360° numéro 169 de septembre 2017

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RENCONTRE ROBIN CAMPILLO

GENRE

ENCYCLOPÉDIE CRITIQUE

REINES & ROIS

N° 169 septembre 2017 – CHF 6.– €6 – 360.ch

HOMOPHOBIE

CHIFFRES À LA TRAPPE



360° – SEPTEMBRE 2017

ENSEMBLE

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P.8

PORTRAIT P.6 Au service du cœur 120 BPM P.8 « Ce film est un peu une autobiographie collective » REPORTAGE P.16 Reines de beautés

P.32 CULTURE

Guillaume Renevey, Rédacteur en chef

LIVRE P.28 Le sombre dandy qui illuminait Paris ENCYCLOPÉDIE QUEER P.30 L’abécédaire de nos identités multiples

SOCIÉTÉ

Couverture ©Sarah Nabil Vignette édito ©Nicolas Schopfer Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch

BUZZ P.23 Les malheurs de Sinead SCIENCES P.24 les aventures d’un homme (extra)ordinaire DESIGN P.27 Contemplation et transcendance

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CINÉMA P.32 Barbara réssuscitée P.33 Plus Godard que nature LIVRES P.37 Familles

P.27

ET ENCORE

P.37 TRANSDESSINÉE P.38-41 INFOS PARTENAIRES P.48 et 50 TU T’ES VU ? P.60 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS

P.44 GAYMAP

GROS PLAN P.43 Amour de Femmes MODE P.44 Accéssoire sans demeure fixe DÉVERGONDAGES P.46 Circulez y a tout à voir SORTIES P.49 Genevegas 3D P.53 Snack da club P.52 Agendas et dévergondages P.54-59 Plans Genève, Lausanne et Berne

SOMMAIRE N° 169

es vacances d’été semblent déjà bien éloignées. La pari du magazine 360° est de vous aider à les prolonger tout au long de l’année. Bien sûr, nous continuerons à vous tenir au courant de toute l’actualité qui concerne les communautés LGBT et il y en aura. Mais nous mettrons aussi un point d’honneur à vous apporter des respirations dans ce monde dont l’on a parfois envie de s’échapper. Nous allons aussi faire évoluer la maquette du magazine pour vous offrir encore un meilleur confort de lecture. Je profite d’ailleurs de cet espace pour remercier toute l’équipe de la rédaction papier et web, ainsi que nos annonceurs. Ces personnes oeuvrent mois après mois pour vous offrir une publication de qualité avec des moyens, vous vous en doutez, extrêmement limités. Je me réjouis de vivre avec vous cette 20e année du magazine 360°.

ACTU

INTERNATIONALE P.2 Vers la dépénalisation de l’homosexualité en Inde P.3 L’Argentine songe à « légaliser la discrimination » SUISSE P.4 La Confédération renonce P.5 Lesbiennes discriminées


360° – SEPTEMBRE 2017

ACTU INTERNATIONALE

VERS LA DÉPÉNALISATION DE L’HOMOSEXUALITÉ EN INDE

La Cour suprême de New Delhi affirme le droit au respect de la vie privée. Un espoir pour des millions de gays indiens, qui attendent toujours l’abrogation de l’antique section 377 du Code pénal. Antoine Gessling

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a décision est prometteuse. C’est à l’unanimité que la Cour suprême indienne a confirmé fin août que la vie privée était un droit fondamental, garanti par l’article 21 de la Constitution. La question était soumise à l’instance suprême alors que le gouvernement tente d’introduire des cartes d’identité controversées. Elles reposent sur un projet de fichier global des 1,3 milliards d’habitants du pays, l’Aadhaar, susceptible de relier une personne à son mode de vie ou à ses habitudes économiques et de consommation.

Le fichier Aadhaar n’est pas le seul à être remis en cause par cet arrêt de la Cour suprême. Il pourrait aussi sonner enfin le glas de la section 377 du Code pénal indien, qui criminalise l’homosexualité et autres actes dits « contre-nature ». SUSPENDU, PUIS RÉTABLI Cet article de loi, rarement sinon jamais utilisé par les tribunaux depuis 20 ans, avait été suspendu en 2009 avant d’être rétabli quatre ans plus tard par cette même Cour suprême. Les juges avaient alors rejeté toute 2

modification de la loi, considérant que la population homosexuelle était somme toute quantité négligeable. Dans ses attendus, la décision de ce jeudi critique cet arrêt de 2013 : « Qu’une minuscule fraction de la population soit lesbienne, gay, bisexuelle ou transgenre n’est pas une base valable pour nier leur droit à la vie privée. Le but d’élever certains droits au rang de droits fondamentaux garantis est de protéger leur exercice du dédain des majorités, qu’elles soient législative ou populaire. »


360° – SEPTEMBRE 2017 TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H

L’ARGENTINE SONGE À «LÉGALISER LA DISCRIMINATION»

AUSTRALIE

CAMPAGNE TOXIQUE

François Touzain Le président vénézuélien Mauricio Macri

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ans les domaines du mariage pour tous ou de la reconnaissance des trans, l’Argentine a fait office de pionnière ces dernières années. Mais le pays pourrait faire un pas en arrière. Le gouvernement libéral-conservateur du président Mauricio Macri promeut actuellement un projet de loi dit de « liberté religieuse ». Le texte doit permettre à des personnes, voire à des institutions, de refuser d’appliquer certaines obligations juridiques si celles-ci sont « contraires à leurs convictions religieuses ou morales ». De nombreux acteurs de la société civile, comme Amnesty International, se sont mobilisés. De son côté, la Fédération argentine des LGBT a mis en garde contre une mesure susceptible de « rogner sur les droits conquis ces dernières années ». Pour

©DR

l’association 100 % Diversidad y Derechos, il s’agit ni plus ni moins d’une « légalisation de la discrimination » : Une telle loi «permettrait de refuser de célébrer des mariages égalitaires, de changer l’état-civil de personnes trans, de brider l’éducation sexuelle ou d’ignorer les questions de santé sexuelle ou reproductive, entre autres. Cela se résumerait à désarticuler et à vider de leur contenu ces programmes.» Le projet a été transmis en juin au Congrès argentin. Plusieurs États des États-Unis, comme l’Indiana du désormais vice-président Mike Pence, ont mis en place ce type de dispositif ces dernières années sous la pressions des lobbies ultraconservateurs. Ces derniers ne cachent pas qu’ils ont les droits de femmes et des LGBT en ligne de mire.

« On était complètement décomplexés

parce que l’on découvrait notre propre colère. » La suite en page 8 3

twitter@magazine_360 facebook.com/pages/360

ACTU INTERNATIONALE

Les organisations de défense des LGBT montent au front contre un projet de loi défendant l’objection de conscience pour motifs religieux.

Une consultation postale, dénoncée comme « inutile » et « illégale » par l’opposition et les organisations gay, voit fleurir les slogans homophobes. L’Australie… ses plages de rêve, ses prides flamboyantes. Difficile d’imaginer que ce pays-continent, pour beaucoup symbole de liberté, n’ait pas encore institué le mariage pour tous. Car cette réforme est l’otage d’un interminable marchandage politique. Le Premier ministre Malcolm Turnbull a eu une étrange idée : consulter les citoyens, mais pas par référendum (ce qui aurait nécessité le feu vert des parlementaires). Les Australiens devraient exprimer leur avis par… voie postale. L’opération, qui doit être supervisée par l’Office de la statistique, est contestée par l’opposition et les associations LGBT, qui ont saisi la Haute cour de justice. Elles mettent en garde contre le risque de fraudes, d’intimidations et de manipulations et soulignent qu’aucun projet de loi n’a été élaboré, ouvrant la porte à toutes les interprétations et intox. Alors que le « vote » est prévu à la fin septembre, les lobbies anti-LGBT mènent des campagnes débridées aux relents homophobes et transphobes, agitant notamment le spectre des toilettes unisexes, source d’une vague de panique morale aux EtatsUnis. Des affiches sont récemment apparues sur les murs de Melbourne, prétendant que les enfants de familles arc-en-ciel étaient victimes d’abus, souffraient de dépression et d’obésité. Leur slogan ? « Stop the fags » : «Arrêtez les pédés ». «Tout ce déversement de bile va finir sur les places de jeux, sur les cours de récré et dans les stades. Les slogans vont être jetés à la face des enfants de couples de même sexe et à celle des jeunes gay via les réseaux sociaux », s’est indigné le leader de l’opposition travailliste Bill Shorten.


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LA CONFÉDÉRATION RENONCE

ACTU SUISSE

Répondant à une interpellation parlementaire, les Cantons refusent de dresser une statistique des actes de violences homophobes et transphobes. De telles données ne seraient pas fiables. François Touzain

La conseillère nationale PDB Rosmarie Quadranti

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n Allemagne, les actes de violence visant des homosexuels et les trans ont fortement augmenté au premier semestre 2017 : +30 % par rapport à la même période de l’année précédente. Et en Suisse ? Personne ne le sait. La variable homo/transphobie n’est pas prise en compte dans les statistiques de police. Il y a deux ans, pourtant, une interpellation du PBD avait demandé l’enregistrement des crimes de haine contre les LGBT, comme cela se fait dans plusieurs pays du nord de l’Europe. Elle avait semblé susciter l’intérêt du Conseil fédéral. Mais le projet a été discrètement envoyé aux oubliettes cet été, révèle le site alémanique Watson. Une majorité de cantons s’est opposée à la récolte de données supplémentaires sur les motifs d’actes de violence. « Les arguments principaux sont un rapport coût-revenu défavorable et la difficulté de fournir des données de qualité suffisante », explique le porte parole de l’Office fédéral de la statistique, Stephan Gysi. En clair : le motif d’un auteur

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de violence n’est pas toujours évident. Comment savoir à coup sûr, par exemple, si un gay agressé l’est à cause de son homosexualité ? Des explications qui ne satisfont pas Rosmarie Quadranti, conseillère nationale PBD : « Il est impensable au XXIe siècle que de tels actes de violence soient simplement mis sous le tapis. » OBSERVATOIRE En novembre dernier, les organisations LGBT suisses ont mis en place LGBT+ Helpline, qui vient en aide aux victimes et permet de récolter des données sur la base de signalements volontaires, un peu comme en France, où SOS homophobie dresse des statistiques des crimes de haine (+20 % d’insultes et de violences en 2016). Les premiers résultats helvétiques seront publiés prochainement. En attendant, souligne le porte-parle de Pink Cross Bastian Baumann, le renoncement à des statistiques fédérales sur l’homo et la transphobie « montre comment le gouvernement traite le problème : pas du tout. » 4


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LESBIENNES DISCRIMINÉES La LOS a lancé une pétition pour faire changer un article de la loi fédérale qui prive les femmes lesbiennes de rente de veuve en cas de décès de leur conjointe.

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©Pride Ouest

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ACTU SUISSE

e diable est décidément dans les détails, particulièrement lorsque l’on parle de lois… Depuis cinq ans, en Suisse, les partenaires enregistrés sont assimilés à des personnes mariées dans le régime des assurances sociales. Une adaptation bienvenue… mais qui fait une belle jambe aux femmes ayant perdu leur conjointe. Car celles-ci se voient privées de rente de veuve, même si elles remplissent les conditions pour toucher cette prestation (45 ans ou plus et cinq années de partenariat). C’est que, aux yeux de la loi, elles ne sont pas « veuves », mais « veufs ». En effet, comme le relève l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS), l’article 13a al.2 stipule que « le partenaire enregistré survivant est assimilé à un veuf ». La LOS dénonce une « discrimination à l’égard des femmes lesbiennes » : « Il n’est pas admissible qu’une femme soit assimilée à un homme en raison de son orientation sexuelle, ceci clairement en sa défaveur ! » Une pétition, disponible sur le site de la LOS, a été lancée pour une modification de la loi sous le titre Une veuve n’est pas un veuf. FT


ACTU PORTRAIT

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Richard Bonjour à la Pride romande 2004 à Genève

©Ester Paredes

AU SERVICE DU CŒUR Richard Bonjour, responsable administratif de l’association genevoise Dialogai, nous raconte son histoire, quelques jours avant son départ à la retraite. Zelda Chauvet

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360° – SEPTEMBRE 2017

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d’un vrai combat, un combat pour les droits. Jusque-là, je ne ressentais pas de sentiment d’injustice. J’en voulais à mon passé personnel, certes, mais pas à la société, je considérais que je n’avais pas vraiment à me plaindre. Je n’étais pas dans une situation difficile, j’avais toujours pu vivre ma sexualité même si elle était différente dès le moment où je l’avais choisie. » 360, les Prides et Dialogai éveillent chez Richard Bonjour un esprit de revendication politique, sociale et humaine. « Nous avons les mêmes devoirs, nous voulons les mêmes droits. » Le slogan de la Pride 2011 résonne chez lui comme un mantra. Richard ne sera pas un souscitoyen. Son engagement auprès de Dialogai apparaît comme une évidence. En 35 ans d’existence, l’association est devenue une institution, un acteur fondamental dans le paysage genevois. Sa force réside dans l’expérience. « C’était un autre monde avant, c’était l’époque où c’était normal d’être homophobe. » Du Sida au partenariat, Dialogai est active sur tous les fronts, une histoire qui donne à l’association un statut spécial. « La force de Dialogai, c’est d’être percutant dans le témoignage. Je voudrais que notre communauté redevienne un peu insolente. J’aime bien l’insolence, c’est poli, c’est respectueux, mais c’est dire les choses. L’insolence, c’est ce qui nous tient éveillé, ce qui nous rend vivant. ». Aujourd’hui, Richard Bonjour traite ses derniers dossiers avant son départ à la retraite. Un projet lui tient particulièrement à cœur : le recueil des témoignages de celles et de ceux qui ont construit l’histoire de Dialogai. Une génération pour ne pas oublier et honorer la mémoire de celles et ceux qui un jour ne seront plus là. L’émotion gagne l’ancien pasteur. « Je crois que j’ai eu beaucoup de chance toute ma vie. Elle n’est pas rectiligne, certes, ma vie est faite de changements, de décisions, de révolutions, mais à chaque étape j’ai toujours trouvé le soutien, l’appui, les forces, l’énergie intérieure et extérieure pour avancer. Je crois que je suis surtout fier des gens rencontrés, plus que des choses accomplies. Je n’ai jamais rien fait tout seul, jamais. » Richard Bonjour s’envole dans quelques jours pour la Colombie rejoindre son mari, pour une nouvelle page de sa vie. Il emporte avec lui 20m3 de souvenirs, mais autant d’histoires qui le touchent au cœur. Il crée ces liens si précieux à l’Homme, qui nous relient les uns aux autres, « parce qu’il faut juste faire ces choses qui nous font du bien ». 7

