Bref Aéro 367 Novembre-décembre 2017

Page 1

BREF Novembre/décembre 2017 • N° 367

AÉRO

ÉDITO

Vous le savez (ou peut-être pas, d’ailleurs), notre convention collective de la métallurgie date de 1975. Nous dirons qu’il s’agissait de la convention 1.0. Une grande négociation nationale est lancée pour la refondre totalement et l’adapter au monde du travail des 30 prochaines années. Une convention 4.0 en quelques sortes qui encadrera les autres 4.0 en gestation (industrie, management, syndicalisme...). Le programme des deux prochaines années n’épargnera aucun des sujets suivants :

Sommaire

• l’architecture de la branche ;

Actualités

• les classifications (avec l’abandon programmé des 285, 335 points ou autres 3A et 3B?). Tiens ! Je suis sûr que cela éveille votre curiosité...

Élections et représentativité

2

Nouvelles désignations

2

• le temps de travail : refonte totale ou simple toilettage ? Interaction forfait horaire/forfait jour. Vous suivez toujours ?

Augmentation de la CSG

2

• santé et conditions de travail ;

Le mot de la santé

2

• relation individuelle au travail ;

Vie des entreprises

• emploi/formation (gestion prévisionnelle de l’emploi, maintien de l’employabilité...) ;

La recherche technologique : une mutation totale

3

Satellites : l’effet Iphone

4

ArianeGroup : une soulte de transfert au versement mouvementé

4

Délivrance du diplôme d’ingénieur sous haute surveillance 5

Dossier Digitalisation, management 4.0... : jetons les bases de la compréhension 6-7

C’est dans l’air Non, non et non !

8

• protection sociale (la prévoyance, en particulier) ; • rémunération (part fixe/part variable, majoration horaires spéciaux, ancienneté...) ; • dialogue social en entreprise. Si nous ajoutons à tout cela que les ordonnances Macron prévoient que certains de ces points ne relèveront plus de la convention, mais de la négociation d’entreprise (comme l’ancienneté par exemple...), nous pouvons dès lors affirmer que notre modèle social va bouger. Heureusement, l’industrie de l’aéronautique, espace et défense se porte plutôt bien dans son ensemble. Il est toujours plus sain de négocier des changements lorsqu’une filière se porte bien que lorsqu’elle est en récession. Plus sain... mais moins compréhensible, car quand tout va bien...pourquoi changer ? Réponse : changer pour préparer les formidables changements à venir dans le monde du travail. Changer pour mieux former les salariés dont le métier disparaîtra à en exercer un nouveau. Changer pour faire profiter les salariés de conditions de travail améliorées. Changer enfin, afin que dans un monde de plus en plus connecté, où l’interlocuteur devient un smartphone, un robot ou un process, les salariés ne perdent pas le lien social humain indispensable à leur compréhension de leur vrai rôle dans l’entreprise. Je profite de ce que le Père Noël ne soit pas encore un robot pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de Noël. J’espère que leur lumière éclairera ce qui vous est cher et laissera dans l’ombre les détails sans importance.

POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED


Actualités

n°7 LE MOT DE LA SANTÉ :

ÉLECTIONS ET REPRÉSENTATIVITÉ En octobre, les toutes jeunes pousses, que sont les sections Zodiac de Niort et des Ulis, ont atteint des scores de représentativité respectifs de 14 et 24 % lors de leurs élections professionnelles. Elles ont ainsi gagné leur représentativité. Un bon encouragement pour leur développement ! Chez Thalès Avionics à Valence, la CFE-CGC obtient une représentativité de 26,8 % dans un contexte de forte compétition syndicale.

Évitez les questionnaires médicaux

Certaines Complémentaires Santé vous demandent de remplir un questionnaire de santé dans le but de vous proposer des tarifs personnalisés. Mais

attention : vous risquez de vous retrouver avec une prime majorée si l’assureur estime que votre profil correspond à celui d’un individu dit « à risque ».

Ne vous focalisez pas sur la notoriété de la Complémentaire Santé

Christophe DUMAS Secrétaire général CFE-CGC AED

NOUVELLES DÉSIGNATIONS LATÉCOÈRE : Laure Matignon remplace Thierry Thomas en qualité de déléguée syndicale central.

