BREF Novembre/décembre 2018 • N° 373
AÉRO
ÉDITO
© Agence L’œil et la plume
Cher Père Noël, il y a des matins où je comprends que les enfants croient de moins en moins en toi. Tu n’exauces pas tant de vœux que cela, et ta hotte est bien souvent vide. Ta popularité dans les sondages va en prendre un coup. Je pense que tu devrais te faire sponsoriser façon « télé réalité » afin d’offrir des emplois par tirage au sort. EN 2019, LA CFE-CGC SERA L’ACTEUR INCONTOURNABLE DES CSE ! AED_cartevoeux_2018_quad.indd 1
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Sommaire Actualités Fusion AGIRC - ARRCO Élections de représentativité Création de sections Nos délégués ont du talent Nouvelles désignations Négotiation de la nouvelle convention de la métallurgie Quelle entreprise, pour quels défis ?
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Vie des entreprises EURODRONE : quand l’Europe prépare son Terminator
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Airbus Defence & Space : un nouveau statut social...
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ArianeGroup : 2300 suppressions d’emplois
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Dassault Argonay : un partenariat avec la région...
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C’est dans l’air Nous autres, civilisations...
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POUR VOUS AVEC VOUS
PARTOUT
Mais l’approche de la campagne électorale pour les prochaines européennes amènera peut être les fabricants de jouets à t’aider à distribuer un peu plus de cadeaux. Tonton Édouard et tatie Muriel veulent changer les relations dans notre famille Entreprise. Ils nous ont offerts à Noël dernier la fusion de toutes les instances CE, Délégués du Personnel et CHSCT en UNE : Le Comité Social et Économique. C’est bien là le seul cadeau qu’ils pouvaient nous faire, car l’Oncle Picsou qui vit à Bercy nous dit que les caisses sont vides. Du coup, pour cette année, ils veulent nous offrir une réforme des retraites. En fait, je crains que ton cousin germain, Saint Nicolas, ne dispose de beaucoup plus d’argent que toi. C’est une chance pour les enfants là-bas, car il pourra leur amener plein de jeux de mécano pour fabriquer des jolis jouets aéronautiques. Je redoute que Santa Claus, qui passe son temps à expliquer que tu as le monopole de la distribution de jouets dans le monde, ne soit finalement écouté par Bruxelles. D’ailleurs, tu as vu que, récemment, Bruxelles a préféré se fournir chez l’Oncle Sam plutôt que chez toi. Père Noël, je n’ai pas besoin de nouvel organigramme ni de nouveau jeu de rôle pour savoir qui est le manager de l’année. Et surtout pas de voitures à pédales... elles seront taxées un jour. Le plus beau cadeau que tu pourrais me faire serait de te mettre d’accord avec Saint Nicolas, Babbo Natale, les Reyes Magos, Sinterklaas et consort. Ainsi, vous pourriez amener une belle fusée pour aller dans l’espace à mon ami Philippe. Ça complèterait le nouveau drone de mon copain Christophe. Cela éviterait surtout aux enfants d’Europe de ne plus croire en vous et d’avoir peur du Père Fouettard. Et du coup, de vous retrouver vous aussi au chômage. Apporte aux Femmes et aux Hommes de notre industrie un peu d’espoir et de cohésion. Ainsi d’ailleurs que du sens à leur travail. Cousin François nous a réunis à une fête de famille à Deauville pour en discuter. Cela nous a passionnés. Et puis, amène nous aussi une version EBOOK compatible RGPD du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupery, un grand aviateur. Mais surtout un grand Humaniste. Ma Maman et mon Papa m’ont dit que c’était très intéressant à lire. Il parait que c’est pour les enfants, mais pas que… Je te dirai ce que j’en pense quand je l’aurai lu. Chères adhérentes, chers adhérents, l’ensemble des militants de votre syndicat se joint à moi pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année. Nous espérons que leurs lumières éclaireront les choses importantes à vos yeux et laisseront dans l’ombre les détails sans importance. Et fasse que le Père Noël vous apporte tout ce que vous pouvez désirer !
Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED
Actualités
FUSION AGIRC – ARRCO : UN POINT UNIQUE AGIRC-ARRCO NON-CADRE : ff 1 point AGIRC-ARRCO = 1 point ARRCO
CADRE : ff 1 point AGIRC-ARRCO = 1 point ARRCO ff 1 point AGIRC-ARRCO = 0,347798289 point AGIRC
QUELS CHANGEMENTS SUR VOS SALAIRES ? La fusion des caisses de retraite va également impacter les bulletins de paye des salariés, sur la part salarié et employeur. Les changements sur le salaire de janvier 2019 seront les suivants :
2 tranches (1 et 2) de salaire au lieu de 3 (A, B et C) :
ff Tranche 1 : - jusqu’à 1 plafond de Sécurité sociale ; - la cotisation passe de 7,75 % à 7,87 %.
ff Tranche 2 : - de 1 à 8 plafonds de Sécurité sociale ; - la cotisation passe de 20,55 % à 21,59 %.
2 nouvelles contributions (un courrier sera adressé à chaque salarié avec les nouvelles conditions, fin 2018) :
ff La CEG (Contribution d’Équilibre Général) : - 2,15 % sur la tranche 1 ; - 2,70 % sur la tranche 2.
Dès le 1er janvier 2019, les caisses de retraites complémentaires des salariés, AGIRC et ARRCO font fusionner. Si cette fusion n’impactera pas les salariés déjà à la retraite, plusieurs modifications majeures vont intervenir sur le régime de retraite complémentaire des salariés. La fusion des caisses de retraite des salariés n’est pas sans impact. Ainsi, de nombreuses modifications vont intervenir, parmi lesquelles :
la simplification dans la gestion et la mutualisation des réserves financières des deux régimes afin de préserver le système de retraite complémentaire; la conservation d’un régime par répartition - les cotisations des actifs permettent de financer les retraites; la conservation d’un système par points - les cotisations sont transformées en points et mises sur un compte individuel ; la mise en place d’un point unique AGIRC-ARRCO. Corrine LECLERC, Experte retraite CFE-CGC AED
L’ESSENTIEL À RETENIR ff Une augmentation des cotisations pour les salariés et les employeurs (non-cadre et cadre). ff Une acquisition du nombre de points moins favorable. ff La suppression de la Garantie Minimale de Points (GMP) pour les cadres et assimilés : aujourd’hui, les cadres et assimilés rémunérés en dessous du plafond acquièrent, grâce à une cotisation forfaitaire, 120 points AGIRC par an. La GMP sera supprimée. Les droits acquis seront, en revanche, préservés.
ff Une réversion possible plus tôt : pour tout décès intervenu à compter du 1er janvier 2019, la pension de réversion sera versée dès 55 ans dans sa totalité. ff Un nouveau plafond pour les majorations familiales : les majorations dont bénéficient les parents d’au moins trois enfants sont aujourd’hui plafonnées à un peu plus de 1 000 euros dans chacun des régimes ARRCO et AGIRC. À partir du 1er janvier 2019, un nouveau plafond global d’un peu plus de 2 000 euros entrera en vigueur. Pour en savoir plus :
ff La CET (Contribution d’Équilibre Technique) : - 0,35 % sur la tranche 2.
3 contributions actuelles seront supprimées : AGFF (Association pour la Gestion du Fonds de Financement), ancienne CET (Contribution Exceptionnelle Temporaire) et GMP (Garantie Minimale de Points Agirc). L’impact sur vos salaires, parts salarié et employeur: ff p our 25 000 euros bruts /an : 67,50 euros / an
de cotisation en plus. ff pour 50 000 euros bruts / an : 265 euros /an de cotisation en plus.
Ce qui ne bouge pas : ffu ne répartition entre employeur 60 % et salarié 40 % (sauf négociation particulière d’entreprise) ; ff la cotisation APEC : 0,06 % maintenue (dans la limite de 4 plafonds de la S.s.).
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UN IMPACT SUR LES SALARIÉS DU PRIVÉ À COMPTER DU 1ER JANVIER 2019
ÉLECTIONS DE REPRÉSENTATIVITÉ Poursuivez votre expérience Bref Aéro grâce à la lecture enrichie :
Coup de tonnerre chez Safran Power Units : il ne reste plus que deux organisations syndicales. La CFE-CGC prend le CSE, en obtenant sur l’ensemble des 3 collèges un score de près de 54 %. Bravo ! Chez MEAS aux Clayes sous-Bois, en dépit d’un quorum non atteint au 1er tour, la liste CFE-CGC atteint 40 % d’audience. Enfin chez Latesys, la nouvelle équipe décroche une audience de 44 % : un coup de maître pour un coup d’essai ! BRAVO À TOUS !
