BREF
Septembre/octobre 2019 • N° 378
AÉRO
ÉDITO
Sommaire Actualités Remboursement « Mutuelle » Le « 100 % optique » Élections de représentativité Réforme des retraites
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Vie des entreprises Lettre ouverte aux DRH et Managers 5 OPA américaine sur LATÉCOÈRE
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Satellites : le marché évolue
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La CFE-CGC ArianeGroup et Arianespace au Sénat
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C’est dans l’air Vive le XV !
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POUR VOUS AVEC VOUS
PARTOUT
NOTRE ADN, NOTRE ENGAGEMENT La CFE-CGC refuse de se laisser enfermer dans une définition clivante syndicat réformiste versus syndicat contestataire. Il y a déjà assez de réformistes contestataires ou de contestataires réformistes en France, ne croyez- vous pas? Non! La CFE-CGC est avant tout un partenaire social. Un partenaire social qui défend les salariés et leur entreprise, comme s’il ne s’agissait au final que d’une seule entité. Dans tout ce que nous faisons, nous croyons qu’il faut bousculer le statut quo! La CFE-CGC veut convoquer l’intelligence au chevet des entreprises. Nous voulons comprendre les situations qui se présentent, puis prendre des décisions, et enfin les assumer. Bref, prendre nos responsabilités. Surtout, nous disons la vérité aux salariés, quoi qu’il nous en coûte, parce que nous croyons en votre libre arbitre et à votre capacité d’analyse. Dès lors, pourquoi nous réfugierions nous derrière un discours langue de bois ou des opérations désespérées de window dressing ? Nous sommes viscéralement attachés aux valeurs de respect, responsabilité, solidarité, bienveillance et équité. Car, quand on est un salarié, ou un partenaire social, en situation de responsabilité, on incarne quelque chose qui entraine tout le monde. C’est en progressant soi même que l’on fait progresser l’ensemble. Autrement dit, la collectivité ne peut pas progresser s’il n’y pas d’individu qui s’engage. C’est aussi le sens de l’engagement syndical. Les entreprises théorisent sur cette valeur d’engagement, mais elle la respecte au final assez peu. C’est pour cela que la CFE-CGC, au- delà des valeurs croquées par nos deux compères, porte cette valeur d’engagement en fer de lance. Et pour approfondir, vous lirez la lettre ouverte que Francoise Vallin adresse aux DRH et managers dans les pages suivantes. Parce que pour s’engager dans le dialogue social... il faut être deux !
Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED
Actualités
REMBOURSEMENT « MUTUELLE »
D’ACTES MÉDICAUX Votre médecin pratique le tiers payant, ceci vous intéresse. Il y a de plus en plus d’erreurs de médecin dans la façon de coder ou cocher les cases liées au tiers payant « mutuelle ». Pour régulariser la situation (si le patient est lésé et s’il suit ses remboursements), il est indispensable de fournir à la « mutuelle » ou d’être capable de lui fournir un reçu justificatif du paiement effectué au praticien. Il faut donc systématiquement demander ce reçu au moment de la consultation sous peine de le demander après (avec toutes les difficultés que cela occasionne) afin d’avoir le remboursement effectué par la « mutuelle ».
Des militants mieux formés Les ordonnances travail du Docteur Pénicaud prendront pleinement leur effet en 2020. Toutes les élections procédant à la mise en place des Comités Économiques et Sociaux se seront tenues. Vous vous apercevez d’ailleurs au fil des Bref Aéro que la CFE-CGC est en progression constante lors de ces élections. Afin de faire face à ce tsunami, votre syndicat CFE-CGC AED a mis en place, sur 2018 et 2019, une politique de formation spécifique de ses militants. Le but était de leur faire appréhender les modifications de la loi, les différences (substantielles) qui existaient entre les attributions des DP/CHSCT/CE et celles du CSE. Contrairement aux idées reçues, le CE ne gérait pas que les œuvres sociales (vacances, distribution de jouet, etc.), pas plus que le CSE. Le CSE devenant la seule instance de représentation des salariés vis à vis des Directions, l’AED a donc consacré un budget considérable à la formation de ses futurs DS et/ou Élus CSE. Nous ne devons jamais oublier qu’un mandat syndical est une activité professionnelle qu’il faut occuper de manière professionnelle. En parallèle de l’engagement remarquable dont font preuve nos militants, leur formation et leur montée en compétences sont tout aussi cruciales.
