming qu’on a aperçu Azealia Banks : hormis quelques reprises, d’Interpol (Slow Hands), des Strokes (Barely Legal) et un EP millésimé 2012 (1991), nulle trace d’un long format à l’horizon. L’histoire avait pourtant bien débuté dans le giron du chic label anglais XL Recordings (Adele, M.I.A., The XX…), mais le contrat n'a pas résisté au tempérament de la New-Yorkaise, qui s’en est pris directement au patron. Avec l’argument "212", les majors se disputèrent alors la diva, très fière d’annoncer son arrivée chez Universal. Mais à nouveau très prompte à critiquer la politique maison. Récemment, la sauvageonne twittait son souhait de retrouver son premier label... Les frasques s’enchaînent, mais la colonne "musique" demeure bien vide. Reste à tester la crédibilité de la starlette sur scène, lors d’un show initialement prévu en avril. en espérant que son album ne fasse pas définitivement tilt. Mathieu Dauchy 23.09, Gand, Vooruit, 20h, 26€, www.vooruit.be
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Tuxedomoon Il faut remonter à septembre 2011 et l’Etrange Festival, à Paris, pour trouver trace de Tuxedomoon. Le groupe expérimental était alors sorti d’une pause de sept ans (!) pour une unique interprétation live de la BO de Pink Narcissus, le film érotico-gay du photographe James Bidgood. Eh bien l’expérience a donné une suite sous forme d’un album éponyme de 12 titres. On y retrouve le style (dépressif ?) caractéristique du quatuor californien : saxo, trompette et violon (lamento, forcément) posés sur une basse façon Joy Division. Inclassable. 13.09, Eeklo, N9, 21h, 17/14€ 21.09, Louvain, Het Depot, 20h, 20/17/14€
21.09, 18h, Louvroil, Espace Casadesus, 12/10/8/5€ (+ The Feather), www.espace-casadesus-louvroil.com
© Paul Heartfield
© Philippe Levy
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Tunng Pionniers de la folktronica, les Londoniens de Tunng s’étaient fait connaître en France avec le tube (quand même confidentiel) Bullets, sur l’album Good Arrows, en 2008. Mais cela fait 11 ans maintenant qu’ils expérimentent et jonglent avec les trouvailles synthétiques et instruments hétéroclites : coquillages (joués avec les orteils, s’il vous plaît), machines à écrire, boîtes à musique, etc. Si Turbines, dernier bébé en date (2013), tire aussi sur la pop, il laisse toujours filtrer cette joyeuse mélancolie (Embers) si chère aux fondus de l’acoustique.
Daniel Romano © DR
We Will Folk You Folk, neo folk, anti folk, folktronica... Ces appellations prisées des professionnels de la profession vous donnent le vertige ? N'ayez crainte, rien ne vaut les exercices pratiques pour découvrir un genre à l'origine si populaire. Profitez du tour d'horizon de la 4e édition de ce festival ! Il est emmené par la tendance bluegrass/country du Canadien Daniel Romano, les accents vintage du Duo Catfish, les voix mélancoliques de First Aid Kit ou le songwritting impeccable des Lillois de L'Hapax.
25>27.09, Dunkerque, les 4Ecluses, Pass 3 soirées : 24>18€, 1 soirée : 10>7€, www.4ecluses.com Prog : Catfish, Daniel Romano (25.09) // First Aid Kit, Jo Rose (26.09) // Amen Dunes, Josephine Foster, L'Hapax (27.09)
Thomas Azier © Ben Roth
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Poulpaphone Le festival boulonnais fête sa dixième édition ! La première en 2005 avait tout l'air d'un pari dans une agglomération qui ne dispose pas d'une réelle offre électro et rock. Jusqu'alors les artistes reconnus posaient systématiquement guitares et claviers à Lille, Bruxelles ou Dunkerque. Le Poulpa répare donc cette injustice, au moins une fois par an, avec une affiche éclectique. « Notre volonté est de mélanger les styles pour contenter un grand nombre d'amateurs de musiques actuelles », confie Lisa Torres, programmatrice de l'évènement. En 2014, on retrouve donc des valeurs sûres (Kavinsky) et des révélations (Thomas Azier, protégé de Woodkid et crédité sur la production de trois morceaux de Racine Carrée de Stromae) tandis qu’une deuxième scène s'offre aux talents made in Pas de Calais (Fools Ferguson). Une ouverture d'esprit récompensée par la fidélité des artistes : Triggerfinger, Fancy, Ez3kiel et Dj Pone rappliquent pour cet anniversaire. Le public est invité à souffler les bougies durant deux jours (10€ chacun !) dans les hangars de la friche industrielle du Garromanche. Un lieu idéal pour l'esthétique musicale de ce festival à taille humaine où vous pourrez d'ailleurs déguster quelques produits de la mer ! Clémence Rolin 03 & 04.10, Boulogne-sur-Mer, site du Garromanche, 20h30, pass 1 j. 10€, www.poulpaphone.com Prog : Fools Ferguson, Fancy, Kadebostany, Pigeon John, Thomas Azier, Ez3kiel (03.10) // Rufus Bellefleur, Le Vasco, DJ Pone, Triggerfinger, Hollysiz, Kavinsky DJ set (04.10)
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Les gens du
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EN PLEINE MUTATION Plongée dans le service politique du Monde, au moment de la campagne présidentielle de 2012. Entre neutralité journalistique et nécessité d'affirmer une ligne éditoriale cohérente, le journal se cherche au quotidien, sur fond de passage à l'heure numérique. On ne retrouvera pas ici les interminables travellings qui accompagnaient les grandes enjambées de Redford et Hoffman dans Les Hommes du président, ni une figure ou un journaliste au parcours atypique tel David Carr dans le documentaire d'Andrew Rossi à la une du New York Times. à l'instar de Nicolas Philibert dans son récent portrait de Radio France, Yves Jeuland se plaît davantage à saisir, sans romantisme, la vie ordinaire de l'institution. Même le montage privilégie la pédagogie à la frénésie de l'information. Alors que la campagne présidentielle bat son plein, le film avance curieusement à un train de sénateur. L'avenir du Monde Les questions soulevées n'en sont pas moins essentielles. Il s'agit d'abord d'enregistrer la mutation médiatique et politique provoquée par les réseaux sociaux. Et de mesurer l'emprise de la communication dans les débats. Du grand discours à la petite phrase, de l'analyse à la sentence, un rapport différent à la parole et à son statut s'invente aussi bien pour les journalistes que pour les politiques. Plus généralement, c'est l'avenir du papier et le fonctionnement du numérique qui sont en jeu. Les Gens du Monde réussit ainsi à capter les tensions qui traversent le journal, particulièrement au moment de la question du soutien de François Hollande. Avec beaucoup de malice, Jeuland évite l'hagiographie. Il saisit les difficultés du métier avec modestie mais une grande justesse. Raphaël Nieuwjaer
d'Yves Jeuland, avec Ariane Chemin, Raphaëlle Bacqué, Thomas Wieder,... Sortie le 10.09
David Revault d'Allonnes © Rezo film © Folamour
cinéma
69
© Carole Béthuel
cinéma
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SILS MARIA
Rencontre au sommet Chaleureusement applaudi à Cannes mais absent du palmarès, Sils Maria aurait mérité plus qu’une simple ovation. Condensant ici plusieurs des thèmes déjà explorés dans son œuvre (le cinéma, Internet, les dérives du star system), Olivier Assayas offre à son trio d’actrices une mise en abyme d’une incroyable richesse. Il y a 20 ans, Maria Enders a incarné sur les planches Sigrid, jeune fille manipulatrice rendant folle d’amour une femme mûre. à la mort du metteur en scène et ami qui l’a révélée, la célèbre comédienne accepte de reprendre la pièce, mais en interprétant cette fois Helena, l’amante éconduite poussée au suicide. Avec son assistante Valentine, elle part répéter son rôle au calme, dans les montagnes suisses de Sils-Maria, mais découvre alors sur Internet les frasques de la jeune starlette américaine qui lui donnera la réplique. Impeccable en icône peinant à retrouver l’innocence de sa jeunesse, Juliette Binoche se retrouve pourtant éclipsée par la stupéfiante performance de Kristen Stewart. La justesse de cette dernière fait oublier les blockbusters alourdissant sa filmographie (Twilight), portant toute l’ambigüité de la relation entre les deux femmes. Elle transcende son rôle de répétitrice alors que s’inverse le rapport de force. Est-ce l’actrice, la femme, le personnage qui perd pied devant nos yeux ? Les frontières se brouillent, en même temps que descend sur la vallée l’inquiétant "serpent de Maloja", phénomène nuageux propre à la région de l’Engadine. Réflexion sur le théâtre, analyse de notre rapport au temps, Sils Maria assume son statut d’œuvre complexe, aux multiples niveaux de compréhension. Brillant. Marine Durand d’Olivier Assayas, avec Juliette Binoche, Kristen Stewart, Chloë Moretz…
En salle
© Kerry Brown / Mars Distribution
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Un homme très recherché
enquête au carré Un mystérieux clandestin d’origine tchétchène débarque à Hambourg, cette ville qui a abrité une cellule terroriste à l’origine des attaques du 11 septembre. Torturé en Russie, cet homme est l’héritier d’un général qui a fait fortune d’une bien étrange façon. Quel est son réel objectif ? Que cherche-t-il dans les milieux fondamentalistes ? Les adaptations de John Le Carré se suivent et, heureusement, ne se ressemblent pas. Après une Taupe pesante et maniérée en 2011, Un homme très recherché renoue avec un classicisme de bon aloi. Anton Corbijn, au style souvent appuyé (The American, Control), fait profil bas, laissant la place aux personnages. Et ceux-ci se révèlent, sous des dehors conventionnels, passionnants. Menée par Philip Seymour Hoffman (disparu depuis, et qui dessine ici un autoportrait en bourreau de travail), l'enquête sur ce jeune immigré progresse dans une zone où l'indétermination l'emporte sur la duplicité. Cet homme très recherché est-il une victime ou un extrémiste aux intentions meurtrières ? Une course contre la montre s'engage avec les services secrets occidentaux, mais les techniques d'espionnage révèlent quelques limites. Raphaël Nieuwjaer
d'Anton Corbijn Avec Philip Seymour Hoffman, Rachel Mc Adams, Grigory Dobrygin, Willem Dafoe... Sortie le 17.09
V S
© Roger Arpajou
cinéma
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P'tit Quinquin L’auteur de La vie de Jésus nous entraîne dans une enquête loufoque au sein d’un village de la Côte d’Opale frappé par une série de meurtres trashs. Deux gendarmes pieds nickelés se débattent avec les affres du Mal sous le regard de P’tit Quinquin. Et Bruno Dumont fait une incursion risquée dans la comédie. A tort ou à raison ? POUR - Bruno Dumont qui fait dans la comédie ? C’te blague. Il faut dire que le Bailleulois ne nous avait jamais vraiment taquiné les zygomatiques. Pourtant, P’tit Quinquin dézingue vite les a priori. La crudité, l’ultra-réalisme qui font la marque du réalisateur siéent à merveille au burlesque dont se pare ce Seven chez les ch’tis bien barré. Pas grand-chose n’a changé dans le fond : ces gueules du cru, ces paysages filmés façon toiles flamandes. Il en fallait finalement peu pour faire basculer le style dumontien dans l’humour. De celui qu’on retrouve dans le couple Delépine-Kervern ou chez Tati. La série doit justement beaucoup au personnage principal, mix entre Mr Hulot et Michel Simon, centre loufoque d’un univers tragicomique insoupçonné. Julien Damien