ONERA : Marie-Claire Le Pape est désignée déléguée syndicale central suppléante. ZODIAC DATA SYSTEMS Courtaboeuf (Les Ulis) : Samuel Feuvrier est désigné délégué syndical central. SAFRAN HELICOPTER ENGINES Françoise Mottay remplace Xavier Leclerc en qualité de représentante au comité central d’entreprise.

CRÉATION DE SECTIONS ZODIAC AERO ELECTRIC Niort : Vincent Guy est désigné délégué syndical.

ZODIAC DATA SYSTEMS Courtaboeuf (Les Ulis) : Samuel Feuvrier est désigné délégué syndical central, il était auparavant RSS.

2

Ce n’est pas parce qu’une Complémentaire Santé bénéficie d’une forte notoriété que ses services seront forcément meilleurs. La qualité des contrats dépend de ce qu’ils vous apportent en fonction de vos besoins, et de nombreux assureurs moins renommés peuvent proposer les mêmes garanties à des prix plus intéressants. Comparez alors les offres existantes en faisant jouer la concurrence afin

d’identifier les contrats réellement plus intéressants. Vous pouvez également consulter les nombreux avis sur les Complémentaires Santé disponibles sur internet. Patrick FRODEFOND Expert CFE-CGC AED Protection sociale

AUGMENTATION DE LA CSG : LE PRÉSIDENT MACRON DEMANDE UN « EFFORT » AUX RETRAITÉS « LES PLUS AISÉS » (1200 euros) « Les pauvres d’aujourd’hui sont souvent moins les retraités que les jeunes. Je leur demande donc, pour les plus aisés, un effort, je l’ai dit. Et leur effort permet de récompenser le travail ». Cette phrase du Président de la République a profondément choqué les retraités que nous représentons, qui l’ont perçue comme injuste et discriminatoire. Serait-ce une taxe sur la vieillesse ? Les retraités : privilégiés de la République ? Pourtant les retraités ne sont pas des assistés et la retraite n’est pas une prestation sociale, on a cotisé pour ! Mais après plusieurs années de vaches maigres, nombre de retraités ont l’impression d’être rackettés.

Alors … être solidaires avec des jeunes qui faute de formation adaptée ont les pires difficultés à s’insérer dans la vie professionnelle, bien entendu, nous sommes partants. Mais il n’est pas besoin de langue de bois ou d’hypocrisie pour cela. Si l’augmentation de la CSG n’est pas une baisse des retraites stricto sensu, elle n’en est pas moins une action ciblée à caractère discriminatoire et clivant : le pays en a-t-il besoin ?

Claude BANÈS et J.P GIBEAUD Pôle Séniors CFE-CGC AED


Vie des entreprises

La recherche technologique :

UNE MUTATION TOTALE Le paysage technologique des entreprises du secteur de l’AED s’est transformé en profondeur depuis ces cinq dernières années. Le secteur aérospatial est de plus en plus impacté par les technologies électriques et numériques qui connaissent des rythmes d’évolution exponentiels, beaucoup plus rapides que les technologies aérospatiales traditionnelles. L’accès à de nombreux segments de l’industrie aérospatiale est beaucoup plus facile, d’où un grand nombre de nouveaux acteurs, une concurrence extrême, une accélération de l’innovation et l’augmentation des investissements externes. Le risque d’effet disruptif sur notre cœur de métier continuera d’augmenter (exemple de SpaceX) avec l’avènement d’outils numériques et de technologie de fabrication numérique (impression 3D). En regard de ce nouvel environnement, la plupart des organisations Recherche de nos grands groupes - essentiellement de type «laboratoire» traditionnel – est jugée mal adaptée. Chez Airbus, la Direction a présenté aux partenaires sociaux un bilan sévère de son organisation : f trop lente et trop fermée

• une structure très hiérarchisée, ralentissant la prise de décision, et très peu de mécanismes ou d’incitations transverses ; • un modèle TRL (niveau de maturité technologique) obsolète au lieu d’un développement itératif orienté projet ; • des processus (validations, achats, RH, etc.) incohérents avec le calendrier de l’écosystème technologique externe, ce qui rend très difficile des partenariats efficaces.

f trop chère et trop peu efficace

• la proportion élevée de coûts fixes ne permet pas des changements de cap rapides pour tirer parti des tendances technologiques ; • une coordination insuffisante des dépenses de R&T, absence de feuilles de route technologiques efficaces et opérationnelles au niveau du Groupe.

f mal ciblée

• une mission insuffisamment claire ; • tentative de faire trop de choses sans justification cohérente ni masse critique dans des domaines clés.

