Magazine lm 95 avril2014 fr be

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nord & belgique

Cultures et tendances urbaines

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avril

2014

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GRATUIT



La Quinzaine de L'entorse, CongopunQ © Yann Orhan

#95 Sommaire Let’smotiv - avril 2014

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n ews Quinzaine de l'Entorse, La carte (culinaire) du monde, Robocup, Dessinez... c'est raté, Cinéma émotif, l'affaire du waterskate, Marcel Gotlib une appli antisociale

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m ode Neypo en a sous la casquette

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p ortfolio Oh Yeah Studio rêve éveillé

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musique David Godevais et le Disquaire Day, Metronomy, Timber Timbre, Les Paradis Artificiels, Florent Marchet, Frànçois And The Atlas Mountains, Melanie De Biasio, Circa Waves, Jessica 93, San Fermin, Cashmere Cat, Mogwai

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c inéma Aimer, Boire Et Chanter, Nebraska, Sherlock, Gerontophilia, Computer Chess, Cinémondes, Brussels Short Film Festival, BIFFF d esign Raphaël Charles

E xposition La Biennale de la Photographie de Liège, Nass Belgica, Entendre La Guerre, Duane Hanson, Michaël Borremans, Erasme Quellin, Yann Oulevay, Franz Erhard Walther, Le Bassin Minier en 1918... Agenda

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théâtre Phia Ménard, Orphelins, Le P'tit Monde, Le Grand Bain, Les Turbulentes, Oncle Vania, Apache, Germinal, Les Méfaits Du Tabac... Agenda

littérature Salon du livre d'Arras, Zones Sensibles, Festival Mots de Travers[E]

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Livres Steve Martin, Amina Sboui, Patrice Robin, Alexandre Laumonier, Nathanaël Rouas

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disques Mustang, Sohn, T.I.T.S., Kelis, ALB

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Le Mot de la fin 100 Copies, un pneu plus près des étoiles


flash info

Nouveau site web Nouvelle adresse postale

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Let’smotiv Nord & Belgique 28 rue françois de badts - 59110 La madeleine - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Direction de la publication / Rédaction en chef : Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Rédaction : Thibaut Allemand redaction@lm-magazine.com

Lina Tchalabi info@lm-magazine.com

Direction Artistique / graphisme : Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Couverture : Oh Yeah Studio Design vs. Music www.ohyeahstudio.no

Alexis Floret

Publicité :

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administration : Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

réseaux sociaux : Sophie Desplat Impression : Imprimerie Ménard 31682 Labège

diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Ont collaboré à ce n° : Julien Bourbiaux, Catherine Callicot, Paul Carra, Sylvain Coatleven, Julien Collinet, Hugo Dewasmes, Marine Durand, Grégory Escouflaire, Elsa Fortant, Florian Koldyka, Vincent Lançon, Raphaël Nieuwjaer, Martin Van Boxsom et plus si affinités. Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



© Antoine Repessé

news

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Àà vos palmes, prêts, partez ! partez ! L'art, c'est du sport, et le sport est un art. Nouvelle preuve avec la cinquième édition de la Quinzaine de l’Entorse. Sur la ligne de départ, expositions, spectacles et autres événements dédiés aux sports aquatiques et aériens dans toute la région Nord Pas-de-Calais. Et ce, dès le 4 avril au Grand Sud. Au programme : bal avec CongopunQ, formation inclassable et inspirée menée par Cyril Atef et Monsieur Conq. Le weekend se poursuit avec des initiations à des sports aux allures de cocktails (zumba, double dutch, muggle quidditch... vraiment ?) ou de la photographie... Bref, de quoi traîner dans les gradins ! 04.04>29.06, Lille, Lomme, Valenciennes…, divers lieux et prix, www.entorse.org

Cartes sur table D'Henry Hargreaves, on se souvient de sa série « immortalisant », ou reproduisant plutôt, les derniers repas de célèbres condamnés à mort – de Sacco et Vanzetti à John Wayne Gacy. Sur un registre un peu plus léger, mais toujours culinaire, le Néo-Zélandais a dressé une carte du monde à partir des spécialités locales. Visuellement, c'est réussi ; mais à y regarder de plus près, tout ça n'est pas très varié... Ainsi, en France, c'est fromage ou rien. Et en Belgique ? Ah, ben elle n'existe pas. www.henryhargreaves.com


Cinémotion Fort de café D'un côté, Robocop, illustre flic robot. De l'autre, une tasse. Ensemble, cela donne Robocup, et c'est plutôt drôle. L'auteur du film, Paul Verhoeven, a souvent été incompris. Mais là, ça va, on a bien saisi le principe. 12€, www.firebox.com

Dessine-moi un laideron ✪

Ça partait d'une bonne intention. Vous souhaitiez rendre hommage à votre star préférée en réalisant son portrait. Mais vous aviez oublié que vous ne saviez pas dessiner... Attention, Jamie J risque de vous taquiner. Ce facétieux britannique prend un malin plaisir à répercuter via Photoshop vos coups de crayon approximatifs. Tout comme vous, il tire un sourcil, élargit un front ou allonge une oreille, bref, tord un chouïa la réalité ! Mention spéciale pour Rihanna en femme-girafe. http://twitter.com/JamieDMJ

Le 12 février dernier, le Fresnoy de Tourcoing accueillait sa première séance de « cinéma émotif ». Une rétrospective de comédies romantiques ? Pas vraiment. En fait, un courtmétrage de 26 minutes signé Marie-Laure Cazin. Mademoiselle Paradis raconte comment FranzAnton Mesmer, médecin allemand permit la guérison de la cécité d’une jeune pianiste grâce à un fluide magnétique. Dans la salle, deux spectateurs étaient munis d'un casque doté d’électrodes pour capter en temps réel l’activité cérébrale. Ainsi, en fonction des émotions procurées (joie, tristesse, excitation, ennui) le film pouvait varier, proposant jusqu'à douze versions différentes ! On n'ose imaginer ce qu'un David Lynch, spécialiste des labyrinthes à tiroirs et double-fonds, donnerait avec un tel dispositif. La question mérite d'être posée devant de nouvelles versions visibles à Nantes. 29.04, Nantes, Stereolux, www.marielaurecazin.net


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Les feux de la rampe

photo du mois

Le skate-board, grosso modo, c'est du surf sur le bitume. Retour aux sources avec cette rampe flottante posée sur le lac Tahoe (situé à cheval entre la Californie et le Nevada). Elle fut conçue par Jeff King et inaugurée par le frappadingue Bob Burnquist – oui, le gus qui s'était élancé en planche et parachute dans le grand Canyon. Donc, là, c'est pépère.

L'enfer, c'est les autres Cloak est une application antisociale pour smartphones. Si les réseaux sociaux connectent tout le monde, tout le temps, ce petit programme permet, au contraire, de géolocaliser ses "amis" pour... les éviter. C'est bien mignon, mais avec une appli "sociale" lambda signalant le déplacement de nos proches, on arriverait au même résultat, non ?

Chef de Rubrique (à Brac) Animateur de Pilote, co-fondateur de Fluide Glacial et L'Écho des Savanes, Marcel Gotlib, 80 printemps, est un monument du 9e art. Son œuvre regorge de personnages légendaires – citons SuperDupont, Gai-Luron... Avec un tel dynamiteur de conventions, une expo aurait pu avoir des allures de pétard mouillé. Eh bien non : sans omettre l'histoire douloureuse de ce Juif athée durant les années 1940, le MAJH se penche sur le maître, en 200 planches originales. Les Mondes de Gotlib, Jusqu'au 27.07, Paris, Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, www.mahj.org



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neypo



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Chasseur de têtes texte ¬ Marine Durand photos ¬ DR

L’une des dernières recrues de la pépinière Maisons de mode a débarqué en octobre avec tout son crew. Neypo ? Po-ney. Inutile de chercher un rapport entre l’équitation et la casquette artisanale que Jean Laumet, créateur de la marque, entend proposer : « C’est une expression qu’on utilisait beaucoup avec mes potes, et qui a fini par s’imposer. » Derrière ses airs potaches, la petite bande affiche ses ambitions : redonner à un couvre-chef étiqueté streetwear ses lettres de noblesse. Sur le site de l’énigmatique Neypo Gang, nulle trace d’un leader derrière le travail d’équipe. Pourtant, c’est bien en solitaire que Jean Laumet a appris à confectionner les casquettes 5 pans qui trônent fièrement dans la boutique du Faubourg des modes (« décorée d’une selle de cheval, pour le clin d’œil »). Si le natif de Valenciennes taquine aujourd’hui la machine à coudre, il aurait pu se retrouver avec des pinceaux en mains – une passion héritée de son père – ou affichiste. à l’ESAAT de Roubaix puis aux Beaux-Arts de Valenciennes, le jeune homme a découvert son goût


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La Casquette denim / galets « C’est l’une des dernières 5 pans que l’on a fabriquées à l’atelier, et qui résume bien l’esprit Neypo : la toile denim vient du Japon et la doublure en coton imprimée « galets » du marché de Wazemmes. J’aime mixer les matières, réserver un effet de surprise avec une casquette classique cachant une doublure plus fun. Ici, c’est une forme de clin d’œil : les galets sont utilisés pour délaver les jeans, et les couleurs des tissus se mariaient bien pour un modèle estival. On y retrouve aussi mon goût pour la mode japonaise. Mais je peux m’inspirer de choses très variées : une photo de Nan Goldin ou le travail du street-artist Shepard Fairey alias Obey… »

pour l’art dans sa globalité, avant de se tourner vers le stylisme en arrivant à Lille. Savoir-faire et belles matières Deux à trois casquettes « faites main, à l’ancienne » et en séries très limitées sortent chaque jour de l’atelier. Tels des chapeaux d’exception, ses modèles unisexes de cuir, laine ou coton sont vendus dans leur boîte à un prix adapté. Compter 75€ en moyenne. Un positionnement haut de gamme revendiqué par le créateur de 24 ans, qui dépasse le cercle habituel des acheteurs vingtenaires grâce un style « street-dandy » : toile de Jouy dénichée à Wazemmes, tapisserie chinée à l’autre bout du monde, et bientôt ses propres imprimés. Avec l’envie, déjà, de se diversifier. Dès avril, place aux deux premiers bobs, à la fois fun et épurés, pour achever de mettre Neypo sur toutes les têtes.

à visiter / www.neypo.fr Neypo stores / 31 rue du Faubourg des Postes, Lille, mer > sam, 14h>19h et prochainement La Boite Collector, 51 rue de Paris, Lille

Bio express • 1989 Naissance à Valenciennes • 2007-2009 Licence d’art à l’école des Beaux-Arts de Valenciennes • 2009 étudie brièvement le graphisme à l’école Saint-Luc de Tournai mais quitte la formation, « trop scolaire », au bout de quatre mois • 2011-2013 Vendeur, notamment dans la boutique lilloise Culture Denim. En parallèle, apprend la couture en autodidacte. • Juin 2013 remporte le concours Maisons de mode. Il intègre le label de créateurs avec sa marque Neypo • Octobre 2013 Inauguration de la boutique-atelier à Lille • Avril 2014 Sortie de la première collection de bobs


portfolio

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Mask paper Illustration pour forHIFI KK Magazine Outlet, London, UK, 2013


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Oh Yeah Studio Rêve éveillé

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h Yeah Studio. Avec un nom pareil, on imaginait une vaste salle remplie d'artistes dilettantes, vadrouillant d'une planche à l'autre, Jack Daniel's à la main et clope au bec. En fait, pas du tout : Oh Yeah Studio a été créé par un couple de Norvégiens en 2008. Christina Magnussen et Hans Christian Øren se sont rencontrés au Central Saint Martins, prestigieuse école d'art de Londres. Mais le temps fit lui aussi son œuvre : le tandem séparé, Øren travaille désormais en solitaire, collaborant à l'occasion avec son ex. Ces œuvres hybrides, économes en couleur (jamais plus de deux ou trois), jouent parfois avec l'abstraction, les matières, le trompe-l’œil et mêlent la perfection vectorielle (les formes géométriques) à l'imperfection si humaine de la plume et du fusain. Le résident

d'Oslo cite l'importance de David Lynch et Dali, de grands explorateurs de la psyché humaine, mais aussi celle d'El Lissitzky, haut-commissaire du Constructivisme (entre autres). Surtout, le Scandinave avance des influences guère invoquées chez les graphistes, à commencer par Sigmund Freud ou La Théorie des émotions (1872) de Charles Darwin. « Ces lectures m'ont inspiré car je voulais rendre visible les rêves et exprimer les émotions subconscientes : la haine, le bonheur, la tristesse, etc. Finalement, un songe, c'est ça : ce que tu peux reconnaître – le figuratif – et quelque chose d'indicible, d'abstrait ». Alors, pour l'ambiance dépravée on repassera. En revanche, pour l'exploration des méandres de la psyché humaine, nous voici au bon endroit. Thibaut Allemand

À visiter / www.ohyeahstudio.no ; www.ohyeahstudio.bigcartel.com À voir / Analog/Digital, Australie, Brisbane 9&10.05 et Melbourne 16&17.05, http://analoguedigital.com.au ; We love graphic design, Danemark, Aarhus, 24.05,www.welovegraphicdesign.dk


Illustration pour D2 newspaper

Beautiful Decay


My dark side


Masks & Sweets, 2011 for the Museum of the Image, Breda, NL


Exposition This Is Now


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interview

DAVID GODEVAIS Creuse son sillon Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ J. M. Vialtel / DR

On n'avait pas vu ça depuis nos dernières vacances à Varsovie, en 1972 : des files d'attente de plusieurs dizaines de mètres à l'entrée des... disquaires ?! Oui : depuis 2010, à la mi-avril, a lieu le Disquaire Day, déclinaison francophone du Record Store Day. Son instigateur, David Godevais, revient sur l'origine et le fonctionnement de cette opération. Au risque, parfois, de tomber dans l'angélisme. Qu'est-ce que le Disquaire Day ? Une journée de soutien aux disquaires indépendants, née en 2007 aux ÉtatsUnis et lancée en France trois ans plus tard. Cette année, près de 600 références à tirage limité seront disponibles. à cette occasion, les artistes donnent des concerts, des séances de dédicace.

En France, environ 240 disquaires sont concernés par cette opération. Pourquoi uniquement des magasins indépendants ? Car le Disquaire Day a été créé pour eux, qui sont un maillon essentiel de la diffusion de la musique. Ils ne sont pas tributaires des campagnes de marketing. Chaque commerçant choisit ses ▲


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disques en fonction de ses goûts, de ses choix artistiques. De la même manière, les labels indépendants sont-ils les seuls concernés ? Non, les majors sont les bienvenues. Lorsque des musiciens souhaitent participer, leur maison de disque suit. Le Disquaire Day met un coup de projecteur sur toute la filière musicale, chacun y trouve son compte. Cette année, sont édités des disques de Jimi Hendrix, Johnny Cash, Marvin Gaye... Sont-ils contents de participer ? Certes pas, mais les ayant-droits sont consultés. C'est l'occasion de sortir des inédits ou des concerts de ces légendes.