CONTRE - à Cannes, la mini-série de Bruno Dumont avait suscité une vague d'enthousiasme. Le réalisateur de L'Humanité changeait de format, mais aussi de genre. Ce passage à la comédie serait, pour le cinéaste, une manière de "purger" son travail. Hélas, la lourdeur métaphysique et le souci un peu caricatural du contemporain déjà à l'œuvre dans Hadewijch ne prêtent jamais à rire. L'humour se construit presque exclusivement au détriment des personnages / acteurs. L'entreprise vire à l'impuissance lorsque Dumont, pour perturber son écriture et rythmer ses scènes convoque des handicapés mentaux. évoluant sur le fil distinguant « rire avec » et « rire de », P'tit Quinquin penche, malgré quelques éclats de pure comédie, trop souvent du mauvais côté. Raphaël Nieuwjaer
de Bruno Dumont, avec A. Delhaye, L. Caron, B. Pruvost, P. Jore, 18 & 25.09, Arte, 20h50 (4x52 min)
Florence coenraet Š Ilan Weiss
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le quotidien réenchanté S’il vous est déjà arrivé de fixer un sèche-mains avec une bizarre insistance, comme fasciné par ses courbes et l’ingéniosité de son système à air pulsé, c’est que vous voyez la même chose que Delphine Vercautereun : « le design est partout autour de nous, tout le temps ». Et ça fait longtemps que ça dure. à bien y regarder, depuis que l’Homo est habilis. « Les couteaux de la préhistoire, c’étaient déjà du design », nous dit la directrice du festival Design September. Durant le mois de septembre et pour la 9e année, Bruxelles redevient capitale européenne du design pour délivrer les petits secrets des objets, mais pas seulement : « On associe encore trop souvent le design à la chaise, à la table…On va essayer de le présenter tel qu’il est réellement : à l'échelle d'une petite cuillère mais aussi d'une ville, en nous intéressant au textile, au graphisme, à la typographie et à l’espace urbain ». Art et commerce Au programme, plus d’une centaine d’événements (expositions, conférences, visites d’ateliers) dans les magasins, les musées et les institutions de Bruxelles ! La ville se mue en une "plateforme" où se côtoient des designers issus de Belgique et du monde entier, confirmés (JeanFrançois D’Or) ou émergents (Lucie Koldova, voir p.78). N’effrayons pas le néophyte pour autant : « on s’adresse aux professionnels mais aussi aux particuliers », note Delphine Vercauteren, qui mise avant tout sur "l’accessibilité" de cette discipline coincée entre le commerce et l’art. « On n’est jamais vraiment à 100% dans l’art quand on parle de design, il y a toujours un lien à l’utilité. Il permet de réaliser des objets qui améliorent notre quotidien ». Vous ne regarderez plus jamais votre petite cuillère de la même façon. Julien Damien
09.09>30.09, Bruxelles, gratuit (sauf conférence), www.designseptember.be
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Corques - Lucie Koldova for Peruse at Diito © Peruse
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Lucie Koldova Au-delà de la forme et de la couleur, le design est aussi une histoire de matière. Etonnant, ce canapé de Lucie Koldova a été entièrement conçu… en liège. Idéal pour les déménagements, certes, mais comment traversera-t-il le temps ? Cette jeune designer originaire de République Tchèque, spécialisée en meubles donc, mais aussi en luminaires et sculptures, privilégie les matériaux à base de bois et de verre. Et pousse les objets dans leurs limites physiques.
Kustaa Saksi, Hypnopompic Veriveljet, 2013 © Jussi Tiainen
09>30.09, Diito, 62 rue de L’Aurore, Bruxelles, mar>sam, 10h30>18h30, www.luciekoldova.com
hypnopompic Des paysages abstraits d’où s’échappent des créatures oniriques et effrayantes (serpents, araignées), des formes organiques aux couleurs éclatantes… Les tapisseries de Kustaa Saksi détonnent par leur psychédélisme et nous plongent dans un état hypnopompique. Le travail de ce graphiste finlandais s’inspire de cette phase de confusion sensorielle propre au réveil et parfois génératrice d’hallucinations visuelles (chez les migraineux). Exposés dans les serres du Botanique, ses textiles oscillent entre rêve et réalité (et réinventent l’expression « fumer la moquette »). 10>24.09, Le Botanique, lun>sam, 11h à 20h, (24h soir de concerts), gratuit, www.designseptember.be
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The Fading of colours, The Agression (2002) Bic blue pen, 200 x 150 cm Š Patrick Guns
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Patrick Guns dégaine Ce Bruxellois de 52 ans dénonce avec dérision la barbarie ordinaire du monde. La guerre, la peine de mort, le racisme ou l'immigration clandestine sont autant de sujets qui nourrissent une œuvre révoltée, corrosive mais toujours en empathie avec les victimes. Bref, Patrick Guns fait de l’art avec du cochon. Comme s'il dansait en riant sur les ruines de l'humanité pour mieux lui rendre hommage, Patrick Guns transforme ses indignations en art. à travers « I Know A Song To Sing On This Dark, Dark, Dark Night », le MAC’s lui consacre sa première grande exposition monographique dans un musée belge. L’occasion de découvrir 20 ans d’un travail iconoclaste et humaniste. Ainsi, My last meals *** fustige le cynisme du Département de la Justice du Texas qui publiait sur le web les derniers repas demandés par les condamnés à mort. Considérant ce choix comme l'un des derniers messages du détenu, le plasticien décide d'en exacerber le goût pour le tirer vers la vie : en proposant à des grands chefs de réaliser lesdits menus avant de les photographier. Derrière chaque portrait ou composition chromatique on perçoit une vibrante charge contre la peine capitale.
Acide essentiel Patrick Guns cherche à provoquer « une émotion visuelle, un sentiment esthétique mais aussi des questionnements ». Et il nous invite à rester vigilant. Pour autant, il ne se considère ni comme un artiste engagé, ni comme un militant. Avant tout il crée des images poétiques : « à partir de collages d'idées, mon travail plastique traite des affaires humaines et de leurs interprétations ». Et pose un regard sombre sur son espèce : « si vous consultez des livres ou des magazines du début du xxe siècle, vous verrez que le monde n'a pas changé, la nature humaine non plus... L'homme sera toujours un prédateur pour l'homme ». Un point de vue accablant. Mais, son œuvre comporte suffisamment d'humour (noir) pour que l'examen de conscience ne vire au tragique. Julien Damien
I Know A Song To Sing On This Dark, Dark, Dark Night Jusqu’au 21.09, MAC’s, site du Grand Hornu, tlj 10>18h (sf lun), 8>4€. www.mac-s.be
Retrouvez Patrick Guns en interview sur www.lm-magazine.com ▲
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My Last Meals ***, 2007-2009 © Patrick Guns Vue d'exposition © Ph. Degobert
(Détail) © Tardi-Casterman 2014
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Tardi et la Grande Guerre
La fleur au fusain à l’occasion de la Fête de la BD, Bozar accueille une rétrospective du vaste travail de Jacques Tardi sur la Première Guerre mondiale. Une exposition présentée lors du dernier festival d’Angoulême. « C’est nous les petits soldats français sous un soleil de plomb, les pieds dans les champs de blé, la tête au champ d’honneur, la trouille au ventre et la merde au cul. » Tant dans le récit que dans le dessin, Jacques Tardi ne s’attarde pas sur l’Histoire avec un grand H mais se concentre sur les hommes qui l’ont subie. Gamin, celui qui a perdu deux aïeux lors de la « Der des Ders » est à la fois terrorisé et fasciné par les récits de sa grand-mère. Ses premiers pas en tant que dessinateur raconteront déjà l’horreur et donneront deux albums majeurs d'une œuvre hantée par le conflit : Putain de guerre et C’était la guerre des tranchées. Cette exposition propose surtout de découvrir des planches et des grands formats de ces deux ouvrages. Les illustrations de Tardi retracent ici le quotidien et l’incrédulité des combattants les pieds dans la boue, sous la menace de la pluie et des obus. Le trait singulier et sombre centré sur les personnages renforce la dureté et la noirceur des affrontements où ne subsiste bien souvent que la couleur rouge du sang. L’occasion de partager une vision singulière de la guerre, éloignée des chiffres et des statistiques, mais basée sur le travail historique d’un éternel indigné. Julien Collinet 05.09>23.11, Bruxelles, Bozar, tous les jours sauf lundi 10h>18h, jeu 10h>21h, gratuit les 05, 06 et 07.09, 4/2€, www.bozar.be
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Format à l’italienne
Monument Si Monument s’inscrit dans le cadre du centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale et de la commémoration du débarquement en Normandie, son propos est bien plus large : il s’agit de s’interroger sur le sens de la mémoire de la guerre et des édifices qui en témoignent. Une trentaine d’artistes contemporains (sélectionnés suite à un appel à projets) ont défié cette question du souvenir et exposent au musée des Beaux-Arts de Calais. Ici, une série de photographies de bunkers qui semblent avoir fondu dans le paysage. Là, des statuettes décapitées, reconstituées sur la base de clichés de monuments détruits et qui représentaient un "héros" de l’Histoire… Qu'il s'agisse de peintures, de sculptures ou d'installations, ces œuvres mettent en perspective notre rapport aux objets qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. Julien Damien Jusqu’au 16.11. Calais, musée des Beaux-Arts, mar>sam, 10h>12h, 14h>18h, Dim, 14h>18h, 2/1€, www.musee.calais.fr
19.09>02.11, Lille, Espace le Carré. mer>sam: 14h>19h. Dim : 10h>13h et 15h>18h, gratuit, http://elc.mairie-lille.fr The Future in Their Hands © Danilo Correale
Le Manteau d’Ernst Jünger, 2011 © Michel Aubry, Courtesy Michel Aubry et Galerie Eva Meyer
à Rome, on connaît la prestigieuse Villa Médicis. Mais saviez-vous que Lille dispose aussi d’une résidence exclusivement dédiée à ses artistes au cœur même de la ville éternelle ? Il s’agit de l’atelier Wicar, situé à deux pas de la Piazza del Popolo. Légué en 1837 à sa ville de naissance par le chevalier Jean-Baptiste Wicar, cet immeuble accueille chaque année depuis le xixe siècle, et durant trois mois, de jeunes créateurs originaires de la métropole. Sculptures, peintures, photographies, vidéos… Ce sont les travaux issus de cette immersion romaine que restitue depuis cinq ans l’exposition Format à l’italienne, à l’Espace le Carré. Cette année, Richard Baron, Raphaële Duchange et Anthony Rousseau, lauréats de la promotion 2013-14, y dévoilent leurs œuvres sous l’œil de Danilo Correale, Talent Prize Italie 2013 et invité d’honneur. Julien Damien
Asphalte #, demodex, détail © Poch
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Georges Mathieu, vers l'abstraction lyrique
Le théâtre du crime
Après-guerre, un groupe d'artistes revendique une peinture où la spontanéité répondrait à la rigueur de l’abstraction géométrique. Ainsi naquit l'abstraction lyrique désormais considérée comme un mouvement majeur du xxe siècle. Autour de la figure de Georges Mathieu, 38 œuvres des artistes les plus emblématiques (Wols, Bryen, Soulages, Zao Wouki...) permettent d'appréhender ce mouvement depuis sa naissance jusqu’à sa reconnaissance internationale.
