Bulletin bois 74/2005 Aménagements intérieurs Loft, Bienne Centre d’ophtalmologie ‹Trotte›, Sursee ‹Inlay› – Le cadeau d’adhésion de la Suisse à l‘ONU, New York Aménagement d’une bibliothèque, Université de Zurich Rénovation du temple, Wabern Galeries de l’histoire, Neuchâtel
La pièce ‹GA 200› réaménagée au siège principal de l’ONU à New York Maître de l’ouvrage: Département fédéral des affaires étrangères DFAE, Berne Architectes: mlzd Architekten, Bienne, et Bucher Bründler Architekten, Bâle
Donner vie aux espaces La lumière blanche donne à notre univers sa diversité de couleurs, car sans lumière, pas de couleurs. C’est à travers l’absorption de certaines fréquences et la réflexion du reste de la lumière que nous pouvons percevoir la couleur, la structure et la brillance d’un matériau. Dans les aménagements intérieurs, les apports de lumière naturelle sont définis par la configuration des lieux. Les fenêtres, puits de lumière et autres ouvertures sont données par le bâti existant. Seules de nouvelles ouvertures peuvent procurer des apports de lumière supplémentaires. Lorsque cela n’est pas possible, la lumière artificielle constitue une solution complémentaire. Elle se distingue de la lumière naturelle par un spectre de fréquence d’une plus grande intensité. Un jeu subtil entre la lumière artificielle et naturelle ainsi que l’utilisation judicieuse des couleurs et des matériaux sont les constituantes d’un projet d’aménagement. Comme le dit Le Corbusier, l’architecture, c’est ‹le jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière›. La façon dont les espaces peuvent se révéler par le dialogue qui se crée entre la lumière et le matériau constitue le thème de ce numéro du bulletin bois. A Bienne, dans une ancienne fabrique, un loft a été transformé en un espace de vie pour une famille de trois personnes. Les fenêtres qui rythment la façade nord amènent de la lumière naturelle en suffisance dans le logement. Deux cubes d’habitation en bois de couleur rouge ordonnent l’espace. A l’intérieur, dans l’intimité de ces ‹maisons›, les panneaux en bois ont été laissés naturel et dégagent une atmosphère chaleureuse. Le nouveau centre ophtalmologique Trotte à Sursee est un espace lumineux et généreux. Auparavant, malgré de nombreuses fenêtres, les locaux semblaient étroits et sombres. En supprimant les anciennes cloisons la lumière a pu pénétrer jusqu’au cœur des locaux. L‘atmosphère paisible est renforcée par une utilisation restreinte de la lumière artificielle. La combinaison du verre, de MDF noir et du bois d’érable contribuent à la fluidité de l’espace. La pièce ‹GA 200› au siège principal de l’ONU à New York ne possède pas d’ouvertures, excepté une entrée et l’accès à la salle de conférence. Les parois, les plafonds et les revêtements de sol, traités de couleurs claires, s’effacent pour laisser la place aux parois en noyer et en aluminium éloxé qui marquent l’intervention. Un éclairage indirect est la principale source de lumière. Des spots intégrés dans les plafonds apportent les compléments nécessaires aux places de travail. Le bois de noyer foncé contraste avec le clair des parois et complète le spectre des couleurs choisies pour cet espace d’une grande finesse. L’aménagement d’une nouvelle bibliothèque à l’intérieur de la cour vitrée de l’Institut de Droit à Zurich exploite la lumière naturelle de manière optimale. Un système de protection solaire permet de contrôler l‘apport de lumière, d’éviter la surchauffe estivale et de profiter de l’énergie solaire. Le puits de lumière, entouré de galeries, conduit la lumière naturelle jusqu’au rez-de-chaussée. La structure, qui semble flotter, et les tons clairs de la pierre naturelle et du bois d’érable confèrent à l’ensemble une élégance recherchée.