Actualités
CRÉATION DE SECTIONS
ROCKWELL COLLINS FRANCE à BLAGNAC le Représentant de la section syndicale (RSS) est Gérard Jaeger. LATESYS à Ste Foy d’Aigrefeuille : la Représentante de la section syndicale (RSS) est Lydie Garcia.
NOS DÉLÉGUÉS ONT DU TALENT : RÉMI STEPHAN Nous nous sommes efforcés d’avoir une communication attractive et régulière. Nous souhaitons montrer aux salariés une image positive de notre syndicat », poursuit le délégué syndical.
NOUVELLES DÉSIGNATIONS
SAFRAN AIRCRAFT ENGINES à VILLAROCHES : Pascale Fauvel remplace Thierry Ramackers en qualité de délégué syndical et Gilles Querrien remplace Serge Padie également au poste de délégué syndical. THALES AVIONICS FRANCE à MÉRIGNAC : Françoise Naulevade remplace Bernard Darrouzes au poste de délégué syndical, Hervé Sancho est désigné délégué syndical en remplacement de Marc Cruciani. DERICHEBOURG ATIS AERONAUTIQUES à BLAGNAC : Arnaud Cassar remplace Éric Boizot au poste de délégué syndical. AIRBUS OPERATIONS SAS à NANTES : Benoit Jolivel remplace Xavier Daheron en qualité de délégué syndical. SAFRAN POWER UNITS à TOULOUSE : Rémi Stephan est reconduit délégué syndical. Rodolphe Heintzamnn est désigné délégué syndical. SAFRAN AIRCRAFT ENGINES à COURCOURONNES : Christophe Simon remplace Serge Padie en qualité de délégué syndical central. Caroline Tirel est désignée déléguée syndicale centrale.
C’est un vent de dynamisme qui souffle depuis 18 mois sur la section de Safran Power Units (ex MicroTurbo) à Toulouse. Boostée par son sémillant délégué syndical, Rémi Stephan, la section CFE-CGC engrange d’excellents résultats auprès des salariés, tant en terme d’accroissement de son nombre d’adhérents qu’en pourcentage lors des élections CSE d’octobre 2018. Une section qui triple son nombre d’adhérents, rafle les 12 sièges du 3ème collège (plus 2 sièges au 2nd) aux élections CSE. La section de Safran Power Units se renouvelle sous la houlette de Rémi Stephan et son équipe. « Il y a 18 mois, notre secrétaire régional AED, Félix Chiaramonte, est venu dans notre section afin de nous dresser l’état des lieux de la CFE-CGC au sein de l’entreprise. Nous étions, à l’époque, en début de campagne électorale, les élections CE/ DP devaient se dérouler en novembre 2017. À l’été 2017, avec les ordonnances Macron, il a été décidé de prolonger tous les mandats d’une année et organiser les élections CSE début octobre 2018, explique Rémi Stephan. Lors de cette rencontre, Félix nous a exposé nos faiblesses : ce fut une véritable prise de conscience ». Se met alors en place un véritable travail de coaching de la part du secrétaire régional auprès de la section. « Un plan de communication a été établi, nous distribuons des tracts aux portes de l’établissement tous les mois.