Le Musée de la Photographie de Charleroi consacre une exposition à Rodolphe Archibald Reiss (18751929). Ce Suisse fut l’inventeur de la photographie judiciaire. Les scènes de crimes qu'il a immor talisées, ensuite conservées dans les cartons de la police helvétique, n’étaient pas destinées au grand public. Crus, violents, ces clichés dégagent pourtant une étonnante beauté. Un formidable travail documentaire sur le début du xxe siècle.
Boulogne-sur-Mer, Musée, jusqu'au 29.09, 10h>12h30, 14h>17h30 sf mar, 3/2/1€, www.ville-boulogne-sur-mer.fr
Charleroi, Jusqu’au 07.12, Musée de la Photographie, mar>dim, 10h>18h, 6>3€/grat pour les – de 12 ans, www.museephoto.be
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Les désastres de la Guerre
Peintures murales, sculptures, mais aussi concerts, pièces de théâtre… Charleroi vit au rythme de la Biennale d’Art Urbain. Pour la véritable édition d'Asphalte, dont le numéro zéro avait été initié voilà deux ans par le célèbre JR, une quinzaine d’artistes et de collectifs offrent un nouveau visage à la ville. L'occasion d'apprécier librement des œuvres de street-artistes légendaires, dont certains rarement montrés en Belgique (Invader, Steve Powers, Sozyone) !
La guerre est une horreur. Lieu commun ? Pourtant, on n’a pas toujours représenté les conflits de manière négative – pas avant les guerres napoléoniennes. Le Louvre-Lens reflète ici le regard des artistes, du Ier Empire à nos jours en passant par les deux conflits mondiaux, l’Algérie ou le Vietnam. En tout, 200 artistes (Goya, Dix, Vallotton, Capa, Picasso, Combas...), 450 œuvres, peintures, dessins, photographies ou artefacts (des obus sculptés par des anonymes).
Charleroi, jusqu’au 26.10, divers lieux, rens. www.asphalte-charleroi.be
Lens, Louvre-Lens, jusqu'au 06.10, tlj sf mar, 10h>18h, 9/8€/gratuit, www.louvrelens.fr
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Fritz Haber © Ed. Delcourt
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Fritz Haber, un esprit en guerre
Eric Poitevin Le chemin des hommes
Nationaliste convaincu, scientifique et ami d’Einstein, l’Allemand Fritz Haber est l’inventeur du gaz moutarde. Né Juif en 1868, ce personnage pétri de contradictions qui servit à la fois la science et la guerre, fut contraint à l’exil par les Nazis. De ce destin hors du commun, David Vandermeulen a tiré une bande dessinée d’un millier de planches. Et de ce travail est née l’exposition Un Esprit en Guerre qui suit, en 500 dessins, cette trajectoire individuelle autant que celle de l'Allemagne du début du xxe siècle.
On ne célèbre pas la guerre : on la commémore. De la même façon, le photographe Eric Poitevin fit preuve d’une grande pudeur pour... rendre hommage ? Mettre en lumière ? Saluer ? Les derniers Poilus. En 1995, âgé de 24 ans, cet artiste immortalisa ces combattants. Un véritable tour de France pour retrouver les survivants et capter leur(s) silence(s) en studio, à la chambre photographique. Cent portraits de même format et de même composition où chacun se détache sur fond noir. Émouvant.
Mons, jusqu’au 16.11, Salle Saint-Georges, mar>ven, 12h>18h, sam & dim, 14h>20h, 2€, www.sallesaintgeorges.mons.be
Villeneuve d’Ascq, LaM, jusqu’au 11.11, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr
Elmar Trenkwalder, ornement et obsession Immenses, ces céramiques évoquent à la fois des temples hindous, des cathédrales gothiques et romanes ou des façades baroques. En sus, l'Autrichien utilise ET dissimule fragments de corps et de parties génitales au sein de ces constructions. C'est la première rétrospective consacrée à l'œuvre monumentale, aux peintures et dessins d'un créateur qui mêle sacré et humour. Tourcoing, MUba, jusqu’au 24.11, tlj sf mar, 13h>18h, 5/3€/grat, www.muba-tourcoing.fr
Monte le son ! Interactif et sensoriel, ce parcours en met plein les esgourdes. Dès l'entrée, un jardin suspendu sonore traduit le chuchotement des... plantes ! Ailleurs, le musicologue Michael Bradke imagine un tunnel nous bombardant de voix étranges. Puis on crée des sons avec les battements de son coeur, les mains posées sur un plateau. Le genre de promenade qui ravit petits et grands ! Villeneuve d’Ascq, Forum des Sciences, jusqu’au 08.03.15, mar>ven 10h>17h30, sam>dim 14h30>18h30, 4/2€, grat -18 ans, www.forumdepartementaldessciences.fr
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CHRISTOPHE RAUCK Nouveau souffle Propos recueillis par ¬ Julien Damien Photo ¬ DR / Théâtre du Nord
à la tête du Théâtre du Nord depuis janvier dernier, Christophe Rauck défend une première saison placée sous le signe de l'ouverture. « Je ne suis pas programmateur, je suis un metteur en scène ! » insiste d'emblée l'ancien directeur du Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis. Rencontre avec un agitateur d'esprit qui imprime déjà sa marque à Lille et Tourcoing. Quel regard portiez-vous depuis SaintDenis sur le Théâtre du Nord et notre Eurorégion ? J’ai joué trois fois dans ce lieu et je connaissais un peu les environs. La région Nord – Pas de Calais et la métropole lilloise sont très dynamiques, particulièrement sur le plan culturel ! Le Théâtre du Nord bénéficie d'un emplacement formidable à Lille, d'une salle modulable et d'un atelier de décors à Tourcoing, un pôle idéal pour la création. L'idée de travailler dans un centre dramatique national attaché à une école m'a aussi énormément séduit. Et puis il y a un public génial ici !
Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? Une ouverture sur le territoire mais également un accompagnement des artistes. Nous allons multiplier les collaborations notamment avec Le Fresnoy ou L'Aéronef. Car il y a une chose qui me paraît unique ici, c'est la faculté des structures à communiquer entre elles. Nous envisagerons alors le théâtre sous toutes ses formes : la marionnette, le théâtre d’objets et le spectacle pour enfants. Nous développerons les actions à l'attention des familles et de la petite enfance, en plaçant la lecture au centre. ▲
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« On veut montrer que notre maison est bien vivante »
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Phèdre Racine / MeS Christophe Rauck Mariée à Thésée, roi d’Athènes, Phèdre est amoureuse de son beau-fils, Hippolyte. Croyant son mari mort, elle ose avouer sa passion au jeune homme, qui refuse l’inceste, lui-même amoureux de la pr incesse Ar icie. Contre toute attente Thésée revient des Enfers, furieux devant tant de trahison. Deux hommes, deux femmes et des désirs qui déraillent : tous les ingrédients de la grande tragédie sont réunis. Christophe Rauck creuse ici la question de la responsabilité et du libre arbitre. Il ménage un dialogue entre le vice et la vertu, la passion et la raison. Et surtout, il s'intéresse à la musicalité des alexandrins, en faisant entendre magnifiquement le texte de Racine écrit en 1677 ! 05.11>23.11 (sf lun et mar), Lille, Théâtre du Nord, 25>7€, www.theatredunord.fr
Une ouverture au plus grand nombre... Ah oui ! Je rejette l'idée d'un centre dramatique comme une institution verticale. Le théâtre est la somme de plein de talents, le croisement de nombreux arts : l’écriture, la scénographie, la peinture, les costumes, la dramaturgie... On veut montrer que notre maison est bien vivante. On doit ouvrir les fenêtres, recevoir la lumière et éclairer en retour. Si on ne regarde pas les gens, il ne faut pas s’étonner qu'ils ne nous regardent pas. Comment procèderez-vous concrètement ? En présentant des auteurs qui reflètent la création d’aujourd’hui, des œuvres contemporaines ou du répertoire. Je n’appartiens à aucune chapelle, tant qu'il est question de théâtre, au sens premier du terme : un endroit où l'on raconte des histoires. C’est un peu fou de se dire qu’on va monter des histoires pour les raconter à 400 personnes voire à toute une ville. Mais encore ? Quand je suis arrivé à Saint-Denis, je pensais qu’il fallait composer avec des questions d’identité, de modernité, des questions politiques. Mais en fait pas du tout. C'est le répertoire qui a le plus touché les habitants. Lorsqu’on a présenté Le couronnement de Poppée, c’est devenu flagrant. Les gens sont venus en masse. C’était beau à en pleurer ! Il y avait à la fois l’atelier d’alphabétisation, les gamins des ci-
Phèdre © Anne Nordmann
tés, la classe moyenne de Saint-Denis et toutes les associations… Tout s’est recentré et mis en marche grâce à cet opéra. Il ne faut donc pas avoir peur du répertoire … Surtout pas. Et certainement pas avec des textes comme ceux de Marivaux, avec lesquels on ne s’ennuie pas. C’est une langue que personne ne parle et n’a peut-être jamais parlée mais on la reconnaît tous. Avec Les Serments Indiscrets (voir p. 98), Marivaux travaille en permanence sur la litote, donc sur la négation. Il y a des subjonctifs et des passés simples somptueux. Pourquoi avoir rebaptisé l’EPSAD « école du Nord » ? EPSAD cela me faisait penser à une pharmacie… Or dans une école on travaille sur la poésie. En même temps,
école du Nord, ça raconte aussi un pays, une région, une histoire. Quel est votre projet pour cette école ? Il repose sur l'acquisition des fondamentaux, un travail sur les grandes œuvres avec des metteurs en scène confirmés tandis que des intervenants plus jeunes dialogueront avec les élèves durant leur parcours artistique. à ceci, j'apporterai ma propre vision de l’acteur. L’acteur est très important pour vous… Je suis un acteur qui, à force de reculer s’est retrouvé dans la salle sans le faire exprès (rires). Le metteur en scène tient la lanterne au début et commence à montrer le chemin. Mais, c’est grâce aux acteurs que les œuvres s’envolent. Leur rôle est effectivement primordial !
