TERRE D’EXIL PORTRAIT
Meloe Gennai
FESTIVAL
N° 172 Décembre - Janvier 2018 – CHF 6.– €6 – 360.ch
QUEER AU BLACK MOVIE
LITTÉRATURE
CHAPITRES DE FEMMES
360° – Décembre - Janvier 2018
à SUIVRE
L
P.12
Guillaume Renevey Rédacteur en chef Vignette édito ©Nicolas Schopfer Couverture (image recadrée) ©Magali Girardin Italie, Sicile, Catane, le 4 octobre 2017. Un bateau des Gardes Côtes Italiennes arrivé la veille, débarquent plus de 700 réfugiés sauvés en mer Des exemplaires vous sont offerts dans tous les lieux partenaires LGBT et friendly de Suisse romande. 360° est un magazine indépendant dont le contenu rédactionnel ne reflète pas nécessairement les positions de l’Association 360. Retrouvez toutes les infos sur 360.ch
Société
buzz Le tragique destin de Gianni Versace P.21 rencontre Conversations manquantes P.24 1
P.4
P.24
culture
queer Rétrospective au Black P.28 Bobines en action P.31 cinéma Passion à la ferme du Yorkshire P.32 Une amitié indéfectible P.33 Streaming Les meilleures ennemies P.35 LIvres Femmes de littérature P.38 design Tête-à-tête P.42 portfolio Vivre P.46
P.46
GAYMAP
Gros plan Le temps des fêtes P.57 musique La mémoire du futur P.58 de saison En piste ! P.60 AGENDAS Clubbing et cruising P.67-68 Plans Genève, Lausanne et Berne P.70-75
P.58
ET ENCORE
TRANSDESSINée P.31 INFOS PARTENAIRES P.53-55 TU T’ES VU ? P.62-65 CHANTS NOCTURNES DE GRETA GRATOS P.76
SOMmaiRE N° 172
’année 2017 aura été bien chargée. Nous nous serons efforcés de vous faire vivre au mieux le tempo de l’actualité LGBT. 2018 nous réserve également son lot d’événements majeurs pour nos communautés. Le magazine que vous tenez entre les mains fêtera ses 20 ans d’activités. C’est donc une année anniversaire qui se distillera durant les 12 mois qui nous attendent. L’actualité politique sera mise en avant avec un focus sur les nombreux dossiers qui vous concernent directement, de l’adoption de l’enfant du partenaire à la question du mariage égalitaire. Nous nous projetons aussi dans les élections cantonales genevoises du printemps prochain et préparons le terrain pour les élections fédérales de 2019. Je souhaite également être à l’écoute de vos attentes. N’hésitez pas à prendre contact avec notre rédaction via nos sites ou les réseaux sociaux. C’est pour vous que nous existons et c’est pour vous que nous nous battons pour continuer d’exister.
actu
internationale Mugabe l’homophobe mis sur la touche P.2 Événements lgbti bannis d’ankara P.3 L’Australie en fête P.3 ACTU suisse Vers un modèle luxembourgeois ? P.4 Soutien téléphonique arc-en-ciel P.5 Dossier Galère en Calabre P.6 Une quantité délaissée P.10 portrait Comme un être de liberté P.12 mode Une certaine idée de sensualité P.16
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actu internationale
MUGABE L’HOMOPHOBE MIS SUR LA TOUCHE Déposé par l’armée, l’autoritaire dirigeant du Zimbabwe, 93 ans, n’a cessé de décliner sa haine des homosexuels. Mais son effacement ne garantit pas un changement d’atmosphère. Antoine Gessling
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'interminable règne de l'«Once Bob» a pris fin. Robert Mugabe, ancien héros de la décolonisation et dirigeant autoritaire du Zimbabwe depuis 1980, a démissionné le 21 novembre après un coup de force de l'armée. La mise à l’écart du président de 93 ans est sans doute un soulagement pour de nombreux gays et lesbiennes de ce pays de 16 millions d’habitants. Tabou social, l’homosexualité y était aussi une des obsessions politiques de Mugabe depuis le milieu des années 1990. « Nous n’accepterons jamais, jamais, jamais l’homosexualité », martelait-il jusqu’à la tribune de l’ONU. Selon lui, les gays étaient pires que les animaux, « car même les porcs savent comment s’accoupler ». En octobre encore, un tollé avait été suscité par
la désignation à l’OMS de Mugabe comme « ambassadeur de bonne volonté », lui qui avait qualifié l’homosexualité de «maladie dégoûtante». Les diatribes homophobes étaient constamment utilisées pour discréditer les tentatives de pressions occidentales sur le régime ou contre l’opposition. L’homosexuel était, selon les observateurs, un bouc-émissaire commode pour détourner l’attention du désastre économique dans lequel la population se débat depuis des décennies. CHANGEMENT improbable L'éviction de Mugabe n’augure pas nécessairement un changement de régime politique, et encore moins une amélioration des conditions de vie pour les LGBT zimbabwéens. Ni les militaires ni le nouveau chef de 2
l'Etat, l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, ne semblent mieux disposés à l’égard des minorités sexuelles. En 2016, ce dernier avait défendu la pénalisation de l’homosexualité lors d’une session du Conseil des droits de l’homme, à Genève: «Il y a des domaines que nous n’accepterons pas, comme celui des gays et de l’homosexualité, qui sont illégaux dans notre pays. Nous rejetons cela.» Tout aussi virulent dans son homophobie d’Etat, mais sans doute moins brutal dans sa répression que l’Ouganda, le Zimbabwe applique encore néanmoins les antiques lois coloniales anti-sodomie, renforcées par des dispositions réprimant les associations et mêmes les gestes d’affection entre personnes du même sexe, tels que se tenir par la main, s’étreindre ou s’embrasser.
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ÉVÉNEMENTS LGBTI BANNIS D’ANKARA l’actua est sur lité 360.ch
Les associations ont dénoncé une mesure qui « criminalise l’existence des LGBTI » dans la métropole de 5 millions d’habitants.
L’AUSTRALIE EN FÊTE
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e bâillon se resserre sur les communautés LGBTI turques. Fin novembre, le gouvernorat d’Ankara, capitale et deuxième ville du pays (5 millions d’habitants), a imposé l’interdiction de tous les événements relatifs aux LGBTI. Le décret, entré en vigueur pour une durée indéterminée, s’étend aux projections de films, pièces de théâtre, tables rondes ou expositions, ceci sous le prétexte de la «sécurité publique». Les autorités invoquent ainsi le risque de heurts, mais aussi le fait que les manifestations culturelles visées porteraient atteinte à la «santé et la moralité». Dans un communiqué commun, deux organisations LGBTI actives dans la capitale, Kaos GL et Pink Life, ont fustigé une décision «vague, ouverte à toutes les interprétations et violations, qui criminalise l’existence des LGBTI».
Pour elles, le décret les empêche d’assurer leur combat contre la discrimination et les crimes de haine, et fait d’elles des cibles. La mesure intervient quelques jours après l’interdiction d’un festival organisé avec le soutien de l’ambassade d’Allemagne. AUTORITAIRE Le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan a pris un tour autoritaire depuis les événements de Gezi, en 2013. La répression tous azimuts s’est accélérée après le putsch manqué de 2015, menant à des milliers d’arrestations et à la remise en cause des libertés fondamentales en Turquie. Parmi d’autres, la communauté gay est dans le collimateur des autorités, qui ont notamment réprimé les gay prides, dont la populaire parade d’Istanbul. AG
« En Calabre, Nasser a trouvé la paix, mais pas encore la sécurité. » La suite en page 6 3
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actu internationale
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Des scènes de liesse, de danse et des cris de joie ont retenti le 15 novembre à Sydney ou Melbourne, où des centaines de personnes s’étaient rassemblées, alors que le bureau national des statistiques communiquait le résultat de la consultation postale sur le mariage pour tous. Une immense acclamation a accueilli le score, sans appel : 61,6% de votants ont répondu « oui » à la question « Faut-il changer la loi pour permettre aux couples de même sexe de se marier ? » Le « oui » l’a emporté confortablement dans tous les territoires, avec une participation de 80%. Le vote est non contraignant, mais le Premier ministre conservateur Malcolm Turnbull, lui-même favorable au « oui », a promis une loi « d’ici à Noël ». Les débats pourraient commencer, car le temps presse : les deux chambres du Parlement n’ont que deux semaines de session avant la fin de l’année.
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actu suisse
VERS UN MODÈLE LUXEMBOURGEOIS ?
Simonetta Sommaruga et son homologue, Félix Braz.
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Simonetta Sommaruga s’est rendue au Luxembourg pour discuter avec son homologue du Grand-Duché sur les procédures de changement de nom et d’identité de genre. François Touzain
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in octobre, la conseillère fédérale en charge du Département de justice et police a fait le voyage de Luxembourg. Le menu des discussions ? Pas l’Europe ni le secret bancaire, mais les droits des personnes trans* et intersexuées. Berne s’intéresse en effet à l’expérience du Grand-Duché dans ce domaine: un projet de loi prévoit d’y reconnaître par voie administrative le changement d’identité et de genre. Le gouvernement luxembourgeois envisage aussi l’inscription d’un troisième sexe « ni homme ni femme » dans les documents d’état-civil. En Suisse, actuellement, le recours à la justice est obligatoire pour ce type de modification. L’enjeu est aussi de préserver à l’avenir le
mariage (dont le Conseil fédéral souhaite l’ouverture à tous les couples), le partenariat enregistré ou les liens de filiation, rapporte l’ATS. La démarche ne convainc pas le groupe de défense des intersexes Zwischengeschlecht.org, qui rappelle que ni le Luxembourg ni la Suisse ne protègent les enfants des mutilations génitales pratiquées après la naissance. Ceci malgré quatre condamnations devant l’ONU pour Berne. Les deux Etats ne permettent pas non plus de poursuivre les auteurs de ces opérations. Zwischengeschlecht.org dénonce ainsi « l’hypocrisie » qui consiste à « réduire la souffrance des personnes intersexes à des questions d’identité de genre et d’état-civil ». 4
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actu suisse
SOUTIEN TÉLÉPHONIQUE ARC-EN-CIEL Une ligne gratuite répond aux questions et aux préoccupations des personnes LGBTQ* ayant des enfants ou désireuses d’en avoir.
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’association faîtière Familles arcen-ciel a annoncé le lancement d’une ligne gratuite. Le 0800 77 22 33 répond aux questions et aux préoccupations des personnes LGBTQ* ayant des enfants ou désireuses d’en avoir. Le service est ouvert tous les vendredis de 10h à 11h30. Pour
Maria von Känel, directrice, il permet de garantir l’accès à une offre de conseil personnalisée dans toutes les régions de la Suisse avec des répondants en allemand, français, italien et anglais. Il peut également relayer des questions vers des personnes qualifiées dans les domaines de la
santé, de la psychologie, du travail social, de l’éducation ou du droit. Cette nouvelle offre est mise en œuvre grâce au soutien financier accordé dans le cadre de la convention de sous-traitance signée avec Pro Familia, l’association faîtière nationale des organisations familiales. FT Publicité
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actu dossier
galère en Calabre L’orientation sexuelle est un motif important d’exil. Elle est cependant rarement prise en compte lors de l’étude d’une demande d’asile en Europe. Si en Suisse et dans certains pays d’Europe les mentalités évoluent, les stigmatisations persistent. Texte : Isabel Jan-Hess, photos : Magali Girardin
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«
T’es demandeur d’asile, noir et en plus gay !!! En Calabre, c’est vraiment pas de bol !» La phrase moqueuse, lâchée dans un éclat de rire par un jeune Calabrais travaillant dans un centre pour migrants témoigne d’une réalité crue. Souvent persécutés dans leur pays, voire légalement menacés de la peine de mort, les migrants homosexuels subissent ici la double peine. Celle de la condition difficile de l’exil, doublée d’une stigmatisation violente dans une région catholique conservatrice. Nasser a 20 ans, un visage doux et le regard rieur. Il fait partie des premiers migrants hébergés dans un centre de premier accueil près de Lamezia Terme en Calabre. « J’ai été embarqué, contre ma volonté, sur un bateau pneumatique, une nuit », détaille-t-il avec précision. « Nous étions enfermés depuis des mois près de Sabratha, en Libye et contraints de travailler pour obtenir à manger. J’étais très fatigué, je ne supportais plus les coups et les remarques sur ma différence. » C’est à dire ? « On se moquait de moi parfois, j’étais très jeune, je n’avais pas 17 ans lorsque je suis arrivé
en Libye », ajoute-t-il, gêné d’évoquer cette féminité exprimée dans sa gestuelle. « J’avais fui le Ghana parce que je ne trouvais pas de travail, j’étais raillé, menacé pour ma différence, il n’y avait pas d’avenir pour moi là-bas. Et avec ma famille, c’était compliqué. Mais je ne voulais pas forcément venir en Europe, je voulais juste vivre en paix. » D’AFRIQUE En Calabre, Nasser a trouvé la paix, mais pas encore la sécurité. Dans le centre où il loge avec trois autres Africains, il assure n’être pas rejeté. Si la pudeur et les craintes de Nasser l’empêchent encore aujourd’hui de prononcer le mot homosexuel, ici tout le monde sait et ça ne pose pas, en apparence, de problème. « Plusieurs gays vivent ici, sans difficulté », assure Giovanni Carino, responsable du centre d’accueil situé au bord de la mer Thyrénienne. « Le problème pour lui, comme pour d’autres, c’est la difficulté à faire accepter sa demande d’asile sur cet unique motif. C’est regrettable mais pour obtenir le statut de réfugié, il faut venir d’un pays 7
où l’homosexualité est passible de peine de mort, voire de prison à vie. Les persécutions dont sont victimes ces personnes dans leur société ne rentrent souvent pas en ligne de compte. » D’autres sources confirment sur place que « sans preuves tangibles », telles menaces écrites, articles de journaux ou condamnations lourdes dans leur pays, les persécutions ne sont pas reconnues et la demande d’asile n’aboutit pas. Venant du Ghana, où l’homosexualité n’est pas pénalisée, Nasser n’obtiendra certainement pas le droit d’asile. Dès lors, les perspectives d’avenir du jeune homme sont floues. « L’Italie ne renvoie pas les migrants lorsque leur demande d’asile est rejetée », explique un élu local sous couvert d’anonymat. « Comme beaucoup d’autres, il finira dans la clandestinité et devra se débrouiller pour ne pas tomber dans des réseaux de traite d’êtres humains, très actifs dans cette région. » Mais Nasser ne baisse pas les bras, il veut s’en sortir. « J’aimerais travailler légalement, être accepté pour ce que je suis et ce que je sais faire. » Pour cela, il s’active déjà au
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Centre pour migrants Italie, Calabre, Riace, le 28 septembre 2017
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Italie, Calabre, Riace, le 1er octobre 2017
centre proposant son aide aux arrivants et en se positionnant toujours pour travailler. « Je découvre les métiers de l’agriculture », raconte-t-il. « En ce moment c’est la saison des olives, j’apprends à les préparer avec une famille calabraise formidable. Ils m’ont beaucoup aidé à apprendre l’italien et à m’intégrer ici. » Des moments de répit chaleureux qui ne lui font pas oublier la situation critique dans laquelle il se trouve. du Cameroun Landry, 33 ans est hébergé à Riace, un village réparti en deux hameaux l’un au bord de la Méditerranée, l’autre sur les collines à une dizaine de kilomètres. Une commune mondialement connue depuis que son maire, Domenico Lucano, a été nommé parmi les 50 personnes les plus influentes au monde par le magazine économique américain Fortune en 2016. « Ici, je me sens bien, libre et respecté », souligne d’emblée celui qui reste marqué par ses mois de captivité en Libye. « Je ne suis pas gay, mais j’ai dû fuir le Cameroun pour avoir milité des années pour les droits des
personnes LGBTI, encore discriminées. Lorsque mon frère, gay, a été assassiné, ma famille m’a demandé de partir. La situation devenait vraiment dangereuse pour moi et pour eux. » Poursuivi, menacé, le jeune homme franchit les frontières et survit quelques années de petits boulots en Côte d’Ivoire, au Bénin, en Algérie et au Niger, jusqu’à son arrivée en Libye. « Là, c’est l’enfer, une fois que tu as mis le pied dans ce pays, tu n’en sors que mort ou par la mer, impossible de faire marche arrière », se souvient-il. « Et les personnes LGBT, si elles sont démasquées sont souvent froidement tuées. On ne peut pas imaginer ça, c’est de la boucherie. » Capturé et enfermé dans un poste de police, il reconstruira à mains nues, avec un autre jeune Africain, les murs du bâtiment. « Je savais crépir et mes quelques notions de menuiserie m’ont aidé », explique l’ancien étudiant de Douala. « Après plusieurs mois, ils nous ont libérés, mais sans argent ni papiers d’identité. » Landry comprend alors que son salut passe par la mer, mais il a peur. « Toutes les nuits je voyais des gens 8
partir sur des bateaux surchargés et, comme je n’avais pas d’argent, je restais sur la plage, la peur au ventre », se souvient-t-il. « Et tous les matins, on voyait revenir des corps qu’on enterrait sans pelle dans le sable. Jusqu’au jour où j’ai pu partir aussi, en priant. » Arrivés en 2015 sur des barques de fortune parties de Grèce, Wallei et Al Ahrman ont accosté directement sur les côtes calabraises. Du pakistan Les deux jeunes gays pakistanais se sont rencontrés à Gizzeria, au bord de la mer Tyrrhénienne et vivent vivent « ouvertement » leur relation. « On loge dans un hangar avec les asiatiques et on nous laisse tranquilles », assure Wallei. « Hormis quelques petites vannes homophobes parfois, on n’est pas ennuyés ici. » Persécuté et menacé de mort au Pakistan, Al Ahrman a fui son pays en compagnie de son compagnon. Mais la route de l’exil a séparé le couple. « C’était très dur, au début j’étais parti pour lui, pour vivre avec lui », confiet-il. « Aujourd’hui je suis heureux
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avec Wallei, mais je veux quitter la Calabre. Il n’y a pas d’avenir ici pour moi. Je parle anglais, j’ai fait des études en informatique et je veux vivre libre dans une région où les gays ne sont pas rejetés. » Son compagnon tient le même discours. « J’ai parfois l’impression qu’on fait l’effort de nous accepter au centre parce que nous sommes des migrants et que nous allons repartir », avoue-t-il. « Mais vivre en Calabre en étant gay doit être difficile. » Tout comme Landry, Wallei et Al Ahrman obtiendront probablement leurs papiers pour rester en Europe. L’homosexualité est toujours passible de la peine de mort au Pakistan et le jeune Camerounais a pu apporter suffisamment de preuves des persécutions dont il a été officiellement victime. en Calabre Mais la Calabre n’est certainement pas la région la plus appropriée pour se reconstruire une vie pour un migrant LGBTI. Une réalité confirmée par la plupart de nos intervenants, très souvent gênés d’aborder le sujet. « C’est vrai qu’afficher son
homosexualité pose plus de problème qu’autre chose », reconnaît un trentenaire très impliqué dans la société civile. « Pourtant, il faut accepter ces gens et les intégrer, ils n’en peuvent rien, ce n’est pas de leur faute. » Face à notre étonnement, il poursuit. « Ce n’est pas normal d’être homosexuel. » Un autre Calabrais, issu d’une famille plutôt progressiste, nous confiait pourtant. « Un ami dont j’étais très proche m’a annoncé un jour être gay », confiet-il. « J’ai mis du temps à l’accepter et je m’en suis éloigné. C’est idiot, peut-être, mais quelque part je me sentais trahi et j’étais mal à l’aise en sa présence. » « A Lamezia Terme, l’esprit catholique conservateur a la dent dure. Un ancien élu de la région avait choisi d’afficher publiquement son homosexualité », explique notre interlocuteur. « Mais à partir de ce moment-là, il n’était plus crédible et a fini par arrêter la politique. » Des préjugés et des stigmatisations, plus virulents que dans le nord de l’Italie, mais qui restent bien ancrés dans un pays qui a pourtant légalisé les relations homosexuelles en 1890 9
et adopté l’union homosexuelle en 2016. Difficile dès lors pour les migrants gays d’espérer une véritable intégration dans cette région. Futurs clandestins, pour la plupart, il leur est d’autant plus difficile de quitter cette terre d’accueil peu bienveillante à leur égard. Et rentrer au pays ? « Pas question », répondent Wallei, Nasser et Al Ahrman à l’unisson. « Ce serait pire pour nous là-bas, notre avenir est en Europe. » Seul Landry envisage de rentrer au Cameroun. « Je veux essayer d’aller en France, apprendre la pâtisserie pour retourner un jour librement dans mon pays », assure le dandy de Riace, soulignant que ses amis et sa famille lui manquent ici. « Si Dieu le veut et surtout si Boko-Haram se retire, parce que je ne renoncerai jamais à militer pour les Droits humains dans mon pays. » Ce reportage a été réalisé grâce à la Bourse Jordi décernée au printemps 2017 à la photographe Magali Girardin et à la journaliste Isabel Jan-Hess
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Italie, Calabre, Gizzeria, le 23 septembre 2017. Centro di accoglienza straordinaria « Il Gabbiano ». Nasser, 20 ans, Ghana
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une quantité délaissée
Italie, Calabre, Gizzeria, le 23 septembre 2017. Saad Manzooy, 20 ans et Rehmn Ayub Dar, 21 ans, Pakistan
La question de la migration des personnes LGBT souffre du manque de statistiques.
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mpossible de connaître le nombre de demandeurs d’asile LGBTI en Calabre, tout comme en Italie ou ailleurs. L’organisation internationale Refuge asile et migration (ORAM) estime toutefois que 4% à 6% de la totalité des demandes d’asile internationales émanent de personnes LGBTIQ persécutées. « Aucune statistique ne recense ces personnes », confirme Denise Graf, de la section suisse d’Amnesty International. « En Suisse, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) n’a pas non
plus de données sur les personnes LGBTI cherchant protection chez nous en raison de leur orientation et/ou identité sexuelle. En 2010, Amnesty International avait lancé une pétition réclamant l’introduction d’une phrase semblable à celle visant la protection des femmes, mais le Parlement suisse n’est pas entré en matière. » Il n’y a en conséquence pas de véritable politique unique d’intégration des migrants gays en Europe et en Suisse. Certains pays, comme la Hollande ou l’Allemagne, sont 10
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à l’avant-garde et proposent des structures protégées, préservant des stigmatisations tout en favorisant l’intégration dans la société civile. Un centre de ce type devait ouvrir prochainement à Zurich. « Trop souvent encore ces personnes vivent une double vie et ne peuvent pas faire leur coming out, par peur d’être rejetées, raillé voire frappées par d’autres requérants », regrette Denise Graf, pointant aussi la rigidité du SEM dans certains dossiers. « Nous défendons une Sénégalaise de 36 ans, persécutée par sa famille et condamnée à 3 ans de prison dans son pays pour avoir eu des relations avec une femme. Mais toutes ses demandes ont été refusées, nous sommes en dernier recours. » Il m’est arrivé parfois de renvoyer des personnes dans un autre pays européen pour que leur demande d’asile ait plus de chances d’aboutir. » Elle soulève aussi un non respect flagrant des droits des personnes LGBT en évoquant deux lesbiennes russes, séparées. « L’une est dans un centre à Zurich, l’autre à Berne, alors qu’elles sont arrivées ensemble en précisant clairement être en couple. » Pour Anne Arvy, coordinatrice du projet Asile LGBT Genève, l’urgence est à la formation et à la sensibilisation des professionnels en charge de l’évaluation des demandes d’asile et de l’accompagnement des réfugiés. « Même si les conditions d’accueil en Suisse sont meilleures que dans d’autres pays, il reste encore beaucoup à faire pour permettre aux réfugiés LGBTI de vivre ouvertement leur identité », explique celle qui intervient régulièrement dans les structures d’accueil genevoises. « Le premier problème reste leur visibilité. Beaucoup ont appris à se cacher pour se protéger et ne mettront jamais spontanément leur orientation sexuelle ou leur identité de genre en avant. D’autant plus s’ils se retrouvent logés avec des personnes de la communauté qu’ils ont fuie. » Une invisibilité reproduite dans les prises en charge, proposées par les professionnels, souvent non inclusives des personnes LGBTI, dénoncent les associations. Afin de lutter contre la marginalisation et l’invisibilité des réfugiés LGBTI, la coordination asile.ge a publié en novembre une brochure très complète pour un accueil inclusif et égalitaire. « Ce guide s’adresse principalement aux professionnels de l’asile et aux personnes engagées auprès de réfugiés LGBTI », explique Anne Arvy. « Il propose des pistes théoriques et des outils pratiques permettant de sortir de l’hétéronormativité afin de veiller à respecter les droits de ces personnes et combattre la vulnérabilité liée à leur marginalisation. » IJH
Brochure Réfugié.es LGBTI – Guide pratique pour un accueil inclusif et égalitaire disponible sur : lgbt.asile.ch
Pétition Queer Amnesty pour l’amélioration de la protection des personnes migrantes LGBTIQ en Suisse : queeramnesty.ch
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©Margot Werlen
Comme un être de liberté Son prénom est un mélange entre mélodie et mélopée. Meloe Gennai est un poète avant tout. Dans ses textes comme dans sa vie, il défend le droit du monde à être multiple, loin des étiquettes. Zelda Chauvet
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« La vraie richesse, la vraie expérience naît de la diversité, de ce qui est autre, autrement dit, de ce qui est. » Meloe Gennai
actu portrait
E
ntouré de 4 sœurs, Meloe grandit dans une large famille. D’origine jamaïcaine, anglaise, italienne et suisse, la culture multiple fait de son environnement une source riche qui nourrit ses questionnements et le place en dehors des schémas classiques. « Ma famille étant métissée, nous avions de nombreux livres d’auteurs africains-américains et de la culture noire francophone, sur les questions d’identité. Je me sentais aussi comme ça, différent des autres. Ces auteurs m’ont vraiment aidé à me construire. » Meloe sait en effet depuis longtemps que le monde ne le regarde pas comme il se voit. Celuici le sépare malgré lui de sa réalité. « Enfant, je ne me disais pas, je suis un garçon, je me disais, je suis avec mes potes. Alors quand on me demandait d’aller faire de la couture, je ne comprenais pas. Je refusais cette autorité, parce que je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas moi aussi fabriquer des épées avec mes amis. » Sa rébellion contre un système qui lui semble manquer de logique et d’humanité lui vaut des renvois de l’école et des difficultés scolaires jusqu’à son entrée au Collège. Sa manière d’être est rabrouée dans son entourage, et il subit des agressions dans l’espace privé et public. L’identité trans* est une forme de marginalisation qui intersectionne avec d’autres oppressions. Il lutte pour survivre et pour vivre, et l’écriture lui permet de s’ancrer autant que de poser sa réalité - véritable abris à intempéries.
« J’ai commencé à écrire vers 10 ans, parce qu’il m’est arrivé tant de choses trashs, que je me suis dit que ça devait être dans ma tête. On m’a traité de chien d’arabe, on m’a frappé... Donc, chaque fois qu’il m’arrivait un truc horrible, j’écrivais comme pour être sûr que je ne l’avais pas rêvé. » Il tient d’abord un journal intime avant d’écrire une première histoire à 12 ans à l’arrivée dans sa nouvelle école publique, sur le groupe de filles qui spontanément l’intègre. L’écriture ne le quittera plus. Et c’est précisément la spontanéité naturelle de son inspiration qui l’anime comme une mélodie intérieure qui chante le monde qu’il rêve de pratiquer. « Mon inspiration est une collection d’élans spontanés. Je viens d’une famille de musiciens, et si j’ai joué de plusieurs instruments, enfant, ce n’est qu’avec la poésie que j’ai pu aller au bout de ma créativité. Du coup, elle intègre un peu tout. Elle est rythmique, musicale et pleine d’images. Un peu synesthète, comme moi. Elle rassemble plein de choses dans un moment et parle je pense beaucoup de projections. Je sens les prémisses d’un événement qui va se produire, parce qu’elles crient, elles sont là. Les mots me permettent de l’ancrer, de le rendre réel. » Ses textes se vivent, se disent, comme dans la tradition orale du partage, loin des dictats d’une culture trop élitiste. Meloe doit beaucoup à son héritage. C’est cette connexion plus réelle à l’essence des choses qui lui a permis de se 13
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réaliser. « La colonisation du monde a commencé par celle des Européens par eux-mêmes, des esprits, de l’effacement de la capacité à se connecter à leur environnement. On a créé des codes, des règles pour imposer un régime qui allait avec des croyances données. Pour moi, la vraie richesse, la vraie expérience naît de la diversité, de ce qui est autre, autrement dit, de ce qui est. » C’est aussi pour cela que sa transition est libératrice, malgré la perte, les obstacles administratifs et sociaux que rencontrent toutes les personnes trans* ; une situation qui précarise tout type de personne dont la situation est invisiblilisée et à qui on ne donne pas la parole. Sa transition se fait naturellement, loin de la douleur. S’il perd certains membres de sa famille et des amis, d’autres le soutiennent et l’accompagnent. Il attend toutefois d’être adulte pour s’approprier sa propre image de lui-même. « Quand on est un être dans l’enfance et un être dans l’adolescence, on peut refouler le monde des adultes et dire que c’est n’importe quoi. Mais avec le temps, on devient de plus en plus perméable, on doit travailler, etc. Un jour, j’ai simplement compris qu’il fallait que je change, que c’était
beaucoup trop fatiguant de faire la fille, de vivre cette vie contre le mouvement naturel de ce que j’étais alors que je pouvais simplement être. » Aujourd’hui, avec deux bachelors et un master en poche, il s’engage par les mots dans ses poèmes comme par les actes au sein de différentes associations. Il lutte pour une plus grande reconnaissance de la communauté trans* et nonbinaire, tant dans les processus de décision qui la concerne que dans la considération de ce qu’elle est en essence. Avec le rêve au cœur qu’un jour peut-être le mot trans* luimême n’ait plus besoin d’exister, car ce jour-là, chacun.e sera reçu.e dans son intégralité.
ESPOIRS Tout cela était tout à fait Sirupeux Et mes ailes étaient engluées J’ai alors pensé à me les laver Pour pouvoir au moins en boire les conséquences. Temps, intempérie, tempérament Meloe Gennai Ed. des Sables, octobre 2017 En vente à Livresse, au Parnasse et chez Beckbooks. 15
actu portrait
©Meloe Gennai
actu mode
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UNE CERTAINE IDÉE DE SENSUALITÉ
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e défilé de la HEAD 2017 prédit la mode de demain, nous en avons tiré trois collections en guise des tarots annonçant un érotisme illuminé. Le tant attendu défilé annuel de la HEAD a fait déferler son lot de créations comme chaque automne. Le 20 octobre dernier une foule de 2000 personnes a afflué à l’espace Hippomène, devenu nouveau campus de l’école qui figure désormais, selon The Business of Fashion, parmi le top 10 des meilleures institutions internationales. Présidé par Serge Ruffieux de la maison Carven, le jury 2017 a attribué le prix Mercedez Benz à Mikael Vilchez pour sa déclinaison du denim pour homme alors que, pour le niveau bachelor, Miguel Filipe Mendes Salvador empochait le prix Bon Génie grâce à son jeu de chemisiers déstructurés et à son amour pour les couleurs fortes et pour les rayures. Nouveauté de
l’édition 2017, la Redoute élisait un designer pour la production d’une collection capsule. C’est Flore Girard de la Langlade, avec une veine tauromachique, qui remportait la commercialisation de ses pièces via l’enseigne française en mars prochain. Sur le catwalk, tout au long des 270 tenues, un parfum queer n’a cessé de séduire les spectateurs. Sève de ces visions de mode, une douceur et une sensualité non binaires irriguent les différentes collections où l’on retrouve une prédominance de rouge et de bordeaux, ainsi que des jeux de volumes qui laissent entrevoir la peau. FéTICHISME Hélène Bedeccarax a notamment taillé des ouvertures au niveau des genoux et des coudes. « J’ai imaginé des extraterrestres pour qui les genoux seraient au centre des 16
fantasmes érotiques », raconte la jeune designer qui emprunte dans le vocabulaire fétichisme SM pour déployer sa fascination pour le fantastique. Ainsi, ces fameuses fentes érogènes s’insinuent sur une combinaison stretch violet ou sur un pantalon en vinyl bordeaux. Les tenues sont pimpées par les subtils contrastes de matières, jouant constamment entre mat et brillant. Brillant le trench en faux croco digne d’une tenue de Prince, mat le magnifique pull en jersey molleton avec un tressage de tissu en forme tubulaire qui s’apparente à des antennes. En matière de science-fiction érotique, il est impossible de ne pas penser à Barbarella, mais la jeune diplômée de la Head cite également la puissance visuelle de David Lynch ou encore les films du réalisateur nippo-américain Gregg Haraki comme source d’inspiration.
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Duc Siegenthaler
Hélène Mars attaque la fashion planète Rendez-vous en terre inconnue : l’érotisme sur une planète récemment découverte. Si vous avez la chance de rencontrer ces extraterrestres pour le moins extravagants, vous constaterez que les genoux et les coudes sont au centre de fantasmes érotiques…
Fanny Devaux UEFA Euro 2004 / 0-1 / Angelo Charisteas a marqué le but gagnant, Athènes est devenu un grand club, personne ne s'y attendait. Une collection rendant hommage à la culture sportive et à son esthétique inspirée de la mode grecque antique. Photos : ©Head Raphaëlle Mueller ©Head Yvan Alvarez ©Marvin Leuvrey ©Olivier Lovey ©Cynthia Mai Ammann
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Sorry about Saturday night mum Une nouvelle vision onirique et romantique de l’univers homosexuel.
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robe de marié pour homme », comme nous explique ce designer à la longue chevelure soyeuse. Pour sa collection « Kalamatzi » Fanny Devaux s’est inspirée du chiton de la Grèce antique. En partant de ce vêtement hyper identifiable et souvent réinterprété sous forme de robe drapée hollywoodienne, elle a distillé des pièces sportives, graphiques, sensuelles, avec une touche destroy. Elle avoue être éperdument habitée par le sportswear. « L’insertion du sportswear dans le vestiaire contemporain s’est fait progressivement et sous différentes formes, mais est incontestablement l’une des plus grandes tendances de ces dernières décennies! » Ses looks, avec leur ouvertures et coutures de biais, évoquent la torsion et le mouvement mais refusent toute utilité sportive.
TENUES TECHNO-VICTORIENNES « Sorry about Saturday night mum » est le titre racoleur de la collection de Duc Siegenthaler, charmante créature au look androgyne qui colle l’homosexualité à un univers résolument onirique et romantique. Une profusion de dentelles saupoudre ses looks qui s’inspirent autant de la nuit berlinoise que de l’élégance d’un autre temps. « Parmi les images de mon moodboard imaginaire, j’avais celle d’une famille noble à l’époque victorienne et exclusivement masculine.» Toutes les pièces sont rigoureusement souples et fluides, ce qui leur confère une grande liberté de mouvement. On retient aussi le détail des coudières rouges avec franges ainsi que la superbe tunique blanche qui clôt sa présentation, « une
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Le tragique destin de Gianni Versace Le 17 janvier, FX dévoilera le premier épisode d’« American Crime » Story 2, qui raconte le meurtre de Gianni Versace au top de son art. Au casting de cette saison : Ricky Martin et Penelope Cruz. Patience, on y est presque. Alexandre Lanz
Société buzz
Christie Turlington, Gianni Versace et Linda Evangelista
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ardi 15 juillet 1997. Ce matinlà, un soleil de plomb règne sur Miami Beach. Gianni Versace se sent en forme et décide d’aller acheter lui-même la presse, une tâche qui revient d’habitude à Arthur, l’employé de maison. Il enfile un T-shirt et un short, va prendre son café sur Ocean Drive et revient avec Vogue, People, The New Yorker, Newsweek et Entertainment Weekly sous le bras à la villa Casa Casuarina aux environs de 8h45. Il monte les quelques marches amenant à la grille et au moment où il s’apprête à tourner la clé, il entend un bruit et se retourne. Face à lui, le serial killer Andrew Cunanan pointe un pistolet de calibre 40 dont l’extrémité touche
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la joue gauche du couturier italien. Il tire une première balle, Versace s’effondre. Une deuxième balle l’atteint au cou. Antonio, l’amant du couturier, se précipite dehors, alerté par les détonations. Il voit le meurtrier s’échapper au coin de la rue, une casquette sur la tête. La victime baigne dans son sang, le soleil de plomb règne toujours sur Miami. Les secours de l’unité de traumatologie de l’hôpital Jackson Memorial n’y peuvent rien : quelques minutes plus tard, Gianni Versace est déclaré mort à 50 ans. La mode, le glamour, la fortune, le sexe et le sang, tous les ingrédients sont réunis pour un épisode d’anthologie de « Top Models » ou « Dallas » 21
quelques années plus tôt. Sauf que là, la réalité a rattrapé la fiction et le rêve américain s’est transformé en cauchemar. Le meurtre spectaculaire de Versace choque la terre entière et le milieu de la mode est inconsolable. De la princesse Diana à Madonna, ses amies, au club très fermé des top modèles superstars de l’époque, il a la réputation de sublimer le corps des femmes mieux que tous les autres dans des robes bling avant l’heure dévoilant le sex-appeal dans le mouvement. Donatella, la sœur éplorée du visionnaire du lifestyle bourgeois et kitsch à mort des années 90, s’érige aussitôt en Sister Dolorosa dans les médias. Elle n’a pas terminé de sécher ses larmes
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Société buzz
Darren Criss et Nico Evers Swindell dans « The-Assassination of Gianni Versace »
lorsqu’elle reprend les rennes de l’empire de son frère trop tôt disparu. The show must go on. Aujourd’hui, c’est le moment d’inverser les rôles, de la réalité à la fiction. Le timing est parfait : vingt ans plus tard, le cycle de la mode a fait son tour et le monde est prêt à revoir cette incroyable saga. Cerise sur le gâteau du défilé printemps-été 2018 le 23 septembre à Milan, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Carla Bruni et Helena Christensen rendent un vibrant hommage à Versace dans des robes s’inspirant de son style en maille métallique, entourant Donatella, triomphante et émue. Le temps des hommages est venu, en revisitant son style, mais aussi en
se replongeant dans son destin tragique et hors du commun. Surfant sur le succès de sa première saison sur l’affaire O.J. Simpson qui avait tenu les médias internationaux en haleine dans les années 90, American Crime Story se colle à la reconstitution de l’assassinat du styliste au sommet de sa gloire pour sa saison 2. L’annonce du casting avait déjà fait piaffer d’impatience les réseaux sociaux, souvenons-nous : aux côtés d’Edgar Ramirez dans le rôle de Gianni Versace, on retrouve Ricky Martin dans la peau – ou plutôt les slips moulants – d’Antonio D’Amico, son sexy boyfriend, ainsi que Penelope Cruz sous les traits d’une Donatella version pré-bistouri, répliquant à la perfection son accent 23
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inimitable. Le premier trailer balancé mi-novembre est à la hauteur de nos espérances et annonce la couleur allant du turquoise au plaqué or, sans oublier le principal : l’emblème de la marque, une tête de méduse. Ceux qui auraient préféré Lady Gaga dans le rôle de la sœur du couturier pour des raisons évidentes de ressemblance physique ne seront pas déçus par le choix de Cruz, investie à 100% dans sa partition. Allez, la torture est bientôt terminée. Dans quelques jours, nous pourrons enfin savourer la tragédie moderne sur nos écrans. American Crime Story Saison 2 : l’assassinat de Gianni Versace. Première mondiale mercredi 17 janvier sur FX.
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CONVERSATIONS MANQUANTES Amandine Gay est sociologue, militante et cinéaste. Aujourd’hui installée à Montréal, elle est une tête chercheuse de l’afroféminisme en France. Dans son premier film, « Ouvrir la Voix », elle donne la parole à vingt-quatre femmes afro-descendantes.
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Antoine Bal
Amandine Gay
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©Enrico Bartolucci
ocumentaire choral entièrement autoproduit, « Ouvrir la voix » vient combler un vide de représentations inquiétant en 2017, sur une question cruciale : « qu’est-ce qu’être femme et noire aujourd’hui, en France ?». Pendant plus de deux heures, vingt-quatre femmes produisent leur propre narration, sans voix off surplombante, à partir de leurs expériences person-
nelles- communes, parfois- sur des thématiques aussi diverses que l’intégration, la religion, le genre, l’identité sexuelle, le travail, l’éducation, la famille, l’hypocrisie autour des mots « race » ou « noir » ou encore l’exotisation amoureuse. 360 a volé quelques minutes de battement dans l’agenda de ministre d’Amandine Gay, venue porter son film dans plusieurs villes romandes.
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Il manque aussi des modèles d’identification ? J’ai grandi dans les années 90 en France. Il n’y avait pas de femmes noires queer dans l’espace public français. Aujourd’hui, à part l’humoriste Shirley Souagnon, relativement visible à la télé, je ne vois toujours pas. On est en 2017 ! C’est compliqué de grandir dans ce contexte. Avec le film, j’essaie d’amener une conversation là-dessus pour libérer une parole et permettre que les plus jeunes puissent avoir des modèles, des possibilités d’identification. Là, le film est montré à des scolaires. Je me dis toujours, quand on m’amène 4 ou 5 classes, que dans le lot il y a au moins une fille qui n’est pas hétéro. Alors quelle chance d’avoir vu un couple de femmes noires (à la fin du film) à 14 ans ! C’est ça de pris pour plus tard. Bien sûr, la tâche reste immense. Mais ce qui me donne de l’énergie, c’est de voir des femmes noires venir au cinéma avec leurs mères, parfois même trois générations. C’est une vraie victoire.
Pourquoi les femmes noires trans* sont absentes de ton film ? L’objectif de mon film était dès le départ de donner une visibilité aux femmes noires. Une visibilité hétérogène. J’ai rencontré des femmes trans* mais aucune ne voulait témoigner à visage découvert. J’étais donc face à un dilemme : soit je les ostracisais, et elles seraient les seules floutées, ce que je trouvais horrible. D’un autre côté, je ne pouvais pas flouter tout le monde ou changer la structure du film puisque qu’il s’agit précisément d’un film sur la prise de parole dans l’espace public. Je suis donc obligée de constater que l’absence des femmes trans* en dit tout simplement long sur notre société : aujourd’hui, pour une femme noire trans*, en France, c’est trop dangereux de prendre la parole publiquement et d’être identifiable dans un film. De façon plus générale, est-ce qu’on pourrait revenir sur le mot « noir » : pourquoi semble-il si délicat pour les blancs à prononcer ? Le plus simple c’est de faire l’effet miroir. Nous, les noirs, et le reste de la population d’ailleurs, on ne dit pas « white » pour dire les blancs. Donc qu’est ce qui se joue ici ? Surtout dans un pays où l’on est obsédés par la langue française, pourquoi passer tout à coup par le mot anglais « black » pour ne pas dire le mot « noir » ? Ce mot traduit un malaise. En fait, il traduit le malaise qu’il y a, en France, à aborder les questions raciales de façon frontale. C’est lié au « privilège de l’innocence de sa couleur », expression édifiante du film ? Oui, c ’est pour cela qu’on insiste sur l’expérience sociale de la race. Le blanc comme le noir représentent des constructions sociales vécues. L’enjeu c’est d’appartenir à la norme majoritaire ou pas : quels sont les stéréotypes attachés au fait d’être blanc ? En fait, il n’y en a pas, parce que c’est la norme, elle se voit pas, elle n’a ni besoin de se nommer ni de se légitimer, contrairement aux groupes minoritaires. Et je constate qu’en France, il y a non-thématisation et non-conscientisation de tout ce qui n’appartient pas à la norme. Et c’est une des choses qui effectivement se cache dans le vocabulaire, mais qu’on peut retrouver à tous les niveaux. Le mot « noir » fait partie d’un ensemble qui traduit l’incapacité à révéler la norme, et à révéler les rapports de pouvoir. 25
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360° Amandine Gay, dans « Ouvrir la Voix », l’une des protagonistes affirme que pour les lesbiennes noires en France, « tout reste à faire »… AG Et c’est vrai ! En France, même si ça bouge, il y a vraiment du boulot. La Paris Black Pride s’est montée il y a deux ans mais il reste trop peu de groupes vers lesquels les jeunes noires pourraient se tourner. Ce que disent les filles dans mon film, c’est qu’elles sont prises dans une sorte de double invisibilité. D’un côté, dans l’espace majoritaire blanc, on nous imagine toutes hétérosexuelles a priori. J’en fait l’expérience en tant que cinéaste, auprès de producteurs qui ne croient pas que mes personnages existent ou qu’elles vont trouver un public. De l’autre, certains discours circulent dans nos communautés afros selon lesquels les blancs auraient amené l’homosexualité avec la colonisation, que c’est un truc de blanc qui n’existe pas dans nos propres communautés, sauf pour des personnes qui seraient trop assimilées. Tout ça crée une sorte de navigation étrange et complexe entre des mondes où l’homosexualité n’a pas de prise, d’un côté comme de l’autre, sachant que dans ce contexte, les groupes LGBT sont encore très peu calés sur les questions raciales en France.
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Il y a une dépolitisation au sein des communautés LGBT ? Oui, et il y a surtout une dé-historicisation des luttes. Est ce qu’on va voir ce qu’on fait nos aînés ? D’où viennent nos luttes ? Bon, là il y a eu « 120 battements par minutes » : mais sans déconner la question du SIDA et des IST, a quasiment disparu du discours public ! Au sein des communautés LGBT aussi. Et ça ce n’est pas possible ! Parce que c’est chez les
racisés, chez les plus minoritaires qu’il y a une explosion du VIH SIDA ! A Stonewall, il ne faut pas oublier que les luttes LGBT ont été portées d’abord par les personnes trans* racisées les plus discriminées. Et donc, à partir de la mémoire, se pose la question de la réciprocité. Quand on atteint un certain nombre de droits, est-ce qu’on s’arrête de militer parce que ça y est, c’est bon pour nous ? Ou est-ce qu’on se dit : « y’en a d’autres dans la communauté qui sont plus vulnérables et on va voir ce qu’on peut faire pour ces personnes aussi ! ». