Decouvertes
Bartleby Delicate délicate folk
S
Julia Escudero
i se lancer en solo pour un artiste est synonyme de perte d’un esprit collectif, ce cheminement est également l’occasion de se permettre des compositions plus personnelles. Ce fut le cas pour Georges Goerens, alias Bartleby Delicate, connu pour être le leader de Seed to Tree. Le Luxembourgeois à fleur de peau propose une pop-folk enivrante, raffinée et poétique aux influences électro. « Seul j’ose plus. Il n’y a aucun jugement dans le processus du songwriting. Quand je suis tout seul dans une salle de répétition, j’essaie de jouer des instruments que je ne sais pas encore jouer et je peux m’adapter à mon propre rythme. » Artiste complet, le musicien tire son pseudonyme de la littérature américaine, s’inspirant du personnage principal de Bartleby the scrinever : « Il montre par sa façon de vivre une alternative à un modèle de vie traditionnelle. Ce que je considère aussi être le rôle d’un artiste : poser
Arcadia
David Poulain
des questions et remettre en question la routine et les habitudes de nos vies. » Lorsqu’on lui demande comment il envisage sa musique, il la qualifie de folk Do It Yourself, une façon de rappeler que les jeunes musiciens sont souvent amenés à gérer leurs projets de A à Z , du travail administratif au transport de leur matériel : « On reste humble en tant que musicien et ça se ressent dans ma musique qui ne veut pas être de la pop surproduite. » Son répertoire honnête et touchant n’est pas sans rappeler celui de son idole Daniel Johnston qui lui a appris que « La musique ne doit pas être quelque chose de complexe, elle doit savoir dire ce que le vocabulaire ne sait exprimer. » Une maxime qui correspond parfaitement à cet artiste et qui s’appliquera certainement à son prochain album prévu pour l’automne prochain. dfacebook.com/Bartlebydelicate
Post love doubts / Listenrecords
poète et profane
L
Laurent Thore
a passion et l’utopie sont leurs moteurs. Sous le couvert d’un discours collectif aussi réfléchi que drôle, ces cinq musiciens dissimulent dans la vraie vie, avec une certaine pudeur, une soif d’émotions profondes et exacerbées qu’ils assouvissent sur scène. « Notre musique n’est pas simplement une envie, c’est aussi un besoin, un exutoire ! ». Fier de leur 1er album La chute, Benjamin le guitariste, poursuit : « C’est un accomplissement. C’est un chapitre que l’on a ouvert et qui va se refermer. C’est un sentiment assez étrange. » Pour Julien, le chanteur, le choix de textes, exprimant les tourments, les doutes d’une jeunesse désabusée et désœuvrée, ont largement influencé le côté sombre et sale du disque. « Ça se passe toujours un peu la nuit, dans ces moments où bourrés, à la sortie d’une boîte, on fait le point sur la vie. Certains partent vraiment dans l’excès, comme dans cette scène de Fight Club, où le héros veut
Alex Chapas
buter tous les pandas parce qu’ils sont pas foutus de baiser ! » Entre ombre et lumière, la voix théâtrale et écorchée de Julien comme la sensualité vocale énergique de Clothilde surplombent les élans complices et héroïques du trio basse/batterie/guitare. Faisant référence à des figures comme Saez, Noir Désir, Parabellum et même Thiéfaine, ces jeunes artistes naviguent entre structures rock électrisantes assez classiques et instrumentations plus sinueuses, inspirées à distance par l’efficacité du métal, la rage du punk et les déviances du rock progressif. Pour Benjamin, le titre de l’album symbolise ainsi parfaitement la libération créative qui s’est opérée en studio : « Plus l’album avance, plus la musique reprend ses droits par rapport au chant. La chute, c’est un peu le reflet de l’enregistrement, c’est le principe du créateur qui se noie dans sa création. » darcadiarock63.wix.com/arcadia
La chute / Autoproduction
LONGUEUR D’ONDES N°92 9