Au bout du compte, la campagne électorale dure 18 mois. Les élections pour la mise en place du CSE se sont déroulées début octobre 2018. « Cette très longue campagne a permis de nous faire connaitre des salariés, de recruter des adhérents et des candidats pour nos listes, nous avons créé des liens formidables sur le terrain, commente Rémi Stéphan. J’ai instauré un rituel hebdomadaire : je circule dans l’établissement à la rencontre des salariés. Si je ne les connais pas tous, eux me reconnaissent et au fil des mois, ils viennent vers moi pour échanger sur leurs problématiques. C’est hyper important !!! De même, la section a un lien privilégié avec ses adhérents. Nous les sollicitons lors des négociations, avant et après, par sondage. Nous les impliquons dans nos décisions, et au même titre, nous leur donnons des informations dès la fin de nos réunions de négociation, quelles qu’elles soient (plénière CSE, négociation, suivi d’accords, etc.) ». Alors que le CSE est établi depuis un mois, la nouvelle équipe aux manettes bouscule déjà gentiment la direction du site. La CFE-CGC veut moderniser le CSE avec la création de nouvelles commissions, de nouveaux services pour les salariés. Représentant les personnels cadres et non cadres, un second délégué syndical non cadre vient d’être désigné par le syndicat. « Nous négocierons avec nos deux facettes, commente Rémi Stephan. Nous sommes les représentants des salariés des 2ème et 3ème collèges, cette nouvelle désignation va renforcer notre position face à la direction ». Pour Félix Chiaramonte, secrétaire régional AED, qui a coaché la section ces derniers mois, cette magnifique réussite repose essentiellement sur la foi que Rémi a su transmettre à son équipe et sa belle énergie ». BRAVO. Découvrez la campagne des élections CSE 2018 :
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Actualités
NÉGOCIATION DE LA NOUVELLE CONVENTION DE LA MÉTALLURGIE : SUITE, MAIS PAS FIN. Après plusieurs mois de négociations, les partenaires sociaux de la Branche se sont mis d’accord sur un texte concernant le thème n° 3 « Temps de travail ». Rappelons que deux textes ont déjà aboutis : la nouvelle classification (thème 1) et la QVT (thème 2). Ce thème 3 est l’un des 9 sujets qui devront faire l’objet d’un accord global pour que la nouvelle convention collective de la Métallurgie s’applique. Il ne pourra être mis en oeuvre que lorsque l’ensemble des 9 thèmes initialement arrêtés auront fait l’objet d’un accord. Les représentants des entreprises et des salariés ont cherché à trouver un compromis entre : ff les besoins d’adaptation du temps de travail souhaités par les entreprises ; ff le respect des conditions de travail, de la santé et de la sécurité des salariés ; ff des contreparties aux contraintes d’organisation du temps de travail. Sur le sujet du temps de travail, la CFECGC considérait que les accords en vigueur étaient équilibrés entre attentes des entreprises et des salariés. Cependant, la CFE-CGC souhaitait : ff moderniser certaines dispositions qui, anciennes, n’étaient plus en cohérence avec la loi ; ff clarifier certaines dispositions qui étaient mal appliquées : en particulier, l’utilisation des forfaits annuels horaires et plus encore les forfaits annuels jours ; ff ajouter des dispositions qui n’existaient pas au niveau de l’accord de branche, comme le traitement des astreintes ou la compensation des déplacements pour les forfaits jours.
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La CFE-CGC a réussi à maintenir un équilibre général entre les attentes des entreprises, qui voulaient s’adapter à leurs charges fluctuantes, et la santé des salariés qui nécessite la régulation du temps de travail. Dans cette optique, la CFE-CGC a particulièrement obtenu pour le personnel de l’encadrement que : ff les conditions de mise en oeuvre des forfaits annuels horaires et jours soient précisées, en lien avec l’autonomie dans l’organisation du temps de travail des bénéficiaires ; ff pour la première fois, dans un texte conventionnel de branche, des règles soient proposées sur les astreintes ainsi que sur les contreparties des déplacements avec la prise en compte des spécificités pour les forfaits jours.
Et la suite ?
La loi dispose que les mesures d’un accord de branche sur le temps de travail sont supplétives. C’est-à-dire qu’elles ne s’appliquent dans les entreprises que si il n’y a pas d’accord d’entreprise. C’est souvent le cas dans les PME. Mais si un accord d’entreprise existe ou
est proposé à la négociation, celui-ci peut définir des dispositions différentes, meilleures ou moins bonnes pour les salariés que le texte de branche. C’est donc dans les entreprises, au plus proche des réalités particulières, que ces dispositions seront précisées. Par exemple, les contreparties revalorisées pour les astreintes ou les déplacements, la liste des fonctions/ métiers justifiant l’application d’un forfait annuel horaire ou jours, temps de travail max et heures supplémentaires … Rappel : pour être valable, un accord d’entreprise doit être signé par des organisations syndicales représentatives pesant plus de 50 % des voix aux élections professionnelles. Les militants CFE-CGC seront soutenus par leur syndicat et la fédération de la Métallurgie pour conclure des accords les mieux adaptés aux attentes des salariés et des besoins des entreprises. Fabrice NICOUD Secrétaire national Emploi et formation professionnelle CFE-CGC Métallurgie
Actualités
QUELLE ENTREPRISE, POUR QUELS DÉFIS ? Les 10 et 11 octobre, s’est tenue la première Université d’automne de la CFE-CGC. Ce ne sont pas moins de 350 militantes et militants qui se sont réunis pour s’interroger ensemble et chercher les réponses à la question «QUELLE ENTREPRISE POUR QUELS DÉFIS ?».
