LB n°64 : CRÉATION/

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Sommaire Edito p.3 Episode de la vie d’un artiste p.4-5 Interview de François Mardrus p.6-8 Je suis imaginaire p.9-10 Horoscope p.11 Le pouvoir du poète p.12-13 Quel est votre mythe de création préféré? p.14-15 Mots croisés p.16-18 Base de l’Athéna Parthénos, naissance de Pandore p.19-22 Douter pour créer p.23-25 Enuma Elish p26-29 Réponses des mots croisés p.30 Crédits p.312

Rédactrice en chef : Flora Fief

Courriellouvrboite.fr:journaledl@gmail.com

Edito

Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : ISSNInstagram@louvrboite:@louvrboite1969-9611.Imprimé sur les presses de l’École du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs.

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: Eloise Briand

PourHello!cette

nouvelle année, nous vous proposons un défilé de créations (écrite mais t’inquiète, c’est mieux que Netflix) toutes plus originales les unes que les autres: de la très exclusive interview de Françoise Mardrus (et oui!), à nos célèbres et incontournables mots croisés, sans oublier nos plus créatifs des articles ! Tu pourras même en retrouver sur notre site en ligne louvrboite.fr, tout au long de ce mois-ci!

Responsable communication : Alex Martin Maquette :Mélissande Dubos, Lilou Feuilloley, Co ralie Gay, Blandine Adam, Noémie Carpentier

A très vite Eloïse et Flora DirecteurN°TreizièmeLouvr’Boîteannée64,0,50€depublication

Couverture : Coralie Gay Ont contribué à ce numéro : Adrien Barbault, Angeline Wiard, Anouk Hubert, Aubin Maudeux, Axel Martin, Blandine Adam, Caroline Legendre, Cassandre Bretaudeau, Célestine Castrigno, Co ralie Gay, Daphné Lemaître, Eloïse Briand, Eve Elmassian, Flora Fief, Gabriel Barnagaud, Gabriel Schmit, Gwladys Jolivet, Hippolyte Campe, Inès Amrani, Jeanne Spriet, Jeanne Thomann, Lilou Feuilloley, Manon de Maistre, Marie Vuillemin, Mathilde Cloüet, Mathilde Rodrigues, Matteo Vassout, Mélissande Dubos, Noemie Carpentier, Pauline Drancey, Raphael Papion, Raphael Vau dourdolle, Sofiya Pauliac, Solène Roy, Suzanne De lannoy, Suzanne Gilles, Tyfenn Le Roux, Victoria ÉcoleLarrieudu Louvre, Bureau des élèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 PARIS CEDEX 01.

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Interview de Françoise Mardrus

A l’occasion du nouveau mandat de Laurence des Cars et de l’annonce de la reprise du projet pour la constitution d’un nouveau département des Arts de Byzance et des chrétientés d’Orient au musée du Louvre, Françoise Mardrus, professeure à l’Ecole du Louvre et directrice du Centre de recherches Dominique-Vivant Denon, nous aide à comprendre les enjeux et le processus de création d’un projet d’une telle ampleur. Pourriez-vous vous présenter et nous décrire votre parcours avant de tra vailler au musée du Louvre ? Je m’appelle Françoise Mardrus. J’ai été élève à l’Ecole du Louvre et j’ai égale ment obtenu en parallèle le diplôme du DEA (diplôme d’études approfondies d’histoire de l’art) à l’université de Paris 1. J’étais inscrite en thèse et avais donc le parcours classique du double cursus, sans équivalence à l’époque. Cela per mettait de passer les concours ou de partir vers la recherche. Je suis entrée au musée du Louvre en août 1988 alors que je sortais tout juste de l’Ecole du patrimoine, en juin 1988. Nous étions la première promotion de cette école qui allait devenir l’Institut National du Patrimoine (INP).

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EXCLUSIF !

