HORS-SÉRIE
IMAGES 2011
HORS SÉRIE LIBÉRATION NOVEMBRE 2011 FRANCE MÉTROPOLITAINE 7 € . BEL/LUX 8 € - ALL/ESP/ ITA/GR/PORT (CONT) 8 € - SUI 11 CHF - DOM 8 € - CAN 11.50 $CAN
ÉTATS-UNIS Manifestation à Wall Street, le 30 septembre. Avec la crise, le mouvement des «Indignés» a gagné même les Etats-Unis. Photo Spencer Platt. Getty Images North America. AFP
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ÉDITORIAL
Hors norme, plein cadre Par Gérard Lefort
A
u fil des «révolutions» spectaculaires qui, de Tunis au Caire, des Indignés de Madrid aux anti-Wall Street, ont balisé et bouleversé l’année 2011, c’est la question du nombre, voire de l’innombrable, qui a surgi comme nouveau casse-tête pour les faiseurs d’images : comment faire entrer autant de multitude dans un petit appareil photo ? Les reporters professionnels ont répondu par une hésitation qui va du très gros plan au panoramique, de la fourmilière à la fourmi. Les photographes occasionnels, désormais en «concurrence» directe avec les professionnels par les moyens modernes de la technologie, n’ont pas résolu la question autrement. Place Tahrir, au Caire, à bout de bras d’un téléphone portable, ou visage intime d’une manifestante de Tunis ? Mais c’est plutôt l’individuation qui a remporté la bagarre de l’image majoritaire. Sans doute, coup classique, parce qu’il est convenu qu’il faut identifier pour s’identifier. Même quand cette identification mute en repoussoir, comme ce fut le cas avec la multiplication du même portrait de Ben Laden lors de son élimination. Quand les téléspectateurs du monde entier suivirent en direct les mouvements encore
incertains de la foule cairote, ils souffraient, faute de plan rapproché, de ne pas pouvoir distinguer les «bons» manifestants des «mauvais». Mais plus que l’individu humainement reconnaissable, ce sont des visages qui firent florès. A quoi il est difficile de faire dire quoi que ce soit puisque, généralement, c’est écrit dessus – le désormais célébrissime «Dégage !» à l’adresse de Ben Ali faisant office de slogan générique. Cette publicité pour l’écrit, qui plus est bricolé à la main, fait l’effet d’un curieux retour archaïsant à l’heure du toutInternet. Mais dans le même mouvement, ces quasi-tatouages tribaux cristallisent une connaissance consommée de la communication contemporaine. C’est à l’adresse des photographes et des télévisions que les manifestants écrivent des slogans censément libérateurs sur leur front, certains que leur visage à lire, souvent en anglais véhiculaire, fera de l’image et, partant, le tour du monde. Preuve, s’il en est, que ce genre de protestation à visage humain semble plus un nouvel avatar de l’idéologie du «Moi, je…», une sorte de tweet perso à fleur de peau, que relever d’une mobilisation politique «traditionnelle», du type front uni ou programme commun. •
6 • LIBÉ IMAGES
LE
FIL
DE L’AC
• 7
IL
LE PRINTEMPS ARABE LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN SÉISME ET TSUNAMI LES MONDIAUX D’ATHLÉTISME JEUX DE POUVOIR THE WEDDING ÉMEUTES LES INDIGNÉS MASSACRE À UTOYA L’AMÉRIQUE ET LE MONDE LA CHUTE DE GBAGBO FAMINE EN AFRIQUE WIKILEAKS L’AFFAIRE DSK
8-23 24-25 26-31 32-33 34-35 36-37 38-41 42-43 44-45 46-51 52-53 54-55 56-57 58-59
TUALITE
LE FIL DE L'ACTUALITÉ LE PRINTEMPS ARABE • 9
ÉGYPTE La place Tahrir fête la fin du régime d’Hosni Moubarak, quelques heures après la chute du raïs, le 11 février 2011, au Caire. Photo Khalil Hamra. AP. Sipa
TUNISIE Manifestation Ă Tunis, le 14 janvier 2011. Zine el-Abidine Ben Ali prendra la fuite quelques heures plus tard. Photo Remi Ochlik. IP3. Maxppp
LE PRINTEMPS ARABE • 11
LE FIL DE L'ACTUALITÉ SÉISME ET TSUNAMI • 29
JAPON Extraites des décombres des provinces de Miyagi et Iwate, des reliques de la vie avant le séisme du 11 mars 2011, qui a fait au moins 20000 morts et disparus à travers le pays. Photos AP. Sipa: David Guttenfelder, Vincent Yu. Photo Reuters: Damir Sagolj.
