Bref Aéro 372- septembre/octobre 2018

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BREF Septembre/octobre 2018 • N° 372

AÉRO

ÉDITO

Pour vous, avec vous, partout ! Au-delà du « coup de gueule » absolument légitime de nos retraités sur les mesures prises contre leur pouvoir d’achat, les réflexions actuelles sur la réforme des retraites peuvent emmener la discussion dans une impasse, comme sauver le système. L’impasse, serait d’envoyer le signal aux nouvelles générations qu’elles cotisent pour rien puisque dans quelques années elles ne pourraient plus bénéficier d’une retraite convenable. Tout simplement car leurs futurs revenus seraient indexés sur leur espérance de vie. En résumé : plus je meurs tard, moins mes revenus sont hauts. Belle perspective ! Cela rendra donc nécessaire des complémentaires de retraite par capitalisation. Il est tout à fait évident que le lobbying des assureurs et des banquiers avance (même pas masqué) derrière ces propositions. Ils ont sans doute des contrats de retraites par capitalisation à nous vendre… C’est l’idée des comptes notionnels. Retenez ce terme. Il faut le fuir !

Sommaire Actualités RGPD : vos données, notre priorité 2 Les nouvelles désignations 2 On n’a jamais été aussi actif sur les retraites ! 2 La négociation sur le CDI de chantier est terminée 2 Négociation de la convention de la Métallurgie : quid du diplôme ? 3 Non à la baisse des pensions, non à la baisse du « reste à vivre » 4 Une nouvelle génération de délégués syndicaux 4

Vie des entreprises Le CORAC : l’avenir de notre industrie aéronautique civile

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Intégration Zodiac au sein de Groupe Safran :

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ArianeGroup : notre avenir se joue aussi à Bruxelles

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Thales, une digital factory à Station F !

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C’est dans l’air Ne pas marcher hors de l’encadrement

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POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

Sauver le système est possible. Un régime unique ou universel par points (extension du mécanisme de vos retraites complémentaires à celui de la Sécurité sociale) peut le permettre. Vos sections ont dû vous faire parvenir l’argumentaire CFE-CGC afin de vous guider dans les méandres de la grande consultation citoyenne engagée pour le gouvernement sur ce sujet. Nous revenons cependant rapidement dans ces colonnes sur le sujet. Parallèlement, nos équipes continuent de négocier, bloc par bloc, l’éventuelle future convention de la métallurgie. Je rappelle ici que c’est le texte à la base de tous vos droits dans l’entreprise, sur lequel s’appuient vos militants pour négocier avec votre Direction. Les difficultés arrivent sur le sujet du temps de travail. Nous y reviendrons dans un futur Bref Aéro, quand les discussions auront un peu décanté. La CFE-CGC AED, ce sont aussi des militants qui vous représentent pour :

YY négocier le rapprochement des entreprises Safran et Zodiac ; YY défendre une filière spatiale confrontée aux atermoiements d’une Europe de l’Espace statufiée ; YY défendre, seuls, la mise en place de nouveaux concepts d’entreprise comme la « digital factory » chez Thales ; YY soutenir l’industrie Aéronautique Espace et Défense auprès des structures ministérielles ou paritaires. La CFE-CGC est, entre autres, très active au Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (CORAC) ; YY … Ces sujets ne peuvent pas être pris à légère. Nous avons en face de nous des Directions et des syndicats d’employeurs (GIFAS, UIMM) très structurés. Si nous négocions durement avec eux, il arrive cependant que nous défendions les mêmes thématiques face aux services de l’État (par exemple, pour tout ce qui relève du soutien à notre filière industrielle). C’est pour cela que la CFE-CGC AED se doit d’être à votre image. Un syndicat où les querelles de générations n’existent pas. Un syndicat où les jeunes militants apportent de nouvelles idées en respectant l’expérience de leurs ainés, et où les ainés acceptent de se remettre en cause pour coller au mieux à l’évolution des mentalités dans l’Entreprise. Car le monde bougera avec nous ou sans nous. Sans nous n’est pas une option ! Ludovic Andrevon Président de la CFE-CGC AED