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Les Serments indiscrets Marivaux / MeS de Christophe Rauck Lorsqu'il montait ce spectacle on lui a prédit le pire. « Impossible !, m'a-t-on répété ». Finalement, la mise en scène de Christophe Rauck s’est imposée comme une œuvre importante, récompensée par le Syndicat de la critique (meilleur spectacle théâtral 2012-2013). L'argument ? Lucile et Damis, jeunes gens au caractère bien trempé, voient d’un très mauvais œil le mariage qu’ont arrangé pour eux leurs pères (Ergaste et Orgon). Mais, au moment même où ils se font serment de ne pas s’épouser, ils tombent amoureux... Sans toutefois se dédire auprès de leurs pères à qui ils ont déjà donné leur accord. Afin de troubler tous les plans, ils conviennent même que Damis courtisera la sœur de Lucile, Phénice… Ecrite au début du xviiie siècle, cette comédie (l’une des dernières pièces de Marivaux) portée par une langue flamboyante, s’ingénie à sonder, au plus profond de l’être humain, ses désirs intimes comme ses paradoxes. « La mélancolie qui se dégage de Lucile et Damis est celle des jeunes gens perdus entre le désir d’aimer et la peur de ne pas l’être » ponctue Christophe Rauck. 18.09>28.09, Lille, Théâtre du Nord, 25/20/10/7€, www.theatredunord.fr
Les Serments Indiscrets © Anne Nordmann
« Savoir d’où l’on vient pour aller vers le futur. »
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GERMAINE ACOGNY « L’avenir est en Afrique » Propos recueillis par ¬ Madeleine Bourgois Photos ¬ © François Goudier / © Hyun Kim
à soixante-dix ans, la Béninoise Germaine Acogny est considérée comme la mère de la danse africaine contemporaine. Elle a beaucoup dansé, bien sûr, chorégraphié, côtoyé Maurice Béjart et fondé une école au Sénégal. A l'invitation d'Olivier Dubois, directeur du Ballet du Nord, elle tourne dans le Nord – Pas de Calais dans le cadre du projet DanseWindows. Rencontre de haut vol. Dans le programme DanseWindows vous vous intéressez à la jeunesse. Comment abordez-vous ce thème ? J’ai demandé quelles étaient les préoccupations des jeunes, ici. On m’a parlé de l’identité. J’ai donc choisi de travailler sur les identités multiples. Le spectacle s’appellera Double Je.
sur l’identité sociale, familiale, religieuse. Il fallait représenter sa famille sur au moins trois générations. En répétition, aviez-vous une idée précise du résultat que vous souhaitiez ? Je travaille beaucoup à partir d’improvisations. Quand je donne un mouvement, il faut que le danseur se l'approprie. Je ne dis jamais qu'il est mal fait, mais transformé.
Comment avez-vous travaillé ? Le premier jour d’audition à Roubaix avec Karima Mansour (la seconde chorégraphe du programme), nous avons donné un cours et retenu une douzaine de danseurs. Le lendemain, je leur ai demandé d’improviser deux par deux
à quoi ressemblera le spectacle ? Je tiens à démonter les clichés en invitant différentes cultures à mieux se connaître. Dans le spectacle il y a un ▲
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travail sur la marche. Moi qui suis très pudique, je n’ai même pas vu que les danseurs étaient nus ! Chez nous, les danses traditionnelles se font seins nus. Ce n’est pas choquant quand ça fait partie d’un rituel, en rapport avec le milieu culturel. Sinon, dans mon village, présenter un spectacle où les danseurs sont nus passerait pour une provocation.
Noir et une Blanche, mais je n’ai pas choisi les danseurs pour leur couleur de peau. Je voulais quelqu’un qui vienne du hip-hop, il s’est trouvé qu’il était noir. Mais je ne veux pas qu’on dise qu’il est Sénégalais, Guyanais… C’est un Noir universel, tout comme la femme blanche est une Blanche universelle. Double Je durera vingt minutes. Cela doit être suffisamment simple pour être joué partout : dans un lycée, une cour, un village. Comment avez-vous rencontré Olivier Dubois ? Il a créé son spectacle Souls à l’Ecole des Sables, que j'ai ouverte avec mon mari au Sénégal. Il a été convaincu par l’énergie qui s’en dégage. Nous nous sommes rencontrés plus tard quand j’étais de passage à Strasbourg. On s’est tout de suite plu ! Il est revenu plusieurs fois et il a trouvé quelques-uns de ses danseurs chez nous. Que pensez-vous de son travail ? J’ai beaucoup aimé Tragédie pour son
Quelle place tient la danse africaine dans vos chorégraphies ? Je retiens l’essence de la danse sénégalaise pour développer ma propre technique. Je collabore avec mon fils Patrick, qui est chorégraphe. Il est spécialisé dans la déconstruction des danses patrimoniales, jusqu’à l’abstraction. C’est notre credo à l’Ecole des Sables : savoir d’où l’on vient pour aller vers le futur. Les frontières géographiques restentelles un obstacle dans la construction d'une carrière ? Les programmateurs croient savoir ce que le public aime. Si nos propositions ne correspondent pas à leur vision culturelle ou esthétique, il y a des réticences. Ils essaient aussi de diminuer le prix d’achat d’un spectacle parce qu’on vient d’Afrique. Mais on n’est pas des mendiants ! Ce qu’on gagne, on peut l’investir chez nous. Je reste persuadée que l’avenir est en Afrique.
DanseWindows 05.09, 20h30, Grand studio du Ballet du Nord, Roubaix /octobre, Templemars, Englos..., 10/8e, www.balletdunord.fr
théâtre & danse Le Palace © Manuelle Gautrand Architecture
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la comédie de béthune
Cécile Backès © Malte Martin
Le péril jeune ? « Je n’ai pas envie que le théâtre véhicule l'image d'un truc poussiéreux et assommant », annonce Cécile Backès. Persuadée que son art peut être à la fois gai, intelligent et simple, la nouvelle directrice de la Comédie de Béthune défend un programme tourné vers les adolescents et les jeunes adultes, en phase avec le monde réel. Rencontre.
Symbole fort, la saison démarre avec J’ai 20 ans, qu’est-ce-qui m’attend… ?, présenté comme une « tentative de regard pluriel sur la jeunesse française d’aujourd’hui ». Il y a quatre ans, la
comédienne et metteure en scène a lancé une vaste enquête pour sonder « non pas l’état d’esprit de cette génération, ce serait très ambitieux, mais des histoires ou des phénomènes qui
J'ai 20 ans qu'est ce qui m'attend © Cie Les Piétons de la Place des fêtes
en seraient représentatifs ». De tables rondes en entretiens réalisés avec des jeunes issus de tous les milieux, Cécile Backès a ensuite confié ce matériau à cinq auteurs (Aurélie Filippetti, Maylis de Kerangal, Arnaud Cathrine, Joy Sorman et François Bégaudeau) qui en ont chacun tiré une saynète de 20 minutes. En résulte J’ai 20 ans… qui dépeint, via les thèmes de l’accès au logement ou à l’emploi, les difficultés d'entamer sa vie d’adulte. « Je m’adresse à tous » Née d’une conversation avec le comédien Maxime le Gall, cette aventure se terminera à Béthune. Et donne le ton pour les créations à venir, qui bénéficieront d’une salle de répétition toute neuve (la réouverture du Palace après un an de travaux), et surtout de l’arrivée
d’un collectif de jeunes artistes mus par cette même idée d’accoucher d’un théâtre d’aujourd’hui. Un pari risqué ? Cécile Backès, animée par le « goût de la transmission » et la « découverte d’écritures nouvelles », désamorce tout a priori : « Le changement peut faire peur, mais je ne m’inscris pas en rupture avec le travail de Thierry Roisin (ndlr : son prédécesseur). J’ai des goûts différents mais je m’adresse à tous ». En contrepoint de cette programmation, le répertoire garde d’ailleurs une belle place. La Comédie sera ainsi le seul théâtre de la région à proposer l’intégrale d’Henri VI (tout un weekend), présenté à Avignon par un certain Thomas Jolly... 32 ans. Shakespeare n’avait-il d'ailleurs pas 25 ans quand il a écrit cette trilogie ?
Julien Damien
J’ai 20 ans, qu’est-ce-qui m’attend… ? 25.09 > 30.09 (relâche le 28.09), 20h sauf 29.09 (18h), 20/6€, www.comediedebethune.org
© M. Boermans
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Les Invisibles
Femmes de l'ombre En 2010, la journaliste Florence Aubenas se glissait dans la peau d'une travailleuse précaire de la région de Caen, enchaînant les "heures" pour une société de nettoyage. En 2012, Isabelle Pousseur adaptait son récit, Le Quai de Ouistreham, au Théâtre Océan Nord, offrant à ses deux comédiennes une performance autant physique que politique. Forte d'un accueil triomphal, Les Invisibles revient dans son lieu de création. Au départ, il y a la rencontre entre deux actrices et leur désir de travailler sous la direction d'Isabelle Pousseur. « Un jour, Magali Pinglaut m'a apporté Le Quai de Ouistreham, raconte la metteure en scène belge. J'ai été frappée par la force de ce récit, par l'histoire de ces femmes humiliées par un monde du travail devenu inhumain. » De tentatives en improvisations, l'adaptation convoque différentes formes théâtrales pour rendre au mieux les épisodes essentiels du roman-reportage. Sur scène, les deux corps se transforment pour jouer la foule de ces anonymes, silhouettes fugaces du petit matin s'effaçant lorsqu'arrivent touristes et employés. Se raidissent pour endosser les habits de formatrices Pôle emploi. S'épuisent pour une séquence chorégraphiée reprenant la gestuelle aliénante des femmes de ménage. Plus que le témoignage de la misère sociale, c'est la démarche de travestissement de la journaliste qui a motivé Les Invisibles. « Je voulais rendre compte de la connivence avec le travail d'acteur, car le théâtre, c'est un grand mouvement vers l'altérité ». La bouleversante puissance de vie qui se dégage de la pièce tend à le prouver. Marine Durand 16.09>04.10, Bruxelles, Théâtre Océan Nord, mar>sam, 20h30 sauf mer 19h30, 10/7,5/5€, www.oceannord.org
Jeff Mills © Shauna Regan
théâtre
&
danse
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Sélection
Je vous ai compris © Luciana Poletto
Cie du GROUPOV Cette pièce produite par la compagnie belge du Groupov repose sur de vibrants témoignages. Celui d’un Français d’Algérie, fils de gendarme, et d’une Algérienne, fille de
& théâtre
La Scène épate la Galerie
danse
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louvre lens
Faire pousser un musée au pied des terrils (et du stade Bollaert !), c’était déjà une aventure. Réussie pour le coup. Mais comment faire exister une scène au sein d’un musée ? Au Louvre-Lens, on a tenté le pari, plutôt osé car finalement rare en France. « C’est vrai que la première année il y avait très peu de public, l’attention était plutôt focalisée sur le musée, avoue Virginie Labroche, la programmatrice. Durant la deuxième saison, on a compté trois ou quatre spectacles complets… c’est quand même le signe que ça prend. On commence vraiment à être identifié ». Plus qu'avec la méthode Coué, c’est bien en misant sur la qualité que cette jeune scène veut exister. En s’appuyant sur une programmation pluridisciplinaire et équilibrée entre artistes de renommée régionale, mais aussi nationale et internationale (cette saison on attend le pionnier techno Jeff Mills ou encore "La Callas égyptienne", Karima Mansour). Surtout, il s’agit de faire le lien « entre le spectacle et l’exposition du moment ou des œuvres de la Galerie du Temps ».
