BREF
Janvier/février 2020 • N° 380
AÉRO
ÉDITO
Sommaire Actualité Élections représentativité 2 En direct du Pôle Séniors 3 Un nouveau service pour les retraités 3 Réforme des retraites : pourquoi la CFE-CGC condamne ce projet 4 Prud’hommes : le feuilleton du barème Macron 5 Les conseillers Prud’hommes CFE-CGC 5
Vie des entreprises
Contrat de filière aéronautique Uwinbike, le digital éco-responsable
C’est dans l’air
Les trois petits cochons sont morts
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POUR VOUS AVEC VOUS
PARTOUT Bref-Aero_380-v2.indd 1
RETRAITES : LA CFE-CGC EST-ELLE TOUJOURS REFORMISTE ? NON ! Pensent apparemment les médias qui, aidés des politiques, ont décidé d’inventer une classification (façon Mendeleev) des comportements syndicaux. Si vous êtes d’accord avec le Gouvernement alors vous êtes réformistes. Si vous n’êtes pas d’accord, vous êtes contestataires. La CFE-CGC refuse totalement de se laisser enfermer dans ce carcan ! Nous sommes avant tout libres de tous partis, responsables, transparents, exigeants et professionnels Concernant les retraites, vous lirez, dans ce Bref Aéro, la liste des nombreux points de désaccords qui motive notre opposition à ce projet. La CFE-CGC ne peut s’inscrire dans une démarche où ses propositions sont systématiquement rejetées. Les derniers jours, avec le tour de passe-passe de l’âge pivot et le pseudo recul du Gouvernement, nous confortent dans l’idée que tout était ficelé d’avance. Le fait que la CFE-CGC ait appelé à manifester est peu fréquent et beaucoup d’entre vous sont étonnés, voire choqués, de nous voir dans une intersyndicale avec CGT, FO, SUD, etc. De plus, la défense des régimes spéciaux occupant le devant de la scène, les sujets évoqués par la CFECGC sur les autres régimes ont peu de visibilité. Pourtant ces sujets concernent une immense majorité de Français ! La scène médiatique française est ainsi orchestrée... Cependant, notez que la CFE-CGC a appelé à manifester (voire à se mettre en grève le temps d’une manifestation), mais n’a pas appelé à une grève qui paralyse le pays. Nous sommes dans l’opposition à ce projet, mais avec nos demandes propres et notre style propre. Réformistes, nous le sommes ! Courageusement : la CFE-CGC n’a pas attendu pour s’engager dans des dossiers de réformes puisque nous avons récemment accepté la fusion AGIRC/ARRCO. Pourquoi ? Mais parce que cela faisait sens et apportait des solutions à un problème en préservant l’intérêt des salariés. D’ailleurs, ce système a généré des réserves qui font aujourd’hui beaucoup d’envieux. Réformistes, nous le sommes ! Viscéralement : mais pas au point d’abandonner en rase campagne un édifice social envié dans le monde entier, et de signer un chèque en blanc à un Gouvernement qui avance sans négocier et « apparemment » sans connaitre les impacts de sa réforme sur le futur montant de vos retraites. Réformistes, nous le sommes ! Intelligemment : si nos interlocuteurs acceptent les bases de la négociation. Et tant pis si cela nous classe désormais dans les contestataires ! En négociation, il y a deux attitudes possibles : – insulter l’intelligence de son contradicteur et des citoyens en leur agitant sous le nez un pivot de négociation (la question d’âge « pivot » en l’occurrence…) ; – rechercher un accord gagnant/gagnant pour notre système de retraite, donc pour les Français. La CFE-CGC a choisi. Visiblement, le Gouvernement aussi ! La CFE-CGC jouera pleinement son rôle durant la conférence sur le financement et défendra les points évoqués dans ce Bref Aéro. À ce titre, la CFE-CGC ne manifestera pas pendant le créneau de cette conférence. Si cette dernière devait déboucher sur un compromis entre partenaires sociaux (y compris patronaux), il restera à voir ce que le Gouvernement fera des conclusions dans l’hypothèse où elles contrarieraient ses ambitions premières (porter un coup fatal au système de répartition au profit d’une dose croissante de capitalisation). Selon l’actualité, il se peut que la situation au moment où vous lirez ces lignes ne soit plus exactement celle décrite. Peu importe. Si vous ne deviez retenir qu’une chose de cet éditorial : c’est la volonté de votre syndicat de défendre de manière transparente, efficace et professionnelle l’avenir de vos retraites dans un système juste, équitable et bien sûr équilibré.. Cette volonté est intangible. Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED
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Actualité
ÉLECTIONS DE
REPRÉSENTATIVITÉ
Au 31 décembre 2019 s’est close la période fixée par les Ordonnances de 2017 pour passer des anciens CE / DP / CHSCT aux nouveaux CSE. Au cours de ce cycle électoral, les délégués syndicaux des différentes sections de l’AED sont passés par toutes les couleurs de l’arc en ciel : combien allait-on avoir de mandats à pourvoir ? Comment recaser les sortants ? Où trouver de nouveaux candidats ? Comment être conforme à la loi sur la mixité ? Ça a pu rire ici ou pleurer là, reste que, dans son ensemble, l’AED sort grandie de cette série d’épreuves !