Actualités

RGPD : VOS DONNÉES, NOTRE PRIORITÉ

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) encadre le traitement des données à caractère personnel des citoyens européens. Il harmonise la réglementation à l’échelle de l’Union Européenne en instituant un cadre juridique unique. Ce texte renforce les principes fondamentaux de la Loi « Informatique et Libertés » de 1978. Depuis le 25 mai 2018, les entreprises, responsable de traitements, doivent mettre en œuvre toutes les mesures techniques et organisationnelles nécessaires au respect de la protection des données à caractère personnel. À ce titre, notre syndicat a mis en œuvre auprès de ses différents prestataires les mesures nécessaires au respect et à l’utilisation des informations traitées par ces derniers. La sécurité de vos données est notre priorité. Si vous souhaitez plus d’informations : dpd@snctaa .fr

CRÉATION DE SECTION ROCKWELL COLLINS FRANCE à TOULOUSE

NOUVELLES DÉSIGNATIONS

DASSAULT AVIATION ARGENTEUIL : Audrey Davi remplace Julien Guyot en qualité de déléguée syndicale. Valérie Picq est désignée délégué syndicale en remplacement de Rémy Withier. ALKAN : Daniel Roman est désigné délégué syndical, il remplace Antoine Saporito. HELISIM MARIGNANE : Frédéric Dubost remplace Philippe Debrand en qualité de délégué syndical. ROCKWELL COLLINS FRANCE : Gérard Jaeger est désigné représentant syndical de section.

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ON N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI ACTIF SUR LES RETRAITES ! Rappelons la promesse phare du candidat Macron en la matière : pour chaque citoyen, un euro cotisé doit donner le même résultat une fois en retraite. Soulignons qu’il n’a jamais été question que pour un euro cotisé on reçoive, le moment venu, un euro de pension ! Le site sur lequel chacun a eu la possibilité de s’exprimer nous a paru décevant car les réponses aux questions posées étaient — bien entendu — orientées. « Bien entendu » parce qu’il s’agissait, pour les optimistes d’en rendre le dépouillement facile, ou pour les sceptiques d’orienter les débats. Attendons les résultats. À haut niveau, les réunions ont repris dès septembre. Plusieurs domaines ont été abordés, à l’heure où nous mettons sous presse. Système universel : le système français est complexe, c’est historique. Pourquoi ne pas le simplifier, si on lui conserve un volet redistribution piloté par l’État et un volet contribution piloté par les partenaires sociaux.

LA NÉGOCIATION SUR LE CDI DE CHANTIER

EST TERMINÉE

Acquisition des droits : la CFE-CGC est opposée au compte notionnel qui ramène les calculs à l’espérance de vie. Le système par points est lisible et il a fait ses preuves, même la Cour des Comptes loue sa gestion paritaire. Droits familiaux et réversion : nous demandons que les choix ou les aléas de la vie soient amortis demain comme ils le sont aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, nous restons viscéralement attachés à la retraite par répartition, à la solidarité intergénérationnelle et au maintien du paritarisme, à rebours d’une nationalisation irrationnelle. La mise en place du nouveau système ne devra léser personne.

Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED

Le CDI de chantier fait l’objet d’un accord expérimental à durée déterminée (3 ans). Les enseignements : ff pour les entreprises entre 50 et 1 000 personnes, l’effectif en CDI de chantier ne peut excéder 10 % des CDI ; ff pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, l’effectif en CDI de chantier ne peut excéder 5 % des CDI ; ff un CDI de chantier ne peut pas être inférieur à 6 mois ; ff la rémunération d’un CDI de chantier est de plus 10 % des appointements minima hiérarchiques d’un CDl les indemnités de rupture ou de fin de CDI de chantiers sont mieux disantes que les indemnités de licenciement. La CFE-CGC a signé cet accord, car le texte est suffisamment bordé sur le plan expérimental (durée de l’accord, % de CDI de chantier versus CDI, etc.), mais également pour donner sa chance à un dispositif dont nous verrons bien s’il permet de créer de l’emploi. Rendez-vous dans 3 ans. Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED


Actualités

NÉGOCIATION DE LA CONVENTION DE LA MÉTALLURGIE : QUID DU DIPLÔME ? Si la renégociation de notre convention va jusqu’au bout, les grilles de classification Non Cadre et Cadre, telles que vous les connaissez, changeront. Le système ayant dérivé depuis de nombreuses années, il faut repréciser que demain, comme aujourd’hui ou comme avant, CE QUI DÉTERMINE LA CLASSIFICATION, C’EST LE POSTE QUI EST OCCUPÉ PAR LE SALARIÉ.

