Le Montaigu

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Aujourd’hui, entre espace récréatif et de loisir et mise en défense écolo-patrimoniale, la porte s’avère étroite pour maintenir une agriculture de montagne adaptée. La mise en parallèle de l’évolution des espaces pastoraux du Montaigu avec celle des communautés qui les ont mis en place sert de fil conducteur pour analyser le fonctionnement de ces territoires et des sociétés qui les mettent en valeur au cours du temps. L’ouvrage est accompagné de plus de 100 illustrations (photographies, cartes et graphiques) et propose 11 itinéraires de découverte du Montaigu et de ses estives dans les pas des bergers.

Alain Cazenave-Piarrot est géographe, maître de conférences à l’université de Toulouse Jean-Jaurès. Ses champs de recherche portent sur la géographie rurale des hautes terres d’Afrique de l’Est et des Pyrénées. Il assure depuis dix ans le cours « Géographie des Pyrénées et des autres montagnes » à l’université du Temps libre Tarbes-Bigorre.

ISBN 978-2-86266-789-8

25 €

Montaigu_couv-entière.indd 1

www.loubatieres.fr

Gilbert Peyrot est professeur des écoles honoraire. Passionné d’histoire des Pyrénées en général et de la Bigorre en particulier, il a contribué, en collaboration avec Alain Cazenave-Piarrot, à la réalisation de documents pédagogiques dans ces domaines.

Alain Cazenave-Piarrot Gilbert Peyrot

Le Montaigu montagne pastorale de Bigorre

L

e Montaigu, situé en Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, est un des sommets qui forment le premier rideau des massifs pyrénéens. Ses estives constituent depuis longtemps une richesse pour les acteurs qui s’en assurèrent le contrôle. Aux ressources en herbages s’ajoutent celles des forêts, des mines, aujourd’hui abandonnées mais toujours riches des gisements de plomb et de cuivre, et l’abondance des eaux, qu’elles soient à usage thermal, d’irrigation ou de production hydroélectrique.

Le Montaigu montagne pastorale de Bigorre

géohistoire d’un espace d’altitude

Alain Cazenave-Piarrot & Gilbert Peyrot

éditions Loubatières

25/05/2021 18:54


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l e m o n ta i g u m o n t a g n e p a s t o r a l e d e B i g o r r e


Alain Cazenave-Piarrot & Gilbert Peyrot

Le Montaigu

montagne pastorale de Bigorre

géohistoire d’un espace d’altitude

éditions Loubatières

L’ h o m m e e t l a n a t u r e a u M o n t a i g u

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Sommaire

Préface ………........................................................ 7 Introduction ......................................................... 9

La fin de la présence anglaise en Bigorre (1404-1407) ................................................... 48 Les autres traits culturels partagés par les Communautés du Montaigu ... 48

PARTIE 1

PARTIE 2

L’homme et la nature au Montaigu ........ 17

Chronique des estives : les Communautés paysannes et les ressources de l’altitude ................... 53

Les estives du Montaigu, un espace pastoral montagnard .................................. 17 De rares accès routiers ................................... 18 Un espace largement pédestre : sentiers et cheminements ......................... 20 Un objet géographique caractérisé ........... 23 Les paysages contrastés d’une moyenne montagne ....................... 23 Une longue histoire géologique : une portion de massif ancien et sa couverture sédimentaire, portées en hauteur par l’orogénie pyrénéenne ...................................................... 25 Les ressources d’une montagne pastorale et minière : sols, végétation, eau, gîtes minéraux ..................................... 28 Focus n° 1 Les inondations du printemps 2013 ........ 34 Géohistoire du Montaigu : aperçu d’un espace d’altitude au xive siècle .... 37 Un territoire administré et surveillé ......... 37 Focus n° 2 Le vicomte du Lavedan ................................. 39 Le document source : le Livre Vert de Bénac ............................................................ 41 Les devoirs des ports et estives .................. 41 Focus n° 3 Le comté de Bigorre et le Royaume de France au xive siècle ............................. 47 La crise de succession du comté de Bigorre ... 47 La Bigorre dans la guerre de Cent Ans ....... 47

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Traces anciennes de l’occupation humaine : archéologie et mythes .......... 54 Tertres, cercle de pierre et mines .............. 54 Les mythes d’origine : le Serpent d’Isaby et la chanson de Milharis ......... 54 L’enseignement des documents : de l’an mil à la Révolution ....................... 58 Les estives avant l’an mil .............................. 58 La charte de Trébons, acteurs et pouvoirs au Moyen Âge ...................... 58 Limites et toponymes : de la charte à la carte ............................................................ 61 Rachat des droits seigneuriaux, par les Maisons paysannes et les Communautés au xvie siècle sur le versant du gave ................................. 67 Un droit d’exploitation : la fromagère ......... 67 Des seigneurs propriétaires de droits de pacage dans certaines estives .................. 67 Les ventes des droits seigneuriaux au profit des Communautés et des Maisons ............. 68 Au xviie siècle, les Cinq Communautés défendent leur autonomie dans l’Houscau ............. 68 Qui dispose des droits sur la montagne de l’Houscau : les Cinq Communautés ou le sénéchal du roi-comte ? ....................... 69 Le pouvoir réglementaire des Cinq Communautés dans la montagne de l’Houscau, expression de leur souveraineté ....................................... 69

