Hors-série Libération : Le printemps des rêves arabes

Page 1

ÉTÉ 2011 • 3 €

JOHANN ROUSSELOT

Le printemps des rêves arabes

HORS-SÉRIE

Tunisie, Egypte, Libye, Syrie... Le récit de ces révolutions qui ont changé le visage du Maghreb et du Proche-Orient. LIBÉRATION HORS-SÉRIE Printemps arabe n° 113 H du jeudi 23/06/11 à 3 € •BEL/LUX 3.80 € - ALL/ESP/ITA/GR/PORT (Cont) 4 € - SUI 5.50 CHF - DOM 3.80 € - CAN 5.75 $CAN


2

PRINTEMPS ARABE

LIBÉRATION JEUDI 23 JUIN 2011

ÉDITORIAL Par VINCENT GIRET

Un réveil foudroyant

«Game over». Tunis, le 14 janvier. PHOTO FETHI BELAID. AFP

«Reste assis, on arrive». Le Caire, le 10 février. PHOTO DYLAN MARTINEZ. REUTERS

Feu le Guide. Benghazi, le 2 mars. PHOTO SOUHAIB SALEM. REUTERS

REUTERS

Le génie de l’histoire surgit quand nul ne l’attend plus. Il a fallu qu’un jeune Tunisien désespéré s’immole en plein hiver, le 17 décembre 2010, pour qu’un incendie se propage du Maghreb au Machrek et réveille les consciences populaires dans le monde arabe et musulman. Vingt et un pays, plus de 330 millions d’hommes et de femmes, un continent, ou presque, traversé par un irrépressible vent de liberté venu des steppes de Sidi Bouzid et relayé par le miracle du Web et des ondes des chaînes satellitaires qui se jouent des frontières et des censures. Six mois plus tard, le feu de la révolte couve toujours, tous les dictateurs ne sont pas (encore) tombés, la situation demeure incertaine ou tumultueuse, mais le monde arabe a déjà changé de destin. Les lignes de force au sein de chaque pouvoir et de chaque société ont été radicalement déplacées par l’irruption d’une jeunesse dont les valeurs universelles sont le nouvel horizon. Une révolution culturelle, irréversible, a gagné les esprits. Ce réveil foudroyant a déjà fait voler en éclats «les trois stéréotypes dominants» qui condamnaient ces peuples à la désespérance, selon les mots du philosophe Pierre Hassner, dans nos colonnes, «celui du choc des civilisations, celui du monde arabe privé de politique, et celui de la stabilité supérieure des régimes autoritaires». Ce numéro spécial de Libération retrace la genèse de ce basculement. Correspondants et envoyés spéciaux en racontent chacun des grands épisodes historiques, le fameux «Dégage !» hurlé dans les rues de Tunis, la fièvre et la fraternité des vagues humaines de la place Tahrir au Caire, l’improvisation héroïque et sidérante des combattants de Benghazi, le courage inouï des manifestants syriens… Libération fut sans conteste le média français et européen qui accorda la plus large couverture au «Printemps arabe», avec ce qu’il faut d’empathie et de vigilance pour déchiffrer les signes et les ambivalences d’une actualité brûlante. Pendant des semaines, la rédaction a vibré au rythme des foules et des victoires, des heurts et des malheurs de ce combat pour la liberté : l’émotion des unes, des images et des témoignages, la vitalité des débats pour tenter de comprendre à chaud les enjeux d’une onde de choc qui prit tout le monde à contre-pied. Nul n’a vraiment vu venir ces révolutions arabes. Pas la France. Surtout pas la France. Ses gouvernants, sa diplomatie, et même ses intellectuels ont longtemps semblé ne plus rien attendre de ce côté-là de la Méditerranée. Plus à l’aise avec le statu quo qu’avec l’histoire en marche. Plus inspirés par la peur de l’islamisme et des flux migratoires que bouleversés par l’émancipation des peuples. La faute mémorable d’une ministre de la République proposant au gouvernement de Ben Ali le «savoir-faire sécuritaire de la France reconnu dans le monde entier» restera comme le moment emblématique de cette gêne honteuse des premières semaines. Si proche, si loin : la France possède sur son sol la plus grande communauté arabe et musulmane d’Europe, mais elle n’a pas su ni l’entendre ni lui parler alors qu’elle était son meilleur atout. Encore tétanisée par son passé colonial, la diplomatie française avait pourtant beaucoup à se faire pardonner. Son soutien constant aux régimes autoritaires de la région, ses retrouvailles indécentes avec le Libyen Kadhafi invité d’honneur sous les ors de la République, son pari déraisonnable sur le Syrien Assad dont on louait la jeunesse et la volonté d’ouverture… Désormais engagée en Libye dans une guerre incertaine qu’il lui faut à tout prix gagner avec ses alliés, la France se doit d’inventer les mots et les gestes d’une «rupture», cette fois radicale. Son intérêt bien compris est aujourd’hui de soutenir et de protéger tous ceux qui, en terre d’islam, tentent d’inventer un avenir démocratique. •


