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Musique
chroNiques
Des centaines de chroniques sur longueurdondes.com
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BÄRLIN The Dust of our Dreams Lilian Prod Cinq ans séparent ce troisième album d’Emerald Sky, le dernier LP du trio paru en 2015, un temps relativement long qui peut aisément s’expliquer par la teneur de ces nouveaux titres. Lesquels prennent - justement - le temps de se construire, de se développer et de se mouvoir avec délicatesse et puissance pendant prés de quarante minutes, défilant comme les paysages d’un voyage incandescent. Si la clarinette s’affiche comme élément essentiel de ce disque (le 1 er d’un diptyque à venir) et ensorcelle dès le début de “Pagan rituals” ou sur “The feast”, les basses assombrissent régulièrement les paysages dessinés (“Emerald sky”), tandis que la batterie joue régulièrement aux montagnes russes. Le chant, lui, reste singulier en tous points: grave, lyrique, passionné (“The Dust of our dreams”), toujours incarné, habillant avec volupté un rock vibrant et incantatoire, aux courbures froides, aux inspirations jazz, aux accents folk-rock et aux fulgurances post-rock, parfois proche de 16 Horsepower ou Nick Cave. Intéressant. d bärlin.eu
ÉMELINE MARCEAU
CAMILLE BENATRE Après le soir Hidden Bay Record/Idol Réalisé en totale autonomie, le troisième album du Toulousain (officiant avec sa sœur au sein du duo folk Alone With Everybody) s’inscrit dans une veine pop-folk qui lui va à ravir. Lorgnant vers des arrangements élégants dont Elliot Smith s’est fait le spécialiste en son temps, le musicien a doté ses nouvelles chansons d’attributs séduisants qui ne tardent pas à satisfaire nos désirs de beauté. Beaucoup de douceur dans ce disque qui explore pourtant des thématiques douloureuses (regrets, jalousie...) sans jamais plomber l’atmosphère. De “Laisse filer” à “Le message”, en passant par le très accrocheur “Vieux loup” et l’instrumental d’obédience orientale “Ticket pour Téhéran”, Camille Bénâtre démontre si besoin en était qu’il est un artisan très précieux de la chanson sur qui il faut désormais compter. Au passage, il rend un déférent hommage à William Sheller avec la reprise en mode americana du très beau “Les miroirs dans la boue”, titre qu’il s’approprie avec beaucoup de délicatesse. d facebook.com/camillebenatresongs ALAIN BIRMANN
BRAZZIER Lignes Futures Binaire Ordinaire Pur produit d’une scène rennaise qui n’en finit pas d’étonner, Max Balquier, que l’on avait déjà croisé dans Frigo (signé alors sur Première Bande, le label de Rodolphe Burger) et plus récemment avec You, Vicious!, prend la poudre d’escampette le temps d’un projet solo au nom incandescent. De ce feu intérieur qui l’anime jaillissent 8 titres oscillant entre nostalgie et espoir, portés par un beat electronica puissant à la Kompromat, contrastant avec la beauté noire de textes au réalisme saisissant où l’on parle d’amour essentiellement. On se surprend à marcher sur des braises en écoutant “Lune de sang” avant de s’abandonner dans un saut en apesanteur avec l’abyssal et énigmatique “Parachute”. Tout au long du disque, tiraillés entre science-fiction et monde bien réel, on reste en apesanteur comme pour échapper à ce brasier incandescent qui finira bien par nous consumer («On s’est tant aimés, on a fini par brûler… /... on est partis en fumée»—“Équation”). Obsédant et fascinant à la fois. d facebook.com/brazzier Xavier -Antoine MARTIN CATHÉDRALE Houses are build the same Howlin’ Banana Personne n’attendait les Toulousains à un tel niveau d’expressivité post-punk, malgré une discographie prometteuse déjà porteuse de deux albums attachants et énergiques. Ce nouvel opus se signale en premier lieu par son enchaînement de tubes en puissance, en digne rejeton de XTC, Wire, Devo et bien sûr des Clash de Joe Strummer. Ne cédant pas à la tentation du moment, de plonger dans les méandres élégiaques et sombres tendance “death rock”, le quatuor développe une musique fédératrice, haletante et surtout lumineuse, marquée par une envie et une motivation palpables. La rage inhérente au punk est bien sûr très présente, mais elle se manifeste dans une énergie extrêmement positive, à la fraîcheur détonante, appuyée par le tempo dansant de son tandem basse-batterie imparable. Quand le rythme redescend d’un cran comme sur le presque grunge “Right time”, le groupe, à travers ses deux chanteurs, Jules et Félix, joue sur le terrain mélancolique avec une justesse confondante. d facebook.com/cathedraleband LAURENT THORE