SAFRAN (dont Zodiac)
CFE-CGC : 43,43 % de représentativité 1ère organisation syndicale
DASSAULT
CFE-CGC : 40,64 % de représentativité 1ère organisation syndicale
Latécoère
ARIANEGROUP
CFE-CGC : 36,13 % de représentativité 1ère organisation syndicale
Thales AVS
CFE-CGC : 38,9 % de représentativité 2ème organisation syndicale
Daher Aerospace
AIRBUS
CFE-CGC : 38,22 % de représentativité 2ème organisation syndicale
Thales Alenia Space
CFE-CGC : 25,79 % de représentativité 2ème organisation syndicale
Groupe MBDA
CFE-CGC : 55,41 % de représentativité 1ère organisation syndicale
CFE-CGC : 51,03 % de représentativité 1ère organisation syndicale
CFE-CGC : 58,65 % de représentativité 1ère organisation syndicale
Onera
Groupe Figeac Aero
UTC
CFE-CGC : 33,2 % de représentativité 2ème organisation syndicale
CFE-CGC : 34,3 % de représentativité 3ème organisation syndicale
CFE-CGC : 50,67 % de représentativité 1ère organisation syndicale
Derrière les grands groupes, l’AED compte une quarantaine de sections d’entreprises indépendantes, de toutes tailles. Elles aussi ont su se construire globalement d’excellents résultats : souvent jeunes pousses syndicales, menées par des bénévoles dévoués, elles cumulent une représentativité de 39,3 % juste à une encablure des « donneurs d’ordre ». Nos sections indépendantes portent l’AED au 1er rang sur son périmètre dans cette catégorie. Dans dix d’entre elles, la CFE-CGC est en première place. Un grand bravo et un grand merci !
Nous tenons à adresser un immense bravo collectif à toutes celles et ceux qui ont superbement relevé tous les défis qui se sont présentés.
de ces derniers mois est que les adhérents sont la vraie force vive sur laquelle nous pouvons fonder notre présent et notre avenir.
L’AED affiche sur son périmètre une représentativité en progression de deux points sur l’ensemble du cycle électoral ! Et nous observons déjà que les équipes enchaînent avec les challenges suivants : préparer l’arrivée de la nouvelle convention collective. Impliquer les nouvelles militantes et nouveaux militants dans des activités syndicales nouvelles, liées au CSE et qui vont paver le chemin du futur syndicalisme. Et toujours : développer, faire adhérer, car la grande leçon
UN IMMENSE BRAVO ET UN ÉNORME MERCI À TOUTES ET À TOUS !
Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED
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Actualité
EN DIRECT DU PÔLE SENIORS LA RETRAITE EN DIX MOTS Durée d’assurance, minimum contributif, réversion, taux plein, etc. Pour comprendre sa future retraite, encore faut-il en maîtriser le jargon…
ÂGE LÉGAL Âge minimal auquel il est possible de toucher sa pension de base, dans le cas général. Actuellement fixé à 62 ans, il ne devrait pas être modifié par la réforme. Certains peuvent toutefois partir avant. Exemples : ceux qui ont commencé à travailler tôt et bénéficient d’une retraite anticipée pour carrière longue, ou encore les fonctionnaires de catégorie « active » (dont l’emploi présente un risque particulier ou de fatigue exceptionnelle).
ÂGE DU TAUX PLEIN Âge auquel la pension est accordée sans décote. Dans le système actuel, vous l’atteignez soit automatiquement entre 65 et 67 ans (cet « âge du taux plein automatique » varie selon les générations), soit dès lors que vous avez à la fois au moins 62 ans et la durée d’assurance requise pour votre génération (par exemple 167 trimestres pour ceux nés entre 1958 et 1960).
