L’âme du voyage. A explorer.
CALIBER RM 07-01
NUMÉRO
5/2016
RÉDACTRICE EN CHEF
SA NDR A BAUK NECHT PUBL ISHER
STEFA N HOTTINGER-BEHMER
DIRECTRICE DE L A RÉDACTION
MANAGING EDITOR
SENIOR EDITOR
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LI V I A ZA FIR IOU
STÉPH A NE BON V IN
SENIOR CONTRIBU TING EDITOR
EDITORIAL COORDINATOR
CONTRIBU TING BE AU T Y EDITOR
K ATH A R INA SA ND
M A NOU STEIGER
VA LESK A JA NSEN
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PRE-PRESS
ART DIRECTOR
STAGE
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IR ENE A BÄCHER LI THOM AZ
TR ANSL ATION PRO JECT MANAGER
TR ANSL ATIONS
GOPA PINCH A
FINTR A NS
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ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO TEXTES MATHILDE BERTHIER, CONSTANCE CHAILLET, FRÉDÉRIQUE DEDET, HERVÉ DEWINTRE, VALÉRIE FROMONT, MARIE MAERTENS, SOPHIE ROSEMONT, LÉA TRICHTER-PARIENTE, NICOLE TRINKLER JANDER, ARIEL WIZMAN ILLUSTRATION SARAH GASSER PHOTOGRAPHES COCO CAPITAN, ARVED COLVIN-SMITH, L AURA COULSON, RAPHAËL GIANELLI-MERIANO, ALESSIO MIGLIARDI, ALICE MOITIÉ, NADINE OT TOWA, FE PINHEIRO, NICOL AS SCHOPFER, ARTON SEFA, FIONA TORRE ST YLISTES VANESSA COCCHIARO, LORNA MCGEE, EMILY MINCHELL A, ELIZ ABET TA MONTINI, ELEONORA PAPET TI, OLIVER RAUH, DEBORAH REYNER SEBAG MAQUILL AGE / COIFFURE RACHEL BREDY, PAT MCGRATH, GRIGORIS, LOÏC HAUCK, CL AUDIA JACOB, AKGUN MANISALI, PHILIPPE MENSAH, ERNESTO MONTENOVO, TAK AKO NOBORIO, GUIDO PAL AU, ANTHONY PREEL, SILIVA SADECK A, EVANGELOS TZIMAK AS
TR AITEMENT DE L’IMAGE DE L A COU VERT URE SÜS STRUNK & JERICKE, ZURICH
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SOMMAIRE 48 50
L’AGENDA CULTUREL DE… Isabel Marant PETIT-DÉJEUNER AVEC… Vivienne Westwood, Lily Collins, Dita von Teese et Pierre Hardy LUBIES – Comme un emblème LA COLLECTIONNEUSE – Camille Seydoux et ses sacs MAISON ULLENS – Passeport pour l’élégance CHLOE WISE – La mode et le plaisir TENDANCE – Envies d’Hawaï
56 62 68 64 71
MODE 74 82 94 110 116
EN COUVERTURE – En mode surf CHASSÉS-CROISÉS SI JOLIE LILY POÈME EN VERTS MIU MIU – Un sac, tant de possibilités
BEAUTÉ 129 NEWS 130 ACCROCHE-CŒUR 131 CHICO SHIGETA – La beauté de demain
Lily Gavin en Erika Cavallini, Coach et Isabel Marant, photographiée par Laura Coulson. Voir toutes les images à partir de la page 94.
N° 21 – JUIN 2016
RENDEZ-VOUS 4 10 12 15 22 158
IMPRESSUM ÉDITO CONTRIBUTEURS NUANCIER – Néo-couleurs CHEMISE BLANCHE – Tatyana Franck ADRESSES
LA VIE 137 CÔTÉ JARDIN – Tendance déco 138 SAGA HICKS – High Society 144 ANATOMIE D’UNE VOITURE – Le cabriolet «Classe C» de Mercedes-Benz
TRAVEL 147 NEWS 148 SUITE TALK – Grand Hôtel du Lac 152 TRAVEL INSIDER – Munich de Jasmin Khezri
LA NUIT 154 MONTBLANC – Une fête au sommet
NEWS
INSIDER
16
160
DE LA MODE ET DES BIJOUX
LE SAVIEZ-VOUS… enSoie
BIJOUX 28 30 33
TENDANCE BIJOUX – 20 000 feux sous les mers CADEAUX DE LA NATURE – Doris Hangartner ANATOMIE D’UNE MONTRE – «Hypnose Full Pavé» de Cartier 34 TENDANCE MONTRES – Basel World 36 DUBINI – Bijoux d’histoire 120 HAUTE JOAILLERIE – Les yeux noirs
Francine James, photographiée par Arved Colvin-Smith N° 21 – JUIN 2016 CHF 12
IT BAGS
LES MYTHES ET LES OBJETS DU DÉSIR
CHICO SHIGETA
LA VRAIE BEAUTÉ, EXPRESSION DE L’HARMONIE
PETIT-DÉJEUNER AVEC
DITA VON TEESE, VIVIENNE WESTWOOD, PIERRE HARDY, LILY COLLINS
STYLE 24 26 42 47 10
CHRONIQUE – Faster, faster, faster LE CHOIX DE… Nathalie Tabchoury BAG MAGIQUE – Tout, tout, tout sur les sacs à main TENDANCE – Cols Renaissance JUIN 2016
CHLOE WISE
PORTRAIT D’UNE ÉPOQUE
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Veste et bas de bikini, Bottega Veneta. Sac, Céline. Chaîne, Pembe Club. Stylisme Lorna McGee Coiffure Ernesto Montenovo Maquillage Akgun Manisali Assistant Photo Shaun Bransgrove
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ÉDITO
