Bulletin bois 84/2007 Aménagements extérieurs Jardin sensoriel, Hagendorn Abri en forêt, Willisau Cour d’école, Thusis Aménagement urbain de la rue de la Borde, Lausanne Le ‹jardin des morts›, Weiach Piscine naturelle, Greifensee Parcours-santé, Flühli Piscine privée, Seuzach Aménagement de jardin, Hägendorf Terrasse en toiture, Lucerne
Le jardin sensoriel, sis à Hagendorn, est un aménagement extérieur conçu pour les enfants handicapés, dont la visite constitue une expérience intense aussi bien pour les personnes valides qu’invalides. Maître d’ouvrage: Centre pédagogique curatif Hagendorn Architecte: Raum B Architektur und Gestaltungskonzepte, Daniela Saxer, Zurich
Le bois dans l’air du temps Le bois est un matériau ‹de plein air›. En effet, partout où porte le regard, proches ou lointains, l’arbre et la forêt sont présents. Le bois fait ainsi partie de notre environnement. Cette complicité avec le matériau, le public souhaite de plus en plus en profiter dans l’aménagement d’espaces extérieurs. Le bois apparaît donc dans les jardins de maisons familiales, sur les terrasses, ou sous forme d’aménagement pour les espaces publics – dans des parcs ou des lieux de rencontre – en milieu urbain comme à la campagne. Cependant lors d’une mise en œuvre extérieure du bois, il est nécessaire de prêter une attention particulière à son comportement, tant au niveau de la durabilité que de l’aspect, de la conception à la réalisation. La modification plus ou moins rapide de la teinte du bois soumis aux intempéries doit notamment être communiquée au client afin de garantir l’acceptation à long terme par celui-ci de ces changements d’apparence. Cependant, le choix d’une essence naturellement durable, d’un traitement adéquat, de détails constructifs appropriés ou l’utilisation de procédé d’imprégnation ou de traitements thermiques, offrent autant d’alternatives maîtrisées qui, outre qu’elles garantissent la durabilité, permettent également de varier l’état de surface. Ainsi, de nouvelles perspectives s’ouvrent au bois dans l’aménagement extérieur. Gageons que maîtres d’ouvrages, concepteurs et constructeurs sauront saisir l’opportunité de mettre en œuvre du bois dans leurs futures réalisations de plein air.
Roland Brunner, Communication technique Lignum
Habillée de bois, une cour étriquée et désaffectée insérée entre deux maisons vigneronnes de Cully s’est transformée en un espace extérieur convivial et raffiné. L’aménagement en bois gère les différences de niveaux et devient tour à tour gradins/escaliers puis terrasse et banc. Architecte 2b architectes sàrl, Lausanne Photographe Thomas Jantscher, Colombier Construction bois Wider SA, Morges
1618
Jardin sensoriel, Hagendorn Le jardin sensoriel de Hagendorn est un aménagement extérieur, spécialement développé pour des enfants présentant des handicaps physiques ou psychiques. Basé sur des principes théoriques de la pédagogie curative et de la perception, il est conçu comme un espace de jeu et de détente diversifié et attractif. L’élément marquant de cet ensemble est un pavillon de bois et sa rampe d’accès, qui sont tour à tour espace de jeux, point d’orientation et place de rencontre. La structure claire de l’ensemble, dont les aménagements paysagers accompagnent et soulignent le caractère de chaque partie, laisse le champ libre à de futures évolutions. Le chemin de liaison entre les différentes zones est conçu comme un espace de jeu en lui-même et intègre un dispositif qui permet aux enfants en chaise roulante de se confronter à un seuil et à de petites déclivités en toute sécurité. Les trois zones du jardin sont différenciées dans leur conception et offrent des possibilités ludiques mais également d’apprentissage, relatives à divers thèmes. La première partie comprend une étendue de gravier de différentes granulométries. Les enfants qui ne peuvent se tenir droit par eux-mêmes, ont la possibilité de s’allonger sur le ventre sur des chaises longues prévues à cet effet, et peuvent ainsi jouer avec le sable. Le deuxième espace permet de mélanger l’eau et le sable. En son centre, un îlot de béton accueille une pompe, un bassin et une table haute, qui offre l’opportunité aux enfants en chaise roulante de participer aux jeux. Des éléments multicolores mobiles stimulent l’imagination par les nombreuses fonctions qu’ils peuvent acquérir. Finalement, un pavillon et une rampe en bois caractérisent la dernière partie et créent le contraste avec les éléments minéraux. Le pavillon