LIBÉRATION JEUDI 23 JUIN 2011

PRINTEMPS ARABE

3

17 DÉCEMBRE 2010

SOMMAIRE Le monde arabe PAGE 5 en carte Unes PAGE 6 Tunisie PAGE 8 PAGE 16 Egypte PAGE 26 Libye PAGE 34 Syrie De Casablanca PAGE 40 à Sanaa L’entretien PAGE 42 PAGE 46 A lire

www.liberation.fr 11, rue Béranger 75 154 Paris cedex 03 Tél. : 01 42 76 17 89 Télex : 217 656 F Edité par la SARL Libération. SARL au capital de 8 726 182 €. RCS Paris : 382.028.199 Durée : 50 ans à compter du 3 juin 1991. Cogérants: Nathalie Collin et Nicolas Demorand Directeur de la publication et de la rédaction: Nicolas Demorand Directeur délégué de la rédaction: Vincent Giret

MOHAMED BOUAZIZI Celui par qui tout a commencé. Son immolation par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, a provoqué un vent de révoltes qui souffle jusqu’à Damas.

SUPPLÉMENT RÉVOLUTIONS ARABES Responsables des suppléments: Sibylle Vincendon et Fabrice Drouzy Rédaction: Marc Semo, Christophe Ayad, Jean-Pierre Perrin, Claude Guibal, Thomas Hofnung, Jean-Louis Le Touzet, Marc Blanchard, Raphaël Duizend, Natalie Levisalles, Léa-Lisa Westerhoff Direction artistique: Alain Blaise Edition : Madjid Zerrouky Edition photo: service photo de Libération Iconographie :Idé Documentation : service documentation de Libération Prépresse: Brigitte Bertrand, Didier Billon et Perla Ohayon Rédacteur en chef technique : Christophe Boulard Fabrication: Graciela Rodriguez et Daniel Voisembert Impression: POP Membre de l’OJD-Diffusion Contrôle. CPPP : C80064. ISSN0335-1793. CCP 2240185 Paris.


4

PRINTEMPS ARABE

LIBÉRATION JEUDI 23 JUIN 2011

Six mois après le soulèvement en Tunisie, le monde arabo-musulman n’en finit pas de faire sa révolution. Dans les rues et dans les esprits.

