L'OFFICIEL No.31 September 2017 FR

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RICHARD MILLE BOUTIQUES SWITZERLAND Rue du Rhône 78 1204 Geneva - Tel.: +41 22 810 85 73 • Quai du Mont Blanc 19 1201 Geneva - Tel.: +41 22 732 20 22 www.richardmillle.com


CALIBER RM 07-01




Numéro

0 5/2017

r édactr ice en chef

LI V I A Z A FIR IOU

french senior editor

A rt Dir ector

LIS A ME T TIER

STÉPHANE BONVIN Publisher

M a rc Huer limann Pr epr ess

German senior editor

Michael Weber

Katharina Blansjaar M a naging Editor

M A NOU S TEIGER

manou. steiger@loffic iel .c h

Stagi a ir e

TIFFA N Y-JOY K EHRLI

Proofreading German

MARTIN BERAN

KONR A D KOr R IGIER T Gmbh Content editor & Production Coor dinator Be au t y Edi t or

Lena S tä heli

Ur sul a Bor er

Proofreading French tr a duction

Florence Duarte

CARMEN BERGER, FRANZISKA DENGLER, EVA HÜBSCHER, FRANCE OSSOLA, CAMBRIDGE EDITING

Publicité

E VA FAV R E

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ONT pa rticipé à ce Numéro

Textes SOPHIE ABRIAT, EUGÉNIE ADDA, MARGUERITE BAUX, MATHILDE BERTHIER, ANDREA LUCIA BRUN, HERVÉ DEWINTRE, ISABELLE CAMPONE, ADRIAN FORLAN, VALÉRIE FROMONT, CAROLE KITTNER, FRANCE OSSOLA, BAPTISTE PIÉGAY, LÉA TRICHTER-PARIENTE, JEANNE POTTER, KAREN ROUACH, NICOLE TRINKLER JANDER, POPPI DE VAREY, EMILY MINCHELlA

PHotograPHie JULIETTE CASSIDY, LUCIAN HUNZIKER, RAPHAËL GIANELLI-MERIANO, ANDREAS ORTNER, SANDRA POINTET, ALEXANDRA UTZMANN Stylisme VANESSA BELLUGEON, PHILIPP JUNKER, TARA ZIEGFELD Maquillage / Coiffure CYRIL AUCHERE, RACHEL BREDY, LOUISE GARNIER, SADEK L., MEYLOO, NORMAN POHL

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Rendez-Vous 16 L'ÉDITO 18 CONTRIBUTEURS 174 ADRESSEs

PRÉLUDE

20 NEWS 25 NUANCIER 26 Agenda 28 TENDANCE MONTRES – MONTRE 2.0 29 GÜBELIN: <<LES PIERRES DE COULEUR NOUS PARLENT>> 32 TENDANCE BIJOUX – DIAMANTS À LA BROCHE 33 ANATOMIE D’UNE MONTRE – LA <<MADEMOISELLE J12>> DE CHANEL 34 SERENA, JEUX ET LÉGENDES 38 KARLIE KLOSS EN INTERVIEW 40 CHRONIQUE - FASHION & THE CITY 44 SHIATZY CHEN: CLASSIQUE EXCENTRIQUE

46 48 52 55 63 72 75 76 79 80

ANATOMIE D’UN SAC – LE «BACK TO SCHOOL» DE FENDI VINTAGE, L’ÉTHIQUE DU STYLE LE CHOIX DE… BA&SH FASHION WEEK REPORT — PARIS, MILAN, NEW YORK, LONDRES HOT LIST — Nos meilleures tendances du saison. PARLONS CREATURES ADVERTORIAL – VALMONT ET LA REINE DES ABEILLES NEWS BEAUTÉ ADVERTORIAL – LA PHILOSOPHIE DE SENSAI JO MALONE – SOUS LE CHARME DE LA FÔRET

MODE

86 EN COUVERTURE - DANS LES BRAS DE RONJA 94 PARIS, PARIS! 102 ARRIÈRE SAISON 114 HEURES DE POINTE 122 J'ADORE DIOR (ET ZOË)

Magazine 132 LA NOUVELLE GARDE ROMANDE 140 LEICA, 103 ANS, TOUJOUR AU POINT 146 DIOR COUTURIER DU RÊVE 152 LE STANDARD STEIDL

PhotoS DR; Pottier, Luis Sanchis/archives de L’OFFICIEL, Guegan, Rodolphe Haussaire/ archives de L’OFFICIEL, Patrick Bertrand, Hiromasa, Masha Mel/archives de L’OFFICIEL. Marcio Madeira. Sandra Pointet

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N°31 – Septembre 2017

SOmmaire

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Sommaire Travel

160 TRAVEL NEWS 162 SUITE TALK: HOTEL RESORT ANASSA 166 ANATOMIE D’UNE VOITURE: FIAT 500 «RIVA» 168 UNE MEILLEURE SAISON À MIAMI

La Nuit

Last Look

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170 UNE SOIRÉE ÉTINCELANTE AVEC CHOPARD 172 FESTA À VENISE

176 CHRISTIAN LOUBOUTIN

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Ronja Furrer en Michael Kors Collection. Photographiée par Andreas Ortner. Stylisme Philipp Junker Réalisation Lena Stäheli Maquillage et Coiffure Rachel Bredy


ÉDITORIAL

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Chère Lectrices, Comme la plupart des gens, je déteste dire au revoir à l’été et à son atmosphère détendue, et je dois bien me résoudre à accepter l’arrivée de septembre. Mais à l’heure où ce numéro est sous presse, je sais aussi que je peux me réjouir de bien des choses. Les vêtements chauds prennent le relais, nous pouvons admirer toute une série de nouvelles collections. Les défilés qui annonçaient la mode de cet Automne/Hiver sont déjà passés depuis un certain temps; si vous voulez vous rafraîchir la mémoire, (re-)plongez — vous dans le cortège de leurs beautés grâce à notre compte — rendu des plus grandes semaines de la mode, à partir de la page 55. Pour beaucoup d’entre nous, la rentrée signifie le retour à la ville. Justement, un des fils rouges de ce numéro est l’influence de l’environnement urbain sur la mode. Si l’on étudie l’histoire, on ne peut nier l’importance cruciale qu’a joué l'espace urbain sur l’industrie et l’esthétique des modes. Les cultures urbaines ont modelé des époques entières – pour s’en convaincre, rendez-vous à la page 40. Longtemps, on a pu prédire ce qui allait apparaître sur les podiums et dans les grands magasins, en se basant sur les villes où les marques étaient implantées. Pendant plus de deux siècles, Paris et Londres ont offert aux professionnels de la mode et aux designers, une tribune prouvant leur supériorité culturelle sur le reste du monde occidental. Jusqu'à récemment, il fallait d’ailleurs se tourner vers ces villes-là pour se faire un aperçu des dernières tendances.

Pourtant, ces dernières années, ce jeu d’influences a changé. J’en ai pris conscience quand, au début de cette année, Vetements l’une des marques les plus cool et des plus prescriptrices du moment, a annoncé qu’elle venait s’installer à Zurich. Ce label, célèbre pour son style non conventionnel et des collaborations très fructueuses, a quitté sa base initiale pour déménager ses installations ainsi que plus de 40 employés de Paris vers une usine reconvertie de Zurich. Cette nouvelle a engendré une multitude d’articles. Les journalistes du monde entier se sont posé, non sans angoisse, toute une foule de questions: Pourquoi Zurich? Cela reflète-t-il un changement culturel en Europe? Zurich est-elle le nouvelle Berlin? Le déménagement a-t-il eu lieu pour des raisons fiscales? Quand Zurich est-elle devenue cool? Un article en a même conclu que ce déménagement avait du sens dans la mesure où Zurich avait été le berceau du dadaïsme.

Je crois que la réponse est simple. Guram Gvasalia, le chef de file de la marque, l’a résumé en ces termes: «Paris tue la créativité... [Paris est] destructif... J’en ai fini avec le glamour superficiel». A croire que la réputation des grandes capitales de la mode internationale n’ait plus le même attrait qu’auparavant. Comme dans bien d’autres domaines, ce qui était une tradition est désormais considéré comme une contrainte étouffante.

PhotoS DR; Les images prises à Zurich et publiées sur les réseaux sociaux par la marque VETEMENTS.

Cap sur la ville toujours, mais côté plaisirs et découvertes: nous sommes heureux d’accueillir une fois de plus Ronja Furrer, la star de notre shooting dont une photo fait notre couverture (p. 86 ). Après notre shooting à New York l’année dernière, c’était formidable de retrouver la top-modèle suisse dans son pays d’origine (voir la vidéo sur lofficiel.ch). Ronja ne s’est pas envolée pour New York sans nous confier une liste de ses endroits préférés à Zurich. Vive les villes!

Bonne lecture!

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P ROME NADE MAT INALE AUTO UR D U L A C C RE AT IONS C U LINAIRE S LEGE R E S E T SO I GNE E S C OLLE C T ION D’ART C ONT E M PO R A I N B OU T IQU E S DE LU XE A DE UX PA S TAB LE DU C H E F AU RE S TAU R A NT PA R KH UUS

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SUITE 37


P hi l ipp J u nke r

A l exand r a Utzmann

Ce qui frappe d’emblée chez le photographe de mode allemand Andreas Ortner, c’est son charisme, qui se lit directement sur ses photos. Après des débuts à New York dans les années 90, il vit entre Berlin, Londres, Zurich et Prague. Son portfolio comprend des éditoriaux pour des magazines de mode internationaux ou des campagnes publicitaires pour le compte de Lacoste, Swarovski, Net-A-Porter ou Mytheresa. Et c’est ainsi qu’il a été le photographe idéal de notre collaboration avec Michael Kors et le top-modèle alémanique Ronja Furrer. À découvrir en page 86.

A nd r ea L u c ia B r u n

La passion d’Andrea pour l’écriture l’a conduite à entreprendre des études de communication et de journalisme à Zurich et à Londres. Ce qui lui permet de rédiger des articles à propos de mode et de design, pour des organismes ou

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des titres d'envergure, en Suisse et en Europe. Installée à son compte depuis deux ans, elle écrit aujourd’hui en indépendante pour des marques de mode, des agences et des magazines renommés, son style lui permettant de faire la navette entre Zurich et Berlin, sa ville d’adoption. Pour l’OFFICIEL Suisse, Andrea s’est rendue à l’hôtel Anassa à Chypre. Lisez son récit en page 162.

Alexandra Utzmann est née et a grandi à Paris. À 12 ans déjà, elle jouait les apprenties photographes, armée de son premier appareil sa véritable passion a toujours été de photographier la mode, un talent inné qu’elle a su développer en autodidacte, et ce en s'inspirant des plus grands, comme Helmut Newton, Paolo Roversi ou encore Peter Lindbergh. Alexandra Utzmann a déjà travaillé pour différentes marques et magazines. Pour l’OFFICIEL Suisse, c’est la belle Zoë Holthuizen qu’elle a photographiée à Cannes. Revivez l’ensemble de son parcours à partir de la page 122.

Philipp Junker se sent dans la mode comme un dauphin dans la plus belle des eaux. Avec sa formation de tailleur pour homme et femme, il s'est fait écrit une belle carrière. La preuve: depuis plus de 16 ans, il travaille en tant que styliste avec l’élite des photographes internationaux, pour des marques de renommée mondiale comme Hugo Boss, Mercedes, Fogal ou Coca-Cola. Quant à ses photos de mode, à ses éditoriaux, ils sont publiés par les magazines du monde entier. Récemment, le Zurichois a cofondé Studio Mason, une marque de bijoux remarquables et remarqués pour leur minimalisme cool. En page 86, il signe la mise en scène de la collection de Michael Kors. A la perfection, comme toujours.

PHOTOS DR; Cyrill Matter

CONTRIBUTEURS

A nd r eas O r tne r


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Pr élude


News

Rainbow

Des couleurs comme tombées de l’arc-en-ciel. Etro lance sa Rainbow Bag Collection et présente ses petits sacs colorés dans des tons violets, orange, jaunes et fuchsia. Ces pièces sont pourvues de différentes bandoulières: fines, larges ou brodées. Au bonheur acidulé. www.etro.com

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De Cannes à Saint-Tropez, de nouvelles adresses fleurissent. Akris, déjà présent à Monaco (3), s’offre une nouvelle adresse sur la Croisette et dévoile pour l’occasion une version inédite de son «Ai Bag». Quelques mètres plus loin, COS, qui célèbre ses 10 ans, fête par la même occasion le premier anniversaire de sa boutique cannoise (1). Collections homme, femme et accessoires sont proposées pour une allure chic des plus minimales. De son côté, Chanel prend ses quartiers d’été à la Mistralée, joyau de l’architecture balnéaire tropézienne (4). Verrière, jardin et pool house: tout y est. Rue François-Sibilli, Miu Miu réinvestit sa boutique éphémère après six mois de pause (2). Les dernières créations de Miuccia Prada s’illustrent dans un décor au charme provençal… et malin.

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Akris, 45, bd de la Croisette, Cannes, et place du Casino, Monte Carlo. www.akris.ch COS, 105, rue d’Antibes, Cannes. www.cosstores.com Chanel, 1, av. du Général-Leclerc, Saint-Tropez. www.chanel.com Miu Miu, 8, rue François-Sibilli, Saint-Tropez. www.miumiu.com

PHOTOS DR; Cartier, Marcio Madeira; www.olympaletan.com

LE CARRÉ D’OR DE LA RIVIERA


Cartier

by Belle abelle Ann TED! WAN C’est tout le minimalisme helvétique qui se reflète dans la nouvelle «Bare Kollektion» de Belle by Annabelle. Après avoir décroché un diplôme à la Parsons school de New York, la jeune zurichoise Annabelle Bertschinger a fondé sa marque de bijoux, laquelle fascine le regard, avec des pièces en argent sterling et en or vermeil 14 carats. www.bellebyannabelle.com

Chez Cartier, on ne trouve pas que des bijoux. La maison de luxe lance une collection d’accessoires d’intérieur pour nous inspirer. Parmi nos objets préférés figurent lampes, tasses ou petits flacons. www.cartier.com

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Cool/ Food

Suivant l’adage «manger nous réunit», la ville de Zurich se proclame capitale de la gastronomie dix jours durant. Les festivités commencent sur le Jelmoli Food Market et se terminent à l’Engrosmarkt. Pour s’ouvrir l’appétit, il suffit de dévorer le programme des yeux! FOOD Zürich, du 7 au 17 septembre. www.foodzurich.com

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DRIES x 100 Romantique, créatif, singulier, élégant, rêveur. S’il n’en restait qu’un ce serait lui: le designer Dries Van Noten. Justement, le Belge vient de signer sa 100ème collection. L’occasion de publier deux albums. Le premier est consacré aux 50 premiers défilés, le deuxième aux 50 suivants. La plupart des photos n’ont encore jamais été publiées. Une paire de livres proprices à la rêverie. www.driesvannoten.be

LE SOLEIL LEVANT D’INÈS

COS S’ENRACINE

Uniqlo annonce sa coopération avec l’égérie française Inès de la Fressange. La collection Automne/Hiver 2017 de la marque japonaise mise sur une allure effortless prête-à-vivre: des produits de qualité à petits prix, et une touche de chic à la française. La palette des couleurs fait contraster le noir et blanc avec le jaune citron et un orange vif, alors que la french touch se manifeste par des bleus marine bien affirmés.

Pour ceux qui aiment les lignes épurées et un bon rapport qualité-prix, la marque suédoise Cos débarque sur la Bahnhofstrasse, après avoir ouvert à Genève et à Lausanne! La date exacte n’est pas encore fixée mais on pourra bientôt profiter de 812 m² de surface pour faire son shopping.

La collection est disponible à partir du 31 août sur www.uniqlo.com

www.cosstores.com

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NEWS

Gucci pour la maison

Le soleil ne se couche plus sur l’empire Gucci. Désormais, les broderies du merveilleux Alessandro Michele atterrissent non seulement sur des sacs ou des vêtements, mais aussi sur des coussins et des chaises, comme les motifs d’abeilles qu’il affectionne tant. Des podiums directement à la maison. Disponible à partir de septembre en ligne ou dans les boutiques sélectionnées par Gucci. www.gucci.com

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PHOTOS DR; Cartier, Marcio Madeira; www.olympaletan.com, Gucci

REVIVAL FILM NOIR Pour mimer Jeanne Moreau sur un contre-ut de Miles Davis.

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1. Silhouette Gucci Automne-Hiver 2017/18. 2. Béret Benoit Missolin, CHF 190. 3. Minaudière Olympia Le-Tan, CHF 1 440.

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NEW YORK, 1950 Elle ne vivait que pour les apparences. Programmée dès la naissance pour satisfaire les moindres désirs d’un époux très riche, Babe Paley faisait de ses sorties en ville avec Gloria Guinness, Pamela Churchill ou Lee Radziwill, un concours de chic. En s’encanaillant avec l’écrivain Truman Capote, elle n’imaginait pas qu’il livrerait un jour ses petits secrets dans le magazine «Esquire». Tout en finesse et ambivalence, Melanie Benjamin retrace cette tragédie mondaine habillée par Balenciaga et Dior, où Truman Capote sacrifia ce qui lui restait d’innocence. Un Desperate Housewife de la high society, perle de glamour et de frustrations manucurées. «Les Cygnes de la Cinquième Avenue», de Melanie Benjamin (éd. Albin Michel, CHF 30).

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STYLE News

C

est un des rendez-vous annuels les plus attendus par les spécialistes, et les plus éclairants du genre. Il a lieu chaque année à Berlin. Le slogan de l’édition 2017 qui se tiendra début septembre? «Bold». Histoire de lancer les débats et les découvertes, une soirée de présentation avait lieu à Berlin. Cette avant-première a été le théâtre de discussions passionnantes et créatives. Les thèmes abordés? Ceux qui agitent le monde de la mode et qui le refaçonnent actuellement. La question d’un luxe durable, au premier chef; le numérique; ou les changements de cadences et de cycles comme le See-Now, Buy-Now qui force tout le système de

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la mode à accélérer ses modes de production. Feux de paille ou modifications en profondeur? Lors de cette première discussion apéritive, les visiteurs ont même eu l’honneur de voir l’icône de mode Vivienne Westwood invitée pour l’occasion. Et avec elle, de jeunes talents prometteurs qui ont pu exposer leurs avis sur l’influence du numérique sur la créativité. Pour en savoir plus, pour approfondir ces thèmes? Rendez-vous à Berlin! Bread & Butter by Zalando, Arena Berlin, du 1 au 3 septembre 2017 Tickets disponibles sur le lien suivant: www.breadandbutter.com/tickets

PHOTO; Bread&Butter

Bread & Butter VERSION BOLD


NUANCIER

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1.

3. 4.

Par Poppi de Varey

5.

I DE

L IQ L A

U

11.

T

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Sur les podiums annonçant les collections actuellement en vitrine, les flashs métalliques électrisaient les podiums. Nouveauté: le métal ne sort plus seulement la nuit mais aussi le jour. Surtout le jour.

PHOTOS DR; Certains prix ont été convertis de la devise d’origine et ne reflètent peut-être pas le prix public suisse; Alexander McQueen et Maison Michel sont disponibles sur Net-A-Porter.com; www.alexandermcqueen.com

10.

6. 9.

7. 8.

1. Gucci, CHF 1 030. 2. Alexander McQueen, CHF 2 540. 3. Pompidou, CHF 150. 4. Maison Michel, CHF 210.  5. Zadig & Voltaire, prix sur demande. 6. Burak Uyan, CHF 690. 7. Longchamp, CHF 1 440. 8. Hogan, CHF 440. 9. Shiatzy Chen, CHF 2 220. 10. Chanel, Automne-Hiver 2017-2018. 11. Longchamp, CHF 2 450. 12. Chanel, CHF 2 430.

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News

LES ÉVÉNE de En cette rentrée, qu’y a-t-il sur l’agenda des passionnés de voyage, dans le Smartphone des grands sportifs ou sur le calendrier de l’aficionado de mode? Pioche pour tous les goûts. Par TIFFANY KEHRLI

4 - 5 septembre 2017

MODE SUISSE, ZuRICH Pour cette 12ème édition, des créateurs de mode suisses brillent à nouveau sur le podium, dans le showroom ou à la boutique éphémère, et sont présentés au public lors de tables rondes. www.modesuisse.com

OMEGA EUROPEAN MASTERS, CRANS-MONTANA Le traditionnel et prestigieux tournoi de golf déroule son parcours au cœur de la magnifique station de Crans-Montana. L’écrin? Une vue sur les Alpes. À couper le souffle. www.omegaeuropeanmasters.com

28 septembre – 1 octobre 2017

DESIGN DAYS, GENÈVE Le très brut Pavillon Sicli accueille l’édition annuelle des Design Days. Expos, défilés, Swiss Design Corner consacrés aux fabricants de meubles culte helvétiques. www.designdays.ch

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PHOTOS DR; zff.com, swiss-image/AndyMettler, WUETHRICHFUERST/Alexander Palacios via Mode Suisse, Serge Koutchinsky/Royal de Luxe via Les Géants

7 – 10 septembre 2017


news

MENTS L’AUTOMNE 28 septembre – 8 octobre 2017

FESTIVAL DU FILM, ZURICH La manifestation révèle des œuvres en avant-premières internationales, et cela en plein cœur de la cité. Avec un peu d’organisation et de chance, on pourra même croiser en ville des acteurs ou des célébrités… w w w.zff.com

29 septembre – 1 octobre 2017

Les GÉANTS, GENEve Autre bonne raison de se faire genevois le dernier week-end de septembre: avec deux marionnettes géantes, la célèbre compagnie Royal de Luxe investira la ville. Théâtre de rue et parades. www.lesgeants-geneve.ch

21 – 29 octobre 2017

TOURNOI DE TENNIS SWISS INDOORS DE BÂLE – FORMULE 500 DE L’ATP WORLD TOUR Le plus grand événement sportif de Suisse est aussi le plus important tournoi en intérieur au monde. www.swissindoorsbasel.ch

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Bijoux

Montre «Royal Oak Frosted Gold» en or blanc, Audemars Piguet, CHF 45 900.

Montre «Da Vinci Automatic Moon Phase 36» en or rose et cuir d’alligator, IWC Schaffhausen, CHF 17 500.

Montre «Aquanaut» en or blanc et caoutchouc, Patek Philippe, CHF 34 000.

MONTRE 2.0 Elles nous enchantaient hier, elles nous ravissent aujourd’hui. Les plus belles relances de l’année. Réalisation MANOU STEIGER

Montre «Oyster Perpetual Sea Dweller 50th Anniversay Edition» en acier, Rolex, CHF 10 800.

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Montre «Panthère de Cartier», modèle médium en acier, Cartier, CHF 4 350.

Montre «Speedmaster 1957» en édition limitée, Omega, CHF 7 250.

Photos DR; Getty Images

Montre «J12 Graffiti» en ceramic et acier limité à 1 200 pièces, Chanel, CHF 5 100.

Montre «Big Bang Blue» en acier, diamants et un braclet en alligator, Hublot, CHF 10 300.


Bijoux

«LES PIERRES DE COULEUR NOUS PARLENT, Il SUFFIT DE LES ÉCOUTER» «Les pierres précieuses de couleur reviennent sur le devant de la scène.» Blake Lively au Time 100 Gala en avril 2017. L’actrice porte plusieurs

PHOTOS DR: Mike Marsland/Wiremage et Taylor Hill/FilmMagic via Getty Images, Gübelin

bagues avec des pierres précieuses.

Délaissée pendant quelques décennies au profit du diamant, la pierre de couleur fait un éclatant come-back. «À l’intérieur des pierres précieuses, les formes, les couleurs et les lumières génèrent des réalités optiques qu’aucun artiste n’a encore réussi à saisir», commentait Eduard Josef Gübelin, à la tête de son propre laboratoire de gemmologie fondé en 1923. L’histoire d’amour passionné entre les petits morceaux de roches de couleur et la maison familiale lucernoise prenait alors son envol. Par Carole Kittner

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Bijoux

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Gemmes de couleur qui êtes-vous? «Aujourd’hui on compte de nombreuses pierres précieuses de couleur comme la tourmaline ou le spinelle mais dans l’industrie, lorsque l’on se réfère aux gemmes de couleur on parle généralement des big three soit: le rubis, le saphir et l’émeraude», explique Helen Molesworth, passionnée tombée dans la marmite à l’âge de six ans et à qui il est même arrivé de se casser une jambe un jour où elle essayait d’attraper une améthyste dans un coin difficile d’accès. Les petits morceaux de roches de couleur sont rares, chers et difficiles à trouver car leur élaboration naturelle a souvent nécessité des millions d’années dans les entrailles les plus profondes de la Terre. Dispersées un peu partout sur la surface du globe, leur extraction se fait plutôt en Afrique, en Colombie et en Birmanie.

Les laboratoires de la société lucernoise.

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«L’émeraude reste la pierre la plus fascinante.» Angelina Jolie porte une bague et un bracelet du collection «Style of Jolie».

La pierre de couleur, une tendance actuelle? Raphael Gübelin sourit: «A mon avis, pas forcément, je dirais plutôt qu’on découvre une envie chez de nombreuses personnes de passer au niveau suivant. Les diamants sont des pierres fabuleuses, mais celles de couleur sont exaltantes et offrent une sophistication à nulle autre pareille. Prenez deux diamants VVS (very very slightly included) de même taille, vous n’arriverez sans doute pas à les distinguer, en revanche deux rubis eux, n’auront jamais les mêmes inclusions, les mêmes flammes». Les cailloux de couleur se démocratisent, ils ne sont plus réservés à une élite ou à des professionnels expérimentés. Et le PDG de poursuivre: «Au fond, c’est vraiment une question de goût et de choix. Lorsque l’on craque pour un bout de roche de couleur, on choisit de sortir du lot. La connaissance de la gemme se trouve en son cœur. Et sa provenance est essentielle. Au moment de la décision, il faut se faire accompagner, c’est certain». Accompagner par des experts, garants de la qualité de la pierre choisie car il n’existe pas, aujourd’hui, d’échelle d’évaluation comme pour les diamants. Rubis, saphir, émeraude, que symbolisez-vous? Le rubis est considéré comme la reine des pierres précieuses. Benvenuto Cellini, le grand orfèvre et sculpteur florentin du XVIe siècle, l’affirmait: «Un rubis d’un carat vaut huit fois plus qu’un diamant de la même taille». Dans les années 1940, l’offre de diamants était tellement importante qu’elle a fait grimper la valeur du rubis. «Nous retrouvons le rubis dans de nombreuses collections royales. En Asie et en Inde, le rubis est partout. Il est symbole de joie, de feu et de prospérité», confie Helen Molesworth. Pour Gübelin, le rubis est une métaphore de l’amour, de la passion. Chacune des créations joaillières de leur

PHOTOS DR: Mike Marsland/Wiremage et Taylor Hill/FilmMagic via Getty Images, Gübelin

arylin Monroe dansait et chantait avec sensualité «Diamonds are a girl’s best friend» en 1953. Dix ans plus tard, Shirley Bassey nous berçait de son «Diamonds are forever»: depuis plus d’un demi-siècle les diamants sont omniprésents. Gage, outre-Atlantique, d’un certain statut social, leur éclat ne ternit pas, mais laisse une place, actuellement, à un arc-enciel joailler. Depuis quelques saisons, les pierres précieuses de couleur reviennent sur le devant de la scène. La Duchesse de Cambridge, Kate Middleton au moment de ses fiançailles, arborait sa bague avec fierté, un saphir ovale de 12 carats entouré de diamants, hérité de la Princesse Diana. Penelope Cruz ne quitte plus sa bague vintage, un saphir de trois carats que son mari Javier Bardem lui a offert. Angelina Jolie exhibe des bijoux de couleurs dans des tenues toujours très sobres et nombreuses sont les actrices parées de gemmes de couleur sur les tapis rouges. Certains n’ont pourtant jamais boudé ces cailloux à l’histoire unique. C’est le cas de Gübelin. Cette entreprise familiale basée à Lucerne est connue pour ses bijoux d’exception qui s’inspirent du monde intérieur des pierres de couleur, pour sa longue expérience dans le domaine des gemmes précieuses et pour sa sélection pointue de montres de luxe. Elle dispose non seulement d’un des laboratoires de gemmologie les plus renommés au monde, mais aussi d’une académie qui transmet à tous les passionnés le savoir-faire et les connaissances accumulés par Eduard Josef Gübelin, pionnier dans son domaine. En effet, ses études sur les inclusions, mais aussi ses publications tout au long du XXe siècle, se sont avérées cruciales en gemmologie. Raphael Gübelin, président – représentant de la sixième génération –, et Helen Molesworth, qui dirige l’académie de la maison, nous donnent quelques repères pour s’y retrouver dans le monde fascinant des pierres de couleur.


Bijoux maison est ornée d’un mini rubis, signe de distinction unique. Le saphir lui, est par définition royal. Il se réfère tant à ces notions infinies que sont les océans et les cieux, qu’à la noblesse, au sang bleu. Le saphir, contrairement au rubis, peut être de toutes les couleurs possibles de l’arc-en-ciel. Et le fameux saphir de Lady Di alors, d’où vient-il? «Je me souviens que lors d’un cours à une volée d’excellent niveau dipsensé par notre académie à Hong Kong, nous avons commenté la fameuse bague de fiançailles de Kate Middleton. Le saphir est la pierre de couleur préférée de la cour britannique, et c’est la Princesse Diana qui a choisi sa propre gemme. On sait que son saphir provenait du Sri Lanka et qu’il a été acheté chez un lapidaire sur Bond Street. En revanche, je confie aux élèves qu’on spécule beaucoup sur sa taille qui varie selon les sources entre 10 et 18 carats. A ce moment-là un, jeune homme intervient discrètement: «Elle faisait 12 carats, mon père est joailler à Londres, et c’est lui qui a poli la pierre de Lady Diana», raconte avec beaucoup d’amusement la responsable de l’académie Gübelin. Finalement l’émeraude reste la pierre la plus fascinante. Même Cléopâtre avait un faible pour ces pierres qui incarnaient sa fierté nationale. «Le vert de l’émeraude est symbole de fertilité et d’espoir. Je me souviens de cette très belle femme qui est entrée dans notre boutique à Lucerne, et a demandé une émeraude en disant – j’aimerais une émeraude parce que je suis enceinte», commente Raphael Gübelin. Choix cornélien «Lorsque j’avais quatre ou cinq ans, j’allais voir ma mère au laboratoire de gemmologie, elle me prenait sur ses genoux et

me montrait des pierres extraordinaires. Je n’avais aucune idée de leur valeur mais déjà jeune enfant j’allais vers celles qui me parlaient, celles qui m’éblouissaient le plus, car les gemmes de couleur sont dotées de ce pouvoir. Elles nous parlent, il suffit de les écouter». Au moment de faire un choix, c’est la magie qu’il faut attraper en vol. «Une cliente de notre boutique de Zurich voulait absolument une émeraude. Je lui en ai sorti une divine mais lui ai aussi montré un saphir rose d’une beauté rare. C’est vers lui qu’elle est allée. Il avait opéré sa magie… Chaque personne a ses préférences de couleur mais nous guidons toujours nos clients d’abord vers les big three, les pierres historiques, puis, s’ils le désirent nous construisons une collection ensemble», explique le PDG. Tous les spécialistes sont unanimes, la qualité de la pierre, sa couleur, son éclat ne suffisent pas, il faut un supplément d’âme, un trait de caractère. Lorsqu’on s’apprête à acheter une pierre de couleur, il importe de s’assurer qu’elle soit anaylsée et certifiée par un laboratoire réputé. C’est justement une des missions du laboratoire de gemmologie Gübelin. Avec son équipement ultramoderne, ses connaissances technologiques et ses quelques 27 000 références de pierres accumulées au cours du dernier siècle, le Gem Lab est unique dans la profession. Ne reste plus qu’à murmurer à l’oreille des gemmes de couleur et surtout à les écouter avec attention… Le reste suivra.

www.gubelin.com

Un aperçu de la production du bracelet «Grace of the Sea Anemone» par Gübelin.