est protégé du soleil et de la pluie par une toile bleue et offre un espace de découverte, de rencontre et de repos agréable. La structure est définie par une trame orthogonale, qui permet de fixer des éléments supplémentaires comme un treillis de grimpe en corde ou des espaliers. Une rampe permet d’atteindre une plateforme à l’intérieur du pavillon qui se prolonge par une passerelle conduisant directement aux unités de résidence du complexe. La plateforme permet aux enfants en chaise roulante d’observer le monde du haut, tandis qu’avec ses formes arrondies, la rampe contraste avec les angles droits de la structure en bois. Les poteaux qui soutiennent la rampe et la passerelle sont volontairement disposés de biais selon une trame irrégulière, afin d’inciter les enfants à les inclure dans leurs scénarios de jeu. La structure du pavillon, composée d’une série d’éléments simples, étant livrée aux intempéries durant toute l’année dans cette région sujette aux brouillards hivernaux, une très grande attention a été portée à la protection constructive du bois et à sa qualité. Le bois utilisé provient de montagnes suisses au-dessus de 1200 m, ce qui lui confère une structure de cernes annuels concentrés et résistants. Les montants et les traverses sont composés de lames en bois de 50 x 150 mm de section. Ces couches, séparées par des rondelles, sont reliées entre elles par des tiges filetées. Ainsi la construction est parfaitement ventilée ce qui augmente sa durabilité et génère des jeux d’ombres et de lumières intéressants. La rampe est soutenue par des porteurs courbes en acier qui prennent appui sur des poteaux en bois de 80 mm de diamètre. Le platelage est composé de lattes de 55 mm d’épaisseur, également en mélèze de montagne. Ces lattes sont coupées en biseau afin de suivre la courbure tout en
conservant un jour constant entre chacune. D’une largeur de 60 mm compte tenu de la déclivité de la rampe, elles permettent la tenue du pied, même par temps pluvieux. Dans ce projet, chaque matériau mis en œuvre joue un rôle aussi bien conceptuel que ludique. Il en résulte une installation qui, avec ses ambiances très variées, touche les visiteurs de tous les âges et invite à la détente et à la découverte.
Maquette 3D du pavillon
1619
Coupe transversale rampe: Garde-corps métallique Lattes de mélèze 55 mm, découpe en biseau selon la courbure de la rampe, vissées par le bas au IPE IPE 120 Lamellé-collé de mélèze 120 x 120 mm Poteaux lamellé-collé de mélèze, diamètre 80 mm
Lieu Lorzenweidstrasse 1, 6332 Hagendorn Maître d’ouvrage Centre pédagogique curatif Hagendorn Architecte Raum B Architektur und Gestaltungskonzepte, Daniela Saxer, Zurich Architecte paysagiste Appert & Zwahlen GmbH, Cham Jeux Johanna Näf, Baar Ingénieur bois Walter Bieler AG, Bonaduz Construction bois Keiser Xaver Zimmerei Zug AG, Zoug Coûts totaux CHF 1,0 million Bois mis en oeuvre Mélèze des montagnes: lames 878 m, porteurs pour les passerelles 51 m, poteaux ronds 110 m; lattes pour platelage: 760 m Durée de construction Février–juillet 2006 Photographe Daniela Kienzler, Lucerne
Situation
1620
Détail nœuds du pavillon: Les poteaux et les traverses du pavillon sont constitués de lamelles disjointes de 55 mm d’épaisseur distantes de 60 mm. Chaque élément possède ainsi une dimension de 150 x 820 mm. L’écartement entre les lamelles est maintenu par les sections orthogonales, ou par des éléments de remplissage. Les sections sont solidarisées par des tiges filetées de 12 mm de diamètre.