Sémantiquement, la phrase « Je suis 335 pts ou je suis 3A » est inexacte. La vérité est que « J’occupe un poste 335 points ou un poste 3A ». En effet, un diplôme n’a JAMAIS GARANTI l’obtention d’un poste dans une entreprise, pas plus qu’il ne garantit une classification. Le diplôme n’est qu’un élément qui peut permettre le recrutement ou l’accession à un poste, mais certainement pas un DROIT à une classification automatique. À l’extrême, un détenteur d’un diplôme d’ingénieur ne sera pas cadre s’il est recruté sur un poste d’ouvrier. Cela n’était déjà pas le cas précédemment et cela ne changera pas. On le voit donc… rien de nouveau sous le soleil. MAIS ALORS, LE DIPLÔME N’APPORTE RIEN ?

Bien sûr que si. D’abord, comme avant, c’est une clef qui permet à son détenteur

de briguer les postes et donc les classifications qui lui correspondent. MIEUX ! La CFE-CGC s’est battue et a ob-

tenu que les employeurs qui demandent un certain niveau de diplôme pour occuper un poste soient OBLIGÉS de lui donner un classement correspondant à ce niveau de connaissance. Autrement dit, si un employeur veut recruter pour un poste nécessitant un BTS ou un diplôme d’ingénieur, le salarié devra avoir une classification minimale correspondant à ces niveaux exigés ! Dans l’esprit des négociateurs employeurs, ceci était loin d’être évident… Il s’agit donc d’un système vertueux où, dès lors que l’employeur exige un diplôme particulier pour occuper une fonction, il soit assuré une classification correspondante ! MAIS, POUR LA CFE-CGC, CET ACCORD SUR LA CLASSIFICATION N’EST QU’UNE ÉTAPE !!!

Il ne sera validé et mis en œuvre qu’après que les garanties en termes de progressions salariales sur la carrière soient assurées. Dès le début de cette négociation, la CFE-CGC a mis en avant la nécessité

de tenir compte, en parallèle, de la classification des emplois tenus, de l’évolution individuelle des salariés. Que ce soit par le biais d’une prime d’ancienneté généralisée à TOUS les salariés, y compris les cadres, ou par le biais d’autres mécanismes tenant compte de l’expérience individuelle des salariés, la CFE-CGC entend bien obtenir ces garanties dans le cadre de la négociation prochaine portant sur « LES RÉMUNÉRATIONS ». ET LÀ… ACCROCHONS-NOUS CAR LE SYNDICAT DES EMPLOYEURS VA ARRIVER AVEC, SANS DOUTE, BEAUCOUP DE « NOUVELLES IDÉES… » QU’IL NOUS FAUDRA CONTRER !

Ludovic Andrevon Président de la CFE-CGC AED

Fabrice NICOUD Secrétaire national Emploi et formation professionnelle CFE-CGC Métallurgie