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vos missions et votre travail au musée du Louvre ? Lorsque j’ai commencé à travailler au musée du Louvre, nous étions en 1988, c’est-à-dire un an avant l’ouverture de la pyramide. Il y avait beaucoup à faire. Le musée et le ministère de la Culture désiraient que la pyramide soit ouverte pour l’anniversaire du bicentenaire de la Ré volution. C’est pour cela que Michel Laclotte, nommé directeur du Louvre dès 1987, recru tait toute une équipe autour de lui pour porter ce projet qui ouvrirait un an plus tard. Et j’ai donc eu la chance d’en faire partie. Je ne peux que lui rendre hommage aujourd’hui alors qu’il nous a quitté en août dernier. Ma carrière s’est donc déroulée au service de l’institution, de ses collections et de leur présentation car j’ai coordonné les grands projets du Louvre jusqu’en 2013, en « petite main » au début puis avec de plus en plus de responsabilités et de collaborateurs.

L’année 1988 était marquée par la période du Grand Louvre, dynamisée par les grands projets du président de la République, François Mitterrand.

En tant qu’élèves, nous avions baigné dans cette atmosphère pendant nos études car le lancement du projet remontait à 1981. Cependant, à l’époque nous faisions de l’histoire de l’art et nous n’avions pas forcément conscience de l’enjeu qui se mettait en place. Le lancement de ces pro jets culturels et muséographiques a ouvert des débouchés auxquels je ne pensais pas au départ, car j’étais plutôt orientée vers l’enseignement et la recherche. Ce sont des conjonctions de vie que je n’avais pas imaginées mais finalement je me suis engagée naturellement dans cette voie et cette Quelsdynamique.ontété

Suite de l’interview sur le site du Louvr’Boite

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Quand vous êtes propulsé au début de votre carrière dans l’aménagement des sept départements du musée du Louvre dont vous avez appris les collections pen dant trois ans à l’Ecole du Louvre, c’est un changement de point de vue extraordi naire. Vous les redécouvrez, même si vous les connaissiez d’ores et déjà parce qu’elles étaient au programme de vos cours. Vous êtes également en contact avec vos an ciens professeurs, comme Geneviève Bresc-Bautier (conservatrice générale, directrice honoraire du département des Sculptures du musée du Louvre) avec qui j’ai participé à la présentation des premiers espaces dédiés à l’histoire du Louvre sous la pyramide.

A partir de 1997, j’ai été chargée de mission à la direction du musée auprès du président - directeur et de l’administrateur général du musée du Louvre. J’ai coordonné les projets programmés par Pierre Rosenberg (1994-2001) et Henri Loyrette (2001 à 2013) comme le département des Arts de l’Islam et le lancement du Louvre-Lens. Cependant je n’étais pas seule, c’est toujours un travailProposd’équipe.recueillis par Cassandre BRETAUDEAU

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Pour toi, je pourrais d’un rien créer tout un monde. Pour moi, tu n’aurais de frontières, pas la moindre limite.

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Ici, je te verrais, heureux, à l’ombre d’une pyramide ou d’un bas-relief qui, sans vraiment le savoir, octroient aux hommes une essence divine, sous un soleil ardent.

Je suis imaginaire

Au commencement, je t’emporterais loin, très loin, là-bas où je sais fleurir des pays tout entiers, comme ce Pays de Cocagne qui te ressemble, comme ce paradis qui chaque soir effleure tes rêves, peuplés de ces mythes et de ces légendes que tu affectionnes tant et auxquelles je peux, si je le veux, donner vie. Là, tu verrais un désert, vide dans son immen sité. Du sable, émergeraient les ruines d’une civilisation perdue que naguère un conquérant mésopotamien aurait, si c’est ce que tu souhaites, réduite en cendres. Pour toi, je façonnerais ces ruines en cités de terre cuite et de briques moulées, couvertes de peintures rupestres et de caractères cunéiformes, au cœur desquelles des hommes ont adoré des dieux dont on a aban donné les noms, dont on a oublié les épopées.