CHAPELIER FOU Méridiens Ici d’ailleurs… Le nombre important de concerts donnés par Louis Warynski aux quatre coins de la planète depuis ses débuts en dit déjà long sur le caractère peu sédentaire de sa musique. Cette fois, cette dernière nous invite à suivre plusieurs méridiens à la fois, avant un deuxième volet à venir, qui parcourra le(s) monde(s) au gré des Parallèles. À la manière d’un lent périple à l’ancienne, tels ces longs trajets en train qui laissent à l’esprit le temps de se perdre dans ses propres méandres, ce sixième album transporte l’auditeur de “Constantinople” au lac berlinois de Schlachtensee, en passant par “Le triangle des Bermudes”, lui faisant traverser des contrées multidimensionnelles où la géographie mentale se superpose à la réalité. La fusion miraculeuse qu’opère Chapelier Fou depuis plus de dix ans entre musiques classique et électronique génère ici d’innombrables autres fertiles rencontres: lieux fictifs ou existants se succèdent en un passionnant jeu de dédoublements qui sème le trouble dans nos repères. d chapelierfoumusic.com JESSICA BOUCHER-RÉT IF Pagans Au cœur de l’Occitanie, le label Pagans bouleverse depuis quelques années avec beaucoup d’esprit les frontières habituelles entre musiques traditionnelles et actuelles. Logiquement, cet album vivifiant, centré autour de la voix comme instrument à part entière, ne pouvait que s’inscrire dans le bouillonnement créatif de son foisonnant catalogue. A travers son troisième disque, ce trio va encore plus loin dans sa quête, autant esthétique que patrimoniale, en réinterprétant en toute liberté le précieux répertoire occitan avec une technique vocale proche de la chanteuse Camille, et une vitalité digne de leurs aînées les Femmouzes T, le tout avec l’intensité mystique de Lisa Gerrard et la profondeur de Rosemary Standley. Loin du passéisme, ces chanteuses musiciennes déploient ainsi avec grande force d’intenses scansions polyphoniques sur de fines frappes acoustiques et percussives dans une œuvre profonde, chargée d’histoires et de légendes, et envoûtante au sens purement musical du terme. d cocanha.net LAURENT THORE CHASSEUR Crimson King Reptile Music Derrière ce projet on retrouve Gaël Desbois, musicien aguerri (Miossec, Dominic Sonic...) et par ailleurs moitié de Tchewsky et Wood. Premier long format en guise de voyage introspectif autour de cet érable rouge qui donne son nom à l’album et point de départ pour plonger dans les souvenirs (“Je me souviens de tout”), réfléchir sur la vie qui passe pour mieux profiter du moment présent avant qu’il ne file entre nos doigts (“Les ruisseaux”, “Comme il vient”). Ècrits en français à quatre mains avec Nathalie Burel, les textes révèlent une sensibilité rare portée par un chant souvent minimaliste, soutenu par des boucles électro pop qui donnent une couleur chatoyante à l’album, la même que celle des feuilles du colosse végétal, symbole d’une lutte contre le temps («Je vivrai 1000 ans quand rien ne sera plus»—“Crimson King”) dont l’issue est connue, à moins que tout ne soit qu’un éternel recommencement... et ça seul l’arbre le sait. On appréciait le musicien, ce disque révèle un véritable poète. d chasseur.info Xavier -Antoine MARTIN COCOROSIE Put The Shine On Marathon Artists Construit sur les fondations instables laissées par une enfance décousue, le monde pop et folk lo-fi de CocoRosie ressemble toujours à un mécano bancal. Comme dans un corps tiraillé par des élans contraires, le chant lyrique de Sierra et les tirades hip-hop de Bianca s’entrechoquent, l’innocence des sons du quotidien—chant du coq, objets—se heurte à l’âpreté électronique. Ainsi, la confrontation entre voix sucrée et violence presque indus font de “Smash My head” un concentré de schizophrénie sonore. Pourtant, à travers l’apparente hétérogénéité de ce paysage musical et mental se dessinent des lignes fortes qui peu à peu l’érigent en une construction solide dans laquelle prédomine, peut-être plus encore qu’hier, une mélancolie prégnante. La disparition de leur mère (dont les mots ont été enregistrés onze jours avant sa mort sur le morceau “Ruby red”) vécue de façon intime et organique, par son décès à la maison puis une veillée à l’ancienne, a transformé les sœurs Casady et laissé une trace indéniable dans leur musique. d cocorosiemusic.com JESSICA BOUCHER-RÉT IF CLAUSTINTO On est là Foudrage/L’autre distribution Le rap en France a atteint l’âge adulte. Comme le rock’n’roll l’a été avec les punks, il est chahuté de toutes parts par la jeune génération, de l’intérieur comme de l’extérieur. Les frontières stylistiques tombent, les tabous se brisent, notamment avec ce musicien français émergeant, intrépide et prolifique, qui pervertit avec audace les marqueurs habituels du rap, en le trempant dans le bain chaotique de la pop culture actuelle, mélangeant allègrement instinct punk, univers geek, poésie surréaliste, envolées gabber et symptômes autotune. Si l’ensemble sonne sur ce premier LP comme un imposant happening, à la limite de l’indigeste, à l’inverse une telle liberté fascine par son côté foisonnant et joueur, cette soif permanente de bouleverser la norme. Dans le détail, il permet à son créateur d’exprimer avec force son egotrip décalé, où la musique devient avant tout le média d’une affirmation de soi, profondément inscrite dans l’instant présent, à défaut de viser une réelle postérité. d facebook.com/claustinto LAURENT THORE DEAD SEXY Dead sexy 33 Degrees Ce groupe improbable rassemble Stéphane Hervé, ancien journaliste extrême aux tatouages exubérants et Emmanuel Hubaut, le chanteur de Tétines Noires (LTNO). Ce dernier prend le micro dès le premier titre “Selfie gluten free”, chanson en français au refrain entêtant. Ni vraiment électro, plus vraiment rock, la musique de Dead Sexy, avec ses voix torturées, emmène l’auditeur dans les endroits les plus interlopes de la planète. On voyage de New York à