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Actualités NON À LA BAISSE DES PENSIONS, NON À LA BAISSE DU « RESTE À VIVRE » Au 1er janvier 2018, la CSG a augmenté de 1,7 point. Une augmentation de 25 %, pour la plupart des retraités, provoquant une baisse nette des pensions de plusieurs dizaines, voire centaines d’euros par an. À cette nouvelle baisse des pensions s’ajoutent à une liste déjà longue de diminutions du « reste à vivre » des retraités: ff la CASA de 0,3 % (contribution de solidarité pour l’autonomie) ; ff la suppression de la 1/2 part fiscale pour les veuves et veufs ; ff la fiscalisation de la majoration familiale ; ff le blocage des pensions ces 4 dernières années. Et comme si cela ne suffisait pas, la pension de 2018 sera à nouveau gelée et les complémentaires bloquées pour une durée indéterminée à l’heure actuelle. Et au-delà de la hausse brutale de la CSG, nous devons compter avec les fortes hausses de la vie courante concernant : GAZ : +6,9 % — EDF : +1,7 % — CARBURANT : +7 % — TABAC : +13 % — AUTOROUTES +2 % — FRAIS DE BANQUE : +4,8 %… Également : TAXE INONDATION : 60 à 200 €/an — TAXE SUR LES ABRIS DE JARDIN — PLAN ÉPARGNE LOGEMENT

taxé dès la première année — PV STATIONNEMENT : +50 à 100 %. Et plus grave encore pour notre population, la hausse DU COÛT DES COMPLÉMENTAIRES SANTÉ — DU FORFAIT HOSPITALIER de 2 €.

sont pas des privilégiés ! Ils méritent considération, dignité et respect ! Le système de la confiance est rompu. Le signal envoyé aux jeunes générations est catastrophique. « Allez ! Cotisez ! Demain, on vous baissera vos retraites ! »

Souvenez-vous, monsieur le Président de la République, de votre déclaration : « Je serai le Président du pouvoir d’achat ».

« Retraités de l’ancien monde, bienvenue dans le nouveau ! » Et comme le disait Desproges : « l’adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. »

Alors ! Difficile, Monsieur le Président, de comprendre votre manque de considération envers les retraité(e)s ! Jamais notre population n’a connu une telle amputation ! Après avoir fait le constat que nos Gouvernants ont fait le choix d’opter pour une politique financière qui défavorise considérablement les retraité(e)s, nous disons : cela suffit ! Les retraité(e)s ne

Pour le Pôle Senior CFE-CGC AED Claude Banes et Jean-Pierre Gibeaud

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE DÉLÉGUÉS SYNDICAUX : KARINE CAIRE C’est une ingénieure de Bureau d’études qui a pris les rênes, en janvier dernier, de la section CFE-CGC Thales Alenia Space à Toulouse. Désignée déléguée syndicale fin 2016, Karine Caire reprend le flambeau de son prédécesseur parti à la retraite. Une charge nouvelle pour cette jeune maman qui est restée opérationnelle dans le bureau d’études de l’entreprise. Avec en ligne de mire les élections du futur CSE en octobre 2019, Karine Caire n’a pas eu beaucoup de temps pour remettre sa section en ordre de bataille à son retour de congé de maternité il y a 6 mois. « Depuis février dernier, nous négocions de nombreux accords en rediscussion au sein de l’entreprise, j’ai été mise dans le bain tout de suite, confie la déléguée syndicale. Les bonnes relations entre les sections des deux sites de Thales Alenia Space, Toulouse et Cannes, ont permis de bien appréhender ces négociations, et à présent je prends mon envol ».

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Dans le même temps, il lui fallait remettre la section en bon ordre de marche à la suite de nombreux départs en retraite et congés maladie de militants. « J’ai mis en place un mode de fonctionnement proche de celui que j’applique au sein de mon équipe au BE, explique Karine Caire. Des réunions hebdomadaires sont aujourd’hui organisées, les dossiers ont été répartis suivant les compétences et les aspirations des mandatés, il n’y a plus une seule personne qui représente la section auprès des collègues et de la direction, c’est un effort collectif. Ce type d’organisation dynamise l’équipe et l’a soudée ». Les ambitions de cette nouvelle équipe sont nombreuses à l’approche des échéances électorales et la jeune déléguée syndicale espère bien tenir ses objectifs. « Nous allons présenter un groupe de militants soudés et opérationnels. C’est la CFE-CGC que nous souhaitons représenter et non untel ou untel, nous croyons à la force du collectif. Nous défendons des idées proches du terrain,

car nous avons tous gardé une activité professionnelle, cela nous tient à cœur. Notre objectif au sein du futur CSE est non seulement d’augmenter notre représentativité, mais également de nous adapter immédiatement à la nouvelle instance pour y faire avancer nos idées et nos méthodes», conclut la responsable de la section. Un joli challenge en perspective pour cette jeune équipe dynamique !