Ludovic Andrevon Président CFE-CGC Aéronautique Espace Défense
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2 points complémentaires : si vous avez constaté une erreur, sachez qu’en matière de remboursements, les prescriptions sont de 2 ans à compter de la date de l’acte (médecin…) ou de la facture (lunettes…) ; n’hésitez pas à communiquer autour de vous.
Élections de représentativité Chez StandardAero, à Gonesse, la CFE-CGC atteint une représentativité de 30,5 %, malgré un passage de DUP à CSE, défavorable en termes de découpage des collèges.
30,5 %
Patrick Frodefond Expert Protection sociale CFE-CGC AED
LE « 100 % SANTÉ » OPTIQUE, C’EST QUOI ? Le législateur a mis en place cette réforme afin de lutter contre le renoncement aux soins et les inégalités de santé pour les équipements d’optique, dentaire, et audition. Le volet « optique » entre en vigueur au 1er janvier 2020, en voici l’essentiel.
Les équipements (montures et verres) seront répartis en deux classes : • classe A = équipements « panier 100 % Santé » = pas de reste à charge après remboursement Sécurité sociale et organisme complémentaires ; • classe B = équipements hors « panier 100 % Santé » = prix libres. Classe A : équipements « panier 100% Santé » : • t outes les montures respectent les normes européennes au prix maxi de 30€ ; • au moins 17 modèles différents de montures adultes en 2 coloris ; • au moins 10 modèles différents de montures enfants en 2 coloris ; • d es verres (amincis, antireflets, anti-rayures, anti-UV) traitant l’ensemble des troubles visuels et dont les prix sont plafonnés selon la correction. Les bases de remboursement de la Sécurité sociale sont modifiées et les contrats
responsables doivent intégralement les couvrir à compter de janvier 2020 pour conduire à un reste à charge égal à zéro. Les opticiens ont l’obligation de réaliser un devis proposant une offre 100 % Santé, dès janvier prochain.
Nota : les lentilles de contact, les soins d’hospitalisation et les consultations ne sont pas concernés par cette réforme.
Classe B : équipements hors « panier 100 % Santé » : • tarifs libres ; • prise en charge des montures dans la limite de 100€ pour les contrats responsables, et au-delà pour les autres. Un panachage sera possible : verres classe A et monture classe B, et inversement. Périodicités de renouvellement (monture et verres) : • 2 ans pour les adultes et les enfants de 16 ans et plus ; • 1 an pour les enfants de moins de 16 ans ; • u n renouvellement des verres et de la monture sera possible dès 1 an en cas de dégradation de la vue dans des conditions fixées par la nomenclature ; • la prise en charge des verres et de la monture pourra être renouvelée sans délai dans certaines situations médicales particulières (glaucome, DMLA …).
Actualités
RÉFORME DES RETRAITES
VERS UN SYSTÈME UNIVERSEL DE RETRAITE ? L I T S E QU’EN POINTS DE REPÈRES :
U n système de répartition conservé : ce sont les cotisations des salariés en-cours qui financent au même moment les pensions des retraités. Le principe de solidarité intergénérationnelle est conservé, mais quelle limite du système avec un nombre de cotisants par retraité en baisse ? U n régime universel par points : 42 régimes existants remplacés par un seul système universel. On oublie « trimestre cotisé » La pension sera dépendante du nombre de points accumulés tout au long de la carrière avec 1 € cotisé = même droit pour tous. L e niveau de pension : passage d’un régime à prestation définie à un régime de cotisation définie.
