Bref Aéro 384 Septembre/octobre 2020

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BREF

Septembre/octobre • N° 384

AÉRO

ÉDITO

#AVIONSENLAIR La France et l’un de ses secteurs industriels de pointe (l’aéronautique) traversent une crise sanitaire et désormais économique ainsi que sociale. La très grande majorité des entreprises du secteur est en négociation de PSE. Des salariés sont à la peine et des familles se retrouveront parfois dans la détresse. Le gouvernement et les militants syndicaux (patronaux, comme de salariés) écopent, se démultiplient pour minimiser l’impact de la crise. La CFE-CGC AED est très impliquée dans ses opérations. Cependant, notre filière est en guerre. L’ennemi déclaré est la COVID-19. Mais un deuxième front s’ouvre. Un autre ennemi nous combat. Cet ennemi c’est la nouvelle idéologie qui prône la décroissance comme seule solution aux enjeux environnementaux et qui déroule un avion-bashing, un dénigrement du transport aérien qui frôle le fanatisme. Il y a deux philosophies écologiques :

Sommaire Actualités 49ème congrès de la CFE-CGC Aéronautique, Espace Défense : en deux temps 2 8 propositions pour l’industrie 3 Tout savoir sur la liberté d’expression 4

Vie des entreprises Des négociations à un train d’enfer

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La CFE-CGC reste active en cette période complexe

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C’est dans l’air

Au train où vont les choses

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POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT #AvionsEnLair

f c elle de l’écologie vertueuse porteuse de projets pour faire évoluer l’industrie et les transports dans la durée vers moins d’empreinte carbone tout en préservant, voire en développant les emplois. Cette ÉCOLOGIE, au sens noble du terme, nous la soutenons ; f celle de l’écologie punitive détestant tout et profitant de la crise sanitaire et économique pour attaquer un secteur indispensable à l’économie française. D’ailleurs, on peut se demander quelle serait sa prochaine cible une fois l’avion abattu ? Car, n’en doutez pas, elle ferait d’autres victimes. Son incantation « Un avion qui ne pollue pas est un avion qui ne vole pas » a ceci d’insensé qu’elle est extrapolable à tout car elle porte en elle la négation de toute activité. Cette « écologie là », nous ne la soutenons pas. N’oublions pas que l’aviation a fortement contribué au fil des années aux rapprochements des peuples. « Des avions qui ne volent plus, ce sont des peuples qui se sclérosent, se referment sur eux-mêmes » pourrait-on contre argumenter. En réponse à cette campagne de dénigrement, un hashtag circule sur internet, nous nous y associons volontiers ! #AvionsEnLair ! 3 % d’émission de CO2 concentrant tant de haine, cela n’a plus rien d’écologique ou de rationnel. Alors, qu’on arrête de viser les cibles faciles et de tirer sur des avions à terre. Nos valeurs ont permis à l’aéronautique d’entamer sa transition écologique bien avant que cela devienne impératif. Notre réseau Développement Durable ne date pas d’hier et sera encore là demain, aux avant-postes ! Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED


Actualités

49 ÈME CONGRÈS DE LA CFE-CGC AÉRONAUTIQUE, ESPACE DÉFENSE >>>> EN DEUX TEMPS <<<< Notre syndicat devait tenir son congrès statutaire la dernière semaine d’octobre. L’usage de l’imparfait dans cette phrase vous donne déjà des indices sur la teneur des propos qui suivent. La France est désormais confrontée à une recrudescence de l’épidémie de la Covid-19, sans que quiconque ne soit capable de prédire ce qu’il en sera fin octobre. Tenir un congrès dans ces conditions s’avérait compliqué. De plus, après une visite sur place et un examen détaillé du protocole sanitaire mis en place par la prestation, le Bureau a constaté des restrictions sévères sur les activités que nous avions pu prévoir. En parallèle, un flux de 300 personnes dans les espaces communs posait de vraies questions de sécurité. Nous ne participons pas à un congrès comme nous partons en vacances au mois d’août. Lors d’un congrès, nous sommes tous en heures de délégation, donc couverts par la législation du travail. Les militants sont pour beaucoup d’entre eux sur le pont pour mener des négociations sociales liées à la crise. Autant d’éléments qui nous interdisaient de prendre le moindre risque sanitaire.