Vie des entreprises

LE CORAC* : L’AVENIR DE NOTRE INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE CIVILE *COnseil pour la Recherche Aéronautique Civile

Le 6 juin dernier avait lieu le cinquième séminaire du CORAC à Paris, dans les locaux de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile). L’ensemble des acteurs de la filière aéronautique civile était réuni à cette occasion : État, GIFAS, grands industriels, ETI/PME partenaires ou sous-traitantes, sociétés d’ingénierie, Pôles de compétitivité, IRT (Instituts de Recherche Technologique), ONERA, DGA, DGAC, etc… et la CFE-CGC. L’objectif de ce séminaire était double : -  p résenter la nouvelle feuille de route technologique pour préparer la prochaine génération avec les développements incrémentaux actuels (entrée en service à horizon 2025 – 2030) et inventer les ruptures de demain (entrée en service au-delà de 2030) ; - impliquer les acteurs de la filière dans la préparation des programmes de recherche sous forme de participation à 3 ateliers thématiques : YY « Aéronef à énergie optimisée » ; YY « Autonomie et Opérations » ; YY « Outils et méthodes pour la compétitivité ». Le CORAC, depuis 2008, mène un effort concerté et collaboratif de toute la filière (industrie et services de l’État) pour préparer les technologies essentielles à la compétitivité de notre industrie aéronautique civile, dans un monde marqué par une concurrence accrue et des défis environnementaux majeurs. Airbus A350, moteur LEAP, Hélicoptère H160 sont quelques exemples de produits emblématiques embarquant des technologies issues des travaux du CORAC tout comme les bénéfices environnementaux obtenus (émissions de CO2 réduites de 15 %, réduction de bruit de - 8 à 10 décibels). Au total, ce sont plus de 2,5 Md€ coinvestis par l’État à travers le PIA (Programme d’Investissements d’Avenir) et la DGAC et l’industrie aéronautique française dans la recherche depuis 2010. 2017 a marqué le début d’une nouvelle feuille de route, porteuse des objectifs de la filière pour les 5 ans, focalisée sur 8 chapitres. Le CORAC ne traitera plus qu’exclusive-

ment des produits (Avionique-Navigation, Énergie-Propulsion, Configurations, Aérostructures), mais aussi des Opérations et des outils et méthodes (continuité numérique, méthodes de développement et certification, systèmes de production). Le séminaire du 6 juin a permis de tracer les grands axes de recherche et de technologie pour les années à venir : YY éléments majeurs de configurations futures (voilure haute performance, fuselage non conventionnel, nouveau train de fuselage, nouvelles technologies de rotors et hélices composites innovantes) ; YY systèmes propulsifs innovants (moteur à très haut taux de dilution, nouvelle propulsion thermique et hybride, électrification des fonctions non propulsives, apport de propulsion électrique pendant les phases de vol) ; YY pour les Aérostructures, pointe avant modulaire, voilure composite, empennage composite, poutre de queue composite… ; YY le volet aéroportuaire est orienté vers une autonomie progressive du traitement de l’avion à sa porte de stationnement (préacheminement et accostage autonome des équipements) ; YY le volet cabine passera par une amélioration du bien-être physiologique du passager (confort du siège, air, bruit, éclairage, odeur) à l’individualisation de l’expérience passager (services différenciés, capacité de reconfiguration de la cabine) à horizon 2030 ; YY des usines à la pointe de la productivité (opérateur assisté par le numérique, moyens de production et de réparation en rupture). Des retours d’expérience positifs ont été présentés : accès à la stratégie des grands groupes, synchronisation des efforts, association de nombreuses PME d’origine non aéronautique, de même que des axes d’amélioration : volume de la charge administrative dans le cadre de partenariats, cycles d’association et de contractualisation trop longs, lourdeur du pilotage contractuel, gestion de la confidentialité, arrêt de PME en cours de projet suite à changement de stratégie, de direction. Des enjeux majeurs attendent cette nou-