Les moissons du jasmin (pseudonyme commun d’Adel Rifat et Bahgat el Nadi, sociologues d’origine égyptienne), soulignant que jusque-là le choix qui s’offrait «était soit de supporter des dictatures corrompues, soit accepter l’avènement de partis intégristes». L’irruption du «printemps arabe» semble depuis irrésistible, avec partout les mêmes caractéristiques. Un déclic fortuit –comme la torture de lycéens à Deraa, en Syrie – et l’importance des réseaux sociaux pour des mouvements sans leader et par là même indécapitables. Avec des résultats variés selon les cas. En Syrie comme en Libye, la résistance du régime est plus forte parce que la machine de répression est plus homogène et les pouvoirs plus déterminés. Et surtout moins sensible aux pressions des OcciAprès plusieurs décennies d’un dentaux. Ceux-ci furent autocratisme politique sourd aux certes plus ou moins aspirations de sociétés toujours plus aveugles au début : le cas jeunes et ouvertes, le monde arabole plus caricatural étant musulman s’est remis en mouvement. l’hostilité initiale de Paris face à la révolution tuniété repris ensuite aussi bien au Caire sienne, alors même que les mots d’ordre qu’ailleurs dans le monde arabe. Moha- se référaient aux idéaux démocratiques med Bouazizi avait juste le bac et n’était de 1789. Mais les révolutions n’en ont pas vraiment chômeur puisqu’il faisait pas moins triomphé que dans les deux vivre sa famille en vendant des légu- pays où les Occidentaux avaient la vomes. Qu’importe. Le buzz s’indigna en lonté et les moyens de faire entendre boucle de ce geste désespéré d’un leur voix. Celle de l’administration Obama fut discrète sur la Tunisie, même diplômé-chômeur. si la publication des télégrammes diplo«À QUI LE TOUR ?» «C’est un symbole matiques américains par Wikileaks qui parle à l’ensemble du monde arabe où avait montré l’exaspération de partout on peut trouver de telles situa- Washington face au clan mafieux au tions», notait, ce 17 janvier, Gilles Kep- pouvoir à Tunis. Elle fut déterminante pel, spécialiste du monde arabo-musul- en Egypte, inexistante sur Bahrein et man dans une interview à Libération. Et l’Arabie saoudite. En Libye, enfin, les insurgés ne durent leur salut qu’à l’inle journal titrait :«A qui le tour ?» Le raïs égyptien Hosni Moubarak fut le tervention occidentale, France en tête suivant, trois semaines plus tard, sous cette fois, sous la bannière de des Nala pression de la foule massée depuis des tions unies. jours place Tahrir, devenue laboratoire Une phase aujourd’hui s’achève à Tunis d’une démocratie aussi généreuse que comme au Caire, celle de l’illusion lyribrouillonne. Une démocratie avant tout que propre aux débuts de toute révolusous la pression des militaires, piliers du tion quand tout paraît possible. Il ne régime depuis 1952. Ici, le déclic avait s’agit plus maintenant d’abattre une été la mort d’un jeune blogueur dictature mais de construire une démod’Alexandrie, en juin 2010, sous les cratie, ce qui représente d’immenses coups de la police. La mobilisation qui défis. «Les structures anciennes sont touaboutit à la première grande manifesta- jours là, les notables toujours présents. tion du 25 janvier n’était pas seulement L’armée tient le pays. La famille reste un spontanée au travers des réseaux so- repère et le clan un refuge. Les valeurs triciaux. Des activistes de la résistance ci- bales sont toujours aussi prégnantes. La vile, influencés par des penseurs de la révolution culturelle n’a pas eu lieu», renon-violence active comme l’Améri- marque lucidement l’islamologue Macain Gene Sharp, s’y préparaient, inspi- thieu Guidère dans son livre le Choc des rés et aidés par des mouvements tels révolutions arabes (éditions Autrement). Otpor qui avaient renversé l’homme Les cas sont différents selon les pays. fort de Belgrade, Slobodan Milosevic, Les risques de guerre civile sont éviou mené les «révolutions de couleur» demment plus forts dans les sociétés fragmentées par le poids des tribus ou en Géorgie comme en Ukraine. Les révolutions tunisienne et égyp- par la présence d’importantes minoritienne marquent un tournant dans un tés. Les forces mêmes de ces mouvemonde arabo-musulman resté à l’écart ments sans leaders qui ont abattu les du grand mouvement de démocratisa- despotes deviennent leurs faiblesses. tion de l’après-chute du Mur. «Ces deux Des revendications longtemps étouffées révolutions ont brisé une malédiction explosent sur fond de chaos sécuritaire arabe», notait Mahmoud Hussein alors que l’ancienne machine de répreson nom est déjà entré dans l’histoire : Mohamed Bouazizi. Son immolation par le feu, le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, misérable petite ville du Sud-Est tunisien, a donné le coup d’envoi du soulèvement. Moins d’un mois plus tard, Ben Ali était contraint de quitter le pouvoir. «Dignité» et «liberté» furent les maîtres mots de cette révolution qui fut une surprise y compris pour ceux qui l’ont menée. Le slogan «Dégage !», cri de rage contre le Ceausescu des sables, a