COEFFICIENT DE SOLIDARITÉ Malus de 10 % appliqué, depuis janvier 2019, aux pensions complémentaires Agirc-Arrco des salariés prenant leur retraite dès lors qu’ils remplissent les conditions du taux plein. Cet abattement est temporaire, il est subi au maximum trois ans. Pour y échapper, il faut décaler son départ d’au moins un an. Les retraités modestes en sont exemptés.
DÉCOTE Abattement définitif appliqué à votre pension de base si vous n’obtenez pas le taux plein. La minoration : 1,25 % par trimestre manquant pour atteindre le taux plein, dans la limite de 25 %. À l’inverse, votre pension de base peut bénéficier d’une surcote (1,25 % par trimestre dans la plupart des régimes) si vous continuez à travailler alors que vous avez dépassé à la fois l’âge légal et le nombre de trimestres requis.
DURÉE D’ASSURANCE Nombre de trimestres à votre compteur, tous régimes confondus. La durée d’assurance comprend tous les trimestres validés : aux périodes réellement cotisées s’ajoutent donc les trimestres de chômage, de maladie, de maternité, les trimestres pour enfants, etc.
MINIMUM CONTRIBUTIF Pension de base minimale accordée automatiquement aux ex-salariés du privé touchant leur retraite à taux plein. La condition pour y avoir droit : que le total des pensions, de base et complémentaires, ne dépasse pas 1 177,44 € par mois. Son montant, 695,59 € maximum, varie en fonction des trimestres validés au régime général et de ceux réellement cotisés. Il existe pour les fonctionnaires un équivalent appelé « minimum garanti ».
MINIMUM VIEILLESSE Désormais appelé allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), le minimum vieillesse est généralement versé à partir de 65 ans aux seniors très modestes. Son montant maximal, 868,20 € pour une personne seule actuellement, doit être porté à 903,20 € au 1er janvier 2020. Il s’agit d’une allocation différentielle : vous touchez la différence entre le niveau maximal de l’ASPA et vos ressources.
PENSION COMPLÉMENTAIRE Retraite venant s’ajouter à la retraite de base. Pour les salariés, la complémentaire est par exemple gérée par l’Agirc-Arrco. Elle peut constituer une part importante de la pension totale – il n’est ainsi pas rare qu’elle en représente plus de la moitié pour les cadres supérieurs et les libéraux. Ces complémentaires doivent disparaître avec la réforme, une seule pension serait alors versée. Les droits acquis dans les régimes actuels (dont
l’Agirc-Arrco) ainsi que ceux acquis au régime de base (le régime général) seront convertis en points avec le nouveau régime.
PENSION DE RÉVERSION Pension que peut toucher un veuf ou une veuve après le décès du conjoint, en plus de sa retraite personnelle, s’il en a une. Dans le système actuel, il s’agit d’une fraction de la pension du défunt. Le taux de réversion et les conditions varient aujourd’hui selon les régimes, mais les règles doivent être harmonisées par la réforme.
RÉPARTITION Dans un système par répartition, les pensions des retraités actuels sont financées par les cotisations des actifs actuels. À l’inverse, dans un système par capitalisation, chacun épargne directement pour sa propre pension, collectivement ou individuellement. Le système de retraite obligatoire français est basé sur le principe de la répartition et doit le rester malgré la réforme.
Claude Banes et Jean-Pierre Gibeaud Le Pôle Seniors AED
UN NOUVEAU SERVICE POUR NOS ADHÉRENTS RETRAITÉS… Début mars, un nouveau service sera mis à la disposition de nos adhérents retraités : KIOSQUE de UP ! KIOSQUE, une plateforme digitale permettant de pouvoir bénéficier d’offres remisées pour la culture et les loisirs familiaux : cinéma, spectacle, parc, et plein d’autres surprises ! …. Simple d’utilisation, accessible depuis ordinateur, tablette ou mobile, avec des propositions sur toute la France afin que tout le monde puisse y trouver son bonheur !
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Actualité
RÉFORME DES RETRAITES : POURQUOI LA CFE-CGC CONDAMNE CE PROJET Après avoir participé pendant plusieurs mois, avec honnêteté et sincérité, aux différentes « concertations », car il n’y a - à ce jour - jamais eu la moindre vraie négociation dans ce dossier, la CFECGC, syndicat pourtant réformiste et constructif, a clairement pris position contre ce nouveau projet de réforme ! En effet, le Premier Ministre fait semblant d’avancer et d’apparaître comme travaillant à la recherche et à la conclusion d’un compromis…
Que propose-t-il en réalité ?