ACTU PORTRAIT

’ai fait un coming out assez tardif, avant cela, j’ai eu une autre vie. » Plusieurs vies même. Né dans le Sud de la Drôme, Richard Bonjour grandit entre sept frères, deux sœurs et un père pasteur, une enfance heureuse. La sexualité, on n’en parle pas. S’il joue plutôt avec les poupées de sa sœur que les voitures de son frère, cela ne préoccupe personne. Après une adolescence sans encombre, il choisit de suivre les traces de son père et obtient un diplôme de théologie. Son pastorat est reconnu et apprécié. Engagé, il défend alors déjà ces valeurs qui lui sont chères. « J’aimais beaucoup l’accompagnement des gens et l’enseignement d’une tradition. La tradition protestante, c’est un enseignement de liberté, d’autonomie, d’indépendance ». Bien que le protestant soit toujours seul face à Dieu, Richard est entouré d’une épouse et de trois enfants. Un jour, sur un trottoir parisien, Richard se retourne sur un joli garçon. Ce regard bouleverse sa vie. Il a 28 ans. Ne voulant pas vivre caché, il choisit l’ouverture au monde, à sa femme, à sa famille, à son église. « Ma famille l’a accepté parce que je viens d’un milieu où le bonheur des gens compte plus que les principes moraux. » Son église, en revanche, lui demande de partir, un pasteur homosexuel, ce n’est pas acceptable en 1980. Aussi c’est avec son seul diplôme de théologie en poche qu’il entame sa reconversion professionnelle et personnelle, en France d’abord, puis à Genève. La transition reste difficile. « Je n’ai pas cherché de soutien à ce moment-là, car je pensais être assez fort tout seul, comme toujours. » Grâce aux TPG, Richard trouve un nouvel équilibre professionnel et financier, pendant plus de 10 ans, en attentendant que grandissent ses enfants. « Je suis rentré en contact avec la communauté gay genevoise par le biais du groupe Chrétiens et homosexuels. Un copain pensait qu’en tant qu’ancien pasteur, j’aurais peut-être des choses à leur apprendre. » Richard est alors encore chauffeur de bus. Lorsqu’il quitte son poste, c’est l’association 360 qu’il rejoint dans le cadre des mesures pour l’emploi. L’engagement est comme un engrenage. De 360, il entre au comité de Dialogai, avant de se voir offrir le poste de responsable administratif de l’association. Son premier véritable acte de militant est l’organisation de la Pride 2004 à Genève, dont il prend la responsabilité logistique. « J’y ai rencontré des modèles de militantisme. Ça a été le déclic et la découverte


ACTU 120 BPM

360° – SEPTEMBRE 2017

©Lucien Fortunati

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360° – SEPTEMBRE 2017

« CE FILM EST UN PEU UNE AUTOBIOGRAPHIE COLLECTIVE » Grand Prix du festival de Cannes 2017, « 120 BPM » est sur les écrans romands. Son réalisateur Robin Campillo et l’acteur Antoine Reinartz nous ont accordé une interview. Guillaume Renevey

360° : Robin Campillo, à quel moment vous-a-t-il semblé important de faire ce film ? Robin Campillo : L’idée de ce film remonte à très très longtemps. L’idée de faire un film sur le Sida, ce qui n’est pas a priori une bonne idée puisqu’on ne fait pas un film sur un objet aussi vaste, doit remonter au début de l’épidémie en 1982. Je me destinais à faire du cinéma et en tant que jeune gay qui a commencé ses études dans ce domaine en 1983, avec, avec l’annonce de ce que l’on appelait le cancer gay, j’ai senti venir quelque chose d’assez dramatique.

J’ai eu très peur de ce qui se passait et je pense que j’ai eu un peu raison. Tout de suite s’est posée la question du traitement de cet événement qui a été crucial dans ma vie. Il y avait pour moi une dichotomie entre cet événement et le cinéma que je voulais faire. En 1992, en sortant de l’école, plutôt que de faire du cinéma, je suis entrée à Act Up, j’y ai milité pendant plusieurs années. Act Up, était un endroit assez joyeux, même si cela paraît un peu étrange de dire ça. La maladie évidemment réapparaissait régulièrement et faisait des victimes mais il y avait une espèce d’énergie de groupe qui était très forte. C’est plus tard, après avoir fait mon premier film, que je me suis dit que j’allais travailler cette question du Sida. J’ai écrit un scénario pendant un an et demi que je n'ai finalement pas trouvé très bon donc je ne l’ai pas réalisé. Je me suis aussi rendu compte que je n’avais pas envie de parler du Sida comme d’une expérience intime et solitaire mais comme d’une expérience collective. A force de tourner autour du pot, je me suis rendu compte que ce que je voulais raconter c’était ce moment d’Act Up, ce moment politique et humain. Un moment où des personnes qui ont vécu solitairement et brutalement – et souvent dans le placard – allaient se retrouver, discuter et faire de la politique ensemble, où ils allaient 9

produire des images et une nouvelle vision de l’épidémie en France où tout cela n’était pas mis à jour. Je me suis dit : c’est ce moment-là que je veux filmer ! C’est là-dessus que je veux écrire et créer une fiction à partir de mes souvenirs. Je voulais recomposer tout cela. Je savais que quelque chose faisait sens mais je ne savais pas encore quoi. Vous vous retrouvez dans un personnage ? R.C : Par rapport à mon histoire, il y a le personnage de Nathan, il raconte son passé, de ce point de vue c’est assez proche de moi. En revanche sur tout le reste, même si j’adorerais être Arnaud Valois – qui est l’acteur qui joue Nathan – je pense que nous sommes très différents. Le personnage de Thibaut, qui est joué par Antoine Reinartz, me ressemble sur plein de points. Il y a des scènes qu’il vit dans le film que j’ai vécues. J’ai notamment rhabillé le corps d’un copain mort, avec sa mère. Ce rapport à ma réalité est donc très effiloché. Comment vous dire ? On faisait tellement corps que pour moi ce film est un peu une autobiographie collective. On était ensemble. Au fond, ce qui appartient à moi et ce qui appartient aux autres, ce n’est pas très grave. Après, j’ai voulu rendre compte des tensions qu’il y avait à l’intérieur d’Act Up. Et ça, c’est plus ou moins incarné par des personnalités

ACTU 120 BPM

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ébut des années 90. Paris. L’épidémie de Sida fait rage. L’Etat est silencieux. Les pharmas jouent avec le feu. Une poignée d’activistes, 200 en tout et pour tout, décident d’agir de manière radicale. C’est l’histoire d’Act Up Paris que 120 battements par minutes de Robin Campillo retrace. L’histoire d’une forme d’intelligence collective face à l’ignorance et l’immobilisme, monstres silencieux qui tendent la main à la mort. Ce film est aussi une histoire d’amour, un appel à la mémoire et à la nécessité d’une société qui est en droit d’exiger de vivre. Ce projet, couronné cette année du grand prix à Cannes, son réalisateur Robin Campillo nous en parle. A ses côtés, celui qui incarne le personnage de Thibaut, alter ego cinématographique de Didier Lestrade.


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ACTU 120 BPM

différentes dans le groupe et que l’on peut reconnaître. Les anciens d’Act Up reconnaissent tel ou tel personnage à tel ou tel moment du film. On peut notamment reconnaître le personnage de Didier Lestrade. Antoine Reinartz, c’est vous qui jouez son rôle. Comment cela se passe-t-il quand l’on se transpose dans le peau d’une personne qui a tant incarné les luttes militantes LGBT ? Antoine Reinartz : Officiellement, on ne m’a jamais dit de jouer Didier Lestrade. Mais personnellement, j’ai lu tout Didier Lestrade. Je ne sais pas si ce personnage a été écrit autant en pensant à Didier que moi je l’ai joué en pensant à lui. Après, je ne l’ai jamais imité. Par contre, j’avais besoin de me resituer dans les années 80 alors que je suis d’une génération sur-informée sur le Sida. En vrai je ne l’ai pas abordé en pensant tant que cela à Didier Lestrade mais plutôt à la façon dont moi je vivrais ces situations. Je sais que Didier l’a très bien reçu, qu’il a apprécié la façon dont j’ai interprété ce rôle qui lui ressemble beaucoup. C’est par ailleurs quelqu’un que j’admire énormément et qui, dans la description qu’il fait de l’idéal démocratique au sein d’Act Up, de la façon de s’emparer du pouvoir, de le construire et de la façon de gérer une association, c’est quelqu’un qui m’inspire beaucoup et que je trouve extrêmement respectable. Robin Campillo, est-ce que l’on rencontre des blocages lorsqu’on veut faire un film qui parle de Sida aujourd’hui ? R.C : En réalité, le film a été assez facile à financer. Ce qui est très étrange, c’est qu’Act Up est un groupe minoritaire assez désagréable et qui était assez mal perçu de l’extérieur mais en même temps assez populaire. Je pense que l’on ressentait qu’il y avait une légitimité très forte dans ce que l’on faisait. On était un peu comme les méchants chez Hitchcock. On était les méchants que l’on aimait aimer. Auprès des chaînes de télé et des financeurs, Act Up était un peu comme un mot magique. Quand on ouvrait une porte, les gens étaient tout de suite partants. Je pense que c’est parce que la mémoire collective en France est très marquée par rapport

à l’épidémie. On se souvient notamment de la capote sur l’obélisque mais plein d’autres actions ont marqué les esprits et ponctué les années 90. En fait, il y a eu un vrai désir du film qui nous a un peu étonnés mais c’est tant mieux puisqu’on avait besoin d’argent. Ce n’est pas un film très cher, mais ce n’est pas un film qui ne coûte rien non plus. Il y a beaucoup de figurants, de personnages et de temps de tournage. Je pense que si on n’y avait été avec un film sur le Sida, cela aurait été moins évident. La question d’Act Up et de ses activistes, de savoir ce qu’il y avait dans les coulisses de ce groupe, c’est ça, à mon avis, qui a intéressé les partenaires. A.R: Là où cela pose plus de problèmes aujourd’hui, c’est à la distribution à l’international. J’ai des amis qui n’arrêtent pas de remettre en cause nos démocraties. Qui disent « on dit beaucoup sur la Russie alors que… ». Pardon ! Dans nos démocraties, on peut aller voir ce film. Pas en Russie. Vous allez voir ce film en Russie, vous vous faites taper à la sortie ou qui sait arrêter puisque cela pourrait être considéré comme de la « propagande LGBT ». Ou les Qataris qui disent à la conférence mondiale « nous n’avons pas de Sida chez nous ». Il va être distribué en Turquie et c’est formidable. Mais il y a des endroits où cela pose plus de problèmes notamment en Russie ou en Chine. R.C : Curieusement, il est passé dans deux festivals en Russie. Il est distribué à Hong Kong et Shanghai. La plupart des films français ne sont pas distribués sur l’ensemble du territoire de la Chine. Faut quand même arrêter de rêver ! On a été un peu surpris qu’il soit diffusé dans des endroits où le sujet est un peu difficile. Ce qui m’étonne surtout, c’est que l’on pourrait juger ce film comme très français. C’est un groupe d’activistes minoritaires à Paris – alors oui sur un modèle américain – mais on aurait pu penser que cela soit difficile à comprendre vu de l’extérieur. Cela a été une très bonne nouvelle qu’il se vende assez bien à l’étranger. Le fait que cela marche, n’est-il pas aussi dû au fait que cela soit un film qui parle de l’intelligence collective ? De la force de l’humour et de la vie face à l’ignorance et l’indifférence ? 10

« On était complètement décomplexés parce que l’on découvrait notre propre colère. » Robin Campillo

R.C : Après avoir subi cette épidémie durant dix ans dans le silence, j’ai l’impression que l’on avait atteint un stade où l’on était complètement décomplexés parce que l’on découvrait notre propre colère. De ce fait on se sentait extrêmement légitimes. Cela nous permettait d’être assez radicaux mais aussi d’avoir une certaine autodérision. On était à la fois très formatés, pas militarisés, mais très organisés. Et à la fois on était aussi des pieds nickelés assez foutraques. C’était quand même un peu le bordel cette association mais c’était un bordel bien organisé et qui arrivait en tous cas à changer les perceptions. J’ai l’impression qu’avant on était les gentils gays qui mouraient du Sida et que d’un seul coup on était les méchants pédés. Que d’un coup, ce n’était plus drôle. Je repense toujours au film de Tod Browing Freaks. Dans ce film, on nous montre des monstres de cirque et l’on nous explique tout au long du film à quel point ils sont proches de nous, qu’ils sont humains


360° – SEPTEMBRE 2017 les médias. J’ai rencontré beaucoup de journalistes notamment régionaux qui gardent un sens critique, qui ne sont pas du tout dans de la reproduction de ce qu’on leur dit. Je suis bluffé par les médias alors qu’il font un travail très difficile et que l’on ne cesse pas de leur taper dessus.

comme nous. On voit la fraternité et la proximité que l’on peut avoir avec toutes ces personnes. Et quand d’un seul coup ils se font agresser par des normaux, il font communauté pour accepter de redevenir monstrueux pour faire peur à l’ennemi. Il y avait un peu ça dans Act Up. Si les gens stigmatisaient à travers l’homosexualité et la maladie et que cela faisait peur, alors on allait mettre tout ça en avant pour les effrayer. Et ce n’était pas que des blagues. La police avait de la peine à nous attraper parce qu’elle avait peur de la contamination. Ce qui était complètement absurde ! On était des gosses. Didier Lestrade était par exemple très sûr de lui mais aussi très enfantin dans sa manière d’être. Je sais que j’adorais ça. J’avais une espèce de jubilation à créer des images. A créer des affiches et des slogans. On arrivait à produire quelque chose à partir de cette putain d’épidémie. A.R : Sur la question de l’ignorance, nous sommes aujourd’hui dans une période de post truth. Le système