Tokyo, dans des ambiances vraiment surprenantes et on imagine sans peine le combo à son aise dans un bar du film Blade runner. En face B, la galette s’ouvre avec l’excellent “A new popular life”. Les guitares électriques, notamment celle de François Shanka Maigret, le musicien de No One Is Innocent, résonnent dans toutes leurs splendeurs, sur des textes cette fois en anglais et chantés par Stéphane Hervé. Inclassable dans sa diversité, ce vinyle, qui existe aussi en CD, est une réussite. Il ne demande désormais qu’une mise en images en live, voire en clip. d facebook.com/deadsexyinc PATRICK AUFF RET CLAVICULE Garage is dead Beast Records/Open Up & Bleed Records Il y a quelque chose de foncièrement viscéral et d’insolent chez ce groupe breton, ce que devrait d’ailleurs toujours être le rock’n’roll. Avec eux, cette bête blessée et vieillissante redevient cet animal agité, sauvage, prêt à bondir pour dévorer vos tripes, lécher votre sueur, et plus si affinités, le tout à grands renforts de riffs incisifs et rageurs, de chants hargneux et joueurs. Nommer un premier album Garage is dead pour un groupe de garage rock tiendrait justement de la surenchère et de la prétention. Pourtant, avec un aplomb déconcertant, les Rennais ravivent brillamment la flamme de la mythique compilation Nuggets, en lui insufflant par intraveineuse et de manière totalement décomplexée punk, blues et surf music. Loin d’être révolutionnaire et originale, leur musique captive avant tout par sa fraîcheur communicative et son absence de calcul, sentiment renforcé par la volonté décisive d’un enregistrement en condition live et par instants, par une délicieuse appétence psyché.
COCAHNA Puput d facebook.com/Claviculeband LAURENT THORE DESPENTES/ZËRO Requiem des innocents de Louis Calaferte Ici d’Ailleurs/L’autre distribution Le Disquaire Day est l’occasion d’offrir une immortalité discographique à des œuvres qui seraient sinon restées dans des tiroirs... Cette année, la lecture donnée en public à partir de 2015 par Virginie Despentes, accompagnée musicalement par le groupe Zëro, du Requiem des innocents de Louis Calaferte, se voit enregistrée en studio et gravée sur vinyle en édition limitée (suivie d’une sortie numérique). La filiation entre les œuvres de Louis Calaferte et de Virginie Despentes transpire de l’interprétation de cette dernière tandis que le rock sinueux, ici discret, là impétueux, de Zëro épouse le rythme et l’intensité des mots. Plus qu’une simple lecture musicale, c’est une communion artistique en même temps qu’un hommage d’un écrivain à un autre. Le récit entre autobiographie et fiction que fait Louis Calaferte de son enfance chaotique résonne comme un écho à celle de Virginie Despentes et d’une époque à l’autre se répondent deux univers littéraires nés d’un même terreau fait de violence, de sexe et de rage de vivre. d facebook.com/0musik JESSICA BOUCHER-RÉT IF
DEWAERE Slot logic Phantom Records/Bigoûts Records Le groupe breton démarre fort avec ce premier disque noise-punk aux accents 90’s, savamment hors de contrôle. La guitare dissone, la basse explose, le tout servi par une postproduction d’une grande clarté, et au chant de l’Australien Maxwell Farrington, délicieusement maniéré, qui oscille entre hystérie et mélodies pour sculpter, nuancer ce roc sonore. Les morceaux atteignent rarement les 3 minutes et c’est parfait ainsi tant on en ressort essoufflé. Pas le temps de s’essuyer le nez entre deux claques, c’est direct, tendu, ça urge. Exception qui sublime la règle, «October» tranche avec ses 6 minutes passées et sa rage contenue, révélant un groupe capable de subvertir jusqu’à ses propres recettes. Et jusqu’au délicat «Everybody got to learn sometimes» des Korgis, lacéré au point qu’il prenne un autre relief, plus désespéré ou bien un brin moqueur, c’est selon. Un premier album défouloir donc, qui, sans être éclectique, n’hésite pas à sortir de son territoire pour promener son impertinence. d dewaereband.bandcamp.com BENJAMIN PASCAL KITCH Calame Autoproduit C’est un album comme on en voit de moins en moins dans lequel on s’amuse et on prend le temps. Plus que seulement enchaîner des chansons bien construites, ces quatre Lyonnais créent tout un univers dans lequel se mélangent puissance rock et folie progressive. Avec ce troisième album, ils laissent une grande place aux expérimentations sur des titres courts comme des interludes (“Oiseau”, “Londres”) entre prises de sons dans les rues ou tout simplement morceau court. Elles participent à créer une ambiance et du calme entre les bourrasques de guitares. Parce que s’ils savent faire preuve de délicatesse, ils démontrent leur véritable puissance dès le premier titre: “Raggedman”. Le rock y est nerveux et agressif avec des moments d’inspiration blues-rock tout comme dans “Hell leafan”. Ils démontrent tout leur talent sur un rock progressif puissant qui ne se donne pas de limites. Seul bémol, un essai final au rap sur “Betty Boop” qui ne prend pas, sans doute parce qu’un peu trop éloigné du reste de l’album. d kitchband.bandcamp.com Yann LE NY FACTEURS CHEVAUX Chante-Nuit La Grange aux Belles—distribution Modulor Quatre années se sont écoulées depuis la sortie de La maison sous les eaux, premier opus du