Loin des thèmes habituellement abordés par la Confédération, cette Université d’automne s’est voulue innovante dans les idées, mais aussi dans la forme, mettant à contribution ses militant(e)s, avec pour objectifs caractéristiques de la CFECGC : de proposer, de construire et d’innover, quitte à bousculer les idées reçues. À l’ordre du jour, 3 thématiques centrales pour l’entreprise : ff la gouvernance ; ff les générations Y et Z ; ff la technologie avec l’Intelligence artificielle et le « Big data ». C’est par un programme dense en conférences que les réflexions ont été initiées. Les sujets abordés ne laissaient pas de doutes : on se projette dans le futur et on remet l’humain au centre de l’entreprise. ff Moderniser la gouvernance : une nécessité pour affronter les défis d’aujourd’hui et de demain, ff Intelligence artificielle et Big data : entre risques et opportunités, quels outils pour que l’entreprise conserve son humanité ? ff Quête de sens et de valeurs, impertinence, indépendance… : la génération Z bouscule l’entreprise. Et si c’était l’occasion de revenir aux fondamentaux d’un projet collectif ? ff Quand l’humain est au cœur du projet, pourquoi ça marche ?
Dans un deuxième temps, c’est l’originalité du travail en « ruches » qui a surpris. Ces moments d’échanges et de travail en groupe ont permis de traiter une dizaine de questions parmi lesquelles : ff Pourquoi la question de la gouvernance est-elle centrale dans l’évolution de la notion d’entreprise ? ff Comment faire évoluer le mode d’interaction syndical, pour s’adapter aux codes des jeunes générations ? ff Comment favoriser une implantation socialement acceptable de l’IA dans les entreprises et comment la sécuriser ? Notre syndicat AED était bien présent et actif pendant ces 3 jours, avec une délégation de 15 militant(e)s majoritairement issus du groupe de réflexion « Syndicalisme 4.0 », laquelle était accompagnée de son Président, Ludovic Andrevon. Quelle énergie emmagasinée durant ces trois jours pour ces jeunes militant(e)s ! Ils reviennent dans leurs sections syndicales gonflés à bloc, prêts à vous servir et construire le syndicalisme de demain, celui qui saura fédérer notamment les jeunes salariés de nos entreprises. C’est au final, une nouvelle opportunité donnée à ces jeunes militant(e)s d’étendre leur réseau au-delà de la Fédération de la métallurgie. Un bon moyen pour permettre d’échanger sur les bonnes pratiques (accords, tracts, processus…).
À l’issue de ces 3 jours, la CFE-CGC publiera des actes et poursuivra ses réflexions dans les Fédérations afin que l’organisation puisse répondre aux attentes des salariés dont elle porte la parole dans l’entreprise et, par conséquent, dans nos établissements. La poursuite de ces réflexions s’inscrira dans la préparation du Congrès confédéral qui se tiendra à l’automne 2019 à Deauville. Et si vous souhaitez en savoir plus sur le réseau « Syndicalisme 4.0 », contactez-nous !
Laureline RIANDET, Safran Aircraft Engines ; Lucie BISSON, Ariane Group ; Anne PERRAUX, Dassault Aviation ; Arnaud CAMBEFORT, Safran Transmission Systems ; Guillaume BONNET, Airbus Operations
Pour en savoir plus
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Vie des entreprises
EURODRONE :
QUAND L’EUROPE PRÉPARE SON TERMINATOR
matière de renseignements : il convient de rappeler que les données captées par les Reaper de l’armée française transitent par les USA … Voyons aussi plus loin : les industriels présents sur ce projet le considèrent comme une brique essentielle au système de combat futur, qui mettra en jeu des avions de guerre de sixième génération, des drones armés et de reconnaissance, des communications par satellites, etc. Ce qu’il convient d’appeler un système de systèmes. À cet égard, l’Eurodrone est aussi un investissement.