Face à ce constat, la Direction d’Airbus a décidé de bâtir un nouvel environnement, une nouvelle culture et façon de travailler : ExO pour Organisation Exponentielle. Le concept majeur est basé sur la vitesse d’exécution nécessaire pour tenir le rythme des changements exponentiels des techniques engendrées par les technologies numériques et autres technologies non-traditionnelles. Si la structure doit être plus plate, laissant plus d’autonomie de décision, permettant un démarrage et un arrêt rapide de projets ainsi que des changements de cap, le modèle RH qui l’accompagne est décapant ! Ce n’est ni plus ni moins qu’une refonte totale du processus et modèle RH. La Direction explique vouloir : f assurer un processus de recrutement externe et interne rapide et flexible ; f se défaire de la notion de salariés « en propre » et accroître la flexibilité en recourant à des contrats à durée limitée de 2 à 3 ans pour changer rapidement d’échelle à la hausse comme à la baisse ; f promouvoir l’autonomisation des salariés, avec une responsabilité individuelle renforcée et absence de hiérarchie rigide ; f gérer les équipes selon le budget du projet (comprenant la masse salariale, l’enveloppe des primes, le budget formation) et non selon les effectifs. Les modèles de rémunération seront flexibles pour pouvoir conquérir les meilleurs talents dans les domaines de pointe, mais aussi conserver les ressources essentielles et développer une culture orientée vers la performance collective ; f gérer la performance par récompense sur le champ et aux jalons d’un projet. Le montant et le rythme de versement seront décidés par le manager et potentiellement par l’équipe.

« Job on demand » (ou contrat de chantier, il y a comme des similitudes…), rémunération dite « cafétéria », flexibilité… l’organisation ExO s’inscrirait dans la nouvelle tendance des pratiques managériales et de la gestion des RH.

LA CFE-CGC S’INTERROGE ! Qui participe aux budgets en termes de financement ? Quid de l’ancienneté dans le Groupe pour les salariés transférés depuis des divisions ? Quelles sont les conditions de retour au sein d’une entité du Groupe au terme de la mission ExO ? Qu’advient-il en cas de réduction budgétaire en cours de projet ? Quelle représentation pour le personnel ExO ? Un comité social et économique sera-t-il mis en place conformément à l’article L. 2311-2 de l’Ordonnance relative à la nouvelle organisation du dialogue social?

Voilà un extrait des nombreuses questions posées par la CFE-CGC à la Direction d’Airbus, mais l’interrogation principale reste : les salariés seront-ils attirés par ce nouveau modèle social ? La réponse dans les semaines à venir…

Françoise VALLIN Coordinatrice CFE-CGC Airbus Group

3


Vie des entreprises

SATELLITES : L’EFFET IPHONE

ARIANEGROUP* :

UNE SOULTE DE TRANSFERT AU VERSEMENT MOUVEMENTÉ Safran devait verser une soulte - d’un montant de [4 % du salaire annuel brut + 2 000€] - à chaque salarié d’ArianeGroup issu de Safran en compensation partielle du préjudice subi quant à l’épargne salariale du second semestre 2016 non versée. ArianeGroup étant créée le 1er juillet 2016, l’épargne salariale Safran (participation + intéressement + abondement) devint caduque pour le second semestre cette année, et il était juridiquement impossible de négocier un accord d’épargne salariale pour cette période. Les salariés d’ArianeGroup issus d’Airbus continuaient quant à eux à bénéficier de l’épargne salariale pour la totalité de l’année 2016.