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La lumière provenant des vitrages existants du temple de Wabern participe à l’atmosphère sacrée du lieu. Un éclairage artificiel aux tons chauds focalise sur l’espace central de la nef. Un dialogue s’est créé entre le nouvel aménagement en bois du temple et la matérialité de l’édifice avec ses murs crépis. Dans les Galeries de l’histoire, situées dans l’annexe du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, les panneaux de bois assument un rôle fonctionnel et décoratif. Ils sont perforés pour l’accrochage du matériel d’exposition. La protection solaire de la verrière règle l’apport de lumière à l’aide de stores. Le dialogue entre la lumière naturelle et les parois en contreplaqué bakélisé met en valeur les collections présentées au public. L’utilisation du bois et des matériaux dérivés du bois dans les aménagements intérieurs ne se limite pas à la création d’espaces rustiques à l’atmosphère ‹chalet›. Ils offrent en effet une grande souplesse dans la création d’ambiances très diverses. Ils permettent d’aménager des espaces généreux et fluides, de créer des contrastes et de faire ressortir la finesse des aménagements. Ils peuvent également servir à souligner une volonté d’élégance, à dialoguer avec la substance historique, à marquer la simplicité chaleureuse d’un espace. Aujourd’hui, dans les aménagements intérieurs, le bois et ses dérivés sont utilisés pour mettre en lumière de nouveaux espaces. Roland Brunner, Communication technique Lignum
Un loft à Bienne Situé dans un bâtiment industriel des années 40, ce loft abrite un espace de vie hors du commun destiné à une famille de trois personnes. Il comprend également un bureau ainsi qu’un atelier de couture. La volonté de préserver le caractère industriel du lieu et celle de conserver la vue à travers la façade courbe largement vitrée de l’usine ont constitué les bases du projet réalisé par les architectes apparentés au maître de l’ouvrage. Le loft occupe une salle de production d’instruments de mécanique de précision désaffectée d’une surface de plus de 200 m2 située au 2ème étage de l’ancienne fabrique. Dans l’imposante pièce vide, trônent deux grandes boîtes adossées à des piliers en béton de couleur gris argenté. Ces cubes de bois colorés sont de dimensions différentes: un grand et un petit. L’élément le plus grand constitue la ‹maison› des parents alors que le petit est dévolu à leur fille. Chacun abrite la partie privée des différents habitants du loft. L’espace de nuit des parents se situe au niveau du sol. Une de ses faces est ouverte sur le bandeau vitré de la façade. Derrière une cloison se trouve la salle de bain ouverte sur deux
niveaux, les WC, deux penderies et un espace de rangement. La partie bureau située à l’étage supérieur est accessible par un escalier droit qui s’avance dans la ‹chambre à coucher›. L’enfant vit sur le toit de sa ‹maison›, dans un espace totalement ouvert, ceinturé par un parapet d’un mètre vingt de hauteur. Selon ses envies, elle peut investir l’espace inférieur, où se trouvent les sanitaires, et composer des pièces à son gré grâce à un système de parois coulissantes. Ces boîtes habitables se détachent de l’arrière-plan industriel de la halle par leur teinte chaude et par les matériaux qui les composent. Leur structure est composée de panneaux trois plis de 27 et 42 mm d’épaisseur pour les parois et de 55 mm pour les planchers. Les faces latérales sont lisses et rouges alors que les autres parois prennent la forme d’étagères qui peuvent être utilisées comme bibliothèques. A côté de ces deux ‹maisons› en bois, une longue table à manger et un paravent curviligne participent à la définition de l’espace. Ce dernier délimite la zone d’entrée, dissimule l’atelier de couture et fait office de penderie. Situé dans le prolongement de la table, il guide les visiteurs vers la partie
cuisine et vers le balcon qui lui fait face. Simple rangée d’éléments bas couverts d’un plan de travail en inox, la cuisine est adossée à une des faces de la ‹maison› des parents. Aucune conduite ni installation visible ne vient perturber l’image de l’ensemble. Les installations sanitaires et électriques sont intégrées aux piliers existants. Dans la cuisine et la salle de bain, les systèmes de ventilation sont remplacés par des filtres à charbon actif. Le caractère de cet espace industriel a pu être préservé de manière optimale dans le loft. Les plafonds à caisson en béton mis à jour au cours des travaux, de même que les murs ont été laissés dans l’état. Le revêtement de sol industriel n’a subit qu’un nettoyage de surface et les marques jaunes laissées par les chariots de transports sont restées visibles.
