politique
AGENDA CHARGé
HOMOPHOBIE
PASSAGES à TABAC
LITTéRATURE FEMMES D’HOMOS
Rentrée prometteuse
360° – septembre 2016
AUX ALLIé.E.S
ACTU INTERNATIONALE Cabale anti-gay en Indonésie – P.2 Ministre lesbienne en Serbie – P.3 SUISSE En avant - P.4 Plus prompt à divorcer ? – P.5 Une maison arc-en-ciel – P.5 HOMOPHOBIE Des victimes faciles – P.6 MILITANTISME Tête chercheuse – P.8 HONGRIE Attente et incertitudes – P.12
SOCIété BUZZ L’été indien – P.15 SUR LA TOILE Party de fête – P.16
C
hère Madame Mathis, nous ne nous connaissons pas, mais je vous ai vue sur le plateau de l’émission Infrarouge de la RTS intitulée : Homosexualité, taboue jusqu’à quand ? Vous êtes la mère d’un jeune homosexuel et vous y témoignez de votre parcours et des problèmes d’homophobie que votre famille a pu rencontrer au cours de ces dernières années. J’aimerais tout simplement vous remercier, et par là même toutes les mères, les pères, les profs, les ami.e.s et les allié.e.s de tous les horizons. Toutes ces personnes pour qui l’amour et l’inclusion priment sur la gymnastique juridique conservatrice ou les poncifs des vaticanistes les plus retors. Merci, car vous représentez la Suisse qui a de l’avenir. Un pays pragmatique, qui a la capacité d’évoluer grâce à l’expérience du terrain et non sur des postures stériles et excluantes héritées d’un autre temps. Les prochains mois de l’agenda politique s’annoncent décisifs pour les droits des personnes LGBT. Vous êtes, Madame Mathis, une invitation à libérer la parole pour expliquer que, dans la vie, on ne choisit pas toujours. Pour dire que malgré nos différences, il y a de la place pour toutes et tous. Un travail ardu et qui n’est pas celui de la facilité. Mais grâce à ce partage d’expériences, peut-être arriverons-nous à ouvrir les esprits de quelques agitateurs bas-de-plafond qui ne représentent pas, j’en suis convaincu, une majorité des électrices et des électeurs helvétiques. Merci donc Madame Mathis pour votre témoignage et pour l’intelligence de votre cœur, qui je l’espère a touché nombre de parents.
CULTURE
GAYMAP GROS PLAN Prolonger l’été -P.41 éVéNEMENT Le rire, c’est comme les larmes – P.42 SORTIES Fantoche et cinoche – P.44 Santé – P.50
Guillaume Renevey, Rédacteur en chef
ET ENCORE
Vignette édito ©Maurane Di Matteo Couverture : ©DR
Livres et transdessinée – P.37 Infos partenaires – P.36, 38 et39 Tu t’es vu ? – P.46 Plans Genève, Lausanne et Berne – P.54, 56 et 58 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60
Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch 1
SOMmaiRE N° 159
ARTYSHOW Wacky Wacko, comic strip – P.18 CINEMA Une société corsetée – P.22 Juste la fin du monde – P.23 STREAMING Incroyable talents – P.25 MUSIQUE Jacob Collier, le groove prodige – P.27 LITTÉRATURE Profession, femmes d’homosexuel – P.30 PORTFOLIO Objectif monde – P.32
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actu internationale
CABALE ANTI-GAY EN INDONÉSIE
©DR
La fragile liberté dont jouissent les LGBT du plus grand pays musulman du monde est menacée par plusieurs manœuvres politiques, notamment devant la Cour constitutionnelle. François Touzain
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es menaces pèsent sur la vie et la liberté de millions de gay, lesbiennes, bi et trans indonésiens. L’archipel connaît depuis quelques mois une offensive de mouvements islamistes et conservateurs pour criminaliser les rapports homosexuels entre personnes consentantes. Un groupe d’universitaires et de militants a déposé une requête devant la Cour constitutionnelle dans ce sens. Pour ses auteurs, il s’agit selon eux de réagir à l’influence des associations LGBT, accusées de promouvoir les relations sexuelles occasionnelles, rapporte le « Jakarta Post ». Leur proposition: bannir toutes les relations sexuelles hors mariage et étendre l’interdiction des rapports homosexuels à toutes les personnes, et non plus seulement entre adultes et mineurs.
Sud criminalisent les rapports homosexuels consentis. Leur législation, inspirée de la charia, prévoit cent coups de fouets et 100 mois de prison pour les contrevenants. L’offensive antigay n’est pas limitée à la requête devant la Cour constitutionnelle. En mars, le Parti de la justice et de la prospérité (PKS, opposition islamiste) a déposé un projet de loi sur la pénalisation de l’homosexualité. Le mois précédent, la principale association de psychiatres du pays avait décrété que l’homosexualité, la bisexualité et le transgendérisme étaient des maladies mentales – à contre-courant des recommandations internationales. Les associations de défense des droits LGBT n’ont pas été invitées – pour l’instant au moins – à s’exprimer devant la Cour constitutionnelle. Ryan Korbarri, secrétaire de l’organisation Arus Pelangi, s’est inquiété des manœuvres en cours : « C’est un danger pour nos amis LGBT. Personne ne devrait être autorisé à criminaliser un groupe minoritaire en Indonésie », a-t-il expliqué au « Jakarta Post ». Les sentiments homophobes et transphobes seraient en progression dans la population indonésienne. Un sondage récent de l’Indonesian Survey Institute montre les personnes LGBT comme le groupe qui inspire la plus grande aversion, devant les Juifs, les communistes et les chiites.
COUPS DE FOUET ET PRISON Les juges de la haute instance ont déjà procédé à l’audition de cinq experts. Ils auraient décrit l’homosexualité comme « contagieuse » et « susceptible de déclencher une flambée d’infections au VIH ». L’homosexualité entre personnes consentantes est légale dans la plus grande partie de l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde avec 250 millions d’habitants. Seules les provinces d’Aceh et de Sumatra du 2
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MINISTRE LESBIENNE EN SERBIE Ana Brnabic, 40 ans, est devenue la première personne LGBT à accéder au gouvernement.
Tou te sur l’actu le s ite 360.ch
TURQUIE
L’HORREUR
«
Je ne m’intéresse pas à ses orientations privées, seulement à ses résultats », a déclaré courant août le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic lors d’une conférence de presse. Il parlait de la candidature d’Ana Brnabic pour un poste de ministre. La manager de 40 ans a été choisie pour le portefeuille de l’Administration et de l’Autonomie locale dans le nouveau gouvernement pro-européen de centre droit présenté au Parlement en vue de son investiture. Brnabic, actuellement vice-présidente d’un organisme pour le développement de l’économie locale, est ouvertement lesbienne. Son arrivée au gouvernement sera une première dans l’ex-république yougoslave, réputée très conservatrice à 80 % de la population se déclare « chrétienne orthodoxe ». Au sujet de son homosexualité, a ajouté Vucic devant les médias, « elle m’a demandé si cela m’ennuyait, que
tout le monde en parle. Je lui ai répondu : Je m’intéresse seulement à ce que vous pouvez faire, à votre professionnalisme et à votre capacité de travail.» Gay-Straight Alliance (GSA), une des principales organisations LGBT serbes, a indiqué qu’elle avait déjà eu l’occasion de travailler avec la future ministre. Elle a salué la nomination comme une « décision historique ». « La participation politique des personnes LGBT est cruciale pour accroître la tolérance, réduire la discrimination et la violence contre la population LGBT en Serbie », a communiqué GSA. Encore largement considérée comme une maladie mentale importée de l’Ouest, l’homosexuelaité n’est plus condamnée en Serbie depuis 1994. Selon une enquête d’Euractiv en 2013 relayée par le quotidien Libération, 63 % de la population homo de Serbie serait en proie à des pensées suicidaires. FT
UKRAINE
PREMIèRE PRIDE A Odessa, une cinquantaine de militants courageux, LGBT et amis, ont participé dans les rues cet été à une marche des fiertés conquise de haute lutte. Un groupe d’hommes de l’organisation d’extrême droite Sokol a toutefois tenté d’attaquer les participants, mais ils sont arrivés après la dispersion de la manifestation LGBT. Des échauffourées ont éclaté avec la police, qui a interpellé une dizaine de personnes, indique le journal « Korrespondent ». twitter@magazine_360 facebook.com/pages/360
« Il n’y pas deux manières égales de vivre un mariage guetté par l’homosexualité. » La suite en page 34 3
actu internationale
©Alexa Stankovic
Le site de l’association KaosGL a rapporté la découverte du corps sans vie d’un jeune homme, à Istanbul. La victime est un réfugié gay syrien, Wisam Sankari. Son cadavre, décapité, portait les traces de multiples coups de couteau et de violences sexuelles. Selon ses amis, Sankari faisait l’objet de harcèlement et de menaces de mort. Alertées, autorités et ONG n’auraient rien fait pour prévenir le crime. Notez également que l’une des héroïnes de la Gay Pride réprimée d’Istanbul, en juin 2015, a également été retrouvée morte le 8 août par la police, dans un quartier résidentiel. Hande Kader, jeune femme transgenre de 22 ans, a été entièrement brûlée.
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En avant Mariage pour tous, pénalisation de l’homophobie, naturalisation facilitée... les droits des gays et lesbiennes suisses pourraient faire d’importants progrès dans les semaines à venir.
actu SUISSE
François Touzain
©Tiziana Fabi
E
n aura-t-on bientôt fini de se lamenter sur le retard suisse en matière de droits des LGBT ? Ceux-ci pourraient fêter de belles avancées dans les prochaines semaines, prédit « Blick », « même si le champagne reste pour l’instant au frigo ». Après l’échec de l’initiative du PDC qui tentait d’appliquer au mariage une définition hétérosexuelle stricte, en février, le Parlement devrait prendre connaissance du premier projet concret de mariage pour tous helvétique. La question est de savoir s’il relèvera de la législation ou de la Constitution, précise Jean Christophe Schwaab (PS/VD), président de la commission des Affaires juridiques du National. La prochaine session parlementaire s’ouvre le 12 septembre. D’autres dossiers concernant les LGBT devraient passer la vitesse supérieure d’ici cet automne, comme l’extension de la norme antiraciste aux discriminations
basées sur l’orientation sexuelle et la naturalisation facilitée pour les partenaires enregistrés. « Cet été 2016, la Suisse se retrouve dans les petits pas sur le bon chemin », résume Bastian Baumann, secrétaire de Pink Cross. SIGNATURES LABORIEUSEs Par ailleurs, les opposants à l’adoption de l’enfant du conjoint de même sexe, avalisée par les Chambres en juin, peineraient à mettre en place leur référendum. Seul un tiers des 50 000 signatures nécessaires auraient été réunies, alors qu’il ne reste plus que quelques semaines pour récolter les paraphes. Hans Moser, président du parti évangélique ultraconservateur UDF, aux avantpostes du combat contre l’égalité, se dit néanmoins « prudemment optimiste », et encourage ses partisans à continuer « pleins gaz » la récolte de signatures. 4
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PLUS PROMPTS À DIVORCER ? Le taux de dissolution des partenariats enregistrés est presque deux fois plus élevé que celui des divorces. Mais la comparaison est-elle judicieuse?
s’élevait à 30 % pour les couples lesbiens, quand le risque de divorce était de 13 % chez les hétéros.