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Bijoux Broche «Salon d’Apollon» en or blanc et rose, argent noirci et diamants, Dior Joaillerie.

Broche «Strelizia» en jais, nacre et or blanc serti de diamants tailles poire et brillant, Adler.

Broche «Imaginary Nature» en platine serti de diamants blancs de tailles poire, brillant et baguette, De Beers.

DIAMANTS À LA BROCHE Broche «Antoinette», en or, morganite, saphirs, diamants, perles, spinelles, «Coco avant Chanel», Chanel Joaillerie.

Ces pièces scintillantes apportent leur éclat raffiné au revers de toute veste. Réalisation Emily Minchell a

Broche «Insolence» en ors blanc et rose sertis de diamants taille brillant, Chaumet.

Montre broche «My Precious Time» en or blanc et diamants, mouvement à quartz, Harry Winston.

Broche «Cosmos» en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels. PHOTOS DR

Broche en or blanc et diamants, collection «Bow», Graff.

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COCO DONNE L’HEURE À MADEMOISELLE Avec les deux nouveaux modèles «Mademoiselle J12» en noir et blanc, Coco Chanel veille «très personnellement» à la ponctualité de chacun. Par LENA STÄHELI

C PHOTOS DR

oco Chanel en personnage animé amusant? C’est exactement l’idée du nouveau modèle de montre «Mademoiselle J12» de Chanel. Celle-ci doit ses origines à la famille de montres J12, et a été réinterprétée pour prendre la forme d’une montre en céramique noire et blanche. Sa particularité: la Grande Dame de la mode semble piloter le temps dans l’un de ses costumes habituels. L’illustration de Coco Chanel a été imprimée sur une plaque de verre en saphir apposée sur le cadran laqué, de sorte que les bras de Coco Chanel remplacent les aiguilles. En outre, la couleur du costume est adaptée au type de montre correspondant. De même, l’aspect technique de la «Mademoiselle J12» ne laisse rien au hasard. La montre est fabriquée selon

un procédé de haute technologie et convainc par son mouvement à remontage automatique. Protégée par une boucle triple déployante et une étanchéité jusqu’à 200 m, elle est un précieux compagnon de jour comme de nuit. Avec «Mademoiselle J12», la maison de tradition Chanel a créé une nouvelle J12, laquelle, depuis son année de naissance en 2000, brille du plus élégant éclat. Cette «Mademoiselle J12» ne faillit pas cette haute tradition, y ajoutant une forme d’humour chiquissime.

Montre «Mademoiselle J12», édition limitée en 555 exemplaires en noir et blanc, Chanel, CHF 7 000. www.chanel.com

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Bijoux Serena Williams est plus qu’une légende: une inspiration pour toutes les jeunes filles du monde. Rencontre en Floride avec une championne exceptionnelle qui lutte depuis vingt ans pour plus d’égalité.

SERENA, JEUX ET LÉGENDES Par ISABELLE CAMPONE

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Vous êtes un modèle de réussite dans tout ce que vous entreprenez, pensez-vous réussir à devenir une mère parfaite? Avez-vous peur? Je crois que tout le monde a peur de cette étape, mais plus le temps passe, plus je me dis que ça va être une expérience géniale! Je veux bien sûr être une bonne mère et avoir une bonne connexion avec mon enfant. Je veux faire un enfant formidable, avec des bonnes valeurs, qui ait un impact positif sur le monde. Et ça, ça vient des parents, ce sera mon nouveau job. Vous avez dit un jour vouloir être «the best tennis player» au monde, sans mention de genre. Pensez-vous avoir atteint ce but? On ne dit jamais que Cristiano Ronaldo est le meilleur footballeur masculin, pourquoi faudrait-il spécifier que je suis une femme? Je joue depuis que j’ai deux ans, je n’ai jamais entendu parler de Michael Jordan ou de Le Bron James ainsi. Je veux montrer à toutes les femmes que notre genre ne fait pas de nous des inférieures. Cela dit, cette perception évolue enfin et l’on commence à comprendre

qu’un grand athlète est un grand athlète, pas un grand homme ou une grande femme, simplement un athlète. Espérons que bientôt, grâce à moi, les sportives seront un peu mieux reconnues. Vous avez surmonté beaucoup d’épreuves, êtes devenue une icône et un modèle de référence grâce à votre force et votre courage. Comment avez-vous développé ces qualités? Ma force est sans aucun doute innée, elle était en moi déjà. Elle me vient de mes parents, de les avoir observés en grandissant, ma mère en particulier. Puis je l’ai cultivée. Comme une plante, il faut la nourrir, lui donner de l’eau et de la lumière. C’est ce que j’ai fait. Et certaines expériences que je n’aurais pas voulu vivre mais que j’ai dû affronter m’ont finalement aidée mentalement. Vous dites que votre histoire est universelle. Vous êtes pourtant si unique! Je ne suis pas née riche, je n’avais pas grand chose, mais j’ai travaillé dur. Mon talent ne m’a pas été donné, je l’ai construit. J’ai travaillé chaque jour pour

FOTOS ZVG

Serena Williams appelle les superlatifs. Elle est la meilleure joueuse de tennis au monde et ses records parlent pour elle. Huit fois numéro une au classement mondial, parfois plusieurs années de suite. Trente-neuf grands chelems en vingt ans de carrière, longévité rare. Une victoire spectaculaire contre sa sœur Venus à l’Open d’Australie en janvier dernier. Des réussites nombreuses en business et un tempérament explosif qu’elle met au service des multiples causes dans lesquelles elle s’implique. On la rencontre en Floride avec son sponsor Audemars Piguet alors que le monde entier vient d’apprendre qu’elle était enceinte de dix semaines quand elle a gagné en Australie. Son ventre est déjà bien arrondi, mais la Serena qui nous fait face est toujours la même sublime dure à cuire. Au grand cœur.


PHOTOS Audemars Piguet

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Tout le monde n’a peut-être pas la même force mentale… J’aime croire que oui, que chacun en a la possibilité. Nous sommes tous humains, nous pouvons tous être victimes des mêmes blessures mais c’est notre manière de répondre à l’adversité qui nous permet de devenir meilleurs. Vous pensez donc que nous pourrions tous avoir le même confiance en nous que vous, le même respect et amour de soi? Tout à fait, je ne suis pas née avec cette assurance! J’étais une adolescente bizarre, je ne m’aimais pas forcément. J’ai dû développer cet amour-propre et c’est normal. C’est ce que je dis aux jeunes filles: il faut construire cette confiance en croyant en soi. En se disant chaque jour qu’on est la meilleure, pas pour quelque chose de particulier, juste se regarder dans le miroir et se dire qu’on est la meilleure. J’aime avoir ce rôle de modèle, d’exemple, pour cette raison, parce que je me trouve dans cette position exceptionnelle pour encourager les jeunes. Ils sont notre futur, ils doivent être forts, croire en eux. Je veux être au meilleur de moi-même pour, j’espère, les amener à être au meilleur d’eux-mêmes. Comment cette singularité se traduit-elle dans votre style? La mode vous a-t-elle aidée à construire l’image que vous vouliez projeter? J’adore la mode, c’est ce que j’ai étudié. J’aime être ma propre styliste, créer des tenues, combiner des vêtements. Mon style a évolué, maintenant je suis plus chic, j’ai ma propre ligne. Mais quand j’étais plus jeune, j’ai porté des choses risquées et voyantes! Ça m’a bien amusé, mais ce qui a fait mon image, c’est simplement d’être de plus en plus visible. Quand je suis arrivée, personne n’avait vu une jeune fille afro-américaine jouer au tennis et être bonne. Ça a surpris. Puis on s’y est habitué, mais moi je suis toujours restée la même. Une personne positive, indestructible, qui s’est battue pour avoir ce qu’elle a. C’est une attitude que j’encourage, ça a été très difficile parfois et j’en ai souffert, mais il ne s’agit que d’être soi-même, au meilleur. C’est si important d’être authentique, je n’ai pas le temps d’être trois ou quatre personnes différentes, de construire une image. J’ai commencé petite et en grandissant on change, on mûrit, mais personne ne m’a jamais dit de protéger mon image. Et c’est tant mieux, j’ai toujours pu être moi-même, je n’ai pas à prétendre être une autre aujourd’hui. Vous êtes une ambassadrice très active pour Audemars Piguet, portant les montres lorsque vous jouez, et pas n’importe quels modèles! Vous portiez une «Millenary» sertie de diamants avec un bracelet en alligator à Sydney, une «Royal Oak» pour gauchers à Wimbledon et cette montre incroyable au bal du Met en avril… Comment choisissez-vous vos modèles? C’est une relation extraordinaire! Cette année, nous avions ce concept fantastique: chaque montre que je portais devait être associée à ma tenue, nous avions beaucoup de bracelets différents. Je m’étais décidée pour la «Millenary» après avoir tant porté la «Royal Oak» que j’adore, elle est iconique! Finalement, je n’ai pu jouer qu’un tournoi (ndlr: elle est tombée enceinte avant le début de la saison), mais avec un très bon résultat, alors ça a quand même eu de l’importance! (Elle éclate de rire.)

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J’ai hâte maintenant de retourner sur le circuit et terminer de porter ces looks, c’était un projet vraiment sympa. Et c’est d’ailleurs ce que j’aime avec Audemars Piguet, nous avons un véritable partenariat. Nous partageons nos idées, nos envies. Notre relation dure depuis si longtemps, c’est vraiment extraordinaire. La «Diamond Outrage» que j’ai portée au bal du Met est définitivement l’une de mes montres préférées. Elle est tellement avant-gardiste, unique, c’est la pièce la plus exceptionnelle que j’ai vue de la soirée. Tellement sophistiquée, rebelle et à la fois magnifique! Pensez-vous dessiner un jour une montre? Je suis sûre que ça se fera à un moment donné, mais pour l’instant entre ma marque de mode, le tennis et toutes les activités dans lesquelles je suis impliquée, ce serait difficile. La collaboration actuelle est fantastique telle qu’elle est. Vous êtes une fervente féministe, est-ce difficile aujourd’hui de se battre pour l’égalité des sexes en étant sexy et féminine? Je ne crois pas. Encore une fois, je pense qu’il faut s’affirmer et affirmer ses valeurs. Les femmes sont fantastiques et doivent avoir confiance en ce qu’elles sont. Si je suis féminine et que j’aime la mode, c’est ainsi que je dois transmettre mon message, je ne dois pas me changer moi-même. On n’a pas besoin de se cacher pour être féministe, ça, c’est mettre les femmes dans une boîte en leur disant qu’elle doivent avoir une certaine apparence. C’est justement ce que le féminisme combat, ces idées écrasantes. Tout le monde a le droit d’être féministe, c’est ce que l’on ressent qui compte, l’exprimer et y croire. Et si je porte quelque chose de trop sexy, c’est ce que je suis et je n’ai pas à me conformer aux idées de quelqu’un d’autre. Jetez ces boîtes, elles n’existent pas, soyez vous-mêmes! J’ai vu des dizaines de fois cette publicité Berlei où vous dansez avec tellement de liberté, on vous a évidemment vue danser dans le «Lemonade» de Beyoncé, la danse est manifestement importante dans votre vie. Est-ce ce réellement votre manière de garder la forme quand vous ne jouez pas au tennis? Oui ça m’aide vraiment! Je n’aime pas faire de la gym, après vingt ans de tennis, c’est ennuyeux. J’essaie donc de trouver d’autres manières d’être active, et la danse en fait partie. J’adore ça, je m’éclate, mais c’est tellement dur. Enfin surtout le genre de danse que j’aime, ça demande beaucoup plus de force que je ne pensais! De manière générale, est-ce que «s’éclater» est votre devise au quotidien? Je suis sûre que sourire et avoir du plaisir est la clé de la longévité, nous ne sommes pas là pour longtemps, il faut vraiment en profiter. S’amuser, sourire, trouver la joie. Mais je peux aussi me battre pour les causes qui me tiennent à cœur, j’aime bien une bonne bagarre (elle éclate de rire). Quand vous vous identifiez vraiment à une cause, vous y trouvez tant de satisfactions, c’est une mission. C’est pour cette raison que j’ai appris le français par exemple, pour pouvoir communiquer lorsque je vais dans certains pays d’Afrique pour ma Fondation. Je veux toujours être au top de ce que j’entreprends. Et pourtant, ça doit parfois être pesant d’être un tel symbole sur piédestal… C’est vrai, c’est parfois lourd à porter. Lorsque j’arrive sur le court et que tout le monde s’attend à ce que je gagne notamment. C’est beaucoup de pression, mais ensuite je prends du

PHOTOS Audemars Piguet

devenir la meilleure, c’est ce que je voulais. Si vous avez des objectifs et que vous croyez en vous-même, c’est possible. Peut-être pas de cette manière pour tout le monde bien sûr. En revanche, tout le monde peut avoir des rêves et c’est mon message: ne laissez personne vous en empêcher.


recul, j’analyse pourquoi je suis là, je suis en train de jouer au tennis, je voyage, je fais ce que j’aime. Alors je me dis, «Où est la pression, Serena?» Je le vois comme ça, avec cette distance. C’est important quand vous avez quelque chose à gérer, de toujours pouvoir prendre cette distance, respirer profondément et profiter du moment. Il y aura toujours de nouveaux objectifs, de nouveaux défis, mais pour l’instant je me dis que j’ai accompli ce que j’avais à accomplir. Je n’ai pas à gagner un autre match, un autre tournoi. Mais j’en ai envie et je le ferai, et ça c’est la meilleure position! Je serai toujours là après avoir eu mon bébé. Vous avez cité Maya Angelou dans un très beau discours, ainsi que Nelson Mandela, vous avez beaucoup voyagé, êtes impliquée dans tant de causes, qu’est-ce qui vous inspire le plus aujourd’hui? Mon inspiration est d’inspirer les autres. Je crois que quoi que l’on fasse sur cette terre, si l’on inspire quelqu’un, qui que ce soit, alors on aura eu un impact parce que

cette personne en inspirera une autre. C’est un effet domino, quand vous donnez de la positivité au monde et c’est ce que je fais. Tant de choses vont mal, je veux faire ce que je peux. J’ai rencontré Maya Angelou plusieurs fois, nous avons passé du temps ensemble. Nelson Mandela bien sûr, il m’a emmenée à un niveau supérieur lorsque je l’ai rencontré, je n’aurais jamais imaginé que l’on puisse surmonter ce qu’il a vécu. Mais ma mère, ma sœur sont aussi des inspirations au quotidien. Vous vous battez pour un monde plus égalitaire depuis vingt ans, l’égalité sociale et raciale a-t-elle progressé? Je crois qu’il y a eu des progrès, en effet. Dans le tennis, les femmes ont maintenant les mêmes prix que les hommes, peuvent jouer sur le court central. Mais l’on doit continuer à se battre pour l’égalité, ça ne peut changer en une nuit, il faut persister. Et toujours, inspirer les autres pour qu’ils perpétuent la lutte.

«Je ne suis pas née riche, je n’avais pas grand chose, mais j’ai travaillé dur. Mon talent ne m’a pas été donné, je l’ai construit.» — Serena Willians

www.audemarspiguet.com

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SUR LES TRACES DE KARLIE Le top model Karlie Kloss est l’égérie de Swarovski. Elle brille dans ses films publicitaires, rejouant les Audrey Hepburn ou les Marylin Monroe. Interviewée par L’OFFICIEL Suisse, le magnifique mannequin d’1,85 m offre un aperçu de son quotidien. Par LENA STÄHELI

PHOTO DR

Karlie Kloss dans la nouvelle collection Swarovski REMIX.


STYLE Bijoux

L’OFFICIEL Suisse: Avez-vous toujours rêvé de devenir top model? Karlie Kloss: Non, je voulais plutôt marcher sur les traces de mon père. Il était médecin et j’ai donc pensé que j’exercerais un jour la même profession. Et pourtant, cela n’a pas été le cas, je suis entrée dans le monde du mannequinat de façon totalement imprévue. C’est une chance incroyable qui m’a ouvert de nombreuses portes. Vous étiez-vous représentée l’industrie de la mode telle que vous l’avez découverte? Croyez-moi, personne ne peut préparer une adolescente du Midwest aux folies du monde de la mode. C’est purement impossible! Je n’avais aucune idée du quotidien d’un mannequin ou du déroulement d’un shooting. C’étaient des choses sur lesquelles je ne m’étais même pas penchée. Mais aujourd’hui, je suis incroyablement reconnaissante et heureuse de pouvoir travailler dans un secteur aussi dynamique et créatif. Y a-t-il un point culminant dans votre carrière jusqu’ici? Peut-être une collaboration avec votre photographe préféré? J’ai eu la chance de voyager dans le monde entier. Les séances photos m’ont emmenée à Bondi Beach en Australie ou à SpaceX en Californie, en passant bien sûr par tous les endroits situés entre les deux. En tant que jeune femme, c’est follement excitant d’avoir vu autant de lieux sur la planète et d’élargir ainsi son horizon. Découvrir des pays à l’étranger et leur culture, oui, c’est l’un des bons côtés du métier. Pour répondre à votre question sur un photographe favori: ce fut un privilège de travailler avec l’artiste Steven Meisel. C’est impressionnant de pouvoir regarder ce photographe travailler, et de l’observer dans son cheminement de pensée, lors de la transposition de ses idées. Ce travail en commun a été une expérience formidable que je n’oublierai jamais. Vous êtes connue pour votre amour du sport. Quel est votre meilleur moyen de garder la forme? J’aime mélanger différentes activités sportives entre elles. Cela me change les idées et ça n’est jamais ennuyeux, vraiment. Je varie pratiquement tous les jours entre le jogging, la boxe ou le vélo. Rester active est pour moi une sorte de thérapie pour toujours recharger mes batteries.

Quels sont les endroits que vous préférez à New York? The Elk for Coffee et The Egg Shop, ou encore Two Hands sont les lieux que je préfère pour prendre le petit-déjeuner. Sinon, New York est une ville magnifique à visiter en vélo. Le long de West Side ou sur le Brooklyn Bridge, c’est incroyable! Avez-vous des modèles, des idoles issues de l’industrie de la mode? Qu’est-ce qui vous fascine chez ces personnes? Je suis une grande admiratrice de Christy Turlington. Son travail dans la mode est unique. C’est drôle, lors de notre première rencontre, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer, de joie bien sûr. Vous travaillez depuis quelques temps avec Swarovski. Qu’est-ce que vous aimez chez ce joaillier? Petite déjà, j’étais attirée par les bijoux intemporels de la maison Swarovski. Le scintillement et l’étincèlement des cristaux avaient un effet magique sur moi. Et puis je trouve très bien que Swarovski soit une entreprise familiale qui croît sans cesse, qui se concentre sur l’innovation et l’artisanat tout en restant fidèle à sa ligne de conduite.

histoire en lui restant fidèle, il faut se mettre à la place d’un personnage et le faire évoluer constamment. Enfant, j’étais danseuse de ballet, ce qui a été un atout. Cela m’a permis d’apprendre beaucoup sur mon corps et sur le langage corporel. Cette expérience m’a donné des atouts aussi bien pour le mannequinat que pour la comédie. Quelle importance accordez-vous aux bijoux que l’on vous offre en cadeaux? A ceux que vous offrez? Recevoir des bijoux lorsqu’ils viennent du cœur, cela me fait toujours plaisir. J’adore réfléchir à des cadeaux appropriés avant de les offrir. Lorsque je voyage, je regarde toujours des petits souvenirs ici et là pour les offrir aux personnes qui me sont chères. C’est un beau geste de penser aux amis et à la famille lorsqu’on voyage. Quels sont vos objectifs à l’avenir? J’aimerais faire encore tant de choses. Je ne sais pas quelle direction de vais donner à ma carrière dans la mode. Je suis impatiente mais laisse l’avenir venir à moi. www.swarovksi.com

Avez-vous un bijou préféré au sein de la collection actuelle? J’adore la montre «Crystalline». Elle est parfaite le jour comme la nuit, un classique. Des classiques du cinéma comme «Diamants sur canapé» ou «Les hommes préfèrent les blondes» ont servi de modèles pour vos courtsmétrages. Qu’avez-vous ressenti en faisant renaître cet éclat dans les rôles d’Audrey Hepburn et de Marylin Monroe? J’ai passé le meilleur moment de ma vie! Le style, la chorégraphie et la danse, tout était très impressionnant et je me suis follement amusée. Entre Audrey Hepburn et Marylin Monroe, à laquelle vous identifiez-vous le mieux? Audrey Hepburn. J’aime son style élégant empli de féminité. Y a-t-il des différences fondamentales entre le monde de la mode et celui du cinéma? Je pense que les deux sont étroitement liés, il faut s’identifier au rôle que l’on joue. Pour pouvoir raconter ou jouer une

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FASHION & THE CITY Pourquoi s’habille-t-on différemment à Paris, Tokyo, Berlin ou Zurich? Qu’est-ce que la mode raconte des paysages et des cultures qui la voient émerger? La mode, d’un point de vue ethnologique, a tant de choses à raconter sur le monde autour d’elle… Petite radiographie urbaine.

À PARIS: Styl iste Giovanna Batt

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PHOTOS DR;Carola De Armas via Blaublut Edition; Jason Jean via Blaublut Edition; imaxtree.com; Vetements

Par VALÉRIE FROMONT


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haque année, les repères changent mais le principe reste identique: à Berlin, à Londres, à Paris ou à New York, les cool kids se pressent aux portes des clubs les plus pointus d’une capitale dont le magma créatif aimante tous leurs fantasmes. On y accourt avec zèle et ivresse, on passe des heures à se bricoler un look pour être dans les bons papiers du videur et faire partie de la faune en vue. Qui n’a pas eu 20 ans et envie de rentrer dans les lieux que l’on imaginait être des passerelles vers la vie que l’on s’était rêvée? A plus forte raison si l’on a grandi à la campagne ou en banlieue, et que la grande ville est synonyme d’une liberté construite pas à pas, au fil des rêves adolescents. S’habiller pour devenir qui l’on est. Pour obtenir un laisser-passer dans les lieux et les évènements que l’on convoite. Pour se fondre dans un groupe ou espérer s’en distinguer. Pour ce sentiment d’être en symbiose avec l’esprit d’un quartier, d’un pays, d’une culture et de ses hauts-lieux. La ville façonne les habitudes et les silhouettes, les snobismes et les accents, les expressions comme la hauteur des talons. Une ville dont l’urbanisme et l’architecture dessinent, en partie, les modes de vie et qui, à leur tour, déterminent la façon dont leurs habitants s’habillent. C’était vrai à Versailles, à Chandigarh, tout comme à Brooklyn. Une ville, c’est une histoire, un esprit, un bouillon de culture que la mode, poreuse et frondeuse, exprime avec une sensibilité et une immédiateté hors pair. Pas étonnant que la minijupe ait vu le jour à Londres avec Mary Quant, tout comme le mouvement punk. Dans une ville pétrie de traditions où les écoliers se rendent souvent, aujourd’hui encore, dans leur établissement en uniforme, la contreculture est essentielle à sa respiration. A Paris, berceau de la haute couture, l’élégance est un jeu qui consiste à se cacher sous les dehors les plus naturels possibles et qui prend notamment racine dans les films de la Nouvelle Vague. Quant à New York, il faut gagner sa place dans les strates de la société en ayant une intime connaissance des codes à adopter, et en ayant une volonté très construite de s’y conformer. Même le sportswear peut s’avérer un système sémiologique complexe où chaque détail devient signifiant, comme dans le cas de marques populaires ou au snobisme intersidéral comme Supreme.

À NEW YORK: Bloggeuse Vanessa Hong.

L’émergence, dans les années 2000, du streetstyle et des looks photographiés dans la rue, est à cet égard symptomatique d’une société qui cherche ses marques, ses valeurs et ses repères dans la lecture obsessionnelle et sans cesse ajournée de son reflet numérique. Une étude ethnologique nouveau genre, aux métadonnées et aux ramifications infinies, mais néanmoins porteuses de sens: la rue et les abords des défilés racontent comment les chapelles se définissent, les tribus se reconnaissent, quels signifiants une société choisit d’investir et de se donner pour horizons. Je me souviens, jeune journaliste, d’avoir expérimenté ce frisson lors des Fashion Weeks que je suivais. Mon premier sésame me fut remis par une robe blanche de chez Zara que je portais avec une dose de confiance et de désinvolture égale à l’inconscience que j’avais de la transgression à l’œuvre. C’était à Paris, au défilé Kris van Asche, à l’époque où il venait d’être nommé directeur artistique de Dior Homme. Je suis passée devant la sécurité sans carton d’invitation mais comme si j’entrais à la Migros, d’un pas alerte. Lorsque les invitations se sont faites plus nombreuses, j’ai eu la chance d’ausculter de très près

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STYLE cette caravane de la mode qui se déplaçait de ville en ville, toujours semblable à elle-même et différente, soucieuse de se conformer aux clichés sur le style autochtone tout en les entretenant. Ce pseudorégionalisme est d’ailleurs touchant pour une industrie fonctionnant pourtant sur un modèle hyperglobalisé. On ne s’habille pas de la même manière pour aller voir un show Dolce & Gabbana à Milan, Chanel à Paris ou Ralph Lauren à New York. On tente, un peu, d’en intégrer les codes. Pas seulement ceux, purement stylistiques, de la maison, mais ceux auxquels l’imaginaire de la maison nous donne accès: un banquet sexy et napolitain, un dîner au Ritz ou un cocktail dans les Hamptons. Les gens que l’on serait susceptibles de retrouver à ces évènements, les attentes que l’on projette sur eux, le mood dont l’architecture et le paysage vont imprégner ce moment: ce sont tous ces éléments-là qui définissent un milieu culturel et un répertoire stylistique différent pour chaque ville. Un vestiaire tricoté de traditions, de fantasmes, de clichés, de faux-pas, d’invention de soi et de sens de l’à-propos, et qui témoignent d’un goût pour la mise en scène de soi proche du déguisement et hérité, parmi tant d’autres merveilles, de l’enfance.

lookbook

La place même de la Suisse dans l’industrie de la mode raconte ce rapport au monde et la manière de prendre part à son spectacle. A Saint-Gall, durant la seconde moitié du XIXe siècle, grâce à l’essor de la broderie, les emplois du secteur textile augmentèrent de 90%. C’est alors que la Suisse se mit à fournir en tissus toute la haute couture qui s’inventait à Paris. La Suisse trame et brode la mode de son geste auguste et silencieux. Des racines plutôt que des ailes. Ce qui n’exclut pas le snobisme. Pour vous dire jusqu’où cette logique peut avoir été intégrée, je me souviens d’avoir acheté un pull chez Céline (en soldes, tout de même) en me disant, assez pernicieusement, qu’il le valait bien parce qu’on pourrait imaginer que je l’avais acheté à la Migros. Je trouvais ça drôlement chic, comme idée. La fille dingue qui achète un truc chez Céline mais ne veut surtout pas que ça se voie, alors que le cœur de l’industrie de la mode repose sur le principe inverse: faire acheter aux gens des vêtements ou

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PHOTOS DR;Carola De Armas via Blaublut Edition; Jason Jean via Blaublut Edition; imaxtree.com; Vetements

étique. L e v il le helv la à e d o : Une tements. À ZURICH 018 de Ve 2 té é sp pr intem

Et la Suisse, dans tout ça? Pas de vraie grande Fashion Week en Suisse. Mais quelques clichés qui ont aussi la peau dure: surtout, surtout, ne pas trop en faire. Montrer que l’on a fait un effort vestimentaire est presque considéré comme une preuve de mauvais goût, en tout cas comme un signal un peu embarrassant. Ce qui est encore autre chose que la simplicité à la française comme elle peut être perçue au travers de quelques icônes du genre – Jane Birkin, Françoise Hardy ou, plus proches de nous, Emmanuelle Alt ou Inès de la Fressange. Si la simplicité à la française est liée au fait de ne surtout pas paraître (trop) artificielle, elle ne se départit jamais d’une certaine notion de chic. Alors que la simplicité telle qu’elle se conçoit sur les bords de la Limmat est plus radicale, plus Bauhaus dans l’esprit. Un jean noir, un teeshirt blanc, voire une chemise blanche les jours de fête. Bien sûr, il s’agit d’avoir LE bon jean noir et LA bonne basket qui va avec, mais globalement, il y règne un snobisme du normcore érigé en concept. Pas tellement étonnant que la marque Vetements ait cette année choisi de déménager son quartier général à Zurich. Il y a dans cette absence de fards au profit d’une base solide quelque chose de profondément helvétique. Un bon sens terrien, la sagesse de compter les pommes de terre qu’il reste pour l’hiver afin d’en distribuer une part égale chaque jour, plutôt que de festoyer ce soir autour d’un grand gratin et pour le reste, on verra bien demain.


STYLE des parfums qui ressemblent à ce qu’on voit sur les podiums. Le snobisme métagalactique de Supreme peut aller direct se rhabiller devant mon syndrome Migros. Et même si on pourrait sans doute épiloguer à l’infini sur les différences entre Alémaniques, Romands et Tessinois, sans compter les Romanches qui j’en suis certaine, ont un sens de la mode bien à eux, la Suisse est globalement proche de ce principe. Un dernier conseil: pour faire connaissance avec une ville, zappez la queue de la Tour Eiffel et foncez dans les grands magasins. C’est un véritable lieu d’acclimatation culturel, dont la spécificité est malheureusement un peu compromise par les effets de la mondialisation: aux quatre coins du monde, on y trouve de plus en plus les mêmes marques, les mêmes vêtements. Et pourtant! La possibilité de promener un regard anthropologique dans les rayons des grands magasins demeure riche d’enseignements. D’abord, parce que les plus talentueux designers du pays y sont souvent représentés. Ensuite, ouvrez les yeux. Observez les vendeuses, le bleu sur leurs paupières, le bois de la rambarde caressé par tant de mains trop heureuses de s’échapper un instant du cours de leur vie pour venir se blottir dans les bras enveloppants du grand magasin, pourvoyeur de désirs sans cesse renouvelés. Respirez les parfums, les accents, regardez la façon dont les pantalons sont pliés et les pulls rangés, l’allure des passantes. Avec une sensibilité aiguisée, vous trouverez chez Liberty, au Bon Marché, chez Bergedorf Goodman, chez Bongénie Grieder ou même (et surtout!) à la Migros autant de précieuses informations sur votre environnement et les gens qui y vivent, que dans le meilleur des guides de voyage.

À Londres: Man nequin Clara

Paget.

À MILAN: Bloggeuse et chanteuse Patricia Manfield.