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Lieu Stämpflistrasse 6, 2502 Bienne Maître de l’ouvrage Jürg Kobi, Madlen Sumi Architectes burkhalter sumi architekten gmbh, Zurich; Collaborateur: Rahel Lämmler Direction des travaux Patrick Hadorn, Hanspeter Kocher Bauleitung GmbH, Bienne Entreprise bois Sidler Holzbau AG, Pieterlen Bois mis enœuvre Parois: panneaux trois plis épicéa 27 mm ou 42 mm; Planchers: panneaux trois plis épicéa 55 mm; Cuisine: panneau contreplaqué bakélisé Coûts de construction (CFC 2–5) total CHF 250 000.–, boîtes habitables CHF 76 342.– Volume SIA total 693 m3, boîtes habitables 136 m3 Surface planchers total 214 m2, boîtes habitables 84 m2 Durée de construction 2 1/2 mois Année de construction 2001
Etage loft
Etage galerie
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Centre d’ophtalmologie ‹Trotte›, Sursee Situé au centre de la ville de Sursee, au 3ème étage du complexe immobilier ‹Trotte› construit dans les années 70, le centre médical éponyme regroupe trois médecins ophtalmologues en un seul cabinet. La descente des charges étant reprises par les murs extérieurs et par trois piliers métalliques, les cloisons existantes ont pu être entièrement démolies, libérant l’espace pour un nouvel aménagement du volume disponible. La surface, pratiquement orthogonale, a pu être réorganisée efficacement en cabinet médical. Des interventions ponctuelles et ciblées ont permis d’amener une certaine fluidité des espaces et de la clarté jusqu’au cœur du cabinet. La volonté des planificateurs était d’aménager des espaces sobres et calmes susceptibles de procurer aux patients et au personnel médical un sentiment de bienêtre et de sécurité. Les éléments de mobilier en bois clair ainsi que des voiles de tissu tendus devant les fenêtres, tamisent la lumière et créent une ambiance tranquille et propice à la détente. Cette atmosphère est encore renforcée par l’utilisation restreinte de la lumière artificielle. Grâce au
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soin apporté à l’exécution, un sentiment de qualité prédomine dans cette intervention. Le cabinet médical comprend quatre salles de consultations fermées. Elles sont desservies, deux par deux, par des salles d’attente ouvertes. Le secrétariat, la zone d’accueil, ainsi que la cafétéria du personnel, forment une entité séparée située à proximité de l’entrée. Les espaces de circulation et les zones d’attente forment un espace continu et fluide qui tantôt s’élargit ou se resserre créant ainsi des zones d’intimité. Ces espaces de transition ainsi que les vues transversales soulignent la générosité des espaces. Certaines infrastructures, comme les WC, l’automate à café, les vestiaires et les locaux techniques sont intégrées dans le bloc sanitaire dont les cloisons et les plafonds sont constitués de panneaux MDF noirs alors que le sol est doté d’un revêtement de caoutchouc rouge. Dans les toilettes, de grandes surfaces de miroirs dilatent l’espace. Les éléments définissant l’espace des salles de consultation sont conçus soit comme de simples séparations, soit comme armoires; ils ont été fabriqués avec du contreplaqué
d’érable du Canada. Grâce à ces armoires/cloisons l’ameublement des salles d’examens a pu se limiter aux appareils médicaux mobiles. Tous les éléments de mobilier fixe sont en contreplaqué d’érable. Ils tranchent sur le parquet en hêtre foncé et donnent au cabinet une élégance retenue. Les portes, d’une hauteur d’étage comportent sur toute leur surface un œil géant sérigraphié. Ce motif guide les patients vers les salles de traitement et aident à comprendre l’organisation des lieux.
Plan
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Lieu Bahnhofstrasse 15, 6210 Sursee (LU) Maître de l’ouvrage Dr. Marco Bianchetti, Sursee Architectes Imhof Ronzani Steinmann, Lucerne; Direction de projet: Peter Steinmann, Dipl Architekt FH Ingénieurs civils Kost & Partner, Sursee Entreprises bois Menuiseries Kissling AG, Reiden (zone d’accueil), Geisseler & Bühler AG, Sempach (noyau sanitaire), Luternauer Innenausbau, Littau (éléments de séparation) Coûts CHF 2300.– /m2 Surface utile 260 m2 Année de construction 2000
