360° n°166 de mai 2017

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N° 166 Mai 2017 – CHF 6.– €6 – 360.ch

TRANS* DE VIE MOBILISATION IDAHOT 2017

PODIUMS

TAMY GLAUSER

MUSIQUE

SANDOR NOUS ÉVEILLE



360° – MAI 2017

EXISTER ACTU

INTERNATIONALE Lapidation à Sitges – P.2 Cowboy - P.3 SUISSE La pride répond - P.4 Le plein d’informations sur les familles - P.5 CANTONS Ados transgenres mieux reconnus - P.6 IDAHOT Contre l’homophobie et la transphobie - P.7 BOLIVIE Soy del Ambiente – P.10

SOCIÉTÉ

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l est parfois facile de se laisser emporter par le confort. De se dire que pour les personnes LGBT les conditions de vie actuelles en Suisse sont même plutôt bonnes. Que l’on en demande peut-être un peu beaucoup. Que l’on nous donne la main et que finalement on prend le bras. J’ai déjà eu l’occasion de vous parler d’éléments scientifiquement irréfutables qui jouent en faveur d’une action ciblée à l’égard de nos populations. Aujourd’hui, il y a pourtant dans l’acronyme LGBT une lettre qui est encore trop souvent mise de côté. Elle l’est, car elle se joue totalement de la binarité des genres. Il s’agit du transgenrisme. Nous vous proposons dans ce numéro de découvrir les portraits de personnes qui vivent cette réalité en Bolivie. La situation dans ce pays est à bien des égards différente de celle que l’on peut retrouver en Suisse. Mais énormément de similitudes sont aussi à relever. Bien que né de la même envie de faire bouger les choses, le magazine 360° est indépendant de l’association 360. Rappelons toutefois que cette structure fut la première en Suisse à s’intéresser à cette thématique, il y a près de 20 ans. A travers ces quelques lignes, je souhaite rendre hommage à toutes ces militantes et tous ces militants qui, depuis de nombreuses années, se mobilisent pour permettre à des personnes, tout simplement, d’exister. Pour que l’astérisque que l’on accole au mot trans* ait bien la portée qu’il mérite. Pour rappeler l’incroyable diversité des identités et la richesse qu’elles représentent.

CULTURE

THÉÂTRE Être ou ne pas être – P.27 ARTYSHOW Leslie-Lohman museum homo artifex – P.32 CINÉMA Ni d’ici ni d’ailleurs – P.34 Illusoire virilité – P.35 LITTÉRATURE Homo, arabe et désenchanté - P.36 LIVRES Histoire – P.39

GAYMAP

GROS PLAN Une maison au cœur de la ville – P.43 MUSIQUE Sandor, la force tranquille – P.44 SORTIE Avant-garde visuelle - P.46 Cover girl - P.46 EXPO Plein les yeux – P.48

Guillaume Renevey, Rédacteur en chef

ET ENCORE

Vignette édito ©Nicolas Schopfer Couverture ©Delphine Blast/Hans Lucas Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch

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TRANSDESSINÉE – P.39 INFOS PARTENAIRES – P.40-41 TU T’ES VU ? – P.50 et 53 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS – P.60

SOMMAIRE N° 166

BUZZ Pop kids forever – P.15 SORCELLERIE Witch bitch - P.16 MODE Tape à l’œil - P.20 DESIGN Versatilité des franges - P.25


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LAPIDATION À SITGES Les faits se sont déroulés fin 2016 mais ce n’est qu’au mois d’avril que la victime a décidé de raconter son histoire au quotidien catalan « El Periódico ». L’instruction judiciaire suit son cours.

ACTU INTERNATIONALE

François Touzain

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a première fois que celui qui se présente comme Andrès et souhaite garder l’anonymat rencontre ses agresseurs, c’est dans un bar de Sitges où il passe la soirée avec des amis. Là déjà, les moqueries homophobes et les regards haineux ne laissent aucun doute sur les intentions de ces individus. Au petit matin, tandis que ses amis rentrent à leur hôtel, Andrès va se poser à la plage en attendant l’heure du premier train pour Barcelone. Il va tomber à nouveau nez à nez avec les malfrats. A-t-il été suivi ? Il décide d’éviter l’affrontement direct et se dirige vers la gare, qui va être le lieu de son calvaire. Après les insultes et les menaces de mort viennent les coups. Les jeunes

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commencent ensuite à lui jeter des pierres au point qu’il perd conscience et qu’il est laissé sur les rails selon les témoins. Un des criminels se désolidarise alors du groupe pour le remonter sur le quai, à peine une minute avant l’entrée en gare du train, ce qui d’après Andrès, lui a sauvé la vie. Les deux principaux agresseurs ont été identifiés par la police. L’un, majeur, est en détention préventive, l’autre, mineur, sous tutelle officielle. « Les faits pourraient être qualifiés de tentative d’homicide ou assassinat avec circonstance aggravante de préméditation », selon l’Observatori Contra l’Homofòbia, qui s’est porté partie civile dans l’affaire. 2


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TOU TE SUR L’ACTU LE 360.C SITE H

TCHÉTCHÉNIE

CAMPS ET TORTURE

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Un Australien de 18 ans a courageusement répondu aux menaces homophobes lancées contre lui avant sa participation à un rodéo.

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l a 18 ans et sa passion, c’est de monter les taureaux. Mais Josh Goyne est aussi ouvertement gay. Et dans le milieu du rodéo, cette identité assumée ouvertement a du mal à passer, comme il l’a révélé dans une vidéo postée sur Facebook. « Aujourd’hui on m’a demandé si c’était une bonne chose que les gays soient morts du sida, et ensuite le type m’a dit qu’il aurait aimé vivre en 1850, juste pour me descendre. » Josh a porté plainte, mais il souhaitait répondre à l’auteur des menaces. « Ils pensent qu’ils vont m’empêcher de participer au rodéo, mais il n’y a aucune chance. Je ferai face fièrement à tous les homophobes

et je leur dirai que je suis un cowboy fier et ouvertement gay. » Le message courageux de Josh contre l’homophobie, « un problème encore terrible en Australie rurale », a eu un écho considérable dans le pays. Le garçon, originaire de la région de Central Coast (sud-est), s’est réjoui des réactions « géniales à 99,9 % » à sa vidéo. « Certains cowboys hétéro m’ont dit que j’aurai leur aide si quoi que ce soit tourne mal », a-t-il raconté à news. com.au. Les dons ont aussi afflué sur sa page de financement participatif. Ils lui permettront de payer son voyage au Texas pour participer à une compétition. FT

« Le sabbat, lieu d’orgie et débauche

« satanique » cristallise tous les tabous d’une société patriarcale et sexophobe. » La suite en page 16 3

twitter@magazine_360 facebook.com/pages/360

ACTU INTERNATIONALE

COWBOY

Les protestations contre les persécutions d’homosexuels présumés en Tchétchénie prennent de l’ampleur à travers le monde. Parmi d’autres pays, les Etats-Unis et la France ont exprimé leur préoccupation face aux informations faisant état de rafles antigay dans la république russe du Caucase. C’est le magazine moscovite Novaya Gazeta qui évoqué pour la première fois, au début du mois d’avril, l’arrestation d’une centaine d’hommes soupçonnés d’être gays. Divers médias et ONG ont, depuis, rassemblé des informations concordantes sur les tortures perpétrées sur les détenus, forcés de livrer les noms d’autres homosexuels. Un camp militaire à Argun servirait de centre pour ces exactions, apparemment commises sous l’ordre du président du Parlement tchétchène Magomed Daoudov. Au moins trois hommes auraient péri lors de ces opérations.


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LA PRIDE RÉPOND Des élus PDC s’offusquent de l’organisation d’une pride à Lugano en 2018: un événement « étranger aux traditions » locales et dangereux pour le tourisme, selon eux.

ACTU SUISSE

François Touzain

Un « événement de niche, à certains égards controversé et étranger à nos traditions. » C’est ainsi que trois représentants du PDC de Lugano ont qualifié la Gay Pride projetée du 30 mai au 3 juin 2018. A plus de d’un ans de la parade LGBT – la toute première dans le très conservateur Tessin – Armando Boneff, Sara Beretta Piccoli et Angelo Petralli cherchent déjà des poux dans la tête des organisateurs. Ces élus s’inquiètent du préavis positif donné par la municipalité à l’événement itinérant, rapporte le site Tio/20 minuti. Née à Genève en 1997, la Pride se tient chaque année dans une ville différente. Elle se déroulera cette année à Berne, en août. Dans une série de questions adressée à l’Exécutif luganais, les conseillers municipaux démocrates-chrétiens laissent entendre que la ville a récemment réduit ses aides au carnaval pour aider la Pride, selon eux difficilement compatible avec l’image de marque de la ville et avec « l’objectif des touristes que nous souhaitons attirer ».

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Il a d’abord démenti toute attribution de fonds publics à la Gay Pride, qui n’a pas demandé d’argent à la commune. « Il n’est pas vrai que l’événement ne correspond pas aux objectifs touristiques de la ville, a-t-il ajouté. Ce type d’événement a bel et bien un impact positif, comme cela a été montré dans d’autres villes suisses et dans le monde. » L’organisation d’une Pride montrera selon lui un nouveau visage de Lugano, comme une « ville inclusive » : « Arrêtons de nous considérer comme le nombril du monde et de mettre tout dans le même sac. » Sur sa page Facebook, le comité d’organisation Pride 2018 a adressé un message aux Luganais en réponse aux critiques : « La Suisse italienne a besoin de cette Pride pour changer la société. Nous autres lesbiennes, gay, bi et trans sommes vos amis de lycée, vos voisins, vos cousins, vos collègues. Nous sommes le commerçants en bas de chez vous, l’enseignant, le conducteur du bus qui vous amène au boulot. Nous avons les mêmes devoirs, nous payons les mêmes impôts, et nous vous demandons de construire ensemble une société où personne – à l’école, dans la rue, au travail ou sur le Net – ne serait légitimé à nous insulter, nous harceler ou nous discriminer. »

«ATTAQUE IDÉOLOGIQUE» Interviewé sur la chaîne locale TeleTicino, le membre de l’Exécutif Roberto Badaracco (PLR) a répondu en dénonçant une « attaque aux motifs idéologiques ». 4


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Une nouvelle brochure de la faîtière suisse « Familles arc-enciel » offre des conseils pour les personnes LGBT qui souhaitent avoir des enfants, ainsi que pour les professionnels.

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es couples de même sexe peuventils adopter un enfant ensemble ? Comment trouver des dons de sperme privé ? La gestation pour autrui est-elle autorisée en Suisse ? Les enfants des familles arc-en-ciel sont-ils plus souvent victimes de harcèlement ?… Ce sont quelquesunes des questions auxquelles un nouvel opuscule de la fédération suisse Familles arc-en-ciel propose de répondre. Téléchargeable gratuitement, « Questions et réponses pour les familles arc-en-ciel et les personnes LGBTQ souhaitant fonder

une famille » est disponible en français, allemand et italien. En quatorze pages, il répertorie les interrogations les plus fréquemment posées par les parents et futurs parents gay, bi, lesbiennes ou trans accueillis depuis 2010 par les diverses associations de la faîtière. Le document informe ainsi principalement et de manière détaillée sur les aspects sociaux, psychologiques et juridiques en lien avec les familles arc-en-ciel en tant que structure familiale. Il a pu être réalisé grâce au soutien financier de Pro Familia Suisse dans le cadre d’un contrat de mandat. FT Publicité

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ACTU SUISSE

LE PLEIN D’INFORMATIONS SUR LES FAMILLES


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ACTU CANTONS

ADOS TRANSGENRES MIEUX RECONNUS

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’est une première à Genève, mais pas forcément en Suisse romande. Un élève trans a récemment obtenu du Département de l’instruction publique la reconnaissance de son nouveau prénom, masculin. Une séance a été organisée dans la classe pour accompagner cette annonce, bien accueillie par le corps enseignant et les autres élèves, rapporte la RTS. Selon les autorités, une vingtaine de jeunes ont entamé ce type de démarches, la plupart

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au cycle d’orientation (12-15 ans). Le Canton de Vaud précise que plusieurs élèves ont changé d’identité de genre – sans que cette transition fasse l’objet d’une médiatisation. Les deux cantons sont en train d’élaborer des protocoles pour ce type de situation. A Genève, un projet dont on connaît encore mal les contours sera présenté au mois de mai. Nous ne manquerons pas de revenir sur cette information dans notre numéro de juin. FT Publicité

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VERNIER AUSSI

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©Paul Harfleet

La Ville de Genève s’engage pour la lutte contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle et à l’identité de genre.

