n째94
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mars
2014
nord & belgique
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GRATUIT
Cultures et tendances urbaines
#94 Sommaire Let’smotiv - mars 2014 Barbara Carlotti © Francois Fleury
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n ews à poil les libraires !, On a expédié Expedit et la chambre des DJ, Post-It en folie, l'iMagneto, Dr House en vrai, Les bricolages de Javier Perez, Une blague Carambar collector, Nostradamus ou Retour Vers le Futur ?
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p ortfolio Damien Poulain tous azimuts
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ST YLE Laure Platiau : la traversée du dessert
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musique Moderat, Young Fathers, Veence Hanao, Darkside, WhoMadeWho, Gamine, Gregory Porter, The Notwist, Le Prince Miiaou, Barbara Carlotti, Mustang, Broken Bells, Calypso, Okay Monday, L'Or Noir, Festival Les Enchanteurs
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LIEU Golden Wave : Les contes de la crypte
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c inéma Les Bruits De Recife, Wrong Cops,
New Girl, The Grand Budapest Hotel, L'Étrange Couleur Des Larmes De Ton Corps, New Girl, Sacrifice E xposition The Fair, Meret Oppenheim, To The Point, CostaGavras, André Fougeron, Bonom, Machines à Lumière, Extravagant Traveler, Duane Hanson... Agenda
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théâtre Aben Hamet, Olivier Dubois, Libertés de Séjour, Nine Finger, André, Pierre-Emmanuel Barré, Festival VIA, Spleenorama... Agenda
littérature La BD à l'épreuve du réel : La Revue Dessinée…
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Livres Guy Delisle, Ron Kovic, Héctor Tobar, Arnaud Calvi, Lola Lafon
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disques Mr Oizo, La Souris Déglinguée, Eagulls, WhoMadeWho, Beck
106 agenda concerts et soirées 114
Le Mot de la fin Escif en mode On/Off
LM déménage ! Nouveau site web Nouvelle adresse postale
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Let’smotiv Nord & Belgique 28 rue françois de badts - 59110 La madeleine - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07
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Direction de la publication / Rédaction en chef : Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com
Rédaction : Thibaut Allemand
Direction Artistique / graphisme : Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com
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Damien Poulain - Mask paper
Lina Tchalabi
http://damienpoulain.com
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Alexis Floret
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administration : Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com
réseaux sociaux : Sophie Desplat Impression : Imprimerie Ménard 31682 Labège
diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)
Ont collaboré à ce n° : François Annycke, François-Xavier Beague, Elisabeth Blanchet, Julien Bourbiaux, Madeleine Bourgois, Sylvain Coatleven, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Grégory Escouflaire, Elsa Fortant, Audrey Jeamart, Florian Koldyka, Raphaël Nieuwjaer, Clément Perrin et plus si affinités.
Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
Tous a poil contre la censure © Charles Delcourt, Lightmotiv
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Le le roi est nu Inutile de rappeler l'affaire elle-même, on a tous vu l'inénarrable J-F Copé se scandalisant d'un livre sans prétention, sinon celle de désacraliser l'image du corps... et devenant VRP malgré lui des (excellentes) Éditions du Rouergue. Bref, Copé est ridicule. Mais d'autres réacs proposent d'interdire tel ou tel ouvrage, au nom d'une morale qui n'est pas la nôtre. Face à ce parfum d'autodafé pépère, quelques libraires, éditeurs, associations littéraires du Nord-Pas de Calais ont posé nus, attirant ainsi l'attention sur le livre, qui « permet à tous les citoyens en devenir d’avoir un regard éclairé sur la société d’aujourd’hui et le monde de demain ». CQFD(nudé).
Dans quel état j'erre L'annonce de la disparition des étagères Expedit par Ikea a ramassé plus de RIP que les morts de Paul Walker et Lou Reed réunies. Et après ? Vos trois vinyles et demi vivront très bien sans Expedit. Vous n'avez rien dit lorsque l'excellent disquaire lillois Minor Place a mis la clé sous la porte, alors, soyez dignes. Et si vous voulez rêver, jetez un œil aux chambres/bureaux/hangars de DJs immortalisés par le photographe Christopher Woodcock (oui, c'est son nom). Là, nous sommes entre gens sérieux. www.cw-photography.com
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Carton jaune ✪
Il y a quelques années, les planqués du tertiaire (vous, mais surtout nous, c'est vrai) trouvaient amusant de dessiner des Mario et des Schtroumpfs en Post-It sur les fenêtres de leur open-space. Aujourd'hui, la mode a changé mais le Post-It est toujours là : ainsi d'October Jones. En deux coups de crayon, cet Anglais imagine ses voisins de train sous un autre jour. Ou encore de vous et (un peu moins) nous qui rivalisons de jeux de mots avec des marques du quotidien. Sinon, bref rappel : le Post-It est avant tout un élément de bureau qui sert à travailler. À bon entendeur... http://lplpp.tumblr.com https://twitter.com/OctoberJones
Top magneto ! Le vintage frappant à peu près partout, l'iPhone s'est trouvé un nouvel écrin en s'encastrant dans ce légendaire lecteur-cassettes portable mono Panasonic. Un engin qui date d'avant le mp3. Du temps des étagères Expedit, en fait. 43€, www.thumbsupuk.com
Last night
a TV saved my life « Dr House, c'est pas Mickey Mouse », chantait le poète. N'empêche, le boiteux atrabilaire a retiré une fière chandelle du pied d'un Juergen R. Schaefer, spécialiste des maladies non diagnostiquées à la clinique de Marbourg. Face à un patient souffrant de symptômes pas jojo (insuffisance cardiaque, fièvre, inflammation de l’œsophage, on en passe...), le médecin allemand s'est souvenu d'un épisode de Dr House (S07 E11, pour les nerds) et... Bingo ! Le malade était intoxiqué au cobalt, comme dans la série. Y aurait pas un épisode avec un pilote de Formule 1 qui fait une chute de ski, par hasard ?
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Monsieur bricolage
photo du mois
Une poignée de clous pour un hérisson, une fleur séchée pour un gramophone, deux pinces à linge pour un crabe... Avec des objets usuels et un bon coup de crayon, l'équatorien Javier Perez, 46 ans, réenchante les objets du quotidien. En témoignent ces deux cow-boys – proches du Elvis de Wahrol - réalisés avec deux pinces coupantes. Simple, mais il fallait y penser ! www.javierperez.es
Plus dure sera la chute Quel légume va très vite et rigole dans les virages ? Le chou marreur ! Suite aux mésaventures du champion, cette blague Carambar a été retirée par l'entreprise, soucieuse de ne pas s'aventurer en terrain glissant. Dommage, elle était plutôt pas mal. Bah, il nous reste toujours la tarte aux mûres d'Ayrton Senna.
Delorean, ma sœur, ne vois tu rien venir ? delorean, C'est officiel : les Nike à laçage automatique seront disponibles en 2015. Retour Vers Le Futur II (1989) avait donc vu juste ! Et ce n'est pas tout : dans son film, Robert Zemeckis annonçait aussi l'avènement des tablettes tactiles, la fin du CD, la biométrie et même la visio-conférence ! Zemeckis, un prophète ? Pas si vite ! Le chef-d'œuvre P.R.O.F.S., sorti sur les écrans... quatre ans avant Retour Vers Le Futur II, imaginait déjà la vidéo-conférence. Pas le reste, d'accord, mais quand même.
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Mask paper for KK Outlet, London, UK, 2013
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Damien Poulain No Limit
« D
ès qu’un artiste utilise plusieurs supports, on tente de le cataloguer. Mais j'envisage mes créations sans barrières, comme un tout » explique Damien. Une sensibilité proche du concept wagnérien d’œuvre d’art totale ou Gesamtkunstwerk, que l’étudiant en communication visuelle cultive en intégrant l’école d’Art de Stuttgart. Après un passage au centre de recherche de Benetton en Italie (Fabrica, voir LM n°51 - mars 2010), cet Angevin d’origine pose ses valises à Londres, en 2002. D'abord attiré par la dimension cosmopolite et les clubs de la capitale britannique. Là, Damien Poulain met son savoir-faire au service de la marque Uniqlo et de musiciens tels The Vaccines ou Tom Oddell. Qu’il s’agisse de sculpture, de céramique ou d’image
animée, l’artiste conçoit ses travaux en 3D, en cherchant toujours à se diversifier. Ainsi, son répertoire graphique englobe, entre autres, des papiers découpés, de la peinture sur bois et des totems en bonbon. Ses œuvres reflètent sa fascination pour les cultures africaines, asiatiques et le mysticisme. « J’essaye de faire le lien entre la réalité et un au-delà. Je m’inspire de l’enfance et de son énergie pour la rendre plus adulte en y introduisant un élément subversif ou surréel. Je suis guidé par le monde de l’art brut, dont la liberté semble sans limites ». Depuis 2012, Damien nourrit son appétit pour les projets collaboratifs à travers une maison d’édition indépendante, Oodee, qui se consacre à la publication d’ouvrages photographiques contemporains réalisés par des femmes. Elsa Fortant
À visiter / www.damienpoulain.com À lire / POV Female Bogota (nouveau tome d'une série de 5 ouvrages réalisés par des auteures et photographes différentes : 5 villes, 5 femmes, 5 livres : £18 / ouvrage (soit 22€ environ), éd. Oodee, www.oodee.net (à paraître en mai)
Photographic illustration, 2005, for Rodeo magazine, Milan, Italy
Series of photographic illustration pour Uniqlo, 2007
Masks & Sweets, 2011 for the Museum of the Image, Breda, NL
Totem 49, series of totems, 2009 for Kemistry Gallery, London, UK
Don’t stop a donkey that isn’t yours, Photographic illustration, 2011, for Creative Review, London, UK
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interview
LAURE PLATIAU La crème de la crème Propos recueillis par ¬ Julien Bourbiaux Photos ¬ Sophie Stalnikiewicz - www.stal-photocreation.com / DR
Mousse de coco, dacquoise, poudre d’amande, brunoise d’ananas Victoria, c’est avec ces mots sucrés que Laure Platiau, 28 ans, nous attire dans les cuisines, « son coin » comme l'appelle la jeune chef pâtissière. Originaire de Saint-Omer, cette baroudeuse conte en toute simplicité un sacré parcours, depuis les bancs de l'école jusqu'aux restaurants étoilés. Rendez-vous à La Laiterie à Lambersart avant la demi-finale du championnat de France du dessert.
Comment êtes-vous devenue pâtissière ? J’ai toujours adoré cuisiner des desserts. Mais comme tout le monde, je me suis longtemps cherchée. Après mon Bac ES, je voulais devenir commissairepriseur alors je me suis inscrite en fac de Droit. Puis j'ai débuté des études de communication, passé un BEP fleuriste et me suis enfin recentrée vers ma vraie vocation, la pâtisserie.
Alain Ducasse : au Louis XV à Monaco. Lorsque je suis revenue dans le Nord, il y a un peu plus d’un an, Eric Delerue, le chef de La Laiterie de l’époque, m'a engagée en tant que chef pâtissière. Comment avez-vous été acceptée à La Laiterie, l’une des places fortes de la gastronomie du Nord de la France ? Mon premier essai a été très concluant. Je n’ai pas connu la grande époque de La Laiterie, celle de Benoît Bernard, mais ce restaurant était l'un des seuls de la région qui m’attirait. On m'a toujours fait confiance, je fais goûter et en général ça plaît !
Où avez-vous appris votre métier ? Après un BTS au lycée hôtelier du Touquet, je me suis rendue dans le sud de la France à la Villa Archange, au Canet, tenue par Bruno Oger puis chez ▲
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Recette
Pomme-caramel (10 personnes) • Couler au fond de l'assiette la gelée de pomme obtenue en faisant réduire de moitié 1 L de jus de pomme, 60 g de sucre, 20 cl de jus de citron et 3 feuilles de gélatine. • Placer aux extrémités de l'assiette 5 billes de pommes granny enrobées de caramel sec (200 g de sucre cuit avec le jus de 2 citrons et flambé au calvados et 200 g de beurre) et surmontées de feuille d'or et d'atsina. • Disposer ensuite le sablé petit beurre (faire fondre 125 g de lait, 200 g de sucre, 200 g de beurre. Laisser refroidir puis y ajouter au batteur 500 g de farine et 2 pincées de sel) • Ajouter la sphère en chocolat (2 kg de chocolat Barry Zephyr et 20 g de beurre mycryo) garnie de caramel beurre salé (200 g de caramel sec décuit avec 220 g de crème, 80 g de beurre et 5 g de fleur de sel), de brunoise de pommes citronnée, de noisettes torréfiées et de blancs montés cuits au micro-ondes (100 g de blancs d'œuf, 125 g de sucre, zestes de citrons jaunes) • Disposer le fil en sucre (1 kg d'isomalt et colorant) et poser la quenelle de sorbet granny (réaliser un sirop avec 204 g de sucre, 45 g de glucose, 280 g d'eau, 56 g de jus de citron et 2,5 g d'acide ascorbique et le mélanger avec 975 g de pommes granny mixées) sur la sphère.
Y a-t-il un pâtissier dont vous êtes admirative ? Claire Heitzler pour sa finesse exceptionnelle et son niveau de présentation, proche de la perfection. Les livres sont un bon moyen de découvrir, de s’inspirer, d’évoluer. Je ne fais ce métier que depuis trois ans, je ne veux pas me contenter de mes acquis. Quel grand défi avez-vous déjà relevé ? Chez Alain Ducasse, au Louis XV, je devais réaliser des tonnes de mignardises servies après le dessert. Tous les jours, huit ou neuf par assiette… J’arrivais une heure avant les autres pour préparer des tuiles à l’orange et aux amandes. Un travail au millimètre extrêmement stressant. J’ai beaucoup appris sur moi dans cette institution où l'on n'a pas droit à l'erreur. La pâtisserie semble d'ailleurs très compliquée ? Et pourtant ça ne l'est pas ! Ce qui peut rebuter, ce sont les pesées, la précision.
En cuisine salée on peut, parfois, se permettre d’être moins rigoureux. En pâtisserie, c'est beaucoup plus risqué mais les possibilités sont plus nombreuses. Lorsqu'on possède le coup de main, on modifie aussi les recettes, on tente des associations. Par exemple, en ce moment je prépare de la guimauve au genièvre de Houlle. J’associe un produit régional avec une confiserie, c’est le bonheur du métier ! Estimez-vous avoir un bon niveau en cuisine salée ? Je maîtrise tout ce qui est soigné, très précis, comme les amuse-bouches. Par contre jongler avec des fonds, des cuissons ça m’intéresse moins. Quels sont vos projets ? à court terme le championnat de France du dessert ! A long terme, j’aimerais ouvrir une pâtisserie ou un restaurant. Ma famille possède une grande maison dans le Pas-deCalais dans laquelle je verrais bien un établissement avec des chambres d’hôtes. Ma participation au collectif « Mange, Lille ! » est aussi très enthousiasmante. En tout cas je suis heureuse d’être revenue dans le Nord. La mentalité de la Côte d’Azur me laissait un peu perplexe.
Sa part du gâteau ➧ Votre ingrédient favori ? Les fruits rouges ! J'adore la période d'avril à l’été avec toutes ses framboises, ses fraises, ses groseilles etc.
➧ Un ustensile de cuisine indispensable ? Des couteaux bien aiguisés. Pour réaliser des brunoises de fruits bien régulières, il faut du bon matériel.
➧ Un pâtissier dans le nord de la France ou en Belgique à recommander ? Comme tout le monde j’aime les gaufres de chez Meert. Il y a aussi Damien Loridan, le chef pâtissier du Cerisier à Laventie pour son inventivité hors du commun.
➧ Un endroit où vous aimeriez cuisiner ? à Porquerolles, où je me rends en vacances depuis l'enfance : sur la place du village derrière l’église !