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‹Inlay› – Le cadeau d’adhésion de la Suisse à l‘ONU, New York Le 10 septembre 2002, la Suisse faisait son entrée à l’ONU. La tradition veut que chaque nouveau membre fasse don à l’institution d’un cadeau représentatif de sa culture. La Suisse a fait le choix de rénover la pièce dénommée ‹GA 200› du siège principal de l’ONU à NewYork, qui n’avait plus été retouchée depuis 1952. La ‹GA 200› peut être comparée aux coulisses d’une scène de spectacle classique. Elle sert de salle d’attente aux orateurs qui vont s’exprimer devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Chacun attend son tour derrière des parois arrondies avant de rentrer sur scène par une porte dérobée. Le nouveau projet d’aménagement devait intégrer plusieurs nouvelles fonctions dans les 240 m2 disponibles: des salles de conférence et de séminaire pour le Secrétaire général et le Président de l'Assemblée générale, des places de travail pour les employés de l’ONU ainsi qu’un espace réservé à la presse destiné a prendre des photos des nombreuses personnalités qui fréquentent ces lieux. Le Département des Affaires étrangères, représenté par l’Office fédéral des constructions et de la logistique, a mis sur pied un concours avec procédure de préqualification. Dix bureaux d’architectes, parmi les 58 candidatures retenues, ont été sélectionnés pour participer au concours final. ‹Inlay›, le projet gagnant est une œuvre commune du bureau: mlzd de Bienne, du bureau Buchner Bründler Architectes de Bâle et du collectif d’artistes zürichois ‹Relax›. Selon le rapport du jury, leur projet a su conjuguer habilement fonction et esthétique, en réussissant à donner une nouvelle dimension spatiale à ces locaux
exigus. La relation étroite du projet avec la Suisse et l’importance du travail interdisciplinaire ont été déterminants. Il ne s’agissait pas là de mettre en avant un nom ou un lieu, mais la qualité du travail des différents intervenants. Le projet est le résultat de la coexistence de deux principes structurels. Le premier principe reprend la forme organique de l’espace existant et le prolonge par une paroi de même nature qui complète l’enveloppe du local. Le second principe propose une série d’éléments disposés de manière orthogonale qui viennent s’insérer à l’intérieur de cette ‹coque›. Cette structure simple, constituée de parois coulissantes permet de configurer l’espace de différentes façon et de créer ou de supprimer des espaces selon les nécessités. Pour souligner la notion d’égalité des représentants, la même importance a été donnée à tous les espaces intérieurs. Les matériaux utilisés ont du caractère tout en restant discrets. La façon dont la lumière est diffusée aide à mettre en évidence le principe structurel. Les six cloisons mobiles sont les éléments clés de l’intervention alors que l’enveloppe, constituée des parois, des plafonds et du sol se tient en retrait. Les panneaux coulissants revêtus de placage en noyer ou en aluminium éloxé couleur bronze permettent l’ouverture ou le cloisonnement de l’ensemble et matérialisent le flux constant des personnes à travers les différentes pièces. Ici, une porte coulissante sort d’un élément en noyer et là une paroi laisse apparaître un pan vitré couleur rubis. A douze endroits différents et dans les six langues officielles de l’ONU – l’arabe, le chinois, le français, l’anglais, le russe et l’espagnol – le mot ‹paix› a été incrusté dans
les surfaces des murs et du mobilier (voir page 1338). Ces inscriptions ont été réalisées à l’aide de matériaux précieux tels que le diamant, l’or, l’or blanc et des bois précieux. L’utilisation de ces matières nobles pour former le mot ‹Paix› renvoie à la question de savoir de quelle paix l’on parle, quelles langues parlent de paix et quel est le prix de la paix. Les meubles de la pièce principale sont constitués soit de MDF soit de panneaux de particule plaqués de noyer américain. Dans les pièces adjacentes le mobilier est en MDF laqués. Les cloisons intérieures sont en MDF noir teinté dans la masse plaqué de noyer américain sur leur face extérieure. La structure des parois coulissantes comprend un cadre en aluminium avec isolation intégrée, revêtu d’un panneau MDF plaqué d’une feuille d’aluminium brossé éloxé couleur bronze. Au-dessus des éléments coulissants, une structure métallique isolée revêtue de plaques de plâtre cartonné, sert de guide et de support pour les éléments mobiles et assure l’isolation acoustique entre les pièces. Ces cloisons mobiles sont mises en mouvement à l’aide de manivelles assistées mécaniquement. Les murs périphériques sont revêtus d’une double couche de plâtre cartonné. Au plafond, des panneaux recouverts de lés textiles assurent une bonne absorption acoustique.