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réludes aux Prides à travers le monde, le 17 mai est une date importante pour la communauté LGBTIQ. C’est en effet la date choisie pour la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. La première édition s’était tenue en 2005, 15 ans jour pour jour après la suppression de l’homosexualité de la liste des maladies mentales de la classification internationale publiée par l’Organisation mondiale de la santé. Près de 30 ans plus tard cette thématique figure, pour certaines administrations, au coeur de leur politique de diversité. C’est le cas notamment de la ville de Genève. Pour la campagne 2017, le service Agenda 21 – Ville durable a fait appel à Paul Harfleet. Avec son Pansy Project, l’artiste londonien propose aux victimes de violences homophobes ou transphobes de planter

une pensée sur le lieu de leur agression, pour « changer un lieu de haine en lieu de beauté ». Jusqu’à la fin mai, six visuels différents seront disséminés aux quatre coins de la ville. Elles illustrent autant de cas de violence, physique ou verbale, vécue dans l’espace public. En évoquant des situations réelles, survenues dans des lieux bien connus des Genevoises et des Genevois, cette campagne se veut révélatrice de la violence subie au quotidien par les personnes LGBT. L’objectif est également d’encourager les victimes à faire entendre leurs voix. La Ville de Genève propose aussi un large programme d’activités dans le cadre de l’IDAHOT en partenariat avec les associations et d’autres institutions. L’ensemble du programme est disponible sur 17mai-geneve.ch 7

Pour en savoir plus, rendez-vous sur vernier.ch

LAUSANNE EXPOSE Du 9 au 20 mai le Conseil des jeunes de Lausanne propose l'exposition Jeunes versus homophobie au forum de l'Hôtel de Ville. Infos sur jeunes-vs-homophobie.ch

ACTU IDAHOT

CONTRE L’HOMOPHOBIE ET LA TRANSPHOBIE

’est une initiative à saluer. Elle nous vient de Vernier, la deuxième ville du canton de Genève et la cinquième plus grande à l’échelle romande. La démarche est plus précisément le fruit du Réseau jeunesse verniolan. Partant d’un constat partagé autour du peu de données sur l’inclusion du genre et de la diversité dans leur travail, du peu de filles présente dans l’espace public et de l’orientation très genré des actions menées, les membres du regroupement ont décidé d’approfondir ces questions. Ce réseau qui regroupe tous les acteurs jeunesse de Vernier est aussi fréquemment témoin de cas d’intolérances sur cette thématique de la part de la jeunesse elle-même. C’est sur cette base qu’un groupe de travail s’est constitué depuis deux ans, afin d’acquérir des outils permettant notamment d’interagir avec les enfants et les jeunes sur ces comportements. Il est à relever que Vernier fait à de nombreux égards figure de pionnier en terme de médiation. Plusieurs paramètres ont été mis en relief à l’issue des travaux du réseau. Il a été décidé de mettre en place des actions qui trouvent désormais leur place dans la semaine de la diversité, du 8 au 13 mai, et visent un large public, puisque les actions dans les écoles débutent dès 4 ans en collaboration avec Animatou et le GIAP et que cette semaine se clôt avec une soirée concert et débat à l’ABARC.


ACTU BOLIVIE

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Candy dans les rues de La Paz

Jennifer dans une maison particulière

SOY DEL AMBIENTE Il y a une année, la Bolivie a promulgué la loi sur l’identité de genre qui permet aux personnes transgenres de changer de nom et de sexe sur leurs documents officiels. Mais la réalité reste difficile Texte : Delphine Blast Images :Delphine Blast/ Hans Lucas

ans une société encore très traditionnelle, il n’est pas bon d’être trans* en Bolivie. Malgré le développement de plusieurs organisations de défense des droits des LGBT dans le pays ces dernières années, de nombreux membres de la communauté doivent aujourd’hui encore affronter l’intolérance et la violence, parfois même dans leur propre famille. En mars 2016, je me suis rendue en Bolivie afin de rencontrer ces personnes qui, trop souvent rejetées et abandonnées à cause de leur identité de genre, restent incomprises mais luttent afin d’être en accord avec qui elles sont vraiment. Rencontre avec celles et ceux qui, stigmatisés, veulent exister.

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a fait une opération de réassignation chirurgicale. Une amie transgenre lui a injecté en anesthésie locale dans le corps plus de deux litres d’huile de silicone de mauvaise qualité pour avoir des formes plus féminines. Ce processus très fréquemment utilisé est très douloureux mais aussi très dangereux. Plusieurs personnes transgenres ont déjà perdu la vie ou ont eu des complications. Sa famille a accepté son changement d’identité, car « ils sont plutôt ouverts », comme l’explique Candy, « mais cela n’est pas toujours aussi facile, loin de là, surtout dans un pays comme la Bolivie. Les gens me dévisagent dans les rues de La Paz ou de Santa Cruz. Ils sont mal à l’aise, mais je m’en fiche. »

CANDY Candy est transgenre depuis qu’elle a 17 ans. Elle se prostitue depuis trois ans pour gagner sa vie et se payer ses opérations. En avril 2015, dans la plus grande clandestinité, elle

JENNIFER Jennifer se transforme régulièrement en femme, et ce depuis l’âge de 6 ans. « Je portais en cachette les vêtements de ma mère lorsqu’elle partait de la maison. » Jennifer

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a du mal à définir son identité : « Je ne suis pas trans, je ne suis pas gay, j’aime les femmes, mais me transformer est pour moi un moyen d’exprimer une partie de moi. Je me sens bien en femme. » Habitant toujours chez ses parents et travaillant avec eux dans l’entreprise familiale de fabrication de bijoux, Jennifer n’est jamais sortie de la maison « transformée ». Elle a trop peur, peur d’être reconnue par des voisins, des amis, des membres de sa famille. Sa chambre est son jardin secret où elle peut s’échapper virtuellement grâce à son ordinateur, à Facebook notamment. « Cela me permet d’exprimer mon deuxième moi, mais aussi de connaître d’autres personnes qui me ressemblent. » Dans l’armoire de sa chambre, au fond d’une étagère, Jennifer cache un sac de sport dans lequel elle a quelques robes, une paire de chaussures à talons, du maquillage et une perruque. Deux à trois fois par mois, elle ouvre ce sac et se transforme, mais sans jamais sortir. Il lui arrive parfois de voir une amie « comme elle » et de se transformer chez elle. « Cela me suffit pour le moment même si j’aimerais parfois sortir dans la rue. Mais je ne

Luna dans la rue devant chez elle

pense pas que cela se réalise un jour, encore moins dans un pays comme celui-ci ». ROBERTO Roberto est né homme mais s’est toujours senti femme. Il se transforme lors d’événements spéciaux ou en soirée. Le reste du temps, il préfère rester discret. « Je croyais que j’étais malade. C’est à mes 19 ans, lorsque j’ai commencé à travailler dans une boîte gay pour dépanner un ami, que j’ai compris que je n’étais pas seul », explique t-il. Fils aîné d’une fratrie de six enfants, seule une de ses sœurs est au courant qu’il est gay et se travestit. C’est d’ailleurs avec elle qu’il a monté une entreprise de confection de robes traditionnelles boliviennes dans laquelle il travaille aujourd’hui. Il ne s’imagine pas en parler un jour à ses parents qui sont très croyants et conservateurs. Le petit ami de Roberto est lui aussi conservateur mais accepte qu’il se transforme. Ils se sont rencontrés il y a 4 ans dans un café de l’université et habitent ensemble depuis 3 ans. Leurs voisins ignorent qu’ils sont homosexuels et pensent que l’ami de Roberto l’héberge pour qu’il puisse être proche de son travail. 9

« Nous devons faire très attention. Moi, je suis à mon compte mais mon ami est professeur dans une école primaire. Si la direction apprenait qu’il est gay, il pourrait être viré. » LUNA Luna est une figure publique de la communauté LGBT en Bolivie. Dans la ville d’El Alto, au Nord de la Paz où elle habite, tout le monde la connaît. Contrairement à beaucoup de personnes transgenres, elle vit pleinement sa transidentité. Elle le doit en grande partie au soutien de sa famille qui, loin de la juger, l’aide beaucoup. « Lorsqu’à mes 16 ans, j’ai dit à mes parents que j’étais gay, ils n’ont pas été surpris. Ils ont même plutôt bien réagi », explique t-elle. Luna, née Rudy, a toujours su qu’elle était une femme et n’a jamais cherché à dissimuler son comportement efféminé, malgré les nombreuses discriminations qu’elle a subies : « A plusieurs reprises, j’ai subi des insultes et on m’a même refusé l’entrée en discothèque parce que j’étais transgenre ». A El Alto, où elle travaille en tant que secrétaire dans une école privée, les habitants ne sont pas tendres : « C’est une ville très difficile pour la communauté car

ACTU BOLIVIE

Roberto termine de se "transformer" en Thaïs


ACTU BOLIVIE

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Gyna dans les rues d’El Alto

la majorité des habitants vient de la campagne où les mentalités sont très fermées et traditionnelles. » Luna est l’une des premières personne transgenre bolivienne à avoir bénéficié de la loi N°807 d’identité de genre votée en mai 2016 et à obtenir une carte d’identité nationale avec son nouveau nom. TAMARA Tamara, en couverture, a mis du temps à avouer qu’elle était différente. A avouer aux autres mais surtout à elle-même. Issue d’une famille bourgeoise, elle a reçu une éducation très stricte. Mariée deux fois, Tamara (Antonio à l’époque) a eu trois enfants de ces deux unions. Mais un jour, elle décide de faire le bilan : « J’avais 33 ans et je me suis demandé ce qui manquait à ma vie. J’avais un métier intéressant, une maison, une voiture, une famille, mais je n’étais pas heureuse. Puis un soir, j’ai regardé un film qui racontait l’histoire d’un homme qui, comme moi, avait fondé une famille mais avait fait son coming out. Je me suis alors dit que si lui pouvait le faire, alors moi aussi ». Mais cela ne s’est pas fait sans mal. En plus de la réaction de sa famille,

Tamara, travaillant au ministère de la Défense, craignait de perdre son travail. Puis, il y a 4 ans, elle s’est enfin jetée à l’eau. Son annonce a eu l’effet d’une bombe auprès de ses proches. « J’ai tout perdu », explique-t-elle. Sa femme l’a quittée et est partie s’installer aux États-Unis avec leur fils. A part sa mère, Tamara n’a plus aujourd’hui de contact avec le reste de sa famille. Aujourd’hui, elle se dit heureuse et passe beaucoup de temps avec sa fille de 12 ans, restée avec elle et qui l’appelle « Mapi ». Après avoir subi pendant plus de trois ans des opérations chirurgicales, elle poursuit progressivement sa transition. Porte-parole active des LGBT en Bolivie, elle est très engagée et souhaite que le regard de la société bolivienne change. Elle a mis en place un programme d’éducation de la communauté à travers notamment un programme radio. Tamara est aujourd’hui la première fonctionnaire publique transgenre de Bolivie. GYNA Les parents de Gyna, très traditionnels, se sont rapidement rendus compte que leur fils était très 10

efféminé mais ne l’ont jamais accepté. « À 13 ans, je m’habillais en fille en cachette et je sortais dans la rue. Les gens me regardaient d’un drôle d’air mais je m’en fichais. » Un jour, à 18 ans, alors qu’elle avait passé la soirée dans une discothèque spécialisée, elle rentre au petit matin chez sa mère, encore en tenue de travestie et bien alcoolisée. « Ma famille m’a alors découvert en femme. Tour le monde pleurait, c’était un drame. » Elle décide alors de ne plus se cacher. Exclue de plusieurs lycées à cause de sa transidentité, elle décide finalement d’interrompre ses études pour se prostituer. « J’ai rencontré des transsexuelles qui m’ont prise sous leur aile et m’ont aidée. » Avec l’argent de ses passes, Gyna finance ses opérations de transformation et se fait opérer de la poitrine, des fessiers puis du nez. « Mais l’argent me servait aussi à me faire accepter dans ma famille. J’ai pu faire des cadeaux à mes frères et sœurs et aider ma mère à payer le loyer. » Aujourd’hui, Gyna vit toujours chez sa mère et veut arrêter la prostitution. « J’attends d’avoir assez d’économies pour finir la maison que


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je suis en train de construire et louer des chambres à l’année. Je veux reprendre mes études. » COCO Fruit d’une union clandestine, Coco n’a jamais été reconnue par son père. A 9 ans, il a tout de suite su qu’il était différent des autres garçons de son âge et qu’il se sentait fille. Sa mère, très conservatrice, décide de l’envoyer à 11 ans dans un ranch à la campagne pour « le soigner » et en faire un vrai homme. Il y passe plusieurs années à s’occuper du bétail mais il se fait voler toutes ses économies par un beau-père peu scrupuleux. Il rentre alors à Santa Cruz pour commencer une nouvelle vie, en tant que femme cette fois-ci et commence à se prostituer. A 26 ans, son fiancé avec qui elle partageait sa vie depuis plus de 4 ans décède du VIH. « Cela a été très difficile pour moi car en plus de la mort de mon ami, j’ai dû faire face au comportement très dur de la communauté LGBT. J’ai été accusée de tous les maux. S’il y a de la solidarité, il peut y avoir aussi une très grande rivalité. » Commence alors une période sombre. Coco quitte Santa