➧ Un conseil pour débuter dans la pâtisserie ? Il faut vraiment prendre son temps, acquérir les bons gestes. Même pour les macarons ou les choux a priori simples à réaliser. www.facebook.com/ mangelille
musique musique
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MOTEUR HYBRIDE
© Olaf Heine
Moderat, ou le mashup nominatif et stylistique qui (ré)unit, avec et pour le meilleur de l’électro berlinoise, le duo Modeselektor (du sélecteur de mode de la machine d'effet Roland RE-201) et Apparat. L'alliance de la carpe et du lapin ? Un cocktail ravageur, à consommer sans Moderat(ion). L'exubérance de Modeselektor mariée à la retenue diaphane d'Apparat. Sur le papier, cela semblait étrange. Dans les oreilles, ça coulait de source. Ellen Allien, fan de la première heure, a d'emblée accueilli le projet sur son label BPictch Control. Mais la conception fut douloureuse : Modeselektor (Gernot Bronsert et Sebastian Szary) et Apparat (Sascha Ring) évoquent des difficultés quant à leur emploi du temps et leurs techniques de travail. L’enregistrement de Moderat (2009) dans le légendaire Berlin Hansa Studios - marqué par Heroes de Bowie - fut donc interrompu à plusieurs
reprises. À la suite de quoi le tandem s’offre un studio et Apparat, du matériel acoustique. Ni rupture, ni transformation, leur deuxième album II (2013) lorgne vers un UK garage spatial et brille par son homogénéité, sa spontanéité. Haut en couleurs Au-delà de l’expérience sonore, la formation propose une expérience visuelle qui pallie le manque de titres dance. Ainsi, le groupe parle même d’une « bande originale en tournée ». Cette identité visuelle est confiée au collectif Pfadfinderei, déjà à l’œuvre sur le premier essai. Toujours à la pointe, les Allemands abandonnent les LED - déjà dépassées - au profit de projections lumineuses 3D. Formes, ombres ou images de comic-strip (souvenez-vous du clip Bad Kingdom) dansent sur des écrans translucides placés en angle, derrière les artistes : effet trippant garanti. La Deutsche Qualität, quoi. Elsa Fortant
Moderat 05.03, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, www.abconcerts.be, Complet ! 07.03, Lille, L'Aéronef, 20h, 27,50€, www.aeronef-spectacles.com
© DR
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La folie douce Il aura suffi, à l'automne dernier, d'un set éclair, punk et incroyablement habité, pour redéfinir chez les spectateurs présents ce qu’on est en droit d’attendre d’un concert. Le printemps 2014 sera donc écossais… Et pas forcément lumineux. En découvrant le trio écossais Young Fathers, Freud aurait parlé d’« inquiétante étrangeté ». Le groupe le plus mal assorti de l’histoire de la Grande-Bretagne possède des racines au Liberia, au Nigéria et à Edimbourg, un amalgame à l’équilibre aussi sûr qu’une toupie lancée à toute vitesse dans Inception… Les premières photos de presse laissaient imaginer un boys band de banlieue. Un LP chez Anticon plus tard (Tape Two, 2013), Alloysious Massaquoi, Kayus Bankole et 'G' Hastings ont perdu le sourire, mais gagné une profondeur qui marque leur musique et leurs visages. Publiée par Big Dada, la division hip-hop de Ninja Tune, Dead (2014) sonne comme une confirmation et devient le prétexte d'une tournée mondiale. Young Fathers n’est pas un groupe de rap, doit autant à Massive Attack qu’à TV On The Radio, encapsule tout ce que charrie notre temps, des basses ronflantes, des percussions malades, des voix accidentées - ou accidentelles, on ne sait pas très bien. Le trio se meut par saccades, mais sait également s’apaiser. Et Freud dans tout ça ? Les Ecossais chantent « Inside I’m feeling dirty » durant I Heard. Sensation étrange d’une douceur malsaine, mais tellement authentique… Mathieu Dauchy Young Fathers 02.03, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15€, www.abconcerts.be
Darkside
VEENCE HANAO Mêlant l'absinthe au Lexomil, ce rappeur conte les matins blêmes qui suivent les soirées tristes. Ces confidences sans fard peuvent évoquer Stromae (les deux assuraient d'ailleurs un featuring sur le morceau Moi je Suis, de leur compatriote Akro), mais si le célèbre nœud-pap' éclabousse sa mélancolie de couleurs vives, ce Cousin de Psykick Lyrikah marie les instrus sombres et sophistiquées, une plume désenchantée et un flow doux-amer. 01.03, Mons, L'Alhambra, 19h30, 11/8€, www.alhambramons.com 21.03, La Louvière, Le Palace, 20h, 13/11€, www.ccrc.be
D'un côté, le multi instrumentiste Dave Harrington. De l'autre, Nicolas Jaar, acclamé pour Space Is Only Noise (2011), merveille house downtempo. Le tandem s'est fait connaître l'an passé avec une relecture codéinée de RAM (2013) de Daft Punk. Marrant, mais pas vital. En revanche, Darkside signait dans la foulée Psychic, œuvre définitivement à part, sorte de blues spatial et futuriste, rêveur et claustrophobe - totalement d'époque, donc. Reste à voir si ces sombres méditations passent l'épreuve de la scène. 04.03, Anvers, Trix, 19h30, Complet !
© Tim Jones
© C Kmeron
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WhoMadeWho
© DR
Lors de leur apparition, en 2005, sur la scène des Trans Musicales de Rennes, on ne les a guère pris au sérieux, ces trois Danois. Un charisme d'agrafeuse et une maladresse sans doute surjouée les rendaient sympathiques – mais guère plus. Pourtant, on avait fondu pour Hot Chip, leurs cousins anglais, pour les mêmes raisons. Et reconnaissons que près de dix ans et six albums plus tard, le triumvirat tient toujours la route. 07.03, Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 12/10€, www.beursschouwburg.be
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interview
gamine éternels adolescents Propos recueillis par ¬ Elisabeth Blanchet Photos ¬ Elisabeth Blanchet / © DR
« Voilà les anges, ne s'arrêtent pas... ». Un refrain légendaire de l'été 1989. Ses auteurs ? Gamine. Un nom de rien, fragile et féminin, qui inspire la jeunesse et la légèreté. Une écriture simple et lumineuse parfois comparée aux Smiths. L'album Voilà Les Anges, grand disque – hélas jamais réédité – contenait d'autres merveilles aériennes comme Le Voyage. Aujourd'hui, le succès d'Aline (au hasard) a remis au grand jour les parrains malgré eux de cette scène pop francophone. À l'occasion des dix ans de l'association Bordeaux Rock et d'un bref passage sur scène, Paul Félix, ex-chanteur du groupe, converti depuis vingt ans au bouddhisme tibétain, nous donne des nouvelles.
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Que retiens-tu de Gamine ? J'avais quinze ans lorsqu'on a débuté, en 1980. On a vécu des moments exceptionnels mais toujours dans le style loser. Nous sommes des losers indécrottables ! (Sourire). On a peutêtre marqué les esprits, mais les ventes n'ont jamais été spectaculaires, par exemple. Nous étions un peu largués, on manquait de sérieux, et les relations au sein du groupe était difficiles. De plus, la presse rock nous a un peu mis au ban, nous jugeant trop commerciaux, ou je ne sais quoi. Et sur scène, on n'était pas non plus à la hauteur : c'était erratique, chaotique. Ce n'est pas ce qu'on imagine, à l'écoute de vos albums. Et pourtant si. D'ailleurs, notre ingé-son disait qu'on était le pire groupe avec lequel il tournait. Selon lui, même les gars d'Oberkampf étaient plus gentils que nous ! Il est vrai que nous étions immatures. On se la pétait pas mal, on jouait les stars un peu n'importe comment... Bref, on était en plein dans notre histoire mais elle n'était pas viable, notre histoire. Et la séparation ? En 1990, on est arrivés à un croisement : nous devions signer pour trois ans. J'avais ▲
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De gauche à droite : Thierry Sabir (ex-Stilletos), Paul Félix, Jean-Claude Bourchenin (surnommé "Boubou") et José Ruiz (ex-Stilletos. Il a fondé Bordeaux Rock et écrit la chanson Le Voyage).
des maquettes, mais le courant passait mal avec Pascal Nègre et j'avais d'autres projets. Bref, je me suis fait virer ! (Rires) J'ai zoné, perdu mon appart', squatté chez des copains, au local de répète. En 1993, j'ai commencé à travailler avec Jean Labbé, qui avait produit les deux premiers albums de La Mano Negra. Ça s'appelait Real Atletico, du nom des deux équipes de Madrid. On a été signés chez Pias. L'album est sorti mais sans promo... Après quelques concerts, j'ai arrêté. J'avais besoin de prendre l'air !
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Discographie : Le Voyage (45 tours, 1986) Voilà Les Anges (album / Barclay, 1988) Dream Boy (album / Barclay, 1990) Gamine Revisité 1980 – 1986 (Compilation / Art Pop, 2006)
C'est à ce moment-là que tu as commencé à faire des retraites ? Non. Je me suis intéressé au bouddhisme dès 1990. Pendant qu'on enregistrait Dream Boy, je lisais Hermann Hesse, Siddharta. Puis je suis parti en Inde, tout seul pendant six mois, j'ai rencontré des gens et me suis intéressé à la méditation. En rentrant en France, j'ai rejoint un centre de bouddhisme tibétain en Auvergne. J'ai fait une première retraite de trois ans, puis une deuxième, puis une troisième... Après presque vingt ans consacrés au bouddhisme, tu as décidé de reprendre la musique ? Oui... Enfin, j'ai tout de même joué ces quatre dernières années dans des fêtes, je chantais un peu. À chaque fois, c'était une redécouverte parce qu'avec
le temps, les choses ont évolué. José, de Bordeaux Rock, m'a proposé de participer aux dix ans de l'association. C'est d'ailleurs lui qui avait écrit la musique du Voyage. J'ai un peu hésité et puis finalement, j'ai décidé de reprendre quelques morceaux de Gamine. As-tu des projets musicaux ? Pas vraiment. Je veux jouer avec des potes, et puis je verrai si j'enregistre ou non, si je poste sur YouTube ou pas. Je n'ai pas de plan de carrière, je navigue à vue. Gamine n'est pas près de se reformer. Pour l'instant, j'enregistre des trucs qui nourriront peut-être un album mais ça prendra le temps qu'il faut. Je vois toujours Paco (ndlr. Rodriguez, ancien guitariste), nous finirons bien par refaire des choses ensemble.
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© Universal Music © AP
The Notwist
Gregory Porter Pourquoi se gausse-t-on de rockers réac' tels Miles Kane, The Strypes ou Jack White, si l'on défend le soulman Cody ChesnuTT ou le crooner Gregory Porter ? Bonne question. À laquelle on ne répondra pas. Pas à une contradiction près, on fond pour ce jazz vocal entendu mille fois ailleurs, il y a longtemps – pensez Ray Charles, Bill Withers ou Nat King Cole. Alors, pourquoi célébrer ce Californien, 42 ans au compteur et l'imaginaire coincé au plus tard dans les seventies ? Sans doute parce que si les blancs-becs précités se contentent de singer leurs grands-parents en collant de bien tristes refrains (c'était mieux avant, entend-on à chaque vers) des apôtres de la trempe de Porter transmettent une flamme, une soul hors d'âge qui traverse les époques. Du passéisme ? Fi ! L'éternité ne se préoccupe pas de telles contingences. Thibaut Allemand 25.03, Bruxelles, Ancienne Belgique, Complet !, www.abconcerts.be 16.05, Arras, Théâtre, Complet !, www.tandem-arrasdouai.eu
On les plaindrait presque, ces quatre Bavarois. Comment continuer après avoir publié un album unanimement considéré comme un chef-d'œuvre ? À quoi bon présenter de nouvelles chansons si l'on vous réclame toujours les anciennes ? Au moment de publier l'acclamé Neon Golden (2002), The Notwist avait déjà treize ans d'existence et cinq albums dans les pattes. Pas écrasé par l'enjeu, le groupe s'est renouvelé à travers 13&God – soit The Notwist accompagné de Doseone et Jel, présent ici ! – puis en publiant The Devil, You + Me (2008). Six ans plus tard, Close To The Glass confirme la supériorité germanique en matière de romantisme évanescent et d'artillerie lourde, de sons urbains et d'inspiration ruhrale. Un nouveau sommet électroacoustique qui prend toute sa mesure sur scène. Thibaut Allemand 14.03, Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/16€, www.legrandmix.com 19.03, Bruxelles, Le Botanique, 19h30, 26/23/20€, www.botanique.be
© DR
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© Emmanuelle Brisson
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Le Prince Miiaou
© JF Julian
© Francois Fleury
12.03, Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10€, www.lapeniche-lille.com
Where's The Queen ? demande Le Prince Miiaou en titre de son nouvel album. On a une petite idée. Pas pantouflarde, la Charentaise a filé à New-York, pour revenir avec des morceaux plus amples et ambitieux que les chansons introverties d'hier. Serait-ce la patte du producteur Antoine Gaillet (M83, Yeti Lane...) ? Peut-être. Et qu'importe : sur les planches, Maud-Élisa Mandeau n'a jamais été économe en émotion.
Barbara Carlotti
Mustang
Barbara Carlotti, ou l'histoire d'un (dés)apprentissage. Deux essais trop proprets, trop bien mis pour qu'on y succombe. Et soudain, un naturel détendu inonde un troisième LP bénéficiant de la présence de Dominique A et Aline (qu'on n'avait pas évoqués en ces pages depuis, disons, un mois ?), mais aussi un disque-BD déjanté avec C. Blain (La Fille, 2013) et Cosmic Fantaisie, émission plaisante sur Inter. On a mis du temps. Mais on (elle ?) a compris qui était vraiment Carlotti.
Existe-t-il une formation ayant fait l'objet de plus de malentendus que Mustang ? Rockab' pour les sourds, variété selon les crétins... Le trio mené par le charismatique Jean Felzine allie une écriture et un son éminemment personnels. Des chansons qui doivent autant à Suicide qu'à Bashung, à Daniel Darc qu'au Velvet, aux Smiths qu'à Buddy Holly. Mots doux et corrosifs, visions solaires et exécution crue... En 2014, Mustang est le groupe francophone le plus important sur Terre. N'attendez pas vingt ans pour vous en apercevoir.
21.03, Armentières, Le Vivat, 20h, 19/14/7€, www.levivat.net
21.03, V. d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7/4€, www.villeneuvedascq.fr/feh
© James Minchin
musique
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Supergroupe Danemark, festival Roskilde, 2004. La route du prolifique producteur Danger Mouse (Gnarls Barkley, Gorillaz) croise celle de James Mercer, guitariste et leader de The Shins. Quatre ans plus tard et dans le plus grand secret, naît Broken Bells, annonçant un nouveau cycle créatif pour chacun. Qu’en est-il à réception de leur deuxième galette ? Au sein du duo et notamment sur le dernier album, James Mercer dévoile une souplesse vocale impressionnante. Accordant un timbre chaud et grave à celui haut perché et nasillard des Bee Gees (After The Disco, Holding On For Life). De son côté, l'intarissable bidouilleur Danger Mouse peaufine ses compositions et arrangements, toujours sur le fil entre une logique mainstream et indé. Presque simultanément, cet hyperactif s’affaire à la production du prochain album de Black Keys, de U2 ou Franck Ocean. Si le premier essai de Broken Bells, paru en 2010, fut un succès, il avait pris plus le tour d’une cohabitation que d’une collaboration. Plus abouti, After The Disco convoque pop synthétique eighties, soul sixties, et se nimbe d’une esthétique inspirée de romans de science-fiction des années 1950, portée à l’écran (le clip Hold On For Life) par Kate Mara (House Of Cards) et Anton Yelchin (Star Trek). Sur scène, quand James Mercer joue de la guitare, Danger Mouse s'active derrière la batterie, la basse et les claviers. Ce que l'on a coutume d'appeler un supergroupe est, avant tout, la réunion de deux super musiciens. Elsa Fortant Broken Bells 31.03, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25€, www.abconcerts.be
Okay Monday
CALYPSO Ce quintette mixte est le fruit des prolifiques chassés-croisés de la scène pop moderne parisienne. CALYPSO (oui, en majuscule) compte en son sein des rescapés de formations surf, synth punk, punk rock, dark disco et... un amateur de xylophone. Ces pop songs faussement légères, souvent enjôleuses et parfois inquiétantes, sont nourries à la réverb' surf, aux BO de giallo, à l'exotica, à l'italo-disco et à l'imaginaire lounge fifties. Le résultat pourrait être boursouflé, mais il est plus qu'enivrant. 22.03, Lille, El Diablo, 20h, 6€, www.facebook.com/audiableclub
Le secret le mieux gardé de tout le Nord-Pas de Calais ? On exagère : le quatuor a déjà affronté pas mal de grandes scènes et reçut les honneurs de la presse nationale (SoFoot, magic...). N'empêche, on enfonce le clou : les chansons de ces gaillards tiennent du miracle power pop, et se situent quelque part entre Big Star et The Sneetches – une évidence mélodique, des refrains en pagailles et des chœurs en cascade. Toujours pas convaincu ? Nous ne vieillirons pas ensemble. 26.03, Lille, L'Aéronef, Gratuit, www.ricardsalivemusic.com
© Djavandshir
© Vladimir Besson
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© Emmapic
L'Or Noir
29.03, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8€, www.ville-lomme.fr
À quinze ans, le jeune Arthur Higelin vécut seul en Guadeloupe, quatre mois durant. Une expérience heureuse, formatrice, et inoubliable. En sus des nourritures terrestres, l'adolescent en dégustait des spirituelles (Césaire, Laferrière, Depestre, Glissant, Noël...). Autant d'écrivains de la négritude auxquels le chanteur majuscule donne corps et vie, sur des musiques signées Nicolas Repac. Guitares et flûtes soulignent une lecture sans effet ni emphase, au service des mots.