Le marché des satellites évolue. Et paradoxalement cette évolution entraîne, en 2017, une baisse des commandes de la part des opérateurs de satellites, prêts à attendre une nouvelle génération avant de s’engager, à l’image des consommateurs hésitant à acquérir un iPhone avant la sortie du prochain modèle. Quelles sont ces évolutions ? L’apparition des satellites à propulsion électrique, il y a quelques années, a entraîné le développement de satellites moins lourds, donc moins coûteux à lancer. Mais ceux-ci prennent beaucoup plus de temps à être mis à poste sur leur position orbitale finale que des satellites à propulsion classique. D’où un choix parfois pas simple à faire par les opérateurs entre acheter un satellite un peu moins cher, mais qui sera mis en service (et donc générera des revenus) plusieurs mois après son lancement, ou un satellite plus coûteux, mais utilisable en quelques semaines. Autre évolution importante : l’apparition de projets de constellations de centaines de satellites bouleverse également le marché. Le premier projet de ce type est le projet OneWeb, lancé en juin 2014, dont les premiers satellites devraient être lancés en 2018. D’autres acteurs issus de l’économie numérique ont des projets équivalents. Mais produire des satellites en centaines d’exemplaires et à bas coût est un challenge technique et industriel important ! Quoi qu’il en soit, les constructeurs de satellites français sont bien positionnés pour répondre aux besoins des opérateurs :

4

ff AIRBUS Defence & Space, qui réalise la première méga constellation satellites de télécommunication (900 satellites OneWeb), dont la plateforme à propulsion électrique a battu récemment un record de rapidité de mise à poste, avec le satellite Eutelsat 172 B ; ff Thales Alenia Space, qui commercialise une nouvelle ligne de produits satellites Télécom appelée Spacebus Neo développée avec le support des agences (CNES et ESA), leader mondial dans le domaine des constellations avec Globalstar SG, O3b, et Iridium NEXT qui représente 81 satellites de télécommunication. La CFE-CGC le soutient depuis des années : ce sont les investissements et la R&D qui permettent à nos entreprises de maintenir leur compétitivité en gardant une avance technologique sur la concurrence. AIRBUS DS et THALES Alenia Space en font une belle démonstration.

Thierry PRÉFOL Délégué syndical central Airbus Defence & Space

La CFE-CGC est à l’initiative de cette soulte que nous avions proposée en 2015 ; nous l’avons obtenue avec le soutien d’autres organisations syndicales. Sauf que … au printemps dernier, Safran fait volte-face et ne verse que les 4 % sans aucune justification. Stupeur des salariés et bronca des organisations syndicales … La CFE-CGC ArianeGroup s’est activée durant tout l’été pour réclamer ce qui était dû aux salariés, tout en condamnant fermement la volte-face de Safran qui ne respectait pas son engagement. Au final, Safran a maintenu sa position et ArianeGroup a suppléé Safran en versant les 2 000 € à sa place, en deux versements étalés sur 2017 et 2018. ArianeGroup évite ainsi la discrimination dont les salariés issus de Safran auraient fait l’objet si cette soulte n’avait pas été versée comme prévu. Mais ce versement (env. 11M€) affecte les comptes de la société toute entière. Bilan des courses : ArianeGroup règle l’addition à la place de Safran, c’est vraisemblablement la « moins mauvaise solution possible » pour solder le passé ; mais avait-elle le choix ? Dont acte ! *ArianeGroup : société codétenue à parts égales par Safran et Airbus, créée en juillet 2016. 8 000 salariés répartis en France et en Allemagne.