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nous ment, tout est mensonge. Même la vérité n’est pas réelle. Plus aux Etats-Unis qu’en France, même si sur l’idée de complotisme et du rôle des médias, on remet tout en cause de manière permanente. Je trouve qu’il y a une vision dans ce film qui est à la fois pas du tout naïve mais qu’ils ne sont pas pour autant dans le déni du réel. La question des médias est très importante dans ce film. Les caméras des télévisions sont omniprésentes. Sans ces médias, ces combats n’auraient peut-être pas pu avancer… A.R : C’est d’ailleurs ce que l’on reproche au personnage de Thibault. D’être trop intéressé par la chose médiatique. Act Up faisait des actions médiatiques et pas de l’accompagnement de personnes malades ou que sais-je. Leur force, c’était la visibilité par les médias. Même en découvrant toute la promotion du film, je trouve que l’on critique beaucoup 11

Ces rencontres, on les sent bien dans le film. Notamment des rencontres avec des proches aidants, le personnel soignant et ceux qui entouraient les personnes touchées par la maladie. R.C : L’intérêt, c’est de montrer comment l’on affronte la dureté. Il y a une scène dans le film où les séropositifs, entre eux, dans une commission médicale, parlent de la dureté de la maladie. Ils sont tellement habitués de parler des ces données scientifiques assez dures et assez froides qu’un nouveau venu, un jeune garçon, tombe dans le pommes à ce moment-là. Il ne supporte pas d’être mis face à la maladie de manière si abrupte. J’ai toujours l’impression que toutes ces choses dures, même

ACTU 120 BPM

Antoine Reinartz au dernier festival de Cannes

Robin Campillo, avez-vous l’impression que cette fenêtre historique pourrait encore, dans le contexte actuel, avoir lieu ? R.C : Je ne sais pas très bien. C’est vrai que j’ai aussi fait ce film pour m’interroger là-dessus mais sans apporter de réponse et sans en trouver surtout. C’est un film d’avant internet. C’était assez facile en fait. Il suffisait d’avoir un journal télévisé de 20 heures pour faire tache d’huile. Aujourd’hui, les gens ont accès aux médias sociaux. Il y a une dissémination de la parole politique. Il y a une espèce de radicalité d’internet qui ne se traduit pas vraiment dans la rue, en tout cas pas en France. Je ne sais pas très bien quoi penser de ça. Notre travail était plus simple à l’époque pour mobiliser les médias. Les médias ce n’est pas « génial » ou « nul », c’est un peu ce que l’on en fait. Se pose aujourd’hui la question de la parole démocratique. À Act Up, pour se parler et faire débat, il fallait se rencontrer. La circulation de la parole est très importante. C’est pour ça que je fais des avant-premières et des rencontres avec le public. Je pense qu’il y a quelque chose de très important dans le fait de rencontrer quelqu’un physiquement.


ACTU 120 BPM

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L’excellent casting de 120 battements par minutes

si je n’ai pas été malade, je les ai vécues assez sereinement. C’est ce que j’essaye de retranscrire dans le film. On s’anesthésiait nous-mêmes pour essayer de ne pas être envahis par la douleur et par l’angoisse. Quand les gens étaient séropositifs, c’était très dur quand quelqu’un mourait puisqu’une espèce de compte à rebours se mettait en place. C’était très dur pour le groupe parce qu’il fallait rebondir et d’autant plus selon la personnalité et l’importance de la personne dans le groupe. Il y avait des personnes comme Cleews Vellay, on avait l’impression de se battre pour qu’il survive et quand il est mort, ça a été extrêmement violent pour nous. Heureusement que l’on avait cet humour et ce respect pour les uns et pour les autres même si il y avait des tensions. Il faut aussi dire que l’on était jeunes. J’avais 30 ans à l’époque et je n’étais pas parmi les moins âgés. On sentait l’injustice face à des personnes qui mourraient à 24 ou 28 ans mais en même temps on résistait mieux car on avait cette force de la jeunesse. Je ne suis pas sûr que je vivrais la même chose aussi

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bien actuellement. A l’époque, je me souviens que je rentrais dans les chambres d’hôpitaux pour aller voir des copains et que je bloquais quelque chose dans mon cerveau afin d’arrêter d’être envahi par l’émotion. On avait une espèce d’agilité pour faire corps et traverser tout ça ensemble. A.R : Ce que je trouve beau dans le travail de Robin Campillo, c’est qu’il y a un retour au réel. Il n’y a pas de manichéisme. Le monde est complexe. Nous avons tellement tendance aujourd’hui à vouloir simplifier les choses. On voit dans le film comment on remet en cause l’organisation médicale, et le rôle des entreprises pharmaceutiques, mais en même temps on voit aussi tout le suivi qui est extrêmement humain. Cette complexité est montrée avec finesse, ce qui n’empêche pas de voir des lignes et des enjeux très clairs. Il ne faut pas nier la complexité du réel. Act Up Paris, c’est une histoire d’hommes mais aussi de femmes. Cette place des femmes est également mise en relief dans le film. 12

R.C : Je dirais plutôt qu’on était des garçons et des filles. On ne se percevait pas comme des adultes. La maladie, d’ailleurs, ne nous rendait pas plus adultes. Quand je suis arrivé à Act Up, j’ai été surpris par le nombre de femmes impliquées. C’était une bonne nouvelle mais nous n’avions pas tous la même perception. Même si il y avait plus d’hommes que de femmes, ce qui est également vrai c’est que les femmes qui étaient là avait une énorme personnalité. Pour s’imposer dans ce groupe de garçons, il fallait être assez forte. C’est souvent elles qui géraient l’action publique. Il y avait une commission de femmes, une commission Nord-Sud. Il y avait des femmes qui avaient une conscience politique de cette épidémie bien plus développée que la mienne pour être arrivées avant moi dans cette association. Je trouvais ça assez fascinant. Il y avait aussi cette mère et son fils Ludovic qui avait 14 ans à l’époque. Il était hémophile et séropositif. Il est d’ailleurs toujours vivant. Il a vu le film et j’en suis hyper content. Et elle, elle a débarqué dans ce groupe composé quand même en majorité de folles hystériques.


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« La maladie, ne nous rendait pas plus adultes. » Robin Campillo

Il fallait un sacré caractère en tant que femme hétérosexuelle pour débarquer là-dedans et de s’intégrer. Elle trouvait que c’était le groupe le plus fort sur la lutte contre le Sida. Elle laissait son gamin partir en action avec nous alors qu’il était mineur. Il y avait une force inouïe de ces femmes. Dans la commission de la santé, il y avait aussi Marie qui avait plus de 65 ans. Elle était biologiste. Elle nous a beaucoup aidés à comprendre les mécanismes du virus. Elle nous a formés. C’est comme ça que l’on a pu lire les protocoles de recherche et parler d’égal à égal avec les médecins. Il y avait aussi, comme je le montre dans le film, les femmes issues des familles, des personnes que l’on ne connaissait pas trop. Quand ces univers se retrouvaient face à face, il y avait quelque chose qui se passait de l’ordre de l’indicible. On se connaisait sans se connaître. La personne qui faisait que l’on se connaissait avait déjà disparu.

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ACTU 120 BPM

Antoine, est-ce que jouer dans un film comme 120 bpm c’est aussi respecter un des slogans

d’Act Up Paris : Silence = mort ? Parler de ces thématiques, c’est œuvrer pour la vie ? R.C : J’ai été hyper marqué, par exemple, par des histoires de jeunes hommes qui voyaient leur rêve de devenir danseurs complètement brisés et qui mourraient à 22 ans. J’ai vraiment le sentiment d’avoir un devoir de mémoire que je porte depuis longtemps. Aujourd’hui, on se voile totalement la face sur le fait que tout cela est fini. Effectivement, cela s’est déplacé en Afrique notamment et on n’a pas grand chose à faire. Clairement, on ne fait pas grand-chose. Il y a autant de morts chaque année que pendant la première guerre mondiale. Cette radicalité d’Act Up, qui n’est pas forcément la mienne, questionne. Sur la question de l’homogénéité : parfois, on a peur des luttes communautaires car on peut vite craindre d’être exclu. Je pense qu’il ne faut profondément pas en avoir peur car elles sont indispensables. Un suicide sur trois chez les jeunes adolescents est dû à la culpabilité d’être homosexuel. Ces luttes communautaires ne sont


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pas la négation d’une homogénéité. Dans le film, c’est ce qui est extrêmement beau. On voit à quel point ces gens sont différents. Il y a cinq critères qui peuvent définir les gens comme le sexe ou le genre. Mais en réalité ces critères ne nous définissent pas. On a toute une vie pour se définir. Il faut en finir avec ça. On ne peut pas parler de ce film sans parler des institutions. A l’heure où Trump, pour ne parler que de lui, veut couper les budgets de la lutte contre le Sida, quelle est votre analyse de la situation, Robin Campillo ? R.C : A Cannes, j’ai eu le temps de réfléchir. Avec un peu de recul, je me suis aperçu que toutes les revendications des militants dans le film sont toujours d’actualité en France. Par exemple, la question des drogues n’est jamais traitée. Il n’y a aucun pragmatisme dans la politique française sur cette question. La question de la prostitution n’est pas traitée autrement qu’à travers la pénalisation des clients alors que l’on sait que c’est catastrophique en termes de santé publique. Il y a aussi les détenus en prison. Il y a toutes ces choses qui ne sont pas du tout réglées. Je trouve que l’on est dans une forme de régression. Quand le film est passé sur la Croisette, tout le monde était d’accord avec le film et avec Act Up. J’ai trouvé tout cela quand même assez gonflé que Macron nous invite à l’Elysée car cela représentait la grandeur de la France dans sa tête ou je ne sais quoi. J’ai trouvé ça quand même très déplacé. Il ne vient pas à la conférence de Paris sur le Sida mais il fait aussi la chasse aux migrants. C’est également catastrophique d’un point de vue sanitaire. Et pourtant, on est dans une période où les espoirs sont grands sur le plan d’éradiquer la maladie. On n’est pas loin du compte. Il y a des outils. On s’aperçoit qu’une personne sous traitement n’est plus contaminante. C’est extraordinaire. Il y a même des traitements prophylactiques. Il faut un nouveau souffle à l’action contre le Sida. Mais ce nouveau souffle doit passer par le respect de ces minorités qui sont stigmatisées et pourchassées. Ce sont les mêmes minorités dont nous parlions il y a 25 ans. Je ne vois pas ce qui a évolué. Je pense que nous sommes dans

un moment de réflexion avec un Président qui considère que tout ressemble à une entreprise, y compris l’éducation. Cela me parait assez catastrophique. A.R : Je n’ai pas encore d’avis sur le Président Macron. On va dire que tout reste ouvert. Ce qui est sûr, c’est que j’ai l’impression d’être né dans un monde où l’on envoie du riz en Somalie. Je suis né avec tout ça. Avec la lutte contre le Sida. Aujourd’hui, ce que je constate, c’est que l’Allemagne accueille un million de migrants et qu’en France on en accueille 30’000. Je ne veux pas être moralisateur mais tout de même, je ne comprends pas mon pays. Si un million ou deux de

« Il n’y a aucun pragmatisme dans la politique française sur la question des drogues. » Robin Campillo

personnes voient le film en France et se sentent Act Up, alors génial ! C’est un très bel héritage que l’on nous donne et c’est à notre génération d’en faire quelque chose. Les 200 activistes d’Act Up entrent aujourd’hui dans une mythologie collective. Après, la question c’est : quelle est la force d’un film ? Qu’est ce qu’il peut faire ? La question des usagers de drogues, la question des migrants n’est pas réglée, idem pour les prisons et la prostitution. Est-ce que le seul message qui est passé à travers le travail d’Act Up c’est 14

uniquement l’aspect lié aux homosexuels ? N’y a-t-il pas là une forme d’échec ? R.C : Disons que c’était plus facile de régler la question chez les gays. Et je trouve encore qu’il n’y a pas tous les moyens nécessaires. Pour moi la chose la plus importante aujourd’hui, c’est d’inciter au dépistage de toute la population et surtout des jeunes gays. Tout cela est pris en charge par des associations subventionnées par l’Etat comme Aides. Mais je trouve que cela manque d’une second souffle. Act Up se définissait comme un groupe issu de la communauté homosexuelle visant à défendre les droits de toutes les minorités touchées par l’épidémie. J’ai l’impression que la France ne se pose jamais les bonnes questions que ce soit là encore sur la prison, les drogues ou l’euthanasie. Il y a une loi de 1970 en France qui interdit même d’avoir un débat sur la question des drogues par exemple. On nage en plein délire. Act Up a réussi très peu de choses. Elle a réussi des avancées sur le plan des malades et du remboursement des traitements à 100 %. Elle a réussi aussi à déstigmatiser les personnes atteintes. La maladie a touché principalement des homosexuels qui avaient quand même un capital sympathie assez fort pour se regrouper et faire une force politique. C’est moins vrai pour les autres minorités. Il y avait des groupuscules mais qui n’avaient pas la reconnaissance dont pouvait jouir Act Up à l’époque. Je suis d’accord avec vous, dans ces domaines cela a très peu évolué. Il y a eu une brèche au milieu des années 90 où l’on a senti que c’était possible de parler des drogues, de parler de tout ça et puis cela s’est refermé. Je pense que cela fait 15 ans minimum en France que tout débat est impossible. La seule chose que l’on a réussi à faire passer c’est le mariage pour tous et l’adoption, même si cela reste très compliqué sur ce point-là. C’était en quelque sorte une manière de se défaire de tout ça et de se dire « bon maintenant, ils vont arrêter de se plaindre ». Je pense qu’il faut revivifier la démocratie en France, car on a un Président qui a décidé de la mettre à mal. Nous avons maintenant une assemblée fantôme et lui c’est un hyper président. On est depuis 15 ans dans une fenêtre de néo-conservatisme très fort. Le jeu de Macron


360° – SEPTEMBRE 2017 Dans le film, les gay prides sont les véritables vitrines des revendications. Aujourd’hui on peut avoir l’impression que les Prides ronronnent et que la prévention patauge. Qu’est-ce que l’on peut faire ? R.C : En France, la gay pride est morte avec le Sida. Il y avait moins de monde. Avec Act Up, on a essayé de relancer ça. Relancer aussi des chars avec de la musique pour dire : on peut parler du Sida, être festif tout en étant politique. Je regrette presque les gay prides à 10’000 personnes. En France s’est créée une gay pride de nuit, plus radicale. Elle est plus revendicative mais tout aussi joyeuse et elle travaille aussi sur les sujets plus transversaux que l’on a évoqués plus tôt. La gay pride officielle est plus sur la continuité et la conservation des acquis. Je me sens plus proche de cette gay pride de nuit personnellement. On est dans un moment politique faible qui est lié, comme je le disais, à la dissémination de la parole politique. Certaines personnes se croient radicales car elles postent des choses radicales sur internet. Cela tue quelque chose.