Dick Annegarn © Mechior Lamy
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Joli sortilège Quinzième édition pour ce festival disséminé dans tout le Pas de Calais. Certaines communes de taille modeste ou pas très riches se sont serré les coudes. Le résultat ? De grands noms de la chanson française et donnant parfois des concerts dans des lieux inattendus. Enchanteur, forcément. Ce festival n'aurait pas vu le jour sans le travail de Droit de Cité, association créée en 1991 à l'initiative de plusieurs mairies du bassin minier. Trop petites ou peu fortunées, ces communes ne disposant pas de véritable politique culturelle mutualisèrent leurs moyens. Et tout au long de l'année, Droit de Cité propose des évènements autour de trois axes : littérature et petite enfance, arts de la rue et enfin, musique. Les Enchanteurs sont une réussite mais les jauges sont revues à la baisse en 2014 après les avaries de l'an passé : « Ce fut un succès, avec près de 10 000 entrées payantes et des concerts complets, se souvient Grégoire. Mais la neige nous a également fait annuler des concerts sous chapiteau. Et il est hors de question de jouer avec l'argent public ». Pas de chapiteau ni de Stromae, ce dernier ayant revu ses prétentions en mode pharaonique, mais des artistes tels Dick Annegarn ou l'humoriste Thomas VDB jouant dans des gymnases, médiathèques et autres salles intimistes au quatre coins du bassin. Signalons également la reformation exceptionnelle de Malicorne, tenants d'un folk aux accents médiévaux – pas forcément le plus branché du lot mais le plus patrimonial, assurément. Thibaut Allemand Les Enchanteurs Jusqu'au 18.04, Divers villes et lieux, Concert : 16/14/12/10/8/6€, Pass 5 concerts, 35€ (sauf Tryo) / Pass tous concerts (sauf Tryo), 70€ / Pass tous concerts (Tryo inclus), 80€, www.droitdecite.com
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GOLDEN WAVE La Grande Communion À l’écart d’une rue de la soif étanchée par l’uniformisation de l’offre, entrer au Golden Wave, discothèque rock de la rue des Arts à Lille, c’est opter pour une vision de la fête où l’ambiance est laissée aux soins de la clientèle. Un art de vie nocturne défendu depuis 1993 par Christine, patronne incandescente d’un lieu inamovible. Bienvenue au « Goldu ». « Il est arrivé que des gens entrent au Golden et s’en aillent aussitôt, pensant que c’est une secte », se marre Christine. Il y
a vingt-et-un ans, elle fondait cette discothèque en misant sur le spectaculaire (et le carton-pâte), transformant le lieu en
© Hérault Arnod Architectes
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église gothique avec force têtes de mort et rosace monumentale. Si l'endroit ressemble plus à un train fantôme qu’à la Basilique de Saint-Denis, son décorum saisit tout visiteur, même sous l'emprise d'une vodka sanguine. Bien sûr, le personnel est ad hoc, et la clientèle aussi. Mais attention, pas d'esprit de tribu, tout le monde peut entrer au Golden Wave : « Artistes, punks à chien, tous ces gens qui font des choix personnels, ce sont eux l’âme du lieu… », explique Christine, qui accueille aussi banquiers et fonctionnaires.
Ils sont venus au Golden Wave ! • Renaud et Philippe Léotard • Iron Maiden, incognito • La Mère Noël, pour son strip-tease annuel • Rover, après son dernier concert au Splendid • Vous, même si vous ne vous en souvenez pas
initiés par la Mairie de Lille, Christine regrette que « les discothèques ne soient plus des lieux de séduction. Internet a pris le relais ». Elle a vu les modes vestimentaires et les danses se succéder, alternant des périodes rock, metal ou new wave, mais observe depuis quelques temps une « crise de valeurs ». Le comportement des noctambules deviendrait de plus en plus individualiste,
La Nuit est Chaude, elle est sauvage Quand on vit la nuit, on voit la fête sous un autre jour. Invitée à prendre part aux Etats généraux de la vie nocturne, ▲
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playlist Vous entendrez forcément ces morceaux au Golden Wave Noir Désir – L’Homme Pressé AC/DC – Hells Bells Rita Mitsouko – Marcia Baila U2 – Sunday Bloody Sunday Soft Cell – Tainted Love
l’alcoolisation de plus en plus rapide… Si le Golden Wave n’est pas une secte, ce n’est pas non plus un lieu de débauche païenne (malgré le seau de godemichés fièrement exposé derrière le bar). Christine résiste à toutes les dérives d’une main de fer, protégeant autant son établissement d'une nostalgie excessive que d'une révolution trop novatrice. Mathieu Dauchy
Le Golden Wave Lille, 7 bis rue des Arts, mar>sam, 23h>7h, entrée libre
Š Survivance
cinĂŠma
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LES BRUITS DE RECIFE
Pas de quartier Alors que le Brésil prépare le terrain des J.O de 2016 en expulsant par centaines des familles des favelas de Rio, le premier longmétrage de Kleber Mendonça Filho ausculte la vie d'un quartier résidentiel de Recife. Et trouve, sous l'apparente tranquillité, les fantômes de l'esclavage. Revendiquée par Mendonça Filho, auteur jusqu'ici de courts-métrages documentaires, l'influence de John Carpenter s'impose dès le premier plan. Suivis par une caméra serpentine, deux enfants en rollers traversent le parking d'une résidence réservée aux classes moyennes et supérieures pour rejoindre un terrain de jeu protégé par de hauts grillages. Plus qu'une simple question de style, ce qui réunit les deux cinéastes est politique. Comme Carpenter, Mendonça Filho fait remonter les refoulés historiques à la surface à travers la cartographie rigoureuse d'un espace. Par éclats, le film livre en mosaïque la vie d'un quartier moderne, isolé et sûr, se rêvant enfin libéré des questions sociales. Retour des spectres Ces questions travaillent cependant les conversations les plus innocentes, les petites attentions. Ainsi, le malaise s'installe lorsqu'un homme exige de sa domestique qu'elle enfile ses claquettes. À chaque fois, c'est affaire de circulation, possible ou empêchée, de rapports de classes inscrits dans le verre et le béton. Jusqu'à ces visions, fantasmes d'envahissement ou bouffées d'horreur, qui prolifèrent peu à peu avant de s'incarner. Les dominés reviennent enfin habiter l'espace et la conscience des maîtres. On n'entend plus alors « les bruits du voisinage » (le titre original), mais un véritable cri de révolte. Raphaël Nieuwjaer
Un film de Kleber Mendonça Filho Avec Irandhir Santos, Gustavo Jahn, Maeve Jinkings, W.J. Solha... En salles.
© Quentin Dupieux
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WRONG cops
Police académique On n'aura jamais assez d'encre pour écrire tout le bien que l'on pense de Steak (2007), premier film réellement distribué en salles de Quentin Dupieux. Trois bobines plus tard, que reste-t-il de ce dynamiteur de génie ? Pas grand-chose, sinon un mec malin qui met trop en scène son originalité supposée pour qu'on y croie vraiment. Wrong Cops ? Wrong way. Le ver était dans le fruit dès le plutôt réussi Rubber (2010), qui donnait vie à un pneu. Plutôt aboutie, cette œuvre en roue libre donnait aux scribouillards de quoi disserter, mais ne se suffisait pas à elle-même. Wrong (2012) confirma ce pressentiment. Originellement conçu en six épisodes distincts, et remaniés pour en tirer un long, ce cinquième film du Parisien installé à L.A. n'obéit qu'à une règle, celle du « pourquoi pas ? ». Un flic ripou vendrait de l'herbe planquée dans des rats morts. Pourquoi pas ? Un de ses collègues serait modèle pour des revues porno-gays. Pourquoi pas ? Un agent borgne tenterait, en vain, une carrière dans la techno. Pourquoi pas ? Un voisin, abattu par le premier flic, agoniserait durant tout le film. Pourquoi pas ? Et ainsi de suite... Cela suffit-il à faire un film ? « Pourquoi pas ? » a dû songer Dupieux. Moins contemplatif que d'habitude, plus saccadé, Wrong Cops aligne gags éculés (une femme dévoilant ses seins et révélant un poitrail masculin, déjà vu chez Zucker, Abrahams et Zucker) et ne raconte rien, finalement. Malgré tout, on attend toujours Réalité, annoncé depuis trois ans avec Alain Chabat, Elodie Bouchez et Jonathan Lambert au casting. Pourquoi pas ? Thibaut Allemand Un film de Quentin Dupieux Avec Mark Burnham, Marilyn Manson, Eric Judor, Steve Little... Sortie le 19.03
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The Grand Budapest Hotel L'affiche du film en impose. Surplombant la façade du Grand Budapest Hotel, sorte de pièce montée d'un rose crémeux, on trouve une quinzaine de noms parmi les plus prestigieux du cinéma américain et européen. Plus qu'à des stars, Wes Anderson semble faire appel à une troupe d'amis – une famille idéale, peut-être, retrouvée de film en film. La fidélité de ces acteurs devient pourtant un mystère. Le cinéma d'Anderson a toujours tenu de la « maison de poupée », mais il semble aujourd'hui presque totalement dénué du souci de donner chair à ses personnages. Son art, virtuose, des récits emboités (ici, une affaire d'héritage sur fond de montée du nazisme) ne sert plus qu'à faire se mouvoir des figurines dans de jolis décors. Obsédé par la maîtrise (composition géométrique, raideur des mouvements de caméra), il fabrique une machine élégante, mais vaine. Raphaël Nieuwjaer Un film de Wes Anderson, Avec Ralph Fiennes, Bill Murray, Jude Law, Tony Revolori, Harvey Keitel, Mathieu Amalric…
Le second long-métrage des réalisateurs d'Amer (2009), néo-giallo ténébreux encensé par Quentin Tarantino himself, était attendu de pied ferme. L’intrigue s’avère minimaliste : un homme découvre en rentrant chez lui que sa femme a disparu, la recherche et plonge dans un univers cauchemardesque. Mais ici, c'est la forme qui compte. Les circonvolutions surréalistes et audacieux collages de séquences s'avèrent époustouflants. À partir de très gros plans, de boucles, de photogrammes, le couple de cinéastes malaxe l’image et offre un foisonnement de sensations visuelles et sonores dans lesquelles on s’abandonne avec plaisir. Plus qu'un hommage aux maîtres du genre (Argento, Bava...), Cattet et Forzani signent une œuvre à tiroirs, labyrinthique, soutenue par des morceaux signés Morricone. Une expérience à vivre sur grand écran. Audrey Jeamart
Un film de Hélène Cattet et Bruno Forzani (interdit aux moins de 16 ans) Avec Klaus Tange, Jean-Michel Vovk, Sylvia Camarda… Sortie le 12.03
© Shellac
© Twentieth Century Fox France
cinéma
L’Étrange Couleur des Larmes de Ton Corps
© Twentieth Century Fox film corporation
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new girl
Elle et eux Friends, How I Met Your Mother, Happy Endings. Depuis le mitan des années 90, le quotidien de grands enfants affrontant la crise de la trentaine est une source narrative fertile. Avec le succès que l'on sait. Au tour de New Girl, nouvelle série de copains-copines en coloc' ? Voilà de parfaits camarades d'un jeu sans prétention, voguant de désillusions professionnelles en déconfitures sentimentales. Nick est bourru et soupe-au-lait derrière son bar tandis que Winston envisage la vie comme une compétition permanente. Consultant marketing, Schmidt est un dragueur maniaque et précieux, déclarant que son « corps est un temple » malgré un passé de petit gros : « J'ai perdu du poids, j'ai changé mes vêtements, même ma voix a perdu un demi-octave, mais je ne serai jamais cool ». Au milieu de tout ça, débarque cette « nouvelle fille », Jess, incarnée par Zooey Deschanel (moitié de She & Him aux côtés de M. Ward). Un rôle taillé sur mesure : femme-enfant attachiante, écarquillant ses yeux de biche et jouant de son charme mutin. Réalisée avec une seule caméra, en décor réels et sans rires enregistrés, la comédie d'Elizabeth Meriwether (scénariste de Sex Friends, 2011) avance à tâtons en cette première saison. Patience, le scénario prend ses aises ensuite à coup de bizarreries réjouissantes et suscite alors un plaisir sans cesse renouvelé chaque semaine. Comme les sitcoms qui l'ont précédée, New Girl ne traite de rien en particulier mais en dit long sur à peu près tout. Florian Koldyka Saison 1 : Depuis le 22.02, M6 (nuit vendredi/samedi), 01h, 3 épisodes/semaine. Saison 2 : TF6.
© arte
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Sacrifice
Bien torché Une fois encore, chapeau à HBO : la filiale européenne du network américain livre une excellente série sur un épisode aussi célèbre que méconnu de l'Histoire européenne : le Sacrifice de Jan Palach, en 1969, et ses conséquences. Janvier 1968, le Parti communiste tchécoslovaque prône une certaine libéralisation : c'est le Printemps de Prague. Au mois d'août, les chars soviétiques annoncent la Normalisation. Janvier 1969, l'étudiant Jan Palach s'immole par le feu en guise de protestation. Le pouvoir craint que ce geste fasse traînée de poudre et tente de discréditer le jeune homme, l'accusant d'être mentalement fragile et manipulé par l'Ouest. Face à ces mensonges, la famille Palach porte plainte contre l'État, défendue par une jeune avocate a priori réticente. Elle ne se doute pas de ce qui l'attend... Polonaise, mais née à Prague lors du Printemps, la réalisatrice Agnieszka Holland a sans doute puisé dans son vécu pour filmer le quotidien d'une république socialiste. Un peu dérouté par l'image (tout était-il vraiment beige et kaki ?), on est captivé par les comédiens (tchèques) d'un thriller politique qui mêle la petite histoire à la grande. Attention : extrêmement lent, le premier des trois épisodes peut décourager. Cette mise en place des personnages prend tout son sens ensuite, lorsque l'étau se resserre. Le titre original (Horící ker, soit buisson ardent) était plus judicieux – l'action de Palach révèle quelque chose qui aboutira, 20 ans plus tard, à la Révolution de Velours. Thibaut Allemand Sacrifice de Agnieszka Holland Avec Tatiana Pauhofová, Jaroslava Pokorná, Petr Stach, Ivan Trojan... 27 & 28.03, Arte, 20h45 // DVD disponible le 01.04, (Ed. Montparnasse, Coffret 2DVD, 20€)
exposition
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The Fair
the fair Noir profond The Fair est la réunion de deux installations où les aplats noirs répondent aux images gravées. Leur concepteur, Olivier Deprez, est un artiste issu de la bande dessinée. passionné par le noir, Ce dessinateur et graveur revient sur la genèse de ces œuvres et son exposition à La Louvière. Accrochés à des ficelles par des pinces à linge, comme dans un atelier, une centaine de carrés noirs sur fond blanc accueillent le visiteur. Un hommage à Kasimir Malevitch, conçu à Saint-Pétersbourg lors d'une résidence. Ce n'est pas le cœur du parcours, mais un exemple qui en dit long sur le modus operandi de Deprez : cet artiste fondu de noir envisage l'art comme un work in progress, une idée en amenant une autre. Ainsi de cette « presse-mobile », conçue avec le comédien Miles O'Shea : une presse à gravure sur bois fixée sur une charrette. Grâce à cet appareil est né BlackBookBlack : six ouvrages noirs, aux pages noires. L'art pour l'art, en quelque sorte. « La densité de l'encre charge la feuille d'une signification très lourde, et crée un effet de projection. Le lecteur peut inventer ses propres récits. Les pages deviennent un écran noir, comme au cinéma ». La deuxième œuvre présentée fut conçue avec Adolpho Avril, artiste outsider coulant des jours paisibles dans un hôpital psychiatrique ardennais. Le tandem signe Après la mort, après la vie, projet de livre de gravures devenu film d’animation. Car finalement, plus que la gravure sur bois, c'est sans doute le cinéma qui incarne le fil(m) conducteur de ce parcours. « Le dispositif est envisagé comme un long-métrage, avec un générique, une narration et un fondu au noir pour finir », conclut Olivier Deprez. T. Allemand Jusqu'au 18.05, La Louvière, Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3/2/1,25€, www.centredelagravure.be
Wrek présente The Fair. Après la vie Après la Mort © Olivier Deprez, Miles O Shea, Adolpho Avril
exposition
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Meret Oppenheim, Portrait tatoué / Porträt mit Tätowierung, 1980 © Collection privée, Berne. Photo : Heinz Günter Mebusch. © Adagp Paris, 2014
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Promenons-nous dans le Moi… Elle aurait pu n’être qu’un visage admis au Panthéon des égéries du surréalisme. Mais le temps de la pose fut aussi pour Meret Oppenheim la première étape d’une émancipation artistique qui s’éprouvera dans toutes les disciplines, et dans un inlassable questionnement de son identité, des codes et des genres. Oppenheim (1913-1985), associée à certaines des plus célèbres photographies de Man Ray, ne descend pas à Paris, à l’orée des années 30, pour faire de la figuration : dès 1936, la confection de curieux fétiches, d’objets couverts de fourrure (devenus emblématiques de la révolution surréaliste) lui vaut la reconnaissance de ses pairs en beauté convulsive. Et lorsque l’avant-garde se rend pour entrer dans l’Histoire, la Suissesse continue d’explorer les marges pour assembler jusqu’à sa mort une œuvre déconcertante d’éclectisme (toiles, dessins, sculptures, vêtements…) – au prix d’une relative obscurité. Genre irréductible Adoptant une répartition thématique des œuvres, l’exposition évite au spectateur de prendre ce corpus hétéroclite pour ce qu’il n’est pas : un vaste cabinet de curiosités. Si certaines pièces, envisagées isolément, semblent relever d’une fantaisie un peu anecdotique, leur association met nettement en perspective le principal moteur de cette endurance créative : la quête d’une identité artistique libérée des conventions (et l’assomption, aussi, d’une ambivalence sexuelle affranchie des costumes sociaux, dans une perspective féministe on ne peut plus contemporaine…). « La liberté ne vous est pas donnée : on la prend », aimait à rappeler l’artiste. Cette collection d’étranges dépouilles et trophées nous raconte l’histoire d’une exaltante conquête de soi. François-Xavier Beague
Meret Oppenheim, Rétrospective Jusqu'au 01.06, Villeneuve-d’Ascq, LaM, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr
Maria Sèthe à/ aan het l’harmonium 1891. Théo Van Rysselberghe © Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers. © Lukas-Art in Flanders VZW / Photo: Hugo Maertens / The Bridgeman Art Library
exposition
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To the Point Le pointillisme, école de peinture fondée par Georges Seurat à la fin du xixe siècle, trouve ses racines entre la France et la Belgique. Ce mouvement néo-impressionniste qui consiste à juxtaposer de petites touches de couleurs primaires et complémentaires fut accueilli avec enthousiasme à Bruxelles, qui devint rapidement une plate-forme d'échanges. To The Point expose une douzaine d'artistes (Seurat, Paul Signac, Lucien Pissarro, Georges Lemmen, William Jelley...), et nous plonge dans quarante ans d'Histoire à cheval sur deux siècles. On y perçoit la complémentarité technique des écoles française et belge : l’Hexagone préférait des sujets sobres et les portraits formels quand le Royaume de Belgique cherchait à renouveler le genre (le luminisme). à noter la présence d'œuvres rarissimes dont certaines n'avaient jamais quitté l'Indianapolis Museum of Art. Alexis Floret Jusqu'au 18.05, Bruxelles, Espace ING, tlj 10h>18h sf mer 21h, 8/6/5/4/3€, gratuit -13 ans, www.ing.be
Costa-Gavras Carnets photographiques Réalisateur multi-oscarisé avec Z (1969), Palme d’or à Cannes pour Missing (1982), c’est en photographe amateur que Costa-Gavras ouvre son album souvenirs. Guidé par 70 clichés en noir et blanc, on marche sur les traces de cet observateur – privilégié – de son siècle, qui fit escale en Palestine, immortalisa Allende lors d’une rencontre avec les Mapuches ou témoigna des ravages du sida à New York. Entre les années 1970 et le début des années 2000, le Franco-Grec prit l’habitude de dégainer son appareil en tournage, pour des instantanés sans intention artistique mais dans lesquels on admire un sens du cadre, un regard franc mais pudique. Au fil de l’exposition, le parcours se fait plus intime (on découvre sa femme et sa fille), jusqu’au tendre hommage rendu à son ami Chris Marker, via les photos prises par ce dernier sur le tournage de L’Aveu (1970). Marine Durand 06.03>03.04, Lille, Maison de la photographie, lun>ven, 10h>18h, sam, 14h>18h, gratuit, www.maisonphoto.com
Lino Ventura, “Le silencieux”, film de Claude Pinoteau, Pékin, 1979 © Costa-Gavras
FOCUS
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exposition
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L'art du combat Texte ¬ Thibaut Allemand Photo ¬ André Fougeron, Les coqueleux (étude 1), 1950, huile sur toile 46 x 38 cm, Collection particulière. Photo : A. Leprince. © ADAGP Paris 2014
L'existence d'André Fougeron (1913-1998) correspond, peu ou prou, à ce que l'historien Eric J. Hobsbawm nommait « le court XXe siècle ». Un âge des extrêmes pour le moins tourmenté. Dans cette tempête, le peintre parisien est fermement resté ancré à gauche, du côté du peuple. Pour ce militant communiste, l'art doit être utile.