Philippe GÉRY Délégué syndical central CFE-CGC ArianeGroup


Vie des entreprises DÉLIVRANCE DU DIPLÔME D’INGÉNIEUR

SOUS HAUTE SURVEILLANCE En France, seules les formations habilitées par la CTI délivrent un diplôme d’ingénieur. De nombreux ingénieurs travaillent dans notre belle industrie aéronautique et spatiale, en France comme à l’étranger. Mais que veut dire « ingénieur » ? En France, c’est à la fois un titre, et/ou une profession, voire un intitulé d’emploi ou de catégories d’emplois : on peut avoir un titre d’ingénieur et exercer une autre profession que celle d’ingénieur, de même on peut occuper un poste identifié comme un poste d’ingénieur dans une entreprise sans avoir obtenu le titre d’ingénieur. Contrairement à d’autres pays, où la profession d’ingénieurs est réglementée par des « ordres d’ingénieurs » comme, par exemples l’Espagne, la Grèce, le Portugal, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada, etc., en France, seul le « Titre d’ingénieur diplômé » est protégé par la loi, la profession d’ingénieur n’étant, elle, pas réglementée. En effet, suivant le code de l’Éducation, article L642-2 : Les personnes qui s’intitulent «ingénieur diplômé» doivent faire suivre immédiatement cette mention d’un des titres d’ingénieur créés par l’État ou reconnus par l’État, ou d’un des titres d’ingénieur légalement déposés conformément aux articles L642-4 et L642-10. Le cas échéant, le code Pénal, dans son article 433-17, prévoit que : L’usage, sans droit, d’un titre attaché à une profession réglementée par l’autorité publique ou d’un diplôme officiel ou d’une qualité dont les conditions d’attribution sont fixées par l’autorité publique est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Alors comment s’y retrouver ? Grâce à la CTI : Commission des Titres d’Ingénieurs. Elle se prononce sur toutes les habilitations à délivrer le titre d’« ingénieur diplômé », sous forme de décisions pour les établissements privés, d’avis (suivis à 99,9 % par le ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) pour les établissements publics, et d’avis également pour l’admission par l‘État de diplômes étrangers. Elle est également consultée sur toutes les questions concernant les titres d’ingénieur diplômé. Elle vise à développer

une culture d’assurance qualité au sein des écoles d’ingénieurs françaises et coopère avec de nombreuses autres agences qualité françaises et internationales. Elle mène des actions pour promouvoir la reconnaissance académique et professionnelle du titre d’ingénieur diplômé français, souvent en coordination avec l’IESF (ex Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France). Outre l’accréditation offi cielle « CTI », elle peut délivrer d’autres labels qualité comme le label Européen EUR-ACE© (EURopean-ACcredited Engineer) de l’ENAEE (European Network for Accreditation of Engineering Education) ou CeQuint (Certificate for Quality in Internationalisation). Pour pouvoir être accréditée par la CTI, une formation d’ingénieur doit respecter des standards qualité requis et décrits dans le référentiel parmi lesquels : f au moins 10 semestres d’études après le bac, permettant d’attribuer 300 ECTS (European Credit Transfer and Accumulation System) ; f une sélection à l’entrée basée sur des critères et une procédure structurée (examen ou sur dossiers) ; f une formation qui inclut sciences fondamentales, technologies, aussi bien que des sciences humaines et sociales, aspects recherche et innovation, projets et stages en entreprise, capacité à s’internationaliser, mais aussi compétences pour analyser, synthétiser, travailler en équipe et communiquer, se former tout au long de la vie, entreprendre… ; f une bonne employabilité à la sortie de l’école ; f une pédagogie riche et un système d’assurance qualité interne à l’école qui soit robuste.

Les formations d’ingénieurs accréditées par la CTI peuvent se mener sous statut étudiant classique, ou par la voie de l’apprentissage (qui se développe de plus en plus dans ces filières), ou par la formation continue ou la VAE. Il existe, en France, 206 écoles d’ingénieurs habilitées par la CTI à délivrer l’un des 551 diplômes d’ingénieur, dont 54 établissements privés. Leur habilitation est renouvelée au maximum pour 5 ans (6 ans jusqu’à récemment), elle peut l’être pour beaucoup moins si l’audit révèle des points faibles à corriger rapidement,