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Coupe
Elévation
Détail
Détail
Plan Détail
7 2
5 8
3 9
6 10
4
11 1
Plan
1
Secrétaire général
2
Président de l’Assemblée générale
3
Espace pour les photographes
4
Espace de travail pour les assistants
5
Lobby
6
Entrée
7
Espace de discussion
8
Espace de travail du GA-Servicing
9
Archives
10 Salle de photocopies 11 WC
Situation
Lieu Siège principal de l’ONU, New York (USA) Maître de l’ouvrage Département fédéral des affaires étrangères, Monsieur l’Ambassadeur Ulrich Lehner, Berne; représenté par l’Office fédéral des constructions et de la logistique (OFCL), manager de projet Beat Hadorn, Berne; mission permanente de la Suisse à l’ONU, Monsieur l’Ambassadeur Peter Maurer, New York Destinataire du cadeau UN United Nations, Kofi Annan, New York Architectes :mlzd Architects, Bienne; direction du projet: Lars Mischkulnig, collaborateur: Roman Lehmann; Bucher Bründler Architects, Bâle; Collaborateurs: Andi Bründler, Beat Meier Œuvre artistique ‹Relax› Artistsgroup, Zurich; Collaborateurs: Marie-Antoinette Chiarenza, Daniel Hauser Entrepreneur général Erich Keller AG, Sulgen; directeur de projet: Andreas Röthlisberger Coût de l’ouvrage CHF 2.3 millions (Budget pour le cadeau CHF 3.1 million) Surface 240 m2 Début des travaux 15 février 2004 Fin des travaux 30 juillet 2004 Remise du cadeau 20 septembre 2004
Aménagement d’une bibliothèque, Université de Zurich Depuis plusieurs années, le canton de Zurich apparaît comme le maître d’ouvrage le plus important du quartier des hautes écoles dans la capitale économique du pays. A la Rämistrasse 74/76, un bâtiment scolaire, érigé entre 1905 et 1909, a été transformé et agrandi. Il accueille désormais tous les départements de l’Institut de Droit de l’Université de Zurich, auparavant dispersés sur huit sites différents. Il dispose également d’une toute nouvelle bibliothèque à même de répondre aux besoins des étudiants et des juristes. Cette élégante construction s’est habilement glissée dans la cour intérieure de l’ancien édifice. En 1989, l’ingénieur et architecte hispanohelvétique Santiago Calatrava reçoit un mandat direct du canton de Zurich pour la transformation du bâtiment devant accueillir le futur Institut, mais ce n’est que dix ans plus tard que l’autorisation de construire sera délivrée. Le projet comprend la création d’une nouvelle bibliothèque, venant s’insérer dans la cour intérieure du bâtiment existant, la couverture de cette même cour par une verrière de forme ovale et la surélévation d’un corps de bâtiment situé à l’arrière. La bibliothèque de l’Institut constitue le cœur et la partie la plus importante de l’intervention. Un large puit de lumière ovale cerné de galeries sur six niveaux permet d’amener la lumière
Coupe transversale
naturelle jusqu’au rez-de-chaussée. Pour des raisons de protection du patrimoine, l’édifice existant étant classé, la nouvelle bibliothèque possède une structure indépendante du bâtiment existant. Elle ne repose que sur huit points d’appui et laisse intacte et visible la structure de l’ancienne cour vitrée. Ainsi la nouvelle bibliothèque semble flotter au-dessus d’une surface libérée de toute structure. La verrière ovale, semblable à une épine dorsale cintrée, surplombe la bibliothèque. Un système de protection solaire contrôle l’apport de lumière et empêche la surchauffe estivale, tout en optimisant le passage de la lumière en hiver. Sa présence a des répercusions sur la consommation énergétique du bâtiment, grâce à l’utilisation de l’énergie solaire passive et par la réduction des surfaces vitrées par rapport à l’ancienne coupole. Le système de protection solaire est composé de lamelles pliables ordonnées symétriquement le long de l’axe longitudinal et fixées au porteur principal ainsi qu’à deux tubes métalliques cintrés pivotants. Les tubes métalliques sont tendus longitudinalement à l’intérieur de la coupole. Les appuis sont articulés, permettant aux tubes de pivoter, grâce à des cylindres hydrauliques, du faîte jusqu’à la rive. Lorsque les tubes sont au faîte, les lamelles pendent à l’intérieur de la cour permettant un apport total de lumière. Lorsqu’ils pivotent vers le bas,
les lamelles se déploient, assurant ainsi la protection solaire. Le gros œuvre et la verrière ont été réalisés en construction métallique. Les matériaux choisis pour les aménagements intérieurs expriment l’élégance et l’ouverture du lieu: de la pierre naturelle blanche pour les sols au rez-de-chaussée et dans les zones de distribution, du bois clair pour les autres revêtements de sol et les parapets des galeries. L’essence choisie est l’érable massif laqué. Les travaux de menuiserie ont été particulièrement importants comprenant le revêtement des parapets des galeries, des revêtements intérieurs, la fabrication des étagères pour les livres et des armoires. Les installations sont dissimulées derrière les revêtements en bois. Les garde-corps en verre sont dotés de mains courantes en érable. L’aménagement des espaces d’étude, des places de travail, des salles de photocopies ainsi que les locaux administratifs a également été exécuté en bois. Avec ses 5000 m courant d’étagères et ses 500 places de travail, la nouvelle bibliothèque de Droit est la seconde en importance du pays.