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CLASSIQUE À l’aube du quarantième printemps de Shiatzy Chen, maison fondée en 1978, Wang Chen Tsai-Hsia est sur tous les fronts. Mode, design, gastronomie... La créatrice taïwanaise déploie son art de vivre avec sérénité et intuition. Par Jeanne Potter

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ang Chen Tsai-Hsia porte bien son surnom. Considérée par beaucoup comme la «Coco Chanel de Taïwan», la fondatrice du groupe Shiatzy Chen a réussi, en l’espace de 40 ans, un astucieux amalgame entre les cultures et les artisanats d’Orient et d’Occident – comme si Paris avait rencontré Pékin sur un laps de temps qui court de l’Antiquité à nos jours. Chez Shiatzy Chen, le savoir-faire se rattache aussi bien à la Haute Couture française qu’à l’artisanat chinois; le style, éclectique, s’ancre dans l’histoire avec

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quelques tics bien d’aujourd’hui, entre la fantaisie kawaii et le classicisme parisien. Une mode fusion donc, que cette originaire de Changhua a su faire fructifier au-delà des frontières du prêt-àporter. D’abord dédiée aux femmes, la marque Shiatzy Chen s’ouvre à l’homme en 1987 puis aux accessoires: sacs à main, souliers, bijoux… Wang Chen Tsai-Hsia ne s’arrête pas là puisqu’elle inaugure, en 2003, une ligne de décoration et de mobilier d’intérieur, fidèle aux principes qu’elle s’était fixés à ses débuts, un certain jour de 1978.

Techniques ancestrales Wang Chen Tsai-Hsia n’a que 27 ans lorsqu’elle décide de s’associer avec son compagnon, Wang Yuan-Hong, pour créer une marque de prêt-à-porter. L’un, businessman, connaît bien les rouages du marché textile; l’autre, couturière expérimentée, a préparé son coup depuis l’adolescence – aînée d’une fratrie de sept enfants, TsaiHsia a toujours dévoré les livres, en quête de découvertes artistiques ou culturelles. Avec Shiatzy Chen, la jeune Taïwanaise veut raconter et asseoir «le nouveau style de la Chine», sans céder à la surenchère de

PHOTOS DR; Marcio Madeira; Livre «Shiatzy Chen» (Assouline, 2015); Instagram

Wang Chen Tsai-Hsia à la fin du défilé Shiatzy Chen PrintempsÉté 2017, à Paris.


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EXCENTRIQUE 1

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1. Silhouettes du défilé AutomneHiver 2017/18. 2. Soierie chinoise du XVIIe siècle. 3. Séance de coiffure, à Pékin en 1869. 4. Defilée Shiatzy Chen Automne/ Hiver 2017 5. Une des créations de Shiatzy Chen influencée par la dynastie Song.

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collections ou de tendances. Placée sous le signe de l’intention originelle, la griffe va moderato: on utilise ainsi, dans la confection du prêt-à-porter, des techniques ancestrales comme le suzhou, procédé vieux de 4 000 ans qui consiste à broder un motif avec des fils de soie sur de la soie. C’est donc avec l’essence d’une marque «de niche» que le couple érige l’un des succès majeurs de ces 40 dernières années. Art de vivre À Taïwan, très vite, diplomates et célébrités se pressent pour décrocher le

dernier tailleur griffé Shiatzy Chen. La déferlante se poursuit dans toute la Chine, puis à Paris, où la créatrice inaugure un studio et un flagship, son tout premier en Europe. Intimement liée à la Ville Lumière et à son artisanat, elle décide aussi d’y orchestrer ses défilés. Dans le monde, la griffe va bientôt compter 70 adresses, toutes conçues par des pointures de l’architecture comme Jaya Ibrahim ou Johannes Hartfuss. Avec un faible pour le style de la dynastie Song (Xe-XIIIe siècles), Wang Chen Tsai-Hsia inaugure en 2008 un grand temple du thé

dans l’électrique quartier Da’an de Taipei. Indépendant du groupe Shiatzy Chen, le label Cha Cha Thé cultive un art de vivre cher à Tsai-Hsia. Dans la boutique aux lignes épurées, les 36 variétés de thé se dégustent dans le plus pur respect de la tradition Han, en silence, sans regarder l’heure… La mode aussi sait contempler.

Shiatzy Chen, 262, rue Saint-Honoré, Paris. www.shiatzychen.com et www.chachathe.com

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Le «Back to School» de Fendi Surprenant et versatile, le petit dernier de la maison romaine est un sac pratique et désirable. Par Léa Trichter-Pariente

Jeu de mots Imaginé pour la collection Pre-Fall 2017 par Silvia Venturini Fendi, directrice artistique des accessoires de la maison, il allie créativité et utilité. Son nom ludique est un clin d’œil au monde de l’école, auquel les sacs à dos sont souvent associés, et à la

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traduction anglaise du nom de cet accessoire, backpack. De l’allure 24/7 Fabriqué à la main dans les ateliers toscans de la maison Fendi, le «Back to School» est décliné en deux tailles (normal et mini) et existe dans plusieurs tonalités de cuir uni (marron, noir, bleu ciel, jaune). Coups de cœur absolu pour la version mini en cuir noir rehaussé de petits pompons en fourrure de vison multicolores. Déjà adopté par Kendall Jenner, Gigi et Bella Hadid, ce petit sac tout-terrain sera à n’en pas douter un futur grand classique. www.fendi.com

PHOTOS Adriano Russo

Innovation et style Sac à dos sophistiqué, le «Back to School» se transforme en sac en bandoulière en un rien de temps grâce à une astuce ingénieuse qui laisse glisser la chaîne. Moderne et élégant, son look minimaliste et épuré s’adapte aux silhouettes les plus variées.


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Bella Hadid (à gauche) et Gigi Hadid portent des sacs «Back to School» en cuir lisse, CHF 1 930. Elles sont en total look Fendi.

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PHOTOS FOTOS ZVG DR, Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, Paris; Dalmas / SIPA; Vestiaire Collective, www.vestiarecollective.com; Chanel; Collection du Patrimoine Louis Vuitton © Collection Louis Vuitton; Hermès; Céline; Byronesque

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«Il ne faut plus avoir honte d'acheter

ou de vendre des articles de luxe

d’occasion. Grâce à Internet, on peut

tout faire devant son écran, et ce

système d'échange devient même à

la mode.»


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Vintage, l’éthique du style Friperies dans le vent, sites de revente, luxe d’occasion et même «upcycling»… La mode a pris l’habitude de fouiller dans les rayons de son passé pour s’inspirer, se réinventer ou ne plus rien gâcher. Par Sophie Abriat

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es 4 et 5 mars derniers, en pleine semaine de la mode, une foule de collectionneurs se presse dans un cinéma pornographique du 2e arrondissement parisien à la vente vintage Maison Margiela organisée par Byronesque, site de vente en ligne de pièces collector. Trois cents modèles iconiques des années 1989 à 2009 sont réunis: ballerines «Tabi», vestes sans manches composées de gants de cuir, pardessus en plastique, pièces en maille de Miss Deanna… «Les archives de la Maison Margiela influencent fortement la mode actuelle. Vetements et Demna Gvasalia ont favorisé cet engouement pour ses silhouettes. Ils ont comblé un manque qu’on avait tous et qui n’a fait qu’accroître l’envie de s’approprier l’original», commente Gill Linton, fondatrice de Byronesque. En janvier, la marque unisexe française Avoc avait choisi la boutique vintage Kiliwatch pour présenter sa collection Automne-Hiver 2017/2018; deux mois plus tard, le créateur Neith Nyer organisera son défilé dans la friperie Guerrisol. La vogue du vintage est telle que le mot est désormais sur-utilisé et désigne toute pièce un tant soit peu rétro: fripes, produits de luxe d’occasion,

survêtements Adidas des années 1990, pièces rares des années 1940, vêtements chinés aux puces… Recherche de l’insolite, lassitude des productions sérielles des enseignes de «fast fashion», nostalgie d’une qualité perdue, distinction par le décalage, avantages financiers, démarche responsable: les ressorts psychologiques de l’achat vintage sont complexes. Et les amateurs ont l’embarras du choix: rien que pour Paris, par exemple, friperies Kiloshop, Guerrisol, Free’P’Star, spécialistes du vintage de luxe Anouschka, Quidam de Revel, Didier Ludot, La Mode Vintage, Gauthier Borsarello; mais aussi sites de vente de produits de luxe de seconde main Vestiaire Collective, Grailed, Collector Square… Cet engouement pour les vêtements d’hier révèle de nouvelles façons de consommer la mode et de la concevoir. Le boom du seconde main en ligne Des «Birkin» Hermès vert olive, rouge cerise ou bleu lagon, des vanity-cases monogrammés Louis Vuitton, des «Lady Dior» patinés et des mini-sacs Chanel «2.55»: l’offre de Collector Square, spécialiste de la vente en ligne d’objets de luxe de

seconde main, est aussi large (plus de 5 000 pièces en stock) que pointue. «Il n’y a plus de honte à vendre ou à acheter d’occasion des objets de luxe. Avec Internet, tout se fait derrière un écran et ce système de troc devient même à la mode», remarque Loïc Bocher, spécialiste du marketing numérique et cofondateur de la plate-forme, en 2013, avec Nicolas Orlowski, PDG du groupe Artcurial. Les profils des acheteurs sont divers: «Certains cherchent à se distinguer, d’autres sont des passionnés. Il y a un intérêt financier: nos produits sont remisés.» Du côté des vendeurs, «il y a ceux qui ont besoin d’argent ou manquent de place dans leur dressing. Certains clients ont une démarche responsable et cherchent moins l’accumulation de biens que la circulation de marchandises. Et puis d’autres vendent pour acheter la nouvelle collection de Louis Vuitton ou de Chanel», explique Loïc Bocher. Dans cet esprit, l’entreprise a lancé Collector Switch: «On peut acheter un objet chez nous puis l’échanger contre un autre objet de notre stock de valeur équivalente. La possession est moins importante aujourd’hui

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Une démarche écologique «L’aspect économique n’est plus la seule raison d’un engouement pour l’ancien. Il s’explique aussi par la nature du vêtement, souvent pièce unique, que le client ne trouve pas immédiatement, comme sur un présentoir de prêt-à-porter. Il doit chercher, chasser», explique Marie Schiele, doctorante en philosophie à l’université Paris-Sorbonne. «Ce côté interactif permet un autre accès au vêtement et surtout d’échapper à l’offre trop homogène des grandes enseignes. Ajoutons à cela la qualité de certains vêtements anciens.» Avis partagé par les jeunes filles du Gucci Gang (plus de 68 000 abonnés à elles quatre sur Instagram), qui portent essentiellement des fripes. «On va très souvent chez Emmaüs et Guerrisol, pas forcément pour trouver quelque chose en particulier. C’est justement le principe des fripes, tu y vas et tu peux trouver une pièce incroyable comme ne rien trouver du tout», raconte Thaïs Klaplisch, membre du groupe comme Annabelle Ferrera, qui apprécie «l’idée de porter quelque chose qui a une histoire». Carole Bigielman, propriétaire du showroom La Mode Vintage à Paris, propose à la vente des pièces griffées Lanvin, Missoni, Courrèges, Céline… vendues 10 % de leur valeur initiale. «Le vintage est descendu dans la rue, acheter des pièces déjà portées est devenu populaire. Celles que je chine à travers le monde ont déjà vécu et elles représentent quelque chose dans l’histoire de la mode, mes clients y sont sensibles», indique-t-elle, insistant aussi sur le côté écologique de la démarche. «La récupération des vêtements s’inscrit dans une histoire ancienne, dans l’Angleterre élisabéthaine par exemple. La pratique du recyclage et de la retaille des robes était une source d’économies et, au XIXe siècle, une façon assez commode de suivre les modes, en supprimant des manches ou en remontant la taille», précise Marie Schiele. Le passé, source de création «Dans ma boutique, de nombreux stylistes viennent s’inspirer des pièces, relever des détails ou des imprimés pour nourrir leur réflexion», confie Carole Bigielman. Gauthier Borsarello, propriétaire de la boutique de pièces anciennes Vintage for Fashion reçoit lui aussi des designers qui louent des vêtements pour des shootings ou qui les achètent pour relever les

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patronages. Cet ancien concertiste s’est établi en 2016 dans le XIe arrondissement de Paris et déménage dans le XVIe, rue Parent-de-Rosan, dans un espace partagé avec la nouvelle boutique Holiday, qui a ouvert ses portes en mai dernier. La collection personnelle qu’il a mis des années à constituer n’est visible que sur rendez-vous. Ses pièces sont classées par thème: sportswear, workwear, style motard ou militaire… «Les pièces que je sélectionne tirent leur beauté de leur design fonctionnel, elles doivent s’adapter à une silhouette contemporaine», indique-t-il. L’inspiration vintage a toujours existé chez les créateurs; par exemple, la collection Haute Couture Printemps-Été 1971, dite «Libération», d’Yves Saint Laurent fut inspirée des années 1940, et Martin Margiela a toujours chiné des vêtements ou des objets usagés pour alimenter sa Haute Couture. «La mode s’est souvent réapproprié le passé. Il fallait auparavant une digestion d’une trentaine d’années avant de voir des retours. Aujourd’hui, les emprunts aux années 1990 sont multiples, avec Demna Gvasalia et Gosha Rubchinskiy en figures de proue», poursuit Gauthier Borsarelllo. «Demna et Gosha ont fait beaucoup de bien aux friperies parisiennes. La cote des vêtements nineties et notamment des survêtements de marque, a augmenté en conséquence.» Par ailleurs, les archives des maisons sont une mine d’or pour les créateurs. Ce retour aux sources est symbolisé par la dernière collection Balenciaga, inspirée de la couture de son fondateur Cristóbal. Le designer Demna Gvasalia a réinterprété neuf de ses robes créées entre 1951 et 1967. Résultat: une robe à plumes (avec son sac assorti), une robe bustier noire à gros nœud (avec des cuissardes-collants vert pomme) et une robe ballon blanche, entre autres modèles. Martin superstar L’upcycling – «surcyclage» en français – permet de donner une seconde vie aux vêtements et tissus usagés en les transformant en pièces neuves. Aux États-Unis, la marque de prêt-à-porter Reformation lancée par la créatrice Yael Aflalo, qui utilise des tissus récupérés soit sur des vêtements vintage, soit auprès des griffes ayant trop de stock, connaît un grand succès. L’e-shop Asos propose une ligne Reclaimed Vintage présentant une sélection de pièces de seconde main retravaillées. En France, Les Récupérables, marque lancée par Anaïs Dautais Warmel, recycle rideaux, édredons, chutes de tissus d’ameublement ou draps pour imaginer des pièces uniques, confectionnées en ateliers de réinsertion.

«La mode écoresponsable commence à avoir bonne presse, grâce à la nouvelle génération qui a compris qu’on peut lier écologie et style. Au début de l’aventure, il y a deux ans, quand je disais que je faisais des robes avec des nappes et des manteaux avec des rideaux vintage, on se demandait si c’était sérieux», explique Anaïs Dautais Warmel. «J’argumentais avec joie sur les dérives de l’industrie la plus polluante au monde après le pétrole. Depuis, j’observe que le public connaît mieux ces questions même si un vrai travail de sensibilisation reste à faire.» Autre exemple: la dernière collection de la créatrice italienne Erika Cavallini – qui a travaillé pour Martin Margiela à la fin des années 1990 – est composée de pièces uniques réalisées à partir de vêtements et de toiles recyclés: uniformes militaires, bâches de camions, pantalons et vestes Levi’s. L’ombre de Martin Margiela n’a pas fini de planer sur la mode d’aujourd’hui.

«Demna Gvasalia et Gosha Rubchinskiy ont fait beaucoup de bien aux friperies. La cote des vêtements nineties et notamment des survêtements de marque a augmenté en conséquence» — Gauthier Borsarelllo

PHOTOS DR

qu’hier», souligne-t-il. Le marché du luxe d’occasion est en pleine expansion. Vestiaire Collective, autre acteur clef du marché, vient de boucler une nouvelle levée de fonds, 58 millions d’euros pour accélérer son expansion internationale.


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Des pièces vintage signées Martin Margiela mises en ventes en mars dernier par le site Byronesque.

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Le choix de… Ba&sh ba&sh: un acronyme synonyme de féminité sans contrainte, d’inspiration bohème et de nonchalance parisienne que les deux fondatrices de la marque, Barbara Boccara et Sharon Krief, incarnent elles-mêmes à la perfection. ba&sh, c’est aussi une aventure entamée il y a quinze ans et qui, de saison en saison, continue d’enthousiasmer non seulement les fidèles mais aussi les grands acteurs du monde de la mode parmi lesquels LVMH qui vient d’investir dans la marque. Interview dans leur showroom situé au cœur du Marais parisien Par URSUL A BORER

ET POUR GARDER LA FORME? Barbara: J’ai déjà testé toutes les formes de yoga et en particulier le bikram yoga. Je suis une yogini assidue. Sharon: Mon secret pour garder la forme: sortir et faire la fête, autant que possible au Raspoutine, à Paris www.raspoutine.com

ET VOTRE SECRET DE BEAUTÉ À CHACUNE? Sharon: «La Crème» de La Mer – j’en suis dingue! Barbara: Mon parfum Mûre & Musc de L’Artisan Parfumeur. Un subtil mélange, intemporel et troublant, de cassis, de mûre et de musc.

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PHOTOS DR, flickr

QUELLE EST LA DESTINATION DONT VOUS NE VOUS LASSEZ PAS? Sharon: Ibiza, sans un instant d’hésitation! La fête, le farniente, le soleil, les dîners partagés avec nos amis – à chaque fois, c’est le paradis!


STYLE VOTRE LOOK FAVORI CET AUTOMNE? UN LIEU IDÉAL POUR SE DÉTENDRE? Barbara: Un tailleurpantalon en velours imprimé – très tendance et un peu dingue. Sharon: Notre jupe dorée. Portée avec une maille XL, c’est le look parfait pour l’automne!

Barbara: Le Spa de l’Hôtel Peninsula à Paris. Pour une plongée immédiate dans un univers de calme et de volupté où l’on se concentre enfin sur soi. De la tête aux pieds.

UN RESTAURANT QUE VOUS AIMEZ? Barbara: Celui de l’Hôtel Costes. Cela fait des années que nous sommes des habituées. Récemment, nous avons aussi découvert le Bambou, avec sa fusion-food asiatique. Et nous sommes aussi fidèles au Petit Lutetia à Saint-Germain des Prés – le bistrot par excellence. w ww.hotelcostes.com. www.bambouparis.fr

QUESTION MODE, UN NO-GO? Sharon: Le fluo – et ce, quelle que soit la couleur!

VOS ADRESSES SHOPPING PRÉFÉRÉES? Sharon: Merci et Colette à Paris. De véritables mines d’inspiration. Mais les showrooms pour la maison comme Caravane Sarah Lavoine ou la boutique Baobab – les bougies parfumées – sont des lieux où l’on fait toujours de belles découvertes. www.merci-merci.com w ww.colette.fr w ww.caravane.fr www.sarahlavoine.com

UN VÊTEMENT INDISPENSABLE?

ba&sh, CHF 530.

Sharon: La fameuse petite robe noire, évidemment! Elégante, facile à porter, impeccable en toute occasion. Depuis nos débuts, nous en avons proposé une réinterprétation à chaque collection.

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Fashion week AUTOMNE HIVER 17/18 Pa r is

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PHOTOS DR; Marcio Madeira

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Louis Vuitton

Paris CHASSE GARDÉE Obnubilée par les questions d’héritage, Paris prêche pour sa paroisse. Faut-il toucher aux sacro-saints monuments du style à la française? Par MATHILDE BERTHIER

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ior qui défile en bleu de travail. Saint Laurent qui «fout sa cagoule». Balenciaga qui sort en parka. «Y a plus de maisons!», s’insurgent les chasseurs de mythes, grands amoureux du New Look, du smoking et des casaquins. Faut-il leur donner raison? Toute l’histoire de la mode n’est que rupture et continuité. Des précurseurs qui lancent une tendance, entrent dans les annales puis s’éteignent... jusqu’à ce que l’histoire reprenne son cours, sous la houlette d’autres innovateurs. Maria Grazia Chiuri est de ceux-là. Six semaines après le Grand Bal Christian Dior, la créatrice change de registre. Les nymphes des bois de la Couture deviennent «Titis» parisiennes, en bleu de travail donc, et béret de cuir. Très vite, l’équation jean + Dior fait débat. On salue l’audace, on questionne la cohérence. L’uniforme des forty-niners de la ruée vers l’or a-t-il sa place dans les salons du 30 avenue Montaigne, en admettant que Christian Dior ait créé le New Look pour contrecarrer les formes «loose» – comme on dit aujourd’hui? Une révolution en appelant une autre, force est de constater que le tailleur Bar a montré ses limites et se cherche une descendance... Déconstruire pour mieux reconstruire: la recette fonctionne, Demna Gvasalia le prouve. Rappelons-nous: 365 jours plus tôt, Monsieur Vetements déchaînait les passions avec sa première collection pour Balenciaga. On se souvient

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Y/Project

d’avoir haï (puis adulé) le néo-sac Tati, les collants sucre d’orge et la doudoune Michelin. Un an plus tard, sûr de son Balenciaga, Demna revient à Cristobal. Les basques pleuvent, avec les ballons, pois, plumes, le tout porté avec des escarpins à logo pro-Bernie Sanders. La magie opère... tout comme chez Loewe où Jonathan Anderson atteint des sommets. Orchestré dans une chambre noire, où les orchidées poussent comme par enchantement, le défilé mêle tradition et avant-garde, Espagne et Ouest américain, monochrome et imprimés floraux, félins ou géométriques. Du fait-main visionnaire. Anthony Vaccarello, lui, prend des risques mesurés. Très inspiré par la période 1980 de Saint Laurent, le designer instille ses envies par touches: une manche en cuir doublée de laine, une robe du soir comme déchirée, une cagoule de streeter, une bottine de biker... Chez Maison Margiela et chez Valentino, John Galliano et Pierpaolo Piccioli ont respectivement su asseoir leur autorité. Le premier poursuit le travail entamé pendant la Couture et affirme sa vision, quasi dadaïste, du prêt-à-porter. Le vêtement, parfois réduit à sa seule ossature, est le théâtre d’un imaginaire loufoque, où les sacs à main se portent sur la tête, telles des coiffes amérindiennes. Le second, très à l’aise en solo, délaisse ses aspirations monacales au profit d’un style punk et arty. Victorienne mais pas seulement, la vestale Valentino vire au postmodernisme à travers des couleurs et imprimés inspirés de la peintre Nathalie Du Pasquier, ex-membre du groupe Memphis. Chanel se fait métaphysique. Sur une BO rétro-futuriste signée Michel Gaubert, Karl Lagerfeld chapeaute un escadron de Brigitte Bardot prêtes à marcher sur la lune. Néo «go-go boots», capes matelassées, tailleurs en tweed lamé embarquent dans une fusée grandeur nature, qui décolle (oui décolle) à la fin du show. Pas moins wagnérien, Nicolas Ghesquière chez Louis Vuitton investit le musée du Louvre. Le créateur français s’intéresse à la notion de frontière, en brouillant les thèmes consacrés du prêt-à-porter: jour et nuit, féminin et masculin, streetwear et tailoring... L’éternelle cour Marly renvoie la mode à sa propre

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Dries van Noten

infinitude. Céline aussi a le sens du spectacle. Épaulée par le plasticien Philippe Parreno, Phoebe Philo embarque ses mannequins dans un jeu hypnotique d’ombres et de plaques tournantes. Un incessant chassé-croisé entre monochromie et polychromie, entre brutalisme et «dé-mode», qui dévoile une femme très à l’aise, quittant son chez-soi en costume androgyne, un plaid sous le bras... À l’image de Phoebe Philo, tout Paris part en quête d’une féminité bien dans ses bottes: ça commence avec Clare Waight Keller qui, pour son dernier défilé chez Chloé, mêle les sixties aux seventies, avec quelques manies bien d’aujourd’hui. Psychédéliques, les imprimés se glissent sous des mini-manteaux BCBG ou des vestes canadiennes plus grunge. Une robe «cœur» signe ce carpe diem. Ça continue avec Olivier Theyskens et sa garderobe exhaustive, faite de jeans, de mailles, de vestes sablier, mais aussi de longues robes victoriennes, à porter en tiags. Au plus près du prêt-à-porter, et pourtant toujours virtuose, Olivier Theyskens dépoussière les passéistes soieries, collets montés et manches gigot. Johanna Senyk, alias Wanda Nylon, franchit une étape. Au-delà des impeccables pardessus cirés et combinaisons vinyle, le vestiaire brille par ses jeux de volumes, ses mélanges pied-de-poule/peau de vache... et sa contagieuse bonne humeur, entre le disco et le grunge. Noctambules, les oiseaux de nuit de Haider Ackermann frôlent le sublime. Elles flottent sur un standard de jazz, en perruques noir de jais et tailleurs pantalons. Souvent noir, l’ensemble brille par ses contrastes de matières: soie, cuir et laine d’agneau mongol. Toujours dans ce Paris hédoniste, Jean Touitou fêtait les trente ans d’A.P.C., et Dries Van Noten, son centième défilé. Entouré de ses muses et amies – Carolyn Murphy, Jamie Bochert, Nadja Auermann, Hanne Gaby-Odiele... –, le Belge évite la rétrospective avec un millésime épicurien: escarpins monolithes, jupes culottes pop et cabans wax se portent dans la rue, jusqu’au prochain anniversaire.

Photos DR: Marcio Madeira

Chanel


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Gucci

Milan LES CRÉATEURS ET LEURS VALEURS «Je vous invite à monter sur le podium à mes côtés et à ceux de ma famille pour montrer à tous que le monde de la mode est uni et n’a pas peur.»
C’est en ces termes qu’Angela Missoni a conclu son défilé, où les mannequins et le public arboraient le pussy hat, bonnet à oreilles de chat porté lors la marche des femmes à Washington. Car à Milan aussi, les créateurs ont affiché leur engagement. Chacun à sa manière. Par K AREN ROUACH

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Salvatore Ferr agamo

a femme Versace affiche ses idéaux sur des bonnets hip-hop, des dessous-dessus en mousseline et des robes bodycon, à inscriptions «equality», «courage», «love» ou encore «unity». Urbaine et puissante, la silhouette oscille entre androgynie et hypersensualité. Alberta Ferretti a rendu hommage à la beauté de l’Italie, reprenant tous les codes d’une Venise opulente et mystérieuse, dessinant ainsi une femme romantique à forte personnalité, comme celles imaginées par le peintre Boldini. Dans un décor d’appartement milanais des années 1970, Miuccia Prada a proposé une garderobe militante des plus subtiles, jouant avec les codes féminins de l’époque. Sublime. Chez Diesel Black Gold, c’est le penchant guerrier qui ressort de ces femmes, sexy à souhait. Pendant ce temps-là, chez Fendi, Silvia Venturini Fendi et Karl Lagerfeld nourrissent le mythe de la femme fatale grâce à des jeux d’opacité, quelques touches de vinyle, des tailleurs prince-de-galles et des cuissardes rouge passion. Manifestement, les années 1950 continuent d’inspirer Max Mara. Manteaux-peignoirs, pantalons à pinces et cols roulés seconde peau composent une garde-robe de diva casual. Dans un tout autre registre, Alessandro Michele chez Gucci ne manque pas de références. La Chine, les mouvements street et punk, les années 1970, le hard rock… tout se mélange sans aucune règle pour créer un style hors du temps, le designer ne voulant pas mettre les gens dans des cases. Chez Tod’s, le collectif anonyme de directeurs artistiques fait des étincelles, redéfinissant la notion même de luxe, travaillant le cuir d’une façon admirable. Chez Bottega Veneta, Tomas Maier explique qu’il a volontairement laissé entrevoir le tracé du croquis au crayon. Parfaitement ajustée, la silhouette joue sur les contrastes, entre épaules carrées et taille cintrée. Giorgio Armani propose une interprétation poétique du style Armani, où la couleur est un geste affirmé, et où les matériaux se multiplient telles les facettes d’une pierre précieuse. Pour Emporio, il imagine un vestiaire dynamique, facilement portable, pour le quotidien aussi bien que pour les grands soirs. S’habiller en Salvatore Ferragamo est une attitude, un lifestyle. C’est ce que souhaite montrer ce défilé, qui s’appuie sur l’héritage de la maison pour imaginer

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Christiano Bur ani

des tenues de jour et de soirée avec féminité et dynamisme. Comment impressionner la nouvelle génération née avec un smartphone dans la main? Dolce & Gabbana a trouvé la parade: en la faisant défiler. Des millennials au nombre de followers astronomique – des clientes de la maison, des «filles de», des héritières… – portaient à merveille les créations baroques et streetwear du duo italien. Jeremy Scott, chez Moschino, a lui dénoncé la surconsommation avec une collection autour du recyclage, où les robes trompe-l’œil étaient composées de vrais et faux déchets. La collection Emilio Pucci de Massimo Giorgetti est une véritable explosion de couleurs et de franges. Sa cliente jet-setteuse, éternellement en vacances, trouvera à coup sûr son bonheur. Pour sa ligne bis, MSGM, il s’est adressé à une toute autre femme, nostalgique de ses années d’étudiante et des bals de promo qui allaient avec. Difficile pour Francesco Risso, nouveau directeur artistique de Marni, de passer après Consuelo Castiglioni. Celui-ci a travaillé sur une silhouette rétrofuturiste, fragile mais très actuelle. Ermanno Scervino passe à un niveau supérieur, avec une collection en forme de dialogue entre les codes masculins et féminins, des références militaires et une sensualité certaine. Incorrigible globetrotteuse, la femme Etro nous emmène cette fois-ci entre l’Inde et le Népal, et revêt bien entendu ses traditionnelles robes imprimées et ses superpositions de pièces bohèmes. Inimitable. Gloire au cuir, chez Trussardi, où les vêtements qui ont fait l’histoire de la maison se voient actualisés (mais toujours hors tendances). Gaia Trussardi a été inspirée par les figures féminines des tarots, icones de la tradition ésotérique. Anna Molinari fêtait les 40 ans de Blumarine, avec notamment une collection inspirée par l’amour, mais aussi une capsule de réédition de pièces iconiques de la maison, dont des pulls en cachemire à maxi logo. Dans l’intimité d’une présentation, la maison Roberto Cavalli, dépourvu de directeur artistique, a exploré l’exotisme et la sensualité des imprimés animaliers, sa signature, le tout flirtant avec la haute couture. Entre sévérité et frivolité, le cœur de Rodolfo Paglialunga – directeur artistique de Jil Sander – balance. Son travail sur la couleur, les matières et les proportions évolue bien avec le temps.