1621
Abri en forêt, Willisau Cet abri en forêt, réalisé pour le 700ème anniversaire de Willisau, séduit par sa géométrie épurée et sa simplicité. Cette interprétation contemporaine du refuge forestier traditionnel fait référence à plusieurs concepts de l’architecture moderne. Il thématise la polarité entre création artistique et nature, entre séparation et liaison. Les parois de 400 mm d’épaisseur, composées de cadres métalliques remplis de bûches empilées, sont ordonnées de manière à délimiter l’espace, tout en offrant des échappées sur la forêt. Le sol est composé de planches en douglas de 27 mm d’épaisseur et 120 mm de hauteur, assemblées avec un écartement de 10–12 mm par des tourillons de chêne. Ces éléments reposent sur des profilés métalliques prenant appui sur des semelles ponctuelles au droit des poteaux, ou filantes sous les cadres métalliques. La toiture, en porte-à-faux à l’ouest, est soutenue par 6 poteaux métalliques de 102 mm de diamètre encastrés en pieds. Les éléments de 100 mm d’épaisseur en bois lamellétourillonné sont suspendus à deux sommiers en bois lamellé-collé de 136 x 385 mm, qui prennent appui sur les plaques métalliques soudées en tête des poteaux. Entre les sommiers, des carrelets et un lambris forment la
1622
sous-couverture sur laquelle est fixée la tôle. Afin de garantir l’apparence la plus fine possible du bord de la toiture, la sous-couverture est située en retrait de 270 mm. De loin les parois se dématérialisent et le pavillon semble clos de toute part. En s’approchant, le contraste naît entre les murs aux formes strictes en bois de feu empilé et la légèreté apparente de la toiture qui, grâce à l’important porte-à-faux, semble flotter au dessus des parois. Finalement, le visiteur découvre une pièce accueillante où le reflet blond de la lumière sur la toiture crée une atmosphère chaleureuse, propice au partage entre les utilisateurs du lieu.
Situation
Plan
Coupe
Coupe longitudinale
Lieu Gulpwald, 6130 Willisau Maître d’ouvrage Corporation Willisau Stadt Architectes CAS Chappuis Aregger Solèr AG, Willisau Construction bois Tschopp Holzbau AG, Hochdorf (Planification, production), et Beat Loosli Holzbau, Willisau (Montage) Coûts CHF 200 000.– Durée de construction Novembre 2003 Photographe André Emmenegger, Lucerne
1623
Cour d’école, Thusis La cour d’école du village de Thusis est située au centre du village, entre l’‹école rouge› du 19ème siècle et la ‹nouvelle école› des années 60. En raison de la pente, elle est également délimitée par des murs de soutènement et de protection en béton. Le réaménagement de la place, jusque là simplement goudronnée et comprenant deux tilleuls et un marronnier, était devenu nécessaire, afin d’offrir aux élèves des deux établissements un lieu approprié à la découverte et à l’aventure. Un sondage effectué auprès des élèves, ainsi que deux projets préliminaires qui n’avaient finalement pas été retenus, ont servi de point de départ pour le nouveau projet. En raison des moyens financiers limités et des opinions controversées sur l’aspect que doit avoir une cour d’école, les deux architectes mandatés ont initié une démarche participative avec les villageois intéressés, soient des parents d’élèves, des représentants communaux et
Situation ensemble scolaire
1624
des enseignants. Lors d’une première réunion, des idées ont été développées en groupe et visualisées par des maquettes de travail simples. Grâce à ce processus, les problèmes potentiels, les craintes exprimées, ainsi que les différents avis ont pu être échangés et discutés. Un concept a ensuite été développé sur cette base. Celui-ci propose aux enfants plusieurs espaces de jeux, qui se différencient par les matériaux mis en oeuvre et la hauteur des objets. Des surfaces circulaires ont été découpées dans le bitume, et remplacées par des revêtements tels que tartan, bois ou pavés. Contre un des murs de soutènement, une paroi en bois a été érigée, animée par des ouvertures circulaires, des niches et des prises de grimpe. Des éléments comme des pierres, des troncs d’arbres, intégrés au geste formel des cercles, permettent de varier l’activité motrice et sensorielle. Ce concept a ensuite été présenté et discuté lors d’une deuxième séance, et six mois
plus tard, il pouvait enfin se concrétiser. Comme la plupart des travaux ont été effectués par des néophytes, une construction simple, directe et brute a été choisie. La paroi en bois se compose ainsi de madriers de mélèze de 60 x 100 mm empilés, prenant appui sur une sous-construction de la même essence. Des ouvertures circulaires ont été ménagées dans la paroi et certaines ont été transformées en niches. La plateforme surélevée sous le marronnier a été réalisée sur la base de sections identiques. Les premières observations du comportement de jeu des enfants après l’aménagement, montrent que celui-ci s’est profondément modifié. Les enfants sont plus calmes, car il existe suffisamment d’espaces différenciés offrant autant de possibilités d’activité pour les divers groupes d’âge, confirmant la justesse du concept. Ces interventions sont comme des scènes où la fantaisie des enfants peut s’exercer librement, sans être cependant canalisée par des aménagements trop dirigistes.