Un moment charnière Tout débute dans les années trente, où l'éclosion des maisons de la Culture (le terme apparaît dans les années 1930, déjà porté par Malraux) et les cours du soir permettent à cet ouvrier métallurgiste, fils de maçon, d'aborder la peinture. Lié au groupe des Indélicats (citons Édouard Pignon, Maurice Estève, Gabriel Robin...) il adhère cependant au PCF, auquel il demeurera fidèle sa vie durant. Cette période, de la guerre d'Espagne à la Libération, est très importante pour Fougeron et ce, à plusieurs niveaux : résistant, il transforme son atelier en imprimerie clandestine. D'un point de vue pictural, l'artiste s'essaie, durant cette grosse décennie, à plusieurs techniques : délaissant l'expressionnisme, il tente
« Le xxe siècle a demandé aux artistes de prendre position, explique Bruno Gaudichon, commissaire de cette rétrospective exceptionnelle. Or, Fougeron est moins un peintre engagé qu'un engagé, peintre ». Cette implication de chaque instant, alliée à une curiosité et une recherche esthétique, est parfaitement explorée dans ces dix salles thématiques. Les débuts en autodidacte, l'engagement durant la Seconde Guerre Mondiale, le soutien aux décolonisations (Algérie, Indochine, Viet-Nâm...), l'hommage à Courbet, le voyage en Italie ou encore le Nouveau Réalisme Français, rien n'est oublié. Il manque tout de même quelques toiles, hélas retenues à Moscou (Musée Pouchkine) ou à Londres (Tate Modern). ▲
1 - André Fougeron, A Nelson Mandela, 1988, huile sur toile 130 x 97 cm, Collection particulière. Photo : A. Leprince © ADAGP Paris 2014 2 - André Fougeron, Le temps que nous vivons, 1990, huile sur toile 114 x 146 cm, Collection particulière © Photo : A. Leprince © ADAGP Paris 2014
Retrouvez l'interview de Bruno Gaudichon sur www.lm-magazine.com
quelques recherches para-surréalistes et s'intéresse, par l'intermédiaire de Jacques Villon, au rapport entre couleur et lumière. Une vie de luttes Célébré à la Libération, il se brouille un temps avec Louis Aragon (la fameuse affaire du Portrait de Staline par Picasso) et surtout, continue de lutter. Ainsi, ses œuvres réalisées dans le bassin minier choquent les bourgeois parisiens
confrontés aux horreurs (euphémisme) de cette vie ouvrière (Le Pays des Mines, 1950). Bien qu'affichiste pour le PCF, son art ne relève pas du Réalisme Socialiste : il ne décrit pas un âge d'or à venir, mais dépeint la (triste) réalité. En cela, Fougeron est vraiment l'héritier des Naturalistes français (Lepage, etc.) et surtout de Courbet, auquel il dédie l'audacieuse Suite Courbet (1977). Dans les années quatre-vingt, le peintre évoque
l'incarcération de Nelson Mandela et s'oppose à la guerre du Golfe. Pourquoi Fougeron est-il aujourd'hui délaissé, voire tombé dans l'oubli dans l'Hexagone ? À en juger par ce parcours, on se pose encore la question. André Fougeron – Voilà qui fait problème vrai Jusqu'au 18.05, Roubaix, La Piscine - Musée d'Art et d'Industrie André Diligent, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, weekend, 13h>18h, 9/6€, www.roubaix-lapiscine.com
Place Poellaert, été 2011 © Ian Dykmans
exposition
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dernier inventaire avant liquidation Depuis 2005, ce graffeur acrobate était devenu star des friches et des briques bruxelloises. Aujourd'hui, Bonom, dessinateur, danseur et sculpteur, se dévoile enfin entre quatre murs. Bienvenue dans le bestiaire de Vincent Glowinski, tagueur d’espèces en voie de disparition. « Je ne redoute pas que mes œuvres disparaissent, je crains surtout qu’elles n’existent jamais ». Les peintures monumentales évoquant l’ère jurassique et la décomposition des mouvements d'Eadweard Muybridge (1830-1904), ont fait de Vincent Glowinski une figure phare du street art. Depuis qu’il empile ses fossiles de dinosaures, poissons, corbeaux et autres éléphants sur les toits et les bâches de la ville, son art de l’éphémère n’a eu de cesse d’évoluer – passant du graffiti vilipendé aux oripeaux de la reconnaissance : même l’échevine de la Culture de Bruxelles lui tresse des lauriers ! De l’appropriation clandestine de l’espace à la récupération des politiques, l’histoire de Bonom est banale – pas son style. En témoigne cet accrochage, mis en scène par Vincent Glowinski et son doublepellicule Ian Dykmans, qui a photographié l'artiste en pleine action depuis ses débuts cascadeurs. Le parcours relève autant de la rétrospective monographique que du dialogue fertile entre deux potes unis par le même sens de la duplication et du rapport au temps – fragile et transitoire. Si Bonom n’existe plus, il nous laisse son empreinte : à nous, désormais, de l’exhumer. Grégory Escouflaire Bonom, le singe boiteux Jusqu’au 22 mars, Bruxelles, ISELP, lun>sam, 11h>18h30, jeu, >20h, gratuit, www.iselp.be, www.bonom.be
Machines à lumière
Frédéric Platéus Extravagant Traveler Autodidacte, Frédéric Platéus a débuté dans le graff avant de se consacrer à un design ultra-sophistiqué. Ses sculptures sont marquées par l'influence de la vitesse, de la technologie, du hip-hop ou de la science-fiction. Ainsi baptisé d'après un titre de Kool Keith, Extravagant Traveler s'intéresse à la frime et à l'ego-trip inhérents au rap en dévoilant un engin supersonique et clinquant. Parallèlement, trois films projetés appuient cette dynamique futuriste.
Artiste situé à la croisée des arts sonores, plastiques et du spectacle, Frédéric Le Junter transforme sable, filets, ressorts, et autres films de plastique en matières lumineuses. En résulte un paysage mouvant projeté sur les murs ou le sol. Marqué dans son enfance par les sons du port de Dunkerque, le quinquagénaire associe à ces images des « masses sonores », enregistrées à partir d’instruments préparés : trompes, orgues éoliens ou machines mécaniques reproduisant l'ambiance des espaces portuaires. Jusqu'au 23.03, Roubaix, La Condition Publique, mer>dim, 14h>18h, gratuit, www.laconditionpublique.com
Grand-Hornu, MAC's, 09.02>11.05, mar>dim, 10h>18h, 8/4€, www.mac-s.be
© F. Le Junter
Solid Rock © Frederic Plateus
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Un mélange de polyester et de fibre de verre, quelques perruques, vêtements et accessoires. Presque toute l'œuvre de Duane Hanson (1925-1996) tenait dans ces quelques matériaux. Il fallait y ajouter ce savoirfaire et un regard froid, à la fois lucide et désespéré, posé sur ses congénères. Depuis 1967, ces statues hyper réalistes à taille humaine captent le quotidien dans sa trivialité la plus navrante, à l'instar de cette femme obèse poussant un caddie, métaphore évidente de nos sociétés de surconsommation. Jusqu'au 25.05, Bruxelles, Musée d'Ixelles, mar>dim, 9h30>17h, 8/5€, www.museedixelles.be
Man with Walkman, 1989 © VG Bild-Kunst, Bonn, 2013, Courtesy of Institute for Cultural Exchange, photo Alan Ginsburg, SABAM Belgium 2014
Duane Hanson
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Ronald Ophuis, Beslan II, 2008, Collection Privée © DR
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Vu à la radio
Guerre et Trauma
Depuis la première émission de radio belge ET européenne, en 1914, jusqu'aux avancées du numérique, la radio, média de masse par excellence, fut tour à tour instrument de l'Etat et outil de subversion musicale et politique. Construite autour d’un véritable studio radio, l’exposition favorise la diffusion en direct de nombreuses émissions. Elle permet de comprendre l'importante révolution qu'a connue la radio en un petit siècle seulement.
Les soldats revenus du front n'ont pas attendu le xxie siècle pour souffrir de stress post-traumatique. L'exposition prend pour point de départ « l'obusite » qui marqua les Poilus. Et établit des liens entre les rescapés de viols, les enfants maltraités, les prisonniers politiques et les militaires. Le tout en photos impressionnantes, cartels instructifs, et œuvres spécialement réalisées pour l'occasion. Non, c'est pas gai. Mais salutaire.
Bruxelles, Tour & Taxis, jusqu'au 27.04, lun>ven, 9h>17h, weekend, jours fériés et vacances, 10h>18h, 10/8/6€, www.exporadio.be
Gand, Musée du Dr Guislain, jusqu'au 30.06, mar>ven, 9h>17h, sam&dim, 13h>17h, 8/6/1€/ gratuit – 12 ans, www.museumdrguislain.be
Gilles Caron, le conflit intérieur
Salon en quinconce
Ce parcours dévoile, en près de 150 clichés, la trajectoire de Caron (19391970), intime de Don McCullin, ayant vécu tous les grands évènements de son temps – du Swinging London au Biafra, d'Israël à Mai-68, en passant par La Nouvelle Vague. Avec un sens du mouvement et du cadrage hors-pair, le photographe (l'artiste ?) compose des images fortes. À travers elles, il pose la question du sens et de la morale et de son métier. Qui reste sans réponse.
Pour cette cinquième édition, hommage est rendu à Jean Capiau (19292011). Membre de l'association, ce peintre, scénographe, galeriste (la galerie Tendance Contemporaine), militant de gauche et fervent défenseur de la culture wallonne était très attaché à La Louvière, où il est né. Une exposition collective réunissant les œuvres de certains de ses plus proches amis (citons Eric Claus) permet de saluer ce passionné.
Charleroi, Musée de la Photographie, jusqu'au 18.05, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3€, www.museephoto.be
La Louvière, Musée Ianchelevici, 22.03>11.05, mar>ven, 11h>17h, sam&dim, 14h>18h,3/2/1,5e/grat, www.ianchelevici.be
La Isla (détail), Passe Muraille © Collectif Photon & Carbone
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Christiane Baumgartner
La Isla
130 œuvres réalisées entre 1999 et aujourd'hui. L'occasion de (re)découvrir le médium de prédilection de C. Baumgartner, la gravure sur bois. Monumentales, ces pièces sont taillées horizontalement et représentent des captures d'images, films documentaires, vidéos urbaines ou archives de guerre. L'artiste allemande révèle ainsi sa fascination pour les trépidations du monde et sa volonté de contenir la fuite du temps.
Cet accrochage est le fruit d'échanges entre quatre jeunes gens et des Cubains. Le propos est vaste : la vie, la mort, l’amour, l’utopie… Mais aussi la vie quotidienne, les conditions de travail, de logement. De cette matière, sont nés des portraits oniriques de lieux et de personnes. Jouant sur les contrastes entre les teintes, entre les scènes, magnifiant les couleurs éclatantes comme le flou (forcément) artistique, La Isla propose un autre regard sur Cuba.
La Louvière, Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée, jusqu'au 18.05, mar>dim, 10h>18h, 6/4/3/2/1,25€, gratuit, www.centredelagravure.be
Lomme, maison Folie Beaulieu, jusqu'au 20.03, mer, 10>12h &14h>18h, jeu & ven, 14h>18h, sam, 10h>12h & 15h>18h, gratuit
GRRRRRR... ! Sur la piste des Femmes Panthères Les Femmes Panthères inspirent bien des légendes. Paré d'imprimé tacheté, ce duo écume et égaye les événements culturels de la ville de Lille, du Nord Pas-de-Calais ou le Festival de Cannes depuis au moins trois décennies. Originaires d'Armentières, Pascaline Benito et Esmeralda Petit, mère et fille, sont les muses d'un parcours hétéroclite où s'entassent joyeusement les œuvres de leurs amis et admirateurs. Lille, maison Folie Wazemmes, jusqu'au 23.03, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, gratuit, www.mfwazemmes-lille.fr
Abstractions géométriques belges, de 1945 à nos jours Après-guerre, l'abstraction se divise en deux sensibilités : lyrique (Masson, Soulages, Debré...) et géométrique. Comme son nom l'indique, cette esthétique repose sur la précision des lignes mais aussi la pureté des couleurs. Peintures, sculptures, mobiliers, joailleries ou textiles conçus par Jo Delahaut, Pol Bury, Marthe Wéry, Dan Van Severen, ou Jean Rets rendent justice à ce courant majeur de l'art belge, toujours fécond, mais trop méconnu. Mons, BAM, 22.03>13.07, mar>dim, 10h>18h, 9/6€, www.bam.mons.be
aben hamet Hors de portée ? Texte ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Le Gage d'amour, Hippolyte Lazerges © Mathaf Gallery, Londres © DR / Scénographie © Alain Lagarde / Costumes © Christine Rabot Pinson
C'est l'histoire d'un opéra qui aurait pu ne jamais (re)voir le jour. Créé il y a 130 ans, Aben Hamet vit ses partitions éparpillées, son orchestration perdue et fut englouti dans les tréfonds de la mémoire. Il aura fallu la persévérance d'un homme, Jean-Claude Malgoire, pour ressusciter cette pièce et enrichir le répertoire lyrique.