duo Fabien Gidollet - Sammy Decoster, période durant laquelle ils ont arpenté les chemins de traverse à la rencontre des habitants de cette France rurale séduits par leur folk pastorale. Temps employé également à créer de nouvelles chansons, dont ce nouvel album est l’écrin. Enregistré dans les conditions du live, dans un atelier en pierre d’une manufacture désaffectée, après une résidence inspirante au sein du Palais idéal de Joseph Ferdinand Cheval, ce nouvel effort guitares/voix est touchant de bout en bout. Les chants s’entremêlent idéalement sur des cordes soyeuses pour une acoustique de fort belle facture. Dame Nature y est ainsi sublimée, pour un voyage sensoriel et poétique hors temporalité qu’il serait indécent de bouder par ces temps troublés. Dans les mois à venir, nos ménestrels nous convient à des concerts intimistes en forêt. L’occasion de savourer leur répertoire dans des conditions idéales! d facebook.com/facteurschevaux ALAIN BIRMANN Vicious Circle Sans autre forme d’introduction ni circonvolutions grammaticales alambiquées, disons-le sans détour, cet album est une putain de belle réussite et il arrive à un moment où le besoin de bonnes galettes n’a jamais été aussi fort. Peu importe si celle-ci n’est pas de Pont-Aven mais d’Angers, elle fera largement l’affaire tant son goût est exquis. Avec ce deuxième album, Lane, ex-Les Thugs et Daria, envoie un rock non formaté qui touche directement aux tripes comme savaient faire ceux qui, avant eux, avaient ouvert la voie d’une scène alternative qui ne calculait rien: The Auteurs, Pixies, Suede, Placebo et les Dandy Warhols en tête. Il y a un peu de tout ça dans ce disque, mais surtout une énergie et un talent qui ne doivent rien à personne. Derrière les deux premiers titres sortis en single, “Voices” et “Pictures of a century”, les 11 autres morceaux sont de la même veine, autant dire très très bons, avec une mention particulière pour les sublimes “Last generation” et “Sing to the last”. d facebook.com/loveandnoiseexperiment
XAVIER-ANTOINE MARTIN
FAUX DÉPART Vie Ordinaire Echo Canyon Records Le rock est mort c’est vrai, mais en surface seulement. Car pour retrouver ce qui a fait l’essence de ce courant musical, s’aventurer dans les bas-fonds devient fondamental. Comme son nom l’indique, cette formation de Lyon s’inscrit dans la précipitation tel un sprinteur sorti trop tôt des starting-blocks et éliminé de fait d’une compétition aux règles intangibles. Le prix d’une liberté à payer, d’une défiance assumée à la différence de ceux qui sont restés en piste... Quelle joie donc de retrouver une équipe de losers chantant la merditude du monde dans une zone d’action considérée comme hors-jeu. En ces lieux s’active une énergie tonitruante, peut-être celle du désespoir, gargarisée de la sorte par des riffs électriques et acérés qui partent comme des balles dans les oreilles. D’une moyenne de deux minutes, les titres fusent et emmerdent bien profond le système, esprit punk obligeant. C’est là le seul bon service qu’ils rendront à la société... d fauxdepart.noblogs.org JULIEN NAÏT -BOUDA LAURENCE-ANNE Première apparition Duprince Il faut s’arrêter un instant sur ce nom d’album d’apparence anodine. Car c’est bien d’une apparition, au sens surnaturel du terme qu’il s’agit. L’apparition, quelque part entre les mondes de Klô Pelgag et de Fred Fortin, d’un écosystème fantomatique où se jouent drames et idylles amoureux, où flottent les bulles colorées du morceau «Virus» et les satellites en perdition de «Chaque nuit». Enregistrées live, les neuf pièces sondent la frontière entre pop électronique et indie rock, avec un souci du détail appliqué au moindre son de caisse claire, au moindre bruit inopiné et bizarre. La Montréalaise joue avec notre sentiment de sécurité, brouillant ici une cadence harmonique, déformant là-bas une structure pour épaissir un mystère. Il faut alors quelques écoutes pour voir clair dans ce trou de lapin musical et en apprivoiser les habitants, mais cela en vaut la peine. Et tant pis si les textes semblent parfois opaques, portés qu’ils sont par une voix et des arrangements envoûtants. d laurence-anne.bandcamp.com BENJAMIN PASCAL JUNIORE Un deux trois Outré disque Mais pourquoi sommes-nous autant à regarder dans le rétro? Parce que c’était mieux avant? Parce que demain s’annonce sans plus de perspectives? Bien des questions qui resteront insolubles mais qui interrogent le concept de création et la composante musicale actuelle... Dans le cas présent, direction les 60’s dans une Gaule où résonnait la libération des corps. Esprit yéyé es-tu là? Il semblerait bien, tant les onze titres de ce disque brassent le passé dans une effervescence contagieuse qui a fait des émules, la preuve. Entre mélopée désenchantée et groove poussant le pas de danse instantanément, twist glissant sur le dance floor, c’est tout un background culturel qui est alors réactivé. Quelques bonbons sonores aux sucres lents, essentiellement énergétiques, «Grave», «Ah bah d’accord», des humeurs slow noirâtres dignes de Timber Timbre, «En Solitaire», et les confidences avouées à voix basse par Anna Jean auront raison de bien des cortex. Encore perplexe sur notre époque? Remontez le temps, sans complexe...