révolutionnaires et naturalisée française. Tous deux ont quitté leur pays d'origine durant la guerre, et chacun raconte son arrivée en France. Porté par deux comédiennes pleines d’énergie (Valérie Gimenez et Sinda Guessab, également auteures), le spectacle est illustré en direct par les coups de crayon de Samir Gues-
sab. « Ses dessins sont projetés sur un écran pendant la pièce. Il dessine des paysages, celui d'Oran par exemple… et d’un coup on voit apparaître des impacts de balles », explique Virginie Labroche. Il sert la dramaturgie et souligne sans manichéisme cette histoire marquée par la colonisation. 26.09, 14h30 et 19h, 9/3€
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Histoire de fesses Une « contrainte créative » qui forge l’originalité du concept. Celui-ci poursuit un double objectif : proposer une autre
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danse
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porte d’entrée au musée et servir la médiation. « La scène doit favoriser la compréhension des œuvres et offrir un autre regard sur la création contemporaine » précise Virginie. Cette salle de 300 places permet de dépasser les limites habituelles du musée : « Nos collections s’arrêtent
en 1848. Sur scène, on a la possibilité d’aller plus loin, de montrer des spectacles dernièrement créés ». Pour exemple, ce stand-up pédagogique de la Courriéroise Bernadette Appert, Fesses, qui proposera aux visiteurs d'approcher les statues du musée par derrière ! Julien Damien
à voir / Concert 5.1 : 40 voix spatialisées, Les Cris de Paris (11.10, 19h) // Le revers de la Galerie du temps, Bernadette Appert (07.11, nocturne) // Œdipe Roi, Mis en scène Antoine Caubet (13.11, 19h) // Carte blanche à Olivier Dubois (02.02.15>07.02.15) // Jeff Mills, performance (07.03.15, à 19h)... www.louvrelens.fr
La petite soldate américaine Texte et mise en scène : Jean-Michel Rabeux
12.09, 14h30 et 19h, 9/3€
© Ronan Thenadey
Sélection
Pour ce "conte sans fée mais avec moralité", Jean-Michel Rabeux s’est inspiré du scandale de la prison d’Abou Ghraib lors duquel furent diffusées, en 2004, des photos de prisonniers irakiens humiliés par des GI. La pièce raconte l’histoire d’une petite soldate américaine qui aime chanter. Mais un jour elle perd sa voix. Pour la retrouver elle part à la guerre dans le désert d’Arabie. Et retrouve l’usage de son bel organe après avoir tué un prisonnier. Mais à trop vouloir chanter, elle est capturée par ses victimes, puis par ses chefs qui la condamnent à mort. Pas pour les horreurs qu'elle a commises, mais pour les clichés qu'elle a tirés et largement diffusés pendant le conflit. « On sent bien que cette petite soldate ça peut être nous, commente l’auteur. Nous, capables du pire ? ».
agenda
Une année sans été © Elizabeth Carecchio
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Daphné Guy Joosten
Un drôle de père 09>30.09
Voici une relecture de l’opéra de Richard Strauss inspirée de la légende de Daphné, rapportée dans Les Métamorphoses d’Ovide. Dans l’œuvre du poète latin, la nymphe est aimée du berger Leucippe autant que du dieu Apollon. Ce dernier tue son rival et transforme Daphné en laurier. Guy Joosten envisage son héroïne comme une militante écologiste. Mais, sa conscience verte ne s’exprime qu’en slogans, et non en actes. La Monnaie, qui a placé sa saison sous le signe des sept péchés capitaux, met ici l'accent sur la paresse. Avec volupté. Bruxelles, La Monnaie, 20h sf le 14&21.09 à 15h, 125>12 €, www.lamonnaie.be
Bernard Slade / Gérald Sibleyras 17.09>12.10
Plusieurs fois marié, infidèle, homme de théâtre puis de télévision, François Garnier a mené une vie d’insouciance. Tout le contraire de son fils Christophe, intellectuel, timide et complexé, que le vieil homme fantasque reçoit pour l’été. La dernière chance pour eux de nouer des liens… Comédie sentimentale écrite en 1980 par le Canadien Bernard Slade est un classique du genre, qui amuse autant qu’il émeut. Bruxelles, Th. Royal des Galeries, 20h15 (+sam et dim à 15h), 25>10€, www.trg.be
Une année sans été Joël Pommerat / C. Anne
Ici Emmanuelle Bischoff
16>20.09
Une habitation étrange composée de restes de décors, d’objets accumulés, de bouts de meubles… tous riches d’une histoire qui leur est propre. Un homme tente de trouver une organisation dans ce chaos. Emmanuelle Bischoff, scénographe de renom a conçu un moment de théâtre où l’acteur principal est le décor. Un spectacle entre installation et performance. Bruxelles, Théâtre de la Vie, 20h, 12>1,25€, www.theatredelavie.be
24>28.09
Ils sont cinq jeunes gens d’à peine 20 ans – deux hommes et trois femmes. Loin de leurs parents, ils s’aiment, rêvent et fomentent de douces utopies. L’histoire raconte quelques mois de leur vie, de l’automne au printemps. « Sans été » renvoie à ce moment de l’Histoire : l’été 1914, celui du déclenchement de la Première Guerre mondiale… Ecrite en 1987 par Catherine Anne, cette pièce mise en scène par Joël Pommerat décrit le passage à l’âge adulte. Bruxelles, Théâtre National,
Complet !
Matsukaze © Bernd Uhlig
théâtre
&
danse
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agenda
Souls Olivier Dubois
Matsukaze 25&26.09
La danse est-elle le mouvement de l’âme ? La question est posée dans cette chorégraphie d’Olivier Dubois. Au son de percussions, les corps de six danseurs africains semblent s’extraire d’une scène recouverte de sable. Celle-ci illustre à la fois un berceau, un terrain de bataille et un tombeau. Ils se lèvent, s’épaulent, s’affrontent, aidés de leurs âmes qu’on a l’impression de voir s’animer devant nous. Bluffant. Gand, Vooruit, 19h (25.09) & 21h (26.09), 14>10€, vooruit.be
L’art du rire Jos Houben
25.09
Pourquoi et comment rit-on ? Qu’estce qui nous fait nous plier en deux ? Jos Houben répond à ces questions à travers un spectacle aussi sérieux que désopilant, à mi-chemin entre la conférence et le one-man-show. Qu'il mime un camembert, se vautre sur les planches ou s'interroge sur la verticalité du corps humain, Houben décortique chaque phénomène (souvent incongru) à l'extrême, poussant l'ensemble jusqu'à l'absurdité la plus totale. Un joli tour de force. Hazebrouck, Centre Culturel André Malraux, 20h, 10>7€, www.centreandremalraux.com
Toshio Hosokawa & Sasha Waltz 30.09 / 02&03.10
Cette adaptation lyrique d’un classique du théâtre Nô du xive siècle narre le tragique destin de deux sœurs, qui les mène de l’amour à la mort et à la folie. Le compositeur japonais Toshio Hosokawa cultive ici une approche intimiste avec quatre personnages et un petit chœur, accompagnés d’un orchestre de chambre. Les danseurs de la compagnie Sasha Waltz & Guests assurent quant à eux la partition chorégraphique. Lille, Opéra, 20h, 34>5 €, www.opera-lille.fr
Le moral des ménages Eric Reinhardt / Stéphanie Cléau 02&03.10
Adaptée du roman d’Eric Reinhardt, cette pièce nous plonge dans les souvenirs de Manuel Carsen (Mathieu Amalric), chanteur raté de 40 ans qui a tout fait pour fuir la classe moyenne dont il est issu et qu’il exècre. Misogyne, lâche, auto satisfait, il est confronté aux femmes de sa vie (mère, épouse, fille, maîtresses, amour de jeunesse… toutes interprétées par Anne-Laure Tondu) qui dressent alors le portrait d’un héros don-quichottesque. Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22>13€, www.lephenix.fr
littĂŠrature
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interview
Thierry Beinstingel Quand la campagne penche à l'extrême-droite Propos recueillis par ¬ François Annycke Photos ¬ © Tina Merandon / DR
Après une dizaine de livres, dont Retour aux mots sauvages ou Ils désertent, lauréat du Prix Amila-Meckert en 2013, Thierry Beinstingel sort Faux Nègres. Un vrai roman sondant les petites communes rurales, particulièrement celles qui mettent la barre très à droite. Ni moralisateur, ni explicatif, ce texte s'annonce comme l'un des évènements de la rentrée. Comment est venue l'idée de ce livre ? Tout est parti d’une anecdote. Dans ma région, il y a un village où on a voté majoritairement pour l'extrême-droite aux élections. à la dernière campagne présidentielle, sa patronne y a d'ailleurs tenu un meeting qui a drainé de nombreux journalistes, pour voir comment vivaient les "Indiens" de ce village.
depuis des générations... Pourquoi ne nommez-vous pas clairement le parti politique qui dévore cet endroit ? C'est volontaire. De la même manière, je ne cite pas non plus la commune en question. Car cela pourrait être n'importe quel village de France et n'importe quel parti d'extrême-droite. Ce dernier est reconnaissable mais en même temps, utiliser son nom c'est un peu comme citer une marque sur une boîte de camembert ; son nom peut changer, mais pas le contenu. Pour moi, c'est un parti d'extrême-droite, c'est tout.
Et qu'ont-ils trouvé ? Un petit coin de campagne, qui n'a pas changé depuis le xixe siècle. Ces villages ont été façonnés à l'époque de Jules Ferry. On y a construit une mairie, une école et une église. On n'habite pas là par choix mais parce que sa famille y vit ▲
littérature
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littérature littérature
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« J'essaie de redonner leur noblesse aux mots »
Est-il vraiment question d'un roman ? Quelle place accordez-vous à la fiction, à l'intrigue, aux personnages ? J'ai rendu les personnages le plus romanesque possible : un narrateur qui n'a rien d'un journaliste, un preneur de son aveugle. II leur manque toujours quelque chose. Je trouvais intéressant de bâtir un roman un peu dans le style xixe en prenant au pied de la lettre le sous-titre de Madame Bovary : « mœurs de province ». Vos personnages sont très silencieux, comme dans une sorte d'errance. Cela confère un côté tragique au livre… Ce silence signifie que le langage échappe parfois aux classes populaires. Quand on est de condition modeste, a-ton le droit d'exprimer une opinion ? Le maire du village parle par onomatopées parce que ses mots se sont raréfiés. On est dans un empêchement de paroles.