Le régime actuel garantit le niveau de pension quitte à être déficitaire. Dans un régime à cotisation définie, quel sera le montant de la retraite ? Impossible de le savoir à l’avance : le taux de conversion des points dépendra des équilibres financiers. Dans le privé et particulièrement pour nos sociétés, le taux de cotisation devrait rester proche du taux actuel de 28,12 % (charge à 60 % de l’employeur, à 40 % pour le salarié). En cas de changement d’activité lors de sa carrière, pas de changement de principe de cotisations. Les mêmes droits pour tous quelle que soit son activité, difficile de connaitre à l’avance quel sera le rendement du point au moment de son départ en retraite. D urée de cotisation : on oublie la règle des « 25 meilleures années ». D es points de solidarité : des points seraient accordés pour les périodes de chômage, maladie, maternité, invalidité… système ayant pour objectif d’améliorer la situation actuelle des retraites très faibles, on ignore si cela compensera la règle de la fin des 25 meilleures années.
La réforme prévoit la garantie d’un minimum de pension quel que soit le nombre de points acquis, le minimum est plus élevé que le minimum vieillesse actuel, mais reste encore en dessous du seuil de pauvreté. Le système prendra en compte le cumul des points dès le début de sa carrière : un risque d’impact négatif pour les salariés qui ont une carrière et un niveau de revenus en augmentation tout au long de la carrière, ainsi que pour les carrières en dents de scie (chômage, contrat précaire …). L a date de départ en retraite : le départ à taux plein serait fixé à 64 ans, pour commencer. Cette date sera reculée en suivant l’allongement de l’espérance de vie. Dans le système actuel, l’âge du taux plein dépend de la durée de cotisation (des trimestres cotisés) et peut varier de 62 à 67 ans. Dans les conditions de départ, sont toujours prises en compte les carrières longues et la pénibilité. Vous l’avez vu dans les médias : le rapport Delevoye préconise un départ à 64 ans pour tous, une autre option préconisée par le Président de la République resterait à 62 ans, mais avec une date du taux plein dépendante directement de la cotisation. Risque particulier pour les cadres ayant des années d’études plus longues de se voir appliquer une décote.
QUELS SONT LES SALARIÉS CONCERNÉS ? Les salariés nés à partir de 1963 et partant à la retraite à compter du 1er janvier 2025. Sur la période de transition, les points acquis seront transformés en points dans le nouveau système. Dans ce système de retraite universel, l’âge de départ à la retraite augmente progressivement en fonction de la croissance de l’espérance de vie, ne prenant plus en compte les meilleures années de cotisations qui sont pour une grande majorité les années de fin de carrière. Cela suppose d’améliorer l’emploi des séniors, moins de chômage, mais aussi moins d’inactivité, d’invalidité … Il vaudra mieux finir sa carrière en bonne santé ! À l’origine, le projet de loi était attendu pour fin 2019, le gouvernement annonce une « concertation citoyenne ». À suivre ! Un système plus égalitaire = plus équitable ?
Christelle Thieffinne Secrétaire général adjointe CFE-CGC AED
Retrouvez le décryptage complet du projet de réforme du régime de retraite téléchargez l’application PictureExtend sur App’store et Play’store
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Vie des entreprises
LETTRE OUVERTE
AUX DRH ET MANAGERS « Vous, DRH, Managers, vous êtes partie prenante du dialogue social dans l’Entreprise. Les partenaires sociaux aussi, bien entendu. Nous, CFE-CGC, nous nous sommes appliqués à trouver les talents, ces salarié(e)s qui vont s’engager pendant 4 ans. • Ces salarié(e)s capables de comprendre les orientations stratégiques de l’entreprise, les projets de transformation, la situation économique et financière, la politique sociale, les conditions de travail. • Ces salarié(e)s capables de négocier des accords. • Ces salarié(e)s capables de gérer les œuvres sociales et culturelles. Certain(e)s de ces salarié(e)s seront issu(e)s de vos équipes. Une / Un mandaté ou élu(e) dans votre équipe est une chance, car c’est une montée en compétences au service de l’entreprise, mais aussi de votre équipe. Les mandaté(e)s ou élu(e)s auront besoin de leur temps prévu par les accords de droits syndicaux, à défaut par la loi.