ou dans le cas d’ouverture de nouvelles filières (dans ce cas, 3 ans au maximum). 37 000 à 38 000 élèves-ingénieurs sont diplômés chaque année, dont 14 % par la voie de l’apprentissage, 3 % en formation continue, et 0,4 % en VAE. 28 % des diplômés sont des femmes. En 2016, la CTI a audité 88 de ces établissements. Pour ce faire, elle s’appuie sur ses 32 membres bénévoles et un réseau d’une centaine d’experts, ainsi que sur son équipe permanente (4 salariées). C’est une commission paritaire : ses 32 membres bénévoles, nommés pour 4 ans (renouvelable une fois) par le Ministre de l’Enseignement Supérieur, sont issus pour moitié (16 membres) du monde académique, et pour moitié (16 membres) du monde industriel. Parmi ces 16 derniers, 8 sont mandatés par des organisations d’employeurs (MEDEF, CGPME), et 8 autres par des associations d’ingénieurs et syndicats de salariés (IESF, CGT, CFDT, FO, CFTC, CFEC-GC). Les missions d’audit sont toujours construites afin que l’équipe d’audit soit systématiquement composée de membres issus du monde académique et du monde industriel. Cette mission nécessite au minimum 40 à 60 jours de disponibilité pour assurer les différents déplacements incontournables (participation aux séances plénières de la commission à Paris, où sont votés les avis d’accréditation, participation aux missions d’audits des écoles), et les actions qui les accompagnent (lecture des dossiers, rédaction des rapports, préparation des présentations, etc.). Depuis juillet 2014, la CFE-CGC est représentée à la CTI par Élisabeth Lavigne (Ingénieur Airbus Toulouse), qui a pris la suite d’Yves Breval sur ce mandat. Élisabeth est également, depuis 2016, membre du Bureau de la CTI, membre de son Comité de Pilotage International, et chargée de mission par la CTI auprès du Label Committee EUR-ACE© de l’ENAEE. Pour plus d’informations sur les écoles d’ingénieurs, la CTI, les labels internationaux : https://www.cti-commission.fr/ http://www.enaee.eu/

5


Dossier

DIGITALISATION, MANAGEMENT 4.0... :

jetons les bases de la compréhension Impossible d’ouvrir un magazine sans lire un article sur la « révolution 4.0 », la « digitalisation », ou encore « l’industrie 4.0 ». Le phénomène est souvent expliqué en termes complexes. Nous essaierons dans ce dossier de jeter les bases d’une compréhension de ce qui est en train de se passer. Dans le prochain numéro de Bref Aéro, nous tisserons des éléments de réflexions sur ce que cette « révolution » va induire en terme de comportement managérial ET de comportement syndical. La digitalisation de l’économie n’est pas un phénomène nouveau. Cette révolution Digitale repose sur 3 notions. 1ère notion : la loi de Moore Moore était ingénieur chez Intel, il a établi, en 1969, que la puissance des microprocesseurs doublerait de puissance tous les 2 ans, ce qui a entraîné une baisse des coûts considérables. La loi de Moore devrait continuer jusqu’en 2022. 2ème notion : la multitude L’intelligence de la multitude est bien supérieure à celle de quelques intellectuels. Pour illustrer ce propos, nous pouvons citer Wikipédia qui présente moins d’erreurs que l’encyclopédie Britannica. La notion d’open source inclut l’utilisation de la multitude (des plateformes regroupent 19 millions de codeurs). 3 notion : le BIG DATA La combinaison de la puissance de traitement avec des capacités de stockage considérables permet une vélocité de traitement que réclame le BIG DATA. ème

Ces trois notions sont au cœur de cette révolution. Cette révolution 4.0 connait aujourd’hui une accélération très importante avec le mariage de l’informatique, du « Big Data », de l’automatisation, de la robotisation, sans compter l’essor de l’intelligence artificielle, de l’internet des objets et de l’impression 3D. Plus qu’une évolution, nous avons affaire à une révolution : la 4ème révolution industrielle.

6

Les impacts de la digitalisation sur l’emploi sont multiples : YY la création d’emplois: dans de nouveaux secteurs, pour de nouveaux services et de nouveaux produits ; YY la transformation des emplois actuels : via de nouvelles formes d’emplois, avec de nouveaux risques psychosociaux (intensification du travail, frontière de plus en plus floue entre vie professionnelle et vie privée ;..) ; au travers de nouvelles formes de management (plus collaboratif, moins hiérarchisé) ; YY la destruction des emplois, menacés par l’informatisation, l’automatisation et la robotisation dans les prochaines années, qui sera très importante ; YY le déplacement des emplois, avec le développement de plateformes numériques qui mettront les salariés de pays à haut niveau de protection sociale en concurrence avec ceux des pays à faible niveau de protection, et donc à faible coût. Ce changement de paradigme touchera toutes les couches sociales et, nouveauté, les BAC + 5 seront aussi impactés. Pour illustrer ce propos, prenons trois exemples : YY le logiciel Docteur Watson d’IBM installé dans les plus grands hôpitaux du monde entier est déjà capable de diagnostiquer des cancers qui n’ont