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Si l’envie t’en prenait, de ces ruines que, pour toi, je ferais temple, s’élèverait une cathédrale et, si tu te présentais sous sa nef, de vieux vitraux dans leurs habits tristes et bigarrés, au son de quelques cloches étouffées, caresseraient d’un rayon tes pommettes Etjuvéniles.ici,sous un encensoir garni de parfums qui te sont inconnus, je te sacrerais empereur et, malgré sa toute-puissance, Rome te redouterait, et moi, je te trouverais beau. A la fois souverain et conquérant, architecte et artiste, dieu parmi les hommes, respecté pour tes peurs et craint pour le silence qui t’habite, là et seulement là, tu serais, toi aussi, une de ces légendes, héros d’un mythe. Et si je le pouvais, tout ce que là-bas pour toi j’ai pu bâtir, tout ce que je t’ai pu promettre, je te le donnerais. Mais, vois-tu, mon triste drame, c’est que l’imaginaire que j’incarne ne se partage. Jalousement, je demeure reclus à l’ombre de l’esprit solitaire et si dans ton monde tu me veux voir, il faut t’armer de courage car une force de titan te sera nécessaire pour m’extraire de ma grotte, pour m’offrir à la vie, pour d’un rien me créer. A. Maudeux

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Je m’interrroge. Qu’ont-ils de si spécial, ces poètes et poétesses, pour marquer nos pensées et nos cœurs sur tant de siècles en ne faisant rien de plus que d’assembler des mots? Quelle est cette chose qui rend les poètes poètes? En grec le Poietes c’est le Créateur. Un artiste, un magicien. Un dieu capable de Création, tel Dieu lui-même qui, dans la Genèse, extirpe la lumière de l’obscurité non pas par l’emploi de potions ou de forces électriques, mais par le simple maniement des mots. Dire n’est pas un acte passif et neutre. Raconter n’est jamais un acte anodin, y mettre la forme est un art subtile. Les mots et le langage ont ce pouvoir de sculpter notre perception du monde.

Aujourd’hui la poésie nous évoque des noms de toutes les époques. Homère, Ferdowsi, La Fontaine, Shakespeare, Verlaine, Desbordes-Valmore, Poe, Anna de Noailles, Hugo, Eluard; maudits, classiques ou novateurs, illustres de leur vivant ou sauvés de justesse de l’oubli, nous les avons étudiés, appris et récités en cours. Par leur génie, leur audace et leur passion, ces hommes et ces femmes ont participé à la noblesse de la poésie et à sa grandeur académi cienne, si bien que leurs noms se sont transformés en légendes.

Et dans cent ans les enfants réciteront peut-être les poèmes de Rupi Kaur ou de Tolkien, et pourquoi pas les textes de talentueux paroliers (après tout, l’Iliade elle-même est un chant). Ainsi Cohen, Ferré, Piaf, Eddy de Pretto, Gaël Faye, Pomme, Taylor Swift, ou encore Lizzo viendraient s’ajouter à la liste (très subjective) des Grands Poètes.

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Cependant la poésie apparaît de plus en plus désuète: désormais ro mans et mangas priment dans littérature. Mais s’il est une chose d’émouvoir et de divertir au cours de centaines de pages, il en est une autre de le faire en quelques vers seulement. Ce n’est pas un hasard si la poésie fut le premier genre littéraire à voir le jour, ni si elle fut un élement central de la philosphie et de l’art aussi bien en Europe, au Japon ou au Proche-Orient: elle possède cette magie unique qui touche directement notre imagination et nos propres expériences humaines.

Pourtant dans l’imaginaire collectif, les poètes sont perçus comme des intermédiaires entre l’humanité et l’invisible. Ils sont ceux qui observent, saisissent l’indescriptible et le retranscrivent de façon relative -ment intelligible.