Cela dit, mon projet est profondément optimiste. J'essaie de redonner leur noblesse aux mots. Je décris la campagne avec une certaine exigence, un vocabulaire saisissant le monde rural au plus près. C'est aussi pour ça qu'il y a du lyrisme dans ce livre. Tout l'enjeu du roman est là : (re)donner la parole aux classes populaires. Le discours politique est aussi pas mal dézingué. On se pose la question de la force et du pouvoir des mots… En tant que citoyen je reconnais le droit de me poser cette question : pourquoi vote-t-on à l'extrême-droite dans un petit village ? Je m'interroge sur ce qu'on fait de la politique, comment elle imprègne nos vies à l'occasion d'une élection. Je fais référence à Jules Ferry mais m'intéresse surtout à notre époque en m'appuyant sur une actualité -relativement- imaginaire. Mon roman pose donc des questions sans y répondre, sinon cela deviendrait un essai. Cela dit, j'ai eu quelques prémonitions assez étonnantes !
à lire / Faux Nègres (Fayard), 424 p., 20€
chroniques
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STEVE TESICH Price (Monsieur Toussaint Louverture) Dramaturge, scénariste oscarisé, Steve Tesich (1942-96) connut le succès à Broadway et Hollywood dans les années 1970-80 (on lui doit l’adaptation du Monde selon Garp de John Irving). Mais cet auteur d’origine serbe demeurait aussi un fabuleux romancier. Son talent fut révélé en France avec Karoo, publié en 2012 par les éditions Monsieur Toussaint Louverture et qui exhument aujourd’hui Price, son premier roman paru aux USA en 1982. L’histoire ? Daniel Price a 18 ans. Il vient de quitter le lycée et vit avec ses parents dans une ville industrielle de la banlieue de Chicago. Il ne sait que faire de son existence, qui semble se borner aux usines locales et à un destin de rêves avortés, pile dans les pas paternels. Durant cet été 1961, deux événements vont précipiter le cours de sa vie : tandis que son père est à l'agonie, Daniel connaît son premier amour, bouleversant et destructeur. Price, c’est l’éternel récit de la perte de l’innocence, sous forme de plongée dans ce bain d’acide qu’est l’âge adulte et qui ronge toute trace de candeur. Quelque part entre J.D. Salinger et John Fante (la description de la relation père-fils), Tesich livre un roman à la fois drôle et très sombre. Mais d’une noirceur étincelante. 544p., 21,90€. Julien Damien
Paulo Lins Depuis que la samba est samba (Asphalte éditions) à la fin des années 1920 à Rio de Janeiro, le Corcovado accueille le Christ Rédempteur pendant que le quartier de l’Estació "recrée" la samba. Cet âge d’or où spiritualité et musique inventent main dans la main est retracé dans ce roman incandescent de Paulo Lins, l’auteur du fameux La Cité de Dieu. Les malandros, ces bohémiens au verbe facile, côtoient les prostituées, les compositeurs de samba, les capoeiristes et les médiums des religions afro-brésiliennes. Souffrances, foi, désirs et chants font vibrer les âmes, danser les corps et participent à la réinvention du carnaval de la Cité Merveilleuse. Ce portrait d’époque adopte le rythme endiablé des batuques et expose l’effervescence artistique qui voyait les rejetons de l’empire colonial portugais s’ouvrir à la culture des petits-fils d’esclaves. 304 p., 22€. J. Bourbiaux
livres ARNAUD DELRUE Un été en famille (Seuil) Pourquoi être chroniqueur ? Certainement pour tomber sur des surprises comme celleci. Tout commence par l'enterrement de Claire, la sœur du narrateur. Le deuil resserre un temps les liens familiaux. Mais toutes les plaies ne sont pas refermées... et les relations entre la mère, l'oncle Paul, le médecin deviennent tendues. Et il y a Marie, la petite sœur du narrateur à laquelle il s'adresse en permanence, distillant un malaise qui traverse bientôt toutes les pages. Servie par une langue remarquable, l'intrigue progresse sur un fil, à la limite du conte pour adulte, du thriller et du roman psychologique. Deux récits s'entrecroisent, l'un au passé centré sur la famille et l'autre au présent décrivant une fuite dont la tension est palpable. Un auteur à découvrir. 144p., 16€. François Annycke
GOLO ZHAO Passeur d’âmes (Cambourakis) Auteur de La balade de Yaya et Entre Ciel et Terre, qui ont tenu en haleine des milliers de lecteurs, Golo Zhao revient avec Passeur d’âmes, un beau livre épais, aux tons pastels, à la couverture rigide et épurée. Une fois le manhua (BD chinoise) ouvert, on retrouve le style Zhao, cette narration emprunte d’une apparente naïveté qui révèle en réalité des contes mélancoliques aux thèmes adultes (il y parle de la mort, de la culpabilité, de la nostalgie). Sur fond d'univers urbain trépidant, sept nouvelles aux accents fantastiques et autant de tranches de vie adolescentes (liées entre elles) prennent tout leur sens au dénouement. Livre à tiroirs, au dessin élégant et gracieux, Passeur d’âmes est transcendé par une langue poétique. 176p., 22€. Isabel Amossé
Jesmyn Ward Ligne de fracture (Belfond) Quatre ans avant Bois sauvage (2012), son deuxième roman couronné par le prestigieux National Book Award, Jesmyn Ward explorait déjà les terres hostiles de son Mississippi natal avec Ligne de fracture, tout juste traduit chez Belfond. Englués dans la moiteur des bayous, Joshua et Christophe, jumeaux de 18 ans tout juste diplômés, cherchent du travail pour subvenir aux besoins de Ma-Mee, leur grand-mère chérie, qui les a élevés entre une mère absente et un père toxico. L’un finit par trouver un emploi chez les dockers. L’autre, ruminant sa frustration, se tourne vers le trafic de drogue. Au cœur du Sud profond des Etats-Unis, pauvre et noir, comme abandonné de tous, la jeune auteure américaine fait surgir l’espoir là où on ne l’attend pas. Une œuvre brutale, sensorielle et, déjà, magistrale. 315p., 19,50€. Marine Durand
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chroniques
livres Thomas PYNCHON Fonds Perdus (Seuil, coll. Fiction & Cie) Hier Vice Caché, aujourd’hui Fonds Perdus, comme un diptyque : deux detective stories, deux villes emblématiques (LA/NYC), deux moments de bascule de l’Histoire (la fin de l’utopie hippie et l’avènement de Nixon contre l’éclatement de la bulle Internet et la chute des tours jumelles). Mais l’enquête de Maxine Tarnow, chasseuse de fraudes prise dans une toile vertigineuse, donne ici lieu à un roman plus dense et plus important que son prédécesseur. La tension que le récit haletant fait subir à l’époque dépeinte - quasi-contemporaine et pourtant irrémédiablement révolue - transforme Fonds Perdus en bouleversant requiem, audelà de la figure imposée du roman sur le 11 septembre. Comme toujours Pynchon s’intéresse à l’articulation entre surface et profondeurs, qu’il s’agisse du mythique Xibalba ou de l’eldorado geek du Deep Web. RIP le deep nous dit le Pynch avec inquiétude et humour suraiguisés, brassant roman noir, technothriller ou chick lit, poursuivant ce travail sur toutes les formes pop(ulaires). Parfaite porte d’entrée sur l’univers pynchonien, et foudroyante introduction à notre monde. 448p., 24€. Rémi Boiteux
HARUKI MURAKAMI L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage (Belfond) Après 1Q84, Murakami délaisse le fantastique pour un roman plus réaliste, dans la même veine que La Ballade de l’impossible (2007). Il narre ici l’histoire d’un lycéen qui a été exclu du jour au lendemain, sans explication, de son cercle d’amis. Celui-ci entre alors dans une profonde dépression qui va bouleverser le cours de sa vie. 16 ans plus tard, incité par sa petite amie qui déplore que cette blessure n’est pas refermée, Tsukuru décide de découvrir les raisons de cette disgrâce. Et entame un pèlerinage à la recherche de ses ex-compagnons pour reconstituer ce passé qui ne passe pas. L’auteur à succès japonais livre un page-turner métaphysique sur le sens de l’existence et ne peut s’empêcher de faire cohabiter le réel avec le rêve, le fantasme. L’incolore Tsukuru… se lit comme une réflexion sur le temps qui s’écoule mais ne disparaît jamais vraiment. Les fans s'y retrouveront. 384 p., 23€. Julien Damien
chroniques
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Boys Noize & Chilly Gonzales Octave Minds (Boysnoize Records/La Baleine) Sur le papier, la rencontre entre Chilly Gonzales et Boys Noize semblait aussi improbable que l’accouplement entre un panda et un varan à crête rose. Ce serait oublier que le Montréalais et le Berlinois ont déjà travaillé ensemble. Ce dernier avait produit (sous son vrai blaze, Alexander Ridha) l’excellent Ivory Tower (2010) qui servait de trame pour un ovni cinématographique éponyme incarné par Gonzales himself et réalisé par Adam Traynor (Puppetmastaz). Plus nu-jazz, Octave Minds, premier album collaboratif entre l’allumé du piano et le dynamiteur de dancefloors, présente bien des similitudes avec Ivory Tower puisqu’il paraît conçu comme la BO d’un film, qui cette fois n’existe pas. Ridha a mis le marteau-piqueur de côté pour lubrifier le set piano de son acolyte velu (qui ne chante quasi pas). à présent, le duo délivre une electronica qui oscille entre funk 70’s (Anthem, Together, dans la droite ligne d’Ivory Tower), trance progressive (Symmetry Slice, remarquable ouverture), et beats plus agressifs (Royalty, Done Deal). Construisant des titres (bizarrement) narratifs, visuels. Inégal, parfois agaçant (cf Tap dance), Octave Minds reste une très bonne expérience musicale. Preuve que la somme des talents ne s’annule pas. J. Damien