OPA AMÉRICAINE SUR LATÉCOÈRE : AVIS FAVORABLE
Vous, Managers, vous devrez donc leur faciliter la tâche, voire les encourager, adapter leur charge de travail.
Nos politiciens ont pensé pouvoir s’en passer. Avec les conséquences que nous connaissons, hélas, tous.
Vous, Managers, Vous DRH, vous devrez reconnaitre l’engagement de ces salarié(e)s. • Un mandat syndical n’est pas une tare. Il ne doit pas vous conduire à attribuer des augmentations au rabais. • Un mandat syndical est une activité professionnelle à part entière. Elle ne doit pas vous conduire à freiner une évolution professionnelle.
2019 est une année électorale d’une intensité jamais connue à la suite de l’implémentation du Comité Economique et Social (CSE). Au 1er janvier 2020, les équipes CFE-CGC seront partout définitivement en place. Elles ont renforcé leur mixité (en genre et en âge), et se sont renforcées de nouvelles compétences, de nouveaux profils.
La CFE-CGC croit à ce dialogue social rénové. Le dialogue social est la clé de voûte pour traverser des crises, faire évoluer des activités, des organisations, promouvoir le bien-être au travail, etc.
Avec l’arrivée du CSE et les ordonnances travail, le dialogue social est en période d’essai. Vous DRH, Vous Managers, recherchons ensemble un bon Contrat à Durée Indéterminée !
S’appuyer sur un dialogue social riche et approfondi est une chance pour toute entreprise. Cette chance se mérite et elle s’entretient.
À très vite pour vous retrouver sur le terrain. »
Vous, Managers, Vous DRH, nous, partenaire social représentatif, ensemble, nous constituons ces corps intermédiaires indispensables à un climat social apaisé.
Le 16 septembre dernier, le Conseil d’Administration de l’équipementier toulousain Latécoère a donné un avis favorable au rachat par le fonds d’investissement américain Searchligth. Pour la CFE-CGC, au regard des documents qui lui ont été remis, la situation avec nos
Françoise Vallin Vice-Présidente déléguée CFE-CGC AED
anciens actionnaires et le rapport du cabinet d’expertise, la CFE-CGC a voté favorablement et juge cette OPA comme amicale. Toutefois, la CFE-CGC restera vigilante sur deux points essentiels : L ATECOERE doit garder son rang dans l’aéronautique française et mondiale et pour cela rester un fournisseur de rang 1 des avionneurs. Nous saurons rappeler le moment venu les affirmations de Searchlight sur leur capacité à investir en vue d’une croissance externe ; les salariés LATECOERE doivent garder leurs emplois et leurs statuts collectifs. Là aussi, nous nous appuierons sur les réponses apportées à nos questions par nos nouveaux actionnaires. Thierry Ynglada Délégué syndical central Latécoère
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Vie des entreprises
SATELLITES : LE MARCHÉ ÉVOLUE.
ET IL ÉVOLUE TRÈS VITE! Le marché des satellites évolue. Et il évolue très vite ! Et paradoxalement, cette évolution a entrainé en 2017 et 2018 une baisse des commandes de la part des opérateurs de satellites, prêts à attendre une nouvelle génération avant de s'engager, à l'image des consommateurs hésitant à acquérir un iPhone avant la sortie du prochain modèle. Quelles sont ces évolutions ? L’apparition des satellites à propulsion électrique, il y a quelques années, a entrainé le développement de satellites moins lourds, donc moins coûteux à lancer. Mais ceux-ci prennent beaucoup plus de temps à être mis à poste sur leur position orbitale finale que des satellites à propulsion classique. D’où un choix parfois pas simple à faire par les opérateurs entre acheter un satellite un peu moins cher, mais qui sera mis en service (et donc générera des revenus) plusieurs mois après son lancement, ou un satellite plus coûteux, mais utilisable en quelques semaines. Autre évolution importante : l’apparition de projets de constellations de centaines ou de
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milliers de petits satellites bouleverse également le marché. Le premier projet de ce type est le projet OneWeb, dont les premiers satellites ont été lancés en début d’année. Mais ce nouveau marché attire les convoitises d’acteurs majeurs de la nouvelle économie : • S pace X, dont la constellation Starlink pourrait compter jusqu’à 12 000 satellites ; • Amazon, avec un projet équivalent nommé Kuipers dont l'ambition est de fournir lnternet sur tout le globe à bas prix.