Les labels ne font-ils pas un peu aussi les fonds de tiroir ? Je ne pense pas. Si c'était pour le business, les labels se tourneraient vers les grosses chaînes. C'est vraiment pour faire plaisir aux fans. Ce n'est pas une opération sur laquelle les maisons de disques gagnent beaucoup d'argent : les tirages sont limités et surtout en vinyle. Pourquoi en vinyle, d'ailleurs ? C'est le format qui se vend le plus chez les indés. Le CD a beaucoup moins de force. Pourquoi ? Difficile de résumer. C'est une autre façon d'aborder la musique. L'écoute


« Je crois qu'on arrive au bout de la dématérialisation de la musique » est plus exigeante et active : le son est moins compressé qu'un mp3, on doit changer la face... Et puis, on associe le vinyle à un bien culturel, plus beau, périssable et fragile. Aujourd'hui, 70% des consommateurs ont entre 18 et 35 ans. Parfois certains refusaient de mettre moins d'un euro dans un mp3, mais sont prêts à payer un disque 25 euros. La question du pouvoir d'achat ne se pose-t-elle donc pas ? Vous savez, des gens dépenseront des centaines d'euros pour un smartphone ou une paire de baskets – et quand on en connaît le prix de fabrication... C'est un achat plaisir. Je crois qu'on arrive au bout de la dématérialisation, le public veut quelque chose de concret. Le vinyle possède une âme, à la différence du CD ou du mp3. N'y voyez-vous pas aussi une volonté de distinction, voire de snobisme ? Je ne sais pas. J'ai acheté des vinyles toute ma vie ! Plus généralement, c'est

un retour vers les commerces de proximité. On a tout déshumanisé dans nos sociétés – hypermarché, numérique, etc. On souhaite retrouver quelques valeurs : son boulanger, son poissonnier, son disquaire. C'est une tendance de fond. À Paris, s'ouvre un disquaire tous les trois mois. Le chiffre d'affaires est en progression moyenne de 15%, c'est assez important. Disquaire, un métier d'avenir ? Peut-être. Comme libraire, ce ne sont pas des professions où l'on roule sur l'or, mais où l'on peut vivre de sa passion. Disquaire Day 2014 19.04, chez tous les bons disquaires, donc. www.disquaireday.fr


© Grégoire Alexandre

musique

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Metronomy

Sous la plage, les pavés Les vacances sont finies. Trois ans ont passé depuis The English Riviera (2011), hommage à la côte britannique du même nom. Avec Love Letters, Metronomy troque les chaussures bateau et l'ivresse synth-pop contre un spleen urbain déroutant. Metronomy ou le succès malgré-soi, l'auto-dérision, la discrétion et surtout le flegme de Joseph Mount, auteur-compositeur et âme du groupe depuis 1999. Pas à pas, le quartette (alors autrement composé) se fait connaître, d'abord par des concerts intimistes. En 2008, l'album Nights Out nous met au parfum : Metronomy débarque - en douceur. Fringués, fringants, ils longent par la plage la route du mainstream. The English Riviera change la donne : c'est le point de non-retour. Désormais, il faudra compter avec la célébrité, cette vicelarde volage. Love Letters témoigne de cette prise de conscience : moins de rythmiques syncopées pour un son plus expérimental, moins solaire et tubesque. Les influences sont néanmoins plus diverses, de la Motown à la pop échevelée façon Connan Mockasin. Cette œuvre est moins propice à la baignade que la précitée Riviera, mais certains morceaux s'avèrent remarquables d'audace et d'élégance face à d'autres plus vains, voire carrément répétitifs. Des aspérités désirées par ces discrets prodiges ? Qu'importe, reste un vrai talent scénique pour donner corps et cœur aux versions studio (les saturations extatiques de Love Underlined...) : des performances léchées pour un lien tout particulier avec le public français qui soutient le quatuor depuis longtemps. Finalement, elle est bonne, on y retourne ? Alexis Floret 02.04, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet ! // 29.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 32€


12.04 - 21h

Les Marquises [Concert pop]

12.04 > 06/07

De la cabane aux motifs œuvrer pour le jeu

[Exposition d’Erika Vaury]

19.04 - 20h30

Impro Fight [Théâtre par la Cie Lille Impro]

268 rue Jules-Guesde 59650 Villeneuve d’Ascq Tél : 03 20 61 01 46 facebook.com/fermedenhaut.vda www.villeneuvedascq.fr/feh


© Jeff Bierk

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Timber Timbre

Un certain cachet Une musique cinématographique et un cinquième album, Hot Dreams, reflètent le penchant de Timber Timbre pour les mystères non résolus, les sacro-saints rituels. À croire que la ferveur et les tourments personnels forgent les bonnes œuvres. Ni James Ellroy, ni David Lynch ne diraient le contraire. Les néons et projecteurs répandent une lumière grenat jusque dans les recoins de la salle. Cette mise en scène feutrée souligne la soif du trio canadien pour les histoires étranges, sacrées et la passion de Taylor Kirk, chanteur-guitariste, pour le 7e art. Un clair-obscur musical qui renvoie autant aux routes désertiques nord-américaines qu'à une petite église paumée dans la forêt canadienne. Une curiosité piquée par la lecture de la Bible et l'écoute du blues et du folk originels. Ainsi, ses chansons s'inspirent entre autres du Nouveau Testament : les troubles liés à la possession par le diable (Demon Host) ou les métamorphoses toutes puissantes de la nature (Like A Mountain). La voix ronde, grave et chaude de Kirk évoque le baryton Stuart Staples (Tindersticks) quand l'orchestration reste économe. Mais une basse nerveuse suffit à mener les impulsions vocales au bord du... Suicide (Magic Arrow). Une guitare chevillée au corps, une autoharpe sortie des sous-bois humides, un saxophone, voilà les ressorts d'une musique peuplée de fantômes en devenir. Dans la pénombre, le trio canadien offre un moment à couper le souffle, si singulier qu'on renonce d'ordinaire à le décrire. Essayons donc... Habité, saisissant, magnétique. Florian Koldyka 03.04, Bruxelles, L'Orangerie, 20h, Complet !



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les Art Paradi s ificiels

Textes ¬ Vincent Lançon & Alexis Floret

On y est ! C'est le printemps depuis quelques jours, les oiseaux chantent, les arbres fleurissent, vous rêvassez au boulot, vous traînez en terrasse et un peu partout en ville. les salles de concerts, petites et grandes, accueillent une palanquée de groupes et d'artistes. Bref, Les Paradis Artificiels ont débuté. Etonnamment, Stromae affiche complet. Ce n'est pas grave. Voici la sélection (pas du tout exhaustive) de LM.

© Micky Clément

Benjamin Clementine Il fut l'une des révélations des dernières Trans Musicales de Rennes. Benjamin Clementine, 24 ans, a plaqué l'Angleterre pour tenter sa chance à Paris – et ça lui réussit. Son timbre chaud et rageur, grave et parfois menaçant, porte des compositions où planent les ombres de Nina Simone et Jacques Brel, Terry Callier et Gil Scott-Heron. 13.04, Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 23/20€ // 18.04, Charleroi, Eden, 20h, 15/10/12€ //19.04, Bruges, Concertgebouw, 20h, 35>13€ // 16.05, Bruxelles, Le Cirque Royal, 20h, 16>13€

© Julien Bourgeois

PETER VON POEHL Non, le barde inspiré n'a pas de nouvel LP à défendre, mais c'est un accro des Paradis Articifiels – l'an passé, invité dans l'église Sainte-Catherine, Von Poehl a converti les derniers réfractaires. Cette année, le Suédois rejoint l'ancienne maison des cheminots. Prêts pour le voyage ? 11.04, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5€


Balthazar

ALB Le discret Rémois s'était fait attendre depuis son Mange-Disque (2007). Un septennat plus tard, occupé entre autres sur scène aux côtés de Yuksek, voici le retour de ce fin mélodiste féru de synthétiseurs et de pop grand format, héritier de Phoenix et d'Electric Light Orchestra (voir chronique p. 107).

08.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 27,50€

© Titus Simoens

© Sylvère Hieulle

Dans la grande tradition de la scène pop/rock belge anglophone (Girls In Hawaii, School Is Cool, Ghinzu), le quintette de Courtrai entretient un songwriting subtil et des accents très britpop. Balthazar, protégé de dEus, crée sur scène une atmosphère tantôt survoltée, tantôt lascive, et résolument rock. Né sous une bonne étoile...

16.04, Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13,20€

David Lemaitre

© Sophie Krische

Si vous vous demandez quelle est la différence profonde – mais subtile, c'est vrai – entre tristesse et mélancolie, accordez une oreille à ce Bolivien installé à Berlin. Cet héritier de Nick Drake expose sa définition en quelques mélopées définitives. Rien de plombant, mais quelques larmes délicates essuyées d'un sourire. 12.04, Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13,20€

08>18.04, Métropole lilloise, www.lesparadisartificiels.fr Et aussi / La Péniche Peter Peter (08.04), Sam Amidon (09.04), Murkage (11.04), Mozes And The Firstborn (15.04), Paon + Hill Valley (17.04), D-Bangerz (18.04)

L'Aéronef Girls In Hawaii + Balthazar (08.04) , Melanie De Biasio (09.04, voir interview p. 34) Le Splendid Biga Ranx + S-Crew (09.04), Giedre (16.04), Barcella « Puzzle » + Da Silva (17.04) Théâtre Sébastopol Agnes Obel + Bent Van Looy

(09.04, Complet !), Renan Luce + Elephant (10.04), Julien Doré (18.04, Complet !) Le Grand Sud Danakil + Papa Style + Irie Revoltes (11.04) Le Zenith Stromae (13.04, Complet !) maison Folie Moulins Bosco Delrey + Pale Grey (10.04)


© Guillaume Cousin

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Florent Marchet

La tête dans les étoiles Compositeur talentueux à la discographie bigarrée, Florent Marchet présente son cinquième LP. Le problème, c'est que la scène n'est pas toujours son fort. À quoi s'attendre cette fois ? Réponse à l'occasion d'un double atterrissage à Lomme et à Bruxelles. Révélé avec Gargilesse (2005) et adoubé par les chœurs de Miossec, le Berrichon défendait une certaine idée de la ruralité et abordait doucement la lutte des classes. Puis, Marchet prit un malin plaisir à brouiller les pistes en se dispersant joyeusement, entre œuvres-mondes (Rio Baril, 2007), livres-disques avec son complice Philippe Katherine (Frère Animal, 2008) et souvenirs d'enfances modestes (Courchevel, 2010). Fainéant, on y verrait simplement un héritier d'Alain Souchon ou un cousin du bourdieusien Arnaud Fleurent-Didier. Mais une fois encore, Marchet se réinvente avec Bambi Galaxy (2014), curiosité flirtant avec la science et la fiction, la pop moderne, le rétrofuturisme et Michel Houellebecq. Et sur scène ? Eh bien, c'est là où le bât a parfois blessé. Voici neuf ans, on découvrait un débutant touchant de modestie, lisant quelques pages sans cuistrerie aucune. Mais l'on fut déçu de le retrouver, narquois et pédant, lors de ses dernières tournées, devenant même une caricature de son personnage lorsqu'il défendait Courchevel – look soigneusement décalé et vannes vaseuses en prime. Gardons espoir : ces fauxpas en disent peut-être long, Marchet interprétant moins ses chansons qu'il ne les incarne. Au vu de son dernier essai, on peut espérer une mise en scène flamboyante, un son et lumière pop et littéraire. Thibaut Allemand 04.04, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5€, www.ville-lomme.fr 19.05, Bruxelles, L'Orangerie, 19h30, 20/17/14€, www.botanique.be



© TWK

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Frànçois & the atlas mountains

Premier de cordée Avec quatre albums en poche, Frànçois & The Atlas Mountains s'est imposé tranquillement comme une valeur sûre de la pop autre d'ici. Le Charentais possède une écriture bien à lui et récolte les louanges par paquets de dix. De prime abord sa joie de vivre peut dérouter mais on se laisse happer par des concerts impressionnants. Frànçois, c'est Frànçois Marry, originaire de Saintes mais ayant traîné ses guêtres outre-Manche, du côté de Bristol. Ce jeune homme au tempérament lunaire propose des chansons solaires rappelant Sufjan Stevens (les amples orchestrations), Animal Collective (pour l'art du lâcher-prise, les mélodies enfantines posées sur des sables mouvants) ou Dominique A (le mimétisme vocal est frappant). Aussi discret soit-il, le Charentais fut salué par Etienne Daho (offrant au Rennais L'Homme Qui Marche) et intronisé chef de fil d'un certain renouveau bordelais : d'ailleurs, Petit Fantôme et des membres de Bengale se remuent sur scène à ses côtés. Tiens, parlons-en, de la scène. C'est là, sans doute, que les chansons du montagnard des plaines prennent toute leur saveur. Ces invitations à La Piscine, cette certitude d'être « de l'eau » et autres incantations légères se parent ici d'une ferveur fébrile. À la guitare ou au clavier, Frànçois entonne ses hymnes de poche avec la foi de ceux qui ont tout traversé. Autour, on danse, on chante, sans jamais se départir d'une mélancolie contagieuse et ô combien émouvante. La pop d'ici prend de drôles d'atours et annonce de beaux lendemains. Thibaut Allemand 11.04, Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 12 /9 €, www.lalune.net 12.04, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5€, www.legrandmix.com 20.05, Bruxelles, Chapiteau Botanique, 19h, 23/20/17€, www.botanique.be



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interview

MELANIE DE BIASIO L'art de l'épure Propos recueillis par ¬ Lina Tchalabi Photos ¬ Frank Loriou

Melanie De Biasio ne veut pas choisir entre jazz, blues et pop d’avant-garde. Révélée avec A Stomach is burning (2007), la Carolo a longtemps attendu avant de publier l'excellent No Deal (2013). Rencontre avec une songwriter envoûtante, aussi modeste que farouchement indépendante. à Charleroi, votre famille appréciait-elle la musique ? Oui. Mes grands-parents paternels en écoutaient beaucoup. Ma grand-mère était une amoureuse des grandes voix classiques, notamment La Callas, ou plus populaires comme Tino Rossi. Et mon grand-père jouait tous les weekends. Je me souviens m'être beaucoup ennuyée en classe, cela ne me semblait pas concret. En revanche, je me sentais à ma place à l'académie de musique, après l'école. Là, j'existais vraiment.

pourrai citer Nina Simone, Led Zeppelin, Jimi Hendrix ou encore Mark Hollis, que j’ai découvert récemment. Six ans se sont écoulés depuis la sortie de votre premier album A Stomach Is Burning. Pourquoi ? Tout a débuté durant la tournée du premier album. Vous savez, lorsqu’on sort de scène, on garde plein de mélodies en tête... En parallèle, j’ai ressenti un besoin d'indépendance. Une petite voix me disait « Produis ce deuxième disque seule, même si tu ne sais pas comment ! ». C’était un vrai challenge pour moi, sans méthode particulière. Disons simplement que le temps a permis de peaufiner les chansons.

Avec quels artistes avez-vous grandi ? J'aime la musique classique en général, mais aussi du vieux blues. Sinon, je ▲


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« Notre formule en concert varie à chaque instant » Je peux aussi bien me produire avec Pascal Mohy (piano) qu’avec Pascal Paulus (clavier) ou encore Samuel Gerstmans (contrebasse). Et prendre la liberté de passer du duo au trio, voire au quartet.

Comment cela s'est-il passé en studio ? Au départ, la démo était très claire, on y sentait l’atmosphère de chaque chanson. Cela m'a permis d'enregistrer en trois jours. Comme un peintre sur une palette, les musiciens et moi-même avons créé en studio les couleurs et les textures de la toile. Et vous connaissiez très bien ces musiciens... Oui, ils jouaient tous sur mon premier album. à l'exception du batteur, Dré Pallemaerts, qui a rejoint le groupe pendant la tournée. On a beaucoup travaillé ensemble avant d’enregistrer, ce qui a facilité les choses. Quelle est votre formule de prédilection sur scène ? Duo, trio, quartet ? Tout dépend. Notre complicité est telle que nous varions les plaisirs en temps réel. Chaque concert est différent. La formule peut changer à tout moment.

Vous laissez donc une grande place à l’improvisation ? Il est plutôt question de construction collective, ou instantanée. Notre setlist se décide quelques instants avant le concert. Et les ingénieurs son et lumière (Bart Vincent et David Rivir) interagissent avec ce qui se passe sur scène. On se répond comme ça, on construit le spectacle dans l’instant. Pourquoi chantez-vous en anglais ? Pour ne pas vous limiter au public francophone ? Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Disons que le jazz est traditionnellement anglophone. De plus, étant belge, je suis très perméable aux esthétiques anglo-saxonnes. Et d'un point de vue personnel, l’anglais m’a permis d'aborder les choses avec plus de justesse, avec plus de détachement dans les mots. Mais il n'est pas exclu qu'un jour, je m'exprime en français.

