sommaire Editorial 3
Hors rubriques Interview Mens Sana 4 Que sais-je sur le réchauffement climatique 11 Conspirations et Platitudes 16 My name is Terre, Pomme de Terre 20
Rubriques Taslimiam L’ApARTé scientifique Histoi’Art Nouvelles du prochain Monde Le choix de la rédac
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éditorial
En ce mois d’octobre bien pluvieux, votre journal abandonne sa peau estivale pour une laine d’automne avec une équipe ragaillardie ! Cette année est un nouveau règne, celui du Triumvirat (on s’en fout des anachronismes). Nous promettons une année pleine de rebondissements et de célébrations, car vient bientôt le numéro de la décennie...
Quand tout part en l’air, même l’écolo par excellence Nicolas Hulot, nous restons bien sur terre pour vous offrir toute notre fougue, notre jeunesse, notre dynamisme et même notre humour à deux balles. Vous entendez tout l’amphi éternuer autour de vous ? Pas de panique, avec ce numéro vous pourrez puiser des ressources naturelles vous évitant de tomber dans les griffes de la maladie. À coup de pommes de terre, de paniers bio et de Land Art, nous achèverons les bactéries qui guettent la moindre de vos faiblesses. Mais gardons les pieds sur terre et profitons bien de ce numéro pas piqué des vers. Ivane Payen, Salomé Moulain et Morgane Vitcoq
Louvr’Boîte Dixième année N°47 0.50cts
Thiérion, Raphaël Vaubourdolle, Morgane Vitcoq.
Directrice de publication : Salomé Moulain Rédactrice en chef : Ivane Payen Responsable communication : Morgane Vitcoq Relecture : Lise Thiérion Maquette : Louis Chantelat et Emma Capon
Ecole du Louvre, Bureau des Elèves, Porte Jaujard, PLace du Carrousel, 75038 Paris Cedex 01
Couvertures : Charles Gaucher Ont contribué à ce numéro, dans l’ordre alphabétique : Ines Amrani, Emma Capon, Louis Chantelat, Chloé-Alizée Clément, Taslima Gaillardon, Charles Gaucher, Osanna Giboire, Laureen Gressé-Denois, Dorian Haudoin, Tyfenn Le Roux, Salomé 3 Ivane Payen, Jeanne Spriet, Lise Moulain,
louvrboite.fr Tel: +33 (0)1 42 96 58 13 Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : instagram.com/louvrboite ISSN 1969-9611. Dépôt légal : octobre 2018 Imprimé sur les presses de l’Ecole du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs
MS Avec Mens Sana, plus besoin de mettre du beurre dans les épinards Le Louvr’Boîte est allé à la rencontre des membres du club qui fait sensation en ce moment dans les couloirs de l’école. Vous l’avez deviné, Mens Sana nous a ouvert ses portes. Une de ses co-présidentes, Manon Pierre ainsi que Laureen GresséDenois, responsable de la communication ont répondu à nos questions. Manon, est-ce que tu peux te présenter ? Manon : Je m’appelle Manon, à la base je viens de Sciences Po. J’ai intégré le double diplôme Sciences Po / École du Louvre, je suis arrivée l’année dernière en troisième année, l’année de pré-requis pour valider le niveau de licence.
Cette année je fais le double master Science Po / École du Louvre. Quel est ton rôle au sein de Mens Sana ? J’ai monté ça avec Clémentine (Martin NDLR), on est toutes les deux co-fondatrices et présidentes. On gère une équipe, on est dix-sept. On gère aussi avec l’administration et les agriculteurs. Est-ce que tu peux présenter le club en quelques mots ? Avec Mens Sana, le but est de faire venir des agriculteurs pour apporter les paniers de légumes pour les élèves de l’École du Louvre, ça fonctionne vraiment comme une
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AMAP. Mais l’idée au-delà est de créer une association écologie à l’École du Louvre, ça part du constat qu’il n’y a rien qui est fait à l’école sur l’écologie. On aimerait bien aussi faire des conférences, des petites actions sur tout ce thème là.
examens. On a prévenu que pour nous c’était bon aux agriculteurs en juin. Et après le gros coup de feu était en septembre pour les inscriptions. On a utilisé un fichier Google doc c’était
Comment avez-vous constitué l’équipe avec Clémentine ? On a mis un message sur Facebook pour savoir si des gens étaient intéressés et il y a eu un énorme succès, beaucoup de gens ont répondu au sondage. Et puis on a demandé à ceux qui voulaient nous laisser leur adresse mail. On a eu beaucoup de filles (et deux garçons) qui ont répondu. On a envoyé un mail pour leur demander s’ils voulaient participer à l’organisation. On est dixsept, et c’est largement assez, c’est pas facile de manager une équipe de dix-sept personnes. Ce qui serait bien, ce serait de recruter des 1ères années parce qu’on n’en a pas du tout. Vous avez mis combien de temps à organiser tout ça ? On est allées voir l’administration en mars. On a fait la première réunion en mai. En avril on a sorti les sondages, on a fait la réunion après les
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pas incroyable, on aimerait bien changer, mais sans budget c’est pas facile. D’où viennent les produits ? C’est une exploitation à Rambouillet, les fermiers Rémi et Christophe sont très engagés. Christophe est un ancien pompier et Rémi a fait des études d’agronomie. Ils ont monté leur propre organisation, et sont très militants pour tout ce qui est dignité paysanne, semence bio. Ils travaillent beaucoup en partenariat avec d’autres coopératives. La présence d’agrumes dans les paniers par exemple est permise
par un travail avec une coopérative en Sicile. Là-bas, toutes les exploitations d’oranges et de citrons étaient très mal en point et ils ont décidé de se mettre en coopérative et de court-circuiter les supermarchés locaux qui les étouffaient, ce qui leur donne un rayonnement en Europe. Ce sont eux qui livrent leurs agrumes à Rémi et Christophe. Les œufs sont un partenariat avec la Bretagne, mais sinon la majorité de leurs fruits et légumes viennent de leur potager à eux.