S

sion ne veut ou ne peut rien faire. L’économie est en crise. D’où le risque d’un triomphe des partis de l’ordre lors des premières élections libres. D’autant que le calendrier électoral ne laisse guère au mouvement démocratique le temps de se structurer. ISLAMISME MUTANT. Il y a aussi l’inconnue des partis islamistes. Au début marginalisés dans des mouvements se référant avant tout aux droits de l’homme et à la liberté, ils n’en constituent pas moins pour le moment les forces les plus structurées de l’opposition et espèrent capitaliser sur les inévitables déceptions de la démocratie. Ces partis – Ennahda en Tunisie, la frange la plus moderniste des Frères musulmans en Egypte– ont tiré les leçons de

leurs échecs passés et regardent plutôt vers l’AKP turc, jusqu’ici exemple le plus abouti d’un islamisme mutant, soluble dans la démocratie et le pluralisme, malgré certaines ambiguïtés. Après des décennies d’un autocratisme politique sourd aux aspirations de sociétés toujours plus jeunes et ouvertes, le monde arabo-musulman s’est remis en mouvement. Le processus sera néanmoins long et tourmenté. Comme il le fut dans l’Europe du XIXe siècle. Une révolution ne surgit jamais ex nihilo, notait Tocqueville: «La Révolution française n’a pas abattu l’Ancien Régime, elle n’a fait qu’en disperser les ruines.» Il n’en fallut pas moins des décennies pour que les idéaux de 1789 deviennent, en 1879, définitivement une réalité institutionnelle. •

ABDELAZIZFBOUTEFLIKA ABDELA

en place depuis 1999

YHFANSFDEFPOUVOIR

ALGÉRIE Population : 36,1 millions PIB par hab. : 3 346 € Chômage : 9,9% (2010) IDH : 84e sur 169 pays Tunis

Alger

TUNISIE

Par MARC SEMO

Rabat

STATUT8DES8ÉTATS

Tri

MAROC

Manifestations Transition démocratique en cours Pays en crise

ALGÉRIE

MAURITANIE MOHAMMEDFVI

en place depuis 1999

MALI

YYFANSFDEFPOUVOIR

NIGER

MAROC Population : 32 millions PIB par hab. : 2 450 € Chômage : 9,8% (2010) IDH : 114e sur 169 pays

ZINEFAL-ABIDINEFBENFALI

en place de 1987 à 2011

TOMBÉFAPRÈSFH]FANSFDEFPOUVOIR

TUNISIE Population : 10,5 millions PIB par hab. : 3 168 € IDH : Indice de développement humain Chômage en % de la population active

1 000 km

Chômage : 14% (2010) IDH : 81e sur 169 pays


PRINTEMPS ARABE

LIBÉRATION JEUDI 23 JUIN 2011

5

De l’Atlantique au Golfe, le vent de révoltes débouche sur des lendemains incertains, entre crainte du chaos et espoir de transitions maîtrisées.