Chère lectrice, Dernièrement, dans l’avion entre New York et Zurich, j’avais entre les mains un magazine de mode américain avec, sur sa page de couverture, ce titre si typique: «Dress Your Age». Je n’ai encore jamais compris cette exhortation et elle me met chaque fois en colère. Quand j’avais à peine 20 ans, je pouvais parier que la jupe qui me plairait alors serait classée dans la catégorie «Réservé aux 60 ans et plus». Alors qu’aujourd’hui, les bottes que je convoite sont estampillées «À ne porter que si on a 30 ans». Pourquoi devrions-nous nous laisser brider de la sorte? Est-ce que cela ne dépend pas plutôt du genre de femme que l’on est? Les vêtements dans lesquels on se sent bien, qui correspondent au ressenti de notre corps et aux circonstances de notre vie, nous ne pouvons les choisir que personnellement. Prenons par exemple Iris Apfel, 94 ans, qui se décrit elle-même comme la plus vieille adolescente du monde. Cette Américaine est une légende de la mode. Inclassable dans ses tenues toutes plus originales et chamarrées les unes que les autres et derrière ses lunettes façon hublots, elle est la preuve que la mode est un plaisir qui se moque de l’âge. Les tendances, elle ne s’en est jamais souciée, c’est sa propre créativité qu’elle a toujours suivie. À l’autre bout du spectre, il y a la bloggeuse américaine Tavi Gevinson qui, en 2008, à tout juste 11 ans, s’est embarquée dans son aventure en ligne en s’affublant d’un signe particulier assez, comment dire…, particulier: des cheveux gris et d’épaisses montures de lunettes. Une icône du style de sa génération était née. Elle a aujourd’hui remisé l’image de grand-mère d’alors, mais pas son succès. J’ai récemment lu un article très intéressant sur le meilleur moyen de réussir dans la vie. En bref, il faudrait commencer par se trouver quelque chose pour se détacher de la masse. Cela m’a fait réfléchir. Prenons Karl Lagerfeld, par exemple. Il s’est créé un look qui le rend reconnaissable partout. Il a fait de sa personne une marque visible. Les vêtements sont une forme de communication non verbale. Statut social, éducation, culture, appartenance ethnique, goûts personnels et bien plus encore y sont lisibles. Voilà pourquoi je ne peux m’empêcher de sourire quand on me qualifie de «fashion addict». La mode n’a rien de superficiel, la mode, c’est le pouvoir! La première impression se forme en un dixième de seconde, et le rôle qu’y joue notre apparence extérieure est immense. J’espère de tout cœur que vous trouverez dans ce numéro de quoi vous inspirer, et peut-être même le petit quelque chose qui n’appartient qu’à vous. Bonne lecture!
Singulièrement vôtre,
PHOTO: ADRIANA TRIPA
Sandra Bauknecht
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CONTRIBUTEURS P a r D Ö R T E W E LT I
Lorna McGee Alessio Migliardi
Arton Sefa
LORNA MCGEE Lorna McGee a 19 ans lorsque, tout juste débarquée d’Irlande, elle est sifflée dans les rues de Londres par une jeune femme dans un taxi qui se confond en compliments sur la chemise Kate Moss qu’elle porte. Et comme la «siffleuse» n’est nulle autre que… Kate Moss en personne, Lorna prend cet épisode pour un signe de bon augure et s’accroche à son intention de percer dans la mode. Aujourd’hui styliste très demandée, elle travaille pour «Vogue», «Glamour Russia» et «GQ Brazil». Collaborer avec des photographes tels que Patrick Demarchelier est selon elle une chance inouïe – Lorna raconte que lors d’une session avec Gisele Bündchen, ce dernier avait mis en boîte le cliché parfait au bout d’à peine trois clics. Nous lui devons le stylisme de la photo de couverture, tandis que vous pouvez vous délecter de toute la série de mode qu’elle a orchestrée avec photographe Arven Colvin-Smith, à partir de la page 74. ALESSIO MIGLIARDI Alessio Migliardi, photographe de mode formé à la Central St. Martin’s de Londres, multiplie les démarches, les approches et les styles. Ses travaux peuvent être éclatants de couleur, ou présenter des mannequins un peu comme des poupées, ou laisser s’épanouir l’imagination, ou encore raconter des histoires singulières. Saviez-vous que nos aïeux, quand la télévision n’existait pas encore, jouaient à imaginer des tableaux vivants où de vraies personnes en costumes posaient pour représenter des images devant une toile de fond ou un décor naturel? C’est cette idée de départ qu’Alessio, qui vit en Italie du Nord, avait en tête lorsqu’il a mis en scène pour nous toutes les nuances de vert à admirer à partir de la page 110.
ARTON SEFA Arton Sefa est né au Kosovo. En 1998, il quitte son pays ravagé par la guerre et se rend en Allemagne. Il termine ses études à Augsbourg, suit une formation en photographie et se fait un nom en tant que photographe de mode et de backstage. Il a été tout particulièrement inspiré par son travail pour Jil Sander, Acne Studios, Yohji Yamamoto et Vivienne Westwood. On en retrouve en tous cas des échos dans ce qu’il a fait pour L’OFFICIEL Suisse (à partir de la page 82). Arton, qui se plaît à sonder les frontières de l’optique, emprunte sa devise de vie à Nelson Mandela: «Ce qui compte dans la vie, ce n’est pas seulement de vivre. Ce sont les changements pour la vie des autres qui définissent quel genre de vie nous menons.» NICOLE TRINKLER JANDER Lorsque l’on demande à Nicole Trinkler Jander ce qui la passionne, sa réponse est: «Les voyages, lire, lire, lire, écrire, écrire, écrire, réunir des amis et profiter de la vie, la cuisine/la bonne bouffe/organiser/mettre sur pied des fêtes – l’occasion pour ça, on la trouve toujours.» Mais encore? Nicole Trinkler Jander, en journaliste née, fonce sur tous les sujets abordés. Même si elle cite l’île allemande de Sylt, dans la mer du Nord, comme source d’énergie, elle est née à Dortmund. Elle a fait ses classes de journaliste à Hambourg en tant qu’assistante du rédacteur en chef de «Fit for Fun» et n’a depuis jamais rien laissé passer qui donnerait matière à une bonne histoire, en particulier pour les magazines automobiles. Elle a choisi de vivre à Zollikon et, en plus de son travail et de sa famille, elle se forme sans cesse, pour assouvir son perfectionnisme. Alors, n’estelle pas la journaliste idéale pour tenir notre nouvelle rubrique intitulée «Anatomie d’une auto»? Démarrage sur les chapeaux de roues en page 144.
PHOTOS: DR
Nicole Trinkler Jander
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Benedetta Dubini: Bijoux sertis de pièces de monnaie antiques et rares qui ressuscitent le souffle romanesque de royaumes disparus. Interview à partir de la page 36.
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PHOTOS: DR
ENTRÉE
NUANCIER
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ULE O C -
1 3
S UR
NÉO
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2
En dégradé délayé ou en bandes bien nettes, les nuances de l’arc-en-ciel portent bonheur. Somewhere over the rainbow.
PHOTOS: DR; CERTAINS PRIX ONT ÉTÉ CONVERTIS DE LA DEVISE D’ORIGINE ET NE REFLÈTENT PEUT-ÊTRE PAS LE PRIX PUBLIC SUISSE; RED VALENTINO ET CHLOÉ SONT DISPONIBLES SUR NET-A-PORTER.COM
Réalisation LIVIA Z AFIRIOU
4
7 6
5
1. Anya Hindmarch, CHF 940 2. Défilé Chloé Printemps-Été 2016 3. Chloé, CHF 570 4. Chopard, prix sur demande 5. Edgardo Osorio pour Salvatore Ferragamo, CHF 760 6. RED Valentino, CHF 800 7. Missoni, prix sur demande 8. Edie Parker, CHF 1 910 9. Thierry Lasry, CHF 430
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NEWS
LA BONNE ÉTOILE Quatre bagues «Rose des vents» au médaillon pivotant, en or jaune, diamant et nacre, en or jaune, diamant et turquoise, en or rose, diamant et onyx, en or blanc et diamants, Dior Joaillerie.
Il y a à Granville, posée sur un promontoire rocheux, une étrange villa crépie de rose baptisée les Rhumbs. C’est un lieu de mémoire, qui hébergea les souvenirs du jeune Christian Dior. Il doit son nom aux trente-deux divisions de la rose des vents qui se détache en mosaïque depuis le sol de l’entrée jusqu’au bassin. Il règne ici une atmosphère teintée de superstitions maritimes et de souvenirs normands qu’a choisi de poétiser Victoire de Castellane dans sa nouvelle collection de joaillerie baptisée «Rose des vents»: des colliers, des sautoirs, des bracelets et des bagues qui conjuguent l’or rose, jaune ou blanc avec la turquoise, l’onyx et le diamant. «Le symbole du voyage, l’étoile, l’idée d’un porte-bonheur, la rose: toute l’histoire de la maison est là, en filigrane.» En écho à la corde des navigateurs et à l’appel du large, une torsade d’or grain de riz cercle le médaillon qui se retourne, côté pierre dure ou côté rose des vents, au gré des mouvements. www.dior.com
UNE AKRIS DE PLUS Dans le célèbre quadrilatère de la mode de luxe à Milan, au coin de la via della Spiga et de la via Gesù, les fashionistas ont aujourd’hui leur boutique Akris. Les collections Akris, Akris Punto et les lignes d’accessoires seront exposées dans des locaux designés par l’agence allemande Hilmer Sattler Architekten Ahlers Albrecht. Albert Kriemler en a profité pour raconter qu’il adore l’Italie et que maint tissu de ses collections provient de la péninsule. www.akris.ch
DU NEUF AVEC DU VIEUX Le concept est aussi malin que bon pour la planète. RE / DONE, la marque de jeans de luxe créée par Jamie Mazur et Sean Barron, prend des jeans Levi’s d’occasion, les met en pièces et les réassemble en de nouvelles coupes – comme la High Rise Cut, actuellement très en vue. Chaque paire a donc sa propre identité et est unique. Toutes les étapes du travail sont effectuées à Los Angeles. Et le résultat est disponible à Zurich chez Vestibule.
PHOTOS: DR
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NEWS
À TITRE PERSONNEL La marque de bijoux italienne Dodo, qui fait partie de l’univers Pomellato, nous a déjà souvent séduit(e)s par ses pendentifs ludiques. Les clients peuvent à présent créer leurs propres bagues et pendentifs en faisant graver les symboles, les mots et les initiales qu’ils auront eux-mêmes conçus. www.dodo.it
HOMMAGE À ZAHA Ça aussi, elle savait le faire! Pour l’orfèvre danois Georg Jensen, l’architecte Zaha Hadid, récemment décédée, a conçu quelques modèles fascinants reflétant l’amour de la nature de cette marque plus que centenaire. En argent, rhodium noir et sertis de diamants noirs, ils seront commercialisés, pas avant septembre – patience! www.georgjensen.com
DES LUNETTES POUR CHANGER!
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PHOTOS: DR
Les nouvelles lunettes de soleil Swatch incarnent bien le fun estival. 30 looks et 7 branches différentes, voilà qui donne 210 combinaisons. La forme de base est ronde, carrée ou en aile de papillon. Et pour changer les branches, pas besoin d’outil, ça se clique tout seul.
W W W.O L E LY N G GA A R D.C O M
NEWS
LE TEMPS DE BIEN FAIRE
Bruno Bencivenga a fondé la marque de chaussures Navyboot il y a de cela 25 ans après un coup de cœur pour celles de la tenue de sortie des soldats de la US Navy. L’une des filiales de Zurich a donc été relookée dans un style maritime, et nul autre que Peter Lindbergh, star parmi les photographes, chargé de photographier la nouvelle campagne. Bon vent!
Que se passe-t-il quand une actrice récompensée d’un Oscar et une marque horlogère suisse de luxe travaillent ensemble? Plein de bonnes choses! Frédérique Constant a ainsi annoncé que la belle Gwyneth Paltrow, qui est aussi philanthrope, serait son ambassadrice de marque internationale pour ses activités caritatives. Pendant son année à ce poste, la comédienne va s’engager directement pour l’organisation «DonorsChoose» qui promeut l’éducation scolaire. Pour chaque montre de la «Delight Automatic Collection» vendue, 50 US dollars seront reversés à l’organisation, ce qui permettra à des milliers d’enfants d’avoir accès à une meilleure éducation.
www.navyboot.ch
www.frederiqueconstant.com
EN AVANT TOUTE
SENTEUR DE SUÈDE
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T’AS DE BEAUX RESTES, TU SAIS Louloux a de l’ambition et de la hauteur. La jeune marque brésilienne puise dans les restes de matériaux issus de la production d’autres marques pour fabriquer d’extraordinaires souliers gorgés de couleur. Les hauts talons surtout sont un hit! Désormais disponible en ligne chez Manor. www.manor.ch
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PHOTOS: DR
The White Briefs, la marque suédoise de sous-vêtements dans le vent, a demandé au DJ et compositeur de lifestyle suisse Olivier Rohrbach de créer une bougie parfumée. La commande a été des plus simple: que cela sente comme du linge qui sèche au vent en Suède. Ouvrez les narines, parce que cela embaume aussi bon que prévu!
VULCAIN, THE WATCHMAKER I TRUST.
vulcain-watches.com
Edition très limitée: Le modèle 50s PRESIDENTS’ WATCH “VULCAIN FOR HEINER LAUTERBACH” est proposé exclusivement à 99 exemplaires. Boîte bicolore or rose 18K et acier inoxydable. Cadran nacre avec indexes rosés. Diamètre de la montre : 42 mm. Calibre manufacture Vulcain mécanique Cricket V-10 avec réveil. Remontage manuel. Réserve de marche : 42 heures Manufacture des Montres Vulcain S.A. - Chemin des Tourelles 4 - 2400 Le Locle - Switzerland - Tel +41 (0)32 930 80 10 - info@vulcain-watches.ch
STYLE
Des défis formidablement excitants sont en train de bouleverser la mode, dont le modèle industriel connaît actuellement des changements majeurs. Qui reposent sur deux piliers: la vitesse et le désir. Tour d’horizon. P a r VA L É R I E F R O M O N T
L
Illustration SAR AH GASSER
es mutations que traverse aujourd’hui l’industrie de la mode sont immenses. Deux sujets de conversation y sont en ce moment omniprésents: le phénomène du «see-now buy-now» et le turnover de plus en plus rapide des designers à la tête des grandes maisons. Ces deux grands chapitres qui agitent les esprits, bouleversent les calendriers et donnent de la tachycardie au cours de la bourse ne sont en réalité que des émanations du même phénomène: le miroir économique et artistique du changement de mœurs mis en place par l’ère du numérique, et qui se résume en trois mots: «faster, faster, faster». Les phénomènes qui nous paraissaient hier encore immuables se transforment à la vitesse grand V, nous rappelant à quel point la mode est intimement liée aux soubresauts du monde. De quoi est-il question, au juste? Burberry a annoncé au mois de février que l’ensemble de la collection serait désormais disponible à la vente directement après le défilé, dans les boutiques et online, et que les shows Homme et Femme ne seraient plus séparés. Et que les deux présentations annuelles de ses vêtements ne se réfèreraient plus aux traditionnels «Automne-Hiver» et «Printemps-Été» car «c’est toujours l’été quelque part dans le monde», souligne Christopher Bailey, le directeur artistique et CEO de la marque. Offrir aux clients la possibilité d’acquérir quelques pièces directement après le défilé, c’est également le pas qu’ont déjà franchi quelques marques comme Versace ou Moschino avec de petites collections capsules, ou Prada chez qui il était possible d’acheter quelques sacs à main de la collection Automne-Hiver 2016 dans quelques boutiques sélectionnées directement après les avoir découverts sur le catwalk. Mais aucune marque n’avait encore fait le pas de rendre l’ensemble de la collection disponible à la vente immédiatement. Dans la foulée, Tom Ford a également annoncé qu’il présenterait en septembre à New York sa collection Automne-Hiver, et qu’elle serait instantanément disponible à la vente le jour de la présentation. Vetements, la marque à l’ascension fulgurante vers qui tous les regards se tournent aujourd’hui – et dont le directeur artistique Demna Gvasalia est désormais à la tête de la maison Balenciaga – présente ses collections en juin et en janvier, ce qui correspond dans le calendrier officiel aux présentations des pré-collections. Chez Chloé, Céline et Proenza Schouler, la présentation et la commercialisation des pré-collections se feront désormais simultanément. Vous êtes perdus? C’est normal. «Le monde est devenu fou, parce qu’il y a trop de tout. C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de changer. La mode, c’est toujours à propos d’aujourd’hui et de demain», racontait Paul Smith lors d’une interview donnée à «Business of Fashion» où il expliquait la restructuration de son propre modèle d’entreprise. C’est pour répondre à ces nouveaux défis de calendrier, de production, de saturation du marché et surtout de désir du consommateur que le monde de la mode revoit sa copie. Même si ce mouvement reste encore minoritaire et que de nombreuses marques ne semblent pas prêtes à changer les modèles établis, «certains voient déjà poindre une révolution structurelle, industrielle, commerciale et pourquoi pas stylistique digne du passage de la couture au prêt-à-porter il y a 50 ans» observait Caroline Rousseau dans «Le Monde». Les problèmes de production posés par ce modèle de «see-now buy-now» sont loin d’être résolus: «Nous n’avons pas toutes les réponses, 26
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reconnaît Christopher Bailey, et nous allons devoir apprendre au fur et à mesure». Le principal défi consistera notamment à réduire les délais de production de quelques mois à quelques semaines. La presse tout comme le commerce de détail sont deux secteurs qui seront eux aussi bouleversés par ces changements. Sans compter les chaînes de «fast fashion» qui copient les grandes marques et qui seront donc court-circuitées dans leur calendrier. Mais le principal enjeu, c’est bien sûr de capitaliser sur le désir du consommateur qui a désormais accès aux défilés en temps réel et qui n’a aucune envie d’attendre six mois que les collections arrivent en boutique, alors que les vêtements semblent déjà appartenir au passé. Impensable dans cette ère de l’immédiateté où le numérique donne le sentiment d’avoir accès à tout, tout le temps: submergé d’informations et de sollicitations, le désir, en six mois, a toutes les chances de s’évanouir, supplanté par d’autres images et d’autres désirs. Pour tirer parti du désir du consommateur, il faut aller «faster, faster, faster». On peut tirer un parallèle avec le bal des designers qui entrent aujourd’hui au service de grandes maisons pour des mandats de plus en plus courts. Anthony Vacarello vient de remplacer Hedi Slimane chez Saint Laurent à l’heure où nous mettons sous presse. Pourtant, ce n’est pas que les designers aient été jetés comme de vieux Kleenex. Raf Simons est parti de son plein gré de chez Dior, certes épuisé mais de son plein gré, tout comme Hedi Slimane dont les négociations du renouvellement de contrat avec Kering n’ont pu trouver d’issue favorable. En réalité, la plupart des designers n’ont aucune envie d’avoir des contrats qui porteraient sur de plus longues périodes que trois ans. La désirabilité et les ventes d’une maison sont tellement liées à ce qu’un directeur artistique lui insuffle qu’il peut très rapidement la porter au firmament – et vouloir renégocier cette ascension dont il est porteur en monnaie sonnante et trébuchante. «S’ils le pouvaient, les designers souhaiteraient même des contrats d’un an», expliquait Vanessa Friedman dans un article, relatant les propos d’un dirigeant souhaitant rester anonyme. De l’autre côté, François-Henry Pinault affirme que la brièveté de ces relations correspond au cycle normal de la mode. Comme une bulle de savon qu’un enfant souffle, le designer star est capable de faire gonfler très rapidement la désirabilité d’une marque (comme Alessandro Michele chez Gucci actuellement) avant de passer au prochain jeu. Trois petits tours et puis s’en vont – «faster, faster, faster». Moi qui suis de nature si fidèle, je me méfie spontanément de cette accélération qui ressemble à s’y méprendre aux cycles de plus en plus courts des relations amoureuses, ou amicales. Pourtant, j’avoue être très excitée à l’idée de ces bouleversements. Nous sommes à l’aube d’une révolution dont l’issue offrira sans doute davantage de liberté au consommateur, et lui permettra de faire ses choix avec plus de discernement. Et nous assistons à une mue historique du secteur de la mode: après avoir basculé de l’artisanat à l’industrie dans les années 1960, il doit maintenant adapter son appareil industriel à la rapidité de l’ère numérique. Tout change, et il n’est pas question d’être pour ou contre, réactionnaire ou avant-gardiste: la mode est l’expression de ces changements incessants des mouvements de la société et il faut en prendre acte «faster, faster, faster».
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MA CLIENTE EST... «Une femme avec beaucoup de style qui sait exactement ce qu’elle veut et n’a pas peur de le montrer, mais avec classe et élégance. Mes clientes viennent du monde entier et font leur shopping partout dans le monde. Alors, si elles trouvent quelque chose à acheter chez Le Dix, c’est que cela complète leur garde-robe déjà bien fournie.»
Nathalie Tabchoury
MON INSPIRATION «Les femmes et leur grâce, voilà mon inspiration. Comme par exemple Audrey Hepburn. C’est une véritable icône de la mode et son style est encore aujourd’hui présent sur les podiums. Lorsque je sélectionne des collections, je me laisse inspirer par ces femmes-là, leur élégance, leur classe et leur aura d’innocence.»
MON BIJOU PRÉFÉRÉ «Je chéris tout ce que mes parents m’ont offert pendant mon enfance ou ma jeunesse. Si ça doit être un bijou, alors je dirais ma montre Patek Philippe en or rose.»
LE CHOIX DE...
NATHALIE TABCHOURY À Genève, la nouvelle boutique Le Dix est un lieu où se réalisent les rêves de jeunes filles. Un monde de tulle, de dentelle et de soie. Nathalie Tabchoury, sa fondatrice, y fait figurer une vaste sélection des designers parmi les plus réputés, dont Jenny Packham et Alexandre Vauthier.
MON DESIGNER CHOUCHOU DU MOMENT Par MANOU STEIGER «Difficile d’en distinguer un parce que je les aime tous. Pour moi, chaque designer MA PIÈCE PRÉFÉRÉE DE LA COLLECTION que je présente dans ma PRINTEMPS-ÉTÉ 2016 boutique est une «Chaque pièce que j’acquiers pour mes clientes histoire d’amour a sa propre histoire et est ma préférée. en soi. La colJ’adore la séduisante combinaison de lection Été 2016 Christian Siriano que l’on peut associer de Monique très élégamment pour la porter à un dîner Lhuillier est ou bien dans un style très cool pour une très variée: petite fête. On peut aussi acheter une robe un bouquet qui offre plusieurs possibilités, une robe que multicolore de l’on peut porter pour différentes occasions tissus légers et parce qu’on peut toujours se faire de des détails qui nouvelles tenues avec.» m’enchantent. Les robes ballon que Naeem Khan a fait défiler pour l’été 2016 sont tout simplement JAMAIS SANS... exquises «…l’amour. Ce que Le Dix et font très Quai du Général-Guisan 10, l’on fait par amour, royal.» Genève www.ledix.ch
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on le réussit.»
PHOTOS: HENRY GRIS / FPG / GETTY IMAGES; DR
MON UNIVERS «Vêtements et robes. Broderies de perles, dentelle, étoffes précieuses. Ornements délicats et nobles détails. Tout cela insuffle la vie à un vêtement même avant qu’il ne soit porté. Les détails racontent une histoire: celle du créateur.»
WWW.THOMASSABO.COM
CONTACT: +41 (0) 44 857 80 00 SWISS@THOMASSABO.COM
BIJOUX
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20 000 FEUX SOUS LES MERS
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Attraction magique et apaisante des profondeurs océanes: l’été dévoile des joyaux aux formes fluides et organiques. On entendrait presque le bruit des vagues… Réalisation IRENE ABÄCHERLI THOMA Z
4. 6.
1. Collier «Paradis d’Amour», or blanc serti d’émeraudes encerclent la pierre centrale, un saphir majestueuse de 125,3 cts, et avec des diamants taille brillant et fantaisie et des pavés, Bulgari. 2. Boucles d’oreilles «L’Oiseau bleu», or blanc serti de saphirs et diamants taille goutte d’eau, Adler. 3. Boucles d’oreilles «Diamond on Diamond Wave», or blanc serti de saphirs et diamants, Graff. 4. Clip «Vagues Mystérieuses», or blanc avec diamants, tourmalines type Paraïba et saphirs au sertissage invisible, Van Cleef & Arpels.
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5. Bracelet faisant partie du Blue Book 2016 «The Art of Transformation», en platine serti de saphirs bleus, tsavorites et diamants, Tiffany & Co. 6. Boucles d’oreilles, or blanc et titane, sertis de diamants, saphirs et émeraudes, De Grisogono. 7. Clip «Hippocampe», perles de culture bleues, saphirs bleus et mauves, tourmalines, type Paraïba, amazonites et diamants, Van Cleef & Arpels. 8. Bague «Black Label Masterpiece No. 17 Orchid», or blanc serti de diamants et saphirs bleus, Cindy Chao.
PHOTOS: DR
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Bague «Mermaid» en or blanc 18 ct avec un cabochon ovale en tourmaline Paraïba du Mozambique de 37,84 ct entouré de 152 diamants taille brillant de 1,53 ct en tout, et de 36 petites tourmalines Paraïba du Brésil taille brillant d’env. 0,40 ct en tout.
CADEAUX DE LA NATURE Doris Hangartner est intimement convaincue que les pierres précieuses sont un don naturel que nous devons chérir et traiter avec égards. Car elles nous donnent énormément d’énergie et nous accompagnent fidèlement notre vie durant. P a r D Ö R T E W E LT I
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Spinelle rouge de Mahenge de 7,57 ct taille coussin ancienne.
Deux gouttes de morganite du Brésil de 112,3 ct en tout.
ichées au creux de ma main, je tiens une aigue-marine Santa Maria Original Mine aussi grosse que l’ongle de mon pouce, quelques tourmalines de différentes couleurs et une tanzanite. Six, sept pierres en tout. Elles sont légères, la grosse pierre bleue irradie une certaine fraîcheur, une profondeur apaisante. Si je bouge un peu la main pour faire jouer la lumière, les autres dansent tout autour d’elle. «Un montant à six chiffres, grosso modo», lance Doris Hangartner en guise de réponse à la question que je n’ai pas posée sur leur valeur. Je me demande, le temps d’une seconde, si je peux atteindre la porte plus vite que la jeune entrepreneure le bouton d’alarme dont est sans l’ombre d’un doute équipé son élégant atelier dans la vieille ville de Zurich. Un très bel endroit, un pied-à-terre à vrai dire. Doris Hangartner l’a aménagé de telle sorte que l’on pourrait y passer la nuit. Mais pour l’instant, c’est un showroom. Et bien entendu, je ne me fais pas la belle, pas parce que je suis trop honnête ni parce que je serais couarde, non, non. Mais parce que ce royaume des pierres est bien trop excitant. Ce n’est que récemment que Doris Hangartner a réalisé son rêve de lancer une affaire de pierres et de bijoux. Née en Suisse, c’est une passionnée de golf. Sur le green, à un moment où elle s’interroge sur son futur, elle se met à parler avec une numismate qui conseille à la jeune bachelière de tâter de la gemmologie. L’idée lui a plu, les pierres l’ont toujours fascinée. Elle s’inscrit au Gemological Institute of America de Californie, et y obtient son diplôme de GG: Graduate Gemologist. Elle trouve un emploi auprès d’une maison de diamants de Zurich. Son premier travail: examiner les brillants pour y déceler les inclusions, les trier par catégorie, de «pur à la loupe» à «mini inclusion». Mais cela ne satisfait pas vraiment la gemmologue en herbe en quête de rien de moins que la pierre philosophale. Elle entreprend des études de psychologie, qu’elle finit par interrompre. Elle s’en va chez Sotheby’s à St Moritz où travailler avec des pierres précieuses lui plaît. Vient une période riche en enseignements auprès du bijoutier Harry Hofmann, époque où elle achète des bijoux dits patrimoniaux qu’elle revend lors de tea parties. Ensuite, une pause
régénération – le temps, pour la dynamique Zurichoise, d’explorer de nouvelles voies: «J’ai appris le massage énergétique, étudié des techniques de massage tibétain et suis devenue une thérapeute en fleurs de Bach certifiée». Toutes ces activités centrées sur l’énergie la conduisent à envisager de nouveaux plans. Doris entame des études de droit. Sa fille est encore jeune. Elle prend même un poste d’assistante à l’université. Et puis, changements de cap, détours et redécollages, histoire de rassembler tout ce qu’elle a appris et de le transformer en quelque chose de positif: «Travailler avec de la matière fine, ça m’avait branchée. Et ma passion pour les bijoux ne s’est jamais démentie». Après toutes ces péripéties, un petit héritage lui permet enfin de faire ce qui la tente depuis si longtemps: acheter des pierres. «La pierre tient le premier rôle dans le bijou, explique-t-elle, et je suis convaincue que la pierre choisit son propriétaire.» (Elle parle, et moi je suis toujours en train de tenir cette petite fortune au creux de ma paume; chères pierres, c’est avec moi que vous voulez venir, n’est-ce pas?!) Mais les choses sont encore plus complexes – et plus belles – que cela, et voilà ce qui rend l’intention de Doris Hangartner si singulière: «Ma croyance en matière de pierres a plusieurs niveaux. La valeur des pierres augmente, mais ce n’est pas la promesse de gain en soi qui me fait les vendre. Ce que je veux vendre, c’est le sentiment qui les habite.» Elle s’aménage une niche passionnante: «Ce qui
PHOTOS: LEO BIEBER; ADRIANA TRIPA
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PARURES MURALES Doris Hangartner a une autre façon de rediriger l’énergie qui se dégage des pierres: elle s’engage auprès de la fondation genevoise Anouk qui envoie des artistes décorer les murs des hôpitaux, surtout pour les enfants. L’art contribue à réduire les peurs, à créer une atmosphère agréable et à mettre un peu de couleur dans la vie à l’hôpital. Respect! www.anouk.org
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Paire de boucles d’oreilles faites d’une paire de diamants taille ovale de 0,71 ct chacun, avec des gouttes de citrine amovibles de 13,51 ct en tout.
Le parfum des pierres.
Boucles d’oreilles en jade noir et blanc avec cabochons de pierre de lune.
m’intéresse surtout, ce sont les pierres qui ont été trouvées dans les années 1980 et 1990 comme la tourmaline Paraïba et le grenat mandarine. Elles étaient, en partie, les premières du genre et elles sont devenues à la mode». Elle cultive aussi une approche spirituelle qui la fait pénétrer plus profondément dans le produit: «J’aimerais bien que les pierres précieuses puissent être perçues par les cinq sens». La vue et le toucher, cela va de soi; l’odorat, elle veut l’évoquer avec des bougies parfumées et des parfums qui sentiraient comme les pierres, et pour l’instant elle a transposé «Topaze Impériale», «Péridot», «Adamas» et «Tourmaline Paraïba». Pour le goût, si l’on a en tête de faire rouler en bouche les pierres précieuses, on s’égare complètement: Doris Hangartner a conçu les premières «gemmes-chocolats», des bouchées qui, à l’instar des bougies parfumées et des parfums, sont censées transmettre par le goût l’essence des pierres précieuses. Il nous manque le son, naturellement, mais la musique des pierres peut se composer: les pierres ont leur propre monde sonore, «elles chantent leur propre chant» pressent celle qui réfléchit à leur mise en œuvre esthétique sonore. 34
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Chocolats reproduisant les pierres précieuses et concotés pour en transmettre le goût.
Pour présenter les pierres non serties ou la collection de bijoux qu’elle a elle-même créée, Doris Hangartner met au point un système de commercialisation: des showrooms dans les villes les plus diverses et variées de la Terre. Elle trouve partout des âmes bienveillantes qui mettent leur carnet d’adresses à sa disposition et invitent des hommes et des femmes potentiellement intéressés par les bijoux. Ce n’est toutefois pas un évènement ouvert à tous, il faut faire partir des élus, ce qui en assure l’attractivité. (Quant à «mes» pierres, elles se sont entretemps pratiquement enfoncées dans la paume de ma main, je le sens, elles veulent toutes rester avec moi, mais le sortilège a ses limites, de toute évidence: mon porte-monnaie ne sera jamais le lieu enchanté d’une multiplication des sous.) Les connaissances de Doris en matière de pierres sont immenses, et sa cliente ou son client a l’impression de recevoir quelque chose qui lui est tout spécialement destiné. Aucune zone d’ombre dans l’histoire de la découverte de chaque caillou de prix. Doris Hangartner a dans ses annales de quoi expliquer et prouver comment et avec quoi la pierre a été traitée. Et que ce soit à New York ou à Hambourg, elle fait toujours la même expérience hallucinante: «Lorsqu’une femme trouve le bon joyau, c’est magique!» www.dorishangartner.com
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