Pilote de drone Sans faire trop de bruit, ce qui, à quelques mois d’élections continentales, peut paraître paradoxal, l’Europe avance sur le sujet des drones de combat. Quelques éléments politiques, techniques et même psychologiques ne sont pas de trop pour s’initier à ce sujet.
Armé ou pas ? Le projet Eurodrone cherche à donner à l’Europe son autonomie en matière de surveillance « moyenne altitude, longue endurance ». Il ne s’agit pas forcément d’un appareil armé ce, même si l’armement de drones existant est actuellement testé. La France s’est toutefois prononcée pour l’armement des systèmes qu’elle acquerra. Mais nous restons pour l’instant dans le domaine de l’espionnage ou de la reconnaissance, ainsi que de la coordination d’aéronefs et de la surveillance, par exemple de larges zones maritimes. L’approche peut paraître simple, mais elle ne l’est pas, dès lors qu’il s’agir de travailler pour au moins quatre États (Allemagne, Espagne, France, Italie, la Belgique ayant statut d’observateur) et donc … plusieurs armées, selon qui sera responsable de la mise en œuvre de l’Eurodrone dans chaque pays. Les programmes NH90 ou A400M sont dans un tel contexte des exemples de sur-complexité à ne pas suivre. N’ayons donc aucun doute, sous des dehors d’avion télécommandé, il s’agit d’un projet techniquement très complexe. L’autonomie militaire recherchée se double clairement d’une autonomie technologique. C’est l’agence européenne d’acquisition
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d’armement (OCCAR) qui est en charge du pilotage du projet, auquel participent Airbus Allemagne (leader industriel), Airbus Espagne, Dassault Aviation et Léonardo. D’autres grands noms ont rejoint l’équipe initiale, comme Thalès ou Indra. Le budget global est estimé à sept milliards d’euros. La Commission Européenne est prête, à ce stade, à financer deux à trois cent millions, lesquels rajoutés aux contributions des États portent les ressources actuellement mobilisées à plus d’un milliard.
Un tempo européen … La lettre d’intention donnant corps au projet Eurodrone a été signée en 2015 par les Etats et les industriels. Après deux ans d’étude de définition, la phase de développement doit être lancée … fin 2018 ou début 2019. On vise un premier vol en 2023 et une entrée en service opérationnel en 2025, soit dix ans après l’intention. De quoi faire sourire l’Oncle Sam, qui, il est vrai, a bien séché les crédits de défense de ses « amis » avec le projet F35 et qui vend ses propres drones dans l’intervalle. Le nombre de systèmes à produire ne nous est pas connu. La France, qui opère quatre Reaper de fabrication américaine, espère avoir un premier Eurodrone en 2025.
Tout ça pour ça ? Nous l’avons dit, le challenge technologique est important, tout comme l’est le challenge politique et économique. Économique parce que quelques « engins » pour sept milliards, ça peut interpeler le contribuable européen. Si ce n’est qu’en même temps qu’un saut technologique, l’Europe prépare son indépendance en
Nous n’oublierons pas l’humain dans tout ça : piloter un drone c’est un métier à part entière. On est loin de monsieur tout le monde qui pilote un jouet dans la campagne : même s’il est à l’abri du danger, le pilote de drone doit tenir compte de sa vision inhabituelle du champ de bataille – puisqu’obtenue au seul travers des « yeux » du drone, ainsi que du temps de réaction à ses ordres d’un appareil qui peut se situer à des milliers de kilomètres de sa zone de travail. En outre, des études psychologiques poussées sur des expériences vécues, montrent qu’opérer un drone armé et tuer un ennemi à distance, en restant dans une relative zone de confort, ce n’est pas neutre psychologiquement : on est aux antipodes de l’adrénaline de Top Gun ou des Chevaliers du Ciel, nombre de pilotes de drones armés se sentent plus assassins que militaires.