A
près la victoire des Espagnols sur les Maures en 1492, les derniers survivants fuient la péninsule. C'est donc à Carthage que le jeune prince Aben Hamet fut élevé par sa mère, dans la haine des vainqueurs. Enfin prêt à se venger, il revient à Grenade mais croise Bianca, une ravissante chrétienne, la fille du gouverneur... Inspiré d'une nouvelle de Chateaubriand, cet opéra conte un amour tragique entre deux êtres que tout oppose. Son auteur, Théodore Dubois (1837-1924), deviendra professeur d'harmonie et directeur du conservatoire de Paris (1896-1905). Sommité des musiques classiques, J-C Malgoire connaissait forcément son Dubois sur le bout des doigts. « Eh bien pas du tout, avoue-t-il simplement. Dubois est
mondialement célèbre pour un traité d'harmonie. Pour moi, c'était un mathématicien de la musique, un homme important, mais dont je ne connaissais pas le travail ». En dépit d'un bon accueil lors de sa création au Théâtre Italien de Paris, en 1884, cet opéra fut handicapé par son livret en italien. Une traduction en français, tardive, n'y changea rien. Et voici comment une œuvre peut mourir – ou presque. Archéologie musicale J-C Malgoire s'est donc attelé à sa réorchestration, ainsi qu'il l'avait fait pour La Boîte À Joujoux en 2011, œuvre inachevée de Debussy. « C'était plus facile, modère le maître. On connaît Debussy, on peut faire "à la manière de" ». Pour corser le tout, J-C Malgoire ▲
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dut se contenter de la partition en piano-chant. Un peu léger, pour réorchestrer ? « Non. Depuis quatre siècles, c'est ainsi que les opéras circulent. C'est le strict minimum ». Et pour l'orchestre symphonique, J-C Malgoire s'est appuyé sur sa connaissance de l'époque, a étudié d'autres partitions de Dubois afin de saisir sa patte : « Sa façon d'orchestrer n'est pas différente de contemporains comme Massenet, par exemple. C'est un orchestre très complet, avec beaucoup de couleurs, de la harpe, des percussions claires... Cette musique scintille. De plus, le saxophone apparaît dans ces annéeslà. Dubois l'utilisait beaucoup. Je l'ai adopté aussi ». L'époque est également à l'exotisme, à l'orientalisme, un mouve-
ment qui touche tous les arts depuis la conquête d'Alger (1830). Dubois s'intéresse au thème, mais sa musique ne s'en ressent pas. Quant au texte, une traduction française existait mais « elle était indigente. L'obligation d'écrire en alexandrins a parfois conduit à des contresens. Nous avons donc tout repris. Et vu le climat, nous avons enlevé les termes à connotation raciste. Des mots anodins au xixe siècle mais qui choqueraient aujourd'hui ». Un legs pour demain La mise en scène ne s'essaie pas à recréer le vernis d'époque. Costumes mêlant traditions arabe et hispanique sont portés par cinq comédiens (venus du Canada, d'Espagne, de France ou du
Maroc) évoluant sur un plateau en deux plans. « Ces deux plans permettent de conter plusieurs histoires. Je suis un amateur de plateaux nus, confie J-C Malgoire. Mais je fais confiance à la metteuse en scène Alita Baldi, qui a opté pour un décor abstrait avec au sol, un tapis à motif bi-culturel : arabe et andalou à la fois ». Une certitude : Aben Hamet sera immortalisé. « Je veux qu'on l'enregistre pour les média-
thèques, afin qu’il reste une trace de cette œuvre. En 1996, nous avions créé le Falstaff ossia Le tre burle de Salieri, fameux rival de Mozart. Le CD est désormais dans le commerce ». C'est l'une des missions tacites - mais ô combien concrètes - de l'Atelier Lyrique : aller là où les autres ne vont pas, fouiller, exhumer, défendre et faire découvrir des trésors cachés, de Guillaume de Machaut à nos jours.
Aben Hamet (Création mondiale) 14, 16 & 18.03, Tourcoing, Théâtre Municipal Raymond Devos, 20h, sauf dim 16.03, 15h30, 45/43/35/33/10€, www.atelierlyriquedetourcoing.fr Rencontre / Débat : Nostalgie de l'Andalousie arabe, la figure d'Aben Hamet, 13.03, Tourcoing, Médiathèque Andrée Chedid, 18h30, gratuit sur réservation, mediatheque@ville-tourcoing.fr // Aben Hamet d'après Chateaubriand, 14.03, Tourcoing, Th. R. Devos, 18h30
Olivier Dubois © Francois Stemmer
Pour tout l'or du monde © Jacky Ley
Souls © Antoine Tempé
OLIVIER DUBOIS Casser les murs à travers Olivier Dubois, une nouvelle génération prend la tête du CCN de Roubaix. Portrait d'un boulimique de travail qui souhaite ouvrir grand les portes de ce haut-lieu de la danse. Né à Colmar il y a 41 ans, Olivier Dubois n'a découvert la scène qu'à 23 ans. Auparavant, celui qui se définit comme un « hyperactif » avait étudié les langues étrangères, le droit, l'économie... Pourquoi cette révélation soudaine ? « Je me le demande encore… Une envie de marteler la terre, d’exposer mon corps… ». Pour rattraper son retard, l'Alsacien « dévore » les cours de danse contemporaine et classique avant de rejoindre Angelin Preljocaj ou Jan Fabre (« mon maître »). En 2006, le Festival d'Avignon le repère, et Dubois crée pour l'occasion Pour tout l'or du monde… - qui sera d'ailleurs repris en avril. Tout va alors très vite et en 2012, la Cité des Papes consacre Tragédie. Cette pièce pour 18 danseurs, d’une précision presque mécanique, sobre et captivante, joue à la fois sur l’individualité des corps et le geste collectif. Danser tout le temps Aujourd'hui, le voici à la tête du CCN, succédant à l'immense Carolyn Carlson. La pression ? « Artistiquement, nos approches sont différentes. Elle se définit comme une poétesse, moi davantage comme un auteur. Mais nos raisons d’être sont les mêmes ». Pour l'heure, il souhaite transformer le CCN en pépinière de jeunes artistes, dont le travail sera présenté au public. « Roubaix est la commune la plus jeune de France » rappelle-t-il. « Ici, ça doit danser tout le temps ! » Et de poursuivre : « Même quand je ne suis pas là, je veux que les studios soient occupés par les associations, que les Roubaisiens s'approprient ce lieu. » Qu'il va rebaptiser sans attendre « Ballet du Nord » ! Madeleine Bourgois Souls - 14>16.03, Paris, Centquatre / 29.03, Saint-Martin-Boulogne, Centre culturel Georges Brassens // Pour Tout L'Or Du Monde - 09.04, Roubaix, CCN, 20h, 15/8€ // Révolution 16&17.05, Roubaix, la Condition Publique, 20h30, 5>10€, www.ccn-roubaix.com
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Le bal des intouchables © Cie Les Colporteurs / J.-P. Estournet
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SUR LE FIL Pour la septième édition du festival Libertés de séjour, le Channel convie Les Colporteurs. Leur programme empreint de poésie mêle musique et danse entre ciel et terre. Rencontre avec une compagnie qui réinvente le langage du cirque au service d'un propos humaniste. Les Colporteurs ne recherchent pas la performance à tout prix. « Chaque spectacle s’appuie d'abord sur des références littéraires. Nous traduisons la fragilité de l'existence, comme l'équilibre sur un fil », confie Antoine Rigot, co-directeur artistique. Dernier spectacle en date, Le bal des intouchables souligne la question du handicap et de l’exclusion. Sur la piste, huit personnages composant avec les agrès traditionnels, un trapèze et le mât chinois symbolisent la condition humaine. Au-delà du témoignage personnel (un accident en mer a cloué Antoine au sol en 2000), ce bal pointant la vulnérabilité des êtres vise l'universel. Créée en 1996 par Antoine et son épouse Agathe, la compagnie interroge inlassablement le statut de « l'Homme moderne » et la crainte d'une uniformisation. Ils ponctuent leurs numéros d'épisodes joyeux et d'une partition musicale entre jazz, pop rock et électro. Toute représentation réserve aussi une belle place aux improvisations, au gré de séquences en solo et en groupe. à Calais, entre autres réjouissances, l'équipe reprend Le fil sous la neige, le projet d'une reconstruction, de la renaissance. En parallèle, retrouvez l'artiste peintre Frédéric Monnet, les groupes Imperial Orphéon, Django Lassi et une nouvelle Antigone. De la haute-voltige ! Lina Tchalabi Libertés de Séjour 14>30.03, Calais, Le Channel, 3€/gratuit, programme complet : www.lechannel.fr - Le bal des intouchables, Cie Les Colporteurs (14>16.03) // Django Lassi, Balkanique gypsy jazz (14>15.03) // Antigone, Adèll Nodé-Langlois (18.03) // Le fil sous la neige, Cie Les Colporteurs (28>30.03)…
Bêtes sans patrie. C'est le titre du roman d'U. Iweala, Américain originaire du Nigéria. Paru en 2005, cet ouvrage conte la guerre à travers les yeux d'un enfant-soldat. Bouleversé, Alain Platel en tirait Nine Finger deux ans plus tard. Mais comment danser la guerre ? Peut-on esthétiser l'indicible, l'innommable ? Avec un matelas, un carton et un micro, les performeurs Fumiyo Ikeda et Benjamin Verdonck expriment l'horreur à hauteur d'homme. 11.03, Arras, Théâtre, 20h, 20/12/8€ // 10 & 11.03, Arras, Théâtre, 9h>18h, colloque autour de l'œuvre d'Alain Platel, en sa présence, www.tandem-arrasdouai.eu
© Mario Del Curto
Nine Finger
© Hirohisa Koike
ANDRÉ La metteuse en scène Marie Rémond, épaulée par deux complices, se glisse dans la peau d'Andre Agassi. De son enfance passée sur les courts sous la houlette d'un père autoritaire à sa carrière couronnée de succès, le tennisman aux cheveux fluorescents prend littéralement vie. Avec un art consommé du décalage, mais sans ironie, Rémond donne corps à Dédé en s'appuyant largement sur son autobiographie, Open (2009). Un numéro sans filet. 12>14.03, Bruxelles, Théâtre 140, 20h30, 18/16/15/8€, www.theatre140.be 15.04, Feignies, Esp. G. philippe, 20h, 11/8e
PIERRE-EMMANUEL BARRE EST UN SALE CON Éloge du tourisme sexuel, plaidoyer pour les violences conjugales, célébration de l'infanticide et panégyrique de l'inceste, opprobre jeté sur les chômeurs, étrangers, handicapés, femmes (bref, les faibles), Pierre-Emmanuel Barré manie les sujets casse-gueule et multiplie les pirouettes. Doté d'une gueule d'ange ET de traits méphistophéliens, voici l'antidote parfait à la navrance en vogue (Kev Adams, Dieudonné, Gerra...). 27.03, Lille, La Péniche, 20h, 16/15/13,20€, www.lapeniche-lille.com
© C. Brachet
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festival via Vers l’infini et au-delà ! Textes ¬ Marine Durand & Lina Tchalabi Photos ¬ Grosse Tête, Philippe Decouflé © DCA / Hors Champ © Sergine Laloux
Pont tendu entre les frontières, VIA réunit les bouillonnantes Mons et Maubeuge autour d’une création numérique en constante mutation. Côté pile le festival, collection de performances scéniques hors-cadre. côté face l’exposition, qui sonde cette année les recherches artistiques touchant à l’infiniment petit et à l’infiniment grand. Prêts pour le grand saut ? Sous les tôles de l’espace Sculfort, un étonnant laboratoire technologique se met en place. « à l’origine de Micro Macro, il y a notre rapport complètement modifié aux échelles. Des processeurs miniatures élargissent sans cesse nos capacités, tandis qu’un clic suffit pour parcourir le globe avec Google Earth ». Commissaire de l’exposition maubeugeoise, Charles Carcopino a rassemblé les œuvres interactives de 15 artistes français et étrangers autour des installations de Philippe Decouflé, invité d’honneur de cette édition. On ressort émerveillé de son kaléidoscope géant (Hexaboite), avant de découvrir les visages sculptés d’Heather DeweyHagborg (Stranger visions), tirés de
fragments d’ADN recueillis dans l’espace public. Sans limites Sur scène aussi, VIA assume les grands écarts. Habituée de la manifestation, Michèle Noiret imbrique cinéma et spectacle vivant en projetant derrière ses danseurs des images capturées en direct (voir p.88). Bien installé à l’international, le festival n’oublie pas son rôle de défricheur. Où trouver, si ce n’est à VIA, une performance chorégraphique pour une femme et un robot (voir p.88) ? De quoi saliver, à moins d’un an du grand raout qui entourera Mons et Maubeuge en 2015, capitales européennes et régionales de la culture. M.D. ▲
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Link Human Robot
Notre sélection
Social Gaming
Réalisé par la chorégraphe Emmanuelle Grangier, avec Arnaud Revel (chercheur en robotique), ce projet croise recherches artistiques et scientifiques. De la différence à la reconnaissance, Link Human Robot s'appuie sur la relation singulière homme/ robot. Il met en scène une danseuse (Christine Niclas) et un robot (Nao). Les corps, mécanique et organique, composent des mouvements éphémères et ajustent continuellement leur distance à l’autre.
Il s'agit d'un jeu vidéo grandeur nature favorisant l'interaction sociale et les rencontres. Ici, pas besoin de manette ni de clavier, seul le corps est acteur. Grâce à la technologie réalisée à partir de la Kinect 3D (un périphérique initialement pensé pour la Xbox 360), le public participe à un jeu projeté sur les façades des bâtiments de Mons et Maubeuge. Un moyen de (re)découvrir la richesse historique de la ville et ses habitants, de nouer des liens, pour de vrai.
21.03, Jeumont, Gare numérique, 19h, 11/8€, www.lemanege.com
20&21.03, Maubeuge, 22h, grat // 20>23.03, Mons, L'Alhambra, 22h, grat, www.lemanege.com
Hors-Champ Michèle Noiret approfondit les liens entre spectacle vivant, chorégraphie et cinéma. Cette nouvelle production repose sur des allers-retours entre les danseurs, filmés en permanence par un caméraman sur scène, et les images projetées sur des écrans et sur le décor. Les personnages passent d'un médium à l'autre avec une rare virtuosité, bousculant les limites entre fiction et réalité. 21&23.03, Mons, Théâtre le Manège, ven, 20h, dim, 6h, 11/8€, www.lemanege.com Festival VIA 13>23.03, Mons, Maubeuge, Jeumont, Feignies, spectacles 11/8€, Pass 40€, www.lemanege.com Micro Macro, 13>23.03, Maubeuge, Espace Sculfort, lun & ven, 9h>12h, 14h>18h, sam, 10h>12h, 14h>18h, dim, 14h>18h. Nocturnes (> minuit) 18>21.03, 3€
© Nicolas Delbard
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Régler la note Pour sa dernière création, Spleenorama, Marc Lainé a embauché le songwriter Bertrand Belin. Le résultat ? Une comédie musicale. Mais à la sauce Lainé. Maniant l'art du décalage et de l'empathie, ce spectacle promet beaucoup. Plasticien de formation, Marc Lainé, arrivé au théâtre presque par hasard, envisage la culture populaire comme « chemin de traverse ». On se souvient, entre autres, de Break Your Leg !, inspiré du parcours tragique de la patineuse Tonya Harding. Ici, il est question de rock. De trahison. Et de survivance. « Je suis fasciné par l'histoire de New Order. Ils ont survécu au suicide de Ian Curtis et trouvé la puissance pour révolutionner la musique ». Sans le faire exprès, ajouterait-on. « La figure de Syd Barrett est très importante également ». Spleenorama conte les retrouvailles de trois amis d'enfance, ex-membres d'un groupe de rock, à l'occasion du suicide du quatrième. L'un d'eux est parti à Paris, a réussi. A-t-il trahi ses amis ? Peut-être. Et le défunt ? « Il est demeuré radical et fidèle à ses principes », explique Marc Lainé. Incarné par le charismatique Bertrand Belin, ce spectre vient hanter les trois quadragénaires. Le metteur en scène évoque des flash-back, du play-back, mais ne peut en dire plus à l'heure où nous mettons sous presse : « À partir du 15 février, nous répéterons durant un petit mois. Betrand composera alors les chansons. L'urgence est le maître mot de cette affaire ! ». Live fast, die young, comme disait l'autre. Thibaut Allemand Spleenorama 26.03, Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/13€, www.lephenix.fr
So Blue © André Cornellier
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Seigneur Riquet et Maître Haydn
Cher Trésor
C. Perrault/ Cie Emilie Valantin & Quatuor Debussy 08.03
Après J. Brel, P. Richard ou J. Villeret, Gérard Jugnot endosse le rôle de François Pignon, la « créature » de Francis Veber. Gentil, naïf et... un peu con, il faut bien l'avouer, Pignon est moins un personnage qu'un archétype. Ici, notre homme est un chômeur longue durée oublié de tous qui simule un contrôle fiscal pour prendre de l'importance auprès de ses anciens amis. Amorale et rocambolesque, cette pièce va cramer les planches. Et battre des records d'entrée une fois portée à l'écran ?
