Chania
FLÂNERIES DANS LA VILLE LA PLUS ENVOÛTANTE DE L’ÎLE
Découvrir
LE RAKI, LA BOISSON EMBLÉMATIQUE DE LA CRÈTE. A LÀ RENCONTRE DE MICHALI ANDRIANAKIS GROTTES DE ZONIANA: LE TROU DE SFENTONI
CUISINE
UNE RECETTE D’AUTOMNE: PÂTES À LA CAROUBE CRÈME DE POTIRON ET HUILE D’HOLIVE FUMÉE
CLINd’oeil La Crète en photos
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08 AUTOMNE 2017
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Sommaire 22
VISITER 04 Chania l’envoûtante Balade dans les ruelles de la Venise de l’est
NATURE 30
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32 L’herbier d’Anne Un fruit très symbolique: la grenade
CLIN D’OEIL 36 La Crète en photos La Kantina, l’ancêtre du street fast food
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RENCONTRE 38 Michali Andrianakis Au coeur de l’automne, il distille l’âme
de la Crète: le raki
CUISINE 44
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48 Pâtes à la caroube
Un produit traditionnel de l’île cuisiné dans sa version automnale: à la crème de potiron et à l’huile d’holive fumée au hètre
DÉCOUVRIR 50 Le trou de Sfentoni La grotte de Zoniana, haute en cou
leurs, s’ouvre à vous
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La saison touristique touche à sa fin. Pour beaucoup de spécialistes, elle fut très positive pour la Crète avec un afflux massif de touristes venus partager les plages de sable fin, les musées et sites archéologiques et les beautés naturelles regorgeant sur l’île. Mais les derniers vols charters s’en sont allés. L’île reprend son rythme lent et reviennent les joies inhérentes au privilège d’être un local. Comme déambuler dans les ruelles désertes de la vielle ville de Chania au coucher du soleil, alors que les venelles baignent déjà dans les fumées des feux de bois. Nous n’avons donc pu résister à l’idée de vous faire partager notre plaisir
Bonne promenade
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Clap fin: l’automne
Editeur Editeuren enchef chef Pierre PierreGraff Graff contact@madeincrete.com contact@madeincrete.com
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Chania
L’envoÝtante
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6 kritimag Chania est la ville de Crète qui possède sans doute le plus de charme. En se promenant dans ses ruelles aux façades de stuck ocre ou lie de vin veinées de pierre de tailles que couronnent une multitude de petits balcons en fer forgé, comment ne pas tomber sous le charme. Le coeur de cette vieille ville, longtemps sous domination vénitienne, bat au rythme des touristes qui se promènent dans les labyrinthes de ruelles du vieux port, des flâneurs qui passent de magasins en magasins, mais également des locaux qui profitent, le soir tombé, des terrasses à la mode pour siroter un café froid. Comment imaginer un instant, devant tant de marques de cette insousciance, que la ville fut le théâtre sanglant de combats farouches durant la seconde guerre mondiale.
La Venise de l’Est Labyrinthes de maisons d’ocre aux balcons en fer forgé
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8 kritimag Le port de Chania, une baie naturelle qui fut choisie pour fonder la cité de Kydonia
Les premières traces de la cité de Chania remontent au début de l’ère minoenne, où elle portait le nom de Kydonia ou Cydonia. Favorablement située au nord-ouest de la Crète, abritée par la barrière naturelle des monts Lefka Ori et lovée dans la baie de la Canée et son port protégé, la ville se développe sans cesse durant la fin de l’époque minoenne, jusqu’à devenir une cité-état importante durant la Grèce antique, comme en témoigne la citation de la ville dans le chant XIX de l’Odyssée d’Homère
Odyssée, Ulysse, chant XIX «Au milieu de la vaste mer est la belle et féconde île de Crète des milliers d’hommes l’habitent, et quatre-vingt-dix villes sont renfermés dans ce pays, où l’on parle divers langages. Là sont les Achéens, les magnanimes Crétois autochtones, les Cydoniens, les Dorions, divisés en trois tribus, et les divins Pélasges. Au milieu de cette contrée s’élève la grande ville de Cnosse où Minos régna pendant neuf ans, Minos qui parla souvent au puissant Jupiter, et qui l’ut le père du valeureux Deucalion mon père.»