Mais ici, les hommes politiques se moquent de ce que l’on met sur facebook. Par contre, il ne faut pas désespérer car si la classe politique va trop loin, je sens que la rentrée va être extrêmement tendue. C’est peut-être pas plus mal. A.R : Pour ma part, je pense que les gay prides sont toujours importantes car pour une certaine frange de la population cela reste un espace de libération et d’expression essentiel. Je préfère quand même que l’on montre cette image-là que celle de la manif pour tous. 120 BPM de Robin Campillo, avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel et Antoine Reinartz. 2h20 minutes. Actuellement en salle

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de se présenter comme l’anti-Trump est une arnaque absolue car il n’est en réalité pas très loin du président américain au niveau de la communication. On s’aperçoit que l’on est dans une régression. Je trouve que l’on a un ministre de l’intérieur qui est l’un des plus brutaux par rapport aux migrants et ce même comparé à Nicolas Sarkozy. On coupe de l’eau à des enfants migrants. Je trouve que l’on a atteint un seuil qui me parait vraiment gravissime. Là-dessus vous avez raison ! Il ne faut jamais baisser les bras sur ces luttes. La question des prisons est pour moi emblématique. Cela a commencé dans les années 60 avec Michel Foucault. En réalité cela n’a jamais été réglé. On ne veut pas regarder les choses en face car on a décidé depuis toujours de mettre de côté les gens que l’on considère dangereux. C’est une vision punitive sans projet. On se retrouve dans une société qui est sclérosée sur ces questions. A.R : Sur la question des drogues il y a une hypocrisie crasse. Avant une soirée on s’envoie des mails pour savoir qui va prendre quoi. A côté de ça, le cannabis est illégal et 60’000 personnes meurent de l’alcool par année.


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ACTU REPORTAGE

REINES DE BEAUTÉS

Avec plus de mille concours de beauté par an, la Colombie est le royaume des Miss. Parmi eux, il en est un inmanquable pour les membres de la communauté LGBT : Miss Univers 2017. Texte et images : Sarah Nabil

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SOUFFRIR POUR ÊTRE BELLE Santiago Ruiz écoute Mariana avec attention, comme sous le charme d’une femme qui a toujours assumé ses choix. Le jeune homme de 18 ans vient d’arriver en jeans-baskets, casquette vissée sur la tête, un style urbain comme la plupart des jeunes de Medellin. Miss Philippines est en retard. Il se dépêche de se dénuder. L’un de ses amis lui apporte son costume et ses chaussures dorées serties de strass, surtout le tant redouté rouleau de ruban adhésif… « C’est un concours où l’on se transforme en femme, donc il ne doit plus rien rester de masculin en nous, y compris nos parties génitales… Elles doivent disparaître, et nous avons donc trouvé cette technique du scotch. Nous « rentrons » notre pénis vers l’intérieur et nous l’accrochons avec du scotch, comme un string adhésif ! Et oui il faut

REGARDS DE BRAISE Certaines concurrentes transgenres habituées aux concours de beauté lui donnent quelques conseils : « Entraîne-toi à marcher avec tes talons, évite de dandiner des fesses et surtout regarde dans les yeux chaque membre du jury pour montrer ton assurance », souligne Violetta alias Miss Panama, grande brune d’un mètre quatre-vingt, tout en mimant le défilé. « Tu arrives sur la scène la tête haute, tu marches, pause ! Mains sur les hanches ! Tu repars dans l’autre sens, pause, regard de braise, tu continues ainsi aux quatre coins de la scène pour que tout le public puisse t’admirer. Enfin tu arrives devant la table du jury et là 17

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tu donnes ton plus beau sourire ! » L’assemblée des Miss est hilare, de quoi bien détendre l’atmosphère alors que l’entrée sur scène approche. « Elle n’a jamais gagné un seul concours de sa vie ! Ne l’écoute pas ! », se moque l’une de ses copines. Un peu plus sérieuse, Mariana est, elle, concentrée, déjà prête depuis une heure, elle se tortille les doigts pour calmer son stress. Beaucoup moins maquillée que les autres concurrentes, d’une beauté naturelle et parée d’une robe de cocktail blanche des plus simples, elle a choisi de représenter l’Italie : « le pays de l’élégance », précise-t-elle. À 24 ans, Mariana est devenue femme il y a un peu plus de six ans. « J’ai toujours été une femme depuis toute petite, mes proches m’ont acceptée comme je suis et je suis en train de changer de sexe », explique-telle. « C’est la première fois que je participe à un concours trans, c’est une manière pour moi de montrer à tous ma beauté. On rêve toutes d’être admirées, de porter de belles robes, de défiler… comme une femme normale ! » Mariana est accompagnée de son futur mari, sous son regard fier et amoureux, elle termine son brushing. « En Colombie, les personnes transgenres sont plutôt libres et acceptées par la société, nous pouvons subir une opération sans trop d’embûches et changer d’état-civil. Dans mon parcours, je n’ai jamais rencontré d’obstacle ni de discrimination, je suis peut-être chanceuse. Une fois que j’aurai tout terminé, on se mariera comme tous les couples. Même si on peut le faire aujourd’hui, car le mariage gay est légal depuis un an, je veux faire les choses dans l’ordre », souligne-t-elle.

alons aiguilles de dix centimètres, perruques aux longues chevelures brunes, robes de cocktail, dans les couloirs aménagés en coulisses de fortune d’un vieux centre commercial du centre-ville de Medellin, la vingtaine de Miss se préparent à entrer en scène. La discothèque gay Estudio 2000, située à l’étage au-dessus, a organisé son concours annuel depuis plusieurs mois dans la plus grande discrétion. Rien ne devait fuiter jusqu’au week-end décisif du 3 et 4 février pour que la surprise soit à la hauteur de l’événement. Les participantes et participants ont enchaîné les réunions et les répétitions tout le mois de janvier pour faire de ce concours l’un des plus importants et extraordinaires de Colombie. Trois heures avant le début des défilés, les Miss sont donc en pleine préparation. Certaines sont venues déjà maquillées, d’autres, arrivées en homme, se transforment au fil des heures. John Guzman, 17 ans, jeune garçon frêle et timide, est originaire d’un quartier sensible de Medellin et se destine au stylisme. Accompagné de son petit ami, la future Miss Brésil prend de l’assurance au fur et à mesure de sa transformation. « C’est la première fois que je participe à ce concours, je vais enfin voir à quoi je ressemble en femme. Depuis toujours, je me sens femme mais je crois que j’ai trop peur de la réaction de ma famille et de mes amis, je n’ai jamais vraiment assumé ce sentiment », explique-t-il tout en enfilant sa robe à paillettes. Pour lui, ce concours lui permet d’être lui-même pour la première fois de sa vie. Sa perruque blonde sur la tête, l’écharpe de Miss Brésil enfilée, il ne lui reste plus que le maquillage. « C’est pour moi l’étape la plus importante, on va effacer petit à petit mes traits masculins, accentuer mon regard, me rendre parfaite », sourit-il sous les pinceaux d’un ami maquilleur.


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360° – SEPTEMBRE 2017 souffrir pour être belle n’est-ce pas ? », lance-t-il tout en faisant la grimace. La transformation est incroyable. Dix minutes plus tard, Miss Philippines vient de naître, la robe extrêmement moulante ne laisse rien apparaître. Les rideaux de fer fermés des boutiques du centrecommercial servent de décor aux dernières photos et selfies de groupe. Plus que quelques minutes avant de monter au dernier étage de l’immeuble, là où des centaines de personnes attendent avec impatience les reines de beauté. Les 19 candidates sont presque toutes prêtes, solidaires et chaleureuses entre elles. L’excitation fait place au silence lorsque Miss Colombia Gay 2016 et son énorme couronne entre dans les coulisses accompagnée de LA Reine des reines trans Karoll Barreneche, la présentatrice de la soirée. Poitrine siliconée, nez fin refait, chevelure longue et brune, sourcils dessinés aux crayons à la perfection, Karoll est considérée par toute la communauté LGBT de la région comme la mère des trans... Elle est l’une des premières à avoir gagné les concours de beauté trans en Colombie. Avec treize couronnes à son actif, elle organise aujourd’hui des performances dans les différents théâtres du pays avec six amies : Les Divas trans de Medellin. Depuis cinq ans, elle aide à l’organisation des concours Miss Colombia et Miss Universo Gay qui ont lieu chaque année et bien sûr en bonne diva, les présente. Assise sur un fauteuil, elle commente une à une les candidates : « Choisis un autre collier, ça ne va pas du tout avec ta robe », dit-elle à l’une ; « Cette coiffure est horrible, change de perruque ! », enchaine-t-elle avec une autre. « Chaque concours est unique et les candidates doivent

se sentir uniques. Il faut le voir comme un jeu de poupées, il faut avant tout s’amuser et ne rien prendre au sérieux. Pour moi, à travers ces événements, le plus important est de montrer ce qu’est le transformisme, ce ne sont pas des travestis mais des transformistes. », explique-t-elle. Juste à côté, la voix grave de Miss Colombia gay 2016 résonne. Mauricio Munoz, alias Jimena Santana divulgue lui aussi quelques conseils et rejoint les propos de Karoll. « Je suis transformiste, c’est-à-dire que dans la vie de tous les jours je suis un homme, mais quand vient la nuit je me transforme en Jimena Santana, c’est simplement un personnage. Pour moi, ce genre de concours est l’occasion de montrer aux gens ce qu’est l’art du transformisme, car c’est réellement un art comme la peinture ou le théâtre, je me sens 100 % artiste et je m’exprime ainsi. » Karoll Barreneche rassemble les Miss autour d’elle pour leur donner leur ordre de passage. « Surtout vous montez sur scène seulement quand l’autre candidate est descendue. Je ne veux pas de rivalités et je ne veux pas de désordre, même si c’est la première fois pour beaucoup d’entre vous, c’est un concours sérieux, il faut de la concentration et de la rigueur. N’oubliez pas ce qui a été dit aux répétitions. », avise-t-elle d’un air grave. ESA ES ! Le premier défilé en robe de cocktail est lancé. Dans la salle bondée et obscure de la discothèque, les Miss défilent sur la scène placée au centre à quelques centimètres de hauteur. Les amis et les familles sont venus en masse pour scander le nom de leur candidate et crient en espagnol

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« Esa es ! Esa es ! » pour signifier au jury que c’est elle qu’il faut couronner. John, le jeune homme réservé des coulisses, entre en scène le premier. Miss Brésil épate le public par son assurance et ses pas de sambas en arrivant ! Mais la salle vibre à l’entrée de Miss Somalie, une grande femme élancée au crâne rasé. EBENO DIVERSO Vient ensuite le deuxième défilé en maillots de bain, dans les coulisses les Miss ne traînent pas. Il faut aller vite, maintenir le rythme de la cérémonie. Les strings de ruban adhésif sont réajustés. Aucune ne vient ajouter d’artifices à la poitrine, pas de boules de papier ni de chaussettes, les soutiens gorges resteront vides. Enfin le dernier défilé ou l’apothéose : les costumes traditionnels des pays représentés. Miss Jamaica porte une coiffe indienne et un bustier de perles bleues ! « En fait, on ne choisit pas vraiment nos costumes. Nous les louons dans un magasin spécialisé dans les costumes trans à Medellin. Il n’y avait rien pour la Jamaique alors j’ai pris ce que je trouvais ! » avoue-telle. Les couronnes de plumes et de strass sont de sortie. Certaines pèsent plusieurs kilos. Chacune se prépare à l’aide d’assistants. Miss Somalie surfe sur les clichés sur l’Afrique avec une poupée dans le dos et une plus petite à la ceinture ! Mais qu’à cela ne tienne, le folklore est assuré ! Dernier défilé enfin. Il est 3h du matin, le public est déjà bien alcoolisé. Les cris d’admiration fusent à chaque arrivée de Miss. Le spectacle est à son comble mais

les résultats finaux ne font aucun doute. Ils se mesurent aux applaudissements. Plus que six candidates en compétition. Et sans surprise Miss Somalie est couronnée Miss Univers Gay 2017. Le jeune homme de 17 ans, Eider Ignacio Moreno, gagne son premier concours de beauté trans. D’autant plus fier qu’il est venu faire passer un message à toute la communauté LGBT. Cet afro-colombien (descendant d’esclaves) originaire du Chocó, l’une des régions les plus pauvres de Colombie, représente l’association gay des jeunes afro-colombiens Ebeno Diverso. « En Colombie, les Afro-colombiens sont déjà victimes de discriminations, alors être gay et noir, ce sont deux fois plus de discriminations. Même au sein de la communauté LGBT, nous ressentons une forme de racisme. Remporter la couronne, c’est aussi montrer à tous que nous existons et qu’il faut arrêter avec le racisme ou notre mise à l’écart de la société », raconte le jeune homme. Mario Leon Giraldo, l’organisateur du concours, rejoint le discours de tolérance de sa nouvelle reine. « Ces concours sont très importants pour notre communauté LGBT, car il faut aussi reconnaître que cela aide certains hommes à passer le cap de s’assumer femme, à se transformer petit à petit. Ils servent aussi à donner une autre image de notre communauté aux hétéros et à combattre l’homophobie. Beaucoup pensent que les transsexuelles sont essentiellement des prostituées, on en voit beaucoup en centre-ville de Medellin, ou alors des droguées, des dépravées. Ici, on montre aux hétéros que

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les personnes transgenres sont avant tout des femmes comme les autres, qu’elles sont belles, qu’elles ont un métier, une vie normale et qu’elles ont autant de chance de gagner un concours de beauté que n’importe quelle autre femme », conclut-il. Mais loin du glamour de cette soirée, la situation des homosexuels et des trans en Colombie est loin d’être rose. Malgré de grandes avancées en matière de droits l’année dernière, avec notamment la légalisation du mariage gay sans grande opposition de la société civile ou encore la reconnaissance des victimes LGBT dans les accords de paix signés avec les FARC. Selon les derniers chiffres de l’ONG Colombia Diversa, 2015 fut l’année la plus violente depuis 2012 pour la communauté LGBT. 110 personnes furent assassinées en toute impunité puisque 95 % des affaires entre 2012 et 2015 n’ont pas été résolues. Les menaces ont aussi augmenté de 50 % en 2014 dans les régions où se trouvent des groupes armés paramilitaires ou les bandes armées. À travers les concours de beauté gay régionaux et nationaux, la communauté LBGT entend bien faire avancer la tolérance dans un pays encore profondément catholique. Prochain combat : l’adoption pour les couples du même sexe.