1) Paroi ludique 2) petit Podium 3) grand Podium 4) Aire de cours 5) Aire d’action 6) Aire libre 7) Scène secondaire 8) Football
10
9) Gradins 10) Aire d’attente 9
11) Eau
2
12) Aire d’action 3
13) Scène du marronier
11
14) Basketball 6
15) Aire de communication
12 15
4 5
1
6
13
6 7 14 6
8
6
Cour d’école
Lieu Schulhaus Dorf, 7430 Thusis Maître de l’ouvrage Commune et école de Thusis Architectes Iseppi/Kurath GmbH, Dipl. Architekten, Thusis Avec la participation des élèves, parents, enseignants, privés, représentants communaux de Thusis et environs Construction bois IIZ EP Graubünden (Travaux de montage sous instruction), Mani und Kunfermann, menuiserie, Thusis (Soutien pour la paroi bois), Fiba Holzbau AG, Thusis (Réalisation de la plateforme ) Coûts totaux CHF 140 000.– Bois mis en oeuvre Mélèze brut 12 m3 Durée de construction Eté 2006/2007 Photographe Joachim Schmidt, Cazis/Reykjavík, et Stefan Kurath, Thusis/Zurich
1625
Aménagement urbain de la rue de la Borde, Lausanne En mars 2000, une petite place provisoire était inaugurée le long de la rue de la Borde à Lausanne. Elle remplissait un rôle de lieu de rencontre entre habitants de cette artère à fort trafic. Trois ans plus tard, la municipalité a souhaité pérenniser cet espace public, en y aménageant un square. Afin de délimiter l’espace, les services d’urbanisme, d’architecture et de Routes et Mobilité de la ville ont donné une image forte et contemporaine à cet aménagement, en utilisant du bois rétifié. A la fois filtre optique et séparation physique, une paroi incurvée longue de 22 mètres, constituée de poteaux de bois supportant des parois à claire-voie garnies de végétation côté rue: c'est l'écran qui délimite le square à mi-hauteur de la rue de la Borde, en remplacement de la placette provisoire créée en 2000. D’un aspect qui peut sembler simple, sa géométrie issue d’une portion de tore a nécessité le recours à un programme de dessin en trois dimensions, afin de définir précisément la forme des éléments. En effet, chaque mât est différent. Les lamellés-collés ont été découpés à la forme voulue, puis la partie concave a été recouverte d’une planche de couverture, afin de protéger le bois de bout des intempéries. L’ensemble est réalisé en peuplier rétifié. Ce procédé de traitement du bois à haute température sous atmosphère inerte modifie sa structure interne, lui permettant de devenir insensible aux intempéries, même pour des essences ne possédant aucune durabilité naturelle.
1626
Les mâts sont reliés à leur sommet par une barre métallique horizontale permettant le contreventement de l’ensemble et qui, combinée avec les claustras, souligne la déclivité de l’artère. Les pièces de support des mâts sont en acier zingué et la visserie en inox. Les éléments ont été mis en place et maintenus avant la réalisation des scellements. Afin de souligner le caractère du dispositif, six nouveaux arbres ont pris place de part et d’autre de la cloison incurvée. Des bancs en bois, un petit édicule abritant un WC public recouvert d’un lambris ajouré et une fontaine,
Situation
complètent l’agencement. Deux éléments en béton, de forme partiellement circulaire, supportent en saison un podium en panneaux de bouleau bakélisés. Des câbles peuvent être occasionnellement tendus en travers de la place pour permettre aux habitants de se réapproprier l’espace, en y accrochant des toiles, des décorations ou des éclairages. Filigrane et pourtant marquant sa présence, cet aménagement crée un îlot de convivialité dans cette artère jusqu’ici impersonnelle.