Comment est-ce que vous vous êtes mises en contact avec eux ? Moi je fais les paniers à Sciences Po depuis un an et en fait ils font toutes les AMAP étudiantes de Paris. Ils livrent aussi Polytechnique, l’ENS, Paris IV, l’EHESS. Ils sont très au point là-dessus et c’est pour ça qu’ils proposent des prix adaptés. Normalement une AMAP à Paris ça coûte très cher parce qu’ils livrent eux-mêmes. Ils savent que là, ce sont des étudiants, du coup ils font gaffe, ils proposent des légumes faciles à cuisiner. Ils alternent beaucoup, ils ne donnent jamais deux fois d’affilée, à part des patates ou des carottes, mais s’ils mettent un chou dans les paniers, ils n’en mettront pas un deuxième la fois suivante. Ils prennent vraiment en compte la dimension étudiante, ils sont hyper arrangeants parce que, quand même, trouver des agriculteurs qui nous livrent le mardi aprèsmidi à l’école du Louvre, c’est quasi impossible. Donc l’idée t’est déjà venue à Sciences Po… En fait à Sciences Po, je ne faisais que récupérer les paniers. Ici, j’en parlais avec
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Clémentine et je me disais que j’aimerais trop avoir des paniers de légumes. Il faut savoir qu’à Paris, pour être dans une AMAP, on est sur liste d’attente tellement il y a de demandes. Donc je me suis dit que j’en parlerais à Rémi et Christophe s’il leur restait des fruits et des légumes et ils étaient carrément prêts. Après, ça a mis un peu de temps d’en discuter avec l’administration. Mais l’idée c’était un peu un challenge de monter un club à l’Ecole du Louvre, de faire bouger les choses. Il y a eu des pourparlers avec l’administration ? Non, finalement ça a été assez rapide. Ils nous ont dit OK, vous pouvez vous mettre en club, il n’y avait pas besoin d’argent ni d’infrastructure donc ils n’ont rien eu à nous donner. On était presque autonomes. On verra comment vont se passer les distributions, mais l’accord de principe a été vite donné. Peux-tu expliquer le système des paniers, et notamment le fonctionnement par cycles qui n’a pas été très bien compris par tout le monde ? Pour proposer aux agriculteurs une assurance et pour que ce soit plus simple pour
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nous, on fonctionne par cycles. Cette fois-ci, il s’agit de six semaines mais ensuite ce seront des cycles de sept semaines. On s’inscrit et on s’engage pour des paniers qu’on paye en avance et qu’on va ensuite chercher chaque semaine, jusqu’à la sixième. Après, il y aura les réinscriptions. Le principe pour nous, c’est que chaque semaine on ne court pas après l’argent et qu’on paye les agriculteurs. En l’occurrence jusqu’au 31 octobre, on paye les paniers en avance. Ça leur donne une sorte d’assurance et pour nous aussi puisque les gens ne peuvent pas se désister, donc on peut davantage se projeter au long terme. Les premières inscriptions sont passées, c’était comment ? Bin ça va (rires). Il n’y a pas eu d’erreur de caisse. On était étonnées pour une première fois, on a récupéré 3000 euros. Vous ne faites pourtant pas de bénéfices… Non, on fait payer une cotisation d’un euro et ça nous a permis de rembourser les sacs qu’on prête aux agriculteurs pour qu’ils nous livrent. C’est à peu près soixante-neuf euros
parce qu’on a soixante-neuf inscrits. Le BDE nous a donné un peu d’argent pour qu’on puisse acheter un couteau et une planche. On pense qu’on va garder la cotisation pour le prochain cycle pour qu’on puisse le réinjecter plus tard. Vous avez eu beaucoup d’inscrits mais aussi pas mal de personnes qui n’ont pas réussi à s’inscrire, est ce que vous avez l’intention de changer quelque chose pour le prochain cycle ? On est à cinquante paniers, ils ont dit qu’on pouvait augmenter à soixante-cinq, je pense que si on pousse, on peut passer à soixante-dix voire soixante-quinze paniers. Le truc c’est qu’on ne peut pas augmenter les paniers tant qu’on n’a pas une plateforme d’inscription et de paiement simplifiée. Et aussi tant qu’on fait les distributions dehors sur le trottoir et ça c’est à voir avec l’administration et la sécurité du Louvre. Tant qu’on ne sera pas dans l’enceinte du Louvre ou carrément dans l’école, ce sera un problème. Pour l’instant on n’a pas le droit de rentrer dans l’enceinte du Louvre. Si on ne trouve pas de solution d’ici le second cycle, on sera obligées de s’arrêter.
Un retour sur les débuts de l’expérience ? Laureen : On a été super étonnées par l’enthousiasme des personnes. Le nombre de personnes qui tout de suite ont répondu au projet, beaucoup de likes. C’était vachement encourageant que des élèves soient à fond tout de suite. Lors de la première distribution mardi dernier (le mardi 25 septembre NDLR), les gens avaient le sourire, c’était super sympa. Ils posaient des questions, qu’est-ce qu’un chou chinois, comment le cuisiner. On les redirigeait sur notre blog, qu’on alimente le plus possible. On a même une personne qui a découvert le brocoli ! Ce sont des situations enrichissantes pour nous parce qu’on apprend des choses aux autres, on leur donne notre expérience de cuisinières habituées aux paniers bio et en retour on a des gens qui sont enthousiastes. Manon : Pour donner une idée, on a cinquante paniers, soixante-neuf inscrits, on a lancé les inscriptions un dimanche matin à 8h pour qu’il n’y ait pas trop de monde en même temps et à 8h09 tous les paniers étaient réservés. Moi je misais sur le dimanche soir, certaines filles pensaient même qu’il fal-
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lait tendre jusqu’au lundi parce qu’on n’aurait pas tout rempli à temps. Donc vous avez un blog ? Laureen : On y poste des recettes, mais aussi des petites histoires, tout le monde peut participer. Le blog est ouvert à tous. On a un projet d’article sur les applications qui existent qui référencent les légumes de saisons, des trucs un peu éthique, etc. On a aussi «Histoire de ne pas vous raconter de salades» sur un légume à chaque fois. On fera aussi des articles sur la diversité, l’écologie. Mais on aimerait bien aussi que les AMAPeurs se l’approprient. Si on arrivait à créer cette communauté avec beaucoup d’interactions, d’échanges qui nous enrichissent dans les deux sens ce serait vraiment top. Manon : L’idée part un peu de ce constat que j’ai fait l’année dernière en arrivant à l’école, c’est que les gens ne se parlent pas. Il y a un gros problème de solidarité/sociabilité à l’école. Et le but c’était de pas parler d’histoire de l’art, de faire autre chose, quelque chose qui rapproche comme la cuisine par exemple. Faire un petit groupe entre gens qui aiment manger de bons légumes. C’est vraiment l’idée de Mens Sana, de créer
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du lien, d’où le groupe (facebook NDLR) où on aimerait bien que les gens postent leurs articles, leurs recettes, leurs trouvailles. C’est quoi la suite ? Manon : Je ne sais pas si on peut en parler. On va faire un atelier trop cool avec le Défilé de l’Histoire, un club DIY (Do It Yourself). On va faire des choses sur tout ce qui est durabilité, zéro déchets. On voudrait aussi participer au Festival Alimenterre avec le club ciné qui diffuse des films sur comment manger mieux, le bilan agriculture de la planète. Sinon notre but est aussi de faire bouger des choses dans l’école, on a des projets avec les spécialités… Un dernier mot ? On attend vos contributions !