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L’ŒIL
• 83 LAURENT TROUDE POSES ADROITES 84-87 LIGNES DE FRONT 88-89 OLIVIER ROLLER PORTRAITS 90-91 SÉBASTIEN CALVET VUES EN ROSE 92-95 MODE RAFALE 96-99 JÉRÔME BONNET PORTRAITS 100-103 AIMÉE THIRION OBJECTIF DUNES 104-107 CHRISTOPHE MAOUT LE CINQUIÈME ALIMENT 108-111 FRED KIHN PORTRAITS 112-115 CORENTIN FOHLEN HAÏTI DÉFAILLE 116-119 PATRICK SWIRC «LIBÉ» GRIFFÉ GAULTIER 120-121 JEAN-MICHEL SICOT LA NUIT OÙ LE HARENG SORT 122-125 ROBERTO FRANKENBERG PORTRAITS 126-129 MARC CHAUMEIL LIBRES 130-133 JULIEN MIGNOT L’HEURE DE LA RETRAITE A SONNÉ 134-135 RICHARD DUMAS KEITH COOL 136-137 ANTOINE D’AGATA SUR LE SOL DES GEÔLES LIBYENNES 138-139 YANN RABANIER PALME BEACH 140-141 AKATRE KING TONG 142 AUDOIN DESFORGES TÊTES GALERIE 143 FRÉDÉRIC STUCIN PORTRAITS 144-145 KATIE CALLAN C’EST LE BORDEL AU NEVADA 146-147 PASCAL BASTIEN EN ROSE CAMPAGNE 148-149 BENOÎT GRIMBERT TERRASSÉS PAR UN ALIEN 150-151 BRUNO CHAROY PORTRAITS 152-153 LIONEL CHARRIER LES ROMS, VILS ÉTERNELS 154-159 ÉDOUARD CAUPEIL À QUOI ÇA GRIME? 160-161
ILLIBÉ Interviews des photographes réalisées par Fabrice Drouzy et Sibylle Vincendon.
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François Hollande, le 11 janvier 2011.
OLIVIER ROLLER
«Hollande n’a rien lâché,
L’ŒIL LIBÉ PORTRAIT • 91
«Ce portrait, c’était une double nouveauté. D’abord parce que Hollande venait de finir son régime et que c’est la première fois qu’il apparaissait aussi maigre. Ensuite parce qu’il avait pris sa décision pour la présidentielle et qu’il était sur le point d’annoncer sa candidature à la primaire. L’art du photographe, c’est de faire ressortir à l’extérieur ce qui se passe à l’intérieur. Là, j’ai vraiment ressenti que quelque chose avait changé en lui.
«Depuis trois ans, je ne travaille presque plus pour la presse. En revanche, je me suis attaqué à une grande fresque sur les visages du pouvoir d’aujourd’hui, qui fait l’objet d’expositions. Pour la majorité des gens, le pouvoir est quelque chose de désincarné, pour ne pas dire d’hostile. Je cherche à épurer: j’enlève d’abord le sourire, puis le fond et enfin les accessoires comme les lunettes ou les boucles d’oreilles qui, selon moi, servent à se cacher…
Je photographie des patrons, des dirigeants du CAC 40… Généralement, ils viennent sans difficulté dans mon petit studio tout pourri à République [XIe arrondissement de Paris]. Les seuls qui refusent le jeu, ce sont les politiques. Par peur du laisser-aller, pour contrôler leur image dans toutes les circonstances… Sur ce point, ce double portrait de Hollande est un peu un échec. Il n’a rien lâché. Il n’a pas ôté le masque.»
il n’a pas ôté le masque»