Marcelo dans son appartement

Cruz pour s’installer à La Paz où elle découvre le monde de la nuit et ses travers. « Cela a été ma perte. J’ai découvert les fêtes privées, les boîtes gays. Je suis tombée dans la drogue et l’alcool. » Cette période a duré des années où Coco s’est détruite physiquement et psychologiquement. Aujourd’hui, Coco veut retrouver une vie normale. Sobre depuis trois ans, elle travaille en tant que couturière et confectionne des vêtements pour ses amies de la communauté. A la fin de l’année 2016, elle espère avoir réuni assez d’argent pour se faire opérer de la poitrine. MARCELO A l’âge de 8 ans, Marcelo a subi plusieurs agressions sexuelles de la part d’un des ses cousins, âgé alors de 16 ans. Depuis ce moment là, sa vie a basculé et il ne s’est plus jamais senti « homme », comme il l’explique : « Après ces abus, plus rien ne pouvait être comme avant. Je me sentais sale, on m’avait volé mon identité. » Originaire d’un petit village du Béni, région rurale située au Nord du pays, son enfance a été très difficile. Rejeté par la majorité de ses amis, il est parti de la maison familiale 11

à ses 17 ans pour s’installer dans la capitale, La Paz, plus précisément dans la ville d’El Alto où il s’est rapproché de la communauté LGBT qui pour lui est devenue sa « nouvelle famille ». Il vit aujourd’hui avec son petit ami, avec lequel il partage sa vie depuis 5 ans, dans un appartement qu’ils rénovent ensemble dans le centre de la ville. A part son compagnon et la famille de celui-ci, personne n’est au courant de la double identité de Marcelo. Sa famille restée dans le Béni ignore tout de sa double vie, même s’il pense que sa mère s’en doute : « Chaque maman le sait quelque part, non ? » avoue-til timidement. Marcelo se transforme régulièrement en femme, notamment lors d’événements particuliers comme la Gay Pride ou lors de soirées spéciales. Mais la majeure partie du temps, dans le civil, il sort en homme, comme au travail par exemple où il est comptable, pour éviter tout problème et le regard désobligeant des autres. « Les mentalités sont très fermées ici. J’ai souvent envie de pleurer car je me sens très seul. J’ai envie de crier à ma famille qui je suis vraiment mais j’ai

ACTU BOLIVIE

Coco dans le nouveau terrain qu’elle vient d’acquérir


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ACTU BOLIVIE

Angie dans sa salle de bain

trop peur de leur réaction. J’ai peur et honte aussi. Mais ma famille me manque terriblement. » ANGIE Angie a passé la majeure partie de son enfance avec sa sœur et sa cousine. Ses parents, très pris par leur travail, étaient souvent absents. Dès l’âge de 3 ans, elle passait la majeure partie de son temps à jouer à des « jeux de filles », comme elle l’explique : « Je mettais leurs vêtements, nous jouions ensemble à la poupée. A l’âge de 15 ans, je me suis rendu compte que j’étais différent des autres garçons de mon âge. Je regardais les filles, non pas parce qu’elles m’intéressaient mais parce que j’étais fascinée par leurs habits, la manière dont elles s’exprimaient, elles marchaient. » Dès qu’il se trouvait seul dans l’appartement familial, il empruntait les robes de sa soeur pour se travestir. À 18 ans, il est allé dans la ville de El Alto, de nuit, pour acheter de la lingerie. « J’étais terrifié à l’idée que quelqu’un me reconnaisse dans la rue. La société bolivienne est très fermée, très machiste. » Angie cache ses nouveaux vêtements dans la petite pièce qui sert de laverie à la famille. Celle-ci ne sait rien du malaise d’Angie et de sa double identité. Parfois, lorsque ses parents s’absentent plusieurs jours, elle en profite pour

Gabriela dans les rues de La Paz

aller chez deux amies travesties et sortir en boîte de nuit. Angie est très timide et ne se sent pas à l’aise dans son corps d’homme. Elle n’a jamais eu de petit(e) ami(e). Elle aimerait un jour rencontrer un homme plus âgé qui prenne soin d’elle et l’accepte telle qu’elle est. GABRIELA Lorsque les parents de Gabriela découvrent par hasard la garde robe féminine de leur fils dans sa chambre, ils lui demandent de consulter un psychanalyste. Gabriela a alors 21 ans et décide de partir de la maison pour aller à Cochabamba, chez une amie. « Je m’occupais de la tante de mon amie qui était très malade. Elle me payait très peu mais au moins je pouvais m’habiller comme je voulais. » Elle passe beaucoup de temps sur Internet à se documenter sur les hormones à prendre pour être plus féminine. « L’automédication est tellement facile en Bolivie, explique t-elle. J’achetais tout en pharmacie. » Si elle a commencé par effectuer des travaux alimentaires, Gabriela voulait surtout travailler dans son domaine de prédilection : l’ingénierie civile. Elle a commencé à envoyer des CV pour des postes qualifiés avec son nom civil (d’homme) mais avec une photo de femme. « Je n’ai presque pas eu de réponses. 12

Et lorsque c’était le cas, on m’appelait par curiosité, comme si j’étais une bête de foire. » Au bout d’un an de recherche vaine, elle sombre dans la dépression. Jusqu’au jour où elle en a eu assez et craque. « J’ai pris des ciseaux et j’ai coupé mes cheveux. J’avais 24 ans. C’était terrible, je me suis sentie très seule. C’était un échec, un retour en arrière. » De retour à La Paz, elle poursuit ses recherches d’emploi mais en tant qu’homme. Au bout de quelques semaines, elle décroche un contrat dans son domaine et gravit les échelons. Gabriela est aujourd’hui ingénieure dans une grande entreprise nationale de télécommunication. Elle a une petite amie depuis sept ans qui ignore tout de sa vie de « femmetransgenre » comme elle se définit. « Je ne me transforme plus que très rarement aujourd’hui. J’en ressens moins le besoin car lorsque je me regarde dans le miroir, je sais que je suis une femme au fond de moi. Et puis je me suis fait une raison : parfois on aimerait conduire une Ferrari mais ce n’est pas possible. La vie est ainsi faite », explique-t-elle, fataliste. ROBERTA Depuis l’âge de 7 ans, Roberto – à l’époque – a toujours su qu’il était femme à l’intérieur : « Lorsque je prenais mon bain avec ma sœur,


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Roberta Benzi, première femme transgenre de Bolivie, chez elle

onéreuse qui coûtât à l’époque plus de 50 000$ US, financée grâce aux revenus de ses parents. Renvoyée de l’université catholique de La Paz, elle décide de partir au Chili afin d’étudier le journalisme avec un seul objectif : revenir en Bolivie avec son diplôme et prouver aux autres qu’elle avait sa place et qu’elle avait les même droits qu’eux. « Je voulais leur montrer que moi aussi, je faisais partie du monde ». Cela ne s’est pas fait sans mal mais a au final été payant. La même année, Roberta revient en Bolivie pour se faire opérer de la poitrine à Cochabamba. Lorsqu’elle décrit les différentes étapes de sa vie, Roberta explique : « Je suis né petit garçon, à l’adolescence je suis devenu homosexuel, ensuite j’ai été travestie, puis transsexuelle pour être aujourd’hui femme. » Roberta Benzi a été élue Miss Bolivia Gay en 1983. Devenue le symbole de la lutte des droits des femmes en Bolivie, Roberta Benzi est une figure publique reconnue et très sollicitée. Un jour national lui est même dédié : le 17 octobre, jour national de Roberta Benzi des femmes boliviennes. Se consacrant à diverses activités, notamment la création de bijoux, elle vit aujourd’hui entre Lima et La Paz et se dit très heureuse : « Après toutes ces années, je suis enfin devenue ce que je voulais être. » 13

ACTU BOLIVIE

je pensais que mon pénis allait tomber. J’empruntais régulièrement les robes et les chaussures de ma mère pour me déguiser en fille. Pour moi, c’était cela la normalité ». Sa chance, comme elle l’explique avec une grande lucidité, est qu’elle a été beaucoup soutenue par sa mère dans son combat. Celle-ci, élue miss Bolivie en 1956, avait une place importante dans la haute société bolivienne, et prenait régulièrement la défense de sa fille et n’hésitait pas à prendre la parole : « Si vous n’acceptez pas ma fille comme elle est, dans ce cas, vous ne m’acceptez pas. » Son père, ancien footballeur et alpiniste de haut niveau, n’a jamais vraiment accepté sa situation, comme l’ensemble de sa famille et ses amis. « Mon adolescence a été très difficile. J’ai suivi une partie de mon éducation dans un lycée jésuite de la haute société bolivienne mais c’était horrible, je subissais les railleries de tout le monde. Souvent, lorsque nous nous rendions avec ma mère dans des parcs ou autres lieux publics, les personnes partaient en nous voyant », explique-t-elle. Désireuse malgré tout de vivre sa transidentité, Roberta refusait de se cacher et elle a été renvoyée de nombreux établissements scolaires. A ses 21 ans, elle se rend au Brésil pour changer de sexe. Une opération



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POP KIDS 4EVER VO GAG N EN S PLA EZ V CO OYA CES E N O À C RDO T VO N MA ONCO NNÉE S GA S ZIN URS@ .CH E360

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Sortez les boules à facettes et les lunettes fluo : les Pet Shop Boys sont de retour au Montreux Jazz Festival le 3 juillet prochain. Alexandre Lanz

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ronie du sort pour un groupe qui ne se destinait absolument pas à la scène à ses débuts, Pet Shop Boys honore de sa présence le Montreux Jazz pour la deuxième fois en juillet 2017. Plus à l’aise à composer dans l’ombre des studios d’enregistrement qu’en live, le duo so british est malgré tout omniprésent sur la scène pop depuis plus de 30 ans. En 13 albums, Pet Shop Boys s’est distingué avec une œuvre musicale électronique constante et conceptuelle, en permanence sur le fil entre aristocratie pop et kitsch absolu. Une combinaison qui n’appartient qu’à eux, Neil Tennant (la voix) et Chris Lowe (les claviers), le savent bien et s’en amusent, aujourd’hui certainement plus qu’hier, à l’heure où ils n’ont plus rien à prouver. Dinosaures rescapés des années 80, ils ont traversé les décennies contre vents et marées, et leurs hits aux refrains entêtants, reconnaissables dès les premières notes, un brin nostalgiques d’une insouciance lointaine, composent aujourd’hui la BO des vies de nombreux gays catapultés dans la quarantaine. Fidèles à son statut d’icône LGBT, le duo a fait chanter ses idoles, Liza Minnelli et Dusty Springfield, et n’a pas hésité à donner un coup de pouce aux copines Kylie Minogue et Madonna dans les années 2000. Dans son dernier album, Super, sorti en 2016, Pet Shop Boys confirme

le virage electronica amorcé avec son prédécesseur Electric (2013) produit par Stuart Price : textes minimalistes, voire totalement absents sur des morceaux rappelant le bon vieux temps des rave parties. L’âge mûr va bien au teint des deux complices, cette nouvelle phase musicale est une nouvelle réussite dans leur carrière, acclamée par les fans et saluée par la presse spécialisée. Pet Shop Boys a grandi avec son temps, et à l’orée des années 2010, alors que le monde s’assombrit en se refermant radicalement sur lui-même, le duo fait le choix d’offrir une trêve de bonheur sonore au beau milieu du chaos ambiant. En toute simplicité et à contrecourant. Finie la mélancolie post-traumatique des meurtrières premières années SIDA, terminée la culpabilité adolescente de la découverte de l’homosexualité qui marquait l’enfance de son art. Aujourd’hui, PSB fait la nique en musique à la radicalisation des pensées et à l’homophobie croissante, à l’horreur des camps de concentration gay en Tchétchénie. Quand il n’y a plus de mots, les vieux sages invitent à la fête avec le très dansant single Pop Kids, ode aux 90’s, lorsque le seul problème était de trouver la meilleure party un mercredi soir à Londres. Lundi 3 juillet, c’est à Montreux qu’ils convient leurs fans à faire la fête en paillettes et au son de leurs hits les plus mémorables. 15

SOCIÉTÉ BUZZ


SOCIÉTÉ SORCELLERIE

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WITCH BITCH Le triste sort réservé jadis aux sorcières nous en apprend beaucoup sur les instruments de domination des femmes actuellement. Nina Bérénice Lebrun

on s’acharne à persécuter les rares interprètes. L’Amazonie n’est qu’une Alexandrie dont la lumière vacillante darde de désolation nos cœurs netflixés. L’exotisme bon ton de l’Occident, Sisyphe amnésique, ne doit cependant pas nous faire oublier que nos chamans à nous étaient des sorcières et qu’elles furent allègrement brûlées sur l’autel du progrès. C’EST SORCELLERIE La magie participe à une conception animiste d’une nature immanente, ne posant aucune séparation entre matière et esprit, où le cosmos est considéré comme un tout cohérent, pluriel et vivant. La sorcière, seule, en connaît les secrètes affinités : herbes, plantes, métaux, animaux et constellations. Un univers de signes qu’elle est à même de déchiffrer et d’utiliser. Son Pouvoir est Savoir. Sorcière renvoyait à des professions aussi diverses que pharmacienne, médecienne, sage-femme, avorteuse, gynécologue, entremetteuse – avec ou sans filtres – conseillère psychologique, enseignante, assistante sociale… Déjà, le Patriciat romain en redoutait la pratique chez les esclaves, craignant qu’elle ne mène à l’insubordination (les pratiques vaudoues joueront d’ailleurs plus tard le même rôle dans les plantations américaines). Francis 17