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Le poète Homère mentionnait la ville de Kydonia dans l’ Odyssée, Ulysse, chant XIX
10 kritimag Comme toutes les cités-Etats importantes de l’époque, Kydonia est en perpétuel conflit avec ses rivales voisines, Aptera, Falasarna et Polyrrinia. Lorsque le consul romain Metellus remporte une victoire importante sur les Crétois dans la région, en 69 av.J.-C, il confère à la cité de Kydonia le statut et les privilèges d’une cité-Etat indépendante, lui octroyant notamment le droit de battre monnaie. Sous l’empire byzantin, la ville continue son développement et se positionne comme capitale de l’île. Cependant, en 365 de notre ère, la cité sera fortement touchée par un tremblement de terre. Profitant des faiblesses de l’empire byzantin, en proie à des rébellions et incursions à ses frontières est, les Sarrasins s’emparent de l’île de Crète pour une centaine d’année.
En 960, le général byzantin Nicéphore Phocas, disposant d’une flotte de 300 vaisseaux et de 50,000 soldats, reprend l’île aux Sarrasins. Les Byzantins décident de fortifier Kydonia pour empêcher toute reconquête. Ils construisent une forteresse sur le site de l’actuel quartier de Kastelli, à l’endroit des premières fondations de la ville. Les travaux de fortifications seront poursuivis par les Vénitiens qui s’emparent de l’île en 1204 en l’achetant à Boniface, marquis de Montferrat. Ce dernier l’avait reçue lorsque Vénitiens et alliés des 4eme croisades décidèrent de s’octroyer une partie de l’empire byzantin. Boniface de Montferrat, devenu roi de Thessalonique, décida de concéder ses droits sur la Crète aux Vénitiens.
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Les ruelles du vieux quartier de Kastelli furent jadis le quotidien des artisans et de la petite bourgeoisie
12 kritimag Une gravure de Ioannes Peeters, datant de 1664, et représentant les fortifications de la ville sous l’occupation vénitienne. Sa forme en «étoile» est l’oeuvre de l’architecte militaire Michele SanMichele
La ville sarrasine d’Al Xhanim est rebaptisée la Canea. C’est durant la domination vénitienne que Chania va devenir un centre commercial d’importance et siège administratif du recteur. Seule ombre au tableau, une brève incursion génoise de 1266 à 1290. Les échanges culturels, économiques et artistiques entre la Sérénissime et Chania se multiplient. La ville devient le centre administratif de la région, ainsi qu’une région très fertile. La Canea acquière rapidement le statut de «Venise de l’est» Si le commerce est florissant, toute véléité de révolte de la population crétoise est matée d’une main de fer, souvent dans le sang. La cité vénitienne tient à conserver la mainmise sur cette île au carrefour de la Méditerrannée et s’endette en fortifications coûteuse . Les fortifications de Kastelli se renforcent, s’agrandissent. Le coeur est occupé par les riches et importantes familles vénitiennes tandis que les faubourgs sont investis par la bourgeoisie et les artisans. Au fil du temps, les premières fortifications de la ville s’avèrent dépassées et, en 1535, les Vénitiens font appel à l’ingénieur militaire Miche-
le SanMichele, déjà connu pour ses ouvrages militaires à Vérone, Corfu et en Damatie. Ces travaux considérables donneront aux fortifications leur aspect définitif en étoile. Ce qui n’empêchera pas les Ottomans de s’emparer de la ville. Depuis longtemps, le voisin Ottoman lorgnait sur les terres fertiles de l’île et un incident lui servira de prétexte pour s’emparer de l’île. En 1644, un navire convoyant un dignitaire Ottoman et des proches de la famille du Sultan est arraisonné par les chevaliers de Malte, qui transportent leur butin à La Canea. Sous le commandement de Youssouf Pacha, les troupes ottomanes s’emparent de la ville au terme d’un siège de 56 jours. Le nouvel occupant transforme les églises en mosquées, fait construire la mosquée des Janissaires, ordonne la construction de fontaines, hammams,... Des symboles de l’histoire tourmentée de la ville toujours visibles dans les vieux quartiers de la ville.