Imaginons un instant que le congrès CFE-CGC AED devienne un cluster. Le risque est faible, mais il n’est pas nul. Quand le principe de précaution rencontre le principe de responsabilité, il faut décider. Aussi, à la suite de la proposition du bureau du syndicat, le comité directeur et le conseil national ont validé les éléments suivants :

UN CONGRÈS STATUTAIRE f Les démarches statutaires de présentation des rapports d’activité et financier ainsi que leurs votes. f L’élection de la commission financière et du conseil national. f Le rapport d’orientation, la présentation des candidats au bureau ainsi que la ratification du nouveau bureau auront lieu électroniquement par WEBEX le 24 novembre 2020 de 14h à 17h30. Ainsi, les instances du syndicat auront été renouvelées conformément aux statuts dans un délai de 4 ans. Surtout, les équipes seront en place pour attaquer 2021, année cruciale au vu de l’actualité prévisible.

Concernant l’aspect statutaire de fin novembre, les candidatures envoyées par les sections pour le bureau, la commission financière, et le conseil national restent inchangées et valides. Le congrès ayant lieu par webex, les sections sont invitées à se porter à la jauge maximum de délégués que leur donnent les statuts. De même, elles sont invitées à inscrire tous les militants que cela intéresserait en auditeurs. La WEBEX nous permet d’élargir l’audience de nos travaux statutaires, témoignant de la vie du Syndicat. Faisons-en profiter le plus grand nombre de militants. Winston Churchill ne disait-il pas : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ». C’est exactement dans cet état d’esprit que les équipes vont s’atteler à la réorganisation de nos travaux. Ludovic Andrevon Président de la CFE-CGC AED

#AvionsEnLair

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Actualités

8 PROPOSITIONS

POUR L’INDUSTRIE Sans Industrie, pas d’économie forte ! Proposition N°1 : UN MINISTÈRE DU PLAN POUR LE PARTAGE D’OBJECTIFS ET DE GRANDS PROJETS POUR TOUS Nous défendons l’idée d’un plan industriel national définissant les grands axes de projets fédérateurs à long terme, bien au-delà des mandats politiques.

Quels sont les 10 chantiers du futur ? Serions-nous encore capables aujourd’hui de créer Airbus ?

Proposition N°3 : FAVORISER LE TRAVAIL DANS LES RÉGIONS Préserver les entreprises en régions, y développer le travail et savoir attirer les compétences sera possible en donnant l’autonomie financière aux territoires.

CONSTRUIRE AUJOURD’HUI L’INDUSTRIE INTÉGRANT LES TECHNOLOGIES DE DEMAIN Nos industries ne peuvent pas rater le virage du numérique par manque de moyens humains, de compétences et d’ambitions ; elles doivent assurer notre indépendance technologique et nos capacités d’innovations.

VERS UNE NOUVELLE GOUVERNANCE DES ENTREPRISES

FORMALISER LES MODALITÉS DES FINANCEMENTS DE LA RELANCE Nous proposons de créer des dispositifs financiers garantis où les salariés et citoyens pourraient investir dans les entreprises françaises voir de leur territoire. Pour donner la capacité à nos entreprises d’être compétitives sur les marchés internationaux, nous défendons l’idée d’une taxation différenciée pour celles qui feront l’effort du développement du travail en France ou de l’Industrie verte.

Proposition N°7 : VERS UNE INDUSTRIE PLUS VERTE Améliorer l’empreinte carbone des industries et être en capacité de développer des produits ou services innovants en faveur de la transition énergétique.

Oser la voie d’une Industrie verte, c’est créer les emplois de demain que les générations futures auront envie de tenir.

Proposition N°4 :

Proposition N°5 :

Proposition N°2 :

Nous sommes convaincus que la relance de l’industrie se fera grâce à un plan ambitieux centré sur l’emploi, les compétences et le maintien du tissu industriel dans les régions. Pour une industrie française plus forte, c’est le moment de remettre en cause les stratégies économiques et technologiques, les modes d’organisation et de gouvernance en intégrant les modèles de responsabilités sociales et environnementales.