Bacon l’avait bien compris quand il se plaignait que « la magie tue l’industrie ». Hautement subversive, outil révolutionnaire et pratique de résistance, la magie permet à chacun d’obtenir « illégitimement », niant par là même le labeur méritoire d’un travail qui disciplinerait les masses. Dans la culture protestante, l’éradication de la magie était une condition sine qua non à la naissance du capitalisme. Contrairement aux idées reçues, l’association des pratiques populaires de la magie à Satan et leur persécution systématique n’existe pas avant la toute fin du Moyen-âge. Avec la Renaissance, une véritable propagande culturelle voit le jour. Elle sera largement diffusée par la récente imprimerie. En témoigne le best-seller le Marteau des sorcières dont les auteurs reprochent à ces dernières leur « vagin insatiable ». Les procès, publics, s’étalant sur des mois, pourvoyaient en travail et bombance les acteurs d’un appareil judiciaire implacable, aux actions basées aussi bien sur la délation que sur la torture. Le vin des bourreaux et des juges était même facturé aux familles, déshonorées et ruinées. Avec Caliban ou la sorcière, Federici nous rappelle que, dans une Europe saignée à blanc par les guerres de religions, la gestion

SOCIÉTÉ SORCELLERIE

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a magie n’est pas seulement l’affaire de Cher et des sœurs Halliwell, des chamans new age ou autres urbains aux ascendants amazoniens. La sorcière ne constitue pas seulement un prisme pour la compréhension des enjeux de la modernité. Elle est également une figure d’empowerment dans toute sa positive puissance. Figure alternative d’autorité, elle incarne le contre-pouvoir et la résistance à la norme genrée ainsi qu’à ses prescriptions en matière de sexualité et de fatalité. Concrètement, l’effet hypoalgésique des jurons augmente la résistance à la douleur. Ce n’est pas Judith Butler qui nous contredira, tant sa pratique active de la performativité du langage nous évoque les formules magiques. Aussi, les reclaiming witches – qui revendiquent spécifiquement le terme witch plutôt que wizzard – considèrent que les rites sorciers sont une manière, parmi d’autres, de créer une capacité à lutter ensemble, dans l’action et dans la parole collectives et performatives. Quant à la physique moderne ou la pharmaceutique, elles ne font souvent que confirmer ce que les chamans et les sorcières, les grandsmères même, ont toujours su. Les forêts sont autant de bibliothèques, sources d’un savoir vertigineux, dont



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les marginaux, queers, malades, vagabonds, homosexuels, prostituées, trans ou hérétiques étaient de fait, des sorcières en puissance. Nous devons comprendre la chasse aux sorcières comme une stratégie de contrôle historique du corps des femmes. Il suffit de penser aujourd’hui au débat autour de la GPA (gestation pour autrui), ou simplement à la pilule contraceptive. Paul Preciado la considère d’ailleurs comme une domestication chimique des hormones de la femme, régulant sa potentia gaudi (puissance de jouir/ libido), son hystérie et sa fertilité. Du bûcher au divan, du fauteuil gynécologique au prie-dieu, ce sont les mêmes dispositifs de contrôles patriarcaux de la capacité reproductive et jouissive de la femme qui sont en jeu et qui tentent d’asseoir leur pouvoir sur les femmes dissidentes (du latin sedere, qui ne s’assied pas). Publicité

AU BÛCHER Une des dernières sorcières assassinée en Europe le fut en Suisse en 1782 (schweizer Qualität). Elle s’appelait Göldi. Elle avait déposé plainte contre son employeur, le docteur Tschudi, pour harcèlement sexuel. Accusée de pratiquer la magie noire sur l’enfant de la maison, Göldi fut arrêtée et torturée. Elle accoucha en prison du bâtard du bon Docteur Tschudi, dont la mort prématurée fut ajoutée comme preuve de sorcellerie. Effectivement, elle finit par lâcher avoir fait un pacte avec le diable. (Lolilol). A la croisée des fantasmes, la sorcière concentre toutes les frustrations d’une société phallocentrée. Le sabbat, lieu symbolique d’orgie et débauche « satanique » cristallise tous les tabous d’une société patriarcale et sexophobe. On raconte même que les sorcières y baisaient l’anus du Malin en serment d’allégeance ! Certaines y consommaient de la datura ou de la belladone sous forme d’onguents psychotropes : bodylotions dont elles s’enduisaient le corps, leur provoquant des hallucinations comme celle de voler. La Réforme et la Contre-Réforme laissant de moins en moins de place à la tolérance et aux partouzes, tous 19

SOCIÉTÉ SORCELLERIE

de la procréation et de l’accroissement de la population deviennent des enjeux majeurs. Il faut donc ici comprendre que la chasse aux sorcières s’inscrit alors dans un climat de rejet de toute sexualité non-procréative – le reste n’étant que sodomie. De nouvelles régulations royales sont ainsi promulguées dans le but d’empêcher le recours des femmes à la contraception ou à l’avortement. Elles sont désormais obligées de déclarer toute grossesse. C’est alors que le contrôle de l’accouchement revint aux médecins – hommes – et que fut institutionnalisée la priorité de la vie de l’enfant sur celle de la mère. Les femmes, bientôt exclues des guildes d’artisans, sont confinées à certains métiers – considérés comme féminins – quand elles ne sont pas réduites à la domesticité et à la reproduction de la force de travail, par le mariage. A cet égard, il est révélateur que les accusations de sorcellerie aient été mises en relation directe avec la fertilité et la sexualité. On a reproché à ces prétendues sorcières de ruiner les récoltes, d’empoisonner les puits, de sacrifier ou de manger des enfants ou encore de rendre les hommes stériles. Accusation leur a même été faite de subtiliser le pénis de ces messieurs afin d’en faire leur animal de compagnie. Déjà Circée la magicienne tentait de faire d’Ulysse un porc (ce qu’il était) de plus dans son harem de pourceaux.


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D’une beauté démente, la Suissesse Tomy Glauser est un des visages qui a personnifié l’essor de la vague « genderfluid ». Francesca Serra 20


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SOCIÉTÉ MODE

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epuis ses débuts dans la mode, androgyne est le terme qui lui a collé à la peau au point de l’agacer. Pour s’en défaire, elle en est arrivée à préférer le terme tomboy. Un des deux termes suffit pour effectuer une brève recherche sur les réseaux sociaux tels que Pinterest et voir ses photos apparaître. Si son visage est devenu iconique, elle le doit à sa beauté à la fois versatile et reconnaissable. C’est cette beauté qui lui a permis de démarrer une carrière à 28 ans, un âge résolument avancé pour la monde de la mode mais qui ne l’a pas empêchée d’être castée par des marques aussi prestigieuses que Jean Paul Gaultier, Rick Owens et Givenchy.

PODIUMS MIXTES Naviguant aisément entre collections féminines et masculines, déroulant ses longues jambes fines pour le prêtà-porter et la haute couture, elle a été encensée par Vivienne Westwook et choisie en 2016 comme muse par la marque suédoise Acne. Certes, Tamy Glauser n’est pas la seule femme à travailler pour des marques masculines, 21



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mais rares sont les mannequins aussi versatiles qui ont atteint son statut, exeption faite de la top hollandaise Saskia de Brauw. Tamy Glauser s’éclate dans ces jeux de caméléon et profite de sa place dans la planète mode grâce au recul qu’elle est capable de garder. C’est ce dernier qui lui permet même d’apprécier les mauvaises humeurs de parisiens depuis qu’elle s’est installé dans la capitale française en 2012. Dans la vie de tous les jours le maquillage et les talons disparaissent, son look se résume presque toujours en pantalon et sweater à capuche, alors qu’elle sur le podium elle s’approprie des créations super féminines.

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SOCIÉTÉ MODE

BOULE A ZERO Les médias qui se penchent sur la raison de son succès l’attribuent au choix du crâne rasé qui sied bien à sa beauté douce et anguleuse et qui évoque immédiatement

une attitude agressive et punk. Un premier degré qui a été bien utilisé dans le cinéma si l’on pense à Demi Moore dans le film GI Jane, Natalie Portman dans V for Vendetta ou Charlize Theron dans Mad Max Fury Road. Mais derrière cette notion de dure à cuire, la tête rasée évoque aussi une certaine vulnérabilité dont Sinéad O’Connor s’est fait l’effigie grâce à son tube Nothing compares to you au début des années 90. Dans certains shooting ses cheveux coupés à zéro peuvent aussi faire penser à Grace Jones, grâce notamment au quart de sang nigérien qui coule dans les veines de Tamy. Sans se poser trop des questions sur le futur, Tamy vit son moment de gloire avec plaisir et détachement. Elle a récemment dévoilé aux médias sa love story avec l’ex Miss Suisse Dominique Rinderknecht, ce qui a permis à la presse suisse, en particulier les titres alémaniques, de traiter le sujet de l’homosexualité et de la bisexualité d’une façon apaisée.



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VERSATILITÉ DES FRANGES Chaque mois 360° saute d’un objet, d’une époque ou d’un art à l’autre pour vous parler design. Francesca Serra

SOCIÉTÉ DESIGN

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omplètement inutiles et parfaitement décoratives, les franges ont leur mot à dire dans le design d’intérieur. La preuve par deux, en commençant par le miroir Half Moon qui évoque la forme d’une demi-lune dotée d’une barbe rose en fibre de soie et fait partie d’une série signée par le duo américain Ben & Blanc Aja. Même contraste des matières pour la lampe Normanna qui fait référence à l’histoire sicilienne, plus précisément à la domination normande, et qui a été produite en édition limitée et numérotée. La lampe se compose d’une sphère

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en verre de Murano, disponible en divers coloris, qui tient sur une base en cuivre, dissimulée par les cordons en tissu. Ces pièces démontrent la versatilité des franges qui, mariées à des formes minimalistes, apportent une touche sensuelle non dénouée d’humour, mais peuvent aussi suggérer un connotation tribale. Miroir Half Moon benandajablanc.com Lampe Normanna vi-mstudio.com

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ÊTRE OU NE PAS ÊTRE ?

«A Shakespeare révèle son amour double au théâtre dans « Will ou Huit années perdues de la vie du jeune William Shakespeare » de Victoria Baumgartner. Zelda Chauvet

l’époque de Shakespeare, la sexualité était beaucoup plus personnelle. Si l’on était marié avec des enfants, ce que l’on faisait de sa vie privée importait peu à la société. » La jeune auteure lausannoise et spécialiste de Shakespeare, Victoria Baumgartner, a choisi de présenter sur scène un jeune Will dans sa découverte des choses, de ses doutes à ses passions, parmi lesquelles figure un amour non dissimulé pour le bel Earl de Southampton, son mécène mais pas seulement. Shakespeare, marié à Anne Hathaway, de 8 ans son aînée et mère de ses 3 enfants, était-il gay ? Si son contemporain, le poète élisabéthain Christopher Marlowe, fit officiellement son coming out, Shakespeare, lui, ne laisse aucun témoignage clair. La voie est donc à l’interprétation de ses textes, à commencer par les deux poèmes publiés de son vivant, Venus and Adonis (1593) et The Rape of Lucrece (1594). Tous deux sont dédiés au Earl de Southampton, sans gêne ni détour : « The love I dedicate 27

©Florine Mercier

to your lordship is without end ; (…) What I have done is yours ; what I have to do is yours ; being part in all I have, devoted yours. » Des poèmes aux sonnets, il n’y a qu’un pas, ou plutôt un fair youth qui inspire à Shakespeare des mots sans équivoque. La question se pose : qui est ce jeune homme pour qui le poète s’enflamme pendant près de 120 sonnets ? Qui est le mystérieux Mr. W.H. à qui les sonnets sont dédiés ? Est-ce encore le jeune Earl, Henry Wriothesley de son nom, ou le poète a-t-il mené sa passion ailleurs ? Sur la question, les biographes divergent. Les mots des textes ne laissent toutefois aucune place au doute. On y parle d’amour, de désir et de sexe. « So is the time that keeps you as my chest, or as the wardrobe which the robe doth hide, to make some special instant special blest, by new unfolding his imprison’d pride. » (Sonnet 52) Si l’identité de ses potentiels amants reste inconnue, la question de l’orientation sexuelle shakespearienne, autant que celle du genre,

CULTURE THÉÂTRE

David Salazar, Victoria Baumgartner et Arnaud Huguenin jouent les années perdues du jeune Shakespeare.



