L'OFFICIEL No. 32 Octobre 2017 FR

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NUMÉRO

0 6/2017

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LI V I A Z A FIR IOU

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TIFFA N Y-JOY K EHR LI L AUR A GA NSNER C HR IS TI A N KO C H

BE AU T Y EDI T OR

UR SUL A BOR ER

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BENJAMIN DUTOIT

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PROOFREADING FRENCH

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CARMEN BERGER, FRANZISKA DENGLER, CAMBRIDGE EDITING, EVA HÜBSCHER, FRANCE OSSOLA

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ONT PA RTICIPÉ À CE NUMÉRO

TEXTES SIMONE AÏDA BAUR, YAMINA BENAÏ, MATHILDE BERTHIER, PHILIPPE COMBRES, ELSA FERREIRA, VALÉRIE FROMONT, AURÉLIA HERMANGE-HODIN, MÉLANIE MENDELEWITSCH, JULIETTE MICHAUD, EMILY MINCHELLA, FRANCE OSSOLA, ANTIGONE SCHILLING, MÉLODY THOMAS, LÉA TRICHTER-PARIENTE, CELIA WALDEN PHOTOGRAPHIE DEMARCUS ALLEN, RHYS FRAMPTON, OLIVIA FRØLICH, JULIEN ROUX, FIONA TORRE, MYRO WULFF ILLUSTRATION ANNA HAAS RÉALISATION EMILY MINCHELLA STYLISME SIMON GENSOWSKI, DEBORAH REYNER SEBAG, MONIKA TATALOVIC MAQUILLAGE / COIFFURE DAVIDE BARBIERI, CÉLINE CHEVAL, AMY CONLEY, OLIVIER HENRY, LORANDY, HELENA NARRA, JOE PICKERING, RYUTA SAIGA SERVICE ABONNEMENTS ABO@LOFFICIEL.CH TEL. 041 329 23 40 – FAX 041 329 22 04 ABONNEMENT ANNUEL (9 NUMMÉROS) AU PRIX DE CHF 75) WWW.LOFFICIEL.CH/SUBSCRIPTIONS



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N°32 – OCTOBRE 2017 98

RENDEZ-VOUS 8 ÉDITO 10 CONTRIBUTEURS 158 ADRESSES

PRÉLUDE

14 NEWS 18 NUANCIER 20 TENDANCE MONTRES – ROSÉE DU SOIR 24 DE GRISOGONO - UNE ÉTOILE EST NÉE 28 ANATOMIE D’UNE MONTRE – LA NOUVELLE «HEURE H» D'HERMÉS 29 LE TEMPS EST LEUR ALLIÉ 32 HAUTE JOAILLERIE — L’ÉCLAT DE L’OMBRE 38 CHRONIQUE: DANS QUELLE LUMIÈRE SE REGARDER?

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LES PLUS BEAUX DÉCORS DU MOIS DE LA MODE LE MONDE DE VIVIENNE WESTWOOD ANATOMIE D’UN SAC – LE «BROCHE» DE GUCCI ACCESSOIRES DE LA SAISON PETIT DÉJEUNER AVEC LETITIA DOSCH BELLA HADID TENDANCES — SKINS AND FURS

BEAUTÉ 61 62 65 66 68 70 72 74 76 80

NEWS BEAUTÉ ARTISTE DU CLAIR OBSCUR UN PAS DE PLUS MAN RAY MANIA FAITES-MOI MAL EN ODEUR DE LÉGÈRETÉ QUOI DE NEUF DOCTEUR? NAISSANCE D’UN CLASSIQUE SUIVEZ VOTRE NEZ GENÈVE, BEAUTÉ VOLÉE

PHOTOS DR; Marcio Madeira, Rhys Framton

SOMMAIRE

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MODE

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84 EN COUVERTURE – BOUCLES D'OR 98 COLCHIQUE DANS LES PRÉS 108 HAUTE COUTURE ET BELLE NATURE 120 ADÈLE FARINE, L'ESTHÈTE

MAGAZINE

136 ET RIVA CRÉA LA MER 138 ARCHIVIERA 142 TENDANCES DÉCO - AUTOMNAL

TRAVEL

143 TRAVEL NEWS 144 PORTFOLIO: KIRSTEN EVERBERG 152 ENTRE DE BONNES MAINS

LA NUIT

LAST LOOK

156 LOCARNO, ÉCRAN TOTAL 157 UNE NUIT DANS LA JUNGLE

160 ROLSTON: LES ANNÉS 1980

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Jasmin Sanders en Erdem et Bulgari. Photographiée par Olivia Frølich. Stylisme Lorna McGee Réalisation Lena Stäheli Maquillage Amy Conley Coiffure Joe Pickering


ÉDITORIAL

CHÈRES LECTRICES,

Depuis que je vis aux États-Unis, j’attends chaque année avec impatience le début de l'automne. Les habitants des villes du nord-est du pays affluent à la campagne chaque weekend pour contempler l’époustouflant spectacle naturel de l’été indien. Dans cette édition, nous avons cherché à nous laisser guider et inspirer par les couleurs automnales, le glissement d’une saison à l’autre. Rhys Frampton et Olivia Frølich ont photographié pour nous deux merveilleux éditoriaux de mode (pages 98 et 84) qui captent tous deux d’une manière si particulière la lumière spéciale des jours. Giambatista Valli a également travaillé l’atmosphère automnale dans son défilé Automne-Hiver 2017/18 pour Moncler Gamme Rouge. Pour ce show, les mannequins évoluaient sur des tas de feuilles écarlates et jaunes, le long de projections d’images de forêts interminables. Justement, vous trouverez à la page 42 nos scénographies préférées parmi celles des défilés de la saison. L’automne, c’est aussi la saison des changements, l'ancien et le nouveau qui se frôlent, s’influencent et se transforment. A partir de la page 61, nous vous présentons notre sélection de nouveautés beauté – ainsi qu’une série de traitements de beauté radicaux dont certains vous étonneront (p. 72). Plongez-vous dans la page 68 pour connaître, aussi, les étranges excès dans ce domaine. C'est pour nous un honneur tout particulier de pouvoir compter sur la sublime Jasmine Sanders, photographiée en couverture de cette édition. L’image a été réalisée lors d'une séance à Vérone, en pleine Biennale de Venise, et nous avons eu la chance de pouvoir montrer des pièces de la collection «Festa» de Bulgari. Le contraste entre cette Jasmine Sanders pleine de fougue, les merveilleux bijoux et la toile de fond historique des lieux rejoue, dans un équilibre parfait, la rencontre entre l'ancien et le nouveau. Jasmine Sanders incarne les changements qui se produisent actuellement dans l’univers de la mode. Beaucoup attribuent sa carrière éclair à l’étendue de ses réseaux sociaux où elle compte 2,4 millions de fans. Interviewée dans ces pages, Bella Hadid soulève également ce thème du changement quand elle raconte que Cindy Crawford envie les jeunes mannequins d'aujourd'hui, et les possibilités qui leur sont offertes de contrôler leur image publique (p. 56). Changements, évolutions, vivent les métamorphoses.

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PHOTOS DR; Marcio Madeira, Olivia Frølich, Max Mara

Livia Zafiriou et Jasmine Sanders à Venise.

BONNE LECTURE!



l’apparence du mannequin, améliorer le shooting dans son ensemble sans attirer l’attention sur lui. C’est sur cette base qu’Amy a développé un style frais et épuré. Celui-ci commence par une peau impeccable, des lignes nettes et une grande précision dans le maquillage. Cette patte personnelle bien affirmée lui vaut de travailler avec des magazines de renom. Pour L’OFFICIEL, elle a maquillé Jasmine Sanders. À voir en page 84.

LORNA MCGEE

Née au Danemark il y a 32 ans, Olivia Frølich possède déjà près de dix ans d’expérience dans le domaine de la photo. Dans ses clichés, elle joue avec la féminité et se joue de toutes les formes d’expression possible. Elle est également passionnée par la lumière et les couleurs qu’elle module: «La séance avec le top-model le Jasmine Sanders aura été une expérience formidable. Elle était si ouverte et avait tellement confiance en elle. J’ai été fascinée par l’assurance dont elle faisait preuve, j’ai ainsi pu photographier sa beauté au naturel.» Pour en (sa-)voir plus: page 84 et suivantes.

AMY CONLEY

Cette maquilleuse réputée et très respectée base son travail sur l’idée que c’est le maquillage, et non l’inverse, et non l’inverse, comme c’est trop souvent le cas. En d’autres termes, un maquillage doit mettre en valeur

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M O N I C A TATA L O V I C

Nous avions plusieurs fois eu l’occasion d’apprécier le talent de cette styliste irlandaise. Et voilà que nous sommes heureux de l’accueillir parmi l’équipe de L’OFFICIEL Suisse. Son expérience acquise ausprès des magazines «Vogue Russie» et «Vogue Inde» l’a aidée à forger sa fiabilité, son instinct et le grand professionnalisme qui caractérisent son travail. L’histoire qui fait l’objet de notre couverture, avec Jasmine Sanders, offre un avant-goût de sa passion. Lorna McGee a ainsi contribué à donner à ces images leur cachet authentique et naturel. A voir en page 98.

Raconter des histoires? C’est sa passion. Pas simplement avec des mots et des phrases, mais surtout par le biais des photos et du langage corporel. C’est ainsi que cette pétillante styliste londonienne aime travailler. Elle planifie ses séries de photos de A à Z, du projet de départ à la publication. Ses idées de poses, elle les puise, en les détournant, bien sûr, dans la sphère des arts – surtout de la sculpture – dans le but de les moderniser. Il y a cinq ans, elle a fait le grand saut en rejoignant la marque «Beaufille» dirigée par les sœurs Chloé et Parris Gordon. Son aventure dans cet univers continue, elle s’y sent d’ailleurs parfaitement bien. A découvrir en page 120.

PHOTOS DR

CONTRIBUTEURS

OLIVIA FRØLICH



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PR ÉLUDE


La dernière collaboration de Bruce Weber avec Frame Denim. A découvrir à partir de la page suivante, avec une foule d’autres nouveautés.


NEWS

BRUCE WEBER × FRAME DENIM Voici un magnifique exemple de ce que l’amitié peut engendrer. Tout a commencé par une demande publicitaire inhabituelle. Celle faite au célèbre photographe américain Bruce Weber par le duo de designers Erik Torstensson et Jens Grede, fondateurs de Frame Denim. Weber a reçu un colis de jeans de la part du duo de designers qui lui demandaient d’en faire sa propre interprétation. Le résultat? Une série de photos aussi originales que rafraîchissantes, qui transfigurent l’amour du tissu bleu. www.frame-store.com

UN GÉNIE AU BONGÉNIE Apepte des collages bizarres, du brouillage des genres et des élégances rares, le designer d’origine irlandaise J.W. Anderson est rapidement passé des marges aux feux de la rampe. Nouveau: les grands magasins Bongénie accueillent ses sacs à main, reconnaissables entre mille, passés en un clin d’œil d’inclassables à classiques.

FEMMES, FEMMES, FEMMES

«Livres anciens, nouvelles couvertures. Le XXIe siècle, siècle des femmes?» Tel était le thème du débat public organisé dans le cadre du Festival de Salzbourg, en collaboration avec Nadja Swarovski, membre du comité exécutif de la marque Swarovski. Sous les projecteurs, des femmes ont pu discuter des bienfaits de l’égalité des chances, ainsi que des changements possibles à venir. Un appel a été lancé en faveur d’un engagement social plus fort, d’une progression en commun et d’une meilleure égalité des chances. Helga Rabi-Stadler, présidente du Festival de Salzbourg: «Les hommes et les femmes s’imaginent en concurrence sur le marché du travail. Pourtant, nous ne devrions pas travailler les uns contre les autres, mais les uns avec les autres. Nous nous mettons bien trop peu à la place des autres. Pour cela, j’en appelle à la vertu féminine». Bon à savoir: Swarovski encourage l’accès à la formation pour les femmes, grâce à des projets d’envergure internationale. www.swarovski.com

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PHOTOS DR; Cartier, Marcio Madeira; Tanguy Poujol, Oskar Cecere; www.olympaletan.com

Bongénie Grieder de Genève, Lausanne, Zurich et Bâle.


NEWS

STRATOCUMULUS DANS UN FLACON

REVIVAL: FILLE À CHATS Pour lire Jane Austen avec un «scottish fold».

Un parfum qui évolue en fonction de la météo et de l’aura de celui ou celle qui le porte? Oui, cela existe. Avec sa «Cloud Collection», le parfumeur danois Zarko Pavlov s’est fi xé pour but de créer le parfum le plus personnalisé au monde. Son credo: «Un parfum n’est rien sans la peau humaine». Les molécules du jus se décomposent lorsque le temps est favorable et se regroupent dès que les conditions météorologiques changent. «Cloud Collection», Zarko Perfume, CHF 285. www.zarkoperfume.com

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E S R U C O EN E T TÊ Il aura fallu moins de 10 ans à la section mode de la HEAD de Genève (ex école des beaux-arts) pour devenir l’une des plus brillantes du monde. Si, si, vous avez bien lu: du monde. Le défi lé annuel de ses élèves est l’un des moments forts de toute rentrée. Cette année, son jury est dirigé par Serge Ruffieux, qui après avoir co-dirigé Dior, pilote aujourd’hui la marque Carven, et qui a fait ses classes à la Head. Espace Hippomène, Genève, 20 cctobre, 20h. Conseillé de réserver ASAP: www.head-geneve.ch

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1. Silhouette Miu Miu Automne-Hiver 2017/2018. 2. Pochette «Chat», Loewe, CHF 560. 3. Robe Dolce & Gabbana, CHF 2 790.

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ARSENIC ET JEUNES DENTELLES Un essaim de jolies blondes, un beau Yankee blessé… En signant «Les Proies», adaptation du roman déjà porté à l’écran en 1971 avec Clint Eastwood, Sofia Coppola rappelle, dix-huit ans après «Virgin Suicides», la maîtrise de ses obsessions. Un conte gothique et ludique, une mise en scène primée à Cannes. «Les Proies», de Sofia Coppola, avec Nicole Kidman, Colin Farrell, Kirsten Dunst, Elle Fanning. En salles cet automne.

À NOS HÉROS Ils sont rares, les cinéastes grand public qui bâtissent une mythologie contemporaine et créent des héros hors des clichés battus. Gus Van Sant est de ceux-ci et ses fi lms racontent les désirs d’une époque: «Harvey Milk», «My own private Idaho» ou «Elephant». Le créateur américain multi-casquette fait l’objet d’une double rétrospective à Lausanne – photo et cinéma. Pour un automne stylé.

LE POINT SUR... LES COLLABS DE LA RENTRÉE 3

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Moncler réalise avec le peintre et styliste Greg Lauren une ligne expérimentale, «Collide» (1). Première collection commune pour la styliste Karoline Lang et la créatrice de bijoux Jade Jagger autour d’un grand classique: la chemise (2). Rétro mais pas trop, la capsule réalisée par Colmar et Au Jour le Jour donne des envies d’hiver (3). www.moncler.com, www.karolinelang.com, www.colmar.it

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PHOTOS DR; Cartier, Marcio Madeira; www.olympaletan.com

Cinémathèque suisse et Musée de l’Elysée, Lausanne, du 25.10 au 07.01.18. Détails: cinematheque.ch et elysee.ch


5 QUESTIONS À... MARCO DE VINCENZO

NEWS

POÈTES DE TABLE

À 39 ans, le Messinois affole la mode avec son prêt-à-porter excentrique, fort et naïf, au savoir-faire 100 % italien. Cet irréductible rêveur sera à l’exposition «La Famiglia» à voir jusqu’à la fin octobre au Bon Marché, à Paris.

Silhouette du défilé automne-hiver 2017/2018, à Milan.

Où avez-vous rencontré la mode pour la première fois? Sur des images sacrées. Je passais des heures à observer les tissus et les couleurs de certaines peintures. C’est seulement à partir de mes premières années de lycée que j’ai commencé à rêver de mode. Je restais hébété devant la vitrine de la seule et unique boutique de ma ville, Messine, qui vendait du Gianni Versace. Quels créateurs vous ont inspiré et vous inspirent encore? Tout le «made in Italy» des années 1980. Et Miuccia

Prada, car j’ai éprouvé une vraie sensation de nouveauté en découvrant ses collections. John Galliano et sa liberté absolue ou encore Nicolas Ghesquière et son influence sur le nouveau millénaire.

Comment abordez-vous la saison à venir? Je veux vivre en me souvenant que, quand j’étais enfant, quelqu’un a lu l’avenir dans ma main et m’a dit que mes lignes de vie et de travail coïncideraient.

Votre prêt-à-porter oscille justement entre tradition et innovation... Je laisse toujours libre cours à mon imagination. L’histoire de la mode et ma culture profondément italienne ne peuvent qu’illuminer mon parcours: le passé est une source d’inspiration et non pas une prison.

Si vous pouviez vous réincarner, que choisiriez-vous? Un arbre millénaire. www.marcodevincenzo.com

La marque d’objets Astier des Villatte possède ses fans transis. Galli, à Genève, est une des rares adresses helvétiques à vendre sa céramique émaillée blanche devenue une signature, ainsi que des petites pièces de décoration. Poésie, tendresse cabossée. A la recherche du temps retrouvé. Galli, Bourg-de-Four 9, Genève, 022/818 39 99.

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NUANCIER

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D’AU T

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Par CHRISTIAN KOCH

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Very British: une mode inspirée par la vie à la campagne, les teintes d’un sous-bois et l’équitation.

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1. Gucci, prix sur demande. 2. Chloé, CHF 520. 3. Stella McCartney, CHF 650. 4. Gucci, CHF 450  5. Chloé, CHF 805. 6. Loewe, CHF 1 130. 7. Gucci, CHF 1 410. 8. Chloé, CHF 995. 9. Alexander McQueen, CHF 1 696.  10. Alexander McQueen, prix sur demande. 11. Rochas, CHF 320. 12. Baobab, à partir de CHF 109.  13. Tory Burch, prix sur demande. 14. Alexander McQueen, CHF 1 115. 15. Prada, CHF 2 610.

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PHOTOS DR; Certains prix ont été convertis de la devise d’origine et ne reflètent peut-être pas le prix public suisse; disponibles sur Net-aporter.com, Farfetch.com et Matchesfashion.com

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Bomber long

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Mads Nørgaard

Manteau imprimé léopard

Baum und Pferdgarten

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BIJOUX

LE DEBUT ET LA FIN

1. Bague intermédiaire «Fleur de couleur» en or rose avec nacre blanche, Louis Vuitton, CHF 3 400. 2. Bague «Happy Hearts» en or rose avec diamant et agate, Chopard, CHF 1 590. 3. Bague intermédiaire «CerfsVolants» en or rose et diamants, nacre et saphir, Van Cleef & Arpels, prix sur demande. 4. Bague en or rose avec diamants, Bucherer, CHF 1 400. 5. Bague «Tiffany T» or rose, Tiffany & Co, CHF 1 500. 6. Bague «Shooting Stars» en or jaune sertie de diamants, Ole Lynggaard Copenhagen, CHF 3 400. 7. Bague «Caresse d’Orchidées» en or rose avec calcédoine rose et diamants, Cartier, CHF 4 950. 8. Bague «Diorama Précieuse» avec diamant et morganite, Dior, CHF 14 000. 9. Bague «Caméléon» en or jaune, Adler, CHF 2 700. 10. Bague «Kalix Spiral» en plaqué bronze avec cristaux Swarovski, Atelier Swarovski, CHF 250.

Une bague, ce n’est pas obligatoirement un cercle sans fin. Variations sur les merveilleuses surprises de l’anneau interrompu. Réalisation L AUR A GANSNER 6.

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QUI DIT AUTOMNE DIT NOUVELLES BOTTES Adoptez les pièces phare de la saison sur Zalando.fr

Bottes

Cuissardes

Lost Ink

Call it Spring Bottines brodées

Steve Madden

Bottines à petits talons

Miss Selfridge


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ROSÉE DU SOIR Sur ces montres de rêve en or, il est 22 heures. La nuit ne fait que commencer. Réalisation EMILY MINCHELL A

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Montre «Impériale» en or rose serti de diamants, d’améthystes, cadran argenté avec centre en nacre, Chopard. CHF 40  000.

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Montre «Panthère de Cartier» petit modèle en or rose, mouvement à quartz, lunette sertie, Cartier, CHF 22  200.

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Montre «Royal Oak Frosted Gold», en or rose martelé, cadran argenté, mouvement quartz, Audemars Piguet, prix sur demande.

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Montre «Boy-Friend Tweed Or Beige» en or et diamants, Chanel Horlogerie, prix sur demande.

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Montre «Limelight Gala» en or rose serti de diamants mouvement quartz, Piaget, prix sur demande.

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Montre «Ladies Automatic Nautilus» en or rose et diamants, mouvement mécanique, Patek Philippe, CHF 42  000.

Montre «Reverso One Duetto Moon» en or rose et diamants, mouvement mécanique, Jaeger-LeCoultre, CHF 37  500.

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Montre «Cadenas» en or rose, rubis et nacre, mouvement quartz, Van Cleef & Arpels, prix sur demande.

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BIJOUX

DE GRISOGONO, UNE ÉTOILE EST NÉE

Ce numéro de L’OFFICIEL Suisse paraît en même temps que l’inauguration de «The Art of De Grisogono» à Hong Kong. La maison de vente aux enchères Christie’s et le joaillier ont créé un collier unique issu du patrimoine africain: le «Creation 1».

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Par LENA STÄHELI


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e nouvelles tendances s’imposent sur les défilés de Paris, Milan, Londres et New York. Cela vaut non seulement pour les vêtements, les coupes et les matières, mais également pour les accessoires et les bijoux. Comme pour faire mentir l’adage qui dit que «le trop est l’ennemi du bien», on voit apparaître sans cesse des boucles d’oreille qui imposent leur aura et des colliers géants, rappels de périodes merveilleuses. En bijouterie, comme d’ailleurs en mode, les tendances vont et viennent, chaque saison engendrant ses pièces irrésistibles et désirables. Mais s’il est une chose que nous avons toujours souhaité posséder et qui est conçue pour l’éternité, ce sont bien les diamants! Ils incarnent la richesse et la beauté depuis des générations, et nous mettent des étoiles dans les yeux.

Fawaz Gruosi, fondateur et directeur artistique, dans les ateliers de la maison De Grisogono, à Plan-les-Ouates, près de Genève.

Page de gauche: «The Art of De Grisogono», Creation 1, en or blanc 18K, est composé d’un diamant taille émeraude D Flawless de 163.41 carats, de 4 griffes serties de diamants taille baguette, 18 diamants taille émeraudes (48.64 carats), de 0.48 à 8.1 carats, 66 émeraudes taille poire (120.42 carats), 5949 émeraudes (38.84 carats) et 1261 diamants (8.69 carats).

Les diamants ne font pas que capter le regard, ils représentent, également de nouvelles étapes de la vie: les filles portent souvent leurs premiers diamants après s’être fait percer les oreilles, on célèbre une union avec une bague de fiançailles, ou alors le diamant orne un bien reçu en héritage que l’on se transmet de génération en génération, et ce pour conserver un fragment d’histoire familiale. Quoi de plus vivant que le scintillement des diamants. Alors, imaginez: c’est dans la province de Lunda Norta, en Angola, que l’on trouve le 27 diamant brut le plus gros au monde. C’est aussi de là que provient le diamant brut blanc de 404 carats qui nous accompagne à travers cette histoire. Il symbolise le travail et la collaboration uniques entre Christie’s et De Grisogono. Cet incroyable diamant de 404 carats a déjà été présenté à un public choisi sous sa forme brute. Il a aussi été dévoilé à l’hôtel glamour Cap-Eden-Rock lors du festival de Cannes en mai 2016. Mais seuls quelques spectateurs triés sur le volet avaient eu la chance de se faire une première impression. Que les autres cessent de s’impatienter, ils n’auront plus longtemps à attendre: le collier sera présenté le 28 septembre à Hong Kong avant de voyager jusqu’à Londres, à New York et enfin à Genève. C’est là que le bijou de «The Art of De Grisogono» en collaboration avec Christie’s sera vendu aux enchères.

Le «4 de Fevereiro», diamant brut de 404 carats, a laissé place à un incroyable diamant taille emeraude de 163.41 carats d’une pureté et d’une transparence hors du commun

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A propos de l’approche sans compromis de la masion De Grisogono et de son savoir-faire, Fawaz Gruosi dit: «Nous travaillons toujours avec beaucoup d’amour, nous ne comptons pas le temps passé ni le coût de l’objet. La seule différence avec ce collier, c’est que je ne pensais pas travailler un jour sur un diamant de 163,41 carats et de cette qualité.»

Au bout d’un an, le diamant fait le voyage directement de New York à Genève où sont situés les ateliers internes. Ce qu’il faut encore déterminer, c’est la manière de l’habiller – finalement, ce diamant sera transposé sur un bijou portatif. Bien sûr, seuls les meilleurs des meilleurs sont habilités à transposer ce trésor déniché en Angola. D’habitude, pour le fondateur et l’esprit créatif Fawaz Gruosi, la conception d’un beau design n’est pas un problème. Mais cette fois, il se heurte à une autre difficulté: il ne veut pas créer une forme traditionnelle ou même déjà vue. Celle-ci doit être spéciale, comme l’est le diamant. «Au final, j’ai réussi à me concentrer sur neuf croquis, mais c’est comme avoir neuf enfants… La difficulté est de choisir l’un d’entre eux. Pour finir, je me suis décidé pour un croquis sur lequel la pierre semble parfaitement entourée (après tout, le diamant doit être au premier plan). Presque comme une reine portant une robe Haute Couture.»

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CREATION 1 Cap sur l’essentiel, maintenant. Après avoir été découvert, le 15 décembre 2016, un magnifique diamant est expertisé comme étant un diamant de type D flawless (la meilleure qualité possible) par le GIA (Gemological Institut of America), référence sur le marché. Le diamant est une nouvelle fois soigneusement examiné par des experts en Belgique, avant d’être expédié à New York. Son chemin le conduit alors sur la fameuse 5ème Avenue où l’on trouve les meilleurs artisans sur pierres précieuses. Une bonne adresse donc, pour le travail du diamant, si précieux en Haute Joaillerie. Le procédé demande des recherches précises, les spécialistes les plus expérimentés ainsi que des mois de travail. Dans un premier temps, le diamant est minutieusement étudié à la loupe pendant des semaines, et ce afin de trouver le meilleur moyen pour le fendre. C’est un moment qui nécessite beaucoup de concentration car il faut tirer le meilleur de la pierre sans l’abîmer. Cela représente toujours un défi, même pour les spécialistes les plus expérimentés, un moment pendant lequel on transpire l’eau et le sang, dans un silence de cathédrale. Dans notre cas, c’est Ben Green, l’un des spécialistes les plus expérimentés au monde, qui fend la pierre avec succès. Il nous raconte alors avec fierté sa joie de participer à la création d’un tel chef-d’œuvre.


BIJOUX L’équipe engagée réussit à terminer «Creation 1» de «The Art of De Grisogono» en moins de 20 mois. Le résultat final est un collier, dont le croquis à lui seul fait rêver. Une création dont la pierre principale, après traitement, pèse encore 163,41 carats, ce qui en fait le plus gros diamant Emerald Cut D Flawless jamais mis aux enchères. Evan Smith, de la GIA, déclare: «Nous tentons d’explorer les secrets des grosses pierres, pures sur le plan chimique. En effet, ce type de pierres possède une surface très caractéristique qui le différencie des autres diamants. C’est comme si le diamant provenait d’un autre type de pierres. Il est difficile de comprendre la provenance de ce caillou aussi pur et exceptionnel.»

Patience et précision: chaque émeraude taille poire est montée sur un chaton délicatement serti d’un micro pavage d’émeraudes.

Mais même sur cette pièce de Haute Joaillerie si particulière, une parcelle de Suisse aura été conservée. En effet, afin de réaliser l’esquisse retenue, c’est finalement neuf maîtres joaillers qui travailleront dans leur atelier de Genève. Pour obtenir une diversité et un contraste dans les couleurs, ce sont des émeraudes vertes qui ont été choisies pour accompagner la pierre unique sur son bijou. Il en résulte un collier avec des diamants taillés en baguettes d’un côté, et de l’autre des émeraudes coupées en poires, légèrement mobiles. «Creation 1» est, comme son nom l’indique, la première pièce de la collection. Elle impressionne par la mobilité de ses composantes, son asymétrie, sa combinaison de couleurs si particulière et la singularité de sa pierre principale. La maison De Grisogono incarne un artisanat de haut niveau, une créativité à couper le souffle et un glamour pur. Avec cette merveille encore, son propriétaire, originaire de Beyrouth et grandi en Italie, reste fidèle à sa marque. Et nous sommes certains que sa nouvelle création trouvera sa place au cou d’une jolie femme sur un tapis rouge.

EXPOSITIONS EN COMMUN AVEC CHRISTIE’S Hong Kong: 28.9 – 1.10 Londres: 4.10 – 7.10 New York: 3.11 – 6.11 Genève: 9.11 – 14.11 (Enchères: le 14 novembre)

Jeux de taille avec ces 18 diamants taille émeraude au caratage variant de 0.48 cts à 8.1 cts, créant une parfait harmonie de lignes.

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UN COUP D’ŒIL SUR L’HEURE Encadré dans la première lettre d’Hermès, le cadran de la nouvelle «Heure H», de forme carrée, est resplendissant. Grâce à ses tailles et à ses couleurs variées, ce modèle est fait pour être adopté par la femme qui ne jure que par une seule montre. Jamais la même mais jamais une autre.

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abriquée en Suisse, comme souvent pour les montres de haut rang, cette pièce d’élégance baptisée «Heure H» est entourée d’éléments tout aussi helvétiques que son cœur. Plus exactement: le coffret, les cadrans et les bracelets – tout ce qui fait la particularité suisse se trouve dans «Heure H».

existe dans les versions Tour Simple ou en Double Tour. Cela signifie que vous pouvez le nouer une ou deux fois autour de votre poignet. Un grand nom du monde de la mode a d’ailleurs conçu le Double Tour pour Hermès – le Belge Martin Margiela qui marqua l’histoire du design des années 90 et continue à influencer la mode en profondeur.

Cette pièce a été créée en 1996 par Philippe Mouquet et se présente aujourd’hui pleine de vie et pleine de fraîcheur. Les bracelets se lovent dans votre humeur du jour et dans votre tenue puisqu’ils existent en huit couleurs. De plus, le bracelet

La montre «Heure H» est disponible en huit couleurs. Hermès, la plus petite version est disponible à partir de CHF 2 650 et la plus grande à partir de CHF 2 950.

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www.hermes.com

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Par LENA STÄHELI


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LE TEMPS EST LEUR ALLIÉ Et si sur certaines valeurs, sur certaines qualités, le temps ni la relativité des goûts n’avaient prise? Dans un monde en quête de repères et d’une beauté à laquelle se fier, les joyaux anciens brillent d’un éclat nouveau. La preuve à Zurich, chez Régine Giroud. Poussons la porte… Par FR ANCE OSSOL A

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LES FACETTES DU MÉTIER C’est un marché qui n’est pas près de connaître la crise. A travers la forêt foisonnante des styles et des époques, entre authentiques pièces d’exception et confondantes contrefaçons, il y a de quoi se perdre, si l’on s’aventure en néophyte dans le monde du bijou ancien. Un eldorado aux allures de labyrinthe et qui ne date pas d’hier, nous confirme Régine Giroud. Rayonnante et raffinée à l’instar des pièces qu’elle nous présente, cette experte en joyaux anciens, établie «In Gassen 6» à Zurich depuis près de 33 ans, est heureusement pour nous un guide au pas aussi sûr que léger. Avec sa compétence et son admirable entregent, c’est un sentier pavé de très précieux cailloux, de rarissimes parures et de belles rencontres que la gemmologue formée à Berne, à Bâle et aux USA, a semé derrière elle. Nous jouons donc au Petit Poucet de luxe et nous nous laissons conduire par sa passion. Premier écueil que la Présidente de l’Association Suisse des Antiquaires et Restaurateurs nous permet d’éviter: la confusion malheureuse entre bijoux anciens (objets de pur artisanat d’art, datant d’avant les années quarante) et bijoux vintage (produits en plus grandes séries, aussi précieux soient-ils, entre 1940 et 1950), les créations ultérieures de seconde main étant désignées comme «bijoux d’occasion».

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Mais revenons à nos jours. Je me demande quelles peuvent être les motivations des hommes d’aujourd’hui en quête de la bague destinée à l’élue, celle qui deviendra l’emblème de leur avenir commun, pour choisir de pousser la porte de cette boutique écrin plutôt que celle d’un des célèbres joailliers de l’imposante Bahnhofstrasse de Zurich? – Ils sont pourtant à deux pas, avec leurs créations élégamment classiques ou résolument dans l’air du temps. Et pourquoi tant de femmes reviennent-elles au fil des ans, avec toujours la même émotion, enrichir leur collection d’un bracelet ou d’une broche Art Déco, choisir un pendentif Belle Epoque signé d’un grand nom – Lacloche Frères, entres autres – tous certifiés par l’experte, le SSEF (Institut Suisse de Gemmologie) de Bâle garantissant la qualité des pierres précieuses serties?

3.

2.

VALEURS SÛRES S’il est assurément possible de faire une bonne affaire en achetant un bijou vintage ou d’occasion, en particulier lors d’une vente aux enchères – où il arrive que certains joailliers-créateurs liquident en toute discrétion de très belles pièces jamais portées – les clients de Madame Giroud ou de ses collègues ne sont pas mus de prime abord par un souci d’économie. Au contraire. Certes, l’on trouvera ici, pour un peu moins de 1 000 francs, une amusante épingle à cravate du début du siècle, ornée d’un ours en or sculpté. Pour autant, les montants à six chiffres ne sont plus exceptionnels. En effet, les bijoux anciens, en tant qu’objets de valeur et objets d’art, sont devenus une valeur refuge et donc un placement particulièrement apprécié depuis la crise économique de 2008. Face à une demande en constante progression, les prix s’envolent et ne sont pas près de retomber, l’offre en la matière étant non extensible par nature. De quoi parlons-nous en effet? De pièces originales ornées, par exemple, de perles naturelles rarissimes de nos jours. De bijoux précieux sertis de gemmes dont la couleur exceptionnelle ne doit rien aux traitements modernes, thermiques ou par irradiation entre autres. Nous parlons d’artisanat d’art, témoin d’un savoir-faire et de techniques pratiquement tombées dans l’oubli du fait de leur difficulté et du nombre incalculable d’heures que réclame leur exécution. Une fois de plus, le temps joue en leur faveur. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer deux sertis «millegrain»: pour fin qu’il puisse être, celui du solitaire contemporain que Madame Giroud a fait réaliser dans son propre atelier n’égalera jamais en finesse celui d’une délicate monture platine du début du XXe siècle. La différence est patente. Et saute également aux yeux des clients de passage littéralement happés par les beautés singulières exposées dans cette scintillante vitrine du vieux Zürich où un panneau invite le chaland à ne pas se laisser intimider par ces trésors qui, pour autant, ne sont point des pièces de musée. Chargés d’histoire et de l’histoire de celles qui s’en sont parées (un secret bien gardé), passés par tant de mains, sous tant de cieux différents, ces bijoux à la fraîcheur éternelle sont à vivre et à porter. Ici et maintenant. Sans complexe et sans (trop de) façons.

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FEMME DE STYLE(S) Femme de contrastes aux multiples facettes, femme d’affaires autant que fin cordon bleu pour sa famille, Régine Giroud a toutes les clés pour comprendre notre modernité. Toutes les clés aussi pour expliquer l’essor actuel du marché du bijou ancien, et en particulier l’engouement que suscitent les pièces originales datant de la fin du XIXe siècle jusqu’au début des années 40. Son domaine de prédilection et d’expertise, naturellement. Londres, New York, Paris: Régine Giroud, qui orchestra de main de maître la foire-exposition «Fine Art Zurich» de 2007 à 2014, n’a pas non plus peur de voyager. Fille d’une grande antiquaire bernoise et donc fin limier de naissance, c’est au fil de ses pérégrinations, à l’occasion de ventes privées et de successions que la gemmologue déniche les trésors, toujours authentiques, qu’elle réserve à ses clients, collectionneurs avertis ou amateurs de fraîche date. Autant de pièces qui portent témoignage, chacune à sa façon, d’une époque aussi riche que tumultueuse. En l’espace de quelques chatoyantes décennies, s’y succédèrent en se chevauchant l’Art Nouveau ou Jugendstil (1895-1910), avec ses motifs tout en courbes et ses inspirations végétales, la Belle Epoque ( 1905-1919 ), délicate et aérienne, et l’Art Déco ( 1915-1930 ) avec ses trois mots d’ordre – clarté des lignes, géométrie et cubisme. Feux et fastes, à foison.


BIJOUX MODE UN JOUR… Passionnée de mode, Régine Giroud sait aussi se faire conseillère en matière de style. Elle propose à chacune ce qui flattera son «type» et s’harmonisera avec sa garde-robe, suggérant de marier de longs pendants d’oreilles Art Déco à un jean et à des bottes en daim – plates, elle insiste. Certes, notre époque n’offre plus que rarement l’occasion de porter une parure ou demi-parure complètes (quoique la gemmologue se réjouisse de croiser l’une ou l’autre de celles qu’elle a vendues lors de galas de charité dans les hautes sphères zurichoises). Mais Madame Giroud est heureuse de rappeler que les styles Art Nouveau et Art Déco sont nés de l’attention grandissante qu’accordaient les joailliers de l’époque aux évolutions d’une mode, exigeante, accompagnant l’émancipation féminine. Les longs sautoirs Art Déco terminés par un pompon de perles (particulièrement prisés depuis la dernière adaptation du roman de Fitzgerald, «The Great Gatsby»), les bracelets articulés sertis de pierres aux tailles audacieuses (une invention de l’époque) furent créés pour souligner la sobriété des silhouettes devenues longilignes, les coupes courtes, bref, la naissance de la petite robe noire. Rendre les bijoux anciens portables aujourd’hui est donc, tout simplement, une question de style. Et de bon goût, souligne Madame Giroud, lequel s’apprend par le retour aux sources, la confrontation avec l’indépassable original. Le bon goût se cultive, aussi, dans la recherche de l’équilibre entre rupture et traditions. Avec le temps que réclame cette quête. Les bijoux de Madame Giroud, eux, ont tout leur temps.

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4. 1. Aux origines, la maison Chaumet s’inscrivait dans la tradition de la joaillerie française du XVIIIème siècle. Sous la direction de Marcel Chaumet, elle s’adapte avec succès au style Art Déco qu’attendent les élégantes des années 1930. 2. Les motifs naturalistes, en particulier d’innombrables oiseaux – perroquets, gobemouches, colibris et rougesqueues dans les années 1950 – sont l’une des caractéristiques de la maison Boucheron, particulièrement attentive aux évolutions de la mode dès sa fondation, en 1858, à Paris. 3. Sélection de bijoux Mauboussin, maison de joaillerie parisienne fondée en 1827 dont le rayonnement fut consacré par les expositions des Arts décoratifs des années 1924-1925.

La valeur artistique du bijoux importe désormais autant que la valeur intrinsèque des pierres. 4. Somptuosité et modernité formelle – broche-fougère par Chaumet. 5.A l’époque déjà, L’Officiel résumait en ces termes les caractéristiques du style Art Déco en joaillerie: «recherche du dessin et de distinction; réminiscences anciennes renouvelées par l’incomparable légèreté de l’exécution; faveur très grande des pierres précieuses, féériquement taillées et gravées ; extrême ingéniosité des dispositifs permettant combinaisons et démontages les plus variés». Avec ses audaces inédites, la mode réclamait un bijou repensé (esquisse de chapeau «Débauche», par Agnès).

COMPARAISON DONNE RAISON De fait, la comparaison est assurément le maître-mot pour saisir la qualité et le charme aussi évident que mystérieux qui se dégage de ces pièces anciennes. Tenir en main et confronter les bijoux permet de saisir, au sens propre du terme, ce qui «distingue» les pièces anciennes. Cette notion de distinciton, Pierre Bourdieu y consacra une étude qui fit date: nos choix culturels sont immanquablement motivés par un souci de «distinction». En ces temps d’indistinction esthétique où l’on ne sait plus à quels dieux – ni à quelles marques – se vouer, en cette époque où tous les mélanges sont permis, où le tatouage est l’emblème incarné de la quête de personnalisation paradoxalement normée, nous nous (re)tournons vers une beauté qui ne fait pas de doute. Et il ne fait pas de doute que ces bijoux anciens suscitent une rare émotion. Celle-ci n’estelle que la projection des qualités et de la charge – historique, culturelle, sentimentale – que nous leurs prêtons? Est-ce, une fois de plus, celui qui regarde qui fait le tableau? La femme qui fait le bijou? La perfection que nous reconnaissons dans ces pièces rares venues d’un autre temps, d’un autre monde, n’est-elle que l’expression de notre intime mélancolie? Maître en la matière, Charles Baudelaire sait qu’il convient de ne pas trancher la question et prête à «La Beauté» cette mystérieuse et autoritaire déclaration: «Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre».

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L’ÉCLAT DE L’OMBRE Le bruissement des feuilles dans un jardin en clair-obscur. Une lumière, soudain. Le réflet de la lune sur des pierres précieuses et fascinantes. Enchanteresses, les plus belles créations de haute joaillerie envoûtent et éblouissent dans le crépuscule.

Photographie JULIEN ROUX Réalisation EMILY MINCHELL A

Bracelet en or jaune, jaspe sculpté, émeraudes et diamants, collection «Résonances», Cartier.

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Collier serti de diamants blancs et d’un diamant taille poire, Graff.

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Collier «Serpenti» en or rose serti de deux diamants taille poire, et de diamants taille brillant, Bulgari.

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Bague «Labyrinthe» en ors blanc et jaune, diamants, ony x, un diamant jaune Fancy intense taille coussin, Van Cleef & Arpels.

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Collier «Trianon Diamant» en ors rose, jaune et blanc, diamants, saphirs, émeraudes, grenats tsavorites et spessartites, turquoises, tourmalines Paraïba et rubis, collection «Dior à Versailles, côté jardins», Dior Joaillerie.

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Manchette en ors blanc et jaune sertis d’un diamant Fancy jaune intense taille rond, de saphirs et de diamants taille brillant, collection «Flying Cloud», Chanel.

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DANS QUELLE LUMIÈRE SE REGARDER?

L’automne, c’est peut-être d’abord un changement de lumière. Et si la douceur du ciel balayée par les nuages nous invitait à reconsidérer le regard que l’on porte sur soi? Découvrir sa propre beauté, c’est partir à la recherche de son identité, des gens qui nous aident à apprivoiser notre beauté singulière. L’automne, cette merveilleuse invitation à la tendresse. Par VALÉRIE FROMONT Illustration ANNA HA AS

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Dès le mois d’octobre, la lumière commence à changer. Les jours raccourcissent, les pas se pressent en sortant du bureau sans passer par la case terrasse. On est trop heureux de pouvoir ressortir ses cachemires. La peau a besoin d’un peu d’«attrape-couillons», comme aimait à le dire ma tante Irène pour désigner le rose aux joues. Ce que je pourrais lui expliquer aujourd’hui mais qu’elle savait sans doute, c’est qu’il y a mille manières de faire monter le rose aux joues. Il suffit de se regarder, ou de se laisser regarder, dans la lumière qui nous sied. D’apprendre à poser son regard, sur le monde et sur soi-même. Ce temps de la métamorphose de la lumière et des saisons, alors que l’on glisse irrémédiablement vers les mois frileux, c’est peut-être l’occasion rêvée d’adopter, enfin, un regard plus doux sur nous-mêmes. D’apprivoiser la part d’ombre portée sur nous par le soleil qui descend et ce faisant, révèle notre beauté singulière. Une chose importante que vous devez savoir: je suis la personne la moins photogénique du monde. Sans fausse modestie. Dès qu’un appareil photo s’approche de moi, hop, voilà que je me fige en une personne que je ne reconnais tout simplement pas. Faut-il croire aux images? Une partie de mon travail consiste à en fabriquer. Je suis de ces gens fascinés par les représentations: je les construis, je les analyse, et j’en suis la délicieuse victime consentante. Je fais partie de ces faiseurs d’images de mode, celles qui viennent alimenter les pages de ce magazine que vous tenez entre les mains, qui s’épinglent sur un moodboard, font marcher le commerce et alimentent les «#goals» de la rentrée. Ces images, je les adore, vraiment, et je ne voudrais surtout pas m’en passer. Elles sont aspirationnelles. Mais elles nous racontent d’autres vies que la nôtre. Celles de corps performants et satisfaits d’eux-mêmes. Ces images sont le visage d’une époque et font partie de la construction esthétique d’une norme, même lorsqu’elles prétendent nous montrer une beauté alternative. Car lorsqu’elles nous montrent ces corps différents, ils restent présentés comme des corps divergeant par rapport à une norme. Ces images révèlent aussi en filigrane un tabou esthétique: celui des corps réels, de la cellulite, des rides, des asymétries. Les Japonais ont un terme pour désigner les imperfections qui confèrent sa singularité à un objet ou à une personne: le wabi-sabi, un concept dérivé du bouddhisme zen. Un concept philosophique et esthétique qui renvoie à la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. C’est la beauté des choses uniques, enrichies par la patine du temps. Le wabi-sabi, c’est un déplacement du regard: il suffit de percevoir un objet avec tendresse pour en saisir la place singulière dans le monde. Le wabi-sabi, c’est apprivoiser sa propre beauté, en marge des modèles esthétiques standards proposés par les faiseurs d’images. C’est accepter le glissement des saisons, apprivoiser la douceur d’une lumière plus

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n homme m’a dit un jour: «Tu es si belle. Et je ne parle pas d’une beauté de catalogue, mais d’une beauté unique». Depuis ce jour-là, je ne me regarde plus tout de la même manière. Pas seulement parce que je perçois ma propre image à travers les yeux bienveillants d’autrui, mais surtout parce que cette phrase m’a aidée à apprivoiser ma propre beauté. Celle qui n’appartient qu’à moi et se perçoit en dehors de tout prisme social, de tout archétype, de tout modèle, de toute image instagramable. Cette beauté qui est au plus proche de soi, d’une sensibilité particulière, d’une trajectoire de vie, d’une manière de poser sa voix, son regard, d’occuper l’espace, de prendre soin de son corps et surtout, de son esprit. Cette beauté-là a tout à voir avec une odyssée à la découverte de soi.


STYLE aimable sur soi. C’est se glisser dans le regard de ceux qui nous aiment, avec toutes nos aspérités, nos cabossages et même nos vergetures, parce qu’elles ont une histoire. Notre histoire. C’est même imaginer, soyons fous, que nous pourrions aussi adopter un tel regard sur nous-mêmes. Lorsque l’on rencontre sa propre beauté, on est infiniment plus à même de la déployer. Comprendre qui l’on est, c’est peut-être savoir pourquoi ces kilos, ces cernes ou ces rides se sont accrochés à nous. C’est peut-être aussi comprendre que la gourmandise nous donne accès à une palette de plaisirs esthétiques infiniment plus riches que les carottes vapeur, et qu’on n’est pas prêt à sacrifier ça pour ressembler à une beauté de catalogue. Que nos cernes racontent des nuits d’allaitement, des livres lus d’une traite ou des ivresses qu’on ne regrette pour rien au monde d’avoir vécues. Cela, bien sûr, n’enlève rien à l’arbitraire des jugements de goût au sujet des corps, à leur ressemblance plus ou moins étroite avec les normes esthétiques de l’époque. Mais on saisit que la beauté est avant tout une affaire de diversité et d’ajustement entre une enveloppe et une personnalité. On comprend peu à peu comment se respecter, s’habiller, se mettre en valeur, s’écouter, bouger pour se révéler. On comprend surtout ce qui agite un corps. Qu’il n’est rien sans les mots qui l’animent, qui se posent sur lui et sur le monde qui l’entoure. Les photos racontent si peu de ce qui rend un corps aimable et beau, rien de ce qui importe vraiment. Notre propre beauté ne peut se révéler qu’au travers d’un regard aimant, à commencer par le sien, à la faveur d’une lumière appropriée. C’est ainsi que l’esprit vient aux jeunes filles, et que le rose monte aux joues. L’automne, cette saison en clair-obscur. Après m’être longtemps haïe en photo, j’ai appris à ne pas faire confiance à ces images raides comme une nécropole. Nous y sommes immobilisés, figés, ce qui convient aux arts plastiques mais pas forcément aux humains. Au hasard d’une vidéo, j’ai pu avoir un regard volé sur moi. J’y ai trouvé les traits que je redoutais tant gommés par le mouvement, l’énergie qui se dégageait de ma façon de me mouvoir. J’ai découvert les traits d’union qui manquaient entre chacune des poses glacées que je détestais en photo. C’est avant tout une voix, une attitude, un tempo, une gestuelle qui m’ont interpelée, plus que des correspondances ou l’absence de correspondances à des standards esthétiques. Je me suis aperçue par une toute autre lucarne, plus près de mon ressenti. Plus près de cet ensemble de choses indéfinissables qui tissent notre présence au monde. Ennemis de vous-mêmes, ignorants de votre propre beauté: éteignez ce vilain néon et allumez une bougie. Changez de ville, de parfum ou d’amant, jusqu’à trouver l’exacte lumière dans laquelle vous vous sentirez resplendissant. Partez à la découverte de votre propre beauté, unique et irréductible à des standards abrupts. C’est précisément dans cet écart-là que se trouvent tout l’or et la douceur du monde.

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CHANEL Plus mégalo que jamais, Chanel transforme le Grand Palais en base de lancement pour Apollo Couture. Une fusée de 37  mètres de haut décolle devant 90  mannequins et un Karl Lagerfeld sacré astronaute.

Avenues, musées, hangars, bibliothèques… Intelligemment choisis, ces catwalks alternatifs, lieux de vie présents ou passés, sonnent la fin des podiums rectilignes et dépersonnalisés. Par MATHILDE BERTHIER

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PHOTOS DR; Marcio Madeira

LES PLUS BEAUX DÉCORS DU MOIS DE LA MODE


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MONCLER GAMME ROUGE Après les Alpes puis le Sahara, Moncler et Giambattista Valli s’échappent au Canada, à l’apogée de l’automne. Dans ces sous-bois aux dégradés chatoyants, les feuilles mortes se réincarnent en broderies ou en imprimés néo-impressionnistes.

TOMMY HILFIGER Bel et bien converti au see-now-buy-now, Tommy Hilfiger présente ses collections Tommy X Gigi et Hilfiger Collection à Los Angeles, sur le sable de Venice Beach. Le show s’accompagne d’un festival d’art et de musique, baptisé Tommyland.

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MARC JACOBS Marc Jacobs aussi défile à l’air libre. Après avoir arpenté le parquet de la Seventh Regiment Armory, les mannequins sortent sur une Park Avenue grouillante de monde. Un hommage aux pionniers de la youth culture.

CÉLINE Fidèle au Tennis Club de Paris, Phoebe Philo fait équipe cette saison avec le plasticien français Philippe Parreno. De gigantesques plaques tournantes entraînent mannequins et spectateurs dans un jeu d’ombre et de rondes.

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LOUIS VUITTON Nicolas Ghesquière quitte la microcosmique place Vendôme pour le Louvre, musée le plus visité au monde. Le défilé – une réflexion sur la notion de frontière, entre passé et futur – se déroule sous l’égide des Chevaux de Marly.

FENTY BY RIHANNA La mythique salle Labrouste de la Bibliothèque nationale de France, fermée pendant dix-huit ans, fête sa réouverture avec Badgalriri. Un gang d’étudiants effrontés, en waders, kilts et Sport Scarves, grimpe sur les tables fraîchement cirées du site Richelieu.


STYLE Lady Vivienne Westwood, aujourd’hui septuagénaire, investit avec la même passion la création et le militantisme écolo. Depuis Londres, elle nous confie sa devise: «Acheter moins, choisir bien, faire durer...» La reine du punk n’a rien perdu de son esprit rebelle. Par MÉLODY THOMAS

LA RÉVOLUTION PERMANENTE

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a vie de Vivienne Westwood, née en 1941 dans un village du Cheshire, pourrait faire l’objet d’un biopic tant elle colle à l’histoire récente, aux avancées des femmes et à l’émergence d’une jeunesse en rupture avec des mœurs dépassées. À aujourd’hui 76 ans, elle est l’un des piliers de la mode contemporaine. Si l’on devait donner une raison à cela, la première qui viendrait en tête est l’actualité de sa mode, qu’elle mêle avec justesse à ses engagements politiques. La reine du punk raconte: «Les hippies ont politisé ma génération et, en 1970, avec Malcolm

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McClaren, nous nous sommes intéressés à la mode des années 1950. C’était le début d’une ère nostalgique; Yves Saint Laurent s’intéressait aux années 1940 et nous à la décennie suivante, parce que nous étions déjà des activistes et nous haïssions la génération qui nous précédait à cause de la mort et de la destruction qu’avaient portées les gouvernements. Nous avons réinventé les années 1950, mais en nous concentrant sur la jeunesse». Cette idée de dualité pour créer, on la retrouve dans son travail actuel qui, s’il s’est défait des fifties, n’a jamais

réellement quitté le punk. Anticonformisme, radicalité... Westwood estime que la période actuelle est «ouvertement politique». Il faut dire que, depuis plusieurs années, avec son mari Andreas Kronthaler, on la voit s’engager pour les droits de l’homme, comme lorsqu’elle passe par l’Ethical Fashion Initiative qui permet aux marques de travailler équitablement avec des artisans africains, ou encore avec sa ligne consacrée aux questions climatiques. Elle semble infatigable et c’est peutêtre aussi l’époque qui l’exige. Surtout à Londres, où Westwood a élu domicile en

PHOTOS DR; Meinke Klein, Marcio Madeira, Daniel Ellis, David Montgomery/Getty Images, Bread & Butter

Andreas Kronthaler et Vivienne Westwood.


STYLE 1958. La ville sur laquelle sa mode a fait souffler un vent de liberté et d’anarchie se retrouve aujourd’hui confrontée au Brexit, au clash de classes sociales et à la fermeture des clubs. Il y a quelques mois, Vivienne Westwood a d’ailleurs organisé une soirée à la Fabric, club incontournable des nuits londoniennes: «Nous avons organisé une soirée de lancement pour Switch, la campagne que je mène pour que la moitié de l’Angleterre fonctionne à l’énergie verte d’ici à trois ans, et dont la première étape est l’économie verte. C’est ce qui aidera à saboter le

système financier corrompu. La culture londonienne se fait évincer de la ville par des entrperises dont le simple objectif de construire des immeubles pour des investisseurs; l’immobilier est un réel problème ici», explique- t-elle. On pourrait croire que ces questions l’éloignent de la mode. Pourtant, pour elle, tout fait sens et surtout, tout se rattache à la mode. Comme sa décision, pour l’Automne-Hiver 2017/2018, de présenter ses collections masculines et féminines en même temps: «C’est incroyable,

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aujourd’hui, le rejet de la polarisation entre les deux genres permet aux femmes de s’élever au rang d’individus à part entière.» Il semble clair que, pour elle, il ne suffit plus d’habiller les femmes; à travers sa mode, elle leur permet de prendre possession du monde qui les entoure, d’y affirmer leur place, leurs envies et ce, dans le respect d’elles-mêmes et des autres. «Acheter moins, choisir bien, le faire durer», se plaît-elle à répéter. Un mot d’ordre qu’elle entend faire résonner dans toute l’industrie, aussi longtemps que nécessaire.

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1. Défilé printempsété 2016. 2. Une illustration pour une cause qui lui tient particulièrement à cœur: la lutte contre le réchauffement climatique. 3. Silhouette du défilé AutomneHiver 2017/18. 4. Vivienne Westwood parle mode pour Zalando en Juin. 5. Vivienne Westwood en Amazonie.

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STYLE BAMBOU MANIA Dans sa collection de sacs à main AutomneHiver 2017/2018, le directeur de la création de Gucci, Alessandro Michele, a décidé de célébrer la poignée en bambou en référence à l’héritage de l’entreprise florentine. Gucci a commencé à utiliser le bambou en 1947, faute de matières premières après la guerre. C’est aussi un élément emblématique de l’éclectisme et de l’esthétique contemporaine de la maison. MORE IS MORE Le détail maître de ce sac portable uniquement à la main est sans aucun doute sa poignée. Marque d’élégance ultime, elle s’associe à de nouveaux détails accrocheurs. Renard et insectes animent les différentes superpositions de matières qui mêlent cuir lisse et peaux exotiques.

Plus sophistiqué que jamais, le célèbre sac de la maison florentine se réinvente. S’il rend hommage à l’iconique poignée bambou, il reflète aussi l’esprit faune et flore, si précieux au designer maison Alessandro Michele. Par LÉA TRICHTER-PARIENTE

Sac «Broche» en cuir et reptile, ornements en or imprimé, anse en bambou et fermoir en métal vieilli, Gucci, prix sur demande.

ŒUVRE À PORTER Outre la boucle «tête de renard», un cadre doré faitle tour du sac, une abeilleen métal est appliquée, tout comme des scarabées dorés imprimés sur la partie inférieure. Sublimé, il devient un véritable sac amulette décliné en noir ou rouge. Le tout nouveau maxi-format présente quant à lui un effet tendance encore plus appuyé.

LE  «BROCHE»    DE GUCCI 50


OBSESSIONS DE SAISON

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Les it-accessoires qu’il vous faut pour être dans le ton cet automne. Photographie FIONA TORRE Stylisme DEBOR AH REYNER SEBAG

LES SOLAIRES HI-TECH

À gauche: Lunettes en métal et acétate, Marni, CHF 450. Robe en mousseline, IKKS, prix sur demande. À droite: Lunettes en métal, Balenciaga, CHF 350. Hoodie en cashmere, Hotel Particulier, CHF 400. Sac ceinture en cuir matelassé, Gucci, CHF 930.

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LE SAC DE DOCTEUR

À gauche: Sac «DK88» en cuir trench, Burberry, CHF 3 395. Chemise en satin de coton, Weil, CHF 250. Pantalon en denim de coton, Kaporal, CHF 90. À droite: Sac «Kisslock» imprimé en cuir, Coach 1941, prix sur demande. Pull en laine, Erika Cavallini, prix sur demande. Chemise en coton, Versace, CHF 620. Pantalon en polyester avec liseré en cuir, Boss, CHF 280.

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LES ESCARPINS 80’S

À gauche: Escarpins en veau velours, Pierre Hardy, CHF 600. Veste et pantalon en alpaga mélangé, Escada, CHF 1 100 et CHF 630. Ceinture en cuir, Un Jour Ailleurs, CHF 100 À droite: Escarpins en cuir, Michael Kors Collection, CHF 700. Pull en laine, Versace, prix sur demande. Chemise en coton, Marie Marot, CHF 300. Pantalon en laine mérinos, Jacqueline Coq, prix sur demande.

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DES CUISSARDES

À gauche: Cuissardes en cuir, Isabel Marant, CHF 1 500. Sweat à capuche en poil de chameau, Max Mara, CHF 830. À droite: Cuissardes en cuir, Off-White, CHF 1 710. Robe en laine froide, Ellery, CHF 1 050.

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LES BOOTS-CHAUSSETTES

À gauche: Boots en coton et élasthanne, Salvatore Ferragamo, CHF 700. Robe en cuir à boutons, Maje, CHF 450. Body en coton, Courrèges, CHF 400. À droite: Boots en maille, Céline, prix sur demande. Top en jersey, COS, prix sur demande. Jupe en cuir d’agneau contrecollé, Longchamp, CHF 920.

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STYLE Modèles: VIVIAN PATRICK @ KARIN  JOYCE MULDERS @ SUPREME  Maquillage et coiffure: CÉLINE CHEVAL  Assistant stylisme: DAMÈSE SAVIDAN

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FOTOS ZVG

UNE POINTE DE FOURRURE

À gauche: Sac en éco-fourrure, Furla, CHF 210. Mocassins en fourrure et bijoux, Prada, prix sur demande. Gilet en mohair rebrodé de perles, Prada, prix sur demande. Blouse en viscose, ba&sh, CHF 200. Pantalon en velours, Tory Burch, CHF 290. À droite: Sac «My Miu» en renard, python et cristaux, Miu Miu, prix sur demande. Veste et pantalon en jean, Isabel Marant, CHF 680 et CHF 370. Sandales en cuir de vache et d’agneau, Sacai, CHF 740.


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Par LÉA TRICHTER-PARIENTE Photographie JULES FAURE

Née à Paris au début des années 1980, Lætitia Dosch partage son temps entre sa ville natale et la Suisse où elle a étudié, où elle a brillé et où elle travaille régulièrement. Elle y répète d’ailleurs, dans un haras, «Hate», la quatrième pièce qu’elle a écrite. Un spectacle à voir au Théâtre de Vidy au printemps prochain, dans lequel elle dialogue nue avec un cheval, se demandant ce qui nous pousse à vouloir sans cesse dominer et détruire l’autre. L’OFFICIEL: Êtes-vous du matin? Lætitia Dosch: Oui, avec mes différentes casquettes je cours tout le temps. Votre petit déjeuner idéal? Un thé au gingembre et au citron, et un yaourt avec des fruits secs et de la confiture. Vos meilleurs souvenirs de petit déjeuner? Une glace matinale à Rome, et un agneau lors d’un séjour en camping en Islande. Pourquoi vous êtes-vous lancée dans l’écriture? J’en avais marre d’attendre les rôles. Après des études de traduction de littérature victorienne et la classe libre du cours Florent, j’ai rejoint La ManufactureHaute École des arts de la scène de Lausanne, qui m’a donné la liberté et les moyens de tout faire. Comment vous décririez-vous? Je suis une actrice qui écrit. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui se passe à l’intérieur des personnages. J’aime incarner des gens comme j’aime les inventer et les mettre en scène.

PHOTOS DR; Jules Faure

Avez-vous toujours rêvé de cinéma? Petite, j’étais presque muette de timidité. Imiter ma mère au théâtre m’a beaucoup aidée. Puis je suis tombée amoureuse d’un acteur qui m’a montré le chemin. Qu’appréciez-vous le plus dans ce métier? La phase entre la lecture du scénario et le tournage, quand on fouille, on travaille le personnage. Quel est votre plus beau souvenir? La récompense de la Caméra d’or pour «Jeune Femme» à Cannes… C’est un film frais et sombre à la fois, au caractère très social. Il raconte l’histoire

d’une femme qui parvient à trouver sa liberté et son indépendance dans un Paris hostile et bouillonnant. Qu’avez-vous appris de plus important? De ne pas dépendre du désir des autres mais aussi d’accepter d’être parfois désirée. Il n’est pas évident d’être féministe et actrice... Par quoi êtes-vous inspirée? Les personnes dans la rue, la musicalité du langage et les mots choisis par les gens pour s’exprimer. Votre devise du moment? «Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux», de Rainer Maria Rilke. Votre havre de paix? Chez moi, dans la quiétude de mon atelier d’artiste parisien. Quelle est votre actualité? Je joue ma pièce «Un album» au théâtre du RondPoint à Paris, du 11 octobre au 5 novembre. Puis «La Maladie de la mort» d’après Marguerite Duras, du 16 janvier au 3 février au théâtre des Bouffes du Nord. «Jeune Femme» de Léonor Serraille sortira en septembre et «Gaspard va au mariage» d’Antony Cordier le 31 janvier. Puis je serai à Vidy, notamment, le 29 avril.

PROMESSES DE L’AUBE

Héroïne du premier film de Léonor Serraille, «Jeune Femme», Caméra d’or à Cannes, Lætitia Dosch est actrice, scénariste et réalisatrice. Entre Paris et Lausanne, elle sera, en cette fin d’année, au théâtre et au cinéma avant de créer une performance à Vidy. Rencontre matinale chez elle, au cœur du XXe arrondissement de Paris.

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«J’AI DÛ DEVENIR UNE FEMME TROP VITE»

«Parfois, j’ai peur que l’on sache tout de ma vie en visitant mon profil Instagram».

Le top-model Bella Hadid est une méga star. Soeur de Gigi, qu’elle est en train de rattraper, elle est persuadée d’être «une vieille âme» et se voit comme un modèle. Une maladie rare l’a empêchée de devenir cavalière professionnelle. Elle est la «face millionnaire» du Dior Make-up, mais elle raconte également à Celia Walden qu'elle voulait être un adolescent à nouveau. Elle rêve désormais d’un Oscar. Rencontre avec une vraie beauté qui rime avec sincérité.

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PHOTOS DR; CELIA WALDEN / THE TELEGRAPH / THE INTERVIEW PEOPLE

Par CELIA WALDEN


STYLE «D’accord, c’est fou», murmure Bella Hadid. «Tu as vu la taille de cet objectif?» L’agitation éclate alors que le top-model de 20 ans et moi-même nous trouvons à l’entrée de l’exposition «Dior: The Art of Colour» aux Rencontres de la Photographie à Arles. Un petit groupe d’adolescents français laisse éclater sa joie: «C’est Bella Hadid!» – la sécurité est déjà mise à rude épreuve dans la petite ruelle provençale. En l’espace de quelques secondes, des demoiselles munies de leurs iPhone chahutent et tentent de grimper les unes sur les autres, bien décidées à obtenir une photo de leur idole d’Instagram. Les paparazzi accourent avec leurs objectifs gigantesques. «Pourquoi ont-ils besoin de cela?, chuchote Bella. Pour faire un gros plan de mon globe oculaire?» Le globe oculaire de Bella est momentanément fort demandé. Il génère des partages, des likes et des followers, exactement comme le font toutes les autres parties du corps des deux sœurs top-models Bella et Gigi. Les filles du géant américano-palestinien de l’immobilier Mohamed Hadid et de Yolanda Hadid, star de l’émission de téléréalité Real Housewives de Beverly Hills, comptent à elles deux le nombre incroyable de 49 millions de followers sur Instagram.

les photos sur les réseaux sociaux, prises dans des chambres d’hôtel ou dans les coulisses m’avaient laissées supposer que Bella était un livre ouvert. «Cela me pose parfois problème que l’on sache tout de ma vie en regardant mon compte Instagram. Bien sûr, c’est une chance et je veux me montrer aux gens telle que je le suis, mais parfois je me dis: ‹Wow, je partage toutes ces choses avec la terre entière›.»

Métamorphosée: Bella Hadid sur le podium, lors du défilé Haute Couture 2017 Maison Margiela, à Paris.

Bella, la plus jeune des deux, est sortie de l’ombre de sa sœur de 21 ans l’année dernière, en devenant l’égérie des cosmétiques Dior. Une bonne partie de la couverture médiatique de la Haute Couture parisienne de l’année dernière s’est tournée uniquement vers Bella alors qu’elle défilait pour des grands tels que Fendi et Martin Margiela – pendant le show de ce dernier, elle portait un accessoire sadomaso sur les lèvres. «Je ne pouvais absolument pas parler», s’amuse-t-elle alors que nous entrons toutes les deux dans l’exposition. Elle est venue en avion directement depuis Paris. «J’ai encore l’impression d’être un zombie», s’excuse-t-elle en tirant sur son minuscule crop top blanc, qui ne cesse de remonter. Cela saute aux yeux, dieu qu’elle est jolie. À ma grande surprise, des professionnels accomplis deviennent timides devant elle. Toutes

Comme ses amies proches et collègues du monde de la mode Kendall Jenner et Winnie Harlow, Bella est un personnage de conte de fée avec une vie qui ressemble à une vie merveilleuse, suivie de façon massive par des jeunes filles tout comme par des femmes. Cependant, sa personnalité sur Internet dégage quelque chose qui la rend unique. Pas le moindre soupçon de scandale, son attitude est bizarrement effacée et l’on peut deviner qu’elle n’ira pas voir le reste de son «équipe» lors de notre retour à l’hôtel mais plutôt qu’elle filera en douce pour rencontrer Peter Philips, le directeur créatif des cosmétiques Dior, au calme.

Cela nous donne l’impression que Gigi, aussi bien que Bella (ou «Sugar» et «Spice» comme leur mère les appelle) ont compris dès leurs premières campagnes pour Baby Gap l’importance d’être professionnelles. En public, Bella était auparavant complètement paumée et trop stressée. «À l’âge de 17 ans, on m’a mise dans des situations où je devais parler à 100 adultes sans jamais savoir ce que je voulais dire. Mais au cours de la dernière année et demi, j’ai vraiment trouvé ma voix.» Était-ce une question de confiance en soi? «C’est surtout que je devais avoir le sentiment d’être plus à l’aise dans le discours avec les autres, plutôt qu’une question de confiance en soi. Il faut dire que durant mon enfance, je n’ai pas fait grand-chose d’autre que monter à cheval. Les seules personnes avec qui je parlais quand j’étais enfant, c’étaient mes chevaux et ma mère.» Il y a deux ans de cela, Bella entretenait encore le rêve de devenir cavalière professionnelle et s’est entraînée pour les Jeux Olympiques de 2016. Cependant, cette ambition a volé en éclats lorsqu’elle a découvert qu’elle, sa mère et son frère de 17 ans Anwar, également mannequin, souffraient tous les trois de la maladie de Lyme. Les médecins n’ont pas pu déceler exactement comment la famille avait contracté cette maladie (selon les dires de sa mère, cela aurait pu se passer dans le ranch à Santa Barbara où ils ont vécu pendant dix ans). Cependant, les symptômes – fatigue chronique et articulations rigidifiées – ont causé de tels problèmes à Bella qu’elle a dû suivre ses cours à domicile, se sentant «comme une grand-mère». Aujourd’hui encore, elle est vite fatiguée malgré ses médicaments quotidiens. Son moral au travail n’en est par contre devenu que plus fort. «Je me donne vraiment la peine d’être un exemple car je pense que c’est important. Mais mes fans me connaissent depuis longtemps et ont suivi comment je suis devenue la fille que je suis aujourd’hui.» Cela m’amuse qu’elle utilise le mot «fille». Au final, c’est une femme d’affaires et d’influences, par le biais d’une seule et unique photo, peut donner naissance à de nouvelles modes. «Mouais, je n’ai encore que 20 ans», s’amuse-t-elle.

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STYLE «Et il me semble que j’ai dû devenir femme trop vite, alors maintenant, j’aimerais seulement redevenir une adolescente.» Une adolescente avec un appartement luxueux à Manhattan et une fortune estimée à trois millions de dollars. «C’était super, à 19 ans, de devenir complètement indépendante fi nancièrement. Le mieux dans tout cela, c’est de pouvoir aider ma mère et ma famille. Le mannequinat n’est qu’un métier, mais un métier magnifique.» Je raconte à Bella que Cindy Crawford (l’idole d’enfance de Bella) m’avait avoué lors d’une interview qu’elle était jalouse de la jeune génération de mannequins, «car elles peuvent se faire entendre et ont le droit de s’adresser directement à leurs fans, ce qui leur off re plus de possibilités.» Et elle, se voit-elle encore mannequin à l’âge de 50 ans, comme Crawford? «J’aimerais continuer encore un moment mais ensuite, j’aimerais utiliser ma plateforme pour toucher quelque chose de plus grand; trouver quelque chose qui comble mon âme. Dans les dix prochaines années, j’aimerais bien mener un projet avec ma mère, devenir actrice et avoir une voix avec un plus grand retentissement à l’échelle mondiale.»

– et l’intime conviction que les clients doivent travailler avec des mannequins de tout âge (Natalie Portman et Charlize Theron sont également ambassadrices de Dior). «Il est très important que les marques de cosmétiques fassent passer le message de l’émancipation féminine», explique-telle. «Quand on vient de Paris en avion, il y a un énorme panneau publicitaire avec Charlize. J’ai dû le voir déjà 300 fois, mais à chaque fois je reste scotchée devant, et j’arrive en retard pour mon vol parce que j’en ai la chair de poule. Ce sont des femmes qui comptent parmi les plus fortes de l’industrie cinématographique,

certaines d’entre elles ont même déjà remporté un Oscar.» Elle regarde son agent d’un air faussement réprobateur: «Comment cela se fait que je n’ai pas encore d’Oscar?» Est-ce une chose à laquelle elle aspire? «Oh oui», répond-elle rapidement. «Je dois débuter mes cours de comédie et réfléchir à la façon dont je pourrais retenir mon texte par cœur au mieux car j’ai une très mauvaise mémoire. Mais oui», rit-elle. «L’Oscar: une fois, un jour ou l’autre» «The Art of Colour», édité par Marc Ascoli et Jerry Stafford, publié par Rizzoli. www.dior.com

Bella Hadid répond: «Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai déjà pu fouler le tapis rouge complètement sans maquillage et avec mes cheveux coiffés avec un nœud parce que c’était la seule coiff ure que j’arrivais à faire. Depuis Peter, tout est différent. Je suis une fi lle qui aime donner des conseils aux autres femmes donc je pense qu’un centre de bien-être serait, pour moi, une bonne idée.» Au cas où elle se décide à continuer le mannequinat, la carrière de Bella serait bien plus longue que la plupart des autres. Elle a une «vieille âme», m’assure-t-elle

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Rares sont celles qui savent aussi bien se mettre en scène instinctivement. Bella Hadid à Venise.

PHOTOS DR; CELIA WALDEN / THE TELEGRAPH / THE INTERVIEW PEOPLE

Une idée à laquelle Bella réfléchit, c’est d’avoir son propre site web lifestyle comme l’a Gwyneth Paltrow avec Goop. «J’aimerais mettre sur pied quelque chose de la sorte. J’ai toujours été très sévère avec moi-même en termes d’activités physiques et ma mère nous a appris, à Gigi et à moi, l’importance d’un mode de vie sain.» Certes, Yolanda a continué de donner des conseils à sa fi lle mais c’est Peter Philips qui a appris à Bella à capitaliser sur son apparence. «Il est important pour moi de laisser Bella comme elle est, explique-t-il. «Nous ne voulons pas faire d’elle une poupée. C’est une jeune fi lle magnifique, pleine de vie et qui est l’expression de la beauté moderne.»


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SKINS & FURS

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L’automne approchant, nous voulons toutes quelque chose de chaud pour nous couvrir. Mais que choisir? Du cuir et de la fourrure. Par CHRISTIAN KOCH

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PHOTOS DR; Certains prix ont été convertis de la devise d’origine et ne reflètent peut-être pas le prix public suisse; Net-a-porter & Matches fashion.

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1. Bottega Veneta, prix sur demande. 2. Marni, CHF 370. 3. Joseph, CHF 2 100. 4. Bottega Veneta, CHF 170. 5. Delpozo, CHF 965.  6. Gucci, CHF 1 365. 7. Fendi, CHF 1 080. 8. Tom Ford, CHF 95. 9. Balmain, CHF 1 920. 10. Bulgari, CHF 3 010. 11. Gucci, CHF 405.

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BE AU T É

Quand l'art rencontre la beauté. À découvrir dès la page 66.


En Thaïlande, cette ligne de soins et de cosmétiques de luxe est déjà un bestseller incontesté. Elle arrive en Suisse. Retour au pays puisqu’elle a été mise au point par des pharmaciens de la pharmacie de Bellevue à Zurich, et est fabriquée en… Suisse. Son principe novateur et efficace repose sur trois formulations pharmaceutiques différentes, et fusionne les cellules souches végétales, les élixirs à base de plantes fraiches et les liposomes végétaux. Simple et radical. Les produits sont mis au point individuellement pour chaque type de peau. Le nouvel article phare? Le soin anticellulite. 30 ml, Luxes, à partir de CHF 70. w ww.luxes.swiss

LIVE PINK

BEAUTÉ NEWS

SUISSE THAÏ

La rose est le signe distinctif de Lancôme depuis la création, en 1935, de la marque par Armand Petijean. Rose comme la fleur du bonheur, de la joie de vivre, du courage, de l’audace. Le mannequin Taylor Hill correspond parfaitement à ce mode de vie. Elle est le nouveau visage de «L’Absolu Rôses». Nouveau dans la gamme de rouges à lèvres: les crayons de contour des lèvres et les gloss en 14 nouvelles teintes. Quelle que soit la texture – transparente, crème ou mate –, ces lèvres vous donnent envie d’embrasser. Lipgloss «L’Absolu Gloss», Lancôme, CHF 40. w ww.lancome.ch

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BEAUTÉ

Mission: tirer le meilleur de chaque visage. Depuis son studio photo Loox, à Zurich, la photographe Adriana Tripa a développé sa propre technique. Anti-âge, jeux d’ombres et de lumières pour celle qui compte Roger Federer ou Cameron Diaz dans son portfolio. www.adrianatripa.ch

Ses carrières de brillante photographe et de maquilleuse, elle les a démarrées en étudiant le design à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Elle a ensuite mené sa vie professionnelle entre Zurich, New York, Paris et Los Angeles, où elle a travaillé pendant 12 ans auprès de différentes grandes personnalités du milieu. Elle s’est fait un nom en tant que make-up artist, styliste et photographe en travaillant pour le cinéma ou pour le compte de magazines et de publicitaires. Depuis Zurich, où elle réside, elle a réalisé son vœu: ouvrir son propre studio photo avec maquillage et coiff ure, le «Loox Photostudio / Your Best Image». Elle se spécialise dans la réalisation de portraits, de photos de famille, de portfolios d’entreprises, et aide les marques à développer leur image. Sa technique de make-up anti-âge la rend unique. Son objectif est de tirer le meilleur parti de chaque visage, de le faire paraître jusqu’à 10 ans de moins. Elle maîtrise les jeux d’ombres et lumières à la perfection, appliquant très peu de maquillage, juste là où il le faut. En observant ses photos, l’effet avant/après est impressionnant. Photoshop, elle n’en a pas besoin: «En maquillant selon la physionomie des visages, je révèle leurs atouts de façon artistique pour ensuite les mettre en valeur sur photos, avec une lumière parfaite». Les stars du monde entier ont déjà fait appel à son savoir-faire, de Roder Federer à Cameron Diaz en passant par Adriana Lima.

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Qu’entendez-vous par make-up anti-âge? L’anti-âge, c’est la super tendance de notre temps, même dans l’alimentation, et le phénomène va de toute évidence encore s’amplifier. Un make-up anti-âge permet de sculpter le visage grâce à des nuances de teint appliquées où il le faut, et de rajeunir celui-ci de manière considérable en remodélisant ses traits et sa physionomie. Sans botox et cie. Quels sont les services que vous proposez lors d’une séance de shooting ? Le package comprend un atelier qui vise à appréhender la physionomie de manière optimale. Je montre comment tirer le meilleur d’un visage avec des nuances légères dans le maquillage, et comment bien mettre en valeur ses atouts, sans qu’il paraisse trop maquillé: étape par étape, jusqu’à obtenir la meilleure image… La coupe de cheveux et la coiff ure sont également incluses. C’est seulement après cela, que les prises de vue peuvent avoir lieu dans les meilleures conditions. Ce qui me fascine dans une photo, c’est de capturer un moment qui ne se reproduira jamais.

Qu’entendez-vous par «meilleure image»? Simplement tirer le meilleur de soi-même grâce au maquillage, à la coiff ure, à l’image parfaite. C’est valable pour les femmes comme pour les hommes. Une «best image» est un outil puissant qui permet d’ouvrir des portes sur les plans à la fois professionnel et privé. Comment procédez-vous avec les hommes? Les hommes aussi ont une meilleure apparence après un peu de grooming. Chez la plupart d’entre eux, j’améliore la forme des sourcils, le maquillage est quasiment invisible s’il est appliqué aux bons endroits. Je fais beaucoup de photos professionnelles pour des entreprises. Dans ce cadre, il est important que les hommes soient présentés sous leur meilleur jour. A chaque fois, ils sont tous surpris et satisfaits du résultat. Pourquoi la beauté est-elle si importante dans la vie? Je crois que la beauté n’a pas d’âge, mais il faut se redécouvrir sans cesse et rester fidèle à soi-même. Il n’est jamais trop tard pour un nouveau départ. Quiconque s’investit en tire des bénéfices.

PHOTOS; Adriana Tripa

ARTISTE DU CLAIR OBSCUR


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IN OLIO VERITAS

Filorga fait partie des meilleurs laboratoires français de médecine esthétique, et développe depuis plus de 35 ans des produits de soins antivieillissement. Son secret réside dans l’ingrédient actif NCTF, inspiré de la mésothérapie. Le dernier-né des antidotes à la déshydratation, au burnout, aux rides et autres taches de la peau est un luxurieux élixir pour le visage avec des huiles de camélias, de buriti, de jojoba et d’abricot nourrissantes. Les polyphénols, hexapeptides et l’ambre éternelle renforcent la peau et régénèrent les cellules. Une goutte suffit. Élixir pour le Visage «Oil-Absolute», 30 ml, Filorga, CHF 140. w w w.filorga.com

WASABI DANS LA SALLE DE BAIN

S.O.S. Peau mal hydratée, impure ou en mal de régénération? En cas d’«urgence beauté», les nouveaux masques SOS de Clarins assurent des résultats immédiats, grâce à leurs ingrédients organiques à base de plantes. La plante de Goethe stimule les mécanismes d’hydratation de la peau. Pour les peaux grasses, l’épilobe des moraines réduit l’effet de brillance. L’huile et le beurre de mangue, eux, soutiennent la peau et la rendent lisse. Une herbe pour chaque urgence. «SOS Hydra», «SOS Pure», «SOS Comfort», je 75 ml, Clarins, je CHF 50. www.clarins.ch

Depuis 1987, la marque australienne de cosmétique Aesop voit le nombre de ses fans augmenter. Pas étonnant. L’approche non conventionnelle entre les plantes pharmaceutiques et cosmétiques, combinée à un design de produits puriste, est très convaincante. La toute dernière création Aesop? Un singulier dentifrice sans fluor. Les tetraposodium pyrosphates enlèvent la plaque dentaire et assurent une hygiène buccale impeccable grâce aux vertus cicatrisantes de l’argousier et aux propriétés antimicrobiennes du wasabi. Les huiles essentielles de cardamome, de menthe verte et de clous de girofle donnent une haleine fraiche. Une nouvelle façon de se brosser les dents. «Toothpaste Dentrifice», 60 ml, Aesop, CHF 15. www.aesop.com

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J EU N ÉT ER ESSE N ELL E La marque de luxe La Prairie fête ses 30 ans. À cette occasion, la ligne de produits Skin Caviar s’enrichit d’un nouveau produit phare, «Absolute Filler», créé avec la toute dernière technologie. Par un procédé innovant, les ingrédients du caviar sont préservés dans leur forme la plus pure. Ce concentré de lisseur renforce et hydrate la peau. Il est temps de dire adieu aux rides! «Skin Caviar Absolute Filler», 60 ml, La Prairie, CHF 680. www.laprairieswitzerland.ch

SUGAR DADDY En matière d’alimentation, le sucre n’a pas bonne réputation. Pour les soins capillaires, en revanche, il est un vrai atout polyvalent. Voilà pourquoi la nouvelle ligne «Neon» de la Star britannique des salons de coiffure, Paul Mitchell, est basée sur le sucre naturel. Celui-ci confère aux cheveux l’hydratation qu’il leur faut, de la consistance, de la texture – tout cela sans les dessécher. En plus du shampooing et du conditionneur, la crème structurante, le spray texturisant, la crème lissante et le vaporisateur capillaire assurent une coiffure facile. Sugar Daddy, ultracool. «Neon», ligne de soins capillaires, Paul Mitchell, à partir de CHF 15. www.paulmitchell.ch

BONS BAISERS DE LONDRES

«Carrot Butter», 70 ml, CHF 60. «Jasmine Night Conditioner», 50 ml, CHF 60. «Rose Diamond Face Cream», 50 ml, CHF 415. www.theorganicpharmacy.com

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Pour les accros de la beauté, The Organic Pharmacy n’est depuis longtemps plus un secret. Cette toute nouvelle marque de cosmétiques, naturelle et emblématique de Londres, est désormais disponible en Suisse, en exclusivité chez Marionnaud. Depuis 2002, la pharmacienne et homéopathe Margo Marrone mise sur des ingrédients à base de plantes cultivées bio. Du «Carrot Butter» pour le nettoyage du visage, au «Jasmine Night Conditioner», en passant par les luxueux soins «Rose Diamond Face Cream»: grâce à une approche holistique, chaque produit agit en outre par l’aromathérapie.


BEAUT� Spa Clarins de Genève, rue de la Terrassière 23 Spa Clarins de Zurich, Gerbergasse 6 www.clarins.ch

UN PAS DE PLUS Curcuma, anti-âge, respect de l’environnement et art du dosage pour un sérum qui compte double. Par LENA STÄHELI

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ette fois, Clarins avait vraiment imaginé quelque chose de spécial pour le lancement de son nouveau «Double Serum». L’entreprise familiale avait en effet invité des journalistes du monde entier, triés sur le volet, à Paris à bord d’un bateau, et nous avons navigué ensemble vers le soleil couchant. Et le nouvel élixir «Double Serum», alors? Il est l’ultime compagnon beauté de toutes les femmes, quel que soit leur âge. Les nombreuses années de recherche sur l’épice curcuma ont permis de développer une formule à 2 phases qui procure un effet anti-âge visible, et soigne la peau en l’hydratant convenablement.

L’entreprise Clarins est connue pour ses productions respectueuses de l’environnement; «Double Serum» tire son efficacité des extraits de plantes produits de manière bio, tout en respectant les règles du commerce équitable. Même le flacon a été conçu pour préserver l’environnement. Il permet de dispenser la quantité idéale de sérum grâce à une fermeture parfaitement réglable. Ainsi, vous pourrez appliquer sur le visage de plus petites doses de produit au cours de la journée et un peu plus pour la nuit. Une visite au Clarins-Spa peut également vous donner l’occasion d’essayer ce «Double Serum» formidable et efficace. Le nouveau «Double Serum», Clarins, 30 ml CHF 109, 50 ml CHF 139.

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Boîte à bijoux comprenant la collection actuelle de rouges à lèvres.

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MAN RAY MANIA


BEAUT� Les Fêtes, c’est encore loin. Sauf que la marque Nars sort une collection qui réunit la cosmétique et l’art du grand photographe Man Ray. Cadeau! Par LENA STÄHELI

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6. Gloss de couleurs bordeaux, jaune et rose. 7. Rouge à lèvre «Gold Anita Audacious».

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1.Palette de fards à paupières.  2. Enlumineur de teint. 3.Palette de fards à joues.  4. Love triangles.  5.Palette de fards à paupières «Love Game».

Je suis en arrêt. Stoppée net. Dans ma visite du Centre Pompidou à Paris, devant «Le Violon d’Ingres», célèbre photo que je connaissais pourtant comme tout le monde, avant de la découvrir en vrai, ici. L’image qui montre une femme nue, de dos, avec deux clés sur le dos, est bien sûr signée Man Ray. Photographe, régisseur et peintre, l’artiste américain a apporté une contribution très active à toute la scène créative de Paris dans les années 1920, passant beaucoup de jours et de nuits dans le quartier de Montmartre. Son image stupéfiante, je la redécouvre avec une bande de journalistes invités, comme moi, au lancement de la nouvelle collection de Nars. Art et cosmétiques en un – les œuvres de Man Ray décorant des poudriers ou des boîtes de rouge à lèvres. Cette collection est donc disponible dès octobre, aux couleurs de l’automne avec des accents dorés. Un peu d’avance sur Noël. Et des succédanés d’œuvres d’art pour embellir chaque salle de bain. Collection «Man Ray x Nars Holiday» à partir d’octobre à Zurich chez Jelmoli et dans les filiales de Sephora en Suisse romande. www.nars.com

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FAITES-MOI MAL Le désir de beauté est aussi vieux que l’humanité. Chaque moyen, ou presque, semble bon pour atteindre un idéal de perfection. A partir de quand devient-on un maniaque de la beauté et jusqu’où peut-on aller pour l’obtenir? Coup d'œil sur les tendances beauté les plus extrêmes: des séances de gifles aux extraits de bave d’escargots, de la poudre de geishas aux recettes à base de placenta. Par URSUL A BORER

Même l’utilisation de toxines dans les cosmétiques n’est pas rare. Jadis, on utilisait la belladone comme un

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collyre, les rayons X pour l’épilation ou le radium comme traitement anti-vieillissement. Au XVIIIe siècle, les geishas utilisaient une pâte de plomb pour obtenir une peau claire, tout comme deux siècles auparavant, la reine Elizabeth Ière, qui se recouvrait constamment le visage avec de la poudre de plomb. Il en résulta de nombreuses morts tragiques, dues au saturnisme. Certains péchés de beauté semblent difficiles à éradiquer. Le traitement facial de geisha n’est pas si éloigné que ça des routines de beauté romaines et s’appuie sur une longue tradition japonaise. Plus près de nous, Victoria Beckham est censée être une grande fan d’un traitement à base de crottes de rossignols. Les extraits de matières fécales sont stérilisés pour former une pâte mélangée avec du son de riz, qui s’applique alors comme un masque. Les enzymes qu’elle contient sont censés éclaircir la peau, avoir un effet de guérison et apaiser l’acné. En ce moment, le placenta connait un véritable boom. Les ethnologues reconnaissent depuis longtemps sa longue signification culturelle. Depuis, on a prouvé scientifique ment que le placenta contient plein de précieuses protéines, des minéraux, acides aminés, vitamines et l’hormone antistress corticotrophine. Alors pourquoi l’enterrer ou le gaspiller sur des thuyas quand on peut le manger? Les mammifères ne procèdent-ils pas de la sorte pour se remettre encore plus vite des rigueurs d’un accouchement? Désormais, il existe même des livres de recettes pour sa préparation: depuis les smoothies à la banane et à la noix de coco jusqu’aux spaghettis et pizzas au placenta. A noter que le placenta s’utilisait déjà dans les années 1960 comme crème anti-vieillissement. Il a toutefois

PHOTOS; CChristoph Klutsch / Blaublut-Edition.com

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uand on imagine les rituels de beauté extrêmes, on pense immédiatement augmentations mammaires XXL, rhinoplasties intempestives, implants fessiers i mprobables et lèvres surgonflées. Le prix de la beauté    ne semble jamais trop élevé pour ceux qui passent sous le bistouri et l’adage «il faut souffrir pour être belle» n’est malheureusement que trop vrai. Quasi chaque semaine apparaissent de nouveaux traitements extrêmes qui promettent une jeunesse éternelle. Mais nous pouvons être rassurés: il en a toujours été ainsi. Cléopâtre déjà se baignait dans du lait d’ânesse pour obtenir une peau douce et veloutée. Pour ses lèvres, elle utilisait une mixture à base de fourmis, de cire d’abeille et de sang de scarabées. Le poète romain Ovide décrit lui aussi des rituels de soins pour le moins bizarres. Les femmes romaines en quête de beauté utilisaient notamment pour les soins du visage de l’urine d’âne, des excréments de crocodile et du placenta. On en n’est pas loin, aujourd’hui, quand on parle de traitements à base de bave d’escargot... Celle-ci contient des protéases (qu i protègent les vaisseaux sanguins), des enzymes fibrolytiques (qui favorisent l’apport d’oxygène et réparent les cellules endommagées), des antibiotiques naturels (qui agissent contre l’acné), de l’allatonine (qui favorise la cicatrisation des plaies), du collagène (qui favorise la prolifération des cellules), de l’élastine (qui raffermit la peau), de l’acide glycolique (qui stimule la régénération cellulaire) et des vitamines (antioxydantes). De quoi lutter contre acné, cicatrices, rides, vergetures et autres taches.


BEAUTÉ rapidement disparu du marché avec l’émergence du sida. Grâce à des technologies nouvelles et plus sûres, l’on peut désormais utiliser ses ingrédients actifs pour les produits cosmétiques. Le placenta en soin du visage est une toute dernière tendance. On utilise pour cela des cellules souches placentaires de moutons ou d’humains. Celles-ci sont introduites dans la peau par microdermabrasion. Les ingrédients nutritifs sont censés agir contre l’acné, la rosacée, les peaux pâles et tous les signes du vieillissement cutané. Les effets secondaires à court terme peuvent comprendre des rougeurs ou des démangeaisons. Les dermatologues recommandent de prendre ce traitement toutes les deux semaines pendant le premier mois, puis une fois tous les trois mois. Uniquement pour les audacieux: les traitements au feu. C’est ce que les salons Huō Liáo proposent en Chine. Avec les soi-disant fire-facials, des flammes sont censées stimuler la régénération cellulaire et avoir un effet de rajeunissement de la peau. Une serviette trempée dans de l’alcool est placée sur le visage et mise à feu. Selon la devise «serre ta ceinture pour mieux maigrir», le régime au corset est très prisé à Hollywood. Les actrices Jessica Alba et Kim Kardashian le trouvent formidable. Avec cela, les petits bourrelets ou kilos en trop après l’accouchement peuvent disparaître plus facilement. Cela implique de porter un corset plusieurs heures par jour. Ainsi, non seulement l’appétit est freiné, mais la combustion des graisses est stimulée et l’estomac se réduit. Des séances d’entraînement spéciales viennent alors renforcer l’effet minceur. Les experts sont sceptiques et avertissent que ce régime peut déplacer les organes ou les côtes. Il peut provoquer des nausées, des vertiges, des douleurs articulaires et des crampes musculaires. En outre, les muscles du dos peuvent être endommagés lorsque vous le portez fréquemment. Pour ceux qui n’ont pas peur du froid, les traitements cryogéniques s’appuient sur des températures négatives jusqu’à moins 196 degrés Celsius. Les athlètes de haut niveau utilisent cette technique pour la régénération et les patients atteints de rhumatisme éprouvent grâce à cette méthode un soulagement de leur douleur. Plus récemment, on la propose également pour le traitement de la cellulite et la perte de poids. La thérapie du «vampire facial» est sans doute la plus sanguinaire. Avec ce traitement au sang autologue, le sang retiré est transformé pendant une demi-heure en plasma, puis injecté par de nombreuses perforations fines, cinq millimètres sous la peau, ou inséré dans la peau avec un embout d’aiguille (Dermapen). Le traitement est effectué à des intervalles de six semaines et l’effet dure environ un an. Même sans injection, les piqûres fines sont bonnes pour la peau: elles simulent des blessures sans réellement détruire les tissus et stimulent les cellules de la peau pour qu’elles produisent du collagène.

Le traitement à la sangsue est lui aussi assez sanguinolent: il est surtout connu grâce à Demi Moore. Avec cette méthode de médecine alternative, des sangsues médicales sont utilisées de la même façon qu’une saignée d’antan. Elles sucent jusqu’à dix millilitres de sang et émettent une substance anticoagulation avec leur salive qui favorise l’hémorragie. Ce traitement est utilisé en chirurgie plastique pour les blessures qui guérissent mal, les cicatrices, les douleurs lombaires, l’arthrose, la thrombose, les varices, la migraine, l’asthme ou les hémorroïdes. A l’inverse, les pédicures poisson sont plutôt inoffensives. Si vous ne souffrez pas d’une phobie aux poissons, les barbeaux rouges (garra rufa) peuvent vous débarrasser de toute corne gênante en la grignotant, en une demi-heure de traitement. Les premières thérapies avec le poisson chirurgien étaient déjà menées en Turquie il y a une centaine d’années et jouissent d’une grande popularité en Asie depuis une dizaine d’années. En plus des pieds, on peut également soulager temporairement le psoriasis. Le traitement du «face slapping» n’est, lui, pas fait pour les personnes délicates. Pas du tout! Le patient est giflé professionnellement pendant dix minutes. Cette méthode traditionnelle de Thaïlande est censée réduire les rides, rétrécir les pores et raffermir la peau. Son atout majeur: Elle est cent pour cent naturelle - y compris une peau rougie et une légère douleur. Vous n’avez certainement jamais entendu parler de lui: le marteau Tok sen est un traitement thaï qui a presque sombré dans l’oubli. A l’aide d’un marteau et d’un burin en bois, le praticien s’attaque aux tensions, blocages et durcissements de la peau. En profondeur. Les soins holistiques permettant d’échapper au stress de la vie quotidienne sont particulièrement populaires auprès des accros aux thérapies. Cela comprend depuis peu la luminothérapie (Spa Swisshotel, Berlin), le traitement au cristal (Faena hotel, Miami Beach), une thérapie du sommeil (The Om Supti Night Spa, Four Seasons Landaa Giraavaru, aux Maldives), les massages de groupe sanguin (The Cool Spa Sri Panwa, Phuket), les bains de forêts (Aqua Sana Sherwood Forest, Center Parcs Nottinghamshire/UK), les massages à la marijuana (Denver, USA) et les bains de musique (Yaan Wellness Spa, Tulum, Mexique). Ceux qui ne souhaitent pas s’aventurer au loin peuvent tester le «zombie mask» de Hanacure pour un coût modique, à la maison. En postant une image sur Instagram, l’icône d’Hollywood Drew Barrymore a déclenché un véritable feu de forêt viral en février dernier. Ce masque contient du lotus, de l’extrait de vigne d’Orient, du thé vert et du chèvrefeuille. Il est censé rétrécir les pores, contrecarrer l’hyperpigmentation et lisser les rides. Dans tous les cas, ce masque effrayant vous assurera beaucoup de clics et de likes. Et vous pourrez toujours en profiter pour effrayer vos colocataires et vos animaux de compagnie.

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Laits, brumes, huiles ou eaux, c’est le moment d’adopter une gestuelle parfumée au sillage plus délicat mais tout aussi charnel. Par AURÉLIA HERMANGE-HODIN

PHOTOS DR; Nadine Ottawa/Archives de L’Officiel

EN ODEUR DE LÉGÈRETÉ


BEAUT� LES LAITS POUR LE CORPS Nourrir et sublimer la peau tout en l’habillant d’un voile parfumé dérivé de sa fragrance préférée, c’est l’assurance d’un sillage aussi léger que persistant. Si les notes se diffusent moins, diluées dans la formule d’un soin corps, elles se développent en revanche idéalement sur ce support qui les retient et les empêche de s’évaporer.

LES GELS DOUCHES Sous l’effet de l’eau chaude, les molécules parfumées sont exaltées et l’odeur de la fragrance se diffuse agréablement tout en se déposant en voile délicat sur la peau nettoyée et rafraîchie. Pour l’installer plus durablement, jouez la superposition et misez sur un véritable layering olfactif en utilisant ensuite le lait parfumé ou le déodorant dérivés.

LE BON GESTE Le soir, pulvérisez votre fragrance sur les zones où vous avez appliqué votre lait parfumé: comme les notes tiennent mieux et plus longtemps sur une peau bien hydratée, le sillage n’en sera que plus éclatant.

LE BON GESTE Pour sécher la peau tout en conservant l’empreinte olfactive du gel douche parfumé, tapotez la serviette sur les zones encore humides plutôt que de frotter le tissu contre l’épiderme.

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LES EAUX DE SOIN Rafraîchissante et légère, l’eau de soin est l’alliée des peaux surchauffées qu’elle hydrate, tonifie et parfume. Contrairement à la cologne, elle est souvent formulée sans alcool et, à la différence du lait corporel, elle ne laisse pas de film gras sur l’épiderme. LE BON GESTE Appliquée en frictions vivifiantes sur tout le corps après la douche ou le sport, elle apporte un regain de vitalité à tout moment de la journée. Et sans coller!

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1. Vaporisateur pour le corps «Soleil Blanc», Tom Ford, CHF 70. 2. Crème pour le corps, Miu Miu, CHF 75. 3. Gelée fondante pour le corps «Rose Pompon», Annick Goutal, CHF 75.

1. Parfum solide «Brune Melancolia», Sabé Masson, CHF 24 sur sabemasson.com. 2. Parfum solide «Eau Rose», Diptyque, CHF 45.

1. Gel douche «Premier Figuier», L’Artisan parfumeur, CHF 30. 2. Gel moussant «Orange Sanguine», Atelier Cologne, CHF 40.

LES PARFUMS SOLIDES Formulé à base de cires, de beurres végétaux et d’huiles, le parfum solide se présente souvent sous la forme d’un baume compact dans un petit boîtier facile à glisser dans un sac. Comme il ne contient pas d’alcool, on peut l’utiliser même sous le soleil et faire des retouches tout au long de la journée.

LES BRUMES POUR CHEVEUX Plus neutre que la peau, qui peut faire virer les accords en fonction de son pH, la chevelure permet aux molécules parfumées de s’épanouir pleinement. Formulées sans alcool pour ne pas dessécher la fibre, les brumes capillaires apportent un supplément de soin et d’hydratation pour faire briller et parfumer d’un seul geste.

LES HUILES SÈCHES Très concentrée, hydratante, nourrissante et sensuelle, l’huile satine sans laisser de film gras derrière elle. Elle tient en revanche particulièrement bien sur la peau et garantit un parfum léger mais durable, surtout si on a pris soin de la chauffer dans les paumes avant de l’appliquer pour optimiser sa pénétration.

LE BON GESTE Grâce aux éléments gras, le parfum solide est très concentré, et ses accords ne s’évaporent pas. Pour le faire pulser, déposez-le au niveau des points chauds du corps comme les tempes, le cou, l’intérieur des coudes et des poignets, ou derrière le lobe des oreilles.

LE BON GESTE Si vos cheveux sont très secs ou que vous voulez optimiser la tenue de votre brume, appliquez une crème ou une huile capillaire sans parfum avant de la vaporiser.

LE BON GESTE Quelques gouttes d’huile ajoutées à l’eau du bain libèrent un pouvoir émollient, nutritif et assouplissant de premier plan, et suffisent à neutraliser la dureté d’une eau trop calcaire.

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1. «J’adore Hair Mist», Dior, CHF 50. 2. Brume parfumante cheveux «Amyris femme», Maison Francis Kurkdjian, CHF 75. 3. Parfum en brume pour les cheveux Angel, Thierry Mugler, CHF 40.

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1. «Eau Relax» (100ml), Biotherm, CHF 70. 2. Eau de Soin, Lancaster, CHF 55. 3. «Eau des Vignes», Caudalie, CHF 25.

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1. Huile corps et cheveux «Musc Ravageur», Éditions de parfums Frédéric Malle, CHF 130. 2. «Huile douce», Bonpoint, CHF 30. 3. Huile velours pour le corps «Coco Mademoiselle», Chanel, CHF 60.

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BEAUTÉ Radiofréquence, minceur par le froid et techniques d’injections inédites: promenade parmi les innovations récentes de la médecine esthétique. Par MÉL ANIE MENDELEWITSCH

QUOI DE NEUF DOCTEUR? LA RADIOFRÉQUENCE: UNE RÉVOLUTION MULTI-USAGE Innovation technologique permettant de corriger le relâchement cutané, la radiofréquence utilise la chaleur pour stimuler les fibroblastes à l’origine de la production de collagène, d’où une mise en tension cutanée et une fermeté accrue. On l’utilise le plus souvent en complément d’injections sur le visage pour renforcer le traitement de l’ovale, du décolleté et du cou, mais également sur le corps pour redessiner les zones en manque de tonicité, comme l’indique le Dr Serge Dahan, dermatologue: «Pour le corps, elle agit comme un body contouring particulièrement indiqué pour traiter le relâchement qui survient après un accouchement ou une perte de poids. Qui plus est, elle entraîne une ‹purge› des adipocytes et agit sur les cellules graisseuses en diminuant la cellulite et l’aspect peau d’orange». Le dernier cri en matière de radiofréquence fractionnée, équipé d’un grand nombre de capteurs qui émettent les ondes sur la peau, se nomme Venus Viva. Au bénéfice de son utilisation, des résultats bluffants sur les cicatrices d’acné et les vergetures, comme l’explique le Dr Jean-Marc Adda: «Venus Viva constitue une innovation en matière de correction des irrégularités du grain de peau, de l’aspect des cicatrices et des rides, et permet aussi de corriger le relâchement cutané des bras et du visage en début de traitement, avant d’enchaîner avec de la radiofréquence non fractionnée». Et les suites de l’intervention sont presque inexistantes. Attention cependant aux contre-indications: «On surveille tout particulièrement les peaux ayant présenté des pathologies cutanées et sensibles à l’hyperpigmentation, susceptibles de réagir au traitement», prévient-il. LA MÉSOTHÉRAPIE: LE NOUVEAU SECRET DU GLOW Utilisée initialement pour les injections locales et très superficielles de médicaments, la mésothérapie trouve un nouvel essor dans la médecine esthétique, comme l’expose le Dr Bernard Sillam: «On la pratique de plus en plus sur le visage, à l’aiguille ou au roller. Elle permet d’obtenir un vrai effet ‹coup d’éclat› grâce à son cocktail de vitamines, d’oligo-éléments, d’antioxydants et d’acide hyaluronique non réticulé». Un shoot de beauté express, idéal pour tonifier la peau et booster son «glow» à l’approche d’un événement particulier.

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BEAUTÉ LES INJECTIONS: DE PLUS EN PLUS DISCRÈTES ET EFFICACES On injecte désormais à la canule, plus efficace que son ancêtre la seringue. Résultat? Moins de douleur, presque plus aucun hématome et des rides comblées avec une précision extrême. Envie de repulper sa bouche fatiguée et cernée du fameux «code-barres» de ridules qui recouvre la lèvre supérieure des fumeuses, sans toutefois hériter d’un bec de canard figé digne des pires héroïnes de téléréalité? Première règle, on évite à tout prix de se faire injecter à l’étranger, où de nombreux produits semirésorbables à la traçabilité douteuse circulent. Ensuite, on privilégie un praticien à l’approche pédagogique, qui saura conseiller au mieux, comme en témoigne le Dr Alexandre Cretin-Duvernois, médecin esthétique à Paris: «On assiste à une demande grandissante de femmes qui viennent dans nos cabinets avec des photos Instagram du clan Kardashian: des lèvres trop gonflées, obtenues avec plus d’une seringue, absolument pas naturelles. C’est là que le rôle de conseiller du médecin importe, on se doit d’informer et d’aiguiller au mieux la patiente, quitte à tempérer ses ardeurs». Tous les experts le confirment: plus on s’y prend tôt, mieux c’est. Dès l’apparition des premières rides, on injecte des points ciblés avec des quantités modérées, afin de conserver des expressions spontanées et un résultat naturel, comme le décrit Aurélie Fabié-Boulard, chirurgienne plasticienne: «On vient effectuer des injections de soutien régulières en petites quantités sur toutes les zones en perte de volume, telles que les tempes, les pommettes et les commissures labiales, plutôt que d’attendre que la ride soit profonde et installée. Les acides hyaluroniques actuels, que l’on détermine en fonction de l’épaisseur des tissus de la zone à injecter, sont plus souples et mieux intégrés par l’organisme que leurs prédécesseurs».

sans effort, comme le rappelle le Dr James Schinazi: «La cryolipolyse s’améliore de plus en plus, notamment grâce à la dernière génération d’applicateurs, qui diffusent le froid de manière uniforme. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’elle n’est efficace que pour les personnes témoignant d’une bonne hygiène de vie, d’où l’importance d’une sélection réaliste par le médecin: on privilégie les patients ayant peu ou pas de surpoids mais de la graisse localisée, dont la peau a une bonne tonicité, à l’alimentation équilibrée et qui pratiquent une activité physique de type cardio, de façon régulière.» Après 45 ans, on a souvent la mauvaise surprise de voir poindre un léger double menton, prévient Bernard Sillam: «Résultat combiné du relâchement et des amas graisseux, le double menton plombe le dessin du profil et peut devenir une réelle source de complexes. On le traite grâce au Coolmini, déclinaison spécialement conçue pour le visage du célèbre Coolsculpting. Étudié pour les petites zones difficiles d’accès, il permet également de traiter le fameux bourrelet du soutien-gorge, aussi connu sous le nom de ‹bra fat›, ainsi que les petits bourrelets des genoux et des aisselles.» ON PENSE À UNE APPROCHE GLOBALE De nombreux spécialistes recommandent un «full face», programme de rajeunissement global qui tient compte de l’harmonie du visage plutôt que de traiter les rides une à une de façon isolée, et qui associe plusieurs technologies complémentaires. «Tout est question de proportions, détaille Aurélie Fabié-Boulard. Injecter le bas du visage sans traiter en parallèle le tiers supérieur risque par exemple d’alourdir les traits. De la même façon, injecter les sillons nasogéniens sans traiter la vallée des larmes et les pommettes affaissées peut créer un déséquilibre.»

LA BEAUTÉ PAR LE FROID: UNE TECHNIQUE EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION Véritable révolution minceur, la cryolipolyse nous permet de dire adieu aux amas graisseux localisés sur le ventre, les poignées d’amour, les bras ainsi que l’intérieur et l’extérieur des cuisses en une ou deux séances espacées de trois mois. Congelées par le froid, les cellules adipeuses sont détruites puis éliminées naturellement par l’organisme, entre autres voies dans les urines. L’alternative rêvée à la liposuccion chirurgicale, qui implique anesthésie, port d’un panty et risque d’un effet «tôle ondulée». Attention cependant à ne pas tomber dans l’utopie de la minceur

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BEAUTÉ

Par ANTIGONE SCHILLING

NAISSANCE D’UN CLASSIQUE

Kristen Stewart vue par le réalisateur Ringan Ledwidge.

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Classique, vous avez dit classique? En parfumerie, un classique, inéluctablement, traverse le temps. Il s’impose comme une référence admirée pour sa justesse de ton, pour la réunion sous une bonne étoile de tous les paramètres qui le composent. Au départ il s’inscrit remarquablement dans son époque, il peut la bousculer ou au contraire s’y fondre avec pertinence. Grâce à des qualités intrinsèques, il doit réussir à s’imposer par une dimension quasi universelle. Parfum à signature, il se reconnaît à son sillage, personnel. Et après... il y aura ou pas alchimie avec son époque avant qu’il ne devienne pérenne. Chaque décennie livre quelques classiques, certains parfois s’endorment, s’enlisent dans une accélération du temps qui ne pardonne pas le silence, mais le respect demeure pour les références immuables. Chez Chanel, le N° 5 demeure le classique par excellence; cette composition quasi centenaire est désormais la plus célèbre du monde. Un parfum réussi et qui a des chances de durer, explique le designer de flacons Pierre Dinand, est comme une machine à sous au casino, il faut aligner les quatre cerises ou les quatre bananes. La fragrance, le nom, le flacon et la communication incarnent ces quatre éléments. Si l’alignement des planètes est réussi, les augures se présentent bien.

PHOTOS DR; Chanel

Que faut-il pour qu’un parfum devienne intemporel? Quelques ingrédients savamment dosés, à commencer par un nom. «Gabrielle», que l’on associe à un patronyme mythique, est désormais une fragrance Chanel signée Olivier Polge, en voie d’entrer, avec élégance, dans l’histoire.


BEAUTÉ LE NOM Prénom des origines, Gabrielle a bercé l’enfance et a accompagné l’adolescence de la couturière avant que Coco ne s’invente et que ne se forge une personnalité audacieuse et hors du commun. Gabrielle, ce sont les origines, les racines autour d’un prénom d’archange. Marquée par la disparition de sa mère et par un père dépassé par les événements, Gabrielle Chanel passe son adolescence en pension dans un lieu austère, à Aubazine, une abbaye cistercienne à la géométrie stricte. Edmonde Charles-Roux, dans «L’irrégulière», s’interroge: «Est-ce le monastère d’Aubazine qui lui donna le sens du dépouillement dont elle témoigna par la suite, son horreur instinctive pour ce qui dépassait la mesure, et la distance qu’elle sut marquer à l’égard de l’excès?» Inconsciemment sans doute, Aubazine demeure une des sources de l’esthétique Chanel. Gabrielle, c’est toute la puissance d’un être en devenir, d’une personnalité hors norme qui va jaillir. Une femme libre, audacieuse, mais aussi une grande amoureuse, une insoumise qui jamais ne renonce, qui toujours avance, gère ses créations, sa vie avec détermination. Gabrielle, le parfum, s’annonce comme l’identification à une femme qui a réussi, une des personnalités les plus célèbres de la planète. Ce prénom s’ouvre à une nouvelle vie, pour une femme prête à conquérir le monde: «J’ai choisi qui je voulais être et je le suis». UN PARFUM Indiscutablement, instinctivement, la composition est signée. Une sensation étrange surgit au débouché: c’est un Chanel! Une conviction inébranlable et pourtant de l’ordre de l’inexplicable. Olivier Polge a choisi de privilégier les fleurs tout comme Gabrielle Chanel avait décidé pour son premier parfum, que les fleurs seraient majeures et qu’elles seraient les plus belles et dans les meilleures qualités de l’époque, tout en voulant

avec détermination «un parfum qui soit construit». Pour ce nouveau bouquet abstrait, imaginaire, Olivier Polge a d’abord choisi quelques fleurs déjà très Chanel: l’ylang-ylang, le jasmin et la fleur d’oranger. Avec ces fleurs, Olivier Polge a joué. La fleur d’oranger pétille, rafraîchie de notes hespéridées, d’écorce de mandarine, de zeste de pamplemousse et de touche de cassis. Le jasmin accentue l’intensité. L’ylang-ylang, avec l’ajout de muscs blancs, a des accents «velours». À ce glorieux bouquet, Olivier Polge a eu l’audace d’ajouter la plus ténébreuse des fleurs, la plus puissante, la plus hypnotique, la plus sensuelle et peut-être la plus déroutante de la parfumerie, la tubéreuse de Grasse. Autour de cette fleur, les légendes se sont tissées: il ne fallait pas laisser les jeunes filles s’en approcher la nuit, par crainte de stimuler leurs sens. La tubéreuse ici se dompte, s’adoucit avec un santal suave, lacté. Une composition orale abstraite et résolument Chanel. LE FLACON D’apparence sobre, simple, sage géométrie au carré, le flacon recèle des prouesses techniques orchestrées sans ostentation, avec élégance. Déjà à l’époque du N° 5 cette sobriété à contrecourant fascinait. Pour Edmonde Charles-Roux, «ce qu’il y avait de remarquable dans le bloc à angles vifs que mettait en circulation Gabrielle, c’est qu’il soumettait l’imaginaire à un nouveau système de signes. Ce liquide d’or, prisonnier d’un cube de cristal nu et rendu visible à seule fin de désir». Foin de décor alambiqué, de fioritures, la simplicité incarnée.

Pour Gabrielle, le sobre carré est réinventé et réussit une nouvelle perfection. Pour composer cet univers ont été choisies des sources d’inspiration issues de la Couture: des broderies Lesage, un collier Desrue à motif de plumes... et une boîte en or et vermeil offerte à Coco Chanel par le duc de Westminster. Dans la base du flacon, point de poids de verre inutile, souvent associé au luxe, mais son contraire, en légèreté et transparence. La marloquette, terme technique qui qualifie la goutte de verre au fond des flacons, a été repoussée vers l’extérieur puis polie, éliminant le côté bombé pour réaliser une assise parfaite et droite. Sur les faces, de légers biseaux orchestrent une découpe géométrique de verre dont les lignes en rayons convergent vers le centre pour que s’y déploie l’étiquette. Un bouchon carré lamé mat siglé du double C coiffe le tout. Quintessence du style Chanel, il est reconnaissable, il remet le carré à l’honneur dans une version discrètement sophistiquée. L’ÉGÉRIE Pour incarner ce nouveau parfum, une personnalité d’aujourd’hui, une actrice déjà très Chanel, ambassadrice dans des campagnes pour les métiers d’art et le maquillage. Remarquée adolescente pour son rôle dans «Panic Room», Kristen Stewart est passée de la saga «Twilight» à de grands films américains comme «Into the Wild» et à des films d’auteur comme «Sils Maria» ou «Personal Shopper» d’Olivier Assayas. Actrice aux choix précis, Kristen Stewart affiche également un style bien à elle. Déjà égérie du nouveau sac «Gabrielle», elle va incarner le parfum et sera à découvrir dans une campagne photo signée Karim Sadli tandis que le film sera réalisé par Ringan Ledwidge. Une nouvelle Gabrielle. Un, deux, trois, quatre... Un alignement de quatre critères pour réussir un nouveau classique? www.chanel.com

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BEAUTÉ

SUIVEZ VOTRE NEZ

Alchimie moderne: Dans le laboratoire, les parfumeurs sélectionnent l’essence appropriée à partir d’une grande variété de parfums.

Par URSUL A BORER

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Pendant longtemps, le sens de l’odorat a été considéré comme de moindre importance. Des recherches récentes montrent toutefois que notre nez joue un rôle décisif au moment de nos prises de décisions. Il est grand temps de réhabiliter la délicatesse de nos narines.


BEAUTÉ «Plus nous nous entraînons à distinguer les odeurs, meilleure sera la qualité de vie». C’est Hannes Hatt qui le dit. Cet expert en physiologie cellulaire de l’Université de Bochum est en Allemagne l’un des plus prestigieux chercheurs sur les odeurs, et il plaide pour un apprentissage olfactif à l’école. Dans son livre, «Le petit livre de l’odeur et du goût», il présente l’état actuel de la recherche, de manière amusante et compréhensible. Intéressant à savoir: Les émotions comme la peur, l’excitation ou le dégoût peuvent changer notre transpiration, afi n que nous puissions percevoir les émotions par le nez. Ou alors: les gens qui ont perdu le sens de l’odorat ont plus tendance à déprimer. Et bien que les cellules de l’odorat se renouvèlent tous les 28 jours, le sens de l’odorat diminue avec l’âge. Les bonnes odeurs relancent naturellement la bonne humeur et rendent heureux ou guérissent – mot clé: aromathérapie. «Je ne peux pas vous sentir». Ou alors, «j’en ai plein le nez». On le sait bien, mais on n’y pense pas assez: les animaux, mais aussi les humains, communiquent par le biais des odeurs – de manière discrète et rapide. Le nez contient 10 millions de récepteurs olfactifs qui peuvent distinguer jusqu’à 10 trillions d’odeurs. Le centre olfactif est étroitement lié au système limbique. Ainsi, les parfums agissent directement sur nos émotions par l’intermédiaire du cortex cérébral. L’homme est équipé d’environ 350 gènes de récepteurs olfactifs qui composent une sorte d’alphabet des odeurs. Par conséquent, la perception des odeurs est unique pour chaque individu. La bonne nouvelle: vous pouvez également vous entrainer à sentir! Même lors du choix d’un(e) partenaire, l’odorat joue un rôle crucial. Les hommes peuvent sentir si les femmes ont leur ovulation. Les femmes, cependant, ont un talent instinctif pour trouver le bon homme. Parce qu’à l’origine de l’humanité, le choix du bon partenaire représentait la seule chance de survie, et une santé solide était essentielle. Lorsque deux personnes avec un code génétique similaire s’unissent, cela peut provoquer un aff aiblissement du système immunitaire pour la prochaine génération. Selon la devise «les opposés s’attirent», les femmes choisissent ainsi un partenaire avec le patrimoine génétique le plus diversifié qui soit. Plus récemment, des études vont être lancées pour explorer

l’utilisation des parfums, produits de douche et déodorants et leur lien éventuel avec la hausse des taux de divorce. Voilà qui promet d’être intéressant. Et pourtant, nous utilisons des parfums et couvrons notre propre odeur pour paraître plus attrayants, nous envelopper d’un luxe volatile et accroître notre bien-être. Depuis Cléopâtre, la rose fait partie des ingrédients les plus anciens et les plus recherchés. Un litre d’huile de rose de haute qualité, distillé à partir de 5 000 pétales, peut atteindre la coquette somme d’environ 20 000 francs suisses. Très tôt dans notre histoire, le jasmin, la violette, le lilas, la lavande, le muguet, l’œillet, la cannelle et la vanille ont été utilisés pour créer des parfums. La vanille fait partie des senteurs les plus populaires au monde. L’odeur de lait maternel sent la vanille, les purées des bébés en contiennent, et on prétend même que la vanille a aussi un effet aphrodisiaque. Chandler Burr, un des plus célèbres critiques de parfums, avec son franc-parler caractéristique, l’a exprimé ainsi: «Les hommes aiment la vanille, donc on retrouve cette odeur chez toutes les putains du monde.» Si on regarde le classement des parfums les plus populaires en 2017 par la Fragrance Foundation de New York (en clair, les plus vendus au monde), on retrouve dans les dix premiers des parfums sur le marché depuis plusieurs années: «Chanel No5», «J’adore» de Dior, «La vie est belle» de Lancôme… Les préférences ne changent apparemment pas si rapidement. Ainsi, quand on a enfi n trouvé la combinaison idéale, on y revient toujours – un parfum peut devenir le compagnon de toute une vie.

Compositions aromatiques séduisantes: les essences des parfums sont synthétisées ou proviennent de plantes naturelles.

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LES PARFUMS LES PLUS POPULAIRES EN 2017 SELON LA FRAGRANCE FOUNDATION DE NEW YORK: «CHANCE» DE CHANEL (2003) Senteurs boisées et orientales jasmin, vanille, iris et musc blanc

«COCO MADEMOISELLE» DE CHANEL (2001) oriental et frais, floral rose et jasmin

«AMAZING GRACE» DE PHILOSOPHY (1996) floral et féminin bergamote, musc et muguet

«CHANEL N°5» (1921) doux bouquet de fleurs, vanille Bourbon et bois de santal

«LA VIE EST BELLE» DE LANCÔME (2012) oriental et floral iris pallida de Florence, jasmin Sambac, fleur d’oranger et essence de patchouli

«DAISY» DE MARC JACOBS (2007) floral fraise des bois, jasmin, pamplemousse, vanille, bois blancs et musc

«FLOWER BOMB» DE VIKTOR & ROLF (2005) oriental et boisé, noble bergamote, thé, jasmin Sambac, freesia, orchidée Cattleya, patchouli et rosa centifolia

«J’ADORE» DE DIOR (1999) floral ylang ylang, rose de Damas et jasmin

«VIVA LA JUICY» DE JUICY COUTURE (2008) senteurs boisées et orientales baies sauvages, mandarine, chèvrefeuille, gardénia et jasmin

«LIGHT BLUE» DE DOLCE & GABBANA (2001) frais et oriental citron, amandes, chèvrefeuille et jasmin Sambac


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ais les parfums sont également sujets aux tendances du moment. Les années 1960 ont disparu dans un nuage de patchouli. L’amour libre des années 1970 s’est manifesté dans une préférence pour le musc sensuel. Les parfums lourds et doux ont prévalu dans les années 1980. Alors que les années 90, d’un point de vue olfactif, ont été dominées par le purisme, sous la forme de senteurs légères d’agrumes. Il y a quelques années, il y a eu un énorme boom des senteurs de l’Oud.

En raison de l’augmentation de la demande, les prix aussi ont grimpé pour atteindre des sommets vertigineux. Un litre d’huile de bois d’agar peut ainsi atteindre la valeur de 50 000 francs. Plus récemment, la tendance a évolué vers une plus grande individualisation et des parfums de niche surprenants. Si on en a les moyens, on peut désormais aller à Paris chez Guerlain ou à New York chez Barney’s pour se faire faire un parfum sur mesure. Dans le monde entier, on dénombre environ 1 000 nez. Parmi eux, 400 travail-

lent pour les parfumeurs de luxe. Ils sont responsables de chaque parfum qui est produit, et exercent donc une grande influence sur les senteurs de notre époque. Ils réussissent avec beaucoup de savoirfaire, de sensibilité et d’intuition, à créer de nouveaux parfums qui correspondent à l’esprit du moment. En regardant les nouveautés de l’automne, on s’aperçoit que des ingrédients plutôt doux et sucrés tels que l’amande, le lait d’amande, la pistache, le miel, la noisette, sont en vogue. Et c’est peut-être déjà l’indice d’une nouvelle tendance.

NOUVEAUTÉS D’AUTOMNE

PURISTE

«Dent de lait» de Serge Lutens est un parfum de musc floral créé par Christopher Sheldrake avec de l’encens, de l'héliotrope et des amandes. 50 ml, CHF 225. www.sergelutens.com

GLAMOUR

«Girl of Now» est un parfum floral et oriental d’Elie Saab. Il sent la mandarine, la poire, la pistache, l’amande, le patchouli, le cachemire et le lait d’amande. 50 ml CHF 105. www.eliesaab.com

EXTRAVAGANT

EDGY

«Scandal» de Jean Paul Gaultier est le premier parfum que le designer lance en collaboration avec Puig. Ce mélange floral de Chypre à base de gardénias, orange sanguine, de miel et de patchouli a été créé par Daphne Bugey.

«Black Perfecto by La Petite Robe Noire» de Guerlain est signé par le parfumeur maison, Thierry Wasser. Ce parfum floral et oriental séduit avec ses arômes de cerises, amandes, thé noir, rose, réglisse, cuir, musc noir, patchouli et fèves de tonka.

50 ml, CHF 105.

Légère 50 ml CHF 110.

www.jeanpaulgaultier.com

www.guerlain.com

HERBE

Le parfum épicé et boisé «English-Oak & Hazelnut» de Jo Malone a été créé par Yann Vasnier et contient des noisettes, du cèdre et du chêne. 100 ml, CHF 130. www.jomalone.com

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GENÈVE, BEAUTÉ VOLÉE Notre chroniqueuse Valérie Fromont nous ouvre son carnet d’adresses beauté et bien-être à Genève. Subjective et non exhaustive, sélection d’adresses joyeuses, colorées, bienveillantes, nourrissantes pour le corps et l’esprit. Par VALÉRIE FROMONT

Le Living by Amel. 022-557 45 47

ATELIER DE YOGA PIRETTI Yogis de tout poil, voici une adresse incontournable à Genève pour venir étoffer sa pratique. Les cours y sont dispensés par Sandra Piretti, la propriétaire des lieux, ainsi que par Stéphane Bonvin de L'OFFICIEL Suisse. Deux approches différentes, l’une plus dans le ressenti, l’autre basée sur la méthode Iyengar. Et pourtant l’esprit qui anime ce lieu est exactement ce que je recherche: une approche du yoga ouverte et enrichie par différentes sources, dans la conscience du corps, du souffle et de l’énergie. www.yoga-geneve.ch

OU BIEN ENCORE Le seul défaut de cet établissement est qu’il ne soit pas ouvert tout le temps. Mais c’est bien sûr le prix à payer pour une cuisine consciencieuse, authentique et généreuse. Des plats cuisinés avec des produits frais de la région, végétariens, colorés et inventifs et raffinés par une personnalité palpitante, à l’image de ses plats – des croque-madame réinventés aux soupes pleines d’esprit. Déjeuner, apéro et service traiteur, à chaque occasion son plaisir des sens. www.oubienencore.ch

CHANTECAILLE Adepte de la cosmétique green, j’ai longtemps rapporté mes soins lors de mes voyages à Paris ou New York (so snob, je sais). Depuis la rentrée, la marque américaine Chantecaille a fait son apparition en Suisse romande, dans les rayons de la parfumerie très chic des grands magasins Bongénie: du maquillage et des soins ultra pointus, performants et au packaging ultra chic. Tout ce que j’aime. En vente dans les magasins Bongénie de Genève et Lausanne. www.bongenie.ch

RHUM RAISIN TRAVEL DESIGN Pour une escapade au long cours ou un saut de puce, je ne fais confiance qu’à Tina Barde. Sa longue expertise, son goût exquis, son réseau exclusif et son attention aux détails en font une travel designer de rêve. Tina Barde est douée pour la vie et pour le bonheur, et tous les voyages – qu’elle concocte sur mesure, bien loin des catalogues de voyage standardisés – en sont imprégnés. Ses adresses pour des séjours dédiés au yoga et au bien-être valent de l’or. www.rhumraisin.ch

NAMAHA Célina et Marc Hwang ont ouvert ensemble Namaha il y a deux ans à Genève. Après une belle carrière dans la danse, ils se sont tous deux éveillés à leur vocation de soins, dans le sens le plus noble du terme: apprendre aux autres à prendre soin d’eux-mêmes. Célina dispense, avec d’autres enseignants qu’elle a formés, des cours de Pilates ultra-précis et précieux. Quant à Marc Hwang, il pratique des massages, notamment thaï, qui sont au-delà de toute expérience de massage possible. Opérer un retour à soi, permettre au corps de se ré-informer et de renouer avec sa propre mobilité, déployer ses perceptions et jouir pleinement de la vie que l’on porte en soi, voici le programme aussi ambitieux qu’accessible au travers des différentes activités proposées chez Namaha. www.namaha.ch

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PHOTOS DR; Gregory Batardon

AMEL Ma coiffeuse (et celle des têtes les plus exigeantes de la ville). Et on est d’accord que ce n’est pas rien, de trouver une bonne coiffeuse. Qui ait le juste sens des proportions, du style, et l’intelligence nécessaire pour d’emblée saisir une personnalité et une allure. Amel a tout cela, et un salon où elle ne prend qu’une seule personne à la fois pour offrir à ses clientes l’espace et l’intimité nécessaires pour avoir le sentiment d’être une princesse. Le seul salon duquel on ne ressort pas avec la furieuse envie de vite, rentrer à la maison se laver les cheveux pour se reconnaître.


BEAUTÉ THÉODORA Depuis son ouverture, en 2005, Théodora est un cocon au cœur de la Vieille-Ville de Genève. On y trouve un assortiment de parfums de niche ultra exclusifs, et un conseil hors pair. Sophie Bianchi, sa fondatrice à la sensibilité proustienne et à l’olfaction encyclopédique, y tient depuis une sélection pointue, sans cesse renouvelée et exceptionnelle. www.parfumerietheodora.com

SANDRALINE Sandra a des mains de fée, et elle est une apôtre de la beauté naturelle. Convaincue que les injections participent non seulement à figer les expressions mais aussi l’énergie nécessaire à l’auto régénération de la peau, elle propose dans son institut une palette de techniques anti-âge non invasives qui contribuent à stimuler la production naturelle de collagène et d’élastine.

Différentes méthodes de lissage cutané telles que la radiofréquence et la métathérapie côtoient le lifting manuel par le massage Kodobo, lui valant une clientèle exigeante et fidèle. Un des secrets les mieux gardés de Genève. www.sandraline.com

FRANCIS ASES Ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de me faire maquiller. Mais lorsque j’ai une occasion spéciale, c’est à lui que je m’adresse. Maquilleur studio émérite, référence incontournable des shootings de mode en Suisse romande, Francis est surtout une personnalité lumineuse qui vous donne confiance en votre propre beauté. Et ça, c’est encore plus précieux que le meilleur des anticernes. www.francisases.com

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1. Cour de Pilates au Studio Namaha. 2. Le Living, chez la coiffeuse Amel. 3. Produits de beauté de la maison Chantecaille. 4. Maquillage signé Francis Ases. 5. Rhum Raisin, designer de voyages.

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Jasmine Sanders porte un blazer Tibi et des bijoux de chez Bulgari. Toutes les photos Ă partir de la page 84.


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AU PAYS DES RÊVES ET DE JULIETTE Vérone. Les nouveautés étincelantes de Bulgari. La belle Jasmine Sanders en amoureuse solitaire perdue dans ses songes. Silence, on rêve. PHOTOGRAPHIE OLIVIA FRØLICH STYLISME LORNA MCGEE RÉALISATION LENA STÄHELI

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Blazer en laine, Jil Sander. Collier Haute Joaillerie «Diva» en or rose avec corail et pavé de diamants. Boucles d’oreilles assorties, Bulgari.

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MODE Blazer en laine à carreaux, jupe en laine à carreaux, Markus Lupfer. Ceinture en cuir, Chanel. Collier Haute Joaillerie en or rose avec pièces anciennes et diamants. Boucles d’oreilles Haute Joaillerie en or blanc avec diamants jaune intense et brillants, Bulgari.

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Pull à col roulé, Salvatore Ferragamo. Bague Haute Joaillerie en platine avec péridot et pavé de diamants, Bulgari.

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Blazer Ă carreaux surdimensionnĂŠ en laine, Tibi. Collier Haute Joaillerie en platine avec saphirs du Sri Lanka et diamants, Bulgari.


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BOUCLES D’OR Le mannequin Jasmine Sanders mène sa carrière de top-model international loin de ses deux bouledogues. Interview tac-au-tac dans les coulisses du shooting de notre couverture. Par LIVIA ZAFIRIOU

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enir la cadence de Jasmine Sanders n’est pas facile. Elle est connue pour ses boucles blondes naturelles et ses yeux gris, qui lui donnent son regard pénétrant, et avec lesquels elle a fait ses débuts en mars sur les défilés parisiens. Cet automne, la jolie sensation des réseaux sociaux originaire du sud de la Californie foulera de nouveau les podiums. A côté de son succès commercial, Sanders a désormais deux millions de followers sur Instagram, où on peut trouver son profil sous le nom @golden_barbie. Ce titre provient du temps où elle était encore à l’école, un professeur l’ayant surnommée ainsi, en référence à ses boucles dorées. A propos des réseaux sociaux, elle déclare: «Cela nous permet de montrer tout ce qui se cache derrière le glamour et les paillettes de l’industrie. Nous avons alors la possibilité de partager ce que nous vivons vraiment et ce qui nous rend heureux.» L’OFFICIEL SUISSE: Où vis-tu à l’heure actuelle? Qu’est-ce qui te manque le plus quand tu penses à là d’où tu viens? JASMINE SANDERS: Je vis à Los Angeles avec mon compagnon et nos deux bouledogues français, Bam Bam et Rocky. Mes amis et ma famille me manquent, ils sont à la maison en Caroline du Sud! As-tu toujours voulu devenir mannequin? Je voulais toujours aider les autres, alors je me suis intéressée à la médecine, mais j’adorais aussi la mode depuis toujours, et lorsque j’ai eu 13 ans, j’ai eu la chance de poursuivre dans cette voie. J’ai toujours perçu le milieu de la mode comme étant dur mais enrichissant. Que décrirais-tu comme un tournant dans ta vie? A l’âge de 18 ans, j’ai déménagé en Afrique du Sud pour poursuivre mon activité dans le mannequinat. A l’époque, c’était ce qui comptait le plus pour moi.

Qu’est-ce qui t’a particulièrement interpellé chez Bulgari? C e que la marque représente. Quand on pense à Bulgari, on pense tout de suite au luxe intemporel, et les gens là-bas forment une famille chaleureuse. Je me suis amusé comme une folle en travaillant avec eux! Comment se fait le travail avec une marque traditionnelle comme Bulgari, en comparaison avec des marques comme Nike ou Gap? L es trois marques sont vraiment comparables car ce sont des entreprises leader dans leur domaine. J’aime bien travailler avec différentes marques car chacune à sa propre vibe. Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton travail? L e plus difficile, c’est d’avoir un mode de vie sain pendant les voyages, et de ne pas pouvoir rentrer aussi souvent à la maison que je ne l’aimerais. Qui a le plus le sens de l’aventure dans ta vie? Je crois que je suis moi-même la plus aventureuse parce que j’amène toujours mes amis à faire avec moi les choses les plus folles. As-tu un objectif particulier pour les dix prochaines années? J’aimerais travailler davantage l’aspect business de la mode. Quel est le fait marquant de ta carrière? Celui de pouvoir amener ma mère sur les lieux de tournage ou sur les défilés pour que nous puissions toutes les deux célébrer le travail que nous avons accompli sans relâche. www.bulgari.com

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Haut nervuré sans manche en laine, Max Mara. Jupe en laine, Chanel. Boucles d’oreilles Haute Joaillerie en or rose avec rubellites et tourmalines roses, améthystes et diamants. Bracelet Haute Joaillerie en or rose avec rubellites, améthystes, saphirs et pavé de diamants, Bulgari.

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Blazer en soie, pantalons en soie, Céline. Boucles d’oreilles Haute Joaillerie en or rose avec chrysoprase, sugilite, calcédoine jaune, nacre, corail, onyx, émeraudes et pavé de diamants. Montre «Octo Finissimo» Tourbillon en or rose Bulgari.

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Cardigan en laine avec rangée de boutons, Chanel. Collier Haute Joaillerie en platine avec émeraudes de Colombie et pavé de diamants, Bulgari.

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MODE Chemise en coton rayée, Tibi. Collier en or blanc avec un diamant jaune intense et diamants, Bulgari.

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LÈVE-TÔT OU OISEAU DE NUIT? LÈVE-TÔT. A QUOI AS-TU PENSÉ EN PREMIER CE MATIN? QU’IL Y A L’ÉCLIPSE SOLAIRE AUJOURD’HUI! QU’EST-CE QUI TE PLAÎT LE PLUS L’AUTOMNE? LES MOTIFS ET LES COULEURS. LE BIJOU QUE TU ADORES? JE SUIS A-MOU-REU-SE DE MA MONTRE BULGARI SERPENTI AVEC BRACELET WRAP. INDISPENSABLE DANS TON DRESSING? UN JOLI SAC. UN PRODUIT DE BEAUTÉ SANS LEQUEL TU NE POURRAIS VIVRE? LES LINGETTES DÉMAQUILLANTES DE NEUTROGENA. LE DERNIER SOIN DE BEAUTÉ QUE TU AIES REÇU? UN SOIN DU VISAGE. LE SURNOM LE PLUS TERRIBLE QUE L’ONT T’AIT DONNÉ? KRUSTY LE CLOWN QUI T’INSPIRE? MA MÈRE. LA RENCONTRE LA PLUS MÉMORABLE? LE PRÉSIDENT BARACK OBAMA. QUELS SONT TES PÉCHÉS MIGNONS? LES BARRES DE CHOCOLAT COOKIES ’N’ CREAM DE HERSHEY’S. L’ACCENT QUI A LE PLUS DE SEX-APPEAL? L’ACCENT BRITANNIQUE. TON PETIT SECRET POUR AVOIR UNE VIE SAINE? FAIRE BEAUCOUP DE CARDIO. LE DERNIER LIVRE QUE TU AIES LU? «LETTERS, TO WOMEN LIKE ME», DE MIRTHA MICHELLE CASTRO MÁRMOL. LE DERNIER FILM QUE TU AIES VU? «LION». QUELLE EST LA CHOSE LA PLUS FOLLE QUE TU AIES FAÎTE? LA TYROLIENNE AU MEXIQUE. TU LE REFERAIS? OUI!

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MODE Robe en laine avec motifs de tapisserie florale, Erdem. Boucles d’oreilles Haute Joaillerie en or blanc, avec tanzanites et diamants. Montre «Octo Finissimo» Tourbillon en platine, pavé de diamant, Bulgari. Ci-contre: Blazer en laine, Jil Sander. Collier Haute Joaillerie «Diva» en or rose avec corail et pavé de diamants. Boucles d’oreilles assorties, Bulgari.

Mannequin: JASMINE SANDERS @ THE SOCIETY MANAGEMENT  Maquillage: AMY CONLEY @ STELLA ARTISTS Coiffure:  JOE PICKERING avec les produits de La brûmée  Assistant photo: ANDRAS BARTOK  Production: A&R CREATIVE          99


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COLCHIQUE DANS LES PRÉS Lorsque les derniers rayons du soleil de la journée plongent le paysage dans un océan de douceur, le temps semble s’arrêter pour un moment et la mode palpite en beauté.

PHOTOGRAPHIE RHYS FRAMPTON STYLISME LORNA MCGEE 100


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Veste en laine, robe chemisier en coton et laine, boucles d’oreilles plaquées or, le tout, Céline.

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Blazer en laine à rayures, Max Mara. Haut sans manches, mélange coton, Marni.

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Veste en laine, pantalon en laine et chemisier en soie à ruban, Mulberry.

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Manteau en laine, Max Mara. Robe en viscose, Jil Sander.

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Veste en laine à carreaux et pantalon en laine à carreaux, Missoni. Haut à col roulé en laine, Marni.


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Veste brocart et pantalon brocart, Gucci. Pull en laine épaisse, Ganni.

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Mannequin: Sofie Theobald @ The Hive Model Coiffure: Davide Barbieri @ Caren Agency  Maquillage: Amy Conley @ Stella Creative Produits de beauté Sisley Skincare Assistance photo: Rob Parker, Eamonn Freel  Production: A&R Creative.

Veste et pantalon en daim, chemise en coton, chemise en coton, le tout Cedric Charlier. Boucles d'oreilles dorées, Céline.

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Veste de coton rayé et pantalon en coton large, rayé, Aalto. Chemise en coton avec ruchés décoratifs, Palmer Harding.

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Sur des éléments naturels bruts, les créations Haute Couture se détachent tels des chefs-d’œuvre d’élégance raffinée. Ecrins choc, apparitions chic.

PHOTOGRAPHIE DEMARCUS ALLEN STYLISME SIMON GENSOWSKI 110


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HAUTE COUTURE ET BELLE NATURE

Tailleur blanc cassé. Veste trois quarts en crêpe, application de motifs chardons brodés de fils de soie et jais noir. Body noir brodé, serré à la taille par une ceinture en daim. Large pantalon taille haute. Le tout: Zuhair Murad. Gants en agneau noir aux bords brodés de perles, Causse.


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Robe transparente à broderies en vinyl noir et perles, paillettes multicolores, boucles d’oreilles créoles noires, minaudière en cuir noir tressé avec volet en métal, talons, Armani Privé.

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Veste bombers bordeaux avec col plissé et une fermeture éclair oversize rosée, Viktor & Rolf Haute Couture. Sandales en veau velours noir et blanc, «Lolacrampon» Christian Louboutin.

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Robe du soir brodée de fines bandes de dentelle, du gris anthracite au gris perle, d’après le modèle Scarlatti, du printempsété 1950, Christian Dior Couture. Sneakers «Naty» en lurex noir à nœud, Giuseppe Zanotti. Mitaines en agneau noir, matelassage chevrons et pression, Causse. Page de droite: Robe asymétrique en cuir noir avec volants sur le côté brodés par Maison Lesage, Alexandre Vauthier Haute Couture. Bottines en satin stretch noir, Gianvito Rossi. Mitaines en agneau noir, matelassage chevrons et pression, Causse.

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MODE Robe maxi en taffetas et résille brodée de perles et de plumes, Ulyana Sergeenko. Stiletto «Brigitte» en cuir verni blanc avec lien en vison, Gianvito Rossi. Choker en velours bordeaux avec cristaux, Giuseppe Zanotti. Page de gauche: Robe sculpture en jersey blanc, Stéphane Rolland Haute Couture. Mitaines en agneau noir, matelassage chevrons et pression, Causse.

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MODE Longue robe noire sans manches en mousseline de soie et velours rebrodée d’un liseré doré, manchette dorée, Elie Saab Haute Couture. Escarpins en veau velours noir, Francesco Russo. Mitaines en agneau noir avec cuir velours noir et chaine argentée sur le dessus, Causse. Page de gauche: Robe en dentelle douce expansive argent changeant, thermocollée et découpée au laser en motifs moirés, laser en motif moiré créant un mouvement illusoire, Iris Van Herpen.

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Mannequin: Meri Gulin @ Premium  Coiffure: Olivier Henry @ B Agency  Maquillage: Lorandy @ Backstage Agency  Assistant photo: John John Berthon  Assistante stylisme: Emma Carles

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STYLE MODE Robe de crêpe et tulle de soie rebrodée de tubes, perles et cristaux, Schiaparelli Haute Couture. Page de gauche: Robe mini en tulle noire avec volants, paillettes et fils argent, cristaux et perles de verres brodés main, Ralph & Russo. Sandales à talon «Elaine» en daim noir avec empiècements de cristaux, Giuseppe Zanotti.

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ADÈLE FARINE, L’ESTHÈTE

Visage mutin et beauté naturelle, elle a les atouts de la parfaite Parisienne. L’étudiante nous raconte son Paris, une «humeur» loin de l’image d’Épinal. TEXTE ELSA FERREIRA PHOTOGRAPHIE MYRO WULFF STYLISME MONIKA TATALOVIC

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MODE Robe débardeur en velours et jacquard, Akris. Jean en denim, MM6 Maison Margiela. Bottes en cuir, Kenzo.

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MODE Veste en cuir d’agneau et col mouton, Maje. Pantalon en jean enduit, Louis Vuitton. Bottes en cuir, Kenzo.

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MODE Veste croisée en coton, Kenzo. Chemise en popeline de coton brodée, Simone Rocha. Jupe en denim, Lutz Huelle. Bottes en cuir et tulle, Mulberry.

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MODE Trench-coat en cuir, Tod’s. Pull col roulé zippé en maille côtelée, Maison Margiela. Jean en denim, MM6 Maison Margiela.

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MODE Soutien-gorge en coton et dentelle, Princesse Tam-Tam. Jean en denim, MM6 Maison Margiela.

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MODE Manteau en laine, Versace. Robe en denim, MM6 Maison Margiela.

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«La mode est un milieu où il se passe plein de choses, où chaque personne apporte de la créativité. Il faut se faire confiance, ne jamais se forcer à faire des choses et profiter des belles rencontres et des beaux projets.» Adèle Farine

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MODE Manteau en laine et détails en dentelle, top en coton, jean en denim, MSGM.

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MODE Manteau en fausse fourrure, Annakiki. Veste en jean, A .P.C.

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MODE Veste en denim à volants, Iro. Chemise en popeline de coton, Simone Rocha. Jupe en tweed, Mulberry. Bottes en cuir, Kenzo.

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MODE Veste en laine et nylon, Peuterey. Robe en denim, MM6 Maison Margiela.

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MODE Manteau en laine, Zadig & Voltaire. Pull col roulé en maille côtelée, Maison Margiela. Soutien-gorge en coton et dentelle, Princesse Tam-Tam. Jean en denim de coton, Dior. Écharpes en laine tricotée et plumes, Prada. Bottes en cuir, Kenzo.

Coiffure: RYUTA SAIGA  Maquillage: HELENA NARRA  Assistant photo: STRATON HERON Assistante styliste: LAURENÇA D’OREY

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M AGA Z INE


Vivre comme une star surfant sur les vagues. Pour dÊcouvrir toute l’histoire du fameux Riva, foncez en page 136.


LA VIE

ET RIVA… CRÉA LA MER

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Aquarama», le bateau créé par le génial ingénieur Carlo Riva disparu en avril 2017, symbolise à lui tout seul la dolce vita et le glamour du Saint-Trop’ des années 60. Il est devenu l’icône de l’élégance de la French Riviera en séduisant Brigitte Bardot pour ses baignades privées au large de sa Madrague, mais aussi tout ce que l’on comptait comme égéries les plus chic du cinéma et du showbiz de l’après-guerre, et les reines, princesses et sultans, suivis par toute la jet-set internationale. Lors de la 70e édition du Festival de Cannes, nous avons rencontré Lia Riva, l’héritière de la plus célèbre enseigne du luxe motonautique. L’OFFICIEL: Les Riva classiques en bois ne sont désormais plus fabriqués. Comment gérez-vous cet héritage laissé par votre père, qui vient de nous quitter à l’âge de 95 ans?

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Lia Riva: Bien que Riva soit passée sous pavillon chinois, je continue à faire restaurer avec amour la flotte de prestigieux propriétaires, et je dirige Monaco Boat Service, créée à Monaco en 1959. Mon père avait eu l’idée révolutionnaire de creuser un tunnel dans la roche, sous le palais Grimaldi, qui pouvait abriter une centaine de bateaux. Nous avons des bureaux à Monaco, Saint-Tropez et Cannes. L’«Aquariva» que nous proposons aujourd’hui est l’héritier direct de l’«Aquarama», il est en fibre de verre bien sûr, équipé de la technologie d’avant-garde, mais nous avons conservé le pont en acajou, pour son côté vintage et reconnaissable entre tous. Un peu comme dans les maisons de Couture, lorsque les modèles évoluent tout en respectant les fondamentaux de la marque.

Pensez-vous justement à des collaborations avec des marques de mode? Oui et non [rires], car la mode change beaucoup, même s’il y a de prestigieuses maisons de luxe qui ont su garder leur âme. Nous préférons nous concentrer sur notre savoir-faire et réaliser, par exemple, une ligne de mobilier et des lampes inspirées du monde Riva. Nous avons maintenant nos lunettes de soleil monogrammées, produites en édition limitée avec le lunettier italien Avrone. Nous avons aussi créé une ligne de bijoux avec Vhernier, évoquant la couleur Aquamarine Blue des banquettes et du volant de «Aquarama», couleur choisie couleur choisie par mes parents alors qu’ils se promenaient sur les Champs-Élysées: ma mère était tombée en admiration en voyant ce turquoise sur une robe. Nous nous sommes aussi associés à l’icône «terrestre» de la dolce vita et avons lancé la Fiat 500 Riva. Notre équipe

PHOTOS DR; Vincent Desailly, Ghislain Dussart/Gamma-Rapho, Monaco Boat Service Riva.

Lia Riva sur son «Aquariva», lors du dernier Festival de Cannes.


LA VIE Quelles autres embarcations incarnent à ce point les plaisirs qu’offrent les rivages de la Côte d’Azur? Plus que des yachts élégants et rapides, ces bateaux au pont en acajou symbolisent un style de vie. Rencontre avec l’héritière d’une marque légendaire. Par PHILIPPE COMBRES

de designers en a conçu l’intérieur, avec un tableau de bord en acajou et des lignes turquoise supposées montrer la ligne d’eau du plus petit yacht au monde. Vous étiez à Cannes pendant le Festival, le cinéma est-il toujours aussi important pour Riva? C’est majeur pour nous d’être au Festival de Cannes, de perpétuer la tradition et de prolonger l’amour entre le cinéma et Riva depuis les années 1960. Parmi toutes les stars de cinéma qui ont adopté nos bateaux, lorsque je suis ici, à Cannes, sur le ponton du Majestic, je pense à Anita Ekberg, la protagoniste de «La Dolce Vita», sur les sièges zébrés de son «Tritone». Nous sommes d’ailleurs en cours de montage d’un film avec tous les extraits où notre bateau apparaît au cinéma, de James Bond à George Clooney.

Vous vous intéressez beaucoup à l’art, notamment contemporain, êtes-vous aussi collectionneuse? J’aime découvrir de nouveaux artistes, je vais à Art Basel tous les ans. J’ai organisé de nombreuses expositions mettant en scène l’univers du nautisme à Venise, à l’Arsenal et au musée d’Histoire navale, navale. C’était magnifique magnifique d’assister au dialogue d’œuvres récentes avec des bateaux de plus de trois cents ans. Je soutiens aussi artmonte-carlo, une jeune foire qui monte. Nous avons aussi réalisé un Riva en édition limitée en collaboration avec le designer Marc Newson et le galeriste Larry Gagosian. La marraine était la princesse Caroline, qui préside le Nouveau Musée National de Monaco. En hommage à mon père, je vais d’ailleurs créer le prix Carlo Riva et c’est l’artiste Mimmo Paladino qui en réalisera le premier trophée.

Comment voyez-vous l’avenir du marché du nautisme? J’apprécie particulièrement le monde de l’art et du design, avec lequel je partage la même passion et le même plaisir pour l’art du nautisme, à mille lieues de certains qui utilisent désormais le bateau comme un symbole de statut social et non comme un style de vie. Riva, c’est le mythe d’un plaisir qui perdure, comme le dernier samedi de juillet, avec le Riva Runabout de Saint-Tropez, une manifestation qui réunit des dizaines de bateaux sur la plage des Jumeaux en l’honneur d’un bateau qui représente l’identité du village. www.riva-mbs.com

Anita Ekberg sur un Riva «Tritone n° 142» en 1960 et Carlo Riva avec sa fille Lia.

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ARCHIVIERA Palaces fastueux, demeures privées au luxe discret ou fondations consacrées à l’art, la Côte d’Azur regorge de trésors architecturaux. Pour planifier les prochaines vacances, tour d’horizon en huit étapes ouvertes à la visite. Par YAMINA BENAÏ

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PHOTOS DR; Louis-Philippe Breydel, Olivier Amsellem, Claude Germain/Archives Fondation Maeght, J.C. Lett/ Domaine du Muy

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ongtemps, la Riviera ne s’est envisagée que les mois en «r». Les bienheureux y prenaient alors leurs quartiers d’hiver avec force domesticité, pour y humer le bon air marin, sans jamais – toutefois – songer à se baigner. Trop vulgaire. Puis, avril sonné, redoutant la survenue de températures «sénégaliennes», les troupes se remettaient en ordre de marche vers de septentrionales destinations. Tout ce beau monde avait été précédé – dès le milieu du XVIIIe siècle – par les membres de la couronne d’Angleterre qui, délaissant un temps les villes thermales pionnières telle Bath puis les stations maritimes comme Brighton, offraient par leur présence à Hyères, Nice et les environs un patronage de choix. À ce premier tourisme d’ordre médical, égayé cependant par l’édification de casinos, succède peu à peu une dimension purement mondaine. Car en cette deuxième moitié du XIXe siècle, l’essor des voies ferrées rend les stations balnéaires plus faciles d’accès, en premier lieu celles de la côte normande. Au grand dam d’aucuns. Alphonse Karr, directeur du «Figaro», choisit ainsi d’abandonner sa villégiature d’Étretat, désormais trop accessible depuis Paris et ses wagons de vacanciers, pour prendre la route du Sud, où il s’établit à Saint-Raphaël, dans le Var, en compagnie de distingués visiteurs britanniques et russes. L’OPIUM DES GENS SAINS Mais dès 1864, le chemin de fer atteint Nice. Il ne faut plus, comme par le passé, compter quatre jours de transport exténuant pour gagner le Sud au départ de la capitale. À ces avancées techniques s’ajoute la création, en 1887, par le poète Stéphen Liégeard d’une formule au succès durable pour désigner ce bord de mer méridional: la Côte d’Azur. Pour autant, le soleil n’est toujours pas considéré comme «fréquentable» par la high society: afficher une carnation diaphane constitue pour les femmes d’un certain rang un pilier indémontable... jusqu’à l’arrivée des gens de lettres, inventeurs de la Méditerranée en été. En 1921, lors d’un séjour à Carqueiranne avec Raymond Radiguet, Cocteau qualifie le soleil d’«opium des gens sains». Un an plus tard, Cole Porter loue une villa à Antibes où il reçoit les Murphy, un jeune couple d’Américains, collaborateurs à la réalisation de décors pour les Ballets russes. Installé à l’hôtel du Cap, le duo parvient à convaincre le propriétaire de laisser son établissement ouvert l’été, à rebours des pratiques de l’époque. La révolution est en marche! Le jeune couple entraînant dans son sillage une foule d’amis et de relations

«rich and famous», ou sur le point de le devenir: Man Ray, Ernest Hemingway, Gertrude Stein, John Dos Passos... Picasso, lui, est venu en compagnie de sa mère et dessine sans relâche des portraits de la gracieuse Mrs Murphy, laquelle aurait chaviré quelque temps dans les bras de l’ombrageux Catalan. La mode pyjama défile sans retenue sur la promenade des Anglais niçoise, quand les parasols rayés deviennent légion sur les plages... face à des autochtones stupéfaits. C’est qu’aristocrates joueurs et valétudinaires en rémission ont cédé le pas à un aréopage de belles et brillantes figures internationales, pour lesquelles rien n’est jamais «too much». En 1924, les Fitzgerald entrent dans la danse, débutant leur virée par Hyères dans l’espoir d’y débusquer Edith Wharton, établie dans un ancien couvent. Mais la romancière, suivant la migration old school, a pris la direction du Nord dès les premières chaleurs. Il n’empêche, la présence active de ces personnalités contribue à forger l’image

«Une maison infiniment pratique et simple, où chaque chose serait combinée du seul point de vue de l’utilité» Charles de Noailles Ci-dessus, La villa Noailles, le chefd’œuvre de Mallet-Stevens à Hyères. Page de gauche, Le Palais Bulles propriété de Pierre Cardin, sur les hauteurs de Cannes.

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«Aimé Maeght – marchand d’art et galeriste parisien – songe à ouvrir une fondation privée destinée à montrer les artistes qu’avec son épouse, Marguerite, il n’a cessé durant des décennies de découvrir et de soutenir.»

Ci-dessus, La Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Page de droite, L’installation de Claudia Comte, «128 Squares and Their Demonstration» (2015), au Domaine du Muy.

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Giacometti ou Brancusi y mûrissent leurs réflexions. Cette aspiration à la beauté créative perdure à la Villa Noailles depuis qu’elle accueille de nombreuses expositions et le Festival international de mode et de photographie d’Hyères. LES VILLAS SIGNÉES Sérieux incubateur des imaginaires que cette Riviera: Somerset Maugham est au cap Ferrat, Chanel à Roquebrune, Colette à Saint-Tropez, Aldous Huxley se trouve à Sanary où il compose «Le Meilleur des mondes», le milliardaire Frank Jay Gould vient d’«inventer» Juan-lesPins... L’après-guerre amorce un regain de désir créatif... À Saint-Jean-Cap-Ferrat, Francine Weisweiller – belle-sœur de Jacqueline de Rothschild – a acquis la villa Santo Sospir, qu’elle ouvre à ses amis. À l’occasion du tournage des «Enfants terribles» ( 1949 ), Cocteau, par l’entremise d’une des actrices (Nicole de Rothschild), fait la connaissance de la maîtresse des lieux. Immédiat coup de foudre amical. Lors d’un séjour, Cocteau s’enquiert auprès de son hôtesse de la possibilité de réaliser un dessin au fusain au-dessus de la cheminée. «L’oisiveté me fatigue», plaide-t-il: permission accordée. Peu à peu, l’enchantement de Madame face au résultat incite le futur académicien à recouvrir la totalité des murs immaculés de dessins au fusain rehaussés de couleurs. La villa «tatouée» était née... Murs, plafonds et deux mosaïques témoignent de l’hyperactivité du réalisateur de «La Belle et la Bête». En voisins, Francis Poulenc, Greta Garbo, Marlene Dietrich, Jean Marais, Pablo et Jacqueline Picasso découvrent la patte du maître. Dans les années 1950, Picasso fera l’acquisition de la villa La Californie, bâtie en 1920 sur les hauteurs de Cannes. Mais en 1961, une nouvelle construction obstruant la vue sur la mer, il quitte la villa pour Mougins. Légataire en 1980 de la demeure, et d’une lourde histoire familiale, sa petite-fille Marina Picasso entreprend tout d’abord de gommer toute trace de la présence de son grand-père en la renommant Pavillon de Flore, avant de la mettre sur le marché en 2015. À quelques encablures de là, Saint- Paulde-Vence, Aimé Maeght – marchand d’art et galeriste parisien – songe à ouvrir une fondation privée destinée à montrer les artistes qu’avec son épouse, Marguerite, ils n’ont cessé durant des décennies de découvrir et de soutenir. En juillet 1964 est inauguré un bâtiment inédit, inscrit sans fausse note aucune dans la nature, sur une architecture de Josep Lluís Sert, ami de Joan Miró. Évoluant auprès des artistes – Francis Picabia, Salvador Dalí,

Jean Arp..., Sert travaille étroitement auprès du Corbusier, dont il admire la modernité et le sens esthétique. Un jardin de sculptures (Pol Bury, Alexandre Calder, Raoul Ubac...), un bassin orné de mosaïques de Georges Braque, une cour centrale habitée d’œuvres de Giacometti et plus de 150 expositions après, la magie du lieu opère toujours avec la même vivacité. La période post-hippie plantera quelques fleurons épars, dont le plus éloquent est le Palais Bulles à Théoule-sur-Mer. Dessiné par Antti Lovag pour l’entrepreneur Pierre Bernard, il est édifié de 1975 à 1989. Auto-déclaré «habitologue», l’architecte hongrois se passionne pour les maisons «bulles». Sa première réalisation, la Maison Gaudet, à Tourrettes-sur-Loup, émergeait de terre en 1968, l’année même de la sortie de «2001 L’Odyssée de l’espace». Condensé du style des années 1970, le Palais Bulles, composé d’une myriade de sphères, convoque les matériaux alors en vogue (plastiques, mousses) autour de formes circulaires évoquant l’imagier de la conquête spatiale. Acquis en 1992 par Pierre Cardin, il entre alors dans la légende des nuits aussi belles que les jours... Fêtes où le tout mode et showbiz se retrouve à l’envi, notamment autour du théâtre à ciel ouvert ajouté par Cardin. Si, aujourd’hui, le Palais n’est plus demeure privée mais lieu de réceptions et d’événements, son classement au patrimoine des monuments historiques devrait lui épargner toute incurie. EXTENSION DU DOMAINE DE L’ART Depuis son acmé, la fièvre entreprenario-architecturale azuréenne connaîtrait-elle une baisse de régime? Pas si l’on en croit certaines initiatives orchestrées à l’intérieur des terres. La preuve par quatre... La Fondation Bernar-Venet, ouverte en 2014 par le plus américain des artistes français. Établi à New York dès le début des années 1960, il côtoie toute la scène des conceptuels et minimalistes, avec laquelle il se lie. Au fil des années, il constitue une collection d’envergure (Donald Judd, Richard Serra, Sol LeWitt, François Morellet, Robert Morris, Carl Andre...). Enfant du pays de Provence, le sculpteur acquiert en 1989 au Muy un moulin XVIIIe siècle sis près d’un barrage naturel. À partir de 2014, il ouvre un parc de sculptures contemporaines présentant ses propres œuvres et des œuvres de sa collection, s’amplifiant régulièrement (chapelle réalisée par Frank Stella et, à l’été 2017, pièces de Richard Long, Gottfried Honegger et Anselm Kiefer). Dispositif auquel s’ajoute chaque été une exposition.

PHOTOS DR; Louis-Philippe Breydel, Olivier Amsellem, Claude Germain/Archives Fondation Maeght, J.C. Lett/ Domaine du Muy

d’un terroir des avant-gardes. Durant cet âge d’or, les désirs créatifs d’une clientèle fortunée renouent avec les us et coutumes des grands commanditaires du passé. Au mitan des années 1920, Marie Laure et Charles de Noailles font édifier à Hyères une villa dessinée par Robert Mallet-Stevens. Leur projet? «Une maison infiniment pratique et simple, où chaque chose serait combinée du seul point de vue de l’utilité.» Vœu de sobriété bouleversée, toutefois, par les aménagements successifs opérés par les propriétaires – annexe, piscine, gymnase, terrain de squash... – a contrario des recommandations de l’architecte. Qu’importe, le couple d’esthètes y accueille Man Ray pour le tournage des «Mystères du château de Dé», Buñuel y pense «L’Âge d’or», Cocteau, Bérard,


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Non loin, le Domaine du Muy a fait l’objet d’un vaste projet mené par Jean-Gabriel Mitterrand. Le galeriste parisien y possède une villa récente de style provençal confiée aux bons soins d’India Mahdavi et autour de laquelle s’épanouit un jardin conçu par Louis Benech. Alentour de cet espace privé, un vaste parc accueille des œuvres d’art moderne et contemporain. Une promenade de santé de deux kilomètres où s’égrènent une trentaine d’œuvres changeant au gré des expositions (John Armleder, Carlos Cruz-Diez, Mounir Fatmi, Antony Gormley, Carsten Höller, Xavier Veilhan...). Du côté d’Aix-en-Provence, le Château La Coste – propriété viticole établie sur un domaine de 200 hectares – a été acquis par Patrick McKillen, un entrepreneur irlandais issu du monde de l’hôtellerie. Son projet? Semer des œuvres d’art contemporain – principalement de commande – et des pièces d’architecture sur un parcours entre bois, collines, vignes et champs d’oliviers. Le maître des lieux offrant à chacune des personnalités sollicitées le choix du lieu d’implantation de la réalisation. Ainsi, de la cuverie de Jean Nouvel au pavillon de musique de

Frank Gehry, en passant par le centre d’art de Tadao Andō, le centre d’expositions temporaires par Jean-Michel Wilmotte ou le tout récent pavillon de photographie signé Renzo Piano, c’est un passionnant hommage aux lignes qui devrait se poursuivre avec un pavillon de dessins de Richard Rogers, un chai à barriques de Jean Nouvel et un auditorium d’Oscar Niemeyer. Clin d’œil à l’histoire, deux maisons latérales signées Jean Prouvé, datant de 1945, ont été restaurées et remontées à proximité du potager pour abriter des collections de livres. Le travail de commande à des artistes comme révélateur d’architecture? Le château de Fabrègues, bâti au XVIIIe siècle, n’était que quasi ruines lorsque l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch en fait l’acquisition en 2009. Près de cinq ans de travaux assidus lui redonnent lustre et prestance. Désireux d’intégrer la création contemporaine, il a confié à l’artiste Claire Tabouret la réalisation d’une fresque dans la chapelle attenante à l’édifice. Désir de partage? Le lieu sera exceptionnellement ouvert à la visite (sur rendezvous) à partir de son inauguration, le 1er juillet, jusqu’en septembre.

Villa Noailles à Hyères, www.villanoailles-hyeres.com Villa Santo Sospir à Saint- Jean-Cap-Ferrat, www.villasantosospir.fr Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, www.fondation-maeght.com Palais Bulles à Théoule-sur-Mer, www.palaisbulles.com Fondation Bernar-Venet au Muy, www. venetfoundation.org Domaine du Muy au Muy, www.domainedumuy.com Château La Coste au Puy-Sainte-Réparade, www. chateau-la-coste.com Château de Fabrègues à Aups, chapelle@chateaudefabregues.com

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Par CHRISTIAN KOCH

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De jolies tendances en décoration d’intérieur pour des journées agréables à la maison.

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1. Oreiller Indigo Patchwork, Clarissa Hulse, CHF 70. 2. Oreiller Shearling, Minotti, prix sur demande. 3. Papier peint Malachite, Cole & Son, CHF 110. 4. Vase de fleurs, Louis Vuitton, prix sur demande. 5. Parapluie, Missoni, CHF 135. 6. Vase Alfredo, Georg Jensen, CHF 170.  7. Table de chevet, Ralph Lauren, CHF 5 776. 8. Assiette murale, Marimekko, CHF 35. 9. Oreiller, Harlequin, CHF 80.  10. Canapé, Molteni&C, prix sur demande. 11. Bâtons d’encens «Tranquility», Bsab, CHF 20. 12. Oreiller, Ralph Lauren, CHF 280.  13. Plaque de cuivre, George Home, CHF 15. 14. Séparateur de pièce, Louis Vuitton, prix sur demande.

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PHOTOS DR; Certains prix ont été convertis de la devise d’origine et ne reflètent peut-être pas le prix public suisse; Amara.

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TRAVEL NEWS

RÉSERVÉ

Quiconque séjourne à l’hôtel Madarin Oriental de Kuala Lumpur et réserve la suite «A luxury experience with Piaget» sera comblé. A la spacieuse Park Suite s’ajoutent une bouteille de Moët & Chandon, un soin spa de deux heures pour deux personnes, un bain de sel de mer de chez Aromatherapy Associates, et enfi n un collier en or rose 18 carats d’une valeur de CHF 1 800. Un service complet des plus raffi nés! Une nuit pour deux personnes à partir de CHF 2 200. www.mandarinoriental.com

CHIC & RELAX Choisir la tenue adéquate pour un vol longue distance n'est pas une mince affaire. Elle est soit trop décontractée, soit trop formelle, et on se sent vite à l'étroit. La marque britannique Olivia von Halle a décidé d'y remédier. Le survêtement «Missy New York» en soie et en cachemire est en effet l'accompagnateur idéal pour les longues heures de vol. Disponible en gris, blanc et bleu foncé, il est personnalisable sur demande. Même les stars d'Hollywood l'ont adopté! Survêtement «Missy New York», Olivia Von Halle, CHF 1 200. www.oliviavonhalle.com

POUR LA BONNE CAUSE Sous la devise «Knife & Life», la cuisine de la Ellerman House, au Cap, en Afrique du Sud, a lancé un projet d’utilité publique et gourmand. Quatre jeunes talents de la cuisine issus de familles défavorisées collaborent avec des chefs expérimentés. Le projet «Infi nity Culinary Training» permet aux jeunes doués de mettre un pied dans le monde du travail. En plus du b.a.-ba de la cuisine gastronomique, l’accent est mis sur la confi ance en soi et la prise de responsabilité.

L’AFFAIRE EST DANS LE SAC

Qui n’a jamais vécu cette expérience? A cause de règles de sécurité strictes, il nous est souvent impossible d’emporter en avion tous nos produits de beauté préférés dans notre sac à main. Certains d’entre eux doivent alors généralement rester à la maison. Notre coiffeur français préféré Christophe Robin a imaginé une solution pratique et élégante à ce problème. Avec les trois produits miniatures et facilement maniables de la gamme «Detox Hair Ritual», nous pouvons à nouveau emporter un shampooing ou une crème nourrissante pour les cheveux en voyage. «Moisturizing Hair Cream»,«Purifying Shampoo» «Cleansing Purifying Scrub with Sea Salt», Christophe Robin, CHF 40. Disponible chez Charles Aellen à Zurich, dans tous les magasins Globus de Suisse et en ligne. www.net-a-porter.com

www.ellerman.co.za

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«Pool», 2011, courtoisie de l’artiste et d’Éric Hussenot, Paris.

PORTFOLIO  KIRSTEN EVERBERG TRAVEL


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Cette page: «Roger», 2014, courtoisie de l’artiste et d’Éric Hussenot, Paris. À droite: «Pool», 2011, courtoisie de l’artiste et d’Éric Hussenot, Paris.


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STYLE TRAVEL


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«Piggy», 2014, courtoisie de l’artiste et d’Éric Hussenot, Paris. À gauche: «The Congo», 2011, courtoisie de l’artiste et 1310PE, Los Angeles.


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Née en 1965, Kirsten vit et travaille à Los Angeles. Elle a obtenu son master des beaux-arts à la prestigieuse Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Elle a longtemps tra-vaillé sur les plateaux de cinéma en tant que décoratrice pour des productions hollywoodiennes. Elle a participé à de nombreuses expositions telles que «The Tree: from social to sublime» à Vancouver en 2008, «Inside architecture» au Museum of Contemporary Art de Los Angeles en 2008, et «Undiscovered country» au UCLA Hammer Museum. Présenté pour la première fois en France par le consortium de Dijon, son travail a fait l’objet d’expositions muséales au SMOCA (Scottsdale Museum of Contemporary Art, Arizona) et au Pomona College Museum of Art en Californie. «Burma», 2011, collection de Linda et Jerome Janger, Los Angeles.

Kirsten Everberg est représentée par Eric Hussenot à Paris, et 1301pe à Los Angeles.

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Architecture et nature en harmonie.

Il y a de nombreuses possibilités de voyager d’un point A à un point B. On peut sillonner le désert à dos de chameau, jadis on franchissait l’Atlantique en bateau, et il y a tous ceux qui explorent les villes européennes grâce à des billets d’avion low cost. Cela dit, on peut également rouler en Maserati dans les Alpes suisses et c’est exactement ce que j’ai fait. Par SIMONE AÏDA BAUR

PHOTOS DR

ENTRE DE    BONNES   MAINS

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Le Lac de Cauma. Ou les Grisons côté Caraïbes.

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e Waldhaus Flims Alpine Grand Hotel & Spa écrit l’histoire depuis 140 ans déjà. Même le «Grand Opening» qui eut lieu au printemps de cette année sera raconté dans les livres d’histoire. J’ai eu la chance, en compagnie de plus de 300 invités, de pouvoir vivre cette fête. Voici donc trois journées que je n’oublierai pas de sitôt. Après presque deux heures et demi de route depuis Zurich, j’avançai la Maserati Levante qui avait été mise à ma disposition devant le Grand Hotel datant de la «Belle Époque», où je fus accueilli par une bande de photographes et par le personnel très sympathique de l’hôtel. Le Waldhaus Flims met à disposition plus de 142 chambres et suites qui sont réparties sur trois bâtiments: le Grand Hotel, la Villa Silvana et le Chalet Belmont. Ceux-ci se partagent le plus grand parc hôtelier de toute la Suisse. Ce complexe a été repris il y a deux ans par le groupe d’investisseurs américains, 7 Capital Partners, et a été complètement rénové en 2016, en l’espace de quatre mois. Le pavillon magnifique Belle Époque, où avait également lieu la soirée d’ouverture VIP, a été restauré fidèlement à son époque d’origine. L’espace public et les chambres ont été mis au goût du jour et le spa a été aménagé. Les chambres, construites sur le modèle américain, ne m’ont pas particulièrement plu même si elles offrent beaucoup de confort ainsi qu’une vue magnifique sur le panorama montagneux de Flims.

J’étais à peine arrivée que je devais déjà me préparer pour la soirée de gala. Je fixai l’ensemble noir que j’avais apporté en me demandant ce que les autres invités allaient porter – j’avais déjà aperçu plusieurs personnalités de la scène suisse. Un dernier regard dans le miroir, et je me mis en chemin vers le pavillon où des dames et des messieurs fort élégants déambulaient, déjà pleins d’espoir, sur le tapis rouge. Je pris un verre de champagne et me baladai dans l’entrée du pavillon. On pouvait déjà y retrouver énormément d’invités se divertissant et se pliant avec excitation à l’adage «voir et être vu». Je me mêlais aux gens et fis rapidement quelques jolies connaissances. Après un court discours du directeur de l’hôtel Peter Schoch et du PDG de 7 Capital Partners James Zenni, nous fûmes invités à nous rendre dans la salle de bal avoisinante. La fête pouvait commencer. Nous fûmes gâtés par toutes sortes de délices, les spiritueux en tous genres coulant à flots. Les Stars in Concert assurèrent la partie musicale de la soirée balançant entre pop et rock. Pas d’Adèle en chair et en os, comme beaucoup de gens le pronostiquaient, mais d’excellents sosies des Blues Brothers et d’Elvis. Après une longue ou plutôt non, après une courte nuit, je me rendis dans le restaurant principal «The Grand» (l’un des quatre restaurants de l’hôtel) pour un brunch où je croisais d’autres invités, eux aussi mal réveillés. Et tout le monde de s’extasier sur la fête et sur la soirée autour du généreux buffet.

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TROIS RAISONS DE SORTIR DE L’HÔTEL: CAUMASEE En romanche, on l’appelle le Lag do Cauma. Ce qui signifie le «lac du midi calme». Ce charmant lac de montagne, à la couleur turquoise resplendissante, de presque 1 000 mètres avec ses petites îles vertes, rappelle non seulement la mer des Caraïbes mais invite également à la sieste. www.flims.com

LES GORGES DU RHIN Surnommées le «Grand Canyon de la Suisse», elles sont vraiment impressionnantes. Les plateformes panoramiques offrent une vue fabuleuse en profondeur et par-dessus le sommet. www.flims.com

LE MUSÉE D’ART DES GRISONS À COIRE D’un côté, la «Villa Planta» qui date du XIXe siècle. De l’autre, un bâtiment d’extension très moderne qui, avec sa simplicité et ses lignes claires, constitue un régal absolu pour les yeux. Le musée représente principalement des artistes du canton des Grisons et possède une collection significative d’œuvres de la famille Giacometti.

Le pavillon d’art contemporain dans toute sa splendeur.

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PHOTOS DR

www.buendner-kunstmuseum.ch


TRAVEL

Le bassin naturel du spa offre une expérience unique.

Des souvenirs de course d’école et de camp de vacances itinérant se mirent à refaire surface tandis que je commençai une randonnée guidée en compagnie d’une trentaine d’invités. Les montagnes de Flims eurent le chic de se dévoiler à nous sous leur meilleur jour et après presque deux heures de marche, nous eûmes la surprise de prendre l’apéro sur une nappe blanche, au beau milieu de ce paysage de montagnes idylliques. J’aurais véritablement pu m’habituer à cela... D’un pas léger, nous allâmes vers le «Grand Canyon suisse», fîmes le tour du Caumasee et retournâmes à l’hôtel. Peu après, j’eus l’occasion de détendre mes muscles fatigués dans le sauna et de me laisser bichonner au spa lors d’un massage absolument divin.

Un coup d’œil dans les coulisses de la cuisine de l’hôtel.

Après ce court temps restauratif, place au programme de la deuxième soirée. Nous fûmes d’abord conviés à voir le chef à l’ouvrage dans la cuisine de l’hôtel, et nous pûmes apprécier quelques bouchées de ses plats ainsi que des vins de prix. Nous fûmes ensuite emmenés au musée de l’hôtel, le Musée Belle Époque, en passant par les souterrains propres à l’hôtel. Le musée est constitué de plusieurs pièces ainsi que de caves à vin, et abrite toutes les curiosités que peut recueillir un hôtel en une centaine d’années - un vrai rêve pour les amateurs de vintage. Dans ces pièces se trouvaient de grandes tablesapprêtées et nous eûmes droit à d’innombrables gourmandises. Une expérience unique. Je serais bien restée encore un peu plus longtemps au «Waldhaus Flims» mais par chance, la Maserati m’attendait. C’est ainsi que je pris le chemin du retour vers Zurich, des souvenirs plein mes bagages. www.waldhaus-flims.ch

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LA NUIT

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LOCARNO, ÉCRAN TOTAL Par MANOU STEIGER

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LE DOIGT SUR L A GÂCHET TE: LES PERSONNES INVITÉES SUR LE TAPIS ROUGE.

L A SKIEUSE L AR A GUT, VENUE EN VOISINE.

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www.pardo.ch www.maccosmetics.com

L’ACTRICE VERONICA ECHEGUI.

PHOTOS DR; Festival de Locarno; Sailas Vanetti; Marin Mikelin; Gabriele Putzu; Massimo Pedrazzini, Oliver Löser

GIADA MASADRI, CARLO CHATRIAN ET NOÉMIE LVOVSK Y

haque année, les cinéphiles du monde entier et tout le gratin politico-médiatique suisse sont aimantés par Locarno. La force d’attraction de la petite ville tessinoise? Son festival du fi lm. Des grands noms comme on en trouve sur la Croisette, à Cannes, ou à la Mostra de Venise. Mais c’est surtout pour son indépendance et ses choix avant-gardistes que Locarno rayonne – le festival n’at-il pas révélé la Nouvelle Vague, aidé à diff user le cinéma asiatique et celui des pays de l’Est? Côté coulisses, depuis plusieurs années, M.A.C Cosmetics est le partenaire de maquillage officiel de la manifestation, son staff s’occupe des étoiles et des invités VIP pour le tapis rouge. Pour célébrer le 70e anniversaire du festival, M.A.C Cosmetics a réalisé un autre type d'expérience: des blogueurs et des influenceurs de toute la Suisse se sont réunis le 2 août pour célébrer l’ouverture du festival. Clou de la journée: la projection, sur l’imposante Piazza Grande, du fi lm français «Demain et tous les autres jours» de Noémie Lvovsky, avec notamment Mathieu Amalric, qui raconte l’histoire d’un amour entre une fi llette et sa mère qui navigue au bord de la folie.


LASTYLE NUIT

UNE NUIT DANS LA JUNGLE Par LENA STÄHELI

Les parfums désormais classiques comme «Alien» ou «Angel» font place à une nouveauté de la maison Mugler: «Aura». En grec, le mot désigne la «déesse de la brise matinale». Inspiré de la jungle et des reptiles vivants, le lancement du nouveau parfum a été célébré à Paris dans une impressionnante forêt reconstituée.

LE RESTAUR ANT, UNE JUNGLE AU CŒUR DE PARIS.

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a recherche et développement pour ce nouveau parfum a bien duré deux ans. Les avatars modernes ont servi d’inspiration et en matière de senteur, une note animale et fumée a été mélangée à une note plutôt douce et vanillée. La muse de Thierry Mugler, Nina de Lianin – une artiste de scène qui nous a ravis avec sa voix du grand couturier. Nous a accompagnés tout au long de la soirée, vêtue d’une des toutes premières créations du grand couturier. w ww.mugler.com

SANDRINE GROSLIER À L’OCCASION DU L ANCEMENT DU NOUVEAU PARFUM «AUR A».

THIERRY MUGLER, NINA DE LIANIN ET LE PDG DE CL ARINS, JONATHAN ZRIHEN.

LES FRÈRES COURTIN-CL ARINS, À GAUCHE ET À DROITE, AVEC LEURS ASSOCIÉS.

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ADRESSES

MODE

Hermès www.switzerland-de.hermes.com

Sacai www.sacai.jp

Aalto www.aaltointernational.com

Hotel Particulier www.hotel-particulier.eu

Salvatore Ferragamo www.ferragamo.com

A .P.C www.apc.fr

Hugo Boss www.hugoboss.com

Schiaparelli www.schiaparelli.com

Adler www.adler.ch

IKKS www.ikks.co

Simone Rocha www.simonerocha.com

Akris www.akris.ch

Iris Van Herpen www.irisvanherpen.com

Stéphane Rolland www.stephanerolland.com

Alexandre Vauthier www.alexandrevauthier.com

Iro www.iroparis.com

Swarovski www.swarovski.com

Annakiki www.annakiki.com

Isabel Marant www.isabelmarant.com

Tibi www.tibi.com

Armani www.armani.com

Jaeger-LeCoultre www.jaeger-lecoultre.com

Tiffany & Co www.tiffany.com

Audemars Piguet www.audemarspiguet.com

Jean-Paul Gaultier www.jeanpaulgaultier.com

Tod's www.tods.com

Ba&sh www.ba-sh.com

Jil Sander www.jilsander.com

Tommy Hilfiger www.ch.tommy.com

Balenciaga www.balenciaga.com

Kaporal www.kaporal.com

Tory Burch www.toryburch.com

Bucherer www.bucherer.com

Kenzo www.kenzo.com

Un Jour Ailleurs www.unjourailleurs.com

Bulgari www.bulgari.com

Longchamp www.ch.longchamp.com

UNIQLO www.uniqlo.com

Burberry www.burberry.com

Louis Vuitton www.de.louisvuitton.com

Van Cleef & Arpels www.vancleefarpels.com

Cartier www.cartier.ch

Lutz Huelle www.lutzhuelle.com

Versace www.versace.com

Causse www.causse-gantier.fr

Maison Lesage www.lesage-paris.com

Victoria Beckham www.victoriabeckham.com

Céline www.celine.com

Maison Margiela www.maisonmargiela.com

Viktor & Rolf www.viktor-rolf.com

Cesare Paciotti www.cesare-paciotti.com

Maison Michel www.michel-paris.com

Weil www.weil.com

Chanel www.chanel.com

Maje www.maje.com

Zadig & Voltaire www.zadig-et-voltaire.com

Chopard www.chopard.com

Margaret Howell www.margarethowell.co.uk

Zuhair Murad www.zuhairmurad.com

Christian Louboutin www.christianlouboutin.com

Marie Marot www.mariemarot.com

Coach www.coach.com

Markus Lupfer www.markuslupfer.com

COS www.cosstores.com

Marni www.marni.com

Courrèges www.courreges.com

Max Mara www.maxmara.com

Desrues www.desrues-paris.com

Michael Kors www.michaelkors.com

BEAUTÉ

Dior www.dior.com

Missoni www.missoni.com

Annick Goutal www.annickgoutal.com

Dsquared2 www.dsquared2.com

Miu Miu www.miumiu.com

Atelier Cologne www.atliercologne.com

Elie Saab www.eliesaab.com

MSGM www.msgm.it

Biotherm www.biotherm.de

Ellery www.ellery.com

Mulberry www.mulberry.com

Bonpoint www.bonpoint.com

Erdem www.erdem.com

Off-White www.off---white.com

Caudalie www.caudalie.com

Ermanno Scervino www.ermannoscervion.it

Ole Lynggaard www.olelynggaard.com

Diptyque www.diptyque.eu

Escada www.escada.com

Palmer Harding www.palmerharding.com

Frédéric Malle www.fredericmalle.com

Francesco Russo www.francescorusso.fr

Patek Philippe www.patek.com

L'Artisan Parfumeur www.lartisanparfumeur.com

Furla www.furla.com

Peuterey www.peuterey.com

La Prairie www.laprairieswitzerland.ch

Ganni www.ganni.com

Piaget www.piaget.ch

Lancaster www.lancaster-beauty.com

Gianvito Rossi www.gianvitorossi.com

Pierre Hardy www.pierrehardy.com

Maison Francis Kurkdjian www.franciskurkdjian.com

Giuseppe Zanotti www.giuseppezanottidesign.com

Prada www.piaget.com

Sabé Masson www.sabemasson.com

Graff www.graffdiamonds.com

Princesse Tam-Tam www.princessetamtam.de

Thierry Mugler www.inter.mugler.com

Gucci www.gucci.com

Ralph & Russo www.ralphandrusso.com

Tom Ford www.tomford.com

VOUS TROUVEREZ, SUR LE SITE DE TOUTES LES MARQUES CITÉES, L'ADRESSES DES BOUTIQUES QUI LES VENDENTOU CELLES DES POINTS DE VENTE LES PLUS PROCHES.

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ADRESSES Adèle Farine porte un manteau en laine prince-de-galles avec fourrure de vison, Ermanno Scervino, Dsquared2, Dior et Kenzo. Voire toute l'histoire a Toutes la série de photos avec Adèle, page 120 et suivantes.


LAST LOOK

LES ANNÉES 1980, QUESTION DE REGARD On doit sa découverte au magazine «Interview» d’Andy Warhol. Sa réputation, en revanche, il l’a bâtie lui-même. Grâce à ses interprétations surprenantes, à l’époque encore jamais vues chez un photographe de célébrités, il a attiré l’attention de la sphère artistique. Zoom sur la toute nouvelle monographie de cet artiste américain si extraordinaire qu’est Matthew Rolston.

«Holly wood Royale: Out of the School of Los Angeles» par Matthew Rolston. Editeur: David Fahey. Aux éditions teNeues, CHF 119. w ww.teneues.com

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Drew Barrymore, «Portrait as a Boy», Los Angeles, 1991.

Christy Turlington, «Manta Ray, The Surreal Thing, Series», New York, 1987.

Brigitte Nielsen, «Without Makeup II», Los Angeles, 1986.

Cybill Shepherd, «Floral Wall», Los Angeles, 1986.

Prince, «Portrait in Psychedelic Colors», Los Angeles, 1988.

PHOTOS DR; teNeues

Avec d’autres photographes comme Bruce Weber ou Greg Gorman, Rolston a été un acteur majeur du monde de la photographie des années 1980. Il ne s’est pas contenté de refléter son époque, il l’a capturée, l’a redéfi nie à travers un regard unique sur ses modèles (qu’ils soient acteurs, mannequins ou artistes), marquant l’esthétique de l’époque d’une façon déterminante. Ses chefs-d’œuvre photographiques ont également inspiré le conservateur d’art David Fahey, à l’origine de la publication du livre «Hollywood Royale». Ce dernier nous permet de contempler un siècle entier à travers la vision subjective de cet artiste polyvalent. Il représente des personnes de talent comme Michael Jackson, Cyndi Lauper ou Steven Spielberg. Comme pour souligner l’habileté subtile de Rolston, chacune de ces stars royales d’Hollywood est représentée sous une lumière qui lui est propre. Cet ouvrage est complété par les essais de diverses personnalités, lesquelles reviennent en détail sur le travail et la vie de Rolston. Un faisceau de regards différents qui donnent à l’ensemble une touche personnelle, et retracent de manière authentique les différentes facettes de l’artiste. Le livre, composé d’environ 150 photographies en noir et blanc, est disponible chez teNeues à partir du mois de septembre. Et à ceux pour qui cela ne suffi rait pas, nous recommandons l’exposition de la «Camera Work Gallery» à Berlin. On peut y admirer ces clichés originaux du 2 octobre au 2 décembre.

éditions Photo © 2017 Matthew Rolston Creative, Inc. All rights reserved. w w w.holly woodroyale.com

Par L AUR A GANSNER


CHANEL .COM


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