L’année zéro Par JEAN-PIERRE PERRIN es présidents tunisien et égyptien ont mordu la poussière. Blessé dans une explosion et soigné en Arabie Saoudite, le Yéménite Ali Abdallah Saleh ne reviendra sans doute pas au pouvoir. Mais en Libye, le colonel Muammar al-Kadhafi, soumis pourtant à une forte pression militaire de l’Otan, n’a encore rien perdu de sa monstrueuse arrogance et le chemin pour faire tomber le sanguinaire Bachar alAssad semble encore bien long. Dans l’archipel de Bahreïn, l’espoir de voir bientôt chuter le roi s’est évanoui en

L MUAMMARFAL-KADHAFI

en place depuis 1969

mars devant la virulence de la répression, obligeant l’opposition à se terrer – les manifestations se poursuivent néanmoins. Six mois après le début de la révolte tunisienne, pionnière en matière de rébellion, le «printemps arabe», comme on a pu l’appeler, a provoqué, de Rabat à Manama, une onde de choc sans précédent depuis l’effondrement de l’Empire ottoman. Mais il est loin d’avoir vu fleurir toutes ses promesses. GARDES PRÉTORIENNES. Dans ces pays, c’est d’abord la brutalité du régime qui a fait descendre massivement les jeunes dans la rue. Mais cela n’a pas été suffisant. En fait, c’est l’armée qui a permis qu’un soulèvement aboutisse

BACHARFAL-ASSAD

MENACÉFAPRÈSF_YFANSFDEFPOUVOIR

ces de défense» (sunnites) du petit Etat ont été renforcées par plus d’un millier de soldats du royaume saoudien voisin, pays autant haï que craint par une bonne partie de la population (très majoritairement chiite). Aujourd’hui, ce qui se dessine en Syrie, c’est «une lente agonie du régime», pour reprendre l’expression du politologue Khattar Abou Partout, les jeunes sont descendus Diab, avec «une opposition dans la rue, mais cela n’a pas été très faible mais qui ne veut en suffisant. C’est l’armée qui a permis rien arrêter le mouvement», ce qu’un soulèvement aboutisse ou pas. qui la condamnerait à disparaître, et «des forces de sécule frère de Bachar al-Assad. Celles-ci rité très fortes mais impuissantes à arrêter n’ont donc pas eu de scrupules à répri- les manifestations». En Libye, toutes les mer de façon sanglante. A Bahreïn, la conditions sont réunies pour que le rérépression a été plus atypique: les «for- gime tombe, mais personne ne peut encore se hasarder à prédire quand. Tout aussi inquiétante est la situation du Yémen, menacé à la fois par le séparatisme, Al-Qaeda et diverses insurrections et qui, du fait d’un Etat particulièrement faible, risque la désintégration et la guerre civile. ou pas. En Egypte comme en Tunisie, l’état-major a refusé de faire tirer sur la foule. Ce fut le cas inverse en Libye, au Yémen et en Syrie, où les régimes avaient pris soin de «doubler» les forces armées par des gardes prétoriennes, souvent dirigées par un membre de la famille régnante –un fils de Kadhafi ou

en place depuis 2000

MENACÉFAPRÈSFY`FANSFDEFPOUVOIR

LIBYE

SYRIE

Population : 6,5 millions

Population : 20,6 millions

PIB par hab. : 8 533 €

PIB par hab. : 2 170 €

Chômage : 30% (2009)

Chômage : 8,3% (2010)

IDH : 53e sur 169 pays

IDH : 111e sur 169 pays

SYRIE LIBAN JORDANIE ISRAËL

ipoli

Damas

HAMADFBENFISSAFAL-KHALIFA

IRAK

en place depuis 2002

JFANSFDEFPOUVOIR

BAHREÏN

Le Caire

Population : 1,1 million

KOWEÏT

Chômage : 15% (2005)

