Bref Aéro 357- mars/avril 2016

BREF Mars/avril 2016 • N° 357

AÉRO

ÉDITO Le secteur de la Défense en belle forme ?

À l’été 2012, Bref Aéro 335 titrait « Le nouveau livre blanc de la Défense ne doit pas être un roman noir ». Le Président de la République, récemment élu, François Hollande, venait de lancer la préparation d’un nouveau livre blanc. Qu’en est-il après 4 années d’exercice de la loi de programmation militaire actuelle (2014 - 2019) ?

Sommaire Actualités Les désignations

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Élections de représentativité

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48

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ème

congrès de l’AED

Vie des entreprises Airbus Helicopters : avec CARE, le temps de travail fait peau neuve 3 UTC Aerospace RATIER-FIGEAC : la CFE-CGC s’empare du CE 3 Airbus Safran Lanchers : les tribulations d’une fusion désordonnée

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Airbus : avis de recherche de cols blancs

5

Turbomeca : quand 3 lettres effacent 80 ans d’histoire

5

Dossier La digitalisation : une transformation difficile qui modifiera la forme du dialogue social 6

C’est dans l’air Spécial Dédicaces

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POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

Après une période de réduction forte depuis 2008, le budget de la Défense se redresse depuis 2015. Les États-Unis, loin devant la Chine, elle-même loin devant la Russie, forment le tiercé mondial en matière de budget Défense. La France est en cinquième position. En 2014, son budget militaire représentait 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) français alors qu’il est d’environ 3,5 % du PIB aux États-Unis et de 4,5 % en Russie, par exemple. Pour se maintenir à des niveaux comparables à ce qu’ils étaient en 2014, l’exécution complète de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 comptait sur des recettes exceptionnelles de 2,3 milliards d’euros. Les différentes solutions étudiées ont été abandonnées et il ressort que la part des recettes exceptionnelles ne devrait pas dépasser 0,8 % des ressources totales de la mission Défense, sur la période 2015-2019, soit 250 millions d’euros environ !

L’industrie de la Défense, avec un chiffre d’affaires autour de 17 milliards d’euros en 2014 (soit plus de 15 % du chiffre d’affaires de l’industrie européenne de Défense), est un des principaux secteurs industriels du pays. Si l’on considère les exportations militaires, mais aussi civiles, elle a compté pour un quart des exportations totales de la France en moyenne sur la période 2010-2013, selon le ministère de la Défense. Les années 2015-2016 pourraient confirmer la vitalité du secteur. Selon une étude d’impact réalisée par le ministère de la Défense, le Conseil des industries de défense (CIDEF) et le cabinet de conseil McKinsey & Co, l’industrie de la Défense aurait, sur la période 2008-2013, atténué l’ampleur du déficit global de la balance commerciale française, de cinq à huit points de pourcentage selon l’année considérée. La CFE-CGC AED continuera inlassablement son travail d’explication et de lobbying pour préserver notre Base Industrielle et Technique de Défense, seule garantie de nos emplois hautement qualifiés.

C’est sur cette note positive que je terminerai mon ultime édito. Lors de notre 48ème congrès, des 26 et 27 mai prochain, je passerai la main. Je tenais à vous dire combien je suis fier et honoré d’avoir conduit, pendant plus de 10 années, un si beau syndicat qui compte maintenant plus de 12 000 adhérents et pèse 30 % des suffrages tous collèges confondus. Merci à vous adhérentes et adhérents, militantes et militants, d’avoir fait de la CFE-CGC AED ce qu’elle est. Au congrès, vous élirez une nouvelle équipe qui saura porter encore plus haut nos couleurs.

Bernard VALETTE, Président CFE-CGC AED

Actualités

Élections de représentativité AED… De nombreuses élections des représentants des salariés se sont déroulées en janvier, février et début mars 2016, en voici les résultats.