Considérer l’entreprise enfin comme un bien commun ; y installer des critères de stabilité sur ses fonds propres et sur la redistribution équitable des bénéfices. Les entreprises doivent être capables de lancer des partenariats d’intérêt commun entre-elles pour apprendre à « chasser en meute ». Proposition N°6 : ADAPTER LES ORGANISATIONS DE TRAVAIL AUX SALARIÉS

Proposition N°8 : ÉVITER DE NOUVELLES TENSIONS SOCIALES

Les problématiques qui ont conduit à des mouvements sociaux avant la crise n’ont pas disparu. Il nous parait indispensable de s’assurer que toutes les solutions proposées soient solidaires, sociales, et comprises. Les dirigeants devront faire preuve d’un nouveau code de conduite, donner de la perspective et un avenir certain pour tous. C’est à l’occasion de travaux au sein de la branche métallurgique sur la promotion d’un plan de relance industrielle ambitieux que nous avons rédigé nos propositions CFE-CGC Métallurgie #Et demain ? Reconstruire l’Industrie. Nous y affirmons que les mesures de la relance industrielle doivent ne pas être qu’un effet conjoncturel, voire d’aubaine, suite à la crise, mais bien un sujet de fond qui s’affirme à travers une refonte de l’organisation des entreprises et du travail des salariés. Christelle Thieffine Déléguée nationale CFE-CGC Métallurgie en charge de l’industrie

L’amélioration de la compétitivité passera par la Qualité de Vie au travail, le développement de l’autonomie, de la confiance envers les salariés et du management dans les prises de décision.

#AvionsEnLair et

a

agence de communication

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Quizz TOUT SAVOIR SUR LA LIBERTÉ D'EXPRESSION Question 1 : Un salarié peut-il être licencié pour avoir tenu des propos injurieux à l’égard de son employeur ? 1 ) Oui, dans tous les cas 2 ) Oui, mais seulement si ces propos ont été exprimés publiquement 3 ) Non, jamais : ces propos sont protégés par la liberté d’expression Question 2 : Le salarié qui poste des propos tenus en des termes malveillants à l’égard de son employeur sur un site internet accessible à tout public peut-il s’exposer à un licenciement pour faute grave ? 1 ) Oui, si le juge confirme que cette qualification est justifiée par la gravité des propos 2 ) Non, quelle que soit la virulence des propos du salarié, seule la faute simple pourra être retenue. Question 3 : À quelle(s) sanction(s) s’expose un employeur qui procède au licenciement d’un salarié en lui reprochant un usage en réalité non abusif de sa liberté d’expression ? 1 ) L’absence de cause réelle et sérieuse du licenciement 2 ) La nullité du licenciement, et la réintégration du salarié s’il en fait la demande 3 ) Le versement de dommages et intérêts au salarié 4 ) Les trois.

Question 4 : Le caractère “ excessif ” des propos publiquement tenus à l’égard de l’employeur par un salarié suffit-il à justifier son licenciement ? 1 ) Oui 2 ) Non Question 5 : Le licenciement qui repose sur l’abus de sa liberté d’expression par un salarié est-il justifié si l’employeur a également tenu des propos malveillants à l’égard du salarié concerné ? 1 ) Oui 2 ) Non Question 6 : Un cadre dirigeant qui, au cours d’un conseil de direction, s’oppose à une décision stratégique de l’entreprise peut-il être ipso facto licencié pour avoir fait un usage abusif de sa liberté d’expression ? 1) Oui, puisque s’il est en désaccord, on ne pourra pas compter sur lui pour appliquer les directives. 2) Non, donner son avis – même critique – sur les grandes décisions de l’entreprise fait partie des prérogatives d’un cadre dirigeant Question 7 : La liberté d’expression garantie par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et par la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme s’applique-t-elle dans le cadre de l’entreprise ? 1 ) Oui 2 ) Non Marc-Antoine Marcantoni Conseiller Prud’homal CFE-CGC AED