Melanie De Biasio + Washboard & The Jazzy Mates 09.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10€ // 12.07, Liège, fest. Les Ardentes Retrouvez l’intégralité de l'interview sur

www.lm-magazine.com



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CIRCA WAVES Où l'on évoquera encore une fois le Merseyside qui, des Beatles aux La's, de Big In Japan à Echo & The Bunnymen, n'a pas laissé sa part au chien en matière de pop. Liverpool, donc. Où Kieran Shudall, 26 ans (un âge avancé dans le rock) et ses trois acolytes créent Circa Waves début 2013. En proie aux tourments post-adolescents, le quatuor transforme ses angoisses en hymnes dont les refrains se chantent à tue-tête (Get Away). Ces lointains cousins anglais des Strokes débordent de promesses. Reste toutefois à prouver qu’autant d’entrain survivra au long format prévu pour la rentrée. En attendant, on place ces lads aux côtés de Two Door Cinema Club, The Vaccines, Palma Violets… Et l'on demeure curieux de voir ce que la petite bande donnera sur scène – surtout dans la fournaise du Cafe Video. Martin Van Boxsom 23.04, Gand, Cafe Video, 21h30, gratuit, www.cafevideo.be

Derrière ce nom un peu foireux, se cache un one-man-band devenu l’un des phénomènes noise les plus excitants du moment. Plus encore que son premier LP, unanimement salué, les performances scéniques de Geoffroy Laporte retiennent notre attention. Encapuché, tête baissée, le natif de Seine-Saint-Denis enchaîne des riffs lancinants répétés jusqu’au surmenage, plaque de lourds accords sur sa basse, pour un résultat sombre, très sombre, évoquant la noirceur et la boîte à rythmes de Cure période Pornography (1982). Brillante idée donc de l’inviter à se produire au Rockerill Festival, situé dans la fameuse usine sidérurgique désaffectée constituant un décor idoine. D'autant que la nuit s'annonce intense, du punk rock (JC Satàn, Le Prince Harry, TITS...) à la techno la plus puissante (The Horrorist, Minimum Syndicat...). Julien Collinet 26.04, Charleroi, Rockerill, 17h, 15/13€, www.rockerill.com

© Steph Burlot

© DR

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San Fermin Derrière le visage studieux de ce jeune homme fraîchement émoulu de Yale, se planque un compositeur averti et audacieux. Entouré d'une dizaine d'amis, Ellis Ludwig-Leone donne vie à des pop songs solaires rehaussées de piano, cordes, vents, cuivres et chœurs. Le résident de Brooklyn est déjà comparé à Sufjan Stevens ou The National – de quoi attirer l'attention, mais on trouve dans son premier LP de plus belles choses encore. Mine de rien, voici venir une valeur sûre de la pop orchestrale. 21.04, Tourcoing, le Grand Mix, 18h, 13/10/5€, www.legrandmix.com 23.04, Bruxelles, Le Botanique, 19h30, 18/15/12e, www.botanique.be

© Steve Gullick

Mogwai

03.04, Lille, L'Aéronef, 20h, 25/20/15€ 19.07, Dour Festival, www.dourfestival.be

Connu des amateurs de turntablism sous le nom de DJ Final, Magnus August Høiberg, casquette en vrac et poil soyeux, s'est fait un nom en remixant quelques poids lourds (Lana Del Rey, Drake) avant d'être playlisté à son tour par Hudson Mohawke ou Diplo. Le félin norvégien perpétue une tradition éminemment moderne, celle de la collision entre R&B, pop, hip-hop et bass music. Les quelques EP's parus jusqu'ici donnent envie de dérouler la pelote... 17.04, Bruxelles, VK, 19h30, 18/15€, www.vkconcerts.be

© Steffen Kørner Ludvigsen

© studio SELECTS

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Cashmere Cat

Parlons peu, parlons foot : Mogwai, c'est avant tout cinq acharnés du Celtic de Glasgow. Autrefois, ce groupe jouait l'arrière droit assez brutal évoluant en D3. Mais aujourd'hui la Young Team (1997) porte fièrement le maillot de champion du larsen maîtrisé et du vrillage d'oreilles. Affichant une dizaine de sélections (dont la BO d'un film consacré à Zidane), les boys envisagent sereinement la troisième mi-temps (The Rave Tapes, 2014). Z'avez vu ? Pas la moindre mention de post-rock. Ah, raté.



Š F comme film / Arnaud Borrel

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Aimer, boire et chanter

UN CHANT D'AMOUR La disparition d'Alain Resnais aurait pu transformer son 19e longmétrage en chant funèbre. Et pourtant, non. Par son goût du jeu sans cesse affirmé, le film résiste à ce destin. Jusqu'au bout, cette figure majeure du cinéma français aura été du côté de la vie. Resnais est mort, vive le cinéma de Resnais ! Retour dans l'Angleterre du dramaturge Alan Ayckbourn vingt ans après Smoking / No Smoking (1993) : même ancrage campagnard, même passion pour les jardins, mêmes figures (le médecin, la professeure, le fermier,...) et même stylisation des lieux, ici épurés au maximum. Les façades sont réduites à de grands rideaux colorés et les jardins, à quelques massifs découpés dans du papier. Du théâtre filmé ? Non, car c'est justement ainsi que le cinéaste déploie son art si précis du découpage et de la mise en scène, organisant la valse des personnages autour d'un mystérieux absent. Vous n'avez encore rien vu Jamais Georges Riley, atteint d'un cancer en phase terminale, ne nous sera montré. Mais tel un trou noir, il aimante l'attention et l'énergie de ses couples d'amis. Georges est d'ailleurs une véritable énigme. Comment peut-il susciter le désir de tant de femmes quand sa maison déborde de nourriture moisie ? La réponse ne viendra pas mais, réveillant chez chacun le souvenir d'occasions passées, George rappelle qu'il faut vivre avant qu'il ne soit trop tard. Et le théâtre, le jeu, sont là pour cela. Le drame n'est pas absent, évidemment, mais la malice et l'humour de Resnais, l'invention constante des acteurs, l'emportent sur tout. La mort attendra. Raphaël Nieuwjaer

Un film d'Alain Resnais Avec Sabine Azéma, Hyppolite Girardot, Caroline Silhol, Michel Vuillermoz, Sandrine Kiberlain, André Dussolier…


© 2013 Paramount Pictures

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Nebraska

L’AMéRIQUE DES INVISIBLES Dix ans après Sideways, Alexander Payne dépeint le portrait d’une Amérique périurbaine maussade, peuplée de gens ultra-normaux. Un road trip porté par une impeccable photographie en noir et blanc et par la performance acariâtre du septuagénaire Bruce Dern, qui décrocha avec ce Nebraska le prix d’interprétation à Cannes. Nebraska s’ouvre sur un plan large le long d’une autoroute. Un vieillard hirsute est bien décidé à parcourir à pied les 1 500 km qui le séparent de Lincoln, Nebraska pour retirer son million de dollars. Suite à un courrier déposé dans sa boîte aux lettres, Woody est persuadé d’être le gagnant d’une improbable loterie. Pendant que sa femme crie au fou et milite pour son internement, son fils, laborieux vendeur de matériel hi-fi, daigne l'accompagner vers cet hypothétique trésor. Payne raconte, non sans affection, l’histoire d’un enfant tentant de sauver les miettes d’une relation chaotique avec un père en fin de vie. Le voyage sera interrompu par l’incontinence et les frasques alcoolisées du vieux Woody, avant un détour par sa bourgade natale où son pactole attire respect et convoitise. Dans des villes fantômes post-subprimes, écrasées par la réalité, le réalisateur a l’ingéniosité de ne jamais verser dans le pathos, croquant des portraits d’hommes désabusés, où les gentils se font marcher dessus, où les vilains accusent une débilité profonde. Un regard caustique et touchant, à mille lieux des lumières d’Hollywood. Julien Collinet Un film d’Alexander Payne Avec Bruce Dern, Will Forte, June Squibb… Sortie le 2.04



© BBC

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SHERLOCK - saison 3

Cluedo géant Librement adaptée de trois nouvelles de Sir Arthur Conan Doyle, cette troisième saison confirme tout le bien qu'on pensait de ce pari risqué : transposer le personnage de Sherlock Holmes à notre époque. Tour du propriétaire du 221B Baker Street et rencontre avec son locataire – un héros odieux, un sociopathe, servi par le génial Benedict Cumberbatch ! Il avait failli perdre la vie durant la saison précédente. Miraculé, Sherlock n'en finit plus de scruter les détails apparemment insignifiants pour y trouver la vérité. L'infatigable détective, violoniste à ses heures perdues, enchaîne les filatures et les contrela-montre. Après Irene Adler et Moriarty, notre antihéros s'entiche d'un nouveau meilleur ennemi, Charles Augustus Magnussen. Accro aux énigmes, aux SMS comme aux psychotropes, l'asocial Holmes a besoin de son docteur Watson, depuis perdu de vue, pour le stimuler. L'amuser, aussi. Leur relation ambigüe bénéficie d'ailleurs d'un traitement humoristique plus marqué durant cette saison. La réussite de cette mini-série signée Steven Moffat (Dr Who) et Mark Gatiss (alias Mycroft Holmes, frère de) tient à l'interprétation majuscule de B. Cumberbatch et à l'inscription dans le présent d'un récit daté de la fin du xixe siècle. Exit les casquettes à carreaux, pipes et manteaux-capes, Sherlock se sape désormais chez Marks & Spencer. Pour autant, pas question de saborder l'œuvre originale. La modernisation respecte l'intrigue et les rouages des nouvelles de Conan Doyle. Elémentaire ! Florian Koldyka De Steven Moffat et Mark Gatiss, dès le 03.04, France 4, jeudi, 20h35 Avec Benedict Cumberbatch, Martin Freeman, Rupert Graves...



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Gerontophilia Un réalisateur à la carrière plus marquée par le porno trash que par la bluette, un sujet atypique - le coup de foudre de Lake, un éphèbe de dix-huit ans, employé d'une maison de retraite, pour l'un de ses pensionnaires... En allant voir Gerontophilia, on s’attendait à tout, sauf à une comédie romantique. Rien de provocant, donc, dans ce Harold et Maude (1972) version xxie siècle. Bruce LaBruce filme avec malice la fugue de son duo marginal, sans se priver de gros plans sur les peaux fripées devenues objets de fantasmes. Mais le Canadien revendique une certaine distance : là où Harold tombait amoureux de Maude malgré son âge, la romance entre Lake et Mr Peabody se nourrit de l’attirance du jeune homme pour les octogénaires en général. Dommage que ce conte douxamer, envoyant valser joyeusement le conformisme ambiant, n’atteigne jamais la virtuosité du modèle. Marine Durand

Un film de Bruce LaBruce, avec Pier-Gabriel Lajoie, Walter Borden, Katie Boland…

Au début des années 1980, une bande de scientifiques à grosses lunettes et moustaches se réunit dans un motel bas de gamme pour un tournoi d'échecs informatique. La machine triomphera-t-elle de l'intelligence humaine ? Rien de moins sexy a priori que Computer Chess, filmé qui plus est dans le terne noir et blanc d'un ancien matériel vidéo. Andrew Bujalski, la tête d'affiche du mumblecore, ce courant new-yorkais intimiste et marmonnant (d'où son nom), réussit pourtant à créer un croisement étonnant entre romance juvénile et film-cerveau kubrickien. Où comment la vie parasite l'informatique, l'aléa déjoue le programme, et vice-versa. Mais la beauté du film tient aussi à la manière dont le bug infecte parfois les images, par la surexposition, la désynchronisation, ou la répétition de plans. Qui a dit que les geeks étaient ennuyeux ? Raphaël Nieuwjaer

Un film d'Andrew Bujalski, avec Patrick Riester, Wiley Wiggins, Myles Paige... Sortie le 9.04

© Contre-Allée Distribution

© Epicentre Films

COMPUTER CHESS



Bruxelles Short Film Festival

Cinémondes Dixième édition, déjà, pour ce festival pas comme les autres. Bobines de tous horizons, de tous genres et de toutes époques avec pour seul credo : l'indépendance. Financière, bien sûr. Et d'esprit, ça va de soi. Si la venue du tandem Delépine-Kervern tient de la bonne nouvelle comme du non-évènement, on se réjouit en revanche de découvrir les trois films de Leopold Simons (le Pagnol du Nord, paraît-il) ou une nuit des cinémas Bis et Z. 10>19.04, Lille, Tourcoing, Berck sur Mer, séance 3€, pass 20/15/13€, sauf Ciné-Concert (10/8/7€) et Nuit du Cinéma Bis (5€), www.kdiffusion.com

Programmation éclectique, séances spéciales pour le jeune public : dix jours durant et dans sept lieux emblématiques (Bozar, Flagey, Cinéma Vendôme...), ce festival présente une centaine de courts-métrages internationaux. Sans oublier le retour des courts lauréats des précédentes éditions, des thématiques spéciales Balkans, football... Horscompétition, ce sont 200 œuvres à (re)découvrir. Pour faire court ? Pas le temps de s'ennuyer. 23.04 > 03.05, Bruxelles, divers lieux, séance 13/9/6€, pass 30/22€, www.bsff.be

Il dieci de Daniel Mejia © DR

Donoma © Donoma Guerilla

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Brussels International fantastic Film festival © Yellow Bastard Prod.

130 films ! Difficile, voire impossible de voir tous les longs-métrages proposés par ces acharnés du fantastique. Choix cornéliens en vue parmi les neuf avant-premières mondiales, le gros plan sur l'Inde (oui, le pays du curry a aussi ses zombies), les blockbusters honk-kongais, les ateliers... À ne pas manquer : le très attendu Dead Snow : Red Vs Dead, suite du dingo Dead Snow – les amateurs de nazisme et de sports d'hiver sont aux anges. Bienvenue à Brux-Hell ! 08>20.04, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, horaires et tarifs sur www.bifff.net



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Raphaël Charles texte ¬ Catherine Callico photos ¬ Portrait © Joke de Wilde / © Nico Neefs


Drop Ring, Or / Argent / Diamond like carbon Argent, 2007-2012 — Anneau dont le seul bijou est une goutte figée pendant de processus de séchage. La notion de luxe est réinterprétée à travers une subtile fragilité.

Lignes de faille Design ou art contemporain ? Les objets de Raphaël Charles interpellent, brouillent les pistes. Doux rêveur, ce designer est mû par une curiosité qui le pousse sans cesse à découvrir des choses cachées, des failles, pour proposer un autre angle de vue. Rencontre. Raphaël Charles cultive la décontextualisation, le détournement de matériaux. Il s’inspire aussi du terroir, de son vécu, lui rend hommage avec poésie. Ainsi du tapis 20/30 (2008) inspiré d'un calibre de charbon et des terrils de Charleroi, sa ville natale. Vendue en édition limitée, cette création revêt deux formes : une première, de pépites en mousse fixées sur un feutre de base, et une seconde de "charbon" libre déversé sur le sol, actuellement visible à la galerie bruxelloise Mazel. En 2010, c'est la Belgique et ses contours qui l'inspirèrent pour la table Multiple. Tout en rondins de bois aimanté, elle se décompose et recompose à l’infini : en bloc ou fragmenté, table ou siège... Le prototype de cette réalisation très ludique a intégré aussitôt la collection privée du (futur) Roi Philippe. ▲

Bio express • 1979 Naissance à Charleroi • 2004 Diplôme de l’institut Saint-Luc Tournai, en architecture d’intérieur. • 2008 Sélectionné pour 101% Designed in Brussels. Prix Vitra pour le tapis "20/30", concours « Interieur Design Competition », Courtrai. • 2010 Le prototype N°1 de la table Multiple "Belgique" intègre la collection de la famille royale belge. Exposition « La Belgique des Autres », La Cambre Horta, Bruxelles. •2011 Exposition Belgian Spirit, Hong Kong. •2012 Salon Maison & Objets, section "Now", Paris. Biennale du Design, L'Objet d'un Dialogue, St Etienne.


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Tree o'clock, Horloge 220 v. en mélèze, 2013 Dimensions : Ø 24cm, chaque pièce est unique — Cette "roue du temps" remet en question l'instant, minute, seconde, et nous reconnecte à une notion plus essentielle qui est celle du "moment".

Matériau-muse Architecte d’intérieur de formation, Raphaël explore, dès 2004, le design en autodidacte. Il partage son atelier bruxellois, baptisé Studio With A View, avec deux autres designers et un photographe, mais travaille le plus souvent seul. Un projet naît souvent du matériau. « Mon approche est expérimentale : je n'ai pas de concept bien défini. Je questionne la matière, fais des essais et commets des erreurs. Les défauts et le côté inachevé des choses m’inspirent. Je ne reconnais pas d'influences précises. J'aime l'ironie, la surprise et la simplicité ». Telle sa dernière œuvre, Tree O'Clock, horloge conçue à partir d’un rondin de mélèze doté d’un moteur de 220V. « C'est une sculpture fonctionnelle. Le temps est suggéré par la rotation à peine décelable d’une fissure qui indique les heures. » Ces fameuses failles, toujours, qui révèlent beaucoup.

Ordinary day

in a Wood factory Essentiellement composée de planches de bois aux dimensions irrégulières, cette commode est éditée par la firme italienne Mogg. « L'idée m'est venue en visitant une scierie où toutes les planches de bois sont stockées de cette manière. Ce projet est assez ironique. C'est un pied de nez au fait même de dessiner un meuble. C'est une rupture, je voulais bouleverser ce que l'on connaît ».

à visiter /www.raphaelcharles.com, www.studiowithaview.be à voir / Cosy corner, Wcc bf , Mons, jusqu'au 06.04 Made in Brussels, Mazel Galerie, Bruxelles, jusqu'au 12.04 La Matière des nuages, Centre de Wallonie-Bruxelles, Paris, 30.04>25.05

Commode à tiroirs en sapin, 2011 Dimensions : 135 / 60 / H : 90


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20/30, mousse PE, feutre, 2008 Diamètre : 240 cm, épaisseur : variable — Ce tapis fait référence à un calibre de charbon et propose un bouleversement sensoriel en confrontant ce qui est communément connu et ce qui est réellement perçu.