AIRBUS DEFENCE AND SPACE TOULOUSE : une représentativité de 25,67 % et un poids de 24,79 % AIRBUS DEFENCE AND SPACE LES MUREAUX : une représentativité de 28,85 % et un poids de 26,01 %, en progression de 2 % AIRBUS DEFENCE AND SPACE ÉLANCOURT : une représentativité de 34,88 % et un poids de 33,02 %, très forte progression avec prise du CE (avec FO) face à la CGT AIRBUS DEFENCE AND SPACE AQUITAINE : une représentativité de 35,48 % et un poids de 29,39 % STELIA ROCHEFORT : une représentativité de 43,62 % et un poids de 37,36 % AIRBUS DS ÉLANCOURT : une représentativité et un poids de 38,08 %, 1ère organisation syndicale représentative THALES AVIONICS CSCS : une représentativité de 45,78 % et un poids de 42,97 %, en progression de 7 % pour devenir la 1ère organisation syndicale représentative de l’établissement

48ème Congrès AED

V

ous le savez maintenant, rendez-vous a été donné aux congressistes, à Chaumont sur Tharonne, les 26 et 27 mai 2016 (arrivée le 25 dans l’après-midi).

Ce sont environ 300 délégués mandatés, auditeurs, exposants et invités qui se retrouveront à Center Parcs « les Hauts de Bruyères », à proximité d’Orléans… http://seminaires.groupepvcp.com Les Sections ont procédé à l’inscription des délégués, des auditeurs et des conjoints…

L’organisation est en cours de finalisation, conformément au planning…

Le contenu et la forme des rapports ont été adaptés, notamment le rapport financier, à la suite de la loi sur la « représentativité » et la « transparence financière ».

Les « règlement intérieur du congrès », rapports d’activité et financier sont en cours de finalisation, ils seront disponibles par un lien dès le 20 avril et distribués à l’ouverture du Congrès…

Le rapport d’orientation du candidat Président sera remis sur place.

L’élection des 9 délégués retraités est finalisée. Ils représenteront les retraités au Congrès. L’élection de leurs 3 représentants au Conseil National est, elle aussi, finalisée…

Nous avons lancé les appels à candidatures pour le Conseil National, le Bureau et la Commission Financière choisies parmi les délégués au Congrès (AGO).

Nous ne manquerons pas de vous relater les temps forts et événements de ce Congrès, dans le « Bref Aéro spécial Congrès » prochain…

ALKAN VALENTON : une représentativité de 46,00 % et un poids de 36,22 %, dans cette DUP

À suivre…

Marc Legrand Secrétaire Général AED

Marc Legrand Secrétaire général AED

NOUVELLES DÉSIGNATIONS THALES ALENIA SPACE : Béatrice Campana, Fabrice Rialet sont désignés délégués syndicaux centraux et Max Soler, délégué syndical central référent

AIRBUS DEFENCE AND SPACE SAS : Thierry Préfol est désigné délégué syndical central

et Christophe Dumas, délégué syndical central adjoint

STELIA AEROSPACE : Joël Boursereau est désigné délégué syndical central ZODIAC ACTUATION SYSTEMS : Frédéric Lefebvre remplace Éric Merveaux au poste de représentant syndical au CCE THALES ALENIAS SPACE : Max Soler est désigné représentant syndical au CCE AIRBUS DEFENCE AND SPACE SAS : Philippe Grapinet est désigné représentant syndical au CCE et Thierry Préfol représentant syndical adjoint au CCE

STELIA AEROSPACE : Joël Boursereau est désigné représentant syndical au CCE THALES AVIONICS : Jean-Louis Lebrun remplace Jacques Roussey en qualité de représentant syndical au CCE FIGEAC AERO : Christophe Carmentran est désigné représentant syndical au Comité de Groupe INDRAERO SIREN Le Pechereau : Olivier Beaufrère est désigné représentant syndical de la section ROXEL France La Ferté St Aubin : Isabelle Rabier-Billet est désignée représentante syndicale de section (section réactivée) AIRBUS DEFENCE AND SPACE – Space Systems à Les Mureaux : Michelle Heimroth est désignée déléguée syndicale

CRÉATION DE SECTION : FERCHAU Toulouse 2

Vie des entreprises

Airbus Helicopters : avec Care, le temps de travail fait peau neuve La négociation CARE, débutée le 17 juillet 2015, s’est achevée le 18 février 2016 par la signature des 11 accords constituant l’ensemble des nouvelles règles qui régiront les organisations du temps de travail des cadres et des non cadres chez Airbus Helicopters, à compter du 1er avril 2016.