Réponses : Question 1 : Réponse 2 Dans un arrêt rendu le 12 septembre 2018, la cour de Cassation a confirmé le caractère injustifié du licenciement prononcé à l’encontre d’une salariée ayant dénigré son employeur sur Facebook. Les propos litigieux tenus dans un groupe fermé, accessible uniquement à des personnes agréées et en nombre restreint (14 en l’occurrence), relevaient en effet d’une conversation de nature privée. Question 2 : Réponse 1 Dans la majorité des cas où l’employeur reproche au salarié un usage abusif de sa liberté d’expression, il procèdera à un licenciement pour faute grave. La faute lourde pourra même être retenue si l’intention de nuire du salarié est caractérisée. Question 3 : Réponse 4 Un licenciement qui repose sur la violation de la liberté d’expression d’un salarié est a priori nul puisqu’il porte atteinte à une liberté fondamentale du salarié. Cependant, le salarié peut a fortiori invoquer la simple absence de cause réelle et sérieuse du licenciement plutôt que la nullité. Dans les deux cas – nullité ou défaut de cause réelle et sérieuse –, le salarié pourra exiger des dommages et intérêts en raison du préjudice relatif à la restriction injustifiée de sa liberté d’expression. Question 4 : Réponse 2 Historiquement, la cour de Cassation considère que le salarié abuse de sa liberté d’expression dès que ses propos sont tenus en des termes « injurieux, diffamatoires ou excessifs ». Mais dans un arrêt rendu le 18 décembre 2013, la Cour a considéré que les propos certes « maladroits et excessifs » d’un salarié contestant un avertissement qu’il avait reçu restaient dans le cadre de son « droit de critique ». Tout dépend donc de l’interprétation souveraine du juge… Question 5 : Réponse 2 Dans un arrêt rendu le 28 avril 2011, la cour de Cassation a considéré que les propos reprochés à un salarié pour justifier son licenciement pour faute grave s’inscrivaient dans le cadre d’une « polémique médiatique » avec son employeur, et qu’à ce titre le salarié « n’avait pas abusé de sa liberté d’expression ». Question 6 : Réponse 2 Cependant, ce cadre devra faire bien attention, d’une part à ne pas tenir publiquement de propos excessifs ou dénigrants vis-à-vis des autres décisionnaires ou de l’entreprise, auquel cas l’abus de sa liberté d’expression sera caractérisé. D’autre part, il devra respecter la décision une fois celle-ci adoptée. Son licenciement pour non-respect de l’obligation de loyauté pourra être justifié si l’employeur peut lui reprocher des faits fautifs précis : insubordination, application persistante de l’ancienne politique, refus d’appliquer les directives qui lui sont données… Question 7 : Réponse 1 L’article 1121-1 du code du Travail prévoit : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ». Or la liberté d’expression entre évidemment dans la catégorie des « libertés individuelles ».

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Vie des entreprises

APC, PSE, APLD…

DES NÉGOCIATIONS

À UN TRAIN D’ENFER Depuis le printemps 2020, les entreprises du secteur de l’aéronautique sont dans la tourmente. Malgré les annonces du Gouvernement et le plan d’aides consacré à la filière, au cours de l’été, de nombreuses sociétés, grands donneurs d’ordres et sous-traitants, mettent en place des plans de sauvegarde de l’emploi, accords de performance collective ou d’activité partielle de longue durée. Petit tour d’horizon du secteur non exhaustif.

REVIMA :  D ans l’attente d’un Accord de Performance Collective ? La charge globale de l’entreprise est bonne, conforme aux objectifs révisés Post Covid. Cependant, elle est très loin de ceux prévus initialement en début d’année 2020. L’activité « maintenance trains d’atterrissage » se porte plutôt bien. Le volume de charge global est présent et devrait se maintenir d’ici la fin de l’année. Dans ce secteur, il n’y a plus de chômage partiel, les intérimaires ont été rappelés durant les congés estivaux. Pour l’activité « maintenance APU », la situation est toute autre. Le volume global de juillet et août est bon, cependant la visibilité de la charge n’est prévisible qu’à court terme (1 mois). Les effectifs de ce secteur ont été fortement diminués (transfert vers les autres activités en interne), ainsi l’adéquation charge/effectif se tient. Dans ce secteur, le taux maximum de chômage partiel est revu à la baisse entre 10 et 15 %. Si l’activité se « maintient », EBIT et EBITDA sont fortement dégradés, Revima continue à consommer beaucoup de cash, beaucoup trop ! La négociation d’un accord de performance collective a été suspendue en août, afin de

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permettre à l’expert de produire son rapport d’analyse. La Direction a confirmé le 22 septembre que la négociation d’un APC était toujours à l’ordre du jour, malgré une situation sensiblement meilleure à l’heure actuelle ; à priori il ne devrait pas avoir d’APLD. « Au niveau du personnel, c’est l’expectative entre l’attente de la finalisation de la négociation de l’APC : va-t-il se faire ? Si oui, quelles conséquences individuelles ? La charge qui parait être revenue, mais pour combien de temps ? commente Franck Dirou, délégué syndical de Revima. Les salariés sont conscients des difficultés que rencontre la filière aéronautique, les compagnies aériennes sont en difficulté, les maintenances d’avion reportées, le trafic aérien est toujours en berne. Pour finaliser le tableau, le départ et remplacement en moins d’une semaine du Directeur Financier de l’entreprise, début septembre, n’a pas rassuré le personnel ».