360° – MAI 2017 Earl of Southampton avec lequel Will entretient une relation très ambigüe. Comme certains biographes, je choisis de les faire vivre ensemble. » Rien d’étonnant en effet pour l’époque à ce qu’un mécène entretienne un poète chez lui, à sa cour, surtout un homme comme Shakespeare, connu pour son wit, sa répartie. Pour rendre la relation entre les deux hommes plus intéressante encore, Victoria use des codes en introduisant des bribes de dialogues shakespeariens entre les deux hommes, les sous-entendus propres à sa langue glorifiant l’histoire. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant que l’amour soit consommé ou le cliché un peu cru, ce qui m’intéresse c’est que Will se retrouve tiraillé entre son amour de jeunesse, sa femme, et cette attirance malgré lui pour ce beau jeune Earl. » Il suffit sans doute de se plonger dans les écrits du poète anglais pour comprendre que la richesse brute et énergique de son œuvre réside dans l’incroyable complexité de ses personnages et des questionnements auxquels il les confronte, qu’ils soient hommes, femmes ou les deux, autant de voies au service d’une histoire que l’on ne peut que faire sienne. Avec Will ou Huit années perdues de la vie du jeune William Shakespeare, Victoria Baumgartner nous raconte l’histoire d’un homme en quête de celui qu’il aimerait être, autant d’épisodes d’un kaléidoscope où la seule limite est celle de l’imaginaire. Alors, gay ou pas gay ? La réponse se trouve peut-être dans les mots de Shakespeare lui-même : « All the world’s a stage, and all the men and women merely players : they have their exits and their entrances ; and one man in his time plays many parts. » (Comme il vous plaira)

LA BELLE COMÉDIE Shakespeare, nous l’aimons tant que nous étions aussi à la Comédie de Genève pour découvrir l’adaptation libre de Macbeth par Guillaume Béguin, Où en est la nuit ?. Créé au Théâtre de Vidy pour le programme commun, ce voyage immersif dans un univers fort de sensations brutes où les ombres dansent de pair avec la lumière ne laisse pas indifférent. Le héros shakespearien, qui incarne ici la figure de transition, sombre en hypersensible dans le monde qu’il se crée, confronté aux représentations de luimême qu’il s’impose. Comme Shakespeare, Guillaume Béguin explore la question de l’homme, de son identité à sa place dans le monde. Où est la limite entre le rêve et la réalité ? Le théâtre du metteur en scène originaire de La Chaux-de-Fonds apporte autant de réponses que de questions nouvelles, comme un moyen de survie indispensable à notre humanité. Will ou Huit années perdues de la vie du jeune William Shakespeare par Victoria Baumgartner Un projet de la Will &Compagnie 21.05.2017 Lausanne Shakespeare Festival, Théâtre La Grange de Dorigny du 30.05.2017 au 05.06.2017 La Cathédrale d’Entre-Bois, Lausanne

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CULTURE THÉÂTRE

prend une tournure délicieusement complexe dans ses pièces. « Tous les comédiens étaient des hommes, quel que soit le rôle auquel ils étaient assignés. Ils jouaient l’amour, la passion, le mariage. Une femme sur scène, ce n’était pas possible. En revanche, des hommes fardés, poudrés, qui déclament l’amour entre eux, c’était naturel. », poursuit Victoria. À cela s’ajoutent les multiples stratagèmes inventés par Shakespeare où les femmes se déguisent en hommes, le cross dressing. Autrement dit, ce sont des hommes interprétant des personnages féminins qui, à leur tour, se déguisent en hommes pour servir l’histoire. « On arrive à un niveau d’identité genrée ou sexuelle complètement meta, c’est fascinant. Et le jeu se construit sur les tensions sexuelles, mues par l’ambigüité des relations et de la séduction, comme dans La nuit des rois ou Comme il vous plaira. » Shakespeare explore la question sur scène autant sans doute que dans la vie. Marié, il laisse sa femme à Stratford pendant près de 20 ans pour poursuivre sa carrière à Londres. Il reste toutefois présent pour sa famille, et rentrera à Stratford vivre une retraite paisible. Dès lors, peut-on imaginer que Shakespeare ait été bisexuel ou le mariage étaitil simplement une façade ? Victoria Baumgartner opte pour une interprétation moins rigide. « Dans ma pièce, j’explore l’hypothèse selon laquelle le genre n’était pas véritablement important. Shakespeare était un passionné. Il aimait profondément les gens autant que les situations. Il a donc très bien pu tomber amoureux d’un homme comme d’une femme. J’ai ainsi inclus le personnage du



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CENTRE DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE

DES DÉPISTAGES PLUS ACCESSIBLES

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es infections sexuellement HORAIRES ÉLARGIS : transmissibles (IST) d’origine bactérienne se trans- CHECKPOINT VAUD mettent facilement et le safer sex Rue du Pont 22 - 1003 Lausanne ne permet de s’en prémunir que Sans rendez-vous : Lundi, Mardi, partiellement. Selon les estima- Mercredi et Vendredi de 16h00 à tions, un quart des hommes qui 20h00. (se présenter au moins 30 minutes avant la fermeture) ont des rapports sexuels avec des Rendez-vous possibles sur d’autres hommes serait porteur d’une in- plages horaires. fection méritant un traitement. Comme les symptômes sont en CHECKPOINT GENÈVE plus discrets ou absents, le dépis- Rue du Grand-Pré 9 - 1202 Genève tage est recommandé une fois Sans rendez-vous : Lundi et Mercredi par an (deux fois par an au-delà 15h00 à 20h00, Vendredi 11h00 à 16h00. (se présenter au moins 45 de 10 partenaires sexuel-le-s). minutes avant la fermeture) Conseils et dépistages sont gratuits en mai. Assure-toi d’être au clair ! 31 31

DÉPISTAGES HORS-MUR : GENÈVE Mercredi 03.05 Bains de l’Est 19h / 22h Vendredi 05.05 Nathan 21h / 00h Jeudi 18.05 Bains de l’Est 15h / 19h Vendredi 19.05 Nathan 21h / 00h

VAUD Samedi 13.05 Trafick 21h / 01h Dimanche 14.05 Pink Beach 14h / 19h Vendredi 19.05 GT’s 21h / 01h Samedi 20.05 Pink Beach 21h / 01h Vendredi, samedi ou dimanche 26,27 ou 28.05 Parc du Denantou 21h / 01h Plus d’indo : DrGay.ch ou mycheckpoint.ch

INFOS PARTENAIRES

En mai, les dépistages des chlamydias, de la syphilis et de la gonorrhée sont offerts aux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Pour vous permettre d’en profiter plus facilement les Checkpoints de Genève et de Vaud étendent leurs horaires et viennent à votre rencontre dans les établissements que vous fréquentez.


CULTURE ARTYSHOW

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Le musée new-yorkais Leslie-Lohman propose des milliers d’œuvres d’art historique, moderne et contemporain focalisées sur la thématique LGBTIQ. Une visite guidée s’impose. Leatherette

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Tom of Finland , Catherine Opie, Paul Thek, Del LaGrace Volcano ou Berenice Abbott. Les expositions temporaires se suivent et ne se ressemblent pas. Elles se déroulent dans un espace adjacent au Musée, au format plus proche d’une galerie et mieux adapté à un accrochage éphémère. Nous retiendrons entre autres l’excellente Queer Threads de 2014, un intéressant voyage au pays de l’art textile présentant notamment des réalisations en broderie contemporaine fortement engagées et hautes en couleur. À cette même occasion, le rainbow flag a lui aussi été revisité sous diverses formes durant ce show fédérateur, réunissant des visions contemporaines autour du travail millénaire à l’aiguille. L’exposition Cut-Ups : Queer Collage Practices fut elle aussi une belle réussite mixant collages de haute qualité et messages coup de poing, juste avant les six mois de fermeture pour rénovation en 2016. Les expositions temporaires durent environ un petit mois, et le foisonnement culturel y est de mise. La Leslie-Lohman Gay Art Foundation propose quant à elle une bourse d’acquisition d’oeuvres féminines et transgenres via la Hunter O’Hanian Diversity Art Fund. L’art queer helvétique n’étant pas des plus représentés dans cette riche collection, le moment ne seraitil pas venu d’y remédier ? Nous vous invitons à vous y intéresser de plus près si vous correspondez au profil en question. Il est aussi possible d’offrir spontanément des oeuvres d’art queer et de peut-être avoir la chance d’intégrer ainsi la collection. Une invasion d’art suisse queer n’est d’ailleurs peutêtre pas impossible prochainement au Leslie-Lohman Museum, si nous nous y mettons dès maintenant. Une expérience généreuse et excitante à tenter pour les plus motivés. Il y a de réelles chances pour que certains de ces travaux finissent exposés dans leurs murs ! Un grand merci d’avance, donc, pour votre feedback auprès de la rédaction de 360, si vous faites partie de ceux tentés par ces perspectives new-yorkaises. A l’abordage ! leslielohman.org

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L’art queer helvétique n’étant pas des plus représentés dans cette riche collection, le moment ne seraitil pas venu d’y remédier ?

CULTURE ARTYSHOW

et authentique fleuron de l’histoire de l’art homosexuel trône en plein SoHo et fait partie des lieux incontournables à visiter sans plus attendre lors d’une prochaine virée dans la Grosse Pomme. The LeslieLohman Museum of Gay and Lesbian Art peut se targuer de posséder la plus vaste collection au monde d’œuvres d’artistes gays et d’aborder ponctuellement de plein front des sujets, des personnalités ou des problématiques LGBTIQ, tout en faisant connaître ces oeuvres et installations à un public de tous bords, notamment grâce à une position géographique idéale. Il est historiquement le premier musée officiel spécialisé dans ce domaine. Inauguré en 1987, il a brillamment reçu en 2011 l’allégation de la Ville de New-York lui conférant le statut de premier musée d’art homosexuel au monde. Fraîchement rénové et doté d’un nouveau directeur, le Leslie-Lohman Museum affiche actuellement une nouvelle exposition rétrospective Expanded Visions : Fifty Years of Collecting, initiée par le nouveau nominé Gonzalo Casals. Une exposition aux faux airs de chasse au trésor à travers la collection historique aux origines de ce musée. Le parcours dans les locaux agrandis et rénovés présente 250 oeuvres emblématiques retraçant l’évolution de la collection entamée il y une cinquantaine d’années par les fondateurs Charles W. Leslie et Fritz Lohman. Ce travail de conservation exceptionnel met en exergue le travail accompli par ces deux collectionneurs aguerris, qui ont tout mis en oeuvre pour préserver, diffuser et encourager l’art LGBTIQ dans des climats socio-politiques pas toujours des plus favorables. Le trésor en question est composé de plus de 30 000 oeuvres d’art moderne et contemporain, tous genres confondus, mettant en lumière le dénominateur commun de nos communautés et faisant la part belle tant aux artistes émergents qu’aux grandes pointures incontournables. Parmi les favoris du grand public, on peut croiser Jean Cocteau aux côtés de Robert Mapplethorpe, Keith Haring, Andy Warhol, David Hockney,


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CULTURE CINÉMA

NI D’ICI NI D’AILLEURS

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Film événement en Israël, « Bar Bahar », « Je danserai si je veux » chronique la quête d’indépendance de trois jeunes femmes arabes, entre oppression et utopie. Arnaud Gallay

Une fête electro orientale arrosée, où circulent pétards et coke et où l’on flirte en arabe. On n’est ni à Paris ni à Beyrouth, mais à Tel-Aviv. Le lendemain, en pleine gueule de bois, voici Nour, pieuse étudiante en informatique, qui débarque dans la colocation que Salma, Djette de la soirée, partage avec Leila, avocate. L’irruption de cette timide jeune femme au visage enserré dans un hijab est incongrue dans cet appartement pavoisé d’un drapeau arc-en-ciel. Mais la cohabitation s’installe. Jusqu’à une bouleversante scène de viol, véritable pivot du film, qui scelle l’alliance de trois femmes que tout devrait séparer. Bientôt, Leila et Salma aideront Nour (la magnifique Shaden Kanboura) à se libérer de l’emprise d’un fiancé violent avant de découvrir comment leur entourage tente de les remettre, elles aussi, dans le rang. ISRAËL EN POINTILLÉS Habile et dense, le scénario de Bar Bahar dessine la géographie des Palestiniens d’Israël, environ 20 % de la population : la cité champignon d’Umm El-Fahm, fief islamiste, le village chrétien de Tarshiha, où l’esprit de clocher n’est guère moins oppressant, jusqu’à TelAviv la cosmopolite, où anonymat et hédonisme sont

de rigueur. Pas de pinkwashing ici: Bar Bahar est loin de chanter les vertus d’un mode de vie urbain occidental contre celui du bled. Israël n’apparaît d’ailleurs qu’en pointillés, au fil d’allusions et de phrases glissées en hébreu, ou dans les froncements de sourcils suscités par les discussions en arabe dans une boutique. « On ne mord pas... » lance Salma. Maysaloun Hamoud renvoie dos à dos oppressions patriarcale, religieuse et nationaliste pour s’interroger sur le destin de ses héroïnes. Elles sont toujours bar bahar, terre-mer, une expression qui désigne l’entre-deux, le fait d’être ni d’ici ni d’ailleurs. En révélant la population invisible des Arabes vivant au milieu de la majorité juive – parfois en cachant, sinon en reniant leurs origines comme c’est le cas de nombreux gays et lesbiennes – le film a rencontré un succès inattendu en Israël. Et déclenché un tollé prévisible dans une partie de la minorité arabe. La réalisatrice a même été menacée de mort pour « insulte à l’islam ». A Umm El-Fahm, le maire a réclamé l’interdiction du film, qui selon lui « déforme le mode de vie traditionnel ». A cette « tradition », Maysaloun Hamoud en oppose une autre, beaucoup plus ancienne: celle de la solidarité des femmes. Sortie le le 17 mai