BAHREÏN

ÉGYPTE

QATAR

IDH : 39e sur 169 pays

E. A. U. OMAN

ARABIE SAOUDITE TCHAD

SOUDAN YÉMEN ÉRYTHRÉE HOSNIFMOUBARAK

en place de 1981 à 2011

TOMBÉFAPRÈSFHJFANSFDEFPOUVOIR

ÉGYPTE

Sanaa

ALIFABDALLAHFSALEH

en place depuis 1990

MENACÉFAPRÈSFHYFANSFDEFPOUVOIR

YÉMEN

Population : 78,3 millions

Population : 24,4 millions

PIB par hab. : 2 103 €

PIB par hab. : 967 €

Chômage : 8,9% (2010)

Chômage : 35% (2009)

IDH : 101e sur 169 pays

IDH : 133e sur 169 pays

Sources : FMI, CIA, Pnud

LIBYE

PIB par hab. : 15 441 €

CLIMAT SOCIAL. Même dans les pays qui ont réussi à balayer les régimes en place, la situation est loin d’être apaisée. En Egypte, l’armée, qui détient la réalité du pouvoir, ne semble pas vouloir davantage qu’un changement de façade. Dès lors, la transition apparaît sérieusement enlisée dans l’attente des élections de l’automne, qui pourraient voir la victoire des Frères musulmans. En Tunisie, où le scrutin a été fixé au 23 octobre, le processus démocratique semble aller de l’avant même si la détérioration de la situation économique pèse lourdement sur le climat social. Car le facteur économique –le tourisme se porte au plus mal, privant le pays de milliards d’euros– s’est joint au cortège des divers contentieux politiques. Deux cas à part : le Maroc et l’Algérie. Dans le premier, le roi Mohammed VI, confronté à une agitation qui ne cesse de monter et qui vise tout particulièrement le Makhzen (cabinet royal), a décidé d’anticiper le mouvement en proposant lui-même une politique de réformes. Le 17 juin, il a ainsi engagé son pays vers une monarchie constitutionnelle qui réduit certains de ses pouvoirs politiques et religieux. A Alger, où le souvenir de la guerre civile des années 90 a traumatisé la population, le pouvoir a usé des revenus considérables dégagés par les hydrocarbures pour calmer les attentes sociales de la population et éviter toute politisation. Reste la Jordanie, où l’opposition continue de tancer le pouvoir en réclamant des réformes politiques et économiques, ainsi que la fin de la corruption. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’effusion de sang. Mais si la Syrie voisine devait être saisie par la guerre civile, le risque serait grand que le royaume jordanien, à l’équilibre fragile, en soit affecté. •


6

PRINTEMPS ARABE

La révolution à la une

• 1,40 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO9229

LIBÉRATION JEUDI 23 JUIN 2011

SAMEDI 15 ET DIMANCHE 16 JANVIER 2011

WWW.LIBERATION.FR

Les manifestations contre le régime ont forcé le président Ben Ali à fuir la Tunisie, au terme de vingt-trois ans d’un règne sans partage.

M 00135 - 115 - F: 1,40 E

3:HIKKLD=ZUVYUU:?a@l@b@p@a;

FETHI BELAID . AFP

PAGES 2-6

(Liberté)

IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 €, Andorre 1,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 1,50 €, Canada 4,50 $, Danemark 25 Kr, DOM 2,20 €, Espagne 2,10 €, Etats-Unis 4,50 $, Finlande 2,40 €, Grande-Bretagne 1,60 £, Grèce 2,50 €, Irlande 2,25 €, Israël 18 ILS, Italie 2,20 €, Luxembourg 1,50 €, Maroc 15 Dh, Norvège 25 Kr, Pays-Bas 2,10 €, Portugal (cont.) 2,20 €, Slovénie 2,50 €, Suède 22 Kr, Suisse 3 FS, TOM 400 CFP, Tunisie 1700 DT, Zone CFA 1 800 CFA.

«Libération» des 15 et 16 janvier 2011


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.