LANE Pictures of a century
d heyjuniore.bandcamp.com JULIEN NAÏT -BOUDA LOMBRE La lumière du noir Sony Music France Digne héritier de Fauve, c’est habité par le collectif à fleur de peau que le rappeur débute. Il lui emprunte ses textes introspectifs, sa mélancolie incisive et son flow accessible. Loin d’être un “copier-coller”, le musicien ajoute sa touche de rage et ses riffs urbains pour parfaire ses 6 titres embrumés. “Quand la ville dort” donne au terme urbain son sens propre. Le morceau parlé évoque la solitude sur fond de mélodies posées aux harmonies soignées. Le tourbillon de ses sentiments et son besoin de se démarquer en société s’intensifient à coup d’électro entêtant. “Espoir noir” est un cri du cœur qui évoque la bile noire avec bienveillance. “La colombe” aux refrains chantés pourrait être le rejeton de Bigflo & Oli et Sniper. En entrecoupant son dernier titre “La lumière noire” d’un discours enregistré, il dévoile son urgence à rejoindre la lumière à coup d’énumérations rythmées et puissantes. Avec sa capacité à parler à l’âme, sortir de l’obscurité ne tient qu’à une note. d lombre.fr Julia Escudero
YVAN MARC L’Ancien Soleil Label Diff 43 Huitième album déjà pour le natif d’Écotay-l’Olme qui fêtera bientôt ses vingt ans de carrière. Si Yvan Marc a connu les projecteurs médiatiques, il a toujours préféré aux sunlights l’authenticité de sa Haute-Loire natale. La beauté de ce département, où plus qu’ailleurs on peut ressentir la solitude des grands espaces, transparaît à chaque instant dans ce superbe disque. Il y a une douceur dans cet album qui magnifie les bonheurs simples de la vie comme le fait d’arroser son jardin ou de longer une ferme, une inventivité permanente qui donne envie de prendre immédiatement les chemins de traverse. Yvan Marc chante sur les onze plages qui composent ce disque, l’amour, les migrants, la terre avec une élégance rare et un talent infini. Les arrangements sont d’une grande subtilité et les invités apportent un vrai plus à l’opus (à l’image de Cécile Hercule). Il est de bon ton aujourd’hui de dénoncer la technologie, les grandes villes, la pollution mais cela est rarement fait avec autant de sincérité et de talent qu’ici. d yvanmarc-officiel.com PIERRE-ARNAUD JONARD A tant rêver du roi Le combo toulousain est assurément taillé pour la scène, où ses concerts bouillants et électriques provoquent sidération, jubilation, fascination. Toute sa difficulté est de pouvoir transposer cette énergie sur disque. Sur le précédent, c’est vers un psychédélisme bruitiste que le groupe s’était dirigé, pour un résultat prometteur. Aujourd’hui, le sextet affirme sans se renier un propos musical plus frontal, et atteint par moments un véritable état de grâce. Servis par des compositions redoutables, la chanteuse Aniela Bastide active avec autorité une mécanique post-punk absolument démente. Particulièrement inspirés, ses musiciens insufflent à l’envi lacérations shoegaze, pesanteur coldwave, digressions post-rock et soubresauts noise, avec une précision chirurgicale. Cette intention permet à leur musique intransigeante, foncièrement attirée par l’expérimentation et le hors-format, de se laisser au bon moment déborder par ses émotions, entre plages d’accalmie et déferlements tempétueux. d facebook.com/princessthailandmusic LAURENT THORE MOONLIGHT BENJAMIN Simido Ma case/Absilone La musique vibrante de cette musicienne emblématique de la Sono Mondiale véhicule une puissance percutante et imposante, puisant son énergie dans la culture de résistance et d’insoumission du peuple haïtien. A travers sa tessiture si remarquable et si unique, elle transporte très naturellement son intense magnétisme vocale empreint de jazz et de blues, parfois proche, d’ailleurs, de figures emblématiques du panafricanisme comme Rokia Traoré ou Tracy Chapman, sur le terrain électrique et lyrique des rockeuses troublantes et émancipées que sont Anna Calvi et PJ Harvey. A l’instar de Mélissa Laveaux, elle démontre avec conviction et créativité toute la modernité, la vivacité, la musicalité de la langue haïtienne, en sortant ainsi tout simplement un des disques de rock les plus intenses de l’année, à rendre jaloux les Black Keys et Jack White réunis. Plus largement, elle écrit un nouveau chapitre inspirant et généreux de la