Photos DR: Marcio Madeira

Giorgio Armani


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Calvin Klein

New York LA MODE CÉLÈBRE LE POUVOIR DES FEMMES La question du «See Now Buy Now» de l'ère Trump la saison dernière devenue déjà bien désuète, le monde de la mode s’est trouvé un combat plus important à mener. En effet, cette première fashion week montre une industrie qui a pris parti, et exprime son opposition de manière plus ou moins explicite. Par K AREN ROUACH et MATHILDE BERTHIER

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lainées sont légion, assorties de moon boots séduisantes et de robes à carreaux folks. L’abécédaire des imprimés maison s’enrichit d’un motif équestre aussi authentique que snob. De plus en plus crédible, Victoria Beckham a fait ce qu’elle savait faire de mieux: du tailoring. Elle prouve une fois de plus sa parfaite maîtrise des coupes, oscillant entre costumes preppy et robes au flou minimaliste. Les pantalons extralarges, aussi nonchalants que sculpturaux, comptent déjà parmi les pépites de l’hiver. Deuxième essai pour Jonathan Saunders chez Diane Von Furstenberg. Dans l’intimité d’une présentation, l’Écossais a revu les classiques de la maison dans des coupes dont lui seul a le secret et des matières diurnes ou nocturnes, ponctuées d’imprimés fauvistes. Comme si l’avant-garde new-yorkaise Arty se laissait tenter par une soirée disco. Tory Burch a elle trouvé l’inspiration dans l’intrépidité et l’irrévérence du personnage de Katharine Hepburn dans «The Philadelphia Story», véritable incarnation de la femme de pouvoir. Un vestiaire à l’allure fifties, pour femmes actives de bon goût, à l’image donc de la créatrice américaine. Et si Shakespeare s’était égaré sur la Route 66? Au confluent de l’ère élisabéthaine et de la modernité grunge, Joseph Altuzarra propose un hiver sublimement anachronique, mélangeant les clous et l’hermine, le cuir et la panne de velours, les basques et les néo-Dr.Martens. Dans la boutique de Madison Avenue transformée pour l’occasion en véritable oasis, la femme Ralph Lauren – toujours aussi nomade – revêt ses habits d’exploratrice fantasmée. Djellabas de soie, combinaisons façon sahariennes et gilets en jute à la sophistication exotique composent cette collection très réussie. D’habitude plus théâtral, Marc Jacobs a cette saison rendu hommage au hip-hop, et à son influence sur l’essor du sportswear. Il livre un vestiaire seventies, bien plus portable que d’haAlexander bitude. Comme une allégorie, le défilé Moncler Grenoble narrait la rencontre passionnante entre wang l’imaginaire et la technologie, à l’occasion d’un grand bal d’antan. Les mannequins étaient introduits par un maître de cérémonie (Derek Blasberg) qui dirigeait et rythmait leur apparition – la collection couvre tous les aspects et chaque moment de la vie dans une station de ski. Parfait pour Gstaad ou Saint-Moritz. Jeremy Scott n’a peur de rien. Obnubilé par le Pop Art et la mouvance Rockabilly, il livre pour l’hiver un vestiaire patchwork, fait de combinaisons rayées en maille, de pantalons pattes d’eph’ frangés et de robes tous azimuts, pas toujours portables. Desigual s’est offert un tournant punk, tout en perpétuant l’éclectisme qui l’a fait connaître. La collection réinterprète à sa manière le style des femmes des sous-cultures des années 1960, 70 et 80: l’underground de la Côte Ouest américaine, le early voguing, le punk californien et la nouvelle vague espagnole. Sander Lak, le créateur de Sies Marjan, a prouvé cette fois-ci sa parfaite maîtrise de la couleur, à son front row toujours aussi bien garni. La révolte a du bon chez les New-Yorkais.

Photos DR: Marcio Madeira

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l’heure où les droits des femmes semblent menacés, t-shirts à messages féministes et badges rose soutenant le Planning familial n’ont jamais été aussi présents, sur les podiums comme au premier rang. «Make America New York» pouvait-on voir chez Public School, label new-yorkais dans le vent. «The future is female», «We will not be silenced», lisait-on chez Prabal Gurung. Plus tard, chez The Row, l’engagement de Mary-Kate et Ashley Olsen se trouvait sous forme de broderies «Espoir» ou «Liberté» sur le bas d’un pantalon ou d’une manche de chemise. Les plus subtils se contentaient de célébrer la femme, de la magnifier: il fallait donc parfois lire entre les lignes. L’événement le plus attendu de cette semaine new-yorkaise? Le premier show de Raf Simons pour Calvin Klein. Le créateur belge – qui vit désormais à New York – a livré ses invitations avec un bandana blanc, symbole d’«unité, inclusion, espoir et acceptation». Présentée autour d’une installation de Sterling Ruby, rendant hommage à l’Amérique de la diversité, cette collection – mixte – ne pouvait être plus éclectique, s’armant avec subtilité de différentes références stylistiques. Allure Far West, tailoring, sportswear, denim, PVC, ou encore détails couture faisaient plus que bon ménage. Pour son dernier show à New York (il défilera désormais à Paris, comme Proenza Schouler), Felipe Oliveira Baptista emmène le crocodile Lacoste à bord d’un voyage cosmique, clin d’œil à son père pilote et référence à la passion de René Lacoste pour l’aéronautique. Le tout donne une allure sportswear futuriste, d’une élégance indéniable. De leur côté, Lazaro Hernandez et Jack McCollough pour Proenza Schouler quittent New York en innovant, avec des robes «tableaux vivants» et des néo-bombardiers vinyle, à porter sur des pantalons façon alu. Un hommage à l’avantgarde. Au contraire, Cecilia Bönström a quitté Paris pour faire défiler Zadig & Voltaire à New York. Emmenée par une cabine 5 étoiles, cette collection conjugue d’ailleurs le Paris Rive Gauche au New York underground. Ni une ni deux, on cache sa nuisette sous un long caban à damiers, et l’on superpose son sweat à messages sur un fuseau 100% cuir. Habitué des podiums milanais, Philipp Plein n’a pas non plus résisté à l’appel de New York pour son show Tacky Chic America, qui célébrait tous les quartiers de la ville, et mélangeait donc tous les styles, les musiques et les genres, clichés inclus. Chez Narciso Rodriguez, pas besoin de message explicite, ce dressing pur et simple a assez de force pour célébrer tout seul le pouvoir des femmes. Même Kanye West revient à l’essentiel. Six mois après le fiasco de son défilé sur Roosevelt Island, il a offert une nouvelle collection Yeezy 100% années 90, qui fait l’apologie du denim et de la toile camouflage, tout en rappelant, à grands coups de hoodies, qu’il est un enfant du hip-hop. Vitrine de la mode à l’américaine, Michael Kors excelle toujours autant dans le prêt-à-porter de suite, et par tout le monde – d’Ashley Graham à Kendall Jenner. Les tailleurs pantalons et robes à double boutonnage, ultra fifties, s’amusent ainsi de mailles casual et de néoparkas... pour virées automnales dans les Hamptons. À l’autre bout de la ville, dans un théâtre laissé à l’abandon, en plein Bronx, Alexander Wang – autre figure locale – a fait défiler ses habituelles punks. Éloge du noir, cuir, clous, longueur mini et prince-de-galles caractérisent cette collection très actuelle. Les baroudeuses de Stuart Vevers pour Coach ont des faux airs de trappeuses canadiennes. Grand froid oblige, les peaux


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Gareth Pugh

Londres SANS FILET Moins autocentrée que par le passé, Londres a recouvré sa grande force: une création poignante et engagée, en phase avec son époque. Par MATHILDE BERTHIER

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a mode n’en attendait pas moins. De ses quatre rejetons, Londres a toujours été l’enfant terrible: celui qui prend la liberté de faire ce qu’il veut comme il veut – au risque de lasser, quand il n’a pas su faire fructifier les espoirs placés en lui. Au bord de la Tamise, les jugements ne comptent pas, ils tranchent entre amour et désamour, bluffés par un coup de génie, soulevés par une rébellion, déçus par un manque ou un excès d’innovation. Il y a six mois, on reprochait à Londres son passéisme. Trop de Jane Austen, trop de Virginia Woolf. Et puis vint le printemps. À la Maker’s House, nouveau QG de Burberry, Christopher Bailey délaisse Orlando pour Henry Moore, sculpteur emblématique du Modernisme britannique. Arty par ses formes et aérienne par ses textures, la collection séduit avec ses mailles asymétriques, ses vestes samouraï et ses chaussures-chaussettes à talons monolithes. Comme à l’automne, l’ensemble s’achète dans la seconde sur Regent Street. Chez Mulberry, Johnny Coca exhume ses trésors de famille... pour mieux les dépoussiérer. Entre le suranné et le pop, l’ensemble fleure bon la campagne anglaise, mais revue et corrigeé à la sauce bohème, comme si Miss Charity se retrouvait catapultée sur

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Ports 1961

ortobello Road. Blazers en tweed, couvertures équestres et pantalons en velours côtelé se portent avec des solaires clinquantes et d’épaisses socquettes en mohair. Joueuse, la fille JW Anderson l’est aussi. Elle cache sa cotte de mailles sous un bombardier, et twiste le tout d’une paire de sneakers. Les courants et les styles se mélangent dans une effusion de matières nobles ou rustiques: soie, plumes, peau lainée, lurex... L’allure est décomplexée, moins intello, tout comme chez Joseph, où Louise Trotter prouve qu’il fallait tout déconstruire pour construire le costume parfait. Molly Goddard apporte sa pierre à l’édifice. Elle qui rêvait jadis de monter une ferme fabrique aujourd’hui des robes de Wendy punkettes, en tulle acidulé et coton smocké. Sacrée British Emerging Talent aux BFA 2016, la Londonienne orchestrait cette saison un véritable «Festin de Babette», auquel chaque mannequin (casté dans la rue) prenait part après avoir fait son tour de catwalk. Un retour aux sources pour Molly Goddard, qui s’est fait connaître en habillant ses copines pour une soirée d’anniversaire... Ashish Gupta aussi invite tout le monde à sa table. Très «peace and love», sa collection fait la part belle aux t-shirts à messages, dont un florilège de tacles contre le conservatisme ambiant – aux États-Unis et ailleurs: «More glitter less twitter», «Love sees no colour», «Unity in adversity»… 48 heures plus tôt, l’incontrôlable Gareth Pugh s’insurgeait sans mots. Est-ce dans l’Hadès ou dans un monde

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Joseph

postapocalyptique que journalistes et acheteurs pénètrent, ce samedi de février, quelque part dans Islington? Après le glas inaugural, un escadron d’amazones – des artistes et activistes amies du designer – émerge d’un délire prophétique. Toutes de noir vêtues, ces créatures semblent à la fois déchues et prêtes à s’insurger, gainées dans d’impeccables tailleurs 1950 et armées de parkas «sacs poubelles» qui ne demandent qu’à s’envoler. Le spleen va bien à Simone Rocha. À mi-chemin entre les Folk Songs de Luciano Berio et la filmographie de Ken Loach, sa nouvelle collection – parfois militaire, toujours endeuillée – frôle le sublime. Le velours coupé est légion, nuancé par des robes en mousseline ou en damas brodées de roses rouges ou noires. Un casting intergénérationnel, mené par Marie-Sophie Wilson-Carr et Audrey Marnay, complète ce tableau baudelairien. Pas moins mélancolique, Mary Katrantzou fait rêver ses ouailles avec une garde-robe inspirée des sept séquences musicales de «Fantasia», le film culte des studios Disney. De «Casse-Noisette» au «Sacre du Printemps», de Tchaïkovski à Stravinsky, la créatrice alterne fourrures bonbon, robes à imprimés mythologisants et souliers «chandeliers». Roland Mouret préfère les contes modernes. De retour à Londres pour son vingtième anniversaire, le Français célèbre «la joie de vivre locale» à travers un vestiaire tonique, hérité (mais pas que) de la Galaxy Dress. «La Française parle, la Londonienne vit.» Tout est dit?

PHOTOS DR; Marcio Madeira

Burberry


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BELLES, BELLES, BELLES

En plaid tapisserie et peau retournée, Beatrix Potter et Davy Crockett cultivent leur jardin, une joyeuse friche entre l’Angleterre et le Canada, où les feuilles mortes cachent des rébus et où les oiseaux affichent un ramage pop. Le country wear met le street wear au tapis. Et même si, dans cette utopie, les citadines persistent, ces femmes en casaquins tiennent plus du film de Truffaut que du clip de Kanye. Qui l’eût cru?... Nos meilleures tendances pour l’automne et l’hiver à venir. Par MATHILDE BERTHIER

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VELOURS ANGLAIS VS PANNE DE VELOURS 1. Altuzarra 2. Simone Rocha 3. John Galliano 4. Mary Katrantzou 5. Vanessa Seward 6. Max Mara

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PHOTOS DR; Marcio Madeira

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Militante La mode prend (enfin) position. Les designers sortent défiler dans la rue, les castings prônent la gender fluidity, et les messages politiques abondent, jetés sur des tee-shirts ou relayés en performance. New York et Londres se soulèvent, Paris fait l’autruche. 1. Prabal Gurung 2. Ashish 3. Gipsy Sport 4. Ashish 5. Moschino

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PLUMASSERIES Plus triangle d’or que montmartroise, la plume a le vent en poupe. Elle flirte avec le street et l’emphase, aux confins de la haute couture et du prêt-à-porter. 1. Miu Miu 2. Au Jour le Jour 3. J.W. Anderson 4. Balenciaga

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PHOTOS DR; Marcio Madeira

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COUETTE VS ÉCHARPE DE SUPPORTER 1. Y/Project 2. A.P.C. 3. Céline 4. Mulberry

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GALERISTe La mode rejoue la «Querelle des Anciens et des Modernes». Les uns brossent des toiles de maître, les autres versent dans le rébus à la Dali.

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PHOTOS DR; Marcio Madeira

1. Peter Pilotto 2. Nina Ricci 4. Valentino 5. Proenza Schouler


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GRACE JONES Énième retour en grâce des années 1980. Dans la lignée de Grace Jones, des oiseaux de nuit tout cuir assument leur penchant pour le bling. 1. Isabel Marant 2. Gucci 3. Mugler 4. Anthony Vaccarello pour Saint Laurent

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ASCENSEUR POUR L’ÉCHAFAUD 1. Bottega Veneta 2. Gucci 3. Jacquemus 4. Gareth Pugh
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Plongée dans les années 1950, sur les traces de Louis Malle et des pionniers du film noir. Des avatars de Jeanne Moreau en vestes à casaquins et jupes crayon déambulent sur un air de Miles Davis.


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PASSER AU VERT 1. Sies Marjan 2. Stella McCartney 3. Paul & Joe 4. Mulberry 5. MSGM

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STYLE

PARLONS CREATURES 2

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Tout ce qui brille n’est sans doute pas d’or. Mais n’en est peut-être que plus émouvant. Par Fr ance OSSOL A

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les règles de cet art tellement moderne au contouring de son jeune visage. Que sa manucure professionnelle ne nuise en rien à la dextérité avec laquelle elle manipulait, en virtuose, son portable ne laissa pas de m’impressionner. Un tableau absolument charmant. Et fascinant. Car elle était réellement jolie, cette material girl. On se doutera que son sac Gucci (imprimé abeilles et boucle-bijou) était vraiment un vrai (j’ai l’œil, croyez-moi). Je le disais donc: ma première réaction fut un petit sourire narquois. Que je gardais pour moi. Mais pourquoi, en vérité, tant de sévérité de ma part? Qu’avais-je donc à reprocher à cette jeune personne, fort discrète, par ailleurs, dans son comportement? A en juger selon les règles de la mode, elle n’avait rien fait de mal. Bien au contraire. Tout – absolument tout – dans ses choix et dans leur exécution, était en parfaite

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out récemment, j’ai pu prendre le train en compagnie d’une ravissante et svelte jeune fille. Pour être plus exacte, disons que je ne fus pas la seule à la remarquer lorsqu’elle s’installa dans notre wagon. Et autant l’avouer tout de suite, c’est un petit sourire narquois qui me vint instantanément aux lèvres: tant de compétence et de conséquence en matière de mode, cela ne pouvait que… sauter aux yeux! Combiné avec son petit bomber court en satin lie-de-vin, son étroit jeans taille-haute, orné d’abondantes broderies florales soulignait de très avantageuse et directe façon ses courbes féminines. La jeune personne ne semblait candidement pas s’en préoccuper ni s’en inquiéter le moins du monde. Spectaculaire également sa très longue chevelure, lissage et brushing impeccables. Tout aussi remarquables que le soin qu’elle avait mis à redessiner sa bouche, naturellement sensuelle, en rouge carmin, mat, et à procéder dans les toutes


adéquation avec les préceptes véhiculés et abondamment illustrés dans les publications de mode les plus pointues, sur les comptes Instagram de nos it-girls du moment ou les vidéos des actuelles grandes papesses de la cosmétique. Ces prescriptions et ces petits secrets d’initiés, elle les avait suivis à la lettre. Avec une confiance et une conséquence impliquant, de la part de la demoiselle, une forme de douce modestie. Pour quel résultat? De ma part – et je me poserais ici, une fois n’est pas coutume, en «intellectuelle» – une certaine forme de condescendance face à tant de soumission, et d’abnégation, en matière de mode et de style. Ceci étant dit, je suis de ces «intellectuelles» qui, immanquablement, s’endorment chaque soir avec le lancinant souci et la question, toujours sans réponse, de la tenue du lendemain… Quoi qu’il en soit, je sais qu’on est bien avisé de ne pas jouer le jeu de la mode de trop flagrante façon et de ne point prendre trop au pied de la lettre les conseils des experts en ces complexes matières. L’expérience me l’a prouvé: pour peu que l’on aspire à être vaguement prise au sérieux, il est définitivement plus sage, en termes de style, de faire preuve de (re)tenue. Je n’ai pas oublié en effet le dur enseignement de mes jeunes années, à l’université: malheur à celles qui osaient, féminines, afficher le soin qu’elles mettaient à leur mise! Qu’il puisse y avoir un cerveau derrière tout ceci, cela ne laissait jamais de surprendre au plus haut point messieurs – ou mesdames – les professeurs.

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Il n’est pas question de contester ici la débauche de temps et d’énergie qu’impliquent l’ambition de soigner sa personne et une réelle sensibilité aux questions de mode. Et je ne parle même pas du coût exorbitant que de telles préoccupations génèrent. Par conséquent, je ne ferai pas grief à la prix Nobel de physiologie et de médecine, Christiane Nüsslein-Volhard, de ses alarmes et de ses solennelles adresses aux jeunes chercheuses qu’elle exhorte à ne pas passer tant de temps «devant leur miroir». Car ce sont, en effet, près de deux années de sa vie qu’une femme dédie aux soins corporels. Les plus basiques. Autant dire deux années qui ne peuvent de facto être dédiées aux études ni à la recherche. Ayant, pour ma part, décidé, il y a belle lurette, de me gagner dans la vie une «respectable» petite place au soleil, il m’a fallu, à mon corps défendant, me conformer aux attentes des gens «sérieux», revêtir leur habitus et ainsi leur fréquent mépris à l’égard du vain paraître. Hypocrite mépris, mâtiné d’envie et de jalousie? Nous ne trancherons pas ici. Tout ceci, donc, pour excuser peut-être ou du moins pour expliquer ce réflexe de condescendance vaguement navrée que suscita chez moi la vue de cette très jeune femme toute appliquée à faire d’elle une icône. De mode. Sagement assise en face de moi dans ce train, mon sévère et désapprobateur hochement de tête ne pouvait que lui échapper. D’autant qu’il était intérieur.

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Tandis que nous roulions, je regardais donc cette jeune fille, intègre dans l’artifice, conséquente dans ses choix, et la trouvais tout simplement extrêmement émouvante. Emouvante aussi cette audacieuse quinquagénaire, aperçue quelques jours auparavant dans une boutique zurichoise. Elle avait, de toute évidence, oublié qu’à partir d’un certain âge il n’est peut-être pas judicieux d’exhiber une longue chevelure qui lui arrivait jusqu’aux reins. Naturelle et sensuelle. Trop, sans doute. Ou cette émouvante dame d’un âge certain, croisée dans un salon de thé et dont le maquillage trop appuyé soulignait ce qu’il espérait cacher. Le fragile Aschenbach de «Mort à Venise» n’était pas loin. Pourtant, elles sont émouvantes, ces créatures, trop vite moquées souvent. Les croyant victimes d’un culte déplacé et excessif de la jeunesse ou de la mode, on a tôt fait de les taxer d’un manque d’objectivité, de lucidité et de goût. Et cependant. Ce travail sur soi, à grand renfort d’atours, d’ornements et de cosmétiques, ces efforts visiblement déployés pour tirer de sa propre personne quelque chose de meilleur et de plus agréable à offrir au regard d’autrui, ne sont-ils pas exactement ce dont nous avons grand besoin aujourd’hui? Ces efforts pour plaire, ces tentatives de

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STYLE dissimulation d’une certaine laideur intime, pour maladroits et excessifs qu’ils puissent être, ne sont-ils pas précisément l’expression d’une sensibilité et d’une fragilité qui nous manque peut-être trop souvent de nos jours? Car de quoi sont-elles l’expression, ces maladresses et ces outrances, si ce n’est d’une certaine pudeur et d’un certain manque de confiance en soi, avec ce que celui-ci peut avoir de sensible et de doux? Il y aurait mieux à faire, sans doute, que de les tolérer magnanimement ou que de détourner le regard. Pourquoi ne pas s’en réjouir et même, avec ce qu’il conviendrait de nommer charité, les accueillir, dans une solidaire et bienveillante reconnaissance? Car ces dérangeantes apparitions sont éminemment culturelles, l’expression du doute existentiel d’êtres qui se voudraient meilleurs. Pour autrui et face à lui. La peur de déplaire est-elle vraiment aussi mauvaise qu’on le dit? – De tous les voyageurs, je pouvais être sûre que ma voisine était, d’elle-même, le juge le plus impitoyable. D’une émission de philosophie, j’ai retenu que la beauté est émouvante parce que fragile et fugace – fragilité et fugacité dont nous avons, même inconsciemment, conscience. Dans leur rapport que certains jugeront excessif à la mode et dans leur souci du paraître, ces femmes signent leur conscience du caractère exceptionnel de la beauté. Car la beauté féminine est exception à la règle: c’est du moins ce que nous rappelle impitoyablement Claudine Sagaert dans sa courageuse et précieuse «Histoire de la laideur féminine». Chez la femme, la beauté est une lutte et une conquête. Et donc un luxe. Elle n’en est que plus admirable et fascinante. A celles qui osent livrer ce dur combat, avec leurs propres moyens et leurs propres réponses, devait aller toute notre reconnaissance. Plutôt que de décrier l’artifice, nous devrions le reconnaître comme l’acte de libération qu’il est. Car ce qu’il permet, c’est le dépassement de certaines cruelles limites physiques. Limites auxquelles, dans le même geste, nous nous confrontons aussi, lucidement, humblement. Il en faut, du courage, pour regarder la vérité en face – et affronter le miroir. Aussi est-il libératoire d’oser également la défier, cette parfois triste vérité, par la mode et le recours à maints artifices. Ce n’est, certes, pas un exercice facile, et tous ne s’y prêtent pas volontiers.

1. Couverture «L’Officiel» n° 174 de 1936. 2. Couverture «L’Officiel» n° 191 de 1937. 3. Couverture «L’Officiel» n° 36 de 1924. 4. Couverture «L’Officiel» n° 37 de 1924. 5. Couverture «L’Officiel» n° 50 de 1925. 6. Couverture «L’Officiel» n° 301-302 de 1947.

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Quittant ma place, au moment de descendre du train, j’adressais à ma compagne de voyage le sourire le plus chaleureux et le plus complice que je sache. Elle me sourit en retour. J’aime à croire que nous nous étions comprises. Et de retour chez moi, c’est un rouge, un vrai rouge, dont je m’empressais de maquiller ma bouche. Avec le plus grand soin. Dans toutes les règles de l’art. Avant que mon mari ne rentre à la maison.

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Car comment expliquer, sinon, les réactions passionnées, de rejet ou d’admiration, que suscitent certaines créatures hyperféminines? On songera, par exemple, à l’accueil stupéfait, incrédule aussi, qui fut réservé à cette moderne incarnation de la mythique sirène, la si féminine Arielle Dombasle, lorsqu’elle osa faire son tour de chant, presque en tenue d’Eve, au «Crazy Horse» à Paris, à 49 ou peut-être 54 printemps? Elle en intimida beaucoup. Pour d’autres, et parmi ceux-ci, nombre d’homosexuels, elle est une source d’inspiration. On comprend mieux également la nostalgie et la fascination que suscita la si juste série «Mad Men», Quand les hommes étaient des hommes et que les femmes portaient des jupes…, quelles héroïnes en effet que ces femmes si féminines! Dita von Teese, de son propre aveu, tire une fierté particulière de ce que les femmes soient ses plus ferventes admiratrices. Alors qu’elle-même juge sévèrement ses attraits, son art, ses artifices, sa mise en scène si scrupuleuse de sa propre féminité ouvre en effet à d’autres d’inspirantes perspectives et l’ambition d’une reconquête, audacieuse et délibérée, de leur propre sex-appeal. En dépit de sa vulnérabilité et de son apparente soumission à certaines règles du désir, la pin-up défie la finitude. Qui l’eût cru? – Quoi qu’il en soit: elle est émouvante, la créature, avec sa beauté d’artifices et sa rebelle vulnérabilité.


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LA REINE DES ABEILLES

«Cure Majestueuse», CHF 320 «Masque Majestueux», CHF 450 «Sérum Majestueux Vos Yeux», CHF 430 Toutes les produits, Valmont.

On le sait, la préservation des populations d’abeilles a une influence majeure sur l’équilibre de notre environnement. En revanche, le fait qu’elles puissent révolutionner l’industrie de la beauté a été jusqu’ici un secret bien gardé, dont seules les meilleures marques de cosmétiques ont pu tirer parti. C’est le cas de l’entreprise suisse Valmont, qui a intégré les vertus de ces petites auxiliaires travailleuses dans sa nouvelle gamme de produits «L’Elixir des Glaciers Essence of Bees».

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l est ici question des trois composants sacrés: le miel, la propolis et la gelée royale. Ces trois éléments sont à la base de la gamme de produits proposée par Valmont.

Le miel était déjà connu dans la Grèce antique pour ses propriétés curatives, sa structure visqueuse étant utilisée en médecine pour soigner les peaux sèches et irritées. La propolis a été qualifiée par Aristote de «remède miracle contre les problèmes cutanés». Quant à la gelée royale, comme son nom l’indique, elle était l’«ambroisie des dieux de la Grèce antique».

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Avec le produit de la vente, Valmont a prévu de financer 20 ruches de l’organisation Miel Genevois. Les fonds serviront au maintien et à la réintroduction de colonies d’abeilles dans l’écosystème suisse.

Après avoir décelé le potentiel combiné de ces troi substances, Valmont les a associées dans une formule certifiée écologique avec l’aide de divers spécialistes et ingénieurs. Les trois produits «Cure Majestueuse», «Masque Majestueux» et «Sérum Majestueux Vos Yeux» sont nés de l’extraction complexe et spécialisée de leurs propriétés. En seulement trois mois, cette gamme de produits royale promet de renforcer votre peau tout en rétablissant son équilibre. www.evalmont.com

Tout le mérite en revient à Didier Guillon. Le président et directeur artistique de Valmont a conçu une édition limitée à 120 pièces en or 18 carats. L’emballage du produit, semblable à un nid d’abeilles, a été inspiré des chefs-d’œuvre de Gaudi. Il est le fruit de 17 étapes d’un travail minutieux.

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News BEAUTÉ

Forever Girlie

Les fashionistas adorent le style coquet d’Olympia Le-Tan. La créatrice parisienne a développé depuis peu la collection capsule Olympia’s Wonderland, qui porte sa marque de fabrique, pour le look automne de Lancôme. La très jolie palette de maquillage empruntant le style de sa minaudière culte déguisée en livre en est le produit phare. Les blush, les fards à paupières et autres sticks font rayonner un glamour années 50 pimenté d’un twist parisien très féminin. Une vraie pièce de collection.

Palette de maquillage «Olympia’s Wonderland», Lancôme, CHF 110. w ww.lancome.ch

Trésors passés pour millenials

Gamme de produits «Waso», Shiseido, à partir de CHF 40. w ww.shiseido.com

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Inspiré par la tradition japonaise Washoku, Shiseido a mis au point Waso. «Wa» fait référence à l’harmonie, «So» à l’inspiration. La gamme de produits pour peaux jeunes contient de la carotte, du miel, du tofu, de la nèfle et des champignons. La crème «Clear Mega-hydrating», le «Color-smart Day Moisturizer SPF 30», le «Quick Matte» sans huile, le «Color-smart Day Moisturizer SPF 30» sans huile, le« Softy+Cushy Polisher», le «Quick Gentle Cleanser» et la «Fresh Jelly Lotion» couvrent tous les besoins des peaux jeunes.


News BeautÉ

L’ubiquité de la beauté.

Après une trop longue exposition au soleil, la peau a davantage besoin d’hydratation. Du coup, les peaux mixtes ont tendance à adopter un aspect brillant indésirable. Pour sa nouvelle «Moisturizing Matte Lotion», La Mer a développé une nouvelle formule qui d’un côté hydrate la peau en profondeur, et de l’autre matifie le teint à l’extérieur grâce à sa composition riche en argile, en minéraux marins et en poudre d’algues de mer. Soin hydratant «The Moisturizing Matte Lotion», La Mer, 50 ml, CHF 290. w ww.cremedelamer.com

Libre comme l’adolescence

Reine de la nuit

La maison française Hermès n’est pas uniquement connue pour ses sacs et articles en cuir. Depuis 1937, les foulards en soie imprimés à la main jouissent d’une popularité particulière. La parfumeuse Christine Nagel s’en est inspirée pour le nouveau parfum «Twilly». Le mélange audacieux de gingembre, de tubéreuse et de bois de santal respire la liberté de l’adolescence, pour séduire, au final, les femmes sans distinction d’âge. Eau de Parfum «Twilly d’Hermès», Hermès, 50 ml, CHF 120. w ww.hermes.com

Avec le nouveau parfum «Goldea The Roman Night», Bulgari investit un nouveau territoire olfactif. Le parfumeur Alberto Morillas a d’abord créé un parfum floral de chypre. Le mélange audacieux de mûre, de pivoine noire, de jasmin, de tubéreuse, de musc noir, de patchouli et de vétiver respire la spontanéité et la passion. Pour l’incarner, qui de plus glamour que le mannequin Bella Hadid? Eau de parfum «Goldea The Roman Night», Bulgari, 50 ml, CHF 120. www.bulgari.com

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News beauté

La vie en roses La collection de parfums Infusion de Prada est le résultat d’une collaboration unique entre Miuccia Prada et la parfumeuse Daniela Andrier. Chacune des sept eaux de parfum possède sa propre personnalité. Aux côtés de «Fleur d’Oranger», «Iris Cèdre», «Amande», «Œillet», «Vétiver» et «Mimosa» s’ajoute désormais un nouveau parfum: «Rose». Une nouvelle facette féminine constituée de galbanum, d’orange mandarine, de néroli et de roses turque et bulgare. Eau de parfum «Les Infusion Rose», Prada, 100 ml, CHF 135. www.prada.com

It’s Fashion, Baby Après les vacances d’été, en plus de regrouper nos nouveaux looks pour l’automne, on vide nos armoires pour les remplir avec les couleurs tendance actuelles. L’incontournable de cette saison est certainement la collection limitée de bâtons de rouge du directeur de la création de Balmain Olivier Rousteing. Celui-ci a mis au point 12 nuances très fashion pour le rouge à lèvre culte «Color Riche» de L’Oréal Paris. Rouge à lèvres «Color Riche», L’Oréal Paris x Balmain, CHF 20. w ww.lorealparis.ch

Le préféré des blondes

Shampooing spécial «Colour Correct antiteinte jaune», John Frieda, 125 ml, CHF 15 . www.johnfrieda.com

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Certes nous revenons reposés et bronzés des vacances à la plage. Malheureusement, effet secondaire décevant, le soleil, le chlore et le sel renforcent les tons jaunes des cheveux blonds, générant une couleur peu esthétique. Le nouveau shampooing «Colour Correct antiteinte jaune» de John Frieda aide à lutter contre ce désagrément. Grâce à sa formule polyvalente 6 en 1, les cheveux retrouvent l’éclat de leur couleur d’origine. Appliquer jusqu’à 3 fois par semaine et laisser agir une minute.


