Bref Aéro 353 Juillet/ août 2015

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BREF Juillet/août 2015 • N° 353

AÉRO

ÉDITO Créer la protection sociale 4.0 !

Les 15ème Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence viennent de se terminer. Elles avaient, cette année, pour thème : Et si le travail était la solution ? Après le congrès de notre fédération CFE-CGC de la métallurgie dont le thème était l’usine du futur, il a beaucoup été question d’économie numérique, de polarisation des emplois, de ces nouveaux barbares des nouvelles entreprises du numérique ... et donc des conséquences sur le travail.

Sommaire

Je vous fais partager quelques analyses entendues à Aix et questionnant la révolution du travail à l’œuvre versus le progrès social.

Actualités 43ème congrès de la Fédération de la Métallurgie

2

51

2

ème

session de l’IHEDN

Élections de représentativité

2

Nouvelles sections et désignations 2

Vie des entreprises Cimpa : un long processus de cession

3

Airbus Operations Toulouse : quelles actions pour sensibiliser au DD ?

4

Zodiac Aerospace : des salariés qui vont bien dans une société qui va bien !

4

Signature du 2ème accord de niveau européen dans le groupe SAFRAN 5

Dossier Gouvernance d’entreprise : les administrateurs salariés

6

C’est dans l’air Les héros sont fatigués

8

POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

D’abord, se souvenir que l’économie numérique a 20 ans. Je me souviens quand, au début des années 1990, nouvellement élu à l’exécutif confédéral de la CFE-CGC comme délégué national, je suivais, au pôle économie, sous la houlette de Michel Lamy, la croissance de la bulle spéculative (bulle internet) et ses conséquences. Depuis ce temps, nous sommes collectivement passés par plusieurs phases. La première, rassurante, imaginait les nouvelles technologies comme un nouveau levier de productivité, générateur de croissance et de nouveaux emplois très qualifiés. Puis vint la phase où nous avons cru en la reconversion des métiers et des hommes, ce fut la naissance des ancêtres de la GPEC. Lorsque que la bulle internet éclatât, ce fût le temps des désillusions et des «je vous l’avais bien dit». Naquit alors l’idée qu’il fallait investir sur des emplois nouveaux, mais «classiques», sur des usines du futur avec des salariés du futur plus compétents, mais ressemblant tout de même à ceux d’aujourd’hui ... Et finalement, la question aujourd’hui est : « Mais y aura-t-il encore des emplois demain ?…» De nombreux intervenants pensent que l’économie numérique est susceptible de créer de l’activité de la richesse et des emplois, mais à condition de «penser autrement». Pour N. Colin, par exemple, il faut abandonner définitivement l’idée de la stratégie de Lisbonne basée sur le postulat que l’économie numérique crée des emplois plus qualifiés. C’est l’inverse ! Le chauffeur de taxi ancien est un travailleur très qualifié: il connait par cœur le plan de la ville et les lieux et heures où il doit marauder. Il va être remplacé par un individu bien moins qualifié avec un GPS et un Smartphone ! Demain, le diagnostic médical et certains actes thérapeutiques, aujourd’hui réalisés par des médecins très qualifiés, seront réalisés par des infirmièr(e)s aidé(e)s d’outils d’aide au diagnostic et de robots (la première appendicectomie réalisée entièrement par un robot a été faite il y a peu). Donc demain, plus d’emplois moins qualifiés aidés des nouvelles technologies rendront de meilleurs services à plus de clients pour moins cher ! Cercle vertueux ? Ensuite, il semble bien que tous ces emplois ne seront pas que des emplois salariés. Il est maintenant admis que l’économie numérique abaisse considérablement les coûts de transaction et donc modifiera considérablement les équilibres du make or buy. D’autre part, l’attractivité des emplois salariés diminue de plus en plus dès lors que toutes les entreprises «classiques» sont contraintes à enchainer les restructurations, downsizing et autres plans de compétitivité, s’éloignant ainsi de plus en plus d’un travail où l’on s’accomplit, où l’on s’épanouit. S’en suivent la montée des RPS et des revendications concernant la qualité de vie au travail (QVT). Un seul avantage comparatif reste encore dans les emplois salariés classiques : celui de la protection sociale qui leur est attaché. C’est cette protection sociale qui a permis le choc de croissance des trente glorieuses et a rendu les emplois attractifs. L’économie numérique continuera donc à progresser en détruisant les emplois et en accroissant les inégalités tant que nous ne mettrons pas en place les institutions de protection sociale adaptées à cette nouvelle économie. Voilà un magnifique challenge pour les syndicalistes CFE-CGC que nous sommes. Bernard Valette Président de la CFE-CGC AED


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