pas été identifiés par les médecins. Il est aujourd’hui testé par des cabinets d’avocats pour les accompagner dans la préparation de leurs stratégies de défense ; YY les juristes seront aussi concernés par ces logiciels capables de traiter et de mémoriser l’ensemble des cas juridiques et de définir la meilleure stratégie ; YY le secteur financier est déjà impacté de plein fouet par la mise en place d’outils d’intelligence artificielle et d’ordinateurs capables de traiter des milliers de transactions à la seconde. D’ailleurs, qui parmi vous se rend encore dans son agence bancaire régulièrement pour faire des opérations de comptes ? Si l’intelligence humaine ne sera jamais suppléée, les capacités de traitement de données quasiment infinies qu’offre l’Intelligence Artificielle vont réorienter l’emploi sur des postes à haute valeur ajoutée. D’après le Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE), environ 10 % des emplois actuels sont directement menacés par la digitalisation, et environ 50 % des emplois actuels vont voir leur contenu profondément transformé au cours des deux prochaines décennies. Parmi les emplois les plus menacés figurent le plus souvent des métiers manuels et peu qualifiés, notamment de l’industrie : ouvriers non qualifiés


Dossier des industries de process, ouvriers non qualifiés de la manutention, ouvriers non qualifiés du second œuvre du bâtiment, agents d’entretien, ouvriers non qualifiés de la mécanique, caissiers. Les emplois amenés à se transformer profondément relèveront plus du secteur des services (banques, juridiques, formation). Une chose est certaine, les bouleversements vont être importants pour toute l’économie, y compris celle de l’Aéronautique, de l’Espace et de la Défense. Plus qu’une évolution : une révolution nécessitant une nouvelle stratégie Il ne suffit plus à une entreprise de customiser à la sauce digitale son offre et ses produits. C’est parfois tout son modèle économique qu’il faut revoir en profondeur. Pour l’AED, c’est le secteur des lanceurs qui est déjà impacté par l’arrivée de concurrents issus d’un modèle économique différent. L’histoire de Kodak démontre qu’à ne pas prendre le virage une entreprise peut tout perdre. Le fait que Kodak ait inventé la photographie numérique ne leur aura servi à rien dans la mesure où l’entreprise a décidé de ne pas de changer de marché, de business model, de circuit de distribution. Une révolution dans les relations au travail La digitalisation permet de structurer une communauté autour d’un projet ou d’une thématique particulière auquel aucun autre outil, aucune autre organisation n’aurait pu répondre avec la même efficacité. La digitalisation contracte le temps et réduit les distances : YY elle permet la mise en relation directe les salariés entre eux, ainsi on voit fleurir des communautés de salariés à l’intérieur des entreprises, ou à l’extérieur d’ailleurs ; YY elle permet la mise en relation directe des salariés avec leurs dirigeants ; YY elle permet la création de communautés de travailleurs indépendants et les met en relation directe avec leurs clients. La digitalisation est l’occasion de repenser les modèles. Elle fait évoluer les sociétés vers un modèle d’organisation plus « horizontal », plus globalisé, mais aussi plus transparent et plus agile. Cette évolution des entreprises répond mieux aux attentes de la « génération Y », qui ne veut plus de système vertical. Elle pose aussi la question de l’humilité du dirigeant et des partenaires sociaux. Échanger directement avec les salariés, c’est accepter la remise en cause. C’est accepter d’être à l’écoute, de modifier son

La digitalisation est l’occasion de repenser les modèles. point de vue, sa vision, sa stratégie en fonction des retours que l’on reçoit. C’est accepter de ne pas avoir la science infuse. La digitalisation met au centre les échanges, et donc des réflexions, les bénéficiaires que sont les clients, les salariés, les citoyens... Plus important encore : la digitalisation pose la question de la place du manager et des corps intermédiaires... et donc des relations sociales. Ceci va induire dans les prochaines années une modification profonde de la manière de manager. Par facilité, nous appellerons ce thème « le management 4.0 ». Cela va nécessiter un bouleversement dans la manière de pratiquer le syndicalisme. Nous appelons ce thème « le syndicalisme 4.0 ».