Cette négociation fut longue, mais la Direction a dû comprendre qu’elle avait en face d’elle trois organisations syndicales (CFE-CGC, CFDT et FO) dont les

plateformes revendicatives étaient sensiblement identiques.

Face à cela, la Direction a dû aller au-delà de la cible qu’elle s’était initialement fixée.

Des efforts responsables Nous sommes conscients que, dans ces accords, les salariés concèdent des efforts non négligeables, mais la CFE-CGC a pris en considération le fait que cette négociation était nécessaire pour la compétitivité de notre entreprise dans un contexte économique et concurrentiel complexe pour AH, qui doit se montrer plus souple dans son organisation et plus réactive.

Les revendications CFE-CGC concernant cette nouvelle organisation du travail ont été très largement prises en compte par la Direction.

Ces accords prévoient entre autre : - le changement du modèle du temps de travail des salariés non cadres : passage de 34 jours de RTT à 17 jours, avec une diminution de l’amplitude journalière de travail d’une demi-heure ;

- la possibilité, pour la Direction, d’augmenter le forfait jour dans des secteurs de l’entreprise (par période d’un an). Les jours de RTT rachetés (au nombre de 4) seront payés et majorés de 10% ; - la mise en place d’un accord sur le télétravail : une journée par semaine, si le poste est compatible ; - la mise en place de règles de bonne conduite managériale (horaires de réunion encadrés, etc.) ; - la mise en place du « droit à la connexion choisie », qui veut qu’un salarié puisse se connecter via les NTIC quand il le souhaite, mais qu’il ne peut en aucun cas lui être reproché de ne pas se connecter en dehors des heures de travail !

- le budget chiffré annuel pour la mise en place d’opérations d’amélioration des conditions de travail et du bien-être au travail.

La CFE-CGC a pris ses responsabilités et a signé ces accords qui sont à considérer dans leur globalité.

Ludovic Andrevon Délégué syndical central Airbus Helicopters

UTC Aerospace RATIER-FIGEAC : la CFE-CGC s’empare du CE

L

ors des dernières élections CE de l’UTC Aerospace Ratier-Figeac qui se sont déroulées en mars dernier, le plan de communication établi avec l’aide du syndicat AED, et notamment son expert développement, Félix Chiaramonte, nous a permis de nous développer au 2ème collège et ainsi atteindre un poids électoral de 28 % tous collèges confondus, et une représentativité de 58 % aux 2ème et 3ème collèges.

Une co-gestion rejetée Fort de 3 élus sur 8 titulaires et autant de suppléants (3 pour la CGT avec 39 % et 2 pour la CFDT avec 26 % et 0 pour FO avec 7 %), nous avons tenté de discuter avec nos anciens partenaires au CE, à savoir la CFDT, pour envisager peut-être de gérer ensemble les œuvres sociales du comité d’entreprise.

En effet, lors des précédentes élections, nous avions apporté nos voix à la secrétaire CFDT alors que le nombre d’élus était inversé. Le retour de balancier ne s’est pas produit !

Nous avons, malgré tout, maintenu notre candidature aux postes de secrétaire et de trésorier.

Lors de l’élection (à bulletins secrets), nos candidats ont été élus avec 4 voix, 3 pour les candidats CGT et 2 abstentions.

Prise du CE et réformes Après ce résultat, nous avons pris seuls les commandes du CE, composé de 3 salariés permanents pour 1 200 salariés.

Avec un budget d’œuvres sociales à 1,4 % de la masse salariale (chiffre stable

depuis 15 ans), nous avons d’abord commencé par prendre nos marques et gérer le CE avec les règles déjà établies pour 2015. Ce n’est que depuis le début de l’année 2016 que nous pouvons mettre en œuvre cer taines réformes avec toujours le souci de remettre le CE et ses œuvres au service du plus grand nombre.