L’armée du XXI° siècle Terminator, c’est donc pour demain, sauf si on y prend garde. Ce dont s’émeuvent plusieurs comités d’éthique à travers le monde. Pour autant, le projet Eurodrone doit être perçu par nous positivement : avancée technologique qui en prépare d’autres, avancée politique d’une Europe qui se cherche, avancée industrielle de grandes entreprises qui acceptent de cheminer ensemble. Espérons que ce projet ira à son terme dans de bonnes conditions, en tenant compte des leçons de projets antérieurs. Christophe DUMAS Délégué syndical Airbus Defence & Space
Vie des entreprises AIRBUS DEFENCE & SPACE : UN NOUVEAU STATUT SOCIAL POUR PLUS D’AUTONOMIE ET DE RESPONSABILISATION. Depuis 2016, Airbus Defence & Space (ADS) a connu de profondes restructurations avec la fusion des sociétés Astrium (espace), Cassidian (défense), Intespace (intégration) et Signalis (surveillance maritime). Quatre sociétés avec des statuts sociaux très différents sur beaucoup de sujets : temps de travail des cadres allant de 201 jours à 218 jours, temps de travail des mensuels allant de 32h à 39h36, part variable allant de 0 % à 12 %, etc. Autant dire que la négociation des statuts sociaux d’ADS qui s’est ouverte, il y a 1 an, s’annonçait particulièrement complexe. La CFE-CGC ADS s’était fixé des objectifs très clairs : YY préserver l’intérêt des salariés : aucun des 5 000 salariés d’ADS ne devait être perdant, quelle que soit sa société d’origine ; YY privilégier le libre choix des salariés dans leur organisation du travail, mais aussi dans leur durée de travail ; YY d évelopper l’autonomie et la responsabilisation des salariés ; YY permettre aux salariés de concilier au mieux leur vie professionnelle et leur vie personnelle et familiale. Objectifs qui viennent d’être atteints avec la fin de cette négociation marathon et la signature du nouvel accord de statut social riche de mesures innovantes, en particulier sur le temps de travail. Autonomie, responsabilisation, conciliation vie personnelle/vie professionnelle, alignement des statuts sociaux « par le haut » : les objectifs que s’étaient fixés la CFE-CGC ADS sont atteints ! Thierry PREFOL Délégué syndical central Airbus Defence & Space Pour en savoir plus
DASSAULT AVIATION ARGONAY :
UN PARTENARIAT AVEC LA RÉGION DANS L’IMPRESSION 3D Le 5 novembre 2018, Dassault Aviation et la Région Auvergne- Rhône-Alpes ont signé un partenariat industriel visant à créer une plateforme industrielle collaborative autour de l’impression 3D appliquée à l’aéronautique. Le projet, baptisé Aéroprint, s’appuie sur un budget de 25 millions d’euros, dont 10 injectés par la région ARA. La réalisation de la plateforme industrielle collaborative est prévue sur le site Dassault Aviation d’Argonay, près d’Annecy en Haute-Savoie. Cette plateforme “mettra en relation les industriels du secteur, les laboratoires et les centres techniques qui devront articuler leurs actions pour garantir des retombées économiques en région au bénéfice des PME/ETI régionales”, expliquent dans un communiqué commun Dassault Aviation et la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une phase de
tests et de pré-industrialisation est attendue pour 2020, tandis que les premières industrialisations sont prévues dès 2022. Dans une communication adressée aux salariés du site Dassault à Argonay, la Direction partage son enthousiasme, « Le projet Aeroprint est une dynamique d’excellence regroupant tous les acteurs publics et privés d’Auvergne-Rhône-Alpes qui vont unir leur expertise et savoir-faire pour créer, avec le soutien de la région, une filière de référence dans la fabrication additive…Dassault Aviation est au coeur de cette initiative éminemment vertueuse portée par la région et son président, Laurent Wauquiez, au profit du développement des technologies les plus innovantes, en faveur de la compétitivité de notre tissu industriel et d’un emploi stable à forte valeur ajoutée ».