Lieu Rue de la Borde, 1018 Lausanne Maître de l’ouvrage Ville de Lausanne Architecte Bertrand Nobs, Service d’urbanisme de la ville de Lausanne Ingénieur EDMS, Carouge Entreprise bois Atelier Volet SA, St-Légier Bois mis en œuvre Bois de structure: bois massif 8,5 m3, bois lamellécollé 2 m3; Panneaux: OSB 115 m2, bouleau bakélisés 45 m2 Coût CHF 138 000.– Année de construction Octobre 2004–février 2005 Photographe Corinne Cuendet, Clarens
Vue et coupe
1627
Le ‹jardin des morts›, Weiach L’extension du cimetière de Weiach, qui prend place dans l’ancien verger du presbytère, fait référence aux jardins clôturés des maisons paysannes. Par contraste avec le cimetière existant, au caractère minéral et ceinturé d’un mur fortifié, une palissade en bois, jouant entre transparence et opacité, enclot le nouveau lieu d’inhumation gazonné. L’église de Weiach forme un ensemble bâti presqu’intact avec le presbytère et le cimetière, ceinturé d’un mur fortifié datant de l’époque des guerres de religion du 17ème et 18ème siècles. Cet ensemble aujourd’hui classé devait être agrandi sans porter atteinte à la visibilité et à la prééminence de la substance historique. L’extension prend place dans l’ancien verger du presbytère et fait référence aux jardins environnants. En effet, son caractère de cimetière gazonné contraste fortement avec l’aspect minéral de l’existant. De plus, une palissade en madriers de mélèze verticaux haute de deux mètres ceinture le terrain prévu pour l’extension, à la manière des clôtures des jardins paysans, mais aussi par analogie avec les lieux d’inhumation primitifs. Elle guide les visiteurs depuis la grange du presbytère jusque dans la partie nouvelle du cimetière, alors qu’une percée étroite opérée latéralement dans le mur d’enceinte assure la liaison avec l’église. Sa transparence met en scène l’impressionnant rempart et permet d’intégrer le paysage dans la composition. Selon l’angle de vue, l’effet produit varie, du filtre transparent jusqu’au mur de bois opaque. La palissade va se parer graduellement d’une teinte grise qui lui assurera une intégration parfaite dans l’univers minéral existant. Seul 10 % du bois, coupé pour l’occasion dans
1628
les forêts de Willisau, présentait la qualité nécessaire pour le façonnage des 830 madriers. Après avoir séché une année durant, ils ont été assemblés en pied par des tôles entaillées soudées à des fers plats. Ainsi, des fondations ponctuelles n’ont été nécessaires que tous les 2,4 m. Dans la partie haute, des tiges filetées stabilisent les lames et des douilles en acier chromé assurent un écartement régulier. Durant la nuit, des sources lumineuses encastrées ponctuellement et librement dans le sol, mettent en scène la clôture, lui conférant du volume, et guident les visiteurs vers le ‹jardin des morts›.
Situation
Lieu Cimetière, 8187 Weiach Maître de l’ouvrage Commune de Weiach Architecte Kuhn Truninger Lanschaftsarchitekten, Zurich Construction bois Müller Sohn, Dällikon Bois mis en œuvre 830 madriers mélèze Surface 1700 m2 Coût CHF 580 000.– Année de construction 2004 Photographe Ralph Feiner, Malans
1629
Piscine naturelle, Greifensee A l’origine, le centre sportif de Greifensee a été érigé pour les collaborateurs de la Migros. Ouvert au public à la fin des années 80, il s’est repositionné en intégrant fitness et aire de jeu pour les familles. En 2004, l’ensemble a été rafraîchi et plus particulièrement le bassin de la piscine, qui a été remplacé par une piscine naturelle. Un deck en bois complète cet aménagement et constitue un espace de détente agréable pour les baigneurs.
douglas du platelage sont simplement fixées entre elles par des lattes vissées dessous, puis posées sur la sous-construction. Des équerres métalliques, sur lesquelles sont fixées les planches de finition, maintiennent le platelage en position de chaque côté. Ponctuellement, des éléments du platelage peuvent être soulevés, afin d’effectuer un entretien régulier et des réparations éventuelles.