Le temps passe vite et nos élections ont lieu tous les 2 ans. Espérons que nos responsabilités au CE nous permettront de continuer à développer notre section et préparer les négociations à venir ainsi que les prochaines élections. L’exercice est difficile, car nous n’avons pas, pour autant, laissé tomber notre travail au sein de l’entreprise. Sur ce plan- là, c’est sûr, il nous faudra négocier un accord d’entreprise pour encadrer l’exercice du mandat syndical.

Arnaud Soulié, Secrétaire du CE UTC Aerospace Ratier-Figeac

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Vie des entreprises

Airbus Safran Lanchers : les tribulations d’une fusion désordonnée solution est en cours d’étude depuis peu, et pourrait aboutir « positivement » si Airbus DS et Safran l’acceptent. Cependant, compte-tenu des montants en jeu, ce nouveau montage devra préalablement obtenir l’aval d’Airbus Group, actionnaire d’Airbus DS. Aucune des personnes rencontrées n’envisage de plan B et encore moins de statut-quo type GIE, car il ne permettrait pas d’atteindre les réductions de coûts attendues par le marché.

Un tour de table pas finalisé

Une délégation CFE-CGC Herakles Airbus DS - Arianespace a été reçue par des parlementaires ainsi que des représentants du ministère de l’Industrie et de celui de la Défense. Nous avons débattu autour d’un dossier porté et rédigé par la CFE-CGC, 1ère organisation syndicale et unique organisation syndicale représentative dans tous les établissements d’ASL. À l’occasion de cette rencontre de nombreux points ont été abordés, et des demandes formulées. Des interrogations demeurent dans une situation ubuesque qui ne rassure en rien les salariés des structures.

Le blocage lié à la fiscalité La question franco-française de la fiscalité liée aux apports et à la soulte est toujours en suspens. Aucun membre du gouvernement n’a voulu s’engager sur les propositions formulées ces derniers mois, car chacune d’entre elles aurait entrainé un risque pénal au regard de l’« inégalité devant les impôts ». Ce risque a déjà conduit à des procédures pénales sur d’autres dossiers similaires à l’encontre des Ministres qui avaient accepté de tels montages. Une nouvelle

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La situation n’est guère meilleure du côté du rachat par ASL des parts que le CNES détient dans Arianespace. On note un lobbying très important des petits actionnaires, poussés en partie par les Italiens qui s’imaginent (bluff ou réalité ?) pouvoir faire cavalier seul avec Vega.

Comme nous le pressentions, la position de la commission européenne s’avère très libérale, et ce, au détriment du marché interne européen. La CFE-CGC considère que la position de la commission fait le jeu des concurrents hors Europe alors qu’il ne s’agit que d’une verticalisation de nos activités au sein d’ASL, sans suppression de valeur ajoutée.

Les points de vigilance soulevés Nous avons attiré l’attention sur le fait que : d’une part, la situation actuelle (« as if ») ne peut être prolongée pour les salariés et, d’autre part, que le surplace décrédibilise ASL ; cela représente une aubaine pour les Italiens, en particulier pour tout ce qui concerne la propulsion à propergol solide.

Nous avons pointé les impacts négatifs d’un enlisement de la situation actuelle sur, primo, la revue PIR de cet été durant laquelle ASL doit s’engager sur un prix série ferme, et deuxièmement, le maintien des compétences et de l’économie du segment Stratégique (nombreux moyens similaires).

Nos interlocuteurs ont été très attentifs lorsque nous avons attiré leur attention sur

la progression continue du leadership Italien pour tout ce qui concerne la propulsion à propergol solide, que ce soit au niveau du management (équipes Europropulsion, Regulus, ESA, …) que pour les choix techniques structurants.

Croire en l’avenir d’ASL et d’Ariane 6 Malgré l’impossibilité pour le moment de régler la question fiscale francofrançaise, et une attitude aussi dogmatique de l’Europe qui est sur le point de se tirer une balle dans le pied en hypothéquant notre filière, nous avons trouvé des interlocuteurs déterminés à faire avancer le dossier ASL selon les hypothèses initiales, notamment l’équilibre 50 / 50, et ce dans les délais les plus brefs. Bercy, la Recherche, la Défense, tout le monde semble sensibilisé et pousse le dossier.