Le pouvoir du poète

C’est le révélateur des images,Le Poète - c’est lui quiNous donne droit - par contraste,A l’éternelle pauvreté. A son héritage - si aveugle Que le vol - ne lui ferait rien, Il est sa propre fortuneEt il la possède - hors du temps. Alors le poète et la poétesse sculptent-ils quelque chose de nouveau issu de leur seul esprit, ou ne font-ils que lire et traduire ce qui se trouve autourDired’eux?qu’ils créent quelque chose à partir de rien me semble inexact car on ne peut inventer aucune couleur, aucune odeur ni aucun sentiment; il s’agit de composer avec ce que chaque être et chaque instant contient. Les poètes en réalité, sont des révélateurs qui oscillent entre deux états: la réflexion minutieuse, et la création impulsive. Car ce ne sont pas eux qui saisissent la nature humaine, l’essence de la vie et l’invi sible, mais bien toutes ces choses qui les saisissent et les animent.

C’était un Poète - Celui Qui distille un sens inouï Des significations banalesUne si forte essence Des plantes familières Séchées devant la porte, Que nous nous demandons pourquoiNous ne l’avions captée nous-mêmes.

Et parce que les poètes.ses révèlent à l’humanité ce qu’elle ressent en sa chaire, celle-ci les adopte et les change en légendes. Alors leurs poèmes s’en vont, libres, autonomes, vivants, nourrir et éclairer les âmes de ceux qui sauront les comprendre, jusqu’à ce que l’oubli les Jeemporte.vousconfie, pour conclure, entre les vers de la grande poétesse américaine du XIXem siècle Emily Dickinson qui sauront vous décrire ce pouvoir éblouissant qui n’appartient qu’aux poètes:

Lilou F 13

This was a Poet - It is That Distills amazing senseFrom ordinary Meanings -And Attar so immense From the familiar speciesThat perished by the Door -We wonder it was not Ourselves Arrested it - beforeOf Pictures, the Discloser -The Poet - it is HeEntitles Us - by Contrast -To ceaseless PovertyOf portion - so unconscious -The Robbing - could not harm -Himself - to Him - a Fortune -Exterior - to Time -

La création des Hommes chez les mayas. D’abord mo delés dans l’argile, puis sculptés dans le bois, les dieux s’arrêtèrent à leur troisième essai ; des hommes et des femmes en pâte de maïs. noémie

La création du monde hindou avec le dieu Brahma qui, assis sur un lotus, sort du nombril de Vishnou faisant une sieste sur le serpent Ananta. LiLou

Choix de la rédac’

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Quel est votre mythe de création Anouck le mien cAssAndre

Je fais tout pour vous convaincre que le meilleur est Enuma Elish.

création préféré? corALie La création de la Terre selon la cosmogonie viking, à partir du cadavre du géant Ymir, c’est proprement fas cinant ! mArie Celui des égyptiens. C’est amusant car selon la région d’où le mythe provient, c’est plus ou moins morbide :) AuBin Basique mais efficace : La Bible. fLorA Restons zen: Bouddha 15

C 1 A B D 2 E 3 / F 4 / G H I 5 J 6 7 8 9 10 L 11 / K 12 13 CroisésMots 16

Questions QUESTIONS HORIZONTALES 1. Histoires de la création du monde et des Hommes. 2. Aboutissement d’un écrivain. 3. Points communs des muses Erato, Euterpe et Terpsichore. 4. Elle peut être grecque, romaine, égyptienne, hindoue, mésoaméricaine et plus encore… 5. Esprit brillant ou personnage mythologique secondaire. 6. Deuxième prénom d’un grand compositeur de musique classique. 7. Toute avancée technique permettant le progrès. 8. Exposée au musée. 9. Source d’inspiration nocturne. 10. Adorées par les Hommes. 11. Les neuf arts et leur peuple. 12. Soutient l’édifice. 13. Sortir de l’eau. 17

QUESTIONS VERTICALES A. Il a créé une nouvelle religion (ou c’est aussi un joueur de football B.célèbre).Premier livre de la Bible. C. Qui n’a pas de concurrence. D. Passage du fœtus au nourrisson. E. « Encore un…, un… pour rien, une argile au creux de mes mains. » Jean Jacques Goldman. F. Création industrielle. G. 1,2,3 Abracadabra ! H. Capacité à inventer des histoires. I. Qui n’est plus cachée ou ignorée. J. Adresse inventive. K. Sa côte est devenue une femme. L. Poète aveugle. Questions 18

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Base de l’Athéna Parthénos: naissance de Pandore S’il est un mythe parlant de Création dans la mythologie grecque, c’est bien la création de Pandore, accompagnée de sa fameuse “boîte”. Pandore “tous les dons”, qui est responsable, à l’instar d’Eve dans la Bible, de tous les maux de l’humanité pour avoir été trop curieuse et pour avoir désobéi aux dieux. Un mythe d’autant plus important qu’il figure sur la base de la plus célèbre statue d’Athéna : la Parthénos chryséléphantine de Phidias achevée en 438, trésor du Parthénon. La présence de cette iconographie parmi un programme célébrant une Athéna glorieuse, des Athéniens triomphants et défenseurs de la civilisation grecque, peut surprendre. Pourquoi, au milieu des batailles épiques et des attributs protecteurs, représenter cette femme qu’Hésiode qualifie de «kalon kakon», une belle nuisance, un beau mal ? Pandore, toujours selon Hésiode, fut créée sur l’ordre de Zeus pour punir les hommes et Prométhée d’avoir dé robé le feu aux dieux. Ainsi chaque divinité apporte son grain de sel lors de sa conception : elle est modelée dans l’argile par Héphaïstos et Athé na lui insuffle la vie, Aphrodite lui donne la beauté, Apollon lui enseigne la musique. Enfin Hermès lui incul que la curiosité et le mensonge, tandis qu’Héra lui apprend la jalousie.

Sa présence sur la base de la statue est-elle une mise en garde contre l’hybris et les fureurs divines? Pandore permet également de mon trer l’intervention des autres dieux du panthéon, en particulier le rôle d’Héphaïstos. En effet la première femme est, au même titre qu’Erichthonios, roi légendaire d’Athènes et sculpté sous la forme d’un serpent aux pieds de la déesse, issue d’Héphaïstos et d’Athéna. Le mythe de sa naissance relie à nouveau les deux divinités complémentaires de l’artisanat, d’ailleurs représentées côte à côte sur la frise des Panathénées. Et c’est en se penchant sur l’Athéna ergane (l’ouvrière) et le domaine du théâtre qu’une explication supplémentaire apparaît. Dans une pièce de Sophocle intitulée Pandore et les satyres frappeurs dont seuls trois vers nous sont parvenus, on apprend qu’Athéna est celle est qui enseigne à la jeune femme le tissage et les travaux féminins. La représentation de Pandore sur la base de l’Athéna Parthénos fait ainsi écho à la procession rituelle des Panathénées au terme de laquelle les jeunes filles revêtaient la statue de culte du péplos qu’elles avaient tissé.

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Parmi la Gigantomachie, Centauromachie ou Amazonomachie, thèmes tout à fait traditionnels de l’art grec qui apparaissent aussi bien dans la sculpture architecturale que sur l’Athéna Parthénos elle-même, la naissance de Pandore figurait en effet sur la base de cette statue. Mais d’autres sculptures possédaient une base en lien avec la naissance d’un personnage mythique, qui plus est mortel.

Lilou F

Ainsi, Agoracrite de Paros, élève de Phidias, a-t-il réalisé une statue de Némésis, déesse prête à venger les dieux de tout homme un peu trop orgueilleux, dans un contexte anecdotique rapporté par Pline l’Ancien : Alcamène, lui aussi suiveur de Phidias, aurait concouru contre Agoracrite pour la création d’une statue d’Aphrodite.

Mais sur la base de Némésis, Hélène est représentée debout entourée de membres de sa famille, dont Léda et Némésis. Elles semblent figurer toutes les trois au centre de la face antérieure de la base. Ainsi, il s’agi rait de la représentation du moment où Hélène retrouve Némésis, soit aux Enfers chez les Bienheureux, soit à Rhamnonte puisqu’un mythe local attribue une partie du succès des Grecs à Marathon à l’interven tion de Némésis. D’autres expliquent aussi la présence de ce thème de façon classique par une recherche de cohérence avec le reste du décor du temple dans lequel se situait la sta tue, notamment l’acrotère central qui pourrait figurer l’enlèvement d’Hélène par Thésée.

C’est finalement celle d’Alcamène que les Athéniens auraient choisie. Ago racrite aurait alors baptisé son œuvre Némésis et l’aurait faite placer dans le sanctuaire de la déesse à Rhamnonte, en Attique. La base aurait par conséquent été réalisée plus tard que la statue. Elle a pu être partiellement reconstituée à partir de fragments découverts dans le temple. Selon Pau sanias, celle-ci représente une version un peu différente du mythe d’Hé lène, qui contribue d’ailleurs à expliquer sa présence sur la base d’une sta tue de Némésis. En effet les Chants Cypriens font de Némésis et Zeus les parents d’Hélène, et non Léda et Tyndare. Ces derniers l’auraient élevée comme leur propre fille. Hélène serait donc née d’un œuf conçu lorsque Némésis, tentant de fuir Zeus, avait pris la forme d’une oie. Un cratère en cloche attique attribué au peintre de Polion, vers 420 av. J.-C. conservé à Bonn, représente Léda, Tyndare et les Dioscures attendant l’éclosion de l’œuf, en présence d’une effigie de Zeus.

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Dans tous les cas, de la même manière qu’Athéna et Héphaïstos ont créé Pandore, c’est une ascendance divine qui est attribuée à Hélène. Ainsi, la base de l’Athéna Parthénos présente Athéna comme ayant donné vie à Pandore, et la base de la Némésis d’Agoracrite, Némé sis comme mère d’Hélène. Pandore comme Hélène sont présentées comme des « fléaux » : l’une apporte le mal parmi les hommes, l’autre est un élément déclencheur de la guerre de Troie. On notera toutefois que dans la version d’Euripide, c’est l’ombre, le fantôme, d’Hélène qui rejoint Pâris, tandis que la véritable Hélène est amenée par Hermès en Egypte, à Pharos, et demeure fidèle à Ménélas.Lyse D.

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Suite de l’article sur le site du louvr’Boite

J’ai longuement hésité sur le choix d’un sujet d’article pour ce nu méro et ce n’est qu’après avoir trépigné un bon moment et avoir fait environ 50 fois le tour de mon appartement ( qui n’est pas immense vous l’aurez compris) qu’une idée m’est venue : pourquoi ne pas écrire sur ce qu’on oublie toujours un peu mais nous agace toujours beaucoup... Le doute ! Et oui, sans cesse relégué au rang de défail lance, le fameux doute semble incompatible avec l’idée même de création ; et pourtant ! Ne soyons pas si durs, l’incertitude a aussi sa part de lumière. Bien plus qu’une simple perte de temps face à la carte du restaurant ; il peut s’avérer utile, et même bénéfique. Et si je vous disais que le doute peut même s’avérer être un support à la création artistique ? Alors à tous les sceptiques, les indécis et les tatillons, laissez-moi vous convaincre qu’il existe de bonnes raisons d’aimer à douter ! Vous n’y croyez pas (encore), et pourtant, de nombreux artistes, peintres comme écrivains ou chanteurs, ont su lui trouver une place de choix dans leur processus de création artistique.

Douter pour créer

On pourrait ainsi penser à Rembrandt et son célèbre tableau Le Peintre dans son atelier de 1629 (Boston, Museum of fine arts). Le peintre s’est en effet représenté dans son atelier, pa lette à la main, à quelques mètres d’une grande toile qu’il fixe avec at tention, comme pour en juger le rendu final ou au contraire en quête d’inspiration d’un sujet à peindre… 23

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Quoiqu’il en soit, le peintre a choisi de se représenter sous les traits d’un artiste se questionnant et interrogeant son œuvre. Voici donc sous vos yeux ébahis, un rayonnant coup d’encensoir à l’indécision !

Voilà de quoi vous prouver que même les plus grands sont passés par là ! Mais si le doute peut être mis en couleurs, il peut aussi être couché sur le papier, nourrissant certains des plus beaux textes de la littérature française ! Zola, par exemple, dans son roman l’Œuvre met en scène les tourments d’un jeune peintre avant-gardiste face à l’œuvre de sa vie, à travers son insatisfaction permanente et son angoisse de déchoir de son statut d’artiste accompli. Cependant, derrière ce drame éternel de l’artiste aux prises avec la création, se cache aussi l’enthousiasme crépitant d’une révolution artistique en marche ! L’écrivain livre par là même un véritable éloge à l’élan artistique, tissant un magnifique dialogue permanent entre ces deux notions, pour n’en former plus qu’une : l’Art, pour le meilleur et pour le pire. Mais les romanciers ne sont pas les seuls à se nourrir du doute pour créer, nous ne saurions impunément oublier les poètes ! On pourrait ainsi penser à Baudelaire, et à son com bat fragile avec ses poèmes, qu’il ap pelle aussi parfois « ses fleurs », qu’il craint tant de voir faner… Il évoque ainsi dans son sonnet « L’ennemi » la crainte de voir tarir sa source d’inspi ration et cette angoisse d’une future impossibilité d’écrire, pour cause de l’irruption inextricable de son ennemi : le temps. Et c’est pourtant en gravant sur le papier l’indécision fu gace d’un instant, qu’il fait naître par là même une œuvre d’art à jamais.

Alors soyez créatif et n’ayez plus peur du doute, lui qui peut aussi se transfigurer en muse et merveilleuse matière à création ! Amateurs du syndrome de la page blanche, faites donc de l’incertitude votre meilleure alliée (ou bouée de sauvetage :)) et puis, après tout, le doute ne fait-il pas indéniablement partie de tout processus créatif ? Victoria. L 25

Amis lecteurs, le temps de la création a sonné.

Je pense qu’on vous a assez rabattu les oreilles avec l’iconogra phie et les récits de la Genèse pour en être vacciné jusqu’à la fin des temps. Alors voilà, j’ai pensé ramener un peu de fraîcheur en vous ra contant le récit de la création selon les Babyloniens (ne faites pas cette tête, ceux qui ont fait l’impasse sur l’archéologie orientale, on vous voit !). Et pour nos jeunes et innocents premières années, je vous jure que ça n’est pas si terrible. Enuma Elish, littéralement « Lorsqu’en haut » : le texte est désigné par les premiers mots qui le composent. Le mythe met en scène le dieu Marduk, dieu tutélaire de Babylone (j’espère que vous suivez, les premières années, c’est pour les révi sions). En le mettant bien évidemment au centre, eh oui, avec la mon tée en puissance de Babylone au Ier millénaire, on ne se gêne pas pour mettre sa divinité préférée sur le devant de la scène mythologique. Si le poème a sûrement été composé au XIIe siècle avant notre ère sous le règne de Nabuchodonosor Ier, il est possible que le mythe soit anté rieur. L’histoire nous rappelle quand même assez vaguement les récits de la création grecque (oui, les Grecs ont tout piqué aux Babyloniens , si vous en doutiez encore). Enfin, trêve de bavardages, passons au récit. Au début existaient Tiamat, déesse des eaux salées et Apsu, dieu des eaux douces. Ces deux dieux s’unissent pour donner nais sance à une multitude de divinités sur plusieurs générations dont Anu, dieu du ciel, et Ea, dieu des eaux douces et de la sagesse. Très vite, les deux dieux se rendent compte de leur erreur lorsqu’ils évaluent le bruit que fait toute cette marmaille . Ils regrettent le silence de l’ab sence de vie (les récits parlent souvent du bruit pour évoquer la vie).

Enuma Elish

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Apsu entreprend de les tuer (oui, Tiamat a quelques réticences à l’idée d’exterminer sa progéniture). Cependant, Ea, futé, comprend les intentions d’Apsu et le tue avant qu’il ne mette son plan à exécution.

Les dieux, qui ont très peu envie de se battre mais craignent une guerre sans précédent, tentent de calmer la fureur de Tiamat. En vain. Marduk décide de s’ériger seul contre cette armée.

Vous l’aurez deviné, Marduk gagne bien sa place de grand chef de tous les dieux. Il enferme Tiamat dans un filet et lui fait avaler les vents, son ventre gonfle jusqu’à être complètement tendu. Il décoche alors une flèche qui fait éclater Tiamat.

C’est là que la création du monde tel que nous le connaissons commence : Marduk vainqueur du duel et devenu tout puissant sé pare le corps de la déesse en deux. Avec la première partie, il crée le ciel, dans lequel il dispose les nuages, formés avec la salive de la déesse, ainsi que les étoiles, avec lesquelles il forme les constellations. Avec l’autre partie de son corps, il crée la terre. Ses seins deviennent les montagnes et de ses yeux coulent le Tigre et l’Euphrate. 27

Eh bien à l’issue du combat, en cas de victoire, les autres dieux doivent se soumettre à son autorité (c’est comme cela que l’on devient le dieu principal du panthéon mésopotamien !).

Furieuse, elle finit par se décider à venger la mort de son mari Apsu (il lui fallait bien ça). Elle engage le dieu Kingu, qui possède les tablettes du destin qui lui donnent l’autorité suprême sur l’univers, et une armée de démons et de dragons pour détruire Marduk.

Pourquoi prendre un tel risque ?

S’ensuit une période de calme dans le monde des dieux. Jusqu’au jour où le jeune Marduk, fils d’Ea et de Damkina qui joue avec le vent, comme tous les jeunes de son âge, déclenche une tempête sur le dos de Tiamat (déesse des eaux salées, vous suivez ?).

Ils sont divisés en deux, trois cents restent dans les cieux et trois cents deviennent des gardiens sur terre. Lullu doit alors se mettre à cultiver la terre, créer et entretenir les canaux. Les dieux Annunaki, reconnaissants décident de fonder un sanctuaire pour remercier Marduk, c’est la création de Babylone. Et voilà comment on impose sa vision du monde dans toute la Mésopotamie !

Ils arrivent ! Eh bien, dans l’histoire, ce sont les dieux Anunnaki qui travaillent. On décide d’exécuter le dieu Kingu pour sa trahison. De son sang mêlé à l’argile, Marduk crée Lullu, le premier humain. Les dieux Anunnaki sont donc libérés de leur la beur (ils ont maintenant les humains pour faire tout le boulot)

Et les humains dans tout ça ?

Tout ceci n’est évidemment que propagande pour vous convaincre de passer plus de temps dans le département des Antiqui tés orientales, en espérant que cela puisse vous donner envie d’aller creuser un peu la mythologie mésopotamienne qui est pleine de sur prises et de rebondissements et malheureusement trop peu connue !

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Noémie 28

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CroisésMots U C O S M O G O N I E E E I S N Q N R O M A N P O E S I E U A A R I S E I M Y T H O L O G I E E S A I D M D S G E N I E U A M A D E U S A I N C G C N C G T I O C I N V E N T I O N O E U V R E R E V E N O A V N D I V I N I T E S E O I R H A R T I S T E F O N D A T I O N D I N E M A T E E M E R G E R RE 30

Crédits 31 Couverture : Coralie Gay p.2-3 : ©Coralie Gay p. 4-5 : ©Blandine Adam p.6-8 : ©Pixabay p.9-10 : ©Blandine Adam p.11 : ©Coralie Gay p.12-13 : ©Blandine Adam p.14-15 : ©Pixabay p.16-18 : ©Pixabay p.19: https://www.goodfreephotos.com p.21 : p.26-28p.23-24©Pixabay:©Pixabay:©Blandine Adam p.29 : ©Coralie gay p.30 : ©Pixabay p.32 : ©Coralie gay

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