L’ancien bassin a été remplacé par une piscine naturelle attractive avec traitement biologique de l’eau. L’ensemble se compose d’un bassin pour la nage et d’un étang de 1000 m2, ainsi que d’un étang de régénération de 1000 m2, entièrement rempli de végétation. A l’ouest de cet aménagement se développe une vaste zone de détente et de jeu. La zone de baignade est délimitée par des platelages en bois, qui assument aussi bien une fonction de circulation que de détente pour les clients. La conception de cet aménagement fait référence aux berges et aux pontons des étendues d’eau naturelles. C’est pour cette raison que le bois a été choisi comme matériau de construction. De plus, lors de températures extérieures élevées, les platelages en bois offrent une surface agréable pour s’étendre ou se promener à pieds nus. La sous-construction en bois de mélèze est composée de poutres de 120 x 200 mm de section. Celles-ci sont fixées sur des semelles en béton et protégées par un profil en tôle. Une bande de caoutchouc collée sur cette protection évite les grincements lors du déplacement des baigneurs. Les lames de bois de
Détail coupe passerelle entre zone de baignade et étang de régénération: Lames douglas de 30 x 120 mm fixées entre elles par-dessous à l’aide de lattes de 45 x 50 mm Protection profil tôle avec bande de caoutchouc collée Lattes 30 x 60 mm Poutres mélèze 120 x 200 mm
1630
Situation
Lieu Grossried, 8606 Greifensee Maître d’ouvrage Coopérative Migros, Zurich Architecte Voelki Partner AG, Zurich Architecte-paysagiste Schweingruber Zulauf, Zurich Planification piscine naturelle Dipl. Ing. Grafinger, Bergkirchen (D) Ingénieur bois Makiol + Wiederkehr, Beinwil am See Construction bois Bächi Holzbau AG, Embrach Coût de l’ensemble CHF 3,7 Mio. Surface 28 000 m2 Bois mis en oeuvre Mélèze et douglas 35 m3 Durée de construction Mars 2004–juin 2006 (ensemble), mars 2004–juin 2005 (piscine) Photographe Schweingruber Zulauf, Zurich
Parcours-santé, Flühli Au cœur de l’Entlebuch, dont les magnifiques paysages et la nature restée intacte lui ont valu d’accéder au rang de biosphère de l’UNESCO, la société de développement de Flühli cherchait à étoffer son offre d’activités touristiques. Il s’agissait de profiter des qualités naturelles de la région et de faire référence aux sources presque omniprésentes dans la vallée. Après une souscription publique pour financer le projet, un parcours ‹santé› fidèle aux préceptes du célèbre curé Kneipp et faisant la part belle au bois indigène a été ouvert au public. Situé sur une pente douce, un étang naturel offrait l’opportunité d’un aménagement qui rappelle au public les qualités naturelles de la région. Conçue comme un parcours presque initiatique, la visite se déroule à pieds nus le long d’un sentier tout revêtu de bois. Celui-ci se compose de marches qui guident le visiteur jusqu’à l’étang, le long d’un cheminement ponctué de plateformes. Chacune d’elles cherche à solliciter les sens du visiteur par des jeux d’eau et par le contraste des matériaux pierre et bois à l’état brut, mais ordonnés avec finesse. Finalement, le visiteur atteint l’étang où une plateforme située sous le niveau de l’eau lui permet de profiter des vertus curatives des bains de pieds. A proximité, une cabane en bois abrite les sanitaires et une installation de régulation du niveau de l’étang. Le sentier se poursuit jusqu’à un replat où le touriste a la possibilité de se reposer sur des transats en bois massif en profitant du panorama, tout en
1632
développant sa réflexion sur l’aspect trépidant de notre société. Le parcours est entièrement réalisé en sapin blanc, espèce locale qui a été préférée au mélèze, essence certes pérenne, mais peu représentée dans la région et dont les possibles poches de résines ne sont guère compatibles avec le parcours à pieds nus de l’installation. Finalement, il a été jugé que dans l’optique d’un développement durable, l’utilisation des ressources de proximité était préférable, même si le remplacement de certains éléments doit être envisagé en cas de dégradation. L’aménagement sensible et la mise en valeur des beautés de la nature environnante ont valu au projet de recevoir plusieurs distinctions. Mais plus encore, il a permis à la communauté de remplir ses objectifs : d’une part proposer une activité touristique aux nombreux visiteurs de la région, d’autre part rendre attentif au caractère précieux de la santé et aux moyens, parfois simples, de l’entretenir.