créolitude, propice à réveiller les consciences et les cœurs. d moonlightbenjamin.com LAURENT THORE Poupaprod Un chevalet sous le bras et la sacoche de peinture sur l’épaule, R.wan réajuste sa casquette-béret (forme gavroche) et s’en va distiller sa peinture faite de mots, du moins a-t-on le droit de l’imaginer. D’abord parce que La gouache est un mélange de chanson, de rap et de musette, bref du folklore à la française auquel l’artiste nous a habitués depuis plus de vingt ans à travers ses différents projets (Java, Soviet Suprem, le tout parsemé d’albums solos sur la route). Cette authenticité du son est en réalité celle du chanteur lui-même, un coup de pinceau personnel qui donne aux treize titres de l’opus une qualité exceptionnelle. Aussi, parce que l’album est une claque de savoirfaire musical. Sa diversité, la rigueur apportée à chaque morceau, l’humour, le sérieux, la satire et l’espoir ne font qu’un tout au long de ces 45 minutes. De la verve, une attitude un poil déjantée, le cocktail fait mouche. Un must pour cette fin d’année. d r-wan.fr GABRIEL VERHAEGHE P’TIT BELLIVEAU Greatest Hit vol 1 Bonsound Records Il y a des disques qui résonnent plus loin que la simple expérience sonore et qui s’affichent tels des artefacts culturels illustrant tout un espace mental en vigueur. De l’Acadie il est ainsi question dans ce premier volume tiré de l’expérience de vie d’un gars qui respire la bonhomie. Charpentier de formation, Jonah Guimont y décrit son sentiment relatif au sens de l’existence, appelant à lâcher prise face à une société qui a bien du mal à faire sens. Sorte de manifeste naturaliste où il préfère les animaux à l’humain, ce LP s’articule en dix pistes d’une richesse sonore folklorique et vivifiante, sorte de croisement entre Mac DeMarco et Les Louanges. Misant sur une country-folk aux senteurs blues, lo-fi et même psyché, cet esprit dissonant renverse bien des esthétiques, songwriting à l’appui de mélodies diablement accrocheuses. D’un métalangage au lexique unique, le phrasé déployé possède cette onde magique capable d’envoûter les esprits instantanément. Renversant! d bonsound.com/fr/artiste/ptit-belliveau
JULIEN NAÏT -BOUDA
RASKOLNIKOV Lazy People Will Destroy You Manic Dépression/Icy Cold Records Imprégnée des sons qui ont rythmé les années 1980, de la new wave à la cold wave, la musique habitée de ce trio, né en 2015, est le terrain d’une confrontation entre deux humeurs : une où domine l’énergie, où l’amertume se fait rage et les idéaux passions, et une autre où la désillusion prend le dessus, laissant les sentiments les plus négatifs, regret, peur et aliénation, plonger l’être dans une douleur ankylosante. On suit tous les tiraillements de l’âme humaine en passant des flamboyantes guitares gothiques de “Faut pas faire chier Albert Roche” aux frimas synthétiques de “Fall colours”, à la révolte postpunk de “Don’t wanna see the doctor today” et aux brumes shoegaze de “Stockholm 3”. Les considérations existentialistes et les inspirations philosophiques et littéraires (à commencer par le nom du groupe, emprunté au célèbre personnage de Dostoïevski dans Crime et châtiment) transmettent leur profondeur à un propos musical de bout en bout intense et captivant. d raskolnikov-band.com JESSICA BOUCHER-RÉT IF
PEROKE Tropism animalism Ovastand Musique de l’espoir et de la mélancolie, de l’ombre et de la lumière, la musique des Tourangeaux l’est assurément, mais elle est surtout, sur ce premier LP, hybride et cosmopolite. Si son tempérament est foncièrement électronique, elle est aussi par essence organique, marquée par les sonorités du funk, du jazz, de l’afrobeat, de Bollywood, du chaâbi, du krautrock, du disco. La maîtrise de la matière instrumentale est telle que les éléments fusionnent entre eux plutôt qu’ils ne s’additionnent, quelle que soit l’influence culturelle de chaque morceau. Comme un groupe aussi percutant et passionnant qu’Acid Arab, qu’un producteur aussi inventif que Debruit, le duo formé par Fred Guillon et Sylvain Rouselle active un espace dancefloor différent qui s’adresse aussi bien au corps qu’à l’esprit, dans une relation au groove bien plus proche de la sensation d’oubli et de transe de certaines musiques traditionnelles que de l’hystérie frénétique et collective de la techno et de la house.