Euroconsult prévoit un quadruplement du marché des petits satellites au cours de la décennie. Seulement Space X et Amazon bénéficient de budgets gigantesques. Space X bénéficie, de plus, d’un support sans faille de l’État Américain lui permettant de casser les prix sur le marché commercial. La CFE-CGC soutient depuis des années que ce sont les investissements et la R&D qui permettent à nos entreprises de maintenir leur compétitivité en gardant une avance technologique sur la concurrence. Mais face à des géants américains soutenus massivement par leurs États, la seule façon pour les entreprises européennes de pouvoir résister
est d’être également soutenues au même niveau que leurs concurrents.
La CFE-CGC demande aux États et à l’Agence européenne de soutenir les constructeurs de satellites européens en décidant, lors de la prochaine conférence ministérielle de l’ESA de novembre, du lancement de grands projets avec des financements qui permettent aux industriels de rester compétitifs face à cette concurrence déloyale, et de garder les compétences développées depuis des décennies. Il y va de l’indépendance de la France et de l’Europe en matière spatiale.
Thierry Prefol Délégué syndical central AIRBUS Defence & Space
Béatrice Campana Déléguée syndicale central THALES Alénia Space
Vie des entreprises
LA CFE-CGC ARIANEGROUP & ARIANESPACE PLAIDENT AU SÉNAT :
L’EUROPE DOIT RÉFORMER ET DÉFENDRE SON INDUSTRIE !
Les 11 et 25 septembre derniers, la CFE-CGC ArianeGroup et Arianespace était auditionnée par, respectivement, le groupe de travail Espace du Sénat et le conseiller à l’Espace au ministère de la Recherche. Voici l’argumentaire tenu lors de ces deux auditions par vos représentants CFE-CGC. Les ministres Européens de l’Espace se réunissent les 27 et 28 novembre à Séville pour décider de la politique spatiale Européenne des années à venir. Quelle est la position CFE-CGC ? Les salariés d’ArianeGroup et d’Arianespace sont désabusés, car nous sommes dans des entreprises dont le seul objectif affiché par nos Directions est de réduire le coût du lanceur Ariane 6 d’au moins 40 % vis-à-vis d’Ariane 5. La CFE-CGC ne remet pas en cause cet objectif, mais ce n’est pas avec un tel degré d’« empowerment zéro » que l’on entraine les salariés. Ainsi, cette absence de dessein, de part de rêve, conduit à une désillusion, un retrait, ainsi qu’à une augmentation de l’absentéisme et des démissions. Le programme Ariane est marqué par un défaut de cohésion industrielle, notamment entre ses trois principaux contributeurs que sont la France, l’Italie et l’Allemagne. Chacun se bat pour récupérer un volume d’activité à la hauteur de sa contribution au développement du lanceur ; puis les activités sont réparties parfois en dépit des compétences de chaque pays. On est passé en quelques décennies d’une Europe des projets (indépendance d’accès à l’Espace lorsque les Américains ont refusé de lancer un satellite Français) à une Europe des nations où chacun veut récupérer son dû parfois en dépit du bon sens industriel. Est-il nécessaire de rappeler que le « retour géographique » renchérit le coût du lanceur Ariane 5 de 24 % ?