Rez-de-chaussée
Attique
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Détail Coupe sur galerie
Lieu Rämistrasse 74/76, 8001 Zurich Maître de l’ouvrage Hochbauamt, Baudirektion Kanton Zurich Architecte Calatrava Valls SA, Zurich Direction du projet Caretta Weidmann Baumanagement AG, Zurich Entreprise générale de menuiserie Maurer + Partner AG, Heimenschwand; Directeur de projet: Martin Mejer Bibliothèques Flück Werke AG, Brienz Bois mis en œuvre Parapets: 30 m2 érable massif, 170 m2 panneaux en bois massif Coût de l‘ouvrage CHF 50 millions Coût des travaux de menuiserie CHF 3,05 millions Cube SIA 116 24 000 m3 (cour intérieure et surélévation) Surface de planchers 720 m2 (cour intérieure) Début des travaux Juillet 2000 Travaux de menuiserie Juin 2003–avril 2004 Inauguration Fin 2004
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Rénovation du temple, Wabern Construit entre 1947 et 1948 par l’architecte Ernst Balmer, le temple de Wabern comptait 500 places assises fixes. Cette disposition ne permettait pas une utilisation suffisamment libre de l’espace. Par ailleurs, le bâtiment ainsi que ses installations techniques, n’avaient pas faits l’objet de travaux de réfection depuis l’époque de la construction. C’est pour ces raisons que depuis 1995 la paroisse de Köniz envisageait une réfection du bâtiment. Entamés en 2003, les travaux de rénovation ont été complétés par une réorganisation complète des aménagements intérieurs. Au mois de juin 2002, le temple, entièrement restauré, a été inauguré par le Conseil de paroisse. Le temple est le lieu de réunion d’une communauté de croyants destiné à la célébration de leur culte. L’architecture du lieu et l’atmosphère qui s’en dégage doit toucher les gens, leur permettre de se recueillir individuellement comme de partager leur ferveur avec les autres. Ce lieu, consacré à la vie religieuse des paroissiens, est le cadre de cérémonies solennelles comme de moments plus humbles. Il est important que cet espace soit propice à la méditation et empreint de sérénité. C’est dans cet esprit que le projet de réorganisation de l’espace sacré de cet édifice à été abordé par les architectes.
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Il est rapidement apparu que le volume intérieur du temple, s’il pouvait être renforcé par une redistribution de l’espace, devait être conservé dans son intégrité. L’acceptation sans réserve de l’enveloppe, dans sa substance profonde, a constitué la clé de la nouvelle conception du lieu de culte. Vidé de ses anciens aménagements, l’édifice a retrouvé toute la force et la simplicité de sa géométrie originelle. Le point fort de l’intervention a consisté à dégager un espace vide au milieu de la nef. Cette surface, laissée volontairement libre, est définie par les rangées de bancs, par l’orgue et par la chaire. Cette conception rend perceptible les éléments indispensables à la célébration du culte: la musique, la parole et la présence des fidèles. L’impression d’homogénéité que dégage la nouvelle composition est obtenue grâce à l’emploi d’un seul matériau: le bois massif. Ce nouvel aménagement entre en relation avec la matérialité de l’édifice existant en instaurant un dialogue entre la blondeur du bois et le crépi des murs maçonnés. La présence du bois, sa texture ainsi que sa teinte chaude et claire créent une ambiance calme et lumineuse qui caractérise cette communion entre l’ancien et le nouveau. Le nouvel aménagement, inséré dans la coque désormais vide du temple, a été conçu comme un tout homogène comprenant aussi
bien le plancher que les soubassements, le mobilier que les éléments fixes. Les bancs, la nouvelle chaire, l’autel et le nouvel orgue possèdent tous la même expression monolithique caractérisée par une matérialisation des plus sobre. Le sapin blanc savonné de l’Emmental et l’épicéa aux cernes annuels serrés de la vallée de Giessbach près du lac de Brienz sont les seuls matériaux utilisés dans cette intervention. La compétence et le soin apporté par les artisans pour ces travaux de rénovation ont visiblement renforcé le caractère sacré de cet espace. Une fresque réalisée par Walter Clénin en 1955 –1962, occupe maintenant le chevet, derrière le chœur. L’habillage du nouvel orgue cherche à illustrer la dimension spatiale des sons. Le coffre de l’instrument a été conçu comme une sculpture géométrique. Les sons se diffusent dans l’espace à travers des orifices rectangulaires peints en rouge, couleur symbolisant l’énergie, la lumière et la joie.