GROUPE SAFRAN :

entreprises vont s’ouvrir, parmi lesquels : • les impacts éventuels sur les éléments de rémunérations, de récupérations du temps de travail, etc. ; • la réduction des risques psycho-sociaux pour les personnels en inactivité ou en mobilité ; • la formation des personnels en mobilité, formation volontaire des personnels en inactivité. Pas de PSE chez Safran : garantie portée de 1 à 2 ans Dans l’accord Groupe ATA, Accord de Transformation d’Activité, la direction du Groupe s’engageait à ne pas mettre en place de plan social jusqu’au 31 décembre 2021. Conformément à la loi, l’accord APLD porte cet engagement à deux ans, soit octobre 2022. « Nous avions demandé trois ans, mais dans le contexte actuel, c’est une avancée significative pour la protection de nos emplois », commente Daniel Verdy, coordinateur Groupe Safran.

Après la signature de l’accord ATA (accord de transformation d’activité) signé en juillet, les organisations syndicales ont entamé les négociations au niveau du Groupe Safran de l’ARME : Activité Réduite pour le Maintien en l’Emploi, plus connue sous le nom APLD, Activité Partielle de Longue Durée. Les avancées et garanties négociées et obtenues sont significatives, leurs mises en application vont être négociées dans les différentes entreprises.

Délocalisations à l’étranger : on a obtenu l’ARME fatale Grâce à un courrier adressé à la Direction du Groupe, le 17 septembre dernier, la CFE-CGC, CGT et FO ont obtenu que: « L’activité réduite ne pourra être utilisée pour compenser une baisse de charge liée à un transfert d’activité hors de France. » Cet article est extrêmement protecteur, car tout transfert de charge à l’étranger entraînant de l’inactivité en France est interdit, sous peine de rembourser les aides gouvernementales. Conclusion : un accord de haute protection.

Comme le prévoit l’accord, les négociations des modalités d’application dans nos

Compte tenu de ces garanties, la CFE-CGC est signataire de l’APLD.

 Activité réduite pour maintien de l’emploi.

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Vie des entreprises LATÉCOÈRE :  Annonce de 2 PSE : 475 suppressions de postes sur 1 504 En tant que sous-traitant de rang 1, Latécoère est très durement impacté par la crise qui touche la filière aéronautique. Fin septembre, la Direction a déclenché 2 plans de sauvegarde de l’emploi. Depuis plusieurs mois, l’équipe CFE-CGC alerte les collectivités territoriales et les services de l’État sur les risques de fermeture des sites Latécoère en France. Le plan présenté par la Direction maintient toutes les usines nationales, ce qui est une chance pour l’entreprise qui ne se serait pas relevée d’une décision de fermeture de sites en France. Après avoir supprimé 30 % des emplois à l’international, ce sont aujourd’hui les emplois français qui sont menacés. La Direction a présenté deux plans qui font état de 345 suppressions de postes sur 827 dans la branche Aérostructures, et de 130 suppressions de postes sur 677 dans la branche Interconnexion. Soir un total de 475 postes supprimés sur un effectif de 1 504 salariés. « Ces chiffres sont disproportionnés et il est urgent d’ouvrir des négociations, estime Thierry Ynglada, délégué syndical central Latécoère. Il faut sauver les emplois et les compétences grâce à tous les dispositifs possibles, dont l’activité partielle longue durée et le soutien à la formation. De même, il faut relocaliser l’emploi en France. La CFE-CGC reste mobilisée pour défendre les intérêts de tous les salariés et de l’Entreprise ».