PRINCESS THAILAND And We Shine R.WAN La gouache d facebook.com/perokeofficial LAURENT THORE ROPOPOROSE Dark star Figures Libres Records/Thoré Single Club Après avoir monté il y a quelques temps le très bon groupe Namdose avec les Belges de BRNS, Pauline et Romain Benard, la fratrie vendômoise qui compose Ropoporose, s’essaie aujourd’hui à un nouvel exercice sur Dark star. Composés entre juillet et octobre 2019, ces neuf titres forment un album instrumental de 25 minutes tiré de la création de leur ciné-concert sur le film éponyme de John Carpenter, paru en 1974. De quoi entrevoir une nouvelle facette de leur écriture, à travers des plages plus sombres que les chansons pop-noise auxquelles ils nous avaient habitués, et des titres contemplatifs ou fougueux qui s’étirent à la perfection en déployant leurs ambiances cold-wave, synthétiques (“Pinbacks diary”) et post-rock. Aussi à l’aise et inspirés dans l’ambient (“Fiat lux”) que dans la frénésie du free-jazz et du rock expérimental (“Talby fixes the laser”), le duo familial signe là une super bande-son au long-métrage du réalisateur américain, dressant par la même occasion un bel hommage sonore à la SF. d ropoporose.com ÉMELINE MARCEAU
SAMUEL ROZENBAUM La bande song Autoproduction Voilà un touche-à-tout iconoclaste comme on les aime! Ce voyageur dans l’âme est arrangeur-réalisateur musical (pour Vincent Baguian, Gauttier Duparc, Bastien Lucas et bien d’autres), régisseur, monteur vidéo, graphiste (affiches, dessins animés, pochettes de disques et clips...), photographe et il est en train de terminer un roman... Entre temps (sic), il a écrit des chants-songs! Qu’il lie à des images qu’il réalise à travers ses voyages. Ce premier sept titres fait office de thérapie à son auteur, mais ses confessions sont tellement les nôtres qu’elles deviennent miroir de nos âmes solitaires. L’enfance refait surface, nos lâchetés aussi, on essaie de panser nos plaies, du moins les voir en face... Musicalement, on se balade dans des univers doux et world à la fois, ponctués de petites trouvailles originales bienvenues. Mais comme sortir un disque, juste comme ça, c’est pas son genre, Samuel propose une “expérience visuelle, musicale et participative” avec expo photo, concert perso dans les oreilles du visiteur et... interaction surprise! d labandesong.fr SERGE BEYER EMMANUEL TUGNY Délie Boom Records/Inouïe Distribution Musique et littérature se partagent la vie créatrice d’Emmanuel Tugny, au point qu’il les réunit dans plusieurs de ses œuvres. Ce fut notamment le cas dans Ralbum rouge, projet mené avec Olivier Mellano, puis dans son album EmilyandIwe où sa musique accueillait les poèmes d’Emily Dickinson et, depuis 2017, dans un triptyque où il met ses compositions au service de textes littéraires pour mieux les transmettre. Après un premier volet consacré au corps et puisant dans les poèmes de Tristan Corbière, Délie se tourne vers l’âme et l’œuvre éponyme de Maurice Scève. Introduits dans le champ du rock expérimental, les vers du poète de la Renaissance révèlent toute leur modernité. Scève délivre en effet un message essentiel en notre période hantée par la finitude: que l’art est justement le moyen de la dépasser. Mots et notes s’entrelacent, ricochent les uns contre les autres, se répondent en un dialogue inépuisable. d facebook.com/EmmanuelTugnyMusic
JESSICA BOUCHER-RÉT IF
THE ETERNAL YOUTH Nothing Is Ever Over Kicking Records—TFT Label—Opposite Prod-Omnivox Leur premier album, Me and you against the world, ancré qu’il était dans le punk 77 et le hardcore mélodique américain, avait été une bien belle réussite. On les attendait au tournant avec ce second opus... Celui-ci lorgne davantage vers la cold wave et le post-punk. À son écoute, on pense notamment aux mythiques Chameleons mais également aux Mancuniens des Buzzcocks et des Smiths. Les guitares sont bien évidemment toujours au rendezvous et l’énergie bien présente mais ce deuxième album apparaît comme plus mature et maîtrisé que son prédécesseur. Aux guitares cinglantes qui ont toujours fait leur force, les Caennais ajoutent aujourd’hui des harmonies vocales pop qui font mouche à tous les coups. On sent un groupe qui a passé un palier et se montre désormais sûr de son fait. D’autant que ce disque, extrêmement bien produit est d’une efficacité incontestable. En huit morceaux et trente minutes chrono, tout est dit. Une bien belle confirmation; dans le style poppunk, un must. d theeternalyouth.com PIERRE-ARNAUD JONARD Offensive Records L’anticonformisme et la provocation ont toujours été chez O, tête pensante et principalement agissante d’Undercover Slut, bien plus que des postures: une véritable manière d’être. Assimilant ironiquement son art à fortes convictions à de la «propagande» et revendiquant son aura de souffre, marque de sa réussite, il crache depuis 1995 son venin plus sain qu’il n’y paraît sur toute fausse bien-pensance, sur la grégarité de chapelles et