Longueur d'ondes N°93

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chroNiques Des centaines de chroniques sur longueurdondes.com

BÄRLIN The Dust of our Dreams

CAMILLE BENATRE Après le soir

BRAZZIER Lignes Futures

CATHÉDRALE Houses are build the same

Lilian Prod Cinq ans séparent ce troisième album d’Emerald Sky, le dernier LP du trio paru en 2015, un temps relativement long qui peut aisément s’expliquer par la teneur de ces nouveaux titres. Lesquels prennent - justement - le temps de se construire, de se développer et de se mouvoir avec délicatesse et puissance pendant prés de quarante minutes, défilant comme les paysages d’un voyage incandescent. Si la clarinette s’affiche comme élément essentiel de ce disque (le 1er d’un diptyque à venir) et ensorcelle dès le début de “Pagan rituals” ou sur “The feast”, les basses assombrissent régulièrement les paysages dessinés (“Emerald sky”), tandis que la batterie joue régulièrement aux montagnes russes. Le chant, lui, reste singulier en tous points : grave, lyrique, passionné (“The Dust of our dreams”), toujours incarné, habillant avec volupté un rock vibrant et incantatoire, aux courbures froides, aux inspirations jazz, aux accents folk-rock et aux fulgurances post-rock, parfois proche de 16 Horsepower ou Nick Cave. Intéressant.

Hidden Bay Record / Idol Réalisé en totale autonomie, le troisième album du Toulousain (officiant avec sa sœur au sein du duo folk Alone With Everybody) s’inscrit dans une veine pop-folk qui lui va à ravir. Lorgnant vers des arrangements élégants dont Elliot Smith s’est fait le spécialiste en son temps, le musicien a doté ses nouvelles chansons d’attributs séduisants qui ne tardent pas à satisfaire nos désirs de beauté. Beaucoup de douceur dans ce disque qui explore pourtant des thématiques douloureuses (regrets, jalousie...) sans jamais plomber l’atmosphère. De “Laisse filer” à “Le message”, en passant par le très accrocheur “Vieux loup” et l’instrumental d’obédience orientale “Ticket pour Téhéran”, Camille Bénâtre démontre si besoin en était qu’il est un artisan très précieux de la chanson sur qui il faut désormais compter. Au passage, il rend un déférent hommage à William Sheller avec la reprise en mode americana du très beau “Les miroirs dans la boue”, titre qu’il s’approprie avec beaucoup de délicatesse.

Binaire Ordinaire Pur produit d’une scène rennaise qui n’en finit pas d’étonner, Max Balquier, que l’on avait déjà croisé dans Frigo (signé alors sur Première Bande, le label de Rodolphe Burger) et plus récemment avec You, Vicious !, prend la poudre d’escampette le temps d’un projet solo au nom incandescent. De ce feu intérieur qui l’anime jaillissent 8 titres oscillant entre nostalgie et espoir, portés par un beat electronica puissant à la Kompromat, contrastant avec la beauté noire de textes au réalisme saisissant où l’on parle d’amour essentiellement. On se surprend à marcher sur des braises en écoutant “Lune de sang” avant de s’abandonner dans un saut en apesanteur avec l’abyssal et énigmatique “Parachute”. Tout au long du disque, tiraillés entre science-fiction et monde bien réel, on reste en apesanteur comme pour échapper à ce brasier incandescent qui finira bien par nous consumer (« On s’est tant aimés, on a fini par brûler … / ... on est partis en fumée » — “Équation”). Obsédant et fascinant à la fois.

Howlin’ Banana Personne n’attendait les Toulousains à un tel niveau d’expressivité post-punk, malgré une discographie prometteuse déjà porteuse de deux albums attachants et énergiques. Ce nouvel opus se signale en premier lieu par son enchaînement de tubes en puissance, en digne rejeton de XTC, Wire, Devo et bien sûr des Clash de Joe Strummer. Ne cédant pas à la tentation du moment, de plonger dans les méandres élégiaques et sombres tendance “death rock”, le quatuor développe une musique fédératrice, haletante et surtout lumineuse, marquée par une envie et une motivation palpables. La rage inhérente au punk est bien sûr très présente, mais elle se manifeste dans une énergie extrêmement positive, à la fraîcheur détonante, appuyée par le tempo dansant de son tandem basse-batterie imparable. Quand le rythme redescend d’un cran comme sur le presque grunge “Right time”, le groupe, à travers ses deux chanteurs, Jules et Félix, joue sur le terrain mélancolique avec une justesse confondante.

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ÉMELINE MARCEAU

ALAIN BIRMANN

Xavier-Antoine MARTIN

LAURENT THORE

LONGUEUR D’ONDES N°93 43


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