ATHOS AÉRONAUTIQUE :  Un PSE et un APLD pour la sauvegarde des compétences. Fournisseur spécialisé dans les métiers de services liés à la production aéronautique, Athos Aéronautique, filiale à 100 % du Groupe EXPLEO, prend de plein fouet la baisse d’activité de ses grands donneurs d’ordre que sont Airbus et Stelia et enregistre une baisse de charge de l’ordre de -70 % par rapport aux années précédentes. Dès l’été, la Direction et les organisations syndicales ont négocié un plan de sauvegarde de l’emploi (date limite fin octobre) qui touche essentiellement le site Toulousain de l’entreprise, impactant 234 salariés sur un effectif total de 425 salariés. Dans le même temps, un accord d’activité partielle longue durée pour 24 mois est mis à l’étude afin de pouvoir réduire au maximum le nombre de départs contraints. Pour l’heure, l’activité partielle est actée jusqu’à fin décembre, elle concerne quasiment tous les collaborateurs de l’entreprise. « L’ambiance dans notre entreprise est très dure depuis le printemps avec des négociations qui trainent. Notre principal client étant également en négociation de PSE, nous

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c­ raignons pour notre carnet de route des 3 années à venir », témoigne François Torres, délégué syndical. 90 % des effectifs d’Athos est basé à Toulouse. « Du fait des effets dévastateurs de la crise sanitaire sur les entreprises de la filière, nos chances de reclassement dans les entreprises locales sont minces dans la mesure où les entreprises de la filière négocient des PSE à tour de bras. Si nous parvenons à mettre en place une APLD sur 24 mois, nous pourrions sortir de l’ornière quelques temps et cela permettrait à Athos de maintenir en son sein ses compétences », conclut le délégué syndical.

LATESYS, GROUPE ADF :  Un APC qui doit redonner envie. Racheté en 2018 par le Groupe ADF, Latesys, sous-traitant de rang 1, spécialisé en ingénierie et lignes de production (notamment d’assemblage), dépend à 60 % de la filière aéronautique. Alors que le Groupe ADF se porte bien, notamment du fait de sa branche Nucléaire, la branche aéronautique du Groupe est fortement impactée par la crise, en particulier dans son business ingénierie. « La charge de travail est inégalement répartie au sein de Latesys, commente Hervé Durand, délégué syndical Latesys et représentant CFE-CGC au CSE Central ADF. D’un côté, la charge de travail est très limitée dans la branche Ingénierie, et dans le même temps, la branche de lignes d’outillages connait une

montée en puissance de son plan de charge, notamment grâce à un appel d’offres remporté fin septembre 2020 chez Airbus Saint-Nazaire qui assure une charge sur 21 mois ». Pour faire face à cette situation, ADF a signé une APLD le 30 septembre 2020 dont l’objectif serait de lisser la charge au niveau du Groupe. Pour Hervé Durand « cette APLD est cohérente, mais n’apporte aucune certitude pour le moment. Un accord de performance collective est en cours de négociation au niveau du Groupe. Certains sujets sont bloquants car incompris par les salariés dont la charge est très intense (salariés du nucléaire, salariés des lignes d’outillages par exemples). Portant cet accord est indispensable pour pérenniser les emplois au sein des entreprises d’ADF. Les collaborateurs de la branche ingénierie en activité partielle depuis 6 mois sont très inquiets du fait du manque de charge ». Avant la crise sanitaire, ADF rencontrait déjà des problématiques structurelles. Aujourd’hui, quel que soit le domaine d’activité industrielle, il y a des pertes financières. « Avec cet APC, nous devrions parvenir à générer des convergences au niveau du Groupe, favoriser des mobilités et des déplacements internes. L’enjeu pour une organisation syndicale responsable comme consiste, entre autres, à communiquer sur la finalité de cet APC auprès des salariés « chargés » qui restent dubitatifs sur les efforts qu’ils doivent consentir et leur redonner envie, si nous souhaitons redémarrer notre activité correctement », conclut le délégué syndical.