Situation
Lieu Schwandalpweiher, 6173 Flühli Maître de l’ouvrage Genossenschaft Flühli-Wasser Architecte Freiraumarchitektur, Markus Bieri, Landschaftsarchitekt HTL BSLA, Lucerne Entreprises bois Bieri Holzbau, Flühli, Felder R. AG Sägerei, Sörenberg, Schmid Holzbau, Flühli, Schmidiger AG Säge- und Hobelwerk, Flühli Bois mis en œuvre: Sapin blanc 30 m3 Surface 5000 m2 Coût CHF 400 000.– Durée de construction Mars 2003– septembre 2003 Photographe Freiraumarchitektur, Lucerne
1633
Piscine privée, Seuzach Du côté rue, la maison familiale, implantée sur une parcelle légèrement en pente en bordure de forêt, apparaît comme un volume unique. Le jardin, situé entre la maison et la lisière, a été inséré dans la pente et aménagé de manière claire. Contre la forêt, il est limité par trois murs de soutènement entre lesquels s’enchâsse une piscine. Les espaces jours de la maison sont entièrement vitrés et orientés au sud. Une terrasse en bois de près de trois mètres de large, longe l’ensemble de la façade. De l’autre côté, la salle à manger donne accès au jardin qui comprend une place en gravier, un pavillon, et une piscine entourée d’un deck en bois. La piscine de 4 m x 10 m et une profondeur de 1,54 m a été réalisée selon un principe simple et léger. Une sous-construction, composée de madriers autoclavés de 50 mm d’épaisseur fixés à des poteaux en acier galvanisé, constitue les parois latérales. Elle sert de support à un revêtement étanche de 0,8 mm d’épaisseur, de couleur bleu turquoise, qui repose au fond sur des panneaux isolants. Cette construction de base, noyée dans du gravier drainant, possède une durée de vie garantie de 25 ans. Lors du changement de la couche étanche après 15 ans, elle peut alors être contrôlée et les éléments défectueux remplacés si besoin est. Le platelage entourant la piscine est composé de lames de douglas de 25 x 145 mm de sec-
1634
tion, posées sur des madriers de 50 x 150 mm dont la face supérieure est protégée par une feuille étanche. Ces éléments prennent appui sur de simples plaques de béton, disposées à intervalles réguliers. Cette structure assure une bonne ventilation du bois, garantissant la durabilité du deck. Le béton brut des murs et le platelage raboté mais non traité, par leur sobriété, s’intègrent parfaitement dans l’aménagement du jardin.
Lieu 8472 Seuzach Architecte Architekten Kollektiv AG, Winterthur Platelage Baltensperger AG, Seuzach Construction piscine Vita Bad AG, Hitzkirch Surface env. 950 m2 (jardin); 40 m2 (piscine) Durée de construction Octobre 2004 Photographe Thomas Aus der Au, Winterthur
Composition paroi: Bâche turquoise étanche 0.8 mm, madrier sapin autoclavé 50 mm, poteaux acier galvanisé 140 mm, gravier drainant Construction deck: Platelage douglas 25 x 145 mm, contrelattes 25 x 60 mm, madriers 50 x 150 mm, avec feuille d’étanchéité, plaques de béton 50 mm, couche d’égalisation, non-tissé
Situation
1635
Aménagement de jardin, Hägendorf Le concept de cet aménagement de jardin marque la fin d’un long processus de construction effectué par étapes. Après la transformation et la surélévation d’une petite maison familiale en une résidence de charme, l’espace situé du côté sud-ouest a été repensé et aménagé en un jardin agrémenté de bambous. La pente est soulignée par la terrasse, les escaliers et les plateaux intermédiaires. Du côté rue, une paroi permet de se protéger des regards indiscrets et de créer par la même occasion un espace qui prolonge la cuisine les jours de beau temps. Les parties subissant les assauts des intempéries sont mises en oeuvre en douglas, essence adaptée à une utilisation extérieure. Une attention particulière a été portée à la qualité du bois. La structure est constituée d’éléments facilement démontables, assemblés de manière invisible, ce qui permet d’assurer facilement leur remplacement le cas échéant. La couleur d’origine légèrement rougeâtre a fait place avec le temps à une teinte grise, en parfaite harmonie avec la végétation alentour. La paroi protectrice joue sur les dimensions, l’écartement et l’angle des lames en combinaison avec la surface brute du béton de son socle, tandis que l’escalier, dont le lattage en bois gris argenté s’allie avec les balustrades métalliques et le revêtement
1636
en verre du sol du balcon, permet d’atteindre le jardin en contrebas de la propriété.