La CFE-CGC veut croire en l’avenir d’ASL et en l’aboutissement favorable de ce dossier dans les prochaines semaines.

C’est la raison pour laquelle nous allons continuer, tant que cela sera nécessaire, nos rencontres parisiennes et bruxelloises pour expliquer aux multiples parties prenantes de ce dossier protéiforme qu’il serait suicidaire d’en rester là où nous en sommes actuellement. Au bout du bout, si les décideurs ne prennent pas leurs responsabilités, la CFE-CGC aura pris les siennes !

Enfin, nous ne perdons pas de vue les impacts potentiels de l’opération sur l’organisation et l’emploi dans Arianespace ; et les risques qui pèsent sur son personnel. « Nous demandons aux acteurs francofrançais de prendre leurs responsabilités et de faire aboutir au plus vite la création d’Airbus Safran Launchers dans les conditions initialement envisagées. Et nous exigeons des instances européennes qu’elles ouvrent les yeux sur la concurrence mondiale au lieu d’en rester dans un microcosme bruxellois. » Philippe Géry Délégué syndical central Herakles

Vie des entreprises

Airbus : avis de recherche de cols blancs

L

e succès commercial d’Airbus amène à augmenter les cadences sur toutes les FALs et à faire face à de nouvelles charges comme, par exemple, l’aménagement de la cabine de l’A320 ou le BELUGA XL. Mais comment y subvenir sans un nombre suffisant de préparateurs, de supports techniques, de qualiticiens (QLS), de techniciens d’essais, d’agents d’Étude du travail (AET)?

Tous ces métiers supports dits « techniques » ne sont-ils pas cœur de métier ?

Comment atteindre le niveau d’expertise requis pour ces métiers-là, sachant que la politique actuelle de mobilité ne laisse pas le temps suffisant à l’apprentissage et à l’assimilation des compétences ?

La GPEC ne doit pas se transformer en GPEComptable avec une réduction des effectifs Cols Blancs purement mathématique. Pour 2016, l’objectif est de moins 10 %, sachant qu’une réduction de 10 % a déjà été faite en 2015.

Pour la CFE-CGC, la solution de l’augmentation de la sous-traitance, qui pourrait avoisiner les 70 % dans certains secteurs, n’est pas la bonne réponse, car elle fragilise à la longue le maintien des compétences.

Afin de répondre aux défis des montées en cadence et à la réussite de tous les nouveaux programmes (A330Neo / A320Neo / A350 / BELUGA XL…), la CFE-CGC demande à ce que les compétences techniques internes soient développées au travers d’un plan de formation adapté, reconnues, récompensées et considérées cœur de métier.

La CFE-CGC demande l’embauche de Cols Blancs partout où cela est nécessaire.

La CFE-CGC demande à ce que les passerelles Cols Bleus vers Cols Blancs ne soient pas bloquées et que le temps nécessaire aux formations métiers soit intégré au processus de mobilité.

CFE-CGC Airbus Toulouse

SHE, Safran Helicopter Engines, qui se prononce « she » en anglais, mais en français « chi » est catastrophique !

Pour leur permettre de faire le deuil, la Direction répond aux salariés « Safran est plus connu que vos marques d’entreprises » ! Difficile à croire pour les salariés d’une entreprise riche de 80 ans d’histoire et de renom quand on met en exergue un Groupe âgé de 10 ans…

Pour la CFE-CGC, ce changement de dénomination entraînera une per te de valeur de leur entreprise, une perte commerciale, mais aussi une perte de sentiment d’appartenance, ce qui est bien plus grave.

Turbomeca : quand 3 lettres effacent 80 ans d’histoire En ce mois de mars 2016, branlebas de combat dans les usines Turbomeca !

La Direction actionne la valeur capitalistique au détriment de l’histoire.