Le site Mens Sana: mens-sana-edl.000webhostapp.com
Propos recueillis par Salomé Moulain
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Que sais-je sur le réchauffement climatique ? Tyfenn Le Roux
Parce qu’on se pose tous des questions sur le réchauffement climatique, voici les réponses qui vont vous permettre de briller dans les dîners mondains, ou au moins autour des belles tables de la cafèt’. Le niveau d’eau qui monte, qui monte, qui monte ! L’eau des océans et des mers monte, c’est un fait. C’est la fonte des pôles qui en est la cause, c’est évident ! L’eau doit bien venir de quelque part ! Comme dirait un célèbre youtubeur : FAUX ! L’Arctique diminue en taille chaque année, c’est vrai. Mais la montée des eaux n’en est pas le résultat, elle est en fait due à la fonte des glaciers de nos chères montagnes, et il est possible de le prouver très simplement : TUTO montée des eaux : prenez un verre, mettez-y de l’eau (oui de l’eau et pas un autre liquide de la même couleur mais à base de pomme de terre), marquez le niveau et ensuite ajoutez-y des glaçons. Dans un autre verre, mettez de l’eau, marquez le niveau mais gardez les glaçons en hauteur au dessus du verre à l’aide d’un chinois, de la force de vos bras ou d’un autre ustensile de votre choix. Vous devez en toute logique voir le niveau de l’eau monter seulement dans le deuxième verre. En fait, le glaçon (qui représente l’iceberg ou l’Arctique en général, c’est au choix) est une masse d’eau 11
déjà présente dans l’eau donc sa fonte n’a pas d’effet sur le niveau de celle-ci. Alors que les glaçons hors de l’eau (les glaciers de nos montagnes au cas où c’était pas clair) représentent un volume supplémentaire qui s’ajoute à l’eau et qui fait donc monter son niveau. Chaud ! L’époque où vous acquiesciez quand Julien vous disait à la cafèt’ entre deux bouchées de son sandwich triangle que « le réchauffement climatique ça va être chaud, t’imagines cet été il faisait déjà 40 » est révolue! Désolée pour Julien, mais même si le réchauffement climatique se traduit dans un premier temps par un réchauffement global des températures, ce réchauffement possède lui-même des conséquences qui peuvent étonner lorsqu’on pense au concept de réchauffement. Et oui, le réchauffement climatique c’est pas comme un coup d’un soir, mais plutôt comme une relation à long terme. Si dans un premier temps ça chauffe, dans un second temps tout le monde ne subit pas les mêmes conséquences. Pour notre climat européen, c’est notamment le courant marin du Gulf Stream qui est responsable du réchauffement. Il se déploie des Caraïbes jusqu’au Nord-Est de l’Atlantique, permettant de réchauffer notre climat et de rafraîchir le climat caribéen. Or, si les glaciers fondent à cause du réchauffement comme nous l’avons vu précédemment, le courant se retrouve affaibli par cette arrivée d’eau nouvelle et ne peut plus équilibrer les climats. Ainsi, les Caraïbes connaissent une chaleur accrue et l’Europe un climat beaucoup plus froid. Et personne ne trouve son compte dans cette nouvelle relation ! Veille bien à ta veille ! Le mode veille c’est pratique, sans éteindre nos appareils on retrouve nos fichiers déjà ouverts, notre playlist cou12
pée là où on s’était arrêté, bref pas besoin de tout rouvrir. On gagne du temps ! Sauf que dans cette histoire il y a un mais, et de taille ! Les appareils électroniques rejettent de l’énergie au même titre qu’ils en consomment. C’est cette énergie rejetée, bien que faible à titre individuel, qui participe au réchauffement climatique. Or, lorsqu’on laisse un appareil allumé sans l’utiliser, cette énergie continue d’être rejetée, même en mode veille. À l’échelle d’un individu, avec un seul appareil pris en compte, le rejet est minime, mais si l’on prend l’exemple d’une salle de classe, alors l’énergie gaspillée prend des proportions beaucoup plus importantes. Une salle de classe classique est composée de 30 ampoules de 20W chacune et un ordinateur de 100W ; si on la laisse entièrement allumée pendant une nuit, cela revient à utiliser un fer à repasser sans interruption pendant 11 heures. Finalement, il vaut mieux prendre quatre minutes pour allumer son ordinateur ou son portable et sauver le monde (cc Madonna et Justin Timberlake). Toi tu pollues, toi tu pollues, toi tu pollues moins. Les sources de pollution et donc de réchauffement climatique sont nombreuses : automobile, plastique, élevage, culture intensive… Difficile de s’y retrouver et de savoir lequel est le plus important. À vue d’œil, on dirait quand même que l’automobile est le secteur le plus polluant. Comment dire le contraire quand on voit tous ces pots d’échappements ! Et pourtant ! Ce n’est pas l’automobile mais bien l’élevage qui est responsable des plus grosses émissions de gaz carbonique. Selon un rapport de la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’élevage a produit 7 milliards de tonnes de CO2 en 2013, soit 14,5% des émissions à effet de serre anthropique (dont l’origine est humaine). En effet, l’élevage animal produit une importante émission de méthane, principalement l’élevage bovin, et demande une production importante de céréales et autres 13
produits pour nourrir ces animaux. Finalement réduire ou supprimer sa consommation de viande serait tout autant voire plus profitable à la planète que de laisser sa voiture au garage pour privilégier les transports en commun. Tout est effet de serre ! Effet de serre, effet de serre, on n’entend plus que ces mots là dans les médias ! La production de viande : effet de serre ! Les transports : effet de serre ! Finalement, on peut se dire que effet de serre et réchauffement climatique c’est la même chose. Et bien non ! L’effet de serre est certes très médiatisé dans le contexte du réchauffement climatique mais c’est un phénomène qui existe depuis toujours sur la terre, on peut même dire qu’il est naturel. En effet, les rayons du soleil qui atteignent la couche d’ozone sont les seuls créateurs de l’effet de serre. Pour mieux comprendre celui-ci, il suffit de comparer la terre à une voiture laissée au soleil pendant plusieurs heures : ça chauffe ! Le réchauffement climatique intervient seulement comme facteur aggravant. Le réchauffement lié à l’effet de serre se retrouve accentué et il fait encore plus chaud dans la voiture terre. Ainsi, en atténuant le réchauffement climatique lié aux activités humaines, on atténue aussi le réchauffement lié à l’effet de serre !
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Conspirations et platitudes Inès Amrani et Osanna Giboire
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mythes traitant de la naissance de notre chère planète, on en connaît toute une flopée : certains comme les cosmogonies grecques et romaines n’ont plus de secrets pour nous, d’autres comme la Genèse sont connus sur le bout des doigts. Des cosmogonies plus extravagantes, comme celles issues de l’hindouisme intriguent et inspirent toujours les plus curieux. Mais qu’en est-il de ces nombreuses autres cosmogonies bien plus farfelues, bien plus étranges, celles qui font arquer les sourcils et titillent notre imagination? Partons à la découverte
de ces grandes oubliées, de ces histoires absentes de nos programmes. Dans la philosophie taoïste, à l’origine de l’univers, il y avait... un oeuf. Après 18000 ans, le Géant Pan-Ku en sortit et la coquille se divisa ainsi en deux éléments, le Yin et le Yang. Le premier (plus lourd) se condensa pour former la terre et le second (plus léger) constitua la voûte céleste. À la mort de Pan-Ku, son corps donna naissance à plusieurs entités: de sa tête naquirent le soleil et la lune, les rivières et mers coulèrent de son sang,
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son souffle fit naître le vent et sa voix se transforma en tonerre. Enfin les humains furent créés, naissant des mouches/ poux qui vivaient sur PanKu. (It was at this moment he knew, he fucked up!) Pour les Inuits, la création de la terre est un peu plus simple : selon les croyances de ce peuple, la terre et les montagnes seraient tout simplement tombées du ciel. Les Hommes seraient alors sortis de la terre. Pendant un temps on reste sur du basique : un homme, une femme et rien d’autre. Pour peupler la terre, la femme questionne le dieu du ciel Kaïla, qui l’envoie creuser un trou dans la banquise pour y pêcher ; en sortent alors tous les animaux. Conclusion: l’origine de la vie est un trou (esprits malsains s’abstenir). La naissance de la terre et le développement de la vie ne sont bien sûr pas les seules préoccupations de ces mythes locaux, qui évoquent également la place de la terre dans l’univers, de manière plus ou moins perchée. Ainsi, selon certains, la terre serait un disque supporté par quatre éléphants, eux-mêmes reposant sur le dos d’une tortue qui transporte la terre dans l’univers, sorte de Renault Espace de l’humanité #fancinessoverload. Néanmoins, si les
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éléphants et la tortue peuvent sembler un peu too much, la théorie d’une terre plate ne déplaît pas à tout le monde. En effet, la platitude terrestre n’est pas considérée par tous comme un simple mythe: certains y voient une réalité indiscutable (mieux vaut pas trop creuser non plus). On les appelle les flat earthers, et ils forment une véritable communauté, avec leurs conventions, goodies, et surtout leur forum, filon intarissable de pépites complotistes et source de divertissement continuel. La Flat Earth Society est donc une communauté “scientifique” fondée en 1956 par Samuel Shenton. Cette société fait plus ou moins de bruit jusque dans les années 80, quand, face au progrès et à l’évidence scientifique, le nombre d’adhérents chute drastiquement. Cette théorie aurait pu disparaître à cette époque mais dans les années 2010 elle ressurgit des entrailles d’Internet. Chaque année les flat earthers organisent une convention qui a pour but de regrouper les différents adeptes de la théorie, de vendre certains de leurs produits (comme un objet que l’on va nommer «platemonde»), ou tout simplement de jeter 500 ans de progrès scientifique par la fenêtre.