Une association de Maisons paysannes, maîtresses de leurs droits : la montagne de Baran ........................................................... 72 Place respective des Communautés et des Maisons dans les estives .................... 74 Ajustement des limites et des droits au xvie et xviie siècle sur le versant de l’Adour de Lesponne ........................... 74 À chaque bésiau ses estives ............................... 74 La transaction Bagnères-Bénac en 1615 : le marché, un privilège urbain ................... 75 Focus n° 4 Les sites pastoraux de l’Houscau dans les dénombrements des xviie et xviiie siècles ........................... 77 La Révolution et ses conséquences sur les droits des montagnes ................... 79 La vente des biens nationaux ......................... 79 L’apparition d’un nouvel acteur .................... 79 Focus n° 5 Naouit, la montagne de Lourdes .............. 82 La mise en place des communes et du cadastre ................................................. 84 Les conflits : nouvelles juridictions et vieux différends ........................................ 84 Castelloubon et baronnie des Angles entre 1852 et 1903 ........................................ 84 Bénaquès et Bagnères : entre 1858 et 1867 ........................................ 84 Labassere et Pouzac, puis Labassère, Astugue, Neuilh contre Trébons ................. 85 Dernier acte du règlement de Baran ............ 85 Focus n° 6 Mémoires des derniers bergers .................. 86 L’entrée dans l’Houscau .................................... 86 L’éducation du berger ........................................ 87 Propriétés et entretien des cabanes ................ 87 La gestion du troupeau sur les estives .......... 88 L’estive, recours contre la sécheresse pendant trois Notre-Dame ......................... 88

l e m o n ta i g u m o n t a g n e p a s t o r a l e d e B i g o r r e


PARTIE 3 Les fonctionnements actuels de l’espace montagnard ............................ 91 Évolution de la pastoralité depuis le xixe siècle ..................................... 91 Du trop-plein d’hommes à l’exode ........... 91 Les évolutions du modèle agropastoral ancien ..................................... 92 Quand les éleveurs du Montaigu utilisent les estives de la vallée de Barèges ....................................................... 92 Société en mutation, pastoralité renouvelée ....................................................... 94 Les habitants du Montaigu : des effectifs en forte baisse ...................... 94 Un peuplement en périphérie du massif ...... 94 Le paradoxe de l’actuelle présence humaine ............................................................ 95 L’émergence de nouvelles fonctions pastorales à la fin du xxe siècle ............... 96 Nouvelle donne pastorale à partir des années soixante ........................................ 97 Des objectifs parfois contradictoires ............ 100 La recomposition des activités pastorales ....................................................... 102 Les activités d’élevage s’insèrent toujours plus dans les territoires ............... 102 Des troupeaux essentiellement autochtones ..................................................... 103 Les enjeux pastoraux du temps présent ...... 104 Le Montaigu, espace inclus, même de loin, dans le maillage périurbain ..................................................... 106 Images et représentations du Montaigu ................................................ 106 Le Montaigu dans la construction du pyrénéisme ................................................ 106 Montaigu sous quelques plumes pyrénéistes observations de visu, effets de miroir .......... 107 Montaigu territoire approprié, espace symbolique ......................................... 110 L’ S ohm o m ami e r ee t l a n a t u r e a u M o n t a i g u

Les activités de loisirs : enjeux autres que ceux du pastoralisme .......... 113 Jamais les hommes ne furent aussi nombreux à fréquenter les estives du Montaigu ................................................. 113 La station de sport d’hiver du Hautacam marque spectaculairement les paysages de la partie ouest du massif ....................... 114 L’émergence d’une économie résidentielle autour du Montaigu ........... 116 Désignations nouvelles et requalification de l’espace montagnard .................................................. 118 Un espace montagnard redésigné ................ 118 Des activités agricoles et pastorales qui, même affaiblies, restent garantes du paysage ...................................................... 120 La construction d’une nouvelle image de la montagne montaigusienne .............. 120 Focus n° 7 24 juillet 2014, arrivée d’étape à Hautacam .................................................. 123 Final pyrénéen ................................................ 125