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LES MALHEURS DE SINEAD

La longue dérive de Sinead O’Connor a connu cet été un retentissant rebond : seule via Facebook, elle a fait vibrer une corde sensible en partageant ses idées noires. Alexandre Lanz

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es yeux en larmes, le regard infiniment triste, le ton hésitant et les propos incertains, Sinead O’Connor a défrayé la chronique en postant sur Facebook sa désormais célèbre vidéo : isolée dans une chambre de motel du New Jersey, on la voit sangloter sa solitude et sa lutte quotidienne contre ses démons et ses troubles de bipolarité. Arrêt sur image. Le cri au secours de la chanteuse a provoqué une vague d’empathie planétaire sans précédent à son égard. Depuis plusieurs années, ses déboires et son état psychologique fragile font plus parler d’elle que sa musique, pourtant cette fois-ci, son message a bouleversé les réseaux sociaux. Sur Facebook, ses fans – tout à coup très nombreux – et Annie Lennox lui ont proposé leur soutien pendant que son portrait inondait Instagram, accompagné de commentaires d’encouragement. Parmi eux, certains disaient ne jamais avoir entendu parler d’elle auparavant. Mais ils n’étaient pas moins

préoccupés par les mots de l’artiste irlandaise pour autant. Alors, pourquoi plus qu’une autre, cette vidéo a-t-elle trouvé pareil écho ? Premièrement parce que son contenu est réellement poignant. Puis en filigrane, on constate que dans la continuité de son art, Sinead O’Connor s’exprime toujours à contre-courant, envers et contre tout. A jamais seule, comme un fatal mauvais sort. Son destin hanté ne semble pas la lâcher : en 1990, sa manière de poser chaque mot de façon âpre et grave sur Nothing Compares 2 U, la chanson composée par Prince qui l’avait propulsée sur le devant de la scène internationale, l’avait scellée dans une bulle artistiquement, presque hermétique. Déjà, elle chantait la solitude après une rupture amoureuse avec une férocité unique. 27 ans plus tard, sa carrière en berne, en rupture avec sa famille et ses amis, elle a choisi Facebook pour crier son SOS, comme si en dernier recours, c’était le seul endroit où elle pouvait se faire entendre. Les réseaux 23

sociaux. Où tout est beau, où les égos se gonflent pour ne montrer que la partie visible de l’iceberg, où le vague à l’âme indispose les followers autant qu’une recette à base d’avocat les ravit, où la marginalité emmerde, où la vie sociale – à la plage, en vacances où pour une petite bouffe entre amis – est célébrée, c’est là que Sinead O’Connor déverse sa solitude mortelle sur les écrans du monde. Jusque dans ses derniers retranchements, qu’elle le veuille ou non, elle reste rebelle. Qui ose dire tout haut ce que d’autres craignent en silence ou ne veulent pas voir. Dans le bourdonnement amnésique des réseaux et au détriment de sa détresse, elle a réussi le tour de force de faire taire les haters tout en inscrivant sa complainte dans la maigre liste des événements qui feront mémoire dans l’histoire de Facebook, au même titre que le fameux craquage de Britney Spears en 2007. Soigne ton âme Sinead, et souviens-toi que face au cynisme ambiant, ton honnêteté l’a emporté.

SOCIÉTÉ BUZZ

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LES AVENTURES D’UN HOMME (EXTRA)ORDINAIRE Il s’appelle Nicolas Fraisse, malgré un profil plutôt traditionnel, sa vie est tout sauf classique. Nicolas voyage beaucoup, hors de son corps.

SOCIÉTÉ SCIENCES

Zelda Chauvet

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BE, est l’acronyme que le monde s’approprie volontiers lorsque le corps s’aventure dans un ailleurs. L’Out-of-Body Experience ou la « décorporation » est un phénomène d’état modifié de conscience (EMC), un terme généralement utilisé pour définir tant les rêveries méditatives que les expériences de mort imminente (EMI ou NDE). Lors d’une OBE, la conscience s’extrait du corps dit physique pour y revenir ensuite avec des informations et des expériences nouvelles. A Genève, deux scientifiques s’intéressent de près à la question. Quand Sylvie Dethiollaz, docteur en biologie moléculaire, et Claude Charles Fourrier, psychothérapeute, rencontrent Nicolas Fraisse,

le coup de cœur est réciproque. Le jeune homme accepte de se lancer en leur compagnie dans une expérience qui durera 10 ans. L’objectif : tester ses capacités de décorporation en suivant un protocole scientifique rigoureux. Aucun n’imaginait que le voyage serait aussi remarquable et riche en questionnements. Une aventure extraordinaire que raconte leur ouvrage commun, Voyages aux confins de la conscience. Nicolas Fraisse grandit dans un environnement plutôt traditionnel. Pourtant, Nicolas est différent. Très tôt, sa conscience s’évade de son corps lorsqu’il s’ennuie. « Au lieu de m’imaginer dans un autre monde, j’allais voir ce qui se passait 24

chez moi ou chez ma grand-mère… Ce vécu me semblait tout à fait normal jusqu’au jour où j’ai commencé à me poser des questions… Peu à peu, en grandissant, je me suis demandé si tout cela n’était pas dû à mon imagination. » Les sensations sont pourtant bien réelles, différentes du rêve. Et Nicolas vérifie la pertinence des informations récoltées au cours de ses voyages, du menu de la cantine au petit muret construit par son père en son absence. Lorsqu’il est hors de son corps, ses perceptions sont démultipliées, il ressent l’espace, toutes les personnes qui s’y trouvent ainsi que leurs pensées. Ce sont donc des réponses et une meilleure compréhension du phénomène


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la vision à distance, l’aventure semble sans limites et bien plus vaste qu’une « simple » OBE. Un constat est indéniable : « Le véritable intérêt de vivre des EMC non ordinaires réside dans le travail d’évolution auquel ceux-ci poussent inexorablement l’individu chez qui ils se manifestent. » Leur vision de la conscience évolue et questionne les paradigmes qui, jusqu’ici, semblaient dominer la pensée occidentale : ce que nos yeux perçoivent du monde solide en 3 dimensions est LA réalité. Voy a g e a u x c o n f i n s d e l a conscience bouleverse indéniablement cette « vérité ». Et si, comme l’explore la physique quantique, notre dite réalité était en fait l’illusion et ce que nous qualifions rapidement de « rêve », la réalité ? La matière serait alors dérivée ou créée par la conscience. Nicolas Fraisse en a fait l’expérience et ose aujourd’hui en parler, à cœur ouvert : « Ma vision d’un monde totalement matériel, où le cerveau est le chef d’orchestre de ses capacités, a totalement été bouleversée. Nous sommes tous les facettes d’une même Conscience, qui expérimente la totalité des possibles, l’infini des possibles… » Peut-être est-il temps de fermer les yeux et de se laisser aller à rêver. Voyage aux confins de la conscience – Dix années d’exploration scientifique des sorties hors du corps  – le cas Nicolas Fraisse De Sylvie Dethiollaz et Claude Charles Fourrier Guy Trédaniel éditeur

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SOCIÉTÉ SCIENCES

que Nicolas Fraisse recherche auprès de ce qui deviendra l’Institut Suisse des Sciences Noétiques (ISSNOE). Si le phénomène est polymorphe chez lesdits « expérienceurs », il prend rapidement des variantes étonnantes dans le cas de Nicolas, tant par la forme que par le fond. En partant d’OBE supervisées visant à l’emmener dans une pièce annexe pour identifier une image projetée selon un programme aléatoire (procédure en double aveugle), son hypersensibilité associée au soutien des deux scientifiques permet à ses voyages de se transformer. Rapidement, par exemple, la sensation associée à la sortie du corps est celle du vortex, puis d’un flash. « C’est vraiment comme une sorte de siphon d’évier qui apparaît au-dessus de moi, puis j’ai la sensation de pénétrer dedans ou plutôt que ce vortex descend autour de moi et alors s’ouvre à moi la possibilité d’accéder à divers endroits, c’est comme si ces lieux étaient en interconnexion. » Les destinations changent également. Nicolas Fraisse explore le cosmos, « les volcans de Venus, le grand canyon orangé de Mars (…) des astéroïdes, des nébuleuses, des supernovae… » avant de découvrir l’étrange phénomène des « incorporations ». Sans le vouloir, il se retrouve dans le corps d’un certain Robert, d’un félin ou encore d’un oiseau. Pendant ces expériences, il garde ses facultés de jugement. « Il était lui… mais dans un corps différent ». Sylvie Dethiollaz et Claude Charles Fourrier accompagnent Nicolas Fraisse dans le développement de ce don et découvrent avec lui l’incroyable étendue de celui-ci. De la télépathie à la clairvoyance en passant par



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CONTEMPLATION ET TRANSCENDANCE

Chaque mois 360° saute d’un objet, d’une époque ou d’un art à l’autre pour vous parler design. Francesca Serra

En haut : image tirée de la vidéo faisant partie de l’installation Ximoan réalisée par Patrick Donaldson, Yoann Douillet, Raphaël Henocq et Laurent Monnet. En bas : Escape Box (paysage suisse), boite en MDF, images imprimées sur plexiglas, autonomie entre 15 et 20 heures, 950 CHF, sur commande.

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Design Days du 28 septembre au 1er octobre 2017 à Genève, sous la coque spatiale en béton du Pavillon Sicli,

SOCIÉTÉ DESIGN

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n voyage virtuel inspiré de la culture maya et concocté par les étudiants de la section Multimédia de la HEAD a donné lieu à l’installation Ximoan présentée au dernier Salon du Meuble à Milan. Allongé sur une chaise longue au design épuré et muni d’un casque, le visiteur pouvait plonger dans un univers mystique, le faisant léviter à travers des images numériques et oniriques. Autre promesse de voyage, celle formulée par Escape Box, signée par la jeune designer Camille Dols. D’un long travail de prises vidéo elle extrait des images qui jouent avec la perspective et qu’elle superpose en créant des sublimes effets de profondeur. Cela est possible grâce à un rétroéclairage par leds et un système d’alimentation qui lui ont demandé neuf mois de développement et qui fonctionnent sans câble électrique, grâce à une batterie rechargeable par câble mini USB. Le nom de la designer figure dans la section « Jeune design » des Design Days.


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CULTURE LIVRE

LE SOMBRE DANDY QUI ILLUMINAIT PARIS

Il transforma un navire-école de la Marine française en paradis homosexuel, fit perdre la tête à Yves Saint-Laurent et imagina les soirées les plus débauchées du Paris des années 70-80. Une biographie rend enfin hommage à Jacques de Bascher. Annabelle Georgen

Jacques de Bascher incarné par Louis Garrel dans le film Saint Laurent de Bertrand Bonello sorti en 2014.

O

n avait brièvement croisé Jacques de Bascher au cinéma, en 2014, dans les deux biopics consacrés au grand couturier français, sublime apparition nocturne sous les traits de Xavier Lafitte (Yves Saint Laurent) et de Louis Garrel (Saint Laurent). Ce mystérieux jeune homme à l’allure affolante, qui avait le charme des gens dangereux et des manières de voyou sous ses costumes de velours, fut l’amant terrible d’Yves Saint Laurent, et la muse de Karl Lagerfeld. Tombé dans l’oubli après sa mort prématurée en 1989, à l’âge de 38 ans, ce personnage haut en couleurs des nuits parisiennes est aujourd’hui ressuscité par l’« éditeur de curiosités » Séguier, sous la plume de la journaliste française Marie Ottavi, qui lui consacre une biographie1 richement documentée. Né le 8 juillet 1951 à Saïgon dans une famille de la grande bourgeoisie française, Jacques

de Bascher passe l’essentiel de sa jeunesse à Neuilly. Son père, Tony de Bascher, est issu d’une vieille lignée aristocratique. Fasciné par sa prestigieuse ascendance, Jacques de Bascher se rêve en aristo moderne, se composant très tôt un personnage de dandy et se fait même appeler « de Beaumarchais », en référence au nom d’une demeure que sa famille possède en Vendée. Tout occupé qu’il est à peaufiner son allure et à séduire ses camarades de lycée – il assume très tôt son homosexualité, et clame à qui veut l’entendre qu’« être homosexuel, c’est être un homme qui sait assumer ses responsabilités autant qu’un autre, même dans le plaisir » – il n’a pas le goût des études. Au lycée Janson de Sailly, à Paris, ses professeurs déplorent son insolence et son manque d’assiduité. C’est sans regret qu’il quitte Paris en 1971 pour embarquer à Brest à bord de L’Orage, un navire-école de la Marine française, sur lequel il part

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©DR

faire son service militaire. C’est plus l’uniforme que la navigation qui l’attire. Son attitude provocatrice lui vaut là aussi quelques inimitiés. Ses frasques lui vaudront d’être renvoyé à terre quelques mois plus tard. CONCOURS DE BAISE Sa revanche ultime : l’organisation d’un concours de baise à bord du navire, grâce à la complicité de quelques camarades. Le principe est simple : chaque matelot qui couche avec un autre matelot marque trois points, six si le marin est un homme marié, neuf s’il s’agit d’un officier. La cagnotte : un voyage aux États-Unis. Prise sur le fait, une partie de l’équipage sera jetée au trou. Dans une longue missive qu’il envoie à ses camarades détenus quelques mois au camp d’Arue, à Tahiti, en 1972, Jacques écrit : « N’hésitez absolument pas à dire que mon influence a joué un très grand rôle. » De retour à Paris, il entreprend des études

« J’AI EU UNE BELLE VIE » C’est dans la pénombre également que le ténébreux dandy fera la connaissance d’Yves Saint Laurent. Fou d’amour, ce dernier sera pris au piège d’une passion aussi dévorante que mortifère pour Jacques, délaissant ses crayons et sa planche à dessin pour le rejoindre dans sa garçonnière. Au point que Pierre Bergé, le compagnon de Saint Laurent, vert de jalousie, le sommera de disparaître de la vie de Saint Laurent. Effrayé par les menaces de l’homme d’affaires, miné par l’alcool et la drogue, Jacques passera des semaines à ramper dans son studio parisien, de peur que des tueurs ne soient postés derrière les fenêtres. Sa santé déclinera à la fin des années 1980. Jacques est l’une des nombreuses victimes du Sida. À son frère désolé de voir son aîné partir si tôt, il écrira : « Ne sois pas triste si je meurs. Même si tu vivais jusqu’à 100 ans, tu ne connaîtrais sans doute pas la moitié de ce que j’ai vécu. J’ai eu une belle vie, intense. Alors c’est comme si j’avais vécu jusqu’à 80 ans. » 1 : Jacques de Bascher. Dandy de l’ombre, Marie Ottavi, éditions Séguier, 2017, 21 euros.