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ILLUSOIRE VIRILITÉ

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Dans « Les initiés » John Trengove raconte une tragique histoire d’amour en Afrique du Sud sur fond de rite macho et ancestral Edmée Cuttat

les éventuelles révélations de Kwanda. Sur fond de rite ancestral, d’illusoire apprentissage de la virilité, le Sud-Africain Jonh Trengove analyse les rapports de force, conflictuels, entre initiateurs et initiés, mais raconte surtout une violente et tragique histoire d’amour. L’illustrant notamment par des ébats à la fois furtifs et brutaux, il n’en brosse pas moins un portrait émouvant de deux hommes, l’un amoureux fou, l’autre davantage soumis à ses pulsions, mais tous deux forcés de se cacher. Le titre original The Wound (la blessure) traduit d’ailleurs mieux que l’intitulé français la double souffrance qu’induit le récit. Celle physique de la circoncision et celle psychologique du lourd secret d’une relation interdite dans une société restée attachée à des traditions archaïques. Un premier long métrage courageux, ambitieux, auquel on reprochera toutefois un manque de rythme, des longueurs, et l’ajout de quelques scènes nuisant à la dramaturgie. Sortie le 3 mai

PIERRE RICHARD DE RETOUR Le réalisateur Stéphane Robelin surfe sur le thème de Cyrano dans Un profil pour deux, une comédie romantique très convenue où Pierre, veuf et retraité, découvre les joies d’internet grâce au jeune Alex. Sur un site de rencontre, la ravissante Flora, séduite par la poésie de Pierre, lui propose un rendez-vous. Amoureux, le vieux charmeur revit. Mais sur son profil il a mis une photo d’Alex, qu’il doit convaincre de voir Flora à sa place. Pour les inconditionnels de Pierre Richard… Sortie le 10 mai

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CULTURE CINÉMA

X

olani est un jeune ouvrier. Taciturne, morose, solitaire, il vit à Queenstown et, chaque année, s’en va dans les montagnes du Cap Oriental. Avec d’autres hommes, il participe, en temps qu’instructeur, à l’Ukwaluka, rituel d’initiation commençant par la cérémonie de circoncision imposée aux adolescents. Ils leur sont confiés pour devenir des hommes, de vrais mâles, selon les anciens, capables de perpétuer le nom de la famille. Passé par là quelques années plus tôt, Xolani, jugé différent, était mis à l’écart. Issu d’un milieu aisé de Johannesburg, son initié, le capricieux Kwanda lui ressemble. Et ne tarde pas à découvrir un secret inavouable. « Je sais ce que tu es, mais tu ne peux pas l’admettre », lui dit-il…En effet, si Xolani revient dans ces campements isolés, c’est pour revoir son ami Javi, un grand gaillard athlétique qui en impose. Sauf que ce modèle de virilité cache sa vraie nature sous ses muscles. Comme Xolani, qui se sent du coup menacé par

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CULTURE LITTÉRATURE

HOMO, ARABE ET DÉSENCHANTÉ

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Romancier et cinéaste, Abdellah Taïa publie un roman épistolaire où il dit avec acuité le malheur de ces jeunes arabes homosexuels que des Français, plus matures, ramènent à Paris. Lucas Vuilleumier

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hmed est marocain et homosexuel. Sa différence le travaille au corps depuis longtemps. A vrai dire, cette « peau d’homosexuel » dans laquelle il vit, respire et souffre, lui a valu bien des humiliations, depuis son départ pour la France. D’ailleurs, une fois le sol de la terre des Droits de l’Homme foulé, sa route n’a pas cessé de rencontrer des écueils. Son chemin est toujours teinté de ces

souvenirs de jeunesse qui ne passent pas et qui enveniment la première lettre du dixième livre d’Abdellah Taïa, qu’Ahmed adresse à sa mère, cinq ans après sa mort. Les mots sont durs et le pardon difficile. La plume d’Ahmed se fait parfois incisive à l’évocation de cette mère revêche, qui a donné toute sa tendresse à un aîné adoré, privant ainsi ses six filles et le narrateur d’un peu de leur enfance.

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360° – MAI 2017 donnant toute sa crédibilité à ce livre magnifique. Ces pages exhalent comme un parfum de renfermé. Une frustration sociale, causée par la survivance des rapports colonialistes dans ces amours homosexuelles entre Français privilégiées et Maghrébins pour qui l’avenir semble être ailleurs… On frémit lorsqu’Ahmed retranscrit les élucubrations littéraires de son amant, rendues aussi inaccessibles qu’inacceptables, car comme déconnectées d’une réalité qui gronde encore au fond du cœur du jeune immigré. « En ces hommes marocains exilés, je vois mon avenir social. En les contemplant je regrette déjà certains de mes choix. Et en les examinant chaque jour un peu plus je deviens plus dur que je ne l’étais déjà, dès le départ. Un cœur dur. Comme le tien, ma mère. Je suis homosexuel et je fonctionne comme toi. Je te le répète. Là où tu es, je te le crie. Je leur ressemble physiquement de plus en plus, à ces homos arabes vieillissants. Et je ne sais pas si je dois l’accepter », écrit Ahmed dans son réquisitoire à sa mère. Dans ces pages mouillées d’acide se cristallisait déjà, à notre insu, la matière vivante encore bouillante de la dernière lettre du roman. Lahbib, compagnon d’infortune adolescente d’Ahmed, vivant lui aussi aux crochets d’un autre parisien, lui écrit avant l’issue fatale de cet ouvrage amer et lumineux. Ahmed, même si rien ne le lui laisse croire, est peut-être « celui qui est digne d’être aimé. » Désarmant. Celui qui est digne d’être aimé, Abdellah Taïa, Seuil, 137 pages Publicité

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CULTURE LITTÉRATURE

Tyrannique, elle en fait voir de toutes les couleurs à Hamid, son mari, tout juste bon à fumer ses trois paquets de cigarettes quotidiens et à la combler sexuellement, même si elle prend parfois plaisir à lui interdire son corps pour le punir de lui être si lâchement, si amoureusement servile. Celle qu’il traite de dictatrice dans cette missive désespérée aura définitivement déçu les siens, se contentant de la crainte qu’elle suscite dans les yeux de sa progéniture. Dans cette première lettre transparaît également la solitude profonde d’Ahmed, qui déplore qu’à 40 ans ses charmes se soient éteints. Ces mêmes charmes qui, alors qu’il avait dix-sept ans au bord de la plage de Salé, près de Rabat, ont constitué sa chance de quitter ce pays où trop souvent il a connu la honte. Grâce au désir qu’il provoque chez cet homme plus vieux que lui, un riche Français rencontré sur la plage, Ahmed réussit à peu près son ascension sociale, le rejoignant à Paris une fois ses études achevées. Travaillant sans relâche à son assimilation, il regrette malgré tout d’être souvent sans arguments face à cet intellectuel égocentrique, Pygmalion délétère dont il préfère s’affranchir pour exister par lui-même, enfin. C’est l’objet de la troisième lettre de ce court roman qui sait habilement varier sa musicalité. Si la dernière lettre, de rupture, est toujours celle d’Ahmed, la seconde missive est rédigée par Vincent. Il est l’amant d’un après-midi, qu’Ahmed abandonnera sans vergogne, comme pour se venger de ces Français tout-puissants qui font main basse sur ces éphèbes arabes en mal de grandeur. On change ici radicalement son registre, variant l’expression de sa mélancolie,



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HISTOIRE

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Yaa Gyasi NO HOME

Vivian Gornick est une figure culte de l’Amérique des années 70 que l’on découvre un peu en retard outreAtlantique. Icône du journalisme, féministe et engagée, elle a livré une douzaine de textes dont le plus connu et le plus autobiographique est traduit aujourd’hui en français. Il porte magnifiquement son titre Attachement féroce : celui d’un amour bouleversant d’une fille à sa mère tantôt adorée, tantôt haïe ! Tout en arpentant les rues de New York, Vivian et sa mère se confrontent sans cesse l’une à l’autre et l’on découvre ces deux femmes passionnées et entières. Elles se remémorent pour notre plus grand plaisir l’immeuble du Bronx qu’elles ont habité dans les années 30 avec d’autres familles juives et leurs souvenirs, pétillants et drôles, mais aussi diablement émouvants remuent et impressionnent durablement ! ed. Rivages

TRANSDESSINÉE par Johanna

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CULTURE LIVRES

o Home, c’est une fresque familiale et historique qui court sur trois siècles, et sur deux continents, l’Afrique et l’Amérique. Plutôt que de lasser son lecteur avec un récit linéaire, l’auteure a opté pour des chapitres bien structurés, en y maniant l’ellipse avec justesse, qui forment à chaque fois une histoire unique. On y découvre, en alternance, la destinée de la descendance de deux sœurs, nées de la même mère, mais pas du même père, dans le Ghana du XVIIIe siècle. L’une a été mariée sur place à un capitaine britannique et l’autre fut envoyée comme esclave en Amérique. Yaa Gyasi brode avec un talent de conteuse indéniable l’histoire de ses personnages, entremêlant réalité historique et anecdotes familiales. Premier roman tout simplement magistral! ed. Calmann-Lévy

Vivian Gornick ATTACHEMENT FÉROCE


INFOS PARTENAIRES

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INFOS PARTENAIRES

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UNE MAISON AU CŒUR DE LA VILLE GAYMAP GROS PLAN

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ausanne compte à nouveau une adresse qui fera les belles heures – de nuit – de la communauté LGBTIQ. My House ouvre ses portes le premier week-end de mai à la Place Saint-François. Sous la houlette de Tiziano Giaffreda, cette discothèque se veut un lieu inclusif, où tous les âges trouveront satisfaction. « Tout est parti du constat que nous n’avions plus vraiment d’endroit pour se sentir chez soi à Lausanne. Le ghetto

gay c’est fini mais nous avons quand même besoin de lieux consacrés pour nourrir notre identité » nous confie celui qui a fait les belles heures du 4310 et qui officie toujours au GT’s. Le GT’s sera d’ailleurs la porte d’entrée pour ce nouveau club. Des before y seront organisées et des invitations y seront disponibles, afin de créer une offre qui faisait cruellement défaut, de l’apéro aux petites heures du matin. Les 250 m2 de ce

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lieu qui s’annonce d’ores et déjà incontournable serviront aussi la communauté d’un point de vue associatif. Chaque mois, un organisme sera soutenu par le club. Le montant total des entrées sera alors reversé à la cause. My House – Place Saint-François 12 est ouvert tous les week-ends et les veilles de jours fériés.