F. Veber
Rencontre entre la compagnie E. Valantin (des as de la marionnette) et le quatuor Debussy – qu'on ne présente plus. Ensemble, manipulateurs et musiciens mettent sur pied Riquet à la houppe, de Charles Perrault, sur une partition de Haydn. 40 marionnettes sur scène et des musiques intemporelles. Un ravissement pour les yeux et les oreilles ! Lens, La Scène du Louvre-Lens, 18h, 9/7/5€, www.louvrelens.fr
Roubaix, Le Colisée, 20h30, 45/41/37/34/8€, www.coliseeroubaix.com
So Blue Louise Lecavalier
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Elle fut l'icône de la danse contemporaine canadienne, la figure de proue de la Cie La La La Human Steps et la muse d'Edouard Lock. So Blue (2012) est souvent présentée comme sa première chorégraphie – rappelons tout de même qu'en 1982, la Montréalaise créait Non, Non, Non, Je Ne Suis Pas Mary Poppins. Mais trente ans, c'est une vie. Durant laquelle la danseuse a repoussé les limites, abattu les cloisons et les pudeurs, créant un solo qui souhaite, entre autres, dévoiler « la part obscure qui nous habite ».
BRITANNICUS
Roubaix, La Condition Publique, 20h30, 18/12/8/5€, www.laconditionpublique.com
Béthune, Le Palace, 20h, 18/14/8/7€, www.comediedebethune.org
Racine/X.Marchand
11>14.03
Britannicus, ou les trahisons en série. Celle de Néron, fils d'Agrippine, qui devient empereur au détriment de son demi-frère, Britannicus. Rivalité entre les deux frères, entre Agrippine et son fils, puis entre les conseilleurs eux-mêmes. Et la transformation d'un adolescent innocent en dictateur sanguinaire. Saluée par la critique, cette version de Xavier Marchand magnifie cette violence froide et retourne aux... Racine. Du grand théâtre classique.
Elles en rient encore © Matin Brun
Britannicus © Eric-Reignier
Histoire d'Amour
Fournisseur d'Excès
R. Jauffret / Cie Teatrocinema 12 & 13.03
O. De Benoist
La compagnie Teatrocinema s'empare d'une Histoire D'Amour (1998) de Jauffret. Dans ce roman, un professeur d'anglais qui suit une femme dans le métro. La viole chez elle. Et plus tard encore. Pour lui, elle est sans doute la femme de sa vie. Du pain bénit pour la troupe chilienne, qui s'est souvent penchée sur l'autorité et la torture mentale. Dans un décor de photographies, de BD et de vidéo, deux acteurs donnent vie à ce huis clos invraisemblable et ambigu, kafkaïen et dérangeant. Première française.
Ou le plaisir de retrouver un humoriste à particule, faussement misogyne. La preuve : dans Très Très Haut Débit, il surjouait les machos et défendait la gent masculine. Dans ce nouveau spectacle, le baron fait amende honorable et défend ces dames. Ou presque, car « tant qu'il est sur scène, il n'est pas avec sa femme » !
Douai, L'Hippodrome, 20h, 8€, www.tandemarrasdouai.eu
14.03
Hazebrouck, Ctre Cult. A. Malraux, Complet ! // 15.03, Lille, Casino Barrière, Complet !
Elles en rient encore 18>25.03
Ce classique du théâtre français fut porté à l'écran par, entre autres, F. Ozon en 2002. Un vrai Cluedo : un matin de Noël, dans une maison bourgeoise, le maître de maison est retrouvé assassiné. Le meurtrier ne peut venir de l'extérieur. Qui, des huit femmes présentes alors, est la coupable ? Mise en scène par Fabrice Gardin (Karl Marx, Le Retour, 2013), cette comédie noire fait toujours son effet.
Le Prato, c'est un peu l'AJ Auxerre du cirque. Comprendre : nombreuses sont les stars du cirque actuel (Ludor Citrik, Janie Follet, Vincent Warin...) qui ont fait leurs classes dans le théâtre du quartier Moulins, tenu par G. Defacques et P. Kapusta. Le festival ludico-féministe Elles En Rient Encore le confirme : outre de grands noms (Raphaëlle Boitel & l'Académie Fratellini, la précitée Follet...), on vous invite à découvrir Fautes de frappes, solo d'impro parfois chanté par Juliette Kapla ou Sylvie Gravagna évoquant les oubliées de l'Histoire.
Bruxelles, Th. Des Galeries, 20h15, 24>10€, www.trg.be
Lille, Le Prato, 17/13/8,50/5€/ spectacle, www.leprato.fr
Huit femmes R. Thomas/F. Gardin
12.03>06.04
théâtre
&
Le carnaval des ombres © Alessia Contu
danse
94
agenda
Le Carnaval des ombres S. Demoulin
17.03
En 1919, la Belgique héritait des Cantons Rédimés, rattachés ensuite à la Province de Liège. Vingt ans après, le Reich enrôle de force des habitants de ces Cantons dans la Wehrmacht. Des Malgré-Nous belges, donc. Demoulin conte l'histoire de ces hommes (ses oncles, son grand-père) parfois morts sous l'uniforme allemand. Avec tact, humour et une fantaisie désespérée, le comédien signe une oeuvre poignante questionnant l'identité et la transmission. La Louvière, Le Palace, 20h, Complet ! // 24&25.03, Tournai, Maison de la Culture, 20h, 16>7€, www.maisonculturetournai.com
W. Shakespeare / Y. Beaunesne 27&28.03
Yves Beaunesne transpose le mythe de l'amour empêché par la haine, les préjugés, les guerres et autres joyeusetés... en Belgique. Roméo est flamand, Juliette wallonne. Nouveaux riches flamingants contre artistos déclassés francophones... Jouée par treize comédiens issus des deux communautés et sur-titrée dans les deux langues, cette pièce est à la fois un bel hommage au répertoire et un appel à la fraternité. L'union fait la force... Non, peut-être ? Bray-Dunes, Salle Dany Boon, 19h (28.03, 20h30), 12/9/7€ , www.lebateaufeu.com
Pierre Richard III
Dom Juan Molière/G. Bouillon
Roméo et Juliette
25.03
Séducteur invétéré, génial inconstant, on ne présente plus le Dom Juan de Molière. Gilles Bouillon, qui avait déjà modernisé des classiques (Don Giovanni, par exemple), convoque douze comédiens survoltés et jubilatoires. Duos, trios, quintettes, le génie de Poquelin est respecté à la lettre, mais branché sur du 220V. Il fallait au moins ça pour transposer la force tragicomique et électrisante de cette figure éternelle. Armentières, Le Vivat, 20h, 19/14/7 €, www.levivat.net
C. Duthuron & P. Richard
29 & 30.03
C'est la troisième fois que Christophe Duthuron met en scène les souvenirs (vivaces) du Grand Blond. Le bientôt octogénaire (eh oui !) dévoile une existence épique, celle d'un aristocrate ayant rompu avec l'ennui du château familial pour se jeter dans la comédie. Seul en scène, parfois interrompu d'extraits vidéos de ses classiques, l'éternel François Pignon se raconte, tour à tour drôle ou féroce, émouvant ou hilarant. Valenciennes, Le Phénix, 20h sf dim, 16h, 35/31/28/22€, www.lephenix.fr
littérature
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La BD à l'épreuve du réel • BD et journalisme / La Revue Dessinée • BD historique / Manolis • BD réaliste et sociale / Derf Backderf
interview
La revue dessinée Franck Bourgeron Un regard moderne Propos recueillis par ¬ François Annycke Photos ¬ Couverture n°1 © Gipi / Fukushima © Emmanuel Lepage / A Matonge © Jean-Philippe Stassen / Le prix de la terre © Sébastien Vassant / Couverture du n°3 © Lorenzo Mattotti
Ils se nomment Franck Bourgeron, Sylvain Ricard, Kris, Virginie Ollagnier... En 2011, cette petite troupe a tenté une expérience médiatique originale : traiter de sujets d'actualité par le prisme de la bande dessinée. Un pari osé, mais gagné, au regard du succès remporté par cette autre conception du journalisme. Rencontre avec Franck Bourgeron, le chef de bande (dessinée, forcément). ▲
littĂŠrature
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« Les gens attendent du changement, un autre regard sur le monde » Quel est le principe de votre revue ? Au départ, nous sommes un collectif d'auteurs de bandes dessinées souhaitant dépasser le format album et, surtout, renouer avec la tradition des magazines ou des revues. Nous avons affiné notre projet avec le journaliste David Caverné. Au final, on a travaillé deux ans avant de sortir le premier numéro, en septembre 2013. Êtes-vous indépendants ? Nous avons des actionnaires, comme Gallimard. Mais nous détenons 80% du capital de la société qui gère la revue. Ainsi, nous gardons notre indépendance et le contrôle de ce que nous faisons. Comment choisissez-vous vos sujets ? Non seulement nous avons pas mal d'idées, mais les contributeurs nous
en apportent aussi. Beaucoup de journalistes ne trouvent guère de place pour des papiers d'analyse : rares sont les endroits où l'on peut développer 90 pages sur le gaz de schiste par exemple. Ici, nous jouons un peu les « marieurs » entre un journaliste et un dessinateur. Le premier propose un travail d'investigation et le second l'illustre. Mais certains dessinateurs vont directement sur le terrain. Dans le prochain p. 100
MANOLIS de Allain Glykos et Antonin (éd. Cambourakis) À l'origine, Parle-Moi De Manolis (2005), un roman signé Allain Glykos. Le Bordelais, né en 1948 d'une mère charentaise et d'un père grec, narre la vie de son paternel. À la fin de la Première Guerre mondiale, celui-ci, enfant nommé Manolis, vivait sur la côte ouest de l’actuelle Turquie, où cohabitent Grecs, Juifs, Arméniens et Turcs. Cette paix ne durera pas et le conflit gréco-turc va bouleverser sa vie –, les déplacements, les exils, les survies, les pertes. Ému par cet ouvrage, Antonin se documente énormément – en témoigne le souci du détail –, et prête son trait noir aux évènements cruels de l'Histoire. Dans ce déchaînement, se distinguent deux personnages blancs aux traits enfantins : Manolis et Nerva, une petite fille turque. « Cette invention pour la BD crée un effet miroir », dit Glykos. Ou comment une astuce graphique permet d'émouvoir autant que des mots parfaitement choisis. 192 p., 20€.
littérature
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▲
littérature
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trois fois. Le réseau des librairies spécialisées, comme des généralistes nous a tout de suite soutenus. Le recours au crowd-funding proposant aux gens de se pré-abonner fut aussi capital. On comptait 400 souscriptions avant même de commencer. Aujourd'hui, nous avons 1 800 abonnés, à raison de 150 nouveaux par mois. Enfin, je crois qu'on a bénéficié d'un bon timing. Les contenus dans la presse s'étiolent et les gens attendent du changement, un autre regard sur le monde. C'est ce que nous leur apportons.
numéro, nous publions un reportage dessiné de Julien Pollet au siège du FN. Et puis, comme dans une revue classique, certaines chroniques consacrées à la musique, au sport, sont plus « légères ». Dans quelle mesure intervenez-vous sur la réalisation graphique ? Nous avons établi une ligne graphique. Ce qui nous intéresse toujours, en tant qu'auteur de BD, c'est le rapport entre le texte et l'image. C'est pourquoi nous aidons parfois certains auteurs. Récemment, nous avons travaillé avec l'un d'entre eux pour obtenir une représentation graphique et pédagogique des institutions. Cela dit, la revue fonctionne aussi comme un laboratoire. Mieux vaut laisser un maximum de liberté pour que le sujet soit traité de manière sensible. Le succès a-t-il été immédiatement au rendez-vous ? Nous avons vendu 20 000 exemplaires de notre premier numéro qui a été édité
Ne profitez-vous pas aussi de l'intérêt pour les Mooks, à mi-chemin entre le livre et le magazine, comme XXI ou Feuilleton ? Oui, ces revues ont ouvert la voie à d'autres types de journalisme. Elles réservent d'ailleurs une belle place à la BD et à l'illustration. La différence, c'est que nous écartons tout aspect romanesque ou fictionnel. Nous nous inscrivons dans la réalité et privilégions les histoires personnelles, la vie quotidienne, les faits concrets : la Poste, le gaz de schiste, la vie dans une ferme du Nord-Pas de Calais. Autant de sujets qui sont rarement traités. Une actualité qui se déroule sur un temps long et mérite qu'on s'y arrête. À lire / La Revue Dessinée, N° 3 en kiosque le 13.03, 230 p., 15€ Rendez-vous avec des auteurs de La Revue Dessinée (Antonin, Allain Glykos et Derf Backderf) au salon du livre d'expression populaire et de critique sociale, le 1er mai à Arras. www.larevuedessinee.fr
Portrait
derf backderf
La BD réaliste et sociale
N
é à Richfield (Ohio) il y a une cinquantaine d'années, John Backderf, connu sous le pseudonyme Derf Backderf, vit de ses crayons depuis qu'il a 20 ans environ. Après une brève carrière d'éboueur, il devient journaliste et dessinateur de presse. Le trait séduit et sa série The City durera vingt-deux ans, relayée par une cinquantaine d'hebdos américains. En 2006, il reçoit le Robert F. Kennedy Journalism Award du dessin politique. Mais l'idée de réaliser des albums le titille. Après quelques passages dans des revues underground - « mais aux États-Unis, toute la bande dessinée est underground ! » modère-t-il - l'Américain signe un premier essai remarqué, Punk Rock & Trailer Parks, relatant l'univers punk rock de sa jeunesse. Pourtant, ses succès ne parviennent pas à effacer l'histoire qui l'obsède. Celle de Jeffrey Dahmer (1960-1994), serial killer assassiné dans sa cellule où il purgeait ses 957 ans de prison. Ce décès constitue l'élément déclencheur.