La CFE-CGC appelle à une meilleure discipline européenne : comment expliquer au contribuable européen que, par exemple, l’Allemagne, qui contribue significativement au financement du programme Ariane, confie de temps en temps le lancement de ses propres satellites à SpaceX ? Nous appelons à une simplification de la gouvernance européenne et à un assouplissement de ses modes de décision. Commission Européenne, Agence Spatiale Européenne, Agences nationales (CNES, ASI …), Conférence des Ministres européens de l’Espace : ce millefeuille a vieilli, il n’est plus adapté à la réactivité que nous imposent les Jeff Bezos ou Elon Musk, par exemple. Dit autrement : il y a trop de barreurs et les décisions prennent un temps fou à se prendre … quand elles sont prises ! D’ailleurs, quel homme européen incarne aujourd’hui la politique spatiale européenne ? Personne … La CFE-CGC demande un dessein européen, un défi qui fera que les 35 000 salariés européens de notre filière se dépasseront comme ils ont su le faire pour la navette spatiale Hermès. Nous notons aussi qu’on trouve quasiment partout en grandes surfaces des tee-shirts à l’effigie de la NASA, mais … rien de floqué « ESA » ou « Ariane ». Pourquoi passonsnous à côté de ces goodies qui participent à la notoriété de notre filière et entrainent les meilleurs à nous rejoindre ? Il faut reconnaitre que, tous dans leurs costumes sombres et leurs chemises bleues avec cravate, nos dirigeants (tous masculins au passage) sont old school en comparaison avec nos concurrents … Alors promouvoir des goodies dans la grande distribution cela doit leur paraître trop abstrait … Et pourtant la France dispose d’un atout : elle conçoit, teste et fabrique les missiles balistiques de sa force de frappe nucléaire et cela n’est pas sur le point de quitter notre sol français. ArianeGroup est une entreprise duale avec une forte communalité de
technologies entre ces missiles et Ariane. Le maintien de cette communalité est un gage d’économies, de fiabilité et de technologies de pointe. Bref, de performance. Enfin, last but not least, ArianeGroup, en regroupant les activités lanceurs d’Airbus et de Safran, n’est que la verticalisation partielle de l’industrie européenne des lanceurs. Tandis que l’italien Avio se comporte, aujourd’hui et malgré nous, plus en concurrent qu’en partenaire, tandis que cette situation conduit à un émiettement des financements européens, tandis que le « petit » lanceur italien Vega ambitionne de marcher sur les plates-bandes d’Ariane 6, la CFE-CGC pose la question suivante : et si on (re)mettait le rapprochement avec Avio sur la table pour en finir de ces batailles picrocholines dont les citoyens européens et les salariés de notre filière sont les perdants ? Il est temps que les ministres européens de l’Espace, réunis mi-novembre à Séville, prennent les décisions que de nombreux acteurs demandent. Car, aujourd’hui, notre filière est attaquée par des concurrents dopés par leur administration nationale (SpaceX, Blue Origin …) avec pour seule réponse une Europe qui ne défend pas son industrie ; la CFE-CGC le réaffirme : il faut AGIR, maintenant ! Nous portons régulièrement cette parole auprès des décideurs (industriels, députés, sénateurs, régions, gouvernement, commission européenne) car les conséquences sociales de la situation que nous subissons peuvent être lourdes ; serons-nous entendus ? La CFE-CGC le veut car nous plaçons l’ÊTRE HUMAIN au centre de nos réflexions et là est notre enjeu social.