ERLAND & THE CARNIVAL Closing Time (Full Time Hobby/PIAS) Fruit de la rencontre entre le jeune Erland Cooper et le déjà vétéran Simon Tong, Erland & The Carnival a d’abord été un terrain où l’on jouait irrévérencieusement avec le folklore anglo-écossais. Sur ce troisième album, le ton devient plus personnel mais les arrangements restent morriconiens et le chant liquoreux. On pense à Get Well Soon, voire au grand Neil Hannon, mais aussi, sur Quiet Love, au soft-rock 70's. Closing Time s’avère plus cohérent et moins psychédélique que ses prédécesseurs - ce qui n’exclue pas une lancinante folie. Même sur la ballade dénudée et poignante qui clôt l’album, les choeurs sont reverse. Une production discrètement retorse et quelques accents électroniques viennent fêler le bel ouvrage. L’art liverpuldien - E&TC sonne comme le cousin altier des géniaux Coral - s’en retrouve drôlement bien sapé. Rémi Boiteux
disques BANKS
THE GROWLERS
Goddess (Harvest Records/Universal)
Chinese Fountain (FatCat Records / Differ-ant)
En l’espace de deux EP (London et Fall Over, 2013), l’Américaine s’est imposée comme la nouvelle figure du R&B, loin des codes (vulgarité et ostentation) d’une pop-star criarde. Influencée par Lauryn Hill, Fiona Apple ou Massive Attack, Jillian BANKS, 25 printemps, délivre quatorze titres - seize en deluxe - dont huit inédits, oscillant entre électro épurée et pop menaçante. à grand renfort de mélodies synthétiques brumeuses, les plages révèlent une voix lascive, cristalline et torturée, à l’image de You Should Know Where I’m Coming From. Côté production, la Californienne s’entoure des petits prodiges qui règnent sur la scène électronique britannique: TEED (Warm Water), SOHN (Waiting Games) ou Jamie Woon (This Is What It Feels Like). Lorde n’a qu’à bien se tenir. Elsa Fortant
Avec une régularité que leur dégaine ne laissait pas forcément présager, les tout débraillés Growlers sont de retour en ce beau mois de septembre avec Chinese Fountain, leur cinquième album en cinq ans. On y retrouve la pop psychédélique portée par la voix de Brooks Nielsen (Bob Dylan et Marianne Faithfull dans la même bouche) et magnifiée dans Hung a Heart paru en 2013 (leur meilleur opus jusqu’ici), mais cette fois exhaussée de sonorités que les Californiens n’avaient pas encore goûtées. Entre le disco moroderien qui habille délicatement Chinese Fountain ou le reggae qui rythme Dull Boy (hit évident), les grogneurs donnent dans l’éclectisme sans pour autant transmuer leur ADN de bohémiens mélancoliques. Du tout bon. Julien Damien
NAOMI SHELTON & THE GOSPEL QUEENS Cold World (Daptone Records/Differ-ant) Daptone Records, label new-yorkais à qui on doit le phénomène Sharon Jones (100 Days, 100 nights, 2007), sort une nouvelle pépite qui ressuscite l’âge d’or de la soul, du gospel et du rhythm & blues façon Aretha Franklin. Vintage, old school, le son de Naomi Shelton & The Gospel Queens est d’une authenticité telle que les 12 titres qui forment Cold World semblent tout droit sortis des sixties, le vinyle encore chaud, comme usiné avant-hier dans la fabrique Motown. Il a pourtant bien vu le jour en juillet dernier (dans une indifférence incompréhensible) et ne constitue finalement que le second bébé (après What Have You Done, My Brother, 2009) de Naomi Shelton qui crache toujours son âme d’une voix rauque et taillée sur les bancs de l’église de son Alabama natal. Julien Damien
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Concerts Lun 01.09 TEN FOOT POLE + ANTILLECTUAL + FAT SHEEP Arlon, L'Entrepôt, 20h, 11/9e
Bruxelles, Flagey, 20h15, 18/13e Tribute to THE DOORS by BACK DOORS MAN Verviers, Spirit Of 66, 21h, 10e
Orchestre Royal de Chambre de Wallonie... La Louvière, Église SaintJoseph, 16h, Gratuit
Mer 03.09
Anja Schneider Lille, Le Magazine, 23h, NC
Napalm Death + Visions Of War + Mr Marcaille Bruxelles, Magasin 4, 18h, 10e
Von Magnet + Astoreth + Mongolito Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e
Sam 06.09
Lun 08.09
Zenzile + Volt Selector... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 10e
HAMILTON LOOMIS Verviers, Spirit Of 66, 20h, 15e
Anthea Mons, Alhambra, 20h, 10/8e
Mar 09.09
PATRICK BRUEL Villeneuve d'Ascq, Stade Pierre Mauroy, 20h, 68/37e
Monster Youth Gand, Café Vidéo, 21h30, gratuit
Steve Hooker Lillers, L'Abattoir, 20h, 7e
Mer 10.09
Swing me baby + French Rag Dividers Lille, Gare Saint-Sauveur, 20h, Gratuit
Sham 69 + Contingent + Les Slugs Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e
SPOCK'S BEARD Verviers, Spirit Of 66, 20h, 27e Festival Jazz Danish Delight : Sinne Eeg + Jacob Christoffersen Trio Bruxelles, Flagey, 20h15, 18/13e
Jeu 04.09 Bai Kamara Jr Namur, Belvédère, 19h, gratuit Dÿse + Vandal X... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Cheshire Cat + The Glucks + Fresh Warrior + Globul Charleroi, Rockerill, 20h, NC Joy as a Toy Mons, Alhambra, 20h, gratuit
Woods Bruxelles, Atelier 210, 20h30, 13/10e McLOUD Verviers, Spirit Of 66, 21h, 18e
LITTLE CAESAR Verviers, Spirit Of 66, 20h, 20e
Trade (blawan + surgeon) + PSYK + Skirt + deg... Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e
Pink Mountaintops Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
Dim 07.09
Festival Jazz Danish Delight : Kira Skov + The Cabin Project Bruxelles, Flagey, 20h15, 18/13e
Ven 05.09 Marvin + Peter Kernel + Le Singe Blanc + Joy as a Toy Bruxelles, Magasin 4, 19h, 10e Visions of War + CounterAttack + Goat Vomit Liège, La Zone, 20h, 5e Festival Jazz Danish Delight : IKI + The KutiMangoes
Festival Les Musicales de Beloeil : Chapelle Musicale Reine Elisabeth + Quatuor Malibran Beloeil, Scène Champ des roses , 14h, 34/25/20e
DANIEL ROMANO Anvers, Trix, 19h30, 14/11e Beck Bruxelles, Forest National, 20h, 45e
Jeu 11.09 Cut Hands + Germanotta Youth + Ripit Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e JANOSKIANS + BLUSH Anvers, Trix, 19h30, 64/39/14e Jay Mayhem (Dark Side Project) + Colonel Sweetback + ANAL... Charleroi, Rockerill, 20h, NC
Festival Les Musicales de Beloeil : Soledad + Philip Catherine Beloeil, Scène Cloître , 14h, 34/25/20e
RICHIE KOTZEN Verviers, Spirit Of 66, 20h, 25e
Le Tradswing Jazz Band Lille, Gare Saint-Sauveur, 15h, Gratuit
Ven 12.09
Festival Wallonie-Hainaut - Premières Scènes :
Tweens Lille, La Péniche, 20h, 12/11e
BENT VAN LOOY Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, Gratuit
Retrouvez l’intégralité des concerts sur
www.lm-magazine.com
Collegium Vocale Gent Purcell... Bruges, Concertgebouw, 20h, 41/33/25/17e Freddie Gibbs Anvers, Trix, 20h, 15e Orchestre National de Lille Saint-Folquin, Salle des sports , 20h, NC Sinkane Lille, La Péniche, 20h, 13/12e Sonic Area + Hint... Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e The Tallis Scholars Bruxelles, Bozar, 20h, 16e Kind of Pink Ath, Maison Culturelle d'Ath, 20h30, NC The Thin and The Fat Guy's Arlon, L'Entrepôt, 20h30, NC MYSTERY Verviers, Spirit Of 66, 21h, 20e Witloof Bay Bruxelles, Bozar, 22h, gratuit
Sam 13.09 Length Of Time + Es La Guerilla + Surge Of Fury... Bruxelles, Magasin 4, 17h, 10e Casssandre + Elvin Galland Quartet + Raf D Backer + Baba Sissoko Jazz Revolution… Bruxelles, Botanique/Rotonde, 18h30, 8e La Smala + Double 00 + Retour2flammes + DJself Mons, Alhambra, 20h, 12e Orchestre National de Lille Aix-La-Noulette, Salle René Gébus , 20h, NC
Boogers Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, Gratuit Canto ostinato Bruges, Concertgebouw, 20h30, gratuit Carl Craig +Fabrice Lig... Charleroi, Rockerill, 22h, NC Gyptian (Jam) with live band Anvers, Petrol Club, 22h, 15e Tonalrausch Bruxelles, Bozar, 22h, 16e Name festival : Magda + Marc Houle + Nyma + julien electro libre + APM001 Dunkerque, Le Kursaal, 22h, 10/6e
Jeu 18.09 We were evergreen + Vilain Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 8/6/1e/Grat Amatorski Hasselt, Cultuurcentrum, 20h, 18/16,50e Léonie Pernet + Blaise Bandini Lille, La Péniche, 20h, 12/11e Percy Sledge Bruges, Cultuurcentrum, 20h, 32/28/21/14e Pow ! + Murvin Jay + Holy Wave + Raw District... Charleroi, Rockerill, 20h, NC
Dim 14.09
Steven Osborne Bruges, Concertgebouw, 20h, 21e
Tagada Jones + Corbillard Bruxelles, Magasin 4, 18h, 10e
Fabrice Devienne : Dipenda Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10/7e
JOAN BAEZ Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 60/52,5/45,5e
Nele Needs a Holiday Gand, Charlatan, 22h, 5e
Lun 15.09 RICHIE KOTZEN... Lille, Le Grand Sud, 20h, 13/7/5e TOMMY CASTRO Verviers, Spirit Of 66, 20h, 20e Black English Gand, Café Vidéo, 21h30, Gratuit
Mar 16.09 Cold Pumas + Berline 0.33 Lille, La Péniche, 20h, 11/10e
Tuxedomoon Eeklo, N9, 20h, 17/14e
The Goastt (Sean Lennon & Charlotte Kemp Muhl)... Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/16e
Aymeric Sylvert Orchies, Le PACBO, 20h30, 10/8/3e
Psychic TV Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, Complet !