2300 SUPPRESSIONS D’EMPLOI CHEZ ARIANEGROUP C’est ce qui a été annoncé en CCE. La CFE-CGC le dit depuis des mois : YY l es Américains veulent faire la peau aux Européens ; YY grisée par Ariane 5 et désorientée par la montée d’enjeux nationaux au détriment de l’Europe, la filière spatiale a décidé tardivement de faire Ariane 6 et de se regrouper autour d’ArianeGroup ; YY les agences, industriels et politiques sont plus divisés que jamais, liés à un processus décisionnel Européen digne de l’Union Soviétique ; YY l’efficacité d’ArianeGroup est loin d’être satisfaisante : notre complexité et nos façons de faire sont un frein. Les équipes CFE-CGC sont plus mobilisées que jamais pour préserver le social et l’avenir. Philippe GÉRY Délégué syndical Central ArianeGroup Pour en savoir plus
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C’est dans l’air
Nous autres, civilisations…
L’année 2018 s’éloigne et avec elle les célébrations du centenaire de la Grande Guerre. Celles-ci ont été plutôt bien traitées sur le terrain, tant par les collectivités locales que par l’État. Les opérations de commémoration et de remémoration entre générations ont été intéressantes pour tous. Reste que si nous voulons être complets, il ne faudra pas oublier le centenaire de 1919, année qui a vu la signature du traité de Versailles (entre autres), auquel la plupart des historiens font porter une lourde responsabilité dans le conflit qui suivra. L’histoire, nous ne la referons pas. Qui serions-nous pour donner des leçons posthumes à la classe politique d’un pays exsangue qui, en fin de compte, aura pu gagner la guerre grâce à une volonté de fer plus solide que celle de l’adversaire et qui aura pour cela supporté des pertes effroyables ? Qu’on les appelle vengeance ou réparations, les exigences françaises vis-à-vis de l’Allemagne étaient le prix que les politiciens estimaient dû au Peuple, pour 1.700.000 morts et 4.300.000 blessés. Prévoir, en juillet 1919, l’avènement du nazisme quinze ans plus tard, était plus compliqué que prévoir en 1871 que la France voudrait récupérer tôt ou tard l’Alsace et la Lorraine. Du centenaire du traité de Versailles, il y a cependant maintes leçons à tirer. La première a cent ans et nous la trouvons
BREF
AÉRO ÉRO 8
sous la plume de Paul Valéry : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie ».
conscience, à nous tous de le construire. Les exigences sont immenses : chacune, chacun doit avoir sa place dans le prochain édifice. Sinon, c’est très simple, il ne tiendra pas.
Or cent ans plus tard, cette terrible sentence herméneutique, placée dans un autre contexte, prend une dimension encore plus inquiétante car universelle : réchauffement climatique, crise économique (mais ne devrions-nous pas parler de crise de civilisation ?), maintien voire accroissement des inégalités, lent déclin de la pensée européenne, règne absolu du court-terme et de la finance … En cette aube de 2019, qu’est-ce qui donnerait aux « pessimistissimes » des raisons d’espérer ?
Certains, en tant que syndicalistes, pourraient se cacher derrière leurs petits doigts. Quel nouveau monde ? Quand ? Or la fin de certains statuts dans de grandes entreprises ferroviaires n’annonce pas le début d’un changement, mais plutôt un point de non-retour : hier est définitivement mort, pour qui en douterait encore.
C’est précisément Paul Valéry qui donne la meilleure de ces raisons, juste par la simple existence de son propos. Après tout, nous sommes prévenus. Maintenant nous savons. Il l’a compris avant nous, à nous simplement de nous positionner sur cette fragilité intrinsèque qui est la nôtre, celle de notre civilisation, celle de nos modes de vie. Plus près de nous, il y a environ quarante ans que les sociologues ont commencé à analyser les changements, d’abord furtifs et lents, maintenant profonds et rapides, qui s’imposent à nos modèles. C’est bien un nouveau monde qui est en train d’éclore. À chacun d’en prendre
Novembre/décembre 2018 • n°373 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, F.Nicoud, C.Leclerc, L.Riandet, L.Bisson, G.Bonnet, A.Perraux, A.Cambefort, T.Prefol, P.Géry Crédits photos : @adobestock, @airbus Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : décembre 2018 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080
Les syndicalistes sont des salariés protégés. Il s’est agi au départ de protéger leur liberté de parole et d’action. Mais dans la situation actuelle, « protégé » ça sonne plus comme salarié en CDI privilégié, parqué dans une réserve, que comme leaders d’opinion dans un monde où les salariés ont besoin d’appui, sans doute plus qu’ils n’en ont eu besoin depuis la seconde guerre mondiale. Sauf pour celles et ceux qui sortent de la réserve et qui osent user de leur liberté, comme l’osèrent leurs lointains prédécesseurs. Alors … 2019 arrive. Comme une nouvelle feuille blanche. Tous les espoirs sont permis ! Plus que jamais, prenons en main notre destin et construisons-le ! Car après tout, il en est encore temps. Christophe DUMAS Secrétaire général CFE-CGC AED