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«LUMINOUS SHEER FOUNDATION PAR SENSAI» Une peau rayonnante grâce à la noblesse de la soie. Par Manou Steiger

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Philosophie Fidèle à la philosophie de vie japonaise, SENSAI convainc ses adeptes et ses aficionados depuis 1989 grâce à la qualité et aux effets exceptionnels de ses produits – ici, nul besoin d’emballages accrocheurs ni de marketing agressif. La marque de fabrique de la maison? Les bienfaits de la soie sur la peau. Lors d’un entretien avec une spécialiste SENSAI, la cliente commence par se voir suggérer la marche à suivre exacte pour nettoyer et prendre soin de sa peau en s’inspirant du rituel «Saho». Ce cérémonial se compose de trois étapes à réaliser quotidiennement dans un ordre précis. Illumination Derrière la devise «Skin dressed in light», SENSAI a développé la nouvelle ligne de maquillage «Sensai Foundations» qui se distingue des produits existant sur le marché grâce à ses propriétés réfléchissant la lumière. Nouveauté mondiale: l’utilisation de deux types de soie qui assurent une finition différente. La «Silky Lustrous Powder» fait briller la peau immédiatement tout en l’hydratant, elle s’adapte à tout type de peau grâce à sa structure légère. On la trouve dans les

produits «Luminous Sheer Foundation» et «Supreme Illuminator». Quant à la seconde, la «Silky Frost Powder», elle offre une finition mate grâce à sa consistance plus épaisse, elle efface les irrégularités de teint tout en rendant à la peau son éclat homogène. La soie «Koishimaru» Ce sont les mains douces et juvéniles des tisseuses de soie qui ont poussé, autrefois, les scientifiques de SENSAI à explorer les effets de cette matière noble. Les chercheurs ont rapidement découvert les effets de la soie «Koishimaru». En raison de son éclat et de sa délicatesse, celle-ci était jadis réservée aux empereurs. Aujourd’hui, grâce à ses propriétés hydratantes et à ses effets stimulants favorisant la production d’acide hyaluronique, elle est le composant idéal des produits de beauté de la maison SENSAI. 1. «Luminous Sheer Foundation», disponible en huit couleurs, CHF 59. 2. «Supreme Illuminator», CHF 55. 3. «Flawless Satin Foundation», CHF 59. Le tout par Sensai. w ww.sensai-cosmetics.com

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BeautÉ

SOUS LE DE LA

Qu’il s’agisse de l’odeur du café fraîchement moulu, de la perception d’un parfum qui nous rassure ou des effluves anciennes qui émanent de la cave, les parfums ont tous le pouvoir singulier de réveiller des sentiments enfouis ou des souvenirs du passé. C’est le cas des deux nouvelles créations de Jo Malone, English Oak & Redcurrant et English Oak & Hazelnut, qui évoquent de manière irrésistible un jour de pluie en forêt.

Céline Roux et Yann Vasnier puisent leur inspiration dans différentes situations. Ici, lors d’une promenade dans la forêt de Epping en Angleterre.

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Par MANOU STEIGER


CHARME FORÊT

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Plusieurs étapes sont nécessaires à l’extraction d’un parfum.

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l fait chaud et il fait soleil, conjonction rare en Angleterre, et une ribambelle de journalistes est accueillie au siège de Jo Malone. Cette dans cette propriété, située au beau milieu du quartier huppé de Marylebone et ayant appartenu à une famille anglaise privilégiée, que la marque, celle-là même qui se définit comme «quintessentially british» prend aujourd’hui ses quartiers. L’endroit idéal, pensai-j'en observant la maison de plusieurs étages en sortant de mon taxi londonien. Après avoir passé l’énorme porte noire et poussé sa poignée si élégante, j’ai à peine le temps de faire deux pas que je me retrouve littéralement dans une forêt. La maison a été transformée en bois enchanté spécialement pour le lancement du parfum. De véritables feuilles mortes bruissent sous mes pieds, j’entends le gazouillis des oiseaux, et pénètre dans l’imposante salle de réception. Un beau jeune homme m’offre un smoothie vert fraîchement pressé, et m’indique le premier étage. «Qu’est-ce que cet accueil peut encore me réserver?», me dis-je à voix basse.

La réponse me vient en entrant dans la pièce où les journalistes avaient été conviés autour d’un petit déjeuner. La lumière tamisée illumine les arbres installés pour l’occasion, alors qu’une table dressée avec le plus grand soin sépare l’espace. La cerise sur le gâteau? L’agréable odeur de passé qui emplit l’air et emmène tous les convives dans le monde de l’English Oak Hazelnut & Redcurrant de Jo Malone, la première création en double exemplaire de la maison. Et voilà que, pour couper court à notre ébahissement, on nous sert un «proper english breakfast» – comment pouvait-il en être autrement? Puis vient la rencontre avec les deux personnes responsables de l’élaboration des deux nouveaux parfums de Jo Malone. La spécialiste Céline Roux accompagne l’entreprise déjà depuis 2009, elle est la co-responsable essentielle aux créations typiquement anglaises de la maison. Quant au très charismatique Français Yann Vasnier, il s’est fait un nom avec des best-sellers comme Lola de Marc Jacobs ou encore Divine pour Tom Ford. C’est sa deuxième collaboration avec Jo Malone en tant que chef parfumeur.

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«Je suis certain que nous percevons les odeurs différemment. Nous, nous avons été formés dans le monde des arômes et des odeurs, et je sais que nous avons souvent tendance à les analyser.»

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Un festival des sens: la maison de ville Jo Malone a été transformée en forêt spécialement pour la présentation de ses deux nouveaux parfums.

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L’OFFICIEL Suisse: Quel est le premier souvenir que vous pouvez associer à une odeur précise? Céline Roux: Je viens du Sud de la France, et là-bas il y a un parfum appelé «Navette». Il est doux et me fait penser à la fleur d’oranger. A chaque fois que je sens son arôme, cela me ramène en enfance. L’odeur des pins est une autre senteur qui évoque une foule de souvenirs chez moi. Yann Vasnier: Pour moi, ce sont les odeurs des plats cuisinés maison. Ma mère était bonne cuisinière, et comme nous habitions en Bretagne, nous mangions du crabe frais, du beurre et de la crème. A part cela, ce sont surtout l’odeur des roses du jardin ainsi que le parfum de la prairie et des herbes de la région dans laquelle nous vivions, qui me sont restés en mémoire. Avez-vous déjà intégré ces senteurs si particulières dans une de vos créations odorantes? YV: Oui, bien sûr! CR: Désormais, nous utilisons souvent la fleur d’oranger. Je crois aussi que le choix des senteurs se fait plutôt de manière involontaire. Lorsque l’on sent les premiers arômes servant à la création d’un nouveau parfum, on est plus sensibles aux odeurs que l’on connaît déjà. Et évidemment, notre travail est très subjectif: il n’y a pas de vrai ni de faux. On suit son instinct en sélectionnant ce que l'on aime. Quel est le parfum, homme ou femme, qui a le plus de sex-appeal? Y V: Je dirais que l’odeur d’une

personne peut avoir un effet très attrayant, comme une transpiration fraîche. Bien sûr, je ne parle pas de cette forme de transpiration que l’on sent lorsque quelqu’un est resté trop longtemps sous la chaleur (rires), mais l’odeur naturelle propre à chacun peut être très séduisante. CR: J’aime les notes ambrées. Une touche de musc peut être très agréable également. Y a-t-il des parfums avec lesquels vous aimeriez travailler, mais qui sont difficiles? Et si oui, pourquoi? YV: Il est très difficile pour un parfumeur de recréer la couleur bleue. Bien sûr, il est possible d’utiliser des myrtilles, mais en général, le concept de la couleur bleue est très abstrait, et difficile à retranscrire dans un parfum. CR: Pour moi, c’est l’odeur de mes enfants le matin: c’est bien sûr impossible de la recréer dans un parfum. C’est exactement la magie du monde de la parfumerie: tout n’est pas réalisable. Yann Vasnier, qu’est-ce qui différencie votre travail avec Jo Malone de celui effectué pour d’autres maisons? YV: Il est unique et très particulier. Il n’y a pas de marque avec laquelle je préférerais travailler, et j’ai collaboré avec bon nombre d’entre elles et leurs équipes. Céline est singulière, elle possède une vision unique. Il n’est aucune autre équipe de parfumeurs qui soient si proches les uns des autres. Nous échangeons constamment nos idées.

CR: Je peux m’estimer vraiment heureuse de ne pas être obligée de suivre une mode. Si j’ai une idée, je la concrétise, c’est justement ce qui rend un parfum plus authentique. Et vous, Céline Roux, vous avez déjà affirmé que vous n’étiez pas un nez, mais que vous saviez orienter vos parfumeurs dans une direction. En quoi votre précédent métier dans l’industrie de la beauté vous a-t-il aidée pour celui que vous exercez aujourd’hui? CR: L’aspect visuel propre à l’industrie de la beauté m’a beaucoup influencée. Dans le monde de la parfumerie, nous devons adopter une identité visuelle de la même façon. Comment définiriez-vous votre sensibilité olfactive par rapport à celles des autres? YV: Je suis certain que nous percevons les odeurs différemment. Nous, nous avons été formés dans le monde des arômes et des odeurs, et je sais que nous avons souvent tendance à les analyser. En revanche, un client va vers ce qu’il aime, lui. Il est généralement admis que la mémoire olfactive est très puissante. Lorsque l’on perçoit une odeur, on est alors transporté en arrière, dans le passé.

Disponible pour la première fois dans une édition en double exemplaire. «English Oak & Redcurrant» et «English Oak & Hazelnut», CHF 130 les 100ml, bougie «English Oak & Redcurrant», CHF 80. Le tout Jo Malone London. www.jomalone.com

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Ronja Furrer porte une robe par Michael Kors Collection. Photographie par Andreas Ortner. Voire toute l'histoire Ă partir de la page suivante.


DANS LES BRAS DE RONJA

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C’est un panier tressé, découvert sur un marché en Corse, qui a servi d’inspiration à Michael Kors pour créer son tout dernier sac. Fini à la main à Florence, le petit bijou accompagne L’OFFICIEL Suisse et Ronja Furrer dans leur périple sur les rives de la Limmat à Zurich.

Photographie ANDREAS ORTNER Stylisme PHILIPP JUNKER Réalisation lena Stäheli


Trench à coupe large en soie, coton et taffetas. Blouse en taffetas et pantacourt vert olive. Ceinture marron, gants en cuir couleur chocolat, boucles d’oreilles extralarges et escarpins. Sac «Bancroft» en cuir de veau et peau de serpent. Le tout Michael Kors Collection.


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Robe en cuir à col haut avec fermeture éclair dans le dos et ceinture en cuir large. Le tout Michael Kors Collection.

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Veste noire et blanche en coton. Pull noir en laine mérinos, chemise popeline blanche. Jupe tulipe noire en tweed. Sac «Bancroft» en cuir de veau et peau de serpent. Le tout Michael Kors Collection.

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Mannequin: Ronja Furrer @ Aberli Management Maquillage et coiffure: Rachel Bredy @ Style Council Assistant photo: Florian Harrer Production:  Alexandra Aberli en partenariat avec Michael Kors.

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STYLE Mode Wollmantel, Blouse d’aspect Tommy métallique Hilfiger. argenté Top, et pantalon Marni. à Band aus coupe Leder large als assorti. Gürtel getragen, Sandales en Chanel. cuir noires, Michael Kors Collection. Page de gauche: Blouse effet métallique et jupe assortie. Michael Kors Collection.


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«Ma Zurich préférée» Tôt le matin, Ronja Furrer atterrit à Zurich. Hier, le top-modèle soleurois a délivré une importante performance à Munich. Aujourd’hui, elle passera la journée au studio ou fera du vélo avec notre équipe de tournage. C’est que, pour notre sujet qui fait la Une de ce numéro de septembre, L’OFFICIEL SUISSE et Michael Kors ont entrepris une collaboration avec la jeune femme. Nous entamons cette journée palpitante de bonne humeur, et c’est lors d’une pause maquillage que Ronja me donne quelques conseils sur Zurich. Par LENA STÄHELI

L’OFFICIEL Suisse: Peux-tu me donner ta vision de la ville de Zurich, en deux mots? Ronja Furrer: Question difficile… Il est clair que Zurich est l’une des villes les plus ouvertes de Suisse. Les gens y sont beaucoup plus ouverts qu’à la campagne, bien sûr cela reste vrai d’une manière générale, je le dis même si je viens aussi de la campagne (rires). Pour résumer, je dirais que Zurich est internationale. Mais j’ajouterais aussi que Zurich est quand même restée un village. Est-ce que ces aller-retours entre New York et Zurich ne sont pas trop fatigants? Non, je m’y suis parfaitement habituée. Quand je fais plusieurs jobs, je ressens beaucoup le décalage horaire. Mais pour moi, voyager de New York à Zurich est presque la même chose que de prendre le train jusqu’à Soleure. Tout est une question d’habitude. Un(e) jeune Suisse(sse) aimerait déménager à New York. Quels conseils lui donnerais-tu? Surtout de ne pas nourrir de faux espoirs. Nombreux sont ceux qui croient que New York est une ville facile, pensant que leur rêve va se réaliser tout seul, sans faire beaucoup de choses. C'est une ville incroyable, mais il faut être prêt à se battre. Y a-t-il une communauté suisse à New York? Oui, absolument. Il y a cinq ans, j'étais souvent en vadrouille avec les gens de cette communauté. Mon meilleur ami est suisse, il vivait à New York, mais il a déménagé de nouveau à Zurich. Je me suis quelque peu éloignée de cet univers et je vis plus tranquillement à présent. Mais j'ai quand même de très bons amis qui vivent à New York. Quels sont tes objectifs professionnels? Pour le moment, je suis très satisfaite, j’espère que cela va durer et que les commandes de travail en provenance de New York vont continuer. Un nouveau projet m’attend pour la fin de l’été, mais malheureusement je ne peux pas encore en parler.

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City guide

Quels sont les endroits que tu préfères à Zurich? Nous vivons en dehors de la ville et sommes entourés par les forêts et les prairies. J’aime profiter de l’air frais et de la nature lorsque je suis en Suisse. Une randonnée sur l’Uetliberg, qui nous plonge dans l’atmosphère de Zurich. La nature et la ville regroupées en un seul endroit! La possibilité de s’allonger dans un pré en plein cœur de la ville et d’aller nager, profiter profiter d’une parenthèse de relaxation à l’état pur. Mais je préfère encore m’allonger sur l’herbe plus loin, aux limites de la ville. On y trouve de nombreuses prairies avec accès au lac.

Quels sont tes restaurants préférés à Zurich? Le Palestine Grill sur la Langstrasse. Ce n’est pas un restaurant au sens habituel du terme, c’est bien plus que ça, un snack avec des spécialités arabes comme le houmous ou le falafel. Palestine Grill, Langstrasse 92, w w w.palestinegrill.com

Le Talacker Bar, lui, se situe au centre de la ville, il est parfait pour prendre un repas léger et sain. Les soupes et les salades sont délicieuses et le soir, on peut également siroter une boisson sur la terrasse.

Talacker Bar Talacker 41, w w w.talackerbar.ch

Un grand classique: la Kronenhalle, on y mange une émincé de veau à la zurichoise formidable. La Kronenhalle est aussi une merveille pour les yeux puisque le restaurant, connu dans le monde entier, affiche des œuvres d’art uniques. Kronenhalle Rämistrasse 4, w w w.kronenhalle.ch


Veste de couleur crème en shearling, robe en cachemire et mohair à manches longues. Sac «Bancroft» en cuir de veau et peau de serpent, le tout Michael Kors Collection. Le nouveau sac «Bancroft» est disponible sur www.michaelkors.com et dans les boutiques Michael Kors de Genève, Zurich et Bâle.

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, ris a p ! ris a P Photographie LUCIAN HUNZIKER Stylisme TARA ZIEGFELD

Attablée au célèbre Café de Flore ou rêveuse le long de la Seine, elle mixe masculin et extrême féminité, nonchalance et obsession du détail, silhouette pointue 2017 et à-quoi-bonisme. 96


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Manteau en laine, Tommy Hilfiger. Top, Marni. Bandeau en cuir porté en ceinture, Chanel.

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Mode

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Mode

Chemise masculine en coton kaki, Céline. Pantalon en velours de coton, Dior. Bottines «Autumn» en velours beige, Jimmy Choo. Page de gauche: Robe longue en mousseline imprimée «Dior Explore in the World» et Manteau en feutre de laine noire, les deux Dior. Escarpin «Balmoral» en cuir de veau marron, Céline.

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Mode

Veste ceinturée avec poches, pantalon ceinturé à entrejambe basse, bottines en cuir, tout Louis Vuitton.

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Mode

Mannequin: Marie-Violaine Chenal @ NEXT PARIS  Maquillage: Meyloo @ B AGENCY  Coiffeur: Sadek L. @ NEXT PARIS  Assistance lumière: Alon Guez  Opérateur digital: Arthur Wollenweber Assistance vidéo: Eloi Fromangé-Gonin Remerciements: L’Hôtel le Saint et le Café de Flore, Paris.

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Mode

Robe bimatière en coton blanc et laine noire, Céline. Veste en laine grise, Alexandre Vauthier. Bottines «Harley» en cuir brillant texturé, Jimmy Choo. Page de gauche: Manteau en laine, Tommy X Gigi.

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ARRIÈRE SAISON

Photographie JULIETTE CASSIDY Stylisme VANESSA BELLUGEON

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Mode Manteau pied-de-poule avec franges en cuir et fourrure de renard, jupe en satin et plumes, bottes en patchwork de python et cuir, Prada. Chapeau en toile de coton, Surplus Doursoux.

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Mode Blouson en nylon et col en vison, robe en crêpe de Chine, boucles d’oreilles en strass, sandales en satin et strass, Le tout Miu Miu.

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Mode Veste à double boutonnage en toile et mouton retourné, robe en coton, ceinture taille haute en cuir, cuissardes en poulain, Le tout Isabel Marant.

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Doudoune en nylon, Moncler. Maillot de bain en Lycra, Cia Maritima. Jupe en satin, Prada. Choker en métal et cristaux, Chanel. Chaussures en matière technique, Dior.

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Mode Veste en gabardine de coton, Surplus Doursoux. Pantalon en velours côtelé, Paul & Joe. Boucles d’oreilles en métal et strass fantaisie, Isabel Marant.

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Mode Top à manches longues en velours, jupe trapèze à volants en cuir verni métallisé, Saint Laurent par Anthony Vaccarello.

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Mode Manteau en poil de chameau et soie, Max Mara. Combinaison en velours côtelé, Sessùn. Escarpins en cuir, Jimmy Choo.

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Mode Chemise en laine avec broderies, pantalon court en soie imprimée, bandeau en laine et Lurex, sac ceinture «GG Marmont» en cuir matelassé et métal, leggings en Lurex, Gucci. Sandales à nœud en satin, cuir de veau et cristaux, Loewe.

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Mode Caban en tweed et mohair, combinaison en denim, collier en métal et strass, mitaines en cuir d’agneau, sac à chaînes de métal, bottes pailletées en cuir de veau, le tout Chanel.

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Mode Veste et jupe en vinyle et fausse fourrure, Marni. Boucles d’oreilles en rhodium, Jennifer Fischer. Collants en nylon, Calzedonia. Escarpins en cuir, Pierre Hardy.

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Mode Veste en fourrure et maille, Etro. Body en laine, Belize. Cuissardes en veau velours, Vanessa Seward.

Mannequin: Cate Underwood @ IMG  Coiffure et maquillage: Louise Garnier  Assistante photo: Mia Dabrowski  Assistant stylisme: Damèse Savidan          115


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heures de pointe Florilège de neuf nouveautés horlogères présentées aux derniers salons de Bâle et Genève. Quand mouvement et éblouissement ne font qu’un. Par HERVÉ DEWINTRE Réalisation et photographie emily minchell a

Irrésistible

On ne présente pas la «Reverso» de Jaeger-LeCoultre. C’est la montre de légende par excellence, indémodable, pleine de caractère. Sa sobriété graphique et sa simplicité géométrique ne cessent d’exercer leurs irrésistibles séductions depuis plusieurs décennies. Un véritable culte en quelque sorte; un manifeste de style et de philosophie Art déco qui s’attache avec aisance à tous les poignets et s’adapte avec décontraction à toutes les occasions grâce notamment à son boîtier réversible (on opte pour la version diamant la nuit, acier le jour) aux trois godrons emblématiques.

Montre «Reverso Classic Medium Duetto» en acier, sertissage diamants, calibre Jaeger-LeCoultre 854B/2, mouvement mécanique à remontage manuel, réserve de marche, bracelet en cuir d’alligator, Jaeger-LeCoultre.

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Indomptable

La «Panthère de Cartier» est de retour et c’est une merveilleuse nouvelle! Avec cette montre-bijou emblématique des années 1980 – elle est née en 1983 – ressurgit l’allégresse et le panache d’une époque libérée, le souvenir de soirées légendaires et cet esprit pétillant qui se marie si parfaitement avec l’animal fétiche de Cartier. On a hâte de voir comment les millenials vont s’approprier cette icône du style, qui se prête à merveille à toutes les personnalisations avec sa forme parfaite, ses mailles joyeuses et son allure conquérante.

Montre «Panthère de Cartier» petit modèle, boîtier et couronne en or 18 carats, orné d’un saphir bleu, mouvement à quartz, étanche à 30 m, Cartier.

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Éblouissante

Laurence Graff est définitivement le roi des diamants hors du commun. Ce grand joaillier anglais subjugue non seulement par la qualité supérieure des pierres inouïes qu’il prodigue à sa clientèle, mais aussi, depuis 2008, par l’excellence de sa vision de l’horlogerie. Les montres Graff sont fidèles à l’essence de la maison: étincelantes et sophistiquées. La boîte de cette étourdissante montre auréolée de diamants baguette a été pensée et construite intégralement autour du mouvement afin d’optimiser chaque centimètre dans un but de confort ultime et d’harmonie visuelle totale. Le nec plus ultra!

Montre «Baguette Diamond Watch» en or blanc et 146 diamants baguette, Graff.

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Iconoclaste

Artiste et visionnaire sont les mots qui reviennent souvent lorsque l’on parle de Jacob Arabo: ce self-made-man n’avait que 16 ans lorsqu’il débuta comme apprenti, deux ans après son arrivée aux États-Unis. Si son nom a longtemps été associé à la joaillerie (les plus grandes stars de la planète portent ses bijoux), c’est désormais grâce à l’horlogerie d’exception que ce créatif hors norme séduit les spécialistes en quête de sensations fortes. Lancée en 2013, la collection «Epic X Chrono» a assurément posé le premier jalon horloger avec lequel cette superbe maison de caractère a atteint les sommets pour ne plus les quitter depuis. Montre «Epic X Chrono Gold», boîtier en or rose et céramique, 47 mm, calibre squeletté Bi-Compax Chronographe JCAA05, cadran en cristal minéral, étanche à 200 m, bracelet en caoutchouc ou alligator, boucle déployante en or rose et titane, Jacob & Co.

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Sportive

Difficile de citer une montre plus iconique que la «Royal Oak» avec sa boîte en acier, sa lunette octogonale fixée par huit vis hexagonales, son cadran «Tapisserie», son bracelet intégré: son design élégant et sportif, né de la prodigieuse imagination du designer Gérald Genta, n’a pas pris une ride depuis sa première présentation en 1972. On la retrouve cette année avec plaisir en version chrono (la «Royal Oak Chronographe» fête justement son vingtième anniversaire), noire, brillante à souhait, ornée de compteurs agrandis avec une nouvelle police de caractères, des décalques et des finitions inédites. Montre «Royal Oak Chronographe», boîtier et bracelet en acier inoxydable avec fermoir déployant, cadran noir avec motif «Grande Tapisserie», compteurs argentés, index appliques et aiguilles en or gris avec dépôt luminescent, calibre 2 3 85 à remontage automatique, étanche à 50 m, Audemars Piguet.

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Mode

Tentation

Avec ses cadrans de 27 mm finement laqués et guillochés soleil, son boîtier délicieusement galbé en acier et or rose, la nouvelle déclinaison de l’iconique «Serpenti» de Bulgari assume sa versatilité. On adore les bracelets double tour en karung: un serpent d’eau non venimeux dont la peau particulièrement fine et souple fait penser à celle du lézard. Elle nécessite un travail soigné de tannage au terme duquel le cuir est très agréable à porter, doux et onctueux. Ces bracelets disponibles dans une large palette de teintes sont aisément interchangeables – un seul clic suffit, chaque seconde compte!

Montre «Serpenti Skin» en acier serti de diamants, cadran en nacre, mouvement à quartz, bracelet en karung, Bulgari.

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Mode

Hors-norme

Vous seriez étonnés de constater à quel point les femmes manifestent désormais un intérêt véritable pour tout ce qui touche à la mécanique de précision des garde-temps les plus exclusifs. Rien d’étonnant à ce qu’elles s’intéressent de près aux prodiges de Richard Mille qui ne cesse de nous stupéfier avec l’architecture ultra moderne de ses montres à mi-chemin entre folie créative et recherche fondamentale. Avec son haut degré de squelettage, cette montre automatique de forme tonneau, extraplate, répondra aux exigences des passionnées les plus exigeantes de modèles sport chic high-tech.

Montre «RM 67-01 Automatique Extra Plate», boîtier extraplat en titane, mouvement squeletté à remontage automatique avec heures, minutes, date et indicateur de fonctions, bracelet en caoutchouc, Richard Mille.

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Mode

Charismatique

Créée en 2002, la montre «Tambour» marquait avec éclat le début de l’horlogerie Louis Vuitton. La nouvelle collection «Tambour Moon» offre une expression supplémentaire de ce garde-temps iconique et assume complètement sa part de féminité avec un délicat boîtier tout en rondeur, un galbe inédit en forme de croissant de lune, et une tranche concave qui développe un savant jeu de lumières et de réflexions. On adore tout particulièrement la petite seconde située à 6 heures, avec sa fleur de Monogram métallisée or rose qui effectue une rotation complète en 60 secondes. Montre «Tambour Moon Star Petite Seconde Blanche», boîtier en acier 28 mm, cadran serti de 12 index cabochons, mouvement à quartz, étanche à 50 m, bracelet interchangeable, Louis Vuitton.

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J’adore Dior (et ZoË) Rouge Dior. Culte depuis 1953. Continuer d’écrire la légende de ce rouge à lèvres synonyme de glamour, c’est le défi relevé par Peter Philips, Creative & Image Director pour Dior Make-up. Mission accomplie avec les lignes Rouge Liquid et Double Rouge. Pour les mettre en scène, un tapis rouge était naturellement de rigueur: celui du Festival de Cannes qui permit à notre égérie, Zoë (Pastelle) Holthuizen, de nous faire son cinéma. Du haut de ses 18 an, la jeune Zurichoise a déjà l’habitude d’être sous le feu des projecteurs – en attestent les deux films dans lesquels elle a tourné récemment. Ce shooting cannois restera un vrai conte de fée pour l’une des elfes les plus scintillantes de Suisse.

Par URSUL A BORER Photographie ALEX ANDR A UTZMANN Réalisation manou Steiger

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Mode

Un teint parfait Sérum «Dior Hydra Life Deep Hydration Sorbet Water Essence» CHF 90. Fond de teint «Dior Dreamskin Cushion N°20» CHF 120. Highlighter «Dior Flash Illuminizer 102» CHF 55. Poudre libre «Diorskin Forever Control & Ever Control» CHF 70. Poudre bronzer «Dior Nude Air Tant Bronzer N°002» CHF 70. Crayon sourcils «Dior Brow Styler N°002» CHF 30. Mascara «Dior Pump + Volume N°90» CHF 50. Fard à paupières «Dior Touch N°537» CHF 90.

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Chic au naturel Rouge «Dior Liquid N°221» CHF 50, et vernis Diorissime «Abricot N°800», CHF 35.

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STYLE Mode


STYLE Mode Prologue Depuis les années cinquante, le Festival de Cannes est un haut lieu du cinéma. Et un temps fort dans l’agenda de tous les amateurs et professionnels du 7ème Art. Quand tous les yeux se tournent vers la Croisette, c’est aussi l’occasion rêvée, pour stars et starlettes du monde entier, de sortir leur grand jeu. Cette année une fois de plus, elles étaient nombreuses, les étoiles parées de leurs plus beaux atours, à gravir les marches du Palais des Festivals: on a ainsi pu admirer Susan Sarandon, Uma Thurman, Juliette Binoche, Julianne Moore, Monica Bellucci, Marion Cottilard et Charlotte Gainsbourg, mais aussi Charlize Theron, Rihanna, Rita Ora, Irina Shayk et Eva Herzigova, sans oublier les incontournables Bella Hadid et Kendall Jenner. Entre flashs crépitant sur tapis rouge, coups de théâtre et coups de gueule, on serait presque tenté d’oublier que le premier rôle, ici, revient toujours au cinéma. Petit rappel à qui n’aurait pas tout suivi du palmarès 2017: c’est à Diane Kruger qu’a été remis le Prix d’interprétation féminine. Sofia Coppola, avec «The Beguiled» (Les Proies), est la seconde femme à être distinguée par le Prix de la mise en scène. Quant à la Palme d’Or, elle revient au réalisateur suédois Ruben Östlund avec sa satire sociale «The Square», drôle et caustique. Et au milieu de toute cette effervescence, la jeune Suissesse Zoë Holthuizen (@zoepastelle): actrice prometteuse, icône d’Instagram et surtout… parfaitement dans son élément! Avec ses quelque 130 000 followers, la jeune femme qui sera, en octobre, diplômée de l’European Filmactor School (Efas) à Zurich, est déjà une étoile des médias sociaux. Si vous ne l’avez pas encore vue devant la caméra dans les deux films dont les tournages viennent de s’achever, peut-être avez-vous quand même déjà croisé son doux visage – En effet, c’est celui de la campagne de Coca Cola dont elle partage la vedette avec Xherdan Shaqiri, Stress et Alexandra Maurer. Entre autres talents, Zoë – naturellement! – sait aussi jouer de son meilleur profil devant l’objectif. Pour notre édition de septembre et

notre shooting beauté sous l’égide de Dior, le choix était donc tout trouvé. 20:00: Dans les contes de fées, on le sait, avant le happy-end, il y a toujours quelques dragons à tuer, une méchante marâtre à mettre sur la touche ou un crapaud à embrasser. Rien d’étonnant donc à ce qu’il y ait, dans notre belle équipée aussi, quelques épreuves à surmonter. En ce qui concerne notre staff, les péripéties débutent dès l’aéroport de

Jouer de la modernité Rouge Dior «Liquid N°999», mat, CHF 50.

