Juillet / août 2013 • N° 341
ÉDITO
Responsables et coupables ?
L Sommaire Actualités IndustriALL Global Union au Bourget Le 50ème printemps du Bourget Les résultats de l’audience 2009-2013 Élections de représentativité AED
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Vie des entreprises Eurocopter : augmentation du temps de travail des cadres Groupe Safran : accord sur la prévention et la protection des salariés MBDA : le ministre de la Défense à Bourges Aéroconseil : début de dialogue avec la direction
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Le Dossier Conférence sociale : une occasion manquée ?
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C’est dans l’air C-J. Ehrengardt, ou l’histoire à nos portes !
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’aéronautique civile va bien, merci. Les médias s’en font des gorges chaudes. Il est vrai que le pays en a bien besoin, tant il souffre de la crise. Quelques jolies musiques ne font pas de mal lorsque règne le désenchantement politique. L’aéronautique civile va bien, mais il n’y a qu’elle. Une fois éteints les flonflons du Bourget, une fois évaporées les vapeurs du champagne qui a accompagné l’A350, il faut revenir sur terre. Le militaire tient le coup, mais guère plus. L’espace se cherche quelques bouées de sauvetage financières. Les fournisseurs sont partout sous tension, parce qu’on leur trouve toujours quelque chose qui ne va pas dans le célèbre triptyque qualité / coût / délai. L’on pourrait en attendre de la part des dirigeants de nos grands groupes industriels, qu’ils prennent la mesure de la situation et prennent leurs responsabilités sociales. Que nenni, l’été n’est qu’annonciateur d’une fin d’année tendue. Car, que voulez vous, la crise arrive, nous dit-on. Mais au fait, la crise ? Quelle crise ? Au dire même de certains grands patrons, le but des grands groupes doit être de créer de la valeur ajoutée pour les actionnaires. L’actionnaire exige ceci. L’actionnaire veut cela. Quel actionnaire ? Pour la France, les grands groupes ont des participations croisées avec l’État, comme plus grand dénominateur commun. À l’échelle européenne, certains grands actionnaires ont disparu du paysage, cédant la place au « marché ». Servir « l’actionnaire » aux partenaires sociaux, telle une image surannée à base de gibus et de gros cigare, est donc, pour nous, un artifice, un nuage de fumée. Moyennant quoi, au lieu de vouloir guider les personnels de nos groupes, offices, agences, sur des chemins responsables menant à une sortie de crise citoyenne, les dirigeants de nos groupes veulent quoi ? Toujours plus. Plus d’EBIT, plus de dividendes, plus de récompenses pour ces actionnaires qui, vous le comprenez bien, nous font l’honneur de nous confier leur patrimoine, pour que nous puissions travailler. Où est le social, dans tout ça ? Où est la responsabilité des élites à l’égard de sociétés civiles en souffrance ? Faut-il attendre que déferle sur l’Europe une vague de fureur genre 1848, années 30 ou 68, pour que, non seulement, disparaissent les poules aux œufs d’or, mais carrément tout le poulailler avec ? Cette perspective nous paraît, à nous, AED, simplement intolérable. Alors que la crise frappe à la porte de nos industries, nous attendons des élites de nos entreprises, comme de nos gouvernements, des choix socialement responsables pour la traverser sans casse sociale. Faute de quoi, l’histoire retiendra d’eux qu’ils auront été non seulement responsables, mais coupables. Et faute de quoi, l’automne sera chaud … < Christophe Dumas - Délégué administratif