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Le lion de la Sérénissime trône encore au fronton de la Firka. Le bâtiment fut créé par les Vénitiens pour y abriter leurs troupes de garnison mais fut également utilisé comme dernière prison pour les condamnés à mort. Il eut la même utilité lorsque les Ottomans envahirent l’île. Le bâtiment fut appelé «Firka», les barraques
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Flâneries dans l’ancienne
Al Xhanim
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ovriaki Quartier sud de Chania, où est située la fameuse «odos Skridlof», la rue des marchands de cuir, en raison de son activité ancestrale du tannage et des métiers du cuir. On y trouve encore quelques artisans en activité, mais la majeure partie des boutiques sont devenues plus touristiques. C’est néanmoins un endroit toujours prisé pour ses achats de marroquinerie
Egalement appelé le «zudecca» à l’époque vénitienne, ou ghetto juif. La synagogue Etz-Hayyim, rue Kondilaki, reste le seul lieu de culte juif sur l’île, le seul témoin de la présence de cette communauté en Crète depuis près de 25 siècles. Plus touristique est la rue Halidon, avec ses nombeuses échoppes mais aussi la maison crétoise «Kritiko spiti», un lieu qui reconstitue l’intérieur d’une maison crétoise durant le 19eme siècle. la Basilique San Francesco (XIVe siècle), la plus grande des églises vénitiennes de l’île, qui abrite aujourd’hui le musée archéologique de La Canée
Evraiki
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Kastelli Le plus vieux quartier de Chania, construit à l’intérieur des premiers remparts vénitiens, et situé sur une petite colline surplombant le vieux port. C’est un quartier demeuré calme, traditionnel. Peu de commerces touristiques dans le coin, mais une curiosité, au détour de la rue Canevaro: les ruines de l’ancienne cité minoenne de Kydonia, dont les découvertes majeures sont exposées au musée archéologique (rue Halidon) et les traces d’un acropole.
Quartier de la fontaine, le vieux port vénitien de Chania est sans doute l’endroit le plus romantique, mais également représentatif de Chania. Le port a été construit par les vénitiens en 1320. Dans ce quartier se trouve également la mosquée turque Yiali Tzami (ou Giali Tzami, ou encore mosquée des Janissaires). Elle fut construite en 1649, sur l’emplacement d’une ancienne église, pour le premier gouverneur de Chania, Küçük Hassan Pasha. L’édifice, qui fut un endroit de culte jusqu’en 1923, a ensuite abrité l’office du tourisme de la ville et fait place, depuis quelques années, à une galerie d’expositions permanentes d’art.
Syntrivani
20 kritimag Promenades en calèche, ruelles fleuries au charme désuet, sous l’oeil bienveillant des chérubins de plâtre et du lion de la Sérénissime
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Le lion de la Sérénissime trône encore sur le fronton des anciennes prisons et la garnison de «Firka», abritant désormais le musée de la Marine de Chania. Le bâtiment fut construit par les Vénitiens pour abriter leurs troupes, mais également comme dernière geôle des condamnés à mort.
22 kritimag Hôtels de charme, chambres d’hôte, suites luxueuses,... Le gîte ne posera aucun problème dans la vieille ville. Tout comme le couvert. La ville est connue pour ses bonnes tables. A ne pas manquer: le jus dorange frais à base d’une variété d’oranges locales
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24 kritimag Inspirées des halles de Marseilles, le vieux marché de Chania fut construit en 1908, pour un coût estimé de...320.000 drachmes de l’époque! Son but était de regrouper les commerces éparpillés dans la vieille ville durant la période turque.
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Se promener dans les ruelles assoupies de la vieille ville et c’est remonter le temps
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Le musée de la Marine Le musée de la marine est situé dans la forteresse «Firka», à l’entrée du vieux port de Chania. Le bâtiment fut construit par les Vénitiens pour fortifier l’entrée du port. Le bâtiment était utilisé comme lieu de garnison mais également comme prison pour les condamnés à mort.Lorsque les Ottomans prirent la ville, ils gardèrent cette fonction au bâtiment qu’ils appelèrent Firka, ce qui signifie barraque. Les Ottomans l’occupèrent jusqu’en 1913. C’est d’ailleurs au sommet de la Firka que fut érigé le premier drapeau grec sur l’île de Crète, lors du rattachement à la Grèce. Depuis 1973, date du 32ème anniversaire de la bataille de Crète, la Firka abrite le musée de la marine. Second en importance en Grèce, il accueille 50,000 visiteurs par an dans un ensemble de treize salles réparties sur deux étages. La visite y est organisée par périodes. Une salle est vouée à l’âge de bronze et l’histoire de la marine minoenne. On peut y admirer des outils de l’époque destinés à la confection et l’entretien des navires ainsi qu’un modèle de navire minoen. Y sont également présentées les batailles les plus importantes de l’âge de fer (Nafpaktos, Salamine, Mikali,...) et des modèles réduits de birèmes et trirèmes athéniennes et romaines. Une autre partie du bâtiment propose au visiteur de survoler l’histoire de la marine durant la période byzantine. On peut y admirer des modèles réduits des «dromons», des «Kubarea-Kumvarion» utilisés par les Arabes en Crète, des icônes des empereurs byzantins et peintures abordant les thèmes navals de l’époque.
La salle présentant l’époque vénitienne comporte une maquette de la ville de Chania à l’époque vénitienne, ainsi que de rares objets de l’époque médiévale comme des titres de propriété de nobles ottomans, de marchands vénitiens, des pièces de monnaie, des sceaux officiels, des cartes maritimes,... Une salle vous fera revivre les grandes étapes des révoltes ayant mené à la libération de la Crète. Une salle entière est dédiée à la guerre des Balkans. On peut y retrouver des modèles réduits de navires ayant participé aux batailles navales, des plans détaillés des batailles ainsi que des documents d’époque. Une grande partie de l’étage est quant à lui dédié à la seconde guerre mondiale. On peut y admirer, entre autres, des instruments de naviguation d’époque, des maquettes de navires de la seconde guerre mondiale, ... Une pièce complète est dédiée au souvenir de la bataille de Crète avec des objets personnels de militaires, des coupures de presse d’époque, des uniformes,... Mais la pièce la plus imposante de l’étage est sans conteste la copie conforme du poste de commandement de pont d’un destroyer. On retrouve également à l’étage une section montrant les avancées technologiques de la marine militaire et une autre dédiée à la marine marchande. Akti Kountourioti, La Canée, Crète +30 2821 091875 En saison, tous les jours de 9 à 17h sauf le dimanche, de 10 à 18h
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Le musée est composé de 13 salles reprenant l’histoire de la marine en Crète depuis l’époque minoenne jusqu’à nos jours
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L’HERBIER d’ANNe
Un fruit très symbolique En Crète, c’est en automne que la nature revit, les premières pluies ont nettoyé les plantes de la poussière qui les recouvrait, tout à l’air propre, neuf et frais… Les graines qui ont patienté tout l’été commencent leur germination et les toutes premières feuilles, les cotylédons, apparaissent par milliers dans les prairies qui passeront du jaune paille au vert tendre très rapidement. Sans pouvoir encore les distinguer les unes des autres, on peut déjà deviner la multitude de variétés qui se préparent à fleurir dans les futurs mois à venir… Peu de couleurs orange et peu de tendances rousses, les arbres étant pratiquement tous des essences au feuillage persistant, les vallées resteront plutôt vertes. Peu de jaune flamboyant, cependant, quelques arbres se distinguent par leurs fruits colorés, ronds et rouges, semblables à la belle pomme de blanche neige, ils attirent l’attention et tentent le promeneur à la cueillette… Ce sont les grenadiers (Punica granatum). Ces arbres qui fleurissent en avril-mai, ont des fleurs très fragiles, composées d’une corolle à pétales rouge vif soutenue par un calice épais qui a l’aspect de cire. Mais c’est surtout en octobre qu’on les remarque grace à leurs fruits impressionnants, les grenades. La grenade, typique fruit d’automne dont se régalent les enfants, est très apprécié pour son goût à la fois sucré et acidulé qui donne une délicieuse sensation de
fraîcheur. Ses graines pulpeuses que l’on nome les arilles et son jus ont une forte teneur en antioxydants. Ils auraient des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire, les cellules cancéreuses et certains troubles neurologiques. En Grèce, la grenade est le symbole de la fécondité, ses multiples graines représentant les nombreuses cellules que l’on trouve dans un embryon en train de se différencier. Dans les maisons, nous pouvons souvent remarquer une grenade séchée, une grenade en céramique ou en argent, posée sur un meuble, parfois même un tableau représentant quelques uns des ces jolis fruits. Ces grains couleur de rubis sont liés au sang, à la vie et à la fécondation, c’est ainsi que les jeunes couples les exposent dans leur maison ou le plus souvent dans la chambre à coucher, pour avoir beaucoup d’enfants !! Une légende raconterait également qu’une mère peu confiante en la fertilité de sa fille aurait mis plusieurs grenades au dessus de la garde robe dans la chambre de celle-ci, , l’histoire prétend que depuis, le jeune couple n’est plus sorti de sa chambre …
Texte: Anne Lebrun, botaniste
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La fleur du grenadier
Un goût sucré acidulé à la sensation de fraîcheur
Le Punica granatum
Les arilles sont riches en antioxydants
Si vous aimez flâner dans les vallées, suivre les chemins bordés de fleurs aux mille couleurs, respirer les odeurs de printemps ou reconnaître les senteurs plus fortes des plantes aromatiques qui parfument les montagnes l’été, venez découvrir avec nous la variété de plantes sauvages que l’on peut trouver en Crète.En toute saison, en vous baladant, vous aurez le plaisir de découvrir une palette bien étendue de végétaux et de paysages…
contact: 0030 697 631 3506
DECOUVREZ LA CUISINE ET LES TRADITIONS CRETOISES 34 kritimag
organisation d’excursions: Découverte du terroir, des traditions
La Crete autrement.
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DEGUSTATION DE VINS
SHOW COOKING AVEC LES VILLAGEOISES
VISITE D'UNE BERGERIE
VILLAGE TRADITIONNEL
REPAS MEZZE AUTHENTIQUE
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CLINd’oeil La Crète en photos
Grillades & souvlakis
La Kantina
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Raki
Au coeur de l’automne se distille l’âme de la Crète Rencontre avec Michali Andrianakis
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40 kritimag L’autome est aux portes du petit village traditionnel de Kastamonitsa. Le soleil commence à jouer à cache-cache avec de gros nuages noirs. L’odeur du feu de bois enveloppe les petites maisons de chaux blanches aux portes entr’ouvertes, d’où sortent les odeurs de cuisine du repas du soir. Les chats attendent sagement à la porte les reliefs des préparatifs culinaires. Nous nous dirigeons dans ce dédale de petites ruelles désertées pour rejoindre le kafénio Portego, au centre du village. Situé dans une vieille demeure, la Psidrandoulis, il est le lieu de ralliement des anciens qui y sirotent un café le matin, en attendant leur courrier, où le passage du marchand ambulant pour faire le plein de victuailles. Mais aujourd’hui, l’activité est ailleurs, dans un bâtiment jouxtant le café.
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Deux anciens du village assistent, imperturbables, à la distillation du moût. Le raki est affaire de traditions en Crète
Lorsque s’ouvre la porte coulissante en métal rougeâtre, les vapeurs d’alcool assaillent les narines pour faire place peu à peu à une sensation de quiétude. Assis devant les flammes vives du vieil alambic en cuivre, deux anciens du village assistent, imperturbables, à la distillation du moût. Par la porte de fonte entrouverte surgissent parfois les lueurs dansantes des flammes qui lèchent les vieilles parois noircies de suie. L’odeur du feu de bois se mêle lascivement aux effluves d’alcool et le temps semble s’arrêter. En ce début d’automne, la chaleur qui se dégage de l’alambic réconforte et engourdit. On se surprend à regarder la sarabande orangée qui oeuvre, inlassablement, à faire bouillir le « mousto ». L’esprit s’évade et on a le sentiment particulier d’assister à un geste immuable, hors du temps . Dans les papeurs d’alcool surgit Michali, le bouilleur de cru maison. Le regard pé-
tillant sous d’épais sourcils noirs, il nous lance un tonitruant « Ya sou » avant de tendre une main chauffée par le tison qu’il tient comme une baguette de chef d’orchestre pour attiser les flammes. Michali officie ici depuis plus de 25 ans. «j’avais à peine vingt ans quand j’ai commencé » nous explique-t-il. « Comment ? Tout simplement en regardant faire les anciens. Cela fait des centaines d’années que l’on fait du raki au village . Cet alambic à plus de 200 ans. Ce sont les anciens qui m’ont appris à faire du vin et le raki. Ca a toujours été le cas. Les anciens transmettent leur savoir faire aux plus jeunes pour ne pas que la tradition du raki se perde ». Et lorsqu’on voit l’énergie déployée par Michali, on ne craint pas trop pour l’avenir de ce breuvage typique et si cher à la tradition crétoise d’hospitalité.
42 kritimag Le théâtre, où se joue le mois du raki, dans les effluves du raisin qui se transforme en alcool et la sarabande des flammes.
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44 kritimag Et de poursuivre « Au village, tout le monde a toujours eu des vignes. On faisait tout naturellement du vin, mais on ne perdait rien . Les vendanges finies, en septembre, on garde le stafila que l’on enferme hermétiquement dans des tonneaux. Avec le sucre résiduel, cela va produire une fermentation alcoolique et, après deux mois, généralement, on peut distiller ». Le processus ancestral n’a que peu changé. On fait bouillir le raisin dans une cuve en cuivre. Elle est chauffée au feu de bois. Les vapeurs qui s’en dégagent vont être récoltées dans un long tube qui va être refroidi en étant plongé dans de l’eau froide. A la fin, la vapeur redevient liquide et l’on place simplement un filtre avant de récolter le raki dans un récipient .
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Le premier jus qui s’écoule est le protoraki. C’est le plus fort. Il peut titrer 70%, puis vient le raki et, au fil du temps, l’alcool est de moins en moins fort, jusqu’à n’être pratiquement plus que de l’eau. L’ensemble récolté fait généralement entre 35 et 40% . Ce procédé dure environ 90 minutes. Je mets près de 200 kg de raisins dans l’alambic et une heure et demi plus tard, on récupère 50 à 60 kg de raki. En octobre, nous faisons parfois jusqu’à 10 cuvées par jour ». Et notre bouilleur de poursuivre : Il y a plusieurs alambics au village et chaque villa-
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Un geste que Michali répète plusieurs centaines de fois en octobre, lorsque le Kasani bat son plein
geois amène son moût à distiller. Nous faisons le travail et gardons généralement 15 à 20% pour le travail presté ». Michali marque un petit temps d’arrêt puis ses yeux pétillent de plus belle tandis qu’un sourire scinde son visage. Un petit calcul mental rapide lui fait prendre conscience du travail qu’il accomplit chaque automne « Sur un mois, à raison de 5 de cuvées par jour minimum, on doit bien faire plus de 7 tonnes de raki . Ca en fait des petites bouteilles au village...»
46 kritimag Mais nulle doute que les villageois sauront en faire bon usage. Le raki est la boisson de bienvenue par excellence en Crète. Nulle taverne où il ne trône pas en fin de repas sur la table, accompagné de fruits. Mais c’est également un alcool qui fut longtemps utilisé comme médicament. Chauffé, avec du miel, de la cannelle et des plantes, il soignait les prémices d’un refroidissement. Il était également utilisé dans les champs, en cas de blessure, où encore pour atténuer les irritations liées au piqûres de moustiques et autres insectes. Dans les villages, les maîtresses de maison rivalisaient d’inventivité pour aromatiser naturellement cet alcool et en proposer des variantes liquoreuses au citron, à l’orange, à la cannelle, aux herbes des montagnes, au thym,...
Médicament, en signe de bienvenue, liqueurs pour les dames, le raki se met à toutes les sauces
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Tagliatelles aux Caroubes Sauce au potiron , apaki et huile d’olive fumée au hêtre Riche en antioxydants, la caroube est une gousse utilisée depuis les temps très anciens grâce à ses propriétés médicinales, notamment pour aider à la digestion. Elle est cultivée un peu partout dans le monde, et notamment en Crète. Elle aide aussi à diminuer le taux de cholestérol.
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un paquet de 400 grammes de tagliatelles aux caroubes 500 grammes de pleurotes persil plat 100 ml de crème fraîche légère 150 grammes de APAKI coupé en tranches un petit potiron huile d’olive Sel et poivre
Les tagliatelles aux caroubes sont vendues en épicerie fine en Crète, et ont un goût assez fin, assimilé au goût du chocolat. Les pâtes doivent être très légèrement salées pour la cuisson à l’eau, afin de ne pas altérer leur goût. Qu’est ce que l’APAKI ? Il s’agit d’une viande de porc très maigre fumée, selon la recette traditionnelle crétoise. Elle est vendue en boucherie, ou en grande surface, emballage sous vide.
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Coupez un petit potiron en cubes, et faites bouillir à l’eau non salée pendant environ 30 minutes. Egouttez puis passez au blender afin d’obtenir une purée. Salez légèrement, la douceur du potiron ne doit pas être altérée. Poivrez généreusement. Ajoutez environ 100ml de crème fraîche légère. Réservez.
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Cuisez vos pâtes « al dente ». Pendant ce temps, faites griller 500 grammes de pleurotes dans un peu d’huile d’olive. Lorsque vos pâtes sont cuites, disposez-les sur les assiettes, garnissez de votre crème de potiron, de quelques pleurottes et du la viande « apaki » préalablement coupée en lamelles. Par dessus, parsemez de persil frais. Bon appétit !
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Pour 6 personnes
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Ingrédients
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Le trou de Sfentoni
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La grotte de Zoniana
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Zoniana est un petit village qui se trouve à seulement 5 minutes du gros bourg de Anogia, au centre de la Crète, dans la région d’Héraklion. La grotte, appelée « trou de Sfentoni » est une des grottes les plus visitées de Crète. Les habitants racontent qu’un certain « Sfentoni » se serait caché dans cette grotte il y a plus de 400 ans. Le trou d’entrée, à l’origine, ne faisait qu’un mètre carré. Seules 5 salles, sur un total de 11, sont visitables. C’est la spéléologue Anna Patrocheilou qui, en 1966, a répertorié et analysé les différentes salles. D’ailleurs la première salle porte son nom. La grotte, dont la longueur est d’environ 270 mètres, se visite en 30 à 40 minutes, sur une passerelle métallique facile d’accès. Des nombreux stalagmites et stalactites, ainsi que des colonnes que le temps, des millions d’années, a sculpté avec art, ce qui a inspiré la spéléologue pour nommer les salles, comme par exemple, la salle de l’Harmonium, ou encore le Parthénon.
Crète. En effet, des ossements de chevreuils et de cerfs ont été retrouvés dans l’une des salles. Malgré la cohorte de touristes journalier en été, elle est toujours habitée ... par une communauté d’environ 400 chauve-souris. Celles-ci se réfugient dans les salles non visitées lors du passage des touristes. Un orifice a d’ailleurs été troué au dessus de la porte d’entrée de la grotte afin de laisser aux charmantes petites bêtes le loisir de rentrer et sortir comme bon leur semble ! C’est un véritable biotope qui se trouve dans cette grotte : en effet, des escargots, isopodes, diplopodes, sauterelles, faux scorpions et autres araignées minuscules (moins d’un millimètre), incolores et aveugles, y vivent. Tout ce petit monde est inoffensif, rassurez-vous ! D’ailleurs, soyez vigilants et coupez le flash de vos appareils photo car la lumière peut détruire cette faune unique. Vos photos n’en seront que plus belles !
La dernière salle, non visitable, s’appelle « la Un éclairage étonnant met en valeur cette archi- salle de l’enfant perdu ». En effet, le squelette tecture naturelle façonnée par le temps. d’un enfant de 12 ans y aurait été retrouvé. Il Habitée depuis le néolithique, elle contient des était là depuis 900 ans. vestiges d’outils en pierre ainsi que des fragments de poteries. Elle donne également des informations sur la faune disparue aujourd’hui de