Multiple, Table basse en hêtre laqué. Un système d'aimants permanents permet de composer et décomposer la table pour s'adapter au mieux à chaque espace, 2010 Dimensions : H : 38 cm x L : variable


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St Ludwig - Saarelouis - Gottfried Boehm – Série/Reeks « Corpus Christi » (2012/2013) - 1970 © Fabrice Fouillet. Icones - Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL)


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Du pixel à la réalité Biennale Internationale de la Photographie de Liège #9 Au cœur de la Cité Ardente, la Biennale Internationale de la Photographie explore en douze expositions les liens unissant image et croyance. De toutes natures et de tous formats, des photographies équivoques investissent durant deux mois musées et galeries. Incroyable, mais vrai ! « Peut-on croire ce qu'on voit ? Cette question est très ancrée dans la tradition chrétienne. La photographie s’inscrit dans le prolongement de celle-ci. Aujourd’hui, l’image est à la fois objective et manipulatrice ». Directrice artistique de la BIP, Anne-Françoise Lesuisse a rassemblé les œuvres de 80 artistes émergents ou reconnus autour d'un thème où la mystification côtoie le sacré. « Voir et croire » est plus que jamais d'actualité, à l’heure où la frontière entre réalité et virtualité est si ténue, confuse, à en croire les travaux de Robbie Cooper. Le Britannique a photographié des gamers totalement plongés dans l’univers du jeu vidéo. « Nous voulions interroger ces images, qui deviennent quasiment une seconde réalité », poursuit madame la directrice. Réalité ou désillusion ? L'image véhicule également des idées – les politiques l'ont bien compris. Christopher Morris et Philippe Chancel aussi : rangées d’uniformes, sombres visages face au discours de Barack Obama, célébrations déshumanisantes du 1er mai en Corée du Nord... Anne-Françoise Lesuisse a fait appel à des commissaires extérieurs à qui elle a donné carte blanche. Ainsi, une trentaine d’artistes tchèques – invités d’honneur de cette édition –, se sont penchés sur la dimension matérielle et métaphysique (oui oui !) de la chaise, cet objet basique que nous ne regardons plus véritablement… à Liège, d’un lieu à l’autre, plus de 20 expositions OFF complètent ce programme bien réel. Lina Tchalabi ▲


© Sebastien Reuze

Série/Reeks « Arirang » © Philippe Chancel - E. Franck Fine Art, London

Notre sélection

mirages Mirages

Idoles

Stereotype, 2012–14 - digital c-print (Détail) © Viktor Kopasz

[Cité Miroir] - Huit photographes allemands, américains, français, suisses et suédois saisissent les foules au pied d'un homme. Barack Obama face à 30 000 élèves de West Point, le culte de la personnalité en Syrie, des festivités bien ordonnées le 1er mai en Corée du Nord... Tout ici est théâtralisé à l'extrême, quel que soit le camp. Démocraties, régimes autoritaires ou dictatures utilisent étrangement les mêmes atours pour démontrer leur force de persuasion. Cet accrochage aligne des clichés pour mieux les bousculer.

[Musée d’Ansembourg] - Ne vous

fiez pas au décor bourgeois du Musée d'Ansembourg. À l'intérieur, vidéos, art numérique, projections et installations visuelles s'intéressent à la réalité et au pouvoir de fascination des écrans. Ainsi, Robbie Cooper filme des gamers hypnotisés quand le belge Djos Janssens joue avec les miroirs du lieu et Matthieu Gafsou présente la série Sacré, une plongée dans les froides images ritualisées de l’Église de Fribourg dans une ambiance de fin du monde.

About The Chair [Hangar B9] - Quoi de plus basique qu'une chaise ? Aussi erectus soit-il, l'homo aime s'asseoir. Si bien qu'on ne fait plus vraiment attention à ce siège – à part les designers, c'est vrai. Or, trois commissaires tchèques à l'honneur cette année se sont penchés sur ce meuble banal, certes, mais qui selon les cas, favorise la communication ou sert un discours. Ils présentent ici les travaux d'une trentaine d'artistes émergents ou reconnus (photographie, vidéo, installations) qui tiennent tous debout.

Jusqu'au 25.05, Liège, Bal, Cité Miroir, Hangar B9, Emulation, mer>dim, 13h>18h, sam & dim, 10h>18h, Musée d'Ansembourg, jeu>dim, 10h>18h, 10/8/5/3/2/1,25€/gratuit, www.bip-liege.org



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Les femmes du Maroc - Idle Afternoon 1c, Chromogenic print, 2008 (Détail) © Lalla Essaydi

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Aller simple À l’occasion du cinquantième anniversaire du traité planifiant le départ d’ouvriers marocains vers la Belgique, l’exposition Nass Belgica (les gens de Belgique en dialecte marocain) détruit les clichés sur l'immigration maghrébine. Alors que l’Europe occidentale traverse une grave crise identitaire, « Il était important de rappeler ce que nous a apporté notre immigration » souligne Ahmed Medhoune, commissaire de l’exposition. De nombreux Marocains ont combattu en France et en Belgique lors des deux guerres mondiales. Mais beaucoup de ces hommes ont avant tout participé à la bataille du charbon avant le déclin des grands bassins houillers. Le parcours démontre aussi que la Belgique subissait alors les prémices d’une grave crise démographique, compensée par le regroupement familial. à l’étage, un travail d’archives papier et vidéo met en exergue le racisme d'alors, tels ces recrutements lapidaires ou ces bars interdits aux étrangers. Au rezde-chaussée, divers artistes issus de l’immigration donnent une note plus contemporaine à cette histoire. Les voitures-cathédrales de Thomas Maillane rappellent qu’avant l’essor des compagnies low-cost, le retour au bled lors des congés estivaux s’apparentait à une expédition. « On veut aussi changer le regard des Marocains sur leur diaspora » continue Ahmed Medhoune. « L’exil se raconte difficilement et peut être vécu comme une humiliation. Mais c’était également une chance ! Ces émigrés ont participé au développement du Maroc par un phénomène de transferts de fonds en investissant notamment dans l’immobilier. » Julien Collinet Jusqu’au 27.04, Bruxelles, Le Botanique, mer>dim, 12h>20h, 5,50/4,50/3,50€, www.botanique.be, www.nassbelgica.be



exposition

(Détail) Partition auteur-compositeur-interprète Théodore Botrel coll Historial de la Grande Guerre © Y.Medmoun

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Entendre la guerre

Le son des canons Du conflit 1914-18, on conserve des images en noir et blanc, et de piètre qualité. Mais quid des sons, des musiques, et du silence ? Entendre la guerre propose de découvrir l'impact sonique de la Grande Guerre. Cet angle original doit beaucoup à « Florence Gétreau, conservatrice à la Cité de la Musique » précise son collègue Frédérick Hadley. Avant de poursuivre : « C'est une première mondiale. Les soldats ne voyaient pas grand'chose depuis les tranchées. Leur premier contact avec la guerre, c'est le fracas des bombes, qui les poursuivra toute leur vie ». Si l'on se souvient des gueules cassées, on oublie ces vétérans qui, marqués à jamais, se jetaient à terre au moindre choc sonore impromptu – un traumatisme qu'évoquait Marc Bloch dans L'Étrange Défaite (1940). Or, le silence pouvait être aussi dangereux : ainsi de ces obus s'ouvrant – mais n'explosant jamais – pour libérer le gaz moutarde. Divisé en trois parties, le parcours dévoile d'abord ces bruits terribles. On peut même s'immerger dans cette symphonie infernale à travers une installation conçue par le plasticien Luc Martinez, mêlant quadriphonie et tremblement des parois. Plus loin, on s'intéresse aux musiques militaire et populaire. Des chansons de l'arrière aux instruments de fortune confectionnés par les poilus en passant par l'influence sur les compositeurs (Saint-Saëns, Ravel...), le conflit n'épargne aucun domaine. Et le silence ? On l'entend, si l'on ose dire, grâce à un enregistrement sonore du 11 Novembre 1918 : les cloches sonnent et les dernières armes entendues quelques secondes avant se taisent enfin – un document exceptionnel, historique et émouvant. Thibaut Allemand Sons, musiques et silence en 14-18 Jusqu'au 16.11, Péronne, Historial de la grande guerre, tlj sauf mer, 9h30-18h, grat, www.historial.org



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Queenie II, 1988 © VG Bild-Kunst, Bonn, 2013, Courtesy of Institute for Cultural Exchange,© photo : Dean Burton, SABAM Belgium 2014


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Duane Hanson

Le maître des désillusions Les sculptures hyperréalistes de Duane Hanson (1925-1996) mettent en valeur les oubliés du Rêve américain. Issu du pop art, ce fils de fermier du Minnesota fut célébré en Europe dès 1972 (la Documenta V de Kassel). Sculptures of the American Dream constitue sa première rétrospective belge. Au mitan des années 1960, contestations, révoltes et révolutions agitent le Globe. Aux États-Unis, les artistes pop – et Warhol au premier chef – détournent les codes de la société de consommation. Hanson, lui, opte pour une critique aussi acerbe, mais plus subtile : le sculpteur s'intéresse à « ces gens ordinaires qu'on croise tous les jours sans les voir vraiment », explique la commissaire de l’exposition. Un médecin, des ouvriers ou une femme de ménage entre deux âges qui semblent aliénés, seuls, isolés. Un miroir tendu vers l’Américain moyen, certes, mais qui rappelle à chacun sa condition de simple mortel. « Il est clair que son œuvre questionne la condition humaine, au-delà de la critique sociale de notre époque », précise Claire Leblanc. Et moi, et moi, émois. Autour de nous, on observe : les visiteurs évoluent entre les 28 sculptures à taille humaine. Certains s'en amusent. D'autres ne sont guère à l'aise. Tous sont sidérés et, plus troublant encore, on a pris certaines personnes pour des statues – et vice-versa. À l'étage, on découvre des bustes et des têtes, mais aussi des photos et des vidéos du maître au travail, réalisant des moulages à même ses modèles. De 1969 à sa disparition, l'artiste américain aura donné naissance à 140 individus, aussi "normaux" que perdus en ce bas-monde. Il réserve ainsi une place aux vaincus, à tous ceux qui font l'Histoire avec leurs petites affaires, leurs histoires sans importance. Gregory Escouflaire

Duane Hanson, Sculptures of the American Dream Jusqu'au 25.05, Bruxelles, Musée d’Ixelles, tlj sf lun, 9h30>17h, 8/5€, www.museedixelles.be


Dans le sillage de Rubens, Erasme Quellin

Michaël Borremans As sweet as it gets (aussi doux que possible)... Ce titre en dit long : Borremans tend vers la douceur mais n'y parvient jamais tout à fait. Derrière le calme apparent, son œuvre demeure porteuse d'angoisse et d'étrangeté. Photographe et graphiste de formation, cet érudit en appelle à la mémoire collective, joue avec les codes de Velasquez, Goya ou Manet et multiplie les supports. Ici, dessins, tableaux, films et photographies se répondent, chaque œuvre semblant nourrir la suivante. Un dessin préparatoire peut déboucher sur un tableau qui lui-même, amènera une photo. Ces œuvres – une centaine, pour 20 ans de travail – présentées dans un ordre pas du tout chronologique, donnent à voir l'unité d'inspiration du quinquagénaire, proche de Luc Tuymans et acclamé par David Lynch, Thomas Gunzig ou Josse De Pauw - qui signent chacun un texte du catalogue. Thibaut Allemand Jusqu'au 03.08, Bruxelles, Bozar, mar>sam, 11h>19h, 12>1,25€, www.bozar.be

Bien nommé Dans le sillage de... dévoile moins l'influence de Rubens sur le jeune Erasme Quellin (1607-1678) que la façon dont l'élève s'est défait du maître sans rien oublier de son apprentissage. Quellin fut l'un des plus proches collaborateurs de Rubens, exécutant seul L’Enlèvement d’Europe (1628) sur la base d'un dessin préparatoire de son mentor. Mais peu à peu, son trait est devenu moins fougueux, plus structuré, et ses couleurs plus douces que celles de Rubens. Inspirées par Veronese, collaborant avec Jan Fyt ou Adriaen van Utrecht, ses œuvres furent parfois confondues avec celles de son contemporain Antoon van Dyck. Cette quarantaine d'œuvres donne à voir un artiste complet, peintre, graveur, mais également sculpteur (tradition familiale oblige). Et plus largement, un bel aperçu du xviie siècle anversois. T.Allemand 05.04>07.09, Cassel, Musée de Flandre, mar>ven, 10h>12h30,14h>18h, sam & dim, 10h>18h, 5/3€, www.museedeflandre.lenord.fr Érasme Quellin, L’Enlèvement d’Europe, huile sur toile, Madrid, Museo del Prado, inv. 1628 © Museo nacional del Prado. Dist. RMN-GP / image du Prado

Michaël Borremans, The Angel, 2013, Courtesy Zeno X Gallery Antwerp © Dirk Pauwels

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Yann Oulevay, Au fil de la graine Disciple des verriers Philip Baldwin et Monica Guggisberg, Yann Oulevay a sillonné divers pays et continents pour perfectionner ses techniques de souffleur. Rare étranger à avoir étudié à Murano, le Suisse présente – et crée – ici ses fameuses "graines". En fait, des œuvres soufflées sur lesquelles l'artisan appose des filigranes. Apparaissent alors des formes plus ou moins sphériques ressemblant à des graines. Quelle est la place du hasard dans le résultat ? Minime. C'est là tout le savoir-faire de l'artiste.

Nous sommes ici à la croisée de la sculpture minimaliste, de la peinture abstraite et de la performance. Sont présentées des œuvres datant des années 1950 à nos jours : peinture, sculpture d'étoffe, mais aussi documentations photographiques constituent le socle de pièces où l'on doit, parfois, se glisser joyeusement dans un sac où passer la tête dans une vaste pièce de tissu. Ludique et, hum, interactif, ce parcours prouve qu'une œuvre d'art n'est pas forcément immuable ou figée ! Jusqu'au 11.05, Bruxelles, WIELS, mer>dim, 11h>18h, 8/5/3/1,25€, www.wiels.org

10.04>25.08, Sars-Poterie, Musée-Atelier du Verre, tlj sf mar, 10h>12h30, 13h>18h, 3/1,50€, www.museeduverre.lenord.fr

Sehkanal (First Work Set, element # 46), 1968 © Courtesy of The Franz Erhard Walther Foundation and Dia Art Foundation, New York, Photograph: Paula Court

© Philippe Robin

Franz Erhard Walther

Le CHM consacre cette année 2014 aux conflits et leurs conséquences dans le bassin minier. Après avoir montré comment cette zone résulte de la bataille de Denain (1712), le musée se penche sur l'état du paysage en 1918, après quatre années d'enfer. Ravagé, certes, mais pas seulement : si certaines installations minières furent systématiquement détruites, d'autres furent préservées, selon les besoins des belligérants. Ce parcours dévoile les répercussions du conflit sur la production industrielle et l'habitat, une influence sensible jusqu'à nos jours. 18.04>31.08, Lewarde, Centre Historique Minier, tlj, 9h>17h30, 12,50/6,40€

Lens avant et après la guerre la fosse n°1 carte postale 1918 © Collections Centre Historique Minier

Le bassin minier en 1918, un paysage anéanti



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Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, Paris, 6 mai 1968 © Fondation Gilles Caron

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Signa Mentis, Une installation de Christian Jaccard Depuis 40 ans, Christian Jaccard confectionne et accumule des boîtes. Le rassemblement de ces anti readymade souligne le temps qui passe, et pose la question de la valeur de l'œuvre. Présentés près des collections archéologiques, ces artefacts prennent une autre dimension, que le plasticien n'avait sans doute pas imaginée lors de leur conception. Belle façon d'interroger la création, comme la réception de l'art. Amiens, Musée de Picardie, 18.04>30.06, mar, ven, sam : 10h>12h, 14h>18h, mer, 10h>18h, jeu, 10h>12h, 14h>21h, dim, 14h>19h, 5/50/3,50€/gratuit, www.amiens.fr/musee

Guerre et Trauma Le stress post-traumatique à travers l'Histoire. L'exposition prend pour point de départ « l'obusite» qui marqua les Poilus. Et établit des liens entre les rescapés de viols, les enfants maltraités, les prisonniers politiques et les militaires. Le tout en photos impressionnantes, cartels instructifs et œuvres spécialement réalisées pour l'occasion. Non, c'est pas gai. Mais salutaire. Gand, Musée du Dr Guislain, jusqu'au 30.06, mar>ven, 9h>17h, sam&dim, 13h>17h, 8/6/3/1€/ gratuit – 12 ans, www.museumdrguislain.be

L'image suivante

150 clichés dévoilent la trajectoire de Gilles Caron (1939-1970), intime de Don McCullin, ayant vécu tous les grands évènements – artistiques et politiques – de son temps. Avec un sens du mouvement et du cadrage hors-pair, le photographe (l'artiste ?) compose des images fortes. À travers elles, il pose la question du sens et de la morale de son métier.