Plan
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Lieu Kirchstrasse, 3084 Wabern (BE) Maître de l’ouvrage Evangelisch-reformierte Kirchgemeinde Köniz Architecte Architekturbüro Patrick Thurston, Berne; Collaborateurs: C. Gächter, A. Kienast, E. Nafzger, S. Wunderwald Ingénieur civil Fürst Laffranchi Bauingenieure ETH, Wolfwil; Collaborateur: Massimo Laffranchi Acousticien David Norman, Ipsach Eclairage Amstein + Walthert, Zurich; Collaborateur: Frank Dardel Fourniture bois Steiner AG, Walkringen (sapin blanc); Forstbetrieb Gemeinde Brienz (épicéa de l’orgue); Holzwerk Rieder AG, St. Stephan (épicéa) Menuiserie Herzog AG, Holzbau, Berne (bancs extérieurs); Hurni + Sohn, Schreinerei, Rizenbach-Ferenbalm (portes extérieures); Geiser AG, Schreinerei, Berne (menuiserie); Mosimann Holzbau AG, Köniz (planchers); Dehlinger GmbH, Berne (traitement sols); Huber Antikschreinerei, Wabern (restauration); Orgelbau Thomas Wälti, Gümligen (orgue); Röthlisberger Schreinerei AG, Gümligen (bancs, chaire, autel); Teo Jakob, Bern (chaises); Peter Jordi, restaurateur, Wabern (couleurs) Bois mis en œuvre Bancs, chaire, autel: Sapin 24 – 60 mm poncé, blanchi, savonné; Plancher: Epicéa 24 mm poncé, vieilli, huilé; Orgue: sapin 43 mm poncé, blanchi, savonné; Teinture: lasure à base d’huile pigmentée Coûts de construction CHF 1,6 million; orgue CHF 400 000.– agencements CHF 260 000.– Cube SIA 116 4704 m3 Surface brute 409 m2 Durée de construction Juin 2003 – avril 2004
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Galeries de l’histoire, Neuchâtel Au cours de l’année 2003, une nouvelle annexe du Musée d’art et d’histoire de la ville de Neuchâtel s’est ouverte dans le bâtiment qui, jusque là, abritait le Musée d’archéologie. Réalisé entre 1862 et 1864 par l’architecte Hans Rychner pour la Société Léopold Robert, cet édifice de style néo-classique est situé au centre de la ville de Neuchâtel, à proximité du Palais DuPeyrou. Rénové de fond en comble, il accueille désormais le Département historique du musée et les archives de la Ville. L’aménagement des ‹Galeries de l’histoire›, réalisé à l’aide de matériaux dérivés du bois met magnifiquement en valeur les collections présentées au public. En 2001, le musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel quittait le bâtiment de l’avenue DuPeyrou pour emménager dans le tout nouveau ‹Laténium› implanté sur les rives du lac. L’édifice ainsi libéré va conserver sa vocation de musée puisque peu après, l’administration communale attribue le bâtiment au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel. Un mandat d’étude est confié à l’Atelier d’architecture Manini Pietrini pour sa transformation, afin d’y installer une annexe du musée qui abritera le Département historique du musée ainsi que les Archives de la Ville. En 2002, le même atelier remporte le concours pour l’installation muséographique de la nouvelle annexe. Le programme comprend, pour la partie musée, une exposition permanente sur l’évolution urbaine et sociale de la ville et un espace pouvant accueillir des expositions temporaires et, pour la partie archives, une
bibliothèque avec une salle de consultation, des locaux destinés à stocker les documents et les collections iconographiques. L’intervention principale a consisté à glisser une suite de mezzanines disposées en enfilade à l’intérieur des anciennes salles d’exposition. Cet aménagement, rendu possible grâce à la générosité des pièces d’origine, crée une nouvelle spatialité en doublant la surface utile. Situées sous deux grandes verrières zénithales, les deux mezzanines du bâtiment principal prennent la forme de larges passerelles détachées des murs extérieurs. Elles offrent un espace destiné aux expositions temporaires, dispositif essentiel pour un musée contemporain. Les zones d’ombre qu’elles créent au niveau intermédiaire permettent d’assurer une meilleure conservation des éléments de l’exposition permanente située juste en dessous. Le hall d’entrée d’un rouge intense et théâtral fait fonction d’espace d’accueil, il comprend la cage d’escalier qui distribue par paliers les espaces ouverts au public. La réouverture d’une grande fenêtre dans le mur nord de la cage d’escalier, introduit un apport de lumière naturelle qui conduit le visiteur vers les espaces d’exposition. L’exposition permanente présente sept maquettes historiques de la ville. Elles sont réparties en deux salles et disposées sur de grandes tables métalliques. Elles matérialisent le développement urbain de Neuchâtel depuis ses origines jusqu’à nos jours. Des éléments interactifs (jeux, témoignages sonores, écran d’ordinateur) ainsi que des vitrines et documents divers complètent l’exposition.