©Peter Dazeley
L’
Office fédéral de la statistique a récemment publié des chiffres comparés des divorces et des dissolutions de partenariats enregistrés. Depuis 2007, date de leur entrée en vigueur, jusqu’en 2015, 8008 unions homosexuelles ont été conclues en Suisse, dont 784 ont été dissoutes. Dans le même temps, on a compté 21 700 divorces pour 374 898 mariages. Le taux de séparation serait donc de 9,8 % pour les gays et lesbiennes, contre 5,8 % chez les hétéros. Ces chiffres confirment des recherches effectuées à l’étranger, estime la « SonntagsZeitung ». En Suède, une étude effectuée de 1995 à 2002 – avant l’entrée en vigueur du mariage égalitaire – montrait que les hommes enregistrant leur union homosexuelle avaient 20% de chances de se séparer dans les cinq ans, un taux qui
UNE MAISON ARC-EN-CIEL Quinze groupes LGBT ont commencé à travailler à la création d’un centre comprenant des locaux associatifs et un EMS.
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urich est une des villes d’Europe dont la scène gay est la plus vivante et diversifiée. Et pourtant, elle ne dispose pas d’un centre LGBT à proprement parler. Cela pourrait changer dans les années à venir, avec le projet Regenbogenhaus (« Maison arc-en-ciel »). Quinze organisations emmenées par la HAZ, l’organisation gay historique de la ville, ont décidé de relancer l’idée d’un centre associatif inspiré des structures qui existent à Vienne, Paris ou Dublin,
rapporte le « Tages-Anzeiger ». La Maison est décrite comme un « lieu de rencontre, de culture et un point focal avec un café, un centre d’information et des locaux pour des événements, des réunions et des consultations, avec une bibliothèque, un centre de santé et d’autres services, comme un habitat adapté pour les personnes âgées et des appartement pour les personnes en détresse (par exemple les réfugiés queer). » Un groupe d’intérêt a été formé pour la 5
planification et le financement du futur centre, avec un poste de travail à 40 %. « L’important est de trouver un emplacement central, facilement accessible au public », dit Laura Pestalozzi, directrice du projet. Plusieurs pistes seraient déjà suivies, avec pour objectif une ouverture en 2020. Les pouvoirs publics n’ont pas été sollicités pour l’instant, bien que la Ville de Zurich suive le projet avec intérêt. Elle a donné aux premières études un coup de pouce de 9500 francs. FT
actu SUISSE
INVESTISSEMENTS COMMUNS Comment expliquer le phénomène ? Klaus Preisner, sociologue à l’Uni de Zurich, évoque les « investissements communs » qui favorisent la longévité des couples. Et en premier lieu les enfants. Le caractère religieux du mariage peut aussi expliquer, chez beaucoup de couples, une plus grande réticence à y mettre fin. Par ailleurs, Preisner relève que le niveau de formation et de revenu est plus élevé chez les personnes partenariées que chez les mariés. Pour les premiers, une séparation a donc potentiellement moins de conséquences. Gina Potarca, de l’Université de Lausanne, apporte une autre explication: l’absence d’égalité pour les couples de même sexe suisses. « Un vrai mariage aiderait les gays et lesbiennes à mieux définir leur rôles, à leur offrir plus de sécurité et à relever la pression sociale pour les faire rester ensemble », selon elle. Secrétaire de l’organisation gay nationale Pink Cross, Bastian Baumann estime que ces chiffres donnent une vision biaisée de la stabilité des couples homosexuels. De fait, dans les pays nordiques et du Benelux, pionniers en matière d’égalité, les taux de divorces sont très similaires voire plus bas, en moyenne, pour les homosexuels. Fin 2014, dans les Etats américains disposant du mariage égalitaire, le taux de divorce annuel était de 1,1% pour les homos, contre 2 % pour les hétéros. FT
actu homophobie
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Des victimes faciles
©DR
La Perle du Lac à Genève est toujours un endroit de prédilection pour « casser du pédé ». Il serait temps que cela change. Alan Monnat
«
J’ai très vite compris que quelque chose ne jouait pas. Je leur ai demandé leur âge, ils m’ont répondu « 19 ans », et quand je me suis retourné pour partir et rejoindre mon vélo, c’est là que je reçu un coup à l’arrière du crâne. » Il est minuit le 4 juillet dans le parc de la Perle du Lac à Genève. Chris*, 34 ans, s’enfuit à toutes jambes, « la tête en sang ». Une scène terrible et, quelque part, presque banale. En outre, puisque l’homophobie n’est pas condamnée en Suisse, il n’existe aucune statistique de la police ou des hôpitaux sur les agressions de ce type. Toutefois, 25% d’hommes gays ont été victime d’au moins une agression physique dans leur vie. La Perle du Lac, c’est un lieu de drague gay. Tout le monde le sait, les homos, les flics, comme la racaille. Tout le monde connaît sa
dangerosité, même Chris* : l’un de ses amis avait été témoin d’un passage à tabac, dans cet endroit même, quelques années plus tôt. « Qu’alliez-vous faire dans ce parc ? » C’est la question qui vient spontanément à l’esprit, la même que lui poseront les policiers appelés d’urgence sur les lieux en ce soir de juillet, ceux qui arriveront, trois quarts d’heure après l’appel, « sans se presser ». « Cette question est insupportable, elle implique que ce qui m’est arrivé est de ma faute », s’agace le jeune homme. Et la réponse est évidente : il allait y faire exactement ce que vous pensez qu’il allait y faire. Et alors ? Mettre fin à l’impunité Le cas de Chris est particulier. Il a décidé d’aller jusqu’au bout de la procédure et de porter plainte. Il explique son choix : « Si je ne le fais 6
pas, j’ai l’impression que j’admets que c’est normal et que c’est moi qui suis responsable ». D’ordinaire déjà, les homosexuels victimes d’agressions ne portent pas plainte, et ceci est encore plus vrai celle-ci s’est produite dans un lieu « sensible », tel un parc, comme l’explique Michael Häusermann, chargé de projet santé et homophobie à Dialogai : certaines victimes vivent des doubles vies et craignent de devoir dévoiler leur homosexualité. Elles redoutent de surcroît de devoir justifier leur présence dans ces lieux de drague, qui sont mal vus, même dans la communauté. « Pas mal de gays pensent que c’est un type de pratique qu’il ne faudrait pas avoir », commente Michael Häusermann. Lorsque Chris* décide d’entamer les démarches, il se trouve face à un mur : « Je n’ai pas eu l’impression que
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«Si tu vas casser du pédé au milieu de la nuit, il y a de bonnes chances que tu n’aies pas de copine». Michael Häusermann
Agression homophobe Le cas de Chris* se singularise également en ce que l’un des deux agresseurs a été interpellé — par les agents de sécurité et non pas par la police, il faut le noter – ce qui est très rare. Dans les autres cas, cette absence d’interpellation, et donc de sanction, a pour effet de créer un sentiment d’impunité chez les agresseurs, à les encourager à recommencer. Qui sont-ils au
juste, ces agresseurs ? Des jeunes gens, entre 16 et 25 ans, parfois plus jeunes. Ils œuvrent toujours en groupe. Les agresseurs sont lâches et n’œuvrent jamais seuls détaille Michael Häusermann. Ils sont très majoritairement d’origine sociale modeste. « Les homosexuels qui visitent le parc sont des victimes faciles : ils sont dans un lieu isolé, personne ne leur vient en aide s’ils crient et ils se défendent rarement. » En fait, les jeunes agresseurs ne sont pour la plupart pas «des casseurs de pédés », mais des détrousseurs, des paumés, discriminés eux-mêmes par la société. « Si tu vas casser du pédé un vendredi au milieu de la nuit à la Perle du Lac, il y a de bonnes chances que tu n’aies pas de copine ». Ceci n’excuse rien, ça explique, un peu. Reste que Genève est la seule ville de Suisse romande où les agressions de ce type sont si fréquentes. Pourquoi ? « À Lausanne, nous nous sommes débarrassés de ces menaces en appelant systématiquement la police », explique Bertrand de Vogai. « Tous les homos qui fréquentent les
parcs savent qu’ils peuvent appeler sans autre la police, qu’elle viendra rapidement et en nombre, même sur un sentiment d’insécurité, face à un groupe de jeunes, par exemple ». Homophobie ou concours de circonstances, n’en demeure pas moins que les homos et bisexuels hommes subissent quatre fois plus d’agressions (verbales, physiques, vols, harcèlements) que le reste de la population masculine, affirment deux études menées par Dialogai en 2002 et 2011. Va-t-on vers le mieux ? « Entre les deux études, un statut quo, voire une légère augmentation des cas », déplore Michael Häusermann. Cet été nous le démontre : en juin déjà, la Perle du Lac était le théâtre d’un passage à tabac crapuleux. La victime a eu moins de « chance » que Chris* : après s’être fait tabasser par cinq jeunes hommes, cet homme a été retrouvé, inconscient, à proximité de son véhicule. « Six semaines après les faits, il est toujours incapable de reprendre le travail », raconte le responsable de projet à Dialogai. *prénom d’emprunt
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actu homophobie
la police prenait mon cas au sérieux et les associations que j’ai contactées m’ont, dans un premier temps, apporté peu de soutien ». La faute à une mauvaise organisation lors de la pause estivale, explique le chargé de projets santé et homophobie à Dialogai qui assure cependant que toutes les mesures ont été prises pour qu’un tel cas ne se reproduise plus. L’un des rôles de l’association est en effet d’aider les victimes dans leur démarche, notamment en les mettant en lien avec le LAVI (Centre de consultation pour Victimes d’infractions), une instance présente dans chaque canton.
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ACTU militantisme
TÊTE CHERCHEUSE
©Irina Popa
Caroline Dayer est une référence sur les questions d’égalité, de genre et de discrimination. Portrait sensible d’une personnalité qui navigue avec brio dans des zones de hautes turbulences. Manon Pulver 8
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FORCE ET CONVICTION On ne tient pas dans ces zones de turbulences idéologiques sans une conviction chevillée au corps. D’ailleurs d’autres lâchent, font profil bas. Elle non. Sa détermination impressionne. En avril dernier, sur les ondes de la RTS, elle ferraille avec brio face à Oskar Freysinger, chef du département valaisan de la Formation et de la Sécurité. Objet
du débat : l’annulation d’un atelier sur les injures sexistes et homophobes par le directeur du Collège des Creusets à Sion, alors même que les inscriptions étaient nombreuses. Au conseiller d’Etat UDC qui s’enlise entre foi chrétienne et inutilité des psychologues, elle répond homophobie institutionnelle et adolescence en danger. Un argumentaire clair et précis qui fait mouche. Les messages de félicitations arrivent de toute part, elle s’en réjouit mais ne s’y attarde pas. La route est longue, le travail colossal. Comme une énième piqûre de rappel, ce débat rejoint ce qui a fondé son engagement. Le collège des Creusets, elle y a fait sa scolarité, passé sa matu, et ce Valais, conservateur jusqu’à l’intransigeance, c’est le carcan dont elle a dû s’affranchir. Flashback. Un beau village, Hérémence, des parents aimants, soutenants, qui l’élèvent de façon égalitaire avec son frère qu’elle adore. Caroline a la foi, fait beaucoup de sport, réussit à l’école. Voilà pour les accords majeurs. À l’adolescence, premières fausses notes. Il y a ces garçons avec qui elle s’entend bien mais qui ne l’attirent pas, son père si gentil mais qui est alcoolique, sa mère bien-aimée qui travaille mais porte de surcroît tout le ménage. Des bémols dont elle ne saisit pas encore l’ampleur. Jusqu’à l’événement, qui va tout désaccorder. À 17 ans, elle croise une jeune fille qui ose s’affirmer ouvertement lesbienne. La rencontre lui ouvre les yeux. Et le cœur. Elle tombe amoureuse. Tout s’explique… et se complique. La joie de comprendre a force d’éblouissement. Regarder enfin sa propre vérité dans les yeux, c’est magnifique et redoutable. Mais en Valais on excommunie pour bien moins que ça. Elle fait l’expérience de l’invisibilité rageante, du mensonge obligé, et entre en rupture avec les dogmes religieux qui nomment péché ce qu’elle sait être amour. Elle découvre la violence des transactions permanentes pour maintenir les apparences. Jusqu’à ce jour de 2001 où, lors de la première pride à Sion, 9
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on sourire est son meilleur bouclier et sa parole - construite, sonore et précise – son arme la plus efficace. Rien de guerrier pourtant dans la jeune femme détendue et radieuse attablée dans le parc des Bastions où elle nous a donné rendez-vous. Mais lorsqu’il est question des violences directes et indirectes visant encore trop souvent les personnes LGBTIQ, ou des arguments de plus ou moins mauvaise foi qui pleuvent pour justifier toute forme d’inégalité, ce tempérament paisible et rieur fait preuve d’une combativité sans faille. A 38 ans, Caroline Dayer, docteure et chercheuse, formatrice et consultante, auteure de nombreux livres et articles scientifique est une personnalité emblématique de la communauté LGBTIQ romande voire francophone. Elle est surtout une référence sur les questions d’égalité, de genre et de discrimination (sexisme, racisme, homophobie, etc.), et intervient très fréquemment sur ces thématiques, notamment dans les contextes scolaires et professionnels. Une expertise qui lui vaut d’être souvent sollicitée par les médias et conséquemment de se retrouver régulièrement en première ligne. D’autres l’ont éprouvé avant elle : toute tentative de démontrer ce qui dans nos systèmes de pensée hiérarchise et stigmatise les individus soulève aussitôt de violentes controverses et entraîne rapidement au-delà du champ académique. Essayez pour voir de placer « hétérosexisme » ou « mariage pour tous et toutes » dans une conversation. Remuez un peu, et constatez que décidément certains termes sont à eux tous seuls des pétards politiques.