Dans les tuyaux de la Direction du Groupe Safran, le changement de nom des filiales du Groupe, dont Turbomeca. Pour les syndicats de la filiale, CFE-CGC en tête, la perte de la marque Turbomeca, marque numéro 1 mondial, reconnue par tous les professionnels du secteur, au profit de l’acronyme SHE : Safran Helicopter Engine, est en termes d’image une véritable régression.

Didier Jouanchicot Délégué syndical central Turbomeca

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Dossier

La digitalisation :

une transformation difficile qui modifiera la forme du dialogue social.

L

a digitalisation des entreprises est essentielle. Cette transformation demande aux entreprises de repenser leurs modèles tant technologique qu’humain. Ces nouvelles approches ne sont pas sans répercussions sur les relations sociales dans les entreprises.

Quelles sont les principales difficultés rencontres pour déployer une stratégie numérique ? % des répondants (N=500, parmi lesquels 325 PME)

Rigidités organisationnelles

45

Déficit de compétences numériques

31

Manque de marges de manœuvre financières

30 28

Manque d’implication visible des dirigeants Complexité des technologies numériques

13

Difficultés dans la gestion du changement Risques en matière de sécurité

12 5

Source : Enquête McKinsey auprès de 500 entreprises françaises, 2014.

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Dossier La transformation d’une entreprise en une « entreprise du futur » peut être ardue. Le passage au numérique bouscule non seulement les habitudes des salariés et des hiérarchies, mais également les modes d’apprentissage. Un mode d’apprentissage humain et facile à mettre en place permet de faciliter la transition : c’est le reverse monitoring. Cette méthode consiste à ce que ce soient les jeunes recrues qui enseignent à leurs aînés les subtilités de l’environnement numérique. Ces jeunes peuvent avoir pour mission de les aider à mieux comprendre les codes et les usages des différents réseaux sociaux et technologies afférentes, ainsi que d’être en mesure d’apprécier les risques et les enjeux business associés à l’utilisation de ces réseaux.

La transformation digitale est essentielle: internet oblige les entreprises à repenser leurs modèles, et l’apparition croissante de start-up innovantes constitue une menace pour la pérennité des plus grandes et exige de ces dernières d’être plus réactives. Tout le monde s’y met : la SNCF, Orange, mais également des ministères (en Belgique, le ministère de la Sécurité sociale s’est libéré !). Plus qu’une transformation technologique, il s’agit d’une transformation humaine. Elle remet en question les organisations. Cette transformation touche non seulement les salariés, mais également les clients.

en général, appréhenderont une robotisation trop intense qui pourrait conduire à la suppression de leurs postes.

Les réfractaires du côté des organisations syndicales sont ceux qui craignent les impacts sur le dialogue social. Certains partenaires sociaux craindront de voir « leur représentativité s’évaporer au détriment d’un rapprochement entre encadrement et collaborateurs ». Les organisations syndicales sont les responsables de la défense du salarié dans une entreprise où la logique qui prime est celle d’un fort lien de subordination. Or, avec l’avènement des nouvelles technologies plus collaboratives et des hiérarchies horizontales, l’actuelle forme de subordination juridique tend à disparaître.

Néanmoins, si le rôle des syndicats en tant que représentants des salariés est en voie d’évoluer, cela ne signifie pas qu’il va disparaître, mais seulement que, comme le reste de l’entreprise, il devra s’adapter.

Autre inquiétude des syndicats : il ne faut

La transition doit être pilotée par les D.R.H. et accompagnée par les syndicats. Les D.R.H. devront se montrer exemplaires et progressivement devenir les ambassadeurs de nouvelles pratiques, plus démocratiques, plus collaboratives. Il leur faudra faire preuve à la fois d’audace et d’humilité, d’enthousiasme et de patience, de structuration et de souplesse et surtout d’inventivité pour impulser cette transformation.