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GAYMAP MUSIQUE

SANDOR, LA FORCE TRANQUILLE

La voix grave et franche de Sandor fait vibrer la scène suisse et se téléporte déjà bien au-delà de nos frontières. Francesca Serra

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près avoir distillé sa synthwave en quatre morceaux intenses et fiévreux sur un premier EP fulgurant, son nom figure déjà au programme de prestigieux festivals comme les Transmusicales de Rennes ou les Inouis du Printemps de Bourges, sans oublier le concert qu’elle donnera au Paléo le 23 juillet prochain. Si son ascension semble vertigineuse, il a pourtant fallu un long travail mûri dans l’ombre pour que la chanteuse romande décide de dévoiler ses compositions. Pour monter sur scène elle a choisi un pseudo qui fait référence à Saroltà Vay, Comte de Sandor (1859-1918), auteur hongroise travestie, histoire de donner un coup de pied aux idées reçues. D’une voix capiteuse, aujourd’hui Sandor imprime sur ses sonorités atmosphériques et minimalistes une saveur douce-amère car c’est assurément par les contrastes des registres que son charme opère : un timbre à la fois brutal et tendre, des textes sobres et poétiques ainsi que des récits personnels qui se mêlent à des évocations suggestives. Comme dans le morceau

©Prune Simon-Vermot

Bar de nuit, tiré de son EP éponyme, où elle oppose l’élan d’un baiser à un décor glauque pour exhaler une sensualité qui explose comme un bonbon Tiki posé sur la langue : « Asphalte brille, nuit noire et glacée, trappée dans la brume acide, sur le parking paumé d’un bar de nuit sordide, j’ai envie de l’embrasser, je serre les poings dans les poches et je retiens mon souffle, pendant que je m’approche lentement de sa bouche. » Un français poignant qui se marie à merveille à ses paysages sonores synthétiques, tantôt mélancholiques tantôt combatifs. Pour situer ton inspiration aux sonorités des années 80, on a souvent cité Véronique Sanson, Michel Berger et Serge Gainsbourg, mais tu as aussi écouté des artistes comme Nine Inch Nails et Marylin Manson. Explique nous cet écart musical ? Je pourrais facilement dire que chez Gainsbourg il n’y a rien qui ne plaise pas. Je pourrais me contenter

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de sa seule musique au monde. Véronique Sanson m’a aussi marquée et je conseille à tout le monde d’aller revoir les images de son concert renversant à l’Olympia en 1976. Ce qui fait le lien entre ces musiciens français et ma passion adolescente pour Trent Reznor (Nine Inch Nails et Marilyn Manson), c’est Niagara, le groupe français qui penchait le plus vers le rock, avec les synthés toujours en première ligne. J’ai écouté aussi énormément de rock, du hard des années 70, Deep Purple, Black Sabbath, Queen et bien d’autres. Quand mes copines d’école étaient en pamoison devant Take That et Michael Jackson, je n’avais d’oreilles que pour Scorpions.

Ce qui me fascine dans ta musique et dans ton attitude est que l’on ressent comment une tempérance. Dans tes textes, tu arrives à créer une tension entre désir et retenue, côté dansant et mélancolie. Est ce que la musique t’aide à concilier tes extrêmes ? Oui, c’est un reflet de ma personnalité. J’ai effectivement dû apprendre à concilier mes extrêmes dans ma vie privée, et la musique m’y aide énormément. On dit souvent de moi que je suis une force tranquille, parce que je décide d’un chemin et je vais toujours là où je veux, sans compromis et sans changer d’avis. Sandor, Bar de Nuit, sortie le 31.03.2017 Dates à venir : 07.07 : TBA 23.07 : PALEO Festival, Nyon

Même si Sandor est né comme un projet solo, tu précises toujours que tu es bien entourée ? Pour la phase cruciale des arrangements, j’ai effectivement collaboré avec Maxime Steiner, Vincent Bossy et Jérémie Duciel sur les 4 titres figurants sur mon premier EP Bar de Nuit. Avec Jérémie, la collaboration s’est si bien passée que nous avons décidé de nous associer. Il est désormais non seulement mon arrangeur officiel, mais il co-produit également le projet avec moi et joue sur scène à mes côtés avec aussi Tania Bochud. Il amène une touche très contemporaine à mes morceaux et nous avons vraiment la même vision musicale du projet, ce qui a établi très rapidement une confiance aveugle entre nous. L’emploi de la langue française était pour toi une évidence, est-ce que tu as tout de même essayé de composer en anglais ? Non, je n’ai jamais tenté de composer en anglais. Je crois qu’on ne peut pas réussir en essayant de faire comme les autres. Il faut être authentique, si les idées viennent en anglais, alors let’s go, mais si elles viennent en français, il faut composer avec, autrement le public ressent l’usurpation. Avant de monter sur scène, tu n’as pas des tics… un grigri… des superstitions ? Oui je l’avoue, j’ai un pull fétiche pour le backstage, mais j’ai surtout un trac épouvantable! Le fait que Jérémie et Tania aient plus d’expérience de scène que moi 45

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GAYMAP MUSIQUE

Tu es auteur, compositeur et interprète. Y a-t-il un processus précis dans la composition de tes morceaux ? Je trouve indispensable, pour aimer un texte à sa juste valeur, de pouvoir s’y identifier. Même si la plupart de mes textes sont autobiographiques ou tirés de faits réels, je fais attention à les épurer au maximum des considérations trop personnelles, de manière à ce que les autres puissent se les approprier. Mais c’est aussi dans la musique qu’il faut retranscrire les émotions éprouvées et c’est là où réside la plus grande difficulté : il faut donner la puissance harmonique nécessaire pour que les mots soient ressentis au plus proche de l’expérience vécue. Souvent, musique et textes viennent simultanément, mais l’élaboration d’un morceau au complet prend plusieurs semaines, parfois plusieurs mois.

me rassure beaucoup. J’ai de la chance de les avoir avec moi dans ces moments de panique. Ils ont toujours la bonne attitude même si je peux être très pénible. Après il y a toutes ces histoires qui traînent en backstage comme "un mauvais soundcheck signifie un bon concert", mais je crois surtout que le trac me rend meilleure en live.


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INCONTOURNABLE

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COVER GIRL GAYMAP SORTIES

Zurich va battre le temps d’une soirée au rythme de « RuPaul’s drag race ».

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our sa 13 e édition, le Mapping Festival, dédié à l’art audiovisuel et aux cultures numériques, se déploie du 11 au 28 mai 2017 à Genève sous le titre Mapping _ Digital Shifts. Ses activités sont réparties en trois volets distincts : Mapping EXPO, Mapping LAB et Mapping LIVE. Il accueillera aussi cette année la première édition d’un nouveau Forum international, Paradigm Shift. Une programmation d’une puissante richesse – pour les connaisseurs ou non – qui s’égrène à l’Usine, au Bâtiment d’art contemporain, à la Fonderie Kugler, à l’Alhambra ou encore au Musée d’art et d’histoire. Le festival est désormais un événement incontournable dans les domaines de la génération d’images, de la création et de l’exploration technologique. Pôle majeur de production et de diffusion en Suisse, il bénéficie d’une renommée internationale de par la qualité

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de sa programmation et la diversité de ses intervenants, l’accent étant particulièrement mis sur les artistes émergents. Associé à plusieurs lieux et espaces de la ville, il alterne performances audiovisuelles, installations, soirées club, mapping architectural ainsi que workshops et conférences. en 12 éditions le Mapping Festival, point de rencontre, de création et d’échange à l’esprit novateur, n’a cessé de croître et s’est imposé comme l’un des rendez-vous du genre les plus importants d’Europe. Alors que le festival Electron vient tristement de tirer la prise souhaitons longue vie au Mapping festival. Mobilisons-nous pour prolonger le succès de cet événement qui fait battre les nuits et la création dans notre région. Info et billeterie sur 2017 mappingfestival.com

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e monde entier les réclament. Et le monde entier à pour une fois bien raison. Les girls de Rupaul sont en tournée internationale et posent leurs vanity cases à Zurich le 7 juin. La superstar américaine envoie ses filles promouvoir le bon goût et l’humour corrosif au Plaza Club. Il va de soit que ce n’est pas survendre l’événement que de dire que « OMG ça va cartonner » ! La soirée sera confiée aux mains délicates de Bianca Del Rio, Michelle Visage and Shangela. Vous aurez l’occasion de voir sur scène quelqu’une des reines les plus inoubliables de la série comme Alaska Thunderfuck, Alyssa Edwards, Detox, Latrice Royale, and Willam ainsi que quelques gurlz de la saison 9. Mamma mia ! Et pour celles et ceux qui ne pourront pas faire le voyage vers la métropole Suisse, rappelez vous que Lola Collins fait les belles heures du Saxo à Lausanne. L’occasion de soutenir l’indispensable scène drag de Suisse romande. Toutes les informations et les précieux billets sont sur werqtheworld.com. Gagner vos places sur concours@magazine360.ch



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PLEIN LES YEUX Nous vous proposons deux rendez-vous visuels à ne pas manquer au mois de mai.

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e mois de mai est bien chargé en termes d’expositions qui valent le détour, et c’est tant mieux . Nous nous arrêtons d’abord au musée Jenisch de Vevey. L’institution propose de revenir sur les dessins virtuoses de Stéphan Landry décédé prématurément à l’âge de 50 ans en 2010. Le musée abrite depuis 2015 le fonds d’atelier de l’artiste soit 1’300 feuilles. Son travail est présenté conjointement à l’exposition sur les M/2 (un espace d’art ouvert à Vevey entre 1987 et 1991). À l’appui de documents d’archives, d’un film et des dessins de Landry, le musée revient jusqu’au 11 juin sur un moment fort de l’histoire culturelle de Suisse romande et sur la scène artistique de Vevey qui, par sa vitalité culturelle, laissait déjà entrevoir sa nouvelle identité de Ville d’Images. Bienne est une autre ville d’image. Avec ses journées photographiques du 5 au 28 mai, il y aura de quoi se délecter. Flots d’images, omniprésence de la technologie, excès d’une société globalisée, défis photographiques : ces thèmes et bien d’autres sont traités par les photographes de cette 21e édition, consacrée à la notion d’extrême.Les 28 expositions, dont les troisquarts sont à découvrir en première mondiale ou suisse, se dévoilent au long d’une promenade qui propose cette année un parcours différent avec trois nouveaux lieux. Outil de connaissance, objet de divertissement, notre société n’est plus pensable sans les images. Le festival, rendez-vous de la photographie émergente en Suisse, s’en fait l’écho.

Les dessins de Julien Gremaud sont à découvrir au muée Jenisch

Toutes les infos sont sur museejenisch.ch et bielerfototage.ch Publicité

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GAYMAP TU T’ES VU

360° FEVER « TORDS LE COU À TON GENRE ! » @PALAIS MASCOTTE, GENÈVE

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AGENDA CLUBBING VENDREDI 5.5 GENÈVE Le Déclic Karaoké, 22h LAUSANNE My House Opening Party, 23h BERNE Comeback

DJs Rumpelpilzchen & ELfERich, 22h Frauenraum Tanzbar Meets Popshop (women only), 20h ZURICH Les Garçons White Out ! 24h Heaven Club

Boyteschema, 23h SAMEDI 6.5 LAUSANNE My House Inauguration, 23h BERNE

GAYMAP AGENDAS

Frauenraum

Emily Wells (live), 22h ZURICH Club X-tra White Party «Aphrodite» by Angels, 22h Heaven Club Molke 7, 23h DIMANCHE 7.5 LAUSANNE Gameboy

The MAD gay party, 23h

VENDREDI 12.5 GENÈVE Le Déclic Karaoké, 22h BERNE Du Théâtre Harry, 23h ZURICH

LUCERNE El Cartel Frigay Night, 23h

SAMEDI 20.5 GENÈVE 360° Fever Party

@Palais Mascotte, 22h LAUSANNE GT’s LOL by Lilith (women only), 22h ZURICH

Heaven Club

Balkan Gay Night, 23h SAMEDI 13.5 LAUSANNE GT’s Eurovision Live, 21h BERNE Frauenraum Iva Nova & Olgas Bagasch (live), 22h BÂLE Hirscheneck Frauendisko Oszilot (women and trans only), 22h ZURICH

Heaven Club

Splash House Party, 23h DIMANCHE 21.5 LAUSANNE Gameboy The MAD gay party, 23h LUGANO (TI)

Heaven Club

Sunday’s Happy Gays by Imbarco Immediato

Eurovision Party, 23h

@Bar Laura, 18h30

DIMANCHE 14.5 LAUSANNE

MERCREDI 24.5 LAUSANNE

Gameboy

My House

The MAD gay party, 23h BERNE Revival Barometer, 14h

Queen Royal Party, 23h ZURICH Inside Reopening Party @Queens, 23h

VENDREDI 19.5 GENÈVE Le Déclic Karaoké, 22h

VENDREDI 26.5 GENÈVE Le Déclic Karaoké, 22h

Frauenraum

SAMEDI 27.5 GENÈVE Circuit presented by Jungle Gay Party and Matinee Group

@MOA Club, 23h BERNE Tolerdance Eurodisco, 22h Frauenraum La Boum, 22h DIMANCHE 28.5 LAUSANNE Gameboy

The MAD gay party, 23h VENDREDI 2.6 GENÈVE Le Déclic Karaoké, 22h SAMEDI 3.6 FRIBOURG Queer or Die !

