Le monde selon Bob Wilson

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HORS-SÉRIE

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fam

n père autoritaire, avocat d’affaires et maire de Waco, une mère discrète, une grand-mère à forte personnalité et douée de grande tendresse, une sœur aînée, Suzanne. Voilà pour le noyau familial où Robert Wilson a grandi, et qu’il livre avec parcimonie. S’il accepte de dévoiler un peu de ses rapports complexes avec son père que l’on suppose intransigeant et inapte à l’indulgence pour un fils classé indéchiffrable, c’est par petites anecdotes et sans jamais l’intention de régler des comptes. Une sorte de fatalisme de l’enfant devenu adulte avec et contre une éducation inflexible. La famille de Bob Wilson est en vérité plus vaste. Ses membres ne sont pas nombreux, mais sans eux, Robert ne serait pas devenu Bob. Des sœurs Hoffman au couple Paul et Kitty Baker de sa tendre enfance, en passant par Daniel Stern, le psychiatre de ses jeunes années qui restera son ami à vie, de Philip Glass, New-Yorkais de tous les petits métiers, devenu musicien et complice artistique, à Heiner Müller, dramaturge est-allemand si loin et pourtant à son aise dans l’univers wilsonien au point d’entrer dans la peau d’un frère, de John Cage et quelques autres artistes que Wilson collecte et qui justifient son existence, à Christopher Knowles, l’enfant qu’il n’a pas eu, tous ces «acteurs» de la vie de Bob Wilson forment bel et bien un cercle indéfectible.

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«Quand l’enfant naît, il rêve déjà. Ses yeux fermés bougent rapidement. Mais à quoi rêve-t-il?» 29


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FESTIVAL D’AVIGNON Robert Wilson et Philip Glass, lors d’une conférence de presse à Avignon, en 1976.

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Ninon Tallon Karlweis et Wilson, sur la scène de «KA Mountain and Guardenia Terrace», à Chiraz, en Iran en 1975.

«The Life and Time of Sigmund Freud», avec la grand-mère de Bob Wilson. «The King of Spain» à Manhattan, en 1969.

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LES SŒURS HOFFMAN A Waco, c’est auprès des sœurs Hoffman qui dansent et animent des ateliers pour jeunes, que Bob Wilson fait ses premiers pas de futur danseur et chorégraphe.

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«LES SONNETS DE SHAKESPEARE» A Berlin, en 2009, où jaillit l’ombre des sœurs Hoffman.

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ais d’où vient, chez Bob Wilson, cette idée fixe, cette fascination pour les chaises, fauteuils, tabourets? Pas une pièce créée ou adaptée par lui, sans ces accessoires dédiés à y poser le postérieur. Le derrière en somme, autrement appelé séant, qui renvoie cette fois à une fonction non plus seulement physique mais civile : être sur son séant, c’est être convenable, décent, pertinent. Et si Bob Wilson entretenait avec les chaises cette relation sociale? Si grâce à elles, il essayait d’adhérer au monde qui l’entoure, si elles lui permettaient, sur deux, trois ou quatre pieds, de n’être plus en apesanteur ? Car ses chaises, fauteuils et tabourets ne sont pas toujours posés au sol. Tantôt pendus au plafond, accrochés au mur, ses sièges ainsi exposés sont d’une telle incongruité, qu’ils ne sont clairement pas là pour répondre à un besoin de confort. Décoratifs, surprenants par la seule place qu’ils occupent, les sièges de Bob Wilson sont aussi des objets sculpturaux, dont il est souvent le créateur et qu’il installe sur scène comme s’il avait affaire à des personnages. Designer, usant de tous les matériaux, bois, tube métallique, il conçoit des chaises qui ne sont pas censées supporter des corps. Les chaises chez Wilson sont aussi des éléments scénographiques.

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«Si nous, artistes, savons ce que nous faisons, alors il n’y a plus aucune raison de le faire…»

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«The Old Woman», au Théâtre de la ville à Paris, en novembre 2013.

WATERMILL, SIÈGE SOCIAL DE SA FONDATION Wilson déplace régulièrement les chaises qu’il collectionne au gré de ses allers et venues dans sa fondation de Watermill à Long Island. Certaines d’entre elles ont été exposées au Louvre où il fut invité d’honneur de la saison 2013-2014. L’appartement qu’il possède à New York est tout autant envahi de chaises. Son père, un jour lors d’une visite, lui fait cette remarque: «On ne peut même pas s’asseoir chez toi!» Réplique de Bob Wilson, en leitmotiv: «Père, le confort n’est qu’un état d’esprit.» «Einstein on the Beach», en 2012

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A gauche: «Dream Play» à Stockholm, en 1998. Ci-dessous: «The Old Woman», au Théâtre de la ville à Paris, novembre 2013.

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LES ASSISES A gauche: En 2001 à Watermill. Ci-contre: En 2013 à Watermill, lors de la préparation de l’exposition «Living Room» au Louvre.

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