Chantiers participatifs : apprentissage horizontal et volontaire Un autre cadre où l’on peut expérimenter un différent type d’apprentissage est celui des chantiers participatifs. Dans ce cadre il est permis à tous d’approcher la construction du bâtiment, par curiosité ou dans le but de projets personnels au travers d’un échange de bons procédés. Cela donne accès à une pédagogie expérimentale d’échelle 1, loin de la hiérarchie universitaire. D’une part, l’organisateur de chantier bénéficie d’une main d’œuvre gratuite et offre le toit et le couvert, tandis que d’autre part le bénévole acquiert des techniques de construction sans contrepartie financière. Le chantier participatif est donc un échange entre transmission de savoirs-faire contre service rendu. Lors de ces événements, nous pouvons témoigner de la passion et de l’émulation qui anime les chantiers. La transmission relie les générations avec patience. Ceux qui savent prennent le temps d’expliquer à ceux en cours d’apprentissage. Il y a une place à l’apprentissage par l’erreur, la présence de chacun est légitime. Peu à peu se soude un esprit d’équipe qui prend à cœur de réaliser un ouvrage collectivement, au moyen d’une écoute réciproque. Ces expériences nous permettent en tant qu’apprentis architectes de nous approprier des modes de construire, afin de mieux savoir composer la matière dans l’esquisse de nos projets. Cela nous permet de dessiner en définissant nos traits avec plus de confiance.
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Ces expériences développent aussi notre capacité d’écoute sur chantier afin de pouvoir établir un dialogue serein dans la perspective de notre pratique professionnelle. Pour autant, on ne rencontre pas uniquement des étudiants liés au domaine architectural sur ces chantiers, il y a aussi beaucoup de personnes en quête de sens, qui souhaitent acquérir des savoirs-faire afin de pouvoir auto-construire leur propre lieu de vie par la suite. Si ce besoin de savoir fabriquer soi-même son toit est de plus en plus prégnant, c’est peut être que ces individus se sentent agressés par l’architecture. L’artisanat alors, est un retour à la matière qui permet de se reconnecter à ses propres besoins, comme base saine de vie humaine. Il est notamment intéressant de s’interroger sur l’expression
« (re)prendre en main », qui est synonyme d’initiative personnelle, dans une dimension assez existentielle. La main revêt ici un sens positif puisque à l’inverse de « prendre en charge », elle véhicule l’idée que la dynamique de changement pour soi, venant de soi. C’est probablement pour cette raison que prendre en main la réalisation de sa propre maison n’a pas uniquement un but d’économie financière, c’est pour beaucoup une source d’accomplissement personnel.