LA CFE-CGC RESTE ACTIVE EN CETTE PÉRIODE COMPLEXE Le 30 septembre, la CFE-CGC rencontrait, accompagnée de Madame Iborra, députée de la Haute-Garonne, Rachel Becuwe, conseillère Mutations Économiques et Sociales au sein du Cabinet et David Miodownick, conseiller parlementaire d’Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. Les échanges ont permis de revenir sur : les plans sociaux déclenchés dans nos entreprises ; les dispositifs financés par l’État pour sauvegarder l’emploi (APLD et fonds du CORAC) et l’avancée des négociations sur les dispositifs permettant de maximiser les départs volontaires dans le cadre de plan d’adaptation et leur financement. La CFE-CGC en a profité pour rappeler qu’il était nécessaire/indispensable que : f les sociétés donneuses d’ordre, comme Airbus dans la filière, se montrent exemplaires dans le traitement de leur plan d’adaptation des effectifs sans avoir recours à des licenciements ; f ces mêmes sociétés renoncent à transférer des charges hors Europe ; f les subventions gouvernementales du CORAC soient pleinement exploitées et qu’Airbus apporte sa part de contribution financière ; f les départs en mesures d’âge dans les plans sociaux soient favorisés par, à la fois une aide de financement de l’État et par la mise en œuvre de tout dispositif permettant de réduire la durée en cessation anticipée d’activité (recours au congé de reclassement) ; f l’attribution des fonds prévus dans le cadre du plan de soutien à la filière aéronautique en faveur des PMEs soit accélérée et simplifiée par le biais de structures relais dans les régions comme les pôles de compétitivité. Un nouveau rendez-vous est prévu afin de faire un point sur l’avancement du plan social Airbus et de ceux en cours dans le périmètre AED.

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GLOSSAIRE

Vie des entreprises PSE : plan de sauvegarde de l’emploi. Ce genre de plan comprend en général des mesures sociales pour inciter les départs volontaires (création d’entreprise, mobilité externe, éventuellement départs liés à l’âge...). Cela peut aller jusqu’à des licenciements contraints avec mesures de reclassement ou autres. La CFE-CGC est contre les licenciements contraints. APLD : mesure d’activité partielle longue durée mise en place par le gouvernement permettant aux entreprises de faire face à une baisse de charge conjoncturelle (jusqu’à 40% sur 2 ans). Les salariés concernés sont donc à « temps partiel ». Ils perçoivent leur salaire sur le temps travaillé et l’allocation sur le temps chômé. RCC : rupture conventionnelle collective. Un accord d’entreprise peut être négocié et mettre en place des mesures sociales pour inciter des salariés à quitter l’entreprise. APC : accord de performance collective. Négociation d’entreprise visant à mettre en place des mesures de compétitivité ou d’économie permettant de sauver des emplois. Ces mesures consistent le plus souvent à revoir à la baisse le statut social de l’entreprise sur une durée limitée.

CIMPA :  Formation et conservation des compétences S’il était question de rupture conventionnelle collective avant l’été chez CIMPA, filiale du Groupe Sopra-Steria, la Direction s’est ravisée et table aujourd’hui sur la formation et de la mobilité interne afin de lisser ses sureffectifs. « Au moment de la crise sanitaire, ce sont quasiment 400 salariés qui se trouvaient en inter-contrat, essentiellement les collaborateurs dépendants des activités Airbus, détaille Alexandre Strickler, délégué syndical. Aujourd’hui, même si la situation reste tendue, et que persiste un sureffectif par rapport aux capacités de business, Sopra Steria a décidé de ne pas mettre en place l’APLD pour la filiale CIMPA. Le Groupe se veut bienveillant vis-à-vis

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de sa filiale, et propose des alternatives dans ses différents secteurs d’activités (énergie, banque, RH, télécom) via de la formation qualifiante pour les salariés sans charge ». Dotés de compétences et de savoir-faire très pointus dans des secteurs clés, les collaborateurs de CIMPA sont une véritable richesse dont le Groupe Sopra-Steria ne peut se séparer, en tablant sur la formation et les mobilités internes, l’entreprise évite une fuite des cerveaux vers la concurrence. « Notre vigilance aujourd’hui va porter sur les mobilités, afin de surveiller que celles-ci ne se traduisent pas par des licenciements déguisés dans la mesure où environ 200 salariés sont toujours en inter-contrat et rémunérés à 100 % par l’entreprise », poursuit Alexandre Strickler. Une situation à suivre.

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C’est dans l’air

Au train où vont les choses !