Il retire TEMPORAIREMENT le fameux « âge pivot »* du projet de loi et demande aux partenaires sociaux de trouver, d’ici fin avril, des « formules de remplacement » pour assurer l’équilibre du système à horizon 2025. Cet âge pivot concerne les salariés nés avant 1975. MAIS en excluant dès le départ deux pistes possibles : la baisse du montant des pensions et l’augmentation des cotisations. Il faut noter que le deuxième « âge d’équilibre » concerne les salariés touchés par la reforme et nés après 1975. En deçà de cet âge d’équilibre, les points rapporteront moins (malus). Cet âge d’équilibre n’est pas encore clairement défini. Il pourrait aller jusqu’à 67 ans.
Résultat ?
Il n’y a donc plus, sur les trois leviers possibles, que l’âge de départ en retraite pour agir !
Et la suite ?
Elle a d’ores et déjà été prévue : comme les partenaires sociaux ne pourront pas, avec de telles conditions imposées dès le départ, aboutir à un accord, le fameux « âge pivot » sera mis en place par le Gouvernement, par une simple ordonnance, et donc sans aucun débat au Parlement, évitant en plus une possible « fronde » d’une partie de sa majorité !
La CFE-CGC demande donc au Gouvernement et au Président de la République de faire preuve de responsabilité et de retirer ce projet de réforme des retraites ! * Âge pivot ou âge d’équilibre ? L’âge légal est celui auquel vous pourrez prendre, à condition d’avoir une carrière complète, votre retraite. Il est fixé à 62 ans. L’âge pivot ou âge d’équilibre est l’âge auquel vous pourriez partir SANS subir une décote du montant de votre pension. Il serait fixé à 63, 64 ou 65 ans. En clair, si vous partez à 62 ans, le montant de votre pension est diminué — et définitivement pour tout le temps de votre retraite — de 10 ou 15 %. Si vous partez à 63, 64 ou 65 ans, vous bénéficieriez de votre pension à taux plein.
Une réforme qui pénalisera fortement les femmes !
Pour une femme née en 1960 et après, et qui avait acquis son nombre de trimestres lui permettant de partir à taux plein à 62 ans, elle devra, du fait du mécanisme de l’âge pivot, soit partir avec une décote de 10 %, soit attendre d’avoir atteint l’âge pivot (64 ans en 2025) pour partir avec le même niveau de retraite qu’avant le projet de loi. Pour les femmes nées après 1975, l’abandon du bénéfice des 8 trimestres par enfant élevé conduit à une diminution des pensions en comparaison du nouveau système proposé, dans presque tous les cas de figure (correspondant à 85 % de demandes de départ en retraite de 2018). C’est ce qu’a démontré l’étude de l’Institut de la protection sociale, chiffrant l’impact du rapport Delevoye qui sert de base à la future loi.
Une « étatisation » de notre système de retraite !
Ce nouveau projet de réforme, s’il était mis en œuvre, conduirait directement à l’étatisation de notre système actuel de retraites. Si la gestion de
nos retraites futures par l’État est aussi efficace que celle qu’il a mise en place pour notre système de santé qui a conduit à la situation catastrophique actuelle, en particulier dans les hôpitaux, nous pouvons être très, très inquiets quant au niveau futur des pensions versées ! Les partenaires sociaux, patronat et syndicats de salariés, ont pourtant largement fait la démonstration de leur capacité à parfaitement gérer la retraite ! Savez-vous que l’Agirc-Arcco (nos retraites complémentaires gérées paritairement) dispose actuellement de 71 milliards d’euros de réserves.... et que cette manne, fruit de vos cotisations et de la bonne gestion paritaire, sera demain, dans le cadre de cette réforme, utilisée pour financer le déficit des autres régimes ?
Un virage vers la capitalisation de notre système de retraite ! Un projet de réforme qui introduit un système de retraite par capitalisation au détriment du système de retraite par répartition. Les salaires supérieurs à 10 000 € par mois ne cotiseront plus. Outre le cadeau fait aux entreprise (part patronale des cotisations), ces salariés seront obligés de faire appel à un système par capitalisation. SURTOUT, leur non cotisation engendrera un déficit de 3,7 Md€ par an dans le régime. Où trouvera-t-on ces 3,7 Md€ supplémentaires ?