Zurich-Kloten, avec une veste en cuir, flambant neuve et déjà bonne à jeter, un colis de vêtements prévus pour le shooting et manquant à l’appel, un passeport oublié – celui de Zoë! – et une responsable des relations publiques immobilisée par un lumbago dans un hôtel milanais. 23:00: En fait, notre avion a une heure de retard au décollage. Mais nous ne l’avons même pas remarqué: la charmante et joyeuse Zoë (la bien nommée – puisque son prénom, venu de la Grèce antique, rend hommage à la vie) tient salon dans la porte d’embarquement. Le temps de se faire de nouveaux amis et de se

connecter aux réseaux sociaux. La jeune damoiselle fait cela comme elle respire. Vieux dinosaure de l’ère analogique, je reconnais en Zoë la parfaite incarnation de la génération des millennials: toujours connectée, présente sur tous les réseaux, tissant du lien un smartphone à la main. 00:00: Elle était pourtant invitée à une soirée cannoise, mais son invitation, la belle Zoë préfère l’ignorer. Avec un impeccable professionnalisme, la jeune demoiselle connaît ses priorités: encore une fois, à l’inverse de la génération X, la précédente, celle-ci ne les perd jamais de vue. Sur les hauteurs de Cannes, elle s’entretient avec nous de sa passion pour le métier d’actrice, de son cursus et de son quotidien de vedette d’Instagram avec ce que cela implique de discipline et d’organisation. Pour Zoë, les journées commencent par un shooting photo. Après avoir pris la pose, elle endosse, l’après-midi, l’un de ces rôles qu’elle découvre à l’«Ecole» en tant qu’apprentie actrice, avant de filer en repérage pour ses prochains shootings. Le tout, ponctué d’une multitude de post – pour ses followers sur Snapchat, entre autres. Autant d’images sur lesquelles, cela va de soi, il convient d’être toujours jolie comme un cœur. C’est d’ailleurs entièrement grâce à Instagram que Zoë gagne sa vie – depuis l’âge de quinze ans. Une fois son diplôme en poche, le rêve de Zoë, c’est de s’envoler pour Londres ou Los Angeles. Histoire d’y apprendre un anglais impeccable. Mais pour l’instant, elle se réjouit dans l’attente de la première de son second long-métrage, «Blue My Mind». Aux côtés de son amie Luna Wedler, Zoë apporte sa fraîcheur et sa sensibilité à cette première réalisation de Lisa Brühlmann où il est question de la sortie de l’adolescence et de l’écueil des sentiments. 02:00: Et nous qui voulions nous coucher tôt! A discuter, le temps passe trop vite. Défaire sa valise, c’est l’occasion de constater que le dentifrice, lui non plus, n’a pas fait le voyage. On n’est pas blonde pour rien, me dis-je, coutumière moi aussi de ce type d’oubli. Le petit bouton

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Mode

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Innovation multifonctions «Double Rouge N°999», CHF 50 et vernis Diorissime «Abricot N°800», CHF 35.

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qui veut s’annoncer, on en viendra à bout avec une pâte «faite maison» à base d’eau et de fenugrec, préparée par nos soins. 07:00: L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt – pour l’instant, c’est à un mille-pattes que je dois disputer ma douche. Tandis que Zoë, telle une jeune biche légère et gracieuse, sourit déjà au monde entier par selfie interposé, je la suis, toute chiffonnée derrière mes lunettes de soleil, n’aspirant à rien d’autre qu’à un café et croissant les doigts pour que les vêtements destinés au shooting soient enfin arrivés. 09:00: Dans la légendaire suite Dior de l’Hôtel Majestic, c’est une équipe de pas moins de dix professionnels qui nous accueille. Nous ne pouvons qu’être subjuguées par l’élégance de l’atmosphère – Couture, typiquement Dior – qui se dégage des lieux, et par la vue imprenable que l’on a sur la Croisette et le fameux tapis rouge. Quasiment désert encore en cette heure matinale. Aux murs, des portraits de Charlize Theron et de Bella Hadid que nous aurions presque pu croiser ici – là où, il y a quelques heures, elles sont venues se faire coiffer et maquiller. Deux messieurs fort bien habillés arrivent avec un immense portant chargé de robes Dior pour le shooting. L’atmosphère est détendue, professionnelle autant que chaleureuse. En effet, la jeunesse et le charme de Zoë – au maquillage – font des miracles. Peter Philips en profite pour nous expliquer comment les nouvelles lignes Rouge Dior ont été imaginées: «Notre ambition était de créer un Rouge Dior liquide et qui puisse, au choix, avoir un fini mat, satiné ou métallique». La nouvelle formulation du rouge à lèvres permet de moduler des effets différents tout en garantissant une couvrance optimale et une tenue record, avantage de l’éosine. La silice quant à elle permet une application facile du Rouge Liquid tandis qu’une combinaison de cires minérales et de gel

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le rend particulièrement agréable à porter. Quatre huiles prennent par ailleurs soin de vos lèvres. «S’il est vrai que j’aime tout particulièrement les couleurs extrêmes comme le vrai rouge vibrant et le noir, imaginer une palette de nuances naturelles pour un look élégant était un challenge que j’ai trouvé passionnant. Les 29 nuances que nous avons retenues – allant du beige subtil au pink chocolaté – permettent à chaque femme de trouver la couleur parfaitement adaptée à sa carnation et à la couleur naturelle de ses lèvres», une réussite dont se félicite le Creative Director. Couleur emblématique de la nouvelle col-

lection: le numéro «999 Matte» qui donne au légendaire «Rouge Dior» une profondeur et une modernité des plus séduisantes. Autre fierté de la maison: avoir réussi à combiner, pour chaque rouge à lèvres, deux couleurs et deux finis – l’une, plus sombre et mate, à l’extérieur, l’autre plus claire et métallisée à l’intérieur. Ainsi maquillée, la bouche paraît d’autant plus pulpeuse. «Le challenge pour nous a été de trouver les couleurs les plus idéalement coordonnées pour chacune de nos 20 nuances», nous explique encore Peter Philips. Norman Pohl, make-up artist pour Dior Make-up depuis une dizaine d’années maintenant, est enchanté par la beauté naturelle de Zoë. Grâce à l’expertise de notre modèle, la séance de photos est rondement menée. En un rien de temps, tout est dans la boîte.

13:00: Nous sommes ravis, épuisés et affamés. A Zoë par contre, la séance semble avoir donné des ailes. Rayonnante, elle flâne le long la Croisette – et attire bien des regards. Autour d’une salade de chou kale et d’une assiette de frites, nous abordons des questions épineuses: la consommation de viande, la fourrure, la cosmétique biologique. Zoë, vegane, ne cache pas ses convictions et son souci d’amener d’autres personnes à réfléchir à tout ce qui ne va pas. Pour une vraie prise de conscience à défaut de pouvoir définitivement régler tous ces problèmes. Mais le devoir appelle déjà notre muse des médias sociaux, héroïne des temps modernes: vite, elle s’en va prendre quelques gracieux clichés de la plage tandis que nous nous relaxons en prenant le temps de savourer une «Piscine» et d’écouter le bruit des vagues. Tout simplement. 17:00: Hélas, l’heure est déjà aux adieux. Il nous faut quitter la si magnifique Côte d’Azur. De Nice également, c’est avec une heure de retard que notre avion s’envole. Ce qui a laissé à Zoë le temps de se ravitailler en macarons Ladurée – pour sa maman. Alors que l’on découvre depuis les airs, le splendide massif des Alpes maritimes, Zoë partage avec nous, et avec l’enthousiasme qu’on lui connaît, les souvenirs de sa randonnée-trekking au Pérou. Chaussures de marche et sac à dos. Epilogue 20:00: De retour à Zurich, il suffit de quelques clics pour commander un chauffeur Uber – et voici Zoë, la bouche encore impeccablement maquillée, déjà repartie pour de nouvelles aventures. Bien sûr, nous les suivrons désormais, nous aussi, sur Instagram. Et par ailleurs, nous n’oublierons pas de croiser les doigts pour elle, lui souhaitant de faire bientôt, à son tour, sa première montée des marches à Cannes.


STYLE Beauty Mode Maquillage NORMAN POHL Avec les produits Dior Makeup Manucure NELLY FERREIR A Avec les produits Dior Coiffure CYRIL AUCHERE avec Leonor Greyl

La Classe Rouge Dior «Liquid N°999», mat, CHF 50.

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M aga z ine


Mode Suisse: rencontre avec trois designers de l'avant-garde Romande. À partir de la page suivante.


La vie

LA NOUVELLE GARDE Ils sont jeunes, ultratalentueux, travaillent dans la mode et sont établis à Genève. L’Officiel est parti à la rencontre de trois labels qui dessinent les contours, les aspirations et la réalité d’une génération de designers en prise avec de horizons nouveaux. Par VALÉRIE FROMONT Photographie SANDR A POINTET

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ls se connaissent, s’entraident, échangent, s’admirent, vont voir des expos et font la fête ensemble. Ces jeunes designers partagent un goût pour la mode, des engouements esthétiques tout comme des questionnements éthiques sur le monde dans lequel ils évoluent et pour certains, élèvent des enfants. Ils ont conscience de vivre dans un monde où la place de la mode et de son industrie doit trouver à se redéfinir dans un environnement aux enjeux écologiques, sociaux, économiques et politiques complexes. Seuls ou en binôme, ces jeunes designers ont lancé leur propre marque – Fanny Poletti, Règne Fils et Fold – et rayonnent en Suisse et au-delà depuis leur port d’attache, Genève. Ils ont pris des risques économiques, ont pour certains ouvert une boutique

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ou un showroom et tentent de maîtriser au plus près chaque étape, depuis la conception jusqu’à la vente. De par le contact direct qu’ils ont avec leur clientèle, ils conçoivent un produit qui tient compte d’une réalité: celle des vrais désirs des vrais gens. Pas d’une étude marketing ni d’un défilé instagrammable conçus dans la solitude d’un studio sur des mannequins cabine. La mode qu’ils conçoivent est en prise avec la réalité. Des lieux qui renouent avec une tradition perdue depuis longtemps: où peut-on voir, aujourd’hui, des boutiques où ceux qui sont derrière le comptoir sont aussi ceux qui ont conçu les vêtements sur le portant ou les accessoires qui sont à vendre? Les créateurs de ces trois labels viennent d’univers différents avant de s’être lancés dans la mode. Cultivés, autonomes,


la vie auto-entrepreneurs, solidaires, ce sont surtout de vrais amoureux d’une mode durable, très qualitative, issue de savoir-faire traditionnels. Leur maîtrise des marges et leur autonomie leur permettent de proposer des produits de très belle facture dans une gamme de prix d’artisanat de luxe, inférieurs à ceux de l’industrie du luxe. Le prix consenti est avant tout investi dans la qualité du produit, sans nécessité de faire vivre un département marketing ou un comité d’actionnaires. A l’heure où se forme une génération de consommateurs responsables,

toujours plus conscients des enjeux à la clé d’un acte d’achat et qui appellent de leurs vœux une certaine transparence pour donner du sens à cet acte, la démarche de ces jeunes designers prend tout son sens. Moins, mais mieux, pour s’entourer d’objets singuliers qui ont une histoire, une traçabilité et font, au passage, vivre et perdurer dignement un savoir-faire artisanal. Nous sommes partis à la rencontre de ceux qui, à Genève, ont intégré ces enjeux dans leur pratique. Et la font vivre avec brio.

Règne Fils: la fourrure consciente et contemporaine

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ls ont été sélectionnés par le magasin Colette, à Paris, pour y être présents cet hiver. Rien que ça. Ce qui est à peu près un Saint Graal pour toute marque – et a fortiori pour tout jeune designer – s’offre à leur talent et donne la mesure de leur potentiel de développement. Partenaires dans la vie comme dans les affaires, Clarisse Pitton et Christophe Rolland ont un jour décidé d’envoyer valser leur vie bien rangée au sein d’une multinationale pour se consacrer à leur vraie passion, la fourrure. Associés dans cette aventure un peu folle, ils changent radicalement de cap et prennent à bras-le-corps cette reconversion; ces deux diplômés en finance reprennent le chemin de l’école pour un apprentissage du métier de fourreur. Clarisse, également diplômée de Esmod, incarne un vrai sens de l’élégance et du

style qui infuse toute la démarche artistique et l’esthétique des collections Règne Fils, leur permettant d’entrer en résonnance avec le travail des designers les plus intéressants aujourd’hui, de Phoebe Philo à Rick Owens. Une approche stylistique à la fois radicale et délicate, intemporelle mais pas classique, architecturale. Et qui fait de chaque veste ou manteau de fourrure qui trône, sculpturale, dans leur boutique de la rue Verdaine, une pièce iconique que l’on se verrait bien garder toute une vie dans son dressing. Ensemble, ils réinventent un matériau marqué par de multiples connotations, avec des contraintes techniques fortes, et ont réussi à poser sur lui un regard d’une formidable modernité en le déconstruisant, le reconstruisant, l’épurant, le structurant. Et lui offrant une chose inestimable: la légèreté – qui

permet de porter une fourrure Règne Fils avec presque autant de désinvolture que Jane Birkin porterait un panier en osier. Clarisse et Christophe n’éludent pas la controverse autour de la fourrure: au contraire, ils sont ravis de pouvoir mêler leur voix au débat pour y défendre une approche responsable et consciente de la nature, et un luxe durable. Précis, humbles, ambitieux, cultivés et forts de leur expérience dans une multinationale, le duo connaît parfaitement les étapes de développement d’une jeune marque et mène sa carrière tambour battant depuis Genève. Des salons au bureau de presse en passant par un petit mais très prestigieux réseau des points de vente à l’international, Règne Fils a réussi à projeter le (vrai) plus vieux métier du monde au cœur des désirs et des enjeux de leur époque.

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La vie Un manteau sans manches en agneau merinos d’Espagne, orné d’une poche en renard de Finlande, une pièce versatile et spectaculaire de la collection Règne Fils.

Symbolique. «Il y a dans la fourrure une force vitale, une sorte de brutalisme. On a un grand devoir de responsabilité par rapport à ce qui nous est offert par la nature. Une peau est un matériau sacré. Auparavant la fourrure a été tirée de l’autre côté, vers une hyper sophistication pour masquer cette origine. Aujourd’hui, on a envie d’une certaine vérité dans tout. Quand la matière est belle, elle se suffit à ellemême. On déconstruit, on reconstruit et ce faisant, on réfléchit au sens de l’objet.» Modernité. «Personne n’a envie de ressembler à sa grand-mère ou à une dame de compagnie. Derrière la fourrure, vous avez toute une galerie de personnages historiques qui guettent, et qui ne nous ressemblent pas du tout. C’est un univers foisonnant et très vaste. Notre défi est d’amener ce matériau vers quelque chose de très contemporain, de rendre hommage à des pièces iconiques du vestiaire et de les rendre portables et pertinentes. Chaque année, on prend de plus en plus de liberté.»

Boutique. «On a eu un coup de cœur pour la rue Verdaine à Genève. On savait qu’on voulait s’installer ici. On y travaille en couple. Les gens se demandent toujours si on est vendeurs, créateurs… C’est un modèle d’entreprise à l’ancienne, mais pensé de manière très moderne. Notre atelier est en-dessous de la boutique. Nous avons un métier qui a du sens, qui est concret, que nous comprenons, on est heureux tous les matins de se retrouver. Nous sommes décisionnaires, tout nous ressemble. Le contact avec les clients nous aide aussi à

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PHOTOS DR; Règne Fils, © Sandra Pointet

Sourcing. La fourrure est un sujet très controversé. En réalité, beaucoup de peaux sont issus de l’agro-alimentaire. Quant aux animaux élevés pour leur fourrure, ils sont mieux traités que la totalité des animaux que l’on peut trouver dans un supermarché. Mais dans les deux cas, toutes les parties de l’animal sont utilisées. Dans notre rapport à l’alimentation, ça nous arrive de ne pas manger de viande parce qu’on ne sait pas d’où elle provient et comment elle a été élevée. Nos fournisseurs viennent de France ou d’Italie pour la plupart, nous les connaissons et tous ont des labels qui obéissent à de sévères règlementations. On peut s'interroger, en tant qu'être humain, sur la légitimité de tuer un animal, mais les gens qui nous attaquent et achètent un sac en cuir premier prix, ça n’a pas de sens.»


la vie comprendre la finalité de notre activité. On sait à qui on plait et pourquoi. Les gens sont plus réfléchis sur leurs achats donc ça vous apprend à être toujours plus exigent et précis. Et on se perfectionne sans cesse.» Changement de carrière. «Soit on subit sa vie, soit on la choisit. On souhaitait revenir à quelque chose de taille humaine: dans notre entreprise, dans notre ville, dans la façon d’exercer notre métier. Dans une multinationale, il faut souvent beaucoup patienter avant de comprendre le sens de ses activités, vous n’avez pas d’impact tant que vous n’êtes pas tout en haut. Aujourd’hui on a une liberté énorme, tout comme les contraintes qui l’accompagnent.» Apprentissage. «On a commencé par faire un CAP en France pour apprendre le métier de fourreur. Et on a eu la chance de travailler avec Vincent Polis qui était le chef d’atelier d’une très ancienne maison de fourrure à Paris, qui faisait encore des manteaux de fourrure sur-mesure pour des princesses, ce travail à l’ancienne complètement incroyable. Il était très exigeant, on ne sortait jamais de là-bas sans pleurer. Mais on s’est accrochés et il a changé le cours de notre vie.» Fournisseurs. C’est le nerf de la guerre. Il faut trouver des gens qui partagent vos valeurs et respectent vos exigences et même quand on travaille avec les meilleurs, ça reste de l’artisanat avec tout ce que cela peut avoir d’aléatoire. Tous nos modèles sont faits par des ateliers en Italie et en France, mais la relève est loin d’être assurée.»

domaines. La création, c’est une vraie thérapie. Il y a des choses auxquelles vous n’échappez pas. Quand vous êtes dans une vision minimaliste, cela fait écho à qui vous êtes profondément, à votre éducation. C’est une base sur laquelle vous enlevez, vous rajoutez, vous déconstruisez et reconstruisez d’autres choses, mais c’est quelque chose dont vous ne pouvez pas vous séparer non plus. Et la cohérence est là. Comme il n’y a chez nous ni département marketing ni réseaux sociaux, notre travail, c’est de faire en sorte que ça nous ressemble de plus en plus. On apprend à se connaître et à savoir qui on est vraiment. La mode, c’est un travail de recherche profondément révélateur.» L’architecture. «Le tombé est particulièrement important dans la fourrure: il faut choisir la bonne matière pour le bon modèle. C’est un métier qui exige une forme de projection architecturale, il faut comprendre la base qui va déterminer la structure du manteau. Nous sommes particulièrement sensibles à l’architecture des années 20 jusqu’aux années 60-70. Le minimalisme, le Bauhaus, le rapport entre la forme et la fonction.» Règne Fils, Rue Verdaine 8, Genève. www.regneetfils.com Christophe Rolland et Clarisse Pitton dans l’univers épuré de leur boutique-atelier de la rue Verdaine.

Une mode portable. «Ce n’est pas un gros mot. Bien sûr que le concept est important, mais il faut sortir de la mégalomanie de la recherche pour faire uniquement des choses extravagantes qui vont avoir un impact sur un podium ou sur Instagram. Un discours intelligent doit être simple, et c’est la même chose pour un vêtement: l’audace peut venir de là. Le luxe, ce n’est pas du marketing, c’est de la rareté. Ce sont les finitions, la force que vous donne un vêtement quand vous le mettez. Et je ne suis pas certaine qu’avoir le même vêtement que 30 000 personnes sur Instagram vous donne de la force.» La création. «C’est une extension de vous-mêmes. Elle est en résonnance avec un ensemble de choix réfléchis qui connectent différents

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La vie

Fold: un sac pour la vie

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Un sac beau comme un origami, noble comme un cuir d’exception à qui on laisse toute la majesté, et suffisamment simple pour devenir le confident et le soutien indéfectible de la vie qu’il accompagne. Enfin, une bandoulière pour l’allure, et pour y suspendre le délice, inestimable, de marcher les mains libres.

Les débuts. «J’aimais beaucoup la mode, mais je ne pensais pas vraiment en faire un métier. C’est en vacances à Mykonos que je suis tombée amoureuse d’un sac en barénia. Après l’avoir usé jusqu’à la corde, j’ai souhaité le refaire. Je me suis aventurée à la rencontre de différents maroquiniers à

Genève et c’est comme ça que j’ai commencé à faire mes premiers modèles.» Le premier sac Fold. «Un jour parmi toutes mes chutes de cuir, il me restait un long pan. J’ai demandé à mon maroquinier de me faire 2 coutures et un pli au fond, et c’est comme ça que le premier sac «Shoulder Fold» est né. Nous avons peu à peu sophistiqué les modèles de base mais nous sommes toujours restées fidèles à cet esprit minimaliste.» Vision. «Ma thèse a été basée sur l’artisanat et un retour au vrai luxe, et c’est quelque chose qui se traduit très concrètement dans ce que je fais aujourd’hui. Ça a beaucoup contribué à forger mon idéal de ce à quoi une marque devrait ressembler aujourd’hui.» Simplicité. «L’idée était de faire un sac solide, de qualité, fabriqué en France et à la main. Luxueux sans être compliqué, c’est un sac qu’on n’a pas besoin de changer tous les jours, parce qu’on ne s’en lasse pas. Pour finir, je porte tout le temps les trois mêmes sacs. Lorsqu’ils sont bien conçus, inutile d’en avoir beaucoup.» Jane. «On voulait faire un sac qui soit aussi simple et chic qu’un panier en osier, mais qu’on puisse porter tout l’année.»

Un sac en barénil gold et taurillon nubuck noir de la marque Fold, dont chaque modèle est produit en édition très limitée.

Simone. «On tourne beaucoup autour du concept de Simone – Simone de Beauvoir, Simone Weil. Ce sont des femmes qui ont marqué des années où la consommation de la mode n’était pas ce qu’elle est devenue. On les voyait quatre fois avec le même tailleur et ce n’était pas écrit dans Le Figaro… Aujourd’hui on n’arrive

PHOTOS; © Sandra Pointet, Fold

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l faut être passé dans la boutique Studio Cachemire, à Genève, qui abrite les sacs de la marque Fold tout comme les étoffes les plus douces de la ville, pour ressentir ce qui se trame ici. D’élégantes italiennes, amies de toujours, viennent y boire un café et deviser. Les clientes passent et demandent d’ajuster une manche, une lanière, supplient pour refaire un modèle dans leur couleur préféré. Saison après saison, les pulls en cachemire succèdent aux chemises en lin et aux robes en soie, poursuivant la même idée de la beauté, déroulant le fil narratif d’un raffinement extrême et d’une grande sobriété. C’est ici que Virginia Panetti a appris, auprès de sa mère, le sens des belles matières et de la coupe juste, de l’élégance aristocratique. Plus que de mode, c’est de chic et de culture de la beauté dont il est ici question. Avec son amie Vanessa Spillmann, issue de Saint Martins College et forte d’une carrière dans la mode et la joaillerie, Virginia Panetti a lancé Fold, un label de maroquinerie aux modèles simplissimes et parfaits, taillés pour la vraie vie et surtout, pour durer. Leurs cuirs, lisses ou grainés, sont édités dans des gammes de couleurs toujours justes et gourmandes et proviennent, pour la plupart, des mêmes tanneries que ceux d’Hermès. C’est dire si la qualité et l’amour de l’artisanat sont ici à la base de cette démarche entrepreneuriale, où la vie s’engouffre par joyeuses brassées: les biberons qui se renversent sur les sacs, les enfants qui arrivent de l’école au moment de la photo, le jonglage de haute voltige avec les horaires, les différents jobs (elles travaillent toutes deux en parallèle de leur travail pour Fold), les artisans qu’il faut convaincre de faire de toutes petites séries puisque chaque sac est unique ou presque. Fold, comme le pli du cuir qui est à la base de leur concept de création.


Virginia Panetti et Vanessa Spillmann, les créatrices de Fold, dans le jardin foisonnant d’une villa de campagne genevoise qui leur tient parfois lieu de home office.

pas à se sortir de cette idée que la mode, c’est qui porte quoi et quand. On fait des femmes des porte-manteaux. Nous avons pour ambition que notre produit embellisse les femmes, mais il n’est pas au centre de leur identité.» Allure. «Le sac a un immense impact sur la silhouette, il la finit. Un sac de marque définit très vite la personne qui le porte en projetant une certaine image d’elle. Nous voulions faire l’inverse: des sacs discrets mais de très bonne qualité, qui s’intègrent au look sans le cataloguer. Ils peuvent aussi se porter de différentes manières, s’adapter aux circonstances, ils sont très versatiles.»

de faire évoluer nos produits. Le luxe, c’est aussi cette sociabilité et ce lien. Les gens sont à la recherche d’une esthétique cohérente, et c’est ce qu’ils trouvent en venant à la boutique. Nous avons créé un produit fonctionnel et c’est ce qui est plébiscité. Les concepts, on adore; mais ils ne sont pas faits pour être portés dans la vraie vie. Au final, les produits que l’on fait pour nous sont aussi ceux qui se vendent le mieux.»

Pièces presque uniques. «On fait de très petites séries. D’un sac à l’autre, il y a toujours un détail qui change. La couleur de la doublure intérieure, la longueur d’une anse… On offre une certaine flexibilité et c’est un atout que beaucoup d’autres marques n’ont pas.»

Artisanat. «On fait en sorte que la relation entre l’artisan et le client soit la plus courte possible. Aujourd’hui nous nous sentons une vraie responsabilité de continuer à faire vivre ces artisans locaux et leurs savoir-faire. A l’époque où nous cherchions un atelier, nous avons très vite été orientées vers une production délocalisée. Il faut une sacrée conviction pour résister à cette idée. On a de plus en plus de peine à trouver des gens qui font du travail de qualité. Les artisans subsistent difficilement et c’est un métier qui séduit de moins en moins les jeunes.»

Contact. «Avoir une boutique propre (Studio Cachemire) est très important. Cela nous permet d’être à l’écoute des clientes et

Production. «Nos sacs sont faits en France dans un petit atelier, et réalisés de A à Z par une seule maroquinière. Elle est seule, ce n’est

pas du travail à la chaîne. Faire un sac c’est un boulot incroyable. Il faut couper, faire des gabarits en carton, découper le cuir, poncer… Un sac représente une journée de travail.» Rythme. «On est dans une cadence de collections plutôt slow. Si vous êtes constamment obligés de renouveler votre offre, vous finissez par faire des produits inutiles. On évolue de saison en saison, on ajoute des détails plus sophistiqués, mais on reste centrés sur nos modèles de base. Ce n’est jamais une réécriture totale.» Fold chez Studio Cachemire, Rue de la Confédération 6, Genève.

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La vie

Fanny Poletti: la vie rêvée du prêt-à-porter

précise du tissu et de la coupe, proche de la haute couture, qui donne aux femmes la possibilité d’ajuster leur apparence au plus près de leur personnalité (et de leurs mensurations), et de la rendre vraiment cohérente avec ce qu’elles ont envie d’exprimer et de dévoiler d’elles. Un vestiaire qui rend plus fort, et un sens de la fête et du glamour qui traverse ses créations aujourd’hui. Après la naissance de son fils, elle est appelée chez Nina Ricci pour être en charge des commandes spéciales pour les VIP et des robes du soir; elle y reste trois ans mais les incessants aller-retour aux quatre coins du monde finissent par être difficilement compatibles avec une vie de famille. Elle décide alors de se mettre à son compte et ouvre son showroom à Genève, où elle crée un prêt-à-porter de luxe réalisé par les meilleurs ateliers de Paris, tout en se fournissant à Saint-Gall pour les tissus. On peut aujourd’hui passer dans son showroom comme dans une boutique, boire un café ou une coupe de champagne en bavardant avec sa joyeuse bande, repartir avec une veste de prêt-à-porter proche de la Couture ou esquisser les contours d’un projet de vestiaire plus élaboré. Une mode vivante et incarnée, à commencer par le joyeux aréopage de femmes qui l’entourent et portent ses vêtements, de sa muse Magdalena, mannequin et doctorante en neurobiologie à Arlène Bonnant, créatrice de la marque Caspita, avec qui elle organise ses défilés. Si les femmes aiment tant les créations de Fanny Poletti, c’est qu’ils ont ce pouvoir magique qu’ont les déguisements aux yeux des enfants: on enfile un vêtement de lumière pour devenir, en un clin d’œil, la meilleure version de soi-même. Un émerveillement cousu main.

Fanny Poletti au son showroom.

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Réalité. «Tout ce que j’aime construire est basé sur la nature humaine. Je travaille avec de vraies femmes qui m’inspirent, qui sont à la fois souvent mes amies et mes clientes, et c’est le fil conducteur de tout. Dans un studio de mode, on est un peu déconnecté. C’est très stimulant d’un point de vue artistique, mais on s’éloigne du métier en lui-même. Surtout depuis l’arrivée des réseaux sociaux. Ce que je fais, c’est un retour au vêtement et au produit plutôt qu’une obsession de l’image.» Couture. «Dans mon processus de travail, je renoue avec quelque chose de très ancien. J’aime que les vêtements soient faits dans les règles de l’art, avec une vraie patte, par des artisans qui respectent ce savoirfaire. Mais je ne suis pas passéiste: j’aime les matières plutôt avant-gardistes et je veux que mes vêtements soient solides, infroissables, adaptés à la vie de tous les jours. On fait les choses à la main quand elles ne peuvent pas être faites autrement mais pour tout le reste la machine, c’est formidable.» Prêt-à-porter de luxe. «Mes vêtements sont faits de la manière dont le prêt-à-porter haut-de-gamme devrait être fait si on voulait bien lui consacrer le temps qu’il mérite. Dans les années 70 ou 80, on allait s’acheter une veste et l’intérieur était sublime, la veste était faite pour durer 50 ans.» Obsolescence. «Quand tu tournes autour de l’idée de la coupe parfaite, ça annule l’idée de la mode jetable. On a des vêtements plein nos placards. A peine sortis en boutique et hop, deux mois après ils sont en soldes, déjà hors de la mode. Le luxe a cette responsabilité d’apporter du sens. Il doit être intelligent, éthique, raisonnable. Faire travailler de jolies mains, payer aux gens

PHOTOS; © Sandra Pointet

S

ingulière et papillonnante, Fanny Poletti est ce personnage à la présence magnétique qui orchestre et règne sur le royaume qu’elle s’est construit à son image, une bulle de fantaisie où la grisaille et l’ordinaire n’ont pas droit de cité. Des meubles signés Pierre Paulin ou Gaetano Pesce à la bande son underground, et même le merveilleux jardin fleuri sur lequel s’ouvre son showroom: tout son univers est le reflet d’une conviction, d’une vocation esthétique si intime qu’elle imprègne et guide chaque geste, chaque fragment de sa vie. «Vivre dans le beau, c’est transformer le monde et le comprendre», raconte Fanny Poletti qui a construit son impressionnante carrière chez Yves Saint Laurent (époque Stefano Pilati) jusqu’à prendre les rênes du département des robes du soir, puis être en charge des célébrités qu’habille la marque. De Tilda Swinton à Catherine Deneuve, de Sophie Marceau à Julianne Moore, elle écoute, construit, conseille afin que le vêtement devienne un allié, une source de protection et de confiance. Elle développe une connaissance si


la vie ce qu’ils doivent être payés et en polluant le moins possible. Responsable aussi dans l’esprit, pour transmettre de belles choses qui font du bien à l’âme.» Ecoute. J’ai toujours été proche de mes clientes, même avant le showroom. Cela vient de la position assez rare et particulière que j’avais dans une maison de Couture. Au début, je travaillais surtout sur les défilés puis il a fallu mettre de vraies robes sur de vraies femmes. Le délire de faire une œuvre d’art tombe à ce moment-là. La célébrité va être photographiée sous tous les angles sur le tapis rouge et elle a juste envie d’être elle-même. Ces femmes avaient de vraies mensurations et n’étaient pas forcément des bêtes de mode. Je les écoutais et mon travail consistait à leur faire des vêtements dans lesquels elles se sentent bien.» Confiance. «La seconde phase de mon parcours artistique, c’est lorsque je suis devenue maman. Alors que j’avais une super carrière à Paris, je suis tombée dans l’anonymat en arrivant à Genève. J’ai été ma première cliente et je me suis fait des vêtements qui m’ont aidée à m’affirmer. Quand on a une belle veste sur le dos et des épaulettes, tout le monde écoute. C’est une prise de pouvoir et ça permet d’être un peu plus extrême dans sa féérie à soi. J’ai tendance à faire des armures de lumière pour que les filles soient libres. Libres de penser tout ce qu’elles veulent, de s’exprimer et de rayonner.»