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CULTURE LIVRE

de droit qu’il abandonne vite, puis devient un temps steward chez Air France. Mais Jacques n’a ni ambition, ni goût de l’effort. Ce qu’il aime, c’est passer ses journées au lit, se faire beau pour la soirée, retrouver son monde dans les brasseries de Saint-Germain-des-Prés avant d’aller danser jusqu’au petit matin. C’est dans les clubs parisiens de l’époque, à l’instar du 7, qu’il fait la connaissance du grand couturier Karl Lagerfeld. Les deux hommes entretiendront dès lors une relation amoureuse platonique qui durera jusqu’à la mort de Jacques. Le jeune dandy devient la muse, le confident, l’informateur de Karl Lagerfeld, qui le prendra sous son aile et financera ses tenues extravagantes, ses sorties et les somptueuses soirées déguisées qu’il donnera à la Main Bleue et au Palace. Karl Lagerfeld, qui s’est longuement confié à l’auteure du livre, appréciait la désinvolture de Jacques, la manière dont « il choquait les bourgeois », tout en étant lucide sur la vie de débauche que menait son compagnon : « Il a vécu la vie qu’il s’était choisie. Le réveil devait probablement être dur certains matins, mais comme il recommençait ses excès le soir venu, son début de questionnement s’en trouvait mort-né. »


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CULTURE ENCYCLOPÉDIE

L’ABÉCÉDAIRE DES NOS IDENTITÉS MULTIPLES Publiée en 2016, « L’Encyclopédie critique du genre » se picore ou se dévore. Extrêmement varié dans ses approches, rigoureux dans sa forme et stimulant par son contenu, ce livre est un outil qui dépasse de loin son sujet. Salomé Kiner

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eptembre, rentrée des classes : c’est la saison des dictionnaires, des bonnes résolutions scolaires et de la digestion des vertiges de l’été. Grisés par la caresse tiède du soleil d’août, alanguis par l’ennui, les vacances estivales sont parfois l’occasion de sortir de sa zone de confort. On aurait tort de s’en priver. Mais pour viser la liberté, encore faut-il comprendre les mécanismes qui la bride. Entre autres qualités, L’Encyclopédie critique du genre rappelle que nous sommes encore, à bien des égards, le fruit de productions sociales et d’une histoire des mœurs qui penche rarement pour l’épanouissement des identités non-dominantes, à savoir hétérosexuelles, blanches, jeunes, bien-portantes et masculines. JEUX DE RÔLE Combien sommes-nous, par exemple, à nous maquiller le matin sans véritablement saisir la portée de ce geste ? Dans l’article Beauté, Rossella Ghigi, chercheuse à l’Université

de Bologne, nous rappelle combien les soins d’embellissement sont, dans l’histoire des sociétés occidentales, l’objet de manipulation et de jugements contradictoires. À la Renaissance déjà, les femmes étaient tenues, contrairement aux hommes, de s’entretenir pour maintenir leur rang. Depuis, l’apparence extérieure est très souvent considérée comme le reflet d’une intériorité : entretenue ou négligée. Pour les féministes, ce moyen d’assujettissement est souvent défendu par les femmes ellesmêmes, endoctrinées dès l’enfance à miser sur un capital esthétique (et périssable, puisque lié à la jeunesse), à la différence des hommes, dont la virilité n’est pas tributaire de l’âge. Et de conclure par la démonstration d’une double injonction contradictoire qui se vérifie tous les jours : les femmes « ne doivent pas lancer de messages trop explicites de disponibilité sexuelle, mais également ne pas être totalement désexualisées, dans la mesure où la sexualisation du corps fait 30

partie de la définition dominante de la féminité. » Si l’on sait bien que les Objets participent à notre construction identitaire – la preuve par les nombreux contre-catalogues distribués devant les grandes surfaces à l’approche de Noël pour changer la distribution sexiste des genres dans l’imaginaire des enfants – on espérait qu’Internet serait l’eldorado des nouvelles formes de sociabilité, et par là-même un espace favorable aux reconfigurations identitaires, voire même dédié à repenser et refaire la construction du genre. Que nenni ! Sur Internet, les jeux de rôles existent. Mais loin d’une subversion, ils consistent au contraire à « l’exacerbation des frontières symboliques entre les sexes » et les rapports sociaux de race. L’article termine néanmoins sur un point positif en citant Alain Léobon selon qui Internet participe « à consolider l’identité de groupes parfois invisibilisés dans l’espace traditionnel lesbien, gai, bisexuel et transgenre »,


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Judith Butler

tels que les cultures bareback ou le sadomasochisme lesbien. Un lieu qui donne non seulement à voir mais également à vivre pour ces communautés marginalisées. Publiée sous la direction de Juliette Rennes, sociologue à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et spécialiste du genre, cette bible est un must-read. A la fois exigeant mais accessible, l’ouvrage dresse l’état des lieux de la recherche sur une notion qui relève d’un panel de sujets bien plus large que ce que les relais traditionnels nous laissent à penser. Souvent compris comme l’ensemble des pratiques sociales déterminant et codifiant les rapports hommes-femmes, le genre s’immisce en réalité dans tous les domaines : de la manifestation des affects aux cyborgs de Donna Haraway, de l’occupation de l’espace urbain aux principes de la filiation, des injustices de la mondialisation pour les femmes à la reconnaissance des études postcolonialistes. Concept mouvant, le genre, tel que proposé

©Gary LeGault

par Judith Butler, est désormais le lieu où se questionne « le fondement naturel de la binarité des sexes et leur caractère stable (…) l’identité est de plus en envisagée comme une construction performative : produite par les pratiques et, par conséquent, ouverte au changement » (Butler, 2005). DIVERSITÉ S’il figure 66 entrées au sommaire, L’Encyclopédie critique du genre est en réalité une lecture circulaire et infinie. D’abord parce que chaque article renvoie à des notices complémentaires dans un interminable et stimulant jeu de ping-pong. Ainsi le Handicap s’ouvre-t-il sur Care, Éducation sexuelle, Poids, Queer, Santé, Séduction et Technologie, qui à leur tour pointent Internet, Conjugalité, Prostitution. Ensuite parce que l’ouvrage, qui condense un savoir autant qu’il y prépare, compte plusieurs centaines de références bibliographiques grâce auxquelles chaque sujet peut-être développé 31

bien au-delà des quelques pages qui lui sont consacrées. On y croise des institutions, de Judith Butler à Michel Foucault en passant par Marcel Mauss, et on y découvre l’existence d’articles ultra-pointus sur la pornographie homosexuelle beur de cité, la sociabilisation des jeunes sur Internet ou le troussage des domestiques… En tout, ce sont plus de quinze disciplines représentées (anthropologie, arts, biologie, droit, histoire, sciences de la communication, psychanalyse, philosophie…). A travers elles, c’est surtout l’occasion de remettre en question les pratiques et les codes normatifs qui régissent nos sociétés. Encyclopédie critique du genre Corps, sexualité, rapports sociaux de Juliette RENNES ed. La Découverte

CULTURE ENCYCLOPÉDIE

« L’identité est envisagée comme une construction performative  ouverte au changement »



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PLUS GODARD QUE NATURE I

l a eu l’audace, l’impudence plutôt relèvent quelques esprits chagrins outragés, de s’attaquer à la légende vivante de la Nouvelle Vague en crise existentielle et cinématographique pendant et après Mai 68. Une démystification fantaisiste de celui qui désacralisait tout. Avec un formidable Louis Garrel, plus Godard que nature…. Irrésistiblement drôle dans l’imitation du mythe, il en emprunte à la perfection le talent, le look, la démarche, l’accent, la cruauté, la vanité, le discours outrancier, l’humour, l’autodérision. Atout maître de cette comédie jouissive signée Michel Hazanavicius, l’acteur méritait le Prix d’interprétation lors du dernier Cannes, où le film concourait pour la Palme d’or. On est à Paris en 1967. Le soulèvement menace. Star de sa génération, universellement plébiscité pour ses films de l’époque, Jean-Luc Godard tourne La Chinoise avec Anne Wiazemsky (la mignonne Stacy Martin), de 20 ans sa cadette, dont il est follement amoureux. Et vice-versa. Mais le film est incompris, sinon vilipendé à sa sortie. Obsessionnellement préoccupé par sa propre révolution, Godard se remet alors en question, reniant son cinéma qui, à son avis, ne vaut plus rien comparé au tsunami de Mai 68. S’inspirant de deux livres d’Anne Wiazemsky, Une année studieuse et Un an après qu’elle consacra à sa relation avec

le génie de la pellicule, le réalisateur de The Artist et OSS 117 s’intéresse davantage au personnage et à l’homme qu’au cinéaste. Il nous le montre militant au côté des manifestants de Mai 68, pérorant à la Sorbonne, ou passant quelques jours sur les hauteurs de Cannes, où il a contribué à l’annulation du festival, contaminé par la fièvre contestataire.

SANS JAMAIS OUBLIER L’HUMOUR

Intellectuel condescendant, odieux avec ses amis, mufle avec sa bien-aimée qu’il ne saura retenir, macho intransigeant, l’image qu’en donne par ailleurs Hazanavicius est a priori peu flatteuse. Sauf que tout réside dans la façon tellement comique de la représenter, de l’exalter. Un humour à la Godard, avec un gag récurrent où l’icône en mal de regard nouveau ne cesse de casser ses lunettes, une scène inénarrable d’une dispute homérique à six dans une voiture, ou des blagues aussi bêtes que rigolotes. Sans compter qu’il en fait un bon amant et le dote d’un physique assez avantageux. Du coup on se demande où certains critiques vont chercher une « démonstration empreinte d’un fiel sarcastique extrêmement amer... » C’est le contraire qui émane de ce portrait où, sous l’ironie faussement féroce, perce l’admiration. Voire la tendresse. Sortie le 13 septembre

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CULTURE CINÉMA

Louis Garrel est ©DR l’atout maître du dernier film de Michel Hazanavicius, « Le Redoutable ». Une comédie jouissive où perce l’admiration sous une ironie faussement féroce. Edmée Cuttat



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BARBARA RESSUSCITÉE

CULTURE CINÉMA

Loin du biopic traditionnel, le film d’Amalric cherche à faire partager la fascination de son auteur pour l’artiste insaisissable à laquelle il déclare sa passion. Edmée Cuttat

Jeanne Balibar interprète une actrice devant se glisser dans la peau de Barbara ©DR

A

vec Barbara, qui avait ouvert la section Un certain Regard au dernier festival de Cannes, Mathieu Amalric rend hommage, dans son septième film, à la célèbre chanteuse disparue il y a 20 ans. On est toutefois loin du biopic traditionnel auquel on pouvait éventuellement s’attendre, avec arrêts prolongés sur les épisodes déterminants de son existence. C’eût été en effet mal connaître les impératifs créatifs d’Amalric. Ne faisant qu’effleurer, par allusions, des blessures d’enfance comme la guerre ou les abus d’un père incestueux, il ne raconte donc pas la vie de Barbara, mais met en scène Yves Zand, un réalisateur roux en veste de tweed, aussi timide qu’ensorcelé par son héroïne et rêvant de la ressusciter à l’écran. Il est incarné par Mathieu Amalric qui engage une actrice, Brigitte – campée par son ex-compagne Jeanne Balibar - pour tourner une biographie

de la sublime interprète de L’aigle noir, Dis quand reviendras-tu ?, Göttingen, Marienbad, Ma plus belle histoire d’amour…. Imaginée avec l’écrivain Philippe Di Folco (ils avaient déjà travaillé ensemble sur Tournée, Prix de la mise en scène Cannes 2010), cette mise en abîme aux frontières de la réalité et de la fiction, propose, entre poème et rêverie musicale, un portrait complexe, captivant, émouvant de la mythique, insolente capricieuse, autoritaire, fantasque, mélancolique Dame brune. MAGNIFIQUE BALIBAR L’excellente Jeanne Balibar se révèle impressionnante. Habitée, naturelle, elle travaille son personnage, les chansons, composant au piano, s’entraînant à imiter la voix, s’appropriant les gestes, les accessoires, lunettes noires et boa, les attitudes de son modèle. Tout en ne cherchant 35

pas le mimétisme. La ressemblance n’en est pas moins troublante quand Amalric lui fait rejouer des scènes. Par exemple celle où on voit Barbara en voiture en train de tricoter et de batifoler sur le siège passager. Elle est tirée du documentaire de Gérard Vergez durant la tournée de la chanteuse en 1972. Le cinéaste s’est également appuyé sur le roman de Jacques Tournier paru en 1968, Barbara ou les parenthèses. Entre les archives, les rencontres, les séquences du métrage en train de se faire, le dialogue à distance entre les deux femmes, le jeu de miroirs, on n’arrive pas toujours à distinguer la vraie de la fausse Barbara. Ce film envoûtant, qui peut en dérouter certains, cherche surtout à faire partager la fascination de son auteur pour l’artiste insaisissable à laquelle il déclare sa passion. Il lui a valu le prix Jean Vigo. Sortie le 6 septembre



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FAMILLES

Luis Llach LES YEUX FARDÉS

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argement autobiographie, Jeu blanc est le récit d’un long cheminement personnel. Alors qu’il est en centre de désintoxication alcoolique, « Saul Indian Horse », indien Ojibwe du Canada, se confie. De son enfance vécue de façon traditionnelle, avant d’être placé dans un orphelinat tenu par des intégristes catholiques, à sa passion du hockey sur glace qui va le sauver, nous découvrons sa difficulté à s’intégrer à la société occidentale, tant les discriminations envers les « autochtones » sont lourdes. Remarquable roman à la plume simple et sincère, il nous fait traverser autant les richesses du mode de vie traditionnel des indiens que le monde dur et passionnant du sport de haut niveau. Zoé

TRANSDESSINÉE par Johanna

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CULTURE LIVRES

ls sont quatre enfants inséparables habitant dans le quartier populaire de la Barceloneta. Deux garçons et deux filles, qui vivront ensemble dans les ruelles de ce quartier portuaire les frasques de la grande Histoire : le front populaire, la guerre civile puis la répression franquiste. Mais ce sont surtout leur destin personnel que nous confie le narrateur nommé Germinal qui découvrira son homosexualité au travers de l’amour indéfectible qu’il portera à David, son meilleur ami. Cette fresque vibrante et passionnée nous donne à voir un autre visage de Barcelone et offre une poignante histoire d’attachement ! Actes Sud Babel

Richard Wagamese JEU BLANC



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HÉPATITE : LA VACCINATION S’IMPOSE ! La Suisse n’échappe pas à la flambée des cas d’hépatite A qui touche l’Europe.