Enfin, le gouvernement considérant que les retraites sont une dépense publique, il entend en plafonner le coût à 14 %du PIB ! Si la démographie ou les conditions économiques venaient à perturber l’équilibre et à représenter plus de 14 % du PIB…alors… l’État baisserait les pensions ! Inéluctablement ! C’est pour toutes ces raisons que la CFE-CGC était et est toujours dans l’opposition à cette réforme ! Retrouvez l’interview de François Hommeril, Président de la CFE-CGC à sa sortie du Ministère du Travail, le 7 janvier 2020, via notre application PictureExtend. Pour en savoir plus sur la réforme : téléchargez le décryptage de la réforme, via PictureExtend.
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Actualité
PRUD’HOMMES : LE FEUILLETON
DU BARÈME « MACRON »
LES CONSEILLERS PRUD’HOMMES CFE-CGC La mission des organisations syndicales consiste à défendre les intérêts des salariés. Si cette mission se fait principalement dans l’entreprise, ce n’est pas le seul endroit où elle s’exerce. Défendre les droits des salariés, c’est aussi le faire devant la Justice, et, en particulier, devant le Conseil des Prud’hommes, CPH, seule juridiction compétente en matière de contrat de travail. Existant depuis 1806, ils sont 210 en France. C’est une juridiction paritaire, qui comporte 5 sections, dont une section Encadrement. Les CPH traitent annuellement 130 000 affaires, dont plus de 27 000 pour les seules sections Encadrement.
Le barème a été, rappelons- le, mis en application en septembre 2017 par les ordonnances «Travail». Différents recours juridiques ont été introduits par certaines organisations syndicales auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT) et du Comité européen des droits sociaux (CEDS) pour voir reconnaître l’incompatibilité de ce dispositif avec les engagements internationaux et européens de la France. De nombreux Conseils de Prud’hommes ont ensuite choisi d’écarter l’application du barème arguant de sa contrariété avec l’article 24 de la Charte sociale européenne, ainsi qu’avec la Convention n° 158 de l’OIT, au motif qu’il ne permettrait ni une réparation « adéquate », ni une réparation appropriée du préjudice subi par les salariés injustement licenciés. À la demande de plusieurs juridictions, la formation plénière pour avis de la Cour de cassation s’est alors prononcée, en juillet 2019, en faveur de la compatibilité du barème au regard des engagements internationaux et européens de la France.
Est-ce que le débat est clos ? La réponse est assurément négative. Tout d’abord, l’OIT et le CEDS ne rendront leur verdict sur la conformité du barème que dans plusieurs mois. De plus, l’avis rendu par la Cour de cassation ne lie pas les juges, et une juridiction prud’homale a déjà refusé de se plier à l’avis de la Cour de cassation au nom du principe de réparation adéquate. L’incertitude perdure donc tant que la Cour de cassation ne se sera pas prononcée sur le fond. Enfin, dans certaines situations, conformément à l’article L. 1235-3 al 1 du code du Travail, le barème n’est pas applicable : violation d’une liberté fondamentale, harcèlement moral ou sexuel, réparation de préjudices distincts de la perte d’emploi, par exemple, lorsqu’il est porté atteinte à la réputation du salarié licencié. Dans ces cas, le salarié, qui ne demande pas la poursuite de son contrat de travail ou lorsque sa réintégration est impossible, a droit à une indemnité qui ne peut être inférieure aux salaires des six derniers mois. Le juge retrouve donc ici son pouvoir d’appréciation pour une réparation totale du préjudice subi.
Avec 819 juges, la CFE-CGC est très présente dans tous les CPH, et à travers ses 651 juges dans les seules sections Encadrement, soit 45 % des juges salariés, la CFE-CGC est, de loin, la 1ère organisation syndicale de l’encadrement. Forte de ce résultat obtenu grâce à votre travail de terrain, les juges CFECGC sont à votre disposition pour écouter et conseiller vos adhérents, et, plus généralement, tous vos sympathisants. N’hésitez pas à les contacter, ils sauront vous aider dans la défense des intérêts des salariés. Et, si un jour le mandat de juge prud’homal vous intéresse, venez nous voir, nous serons heureux de vous accueillir parmi nous. Marc-Antoine Marcantoni Conseiller prud’hommes CFE-CGC
Rappelons pour finir, qu’en droit français, la décision d’un juge ne s’applique qu’à l’affaire jugée, une jurisprudence ne contraint donc pas les tribunaux à statuer d’une manière identique dans des affaires similaires. Christian Riva Conseiller Prud’hommes CFE-CGC AED Section Encadrement
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Vie des entreprises
CONTRAT DE FILIÈRE AÉRONAUTIQUE UN AN APRÈS LE LANCEMENT
Le 10 décembre 2018, la filière aéronautique se dotait d’un contrat de filière. Ce contrat, comportant 3 thématiques principales, plus les travaux menés par le CORAC (COnseil pour la Recherche Aéronautique Civile), regroupe des actions structurantes pour les 3-4 prochaines années à destination de 300 PME/ETI de la filière aéronautique. Il doit répondre aux enjeux de Compétitivité, Flexibilité/Agilité, Croissance & Diversification, Attractivité des métiers. Un an après le lancement des programmes, le bureau du Comité Stratégique de Filière a fait un point d’avancement le 21 novembre 2019.