ITINÉRAIRES Onze itinéraires, sur les pas des bergers Itinéraire 1. De Berbérust-Lias au col de Tramassel, l’accès par la Poudge ... 130 Itinéraire 2. Du col de la Moulata vers le lac d’Isaby ........................................ 133 Itinéraire 3. À partir du même col de la Moulata, un deuxième sentier rejoint la hourquette d’Houscau ........................ 135 Itinéraire 4. De la hourquette d’Houscau vers le lac de Bassias ................................. 137 Itinéraire 5. De la hourquette d’Houscau vers le lac d’Ourrec .................................... 138 Itinéraire 6. De Mourède, par le col de Bareilles, jusqu’au lac Bleu ......................................... 140 Itinéraire 7. De la hourquette du Houscau vers la montagne de Baran et le Bénaquès ............................................. 142 Itinéraire 8. Du col de la Moulata vers le Lhens, Ousse et le Pourtet, montagne des Angles ..................................................... 144 Itinéraire 9. De Germs-sur-l’Oussouet vers Séras et le Couret du Portet .............................. 147 Itinéraire 10. Du col de Couret aux Aygues et col de Culentous ................................... 152 Itinéraire 11. Du Hourc au col de Tos et au Montaigu ........................................... 155 Sources orales, cartes, bibliographie ...... 161 Glossaire ............................................................ 165 Remerciements ............................................... 169 5


Répartition des Communautés ayant des droits sur la montagne du Montaigu Modèle de représentation à partir des limites des communes actuelles du département. En gras, les villes repère.

1. Vic du Castelloubon Berbérust-Lias Cheust Gazost Ger Germs-sur-l’Oussouet Juncalas Ourdis-Cotdoussan Ourdon Ousté Saint-Créac 2. Vic des Angles Angles (Les) Arcizac-ez-Angles Arrayou-Lahitte Arrodets-ez-Angles Artigues Bourréac Escoubès-Pouts Gez-ez-Angles Jarret Julos Lézignan Ossun-ez-Angles Paréac Sère-Lanso

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3. Vic de Dabant Aygue Artalens-Souin Ayros-Arbouix Beaucens Boô-Silhen Geu Préchac Saint-Pastous Vier-Bordes Villelongue 4. Bésiaus d’Adour Ouest Astugue Bagnères-de-Bigorre Labassère Montgaillard Neuilh Pouzac Trébons 5. Vic du Bénaquès Averan Barry Bénac Hibarette Lanne Layrisse Loucrup Louey Orincles

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partie i

L’homme et la nature au Montaigu 1. Les estives du Montaigu, un espace pastoral montagnard Vu des espaces en contrebas, le Montaigu change de visage selon l’endroit d’où on l’observe. Le sommet, un dressant de roches anciennes, vieux calcaires et quartzites, enlevés à 2 339 m d’altitude, domine les reliefs alentour. En arrivant de la plaine de Tarbes, Montaigu dessine une crête effilée, ligne épurée à côté du pic du Midi de Bigorre (2 876 m) dont la masse compacte manque de sveltesse malgré 537 mètres supplémentaires. Vu de l’ouest, Montaigu aligne sa crête sommitale en plan égal avec les cimes voisines dont il se distingue mal, semblant ici une autre montagne, avec les larges plans inclinés qui montent vers son sommet. Pour qui vient de l’est, Montaigu se détache avec soin de la ligne dentelée des sommets, dès Saint-Gaudens ou Montréjeau, aux côtés de son méridional voisin. Depuis les sommets du sud, Montaigu, proue de navire au-dessus des premiers chaînons pyrénéens, fait face aux espaces en contrebas, semble tourner le dos à la montagne, tandis que s’articulent à ses pieds les immensités pastorales de ses estives. Depuis le sommet de son alter ego, le pic du Viscos (2 141 m), le Montaigu ne mérite pas sa référence à la pointe et aux pentes qui permettent de le désigner depuis les plaines du contrebas. Vue d’ici la double pointe du sommet ne se distingue guère et L’ h o m m e e t l a n a t u r e a u M o n t a i g u

notre pic se dégage mal des crêtes voisines, Pène Malo (2 118 m), qui dégringole vers le col de Tos, crêtes qui descendent vers le col des Rosques. En revanche le panorama depuis le pic du Viscos permet d’apprécier dans toute sa puissance la force et la compacité du massif, à peine ouvert par la double entaille des vallées d’Isaby et d’Hérou qui divergent au hameau d’Ortiac. La garde est montée à gauche par le Nerbiou (1 747 m), à droite par le Turon de Hailla (1 821 m), tandis que l’interfluve s’élève puissamment vers les crêtes aériennes qui conduisent au pic de Léviste (2 463 m) puis au Mail Arrouy (2 488 m), sentinelles avancées d’une série des sommets qui séparent, vers le sud, notre domaine de la vallée de Barèges, avant de conduire d’une part au pic du Midi de Bigorre (2 872 m), d’autre part vers les parties sommitales de la chaîne. Car davantage qu’un massif, Montaigu désigne, avant tout, un ensemble d’estives, pâturages d’altitudes, répartis depuis les débuts du pastoralisme pyrénéen, entre plusieurs catégories d’ayants droit, essentiellement éleveurs des différentes Communautés des contrebas. Dans les espaces qui entourent le pic éponyme, les sociétés pastorales successives ont organisé un territoire. Celui-ci se 17


