BREF Septembre/octobre 2014 • N° 348
AÉRO
ÉDITO
Schizophrénie Schizophrénie : n.f. du grec « skizein », fendre, et « phrên », pensée. Trouble psychique caractérisé par la dysharmonie et l’incohérence mentales (Petit Larousse). En matière syndicale, la notion de schizophrénie est assez souvent évoquée. Les plus anciens se souviennent du cas Manufrance qui fut emblématique dans les années 1970 : d’un côté, une entreprise dont le modèle économique était à bout de souffle, de l’autre, un personnel poussé par certains syndicats à ne rien lâcher de son statut, parce que la Direction devait plier, et qu’une entreprise, c’est bien connu, est immortelle. Mais Manufrance est morte.
Sommaire
En quarante ans, les exemples similaires ont été nombreux : les pneus en Picardie, l’acier en Lorraine, l’automobile en région parisienne, pour ne citer que les plus connus. À chaque fois, le dilemme est le même pour les organisations syndicales : essayer de sauver tout le monde au risque de tout perdre, ou n’en sauver que quelques-uns en attendant des jours meilleurs.
Actualités Développement durable, l’AED se structure
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Départ en retraite anticipée
3
Centre de formation fédéral
3
Vie des entreprises De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace
4
Élections de représentativité
4
Dossier Quand les militants CFE-CGC valorisent leurs engagements
5
C’est dans l’air Résistances
8
POUR VOUS AVEC VOUS
PARTOUT
L’aéronautique-espace-défense pourrait sembler épargnée par ce problème cornélien. À y regarder de plus près, notons d’abord que nos industries sont des industries à long cycle. Les concurrents n’émergent pas en quelques mois, les nouveaux produits non plus. Ce qui fait, qu’en général, nos entreprises ont, plus que d’autres, du temps devant elles pour s’adapter. Mais nous devons aussi noter, qu’en fait, le monde de l’AED est en mutation permanente depuis la chute du mur de Berlin. Lentement, mais sûrement, personne n’y échappe. MBDA, par exemple, très rentable, n’en adapte pas moins en permanence son outil industriel. La filière Ariane cherche en permanence à réduire ses coûts. Le marché des satellites est extrêmement concurrentiel, tout comme l’est, en aval, celui de ses clients. Dans les hélicoptères, on se chipe allègrement des parts de marchés, comme dans l’automobile. Et bien au-delà, on sait que la construction navale ou l’armement terrestre sont eux aussi sous tension. L’aviation n’est pas à l’abri, ne rêvons pas. La réorganisation de l’aérostructure n’est pas aboutie. Dans le militaire, on sait que le Typhoon et le Rafale sont les derniers de leurs races en Europe, et que leurs successeurs seront sans doute des drones armés. Donc mort programmée d’une filière et lente émergence d’une autre sont au programme. Pour ce qui est du civil, si rien dans l’immédiat ne porte à l’inquiétude, on observe tout de même que les prochains progrès ne sont pas attendus dans l’aérodynamique, mais dans la motorisation et les matériaux. Là encore, mutations, changements de métiers et probablement, changement de paradigme : qui demain sera le vrai dépositaire de la valeur ajoutée sur un avion ? Le motoriste ou l’avionneur ? L’équipementier ou le systémier ? Voilà pourquoi la CFE-CGC AED est à l’écoute des tendances lourdes qui dessinent aujourd’hui les lendemains de notre industrie. Précisément pour éviter - autant que faire se pourra - de nous retrouver dans des situations schizophrènes où nous ne saurions pas à la fois défendre une entreprise et son personnel. Notre credo est bien « la défense du personnel dans l’intérêt de l’entreprise ». C. Dumas - Délégué administratif