velle feuille de route : créer les conditions favorables au financement par d’autres sources pour répondre à plus de sollicitations de la filière (Régions, IRT, Fonds Unique Interministériel, concours du PIA), associer plus largement la filière — en particulier sur les travaux de la transformation industrielle ; pour la feuille de route « systèmes de production » : veiller à ce que l’éventail des solutions investiguées par le CORAC couvre l’ensemble de la chaine de valeur française avec ses spécificités sans risquer une mise sous tension excessive des PME/ETI lorsqu’il faudra déployer ces solutions sous 5 à 10 ans. Le programme de soutien financier des travaux du CORAC, via le budget recherche aéronautique civile de la DGAC, n’avait cessé de décroître, depuis 2010, de 150 M€ en 2010 à 50 M€ prévus dans la loi de finances début 2017, et la disparition du chapitre aéronautique dans le PIA. À ce sujet, la CFE-CGC AED était intervenue lors d’un Comité Stratégique de Filière Aéronautique, à Bercy, le 6 janvier 2017. En 2018, un programme de soutien de la DGAC de 700 M€ sur 5 ans, inscrits dans le Grand Plan d’Investissement, permet au CORAC de retrouver une assise solide, une visibilité dans la durée, une enveloppe comparable aux autres pays européens. Les travaux du CORAC sont à l’ordre du jour des réunions du Comité Stratégique de filière Aéronautique. La création d’un bureau au sein de cette instance (dans lequel siège la CFE-CGC) permettra d’apprécier plus fréquemment les avancements et remonter si nécessaire les problématiques rencontrées. Un prochain bureau du CSF est prévu le 22 octobre 2018. Comme il a été dit en conclusion de ce séminaire : « Il n’y a pas de liberté individuelle dans cette filière, un lien étroit uni toutes les parties d’aéronefs et donc tous les acteurs dans un but unique : être compétitif et vendre ! » Françoise Vallin Vice-Présidente déléguée CFE-CGC AED

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Vie des entreprises

INTÉGRATION ZODIAC AU SEIN DE GROUPE SAFRAN :

PRUDENCES POSITIVES Intégration : fusion CFE-CGC Safran et CFE-CGC Zodiac

Des élus Zodiac CFE-CGC ont déjà été nommés aux comités de groupe et européen Safran. C’est un message fort envoyé à la direction du groupe Safran : pas de différence entre nos élus !

Intégration : elle donne confiance dans l’avenir ! Autre atout : le fait de rejoindre un des plus gros équipementiers aéronautiques mondiaux — français de surcroit — est rassurant et offre une visibilité à plus long terme aux salariés.

L’équipe CFE-CGC Zodiac

Depuis février 2018, le plan d’intégration de Zodiac bat la mesure, avec vitesse, mais sans précipitation. Et ZSFR (futur SAFRAN SEATS) fait partie des pilotes de cette intégration. Par exemple, Safran déploie des procédures et des outils tels que PROMPT, ONE SAFRAN en production et en développement, upgrade du PLM... Ces chantiers sont très bien accueillis. En effet, les salariés ZSFR y voient non pas

une révolution, mais plutôt l’opportunité d’un retour à une plus grande stabilité et à une amélioration globale de nos performances.

Intégration : implication immédiate Dès le début, ZSFR a notamment fait partie des pilotes sur le plan social : le premier CSE du groupe Safran a été mis en place en juillet 2018 chez ZSFR.