TRANSMISSION ET SYMPTÔMES Les hépatites A et B sont dues à des virus particulièrement résistants et contagieux. Il est possible d’être infecté lors de rapports sexuels notamment par des contacts buco-anaux ou des pénétrations non protégées. Respecter les règles du safer sexe réduit grandement les risques sans les éliminer complétement. L’hépatite A est cependant plus fréquemment contractée lors de consommation d’aliments ou d’eau contaminés. La B passe par les fluides corporels et est donc majoritairement transmise lors des rapports sexuels. Les hépatites sont des inflammations du foie. L’hépatite A se traduit par une perte d’appétit, des nausées, une jaunisse,

de la fièvre et une grande fatigue. Les symptômes de la phase aiguë peuvent durer plusieurs semaines. L’hépatite B présente des symptômes similaires mais avec le risque de devenir chronique, c’est-à-dire que le virus LES BONS RÉFLEXES reste présent dans l’organisme FACE AUX HÉPATITES rendant la personne porteuse — Se faire vacciner contre susceptible de le transmettre l’hépatite A et B toute sa vie et l’exposant à des — Ne jamais partager les pailles, complications graves (nécessi- seringues, brosses à dents, lames de rasoir, sex-toys, gants (fisting) tant jusqu’à une greffe de foie). et préservatifs, ne pas utiliser de billets de banques pour sniffer

VACCINATION GRATUITE — Utiliser pour chaque partenaire un nouveau préservatif /  POUR LES HSH La vaccination contre les hépa- de nouveaux gants (fisting) utiliser son propre tites A et B est recommandée — Toujours lubrifiant aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes quel que soit l’âge. Il est possible de Pour faire le point sur vos se faire vacciner contre l’une ou vaccinations contre les hépatites, l’autre ou les deux à la fois. L’en- parlez-en à votre médecin ou semble de ces vaccins est rem- consultez à Checkpoint : boursé aux HSH par l’assurance CHECKPOINT GENÈVE Rue du Grand-Pré 9 – 1202 Genève obligatoire des soins. L’introduction de la vaccina- +41 22 906 40 30 tion généralisée contre l’hépatite Sans RDV Lu & Me 16–20h, 12–16h (se présenter au moins B chez les adolescents a provo- Ve 45 minutes avant la fermeture) qué une diminution spectaculaire des cas d’hépatite aiguë. Mais, même si la vaccination est souhaitable avant le début des relations sexuelles, elle reste utile ensuite. 39 39

INFOS PARTENAIRES

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epuis le début de l’année, deux fois plus de cas d’hépatite A que l’année précédente ont été enregistrés dans le pays. Les hommes sont trois fois plus touchés et il est recommandé aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) de se faire vacciner quel que soit l’âge contre les hépatites A et B.


INFOS PARTENAIRES

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GAYMAP GROS PLAN

Le film Embrasse-moi d'Océanerosemarie sera projeté le 15 septembre.

©DR

AMOUR DE FEMMES

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insi Soit’L est devenu un rendez-vous incontournable de la rentrée lausannoise. Le festival organisé par l’association lesbienne Lilith a réussi le tour de force de s’imposer dans la durée dans le paysage LGBT romand. Une prouesse sans doute rendue possible grâce à la qualité de cet événement. Cette édition n’échappe pas à la règle. Une Méga LOL by Lilith vous est proposée le vendredi 15 septembre. Pour

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une fois, la soirée est ouverte à toutes et tous et l’entrée est en plus gratuite. L’événement, organisé au Casino de Montbenon, vous ouvrira les portes du dancefloor après la projection du film Embrasse-moi de et avec Océanerosemarie (et en sa présence). Plus d’infos sur facebook @ainsisoitlfestival


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GAYMAP MODE

ACCESSOIRE SANS DEMEURE

Aux prochains Design Days, le Swiss Fashion Point arbore dans la section accessoires un florilège de foulards made in Switzerland. Petit tour d’horizon. Francesca Serra Des foulard de la marque Dada Desir

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©DR

l y a ceux pour qui le mot foulard évoque d’emblée une certaine raideur bourgeoise, d’autres qui l’imaginent rock en version bandeau sur le front transpirant d’un Bruce Springsteen et ceux qui revoient des images des années 60 d’une fille aux long cheveux fumant du hashish avec un turban autour de la tête. Le foulard peut agir sur notre subconscient différemment, il est un accessoire vestimentaire à personnalité multiple et non genré. Leger et passe-partout, il s’insinue dans notre vestiaire avec nonchalance et séduit les créateurs suisses. Au sein du Swiss Fashion Point, parmi les jeunes marques suisses qui ont déjà fait leurs preuves – pour être sélectionné il faut justifier d’une année d’existence et d’un point ou réseau de vente – se trouvent trois griffes qui s’adonnent au plaisir de l’étoffe duveteuse et des soies chatoyantes. Il y a d’abord les pièces rigoureusement uniques de D’Scarves, fondé en 2016 par Domenica D’Agostino, diplômée de l’ECAL et sensible à la magie des tissus grâce à un père tailleur sur mesure. Pour la graphiste vivant à Lausanne, l’amour pour l’art et d’illustration se mêle au penchant pour le détail qu’elle a hérité de son père. Son univers, qui laisse surgir tantôt des fleurs, tantôt des portraits pixellisés, dégage un certain romantisme sophistiqué. Dans un registre plus abstrait, les foulards d’Alek se distinguent

par des compositions qui sont créés au pinceau, partant d’amas de couleurs qui forment le motif de base, qui est ensuite digitalisé. Le créateur de la marque, Alex Karathanassis, a choisi ce procédé après avoir vu en Inde une femme en train de réaliser un ragoli devant sa maison. Cet art indien, ancestral et éphémère, consiste à tracer au sol, au moyen d’une simple poudre blanche de riz, des dessins géométriques au sol, la symétrie symbolisant la recherche de l’équilibre et de la paix. Dans les villages partout en Inde, les femmes font donc ces dessins chaque matin sur les seuils ou dans la cour des maisons ou sur le sol des temples. Cette vision de beauté doublée d’un pouvoir protecteur a donc servi d’étincelle pour la naissance de cette marque qui veut que ses foulards soient comme des talismans. La dernière collection s’intitule «Mineralis» et célèbre le pouvoir guérisseur des pierres. SURRÉALISME À QUATRE MAINS Couple de graphistes basé à Bienne, Myriam Jung et Jérôme Chapat signent des carrés et des étoles en soie en édition limitée. Grâce à leurs nombreuses casquettes – Myriam est aussi couturière et Jérôme s’adonne à la sculpture, à la peinture et à la création de bijoux – le duo a réussi à enfanter une esthétique affirmée et reconnaissable qui part de l’art du collage. Photographies, dessins et parfois

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360° – SEPTEMBRE 2017 même des fragments de texte sont passés à la moulinette pour extraire leur imprimés surréalistes de «Dada Désir», nom évoquant à merveille l’équilibre de subversion et humour qui habite leurs collections. TOUS LES CHICS POSSIBLES L’augmentation flagrante des petites marques sur le marché démontre que le foulard est un accessoire très en vue car, d’une part, les créateurs concordent sur la grande liberté et jouissance de cet exercice créatif et, de l’autre, il s’agit d’une touche vestimentaire qui s’adapte pratiquement à n’importe quelle tenue. Pour habiller les allures un peu sombres et égayer les looks monochromes mais aussi pour offrir une alternative cool à la cravate. Preuve à l’appui, de nombreux tutoriels sur internet montrent une infinité de manière de nouer l’étoffe autour du cou, du poignet ou encore de la tête, en bandeau ou turban. On peut même opter pour la version cowboy en couvrant le torse avec un triangle de tissu ou, plus bourgeoise, en gavroche glissé dans l’encolure de la chemise, et, pourquoi pas, en guise de ceinture ou même transformé en baluchon. Ce qu’on appelle une belle fenêtre de défoulement vestimentaire.

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GAYMAP MODE

Design days à Genève du 28 septembre au 1er octobre au Pavillon Sicli Route des Acacias 45 1227 Les Acacias


360° – SEPTEMBRE 2017 Les soirs de week-end, c’est la grosse ambiance dans un tout petit espace. « Quand c’est trop grand, personne ne se parle, explique le Savoyard Laurent. C’est rare que quelqu’un qui s’asseye au bar reste dans son coin. On l’intègre vite. »

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GAYMAP SORTIE

CIRCULEZ, Y A TOUT À VOIR! Trois ans depuis sa reprise par Fred et Laurent, le « Trafick » saupoudre les nuits cul lausannoise d’une généreuse dose de convivialité.

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énombre anonyme, banquettes carcérales et ambiance hardcore : la recette habituelle du sex club ne cherche pas vraiment à mettre le client à l’aise. A cet égard, le Trafick de Lausanne fait office de joyeuse exception. « Combien de fois les gens nous disent, j’étais seul chez moi devant ma télé, alors je suis venu faire la fête ! », raconte Laurent, qui nous accueille avec Fred (photo).

Le duo a repris en juin 2014 la discrète arcade de l’avenue Tivoli. Avec succès. Le Trafick s’est réveillé du bon pied. Le pied que prend un public gay aux types et aux âges des plus variés, et désormais aussi des hétéros, plusieurs fois par mois. Dès que l’on franchit la porte, à côté des casiers, l’atmosphère est conviviale : le bar à la déco éclectique est animé de conversations et de rires.

PROPICE À TOUS LES PLANS Qu’on se le dise : au Trafick, pas besoin d’avoir une folle envie de cul pour passer une folle soirée. Mais difficile de ne pas être tenté par la vaste partie cruising du club. Aménagée par les équipes précédentes dans la cave et l’arcade voisine, elle continue d’être développée par les « Frelau ». Le terrain de jeu du club lausannois est propice à tous les plans – BDSM, exhib, groupes ou duos. Le labyrinthe est toujours clean, avec du matos de prévention à portée de main. Pour Fred, longtemps à la barre du Pink Beach voisin, le maître mot c’est de surprendre : « On fait en sorte que les gens se demandent : qu’est-ce qu’ils nous préparent encore ? » Le calendrier des soirées fait de la place à tous les fantasmes, des Naked Bastards aux nuits travestis, en passant par les inénarrables Nuits de la suce. « On est assez fiers de voir tout le temps de nouvelles têtes, et certaines viennent de loin », confie le Bordelais d’origine. Et parmi les événements qui drainent leur lot de curieux, les porn-stars invitées par le club. « Les gens aiment voir et aborder quelqu’un d’inaccessible, et palper un petit peu... » Il y a même eu des tournages. L’un d’eux, réalisé lors d’une soirée cagoules, a donné lieu à un DVD. Son titre était tout trouvé : « Trafick de p’tits suisses » ! Publicité

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360° – SEPTEMBRE 2017

GAYMAP TU T’ES VU

360° FEVER, « LA 3 SISS I» @FÊTES DE GENÈVE PHOTOS : IRINA POPA

DÉ PLU COUVRE S DE Z PHO SUR T 360.C LE SIT OS E H/G AYM AP

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360° – SEPTEMBRE 2017

GENEVEGAS 3D

Les 3D sont à toute soirée sérieuse ce que les 3 dimensions sont à la réalité perçue. C’est ce constat qui servira de statement à la 10e GENEVEGAS

A

ttention, attention ! La GENEVEGAS est de retour. 10e édition du nom et autant dire que toute l’équipe ne se fait pas prier pour fêter un anniversaire. Vous me passerez l’expression, mais la fonderie Kugler risque de chauffer grave le 16 septembre. Petit plus de cette édition ? Les LOVEGLASSES – distribuées aux 200 premiers arrivants – donneront du relief à la binarité hétéronormée des nuits genevoises en rendant visible une représentation en images de synthèse comprise ici en tant que vision synthétique des genres. Véritable filtre d’amour, ce dispositif optique de réalité augmentée vous fera voir la vie en queer et promet une soirée aussi immersive que subversive. Au rayon musique, nous aurons le droit au live de Chienne de garde qui est une performance pluridisciplinaire contenant du texte, de la vidéo, des installations, de la danse et de la musique drone trap afro. Oda Halti, une Djette tout droit venue du Pristina au Kosovo sera également de la partie. Et bien sûr vous pourrez compter dans le line up sur la présence de celle que l’on ne présente plus et qui passe sans doute l’une des meilleure musique au bout du léman : Nina Nana. Last but not least, le talentueux Krassen Krastev présentera également un show qui ne vous laissera pas de marbre.