Montaigu, vu depuis le Cabaliros.

découpe en plusieurs quartiers étagés sur des pentes de moyenne montagne, mais fonctionne, au départ, comme un territoire fiscal, ainsi que le font apparaître les indications du Livre Vert de Bénac, ancien cartulaire des vicomtes du Lavedan.

de rares accès routiers

Jusqu’à une époque récente, seuls les cheminements pastoraux permettaient d’accéder à la montagne d’estive que constitue le Montaigu. Les routes sont récentes au Montaigu. De plus, elles sont rares. Elles s’arrêtent bien vite, laissant indemne de tout véhicule, le cœur du massif. C’est au pas des hommes et du bétail que l’on circule à travers les estives du Montaigu.

(6) Jacquot A. Sanatorium du Chiroulet. (7) Leleu. Atlas cantonal. 18

La route départementale n° 29 qui, à partir de Beaudéan, remonte l’étroite vallée de Lesponne jusqu’au Chiroulet, constitue le plus ancien cheminement carrossable. Elle fut rendue apte à la circulation dès la fin du xixe siècle pour faciliter

l’accès des touristes au Chiroulet 6. À partir de la route départementale deux pistes forestières, permettent d’accéder ou de s’approcher des estives du Montaigu, en franchissant de brusques dénivelés à travers les bois qui tapissent les versants de la vallée. Le premier accès part de la croix de la Vialette à 750 m d’altitude. Le chemin remonte le talweg du ruisseau de Couret pour parvenir aux ruines du courtau de la Glère à 1 145 m. Il grimpe ensuite, à travers bois, vers le col de Couret à 1 199 m. Commencent alors les estives de la plaine d’Esquiou qui s’étendent en contrebas. Au rond-point d’Esquiou à 1 034 m, le chemin rejoint une piste pastorale, montée de Soulagnets, un quartier de Bagnères, mentionné par Leleu dès 1840, dans son Atlas des Hautes-Pyrénées 7. Une seconde piste quitte la vallée de Lesponne, au-dessus des Prats de Bataille à 950 m d’altitude. Elle grimpe, en remontant la rive droite du talweg du ruisseau du Hourc vers les pâturages et le courtau du même nom. Ceux-ci relèvent de Bagnères-de-Bigorre, découpage pastoral oblige. Le chemin parvient ensuite au point coté 1 135 m. À partir de là divergent plusieurs layons d’exploitation forestière des bois de Baysaou. L’un d’entre eux permet de rejoindre le col de Couret, 1 198 m. Depuis ce carrefour, il est possible d’accéder, à pied, aux estives de Culentous, sur le versant sud, ou à celles de Comets plus au nord. Le col de Culentous assure le passage des unes aux autres. De telles infrastructures furent d’abord ouvertes pour évacuer les coupes de bois, elles sont maintenant utilisées par les éleveurs et surtout par les randonneurs, à telle enseigne que le carrefour du point coté 1 135 m est souvent désigné comme le parking point de départ de l’ascension du Montaigu par son versant oriental. Sur le versant ouest du massif, la route départementale n° 100 constitue le second accès routier.

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Village de Germs-sur-I’Oussouet, à l’arrière-plan, sommet du Montaigu.

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vallées adjacentes. Au niveau du bassin d’Argelès, en contrebas de la partie ouest du massif du Montaigu, l’épaisseur de glace dépassait ainsi 700 m. Plus au nord, et aussi bien vers l’ouest comme vers l’est, se trouvent des vallées profondément entaillées par les torrents. C’est ainsi que s’expliquent la vallée en V du gave d’Isaby, creusée dans les schistes du Dévonien quand ce torrent descend vers le gave de Pau, mais aussi les gorges du Néez, les vallées très profondes des cours supérieurs du Louey et de l’Arrabère dans le bois de Lappart, creusées à la faveur de petites failles transversales nord-sud, avec des intercalations de calcaires à encrines. De tels débouchés torrentiels aux déclivités vertigineuses accentuent, par leur accessibilité très aléatoire, le caractère sauvage des abords du Montaigu. Enfin, la vallée de Lesponne, auge glaciaire étroite dans les mêmes terrains dévoniens, mais aussi dans les granodiorites, ménage un accès plus aisé. Toutefois le cœur des estives autour du Montaigu conserve dans les parties hautes des espaces plus plans, même si inclinés par l’orogénie pyrénéenne. Il s’agit des plaas 14, surfaces d’érosion aux formes de reliefs mûrs portées en hauteur lors de l’orogénie pyrénéenne et disséquées ensuite soit par les glaciers, soit par les torrents. Les parties subsistantes ménagent de vastes espaces de pâturages. La microtoponymie exprime de tels dispositifs avec les mentions en gascon de taules / tables, et tauletas / tablettes. Chacune des unités formant des ensembles d’estives, commandées par une ou plusieurs cabanes.