Autre preuve de cette volonté d’intégration : les candidatures aux mobilités internes se multiplient dans les deux sens. Pour résumer, la mélancolie engendrée par la disparition programmée de la marque Zodiac est compensée par la fierté de construire l’avenir du groupe Safran ensemble ! Raphaël Vetu Délégué syndical CFE-CGC Zodiac Aerospace

ARIANEGROUP : NOTRE AVENIR SE JOUE AUSSI À BRUXELLES Dans la continuité des démarches engagées par la CFE-CGC auprès de la Direction, de nos actionnaires, mais aussi des décideurs français et européens, es représentants CFE-CGC continuent à agir avec pragmatisme. Depuis maintenant plusieurs mois, la CFE-CGC adresse de nombreuses relances vers la Direction pour demander la mise en place du Comité d’Entreprise Européen. En parallèle, et parce que Bruxelles pèse lourd pour notre avenir, nous participons aux échanges sous l’égide d’IndustriALL qui

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réunit notamment les syndicats européens du secteur spatial. Échanges nécessaires et vitaux par exemple sur les problématiques de l’accès indépendant à l’espace et le développement de notre filière. Comme convenu lors de la réunion du mois de mai, nous nous sommes à nouveau réunis le 6 septembre. Nous étions le seul syndicat dont le représentant était issu d’ArianeGroup ; néanmoins, la convergence des analyses syndicales est claire et nous avons rédigé une motion à l’attention de Bruxelles qui lui sera prochainement transmise.

Philippe Géry Délégué syndical central CFE-CGC ArianeGroup


Vie des entreprises

THALES, UNE DIGITAL FACTORY À STATION F

Octobre 2017, THALES inaugure sa Digital Factory et rejoint Station F* pour y piloter, à travers 9 Startups, 150 jeunes spécialistes de la Cybersécurité, du Big Data et de l’Intelligence Artificielle.

Présentée comme « l’accélérateur de transformation numérique du groupe », la Digital Factory THALES est une plateforme de services industriels couvrant tous les marchés du Groupe (aéronautique, spatial, transport, défense et sécurité). Elle initie les développements de nouveaux produits ou services qui sont ensuite transférés dans les sociétés du Groupe, afin d’être finalisés et menés à terme. Cette Digital Factory se veut également être l’incubateur de nouvelles façons de

travailler (proximité de l’utilisateur, technologie de rupture, moins de hiérarchie, accélération des développements) qui seraient insufflés aux restes des salariés du Groupe à travers une « académie du digital ».

En juin 2018, au sein du domaine Avionique (THALES AVS), le CCE était consulté pour la création d’un Centre de Compétences Digitale spécifique. L’objet de ce Centre au sein de la société est d’assurer la continuité des développements opérés par la Digital Factory et de poursuivre les changements de méthodes de travail. La CFE-CGC a été la seule organisation syndicale du CCE à se prononcer favorablement à la création de ce Centre de

Les 1ères expériences de la Digital Factory : • un nouveau système de contrôle aérien destiné aux drones, en cours d’expérimentation sur la zone aéroportuaire de Lille ;

• un système de contrôle du trafic aérien intégrant des sources ouvertes, de type météo et hébergé sur un « cloud » sécurisé ;

• la création d’une marketplace de pièces de rechange d’équipements aéronautiques, pour réduire une des causes d’immobilisation au sol des avions commerciaux.

Compétences Digital. Si le développement des technologies du Digital ne nous laisse pas indifférent quant à l’impact potentiel sur les emplois et les compétences des salariés, nous pensons que le tournant est obligatoire pour le maintien de notre société sur le marché aéronautique. Prenant ses responsabilités, l’attitude de l’équipe CFE-CGC sera de s’assurer que la société tient ses promesses en termes d’investissement, d’accompagnement de mutation des métiers, d’amélioration de nos méthodes de management et de reconnaissance. * Station F : le plus grand campus de startups au monde, ouvert en juillet 2017, en plein Paris, sous l’initiative de Xavier Niel (fondateur de Free).