« Je devais faire ce livre ». Durant vingt ans, Derf tente de porter cette histoire sur la planche à dessin. Difficile, quand on a été le camarade du « cannibale de Milwaukee ». Le binoclard se documente : rapports de police, photos-souvenirs, articles de presse... De quoi retranscrire la période, saisir le moment qui a mené son camarade au premier des 17 meurtres. De cette catharsis est née une œuvre étonnante et très cinématographique : on assiste dans le détail à l'enfermement dans la frustration, l'absence de mots, les gestes irréversibles. Une plongée dans la folie humaine dont la pirouette finale rappelle que nous ne sommes peutêtre pas si éloignés de ce « monstre ». À lire / Mon ami Dahmer, 224p., 20€ Punk Rock et mobile homes, 160p., 19€, aux éd. Cà et Là
chroniques
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GUY DELIsLE Le Guide du mauvais père, T.2 (Delcourt/Shampoing) Guy Delisle est surtout célèbre pour ses Chroniques : d'Israël à la Birmanie, de Shenzhen à Pyongyang (notre préférée), ce Québécois consigne ses petites observations. Dénués de tout occidentalo-centrisme – ou presque – ses albums permettent de mieux comprendre ces sociétés lointaines ou, tout au moins, de s'en faire une idée, puisque l'auteur ne se pose jamais en expert. Un autre domaine dans lequel Delisle n'est pas un expert, c'est l'éleva.., pardon, l'éducation des enfants. Car ce Guide (qui n'en est pas vraiment un) tient plutôt des souvenirs (réels ou imaginaires) de ce père de famille. Deux exemples : son fils a peur des requins mais finit encore plus traumatisé après une discussion avec son père. Le môme souhaiterait un ouvrage sur la Renaissance, mais son paternel le décourage (« les livres, souvent, c'est un peu chiant ») et lui offre une BD à la place. On en passe... Toujours aussi sommaire, le trait rend justice aux expressions (navrées, le plus souvent) des deux lardons, quand le mauvais père, armé d'un culot et d'une incroyable mauvaise foi, ne se rend absolument pas compte de son potentiel de nuisance. Un très bon en-cas, quoiqu'un peu bref, en attendant des nouvelles du Canadien. 190p., 9,95€. Thibaut Allemand
RON KOVIC Né un 4 juillet (13e Note) Après Tim O’Brien et Ken Anderson, 13e Note dévoile un autre récit de vétéran du Vietnam. Pas le moindre, puisque Né un 4 juillet a notamment inspiré le film (homonyme) d'Oliver Stone ou Bruce Springsteen (Shut Out The Light, la face B de Born In The USA). Cette autobiographie brute et poignante fut rédigée en un mois, trois semaines et deux jours, durant l'automne 1974. Dès le premier chapitre, nous sommes plongés en plein enfer. Le retour au pays s’avère douloureux : paraplégie, hôpitaux miteux, rejet de la société… Lente, la reconstruction passe, depuis 40 ans, par un engagement pacifiste sans limite qui vaudra à Ron Kovic douze arrestations. Un héros de la guerre ? Non, une victime. Héroïque malgré elle. 208p., 19,90€. Elsa Fortant
livres HÉCTOR TOBAR Jaguar (Belfond) Un toit de fortune, sous un échangeur autoroutier. L’existence d’Antonio est là, écrasée par l’horreur du passé, effacée derrière le béton de Los Angeles. Dix ans plus tôt, au Guatemala, la junte militaire tente d’éradiquer la menace communiste. Le Jaguar tatoué sur le bras du sergent Longoria symbolise la puissance et la terreur de son escadron de la mort. La famille d’Antonio figure sur la liste des Jaguars. Héctor Tobar vise là où les frontières se brouillent, où les histoires se répondent. Ce journaliste américain détaille la psychologie d’une vengeance, la mécanique froide d’un militaire, la vie des indigents. Parfaitement réglée, la narration déploie des personnages complexes et nous projette dans la folie de la dictature guatémaltèque et des émeutes de L.A. Une gifle. 430p., 22€. Julien Bourbiaux
ARNAUD CALVI Bimbo (Seuil, Coll. Cadre rouge) Un collègue suicidaire, un Slave menaçant, une compagne à vomir. Les personnages s’entrechoquent de façon quasi aléatoire, au gré des ersatz d’aventures vécues (ou imaginées) par le « héros ». En fait, cela importe peu. Les éléments narratifs, qui frôlent parfois le fantastique, ne sont ici rien de plus que des jalons destinés à baliser les élucubrations rances et sans fin du narrateur, un prof de français repéré par ses collégiens en entrant dans un club de strip-tease. Martyrisant brillamment la ponctuation, capable d’entamer une phrase sur du velours pour l’achever brutalement sur une grossièreté, ce premier « roman » fait jaillir avec cynisme les grandes hypocrisies et petites crises existentielles qui rythment l’ennuyeux quotidien. 160 p., 16€. Marine Durand
LOLA LAFON La Petite Communiste Qui Ne Souriait Jamais (Actes Sud) En 1976, lors des J.O. de Montréal, un lutin en justaucorps blanc entre dans l'Histoire : la gymnaste Nadia Comaneci, 14 ans, obtient la note maximale : 10/10. Une première dans sa discipline. L'ex-danseuse Lola Lafon qui a grandi à Sofia, Bucarest et Paris, remonte le fil et se penche sur la personnalité de la jeune fille. Elle ausculte sa détermination, sa résistance à la douleur et le système qui la porte : durant la Guerre Froide, chaque bloc impose ses performances via le sport et la Roumanie de Ceausescu tenter de se faire une place entre les deux puissances. Quel meilleur instrument de promotion que l'incroyable Nadia ? Entrecoupé d'échanges entre l'auteure et l'ancienne gymnaste, ce récit captivant relève du document et du roman. Un très bel exercice d'écriture ! 320p., 21€. Madeleine Bourgois
chroniques
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MR OIZO Wrong Cops BO (Ed Banger Records/Because)
La bande originale protéiforme du dernier long-métrage de Quentin Dupieux (voir p. 48) est également un best of totalement subjectif de son double musical, Mr Oizo. Schizo, l’Oizo ? Un peu. Mais surtout auteur d’une œuvre transversale notable - voire géniale - que l’hyperactif dissimule derrière un je m’en-foutisme parfois outrancier. Preuve que Monsieur sait exactement ce qu’il fait. De ses 17 ans de carrière, le prolifique DJ conserve 21 tracks fous qui n’ont rien perdu de leur capital jouissif. Instantanément, on pense à l’interplanétaire Flat Beat, absent ici. Et pourtant, seul Positif égale le succès de ce tube. Suivent alors des morceaux plus confidentiels pour les non-initiés mais qui dévoilent la technique et les influences de l’animal : le jeu sur le rythme de Camelfuck, le P-Funk de Cut Dick, ou encore le bigarré Solid, récente collaboration avec Marilyn Manson (comédien dans le film). La patte Oizo, c'est aussi cette science du titre, reposant sur des jeux de mots (Polocaust, Lars Von Sen). Le producteur affirme pourtant ne pas cultiver le calembour, cherchant simplement des noms reconnaissables. Surréaliste ? À vous de voir. Elsa Fortant
LA SOURIS DÉGLINGUÉE Sur Les Toits Du Palace (Clandestine Records/IRFC 2014) La Souris Déglinguée, pour qui s’intéresse un tant soit peu sérieusement au rock à guitares de notre chère Nation, a traversé quelques décennies et définitivement marqué le paysage. Quiconque en douterait est prié de réécouter le premier album du groupe, qui depuis 1981, fait l'objet d’un véritable culte - évidemment mérité. Personne comme Tai-Luc n’a à ce point conté les tribulations des souscultures émergentes du Paris du début des années 80. LSD, ce sont des lieux, une époque et les personnages qui y vivent. En bref : un univers. Avec trente ans de recul et de nouvelles chansons, Tai-Luc revisite ces marges sans jamais fuir l'introspection. Un retour sensible et touchant sur son passé. Un pavé de plus dans la grande muraille lysergique. Sylvain Coatleven
disques EAGULLS
WhoMadeWho
Eagulls (Partisan Records/ PIAS)
Dreams (Darup Associates/ A:larm Music/ Differ-Ant)
Ces derniers mois, on a frôlé l'overdose de soleil et de coolitude californienne (Best Coast et consorts). Gloire soit donc rendue à ces cinq lads de Leeds : il devenait plus que nécessaire de revenir à une forme de rock plus revêche que souriant. Et délaisser plages et planches pour retrouver la grisaille. Bref, il était grand temps de revenir aux fondamentaux du punk rock, de redécouvrir les guitares violentes, les batteries martiales et les textes angoissés. Sous forte influence Killing Joke et Cure première période, Eagulls s’attelle merveilleusement bien à cette tâche. Sombres, rugueux et rageurs, ces dix titres s’imposent comme la meilleure nouvelle de ce début d’année. Eagulls, ou comment se réjouir d'un typhon en plein été. Sylvain Coatleven
Mais où est passé WhoMadeWho ? Question désespérée après l’écoute de ce sixième LP bien mal nommé. S’autoproduire pour tout maîtriser de A à Z semblait louable. Vouloir, selon leurs mots, « faire de la musique sérieuse » inquiétait un peu plus. Inutile de chercher ici le grain de folie de leurs précédents essais – quoique subtilement effacé sur Brighter (2012). Et c'est bien le problème, Dreams est propre sur lui, évite soigneusement le contre-pied ou le petit virage bancal pour dérouler une électro-pop pompeuse, formatée et, comble du comble, moyennement dansante. On ne vouera pas le trio danois aux gémonies pour un disque raté, mais disons que WhoMadeWho est désormais attendu au tournant. Doux euphémisme. Clément Perrin
BECK Morning Phase (Capitol Records/Universal) Six ans après Modern Guilt, Beck fait son grand retour. Ce treizième album propose autant de titres aux accents parfois lyriques et envoûtants. Le freluquet a vécu une passe difficile mais souhaite s'en sortir, d'où ces chansons acoustiques, fines, justes et posées sur un rythme léger – peut-être trop. Reste ces harmonies vocales, lumineuses et enjouées. Après plusieurs écoutes, on s'imagine sillonner les routes d'Amérique bercé par une brise apaisante (Turn Away). Bénéficiant de la présence de Joey Waronker, Roger Joseph Manning JR. ou Jason Falkner, Morning Phase exprime autant de (douce) mélancolie que d'optimisme. De l'influence des Byrds à celle de Crosby, Stills & Nash, l'interprète de Loser a trouvé le parfait compromis entre folk et rock, à l'image de son prédécesseur spirituel Sea Change (2002). Lina Tchalabi
agenda
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concerts Sam 01.03 Fred Deltenre Charleroi, Le Vecteur, 16h, 5e/ Gratuit Hippocampe Fou + Veence Hanao Mons, Alhambra, 19h30, 11/8e BirdPen Bruxelles, Botanique/Witloof, 20h, 17/14/11e Howe Gelb + Françoiz Breut... Bruxelles, Atelier 210, 20h, 16/13e Nina Persson (The Cardigans) Anvers, Arenbergschouwburg, 20h15, 20/17e Les Enchanteurs : Soviet Suprem Evin-Malmaison, Salle Dutilleul, 20h30, 10/8/6e AGE OF LOVE : Jones et Stephenson + Phi Phi + Lil’ Louis + Ron Trent + Franky Jones + Jan Van Biesen + Jaydee + Sven Van Hees + Dj Prinz... Gand, Artcube, 22h, 45/29/23e TLP + GRAZZHOPPA + L DOPA Courtrai, De Kreun, 22h, 13/10e Len Faki + A. Brehme + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 15/8e Star Warz : 10 Years of Shogun Audio Gand, Vooruit, 23h, 19/16,75e
Dim 02.03 Le Masquelour Blouse Band Dunkerque, Les 4 Ecluses, 12h30, Gratuit CLOUD CONTROL Lille, La Péniche, 18h, 12/11/10e Indochine Douai, Gayant Expo, 20h, 40e
London Grammar Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, Complet ! Midlake + Israel Nash Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25e
pour violoncelle et orchestre Debussy Prélude à l'après-midi d'un faune... Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45> 5e
Washington Dead Cats Lille, El Diablo, 20h, 6e
Moderat + Anstam Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !
Young Fathers Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e
Suarez Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h30, 27,5e
Howe Gelb Gand, Handelsbeurs, 20h15, 24/21,5e
Jeu 06.03
Lun 03.03 Neneh Cherry with Rocketnumber9 Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Motorama Gand, Café Vidéo, 21h, Gratuit
Mar 04.03 Bernard Lavilliers Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 49/44/39e FATHER MURPHY + UNIK UBIK Lille, La Péniche, 20h, 10/9/8e Les Enchanteurs : Fred Oslo Angres, Le Moulin de Tous, 20h30, 10/8/6e DARKSIDE Anvers, Trix, 19h30, Complet !
Mer 05.03 Ben Webster in Europe + The Daisy/Rempis Duo Charleroi, Le Vecteur, 20h, 8e (repas), 5e (projection+concert) Didier Super Chênée, Centre Culturel, 20h, 15/12e La mer... : Wagner Le Vaisseau fantôme, Ouverture Lalo Concerto
Vernissage ‘TAROT et CHIMERES’ by MATTHIEU HACKIERE / Concert : THE HANGED MAN AND THE MOON Lille, L'Aéronef, 19h, Gratuit Dan Le Sac Vs Scroobius Pip Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 16/13/10e FALL OUT BOY... Lille, Le Zénith, 20h, 39,40e La mer... : Wagner Le Vaisseau fantôme, Ouverture Lalo Concerto pour violoncelle et orchestre Debussy Prélude à l'après-midi d'un faune... Fruges, Salle des sports JeanLuc Rougé, 20h, 10/7e Pendentif + Faune Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e DIDIER SUPER Arlon, L'Entrepôt, 20h30, 18/16e Les Enchanteurs : Mes Souliers sont rouges Cambrin, Salle des fêtes, 20h30, 12/10/8e Nick Lowe Anvers, De Roma, 20h30, 22/20e
Ven 07.03 Emmanuel Moire Liège, Le Forum, 20h, Complet !
Retrouvez l’intégralité des concerts sur
FRANZ FERDINAND Bruxelles, Forest National, 20h, 36e La mer... : Wagner Le Vaisseau fantôme, Ouverture Lalo Concerto pour violoncelle et orchestre Debussy Prélude à l'après-midi d'un faune... Bruxelles, Bozar, 20h, 40/32/20/10e MODERAT + Anstam Lille, L'Aéronef, 20h, 27,50e/ pass avec After la Péniche : 33,80e Kompania Etterbeek, Espace Senghor, 20h30, 14/13/12e A CLEAN KITCHEN IS A HAPPY KITCHEN + LOCUS CONTROL Dixmude, 4AD, 20h30, 10/8/6e
www.lm-magazine.com
GEPPETTO & THE WHALES + AND THEY SPOKE IN ANTHEMS Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10/8/5e La mer... : Wagner Le Vaisseau fantôme, Ouverture Lalo Concerto pour violoncelle et orchestre Debussy Prélude à l'après-midi d'un faune... Loos-en-Gohelle, Salle Varet , 20h, 5//gratuit Les Mijolettes + Tamara Suffren La Louvière, CCRC, 20h, 15/13e Les Tit ‘Nassels Liévin, Centre Culturel Arc-EnCiel, 20h, 13/11/8e The Jezabels Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e
BONOBO Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 27e DEERHOOF + Vin Blanc... Courtrai, De Kreun, 20h, 17/14/11e Soulfly Louvain, Het Depot, 20h, 26/23/21e Tinariwen Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26e
Lun 10.03 Brad Mehldau Solo Bruxelles, Bozar, 20h, 30/25/20e Disclosure Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !
CONGER! CONGER! + VATICAN Lille, La Malterie, 20h30, 8/6e
La mer... : Wagner Le Vaisseau fantôme, Ouverture Lalo Concerto pour violoncelle et orchestre Debussy Prélude à l'après-midi d'un faune ... Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45>5e
Alice Francis Béthune, Le Poche, 20h45, 7/5/4/3e
Cruz control Mouscron, C.C. Marius Staquet, 20h30, 12/10/8e
Laibach Louvain, Het Depot, 20h, 21/18/16e
WhoMadeWho Bruxelles, Beursschouwburg, 22h, 12/10e
Les Enchanteurs : Malicorne Mazingarbe, Salle Henri Darras, 20h30, 12/10/8e
Mar 11.03
CHRIS PUREKA + SIJOSAÏ Lille, La Malterie, 20h30, 9/7e Les Enchanteurs : Didier Super Rouvroy, Salle des fêtes, 20h30, 10/8/6e
TALE OF US + APM001... Lille, Le Magazine, 23h, 12e
Sam 08.03 SEPULTURA + LEGION OF THE DAMNED + FLOTSAM et JETSAM + MORTILLERY Anvers, Trix, 18h30, 28/26e Emily Jane White Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 16/13/10e Fanfarlo Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e
Bush Chemists + Ackboo + Charlyx Bround Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 12/9e
Deerhoof Bruxelles, VK*, 21h, 18/15e
Voce, en hommage à John Tavener Lille, Nouveau Siècle, 12h30, 8/5e
Dominic Sonic Lillers, L'Abattoir, 21h, 8/6e
Soirs de Navrance #5 Lille, L'Aéronef, 19h, Gratuit
Loco Dice + Hector... Bruxelles, Fuse, 23h, 18/13e
Christophe Maé Lille, Le Zénith, 20h, 65/59/49/39e
Dim 09.03 CHRISTIAN VASSEUR Marcq-en-Barœul, Théâtre de la Rianderie, 11h30, Gratuit Emily Jane White Gand, Vooruit, 19h, 16/13e
La mer... : Wagner Le Vaisseau fantôme, Ouverture Lalo Concerto pour violoncelle et orchestre Debussy Prélude à l'après-midi d'un faune...
agenda
108
concerts Quiévrechain, Complexe sportif de la Corderie, 20h, 15/12/7e Deerhoof + The K. Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 12/9e Les Enchanteurs : Loïc Lantoine Leforest, Salle des fêtes, 20h30, 12/10/8e
Mer 12.03 Admiral Freebee Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Christophe Maé Lille, Le Zénith, 20h, 65>39e LE PRINCE MIIAOU... Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e PERSIAN RABBIT RELEASE PARTY+ BOBIK OU SACHA Lille, mF Wazemmes, 20h, 3e RUFUS WAINWRIGHT Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 39/35/31e The Veils Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 19/16/13e
Jeu 13.03 Cole Porter Festival Bruges, Concertgebouw, 19h, Grat.
Thomas Azier + Owlle Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Les Enchanteurs : Moran et Dimoné Bully les Mines, Espace F. Mitterrand, 20h30, 10/8/6e Anne PACEO QUINTET: "Yôkaï" Dunkerque, Jazz Club / Pole Marine, 20h45, 15/12/7e
Ven 14.03 Django Lassi Calais, Le Channel, 19h, 21h30, Gratuit Aben Hamet Tourcoing, Théâtre R. Devos, 20h, 45/43/35/33/10e BAL AH BON ? : EVI + PLAYOLSKOOL + SÉBY DEVITO Lille, La Péniche, 20h, 4e Cults Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e David Lynch presents Chrysta Bell Gand, Vooruit, 20h, 16/14,75e Fauve Lille, L'Aéronef, 20h, Complet !