Les syndicats, quant à eux, devront être à l’écoute des inquiétudes des salariés, transmettre de façon claire les informations données par la Direction, expliquer les enjeux d’une possible métamorphose, et comme toujours, défendre les intérêts des salariés.

pas qu’un tel changement soit l’excuse pour une disparition du cadre juridique en raison de la multitude des cas désormais à envisager. Enfin, des organisations syndicales pourraient également contester les changements par peur d’une digitalisation trop poussée qui les effraie encore (dans les années 2000, la moyenne d’âge des syndiqués oscillait vers les 46 ans1, ces salariés ne sont pas forcément nés avec le numérique, autrement dit des « digital natives »).

espaces d’échanges collaboratifs pour favoriser l’interaction salariés et syndicats, et syndicats/RH pourrait s’avérer productif pour accompagner ces changements et interroger les salariés sur la digitalisation pour un suivi dans le baromètre social. L’efficacité du dialogue social pourrait donc même se voir renforcé. Doit s’ajouter à cela une formation des salariés (mise en place de tutoriels) et la transmission d’informations claires concernant l’enjeu de ces changements (avertir les salariés des risques portés par le digital et les informer de leur droit, celui à la déconnexion, par exemple).

Pour assurer une transition des plus paisibles, la digitalisation elle-même peut soutenir l’action des organisations syndicales. Ainsi, la mise en place de nouveaux

Malgré les problèmes que peuvent rencontrer les entreprises à organiser ce changement, les résultats se sont révélés positifs.

Si des échecs peuvent être constatés (des outils mal compris, des seniors mal accompagnés dans ce changement technologique…), ces derniers sont nécessaires pour s’adapter à la nouvelle concurrence et répondre à un marché en permanence connecté.

Deux entités indispensables : D.R.H. et syndicats La transformation des pratiques actuelles risque, dans un premier temps, d’être mal perçue par certains acteurs de l’entreprise. Les dirigeants et managers auront probablement des problèmes à accepter une remise en cause de leur autorité et de se voir imposer une transparence sur leurs pratiques. Les juristes risquent de s’opposer aux réformes en raison d’une non-conformité aux conventions collectives ou au code du Travail. Les salariés,

Le passage d’une entreprise traditionnelle à une entreprise moderne, libérée et digitalisée, qu’il soit progressif ou radical, est donc difficile. Il demande aux salariés, surtout au sein des grosses entreprises, d’accepter un changement de culture qui a perduré depuis plus d’un siècle.

Ludovic Andrevon Vice-président délégué CFE-CGC AED 1

Les syndiqués en France, Dominique Andolfatto

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C’est dans l’air lourde. Mais là, il n’en peut plus de ces beaux messieurs. Alors il va franchir le pas : il va passer au militantisme.

Spécial Dédicaces

I

l se reconnaîtra. À l’aube de ses soixante ans, il n’a plus sa place dans l’entreprise.

Il y a plus de trente ans qu’il sert le groupe en cherchant toujours les outils de management les plus modernes, qu’il teinte de sa profonde humanité. Mais cette fois, c’est trop. Et il le sait, parce que c’est quelqu’un de bien. Alors il va partir, avant le placard de trop. Il va aller finir sa vie professionnelle en dehors des gros appareils, et se reconstruire une nouvelle sérénité. Il ne lui reste plus qu’à bien l’expliquer à tous les gens qu’il a aidés, appuyés, encouragés pendant toutes ces années, et qui ont peur de comprendre. Mais il restera abonné à Bref Aéro.

Elle se reconnaîtra. Elle est rentrée dans la société presque par hasard, à une époque où le marché de l’emploi était sous tension.

Mais où sa formation initiale décalée a été jugée comme un possible atout pour l’entreprise. Parce qu’à cette époque pas encore digitalisée, le management avait le droit de faire ce genre de pari. Pour elle, pour ces managers qui l’ont encouragée, pour sa section syndicale dont elle est devenue un membre incontournable, elle est à deux doigts du passage cadre. Elle a tellement le nez dans le guidon qu’elle ne se rend même plus compte de l’exploit qu’elle est en train de réaliser.

Il se reconnaîtra. Son état-civil n’a rien de catholique. Alors quand à l’occasion d’une réunion on lui a fait comprendre que ses parents auraient mieux fait de rester chez eux dans les années soixante, il a serré les dents

BREF

AÉRO ÉRO 8

à défaut des poings – il eut été trop facile de céder à la provocation – et il a pris son mandat de pèlerin. Il a créé une section syndicale apolitique, fondée sur des valeurs humaines, à la recherche d’un bien commun aux salariés et à l’entreprise. Il s’y use, la tâche est difficile. Mais il va y arriver, parce qu’a minima c’est une manière de démontrer que ses parents ont eu raison de venir en France.