Coupe
Lieu Am Brotkorb, 4614 Hägendorf Maître d’ouvrage Daniel Grütter Architecte Peter Studer Holzbau AG, Hägendorf Construction bois Peter Studer Holzbau AG, Hägendorf Coûts CHF 16 000.– (construction en bois) Surface construite env. 60 m2 Durée de construction Juin–juillet 2001 Photographe Peter Studer Holzbau AG, Hägendorf
Plan
1637
Terrasse en toiture, Lucerne Petit refuge entièrement en bois à l’abri du tumulte de la ville, cette terrasse en toiture est un lieu dédié à la détente et au calme. Cet espace, invisible depuis la rue, s’insère avec finesse dans le paysage de toitures. La construction se compose de 16 éléments en douglas suivant une trame stricte, séparés à chaque fois par une structure intercalaire en sipo. Cette séquence confère à l’ensemble un aspect sculptural, souligné par un bassin et un écran végétal. Ce petit paradis est accessible depuis l’appartement du maître d’ouvrage par un escalier lui aussi en bois, dont les balustrades sont constituées de sipo massif. La balustrade de gauche s’interrompt avec le commencement de la terrasse, tandis que celle de droite, virant à 90°, délimite l’aire à l’est. Depuis l’escalier, on accède aux 6 premiers éléments qui répondent à la même fonction: au nord, des espaces de rangement sont intégrés, alors qu’au sud la terrasse s’ouvre vers la toiture et la vue. A partir du 7ème élément, une paroi supporte la croissance de végétaux qui ferment l’espace jusqu’au bout de la plateforme. Les plantes grimpantes qui s’agrippent sur les supports en acier nickel-chrome fixés aux porteurs en bois de la pergola protègent du soleil. Une toile démontable permet également de s’abriter d’une fine pluie, alors que des éléments de
1638
rangement protègent du vent et des regards indiscrets. Le mobilier de la plateforme qui comprend deux grandes tables à manger peut y être rangé, alors que des chaises peuvent être placées sous le long banc. Le long de la paroi végétalisée, des lampes fluorescentes illuminent les poteaux en bois et filtre à travers les lattes de douglas. Un bassin clôt la plateforme. D’une profondeur de 100 mm pour limiter la charge sur le toit, il intègre néanmoins une zone plus profonde de 450 mm qui permet de se rafraîchir dans les mois d’été, ou de prendre un bain chaud durant les mois de transition. Grâce à ce dispositif, il est possible d’apprécier l’ambiance générée par le reflet du coucher du soleil sur la surface de l’eau animée par quelques risées. La plateforme repose sur deux porteurs métalliques longitudinaux qui s’appuient sur des cubes en béton, la détachant ainsi de la toiture existante. La structure primaire en bois de sipo de couleur rougeâtre est posée sur les deux porteurs avec un entraxe de 856 mm. Entre cette structure, les lames ajourées en douglas de 30 x 40 mm de section avec un joint de 6 mm, sont facilement substituables. Les bois utilisés n’ont pas été traités et le changement de couleur était planifié et voulu. La durabilité des bois et la protection constructive permettent d’assurer la durée de vie souhaitée. Le contrôle régulier des lames,
leur changement si nécessaire, ainsi que les mesures de maintenance annuelle ont été prévus dans un plan d’entretien préalablement défini avec l’architecte. Cet espace est un lieu aux ambiances sans cesse renouvelées. Dotée d’une vue dégagée la journée, la terrasse se mue dès le crépuscule en un lieu intimiste, grâce aux bandeaux lumineux intégrés à la construction.
Coupe longitudinale
16
14
7
3
Lieu Guggiweg 3, 6005 Lucerne Maître de l’ouvrage Jörg Lienert Architecte Lütolf und Scheuner, Lucerne Construction bois Burch Holzbau AG, Sarnen Coût total CHF 195 000.– Surface construite 52 m2 Bois mis en oeuvre Sipo, douglas Durée de construction Juillet 2002 Photographe Lütolf und Scheuner, Lucerne
Plan
Coupe à travers l’élément 3
Coupe à travers l’élément 7
Coupe à travers l’élément 14
Coupe à travers l’élément 16
1639
Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno
Falkenstrasse 26 CH-8008 Zurich
En Budron H6, CP 113 CH-1052 Le Montsur-Lausanne
Tél. 044 267 47 77 Fax 044 267 47 87 info@lignum.ch www.lignum.ch
Tél. 021 652 62 22 Fax 021 652 93 41 info@cedotec.ch www.cedotec.ch
Bulletin bois, septembre 2007 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur
1640
Rédaction Roland Brunner, Lignum, Mélanie Baschung et Denis Pflug, Lignum-Cedotec
Conception graphique BN Graphics, Zurich Impression Kalt-Zehnder-Druck AG, Zoug Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum ISSN 1420-0252 Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français.
Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 100.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications. Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.