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GAYMAP SORTIES

Pour le détail de la programmation, rendez-vous sur facebook @gnvgas


360° – SEPTEMBRE 2017

GAYMAP SEXUALITÉS

BORDELLO « SUMMER GAY FESTIVAL » @LAUSANNE

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360° – SEPTEMBRE 2017

AGENDA CLUBBING SAMEDI 2.9 GENÈVE 360° Fever @Fonderie Kugler « Le Labyrinthe des Passions », 22h LAUSANNE GT’s LOL by Lilith Mix all-style au Backstage, 19h (women only) My House J’adore DJ Testa Mix (clubbing), 23h ZURICH Queens Inside (progressive, tech-house), 23h Alte Kaserne Offstream, the alternative LGBT party, 23h

GAYMAP AGENDAS

VENDREDI 8.9 ZURICH Heaven Balkan Gay Night, 23h

SAMEDI 9.9 LAUSANNE My House Back to the Nineties, 23h ZURICH Heaven One Night, DJ Steve Bam, 23h VENDREDI 15.9 LAUSANNE Casino de Montbenon Méga LOL par Lilith (mixte), 22h30 LUCERNE El Cartel Frigay Night, 22h ZURICH Heaven Scream & Shout, 23h SAMEDI 16.9 PLAN-LES-OUATES (GE) Restaurant Antes Apéro gay-friendly DJ Elle M, 17h30

ZURICH Heaven Prom Night Lady Gaga, 23h

DIMANCHE 17.9 LAUSANNE Bordello « Gostoso » @MAD, 23h SAMEDI 23.9 BERNE Tolerdance 25 Years Party @ISC, 23h BÂLE Hirscheneck Frauendisco, 22h VENDREDI 29.9 LAUSANNE GT’s Leather Meeting Soirée entre mecs cuir. Dresscode strict, 20h BÂLE Turbinenhaus Luststreifen 10-year party 22h

AGENDA CRUISING SAMEDI 2.9 GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards (naked), 21h ZURICH Rage Fucktory (urban gear), 22h

VENDREDI 15.9 BERNE Aqualis FF-Night, 23h LAUSANNE Trafick Les délires du Trafick, 20h ZURICH Rage Friday Naked Plus, 22h

DIMANCHE 3.9 ZURICH Rage Naked party plus, 17h LAUSANNE Trafick Xtrem Gay (naked), 14h

SAMEDI 16.9 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Trafick La Nuit de la Suce, feat. pornstar Aron Red, 21h

VENDREDI 8.9 LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h Trafick Mixte Open Mind, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Fetish Gear, 22h

DIMANCHE 17.9 LAUSANNE Trafick Xtrem Gay (naked), 14h

SAMEDI 9.9 GENÈVE Bains de l’Est Black Out, 23h LAUSANNE Trafick Up or Down Orgie, 21h ZURICH Rage Prollboys (sneakers), 22h

VENDREDI 22.9 BERNE Aqualis Naked Night, 23h LAUSANNE Trafick Dirty Trouble (yellow), 21h ZURICH Rage Kick-off ! (sportswear and sneakers), 22h SAMEDI 23.9 LAUSANNE Trafick Demoniak (all-fetish), 21h ZURICH Rage Ultrarubber Fetish Night, 22h

DIMANCHE 10.9 LAUSANNE Trafick Xtrem Gay (naked), 14h

DIMANCHE 24.9 LAUSANNE Trafick Xtrem Gay (naked), 14h

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VENDREDI 29.9 GENÈVE Cruising Canyon AirX Sports 22h LAUSANNE Trafick Mask & Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Underwear Jocks Naked, 22h SAMEDI 30.9 LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark, naked), 21h ZURICH Rage Leather Night, 22h DIMANCHE 1.10 LAUSANNE Trafick Xtrem Gay (naked), 14h

PLU SD ET D E SOIR RET ’EVENT ÉES R S 360.COUVER À SUR H/G AYM AP


360° – SEPTEMBRE 2017

SNACK DA CLUB

GAYMAP SORTIES

Mademoizel ©DR

C

e sont les dignes héritières des Kill your idol. Les soirées Club Sandwich font du bien aux nuits lausannoises depuis maintenant une année. Rentrée oblige, le collectif Qult propose de faire la retour des classes un verre à la main. L’agilité est de rigueur puisqu'il faudra bien de l’adresse pour bouger ses fesses au son de Cakes da Killa tout en sirotant un cocktail. Cette soirée du 16 septembre, fait office de mise en bouche avec la synthpop de Mademoizel. Un duo de choc qui viendra compléter un line up généreux. Le public du Romandie aura également le droit, en vrac, à Ah Mer Ah Su, Black Bone et Psycho Weazel (que l’on a pu voir au MJF en 2017) pour une soirée à ne pas manquer. Préparez vos cartables et vos carnets de comportements, l'école buissonnière, c’est maintenant ! Club Sandwich le 16 septembre au Romandie facebook @collectifQULT

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R1 Café Gallay 42, bd de St-Georges

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R3 Le Comptoir 9, rue Richemont

9, av. de la Gare des Eaux-Vives

La Suite 115 > B14 R5 Le Cheval Blanc

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R6 Brasserie des Halles de l’Ile R7 Au Lavandou 54, rue Jacques Dalphin

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totemjeunes.ch A9 Plaque commémorative de Bartholomé Tecia, Place Bel Air A3 Asile LGBT Genève lgbt.asile.ch

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S2 La Case à Max 19, rue de la Navigation S3 Librairie-café Livresse > B8

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S8 BRAVO Coiffure, 16, rue Jean-Gutenberg S9 Publicité – Etienne & Etienne

3, rue de Berne 28, bd du Pont-D’Arve

B7 La Ferblanterie

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B8 Livresse

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B9 La Plage 10, rue Vautier, Carouge B13 Le verre à Monique, B14 La Suite 115 61, rue des Eaux-Vives

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B15 Le Nathan 34, route de Frontenex Kampaï 25, rue de Monthoux > R10 Le Boteco, 12, rue Micheli-du-Crest > R9

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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Double Jeu 4, rue de la Faucille, Annemasse (F)

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14, rue de Neuchâtel

HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : 39, rue Jean-Jaurès, King Sauna ro u tAmbilly (F) ed eF lor i s s a Oxygène 12 Av. de la Mandallaz, Sauna nt Annecy

S13 Coiffure – Trajectoire 9 13, rue de la Filature, Carouge S14 Épilation – Oosmosis, 31, bd Helvétique S15 Mode – Garçon Manquée

31, rue Saint-Joseph

S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tattoo - Y4SHK4 rue des Étuves 5 (sur rdv) S18 Cinéma – Ciné 17, 17, rue de la Corraterie S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux

C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge

15, Alfred-Vincent

8, avenue du Mail S11 Pharmacie 3, rue Ecole de Médecine S12 BD – Cumulus, 5, rue des Etuves

S20 Tattoo – BRUT 6, rue Sismondi

3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est u te d Pradier X2 Duplexx 8,rorue e Ma lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets X5 Cruising Canyon

30, rue Saint-Joseph, Carouge S10 Opticien – Vue des Bains

8, rue de l’Ecole-de-Médecine

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S7 Mode Maniak 6, rue du Vieux-Billard

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26, rue des Vollandes

S5 Massage – Lila Thaï, 3 rue de la Prairie

B6 Fenomeno 28, rue des Pâquis

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B3 Le Cabinet 54, bd. Saint-Georges B5 Le Déclic

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SHOPPING & SERVICES S1 Mode – Monsieur Alain 63 Bd de St-Georges

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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano

PARTIES – SOIRÉES P1 360° Fever, C/o Fonderie Kugler, 19-21 rue de la Jonction

GAYMAP GENÈVE

Parents d’Homos,

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T1 Dubois 4, carrefour de Villereuse T2 Dubois 49, boulevard Carl-Vogt T3 Chez Quartier 24, rue Voltaire

Étudiant.es. Universités et Hautes écoles

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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : L’Appart 36, rue du Faucigny, Annemasse (F)

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S2 Coiffure – Orange Hair 6, rue de la Barre

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S4 Institut de beauté – ABR – Rosina fleury

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S7 Réflexologie – Noémie Forlano

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S8 Mode – Scorpion 18, rue de la Madeleine S9 Piercing – Drop-In 20, Petit-Chêne

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Mode – Un Style de Vie 9, av. SamsonRaymondin 1009 Pully (13km)

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Paysagiste – Des Mélèzes 18, ch. de la Foule, 1322 Croy Bio – Dolcebio Grand-Rue, 1350 Orbe

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SHOPPING & SERVICES

Services proposés aux personnes bi

S2 Coiffure et Shopping – Tête à clak

Services proposés aux personnes trans

8, rue du Centre

BARS

S3 Body art – Mario’s Piercing & Tattoo Experience 23, rue du Conseil

B1 REX « Good Vibes » 22, rue de la Madeleine on

S5 Décoration – EvasionMD, 20, rue du Lac S6 Décoration – Un Amour vache, un Amour

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LAUSANNE

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ASSOCIATIONS A1 Lilith

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A2 SID’Action 12, rue Etraz

X1 Le Garage et Trafick 22b, avenue de Tivoli

A3 VoGay

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15, Côte de Montbenon

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Galerie Saint-François

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> www.unil.ch/planqueer Fondation Agnodice

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9, av. de Tivoli 6, Bellefontaine

SANTÉ/HEALTH A4 Checkpoint Vaud A v e n Centre de conseils et dépistage VIH et IST u

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22, rue du Pont

www.mycheckpoint.ch A5 CHUV/Hospital

021 631 01 76

Urgences/Emergency

0848 133 133

Consultation VIH/

HIV testing and info

Traitement post-exposition

VIH (PEP)/HIV post-

exposure treatment

Dermatologie (IST)/

Dermatology (STD’s)

Police

Urgences/Emergency

BARS B2 Bourg 51, rue de Bourg

021 314 10 22

Bernaldo B&B

B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel

RESTAURANTS

3, rue de la Grotte

R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières

PARTIES – SOIRÉES

R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point

P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève

R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R6 Le relais 163, av. de Morges

P2 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3

R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av. de Tivoli > B3

P3 Les Docks, Avenue de Sévelin 34 021 314 04 00

47, av. de la Harpe

B6 Pin Up bar 31, rue Marterey B8 Le Saxo

021 314 66 66

22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP :

P4 My House, Place St-François 12

HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Le Raisin Les Cullayes (13km)

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360° 360° – DÉCEMBRE – SEPTEMBRE & JANVIER 2017 2016

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RESTAURANTS R1 Adrianos Theaterplatz 2 R2 Aux Petits Fours Kramgasse 67

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R11 Lorenzini Hotelgasse 8

Gerechtigkeitsgasse 75 B1 Blue Cat Rathausgasse 42 B2 Comeback Bar

R12 O’Bolles Bollwerk 35

B4 ONO Kramgasse 6

R14 Marcel’s Marcili Neubrückstrasse 8

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R13 Sous le pont Marzilistrasse 25

Tag-Café Espresso Rathausgasse 44

PARTIES – SOIRÉES SANTÉ/HEALTH

c/o ISC ; P1 Tolerdance Neubrückstrasse 10 c/o Kapitel Bollwerk

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Dermatologie (IST)/ Dermatology (STD’s)

031 632 22 88

Police Urgences/Emergency 117

Gerberngasse 36

X3 Sauna Aqualis

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CRUISING

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K1 UNCUT C/o Kino REX Schwanengasse 9 Marienstrass e

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360° – SEPTEMBRE 2017

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CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS

NOMENCLATURES

es mots, se disant nouveaux, redéfinissent nos réalités. Des mots qui nous viennent tout droit de cet endroit que j’exècre depuis que leurs ancêtres sont apparus au sein de cet américain, dominant et politiquement correct verbiage contre lequel je me suis insurgée, tant ils ne font trop souvent que changer l’étiquette sans que le contenu n’en soit altéré ni que celles et ceux qui les portent n’en soient mieux considéré-e-s. Quant au langage épicène, étendard de l’égalité entre les sexes, je le respecte et l’applique depuis son apparition et, bien que je n’y croie que peu, j’appellerai chacun-e selon ses propres désirs ; auteure, metteure ou metteuse en scène, professeure ou professoresse, cheffe, ingénieure... Mais je reste seule maîtresse à bord de ce navire qui est mien et seule je choisis les mots qui tenteront me qualifier, libre de les changer au gré de mes caprices, hors de toute loi ou nomenclature; je suis auteur et écrivain, car ici le masculin sied à ma féminité et égratigne plus à mon sens le patriarcat ambiant ; chanteuse, conteuse car ma voix, ma pensée et mes intentions disent le féminin. Peintre à mes heures, je me fait dessinatrice, graphiste parfois, penseuse, songeuse, emmerdeuse ou emmerderesse à temps partiel et parfois même divine bestiole. À chacun-e sa façon de résister. La mienne, aux autoroutes balisées et grilles de lecture homogénéisées ne laissant de place à personne d’autre qu’à qui les remplit, préfère les chemins de traverse et l’école buissonnière, plus sensibles et humaines à mon goût. Greta Gratos

Autoportrait d’après Carlo Crivelli – Maria Magdalena

« Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots. Rien que des mots. Paroles que tu sèmes au vent ; caramels, bonbons et chocolat. Pas pour moi, mais tu peux bien les offrir à une autre. Moi, les mots tendres enrobés de douceur se posent sur ma bouche, mais jamais sur mon coeur. » Leo Chiosso, Giancarlo Del Re – adaptation française : Michaële

Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Zeda Chauvet Edmée Cuttat Annabelle Georgen Antoine Gessling Greta Gratos Salomé Kiner Alexandre Lanz Sarah Nabil Guillaume Renevey Francesca Serra François Touzain

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Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH-1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74

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Corrections Zino Davidhoff Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)

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Toute reproduction est strictement interdite pour tous les pays, sauf autorisation écrite de 360°.

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