Programme « Industrie du Futur » Il vise les ETI et PME pour éviter leur déclassement car la continuité numérique dans la filière est indispensable et il y a urgence à accélérer la transformation de la filière vers « l’industrie 4.0 ». Il se décompose en deux phases : un diagnostic et plan d’action individuel, puis l’accélération du déploiement des outils transverses filière permettant une meilleure efficacité collective et la sécurisation des systèmes d’information et de production. Le coût du programme est de 72 K€ par PME. Chaque PME doit assurer une participation de 15 K€, le reste du financement étant pris en charge par le GIFAS, l’État, les Régions et l’OPCAIM pour les formations.
Les conventions de financement ont été signées avec 8 régions et les 5 autres étaient en cours de finalisation d’ici fin 2019. Une convention avec Bpifrance a été signée pour l’abondement de l’État pour 5 de ces 8 régions. Les contrats avec les principaux prestataires chargés d’assurer la mise en œuvre du programme ont été signés. Le programme est opérationnellement lancé avec 59 PME d’ores et déjà inscrites sur un total de 300 et 3 vagues ont été lancées en Région Centre-Val de Loire, Occitanie et AuvergneRhône-Alpes, représentant environ 15 PME. L’ensemble des PME devra être embarqué dans le programme d’ici fin 2020. La CFE-CGC, tout en reconnaissant l’importance du virage numérique pour les PME et du programme d’accompagnement, a alerté sur les multiples pressions que ces dernières supportent, primant sur la transformation numérique : - a ssurer les montées de cadences de certains programmes ; - maintenir leur rentabilité compte tenu de la dégradation de leur taux de marge brute depuis ces 4 dernières années ; - répondre aux exigences des donneurs d’ordre pour se développer en zones low cost/best cost ; - faire face aux nouvelles normes environnementales.
Engagement de Développement de l’Emploi et des Compétences Les actions doivent permettre d’identifier les besoins en métiers prioritaires de la filière, de contribuer aux évolutions des formations et accompagner individuellement les ETI et PME dans leur gestion des ressources humaines, de renforcer l’attractivité et le développement de l’alternance dans les PME. L’identification des métiers de la filière a été réalisée sur un périmètre de 370 000 salariés correspondant aux sociétés membres du GIFAS, des clusters et des pôles. Ont été identifiés : - 67 métiers en création, en mutation ou en développement dans les entreprises de sous-traitances et les entreprises donneurs d’ordre ; - 8 familles de métiers prioritaires (chaudronnerie/fonderie, soudage, montage/câblage…) représentant 70 000 emplois ; - 3 mutations transversales (cyber sécurité et gestion des risques, big data, conception des produits et services de demain) ayant un impact sur toute la filière à moyen terme. Pour chaque famille de métiers, une première analyse de l’adéquation besoins en compétences / offre de formation disponible pour la filière a été menée, débouchant sur des préconisations générales, notamment de formation et de qualification à rénover ou à créer. L’ensemble des travaux doit être présenté au 1er trimestre 2020 dans 5 grandes régions
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Vie des entreprises aéronautiques (Ile- de- France, Occitanie, PACA, Pays de Loire, Nouvelle Aquitaine) afin d’affiner le diagnostic et les préconisations. Des actions de sensibilisation seront engagées auprès des organismes de formation en région afin d’aider au développement de nouveaux projets de formation. La CFE-CGC a rappelé que des travaux similaires étant conduits dans certaines régions via les actions lancées par l’UIMM au plan territorial et coordonnées par le CSFR (Comité Stratégique de Filière Régional) comme en Occitanie, il serait opportun de lancer une phase de concertation avec elles dès maintenant et gagner en efficacité et en temps dans le déploiement des formations.