Depuis le temps que l’on nous dit que le sujet est sur les rails, ça y est, nous pouvons être rassurés, le ferroviaire a une belle place dans le plan dit « France Relance ». Car une fois n’est pas coutume, nous parlerons aujourd’hui de nos confrères des trains. Confrères, disons-le tout de suite, que nous plaindrons en dépit de l’image de jeunes retraités profiteurs qui leur colle à la peau. Tentons de voir si, même en regard des difficultés que traverse actuellement notre secteur d’activité, celui des chemins de fer est attrayant. S’agissant du transport de passagers, nous sommes tous consternés – voire même blessés dans notre fond culturel gaulliste, fanatique des grands projets tricolores – quand nous prenons connaissance des pannes à répétition du TGV qui ridiculisent l’opérateur national. Nous vivons tous de temps en temps des expériences de retards et d’attentes dans les gares qui n’ont rien à envier à celles des aéroports. Notons tout de même que la SNCF annonce en général des retards « bien calculés » alors que les annonces d’Air France sont systématiquement à multiplier par deux. Quoiqu’il en soit, en la matière la SNCF semble être plus une entreprise pilotée par des managers fanas de la technique et des records que soucieux des engagements pris à l’égard des clients. Le rythme d’amélioration observé année après année tient plus du tortillard de campagne que de la fougue d’un Shinkansen. Côté fret, c’est encore pire. Le cercle est vicieux, qui fait que de moins en moins de points sont

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desservis et de moins en moins vite, ce qui pousse les clients vers d’autres vecteurs. Où sont les grandes intentions en matière de ferroutage ? Le fret ne peut-il donc pas vivre à l’ombre des TGV ? Quel ostracisme managérial contribue-t-il à la dévalorisation du travail de cheminot de marchandise ? Les opérateurs privés réussissent-ils, eux ? Qui voyage sur des petites lignes ne peut qu’être frappé – voire même anéanti dans son fond culturel bonapartiste, fanatique d’une France industrieuse – de voir combien de petites gares sont à l’abandon. Des gares de sous-préfecture, dont les entrepôts s’écroulent, dont on démantèle les voies de triage, dont les corps de bâtiment, ravalés mais inhabités, ne résonnent plus depuis longtemps des malheurs conjugaux du chef de gare. Le cercle est bel et bien vicieux. Moins d’industries : moins de transports. Moins de transports : moins d’attractivité pour l’industrie. On peut envier tant et plus le modèle allemand des Länder et des usines à la campagne, il faut bien saisir la densité et la qualité de réseau ferroviaire qui se cachent derrière. Hélas, le ferroviaire français est en grande partie à l’abandon, situation délétère et anesthésiante pour plusieurs milliers d’employés de ce secteur, loin d’une hypothétique entéléchie industrielle. Moins d’industrie, ça a aussi signifié à une époque moins de travail pour une main d’œuvre peu qualifiée. Moins de trains d’un côté, des bras à occuper de l’autre : donnonsleur un permis de conduire et un camion. La route est en effet un exutoire, le trop-plein de

Septembre/octobre 2020 • n°384 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, L.Andrevon, C.Thieffinne, F.Dirou, A.Strickler, H.Durand, D.Verdy, F.Torres, T.Ynglada Crédits photos : Adobestock Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : octobre 2020 - CPPAP : 0124S08080

salariés qui compensent par un métier difficile lui aussi, des problèmes d’insertion. Comme quoi, en filigrane, la question des transports est aussi une question d’Education Nationale. Il ne s’agit pas pour nous d’opposer entre eux les différents modes de transport, la bête humaine ou le salaire de la peur. Chacun a son intérêt, ses qualités et ses défauts. Il s’agit juste d’ouvrir les yeux sur un sujet complexe, qu’année après année, gouvernement après gouvernement, le plus grand pays d’Europe (en surface) n’a pas voulu ou pas su trancher. Devons-nous, pouvons-nous donc croire qu’à la faveur de l’effort écologique qui s’impose, les choses vont changer ? Déjà les constructeurs de poids lourds planchent sur les camions électriques. Les projets de drones de fret buttent essentiellement sur des questions de règlements, la technique est à l’heure. Qu’en sera-t-il du rail dans un proche avenir, transport qui cherche sa place entre le monde du privé et la SNCF du Front Populaire ? Souhaitons-lui de vite la trouver. En Île de France comme en province, des millions d’usagers n’attendent que ça. Et dans le fond, ce n’est pas que nous voulons du mal au chef de gare, le pauvre, mais avouons que nous avons tous chantonné une vieille antienne se moquant de sa qualité de cervidé, que maintes petites sous-préfectures aimeraient de nouveau entendre. Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED

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