UNCLE ACID AND THE DEADBEATS + THE OATH Anvers, Trix, 19h30, 18/15e
Fest. Lezarts Urbains 2014 : Melanin 9, Froesheleirs, 87BUJ, MC Metis, Open Stage des P'tits Belges Bruxelles, Botanique/Witloof, 20h, 5e
BETH HART Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h, 49,90e
Highway Jack + I Do I Do Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7/4e
LA CLASSIQUE : AZIZI GIBSON + SHUNGU + AORA VS HIGH C Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e
Philip Catherine plays Cole Porter Bruges, Concertgebouw, 20h, 21e
SEUN KUTI & Egypt 80 + BUKATRIBE Lille, L'Aéronef, 20h, 16/11/8e
SAMBA DE LA MUERTE Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e
THOMAS FERSEN Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 38/32/26e
THE GO FIND + Say Say Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10/8/5e
The Notwist + Compact Disk Dummies + Jel Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/16e Brussels Jazz Orchestra Mouscron, CC Marius Staquet, 20h30, 22/20/18e LAVVI EBBEL + FLESH et FELL Dixmude, 4AD, 20h30, 13/11/9e Les Enchanteurs : Elmer Food Beat + Le Pied de la pompe Houdain, Salle Edgar Cailliau, 20h30, 12/10/8e NAAMA N + BIGA*RANX Oignies, Le Métaphone, 20h30, 16/13e Anne PACEO QUINTET : "Yôkaï" Dunkerque, Jazz Club de 20h45, 15/12/7e BAL PANTHERE : JAGUAR + DRIVING DEAD GIRL + DJ BARNABY STREET Lille, maison Folie Wazemmes, 21h, 12/8e Seun Kuti & Egypt 80 Gand, Vooruit, 21h, 21,75e, 10/7e YELLOW CLAW Anvers, Trix, 22h, 17/14e Dick DIAMONDS + JEAN DU RÊVE + MATTHUS RAMAN Lille, Le Magazine, 23h, 5e
Sam 15.03 Cole Porter Festival Bruges, Concertgebouw, 15h, divers, Gratuit NOISEFEST V : CONSUMER ELECTRONICS + DAVE PHILLIPS + PUCE MARY... Courtrai, De Kreun, 16h59, 15/12/9e Festival Lezarts Urbains 2014 : Les Sages Poètes de la Rue, Tonino... Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 11/8e
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La Nuit du Slam Lille, maison Folie Moulins, 19h30, 5,5/3,5e Beth Hart Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e SANDRINE PIAU Arras, Théâtre, 20h, 16 à 25e The Four Tops et Temptations Ostende, Kursaal, 20h, 65/60/50e Vanilla Fudge Lille, Le Splendid, 20h, 32,90e Château Brutal + Twin Twisters + Dirty Primitives Béthune, Le Poche, 20h30, 5e FREDRIKA STAHL + AN PIERLE Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e L'entourage + Seth Gueko Charleroi, Le Coliseum, 20h30, 23/18e Les Enchanteurs : Tété + Oldelaf Houdain, Salle Edgar Cailliau, 20h30, 12/10/8e Little Trouble Kids et Special Guests Dixmude, 4AD, 20h30, 10/8/6e The Animals et Friends Liévin, Centre Culturel Arc-EnCiel, 20h30, 20/18/15e Django Lassi Calais, Le Channel, 21h30, Gratuit CLAUDE VON STROKE Lille, Le Magazine, 23h, 8e
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FOREST SESSION #5 Lille, L'Aéronef, 18h, 8/4/3e Les Enchanteurs : Zachary Richard Sallaumines, Maison de l'art et la communication, 18h, 16/14/12e
Mer 19.03 AMADEUS : PAIRS SPIRITUELS // CYCLE SOLISTES DU CONCERT D’ASTRÉE Lille, Opéra, 18h, 9/5e
MF DOOM Gand, Vooruit, 19h30, 30/27,75e
BEING HUMAN BEING (Erik Truffaz + Murcof + Enki Bilal) Valenciennes, Le Phénix, 20h, 28/26/22/15e
Joan As Police Woman Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28e
FFF + bodybeat Lille, L'Aéronef, 20h, 22/18/14e
Lun 17.03
Frank Turner & The Sleeping Souls… Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e
ALAN KELLY GANG + EDDI READER Grenay, Espace Culturel Ronny Coutteure, 19h, 18/9e DAN LE SAC VS SCROOBIUS PIP + GYM Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e
Mar 18.03 ARCHITECTS + STRAY FROM THE PATH + NORTHLANE Anvers, Trix, 19h, 20/18e CHVRCHES + SOAK Anvers, Trix, 19h, 21e Aben Hamet Tourcoing, Théâtre Municipal R. Devos, 20h, 45/43/35/33/10e Brad Mehldau Trio Amiens, Maison de la Culture, 20h30, 15 à 31e
Dim 16.03
Florent Marchet Lens, Le Colisée, 20h30, 15/11,30e
Aben Hamet Tourcoing, Théâtre Municipal R. Devos, 15h30, 45/43/35/33/10e
MATHIAS DELPLANQUE & E’JOUNG-JU Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e
ERIC DUBOIS TRIO Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 17h, 7/4e
JAM SESSION Dunkerque, Jazz Club, 20h45, Gratuit
LEAN LEFT Courtrai, De Kreun, 20h, 15/12/9e Les Femmes S'en Mêlent : Dena Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e The Notwist + Jel Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 26/23/20e Geppetto & The Whales Gand, Handelsbeurs, 20h15, 17/14e DANAKIL + PHASES CACHEES Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e
Jeu 20.03 DJ MAXIM LANY Mons, Alhambra, 19h30, 6e Earl Sweatshirt Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 24e KAAS CHANTE PIAF Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h, 54/51/48/45e L'hapax Lille, mF Moulins, 20h, 5e LOU MARCO Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e
agenda
110
concerts Les Femmes S'en Mêlent : ANNA AARON Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e Anthony Joseph Anvers, De Roma, 20h30, 16/14e Les Enchanteurs : Susheela Raman Hénin-Beaumont, L'Escapade, 20h30, 16/14/12e Thomas Azier + Compact Disk Dummies Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 11/6e Tonycello + Simon fache Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e Ayo Boulogne sur Mer, Espace de la Faïencerie, 21h, 8/6/5e
Ven 21.03 Carte blanche au KIKK festival Mons, Alhambra, 19h30, 11/8e
Sophia + New Found Land Courtrai, De Kreun, 20h, 22/19/16e Tchaïkovski Symphonie n°2, "Petite-Russienne" Taneïev Saint-Jean Damascène... Lille, Nouveau Siècle, 20h, 40 à 5e Veence Hanao La Louvière, Le Palace, 20h, 13/11e Anne James Chaton + Arnaud Eeckhout… Charleroi, Le Vecteur, 20h30, 5/1,25e/gratuit Les Enchanteurs : Mathieu des Longchamps et Damien Delisle Bruay-La-Buissière, Le Temple, 20h30, 3 à 8e Les Enchanteurs : Paris Combo Noyelles-sous-Lens, Centre Culturel Evasion, 20h30, 16/14/12e
Sam 22.03 La Grande Java TRANSFRONTALIÈRE DU PRINTEMPS (avec Dextrobolus, Laisné Trio, Mr Rijselsior, le Vetex, Thérain-Dille, etc.) Lille, maison Folie Moulins, 12h, Gratuit Festival Lezarts Urbains 2014 : Lino et Ärsenik... Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h, 15/12e Tribute to... Claude François Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 19h30, 55/50e Disclosure (Live) Lille, L'Aéronef, 20h, Complet ! TAL Lille, Le Zénith, 20h, 39e TUXEDOMOON Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 17/14/12/9/5e
Barbara Carlotti Armentières, Le Vivat, 20h, 19/14/7e
THE SORE LOSERS + HORSES ON FIRE Dixmude, 4AD, 20h30, 12/10/8e
Tchaïkovski Symphonie n°2, "Petite-Russienne" Taneïev Saint-Jean Damascène... Loon-Plage, Salle Coluche, 20h, 8/4e
Bastien Bastienne Octuor à vent Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/17/13e
Sophie Maurin Béthune, Le Poche, 20h45, 7/5/4/3e
The Cherry Bones + Calypso Lille, El Diablo, 20h, 6e
EMILY LOIZEAU & OLIVIER KOUDOUNO Lille, L'Aéronef, 20h, 23/18/12e Neeka Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15e
Ebo Taylor Eeklo, N9, 21h, 16/13/7e MUSTANG + LUTUCRU Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7/4e
CABARET SAINT-GERMAINIaross + DES FOURMIS DANS LES MAINS Liévin, Centre Culturel Arc-EnCiel, 20h30, 13/11/8e
VANILLA FUDGE Verviers, Spirit Of 66, 21h, 27e
SOIREE L'R DE RIEN : carte blanche à Laurent Rigaut Lille, La Malterie, 20h30, 7/5e
Magnetic ensemble Calais, Le Channel, 21h15, Gratuit
Saule + Titan Parano Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h30, 9/7/6e
ROGER MOLLS Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, 7/5e
Cleankillah + Aya Mista et Mr Samy Lille, Le Biplan, 22h, 6e
Drôles d’oiseaux quartet Calais, Le Channel, 21h15, Gratuit
STRONG COME-ONS + CAYMAN KINGS Lille, El Diablo, 20h, 5e
JEFF MILLS + FARAÏ Lille, Le Magazine, 22h30, 15e
ALABASTERDS + ASHES WARRIORS Lille, Le Biplan, 22h, 6e
Play@Home #8 Scylla + MC Metis + 17 Ans d'Avance Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 5e
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Dim 23.03 ICTUS Bruxelles, Bozar, 15h, 16e LES DESSOUS D'UNE CANTATRICE : Donatienne Milpied Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 18h, 7/5e THE BLUE ANGEL LOUNGE + SHADOW MOTEL Lille, La Malterie, 20h30, 8/6e
Lun 24.03 Anna Calvi Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23e BEN L’ONCLE SOUL Lille, L'Aéronef, 20h, 28/20/15e Hooverphonic Louvain, Het Depot, 20h, Complet ! Sun Kil Moon Gand, Handelsbeurs, 20h15, 21/19,5e Drums 'n Guns Gand, Café Vidéo, 21h, Gratuit
Mar 25.03 Milos Popovic Charleroi, Palais des BeauxArts, 12h30, 6/5e Gregory Porter Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet ! MØ Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e POPA CHUBBY Verviers, Spirit Of 66, 20h, 20e Status Quo Anvers, Lotto Arena, 20h, 57/43e Leyla Mc Calla + guy davis + harrisson Kennedy Wavrin, CC Le Moulin, 20h, Grat
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Zita Swoon Group Hasselt, Cultuurcentrum, 20h, 22e Intergalactic Lovers Gand, Handelsbeurs, 20h15, Complet ! ANDRÉ CECCARELLI : “À NOU(S)GARO” Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h30, 17/14e Les Enchanteurs : Danyèl Waro Marles-les-mines, Salle Gentils, 20h30, 12/10/8e
Mer 26.03 CONTRASTES (MEZZOSOPRANO SOPHIE HARMSEN / PIANO MARCELO AMARAL) Lille, Opéra, 18h, 9/5e STUCK IN THE SOUND + TWO BUNNIES IN LOVE + OKAY MONDAY Lille, L'Aéronef, 19h30, Gratuit DE PALMAS Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 42/38/34e Pierre Perret Liège, Le Forum, 20h, 58/52/44e SPLEENORAMA Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/13e CroCus + The Ames Room Lille, La Malterie, 20h30, 7/5e
Jeu 27.03 Jelly Bellies Mons, Alhambra, 19h30, 6e SCHOOL IS COOL Anvers, Trix, 19h30, 18/15e Bertrand Dubedout & Jean Geoffroy Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 8e DISIZ + MC METIS Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10e FELIX KUBIN + NHK'KOYXEN... Gand, Vooruit, 20h, 18/15e Intergalactic Lovers Louvain, Het Depot, 20h, 19/16/14e Jam in the band Lille, maison Folie Moulins, 20h, 5e La Fouine Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 32e Les Femmes S'en Mêlent : Cults + Emily Jane White + Chantal Acda Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e Les Femmes s’en Mêlent #17 : La Luz + Angel Olsen Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 10/7e
Felix Kubin et Miaux Bruxelles, Beursschouwburg, 20h30, 12/10e
Les Enchanteurs : La Fanfare en Pétard + At Home Cuivré Divion, Salle Carpentier, 20h30, 12/10/8e
Maxime Le Forestier Roubaix, Le Colisée, 20h30, 47/43/39/36/8e
MORKOBOT + ED WOOD JR. Lille, La Malterie, 20h30, 8/6e
Zëro + Vatican Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e
Booka Shade Gand, Vooruit, 21h, 26/23,75e
Keziah Jones Louvain, Het Depot, 20h33, 25/22/20e
Ven 28.03
Black Lizard Gand, Café Vidéo, 21h, Gratuit
Intergalactic Lovers Mons, Alhambra, 19h30, 11/8e
agenda
112
concerts Twin Forks Bruxelles, Botanique/Rotonde, 19h30, 17/14/11e DOCTOR FLAKE Lille, La Péniche, 20h, 12/11/10e HOLLYSIZ + BEAU FUN Lille, L'Aéronef, 20h, Complet ! Jack Of Heart + Scrap Dealers Bruxelles, Madame Moustache, 20h, 5e SONATES EN TRIO ŒUVRES DE BRITTEN, FAURÉ, DEBUSSY Lille, Opéra, 20h, 2/17/13/8/5e Lady Linn Gand, Handelsbeurs, 20h15, 20/17e Les Enchanteurs : Parabellum + Mell Carvin, Salle des fêtes, 20h30, 12/10/8e ORCHESTRE INTERNATIONAL DU VETEX Grenay, Espace Culturel Ronny Coutteure, 20h30, 12/6e
Sam 29.03 REVEREND BEAT-MAN / MC GAFF E et MY BAD SISTER OvO / MR MARCAILLE / TZII (dj) Lille, L'Aéronef, 19h, 11e / Gratuit abonnés
Steve Mackay Feat. Bunktilt + [SIC] Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e
Fred and the Healers Bruxelles, Madame Moustache, 20h, 10e
WOLFGANG A. l’Orchestre National de Lille - Région Nord - Pas de Calais Günter Pichler, direction Iddo Bar-Shaï, piano Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 22/18/3e
HK ET LES DÉSERTEURS Roubaix, La Condition Publique, 20h, 12/8e
Imperial Orphéon Calais, Le Channel, 21h30, Gratuit
Hooverphonic Gand, Capitole, 20h, 79>39e
FOOLS FERGUSON + SELENIAN Lille, Le Biplan, 22h, 6e
Julien Doré Liège, Le Forum, 20h, 37,5>27,5e
Dim 30.03
GRUPPO DI PAWLOWSKI Anvers, Trix, 19h30, 17/14e
LOUIS CHEDID Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 40/37/33e Obsolete Radio Lille, maison Folie Moulins, 20h, 4e
Percussions : Guem Oignies, Le Métaphone, 20h30, 14/11e, Pass 2 soirs : 20/17e
Zap Mama Ostende, CC De Grote Post, 20h, 18/16e
Peter Von Poehl Lens, Médiathèque Robert Cousin, 20h30, 9,10/6,80e
GEPETTO & THE WHALES + WOLVES & MOONS Dixmude, 4AD, 20h30, 13/11/9e
The K Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h30, Gratuit !
Oignies, Le Métaphone, 20h30, 16/13e Pass 2 j. : 20/17e
Intergalactic Lovers Namur, Belvédère, 20h30, 12e
WOLFGANG A. l'Orchestre National de Lille Denain, Théâtre de Denain, 20h30, 21,8e
L'OR NOIR (Arthur H et Nicolas Repac) Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e
Laura Cahen Béthune, Le Poche, 20h45, 7/5/4/3e
LAURA CAHEN Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 5e
Shock corridor Calais, Le Channel, 21h30, Grat GENERAL TOM POUCE... Lille, Le Biplan, 22h, 6e
Les Enchanteurs : AqMe + Undercry Arras, Le Pharos, 20h30, 3 > 8e
FRED HUSH Lille, Le Magazine, 23h, Gratuit
Percussions : Les tambours du bronx
Tetraktys Quartet Bruxelles, Bozar, 11h, 10e ORCHESTRE NATIONAL DE BELGIQUE Bruxelles, Bozar, 14h30, 40/32/20/10e Alex Hepburn Bruxelles, Botanique/ Orangerie, 19h30, 20/17/14e DEZ MONA Anvers, Trix, 19h30, 19/16e Puggy Gand, Vooruit, 19h30, 17/15,75e
Lun 31.03 Broken Bells Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 25e Geppetto et The Whales Louvain, Het Depot, 20h, 13/11/10e WOLFGANG A. l’Orchestre National de Lille - Région Nord - Pas de Calais Günter Pichler, direction Iddo Bar-Shaï, piano Lille, Nouveau Siècle, 20h, 40 à 5e
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le mot de la fin
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Escif - Originaire de Valence, mais ravalant les façades du monde entier, ce mystérieux artiste ou collectif, présenté abusivement comme un nouveau Banksy, n'a pas fini de surprendre les passants. Derrière un trait simple, il manie l'ironie et le sous-texte politique ; donnant un nouveau sens à des quartiers parfois moroses. Bluffant ! www.flickr.com/people/escif/photosof et www.streetagainst.com