Philippe Géry Délégué syndical central ArianeGroup
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C’est dans l’air
Vive le XV ! La victoire du Stade Toulousain en finale du Top 14 le 15 juin dernier a allégé un univers médiatique lourdement appesanti durant l’hiver. Les commentateurs de tous les médias ont relayé à l’envi l’enthousiasme dont la ville rose s’est emparée pour l’occasion. Les plus affûtés ont osé faire ce que nous allons essayer ici : passer du sport au management. Revenons pour cela deux ou trois ans avant : le manager du club est appelé à des fonctions nationales (qui finiront aux Prudhommes, soit dit en passant) et le voilà remplacé par un entraîneur peu connu, hors les plus intégristes des afficionados, au palmarès peu étoffé, tout ceci soit dit sans lui faire injure. S’écoule une saison, puis une deuxième qui voit le club finir à la douzième place, son pire résultat depuis 40 ans. On s’attend alors à une de ces séances de remue-ménage dont le sport a le secret. Que nenni. Contre toute attente, tout reste en place. Le manager est renforcé, on l’écoute pour le nouveau recrutement. Les sponsors demeurent fidèles (dont un grand avionneur européen, s’il vous plaît !), même si nous n’avons pas connaissance d’éventuels changements de contrats. Et deux ans après, c’est la gagne, le bouclier de Brennus est brandi place du Capitole.
Et si « pour vaincre, il faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace », l’osmose des générations aboutira à ce triomphe reviviscent qui emplit de délire la ville rose et les supporters rouge et noir. Là encore, combien d’entreprises, ou même plus simplement, de sites industriels sont capables de générer un tel élan ? De créer un but commun, transverse à plusieurs générations ?
Il y a dans cette belle aventure nombre d’ingrédients qui ont hélas disparu depuis longtemps du monde industriel, voire de certains pans du monde sportif, dès lors qu’y sont en jeu argent ou politique. Jugeons plutôt.
Au lieu de cela, nous vivons dans un désolant court-terme, soumis à la dictature d’un mode de management mondialisé. Un monde où même les managers chargés d’inventer un illusoire « bonheur au travail » peuvent être déboulonnés du jour au lendemain. Un monde où il faut plaire avant de réussir. Un monde où les sociétaires des fonds de pension américains imposent l’hectique loi d’airain des dividendes exigés.
D’abord de la confiance envers l’encadrement. Un entraîneur est nommé. Ça ne marche pas tout de suite ? Tant pis. On l’a choisi, on lui fait confiance, on l’écoute, on lui donne les moyens de réussir. Combien d’entreprises sont-elles encore capables de résister à la pression du calendrier dès lors que les intérêts financiers poussent derrière ? Par ailleurs, cette confiance s’étend au renouvellement de l’équipe. On fait confiance aux jeunes, tout en maintenant un encadrement efficace. Du coup, ils se sentent bien, ils osent.
BREF
AÉRO 8
Le succès du Stade Toulousain est donc d’abord une magnifique aventure humaine. Toulouse n’en a pas l’exclusivité, d’autres grands club de rugby sont aussi passés par là et y passeront un jour, c’est la beauté de ce sport. D’autres grands clubs dans d’autres sports fonctionnent de la même façon : le F.C. Barcelone ou le Bayern de Munich peuvent
Septembre/octobre 2019 • n°378 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C. Dumas, P. Frodedont, C. Thieffinne, P. Géry, F. Vallin, T. Prefol, B. Campana, T. Ynglada Crédits photos : Adobestock Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : octobre 2019 - CPPAP : 0124S08080
être cités. Tout comme l’équipe de France de hand-ball ou les équipes de France de football. Tous nous montrent que tant que l’humain existe, on peut tout espérer. Il reste à la filière Aéronautique Espace Défense deux chances par rapport au tableau que nous venons de brosser. La première est que nous travaillons sur des produits à cycle plutôt longs – même si pour l’Espace, ça s’accélère – et donc, il suffirait, de la part de nos dirigeants, d’un chouia de fermeté vis-à-vis de leurs actionnaires pour garantir l’humanité de nos organisations. C’est d’ailleurs parfois le cas et il faut souligner alors que le bon climat professionnel ainsi créé diffuse dans le climat social. Et la seconde, plus culturelle, réside dans le fait que le gros de nos industries est implanté dans des régions … de rugby ! Alors pourquoi ne pas faire en sorte d’imprégner nos entreprises de la culture d’Ovalie ? Et en attendant, vive le XV ! Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED