entrevues
« S’éclater, danser, sans jamais produire quelque chose d’intello. »
le live de
La Jungle La Belgique a de tout temps été un pays particulièrement à la pointe en matière de musique radicale. La Jungle poursuit cette tradition en réinventant pour notre plus grande satisfaction la musique noise et en délivrant des shows d’une puissance rare.
E
n six ans et trois albums, la Jungle est devenu l’un des groupes les plus intéressants de la nouvelle scène belge. À l’origine, Mathieu et Rémy font partie, avec quelques amis, d’un collectif d’organisation de concerts à Mons, Dewane Collective. Mathieu joue aussi dans un combo punk-noise qui a beaucoup tourné en Belgique, Petula Clarck. Ils décident de se lancer dans l’aventure d’un groupe à deux : « Nous aimons le côté frontal, radical du duo. » Nous sommes à l’été 2013. Deux ans plus tard, la Jungle sort son premier album, disque instrumental qui fait parler de lui dans le milieu bruitiste. Dès cette époque, le combo produit une musique à nulle autre pareille. Si on peut clairement classer
Pierre-Arnaud Jonard
les Belges dans le style noise, on perçoit également dans leurs productions une forte influence krautrock et une autre plus étonnante pour le genre musical qui est le leur : l’électro. « Nous en aimons le côté répétitif. Nous faisons parfois sonner les guitares comme un clavier. Nous voulons produire une musique qui ait un côté dansant. On trouve dans ce que nous faisons l’aspect transe de l’électro, mais au final nous faisons quelque chose de profondément rock. Nous venons du milieu noise. Nous ne l’oublions pas. Nous continuons d’aimer les groupes les plus radicaux de cette scène comme Lightning Bolt, Pneu ou le Singe Blanc. Nous voulons un truc qui cogne. Nous avons toujours eu en tête de faire une musique sur laquelle les gens puissent s’éclater et danser, sans jamais produire quelque chose d’intello. » Cette volonté de ne pas faire une musique prétentieuse, mais qui au contraire parle aux sens, vient peut-être du fait que pour La Jungle, rien n’est plus important dans le monde de la musique que le facteur humain. Et si aujourd’hui le groupe a le vent en poupe, ça ne l’empêche pas de rester humble, de ne pas se prendre la tête et de ne pas courir pour se retrouver uniquement à l’affiche de gros festivals. Leur façon de travailler reste très do it yourself et, après trois disques, ils n’ont toujours pas encore enregistré en studio : « Nos albums ont été faits dans une salle de cinéma et en home-studio. Nos disques ne sont pas ultra-produits. On travaillera peut-être un son plus élaboré à l’avenir. »
DAVID POULAIN
Mais La Jungle, c’est en concert qu’il faut les voir. Live, leur musique crée une sorte d’hypnose hautement addictive. Des centaines et des centaines de dates en ont fait les bêtes de scène qu’ils sont devenus aujourd’hui. « Pas mal de gens nous ont découverts à la Gaîté Lyrique lors d’un concert pour Arte il y a peu, mais les choses ne se sont pas faites en deux semaines... » i dfacebook.com/lajungleband
Past//Middle Age//Future Rockerill Records - À tant rêver du roi Black Basset Records Troisième opus, après La Jungle II sorti il y a trois ans. Les années passent mais pas question de changer une formule gagnante. Les Belges nous offrent toujours ce mélange de noise/kraut-rock/math-rock/techno qui ont fait leur renommée. Tous les titres de l’album ont un côté hypnotique qui invite tant à la rêverie qu’à la danse. Illustré une fois encore d’un magnifique dessin de Gideon Chase, cet album montre un groupe au sommet de son art, qui a su restituer sur CD l’incroyable énergie de ses concerts. On attend avec impatience la sortie cette année de leur double vinyle live enregistré à Lyon et au Dour Festival...
LONGUEUR D’ONDES N°92 17