Elle se reconnaîtra. Son beau diplôme en poche, elle a couru après la vie famille, la vie professionnelle, la vie sociale, la vie tout court, car rien n’est facile. Elle n’a jamais voulu réaliser qu’il y avait un plafond de verre au-dessus d’elle, parce qu’aucun de ces beaux messieurs n’a jamais eu les organes génitaux pour le lui dire. Alors elle cherche encore et toujours par où passer. Il lui faudrait un casque à pointe pour le casser, ce foutu plafond. Et elle se rappelle que finalement c’est quand elle a exercé son mandat au C.E. qu’elle a été la plus sincèrement reconnue.

Il se reconnaîtra. Il a accepté toutes les missions. Il a eu foi en tous ses managers. Il a même passé plusieurs années loin de sa région et il a fini par y laisser son couple.

Heureusement qu’il est là, sinon son service ne marcherait pas. Les débutants sortis d’école viennent lui demander son avis parce qu’il a l’expérience. Vous savez, cette chose qu’on n’a plus le temps de collecter parce que les financiers préfèrent le risque d’un échec opérationnel – couvert par les assurances – plutôt qu’une masse salariale trop

Elle se reconnaîtra. On ne lui avait pas expliqué que l’entreprise ce serait ça. Quand elle était stagiaire, les anciens étaient adorables avec elle. Maintenant on ne voit plus en elle qu’une rivale. Mais qu’est-ce qu’elle a fait ? Oui, elle pompe des augmentations de salaire. Mais est-ce sa faute si elle a été embauchée à un niveau si bas ? Si ses managers doivent sacrifier les rallonges des autres pour essayer de la mettre au niveau ? Qui peut le lui expliquer ? Il y a un drôle de club par là. Ça s’appelle CFE-CGC. Allons-y voir.

Il se reconnaîtra. Pour un RH, lire Bref Aéro, c’est sous le manteau. C’est un bon baromètre. Mais il vaut mieux ne pas trop en parler et surtout, ne pas le laisser traîner.

Et pourtant, ça le démange des fois d’adhérer. Après tout, il est RH, mais il est aussi salarié. Et il se trouve trop souvent en face de syndicalistes blanchis sous le harnais, qui en savent plus que lui avec sa formation initiale. En plus, sa fonction est un coût pour l’entreprise, on le met sous pression. Que faire ? Dans RH, il y a H. Il adhérera. Nous ne dirons rien.

Et nous pourrions ainsi écrire, en plusieurs volumes, les histoires de chacune et chacun des membres de l’AED. De tous ces gens qui nourrissent une affection pour leur entreprise, mais qui ne voient pas la légèreté de son engagement à leur égard. De tous ces jeunes « Y » dont les générations antérieures disent qu’ils ne les comprennent pas, alors ce sont peut-être eux qui ont tout compris. De ces militants qui, au travers de leur engagement syndical, donnent un sens altruiste et déterminé à leur vie professionnelle. Un engagement fait de difficultés, parfois d’échecs, mais dont les succès procurent à chaque fois un profond sentiment d’accomplissement et de progrès.

Fin mai, l’AED tient son congrès. Pour cette occasion, l’ensemble du Bureau sortant de l’AED souhaite dédier ce numéro aux milliers d’adhérents qui lui apportent leur soutien.

Mars/avril 2016 • n°357 Directeur de la publication : Bernard Valette Coordinateur de la rédaction : Daniel Verdy Ont participé à la rédaction : L. Andrevon, M. Legrand, C. Dumas, A. Soulier, P. Géry, D. Jouanchicot Crédits photos : © Airbus Group, TUC Aerospace Ratier-Figeac, Istock Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED - 66, rue des Binelles 92310 Sèvres - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume - www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : avril 2016 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

Christophe Dumas Délégué Administratif