Concertation à l’export pour les PME Si la filière est fortement exportatrice, le constat est que les PME exportent peu. Plusieurs axes se déclinent visant des actions de soutien à l’exportation, conduites par le GIFAS pour permettre aux PME de gagner des parts de marché, face à la concurrence d’autres pays européens (Allemagne, Royaume-Uni principalement), mais aussi des nouveaux entrants qui bénéficient de soutiens d’État illimités. Des actions sont conduites par le GIFAS en faveur des PME et ETI : missions de soutien à l’étranger ; publications de guide sur les compensations industrielles ; recommandations sur la réglementation US du contrôle des
exports ; sessions de formation aux formalités douanières en cas de Brexit dur ; mise à disposition du réseau des bureaux GIFAS à l’étranger ; fédérer la présence française sur 5 à 8 salons internationaux par an au bénéfice d’une centaine d’entreprises. Les autres axes proposés mettent en œuvre Business France sur la conduite d’actions complémentaires sur le plan géographique de celles conduites directement par le GIFAS. D’autre part, Bpifrance a réalisé, sur la base des numéros SIRET des membres du GIFAS, une analyse statistique de l’utilisation de ses produits d’assurance export par la filière.
Travaux du CORAC L’objectif de la structure est de synchroniser, mettre en cohérence et en perspective les efforts de recherche et d’innovation du secteur avec toutes les parties prenantes, avionneurs, équipementiers, institutionnels (DGA, DGAC...) pour aboutir à : - la création d’une feuille de route technologique partagée par l’ensemble de la filière pour synchroniser les efforts ; - le montage et co-financement public-privé de projets de R&T à forts impacts. La transformation écologique représente aujourd’hui le principal enjeu pour le transport aérien qui doit pour atteindre les objectifs fixés pour 2050 par l’Accord de Paris, déployer une flotte dont l’efficacité sera supérieure de 90 % à celle de 2005. 3 piliers ont été identifiés dont les résultats devront être combinés pour
atteindre l’objectif de décarbonation : agir sur l’avion (réduction de consommation) ; les opérations aériennes (propulsion hybride et électrification) ; le rythme de transfert de l’innovation et de ruptures technologiques (énergies alternatives). Compte tenu des insuffisances de l’enveloppe budgétaire mobilisée dans le cadre du GPI (Grand Plan d’Investissement) pour financer l’ensemble des projets, la CFE-CGC a rappelé sa demande de voir le produit de l’écotaxe décidée sur les billets d’avions venir en soutien de la R&D de la filière Aéronautique et non attribué à d’autres filières. Sur ce point, la CFE-CGC a reçu l’appui total du GIFAS qui a, aux côtés des aéroports et des compagnies aériennes, rappelé les besoins financiers pour soutenir le coût de développement d’un nouvel avion décarboné. La prochaine réunion du Comité Stratégique de Filière Aéronautique aura lieu en format ministériel (présence de Bruno Lemaire, Ministre de l’Économie et des Finances et /ou Agnès Pannier Runacher, Secrétaire d’État) dans le courant du premier semestre 2020. Françoise Vallin Vice-présidente CFE-CGC AED
UWINBIKE, LE DIGITAL ÉCO-RESPONSABLE POUR LA MOBILITÉ À VÉLO ET LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
Née à Toulouse, Uwinbike est une solution digitale innovante pour récompenser et inciter les citoyens à utiliser le vélo au quotidien. L’objectif : -1,5 millions de tonnes d’économie de CO2 par an en France. Cette appli.mobile propose une solution simple et 100 % digitale à destination des entreprises et administrations pour la gestion du Nouveau Forfait Mobilité Durable Vélo. L’appli, gratuite pour le cycliste
domicile-travail, utilise une intelligence artificielle pour fournir la « preuve du pédalage ». Elle détecte et atteste tous les modes actifs de déplacement (vélo, marche…) et exclut les autres modes de transports motorisés (voiture, moto...) Uwinbike vient combler un manque de solutions simples pour mettre en œuvre le Forfait Mobilité Durable dans les entreprises et les collectivités (400 € par an et par salarié). Les enjeux : - inciter la population à utiliser des modes actifs de déplacement (objectif de l’État : 9 % de cyclistes domicile-travail en 2024 contre 3 % aujourd’hui) ; - améliorer la qualité de vie et la qualité de l’air ; - lutter contre le réchauffement climatique ; - renforcer la sécurité des cyclistes (10 fonctions exclusives Uwinbike) ; - améliorer la santé des Français en limitant la sédentarité.