(14) Prat M.-C. Montagnes et vallées d’Andorre. 24

L’étroit liseré sédimentaire du Mésozoïque/ Secondaire, apparaît avec les calcaires aux couches très relevées de la partie nord. Les escarpements calcaires qui gardent les accès nord des estives du l e m o n ta i g u m o n t a g n e p a s t o r a l e d e B i g o r r e


Carte n° 2. Structure et géomorphologie du massif du Montaigu. Carte dessinée par Marie-Claire Prat. L’ h o m m e e t l a n a t u r e a u M o n t a i g u

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21,6 °C. Un grand soleil brille sur toute la partie sommitale des Pyrénées centrales, dans les Pyrénées garonnaises plus à l’est, ainsi que sur le versant aragonais. Le manteau neigeux fond à toute vitesse, mais les eaux ne s’infiltrent guère, car les sols sont déjà gorgés et les nappes phréatiques très chargées. Dans les vallées, les appareils hydrographiques se gonflent de ces eaux grisbleu caractéristiques des fontes de neige. De plus, on opère des délestages sur les barrages déjà remplis.

focus n° 1

les inondations du printemps 2013 L’hiver 2012-2013 ne fut pas très rigoureux : le seul épisode froid survint même à la fin de l’automne, au début du mois de décembre. En revanche dès le mois de janvier la neige tomba en abondance, avec des cumuls extraordinaires qui allèrent même jusqu’à empêcher le fonctionnement des télésièges dans de nombreuses stations de ski de la partie centrale : Cauterets, Barèges, Formigal, Artouste, Candanchu. Les chutes de neige devaient se poursuivre en début de printemps et dans la station du Tourmalet les cumuls atteignirent même les douze mètres ! En même temps, le printemps fut frais et pluvieux, tout particulièrement au mois de juin, avec des pluies régulières qui ne manquèrent pas de saturer les sols. Les températures, restées basses, aussi bien sur la chaîne que sur les piémonts, versant nord comme versant sud, contrarièrent l’évaporation. Tous les lacs de barrage étaient remplis à ras bord. Le 16 juin 2013, date facile à mémoriser puisque ce fut la fête des Pères, éclate brutalement une sévère canicule aussi bien en montagne que sur les piémonts. On enregistre 29,8 °C à Laruns et Luz-Saint-Sauveur, alors que la veille le mercure n’y avait pas dépassé 34

C’est alors que les 17 et 18 juin 2013 s’abattent sur les Pyrénées des pluies diluviennes consécutives à l’installation d’un flux de sud-ouest : températures douces, pluies abondantes, tièdes et continues deux jours durant sur les deux versants de toute la haute montagne. Le résultat ne se fait pas attendre : des inondations d’une soudaineté inouïe et d’une rare violence se déclenchent alors. D’abord sur le versant sud des Pyrénées, mais aussi dans toute l’Espagne jusqu’à la côte méditerranéenne. Ensuite sur le versant nord, d’où dévale un véritable mur d’eau qui va enfler toute la journée du lundi, puis le mardi. Les Pyrénées présentent alors un paysage d’apocalypse : débordement des appareils hydrauliques, affouillement des berges des cours d’eaux, ce qui libère des tonnes de matériaux morainiques, de terre arable, d’arbres, mais aussi des blocs et des cailloux enfouis sous la végétation et qui vont, à leur tour, servir de munitions pour affouiller nouvelles berges et lits d’inondation, avant de se déposer en aval, là où ils se trouveront. Des ponts sont arrachés comme des fétus de paille, tout le bâti installé dans le lit majeur des torrents et rivières est emporté : campings, lotissements, pavillons individuels, zones industrielles ou artisanales, déchèteries, parkings, routes et voirie. Le chemin de fer entre Pau et Lourdes est emporté sur 1 600 mètres au niveau de Coarraze.

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Fortes accumulations de neige, à l’origine.

C’est une immense submersion qui affecte les Pyrénées du centre, une morphogenèse en action qui redessine, à vue d’œil, les paysages. La submersion affecte les parties basses des villages, des bourgs et des villes. À Lourdes, la ville basse et les sanctuaires sont sous les eaux. Les véhicules, le mobilier urbain, les matériaux et les objets de la vie quotidienne sont emportés pêlemêle par cette immense chasse d’eau. Des terrains agricoles, des jardins potagers, des granges anciennes, des arbres d’alignement disparaissent du paysage en quelques instants. C’est une masse boueuse, noirâtre, composite aléatoire de cailloux, de végétaux, objets de toutes sortes, qui recouvre tout, se déverse sur les piémonts et poursuivra sa course vers la L’ h o m m e e t l a n a t u r e a u M o n t a i g u

mer et l’océan le mercredi et le jeudi. Il faut y ajouter le bruit infernal, cataclysmique, qui accompagne l’écoulement, amplifié en montagne par les versants de vallées. La catastrophe est mise en image en temps réel, d’abord sur les réseaux sociaux et l’Internet, très vite ensuite sur les médias aussitôt accourus, avec focalisation des reportages sur Lourdes et sur le Lavedan, à tel point que certaines vallées se sentirent alors oubliées, comme Cauterets, il est vrai coupée de l’aval par destruction de la RD 920 au niveau du Limaçon. À Lourdes, le gave devait continuer à couler très noir jusqu’au 24 juin, puis gris jusqu’au début du mois de juillet. 35


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partie ii

Chronique des estives : les Communautés paysannes et les ressources de l’altitude Dès avant l’histoire et l’écrit, hommes et troupeaux fréquentent et modèlent les espaces d’altitude. Aux anciennes hypothèses sur les origines néolithiques du pastoralisme, fondées sur les découvertes d’objets isolés et de quelques vestiges ayant une finalité funéraire certaine ou supposée, ont succédé des connaissances plus précises issues des travaux de paléopalynologie et de fouilles archéologiques de sites pastoraux. Actuellement, la fréquentation humaine de la montagne depuis 7 000 ans est un fait avéré, même si ces nouvelles approches ont été appliquées ailleurs qu’au Montaigu 59. En attendant de nouvelles études, il faut se contenter de prospections de surface ou de décou-

vertes ponctuelles sur d’anciens sites miniers pour éclairer le passé ancien de ce massif. Mais en s’intéressant au « temps d’avant le temps 60 », quelques récits, conservés dans les sociétés locales, racontent comment, à l’origine, un évènement permit aux hommes de gagner l’accès à la haute montagne et de s’y établir. Les récitants se présentent alors soit comme les héritiers du héros, qui gagna le droit d’entrée à l’estive, soit comme les imitateurs d’une famille légendaire, qui vécut en permanence dans les montagnes, mais fut contrainte de les abandonner sans retour devant la première arrivée de la neige.

Chronique des estives : les Communautés paysannes et les ressources de l’altitude

(59) Rendu C. et al. Estives d’Ossau… (60) Vernant J.-P. L’Univers, les dieux, les hommes.

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(69) Plus détaillée que les éléments de la légende, un chant racontant la descente de la montagne par Millaris et ses troupeaux a été collectée par Xavier Ravier, entre 1956 et 1962, et publié par Pirèna Imatéria, 2014, Mémoria en partatge, volume 1.

la famille de Milharis ne retourna dans la montagne. Celle-ci fut alors occupée par les hommes, qui durent, à leur tour, se soumettre aux rigueurs de la saison qui les en chasseraient 69. Si l’entrée dans les estives est toujours fixée collectivement, généralement au 21 juin, en revanche la descente est laissée à l’appréciation de chacun. Mais la raréfaction de la ressource herbagère et le risque, toujours possible, d’une neige précoce amènent les éleveurs à ne pas trop tarder dans la saison.

La tombe de Milharis à la croix de Béliou. 56

l e m o n ta i g u m o n t a g n e p a s t o r a l e d e B i g o r r e


La croix de Béliou, dite tombe de Milharis.

Chronique des estives : les Communautés paysannes et les ressources de l’altitude

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focus n° 6

mémoires des derniers bergers

L’entrée dans l’Houscau.

(117) Voir glossaire. (118) Voir glossaire.

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« Il y avait cinq communes représentées chacune par un syndic. Les cinq syndics se réunissaient pour fixer la date de l’entrée dans la montagne, l’assota, nommer le garde… Cette année ils pourraient déjà y partir, alors que d’autres années, ils y allaient au 10 juillet. Il fallait que ceux qui étaient le plus haut puissent y vivre, alors qu’au lac d’Ourrec, on pouvait y faucher.

l e m o n ta i g u m o n t a g n e p a s t o r a l e d e B i g o r r e


Il fallait attendre 6 heures du matin pour rentrer. J’étais là une fois avec l’oncle, j’avais dormi dehors, la cabane était pleine. J’étais dans un capèt 117, le matin quand je me suis réveillé, j’avais dix centimètres de neige dessus. Il ne fallait pas entrer avant le 21 juin à 6 heures. Le passage était muré à la hourquette pour montrer la limite. Le garde comptait les bêtes avant qu’elles rentrent. Les bergers comptaient les moutons par paquets de vingt. Les brebis d’un de chez Crassus de Bordes dépassaient un peu et le garde l’avait menacé de lui tirer deux brebis. L’autre lui avait répondu que comme il en avait onze-vingt, il ne pourrait pas les tuer toutes. Le fusil du garde, c’était un fusil à borrader, une fois le premier coup tiré, c’était foutu. »

ça. La vie, l’été, sur les estives ce n’était pas facile. Les granges de la famille, je les ai vues toutes par terre à cause de la tempête. Les cabanes en pierre, ce n’était pas le vent qui les faisait tomber, c’était plutôt la neige. »

Propriétés et entretien des cabanes.

« La première fois qu’on m’a envoyé à la montagne pour porter le semmanè 118 à un oncle. On m’a dit, s’il y a de la brume, tu fais attention à la fontaine des Trois Seigneurs. À cet endroit, les vaches montaient au col de Jaou. Il y avait une centaine de vaches. Ça faisait un chemin battu. À cet endroit il fallait prendre un petit chemin, là où il y a la buvette. Mais l’ânesse ne s’est pas trompée. »

Chaque site des cabanes est utilisé par une des Cinq Communautés, voire une des Communautés antérieures au regroupement (Saint-Germès est distincte de Saint-Pastous). D’autre part, P. Lapène identifie chaque cabane en fonction d’une Maison. Pourtant, pour lui, cette identité est relative. « Il y avait des cabanes qui étaient propres à une Maison, d’autres qui correspondaient à deux Maisons. Parce que les cabanes, c’est beau, mais fallait y vivre. L’année d’avant, il fallait les arranger, faire des provisions de gabets (pieds de rhododendron). Les gabets étaient déterrés à la pioche, puis mis à sécher sous des pierres, posés sur des cailloux pour qu’ils s’égouttent. Les racines font de grosses boules qui permettaient d’avoir un feu qui tienne. Les gabets, c’était la vie : pour la cuisine d’abord, pour se chauffer ensuite. On ne peut pas dire que la cabane était une propriété de murs. C’était un élément du droit de pacage. Mais si on continue à y aller avec les troupeaux, c’est une partie intégrante de la Maison. La cabane n’était pas attribuée à la Communauté. »

« Il y en avait un, un vieux de chez Sayous, il disait : “né en 1889, en 1901, aulhèr à la Baraque”. Il avait onze ans. »

« Notre cabane, côté nord, il y avait deux murs. Entre les deux murs, c’était isolé avec de la bouse de vache séchée. Elle était projetée sur le premier mur.

« Moi, raconte Pierre Lapène, j’allais amener les brebis, les voir, j’allais amener le semmanè, mais je n’y suis jamais resté. C’était mon frère, Marcel, qui y restait quand j’étais jeune. Il accompagnait mon oncle, Basile. Ce n’était pas bien d’envoyer un gosse comme

Une fois sèche, on montait un deuxième mur contre. Ça empêchait le vent de passer, ça protégeait de l’eau, des bestioles. Mais autour des cabanes, on trouvait des campagnols, des souris, des taupes. »

L’éducation du berger.

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Site des Laquets, bassin du lac Bleu, où se trouve la cabane de la Maison Espiau de Saint-Pastous (alt. 2 100 m).

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partie iii

Les fonctionnements actuels de l’espace montagnard 1. Évolution de la pastoralité depuis le xixe siècle du trop-plein d’hommes à l’exode

Entre la seconde moitié xviiie et la première du xixe siècle, une poussée démographique généralisée conduit la population aux limites des ressources du milieu. Une telle situation rend les conditions de vie très difficiles dans les Pyrénées, avec son cortège de misère, sous-alimentation et maladies. À partir du milieu du xixe siècle s’amorce la longue décrue de ce trop-plein d’hommes. Elle ne devait s’arrêter qu’à la fin des années 1970 après avoir divisé par deux, voire par trois les effectifs de population dans les communes de la zone concernée. L’ampleur de la baisse se répercute directement sur la maind’œuvre agricole disponible et donc sur les formes de l’activité agropastorale. Toutefois, l’effet n’en est pas uniforme. L’arrivée du chemin de fer en 1862 à Bagnères, 1871 à Pierrefitte, 1895 à Cauterets et Luz, stimula l’activité thermale et touristique, ainsi que les pèlerinages à Lourdes, après les apparitions de 1858. La production d’hydroélectricité, dès la fin du xixe, initiée par la demande en énergie des lignes ferroviaires, enclenche aussi bien à Pierre-

fitte que Bagnères, un processus de développement industriel. La production d’ardoise, dans les vallées de Batsurguère et du Castelloubon, ainsi qu’à Labassère, se développe également au cours de la seconde moitié du xixe. La main-d’œuvre issue de la population rurale des environs y trouve des emplois de proximité, les petits centres urbains enregistrent une forte croissance, tandis que sur leurs marchés hebdomadaires, stimulés par une nouvelle clientèle, s’écoulent les produits de l’élevage local : beurre, veaux, agneaux, moutons 119. Ces nouvelles ressources contribuèrent à ralentir sensiblement le dépeuplement de la Haute-Bigorre, en comparaison à d’autres vallées pyrénéennes cantonnées aux seules activités agricoles.

Les fonctionnements actuels des espaces montagnards

(119) Cavaillès H., La vie Pastorale…, p. 165-171. 91


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ITINÉRAIRES Onze itinéraires, sur les pas des bergers. Itinéraire 1. – De Berbérust-Lias au col de Tramassel, l’accès par La Poudge. Itinéraire 2. – Du col de la Moulata vers le lac d’Isaby. Itinéraire 3. – À partir du même col de la Moulata, un deuxième sentier rejoint la hourquette d’Houscau. Itinéraire 4. – De la hourquette d’Houscau vers le lac de Bassias. Itinéraire 5. – De la hourquette d’Houscau vers le lac d’Ourrec. Itinéraire 6. – De Mourède, par le col de Bareilles, jusqu’au lac Bleu. Itinéraire 7. – De la hourquette d’Housca vers la montagne de Baran et le Bénaquès. Itinéraire 8. – Du col de la Moulata vers le Lhens, Ousse et le Pourtet, montagne des Angles. Itinéraire 9. – De Germs-sur-l’Oussouet vers Séras et le Couret du Portet. Itinéraire 10. – Du col de Couret aux Aygues et col de Culentous. Itinéraire 11. – Du Hourc au col de Tos et au Montaigu.

Itinéraires

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itinéraire 1 de Berbérust-Lias au col de Tramassel, l’accès par la Poudge Tout au-dessus du hameau de Lias (759 m), du village d’Ourdon (743 m) et des Communautés du Dabant Aygue la montagne impose d’emblée

systèmes de pentes et cheminements pastoraux. Rudes montées, mais chemin tracé de « temps immémoriaux » au pas du bétail et des pasteurs, telle apparaît la Poudge – une montée en gascon – qui parvient ainsi au Soum d’eths Lits (1 407 m), puis au Soum de Trézères (1 617 m). Elle longe d’abord les zones de gèrms, suivant au plus près le fil de l’arête. Les gèrms sont des terroirs de granges foraines, situés au-dessus des villages. De nos jours nombre de granges sont reprises en rési-

Piste de La Poudge, vers Tramassel.

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dences secondaires pour peu qu’elles se situent à proximité d’un chemin carrossable et qu’elles ne se trouvent pas trop enfouies dans un bas-fond. Le chemin monte ensuite aux communaux, réserve de pâturages d’une Communauté. Cet espace assure la transition entre les agers – ensemble des terres cultivées – et les saltus – terres non cultivées vouées à la pâture que constituent les estives. On y envoie le bétail au printemps quand les hauts sont encore couverts de neige ou que l’herbe n’a pas eu le temps d’y pousser. Celui-ci peut y revenir pâturer à l’automne, en descendant des estives. Dans le paysage les gèrms sont des bocages, à larges haies, pâturages au milieu de boisements qui avancent et qui reculent au cours du temps long, en fonction de la charge pastorale et des effectifs de population qui en vivent. Un tel modèle se retrouve sur chacun des accès aux estives du Montaigu. Le cheminement parvient, enfin, sur des crêtes subégales, faiblement dominées par le Soum de Dabant Aygue (1 746 m). La draille, mentionnée « chemin du Houscau » à cause de sa destination, court sur ces hautes surfaces. Elle surplombe à l’ouest la vaste vallée glaciaire du Lavedan et tous les espaces de l’Estrem de Salles et du val d’Azun qui s’étendent jusqu’au Balaïtous.

forêts 195. Les estives situées de part et d’autre de ce cheminement de crêtes sont pâturées de préférence en tout début d’été et structurées par toute une série de cabanes et des sources qui les accompagnent : Peyrou, Bigaloume, Las Courbes, Plaa de la Pène, à l’est, Maucasau à l’ouest et au sud-ouest.

(195) cf. Partie 2. (196) cf. Partie 3.

L’ordonnancement pastoral millénaire fut bouleversé dans les années soixante du siècle dernier par la construction de la route destinée à desservir la station de sports d’hiver du Hautacam 196. Parvenu au col de Tramassel, le cheminement pastoral traditionnel rejoint le col de la Moulata, qui dorénavant constitue la principale entrée montaigusienne, aussi bien pastorale que touristique. Le col de la Moulata, perché à 1 680 m, diverge en plusieurs itinéraires. Ils sont ceux des bergers vers les estives où paissent leurs troupeaux, mais aussi des randonneurs, des skieurs, des pêcheurs et, jusqu’à récemment, des chasseurs. L’arrivée au

Paysage de présbois au-dessus de Vier-Bordes. En arrière-plan, Pène de La Garde.

À l’est, tout en contraste, se creuse l’étroite vallée de Gazost, au fond de laquelle se nichent les sources d’eau sulfureuse dont l’une est captée pour alimenter les thermes d’Argelès. Les pentes, couvertes de sapinières drues, appartiennent à une famille d’importants marchands de bois, suite à de rocambolesques mutations de propriétés, commencées tout au début du xixe siècle et qui aboutirent à priver la Communauté du Castelloubon d’une bonne partie de ses estives et Itinéraires

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