La Fédération Wallonie-Bruxelles et son Musée des Arts Contemporains (MAC's) dévoilent une grande partie de leur fonds. Cette double collection rassemble des artistes belges et internationaux émérites. Et ce n'est pas tout : le lieu met à la disposition de chacun, par le biais des nouvelles technologies, l’ensemble de ses ressources documentaires – d'où le nom de l'exposition, vous suivez ? Avec entre autres les photos recontextualisées de l'Allemand Hans-Peter Feldmann ou les installations vidéos de l'Anglais Jeremy Deller.

Charleroi, Musée de la Photographie, jusqu'au 18.05, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3€, www.museephoto.be

Grand-Hornu, MAC's, jusqu'au 08.06, mar>dim, 10h>18h, 8>1,25e/gratuit, www.mac-s.be

Gilles Caron, le conflit intérieur



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Air © Linda Bujoli

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Salon en quinconce

Open Museum : Air

Pour cette cinquième édition, hommage est rendu à Jean Capiau (19292011). Membre de l'association, ce peintre, scénographe, galeriste (la galerie Tendance Contemporaine), militant de gauche et fervent défenseur de la culture wallonne était très attaché à La Louvière, où il est né. Une exposition collective réunissant les œuvres de certains de ses plus proches amis (citons Eric Claus) permet de saluer ce passionné.

À la fois moderne (la French Touch...) et patrimonial (les antiques instruments, l'amour d'une certaine pop seventies), Air compose un habillage sonore pour les différentes salles du Palais des Beaux-Arts de Lille. Pour l'anecdote, Nicolas Godin est architecte de formation et le premier EP du tandem, Modulor Mix (1995) rendait hommage à Le Corbusier. Autant dire que le volume comme le son obsèdent ces rats de studio - en témoignent ces différentes propositions aériennes, ouatées et parfois déroutantes.

La Louvière, Musée Ianchelevici, jusqu'au 11.05, mar>ven, 11h>17h, sam&dim, 14h>18h, 3/2/1,5€/grat, www.ianchelevici.be

The Fair The Fair, ou la réunion de deux installations dont les aplats noirs répondent aux images gravées. Leur concepteur, Olivier Deprez, est un artiste venu de la BD. Fasciné par le noir, ce dessinateur et graveur a collaboré avec un artiste pour chacune des œuvres (un comédien puis un outsider artist). Réunies, elles forment un parcours intrigant, où se répondent les gravures et l'acte même de création (la presse, l'imprimerie). Fascinant. La Louvière, Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée, jusqu'au 18.05, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3/2/1,25€/gratuit, www.centredelagravure.be

Lille, 11.04>24.08, Palais des Beaux-Arts, lun, 14h>18h, mar>dim, 10h>18h, 6,50>1,50e/grat

TAZone Libre Selon Hakim Bey, une Zone d'Autonomie Temporaire « ne se définit pas, mais occupe provisoirement un territoire et se dissout dès lors qu'elle est répertoriée ». Alors, comment une TAZ resterait-elle près de deux mois sur place à Wazemmes ? En fait, l'association Koan réalise un espace virtuel où les technologies sont mises au service de tous : applications, installations multimédia, cartographies... Des œuvres qui nous tiennent "hacker". Lille, maison Folie Wazemmes, 18.04>08.06, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, gratuit, www.mfwazemmes-lille.fr



WVZ 250 KH, 2012, terre cuite émaillée, coll. privée, Autriche © Elmar Trenkwalder, 2013 - Photo DR

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Abstractions géométriques belges, de 1945 à nos jours Après-guerre, l'abstraction se divise en deux sensibilités : lyrique et géométrique. Comme son nom l'indique, cette esthétique repose sur la précision des lignes mais aussi la pureté des couleurs. Peintures, sculptures, mobiliers, joailleries ou textiles conçus par Jo Delahaut, Pol Bury, Marthe Wéry, Dan Van Severen, ou Jean Rets rendent justice à ce courant majeur de l'art belge, toujours fécond, mais trop méconnu. Mons, BAM, jusqu'au 13.07, mar>dim, 10h>18h, 9/6€, www.bam.mons.be

André Fougeron –Voilà qui fait problème vrai L'existence d'André Fougeron (19131998) correspond, peu ou prou, à ce que l'historien Eric J. Hobsbawm nommait "le court xxe siècle". Un âge des extrêmes pour le moins tourmenté. Dans cette tempête, le peintre parisien est fermement resté ancré à gauche. Héritier des Naturalistes et, surtout, de Courbet, ce peintre, graveur et affichiste autodidacte, s'adonna au collage en gardant à l'esprit que l'art doit être utile et émanciper les peuples. Roubaix, Jusqu'au 18.05, La Piscine – Musée d'Art et d'Industrie A. Diligent, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, weekend, 13h>18h, 9/6€

Elmar Trenkwalder, Ornement et obsession Ornement, l'affaire ne fait aucun doute : on est saisi par l'immensité de ces céramiques évoquant à la fois des temples hindous, des cathédrales gothiques et romanes ou des façades baroques. Quant à l'obsession, elle est là aussi, bien réelle : l'Autrichien utilise ET dissimule fragments de corps et de parties génitales au sein de ces constructions. Cette première rétrospective consacrée à son œuvre monumentale, à ses peintures et dessins offre de (re)découvrir un héritier de l'actionnisme viennois ! Tourcoing, MUba, 17.04>24.11, tlj sf mar, 13h>18h, 5/3€/grat, www.muba-tourcoing.fr

Meret Oppenheim. Rétrospective Des pièces mythiques (les Gants de Fourrure desquels dépassent des ongles carmin, par exemple) retracent l'itinéraire d'une artiste majeure, muse de Man Ray, amie des Surréalistes puis figure majeure du mouvement. Féministe, profondément attachée à sa liberté, marquée par les mythes et les idéaux de son époque, Meret Oppenheim aurait eu cent ans en 2013. Gageons que son œuvre lui survivra, mille ans au moins. V.d'Ascq, LaM, jusqu'au 01.06, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr




interview

PHIA MENARD Matières à réflexion Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ P.P.P. - Cie Non Nova © Jean-Luc Beaujault

Née en 1971, Phia Ménard a 19 ans lorsque, découvrant Extraballe de Jérôme Thomas, elle décide d'apprendre la jonglerie. Puis le théâtre, la danse, le mime, on en passe. Cette artiste complète se produit à travers le monde, mais demeure en elle une fêlure : Phia Ménard est née homme et, en 2008, décide de devenir totalement femme. P.P.P. conte ce parcours. Six ans plus tard, la danseuse et jongleuse reprend cette création dans laquelle elle lutte contre des blocs de glace – autant d'épées de Damoclès, explique-t-elle, au moment de revenir sur son parcours et son combat quotidien. Votre spectacle s'intitule P.P.P. L'acronyme de Position Parallèle au Plancher... Oui, c'est la position dans laquelle nous finirons toutes et tous. Lorsque j'ai écrit cette pièce, en 2007-2008, je faisais mon coming-out. On m'a appris à être un homme, j'ai essayé mais ayant échoué, j'ai décidé de devenir femme. P.P.P., c'est le parcours de quelqu'un qui questionne son identité et se retrouve dans une situation périlleuse, car la société n'accepte toujours pas la transsexualité.

Pourquoi utiliser la glace sur scène ? Il s'agit de trouver des relations entre la matière et ma perception de l'humain. Ainsi, la glace peut devenir eau, puis vapeur, par exemple. Elle est à l'image de nos propres corps, qui peuvent se transformer. Le mien était masculin avant de devenir féminin. C'est l'élément parfait pour symboliser ce changement de sexe. La glace est belle, mais on n'ose pas la toucher car elle est froide. Idem pour le corps d'un trans, qui fascine, attise la curiosité, mais avec lequel on ▲

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« Je suis née dans un corps d'homme, je mourrai dans un corps de femme ».

craint de se retrouver au lit. (Sourire) Cette relation attraction-répulsion est à l'origine de l'histoire de P.P.P.. Quelle place accordez-vous à la scénographie ? Pour évoquer la solitude, être seul en scène ne suffit pas. Lors d'une fête, si vous ne connaissez personne et qu'on ne vous parle pas, vous vous sentez seul, bien qu'entouré de gens. Je tenais donc à un décor très fourni constitué de nombreux robots qui se meuvent, mais n'ont rien d'humain. D'où le sentiment de solitude. C'est un spectacle narratif, mais muet. Oui. Je mêle la chorégraphie, le théâtre de mouvements, le jonglage...

J'ai pratiqué diverses techniques corporelles, et c'est ma manière de m'exprimer. Mais le spectateur doit pouvoir imaginer ce qu'il veut. Vous avez joué P.P.P. à l'étranger. Quelles sont les réactions ? Ça dépend. Les Anglo-Saxons ont une relation ambiguë et complexe au corps. En revanche, les pays latins sont plus à l'aise. Au Brésil par exemple, les spectateurs explosaient de rire et prenaient la pièce sous l'angle de la farce. Je n'aurais jamais imaginé ça, mais c'est intéressant. Chaque société envisage le corps et l'identité avec ses propres référents. Vous avez créé P.P.P. en 2008. À l'époque, vous étiez encore un homme.


Six ans plus tard, le jouezvous différemment ? Finalement, la pièce est de plus en plus pertinente, car elle ne conte pas uniquement cette transformation. Aujourd'hui, elle reprend les questions d'une femme s'interrogeant sur son identité. J'arrive dans la communauté des femmes, je dois en apprendre les codes, découvrir les inégalités... Vous-même subissez ces inégalités en tant que femme, mais pas seulement. J'ai choisi un genre, mais je n'ai toujours pas les papiers of ficiels, je me bats pour avoir des droits. Quoi que je fasse, je resterai trans. Je suis née dans un corps d'homme, je mourrai dans un corps de femme. Ce chemin est perçu comme odieux par la majorité des gens. Au contraire, c'est le plus beau des parcours. Nous devrions tous pouvoir regarder le monde en adoptant différents points de vue. Cela permettrait de comprendre l'autre et d'être plus tolérant. Vous sentez-vous proche des théories queer de Beatriz Preciado ou Marie-Hélène Bourcier ? Je connais le travail de Marie-Hélène Bourcier, et Beatriz est une amie, nous discutons très souvent. Ce que je disais à l'instant s'inscrit complètement dans le mouvement queer :

choisir, expérimenter, ne pas se conformer à ce qui nous est imposé comme la norme. Nous ne choisissons pas de naître, mais nous choisissons de vivre. Pour cela, nous devons choisir ce que nous voulons vivre. Êtes-vous une artiste militante ? Oui. Monter sur scène est en soi un acte politique. Je garde espoir, mais si l'art pouvait rendre le monde plus tolérant, ça se saurait ! (Sourire) J'ai conscience de m'adresser à des gens qui ont déjà enclenché un processus de réflexion, ont fait l'effort de venir au théâtre... Ce serait bien de toucher d'autres publics. P.P.P. 08>12.04, Lille, Le Grand Bleu, 20h sauf jeu et ven, 15h, 13/11/10/9/6€, www.legrandbleu.com


© Bruno Dewaele

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ORPHELINS

SANG FAMILLE Arnaud Anckaert fut le premier à monter cette pièce en France, en 2011. Après un détour par Avignon l’été dernier, le co-fondateur du Théâtre du Prisme reprend Orphelins, de l’auteur britannique Dennis Kelly. Un huis clos haletant où liens familiaux et civisme ne font pas forcément bon ménage. Le dîner en tête-à-tête d’Helen et Danny s’annonce bien. La sérénité est pourtant brisée net par l’intrusion soudaine de Liam, le frère d’Helen, les bras maculés de sang… Avec une fausse assurance, Liam raconte être venu en aide à un jeune étranger blessé sur le bitume. Mais ses explications alambiquées laissent tout d’abord s’immiscer le doute, jusqu’à faire peser sur lui le pire des soupçons. Dès lors, comment réagir ? Dénoncer ou cacher ? Le thriller psychologique trouve ses lettres de noblesse au théâtre avec Dennis Kelly et cette partition millimétrée. « Liam et Helen sont orphelins. Tout ce qui les lie vient de ce déracinement initial » explique Arnaud Anckaert. « La question de l’abandon demeure en toile de fond. Le drame qui se noue n’est finalement qu’un prétexte à faire rejaillir toutes les questions de justice, de vérité… » La mise en scène s’affranchit des postures tentantes de procureur ou d’avocat, instaurant un subtil climat de tension – au point de mettre très, très mal à l'aise le public : « À Avignon, une spectatrice a même insulté Helen, complètement embarquée par l’histoire et les acteurs, mais c'est ce que j'aime dans le théâtre ! » se souvient Arnaud Anckaert. On espère que vous saurez vous tenir. Hugo Dewasmes 05.04, Caudry, Les Scènes Mitoyennes, 20h30, 13/7/6€, www.scenes-mitoyennes.fr 15.04, Saint-Martin les Boulogne, Centre Culturel Georges Brassens, 20h30, 12/10/9€, www.centreculturelbrassens.fr



Face de Cuillère © DR

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le p'tit monde

Aux rires et cætera Voilà onze printemps que Le P’tit Monde amène le théâtre à hauteur de (petit d') homme. Cette année, il affiche neuf propositions s'intéressant au handicap et à l'exclusion. Pas facile de prime abord, ce thème n'empêche ni le rire, ni le plaisir – et suscite une émotion salutaire. Théâtre d’objets et de marionnettes, clowns en fanfare… ce festival sensibilise les plus petits (dès deux ans) au spectacle vivant et ce, sans les prendre de haut. « Le théâtre doit être le reflet de notre société car on ne vit pas dans un conte de fées, explique Grégory Vandaële, directeur du centre culturel André Malraux. Il est important de développer l’esprit critique des enfants, ces citoyens de demain ». Et pour ce faire, l'équipe convie quelques grands noms parmi lesquels Cédric Orain revisitant le périple d’Ulysse (En attendant la nuit). Ailleurs, Un stoïque soldat de plomb, par la Cie L'Oiseau Mouche, conte une tragique histoire d'amour, tandis que Face de cuillère défie la maladie avec un humour sensible et délicat. Comme à l’accoutumée, cette édition rayonne sur l’ensemble des Flandres et s'intéresse à la vie des habitants. « La rencontre en amont et en aval avec le spectateur est une démarche qui me tient à cœur », confie Grégory Vandaële. Cette proximité se traduit par des ateliers pédagogiques pour les bambins, encadrés entre autres par La Minoterie, pôle de création et d’éducation artistique dijonnais. Et qui sait, parmi les nombreux mômes présents, se trouvent peut-être les comédiens de demain ? Lina Tchalabi 08>18.04, Hazebrouck, C.C. André Malraux, 7/5/4€, prog. complet : www.centreandremalraux.com En attendant la nuit (8/11/15 & 18.04) // Un stoïque soldat de plomb (08.04) // Face de cuillère (09&10.04) // Couac (11>12.04) // Allez Ollie à l’eau (10&11.04) // Le petit cercle boiteux de mon imaginaire (12>13.04) // En fer et en os (15.04) // Nao Nao ! (16.04) // Toi du monde (18.04)...