Nous développerons la vision de la CFE-CGC AED sur ces deux thèmes dans le prochain Bref Aéro.

Philippe GOTTI, Délégué syndical Airbus DS Cyber Security

Thierry PRÉFOL, Délégué syndical central Airbus Defence & Space

7


C’est dans l’air

Non, non et non ! De notre envoyé spécial en Laponie, G. Froid.

C’est en ces termes d’une sécheresse qu’on ne lui connaissait pas que le Père Noël a initialement refusé de nous recevoir cette semaine. Arguant du fait que les dernières tribunes le concernant ne seraient que des marronniers (au sens « presse »), mais qu’on s’occupe peu de lui hormis pour le numéro de décembre, rappelant sa charge de travail tout au long de l’année qui lui fait très tôt procéder aux sélections des cadeaux, protestant contre une vision propagée d’une entreprise toujours sur le fil du rasoir, le Père Noël a tenté de nous fermer ses portes. Toutefois, Mr Melchior, DRH et s’improvisant chargé de communication des établissements Noël, a bien voulu nous recevoir. Ce qui nous a permis de converger quant à certains points communs entre la société Noël et le monde industriel, par exemple celui de l’Aéronautique, de l’Espace et de la Défense. Ainsi, si de rares initiés pilotent en consultant régulièrement les tableaux de bord, le grand public – comme le top management – ne s’intéresse aux bilans des livraisons qu’en fin d’année : c’est vrai pour les avions, pour les lancements de satellites, ou pour l’acheminement des jouets. D’un autre côté, mentionne Mr Melchior, si vous conduisez le nez dans le tableau de bord vous ne regardez pas la route. Dans le même registre, les succès de demain se sont préparés hier. C’est ainsi que Mrs Gaspard et Balthazar, Directeurs Logistique et Achats qui passaient par là, soulignent toute l’importance pour l’entre-

BREF

AÉRO ÉRO 8

prise des efforts de R&D / R&T. Mais le goût des populations change et le gros des efforts d’aujourd’hui ne porte plus guère sur les « contenants », autrement dit ce que les objets sont intrinsèquement supposés capables de faire, mais sur des « contenus » accessoires qui feront la différence. Ainsi, un avion est supposé par nature peu consommer de carburant, mais s’il propose le Wi-Fi à ses passagers, c’est un must pour la compagnie. Cette réflexion a amené Mr Ludovic A. de la CFE-CGC AED à observer qu’à la différence des entreprises privées, les établissements Noël ne sont pas sous la pression d’une direction financière omnipotente, assez puissante pour pouvoir amener la remise en cause des engagements de ses consœurs du « Board ». Ce à quoi le Père Noël, nous rejoignant en fin de compte, a tenu à répondre par le fait que les cadeaux ne sont pas gratuits… S’en est suivie sous nos yeux – et nos oreilles – une discussion animée entre le Père Noël et Mr Philippe G. de la CFE-CGC AED, autour du fait que revenir

Novembre/décembre 2017 • n°367 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, P.Frodefond, F.Vallin, JP.Gibeaud, B.Banes, P.Gotti, T.Préfol, P.Géry Crédits photos : © Fotolia Enrichissement : Picture Extend by L’œil et la plume Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : décembre 2017 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

sur un cadeau accordé c’est mal, que la parole vaut l’Homme, que donner c’est donner. Et la maison Noël de protester d’une seule voix de sa bonne foi : ses engagements ont toujours été tenus, eux ! Il nous est appartenu de clore cet épisode en faisant observer au Père Noël que chacun a ses clients propres : que s’il livrait ses cadeaux le 25 juin la terre entière serait étonnée, que si nous parlions de lui à la même date nos lecteurs pourraient s’interroger sur notre santé mentale. Mais nous pourrons toujours essayer, pour voir si nous pouvons changer la saison de floraison des marronniers ! Le Père Noël nous sourit alors en déclarant : « changer la saison des marronniers … C’est un peu comme mieux répartir les fruits du travail en faveur des salariés : c’est peut-être envisageable, si on croit au Père Noël ! ». Et sur ce, il attrapa une bouteille de champagne, et la partagea avec nous ! Passez de bonnes fêtes ! Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.