Selon la théorie que prônent les membres de cette communauté, la Terre serait en réalité un disque plat ayant pour centre le pôle nord et qui serait bordé d’un mur de glace (#gameofthrones). Les hurluberlus adhérant à cette théorie remettent en cause des projets scientifiques comme la mission Apollo et pensent que les photos de la terre prises de l’espace ne seraient qu’un montage ou encore que l’angle serait trompeur. À leurs yeux il s’agirait d’un complot planétaire organisé par les agences spatiales, les fabricants de GPS, ou encore les contrôleurs aériens. Toutes ces agences manipuleraient les images. Si l’on extrapole, elles conditionneraient même les esprits du peuple : ce conditionnement est aussi présent dès le plus jeune âge dans les programmes scolaires. Pour les flat earthers la théorie de la terre plate ne devrait pas être cachée mais étudiée. Ils trouvent «discriminatoire» que la théorie du globe soit considérée comme une vérité absolue et qu’elle soit la seule enseignée. La Flat Earth Society part du principe qu’il faut aiguiser son esprit critique, un principe tout à fait noble qu’elle pousse légèrement à l’extrême (oh ironie quand tu nous tiens). Pour nos amis adeptes de la théorie de la terre plate, il faut
le voir pour le croire. Certaines questions demeurent pourtant: quelle serait l’utilité d’un complot sur la forme de notre planète bleue et surtout en quoi cela profiterait-il aux agences gouvernementales? D’après nos chers camarades, les différents gouvernements auraient inventé les missions lunaires et spatiales dans le seul but de gagner la course à l’espace pendant la Guerre froide. Ils en auraient aussi profité pour détourner l’argent mis à disposition pour cette conquête spatiale imaginaire. Malgré tout, le mobile de cette conspiration reste majoritairement inconnu, chose que la Flat Earth Society reconnaît totalement. Leurs membres sont en effet encore en train d’en débattre sur leur forum officiel, ce même forum regorgeant de petits trésors tout droit sortis de photoshop. Malgré cela, un Français sur dix pense que la terre est plate (d’après le National Geographic, sondage Ifop 2017). Parmi leurs arguments majeurs: l’observation d’un horizon plat, alors qu’une terre «soidisant» ronde serait supposée avoir une ligne courbe (en vrai c’est juste une histoire de distance, dude). Un membre éminent de cette communauté, le rappeur B.o.B., a lancé un appel aux dons pour financer
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l’envoi d’un satellite afin de prendre ses propres photos de la terre. Bien que fort sympathique, cette théorie peut être contrée par des preuves scientifiques tout à fait obvious, même si elles n’ébranlent en rien leurs convictions : lors d’une éclipse l’ombre projetée est ronde et non linéaire, ce qui devrait être le cas si la terre était plate. Toujours astronomiquement parlant, les habitants des quatre coins du globe verraient exactement les mêmes constellations (seuls les points de vue diffèreraient), chose impossible aujourd’hui: CQFD: lire dans les étoiles nous apprend que la terre est ronde. Voyage, voyage,... on ne pourrait pas joindre Amérique-Asie en
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avion sans passer par-dessus l’Europe et l’Afrique et le décalage horaire n’existerait pas. Ou sinon simplement le fait qu’il fasse nuit à certains endroits de la planète alors que c’est le milieu de la journée ailleurs ; à moins que le soleil ne s’éteigne à la nuit tombée #c’estpasversaillesici. On peut ainsi dire que leur théorie tombe un peu... à plat. Mais après tout, comme dirait un inconnu sur internet, “the only thing flat earthers have to fear… is sphere itself” Communiqué officiel de la Flat Earth Society, via twitter (#trumpisation) : “The Flat Earth Society has members all around the globe.” ....Wait, what ?!?
My name is Terre, Pomme de Terre
Comment ça, quand on parle de terre, il n’y a que moi qui pense « pomme de terre » ? Il est grand temps de rendre à ce tubercule ses lettres de noblesse. Avant toute chose, exit la patate douce, qui, à cause de ses jolies fleurs, ne fait malheureusement pas partie de la famille. La pomme de terre, est, certes, un peu moins esthétique, mais bien ancrée dans la terre et dans nos vies. Nous savons tous qui elle est, mais la connaissons-nous vraiment ? Cette dernière a la parti-
cularité de pousser partout. Mais d’où vient-elle ? Elle fut introduite sur le territoire européen par les conquistadors, de retour d’Amérique latine vers la fin du XVIe siècle. Et là : c’est le carton. Elle devient rapidement un aliment de base de l’humanité toute entière. Les Hommes en ont fait une de leurs principales denrées, même la principale si on ne parle pas des céréales. Il en existe plusieurs milliers de variétés, près de 10 000 selon certains. Ma petite favorite restant la Vitelotte, au nom si mignon et à la couleur violette… de
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quoi faire pâlir toutes ses compères. Grâce à son incroyable capacité d’adaptation, la pomme de terre est surtout utilisée localement, c’est-àdire produite puis consommée directement sur place. Ahhh, les douces effluves de patates en transformation dès que l’on passe le panneau «Picardie» (je refuse catégoriquement de citer le nouveau nom de région, sorry not sorry).
Une petite faim ?
«Papa», comme l’appellent les Quechuas, peut être servie à différents moments d’un repas. Tantôt entrée, tantôt accompagnement, tantôt plat principal, tantôt dessert, elle peut aussi prendre différentes formes. Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici quelques exemples de plats à base de pomme de terre : le gratin dauphinois, le rösti, ou encore les omelettes et les tortillas. Les différentes régions du monde (je vous rappelle qu’elle pousse partout) en ont chacune leurs utilisations. En Amérique du Sud, terre d’origine de ce merveilleux aliment, il est le principal ingrédient en cuisine et entre dans la composition de très nombreux plats et autres soupes. Les Quechua et Aymara du Pérou
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et de Bolivie produisent même traditionnellement le chuño, une pomme de terre lyophilisée, pour pouvoir la conserver sur le long terme, jusqu’à des années parfois. Comme quoi on lui accorde une réelle importance ! En Amérique du Nord, les plus courantes sont les french fries, évidemment, mais aussi les hash brows, pommes de terre rissolées. Ils adorent aussi y ajouter du cheddar (et c’est compréhensible). En Nouvelle-Angleterre, on les mange en compote et nonépluchées tandis que dans l’Etat de New York on préfère les faire bouillir dans une eau saturée en sel et les servir avec du beurre fondu. Pas très alléchant… Mais heureusement, la poutine québécoise, que je ne devrais plus avoir à présenter, est là pour relever le niveau : pommes frites avec du fromage en grains et une savoureuse sauce chaude pour couronner le tout. Pour ce qui est de l’Europe, et plus particulièrement dans le Nord et l’Est, la patate est considérée comme un met particulièrement raffiné, eh oui ! Mais ils ont quand même trouvé comment tout gâcher en les consommant avec des harengs saurs ou quenelles… Pour ce qui est de la gastronomie toujours très fine de nos chers amis les Grands-
Bretons, elle accompagne soit le fish-and-chips, soit la fameuse panse de brebis farcie... Ah, j’oubliais, on peut la déguster accompagnée de sauce à la menthe bien sûr. Je ne m’appesantirai pas sur le Knödel bavarois, par respect pour vos papilles. Les Italiens, un peu plus finement, l’utilisent principalement dans la recette des gnocchi. Venons-en enfin à la Belgique, qui remet la barre haute avec les frites, plat national. Et pour cela - nouveau retour à la mère patrie - on utilise la variété appelée Bintje, d’origine flamande mais surtout cultivée dans le Nord-Pasde-Calais, qui garantit des frites sa-vou-reuses. Ce don du ciel s’est donc répandu en France, tout d’abord dans le Nord (Eune tchiote moulefrite ?), puis a gagné les autres régions, qui ont développé différentes spécialités. Le plat français par excellence restant le fameux steak-frites.
Un tubercule magique ?
Outre ses vertus diurétiques (qu’on évitera de développer), d’autres gens un peu allumés lui ont trouvé des vertus plus intéressantes. La pomme de terre se trouve être à l’origine du premier procédé de pho-
tographie couleur (qui utilise des grains de fécule de pomme de terre teintés). La plaque autochrome fut brevetée en 1903 par un certain Louis Lumière. Dans un tout autre domaine, selon Dumas, dans son Grand dictionnaire de la cuisine, les feuilles de pomme de terre séchées peuvent tout à fait remplacer le tabac. Pas mal, non ? On peut apparemment aussi se servir de la pomme de terre pour préparer de la colle ou encore pour nettoyer les vitres : petits conseils toujours bons à prendre. Plus connu, produire de l’électricité est possible grâce à elle, en la couplant avec deux électrodes en zinc et en cuivre. EDF : over.
La patate : muse des artistes ?
Inutile de préciser que la patate est sur-représentée dans les natures mortes et autres scènes de genre de la Peinture. Pour faire plus original, notre tubercule fait l’objet d’une adoration toute particulière dans la Cordillère des Andes depuis l’ère précolombienne. La culture Mochica y a réalisé des céramiques sacrées dotées de représentations de pommes de terre, parfois même sous forme anthropomorphe. Dans la littérature, quelques auteurs célèbrent
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le rôle qu’a joué la pomme de terre pour leur peuple, comme Adam Mickiewicz qui la remercie d’avoir sauvé son peuple de la famine dans Kartofla, poème de 1819. Le chilien Pablo Neruda, prix Nobel de littérature, lui dédie quant à lui une Oda a la papa. Dans le même but, Jacques Vaucherot publie en 1962 le roman Les Patates, prônant le rôle de cette denrée dans le ravitaillement de familles françaises sous l’Occupation. Enfin, dans un registre plus comique, on la retrouve dans un vaudeville de 1845, signé Dumanoir et Clairville. Les pommes de terre malades met en scène le Roi Pomme de Terre Ier, sa femme Vitelotte, son premier ministre Tubercule et ses médecins Topinambour et Patate… dérision qui fut apparemment très appréciée à l’époque. Si vous avez envie de partir en vacances sur ce thème, je peux vous conseiller l’Idaho, aka Potato State, où la pomme de terre a été désignée «légume officiel» depuis 2002. Si le temps vous manque (qui a dit qu’on manquait de vacances à l’EDL ?), vous pouvez aussi passer au Pérou un 30 mai ou un 29 juin en Equateur pour vivre un jour national de la pomme de terre. À faire au
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moins dans une vie. Et maintenant, je vous vois bien vous dire «Ils sont fous. Bon, comprenons que cette denrée est importante pour leur culture, mais on n’aurait jamais ça en France». Eh bien, détrompez-vous. Plusieurs villages organisent chaque année une fête de la pomme de terre. Notons en particulier celle d’Accous en Vallée d’Aspe (Pyrénées-Atlantiques), durant laquelle on peut boire dans des shooters creusés dans des patates et dont le point culminant va jusqu’à l’élection d’une miss patate, qui, en étant élue, a la joie de recevoir l’équivalent de son poids en pommes de terre… Sympa. Pour finir, en tant qu’Edeliens respectables, notez aussi qu’il existe des musées de la pomme de terre en Allemagne et aux EtatsUnis et deux musées plus spécialisés dans la frite, l’un à Bruxelles et l’autre à Bruges. De quoi se cultiver, dans tous les sens du terme cette fois. Après ce point (peu) exhaustif sur votre désormais denrée préférée, je vous laisse avec ce vers de Paulin Gagne dans L’Unitéide, (1857), qui conclut à merveille le propos : « Dans la pomme de terre est le salut de tous ! » Jeanne Spriet
Taslimiam Taslima Gaillardon
Pour
le numéro de rentrée j’ai décidé de faire une recette ambitieuse, raffinée, un truc vraiment ouf. Par contre accroche-toi, parce que tu risques de lutter à mort pour en venir à bout. C’est faux. On fait une patate, une patate bouillie. Parce que j’ai pas d’inspiration et que j’ai pas la pêche. Tu connais la chanson Les patates de Ricoune? Non? Tant mieux, elle est pas dingue, même si ça peut créer une ambiance et éviter que tu ne plonges dans une profonde dépression face à ta casserole. Tu mets ton sel dans l’eau préalablement disposée dans la casserole. Tu places délicatement ta pomme de terre dans l’eau après l’avoir épluchée, enfin sauf si t’aimes la peau, vis ta vie, sens-toi libre, c’est comme ça qu’on t’aime. Tu peux mettre ta casserole sur le feu maintenant afin que la pomme de terre cuise au calme, parce que sinon c’est un peu dur. Quand l’eau bout
Il te faut pour cette recette: -Une jolie pomme de terre, choisis-la bien, c’est le coeur de la recette. -Un Willi Woller 2006 (bg si t’as la rèf). -Une casserole. -De l’eau, ça sera moins sec. -Du sel, sauf si tu fais de l’hypertension, il paraît que c’est pas très bon, enfin je sais pas c’est quelqu’un qui m’a dit ça une fois. -Une patate, ah non ça on a déjà. -Du feu, pour cuire. Pour en faire, tu peux utiliser ce qu’on appelle un briquet, ou bien des allumettes.
c’est le signal que c’est prêt. Pour la présentation tu peux la mettre dans une assiette par exemple. Ensuite, les gens normaux mettent du beurre salé dessus, les gens peu fréquentables mettent de l’huile (sans jugement bien sûr). Allez bisous, à tôtbien dans ton vagin <3
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L’apARTé scientifique Le marbre en art, un bric-à-brac géologique
En Histoire des Arts, on définit le marbre comme une pierre sans grain et lustrable par polissage, autant dire que cela n’a RIEN à voir avec la définition géologique du marbre ! Donc le marbre artistique (au sens large) en fait c’est : du marbre, du calcaire un peu dur, du basalte, de l’albâtre, etc. Mais tenez, et si nous racontions un peu l’histoire géologique de toutes ces roches. Car oui, les roches ont une histoire ! Et pour qui s’y intéresse un peu -et a un certain pète au casque, il faut se l’avouerelle peut devenir aussi épique que n’importe quelle quête de medieval-fantasy ! -ou alors j’exagère totalement, dans le seul but que vous continuiez à lire, grosse puteà-clics que je suis !- Bien entendu, étant donné que je n’ai pas non plus 50 pages pour écrire cet article, ce dernier tentera d’expliquer
l’origine géologique des marbres de la manière la plus succincte et compréhensible possible, parce que je vous assure que tout ceci se révèle être un beau capharnaüm teinté de termes tous plus abscons les uns que les autres, même pour un « scientifique » avéré comme bibi et parce que je ne vais pas vous refaire tout le programme de première/terminale S au risque de devenir astronomiquement chiant ! Commençons par le calcaire. Pourquoi ? Parce que ! Petit insolent. Alors il me faut vous le dire tout de suite, le calcaire, eh bien c’est (entre autres) des cadavres ! Je vois le dégoût sur vos visages, non mais rassurez-vous, ce sont plus des fossiles de cadavres qu’autre chose. Du propre quoi ! Je m’explique … Dans les mers et les océans, les animaux et les végétaux meurent
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aussi -y’a pas d’raison !- et leurs corps se déposent dans les fonds marins. Ainsi vont s’accumuler des quantités astronomiques de squelettes de micro-organismes, de coquillages et de débris organiques divers et variés, masse informe que la pression monstre qui règne làdessous va bien finir de tasser. Tout ceci sédimente, et PAF ça fait des Chocapics du calcaire ! Bon il y a tout un passage de cristallisation de la calcite, mais on est en géologie, pas en chimie, donc on s’en tamponne le coquillard, cristallisé, ça va de soi. Bien sûr, il existe PLEIN de calcaires de différentes caractéristiques physiques selon les gisements : des durs, des tendres, des plus ou moins poreux ou contenant plus ou moins de fossiles, etc. -nota bene : penser à écrire la chanson du calcaire, merci Pierre Perret. Mais seulement une partie d’entre eux font partie de la grande famille des marbres. Bien, et maintenant passons au marbre justement. Et ce n’est pas un hasard car il s’agit en fait … de calcaire transformé ! Ou plutôt métamorphisé en fait. Mais késako le métamorphisme ? -et non Kevin, ce n’est pas le fait de se transformer en Métamorph, maintenant retourne en 2016 jouer à Pokemon Go !- Plus sérieusement, le métamorphisme c’est le changement de
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forme cristalline (et donc de caractéristiques physiques) d’une roche sous l’effet d’une très forte pression ou d’une très haute température (ou des deux). Donc pour créer votre roche métamorphique, il va falloir l’amener profond, très profond, ou à proximité d’une source de forte chaleur (chambre magmatique, lieu de frictions tectoniques, Emma Watson, etc.). Pour la première méthode, cela se passe souvent lors d’une collision entre deux plaques lithospériques, mais une petite explication s’impose peut-être. La surface terrestre est formée en gros d’une lithosphère rigide (croûte continentale ou océanique suivant les roches qui la compose et Manteau supérieur). Cette lithosphère est séparée en plaques lithosphériques -merci Captain Obvious- qui « flottent » sur l’asthénosphère ductile en-dessous et qui donc, du fait de mouvements de matières internes, se déplacent et s’entrechoquent d’où les séismes et autres joyeusetés de ce genre. Pour en revenir à notre sujet, quand deux plaques lithosphériques entrent en contact sous l’effet de forces de compression, la croûte océanique (et donc le calcaire, posé, je le rappelle, au fond des océans), plus dense, entre en subduction, c’est à dire qu’elle « plonge » sous la croûte continentale, et les roches sédimentaires
qui se trouvaient au-dessus sont « raclée » par cette dernière, formant un prisme d’accrétion. Les deux masses continentales auparavant séparées entrent alors en collision, entraînant entre elles notre calcaire, et il se crée un relief par ce que l’on nomme un épaississement crustal -serrez une boule de pâteà-modeler dans votre main et vous aurez un bref apperçu de tout ceci. Le truc c’est que si la roche « monte » en surface, elle « descend » aussi en profondeur, à un endroit où il fait TRÈS chaud et où la pression est inimaginable. La roche se métamorphise alors et remonte peu à peu à la surface, comme un bouchon, au fil de l’érosion du relief qui est au-dessus. Ok, on a donc une roche, sédimentaire (le calcaire), une roche métamorphique (le marbre), passons maintenant aux roches océaniques avec le basalte. Alors, il s’agit d’une roche noire -pour l’instant ça va ...microlithique - …, et m****. Bon en gros une roche microlithique c’est une roche pas totalement cristallisée, c’est à dire que de tous petits cristaux sont entourés d’une masse de « verre » non transformée en quartz, pyroxène ou autres cristaux. Pourquoi ça fait ça ? Parce que la roche a refroidi trop vite pour que ses composants cristallisent bien. Et cela nous permet de parler de la formation du basalte -mais quelle transition !- Cette roche est pro-
duite en fait au niveau des dorsales océaniques, qui sont des chaînes de volcans se trouvant au fond des océans entre deux plaques lithosphériques. C’est là que se créent les roches composant la croûte océanique, ce qui « pousse » le reste des deux plaques lithosphériques, qui s’écartent donc l’une de l’autre. Mais bref, le basalte, au départ, c’est la lave de ces dorsales océaniques qui, lors d’éruptions sous-marines, refroidit brutalement au contact de l’eau alentour. Il s’agit donc d’une roche volcanique. Voilà voilà ! Passons à une roche un peu plus compliquée, car à l’instar du marbre, l’albâtre ne se réfère pas à une unique vérité géologique -on a donc une roche qui en est plusieurs dont une qui en est plusieurs autres, impeccable ! Comment voulez-vous que je ne fasse pas des cauchemars la nuit moi !Donc, je disais … on retrouve deux types d’albâtre : l’albâtre calcaire et l’albâtre gypseux. Alors le premier, et bien c’est du calcaire … Mais attention ! Pas le même que tout à l’heure ! Celui-ci se forme sur la terre ferme -ou plutôt SOUS la terre ferme d’ailleurs. En effet, l’albâtre calcaire est produit dans les grottes par infiltration d’eau dans des roches calcaires. Je m’explique : lorsqu’il pleut, l’eau s’infiltre dans le sol et rencontre
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alors diverses roches. Or, s’il s’agit de calcaire (formé de la manière préalablement expliquée), ce dernier se dissout en partie dans l’eau, qui l’emporte avec elle. Mais quand cette eau chargée de sels minéraux rencontre une grotte, elle commence à goutter sur les parois ou du plafond. Le calcium qu’elle contient se re-cristallise alors au contact de l’air, formant stalagmites et stalactites … d’albâtre. Et le gypseux ? Eh bien c’est du gypse pardi ! Et le gypse ? Alors, il s’agit de ce que l’on nomme une évaporite, ou roche sédimentaire saline, tout est dans le nom. En résumé du gypse se forme lorsque qu’un lac ou un bras de mer s’assèche. Les sels minéraux contenus dans ces eaux restent alors au fond du lit de l’ancienne étendue et sédimentent par compaction des couches inférieures sous la pres-
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sion des couches supérieures pour former (entre autres) du gypse ! Bien. Je pense que ça suffit pour aujourd’hui la géologie, non ? Il est vrai que cette matière, barbare même pour beaucoup de S, ne vend pas forcément du rêve. Mais pour autant, cela peut aussi nous apporter un regard nouveau sur la sculpture, en imaginant les préquelles de telle ou telle oeuvre, en pensant à tout le chemin parcouru par cette roche pour parvenir jusqu’entre les mains de l’artiste puis face à nous dans un musée. Allié de science, l’art n’en devient sans doute que plus beau. Et puis nous qui nous concentrons toujours sur l’histoire des Hommes, pourquoi ne pas en faire de même pour celle de la Terre ? -oui, je sais, je pars trop loin. Raphaël VAUBOURDOLLE
Histoi’Art
Donjon versus Clocher, le jeu du contrôle de la terre
Si l’on croit bien souvent qu’au Moyen Âge les attributions de terres étaient fixes et immuables, gravées à l’encre dans les chartes, beaucoup bien souvent oublient que le royaume de France, encore à ses balbutiements, se composait alors d’une grande variété d’entités géographiques, limitrophes et administratives. La terre, alors plus grande richesse que l’on puisse posséder, est l’objet d’un constant jeu d’échecs, parfois sans pitié, entre ses habitants. Quand l’art de la guerre s’invite à l’art du contrôle de la terre naissent alors des stratégies, des originalités de coups et même… des pions insoupçonnés. Prêts à tout faire pour gagner la partie ? Suivez les pas de nos meilleurs joueurs ! Place au jeu ! Contrôler la terre en tant que seigneur ? Avançons les pions. Au tour-
nant du IX-Xème siècle émerge la volonté d’attachement des hommes aux lieux dans lesquels ils vivent, développant dans le même temps une autorité seigneuriale qui s’affirme. En 1973, l’échiquier médiéval des territoires a enfin son nom de baptême grâce à Pierre Toubert qui appelle ce phénomène « incastellamento ». À travers lui, l’historien français désigne le regroupement des hommes dans un village fortifié et perché autour de la résidence du seigneur, rebattant ainsi les cartes des parcelles de terrain. Séparé des espaces artisanaux, notre pion de la tour s’appelle
Ruines de Wharram Percy
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Ruines du château de Frohburg
alors la motte castrale, soit une motte de terre souvent artificielle qui induit une stricte séparation avec les autres zones par un fossé et une élévation qui la distingue du reste. Toutefois, problème de règle du jeu à l’époque : il existe très peu de sources textuelles sur nos mottes castrales ! Ainsi, le château de Frohburg n’apparaît pour la première fois dans les documents qu’au XIIIème siècle alors que les fouilles archéologiques ont bien démontré son existence déjà au Xème siècle ! Autre caractéristique des pions « mottes castrales » : leur instabilité ! Certaines ne servent que très peu de temps, à l’image de celle de Pineuilh qui n’a connu qu’une seule génération avant d’être abandonnée pour une nouvelle plus loin. Et dans l’autre camp ? Voyons un peu le jeu de l’adversaire de nos pions seigneuriaux : l’Église ! Au Moyen Âge, habitats et espaces funéraires sont dissociés
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jusqu’à ce que peu à peu les petites sépultures se rassemblent en une zone collective consacrée, accolée à l’église : le cimetière. En donnant désormais au cimetière et à l’église un rite de consécration, ils deviennent plus que des bâtiments mais bien une zone protégée à la forte aura spirituelle qui forme la Maison de Dieu. Donner à certains espaces et bâtisses ce statut particulier, cela induit que tout territoire n’appartenant pas à l’Église est condamné à être régi par le Malin, à faire partie du saltus, des incultes... L’église devient alors le pôle absolu de la religion, du domaine de Dieu. Sacrée botte dans le jeu, non ? Avoir Dieu comme joker, c’est toujours faire bonne pioche. Les différentes reconstructions sur un même lieu légitiment et pérennisent encore plus le contrôle de la terre. C’est le cas pour l’église de Wharram Percy en Angleterre, qui a connu au moins douze constructions et reconstructions différentes, mais toujours au même lieu. C’est la sacralité de l’endroit qui stabilise le bâtiment et ses fondations. De plus, l’apparition et la multiplication de micro-prieurés par la suite va permettre de constituer un véritable maillage ecclésial sur
les terres. Pion important, l’église représente bien souvent dans les villages le seul véritable bâtiment communautaire. Toutefois, croyez-vous sincèrement que le camp des seigneurs allait laisser les ecclésiastiques gagner la partie ? À partir de l’an 1000, avec l’usage de plus en plus généralisé de la pierre, nos pions deviennent plus forts : les mottes castrales en bois se métamorphosent en imprenables châteaux, les petites églises se dotent d’un solide clocher. La concurrence va surtout s’effectuer d’un point de vue architectural. Premier round : la guerre verticale est lancée ! Clocher et donjon étant des points d’ancrage d’élévation, le plus haut est celui qui symboliquement domine le territoire, étant visible de très loin. Certains joueurs n’hésitent d’ailleurs pas à tricher comme le seigneur de Talmont qui la nuit part démonter des blocs de l’église pour continuer la construction de son donjon ! À partir des années 1050, les Grégoriens entendent organiser la terre autour des pôles sacrés. Dans les
sources textuelles, les lieux sont désormais plus repérés par le nom de la paroisse que par le nom du chef-lieu… La prétention ecclésiale de dominer le territoire est bien sûr non dénuée d’intérêt : avoir plus de terres sous leur contrôle permet aux religieux de récolter plus facilement et en plus grande quantité la dîme. Deuxième round : la guerre sonore ! Le cor ou la trompe d’appel est un des marqueurs importants de la domination du seigneur sur son espace. Tous les sites aristocratiques fouillés possèdent au moins une corne. À Pineuilh, douze cors ont ainsi été retrouvés quand seul un tiers de l’espace a été fouillé (avis à nos lecteurs archéologues !). Par conséquent, l’ Église va pendant longtemps être hostile à ces objets et va même considérer qu’ils sont des relents de magie et de paganisme. Toutefois, cela n’empêche pas les religieux de contre-attaquer à leur tour avec leur clocher et leur appel à la messe à pleines volées métalliques de cloches dansantes. Troisième round et pas le
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plus connu : la déambulation spatiale ! Objet d’études de Joseph Morsel notamment, la déambulation est le moyen pour seigneurs et religieux de rappeler régulièrement les limites de leurs territoires. Pour des terres éloignées, y aller de temps à autre se révèle primordial pour éviter une usurpation ou une contestation. C’est le cas des moines de Conques faisant de réguliers allers-retours entre Pallas et Bellemont. Les témoins sont très importants aussi quand on vient d’acquérir une terre. En en faisant plusieurs fois le tour, accompagné d’observateurs, on marque ainsi la légitime appropriation de l’espace. La chasse permet en outre de remarquer les limites de son territoire dans la réserve. Face aux laïcs, les ecclésiastiques procèdent eux à des processions religieuses en faisant le tour d’une parcelle en priant pour un meilleur rendement ou par des marches spirituelles d’un point sacré à un autre.
Quatrième round : asseoir sa domination sur les autres pions ! Au-delà même des deux camps adverses, il reste encore les pions simples du plateau : les habitants. Pour eux, seigneurs et religieux vont tenter de déployer les plus fins stratagèmes pour les lier à leur volonté d’autorité terrestre. Ainsi, obliger les fidèles à venir chaque dimanche à la messe permet au clergé de marquer leur domination par le passage d’hommes et de femmes vers leur église. De même, périodiquement, les paysans doivent se rendre au château du seigneur afin de montrer leur soumission par le chevage et pour payer les taxes et impôts qu’ils lui doivent.
Maintenant que vous connaissez tout du jeu de contrôle de la terre médiévale, que vous avez révisé les meilleures stratégies, plus ou moins autorisées, pour asseoir votre autorité, êtes-vous plutôt #TeamDonjon ou plutôt #TeamClocher ? En tous les cas, que le meilleur gagne ! Laureen Gressé-Denois
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Nouvelles du prochain Monde
Cultiver son jardin (de pommes) Dorian Haudoin
Il était midi. Le soleil, à son zénith, bombardait de ses particules les panneaux solaires rouillés, entreposés dans la vaste plaine s’étendant à perte de vue. Quelques immeubles, isolés mais toujours fièrement dressés, jouaient des ombres et s’improvisaient cadrans solaires. Le désert à leurs pieds, lui, a pour caractéristique de repousser les étrangers qui foulent son sable. Les insectes venimeux, scarabées ou autres serpents, les avertissent du caractère hostile de leur entreprise ; et le vent, en dernier recours, les aveugle de poussière tout en ralentissant leur progression. Aucun homme n’avait franchi ce lieu depuis que la civilisation plia bagages pour les cieux, au-delà des nuages bruns. Pourtant, deux silhouettes ondulant sous la chaleur se mouvaient au loin. « Commandant, si je peux me permettre, nous aurions pu – que disje – nous aurions dû prévoir que ce détour allait nous coûter plus de carburant qu’à l’accoutumée ». Si ce n’était pas la terrible acous-
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tique, elle aurait cru entendre son supérieur grommeler. Ou alors était-ce son estomac ? Il est vrai que l’heure du déjeuner approchait, et que vingt-quatre heures s’étaient écoulées depuis leur dernier repas. Les rations fournies par la Base sont toujours scrupuleusement estimées, réparties, et l’imprévu est inenvisageable ; après tout, les denrées sont rares. L’erreur, fatale. « Manger est un luxe quand il nous reste moins de quinze pourcents d’oxygène, caporal », répondit le principal concerné, comme s’il pouvait lire dans ses pensées, sa voix étouffée par la combinaison. « Vous ne croyez pas si bien dire, je prendrais bien un bon bol d’air frais. Il fait beaucoup trop chaud ici ! - Mais, que faites-vous ? » Il n’avait pas fini sa phrase, que sa partenaire retirait son épais scaphandre. Tête levée, laissant ses longs cheveux ambre se défaire, elle prit une grande inspiration. Sentant que l’air n’était pas si toxique, elle remarqua l’agitation de son partenaire.
« Vous êtes inconsciente ! Remettez-ça immédiatement, la tança-t-il. Vous ne voudriez pas contaminer tous vos camarades une fois rentrés ? » Sans vraiment avoir le choix, elle s’exécuta. « Regardez devant vous, caporal. » Après avoir marché des heures, le corps las, les deux mercenaires se tenaient enfin au seuil du premier gratte-ciel qui séparait l’étendue de sable de l’ancienne ville. « De sacrés vestiges, à m’en donner le vertige, pour sûr », reprit-il. « Comment faisaient-ils pour vivre entassés les uns sur les autres ? Enfin, nous devrions être capables de trouver des sanctuaires où l’on cachait des ressources. Vous chercherez près des tombes. » Vous pensez vraiment que l’on offrait de l’essence aux défunts ? Pensa-t-elle si fort, qu’elle eût cru prononcer ces mots. C’est emmitouflés et mijotants à petit feu qu’ils pénétrèrent le bâtiment. L’émetteur sur leur bras gauche se mit à sonner : la température avait chuté de plus de cinq degrés. Alors que les deux compères se perdaient dans le hall à ne pas vraiment savoir quoi faire, tout d’un coup, le commandant se mit à s’agiter. S’enfonçant dans l’enceinte du bâtiment, il scruta le sol, puis se baissa, avant de sauter de joie. « Voici la raison de notre détour, caporal ; dit-il, le ton de sa voix en
dichotomie avec son corps. Il est dans un état parfait. » Dans ses mains, le commandant tenait ce qui semblait être un appareil de la taille de sa paume, peutêtre un peu plus. La lampe frontale du commandant se confondait dans une sorte de miroir opaque, qui s’étendait sur toute la surface de l’objet quadrangulaire, sibyllin. Remarquant l’incrédulité du caporal, il le lui tendit. « Il existe beaucoup de traces de ces petits objets rectangulaires, mais en trouver des intacts relève du miracle. Certains, que l’on parvient à reconstituer avec des bouts de matière plastique que l’on retrouve ici et là, présentent des différences esthétiques, sans que l’on sache pourquoi. Ce qui ressemble à une pomme croquée se retrouve presque systématiquement sur ceux que l’on a découverts en aluminium ; dont celui-ci. Est-ce une forme de culte ? Quoi qu’il en soit, on ne sait pas vraiment à quoi ils servaient, mais on suppose que chaque personne en avait un. » Le commandant repassa sa main sur le sable. Parmi les petites particules de plastique que l’on trouvait de toutes les couleurs, se trouvaient une multitude d’autres petits objets. Des bouts de béton, des sortes de jouets craquelés, ou même des cordons aux usages énigmatiques. Peut-être qu’autrefois, à cet endroit même, se trouvait cet artefact précieux que l’on nommait terre.
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« Ces hommes… ils passaient certainement leur temps à explorer, à analyser les vestiges des civilisations présentes encore avant eux, en se demandant comment ils avaient disparus. Creusant le sol, encore et encore, jusqu’à sombrer dans ses entrailles. Ils ont dû remarquer qu’elles s’étaient toutes éteintes car elles n’avaient pas su surmonter leurs difficultés. Invasions, crues, maladies, que saisje… Peut-être que la leur était trop aveuglée pour voir la calamité approcher. - Remarquer la vague dans l’horizon n’empêche pas son écrasement sur le littoral, commandant. » Un bruit strident les extirpa de leur conversation. Figés, le regard alerte, tout ce qu’ils voyaient défiler étaient les bandes de sable, soulevées par le vent. Les bourrasques avaient certainement déplacé un panneau solaire à proximité. « Nous ne devrions pas tarder. Nous ferons une analyse poussée de cet engin une fois de retour à l’Université.
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- Une question, commandant… Comment pouviez-vous être sûr de trouver un artefact d’une telle rareté, à cet endroit même ? » Aucun mot en guise de réponse. Sans réellement avoir eu le temps de souffler, les deux explorateurs reprirent leur quête à la recherche de carburant, se dirigeant vers la vieille ville, au nord. Bien que la zone ait été désertée il y a des dizaines, voire des centaines d’années, ils prirent soin d’effacer leurs empreintes du sable. Toutefois, le commandant ne put s’empêcher de regarder derrière lui. Peut-être sentait-il l’ombre se rapprocher d’eux.
“La terre natale” (qu’en général on retrouve) : La mienne est répartie entre Paris, les Yvelines et l’Essonne, donc rien de bien classe, mais ça fait toujours un bien fou de retrouver sa base. Ivane
“Terr...ine”, juste “Terrine” : Non, je ne suis pas une grosse bouffe ! Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?! Raphaël “Terraqué” : Parce que c’est Proust, la terre, l’eau mais aussi parce que c’est marrant à dire. Tyfenn
“Ici la Terre à la Lune” : Cosmique interpellation que l’on me fait pour être trop souvent dans mes rêveries d’une astronaute solitaire ! Avis à toutes les personnes loin de la pesanteur de notre bonne vieille planète ! Laureen
Quelle est vot préférée avec le “Aussitôt qu’il a la vaisselle de porcelaine, il dédaigne la vaisselle de terre“ : Cette fameuse phrase que ta grand-mère dit lorsqu’elle t’offre une écharpe à Noël et que tu es déçu, d’ailleurs je ne sais toujours pas d’où elle connaît cette expression ! Deborah 40
Le choix de la rédac Le Ter-ter : Chacun a le sien et c’est bien de le retrouver parfois, enfin des fois, ou pas... À ne pas confondre avec la terre natale, qui n’a rien à voir. Le terter, c’est plus viscéral. Salomé
tre expression e mot “terre” ? “C’est à tomber par terre” : Désigne le crumble poire-chocolat ou la compote maison faite par ma mère, ou plus généralement tout type de nourriture sucrée. ChloéAlizée
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“Pas terrible” : Ça ne fonctionne pas vraiment dans ce contexte, ma participation est caduque. Taslima
“Roule un tehr” : Il ne s’agit pas d’arnaquer une chèvre sauvage, mais plutôt de confectionner un joint de marijuana. Louis
“Terre à terre” : J’ai toujours trouvé cette expression très ambigüe. Elle désigne le plus souvent quelqu’un de, disons-le, pas très ouvert d’esprit, mais peut aussi qualifier une personne sachant rester réaliste et débrouillarde au quotidien. Donc positif ou négatif ? Jeanne
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Crédits photographiques
Charles GAUCHER Emma CAPON Mens Sana Emma CAPON Charles GAUCHER Louis Chantelat et Emma CAPON Anna AUBOURG BURST Creative Commons Wikipedia Maëlle GRESSÉ-DENOIS UNSPLASH Emma CAPON UNSPLASH Charles GAUCHER
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Couverture 1-2 4-9 10-15 16 19 20-23 25-29 30-31 32 34 35-39 40-41 Quatrième
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