Comprendre Uwinbike en vidéo en 1mn 30 avec notre application PictureExtend.
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Alexandre Ricaud Adhérent CFE-CGC Airbus
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C’est dans l’air
Les trois petits cochons sont morts Nous sommes dans une vallée, très large. Celle d’un des plus grands fleuves français. La zone est riche : agriculture maraîchère, nombreux vergers, de la vigne sur les coteaux. La proximité du fleuve a dû permettre d’entasser pendant des siècles des alluvions très fertiles, que de temps à autres une inondation vient renouveler. Un chemin part sur le côté de la route. Les champs sont bien entretenus. Ici et là des rangées de peupliers donnent à l’ensemble une allure de Toscane doucement aplatie. Au bout du chemin, sur un léger tumulus, se trouve une grande maison. Elle a un étage et des chambres mansardées. Du premier, six hautes fenêtres nous racontent ce que fut la prospérité des propriétaires. Les deux paquets de cheminées, de chaque côté du toit peu pentu, nous laissent imaginer que de nombreuses pièces avaient jadis leur propre foyer.
virtuellement : on le paye dans l’abonnement, et quand on veut en changer on renouvelle l’abonnement avec. On loue des films à la demande : nous pensons en être propriétaires parce que nous pouvons les regarder quand nous voulons, mais à notre mort nous ne les lèguerons à personne ! Et ainsi de suite, les exemples sont nombreux. Jusqu’aux avions qui sont souvent loués aux compagnies aériennes, ou jusqu’à certains bâtiments publics que l’État vend ou sous-loue à des partenariats public – privé. Nos aïeux, qui avaient conscience de ne rien posséder, avaient à cœur de transmettre quelque chose à leur descendance. Cette question, les jeunes générations ne semblent plus pouvoir se la poser. À contrario, les anciens passent pour riches et opulents, aux yeux du gouvernement, par exemple. On les regarde de travers, comme des moutons extra-terrestres dont la tonte doit donner des résultats mirifiques.
L’espoir de devenir propriétaire s’efface peu à peu, mais de toute manière la nécessité comme le prestige de l’être disparaissent aussi. Ce qui compte aujourd’hui est l’illusion d’avoir et la possibilité de consommer. C’est probablement une réflexion de has been que de s’en attrister. Ceci dit, si le monde actuel nous vend l’illusion d’avoir, il nous vend aussi l’illusion d’être … mal bien connu dans nos entreprises où il fait des ravages dans le management, nous en parlons souvent. Et après tout, nous reprochera-t-on peutêtre, de quoi nous mêlons-nous ? Si les gens ont l’illusion d’être heureux, n’est-ce pas le principal ? Elle était pourtant bien belle, cette maison. Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED
Lorsque l’on s’approche, on voit cependant que le chiendent monte la garde sur l’escalier qui mène à l’entrée. Deux volets de l’étage sont bancals, comme des paupières qui ne savent pas se décider. La toiture d’une grange à l’arrière s’avère faiblarde. Une vieille Ami 6 a écrasé de vieillesse ses pauvres pneus. L’exode rural ne date pas d’hier. En l’espèce, les terres ne sont pas à l’abandon, seul l’habitat l’est. Il manque simplement d’habitants. Mais qui voudrait vivre ici ? Des Bobos se lançant dans le retour à la terre ? Des agriculteurs déjà en mal de revenu décent ? C’est trop lourd à entretenir pour des vieux. La ville et ses mirages manqueraient à des jeunes. Voilà notre belle demeure, jadis signe extérieur de richesse, condamnée à une mort lente. Dépassons le cadre de l’exode rural. Aujourd’hui, qui connaît encore la fable des trois petits cochons ? Succès littéraire d’une époque où devenir propriétaire était l’aspiration de chaque citoyen, elle laisse la place à un monde où on achète l’usufruit et non plus la propriété. On n’achète plus son logement, ou alors en s’endettant considérablement, parfois sur plus d’une génération. On n’achète plus une voiture : on la loue, selon des formules diverses, mais en tout cas on la loue. On n’achète son smartphone que
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Janvier/février 2020 • n°380 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, F.Vallin, M-A. Marcantoni, C.Banes, JP. Gibeaud, A.Ricaud, C.Riva. Crédits photos : AdobeStock Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : février 2020 - CPPAP : 0124S08080
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