@Arsen’alt, 22h GENÈVE La Scandaleuse @Brasserie des Halles de l’Île, 23h DIMANCHE 4.6 LAUSANNE Bordello Xlsior Mykonos

@MAD, 23h

AGENDA CRUISING VENDREDI 5.5 LAUSANNE Pink Beach Grizzly Night (bears), 20h Trafick En travelo, 19h BERNE Aqualis

Underwear Night, 23h ZURICH Rage Base-X (army, workwear), 22h SAMEDI 6.5 GENÈVE Bains de l’Est QNu (naked), 23h LAUSANNE Trafick Naked Bastards, 21h ZURICH Rage Prollboys (sneakers), 22h DIMANCHE 7.5 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h ZURICH Rage Naked Party Plus, 17h

VENDREDI 12.5 GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h Trafick Mixte Open Mind, 19h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Underwear Jocks Naked, 22h

VENDREDI 19.5 LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick (tous trips), 20h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Kick-off! (sportswear and sneakers), 22h

SAMEDI 13.5 GENÈVE Bains de l’Est Black Out, 23h LAUSANNE Trafick Up or Down Orgie, 21h ZURICH Rage Erection (full fetish), 22h DIMANCHE 14.5 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h

SAMEDI 20.5 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h ZURICH Rage Ultrarubber (fetish), 22h DIMANCHE 21.5 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h MERCREDI 24.5 ZURICH Rage Naked Party Plus, 21h

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JEUI 25.5 LAUSANNE Trafick En travelo, 19h VENDREDI 26.5 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick Mask and Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Sportswear Extra, 22h SAMEDI 27.5 LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark and naked), 21h Trafick Mixte XXL, 12h DIMANCHE 28.5 LAUSANNE Trafick X-trem Gay (naked), 14h


360° – MAI 2017 JUNGLE « EASTER GLOW » @L’USINE, LYON

GAYMAP TU T’ES VU

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R1 Café Gallay 42, bd de St-Georges

Homo­sexualités

R2 Le Pradier 6, rue Pradier

et droits humains

R3 Le Comptoir 9, rue Richemont

9, av. de la Gare des Eaux-Vives

La Suite 115 > B14 R5 Le Cheval Blanc, place de l’Octroi 15,

A2 Aspasie

(travailleurs du sexe)

36, rue de Monthoux

Carouge

A3 Association 360

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R6 Brasserie des Halles de l’Ile R7 Au Lavandou 54, rue Jacques Dalphin

36, rue de la Navigation

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R8 Café du Marché 16 Avenue Henri-Dunant

11-13, rue de la Navigation

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R9 Le Boteco 12, rue Micheli-du-Crest R10 Kampaï 25, rue de Monthoux

A7 PVA (vivre avec le VIH) 35, rue des Pâquis

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(jeunes)

PÂTISSERIES & SALONS DE THÉ

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c/o maison Verte, place des Grottes, Square du Mont Blanc

totemjeunes.ch A9 Plaque commémorative de Bartholomé Tecia, Place Bel Air A3 Asile LGBT Genève lgbt.asile.ch

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Think Out

(étudiants)

LGBTFriends-Unige

S2 La Case à Max 19, rue de la Navigation S3 Librairie-café Livresse > B8

gpeh.org Les Vilains Garçons facebook.com/lesvilainsgarcons.geneve PARC DE LA GRANGE

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S8 BRAVO Coiffure, 16, Rue Jean-Gutenberg S9 Publicité Etienne & Etienne

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5, rue Vignier B8 Livresse B9 Lola 7, rue Richemont

B14 La Suite 115 61, rue des Eaux-Vives och

11-13, rue de la Navigation

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B15 Le Nathan 34, route de Frontenex A1

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Kampaï 25, rue de Monthoux > R10 HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Double Jeu 4, rue de la Faucille, Annemasse (F)

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CRUISING 3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est u te d Pradier X2 Duplexx 8,rorue e Ma lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets

C1 La Gravière 9, chemin de la Gravière C2 Le Chat Noir 13, rue Vautier, Carouge

X4 Substation X-World

C3 La Garçonnière

X5 Cruising Canyon

2, rue Jargonnant

30, rue Saint-Joseph, Carouge

B13 Le verre à Monique,

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14, rue de Neuchâtel 15, Alfred-Vincent

HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : 39, rue Jean-Jaurès, King Sauna ro u tAmbilly (F) ed eF lor i s s a Oxygène 12 Av. de la Mandallaz, Sauna nt Annecy

11, Bd de Saint-Georges

S6 Sport/santé – PLAZA SPORT

28, bd du Pont-D’Arve B5 Le Déclic B6 Fenomeno 28, rue des Pâquis

19, rue des Savoises Pict

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S7 Mode – Maniak 6, rue du Vieux-Billard

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26, rue des Vollandes

S5 Lingerie – Koruba Love Shop,

B3 Le Cabinet 54, bd. Saint-Georges 3, rue de Berne B4 La Concorde

8, rue de l’Ecole-de-Médecine

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17, rue des Etuves

S4 Menuiserie – agencement – Fazio & Cie

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SHOPPING & SERVICES S1 Mode-Monsieur Alain 63 Bd de St.-Georges

S10 Opticien – Vue des Bains 8, avenue du Mail S11 Pharmacie 3, rue Ecole de Médecine S12 BD-Cumulus, 5, rue des Etuves S13 Coiffure Trajectoire 9 13, rue de la Filature, Carouge S14 Épilation - Oosmosis, 31, bd Helvétique S15 Mode – Garçon Manquée

31, rue Saint-Joseph

S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tattoo - Y4SHK4 rue des Étuves 5 (sur rdv) S18 Cinéma – Ciné 17, 17, rue de la Corraterie S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux

CLUBS

S20 Tattoo – BRUT 6, rue Sismondi

HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano

4-8, rue de la Rôtisserie C4 L’Usine 4, place des Volontaires C5 Palais Mascotte, 43 rue de Berne

PARTIES – SOIRÉES P1 Jungle @Moa Club, Chemin des Batailles 22, Vernier P2 360° Fever, C/o Palais Mascotte, 43 rue de Berne > C5

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GAYMAP GENÈVE

Parents d’Homos,

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T1 Dubois 4, carrefour de Villereuse T2 Dubois 49, boulevard Carl-Vogt T3 Chez Quartier 24, rue Voltaire

Étudiant.es. Universités et Hautes écoles

facebook.com/Think-Out-Association-

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HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : L’Appart 36, rue du Faucigny, Annemasse (F)

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S11 Coiffure-Yookoso Hair Design 74, rue Marterey

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S6 Mode – Maniak 4, rue du Port-Franc

S10 Globus Voyages 26, rue de Bourg

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S15 Mode – Monsieur Alain

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35, rue du Simplon HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Av en ue

Mode – Un Style de Vie 9, av. SamsonRaymondin 1009 Pully (13km)

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S1 Coiffure – Casting 43bis, avenue de la Gare

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SHOPPING & SERVICES

Services proposés aux personnes bi

S2 Coiffure et Shopping - Tête à clak

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8, rue du Centre

BARS

S3 Body art – Mario’s Piercing & Tattoo Experience 23, rue du Conseil

B1 REX « Good Vibes » 22, rue de la Madeleine on

S5 Décoration – EvasionMD, 20, rue du Lac S6 Décoration – Un Amour vache, un Amour

HORS PLAN • OUTSIDE OF THE MAP

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CRUISING

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A2 SID’Action 12, rue Etraz

X1 Le Garage et Trafick 22b, avenue de Tivoli

A3 VoGay

X2 Sauna New Relax Club

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15, Côte de Montbenon

www.vogay.ch Ave

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Galerie Saint-François

Plan Queer de

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X3 Sauna Pink Beach

> www.unil.ch/planqueer Fondation Agnodice

X4 Sauna Top Club

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HÔTELS – B&B

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9, av. de Tivoli 6, Bellefontaine

SANTÉ/HEALTH A4 Checkpoint Vaud A v e n Centre de conseils et dépistage VIH et IST u

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22, rue du Pont

www.mycheckpoint.ch A5 CHUV/Hospital

021 631 01 76

Urgences/Emergency

0848 133 133

Consultation VIH/

HIV testing and info

Traitement post-exposition

VIH (PEP)/HIV post-

exposure treatment

Dermatologie (IST)/

Dermatology (STD’s)

Police

Urgences/Emergency

BARS B2 Bourg 51, rue de Bourg

021 314 10 22

Bernaldo B&B

B3 GT’s Bar & Lounge Club 5, avenue de Tivoli B5 D3 9, place du Tunnel

RESTAURANTS

3, rue de la Grotte

R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières

PARTIES – SOIRÉES

R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point

P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève

R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R6 Le relais 163, av. de Morges

P2 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3

R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av. de Tivoli > B3

P3 Les Docks, Avenue de Sévelin 34 021 314 04 00

47, av. de la Harpe

B6 Pin Up bar 31, rue Marterey B8 Le Saxo

021 314 66 66

22, avenue de Tivoli H1 Rainbow Inn HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP :

P4 My House, Place St-François 12

HORS-PLAN • OUTSIDE OF THE MAP : Le Raisin Les Cullayes (13km)

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BERNE

360° – MAI 2017

ASSOCIATIONS A1 Aide Sida Berne Monbijoustrasse 32 A2 HAB Homosexuelle Arbeitsgruppen

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A4 Pink Cross, organisation suisse

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Monbijoustrasse 73

A5 SCHLUB (étudiants) c/o SUB cke

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R6 Drei Eidgenossen Rathausgasse 69 R8 Frohegg Belpstrasse 51 R9 Fugu im Nydegg Gerechtigkeits­­gasse 16

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R5 Cinématte Wasserwerkgasse 7

R10 Lœtschberg Zeughausgasse 16

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R3 Bistro Steinhalle Helvetiaplatz 5 R4 Brasserie Lorraine Quartiergasse 11

c/o Villa Stucki Ka

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RESTAURANTS R1 Adrianos Theaterplatz 2 R2 Aux Petits Fours Kramgasse 67

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R11 Lorenzini Hotelgasse 8

Gerechtigkeitsgasse 75 B1 Blue Cat Rathausgasse 42 B2 Comeback Bar

R12 O’Bolles Bollwerk 35

B4 ONO Kramgasse 6

R14 Marcel’s Marcili Neubrückstrasse 8

gB5 str as se

R13 Sous le pont Marzilistrasse 25

Tag-Café Espresso Rathausgasse 44

PARTIES – SOIRÉES SANTÉ/HEALTH

c/o ISC ; P1 Tolerdance Neubrückstrasse 10 c/o Kapitel Bollwerk

P3 Seite69

A1 Aide Sida Berne

Bollwerk 41

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Consultation VIH/HIV testing and info

Monbijoustrasse 32

Inselspital/Insel Hospital

CLUBS

Consultation VIH/

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Dermatologie (IST)/ Dermatology (STD’s)

031 632 22 88

Police Urgences/Emergency 117

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Traitement post-exposition

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360° – MAI 2017

LUNATIQUE ?

CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS

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Autoportrait d’après John Master – Mary Tudor – 1544

©DR

ien-sûr, j’apprécie l’astre du jour. J’aime contempler sa trajectoire quand il traverse les ciels et répand sa chaleur dans l’atmosphère. Mais j’ai une tendresse particulière pour votre satellite, Dame Lune et le croissant à peine refermé sur lui-même de son apparente minuscule voisine, la brillante Vénus. Si Vénus est l’une de mes demeures, la Lune est ma compagne, ma complice; sa lueur de velours m’apaise, caresse délicatement ma peau, lui donne une teinte laiteuse. Alors que pour bien des humain-e-s et malgré leurs investigations (scientifiques ou non), elle préserve ses mystères, elle se livre à moi sous toutes les coutures. Ne lui demandez pas de répondre à des questions techniques, elle déteste ça et fera tout pour brouiller les pistes. Quelle importance de savoir si l’on a vraiment marché sur elle ou si tout ça est un coup monté, tourné en studio par un talentueux cinéaste pour la gloire de tel gouvernement ? Chacun des camps, certain de détenir l’ultime vérité, défend bec et ongles et preuves à l’appui sa position et prétend pouvoir démasquer l’autre. Mais de ces combats de coqs elle se moque, la belle nocturne. Elle qui a bien des visages, de son croissant à peine visible à sa rondeur parfaite. Pâle jusqu’à la blancheur, elle se fait rousse pour la joie des étranges, va jusqu’à s’orner d’une teinte pourpre en éclipse et noire pour mieux se faire désirer avant de réapparaitre. Plutôt que vouloir obtenir d’elle ce qu’elle ne livrera pas, pourquoi ne vous feriez-vous pas poête-sse-s en lâcher-prise ? Qui sait, si vous la laissez venir à vous, il se peut que sa voix discrète parvienne à votre oreille pour vous offrir le récit de ses contes merveilleux. Greta Gratos Je ne suis qu’un personnage épisodique. Dans la musique, dans tous les romans, partout, en un mot, je n’ai été qu’un personnage épisodique. Anton Tchekhov – L’esprit des bois (citation approximative)

Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Delphine Blast Zelda Chauvet Edmée Cuttat Arnaud Gallay Greta Gratos Alexandre Lanz Leatherette Nina Bérénice Lebrun Francesca Serra François Touzain Lucas Vuilleumier

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Abonnement Rolan Delorme (abo@360.ch) Expédition Alain André Claude Federico François Gerald Jacques Jean-Patrice Michel René Otto Editeur Association Presse 360 Impression Appi, Gland 360° 36, rue de la Navigation – CP 2217 – CH-1211 Genève 2 Tél. 022 741 00 70, Fax 022 741 00 74

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Corrections Zino Davidhoff Margaux Habert Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)

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Toute reproduction est strictement interdite pour tous les pays, sauf autorisation écrite de 360°.

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