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un article d’une hostilité absolue dans le Nouvelliste sera le déclencheur. Trop d’injustice lui donne parfois tous les courages. Elle tient ça de sa mère, dit-elle en souriant. Toujours est-il qu’avec d’autres amies « dans le placard » Caroline va affronter tête haute la rue, la peur, les insultes et les réprobations. C’est inoubliable, bouleversant, festif et fraternel. « Pour la première fois je me suis sentie libre d’être moi-même et en même temps visible. Tout un jour durant. C’était très puissant de rompre le silence ensemble. » Et inimaginable de revenir en arrière. Ce coming out collectif va souder sa « famille de cœur » qui s’est encore élargie depuis. Il va surtout inspirer son mémoire « De l’injure à la gay pride ». Sa publication, en 2005, coïncide avec les votations fédérales sur le partenariat enregistré. Une journaliste du Nouvelliste propose d’écrire un article de fond sur les enjeux de cette loi, et lui demande d’être photographiée avec sa compagne d’alors. Elles hésitent. Cette visibilité ne va-t-elle pas leur porter préjudice ? La solidarité l’emporte, « plus jeunes, nous aurions tellement voulu voir dans le journal valaisan l’image de deux filles heureuses de s’aimer. Alors on l’a fait.» Pour ses études, elle avait déjà mis le cap sur Genève qui est désormais « sa » ville. Elle y élargit son cercle amical, rencontre des femmes plus âgées, inspirantes, féministes, militantes, artistes aussi bien qu’universitaires qui lui ouvrent de nouveaux horizons, « c’est vital les modèles, pour prendre confiance en soi, oser s’affirmer ». En 2009 son père meurt, elle soutient brillamment sa thèse et prépare un séjour professionnel à Paris. Une année charnière, éprouvante, un tourbillon d’émotions, dont elle sortira grandie, apaisée. Aujourd’hui ? De retour de vacances, elle profite du lac et de la belle terrasse du nouvel appartement où elle vit avec sa compagne. Mais le farniente ne dure jamais longtemps pour cette travailleuse acharnée. Au programme déjà des conférences, des interventions de terrain, des formations à créer mais aussi des coordinations de projets, des vidéos pédagogiques et des guides professionnels. Et puis là tout de suite, l’écriture de son prochain ouvrage aux éditions de l’Aube, dont la parution est prévue pour le 8 mars 2017. Il traitera de la prévention des violences et donnera des pistes d’action. « J’ai envie de proposer un outil pratique au style accessible, pour œuvrer en amont et ne pas se retrouver sans cesse en réaction ». Un répit sans doute de courte durée en regard des prochaines votations fédérales sur l’égalité des droits qui risquent de la rappeler rapidement sur le front..
IL N’Y A PAS QUE LA RECHERCHE
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ACTU militantisme
Gourmande, elle aime les bons restaurants et se rend volontiers au Café des Sources dans la rue du même nom pour sa cuisine du terroir, savoureuse, et son service chaleureux. Elle va régulièrement au Café-librairie Livresse tout proche, pour un apéritif prolongé. « J’adore son atmosphère, son cadre. Et j’en profite pour acheter ou commander des livres. » Au jeu des trois adresses, elle a envie de citer la Salle Pitoëff, à la rue de Carouge. « Que ce soit en tant que participante ou parfois en tant qu’organisatrice, j’aime énormément ce lieu de fête, de culture et de rassemblement. Avec ses beaux espaces, sa salle de théâtre et sa grande terrasse, c’est un endroit très attachant.».
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ACTU hongrie
ATTENTE ET INCERTITUDES
En Hongrie, le pouvoir conservateur/chrétien-démocrate ralentit l’intégration de la communauté LGBTIQ dans la société. Les assos locales craignent un retour en arrière. Joel Le Pavous
L
es insultes fusent sur l’avenue Andrássy. Nous sommes en 2008 et la Budapest Pride arpente pour la douzième fois l’artère reliant l’hypercentre au Bois de Ville. Cordons et barrières policières longent le cortège. Sympathisants du parti d’extrême-droite Jobbik et ultracatholiques invectivent les participants qui tentent de faire abstraction. Ainsi débute le documentaire « Meleg Férfiak, Hideg Diktaturák » (« Garçons homos, Dictatures Froides », meleg signifiant aussi chaud) signé Mária Takacs. Cette année, ni crachats ni injures. La fête encadrée par un important dispositif de sécurité s’est déroulée sans heurts. Si la Hongrie a décriminalisé l’homosexualité en
1962 et légalisé le PACS en 2009, le retour du conservateur Viktor Orbán aux affaires (2010) après deux mandats socio-démocrates a annihilé les espoirs de mariage gay ou lesbien. Pas question de bouleverser le moule familial classique fermement soutenu par un leader politique autrefois progressiste. Hors papa/maman, point de salut. Défense de la famille « Orbán a fait ratifier une loi dite « défense de la famille » en 2011 grâce à sa majorité des deux-tiers à l’Assemblée puis constitutionnalisé l’union d’un homme et d’une femme en 2013 », pointe Tamás Dombos de la Háttér Társaság, association accolée à la fédé LGBTIQ magyare. « Il 12
n’est pas foncièrement homophobe contrairement à son vice-Premier ministre Zsolt Semjén ou au maire de Budapest István Tarlós. Disons plutôt qu’il refuse de prendre cette thématique au sérieux ». Le dossier s’est pourtant largement invité dans la société hongroise depuis la chute du « socialisme du goulash » en 1989-1990. L’ONG Homeros lancée en pleine vague du SIDA et le fanzine Mások (Les autres) ont accompagné l’essor d’une communauté jusqu’ici contrainte de se rencontrer en catimini au Café de l’Université ou lors de soirées underground en appartement organisées des mois à l’avance. Aujourd’hui, l’AlterEGO Club et le Why Not incarnent la
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Le retour de Viktor Orbán aux affaires a annihilé les espoirs de mariage égalitaire.
ACTU hongrie
quintessence d’une vie nocturne foisonnante. « L’entrée dans l’UE (en 2004, ndlr) a facilité les rencontres et fragilisé ceux qui nous détestent », affirme Gergő Dékany de l’organisme Szimpozion, régulièrement en contact avec des confrères étrangers. « Notre situation s’est considérablement améliorée par rapport aux seventies. Tobiás dans Barátok Közt (le Friends magyar) et le Mónika Show (une émission type C’est mon choix) ont montré que l’homosexualité n’existait pas qu’a l’Ouest et qu’elle n’était pas réservée aux films hollywoodiens ». Le monde de l’entreprise s’est également mis au diapason via la fondation Nyitottak Vagyunk (Nous
sommes open), impulsée par Google et le logiciel maison de présentations par ordinateur Prezi. « Nous encourageons la diversité dans toutes ses acceptions : homos, sans-abris, femmes, handicapés... », explique sa porte-parole Melinda Miklós. « La Pride en est la meilleure célébration. N’importe quelle compagnie qui partage cette vision peut nous rejoindre, petite épicerie ou puissante multinationale ». Nyitottak Vagyunk conduisait d’ailleurs un char lors de l’édition 2016 ayant rassemblé environ 20 000 personnes sous la bannière arc-en-ciel. Une affluence record synonyme d’énorme pied de nez aux contempteurs du « lobby gay » à l’instar du dramaturge Imre 13
Kerényi. L’artiste revendiquait en mai 2014 la nécessité de « stopper la décadence » et de « purifier les théâtres et les écoles ». La charge au bulldozer visait essentiellement son confrère Róbert Alföldi, dont le coming out a partagé la Hongrie. Dániel Holländer a supervisé la manifestation et se réjouit des avancées autour des questions LGBTIQ. « Quand tu compares le premier défilé confidentiel de 1997 et celui de 2016 où les médias pullulaient, la différence saute aux yeux. Le mouvement s’est professionnalisé, les grandes villes de province comme Pécs ou Szeged hébergent des assos et les outings sont courants. L’union civile existe et des dizaines d’ambassades nous appuient. C’était
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carrément inimaginable avant l’effondrement du communisme ». Inimaginable mais améliorable. Les droits des homos intéressent peu au-delà des cercles impliqués. Les forces de l’ordre ont tenté d’interdire la Pride (2012) mais un tribunal en a décidé autrement. Le maire du huitième arrondissement de Budapest (Máté Kocsis) souhaite qu’une « Hétéro Pride » puisse investir la capitale pour « rétablir l’équilibre ». Et la télévision publique hongroise ? MTV refuse catégoriquement de diffuser le film de Mária Takács. Motif ? Les familles ne doivent pas voir ça. Oui, il y a encore du boulot. Légendes Photos – Mária Takács, réalisatrice du documentaire évoqué – Melinda Miklós, porte-parole de la fondation « Nyitottak Vagyunk » – Gergö Dékany, fondateur de l’organisme « Szimpozion » – Dániel Höllander, superviseur en chef de la Budapest Pride – Baiser sur le boulevard Andrássy. « L’amour existe, Dieu n’est qu’un mythe » (Photo : Olga Winiarczyk) – Doigt d’honneur visant le maire de Budapest, le PM Viktor Orbán, le patron de l’Assemblée Nationale et le Président Áder (Photo : Olga Winiarczyk) – Pres du char de l’Alter Ego, club-phare de la communauté LGBT hongroise (Photo : Viktória Fürjes) – Le cortège s’est retrouvé devant le Parlement en fin de défilé. (Photo : Viktória Fürjes)
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L’été indien
©DR
Vladimir Ennyday
G
ueule d’amour et déhanchés sexy tout de blanc vêtu dans un clip reprenant tous les clichés du bonheur des gens d’en bas – du fastfood au supermarché, en passant par la laverie automatique – Justin Timberlake a fait un semi-carton avec le morceau de son comeback « Can’t Stop The Feeling ». Pourtant, tous les ingrédients y étaient, comme dans le « Happy » de Pharrell en 2013. Souvenez-vous, à force de passer sans cesse sur les ondes, sa rengaine avait fini par saouler tout le monde. Au passage, l’artiste au chapeau à la taille de son melon faisait les frais d’un violent retour de bâton. Eh oui, c’est souvent le prix à payer lorsqu’on détient LE tube de l’été. Dans son ouvrage « Grande histoire et petits secrets des tubes de l’été » (Ed. du Moment), sorti comme il se doit au début de la belle saison, le journaliste Jean-Marie Potiez revient sur la saga de ces chansons particulières, qui remonte bien avant que tout ne soit récupéré par les services marketing des maisons de disque. Très exactement en 1962 en France, avec l’inoubliable « J’entends siffler le train » de Richard Anthony, apprend-t-on dans le livre. Depuis, producteurs, compositeurs, artistes en mal de succès et distributeurs recherchent la recette miracle sans jamais vraiment la trouver. Car au fil des ans, les belles surprises ont succédé aux bides inexpliqués. Pourtant, pour faire un hit, un refrain entêtant aide, ce ne sont pas Kylie Minogue et Lady Gaga qui diront le contraire. Mais le Graal pour entrer dans l’histoire demeure la chanson qui rythme les étés. Au milieu des
années 70, avant que Justin Bieber ne fasse tourner les têtes des ados, en France c’était Joe Dassin qui remportait tous les suffrages. Surtout après le succès de « L’été indien », son fameux slow mélancolique aux paroles fatales : « on ira, où tu voudras quand tu voudras, et on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mort… » Aujourd’hui encore, la mélopée fait grimper des frissons de nostalgie dans l’échine des jeunes filles d’alors, il suffit de faire le test en fredonnant la mélodie à l’oreille d’une vieille tante pour voir ses yeux s’illuminer. Devenu une tradition très lucrative, le hit d’été revient chaque année, offrant la plupart du temps un seul et unique succès à l’artiste qui le chante, les « One Hit Wonder », comme on les surnomme en GrandeBretagne. Dans cette catégorie, on retient l’inévitable « Born To Be Alive » de Patrick Hernandez en 1979, le fabuleux « Voyage Voyage » de Desireless en 1989 ou plus récemment, le phénoménal « Gangnam Style » de l’artiste de K-pop sud coréen Psy qui déferlait sur les ondes en 2012. D’autres ont eu la chance de connaître une vraie carrière après leur tsunami au Top 50, comme Jeanne Mas qui ne s’arrêta pas après sa « Toute Première Fois » en 1984. Deux ans plus tard, en boudant la proposition de son compositeur italien Romano Musumarra, la punkette gothique ne se doutait pas qu’« Ouragan » allait ouvrir la voie royale du showbizz à la princesse Stéphanie. Autant en emporte le vent, son altesse a renoncé au chant depuis longtemps. Et 2016 n’a pas toujours pas trouvé son hit de l’été. 15
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Dansants et entêtants, ils ont la saveur des vacances et de l’amour à la plage: les hits d’été rythment la belle saison depuis des décennies. Mais à propos, c’est quoi le tube de 2016 ?
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SOCIéTé sur la toile
PARTY DE FÊTE
©Amélie Cousineau
Il aime les flamants roses, Zac Efron et les bons verres de vin. Avec ses expressions exotiques, le Québecois Pierre-Luc Cloutier cumule plus de 270 000 abonnés sur YouTube. Pascal Villa
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omment préparer une vraie poutine ? Ou lire des commentaires méchants en gobant de l’hélium ? Avec ses vidéos décalées et pleines d’humour, Pierre-Luc pourrait bien vous faire tomber en amour avec nos cousins canadiens. Pour lui,
tout commence en 2014. Il est alors chroniqueur pour l’émission « Cap sur l’été », où il donne des conseils « pour sauver des sous et devenir un vrai radin », comme il dit. Mais l’émission s’arrête et, pour tromper l’ennui durant cette période de 16
chômage, il décide de lancer son premier Vlog. Timide extraverti, il se donne du courage avec un bon verre de Chablis ou de Sauvignon blanc. Un cérémonial qui ouvre désormais la plupart de ses saynètes, filmées dans son appartement à Montréal,
360° – septembre 2016 en compagnie de ses chats, baptisés Béatrice Picard et Pascale Nadeau : deux grands noms de la télévision au Québec. Il y a quelques mois, il a reçu par accident le bouton « Play » d’un autre YouTuber, un trophée qui consacre les chaînes ayant atteint les 100 000 abonnés. Mais, au lieu de jeter cet objet aux ordures, il décide de le faire signer par une floppée de personnalités du Web. « Afin de profiter de cette erreur, j’offrirai la plaque, au hasard, à une personne ayant participé à une levée de fonds participatifs ! » Objectif atteint, puisqu’il a récolté plus de 10 000 dollars canadiens qui iront aux associations LGBT, Gai Ecoute et l’Astérisk au Canada, mais aussi Le Refuge en France.
Comment fais-tu la différence entre ta vie privée et ce que tu dévoiles sur la Toile ? C’est toujours difficile de tracer la ligne, parce que les gens me demandent souvent comment on fait pour que YouTube devienne son métier. Et moi, je réponds toujours que YouTube ne peut jamais devenir ton métier, parce que, si vraiment tu veux en vivre, ça va devenir un mode de vie. La ligne entre la vie professionnelle et la vie personnelle est extrêmement floue. Et tu arrives à en vivre aujourd’hui ? Ça m’a pris un an avant j’aie assez de clics sur mes vidéos pour que ça puisse donner un revenu. Mais aujourd’hui, oui, ça génère plusieurs sources de revenus. Il y a une très très petite partie qui vient de ma boutique en ligne avec les Teeshirts, les posters, etc. Mais parfois aussi, je fais des partenariats avec des marques, comme récemment avec Swiffer. Dans ce cas c’est toujours écrit dans la barre d’infos, et en l’occurrence c’était marqué : « Merci
Tu n’as pas une société de production pour s’occuper de cette tournée ? Si, c’est Evenko. C’est vraiment une boîte sérieuse et j’ai été surpris qu’ils aient envie de travailler avec moi. C’est l’opérateur exclusif du Centre Bell à Montréal et, si par exemple Lady Gaga vient à Montréal, c’est eux qui s’en occupent. Alors ils ont Lady Gaga, et ils ont moi aussi… (rires !) C’est toi qui a eu l’idée de cette tournée ? Je peux pas m’approprier l’idée parce qu’il y a tellement de YouTubeurs qui font ça, mais l’idée de me faire une « Party de Fête » (une fête d’anniversaire – NDLR), ça c’était mon idée depuis le début. Comme je ne suis ni chanteur, ni humoriste, ni acteur, il fallait que je trouve une formule où je pouvais aller à la rencontre de mes abonnés sans que ce soit un spectacle classique. C’est pour ça que la formule « Party de Fête », ça me donnait la place pour faire un numéro d’ouverture. Mais après, il y aura des jeux avec le public, et aussi des invités, d’autres YouTubers. Ce sera vraiment une ambiance de fête, et j’espère que tout le monde aura des flûtes, pis des chapeaux de fête… Pourquoi as-tu décidé de soutenir des associations LGBT par une opération de crowdfunding ? Je reçois beaucoup de messages, et à chaque fois que je fais des Meetups, je reçois aussi des lettres d’abonnés. Régulièrement, il y a des témoignages, mais c’est pas nécessairement par rapport à un coming out ou ce genre de trucs-là, mais souvent j’ai des histoires de gens qui ont été malades ou qui ont changé de famille d’accueil plusieurs fois pendant leur enfance… Mais je ne suis pas psychologue, je suis pas 17
bon pour répondre à tout le monde, et je veux surtout pas donner des mauvais conseils. Comme chacun a son rythme et chacun sa réalité, c’est difficile pour moi d’aider. C’est pourquoi j’ai choisi de soutenir ces associations qui ont les ressources pour pas empirer les situations. C’est touchant tous ces messages, mais c’est aussi pourquoi j’ai désactivé mon inbox sur Facebook, parce que je trouvais ça difficile de recevoir tous ces témoignages-là, alors que je me sentais impuissant. Je pense aussi que c’est lié à l’Internet, parce que la télévision, on a l’impression que c’est un meuble dans notre maison, mais quand on regarde YouTube, souvent c’est sur un iPhone, pis on regarde ça dans le creux de notre main et comme je dis tout le temps : « Quand je fais une chronique à la télévision, je m’adresse à 100 000 personnes à la fois, mais sur ma chaîne YouTube, je m’adresse aussi à 100 000 personnes, mais à une seule à la fois. » Comment vois-tu cette carrière de YouTuber sur le long terme ? J’aimerais ça savoir, mais je le sais pas. On dirait qu’avec ma chaîne, je suis là comme pour profiter du tour de manège. Pour l’instant, je suis plus en mode je saisis les opportunités, pis on verra rendu là. Mais même si j’avais un plan, je pense que j’y arriverais pas, parce que la technologie change, les plateformes changent, les médias aussi sont vraiment en train de changer leur regard envers les YouTubers. Y’a énormément d’intérêt de la part de la télévision en ce moment pour rajeunir l’auditoire avec l’aide des YouTubers. En tout cas, moi, je ne suis fermé à rien. Et tu es déjà venu en Suisse ? Oui, j’ai déjà fait un Meetup à Genève, et je suis tombé en amour avec la Suisse. Ça serait mon rêve aussi de pouvoir tomber en amour avec un Suisse. J’ai pas de plan pour ma chaîne YouTube, mais j’en ai un pour ma vie conjugale ! Idéalement, j’aimerais ça que Joël Dicker tombe en amour avec moi (rires). On a passé une journée ensemble quand je suis allé en Suisse, ça avait été vraiment génial, un gars super sympathique ! Rendez-vous sur plcloutier.com pour en savoir plus sur ce YouTubeur Québecois.
SOCIéTé sur la toile
360°: Comment t’est venue l’idée de lancer ta première chaîne YouTube ? Pierre-Luc Cloutier : C’est une amie qui me l’a conseillé, moi je connaissais même pas ça, mais aujourd’hui ça me convient vraiment parce que je suis une personne qui se tanne rapidement des choses. Avec YouTube, c’est tous les jours tellement différent que je ne m’ennuie pas.
à Swiffer de supporter ma chaîne en commanditant cette vidéo ». J’ai fait d’autres partenariats avec Toyota, avec Loto Québec, etc. Les marques sont extrêmement curieuses de travailler avec les YouTubers en ce moment. Et puis il va y avoir ma tournée, où j’ai l’impression que je vais perdre de l’argent, parce que je me suis embarqué dans quelque chose d’assez fou.
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culture artyshow
WACKY WACKO, COMIC STRIP
©DR
Le team WACKY WACKO fait l’effet d’une bombe-surprise. Ses membres semblant tout droits sortis d’un cartoon en Technicolor évoluent dans un univers en carton-pâte et touchent à toutes les formes d’expression artistique sans se priver. Leatherette
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emblant provenir d’une autre galaxie, le quartier général du team Wacky Wacko trône dans un coin encore peu gentrifié du quartier de Echo Park, sur Sunset Boulevard à Los Angeles. A l’intérieur de cette caverne d’Ali Baba éponyme, le visiteur pénètre dans un monde parallèle tout en couleurs qui n’a rien à envier à une fête foraine sous LSD. Se référant à toutes les sous-cultures étasuniennes qu’ils brassent joyeusement en les régurgitant sous forme d’art contemporain, il en résulte un univers époustouflant, caricatural et délicieusement régressif. « Wacky » désignant quelque chose à mi-chemin entre « farfelu » et « délirant », le ton est donné. Parmi les références immédiates qui surgissent en s’immergeant dans cet univers à haute teneur en glucose, on pense instantanément à John Waters, à Pee-Wee Hermann, à Andy Warhol et à Kenneth Anger parmi les plus célèbres que ce chaos enchanté évoque. Seth Bogart et Peggy Noland ont ouvert le lieu depuis quelques années seulement, aux côtés de leur amie artiste Christine Stormberg. Ce sont les nouvelles icônes pop-queer de la scène californienne et leur antre est à leur image : extravagant et polymorphe.
Les reproductions en format géant d’objets quotidiens distordus et cocasses côtoient les T-Shirts sauvagement sérigraphiés, flirtant avec l’art brut de Jean-Michel Basquiat et l’esthétique des fanzines underground. De nouveaux décors sont inlassablement peints et repeints du sol au plafond très fréquemment, avec une forte dominante rose explosive, couleur symbolique favorite de la scène queer. Peggy Noland sévit depuis un moment déjà à Kansas City, où son allure d’Infante cosmique issue d’un comic strip de Moebius n’a d’égal que ses créations vestimentaires 100 % graffitées à la main de logos et slogans mipunkrock, mi-redneck et reconnaissables au premier coup d’oeil. Elle se spécialise actuellement dans le tuning automobile et ses interventions acidulées sur carrosserie se démarquent elles aussi haut la main de ce qui se fait habituellement dans ce domaine. Quant à l’inénarrable Seth Bogart, la plupart de ses fans le connaissent sous le pseudo de Hunx, son nom de scène depuis le début des années 2000, d’abord comme membre du groupe electroclash Gravy Train !!!! (avec ses compères Chunx, Funx et Drunx) puis en tant que frontman charismatique du combo punk-garage Hunx and His Punx, 18
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culture artyshow
de L.A. via San Francisco. Les deux groupes californiens font indéniablement partie du panthéon queer avec des identités fortes et originales qui font plaisir à voir. Ce petit nom, Hunx – qui signifie « beau gosse » – lui va d’ailleurs comme un gant. Sur scène, Bogart brille de mille feux, telle une poupée Ken humaine, toute de cuir vêtue. Coiffé à la perfection en mode plastifié, les cheveux noircis au cirage à chaussures, son visage est rasé à blanc et poudré de frais, exception faite pour la moustache taillée en un fin crayon années trente. Les lèvres carmin et les joues rouges glossy s’associent à la perfection au rose criard du costume deux pièces, taillé dans une toile cirée coupée sur-mesure par Peggy Noland. Il est à croquer. Lassé de sa période punk, il s’offre à présent un one-man show de variétés truffé de second degré avec des projections vidéos, des changements de costumes, des invités, des overdoses d’autotune et de grands moments de karaoké avec le public. Il aime aussi y glisser quelques petites surprises, comme de déguiser des strippers en service d’ordre et les laisser ensuite s’effeuiller sur les côtés de la scène, pour le plus grand bonheur d’un public conquis d’avance.
Seth Bogart est un infatigable touche-à-tout et une grande partie de l’iconographie de Wacky Wacko lui est dûe. Outre ses expositions personnelles en galerie auxquelles il convie systématiquement le reste de la tribu à mettre la main à la pâte, il propose notamment dans sa gamme d’objets de type « mongoloïde » des céramiques franchement singulières et épatantes de fraîcheur. Il signe aussi le décorum et le scénario de ses clips vidéo fantasques. Le kitschissime « Eating Make-up » figure parmi les plus appréciés, dans lequel il apparaît minaudant assis à l’intérieur de son fameux poudrier géant à longs cils, entouré de sa cohorte de copines mal fagotées, sorte de simulacre dissonant des B-52’s. Son morceau le plus hilarant s’envole quant à lui dans des sonorités de ballon à l’hélium et son titre sybillin « Club with me » fait figure d’hymne satirique électro-disco au ton gentiment persifleur et délibérément niais. Au générique de chacun de ses clips on retrouve immanquablement toute la fine équipe, très souvent au casting et à tous les coups à l’œuvre aux décors. Il n’est pas rare qu’ils se présentent aussi au grand complet sous la forme d’un concours de sosies parfaitement improbables, adoptant simplement les looks de 19
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culture artyshow
leurs idoles sans avoir nécessairement d’autres points communs avec le personnage choisi. Ces shows aux faux airs de Cour des Miracles étant joyeusement baptisés « Celebrity Imposters » crient haut et fort à l’imposture en toute connaissance de cause. On y croise d’approximatives « Nina HagenDaz », « Grave Jones » ainsi que « Madonnerd » ou « Maxine Headroom » qui se produisent sur scène. Les gabarits les plus divers se croisent dans leur sillage, ils sont multi-ethniques et se moquent ouvertement de la domination des standards de Hollywood, dans une totale liberté d’action saupoudrée d’auto-dérision. Leur iconographie totalement déjantée fait partie du lot, et apporte une valeur ajoutée à leur concept hédoniste un brin canaille. A mi-chemin entre un drag-show polysexuel digne d’une boum de teenagers en folie et un café-théâtre pop d’un genre nouveau, proche du dadaïsme, chacun a droit à ses « fifteen minutes of fame » dans l’univers rose électrique de Wacky Wacko. Que du bonheur ! www.sethbogart.com www.peggynoland.com www.wackywacko.com
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culture cinéma
une société corsetée
©DR
Dans Rara, la Chilienne Pepa San Martin explore à travers le regard d’une ado, le quotidien d’une famille en butte au rejet Edmée Cuttat
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ara 13 ans et Catalina 9 ans vivent avec leur mère Paula et sa compagne Lia dans une chaleureuse ambiance féminine. Ce qui déplaît à leur père Victor, qui les prend pour le week-end et les vacances. Il s’est remarié mais n’apprécie pas cette promiscuité et souhaiterait que ses filles mènent une vie de famille
« normale ». Il considère en effet que l’éducation que les deux femmes leur offrent et l’image que donne leur couple sont nocives. Son avis est partagé par son entourage, notamment une grandmère trouvant qu’elles vont trop loin et traduisant son sentiment par un « Nous ne sommes pas à 22
New York, mais à Vina del Mar… » Trop jeune pour avoir des préjugés, Catalina n’a que faire du regard des autres. Elle apprécie beaucoup sa vie entre ses deux mamans. Ce n’est pas le cas de Sara. A l’aube de l’adolescence, elle aime les garçons, bien qu’elle les trouve plutôt bêtas. Un peu mal dans sa peau et dans
360° – septembre 2016 son corps qui se transforme, elle se cherche en manifestant quelques velléités de rébellion. Suite à une dispute futile, elle refuse de fêter son treizième anniversaire chez sa mère et quitte la maison pour aller chez son père. Qui en profite pour intenter un procès à son ex-femme dans l’espoir de récupérer la garde de ses enfants. FAITS RéELS Rara (Nizarre), premier film de la Chilienne Mara-José « Pepa » SanMartin, journaliste, puis assistante réalisatrice après un passage au théâtre, est adapté d’une histoire
vraie. Il s’agit du cas de la juge Karen Atala, violemment discriminée en 2003 pour avoir fait son coming out. Avant de gagner son combat dix ans plus tard. Dans ce film co-écrit avec la scénariste Alicia Sherson, Pepa San Martin élude heureusement les lourdeurs de la procédure juridique. Pour les éviter, elle a choisi de raconter l’histoire d’un bout à l’autre du point de vue de Sara, optant pour un ton oscillant entre la légèreté, le sérieux, la drôlerie et l’émotion. Par petites touches, sans dramatiser, la cinéaste s’inspire d’événements apparemment sans
importance, de remarques mal placées, d’un mot de trop, l’ensemble étant propice à autant de rebondissements et de surprises, jusqu’au dénouement plutôt inattendu. Elle brosse ainsi un portrait intelligent, tout en subtilité et en finesse du quotidien de cette famille homoparentale victime de rejet au sein d’une société conservatrice. Une très jolie réussite qui tient également beaucoup à ses excellents interprètes. A commencer par Julia Lübbert, de tous les plans, étonnante de justesse, de pertinence et de naturel.
Sortie le 31 août
Juste la fin monde Xavier Dolan propose un huis-clos à la fois fascinant, bouleversant et exaspérant. culture cinéma
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our son septième film, le réalisateur québecois a choisi d’adapter une pièce de Jean-Luc Lagarce, dont il apprécie la beauté du texte et de la langue. Jeune auteur à succès, homosexuel intello plein de douceur, Louis n’a pas revu sa mère, sa sœur et son frère depuis 12 ans. Gravement malade, il revient chez les siens pour leur annoncer sa mort prochaine. Et ne cessera de chercher le bon moment pour le faire. Mais très sensible à l’extrême tension que sa visite provoque, il recule à chaque fois face à ces gens qui le noient sous les reproches, l’accablent de leur amertume et de leur rancœur. De leur amour aussi. Un huis-clos théâtral familial asphyxiant, à la fois bouleversant et exaspérant, où tout le monde a envie de déballer ce qu’il a sur le cœur, mais où chacun crie, pleure, s’engueule, balance des vannes, ment, pour éviter, dans une fuite en avant logorrhéique, de parler de l’essentiel. A savoir de la raison du retour de Louis qui les tourmente. Xavier Dolan propose avec Juste la fin du monde (Lauréat du Grand Prix du jury à Cannes), une mise en scène virtuose privilégiant les gros plans pour se rapprocher des
©DR
visages de manière à en saisir les expressions les plus révélatrices. L’histoire passe en effet aussi par les silences, les regards, le moindre mouvement d’une bouche exprimant les non-dits. Les comédiens sont ainsi placés sous une sorte de microscope, la caméra jouant avec eux dans une tentative de capter le moindre souffle. Gaspard Ulliel se révèle excellent dans le rôle de Louis. L’opus est porté par quatre autres stars françaises aux prestations en revanche inégales. Nathalie Baye (la mère Martine), perruque noire et maquillage outrancier et Vincent Cassel (son frère Antoine) en font des tonnes dans une hystérie galopante. Lea Seydoux (sa sœur Suzanne qu’il n’a pas vu grandir) n’est pas moins irritante. Heureusement qu’il y a Marion Cotillard (sa bellesœur Catherine que Louis ne connaissait pas). Dans ses hésitations, son bégaiement, sa gentillesse et sa compassion à l’égard de Louis dont elle a tout de suite compris le secret, on l’a rarement vue aussi bonne et aussi différente. EC Sortie le 21 septembre
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Incroyables talents Trois époques, trois destins, trois biopics qui révèlent une détermination hors du commun. Anne Rollat
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l a fallu attendre près de 40 ans après l’arrêt de sa carrière pour voir un biopic consacré au footballeur Edson Arantes do Nascimento, plus connu sous le nom de Pelé. Et ce sont les frères Michael et Jeff Zimbalist qui se sont lancés dans l’aventure. De son enfance dans les favelas à son entrée dans le club du FC Santos, on suit le jeune prodige, au style de jeu inimitable, jusqu’à la Coupe du Monde de 1958 où, alors qu’il n’a que 17 ans, il marque le but décisif qui va donner au Brésil le titre mondial. Cette victoire s’inscrit au centre du traumatisme de toute une nation, celui de la défaite, à domicile, face à l’Uruguay le 16 juillet 1950 devant près de 200 000 spectateurs. Après cette humiliation, huit longues années seront nécessaires pour que les Brésiliens relèvent fièrement la tête. Pelé - naissance d’un prodige ne manque pas de clichés avec des scènes où les pauvres jouent sans chaussures face aux petits bourgeois du coin ou avec des descriptions répétitives sur l’utilisation du « ginga », un jeu de jambe hérité de la Capoei-
©DR
ra. Reste un divertissement joyeux avec un Pelé, tout sourire, dont le génie lui a permis d’être le meilleur athlète du XXe siècle. Et sans doute le plus sympathique. Autre époque, autre destin avec La Couleur de la Victoire qui raconte l’histoire de l’afro-américain Jesse Owens, quadruple médaillé d’or pendant les Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin. D’une facture plutôt classique, ce biopic de Stephen Hopkins a l’avantage de parler de la petite histoire, celle de l’ascension d’Owens, sans jamais perdre de vue les enjeux de l’époque. D’une part, avec la ségrégation des Noirs en vigueur aux Etats-Unis. De l’autre, avec l’idéologie de la race aryenne qui se répand en Allemagne. Un paradoxe qui n’en est pas à une contradiction près quand les Américains jugent l’attitude des Nazis pendant les JO de 36, oubliant de balayer devant leur propre porte au nom du sport. Egalement basé sur des faits réels mais largement romancé, Eddie the Eagle de Dexter Fletcher revient sur les exploits de l’Anglais 25
Michael Edwards. Depuis qu’il est petit, ce gamin handicapé des jambes et myope comme une taupe, n’a qu’une seul idée : participer aux Jeux Olympiques. Il s’entraîne à diverses disciplines sans convaincre personne, à par sa mère. Il supporte les moqueries, les humiliations mais rien n’entame sa volonté. Alors qu’il jette son dévolu sur le saut à ski – un sport où il est facile de se casser le cou – un entraîneur aussi atypique que lui l’aide à atteindre son objectif. Si bien qu’il finira par conquérir le cœur du public et des journalistes en accomplissant une performance aussi improbable qu’historique aux Jeux Olympiques d’hiver de Calgary de 1988. Avec sa candeur et sa persévérance, Eddie livre une belle leçon de courage: ne rien lâcher, aller jusqu’au bout et se dépasser. Terminant double dernier aux épreuves des 70 et 90 mètres, il reste un symbole de l’échec héroïque au même titre que le nageur Eric Moussambani qui ne savait pas encore nager huit mois avant les Jeux olympiques de Sydney en 2000.
culture streaming
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CULTURE MUSIQUE
Jacob Collier, le groove prodige
© Lionel Flusin
A 21 ans, le jeune multi-instrumentiste confirme son statut de nouveau messie du jazz au gré d’un premier album aux lumières fabuleuses et plurielles. Jonas Pulver
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en juger par sa frimousse de star Instagram et ses 150 000 followers sur YouTube, on imaginerait volontiers Jacob Collier en second couteau dans l’industrie des boys bands. Erreur. Le jeune Britannique de 21 ans a du génie sous les doigts et des parfums de liberté dans la voix. Ses reprises tantôt acidulées,
tantôt survoltées des grands classiques de Broadway, de la Motown, du répertoire jazz ou de la bande FM ont déjà tapé dans l’oreille de pointures comme Herbie Hancock ou Quincy Jones. Le légendaire producteur apparaît justement dans le rework hyperactif de «Pretty Young Thing», 27
un hommage au scat éclair de Micheal Jackson et au mythique album « Thriller », posté par Jacob sur sa chaîne YouTube. Section rythmique, basse électrique, claviers, synthétiseurs, arrangements vocaux, guitare à distorsion, ukulélé, piano, claps, capture vidéo, montage: autant de canaux, autant
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En 2013, ses productions deviennent virales et Quincy Jones le repère.
electron libre Il y a quelque chose de vertigineux à contempler ce millénial multi-instrumentiste marier le meilleur du jeu acoustique et la puissance créative des séquenceurs numériques, tout en téléscopant sans vergogne les harmonies bebop du groupe vocal Take 6, la délicatesse de la folk, les envolées pianistiques de Keith Jarrett, l’une ou l’autre saveur brésilienne, quelques réminiscences trip-hop, l’onctuosité du gospel et la physicalité du beat-boxing. On friserait l’hystérie si le talent de Jacob Collier ne tenait pas, justement, dans cette capacité à galvaniser le bric-àbrac de la pop culture pour y faire
©Greg Gorman
miroiter des coloris étonnamment personnels. Il faut dire que l’ancien enfant prodige a fait ses armes très tôt, nourri par le contexte familial : fils d’une professeure de violon de la Royal Academy of Music de Londres, Jacob participe comme choriste et soliste à des productions lyriques de Mozart ou Britten, tout en étudiant intensivement le piano. Lorsque certains de ses clips YouTube deviennent viraux, à partir de 2013, il est repéré par Quincy Jones qu’il rencontre par la suite au Montreux Jazz. En collaboration avec une équipe du MIT, il développe un équipement de scène qui lui permet de reproduire en concert l’expérience sonore et visuelle de ses vidéos : loops de sons et d’images se superposent en live, tandis qu’un système d’harmoniseur sur-mesure lui permet de démultiplier sa propre voix. L’écriture de Jacob Collier se déploie
sur un premier album tout juste paru, « In My Room », dont le titre traduit le modus operandi : entièrement enregistrées par Jacob dans la chambre de musique familiale, les onze plages baignent dans une clarté de petit matin à peine éclos. La douceur a capella de « You and I », l’énergie funk de « Woke up today », les horizons vastes et frissonnants de « Hideaway », le swing irrésistiblement laid back de « Saviour » ou les riffs jubilatoires de « Hajanga » enchevêtrent des motifs sans cesse renouvelés, reflets, sans doute, de l’immédiateté et de l’attention hyper-volatile qui caractérisent une génération biberonnée aux réseaux sociaux. Cette allergie à la répétition n’a rien d’un handicap pour Jacob Collier. Le jeune musicien semble doté, littéralement, d’une capacité d’invention illimitée.
Jacob Collier, « In My Room », Membran Entertainment.
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CULTURE MUSIQUE
de cases à l’écran que Jacob occupe toutes, en jeune homme orchestre digital et pluriel. Stevie Wonder, Ella Fizgerald, The Carpenters ou Jerome Kern ont tous été passés à la méthode Collier.
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Profession, femme d’homosexuel Conférencier, chercheur et écrivain français, Michel Larivière a fait paraître un délicieux recueil d’histoires d’amour alambiquées, où le tabou, l’hypocrisie et la passion s’entremêlent.
culture littérature
Lucas Vuilleumier
Mathilde Mauté de Fleurville
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Bérangère de Navarre
erlaine et Rimbaud, génies poétiques indiscutables, sont parfois dépassés par leur légende… Exemple le plus fréquent de l’amour homosexuel entre artistes, le couple d’écrivains a également entraîné quelques femmes dans sa course contre la mort. Mais les mères, belles-mères, choquées par leurs pratiques encore taboues au XIXe siècle, ont moins subi l’opprobre que Mathilde Mauté de Fleurville, fille de riche propriétaire terrien que l’auteur des Poèmes saturniens épouse surtout à cause des conventions. Fonctionnaire le jour, il abuse de l’absinthe le soir, et va faire vivre à la jeune femme des déconvenues tragiques... Quel que soit le siècle qu’on arpente, dans le livre de Michel Larivière « Femmes d’homosexuels célèbres », la coutume est bien souvent la même. Comme tout bon mari enivré par les jeunes hommes, Paul Verlaine fait venir chez lui le jeune Arthur Rimbaud, qui, débarqué de sa province, devient pensionnaire du ménage, s’embarrassant très peu d’afficher des bonnes manières et partageant les sorties nocturnes
du maître de maison. Celui-ci, bientôt renvoyé de son travail hauts en couleurs, vivra cette passion destructrice aux crochets de sa pauvre Mathilde. La galerie de personnages historiques et d’artistes dont Michel Larivière brosse un portrait malin est des plus savoureuses… Entre ceux qui délaissent rapidement leur épouse pour les charmes de jeunes éphèbes, ceux qui vivent une deuxième vie secrète toujours menacée d’être découverte ou encore ceux qui s’accommodent, grâce à un accord tacite, d’une vie où les deux parties du couple mènent une vie d’amours adultérines en dehors du ménage, il n’y pas deux manières égales de vivre un mariage guetté par l’homosexualité masculine. Michel Larivière rappelle que la mythologie est pétrie d’exemples du même type (Zeus enlevant Ganymède au grand dam d’Héra qui « donne libre cours à sa fureur jalouse »), et que le mariage antique ne liait l’homme et la femme que dans la mission commune d’avoir une descendance. L’homme pouvait donc avoir des amourettes pédérastiques (ou hétérosexuelles) en
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« …quand elles me lassaient en tant que filles, je pouvais encore m’en servir en tant que garçons. »
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Goethe
culture littérature
Christiane Von Goethe
Constance Lloyd
toute impunité. C’est l’infiltration des valeurs chrétiennes dans la société qui change la donne. Dès le Moyen Âge, l’Eglise saura faire de l’adultère « un sujet de réprobation dans tous les cas de figure ».
comme celle d’Oscar Wilde avec Constance Lloyd, qui soutiendra son mari malgré la découverte de ses mœurs, et ce jusque dans son exil forcé. Elle n’est pas la seule victime consentante. Le grand Gœthe épouse Christiane Vulpius pour son apparence androgyne et vit le seul mariage heureux de l’ouvrage, malgré l’aveu misogyne et désarmant du poète : « C’est vrai que j’ai aussi fait l’amour avec des garçons, mais je leur préférais les filles, car quand elles me lassaient en tant que filles, je pouvais encore m’en servir en tant que garçons. » Un compromis sulfureux, comme celui que révèle Michel Larivière à la fin de ce livre décapant: non, le duc de Windsor n’aurait pas renoncé à la couronne pour les charmes d’une riche Américaine divorcée. Wallis Simpson n’était en fait qu’une ambitieuse arriviste qui avait su satisfaire les vices hauts en couleurs de cet homosexuel refoulé. Shocking !
CŒURs D’ARTICHAUT Si Bérangère de Navarre, mariée à Richard Cœur de Lion, lui-même épris du roi de France Philippe Auguste, ne connaît jamais bibliquement son époux, et n’éprouve jamais vraiment le chagrin de la femme d’homosexuel négligée, Isabelle de France va faire les frais des penchants d’Edouard II d’Angleterre, mais saura se venger. Humiliée au moment de devoir consommer l’union (le roi fera venir son favori dans le lit conjugal afin de lui donner du courage…), elle fait trancher le sexe et les testicules de son rival, profite de son habileté diplomatique et fait empaler Edouard II sur une barre en fer rougie. « Par où il avait péché ». Restées platoniques ou presque, d’autres histoires sont moins horribles, bien que tout aussi désespérées,
Femmes d’homosexuels célèbres Michel Larivière, La Musardine, 141 p.
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culture portfolio
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Antoine Tempé, Blow Up, Dakar, 2013, projet (re-)Mixing Hollywood. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. © Rencontres Arles
OBJECTIF MONDE Les rencontres d’Arles se tiennent jusqu’au 25 septembre.
A
rles n’est pas que le plus grand rendez-vous des passionnés de l’image. C’est aussi l’opportunité de réfléchir à la façon dont les photographes documentent le monde et ses pro-
blématiques. Arles, c’est aussi un réel arsenal pour la création et la mise en valeur des talents d’hier et d’aujourd’hui. Nous vous proposons de découvrir, dans ce portfolio format
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« espresso », un panorama de ce que proposent ces explorateurs en recherche constante de nouveaux territoires. rencontres-arles.com
360° – septembre 2016 En haut à droite Olivier Culmann, The Others, Phase 1, 20092013. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Tendance Floue./ Rencontres Arles En haut à gauche Unknown. From the chapter Evasion. Courtesy of the artist and Luz. En bas Petit matin, West Hartlepool, comté de Durham, 1963. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Hamiltons Gallery, Londres./ Rencontres Arles
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En haut à droite Ouvrier du pétrole à côté du point d’impact d’une bombe lancée par les Forces armées soudanaises, tandis que ses collègues et des membres de l’Armée de libération populaire du Soudan observent la scène en contrebas. Soudan, Unité, 2012. Avec l’aimable autorisation de l’artiste./ rencontres Arles Milieu droite Augustin Rebetez, installation Musée carton, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste./ Rencontres Arles En bas à droite Seamus Murphy, A Woman Standing on a Metro Train in Washington DC in April 2006. Courtesy of the artist./ Rencontres Arles
culture portfolio Au milieu à gauche M. & Mme Hudson. Mercredi 14 août 1974. 11 h. Seacroft Green, Leeds. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. En bas à gauche Alien Truck Stop/ Rencontre Arles
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Vaccination contre le HPV
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un moyen simple d’éviter les condylomes et certains types de cancers
Checkpoint Genève vaccine désormais contre le HPV les jeunes hommes et trans* de moins de 27 ans conformément au plan cantonal. Le HPV (Papilloma Virus Humain) est responsable du développement des condylomes, verrues anales ou génitales, mais aussi de certains types de cancers génitaux ou de la gorge. N’hésitez pas et faites-vous vacciner même si votre vie sexuelle a déjà commencé : c’est gratuit !
sans les avertir. La procédure répond au plan cantonal et aucun frais n’est à avancer. A noter : la vaccination est possible au-delà de 26 ans à ses frais et reste utile si l’on n’est pas porteur du virus.
Checkpoint Genève répond à vos questions le lundi et mercredi de 16h à 20h et le vendredi de 12h à 16h au 022 906 40 30 ou info@mycheckpoint.ch.
Une vaccination à prévoir idéalement avant le début de la vie sexuelle (et, en tout cas, avant 27 ans) Le HPV se transmet facilement lors de rapports sexuels ou de simples contacts intimes. L’utilisation du préservatif réduit les risques de transmission mais ne les exclut pas. La vaccination apparait donc comme la meilleure solution. Idéalement, elle devrait avoir lieu avant le début de l’activité sexuelle. Il est cependant possible de se faire vacciner avant 27 ans car il est peu probable d’avoir été exposé aux différents sous-types du virus. Gardasil un vaccin sûr Le vaccin retenu dans le cadre du plan cantonal est le Gardasil. Ce vaccin est sur le marché depuis de nombreuses années et aucun effet indésirable grave ne lui a jamais été attribué. La vaccination nécessite l’injection de trois doses sur une période de 6 mois. Ces doses ainsi que les consultations sont intégralement prises en charge par l’Etat. Anonymat ? Comme la vaccination est particulièrement judicieuse avant le début de la vie sexuelle, et, qu’à cet âge, les parents ne sont peut-être pas au courant de l’orientation sexuelle de leur fils, il est possible de se faire vacciner
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en noir et blanc
Nicolas Mathieu Aux animaux la guerre
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João Ricardo Pedro La main de Joseph Castorp
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l’heure où Lisbonne est devenue l’une des destinations les plus prisée, en Europe, plonger dans ce livre c’est découvrir l’âme du Portugal. On y parle de la dictature, de la Révolution des Œillets, des guerres coloniales, de blessures – autant physiques que psychologiques – mais aussi d’amour, de musique, de peinture… Comme dans un conte, parfois cruel mais tellement humain, l’histoire foisonne de scènes insolites, de personnages fantasques et tragiques. Avec ironie, humour et beaucoup de tendresse, l’auteur signe là un superbe premier roman, profond et charnel ! Points
Transdessinée par Johanna
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culture livres
n roman policier ? Un roman noir ? Un thriller ? C’est tout cela et bien plus qu’a réussi à réunir Nicolas Mathieu dans cet opus surprenant et glaçant ! L’action se déroule dans un petit village des Vosges. Alors qu’une énième usine est en train de fermer précipitant les habitants dans la précarité, des vies dérapent et une inspectrice du travail se trouve mêlée à une inquiétante trouvaille. Une peinture sociale précise, des personnages profonds, un suspens subtilement dosé, un dénouement palpitant en feront à coup sûr le « polar » de votre été ! Babel
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GAYMAP gros Plan
PROLONGER L’éTé O
n le sait bien, la caipirinha ça se consomme avec modération. A Rio, comme à Lausanne. Adage à vérifier grandeur nature au MAD pour une nouvelle édition des désormais cultes soirées Bordello. Pour le dress code on ne vous fait pas un dessin, jouez la coquin. Toutefois ne vous méprenez pas, côté musique la samba ne
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l’emportera pas sur le cha-cha-cha. Soirée plutôt en en mode boum boum avec beaucoup de chaleur (Djs Thiago, Extasia et Ale Amaral). Quoique, si vous prenez l’ascenseur, vous atteindrez la stratosphère Pop avec Marie-Thérèse Lafosse et DJ Morgan. Allez, on lâche rien. Sur le dancefloor, c’est comme aux J.O. : dix points ou rien ! HS
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Rendez-vous sur gameboy-gayparty.ch
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GAYMAP événement
Le rire, c’est comme les larmes
Le festival Ainsi Soit’L organisé par associations des lesbiennes vaudoises Lilith. Pour réserver vos places en octobre, entretien avec l’une des têtes d’affiches de l’événement : l’humoriste Shirley Soignon. Alan Monnat
Le festival Ainsi Soit’L, organisé par l’association des lesbiennes vaudoises Lilith, invite l’humoriste Shirley Soignon. Entretien. Alan Monnat
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hirley Souagnon est « humoriste, noire, lesbienne avec des dreadlocks ». À 29 ans, elle jouit déjà d’une grande notoriété, grâce notamment à de nombreux passages dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’demande qu’à en rire » (dès 2010). Cette année, elle revient avec son troisième one-woman-show, « Monsieur Shirley », qu’elle présentera au festival « Ainsi Soit’L » à Lausanne, le 7 octobre prochain.
360° : Pourquoi avoir appelé votre spectacle « Monsieur Shirley » ? Shirley Souagnon : Parce qu’on m’appelle souvent « monsieur ». Ça doit être l’énergie que je peux dégager. Des gens qui s’adressent à moi, parfois même sans me regarder, me disent souvent « monsieur ». Une manière d’aborder les questions de genre ?
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J’ai envie d’enlever la notion de femme et d’homme, elle ne veut rien dire et elle ne sert à rien. J’aimerais aussi qu’un mec puisse parler de son copain, une fille de sa copine, sans avoir à dire « pardon » et à se justifier. Ça me permet également d’aborder un autre aspect de moi: Dans ma relation de quatre ans avec mon ex, j’ai réalisé que j’étais un connard misogyne. Les meufs dans la cuisine, ça me fait kiffer et j’aime faire de la X-Box…
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Je crois que la réincarnation existe et qu’il y a un putain de raciste homophobe en moi.
communauté et j’ai mis beaucoup de temps me rendre compte de l’intérêt que ça pouvait avoir. Être membre d’une communauté c’est avoir une famille, des gens qui vous ressemblent et comprennent votre souffrance. Chacun fait partie de plusieurs communautés: moi je suis noire, basketteuse, bouddhiste – même si je ne veux pas en faire partie –… comme je n’ai pas non plus envie d’être lesbienne… Oui, c’est toujours compliqué pour moi de dire que je suis lesbienne. En fait, je suis, là et maintenant, et ça, c’est déjà énorme.
Quel lien faites-vous entre humour et détachement ? Et quelle différence entre détachement et indifférence ? L’humour permet de pointer certaines choses, de les rendre visibles, sans les nier. Le but c’est d’être l’observateur… De se décoller de ce qu’on croit être vrai. Moi je vois ce qui nous empoisonne et je le dis. Ça n’a rien à voir avec de l’indifférence. L’humour permet de passer des messages et d’aider chacun à se détacher des images sociétales figées qu’on a tous. Le rire libère, il aide à se rendre compte que dans le fond… c’est pas grave. Plus je fais de l’humour et plus je pense que le rire, c’est comme les larmes, c’est une douleur qui s’échappe. Comment écrivez-vous vos spectacles ? Comme des journaux intimes, d’une façon très noire… presque au bord des larmes. Ensuite, je reprends l’essence du texte et ce qui peut être potentiellement drôle, je le retravaille. D’autres écrivent directement des blagues. Mes idoles dans l’humour, George Carlin ou Barry Crimmins ne font même plus de blagues du tout, ils disent simplement ce qu’ils pensent. Leur colère est saine et ils la crient et on ne se demande pas pourquoi ils crient, parce que ça sonne juste.
Comment trouvez-vous le public suisse ? Il a un ressenti personnel et il est souvent intelligent. Il ne rigole pas à des trucs simples et mal vendus. Ici, le temps c’est de l’argent. Pour l’instant, mon public est comme moi, il n’est pas fidèle. J’ai beaucoup changé, je ne porte plus de perruque, je ne fais plus le même genre de chose que je faisais à la télé. Mon public évolue aussi.
Outre vos spectacles, vous êtes productrice ? Oui, et j’aime ça. Être une entreprise c’est prendre des risques et payer des gens. Ça me permet de laisser la chance à de jeunes talents d’êtres découverts… Comme le premier humoriste que je produis avec S.A.S. On Time productions, Adrien Arnoux, qui sera en première partie de mon spectacle au festival « Ainsi Soit’L ». J’essaie pas mal de choses, j’ai fait des spectacles avec des musiciens et j’ai même lancé « Afrocast », une plateforme qui réunit acteurs, réalisateur Afro-Français. Je voulais leur donner de la visibilité. Pourquoi vous tourner vers les Afro-Français ? Par communautarisme ? Je ne suis pas une personne de 43
À « Ainsi Soit’L », vous jouerez devant un public acquis. Ça change quelque chose? Je n’ai pas écrit le spectacle pour ce festival, mais tout de même on pourra aller plus loin, parce qu’il y a des choses sur lesquelles on ne devra pas revenir. J’ai l’impression que quand on a beaucoup souffert soimême, on est plus libre en public, plus détendu. La troisième édition du festival Ainsi Soit’L se déroulera du 7 au 9 octobre au Casino de Montbenon à Lausanne. Il rassemble spectacles d’humour, concerts, exposition d’art, congrès et même dancefloor, le tout au féminin. Allez-y nombreux… et nombreuses! Plus d’infos en page 28 et sur ainsisoitl.ch
GAYMAP événement
À qui s’adresse votre spectacle, aux homosexuels, aux homophobes ? À tout le monde : homophobes et homos sont dans le même panier… de souffrance. Certaines fois on hésite à revenir sur des thèmes, mais tant que ça fait rire, c’est qu’on est pas encore détaché et qu’il faut y revenir encore. Je parle de plein d’autres thèmes aussi, comme les SDF, la psychothérapie ou encore cette petite voix interne qui nous juge en permanence.
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FANTOCHE ET CINOCHE
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La rentrée s’annonce très ciné.
« Toutes nuancées » de la réalisatrice Belge Chloé Alliez sera projeté à Fantoche.
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Pour plus tard De génération Y, il en sera sans doute également question lors de la 4e édition du festival Everybody’s perfect à Genève. Faites une belle place dans vos agendas pour ce rendez-vous que l’on ne manque pas. Du 14 au 22 octobre, c’est bien Genève qui sera au cœur des préoccupations de nos communautés de vie. Un événement plus que nécessaire dont la programmation sera bientôt dévoilée. Mais ça, on aura le temps de vous en reparler. HS Rendez-vous sur fantoche.ch et dès le 7 septembre à Baden pour leur sélection queer. Sur everybodysperfect.ch pour tout savoir sur cette nouvelle édition.
Si vous en voulez plus SUR LA RIVIERA Les couleurs de l’arc-en-ciel vont à nouveau briller à Vevey sur les rives du léman. L’esprit du célèbre « il b » va investir le nouveau restaurant REX « Good Vibes » à la Rue de la Madeleine 22, dès le 1er sept.
ZURICH EN DRAG Le Heaven, digne successeur du mythique T&M, propose une fiesta totale paillettes le 24 septembre : concours de Drag Queen suivi d’une bonne soirée clubbing. De quoi affronter la rentrée avec sérénité. Toutes vos sorties sur gaymap.ch
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GAYMAP sorties
est une histoire d’histoires. D’un hooligan homosexuel qui mène une double vie ou encore, d’un chat ayant le sentiment d’être un chien. D’une manière souvent délirante, le festival d’animation Fantoche de Baden (AG) propose de parler queer avec une petite programmation dédiée dans son édition 2016. Trois dates sont proposées pour aborder les thématiques LGBT avec un pas de côté. 12 créations courtes provenant de Belgique, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de France, du Japon, d’Australie ou encore d’Israël viendront titiller la fibre cartoon des amateurs du genre. Un sorte de rencontre avec toute la diversité que les techniques d’animation permettent actuellement. Au delà du rubicon LGBTIQ, Fantoche c’est aussi un festival aux prises avec l’actualité et les préoccupations de la génération actuelle et de la génération Y.
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QUESTION SANTé
GAYMAP santé
Chaque mois nous répondons à une de vos interrogations en matière de santé. Je suis un homme circoncis et j’ai entendu dire que cela réduisait les risques de contracter le VIH. Est-ce vrai ? Cela dépend des cas, en effet, selon plusieurs études la circoncision réduit de 60% le risque de contracter le virus du SIDA pour les hommes ayant des relations hétérosexuelles avec des femmes porteuses du VIH. Cette affirmation ne se vérifie pas pour les hommes ayant des relations homosexuelles. Il y a effectivement une baisse mais moins importante
dans ce cas pour l’homme qui est actif. Cette réduction du risque tient au fait que la circoncision provoque une transformation de la muqueuse à savoir qu’après l’opération de nouvelles cellules semblables à celles que l’on retrouve sur la peau vont se former sur la muqueuse la rendant ainsi plus perméable, tout en s’accompagnant d’une diminution de la surface de la peau comportant des cellules immunitaires (cellules de Langerhans) très sensibles au VIH. Il n’en reste pas moins que la
circoncision est un moyen complémentaire pour prévenir l’infection au VIH et le recours du préservatif reste donc indispensable pour une protection efficace. D’autant plus que la circoncision ne protège pas d’autres maladies telles que la syphilis ou l’herpès ni ne protège son ou sa partenaire. Dans tous les cas, il est conseillé à toute personne sexuellement active de se faire dépister régulièrement. Consultez InfotestVIH pour trouver le centre le plus proche de chez vous : www.infotestvih.ch
La PrEP bientôt remboursée en Grande-Bretagne Les Britanniques ont une fois encore de l’avance en matière de prévention.
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a Haute Cour de justice vient d’autoriser la sécurité sociale britannique (National Health Service, NHS) à rembourser la PrEP (prophylaxie préexposition) qui est un antirétroviral permettant d’empêcher la réplication du VIH au sein des cellules de l’organisme. Ce médicament agit en induisant une réduction du risque de contamination en cas d’exposition. En France, il s’agit du médicament Truvada qui est déjà totalement pris en charge par la Sécurité sociale depuis janvier 2016.
Utilisé de manière correcte, la PrEP peut réduire de 90% la probabilité d’être contaminé par le VIH. Ceci représente un espoir, sachant qu’aujourd’hui on compte notamment 130 000 personnes vivant avec le VIH et ce sont 4000 personnes qui sont contaminées chaque année au Royaume-Uni. La PrEP se destine aux populations les plus à risque incluant les hommes gays et bisexuels ainsi que les travailleurs du sexe. Publicité
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GAYMAP agendas
pour VOS soirées JEUDI 1.09 VEVEY-MONTREUX Rex « Good Vibes » « Absolutely Fabulous » Party, 17h BÂLE Hirscheneck Hyenaz (live) 21h VENDREDI 2.09 LAUSANNE Chic Club La Mala Educación White Edition, 23h BERNE Frauenraum Popshop (girls only) 22h BÂLE Borderline La Messe Labelnacht, 23h ST-GALL Grabenhalle The Limettes, 21h ZURICH Heaven Club Molke 7, 23h SAMEDI 3.09 GENÈVE 360° Fever «Rondeur Woman vs. l’Homme à Beignet» @Fonderie Kugler, 19h LAUSANNE GT’s LOL (Lots of Lesbians), 22h BERNE GayWest GayWest Open Air LGBT festival, 17h30 BÂLE Apawi Barbarella, DJ Juiceppe and friends, 23h
ZURICH Stairs Club Inside, Hanns & Mischas Birthday Bash, 23h Heaven Club London Night, 23h Dimanche 4.09 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, 23h mercredi 7.09 genève Usine /PTR Electrodark avec Desireless, 20h30 JEUDI 8.09 BERNE Frauenraum BarOmeter, 21h VENDREDI 9.09 ZURICH Heaven Club Boyteschema, with DjCK, 23h
VENDREDI 16.09 genève Lestime DJ Lap LUCERNE El Cartel Frigay Night, 23h ZURICH SAMEDI 17.09 BERNE H24 The Club Q Party with DJ Vee (nu-disco & oriental house), 22h ZURICH Heaven Club Hell on Heels, 23h DIMANCHE 18.09 LAUSANNE GameBoy Bordello «Welcome to Brazil», 23h
SAMEDI 10.09 BERNE Café Singer Darkroom DJ night, 23h Frauenraum Tanzbar Bella Italia, 20h30 ZURICH Exil Kunt Trash Party, 23h Heaven Club Avalon DJs José Parra, Angelo, 23h
VENDREDI 23.09 ZURICH Heaven Club Attitude by DJ Vicky Goldfinger, 23h SAMEDI 24.09 BERNE Tolerdance @ISC, 22h ZURICH Alte Kaserne Wonderworld Club Edition, 23h Heaven Club Heaven Drag Race, 19h
Dimanche 11.09 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, 23h
Dimanche 25.09 LAUSANNE GameBoy The MAD Gay Party, 23h Publicité
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DEVERGONDAGES
SAMEDI 3.09 GENÈVE Bains de l’Est Qnu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h DIMANCHE 4.09 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h
DIMANCHE 11.09 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h VENDREDI 16.09 LAUSANNE Trafick Sexplosion Porn Weekend, feat. Logan Moore & Josh Rider, 21h BERNE Aqualis FF-Night, 23h SAMEDI 17.09 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Trafick Sexplosion Porn Weekend, feat. Logan Moore & Josh Rider, 21h DIMANCHE 18.09 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h
SAMEDI 24.09 LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark & naked), 21h DIMANCHE 25.09 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h VENDREDI 30.09 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports (sportswear and sneakers), 22h LAUSANNE Trafick Mask & Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h SAMEDI 1.10 LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h
VENDREDI 23.09 LAUSANNE Trafick Demoniak (fetish), 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h
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DIMANCHE 2.10 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked) 14h
GAYMAP agendas
VENDREDI 9.09 LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h Trafick Bear Night, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h
SAMEDI 10.09 LAUSANNE Trafick Orgie Romaine, 21h
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VENDREDI 2.09 GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears and friends), 20h Trafick En Travelo, 19h BERNE Aqualis Sneakers or Underwear dès 23h
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R2 Le Pradier 6, rue Pradier
et droits humains
R3 Le Comptoir 9, rue Richemont
9, av. de la Gare des Eaux-Vives
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A2 Aspasie
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R6 Brasserie des Halles de l’Ile
36, rue de Monthoux A3 Association 360
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R7 Au Lavandou 54, rue Jacques Dalphin R8 Café du Marché 16 Avenue Henri-Dunant
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A4 Dialogai Hors-plan • Outside of the map :
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L’Appart 36, rue du Faucigny, Annemasse (F)
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totemjeunes.ch A9 Plaque commémorative de Bartholomé Tecia, Place Bel Air A3 Asile LGBT Genève lgbt.asile.ch
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5, rue Vignier
B9 Lola 7, rue Richemont
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B13 Le verre à Monique,
11, rue Micheli-du-Crest S15 Mode – Numéro 6
B14 La Suite 115 61, rue des Eaux-Vives och
11-13, rue de la Navigation > A4
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6, rue Saint-Victor, Carouge S16 Le Bal des Créateurs
B15 Le Nathan 34, route de Frontenex A1
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25, rue de l’Arquebuse S17 Tatouages – BRUT 6, rue Sismondi S18 Cinéma – Ciné 17, rue de la Corraterie 17 S19 Mode – Jack Cuir,
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40, rue de Monthoux
Cruising 3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est X2 Duplexx ro u 8, te drue e M a Pradier lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets X4 Substation X-World
14, rue de Neuchâtel
15, Alfred-Vincent X5 Cruising Canyon X6 Sauna des Sources 17, rue des Sources
de Saint-Georges
S6 Sport/santé – PLAZA SPORT
Clubs C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge C3 La Garçonnière 4-8, rue de la Rôtisserie C4 L’Usine 4, place des Volontaires C5 Palais Mascotte, 43 rue de Berne
Hors-plan • Outside of the map : ro u Sauna ed tKing eF lr i s s a Jean-Jaurès, 39, orue nt Ambilly (F)
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22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn Hors-plan • Outside of the map :
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3, rue de la Grotte
R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
Parties – Soirées
R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R4 Le Tramway 6bis, rue de la Pontaise
P3 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R6 Le relais 163, avenue de Morges R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av de Tivoli > B3
021 314 04 00
Hors-plan • Outside of the map : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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360° – septembre 2016
Qu’on revoie la mer...
Chants nocturnes DE Greta Gratos
D
epuis la nuit des temps, la Peur s’accumule, obstrue l’horizon, pollue les rêves de l’Humanité. Exploitée par les un-e-s, subie par les autres, elle plonge ses racines dans l’Histoire, s’alimente dans les humaines mémoires. Et ça tombe bien; de la mémoire, elle en a, la comptable qui a tout appris par cœur; livres de comptes, modes d’emploi, notices, études de marché. Elle détecte aisément les terrains les plus favorables pour reproduire les conditions propices à son épanouissement, connaît sur le bout des ongles les ficelles qu’il lui faudra tirer au plus juste moment avec une précision toute chirurgicale. Ancrée dans la partie la plus irrationnelle de notre cerveau reptilien, la très efficace petite sœur de la Mort sait se faire raz-de-marée pour courtcircuiter notre esprit, ou se répandre insidieusement dans nos chairs en ombre rampante, comme un poison implacable et
lent. Elle sait les dangers que représentent pour elle les différences et se réjouit quand elles sont mises à mal et croient devoir pour survivre se fondre dans la masse indifférenciée. Elle n’a qu’une angoisse : l’imprévisible. Elle frémit à l’idée que son extrême vigilance ne puisse détecter à temps la lueur naissante du lâcher-prise, du désir, du plaisir; car l’hormone qu’ils distillent est bien trop incontrȏlable. L e s n a t u re l s a n t i - d é presseurs fragilisent la Peur. Pour lutter contreelle, rien de tel que de produire des endorphines en masse. Essayez; et si ça ne suffit pas, souvenezvous que la force de vos imaginaires peuvent faire tomber en poussière ses rêves d’oppression et de domination. Greta Gratos
Autoportrait d’après Van Eyck - retable de l’agneau mystique: la Vierge. – ©DR
« La peur tue l’esprit. Elle est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. Je l’affronterai, lui permettrai de passer au travers de moi. Je tournerai alors mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. » Frank Herbert - Dune
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