Christelle Thieffinne Déléguée syndicale Thales Avionics

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C’est dans l’air

Ne pas marcher

s r o h n e m e r d a c n e l’ e d

C’est de l’armée que nous est venue la notion de cadre ou d’encadrement. Les cadres étaient, selon une légende urbaine, placés aux quatre coins des armées de Napoléon pour les… encadrer. Plus concrète est l’explication selon laquelle le « cadre » était un tableau d’avancement, où l’on pouvait trouver les noms des promus. Quoi qu’il en soit, il s’est construit au fil du temps une image prestigieuse autour de la notion d’encadrement. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le statut cadre demeure attrayant, même si, dans de nombreux cas, la différence de fonctions entre cadres et « non-cadres » — terme devenu politiquement incorrect, mais pourtant incontournable — s’est estompée. C’est vrai dans les grands groupes où différencier un jeune ingénieur sorti d’école, cadre par hypothèse, et un technicien blanchi sous le harnais, est parfois délicat. C’est vrai dans les PMI où, souvent, tout le monde fait un peu tout. Il reste au cadre généralement des prérogatives importantes, une grande autonomie et des responsabilités décisionnelles, qui sont moins accordées aux « non-cadres ». Les cadres ont en retour bénéficié de dispositions plus attractives en matière de prévoyance et de retraite complémentaire, ainsi que d’avantages statutaires divers. La fusion des régimes de retraite générale et complémentaire (ARRCO et AGIRC) actée en 2015 pour des raisons écono-

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miques, mais aussi politiques, amenant la disparition du régime de retraite complémentaire des cadres, efface un important marqueur de leur catégorie. Il a fallu batailler pour qu’à cette fusion s’adosse une renégociation du statut de l’encadrement, dont nous attendons encore aujourd’hui l’aboutissement. En effet, ne nous voilons pas la face, qui est-ce que ça intéresse de sauver le statut de l’encadrement ? Assurément pas les organisations égalitaires, pour lesquelles trop gagner d’argent c’est mal. Pas les organisations réfractaires viscéralement au changement, l’aptitude à impulser celui-ci étant consubstantielle à la notion de management : manager c’est bouger, donc c’est mal aussi. Les organisations patronales voient quant à elles dans la différenciation de statut une source de… surcoût. Reste les révolutionnaires, pour lesquels le management constitue une figure permettant de cristalliser les oppositions en attendant le grand soir. Et il reste surtout nous, CFE-CGC, par définition ! Encadrer, c’est un métier. C’est prendre les risques les plus dangereux, car c’est piloter des machines ou des données financières, mais c’est surtout agir sur des vies, et ça, c’est une responsabilité suprême. L’agent de maîtrise qui organise une équipe, le technicien qui envisage un procédé, l’ingénieur qui dimensionne une pièce, le contrôleur financier qui juge d’une rentabilité… Toutes et tous savent que des vies peuvent être impactées par leurs décisions.

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Toutes et tous… hélas non. Le premier ennemi de l’encadrement, c’est lui-même. À chaque fois qu’il tolère une micro dérogation à son statut, il contribue à l’éroder et au bout du compte, à en anéantir la reconnaissance. Il est donc fondamental que chaque membre de l’encadrement s’en souvienne, en prenne ou reprenne conscience, et se comporte comme le premier acteur de sa défense propre. Paraphrasons cette mention qui figure sur les ailes des avions : « ne pas marcher en dehors de l’encadrement » est un impératif pour quiconque veut contribuer à en préserver les valeurs. Alors… Austerlitz c’est loin, les organisations pyramidales aussi. En plein XXIe siècle et à l’heure des organisations matricielles, ne parlons-nous pas d’un combat d’arrière-garde, de défense de valeurs surannées ? Pour nous, CFE-CGC AED, il ne s’agit pas de défendre, il s’agit d’imaginer l’encadrement de demain. C’est sur quoi travaille, entre autres, notre groupe « 4.0 ». Même si plus de monde s’y retrouve qu’il y a deux cents ans, l’encadrement reste une valeur et ses membres ont à cœur de rechercher ensemble la reconnaissance de leur investissement professionnel. Reste qu’un autre héritage de l’ADN « militaire » de l’encadrement, c’est d’obéir. Et plus on se rapproche des sommets, moins la parole est libre. Sauf, précisément, lorsque c’est la CFE-CGC qui la porte. À votre service !

Septembre/octobre 2018 • n°372 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, F.Vallin, L. Andrevon, F.Nicoud, R. Vetu, C.Banes, JP. Gibeaud, C.Thieffinne, P.Géry Crédits photos : © Groupe Thales © Adobe Stock © Jean-Paul Aussel Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : octobre 2018 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED


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