Kid Ink Lille, Le Magazine, 23h, 20e
Ven 19.09 Name : Blaise Bandini + Tito Parallel + Songe Lille, Gare Saint-Sauveur, 18h, Gratuit Festival Du Métal à la campagne : Lofofora + Général Lee Benighted + Goon + Fatherless Child + Colossus + Tyson Boogie... Rexpoëde, Site du Meulen Hof , 19h, 15e Gramatik Anvers, Trix, 19h30, 18e 49 Swimming Pools Lille, La Péniche, 20h, 14/13e Aeroplane + Attar... Mons, Alhambra, 20h, 12e Florent Pagny Lille, Le Zénith, 20h, 60/50e
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Concerts JAMES TAYLOR AND BAND Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 70/60/50e King Buzzo Courtrai, De Kreun, 20h, 18/15/12e Lento + Year of No Light... Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10e Orchestre National de Belgique Bruxelles, Bozar, 20h, 40/32/22/10e Percy Sledge Hasselt, Cultuurcentrum, 20h, 34e Play@Home#9 : Madensuyu + Selenian + Wayward Birds Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 5e
Speedrock... Bruxelles, Magasin 4, 18h, 10e Name festival : Ced + Farai + Miss Noa Lille, Gare Saint-Sauveur, 18h, Gratuit
ENTOMBED A.D. + Grave Courtrai, De Kreun, 20h, 21/18/15e
Casco Phil Bruges, Concertgebouw, 20h, 32/27/21/16e
Tuxedomoon Louvain, Het Depot, 20h, 20/17/14e
Festival Wallonie-Hainaut : Les Métamorphoses / ensemble Oxalys La Louvière, Église du Voeu à Saint-Antoine de Padoue , 20h, 15/12e Le Plan C + Mc StyléS... Liège, La Zone, 20h, NC Moaning Cities Mons, Alhambra, 20h, 10e
We Love You - We Are Not Lou Reed Anvers, De Roma, 20h30, 18/16e
Sttellla Mouscron, Centre culturel, 20h30, 20e
Name festival : Matthus Raman + Maya Jane Coles + Laurent Garnier + Agoria + Throb Circle + Tennis + Ten Walls + Tale of us + Mind Against + Peo Watson + Pachanga Boys + Ellen Allien + Recondite + Michael Mayer Tourcoing, La Tossée, 22h, 28/20e
Sam 20.09 Festival Du Métal à la campagne : Dancefloor Disster + W.I.L.D + Netfastscore + Unstable Rexpoëde, Site du Meulen Hof , 14h, 15e Dead Elvis & His One Man Grave + Peter Pan
Asaf Avidan Roubaix, Le Colisée, 19h, 45/41/37/34/8e
Sohn + Guest Tourcoing, Le Grand Mix, 19h, 12e/grat
HK et les Déserteurs Orchies, Le PACBO, 20h30, 16e
Fabrice Devienne Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10/7e
Bardo Pond + White Manna Bruxelles, Magasin 4, 18h30, 8e
ZAP MAMA Louvain, Ferme du Biéreau, 20h30, 26/25/23e Fabrice Devienne Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/10/7e KermesZ à l'Est Bruxelles, Atelier 210, 21h, 10/7e Name : B.A.G.A.R.R.E + Sam Tiba + Panteros 666 + 2MandysDJS + Brodinski + Louisahhh!!! + Deivaet & Djos + Clockwork & Avatism + Marcel Dettmann + Loco Dice + Dc Salas + Reptile Youth + Agents of time + Apollonia + APM001 Tourcoing, La Tossée, 22h, 28/20e
Lun 22.09 Die Entführung aus dem Serail (in concert) Bruxelles, La Monnaie, 19h, 72/56/40/18e MARISSA NADLER + MICK TURNER Anvers, Trix, 19h30, 17/14e Negative Approach + Grand Collapse... Liège, La Zone, 20h, 8e Cave + Rosalind Hall Bruxelles, Les Ateliers Claus, 20h30, 5e Tony Bennett Bruxelles, Cirque Royal, 20h30, 101/96/86/76
Mar 23.09 Azealia Banks Gand, Vooruit, 19h, 26e Noxagt + Shearing Pink... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Lady Gaga Anvers, Antwerp Sportpaleis, 19h30, 99,5>39,5e Natural Child + Zig Zags Anvers, Trix, 19h30, 11e Danish String Quartet Bruxelles, Bozar, 20h, 28/20e
Dim 21.09
Monno + Piume Di Pavone Liège, La Zone, 20h, 7e
Tunng + The Feather Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 18h, 12/10/8/5e
Thee Silver MT. Zion + The Besnard Lakes Lille, L'Aéronef, 20h, 17/13/9e
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Jam Session Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h30, gratuit
Mer 24.09 Monno + Art of burning water + Piume Di Pavone Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Applause + Vismets + Sharko Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 10e La Cécité des Amoureux + Li-Lo* + Robbing Millions Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 10e Concrete Knives + Samba De La Muerte Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Mars Red Sky + Glowsun Lille, L'Aéronef, 20h, 11/gratuit Say yes dog Lille, La Péniche, 20h, 12/11e UB40 Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 35e Pharrell Williams Anvers, Antwerp Sportpaleis, 20h30, 51/47/43/39e Jimmie Joy Bruxelles, Atelier 210, 21h, 3e
Jeu 25.09 Le Père Noël est-il un rocker ?/ Feini-X Crew + Cayman Kings + Guest Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 3e Meeting Raoul is easy #2 Oignies, Le Métaphone, 19h30, Gratuit Mountain Bike + Newmoon Anvers, Trix, 19h30, Gratuit The Gaslamp Killer Bruxelles, VK*, 19h30, 19/16e Concrete Knives + SAmBA De La mUERTE...
Bruxelles, Atelier 210, 20h, 10/7e Freddie Gibbs + Blue Daisy + Wesh ! Sound System Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5e Kap Bambino + Attari + Infecticide + Globul vs Barako Bahamas... Charleroi, Rockerill, 20h, Grat Orchestre Philharmonique Royal de Liège Bruxelles, Bozar, 20h, 40/32/22/10e Red Snapper + Inwolves Opwijk, Nijdrop, 20h, 15e Elephant Stone Bruxelles, Botanique,Witloof Bar, Bruxelles, 20h30, 14/11/8e Festival We Will Folk You : Catfish + Daniel Romano Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e
Ven 26.09 Part Chimp + Hey Colossus + Ultraphallus + Adolina Bruxelles, Magasin 4, 19h, 10e Kap Bambino Bruxelles, VK*, 19h30, 16/13e SYLVAN ESSO Anvers, Trix, 19h30, 14/11e (FRANK DERUYTTER'S) O.T.O MACHINE Courtrai, De Kreun, 20h, 16/13/10e
PUGGY + Fùgù Mango + DJ Tutur Mouscron, Plaine de Neckere, chaussée d'Aalbeke, Mouscron, 20h, 28/20e Scott H. Biram + The Graveltones Hasselt, Muziekodroom, 20h, 10/7e The Bootleg Beatles Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26e Hans Teeuwen & The Painkillers Anvers, Arenbergschouwburg, 20h15, 27,50/24,50e Jérémie Rhorer Bruxelles, La Monnaie, 20h15, 40/30/25/12e Powerdove + Hayvanlar Alemi Bruxelles, Les Ateliers Claus, 20h30, 8e Festival We Will Folk You : First Aid Kit + Jo Rose Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e Fest. les photaumnales : Jamaica + Gderws Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, 14/12/9e Skank Lab #3 Dawa Hifi meets Weeding Dub W/ Little-R + Kandee Lille, L'Aéronef, 22h, 8/4/3e
Sam 27.09
Le Bal de l’Afrique enchantée Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h, Gratuit sur réservation
Alek Et Les Japonaises + Petula Clarck + Romano Nervoso + The Mighty Progerians + Frank Shinobi + Jesus is my Son + Galvanize + Philaretordre + Sport Doen + Marteleur + Aerobiconoise Bruxelles, Magasin 4, 15h, Gratuit
Mountain Bike + A Supernaut + The Holmes Bruxelles, Atelier 210, 20h, Gratuit
Le goûter-concert de Lieutenant Cobb Tourcoing, Le Grand Mix, 16h, 5e/ Grat. 2 accompagnateurs
Gaïden & Yoshi + JB Lado Shad + Obi-One Liège, La Zone, 20h, 5e
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Concerts Sohn Anvers, Trix, 19h30, 20/17e The Succubes + Transmission Charleroi, Le Vecteur, 19h30, 5e AMENRA Bruxelles, Ancienne Belgique/ Theater, 20h, 19e Festival WallonieHainaut : Voyage en terres balkaniques / Cristian Mandeal + Orchestre National de Belgique... Charleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 20h, 15/12/8/6e Festival We Will Folk You : Amen Dunes + Josephine Foster + L'Hapax Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 10/7e Fu Manchu Lille, La Péniche, 20h, Complet Gregory Frateur, Johannes Verschaeve, Tom Pintens, David Poltrock & Marc Bonne Bruges, Cultuurcentrum Bruges, 20h, 15/6e Les Blérots de Ravel + Club Nouveau Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, 10e Les R'tardataires + Robbing Millions + La Tentation Nihiliste Arlon, L'Entrepôt, 20h, Gratuit Orchestre National de Belgique / Boris Giltburg, piano Cristian Mandeal Charleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 20h, 15/12e Peter Pan Speedrock + Diablo Boulevard Mons, Alhambra, 20h, 12e Ruins + Segregated + Cease Fire Liège, La Zone, 20h, Gratuit Shane Alexander Eeklo, N9, 20h, 12/9e
ZITA SWOON GROUP Ostende, CC De Grote Post, 20h, 18/16e Ablaye Cissoko et Volker Goëtze Mouscron, Centre culturel, 20h30, 5e Elmer Food Beat Orchies, Le PACBO, 20h30, 30/25/20/15e Rodrigue Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14.80e TÉMÉ TAN + CASSSANDRE + IVAN TIRTIAUX Louvain, Ferme du Biéreau, 20h30, Gratuit
Dim 28.09 Stanislav Khristenko Bruxelles, Bozar, 11h, 10e ABBA Gold tribute Anvers, De Roma, 15h, 18/16e Daniel Barenboim Bruxelles, Bozar, 15h, 88/66/46/22e Tourcoing Jazz Tour : Ablaye Cissoko & Volker Goetze Bondues, Espace Culturel, 17h, 5/3e Fm Belfast + Plash Wave Roubaix, La Cave aux Poètes, 18h, 12/10/8e First Aid Kit + Jo Rose Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, Complet ! STRAND OF OAKS Anvers, Trix, 19h30, 14/11e
Lun 29.09 Christine Schäfer Bruxelles, Bozar, 20h, 34/24e Sleepy Sun Lille, La Péniche, 20h, 14/13e Summer Heart Gand, Café Vidéo, 21h30, gratuit
Mar 30.09 Drums Are For Parades + KEN mode + HARK + 30 000 Monkies Bruxelles, Magasin 4, 18h30, 8e David Surkamp Gand, Vooruit, 19h, 23,75e FM Belfast + Berndsen Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 17/14/11e Tournée des inouis du Printemps de Bourges, Crédit Mutuel : Frànçois and The Atlas Mountains + Billie Brelok + Mark Berube + Thylacine Tourcoing, Le Grand Mix, 19h30, 10/7e Festival Wallonie-Hainaut : Récital de piano / Lauréat du Concours André Dumortier Auditorium du Conservatoire Royal de Musique de Mons, 20h, Gratuit Flavia Coelho Douai, L’Hippodrome, 20h, 8e La Grande Chapelle dirigé par Albert Recasens Hasselt, Cultuurcentrum, 20h, 18/16,50e Matsukaze/Toshio Hosokawa et!!! Sasha Waltz Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5 e SUUNS Gand, Vooruit, 20h, 15e Moskus + Black Flower Gand, Handelsbeurs, 20h15, 17/13/5e Tourcoing Jazz Tour : Ablaye Cissoko et!!! Volker Goetze Lys lez Lannoy, Ferme du Gauquier , 20h30, 5/3e
le mot de la fin
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YANG LIU - Cette designer chinoise (qui vit à Berlin) s’attaque avec légèreté à un sujet qui l’est beaucoup moins : les étiquettes qui collent aux genres et enferment hommes et femmes dans des rôles séculaires. En jouant sur la comparaison, ses pictogrammes démontent allègrement les clichés et mesurent le niveau d'égalité entre les sexes. Yang Liu, Homme/femme. Mode d’emploi (Taschen), 128p., 12€