La partie dépôt se situe dans l’extension de 1894. Une distribution autonome relie la salle de consultation et la bibliothèque avec l’étage des archives où une dalle renforcée supporte deux rangées d’armoires Compactus. Le reste des archives et des collections iconographiques prennent place dans la mezzanine d’un seul tenant située sous le toit. Elles sont accessibles au moyen de deux petits escaliers-bibliothèques placés au droit des puits de lumière. L’unité de l’intervention est matérialisée par le revêtement en bois, un panneau industriel finlandais – du contreplaqué bouleau bakélisé habituellement utilisé pour le coffrage du béton – perforé pour faciliter l’accrochage du matériel d’exposition. Le même type de panneau a été utilisé pour tous les éléments de menuiserie: portes, meubles et surtout les bibliothèques qui courent le long des locaux d’archivage. Il suit et suggère les anciens contours du bâtiment d’origine, monte jusqu’au toit – les anciennes verrières ont fait place à des puits de lumière permettant de filtrer et contrôler l’éclairage au moyen de brisesoleil réglables – enveloppe les murs dépourvus de fenêtres et retrouve, par les joints ouverts, les anciennes modénatures. Les deux parties du bâtiment – publique et réservée – mettent en scène les même matériaux, mais dans des proportions différentes. Les espaces d’étude et d’archivage, sobres et dépouillés, privilégient le plâtre, le ciment coloré en gris foncé du sol brut, le métal noir du mobilier industriel, tandis que le bois est réduit à une présence fonctionnelle et chaude.
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Coupe longitudinale
Rez-de-chaussĂŠe
1er ĂŠtage
Mezzanines
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Coupe
Coupe
Galeries
Archives
Lieu Avenue DuPeyrou 7, 2000 Neuchâtel Maître de l’ouvrage Ville de Neuchâtel, Direction des affaires culturelles, Neuchâtel Architecte Atelier d’architecture Manini Pietrini Sàrl, Neuchâtel Ingénieurs civils Nicolas Kosztics, Neuchâtel Ingénieurs CVS Toedtli Energie, Marin-Epagnier Entreprise bois Charpente Tschäppät SA, Cornaux; menuiserie Ass. Laurent Morel & Société Technique SA, Neuchâtel; parquets Farine & Droz Sàrl, Peseux Bois mis en œuvre Epicéa 6 m3, BLC 18 m3, Contreplaqué bouleau bakélisé 730 m2 Surfaces Expositions permanente et temporaire 221 m2, Archives et consultation 414 m2, Administration et services 64 m2 Volume SIA 5140 m3 Prix/m3 SIA (CFC 2) CHF 332.– Durée de construction 2001–2003
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Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno
Responsable Roland Brunner Rédaction Roland Brunner, Lignum, André Carlen et Mélanie Baschung, Lignum-Cedotec
Falkenstrasse 26 CH-8008 Zurich Tél. 044 267 47 77 Fax 044 267 47 87 info@lignum.ch www.lignum.ch
Conception graphique BN Graphics, Zurich Impression Kalt-Zehnder-Druck, Zoug
En Budron H6, CP 113 CH-1052 Le Montsur-Lausanne Tél. 021 652 62 22 Fax 021 652 93 41 info@cedotec.ch
Bulletin bois, mars 2005 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur
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Photographies Heinrich Helfenstein, Zurich, et Heinz Unger, Zurich (Loft à Bienne); Daniel Meyer, Luzern (Centre d’ophtalmologie à Sursee); Dominique Marc Wehrli, Zurich (Espace ‹GA 200› ONU); Heinrich Helfenstein, Zurich (Bibliothèque de l’Université de Zurich); Ralph Hut, Zurich (Temple à Wabern); Thomas Jantscher, Colombier (Galeries de l’histoire à Neuchâtel)
Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum ISSN 1420-0252 Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 100.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications. Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.