Tel une armure de lumière, un manteau de Fanny Poletti porté par sa muse Magdalena, dans le jardin de l’atelier-showroom genevois de la créatrice.

Matière. «Je suis une amoureuse des tissus. Avant tout une plasticienne, dans un certain sens. Je me fournis majoritairement chez Jakob Schlaepfer, et aussi chez Forster Rohner à Saint-Gall. J’aime tout ce qui a du relief, et cela me permet d’être très puriste dans les formes. C’est comme ça qu’on a de l’allure.» Défilés. «Il faut incarner ce qu’on fait. Sinon à quoi ça sert, tout ça? Nos défilés sont de vrais moments où tout le monde fait partie de la soirée, où de vraies filles défilent avec de vrais vêtements et surtout, de vraies personnalités. J’ai grandi avec l’idée que la singularité, à la fois chez moi et chez les autres est la plus belle des richesses. C’est un moment de partage et de fête, car il faut que ça vive! Je rêve beaucoup, mais mon rêve doit être réel.»

Style. «Mon père était directeur du casino de Divonne dans les années 80. Il se faisait faire des smokings dignes de la haute couture mais il les portait avec une immense désinvolture. Il était Corse, c’était quelqu’un de très authentique. Ma mère adorait aussi la mode et le casino de Divonne, dans les années 80, c’était un peu la folie… Il y avait des cercles mondains et des femmes qui s’habillaient beaucoup autour de moi.»

Ann Demeulemeester… Je ne consommais que ça et j’ai d’abord constitué ma culture mode en tant que cliente.» Sens. «La mode, ce n’est pas que du vêtement. C’est du baume au cœur, de l’art, de l’esprit. Travailler sur une robe pour quelqu’un pendant des heures, c’est aussi de l’amour. On le fait avec du cœur. » Fanny Poletti, 1 place de la Taconnerie, Genève www.annypoletti.com

Shopping thérapie. «Lorsque j’ai déménagé à Paris pour y poursuivre mes études secondaires, j’étais en plein deuil de mon père que j’adorais. C’était une période très difficile. Je me suis trouvé un petit appartement aux Tuileries, juste à côté de chez Colette. C’était une époque de mode très conceptuelle dans laquelle je me suis plongée à fond: Marin Margiela, Helmut Lang,

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La vie

LEICA, 103 ANS, TOUJOURS AU Point.

Henri Cartier-Bresson, Édouard Boubat, Robert Capa... Les plus grands photographes en ont fait leurs fidèles compagnons. Des images définissant le siècle sont nées de leurs objectifs. Les appareils photos Leica ont changé la face du monde. Et ce n’est pas fini. Par BAPTISTE PIÉGAY

C

haque invention mythique l’est pour deux raisons: l’impact qu’elle a eu sur nos vies, et le récit qui accompagna sa naissance. Sédentarisé, l’homme a gardé son instinct nomade et voyageur. S’il était facile de glisser dans sa poche un carnet de notes, transporter son appareil photo présentait, au départ, quelques inconvénients. Sa miniaturisation, défi technique et enjeu commercial (renforcé par le développement des loisirs), était au cœur de la démarche d’Ernst Leitz II, quand il déposa le brevet d’un appareil compact au format 24 x 36, en 1914. L’entreprise paternelle, spécialisée dans la production de jumelles et de lunettes de visée, comptait dans ses rangs un petit génie de la technique: Oskar Barnack. On passera sur les péripéties, que l’on résumera ainsi: Barnack se saisit du seul appareil léger alors disponible, le «Brownie» de Kodak – léger, certes, mais aux images déplorables – pour donner naissance à ce 24 x 36, en réduisant la taille du négatif, mais donnant au tirage une taille agrandie. La firme Leica (contraction de Leitz et de caméra) venait de créer, par métonymie, un appareil unique, le Leica. Ce poids plume de 377 grammes était voué à lier son histoire à celle des chaos du siècle. L’image (contestée, mais ce n’est pas lieu d’y revenir) du soldat républicain

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espagnol fauché par une balle captée par Capa, c’est du Leica; celle (pareillement contestable, pour d’autres raisons) du soldat américain embrassant à pleine bouche une jeune femme le jourde la capitulation du Japon en août 1945, c’est certes du Alfred Eisenstaedt, mais c’est aussi du Leica. Comme si l’appareil était partie prenante de la création. La Première Guerre mondiale a pourtant retardé sa commercialisation jusqu’en 1925. Malgré la crise économique qui frappe l’Allemagne, 1 000 exemplaires trouvent preneur. S’il accompagnait les reporters, c’est qu’il offrait les avantages de la légèreté. La captation sur le vif, à la volée, sans exiger de temps de pose et de pause, lui donne une valeur considérable. La décennie qui suit est décisive: la mise au point de modèles avec objectifs interchangeables, ou du Leica «250 Reporter» permettant d’accueillir une pellicule de 250 images (dont bénéficièrent les avions de la Luftwaffe). Une entreprise de devoir Cette séquence historique prit une tournure romanesque lorsque le rabbin américain Frank Dabba Smith révéla, en 2000, que Leitz forma des employés juifs pour leur permettre de fuir l’Allemagne, au prétexte d’une nomination à New York. Il estima à 83 le nombre d’hommes

ainsi sauvés d’un destin assurément tragique. De son vivant, Leitz refusa les honneurs tout comme de témoigner de son action – jugeant simplement qu’il était de son devoir d’agir ainsi. Dans le quotidien britannique «The Guardian» du 10 février 2007, son fils, Gunther, souligne que le fonctionnement de l’armée allemande, et notamment de son aviation, dépendait si étroitement des objectifs produits par Leica, qu’il n’exclut pas que la Gestapo se soit montrée moins impitoyable que d’ordinaire. À la fermeture des frontières avec la Pologne, en 1939, il dut renoncer à continuer de mener à bien cette entreprise. Membre du parti nazi (à l’image de Schindler), il n’échappa cependant pas à l’accusation de travail forcé, et en 1999, Leica versa une somme (non dévoilée) à des fonds de compensation. En 1947, la création de l’agence Magnum, et la proximité amicale de Leitz avec Henri Cartier-Bresson, donnèrent un nouveau souffle à l’entreprise. De même que, en 1952, l’implantation d’une usine au Canada. Un pays préféré aux États-Unis pour deux raisons: la firme était, en Allemagne, sous contrôle américain, et n’aurait pas pu exister sous son nom propre en Amérique, tandis que la rigueur des lois sur l’immigration découragea les dirigeants. Le Canada leur ouvrit les portes du marché nord-américain, qui


PHOTOS DR; Agentur AFP , Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images

STYLE

Réclame des années 30.

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La vie

Le photographe Alberto Korda, en 1989. Auteur de l’une des plus célèbres photos du Che, avec son Leica.

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la vie

PHOTOS DR; Agentur AFP , Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images

Réclame de 1936.

représente encore aujourd’hui 50% de son activité. 1954. C’est l’heure du modèle le plus iconique, celui qui fit tourner les têtes des photographes du siècle, le «M». Mise au point télémétrique, réglages manuels, déclenchement silencieux, design évident, solidité, qualité de l’objectif… Sa deuxième déclinaison, le «M2», était entre les mains d’Alberto Korda, le 5 mars 1960. Devant lui, le Che, pour un portrait qui finira en icône religieuse sur les murs de générations d’adolescents naïfs. Devenu lui-même icône, l’appareil se fit accessoire de mode pour frimeurs (les photographes sérieux prenaient soin de camoufler l’emblématique point rouge d’un morceau de scotch noir). Marc Newson et Jonathan Ive ont signé un exemplaire unique (vendu 1,8 million de dollars aux enchères en 2013 ), Paul Smith a livré une collection capsule, tandis qu’Hermès a brièvement fait partie du capital. Pourtant, ce sont bien les artistes qui demeurent au cœur de l’hélice ADN de Leica: «Bien sûr, nous travaillons étroitement avec les photographes, reconnaît Stefan Daniel, qui

supervise tout le cycle de vie des appareils – du business plan à la conception des produits en passant par leur parcours commercial et le marketing. Le «M10», par exemple, est né de ce dialogue.» Le virage numérique Pourtant, l’avènement du tout numérique, anticipé par les marques japonaises, faillit jeter à terre un demi-siècle d’innovations. Stefan l’admet volontiers: «La transition vers le digital a été compliquée: les films étaient conçus et fabriqués par des compagnies spécialisées, pas par celles qui faisaient les appareils. Mais toutes les compagnies qui faisaient des appareils photo ont dû ajouter une fonction digitale à leurs produits. La mue a été compliquée pour trois raisons: Leica a été comparé aux grands acteurs japonais du marché, l’accès aux meilleures technologies était alors difficile… Et les attentes de nos clients étaient très élevées. Nous avons fini par réussir, ce qui hélas n’est pas le cas de tous nos concurrents de l’ère de la pellicule.» Un entrepreneur autrichien, Andreas Kaufmann, prit progressivement la

main, et guida la société vers une nouvelle époque. En 2006, le «M8» démontra qu’il était possible d’associer l’excellence mécanique à la nouvelle donne. Stefan Daniel résume l’esprit animant la marque: «La technologie est ce qui sépare la bonne qualité du luxe. Leica a toujours tenu à ce que la technologie soit pertinente tandis que les marques de luxe n’ont pas nécessairement cette préoccupation. Donc, si la technologie est essentielle, il y a toujours un sens pour l’utilisateur». Aujourd’hui, le patrimoine et l’avenir se retrouvent sur le terrain de la recherche, et il est désormais possible d’utiliser une lentille M de 1954 ou de 1932, avec un adaptateur, sur le récent «M10» digital. Avenir, toujours, avec les nouveaux projets «à l’image de notre collaboration avec Huawei dans le domaine des appareils photo pour la téléphonie mobile, il faut rester aux aguets et curieux». Si un jour, ou un soir, il est question de la reine d’Angleterre, glissez, avec assurance, que son appareil préféré est un Leica «M3». Vous étonnerez peut-être votre entourage, mais vous aurez raison.

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La vie

6 QUESTIONS À JÉRÔME AUZANNEAU

1925 Leica Elmar

2017 Leica M10

Quels ont été vos premiers chantiers? Jérôme Auzanneau: Leica est une maison unique en ce sens qu’elle est non seulement une manufacture d’optique et de mécanique mais aussi actrice dans la haute technologie et l’électronique depuis l’avènement du numérique. Cette singularité en fait un cas d’école: il s’agit de faire évoluer le modèle économique, de trouver le bon équilibre en distribution et de faire en sorte de lui donner la meilleure expérience-client possible. Leica a-t-il trop tardé à prendre le virage numérique? Leica a d’abord été visionnaire puisque son premier appareil numérique, le «S1», remonte à 1996, c’est-à-dire en même temps que tout le monde! À cette époque, les grands de la photo ont amorcé ce virage radical du digital mais les prix qu’ils proposaient étaient si élevés qu’ils ont eu du mal à trouver un vrai marché solvable et à rentabiliser leurs investissements! Leica, qui a toujours estimé devoir fournir aux photographes un outil à la technologie

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fiable et éprouvée, a mis du temps, c’est vrai, à mettre sur le marché un «M» numérique. Le «M», chez Leica, c’est la «911» de chez Porsche ou la «Royal Oak» d’Audemars Piguet. La maison aura mis dix années à proposer son chefd’œuvre numérique. Et nous fêtons ses dix ans cette année. C’est pourquoi la nouvelle génération de Leica M s’appelle «M10». Si Leica a mis autant de temps à passer au numérique, c’est aussi parce que la maison est attachée à la meilleure qualité d’image qu’il soit possible d’obtenir. Aujourd’hui que tout le monde se prend pour un photographe, comment se positionner? Il faut se garder d’opposer les «preneurs d’images» entre eux. Des photographies faites au smartphone s’avèrent quelques fois plus dignes d’intérêt que des photos faites avec un «vrai» appareil photo par quelqu’un qui n’a pas d’œil ou de sensibilité. Le distinguo à opérer, me semble-t-il, est à faire entre le snapshot, l’image digitale à courte durée de vie,

et la photographie, qui a vocation à durer dans le temps, à être produite, imprimée, tirée, exposée, montrée… Ces deux notions de temps ne sont pas en contradiction, elles se complètent. Si on parvient à faire venir à la photographie des «preneurs d’image» dont l’œil ainsi que la sensibilité se forment alors qu’ils ont commencé avec des snapshots, alors nous avons réussi. Leica est là pour répondre aux plus exigeants d’entre eux. C’est la qualité de l’image qui nous importe encore une fois. Nous opposons si peu les «preneurs d’images» entre eux que nous avons trouvé en Huawei le meilleur allié pour faire radicalement bouger les lignes de la photo prise au smartphone. C’est notre façon de répondre, comme nous le faisons depuis toujours, aux différents besoins photographiques. Quels sont les enjeux en termes de développement? Ceux d’une manufacture de luxe. Il faut trouver un équilibre subtil entre des volumes, par définition restreints, et

PHOTOS DR; Agentur AFP

Après des postes chez Rolls-Royce, Bentley et Audemars Piguet, il occupe depuis l’automne le poste de directeur général de Leica France.


la vie

Des générations de Leica

1932

1957

1968

Leica Elmar II 3

Leica Elmar 2

Leica SL

1976

1996

2002

Leica R3

Leica S1

Leica R9

des coûts de revient et de distribution élevés. Leica veut délibérément s’adresser à tous, des amateurs de beaux objets qui prendront des photos avec parcimonie, aux professionnels qui vivent de leurs prises de vues. Les collectionneurs font aussi partie de notre famille de clients. Dans mes axes de développement de Leica en France, il y a également les appareils et optiques de collection. D’autres secteurs l’ont fait avant nous avec maestria, je pense à Patek Philippe par exemple. Ne pas les regarder pour trouver quelque inspiration serait, selon moi, une erreur d’appréciation.

sur les réseaux sociaux, via le prix Leica Oskar Barnack que nous remettons chaque année depuis 1979, ou en partenariat avec des magazines pour permettre aux photographes d’être vus en espérant qu’ils soient reconnus. Comment voyez-vous le futur de Leica? Leica n’a plus le quasi-monopole de fait, monopole que la maison a eu pendant longtemps en fournissant le meilleur outil de prise de vue aux photoreporters qui ont relaté l’histoire, petite ou grande. Mais cet esprit reste intact et l’exigence de la meilleure image aussi. En proposant à des amateurs qui ont un point de vue sur le monde ces objets photographiques étonnants qui eux-mêmes ont une âme et portent une petite part de la charge émotionnelle de cent ans d’histoire, je crois que le futur de Leica est là. Jean-Louis Dumas, président d’Hermès, disait qu’il fallait savoir rester soi-même mais évoluer constamment. Être en tension juste ce qu’il faut, provoquer une réaction, surprendre, se surprendre, être sur un fil. Y-a-t-il plus inspirant maître que Monsieur Dumas?

«Ces objets photographiques ont une âme»

Comment prenez-vous en compte le constat que la presse n’a plus les moyens de travailler aussi régulièrement qu’auparavant avec des photographes? Il est vrai que la presse dite «illustrée» a joué un très grand rôle dans l’essor de la photographie après-guerre. La presse, depuis, est plus avare en commandes, elle rationnalise elle aussi ses achats. Est-ce un bien ou un mal, c’est un autre débat. Mais il est vrai qu’elle contraint de ce fait tous les acteurs contributeurs à s’adapter. Bien que nous ne soyons pas les plus légitimes pour dire à la presse ce qu’elle doit faire, et sans vouloir lancer de polémique inutile, on peut regretter que les photographes ne soient pas aussi aidés que la presse ne l’est, par exemple. De notre côté, nous travaillons à des formules,

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LA VIE

Le temple Dior Mars 1947

Pour le 70e anniversaire de la maison fondée par Christian Dior, la nouvelle directrice artistique, Maria Grazia Chiuri, commente huit silhouettes iconiques issues des archives mêmes de L’OFFICIEL. Par marguerite Baux

D

ix ans de travail, soixante ans de postérité: face à l’empire Dior, on oublie souvent qu’il repose sur une brève période de création intense, entre la première collection de 1947 et la mort du couturier, en 1957. À l’occasion du 70e anniversaire de sa fondation, la maison Dior s’offre, au musée des Arts décoratifs, une vaste rétrospective présentant 400 de ses plus belles robes, ses sources d’inspiration et ses

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héritiers. La féminité comme un rêve, dans une mise en scène de Nathalie Crinière. Plus qu’un hommage: une cérémonie sacrée. Exposition «Christian Dior, couturier du rêve», jusqu’au 7 janvier au musée des Arts décoratifs à Paris. www.lesartsdecoratifs.fr

PHOTOS DR; Pottier, Luis Sanchis/archives de L’OFFICIEL, Guegan, Rodolphe Haussaire/ archives de L’OFFICIEL, Patrick Bertrand, Hiromasa, Masha Mel/archives de L’OFFICIEL.

«Selon moi, la grâce et l’harmonie sont les éléments clés de cet ensemble, qui présente, par essence, toutes les caractéristiques de la silhouette ‹Corolle› iconique: une exaltation du corps féminin que Monsieur Dior comparait à une fleur. Il s’agit sans conteste d’une ligne qui a marqué son époque et qui est entrée dans l’histoire de la mode.»


LA VIE

Dans «L’Officiel» n° 341-342 de septembre 1950.

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La vie Septembre 1958

Avril 1967

«Un manteau psychédélique, presque impertinent par sa couleur et sa coupe, typique des années 60 – mais avec une ceinture qui apporte de la vie: cette tenue illustre la capacité de la maison à se renouveler, à travers ses différents directeurs artistiques, dans ce cas Marc Bohan, tout en respectant son époque et sans renier ses codes.»

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PHOTOS DR; Pottier, Luis Sanchis/archives de L’OFFICIEL, Guegan, Rodolphe Haussaire/ archives de L’OFFICIEL, Patrick Bertrand, Hiromasa, Masha Mel/archives de L’OFFICIEL.

«La silhouette nette de cette tenue signée Yves Saint Laurent est, à mes yeux, comparable à une sculpture de Marino Marini. Le tissu se plie aux désirs de celui qui a construit et tracé une forme absolue. La femme Dior est une rencontre entre la ligne et la matière.»


Octobre 1972

«Les années 70 sont celles de l’émancipation de la femme: quelle meilleure façon de crier au monde qui l’on est que de s’afficher en total red? Une couleur qu’affectionnait Dior, mais aussi celle de la passion, de l’engagement, de la fierté. Une couleur qui symbolise l’audace de revendiquer sa liberté face aux stéréotypes imposés.»

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La vie

Mars 1980

«Le power suit version Dior: un classique des années 80 qui ne renie pas la féminité mais la redéfinit pour doter d’un uniforme les femmes sorties victorieuses des combats féministes. Un mélange de lignes simples et nettes, dans lesquelles réside la perfection du modèle.»

Août 1997

Octobre 2003

Maria Grazia Chiuri: «La période John Galliano fut marquée par la théâtralité et le spectaculaire: cette image m’évoque l’historicisme et la mondanité, mais dans une dimension tout à fait différente et décalée. Un choc extraordinaire des imaginaires.» PHOTOS DR; Pottier, Luis Sanchis/archives de L’OFFICIEL, Guegan, Rodolphe Haussaire/ archives de L’OFFICIEL, Patrick Bertrand, Hiromasa, Masha Mel/archives de L’OFFICIEL.

«La puissance narrative de cette création, évocatrice de contrées lointaines et de l’allure glamour caractéristique de la maison, témoigne de la vision globale de Dior.»

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la vie Avril 2017 «Cette tenue (issue de la première collection prêt-à- porter de Maria Grazia Chiuri pour Dior, ndlr) résulte d’un parcours créatif marqué par la soustraction, la sublimation, la synthèse. Elle réunit les codes Dior et les ramène à leur degré zéro, à leur essence originelle: c’est l’interprétation moderne de l’icône.»


La vie

«Il y a des gens que j’aime à Göttingen», chantait Barbara… A Göttingen, il y a aussi l’éditeur Steidl, responsable des plus beaux livres de photographies de ces dernières décennies, entre best-sellers et chefs-d’œuvre secrets.

le standard steidl Par ADRIAN FORL AN

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les ouvrages accompagnant de grandes expositions, et voilà Steidl consacré, entre la Pléiade et «l’Encyclopedia Universalis». Citant volontiers une maxime du photographe Robert Polidori, une de ses vedettes: «Le numérique est fait pour oublier, l’analogique pour se souvenir» – il construit pas à pas (pressés, tout de même, au regard de sa productivité), un pan indispensable d’une bibliothèque babélienne, qui aurait sans doute plu à Borges, rassemblant tous les regards du monde, embrassant rien moins que sa totalité.

L’éditeur Gerhard Steidl.

PHOTOS DR; Karl Lagerfeld – Robert Frank / Collection of The Cantor Arts Center, Stanford University, Bruce Davidson, Archiv Robert Lebeck – Ernst Haas

«

Je ne peux pas vivre sans l’odeur du papier et de l’encre», avoue Gerhard Steidl, qui a fondé sa première imprimerie en 1968, à 18 ans. S’il exerce aujourd’hui à quelques centaines de mètres du lieu d’exposition de l’une des Bibles de Gutenberg, il ne s’est pas signalé par ses publications religieuses: il a plutôt publié des classiques du genre – «The Americans» de Robert Frank, des recueils de Juergen Teller, le mythique «A Harlem Family 1967», de Gordon Parks – et composé des livres rares, à l’image du «Studio», de Paolo Roversi, à la reliure faite main. Il a croisé Beuys, Warhol… et acheté, dans une flambante audace, les droits de l’œuvre de Günter Grass (depuis 1993 ) prix Nobel de littérature 1999, dont on imagine qu’il donne à son activité une assise financière solide. Sa collaboration de longue date ( 1994 ) avec Karl Lagerfeld, pour lequel il a publié une quarantaine de livres, dont «Scrapbook of a Cat. Choupette», a offert, sans doute, une visibilité à son travail. Ce qui ne l’a jamais dispensé de se montrer curieux, lui qui est allé jusqu’à publier Alec Soth, alors étudiant inconnu, bien avant qu’il ne devienne une figure de l’agence Magnum. Pour la maison Chanel, il édite également des catalogues et les cartons d’invitation. Soucieux d’élaborer chaque livre en harmonie avec ses auteurs, il les invite à résider dans l’une des maisons mises à leur disposition, dans un ensemble résidentiel rebaptisé Steidlville – mais attention, les pauses cigarette sont minutées et les repas végétariens (sauf pour Ed Ruscha qui a droit à ses schnitzels). N’oublions pas qu’il réalise également


la vie

Un jour au rodéo, dans les années 50. Une photographie extraite de «Robert Frank in America», publié aux éditions Steidl en 2014.

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PHOTOS DR; © Bruce PGOTOS BRUCEDavidson DAVIDSON

LA VIE

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LA VIE

Central Park, 1991. Extrait de «In Color», de Bruce Davidson (Steidl 2014).

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Hollywood, 1967. Extrait de «Face the Camera», livre consacré au photographe Robert Lebeck, publié en 2016 chez Steidl.

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PHOTOS DR; © Archiv Robert Lebeck -© Ernst Haas

STYLE La vie


la vie

Ci-dessus: Nouvelle-Orléans, 1960. New York, 1981. Deux photos signées Ernst Haas, extraites de «Color Correction», publié en 2016 chez Steidl toujours.

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T r av e l


Le bagage-chargeur par Horizn Studios. Les news Ă la page suivante.


TRAVEL NEWS

À 200 KM de Genève Quand Jacques Grange, Jean-Michel Wilmotte et Louis Benech réinventent le cinq étoiles, c’est à Lyon que cela se passe. Perchée sur la colline de Fourvière, la Villa Maïa, sublime planque de trente- sept clefs construite sur d’anciens thermes romains, allie rigueur japonisante et artisanat français signé par les Compagnons. Juste à côté, la table étoilée de l’excellent Têtedoie. www.villa-maia.com

À 990 KM de Genève Akelarre n’est plus seulement le restaurant triplement étoilé de Pedro Subijana, à San Sebastián, c’est aussi depuis juillet une boutique hôtel moderniste donnant sur l’Atlantique et la côte basque. Une utopie mi-fifties mi brutaliste avec ses suites de 100 m2, son spa wabi-sabi et, forcément, la meilleure table de la région. www.akelarre.net

À 8400 KM de Genève Encore une bonne raison d’aller s’exiler dans la région mexicaine du Yucatán. Le Chablé Resort and Spa vient tout simplement d’y être sacré meilleur hôtel du monde pour l’année 2017 par le convoité prix Versailles. La raison? Son architecture hybride, rencontre d’héritage maya, de style colonial et de confort resort. Tant qu’à faire, on y réserve la villa présidentielle. www.chableresort.com

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INAUGURATION À MILAN

Que ce soit pour y manger des glaces, des pâtes, ou pour y faire du shopping, une courte excursion à Milan vaut toujours le coup. Désormais, le plus jeune hôtel de l’enseigne Design Hotels TM, l’hôtel Viu à Porta Volta, offre une raison supplémentaire de visiter la métropole de la mode. Un design tout à la fois classique et moderne, mâtiné de savoir-vivre italien. Avec piscine sur le toit! www.hotelviumilan.com

RESTER POUR PARTIR A quoi bon se rendre à l’autre bout du monde lorsqu’il fait si bon vivre près de chez soi? En effet, en plus des hivers enneigés à apprécier dans la belle région du Saanenland, l’hôtel Huus Gstaad propose à ses visiteurs des activités. Que ce soit en promenade à vélo, au parc d’accrobranche ou en randonnée, on ne s’ennuie jamais.

PHOTOS DR; Rhino Africa; Tiziano Sartorio Design Hotels

www.huusgtsaad.com

LE BAGAGECHARGEUR

CIEL ET HÔTELS ÉTOILÉS Il est rare de voir un ciel étoilé aussi clair qu’en Afrique. Du coup, passer toutes ses nuits en chambre d’hôtel sonne presque comme une hérésie. Heureusement, il y a les «Sleep Out Decks» qui permettent à leurs visiteurs de s’offrir une nuit luxueuse à la belle étoile. Les hôtels qui offrent ce prestige sont entre autres le Kanana au Botswana, le Ruckomechi Camp au Zimbabwe et le Nkwichi Lodge au Mozambique. A réserver chez le spécialiste du voyage Rhino Africa. A réserver chez le spécialiste du voyage Rhino Africa. www.rhinoafrica.com

Qui n’a jamais fait l’expérience d’arriver au guichet pour enregistrer son vol, et de voir la batterie de son téléphone se décharger au moment de montrer son billet électronique? L’entreprise Horizn Studios s’est justement penchée sur le problème en fabricant une valise qui sert à la fois de chargeur portable pour son smartphone et de GPS. Deux modèles, disponibles à partir de CHF 220. www.horizn-studios.com

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LÀ OÙ APhRODITE SORTIT DE L’ÉCUME

L’Hôtel Resort Anassa, sur la côte chypriote au Nord-Ouest de l’île, est un séjour béni des dieux. Dans cet écrin naturel encore merveilleusement préservé, ce palace d’entre les palaces est le lieu idéal pour célébrer la beauté, en particulier celle de la Méditerranée encore sauvage. Corps et âme se régénèrent – la magie opère. Par ANDREA LUCIA BRUN

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U

n parfum de jasmin. Bientôt rejoint par des effluves de menthe et de thym. Aux allées de citronniers succède le feuillage argenté des oliviers, des orchidées fleurissent le long des façades blanches. Des cuisiniers discrets se faufilent entre les bosquets pour y cueillir des aromates et autres herbes fraîches tandis que les hôtes, lovés dans leurs spacieuses chaises longues, profitent de la vue sur la baie. Imprenable. Splendide. On raconte que c’est ici qu’un beau jour Aphrodite, née de l’écume, descendit des flots. Pour découvrir ce sanctuaire de nature et de culture, idéalement choisi par la déesse de l’amour et de la beauté, c’est tout au bout de la presqu’île d’Akamas qu’il faut se rendre, véritable écrin végétal et réserve protégée.

PHOTOS DR; Thanos Hotels

«Puis-je vous offrir encore un peu d’eau? Nous en avons pour deux heures de route et il fait très chaud». Voici comment mon chauffeur, natif de l’île, m’accueille à l’aéroport de Larnaca. Grâce à lui, j’en apprends beaucoup sur le passé mouvementé de ce pays si particulier. Du point de vue géographique, cette ancienne colonie britannique est en effet un territoire d’Asie. Européenne, elle l’est par contre par son héritage historique et culturel. Après la Sicile et la Sardaigne, Chypre est, en taille, la troisième plus grande île de Méditerranée. C’est aussi la plus orientale. Les influences étrangères

y sont omniprésentes. Notre périple nous conduit au Sud-Ouest de l’île, le long d’une côte bordée de vignobles, de villages idylliques et d’impressionnantes falaises baignées d’eaux limpides. Avec son altitude atteignant les 2 000 mètres, le massif Troodos domine le panorama et offre depuis plusieurs millénaires des conditions idéales pour la viticulture. En l’espace de quelques années, l’adresse de certains producteurs confidentiels, sont devenues de véritables secrets partagés par les initiés. C’est à la pointe orientale de Chypre, entre Polis et Latchi, un pittoresque village de pêcheurs, que nous atteignons notre destination. Les environs de Polis sont un joyau pour les amateurs de nature intacte et un paradis pour les gourmets. «Bienvenue à Anassa, la reine de la Méditerranée»: l’élégant réceptionniste donne le ton du séjour. Il m’accueille dans l’impressionnant lobby, entre colonnes de marbre, mosaïques romaines et vases byzantins. Ce très exclusif cinq étoiles est en effet membre de la prestigieuse collection des «Leading Hotels of the World» et, naturellement, l’une des destinations les plus luxueuses de Chypre. Il passe, depuis son ouverture en 1998, pour l’un des plus beaux spas-hôtels au monde et revendique fièrement son titre «royal» – car Anassa, c’est la reine, en grec ancien.