éloge du puissant royaume de Heddy Maalem © Patrick Fabre

Festival Le Grand Bain

En immersion Roubaix, cité de danse ? On ne trouvera pas grand monde pour le nier. Mais malgré l’ébullition chorégraphique des dernières décennies, manquait encore à la ville son grand festival dédié à la scène contemporaine. Arrivée il y a un an et demi à la tête du Gymnase, Céline Bréant a décidé d’y remédier : un Grand Bain dans lequel on plonge tête la première. « Le Grand Bain, c’est l’idée toute simple que l’on n’a besoin d’aucune clef pour accéder à la danse contemporaine. Il suffit de trouver la bonne porte pour y entrer », résume la directrice. D’où la

volonté de faire de ce nouveau festival un rendez-vous ouvert : "danse pure" et formes hybrides, artistes confirmés et compagnies émergentes, solos et pièces de groupe, créations pointues


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et spectacles populaires. En somme, une immersion dans l’incroyable diversité du paysage chorégraphique. Eh bien, dansez maintenant ! Conférence dansée, masterclass, "brunch bavard", tout est bon pour « infiltrer la danse là où elle n’est pas », suivant la mission du Centre de développement chorégraphique. Avec en premier lieu une programmation capable d’attirer de nouveaux publics. Les Toulonnais de Kubilai Khan Investigations invitent sur scène le groupe rock Mugstar, originaire

de Liverpool, pour une rencontre stimulante entre concert et chorégraphie. Mélange des genres aussi avec Heddy Maalem, canalisant la puissance de danseurs de krump dans une pièce résolument contemporaine. Le moment fondateur de cette première édition prometteuse ? La restitution, par des amateurs coachés par les interprètes originaux, d’extraits de Waterproof (1986), pièce historique de Daniel Larrieu se déroulant dans une piscine. Forcément, le Grand Bain ne pouvait s’en priver. Marine Durand

Du 5.04 au 12.04, Roubaix, Lille, Villeneuve d’Ascq, Mons-en-Baroeul, Armentières, divers lieux. Pass grand plongeon (tous les spectacles) : 50/40€ ; Pass trempette (3 spectacles) : 20/15€. Toute la programmation sur www.gymnase-cdc.com


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Le Chant Des Pavillons © Vincent Vanhecke

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les turbulentes

PLEIN LA VUE ! Les Turbulentes sont le fruit du travail mené toute l'année par l'équipe du Boulon. En 2014, ce festival d'arts de rue invite les habitants à redécouvrir Vieux-Condé sur le thème de la « Ville chlorophylle ». Rendez-vous avec des artistes qui ont un grain de folie. Organisée par Le Boulon - Centre national des arts de la rue, cette édition des Turbulentes convie une trentaine de compagnies françaises et étrangères. Durant ce week-end très dissipé autour de la création en espace public, on attend pas moins de 35 000 spectateurs. Pourtant « le festival demeure à taille humaine, modère Virginie Foucault, directrice de la manifestation. On parvient à conserver une exigence artistique tout en restant un événement populaire ». Au milieu de décors faisant la part belle au végétal, la programmation éclectique mêle toutes les formes. On emboîte le pas aux artistes de la Cie Oposito, dont le Kori Kori, grand déambulatoire musical ré-enchante les rues. En amont, la Cie On Off a enseigné des chansons aux habitants, qui les réinterprètent sur scène lors d'un grand concert, façon flash mob. Ailleurs, un violon-trompette, un violoncelle-trombone et une contrebasse-hélicon forment le Chant des Pavillons : un drôle de trio à cordes ! Sous la houlette de Willi Dorner, les Vieux-Condéens sont aussi attendus pour un "parcours chorégraphique architectural" ou une visite des monuments emblématiques du Valenciennois conçus avec des boîtes d’emballage… Oui, ça va faire un carton. Ce festival rend hommage à la Nature – mais pas question de végéter ! Lina Tchalabi

16e festival des arts de la rue du Valenciennois 02>04.05, Vieux-Condé, divers lieux, gratuit, programmation complète sur www.leboulon.fr



© Marion Lemeut

© Brigitte Enguerand

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ONCLE VANIA Au fin fond de la Russie, une réunion de famille bouleverse le quotidien de l'oncle Vania, médecin fatigué et soucieux de la défense de la nature. Cette œuvre de Tchekhov (1897) mêle drame, comique, et évoque les renoncements et les regrets d'une vie. Deux inconditionnels du maître (E. Lacascade et C. Benedetti) en livrent leur version. Avec un point commun : la sobriété.

Eric Lacascade

V S

Christian Benedetti

Presque nu, le plateau accueille une beuverie monumentale. Puis cruauté, solitude et résignation reprennent leurs droits – mais l'ensemble semble si noir que la comédie n'est jamais loin... Éric Lacascade opère un retour aux sources et injecte des personnages et situations de L'Homme Des Bois (1889), la première version de la pièce. Ces glissements subtils permettent de redécouvrir l'œuvre sous d'autres angles, sans qu'elle ne soit dénaturée - quoique : si la nature est importante dans cette adaptation, le directeur du TNB opte pour des murs gris, soulignant ainsi l'enfermement rural.

Deux fois plus courte (1h20) cette version est avant tout une affaire de rythme. Le débit des acteurs, et la violence du jeu sont pour beaucoup dans la brièveté de l'ensemble. Cela dit, c'est avec respect, mais sans déférence, que Benedetti aborde Tchekhov : le texte n'est pas modifié mais son phrasé devient « actuel ». Aux excès de passions et de colères, s’opposent des blancs, des pauses – le calme avant la tempête. D'ailleurs, celle-ci partie, la routine reprend ses droits et Vania, son triste quotidien. Comme le résume cette phrase : « Il n’y a pas de mort ici… Il y a pire... Continuer à vivre ».

09>18.04, Lille, Théâtre du Nord, 20h, sauf jeu, 19h, et dim, 16h, 25>3€ // 06&07.05, Douai, L'Hippodrome, 20h, 20/16/12/10/9€

15>17.04, Béthune, Le Palace, 20h, 18/14/8/7€, www.comediedebethune.org



Figure(s) de la chanson française, Alain Bashung demeure insaisissable. Ça tombe bien, le chorégraphe Hamid Ben Mahi n'avait pas l'intention de réaliser une chorégraphie-hommage ou pire, une biographie dansée. En revanche, tandis que des musiciens rejouent, sur scène, les œuvres du chanteur, des danseurs hip-hop confrontent leurs mouvements aux nappes et aux Volutes de l'Alsacien. L'œuvre du grand Alain étant éminemment corporelle, voire charnelle, ce mariage tombe sous le sens. Et nous, sous le charme. 04.04, Oignies, Le Métaphone, 20h30, 15/12€, www.9-9bis.com

© Alain Rico

Apache

© Laurent Philippe

Germinal Présenté à Lens, certes, ce Germinal-ci n'a rien à voir avec Zola ou le bassin minier. Cette pièce créée par Antoine Defoort et Halory Goerger décortique les ressorts de la dramaturgie, l’histoire des sciences et des structures sociales. Sur ce plateau vierge, tout est à (ré)inventer : quatre individus silencieux découvrent la lumière, l’image, la musique, l’ordinateur ou le téléphone. L'ensemble fut qualifié de spectacle vivant numérique. Il y a effectivement de cela. Mais Germinal, déroutant et stimulant, ne se laisse pas si facilement étiqueter. 26.04, Lens, La Scène du Louvre-Lens, 19h, 9€, www.louvrelens.fr

Les méfaits du tabac Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est au premier degré qu'il faut prendre le titre de cette œuvre signée Anton Tchekhov. Ou presque : c'est à la demande (sous la menace ?) de son épouse que Nioukhine (interprété par Michel Robin), débute cette conférence. Mais de tabac, il est finalement peu question. Au fur et à mesure, Nioukhine se dévoile, homme faible et ordinaire. Le résumé d'une vie inutile, voire ratée. Denis Podalydès s'est adjoint les services d'un trio de cordes. Bach, Berio et Tchaïkovski rythment ce monologue absurde, tragique et cruellement drôle. 17 & 18.04, Arras, Théâtre, 20h, 20>9€, www.tandem-arrasdouai.eu

© Victor Tonelli - ArtComArt

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danse

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agenda © Aglae Bory

théâtre

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Please, Continue (Hamlet) 02.04

Yan Duyvendak / Roger Bernat

C'est le procès d'un jeune homme accusé de meurtre. Trois ans plus tôt, durant un mariage, l'accusé aurait tué le père de sa petite amie. Il prétexte un accident. Lui, c'est Hamlet. La plaignante, Ophélie. Etrange, le projet met en scène d’authentiques membres du Barreau "recrutés" dans la Cour de chaque ville où le spectacle est présenté. Chaque soir, onze spectateurs sont désignés pour le jury. L'affaire, bien réelle, est tristement banale. Mais idéale pour se plonger dans les arcanes de la justice. Douai, L'Hippodrome, 20h, 8€

Mary's Baby 02.04 E. Mollo, R. Montserrat & J-B Droulers / E. Mollo

À l'heure du clonage et des phénoménales avancées de la science (le cœur artificiel, quand même !), que pourrait bien imaginer une Mary Shelley du xxie siècle ? Quels seraient ses monstres ? Seule sur scène, mêlant les disciplines (danse, théâtre, vidéo, projections, musiques électroniques...), Esther Mollo, figure du Théâtre Diagonale, se plonge dans la psyché de l'auteure de Frankenstein (premier best-seller de l'histoire de l'édition). Impressionnant ! Lille, maison Folie Wazemmes, 20h, 9/6,50/5€

Plan B 04&05.04 A. Bory & P. Soltanoff / Compagnie 111

Ils sont quatre, se jouent de l'abscisse, de l'ordonnée et surtout de la gravité ! Créé il y a dix ans, ce spectacle se situe à mi-chemin entre théâtre et danse, cirque et magie. Aurélien Bory et le metteur en scène new-yorkais Phil Soltanoff réinventent ici l’art du mouvement. Ils jouent avec les perspectives, pastichent les films de kung-fu et s'autorisent de beaux moments de poésie visuelle. Bref, ce Plan B devient plan A. Roubaix, Le Colisée, 20h30, 32/28/23/21/8€, www.coliseeroubaix.com

Alex Lutz 05.04

Travesti dans La Revue de Presse de Catherine & Liliane, nazi dans OSS 117 : Rio Ne Répond Plus (2008), metteur en scène pour Pierre Palmade, ce trentenaire – qui en paraît quinze de moins - est partout. Endossant tour à tour les rôles de vendeuse de prêt-àporter, directeur de casting odieux, ou se remémorant son enfance – et la nôtre, aussi – avec La Petite Souris, il ne perd jamais ce regard décalé allié à un sens du rythme et de la formule. La marque des grands, en somme. Béthune, Théâtre, 20h30, 28/24e //19.04, Amiens, Mégacité, 20h30, 41€



Matamore © JP Estournet

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danse

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agenda

Elena

Pour Tout L'Or Du Monde

07.09&10.04 F. Cavalli / L. G. Alarcón / J-Y Ruf & Ens.Capella Mediterranea

09.04

Le Lombard Francesco Cavalli (16021676) a composé une quarantaine d'opéras, mais les aléas de l'Histoire n'en ont épargné qu'un petit nombre. Or, parfois, certains donnés pour perdus réapparaissent, tel L’Enlèvement d’Hélène (1659). Ce drame en musique et trois actes conte l'amour de Thésée pour Hélène et mêle bonne humeur, travestissement et une partition à la fois légère et profonde... Cette œuvre se porte bien, pour une rescapée ! Lille, L'Opéra, 19h30, 33/24/17/9/5€, www.opera-lille.fr

O. Dubois

Créé en 2006 à Avignon, ce solo compte beaucoup dans la carrière d'Olivier Dubois. Ce ne fut pas le premier, mais il lui valut la reconnaissance de ses pairs – et du public. Cette œuvre allie (auto)dérision et provocation, titille les codes académiques en carambolant pop et musique classique. Intéressant de noter que Dubois redonne vie à cette geste anti-autoritaire tandis qu'il arrive à la tête du prestigieux CCN. Un signe de ce qui nous attend désormais ? Roubaix, CCN, 22h, 15/8€, www.ccn-roubaix.com

Mon Quichotte Matamore 08&09, 11&12, 15&16.04 Cirque Trottola & Petit Théâtre Baraque

15>19.04 Agnès Sajaloli - Cie La Tarande

Matamore, c'est la réunion de Nigloo et Branlotin (Théâtre Baraque), et Bonaventure, Titoune et Mads (Trottola). Réunis sous le chapiteau, au fond d'une fosse, ils alternent voltige, dressage de chiens, jonglage et main à main. Mais plus qu'une successions de prouesses, le quinté gagnant crée un univers absurde et poétique, peuplé d'étranges figures, de clowns blancs et noirs.

D'Agnès Sajaloli, on se souvient du Bras de la Vénus de Milo – des thèmes de contes transposés dans une histoire "adulte" à destination des enfants. On retrouve cette démarche dans Mon Quichotte. Le comédien Fidel Parra, fils de combattant anti-franquiste, a lu et relu Cervantès. Le Franco-espagnol reprend à son compte certains passages-clés de l'œuvre mais, à la différence de l'idéaliste légendaire, il admet la complexité du monde. Sans renoncer à l'utopie.

Lille, Gare St-Sauveur, Espace Chapiteau, 20h sf 12.04, 19h, 17/13/8,50/5€, www.leprato.fr

Lille, Le Grand Bleu, 13/11/10/9/6€, horaires précises : www.legrandbleu.com



agenda © Ludo Leleu

théâtre

&

danse

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Cédric Andrieux 15.04

J. Bel / Cédric Andrieux

Cette autobiographie éponyme croise témoignages et fragments dansés. Seul sur scène, Cédric Andrieux joue son propre rôle, s’exprime sur son parcours, ses influences, son identité. Surgit la voix du danseur, rarement audible face à celles du chorégraphe et du critique. Cet abrégé original de vingt ans de danse taquine les maîtres M. Cunningham, W. Forsythe et T. Brown, dont Andrieux fut élève et danseur. Valenciennes, Le Phénix, 19h, 13/11/9€, www.lephenix.fr

Le Mariage de Mademoiselle Beulemans

Les Fureurs d'Ostrowsky 16.04

J-M Rabeux / La Compagnie

La malédiction des Atrides ? Une vaste boucherie familiale. L’acteur G. Ostrowsky et l’auteur et metteur en scène Jean-Michel Rabeux s'emparent du mythe. Véhément et truculent, Ostrowsky interprète seul les principaux personnages, mêle la tragédie au music-hall et au cabaret. Tour de force : le comédien rend comiques des drames absolus (on parle tout de même de parricides, matricides et autres fratricides...) jusqu'à rendre cette légende totalement grotesque – un compliment, ici. Armentières, Le Vivat, 20h, 19/14/7€, www.levivat.net

16.04>18.05 Fonson & Wicheler/D. Michels

AIR EUROPA

Un morceau de patrimoine. Créé en 1910, fort d'un succès jamais démenti depuis, ce Mariage inspira même Marcel Pagnol. Oh, sur le papier, on songe à un vaudeville classique, avec ces quiproquos, amours contrariées et infidélités classiques. Mais sur scène, cette pièce prend toute sa saveur. Mêlant le français et la zwanze bruxelloise, ces noces truculentes ne ressemblent finalement à aucune autre. La pièce fétiche du Théâtre des Galeries !

Afrique, de nos jours : Mousse veut rejoindre l'Europe. Leer, sa fiancée et fille du chef, est tiraillée entre l'obligation de le suivre, et l'amour pour son pays. Quant à l'aveugle Muumin, il souhaite monter un cybercafé. Mais quid de cette Europe fantasmée ? Et qui prend des risques ? Celui qui part ? Celui qui reste ? Sur une scène dépouillée, sont posées ces questions. Politique, certes, Air Europa interroge également l'héroïsme et la tragédie.

Bruxelles, Th. Des Galeries, mar>dim, 20h15, certains sam & dim, 15h, 24 à 10€

Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5€, www.ville-lomme.fr

17.04

Cie La Gueule Noire



© Antoine Repessé

litterature

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LAIRE

S D'EXPRESSION POPU SALON DU LIVRE D'ARRA LE ET DE CRITIQUE SOCIA

Même pas peur ! Notre époque est plutôt formidable : guerres, corruption, délocalisation, chômage de masse, restriction des libertés... Autant de bonnes raisons de rester cloîtré avec un bon bouquin. De quoi aussi nourrir la colère de quelques amateurs de littérature et de conflits sociaux. Typiquement le cas de l'association Colères du Présent, dont le rendez-vous annuel nous tire du lit chaque 1er mai.