les agissements immoraux qui gangrènent une société plus viciée que lui. Après avoir frappé à distance rapprochée dans les années 2000, UCS a pris son temps pour livrer son troisième assaut, sans avoir rien perdu de sa hargne corrosive. Mieux: tout en conservant son socle stylistique fait de metal industriel et de shock rock teinté de glam, il parvient à en repousser les limites avec l’intégration d’éléments électroniques et hip-hop. S’il remet enfin le couvert, c’est pour mieux mettre les pieds dans le plat: excitant, dérangeant et radical, UCS se fiche pas mal d’être aimé mais revient avec un album qu’il est difficile de détester… d ucs322.com JESSICA BOUCHER-RÉT IF THOM B Ballade imaginée Mare Nostrum Sorti sur l’excellent label ambient Mare Nostrum, gage de qualité s’il en est, ce disque du producteur electronica Thom B est une petite merveille. Ce musicien connu pour ses expérimentations modulaires à la croisée du drone et de l’ambient nous offre ici, n’ayons pas peur des mots, un petit chef-d’œuvre. À travers les huit plages qui composent l’album et sont autant de rêveries: “Quitter la civilisation”, “Variation”, “La route étrange”,“Pluie et vibrations”... Le musicien compose une symphonie magistrale d’une grande maîtrise et d’une rigueur exemplaire. On pense bien sûr parfois à Brian Eno qui a inventé le genre (notamment sur l’intro de “Quitter la civilisation” ou sur “Retour au réel”...) mais Thom B, s’il a certes quelques influences, crée ici une œuvre forte et personnelle. Il produit sur cet album une musique d’une grande intelligence, un peu “savante” mais qui prend l’auditeur par la main pour l’entraîner dans une promenade féerique ou le “télétransporter” dans l’au-delà. d facebook.com/thomb.musique PIERRE-ARNAUD JONARD VERTIGE Populaire at(h)ome En vieux routiers du rock français, Jérôme Coudanne (Deportivo) et Robin Feix (Louise Attaque) ont décidé de repartir à zéro avec cette nouvelle formation en suivant un cahier des charges bien précis : aucune guitare, une orchestration articulée autour de la basse et de quelques claviers et boîtes à rythmes rudimentaires, et des titres courts (deux minutes voire moins) écrits de manière peu académique, parfois sans refrain, suivant le précepte de la pop radicale inventé par leurs soins, faisant résonner la langue de manière assez étonnante. Et, tout au long de treize plages, le groupe fait honneur à son patronyme en donnant bel et bien le vertige à ses auditeurs. De l’art de marier les contraires, le groupe pose à la fois un pied dans la cold wave et l’autre dans les musiques latines, créant ainsi un choc musical trahissant la volonté de sortir des chemins balisés. Car c’est, au final, bien de cela qu’il s’agit : proposer une expérience d’écoute inédite et obsédante. d facebook.com/vertigeofficial RÉG IS GAUDIN TOUKI Rights of passage Autoproduit Cory Seznec et Amadou Diagne se sont rencontrés dans un bar à Bath en Angleterre, en 2007. Une improvisation plus tard et la connexion est puissante. Pourtant, l’album aura pris du temps à se faire. Enregistré dans le studio de Peter Gabriel à Londres, les chansons du Franco-Américain et du Sénégalais naviguent entre l’héritage griot et la tradition folk blues américaine. Les instruments se mélangent : le banjo et la kora, le djembé et la guitare. Les 13 titres qui résultent de ce travail en commun étonnent par le nombre de sonorités évoquées. Tantôt celtique (“Rumba on the canal”), tantôt ouest-africain (“Yaye Bouye”), le disque ne se fige pas dans un simple hommage, mais cherche sa propre voie. Ils s’amusent même à aller vers la musique éthiopienne, Cory Seznec y ayant travaillé son jeu pendant trois années. Avec une production fournie et précise, leur album présente une musique traditionnelle plus que jamais moderne.
UCS Haters Gonna HATE the New UCS d touki.bandcamp.com Yann LE NY ZOË Back into the light LX/Brennus Music Après six longues années d’absence, le combo nordiste aux 14 années d’existence revient avec un quatrième album dont le titre en dit long sur leur envie de faire résonner leurs instruments urbi et orbi. Comme annoncé avec le premier titre proposé en single, “Voices”, le groupe reste fidèle à ses racines hard stoner rock, dans la lignée des groupes de Josh Homme, Kyuss et Queens of the Stone Age. Les guitares sont toujours aussi incisives et si la voix est devenue un peu plus grave avec le temps, cela ne fait que donner plus de relief à un son parfaitement apprivoisé par Olivier T’Servrancx, sorcier patenté du groupe. Alors que “Go like a bomb” et “Down in a hole” se rapprochent plus d’une scène des 70’s à la croisée des genres (MC5, Black Sabbath), “Band of brothers” est un hommage à Lemmy de Motörhead qui aurait trouvé en les Calaisiens les bons camarades de jeu qu’il cherchait dans “Ace of spades”: «If you like to gamble, I tell you I’m your man». Un disque totalement réussi du début à la fin. d facebook.com/zoeisadirtylittlesister