Sans conteste en effet, les quartiers que je prends le long de la plage d’Asprokremnos méritent le qualificatif de princiers. Le domaine trône à flanc de colline et domine avantageusement une baie paradisiaque, loin du flux des touristes aimantés par d’autres hot-spots. Ici, les rayons de soleil animent de mille feux des flots limpides d’un bleu profond – à rendre Yves Klein jaloux. Les maisons aux murs blanchis, avec leurs tuiles d’argile et leurs simples portes en bois, ont le charme des villages byzantins tandis que les mosaïques grecques et les fresques vénitiennes rejouent le riche héritage de cette île chatoyante. Sur les 8,5 hectares du domaine sont harmonieusement répartis – autour d’une idyllique agora de village – non seulement le bâtiment principal, les 166 chambres et suites, mais également les quatre restaurants gastronomiques, le spa marin et une chapelle. Une fois par semaine, un marché champêtre avec buffet chypriote, musique et danses populaires anime cette place centrale. «Nous avons tenu compte de la végétation existante avec ses jardins tropicaux et ses oliveraies lorsque le domaine fut aménagé. Les plantes aromatiques, les agrumes et les fleurs – roses et orchidées en particulier – furent plantés en fonction de cette végétation d’origine. Avec un souci d’équilibre et d’harmonie», nous explique Sebastian Wurst, general

Page de gauche: Avec un accès direct à la plage d’Asporkremnos, on profite à Anassa d’une vue de rêve sur le site protégé de la presqu’île d’Akamas ainsi que sur la Méditerranée bleu azur. L’hôtel de luxe 5 étoiles Anassa fait penser à un village traditionnel chypriote avec ses façades blanches, ses toits en briques d’argile et ses mosaïques romaines.

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Trois bonnes raisons de quitter sa suite: Jeep-Safari sur la presqu’île d’Akamas Partez le long du sentier d’Aphrodite pour une balade culturelle ou, si vous préférez la jeep, à la découverte de la faune et de la flore de ce paradis entre deux bras de mer – une réserve naturelle protégée. N’oubliez pas votre panier pour un pique-nique où vos savourerez aussi la vue panoramique sur la côte sauvage avec ses falaises escarpées et ces flots plus bleus que bleu.

Dégustation au milieu des vignes La bonne chère, à Chypre, ne se conçoit pas sans l’accompagnement d’un très bon vin. Vous en découvriez toute une variété, de premier choix, dans les caves de Vouni Panayia. Ce jeune vigneron vous servira en accompagnement un excellent fromage fait maison et, à la demande, un déjeuner de «mezze» (hors d’œuvres) typiquement chypriotes.

Art à Paphos Nommée capitale européenne de la culture pour cette année 2017, la ville côtière est accessible en une trentaine de minutes environ depuis Anassa. Incontournable, l’exposition «Terra Mediterranea: In Action» est un projet coopératif consacré aux questions actuelles qui animent de destin de Chypre et à ses relations avec l’Europe. Pour reprendre des forces entre deux visites, prenez le temps d’une pause dans l’un des cafés pittoresques pour découvrir l’art du café tel qu’on le boit à sur l’île.

Chypre, destination rêvée: la troisième plus grande île méditerranéenne est considérée comme un eldorado pour les amoureux de la nature et une oasis pour les gourmets.

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PHOTOS DR; Thanos Hotels

www.anassa.com


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Un luxe pour le corps et l’âme: le spa thalasso d’Anassa. Ce n’est pas par hasard s’il est considéré comme l’un des plus beaux spas au monde.

manager. La nature méditerranéenne, intacte et fascinante, véritable écrin de ce joyau, est en effet omniprésente sur le domaine qui en tire pour bonne part sa grande beauté. Source d’inspiration, elle l’est également pour les programmes du spa et la cuisine des restaurants gastronomiques. C’est avec brio que le chef David Goodridge et ses brigades réinterprètent les produits locaux, de saison toujours, directement cultivés sur le domaine ou en provenance des villages alentours: la cuisine méditerranéenne atteint ici de nouveaux sommets. Avec son concept de «New Cyprus Cuisine», le chef David explore les traditions et la simplicité de la cuisine chypriote. Il la marie subtilement à la légèreté et à l’élégance de la cuisine française pour parfois la conjuguer à la modernité des saveurs asiatiques. Que ce soit au Basiliko, au Pelagos, à l’Helios ou à l’Amphora – le restaurant de famille – les mets sont élaborés avec la plus grande attention, nombre d’ingrédients étant entièrement de fabrication maison. Ainsi, par exemple, le fromage haloumi tourné à la main et servi avec un accompagnement de courgettes et de miel biologique à la menthe. Ou le tamara au caviar d’exocet ou poisson-volant, les fruits de mer frais sur lit de tomates séchées et basilic – proposés avec pain pita cuit au four. Pour le dessert, le yaourt grec au fromage de brebis agrémenté de délicates tranches d’agrumes, de pépins de grenade et de noix séduira à coup sûr vos papilles. On retrouve le même souci de durabilité et de vocation régionale dans la conception et l’ameublement des 166 chambres et suites de l’Anassa. Le mobilier, en grande partie, est en effet l’œuvre d’artisans ébénistes et d’artistes locaux. En 2015, la décoratrice française Joëlle Pléot fut par ailleurs chargée de mettre en scène certains espaces qui portent désormais sa signature chic: la quintessence de l’épure méditerranéenne. Mais peut-être le fait de changer moins souvent les serviettes de toilette pourrait-il

contribuer à cette démarche durable? Une piste à creuser… Toujours est-il que, pour votre séjour, on vous recommande absolument de réserver l’un des Garden Studios – avec piscine privée. On imagine difficilement plus parfait délassement après une randonnée sportive: depuis la vaste terrasse, s’imprégner tout simplement de la vue splendide sur la mer et de la quiétude du jour. Avant de descendre au Thalasso Spa pour une séance de soins sur-mesure. Au spa justement, les programmes de soins holistiques sont inspirés par l’ancestrale tradition de la thalassothérapie et la connaissance des bienfaits de la mer. L’objectif: la réactivation des énergies dans l’ensemble de notre corps. A ces fins, l’eau de la baie, d’une qualité exceptionnelle, est directement acheminée jusqu’aux salles de soins pour des séances de detox, de jets dynamisants à l’eau de mer ou un programme anti-aging by Ila pour le soin du visage. Les traitements et produits biologiques proposés par ailleurs se font, naturellement, à grand renfort d’ingrédients directement en provenance de l’île. Aphrodite aurait été conquise par les huiles précieuses et les minéraux marins collectés ici. Ce qui vaut au Spa Anassa d’avoir été récemment distingué par le prestigieux Spa Award décerné par «Condé Nast Traveller». Chacun, à l’Anassa, s’interrogeant sur ce qui fait le charme de Chypre, a tôt fait de trouver sa réponse personnelle. Reste à espérer que le boom immobilier que connaît la côte nord de l’île depuis quelques années ne vienne pas trop vite défigurer tant de beauté naturelle. Pour l’instant, le charme n’est pas encore rompu, et nous ne doutons pas que l’Hôtel Resort Anassa contribue à le faire vivre, captivant, mythique. Le temps d’un divin séjour. Que le temps ici suspende son vol, c’est le vœu que je formule en savourant mon «Rose Petal Mojito», le cocktail signature du palace. Face au soleil couchant.

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Fiat 500 Riva

Présentée en édition spéciale, la deuxième série de la Fiat 500 Riva est devenue un classique. Elle réunit également l’exclusivité et le design de deux marques légendaires – Fiat et Riva – qui ont marqué le style de vie de la Dolce Vita, faisant fureur sur terre comme en mer.

PHOTOS DR

Par NICOLE TRINKLER JANDER

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A

lors que les modèles breaks et autres véhicules tout-terrain étaient encore tendance dans mon cercle d’amis jusqu’à peu, ils tendent à disparaître lentement. La nouvelle génération qui s’émancipe et le manque de places de parking en ville n’en sont pas les seuls responsables. Si la tendance est à la voiture trois portes décontractée en petit format, c’est également pour des raisons économiques. En véritable accélératrice de tendance dans le secteur des petites cylindrées, la Fiat Cinquecento a conquis notamment les cœurs de la clientèle féminine dès son lancement il y a dix ans, et figure, depuis, sur de nombreuses listes de vœux des passionnées de voiture. Eclairant le paysage routier de ses couleurs bonbon la plupart du temps, l’édition spéciale Fiat 500 Riva réussit un tour de force et correspond exactement à mes goûts. Je partage ce sentiment avec beaucoup, comme me l’ont fait savoir Antonio Masino, directeur des ventes du Motor Village Zürich, et Daniel Jost, responsable des relations publiques du groupe FCA Switzerland SA. Alors qu’à l’automne dernier les 100 exemplaires d’une édition spéciale étaient encore dotés d’une plaquette numérotée sur laquelle une inscription personnelle pouvait être gravée, la deuxième série de la Fiat 500 Riva se

présente sans cette caractéristique. Pendant que je fais le tour en quelques étapes du petit bolide long de 3,5 m et large de 1,6 m, deux paires d’yeux pétillent devant moi. Jost, passager déjà prêt pour le départ, me fait signe de monter pendant que Masino ouvre la porte conducteur avec galanterie en me servant une eau minérale. «Bienvenue à bord» – plus qu’une simple expression, un ressenti réel. A l’intérieur, toutes sortes d’éléments de style reflètent l’aura du prestigieux constructeur de bateaux Riva Aquarama. Avec le levier de vitesse et les moulures de portes en bois d’acajou massif, mais aussi grâce au tableau de bord en acajou paré d’incrustations en érable et aux sièges en cuir de couleur ivoire, j’ai l’impression d’être sur le plus petit yacht à moteur du monde. Ce sentiment se renforce lorsqu’en appuyant sur un bouton, la capote bleue se rabat à l’arrière en quatre plis discrets. Nous mettons les gaz. Je m’adapte à la conduite urbaine avec facilité et souplesse, je passe de la première vitesse à la seconde, puis à la troisième, et à la quatrième, et inversement (sans faire caler le moteur). La boîte manuelle à 6 vitesses coulisse parfaitement, mais quelques gouttes se forment sur mon front dans la chaleur de la Suisse. Cela s’arrange lorsque nous atteignons enfin l’autoroute. Le courant d’air souffle

agréablement sur mon visage et dans mes cheveux. Alors que je pose ma tête sur l’appuie-tête rond et que j’accélère pour atteindre la limite autorisée de 120 km/h, Jost allume l’installation Hifi conçue par Beats by Dre. La chanson «Volare» retentit dans les haut-parleurs de 440 watts. Il n’est de meilleure manière d’emporter le style de vie italien sur la route. Il ne manque plus qu’un verre de Bellini dans une main et un sac de plage à l’arrière. Le premier est interdit au volant, mais pour le deuxième, c’est toujours possible. Exclusivement laquée en «bleu Sera», la Fiat 500 Riva transforme presque chaque virée en excursion nautique. La gamme présente entre autres sept airbags, un système électronique de contrôle de la stabilité et un système d’antipatinage, une climatisation automatique, des feux de croisement de jour avec «signature 500 LED», des phares antibrouillards ainsi qu’un écran TFT bleu marine lumineux avec inscription Riva. Le bolide est disponible en modèle limousine ou cabriolet ainsi qu’en trois versions essence. Le tarif de base s’élève à CHF 26  500 pour le cabriolet de 105 ch, alors que le cabriolet Fiat 500 Riva de 80 ch coûte CHF 25  300. Pour la limousine de 69 ch, CHF 21  800 sont à débourser. www.fiat.ch

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La MEILLEURE SAISON de MIAMI

Le nouveau Four Seasons offre trois piscines rectangulaires sur la plage, comme on peut le voir sur les photos de Slim Aarons.

Dernier spot en date, l’imposant Four Seasons Hotel at the Surf Club, installé sur le front de mer, ressuscite le club privé légendaire de la cité Art déco. Visite guidée. Par Eugénie Adda

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l y a de tout à Miami. La nostalgie «soft pimp» de l’ère Will Smith. L’exotisme accessible des Everglades. Le rose pâle des buildings du quartier Art déco. Les kilomètres de plage bordés par une «skyline» d’hôtels. Il y a des «malls» rutilants, des filles en rollers et la relève d’Art Basel, de méchants hôtels en hommage à Marilyn, à la désuétude délicieuse, et des concept-stores avertis qui inspirent les acheteurs du monde entier. Mais surtout, surtout, il y a le Surf Club à Surfside, bulle d’exclusivité ouverte au réveillon 1930 par le magnat Harvey Firestone pour contrer la prohibition à grandes lampées de rhum, dont la légende voulait qu’il arrivât directement par bateau depuis Cuba. C’est ici précisément, là où Liberace, Frank Sinatra et

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Elizabeth Taylor trinquaient avec Winston Churchill et la duchesse de Windsor, que vient de s’établir le nouveau fleuron du géant hôtelier Four Seasons. Colosse moderniste Si le bâtiment d’origine édifié par Russell T. Pancoast conserve sa fonction première de salle de réception, il a vu grandir derrière lui trois colosses modernistes signés par le Prix Pritzker Richard Meier, où l’acier blanc et le verre disparaissent presque sous les rayons si particuliers du soleil de Floride. On est loin du «resort» ici, mais proche du boutique-hôtel contemporain aux références bien senties. Rien d’étonnant quand on sait que la déco des espaces communs et des 77 chambres a été confiée au Parisien Joseph Dirand, qui imprègne

ces pièces pourtant flambant neuves d’une impression de déjà vécu: les lignes radicales des meubles sur mesure s’accordent avec une palette crème, sable et de bois blanchi, les surfaces polies contrastent avec des murs texturés à la manière de «condos» tout droit sortis des années 1950, le laiton des luminaires réchauffe les chambres immaculées et les salles de bains entièrement de marbre… On ne serait pas surpris de voir s’asseoir sur le balcon, face à la mer et un rien désœuvré, un personnage d’Edward Hopper. Baies vitrées du sol au plafond, jeux de reflets et balustrades en verre, tout ici tend vers l’Atlantique. Et si les immensités turquoise semblant monter jusqu’à la suite «penthouse» vous paraissent trop lointaines encore, direction l’un des cinq Cabana Sudios,


Travel appartements presque à fleur d’eau, pour vivre pieds nus entre le bois chauffé de la terrasse coloniale et la douceur lisse du sol terrazzo que rafraîchissent les ventilateurs du plafond. Rituels beauté et Winston Churchill Miami Beach oblige, l’eau ici ne doit jamais manquer. Le tout nouveau Four Seasons s’entoure de trois piscines rectangulaires comme sorties d’un cliché de Slim Aarons, alignées face à la plage et bordées de bains de soleil minimalistes, d’un bar et du fameux Cabana Row, vestige de l’ancien club privé où les «A-listers» avaient leurs habitudes, et où Churchill peignait face à la mer. Raison de plus pour réserver un des nouveaux pied-à-terre qui s’y trouvent ou, à défaut, une des cabines climatisées avec salle de bains, pour se changer sans passer par sa chambre. De l’autre côté, une nouvelle plage privée avec une foule d’activités nautiques responsables et non motorisées, une armée de grooms à l’affût du moindre caprice et bientôt un kids club mieux décoré que chez vous. Et le spa? Il

vaut à lui seul de traverser l’Atlantique: 1400 m2 de marbre d’un blanc pur répartis en six cabines de soin complétées par deux cabanes privées entièrement vitrées, où profiter des rituels beauté signés Biologique Recherche, Elemental Herbology et Susanne Kaufmann, mais aussi de séances d’acupuncture, d’aromathérapie et de massages neuromusculaires. Même les aménagements souvent sans charme comme le sauna, le hammam ou le crispant «coin repos» se trouvent magnifiés par la patte néo-classique de Dirand. Les grands sportifs profiteront d’une salle de fitness dernier cri et d’un coin de pelouse en plein air dédié aux cours de yoga. Souvenir d’Amalfi et tagliata de wagyu C’est dans le Surf Club d’origine, bâtiment années 1920, où la lumière filtre partout par les baies vitrées cintrées en enfilade, que se loge le Sirenuse, baptisé d’après le cultissime hôtel de Positano. Relecture Art déco de l’esprit amalfitain, l’endroit réunit palmiers d’intérieur, suspensions, marbre vert et grandes nappes blanches. De quoi

ne pas dépayser le gotha new-yorkais de passage en Floride. Aux fourneaux, rien de dépaysant non plus. On fait confiance à Antonio Mermolia, jeune Calabrais passé lui aussi par la Grosse Pomme, qui signe ici une carte de bons classiques du Sud de la Botte, revus à la sauce East Coast: parmigiana tradi, tagliata de wagyu, homard caponata ou encore baba napolitain s’enchaînent sous l’impulsion d’un service en livrée, à l’affabilité très Four Seasons. Pour trinquer face à la vue, on se perche sur l’un des tabourets du bar à champagne, zinc intimiste et rectangulaire conçu par Dirand, où une brigade de bartenders s’active pour préparer des cocktails baptisés aux noms des figures du Surf Club: «Winston Churchill» au Dom Perignon, «Frank Sinatra» au Roederer Cristal brut ou encore «Liz Taylor» au Ruinart blanc de blanc. Un hommage de bon goût à ceux dont les fêtes légendaires hantent encore les lieux.

9011 Collins Ave, Surfside, Floride. www.fourseasons.com

Dans le bâtiment d'origine du Surf Club datant des années 20, la lumière tombe à flots des grandes fenêtres cintrées. C'est là que se trouve la Sirenuse, qui doit son nom à l'hôtel

PHOTOS DR; Four Seasons

culte de Positano.

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La Nuit STYLE

Une soirée étincelante avec Chopard Par Livia Zafiriou

C

ette année encore, le tapis rouge du Festival de Cannes ne manquait pas d’actrices et de top models en robes éblouissantes et aux trains spectaculaires. Chez Annabel’s, le célèbre club londonien, Chopard a accueilli une Gent’s Party pour hommes. Colin Farrell, Christoph Waltz et Will Smith se sont joints à Caroline et Karl-Friedrich Scheufele, le co-président de Chopard. Mais pas de nuit étincelante sans quelques starlettes et sirènes: Marion Cotillard ainsi que les top models Liu Wen et Winnie Harlow faisaient également partie de la fête. Les invités ont apprécié leurs cocktails jusque tard dans la nuit, tandis que Lou Hayter mettait l’ambiance côté musique à son poste de DJ. www.chopard.com

DJ Lou Hayter

Friedrich scheufele et will smith

tina kul akey

Jacky Ickx PHOTOS DR

Tatiana Navka

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LaSTYLE Nuit

Caroline Veronika Heilbrunner

Scheufele

Stefano Tonchi

Friedrich et Christine Scheufele

Marion Cotill ard

Liu Wen

Ali Spencer-Churchill Christoph Waltz

et Astrid Harbord

Colin Farrell

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La Nuit

Bulgari Festa La maison italienne Bulgari présente sa dernière collection de haute joaillerie a Venise. Par LIVIA ZAFIRIOU

Comme si cela ne suffisait pas, une dernière surprise était réservée aux invités car un carrousel et une piste de danse ont été dévoilés. DJ Graziano della Nebbia a danser tout le monde dans les petites heures du matin. «Nous avons vraiment pris plaisir à imaginer cette collection», – expliquait Lucia Silvestri, directrice artistique et directrice des achats pour les gemmes de la maison Bulgari. Ce qui explique pourquoi la collection répond au doux nom de Festa (il faut croire que travailler sur cette ligne était aussi agréable qu’une semaine de vacances). Un véritable hommage au life-style italien dans ce qu’il a de plus authentique: la couleur, l’énergie, le dynamisme et une certaine douceur de vivre ultra-vitaminée. www.bulgari.com

Shu QI et Jasmine SANDERS

Jean-Christophe BABIN

Alicia VIK ANDER

Linda TOL

Tamu McPHERSON

PHOTOS DR

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est au palais Scuola vecchia della Misericordia que la maison Bulgari a présenté sa ligne «Festa», composée de plus de cent bijoux et montres. De nombreuses célébrités étaient au rendez-vous: Lily Aldridge, Shu Qi, Alicia Vikander, Lottie Moss, Jasmin Sanders, Jon Kortajena, Kumiko Goto, Nieves Alvarezet, et bien sûr, la muse Bella Hadid. En filigranne de la collection, les invités ont pu découvrir le dernier livre de Vivienne Becker, dédié à Bulgari. L’événement a commencé avec un défilé de mode surprise à l’entrée de l’endroit où les 100 bijoux et pierres précieuses ont été présentés aux invités à l'issue du défilé. Ensuite, dîner suivi où l’hôte, le PDG du groupe Bulgari Jean-Christophe Babin a invité les invités à déguster des plats conjurés, chef étoilé Luca Fantin. Pendant ce temps, des acrobates et des danseurs mis sur une performance spéciale.


La Nuit

Lottie Bell a HADID

Leila YAVARI

Lilly zu SAYN

MOSS

Eleonor a Carisi

Jon KORTA JARENA

Nieves ALVAREZ

Lily ALDRIDGE

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Adresses

MODE

Gübelin www.gubelin.com

Peter Pilotto www.peterpilotto.com

Adler www.adler.ch

Gucci www.gucci.com

Pierre Hardy www.pierrehardy.com

Akris www.akris.ch

Haider Ackermann www.haiderackermann.com

Pompidou www.pompidou.ch

Alberta Ferretti www.albertaferretti.com

Harry Winston www.harrywinston.com

Prada www.piaget.com

Alexa Chung www.alexachung.com

Hermès www.switzerland-de.hermes.com

Richard Mille www.richardmille.com

Alexander McQueen www.alexandermcqueen.com

Hogan www.hogan.com

Rolex www.rolex.com

Alexandre Vauthier www.alexandrevauthier.com

Hublot www.hublot.com

Saint Laurent www.ysl.com

Alexander Wang www.alexanderwang.com

Isabel Marant www.isabelmarant.com

Salvatore Ferragamo www.ferragamo.com

Armani www.armani.com

IWC Schaffhausen www.iwc.com

Sessùn www.sessun.com

A .P.C www.apc.fr

Jacob & Co. www.jacobandco.com

Shiatzy Chen www.shiatzychen.com

Au Jour le Jour www.aujourlejour.it

Jaeger LeCoultre www.jaeger-lecoultre.com

Sies Marjan www.siesmarjan.com

Audermars Piguet www.audemarspiguet.com

Jacquemus www.jacquemus.com

Simone Rocha www.simonerocha.com

Aurélie Bidermann www.aureliebidermann.com

Jennifer Fischer www.jenniferfisherjewelry.com

Sonia Rykiel www.soniarykiel.com

Balenciaga www.balenciaga.com

Jimmy Choo www.jimmychoo.com

Stella McCartney www.stellamccartney.com

Ba&sh www.ba-sh.com

Joseph www.joseph-fashion.com

Surplus Doursoux www.doursoux.com

Belize www.belizeboutiques.com

J.W. Anderson www.j-w-anderson.com

Swarovski www.swarovski.com

Bottega Veneta www.bottegaveneta.com

Lacoste www.lacoste.com

The Row www.therow.com

Bulgari www.bulgari.com

Lanvin www.lanvin.com

Tommy Hilfiger www.ch.tommy.com

Burak Uyan www.burakuyan.com

Lemaire www.lemaire.fr

Tory Burch www.toryburch.com

Calvin Klein www.calvinklein.com

Loewe www.loewe.com

UNIQLO www.uniqlo.com

Calzedonia www.calzedonia.ch

Longchamp www.ch.longchamp.com

Valentino www.valentino.com

Cartier www.cartier.ch

Louis Vuitton www.de.louisvuitton.com

Van Cleef & Arpels www.vancleefarpels.com

Céline www.celine.com

Maison Margiela www.maisonmargiela.com

Vanessa Seward www.vanessaseward.com

Chanel www.chanel.com

Maison Michel www.michel-paris.com

Versace www.versace.com

Charlotte Chesnais www.charlottechesnais.fr

Maison Valentino www.valentino.com

Victoria Beckham www.victoriabeckham.com

Charlotte Olympia www.charlotte-olympia.stylight.ch

Marc Jacobs www.marcjacobs.com

Wanda Nylon www.wandanylon.fr

Chaumet www.chaumet.com

Margaret Howell www.margarethowell.co.uk

Yeezy www.yeezysforall.com

Chloé www.chloe.com

Marni www.marni.com

Zadig & Voltaire www.zadig-et-voltaire.com

Chopard www.chopard.com

Max Mara www.maxmara.com

Christian Louboutin www.christianlouboutin.com

Mary Katrantzou www.marykatrantzou.com

Cia Maritima www.ciamaritima.com.br

Michael Kors www.michaelkors.com

Coach www.coach.com

Miu Miu www.miumiu.com

COS www.cosstores.com

Moncler www.moncler.com

BEAUTé

De Beer www.debeers.com

Moschino www.moschino.com

Belle by Annabelle www.bellebyannabelle.com

Dior www.dior.com

MSGM www.msgm.it

Bulgari www.bulgari.com

Dries van Noten www.driesvannoten.com

Mugler www.mugler.com

Dior www.dior.com

Elie Saab www.eliesaab.com

Mulberry www.mulberry.com

Dr. Jart+ www.manor.ch

Emilio Pucci www.emiliopucci.com

N°21 www.numeroventuno.com

Estée Lauder www.esteelauder.ch

Eres www.eres.com

Nina Ricci ww.ninaricci.com

Jo Melone London www.jomelone.co.uk

Esteban Cortazar www.estebancortazar.com

Off-White www.off---white.com

John Frieda www.johnfrieda.com

Etro www.etro.com

Olivier Theyskens www.oliviertheyskens.com

La Mer www.cremedelamer.de

Fendi www.fendi.com

Olympia Le Tan www.olympialetan.com

Lancôme www.lancome.ch

Gareth Pugh www.garethpughstudio.com

Omega www.omegawatches.com

L'Oréal www.lorealparis.ch

Georgio Armani www.armani.com

Patek Philippe www.patek.com

Sensai www.sensai-cosmetics.com

Graff www.graffdiamonds.com

Paul & Joe www.paulandjoe.com

Shiseido www.shiseido.com

Vous trouverez, sur le site de toutes les marques citées, l'adresses des boutiques qui les vendentou celles des points de vente les plus proches.

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Exceptionnelle croisière fluviale au Portugal

«au fil du Douro»

Partez à la découverte du magnifique fleuve Douro à bord du confortable MS Fernão de Magalhães de la compagnie CroisiEurope. Une croisière qui vous amènera au cœur des vignobles de la vallée du Douro et qui vous permettra également de visiter les très belles villes de Porto et de Salamanque. Durant la croisière, notre spécialiste en œnologie, Marie Linder, aura le plaisir au quotidien de vous initier à la dégustation du vin et lors de notre soirée spéciale à bord, vous aurez l’occasion d’écouter la voix de la célèbre chanteuse de Fado, Teresa Tapadas.

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Un voyage exclusif et 100% francophone, du 24 octobre au 29 octobre 2017

Programme complet de la croisière sur:

www.voyages-myeuropa.ch

Tarif par personne: dès CHF 1’790.Vous êtes lecteur de l’OFFICIEL, annoncez-vous et recevez CHF 100.- de réduction par personne

Inclus: • vol direct Genève / Porto / Genève • 5 nuits à bord avec pension complète • boissons incluses et à discrétion au restaurant et au bar (sauf champagne et carte des vins) Non inclus: • les excursions facultatives mentionnées dans le programme • l’assurance frais d’annulation et retour prématuré MyEuropa by VT Vacances - 021 695 60 40

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Last Look

d’un bon pied Chausseur adulé et à aduler, Christian Louboutin investit l’univers de la beauté. Après les vernis, les rouges à lèvres et les parfums, il se lance à l’assaut du regard. Rencontre dans son fief parisien de la rue Jean-JacquesRousseau, au sortir d’un jogging matinal sur les quais de Seine. Par Léa Trichter-Pariente Photographie r aphaël gianelli-meriano

Qu’aimez-vous dans la cosmétique? J’aime le pouvoir qu’elle donne à la femme et l’idée de la main de l’homme sur le naturel. Je suis plus ému par un jardin que par la nature. Pour moi, l’artifice n’a rien de superficiel. Je suis fasciné et influencé depuis petit par le music-hall et par Néfertiti – je porte une bague à son effigie.

Êtes-vous du matin? Oui, c’est le moment où je dessine et où je suis le plus productif et créatif. Racontez-nous une de vos journées… Aussitôt levé, je fais, de 6h50 à 7h50, une séance de gym avec mon coach, lorsque je ne vais pas courir. Je prends ensuite un petit déjeuner léger puis me rends à 9h45 à mon bureau. Je déjeune à 13h30, souvent chez moi, avant de retourner travailler. En fin de journée, je passe du temps en famille puis je ressors dîner même si, depuis peu, j’apprécie de recevoir dans mon nouvel appartement. Que prenez-vous au petit déjeuner? À la maison, un muesli avec des fruits ou bien du pain sans gluten et du beurre salé – je suis breton. Lorsque j’ai le temps, je bois du thé Earl Grey et, quand je suis pressé, plutôt du café. En Angleterre, j’aime les petits déjeuners salés, notamment les crumpets et, en Égypte, j’aime les crêpes à la confiture de figue ou au miel, j’y ajoute du citron, j’en mets partout. Quelles sont vos adresses préférées? À Paris chez «Claus», à Londres au «Claridge’s» et à Los Angeles dans les jardins du Chateau Marmont, surtout pas en chambre, c’est trop long. Voyagez-vous beaucoup? Oui, outre l’Italie où je passe beaucoup de temps à l’usine, je me rends très souvent au Portugal, mon havre de paix, mais aussi en Égypte, en Inde et aux États-Unis.

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Quelle attention portezvous aux emballages? Je crois, comme Lacan, au sens des mots; je suis étonné de voir parfois de si laids contenants pour des produits de beauté. Je dessine tous mes packagings, à l’exception des parfums, pour lesquels j’ai fait appel au designer Thomas Heatherwick. J’adore les miniatures et travailler sur de petits objets.

Quels sont vos hobbies? J’aime le cinéma, la gastronomie et j’ai une passion pour l’horticulture, que je pratique en Vendée et au Portugal. Lorsque je visite une ville, je donne la priorité aux jardins et à l’architecture avant les musées. J’aime aussi à chiner des objets que je rapporte d’un peu partout et que je stocke dans un entrepôt. Tout est listé dans un catalogue. Je les place ensuite dans mes boutiques ou une nouvelle maison, ou bien cela me permet d’offrir un cadeau à un proche pour son anniversaire. Quelles femmes vous inspirent? Au-delà du physique, des femmes de caractère. J’aime les femmes avec une histoire, qui ont un côté indépendant et «survivor».

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette aventure de la cosmétique? L’idée de repartir à zéro et l’imaginaire sensoriel, très différent de la chaussure. Comment vous imaginez-vous dans vingt ans? J’espère pouvoir apprécier la vie, comme je le fais maintenant, et pouvoir retourner dans ma maison en Syrie. De quoi rêvez-vous? J’ai un vieux fantasme, qui est de créer de petits hôtels. Cela me permettrait de lier tout ce que j’aime: textiles, architecture, jardins, service, gens et lieux. Christian Louboutin, 17 rue du Rhône, Genève. Christian Louboutin, Wühre 7, Zurich www.christianlouboutin.com


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HAWORTH SUISSE – MOBILIER DE BUREAU FABRIQUÉ EN SUISSE DEPUIS 1898 Haworth Schweiz AG, Badstrasse 5, 5737 Menziken, Tél. 062 765 51 51 Découvrez-nous sur notre adresse haworth.ch


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