Un homme est mort Filez à Arras pour y admirer Un Homme Est Mort. À l'origine, un film de René Vautier sur les grèves et manifestations brestoises, en 1950. Plus d'un demi-siècle plus tard, Kris et Etienne Davodeau tiraient de ce film et, surtout, des conditions de sa projection (le cinéma itinérant, etc.) une excellente bande dessinée. Qui fait l'objet ce soir d'un Concert-BD. Cette forme associe dessins et musique jouée par des musiciens professeurs de l'Ecole Nationale de Jazz. 30.04, Arras, Cinémovida, prix libre

Entre les cordes

01.04>22.05, Arras et divers lieux dans le Pas de Calais. 1er mai, Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale, 10h>19h, Arras (entre la place de la Vacquerie et celle du Théâtre), gratuit, www.coleresdupresent.com

À

On connaissait le chess-boxing (échecs + boxe, un sport imaginé par Enki Bilal), voici le ring de lecture ! Là, se succèderont le slameur Julien Delmaire, des lectures d'un atelier animé par le génial Jérôme Leroy, un match d'écriture entre deux clubs de boxe thaï et une lecture boxée de Poings De Suture par le photographe, écrivain et boxeur Michel Lecorre. ce ring sera Ze place to be durant le salon. 01.05, Arras, salle Reybaz, dès 11h

chaque édition son thème. Cette année, la peur. Un sentiment qui a fait les belles heures de la littérature, du thriller à l'épouvante en passant par le roman noir. Un sentiment qui régit nos vies, aussi : terrorisme, pollution, chômage... « La peur est un outil de gouvernement de nos sociétés, et conditionne les comportements de consommation, explique François Annycke. Elle est également à l'origine de l'intolérance, de l'exclusion, qui la nourrissent en retour ». Ces craintes poussent également à se battre. Ça tombe bien, le Festival fournit les armes (intellectuelles, pour l'instant). Ainsi, durant tout le mois d'avril, les rendez-vous se multiplient, à Arras comme ailleurs. Et s'il ne fallait en retenir que deux ? (voir encadré ci-dessus). Thibaut Allemand

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Sélection


litterature

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éditions Zones Sensibles

MAISON INDISCIPLINéE Fondées à Bruxelles en 2011, les éditions Zones Sensibles mettent l'accent sur les sciences humaines. Auteur, éditeur, graphiste et anthropologue, Alexandre Laumonier détecte des manuscrits passionnants ignorés par les grandes maisons. À raison de quatre publications annuelles, cette petite entreprise demeure aussi exigeante sur le fond que sur la forme. Les ouvrages de Zones Sensibles (ZS) accrochent immédiatement le regard. Maquette soignée, rigueur typographique, qualité des reproductions, couverture façonnée pour chaque livre « hormis l’emplacement du logo » précise Alexandre Laumonier, également fondateur du studio Le Théâtre Des Opérations, responsable de ce divin emballage. Ainsi, Le Cri (1893) d’Edvard Munch inspire la cartographie de Yucca Mountain (2011), un projet pharaonique signé John D'Agata, exploitant cette montagne du Nevada pour y enfouir des déchets nucléaires. La Mort D'Un Pirate (2011), d'Adrian Johns, mêle polar et histoire pour enquêter sur les radios pirates, depuis les années 1920 jusqu'aux stations réfugiées en mer du Nord. Et l'ouvrage de prendre les atours d'un disque vinyle...


Le sens de la réalité « La société contemporaine ne peut plus être envisagée par le biais d’une seule discipline. Le transversalité est nécessaire ». Alexandre Laumonier trace les lignes de ZS à travers ses nombreux centres d'intérêt dont l'anthropologie. Il cherche à saisir la complexité du réel avec les outils des sciences humaines. Résultat ? Un catalogue singulier dans l’horizon éditorial. Les livres à paraître sur le camouflage photographique, la découverte des neurones au xviie siècle, le perspectivisme cosmologique ou encore l’histoire du code génétique mettent l'eau à la bouche. Sensations (fortes) à venir… Julien Bourbiaux

Dernières parutions 2013 / Ben Kafka, Le démon de l'écriture, Pouvoirs et limites de la paperasse ; Tim Ingold, Marcher avec les dragons ; Sniper, 5. À paraître en 2014 / Alexandre Laumonier, 5, voir page 104 ; Hanna Rose Shell, Ni vu, ni connu. Le camouflage sous l'œil de l'objectif ; Carl Zimmer, Et l'âme devint chair. Les origines de la découverte du cerveau ; Roy Wagner, L'invention de la culture ; Eduardo Viveiros de Castro, Le perspectivisme amazonien. à visiter / www.zones-sensibles.org


Michel Cloup Duo © Manuel Rufié

litterature

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Festival Mots de Travers[e]

Les mots pour le dire Rejeton de l'éducation populaire, La Générale d’Imaginaire donne de la voix. Son rendez-vous annuel, le festival Mots de Travers[e], célèbre les arts (et la prise) de la parole. Une affiche dont on n'a pas fini d'entendre parler. On ne présente plus la Générale d'Imaginaire. La compagnie s'invite dans les zones urbaines, rurales ou post-industrielles pour y faire vivre littérature et oralité toute l'année. Ces artistes et militants recueillent la parole et poussent chacun à s'en emparer. Puis, une fois par an, la Générale se recentre sur la métropole lilloise pour le festival Mots de Travers[e]. Une semaine éclatée et éclectique : concerts, rencontres, scènes ouvertes à tous... Cette année, on ne manque surtout pas la venue de Michel Cloup Duo (avis aux amateurs de Fauve : allez donc découvrir ça !) et de Ripostes, mené par l'ex-Noir Désir Serge Teyssot-Gay et l'écrivain Krzysztof Styczynski ; Saul Williams, également programmé au départ, a hélas déclaré forfait. Par ailleurs, La Palabre promet d'intéresser musiciens, plasticiens, créateurs de tous poils et quidams, puisque cette journée est consacrée au rôle des artistes dans les politiques publiques – des clowns visitant les hôpitaux aux raouts institutionnels célébrant la « Culture » - vous voyez de quoi on parle. D'ailleurs, ceci n'est pas un colloque, mais un débat ouvert à tous, où chacun est invité à donner son ressenti. Comme disait le philosophe : « Vous avez la parole, prenez là mon vieux ! ». Thibaut Allemand 11>19.04, Métropole lilloise, divers tarifs, www.slam-lille.com La Palabre, Ce que les artistes font au monde – Arts et Politiques (11.04, Lille, maison Folie Moulins, 9h30>17h, gratuit) // Rhume + Michel Cloup Duo + Ripostes (Serge Teyssot-Gay & Krzysztof Styczynski) (19.04, Roubaix, La Condition Publique, 19h30, 12/9€)



chroniques

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STEVE MARTIN Ma vie de comique, du stand-up au Saturday Night Live (Capricci) Steve Martin a pas mal papillonné, avant de devenir un scénariste pour des émissions de télévision à la fin des années 1960. Sa maîtrise des ressorts comiques lui vaudra un succès croissant durant toute la décennie suivante. Adepte d'un humour absurde, grotesque, pétri d'autodérision, à la fois verbal et physique, certains de ses gags reposent sur une gestuelle millimétrée. Il cultive une certaine naïveté, « cette qualité fabuleuse qui vous empêche de réaliser à quel point vous n’êtes pas fait pour ce que vous entreprenez ». Il quitte définitivement les planches pour le cinéma, à la faveur de deux expériences concluantes : The Absent-Minded Waiter (1977) et surtout Un Vrai Schnock (1979). Touchante, cette autobiographie narre les débuts (de l'enfance à la consécration), d'un Californien qui a grandi près de Disneyland (où il se produisit en tant que magicien) mais aussi les relations avec un père distant, agent immobilier et acteur contrarié. Comment un Houdini en herbe devient l'invité récurrent du légendaire Saturday Night Live ? En jouant le pitre « tellement mauvais que c'est bon ». à l'image de son imitation de l'homme qui rétrécit, durant lequel il élevait son micro d'un mètre après avoir demandé au public de fermer les yeux. 192 p., 17€. Florian Koldyka

AMINA SBOUI, AVEC CAROLINE GLORION Mon corps m’appartient (Plon) Février 2013, Kairouan. Amina Sboui, 18 ans, poste sur les réseaux sociaux une photo la montrant les seins nus, barrés d’une inscription à la gouache noire : « Fuck your morals ». Sans se douter de l’ouragan qu’elle déclenche. Les medias la baptisent la Femen tunisienne, mais cette autobiographie au style pataud évoque finalement peu les militantes ukrainiennes. Brièvement séduite par un mode d’action défiant l’ordre public, la lycéenne, issue d’un milieu bourgeois traditionaliste, s’est démarquée du mouvement qu’elle juge "antireligieux". D’enfant précoce à jeune femme insoumise, Amina raconte la naissance de son combat féministe. Plus encore, Mon corps m’appartient est un tableau saisissant de la Tunisie muselée de l’après Ben Ali. 180p., 12€. M. Durand


livres PATRICE ROBIN Une place au milieu du monde (POL) Les ateliers d'écriture forment un espace collectif de création, d'échange, de découverte. Autrement dit, une expérience enrichissante pour les participants. Mais quid de l'animateur ? Que tire l'auteur de cette expérience ? Un livre, parfois. Un ouvrage comme celui-ci, mêlant exercices d'écriture et trajectoires individuelles. Le titre en dit long et s'applique à l'écrivain comme aux participants. Trouver sa place dans le monde, comme chacun en trouve une dans ce livre. Jacques, un détenu : « Je sais qu'écrire est le seul moyen de tenir ». Dans un style sobre et ciselé, en quête du mot juste, Patrice Robin partage quelques moments d'humanité, et donne à toutes ces vies croisées le temps d'un atelier, une place en littérature. 144 p., 8€. Paul Carra

ALEXANDRE LAUMONIER 5 (Zones Sensibles) « Imaginez que les transactions boursières soient des vagues. Notre compagnie est un surfeur qui recherche une vague, la chevauche l’espace d’un instant, et la quitte avant qu’elle ne se brise. » Ces surfeursci ne boivent jamais la tasse - ce sont des algorithmes programmés pour anticiper les fluctuations des marchés financiers. Narrée par ces algorithmes, cette enquête se penche notamment sur le comportement animal des fosses remplies de traders et la prise de pouvoir des machines. Ce récit très documenté et digne d'un thriller dévoile l’histoire souvent baroque des instigateurs du trading à haute fréquence. 5 complète 6 (sorti l'an passé), premier ouvrage brillant d’Alexandre Laumonier retraçant l’informatisation de la bourse et la guerre féroce qui s'y joue. 264 p., 15,65€. Julien Bourbiaux

Nathanaël Rouas Le Bomeur, une vie de bobo chômeur (Robert Laffont) « Directeur de créa dans une agence de com’ », Nathanaël Rouas se retrouve brutalement au chômage en 2011, à 26 ans. Commencent alors des journées faites de réveils interminablement repoussés, d’apéros en terrasse dès 17h pour « bosser sur des projets » et de statuts Facebook actualisés dans un seul but : prouver que sa vie, même en tant que chômeur, est plus enviable que celle des autres alors qu'il perd pied. Pendant un an et demi, l’auteur a compilé sur son blog anecdotes piquantes et analyses "sociobranlodémographiques" de ses semblables – les bomeurs, donc – forçant le trait du Parisien branché et arrogant. Rentabilisant au maximum son idée, il en tire aujourd’hui un récit plus romancé, plus intimiste et plus touchant. 264 p., 18,50€. Marine Durand


chroniques

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MUSTANG Écran Total (Arista/Sony Music)

Pour l'instant, peu le savent, mais tous finiront par l'admettre : il y a un avant et un après Mustang. Ancrés dans le paysage musical français depuis un premier essai réussi (A71, 2010) les Clermontois Jean Felzine (chant, guitare, claviers), Rémi Faure (batterie, machines) et Johan Gentile (basse) n'ont cependant pas encore remporté le succès mérité. Nourri au rock'n'roll originel (Budy Holly) et ses dérivés (Suicide), à la soul (The Meters), la pop française (Daniel Darc) et l'électro (Kraftwerk), le trio transcende ses influences pour fabriquer des pop-songs parfaites. À l'image des Oiseaux Blessés qui ouvre ce troisième album et annonce, dès les premiers accords, un rock puissant mâtiné de synthés. Portées par la virtuosité des textes – en français – de Felzine et des mélodies imparables, les douze compositions accrochent l'oreille et l'esprit. Une plume acerbe, un sens de la formule aiguisé (Le Sens Des Affaires) revisitent avec simplicité et originalité des thèmes comme la jalousie version 2.0 (la chanson-titre) ou évoquent tendrement les filles faciles (Sans Des Filles Comme Toi). À présent, vous le savez, et tous finiront par l'admettre : il y a un avant et un après Mustang. Elsa Fortant

SOHN Tremors (4AD/Wagram) Ce Londonien expatrié à Vienne transforme l'essai après des EPs remarqués. The Wheel (2012) puis Bloodflows (2013), regorgeant d'expérimentation sonore contenaient déjà une belle promesse. Tremors souffle maintenant le chaud et le froid en permanence et impressionne par sa puissance. L'ambiance bigrement sombre est traversée ça et là par de brillants soleils, notamment des choeurs et une voix qui peut rappeler Ásgeir. On pense aussi à cette nouvelle vague de producteurs apparus dans le sillage de James Blake, associant une musique soul minimaliste à l'héritage de deux décennies de bass music britannique. Cet album qui s'inscrit dans une veine introspective accélère d'ailleurs le rythme à l'occasion (Ransom Notes, Artifice) et rebat, mine de rien, les cartes du r'n'b. Alexis Floret


disques T.I.T.S.

KELIS

T.I.T.S. (Teenage Menopause Records/ Differ-Ant)

Food (Ninja Tune/PIAS)

Dopé à la vitesse pure, T.I.T.S. (acronyme de Thugs In Trendy Style) remet les compteurs à zéro : zéro fioriture, zéro son clair, zéro accalmie. Une bonne dose de sauvagerie située quelque part entre Sham 69 et Ty Segall. En un mot : punk-rock. Deux ou trois précisions, puisque cette chronique aurait pu s'arrêter là : T.I.T.S. est un groupe parisien signé sur un label franco-belge, le chant est (majoritairement) anglophone et le matériel, sans doute américain. Au final, on obtient donc une assez bonne idée de l'état de l’Occident en ce printemps 2014 : cramé, mais relativement confiant dans l’avenir et capable d’une certaine élégance dans la destruction. Merci messieurs, vivement la suite. Sylvain Coatleven

Qu'elle semble loin, l'époque du Wu-Tang, de Trick Me, de Nas... Quatre ans après un Flesh Tone repoussant, voici Food, intégralement produit par Dave Sitek (TV On The Radio, Maximum Balloon). On tient là une œuvre chorale, plus orchestrale, et parfois acoustique (Bless The Telephone, reprise de Labi Siffre). L'entêtante voix soul et rocailleuse s'envole désormais plus volontiers (Dreamer). Soutenue par les cuivres (Fish Fry), elle entame alors sa descente pour mieux atterrir dans l'agréable moiteur de sa contrée soul natale (Rumble). L'influence de Sitek (synthé/ cuivres/hautbois) se ressent dans ces refrains aux saccades groovy (Forever Be, Cobbler). Food sonne comme une évidence, on regrette même d'en avoir douté. Bien fait pour nous. (Sortie le 21.04) Alexis Floret

ALB Come Out! It's Beautiful (Arista/Sony Music) Pionnier de la scène rémoise aux côtés de Yuksek (avec lequel il partage son studio d'enregistrement) et The Bewitched Hands, le prolifique et discret ALB confirme son habileté à s'inspirer du passé pour mieux façonner le futur. Mixé par Stéphane « Alf » Briat (Air, Phoenix, Mustang), le second album de Clément Daquin est un bijou d'électro-pop référencé - on y décèle les échos d'Electric Light Orchestra ou Sébastien Tellier. à l'image d'une bande originale de comédie romantique, on passe de la liesse (She Said) à la nostalgie (Ashes ou Back To The Sun). Bidouilleur génial, le trentenaire explore la Nature Synthétique, les souvenirs d'enfance (la flûte à bec d'Hypoballad), le 8-bit avec l'entêtant Golden Chains. Et nous touche, en plein cœur. Elsa Fortant


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Concerts Mar 01.04 Mozart Cosi fan tutte, Ouverture / Symphonie n°41, "Jupiter" ONL, Direction : Günter Pichler Lille, Nouveau Siècle, 12h30, 8/5e

WOLFGANG A. l'Orchestre National de Lille Aulnoy-lez-Valenciennes, Centre Culturel Les Nymphéas, 20h, 10/5/2e

HOOVERPHONIC Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 44,50/39,50/34,50e

Dub Trio Bruxelles, VK*, 21h, 15/12e

LA LEÇON DE JAZZ : KEITH JARRET par Antoine Hervé Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, 10/7e

BIG COUNTRY Verviers, Spirit Of 66, 20h, 28e

Jam Session Lille, Le Biplan, 22h, Gratuit

La Storm Lille, m. Folie Moulins, 20h, 3e

DEZ MONA Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 17/14/11e

Jeu 03.04

ELYSIAN FIELDS + Pan Aurora Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5e Jonathan Wilson + Syd Arthur Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 12e/gratuit abonnés Les Enchanteurs : Thomas VDB chante Daft Punk Lens, Le Colisée, 20h30, 12/10/8e Rokia Traoré Amiens, Maison de la Culture, 20h30, 31>15e

Mer 02.04 D'Alep à Royaumont Lille, Opéra, 18h, 9/5e DAD Lille, Le Splendid, 20h, 23/20e Deep Purple Anvers, Lotto Arena, 20h, 47e James Blunt Bruxelles, Forest National, 20h, 52/42e King Krule + Thidius Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e Metronomy Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Salif Keita Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 30/27/24e TÊTES RAIDES + GUEST Lille, L'Aéronef, 20h, 23/19/16e

OMAR SOULEYMAN Anvers, Trix, 19h30, 20/17e Timber Timbre Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, Complet ! Tokyo Police Club Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 16/13/10e Elephanz Lille, La Péniche, 20h, Complet! MOGWAI Lille, L'Aéronef, 20h, 25/20/15e School is Cool Louvain, Het Depot, 20h, 18/15e Orchestre International du Vetex Courtrai, Schouwburg Kortrijk, 20h15, 15/12e Eagulls + Udo & Brigitte Lille, La Malterie, 20h30, 9/7e Melissmell Wattrelos, La Boîte à Musiques, 20h30, 9/6/3e

Ven 04.04 Icônes Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 19h30, 69/32e PIERS FACCINI Mons, Alhambra, 19h30, 8e Albin de la Simone Tournai, Maison de la Culture, 20h, 20/18/15/14/8e

PLAZA FRANCIA : Catherine Ringer chante Makaroff & Müller (Gotan Project) Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 39,50/37e Pigalle Lille, Le Splendid, 20h, 20e Stromae Bruxelles, Forest National, 20h, Complet ! Bart Defoort Quartet Dixmude, 4AD, 20h30, 12/10/8e Broussaï + The Skints Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 15/12e Florent Marchet Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5e/1 crédit loisirs Juliette Béthune, Théâtre, 20h30, 28/24e Les Enchanteurs : Lisa Leblanc Drocourt, Complexe Agora, 20h30, 10/8/6e Nasser + Elecrack Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, 14/12/9e PONI HOAX Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e Claptone Lille, Le Magazine, 23h, 10e

Sam 05.04 Goûter-concert avec Gaby Moreno Dunkerque, Les 4 Ecluses, 15h30, 5e/gratuit


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

www.lm-magazine.com

Gaby Moreno + Maleïka Project Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e Bruckner Symphonie n°5 Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45>5e

Coasts Lille, La Péniche, 18h, 12/11/10e

Ministri + Galapaghost Bruxelles, Botanique/Witloof, 19h30, 14/11/8e

Nick Waterhouse Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 20/17/14e

School Is Cool Gand, Vooruit, 19h30, 18/17e

Classic 21 - Les 10 ans Bruxelles, Palais12, 20h, 30,3e

Jonathan Wilson Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e

Corson Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13.20e

Stromae Bruxelles, Forest National, 20h, 38/33e

Skip The Use + Carbon Airways Lille, L'Aéronef, 20h, Complet !

THE TOASTERS + TOXKÄPP! Arlon, L'Entrepôt, 20h, 12/10e

Stromae Bruxelles, Forest National, 20h, Complet ! Intergalactic Lovers Anvers, Arenbergschouwburg, 20h15, 18/15e Les Enchanteurs : Les Blérots de R.A.V.E.L. Avion, Espace Aragon, 20h30, 12/10/8e Murray Head Lille, Théâtre de l'HôtelCasino Barrière, 20h30, 33/30/27/24e DIRE STRAITS Verviers, Spirit Of 66, 21h, 13e The Toasters Lillers, L'Abattoir, 21h, 10/8e Veronica Vasicka + Kink live + Fabrice Lig + Globul + Trish Van EyndE... Charleroi, Rockerill, 22h, 10e Shit Robot + Dan Bodan... Bruxelles, Recyclart, 22h, 10/8e Michael Mayer + Point G + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e

Dim 06.04 Les Enchanteurs : Tcheky Karyo Harnes, Le Prévert, 17h, 12/10/8e

THURSTON MOORE... Bruxelles, Les Ateliers Claus, 20h, 12e

Lun 07.04 Drenge + Bison Bisou Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h30, 8/6e/gratuit abonnés Elena Lille, Opéra, 19h30, 33/24/17/9/5e Patrice Boulogne sur Mer, Espace de la Faïencerie, 21h, 8/6/5e

Mar 08.04 Balthazar + Girls In Hawaii Lille, L'Aéronef, 20h, 27,50e Boy George + Day One Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28e Marc Ribot... Bruxelles, Recyclart, 20h, 12/10e Peter Peter Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

AGNES OBEL... Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, Complet ! BIGA*RANX + S-CREW Lille, Le Splendid, 20h, 26,40e MELANIE DE BIASIO... Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10e Sam Amidon Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e Yodelice Saint-Quentin, Le Splendid, 20h30, 36/30e

Jeu 10.04 Elena Lille, Opéra, 19h30, 33/24/17/9/5e Festival Paradis Artificiels : Pale Grey + Bosco Delrey Lille, maison Folie Moulins, 19h30, 9/6,5e LEFTO & RBMA PRESENT : MADLIB + JONWAYNE... Gand, Vooruit, 19h30, 29/27e Punish Yourself + Doganov Bruxelles, Magasin 4, 19h30, 15e Mahler Symphonie n°10 Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45 à 5e Marble Sounds + Bird On The Wire Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e

Mer 09.04

RENAN LUCE + ELEPHANT Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 38,50/33/27,50e

Elena Lille, Opéra, 19h30, 33/24/17/9/5e

Rise of the Northstar... Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e


110

Concerts SAM AMIDON + I AM OAK Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 15/12/10/7/5e Son Of Dave Gand, Charlatan, 20h, 12/9e TRYO Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 36/33/30e «CERAMIC DOG» : MARC RIBOT TRIO Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h, 17/14e JACKY TERRASSON TRIO Tourcoing, maison Folie Hospice d'Havré, 20h30, 14,8/11,8e Tahiti 80 + Mad Insina Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7/4e

Ven 11.04 CARTE BLANCHE À BENJAMIN DUPÉ Valenciennes, Le Phénix, 18h, Gratuit COMPUPHONIC Mons, Alhambra, 19h30, 8e Icônes Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 19h30, 69/32e KURT VILE... Gand, Vooruit, 19h30, 23/21e Action Beat + G.W. Sok... Tourcoing, maison Folie Hospice d'Havré, 20h, 13/10e KATIE MELUA Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 55/49/45/41e Les enchanteurs : Deportivo Arras, Le Pharos, 20h, 8 à 3e

Reggae sun ska : Danakil + Irie Revoltes + Rezident... Lille, Le Grand Sud, 20h, 26,40e Ennio Morricone Bruxelles, Palais12, 20h30, 98/78/58e Frànçois & The Atlas Mountains + Joy Wellboy Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 12/9e Jacky Terrasson Trio Faches Thumesnil, Les Arcades, 20h30, 13/10e Les Enchanteurs : Tryo + Le Vrai Terrien Oignies, Le Métaphone, 20h30, Complet ! Percossa Roubaix, Le Colisée, 20h30, 37/32e Peter Von Poehl Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5e Lénine Renaud + Jef Kino... Béthune, Le Poche, 20h45, 7/5/4/3e JULIO BASHMORE + FUNKINEVEN + CHRISTOPH... Bruxelles, Libertine Supersport, 22h30, 13/8e Forro Belgo Brasil : TURDUS PHILOMENO & ANAVANTOU Bruxelles, La Tentation, 23h, 10/8e

Sam 12.04 Frànçois & The Atlas Mountains + chassol Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 20h, 13/10/5e

Mickael Miro + Flo Devos Lille, Le Splendid, 20h, 25/12,50e

Mr. Scruff Gand, Vooruit, 19h30, 15/14e Vinicio Capossela + Les quatrElles Calais, Le Channel, 19h30, 6e

Murkage Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Channel Zero + Ostrogoth Courtrai, De Kreun, 20h, 26/23/20e

David Lemaitre Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13.20e MERZBOW + MURMUR METAL Lille, L'Aéronef, 20h, 16/11/8e Maxime Leforestier Béthune, Théâtre, 20h, 36/32e ZOMBIE ROCKERZ PARTY 2013 : Punish Yourself + Sidilarsen + Le Catcheur, la Pute et le Dealer. Lille, Le Splendid, 20h, 23e Birth Of Joy + Le Duc Factory + The Glücks Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e Debademba Dixmude, 4AD, 20h30, 10/8/6e Hot Chickens + Crusaders Of Love + Orange Buzz Béthune, Le Poche, 20h30, 5e Les Marquises + Sing The Body Electric Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7/4e Zombie Nation Lille, Le Magazine, 23h, nc

Dim 13.04 LIBERTALIA + JESSY BLONDEEL QUARTET Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 17h, 7/4e Maxime Leforestier Béthune, Théâtre de Béthune, 17h, 36/32e Benjamin Clementine Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 23/20e WILD BEASTS + MONEY Lille, L'Aéronef, 18h, 13/7/5e We Were Evergreen Lille, La Péniche, 18h, 12/11/10e William Sheller et Quatuor à cordes Bruay-La-Buissière, Espace


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Culturel Grossemy, 18h, 24/20/12e Stromae Lille, Le Zénith, 18h30, 44>34e Noothgrush + Throw Me In Tim Hecker Gand, Vooruit, 20h30, 17/15e

Lun 14.04 Blues Pills Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e Chris Garneau Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e SOHN Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e WILLIAM SHELLER Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 45/42/38e Foxes Gand, Café Vidéo, 21h30, Gratuit

Mar 15.04 Ms Poodle Wah Wah Dj Set Lille, L'Aéronef, 19h, Gratuit Wild Beasts + Money Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 18/15/12e Gefaltet Lille, Opéra, 20h, 22/17/13/8/5e MARCOS VALLE FEAT. LUCAS SANTTANA Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 20 à 9e Mozes & The Firstborn Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e Stromae Anvers, Lotto Arena, 20h, 40/35e Ziggy Marley Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 29e

Francis Cabrel Bruxelles, Palais12, 20h30, 103/78/68e

Gefaltet Lille, Opéra, 20h, 22/17/13/8/5e

Mer 16.04

Paon + Hill Valley Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Invocation Lille, Opéra, 18h, 9/5e GIRAFFAGE + LINDSAY LOWEND + AXHAN SONN Roubaix, Cave aux poètes, 19h, 12/10/8e AGNES OBEL Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 30/27e Alb Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13,20e GIEDRE Lille, Le Splendid, 20h, 21,80e Gefaltet Lille, Opéra, 20h, 22/17/13/8/5e KING KHAN & THE SHRINES (UNITED COLORS OF VOODOO WORLD) + SHEETAH & LES WEISSMÜLLER Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5e

Bernard Lavilliers Lille, Le Zénith, 20h30, 50>45e Les Enchanteurs : Dick Annegarn + Alexandra Gatica Noyelles-Godault, Espace Giraudeau, 20h30, 16/14/12e

Ven 18.04 Anthony Joseph Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 17/14/11e Blood Red Shoes... Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 20/17/14e BADEN BADEN Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, 7/5e

MARC THOMAS QUARTET Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16/14/13/9e

Benjamin Clementine Charleroi, Eden, 20h, 15/12/10e

Yodelice Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28e

D-Bangerz Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Jeu 17.04

JULIEN DORE Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 41,80/35,20/30,80e

Cashmere Cat & Ryan Hemsworth Bruxelles, VK*, 19h30, 18/15e Foreigner + FM Anvers, Trix, 19h30, 40/38e ALBOROSIE & SHENGEN CLAN + THE BANYANS... Lille, L'Aéronef, 20h, 23/19/14e Festival Les Paradis Artificiels : Barcella + Da Silva Lille, Le Splendid, 20h, 20,9/16,8e

ALEX BEAUPAIN + STÉPHANE RICHARD Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e Les Enchanteurs : Les Ogres de Barback + Fanfare Eyo'Nlé Billy-Montigny, Espace Léon Delfosse, 20h30, 16/14/12e Loudblast + No Return + Mercyless + Agressor Oignies, Le Métaphone, 20h30, 14/11e


112

Concerts AN PIERLE Verviers, Spirit Of 66, 21h, 25e

Event Horizon Dixmude, 4AD, 14h30, Gratuit

Circa Waves Gand, Café Vidéo, 21h, Gratuit

Sam 19.04

San Fermin Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 10/13/5e -18 ans

Jeu 24.04

More Music ! Festival : Douglas Dare + Benjamin Clementine + Mount Kimbie Bruges, Concertgebouw, 19h, 20/17/16/13e

The Dinosaur Truckers + Derek W. Dunn + Fred Deltenre Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e

Festival Mots de Travers(e) : Rhume + Michel Cloup Duo + Styczynski et Teyssot-Gay Roubaix, La Condition Publique, 19h30, 12/9e

Klangkarussell Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e

PONI HOAX Mons, Alhambra, 19h30, 8e

Mar 22.04

Dj Pone + Feadz + Lefto... Bruxelles, Magasin 4, 20h, 15e Rohff Lille, Le Zénith, 20h, 39>35e THE STRANGLERS Lille, Le Splendid, 20h, 31e Cascadeur + Gderws Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h30, 15,8/13,8e Jérémie Ternoy Trio Oignies, Le Métaphone, 20h30, 8/5e Tagada Jones + Sons of Disaster Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e The Black Cadillacs... Dixmude, 4AD, 20h30, 13/11/9e

Dim 20.04 Compact Disk Dummies Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e Matt Elliott + Vs Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h30, 13,8e

Lun 21.04 Ygor + Pawnshop Blvd. + The Glücks + Fitzgerald +

NADJA + Thisquietarmy Lille, La Malterie, 20h30, 9/7e

Skip The Use Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28e Breton + Pethrol Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 13/8e

Kennedy’s Bridge + Da Silva Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 18/15/12e Carl et les hommes-boîtes Lille, La Péniche, 20h, 9/8/7e DANAKIL Liège, Caserne Fonck, 20h, 29/24e Moriarty + Gaël Faure Oignies, Le Métaphone, 20h30, 18/15e

Ven 25.04 Cheatahs Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Mer 23.04

Id!ots + Horses on Fire Courtrai, De Kreun, 20h, 13/10/7e

San Fermin Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 18/15/12e

Maxime Le Forestier Tournai, Maison de la Culture, 20h, 45/42/40/38e

Gernsheim.2 : Brahms Ouverture tragique... Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45 à 5e

CATCHING FLIES + MO KOLOURS + PRIMAT Roubaix, La Cave aux Poètes, 23h, 12/10/8e

MUSIC MACHINE Lille, maison Folie Wazemmes, 20h, 3e

Sam 26.04

OUM + NICOLE WILLIS + SANDRA N KAKE Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10e PERCY SLEDGE Bruges, Cultuurcentrum, 20h, 32/28/21/14e Rockerill Jazz Session : Kathryn Claire + Chris Hayes... Charleroi, Rockerill, 20h, 10e The Strypes... Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5e

Rockerill Festival : J.C Satan + The Horrorist + Le Prince Harry + Michael Forshaw + Jessica 93 + Minimum Syndicat + Tits... Charleroi, Rockerill, 17h, 15e DJ Falcon Mons, Alhambra, 19h30, 8e Bal Ah Bon ? Funky Rock To The Beat Lille, La Péniche, 20h, 4e Sleepmakeswaves + New Bleeders+ Heartbeat Parade Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 5e/grat


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Dim 27.04 Lykke Li Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e Suarez Namur, Théâtre Royal, 20h, 26e The Pack A.D Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e Marc Ford & The Neptune Blues Club + Matt Watts & The Love Whip Dixmude, 4AD, 20h30, 11/9/7e Ons Gand, Charlatan, 22h, Gratuit

Lun 28.04 Gramatik Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e Hidden Orchestra Opwijk, Nijdrop, 20h, 12e

RYAN McGARVEY Verviers, Spirit Of 66, 20h, 14e WITHIN TEMPTATION Lille, L'Aéronef, 20h, 34e HAWKS + GRÜPPE Lille, La Malterie, 20h30, 8/6e

Mar 29.04 Hawks + Ventura + Celebrate Your Mother Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Panic! At the Disco Anvers, Trix, 19h30, 23/20e Renan Luce Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 30/27/24e Shearwater + Jesca Hoop Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 20/17/14e East India Youth Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e

Fatoumata Diawara Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23e Flanders Symphony Orchestra : Étoiles Bruges, Concertgebouw, 20h, 28>8e

Mer 30.04 Le goûter concert de L’Hapax Tourcoing, Le Grand Mix, 16h, 5e/gratuit Bozar Night : Actress + Evian Christ + Kangding Ray + Om Unit + Dracula Lewis + Sewn Leather + Exoteric Continent... Bruxelles, Bozar, 20h, 13/10e Fatoumata Diawara + Louis Aguilar Dixmude, 4AD, 20h30, 16/14/12e


le mot de la fin

114

100 copies - Le bien nommé collectif, réunissant des fans de graphisme ET de petite reine, édite des œuvres à... 100 exemplaires. Ici, des pneus de vélos sont utilisés comme des tampons, pour obtenir cette reproduction de l'Empire State Building, d'une valeur de 85$ pièce (et main-d'œuvre). La roue de la fortune ? www.100copies.net




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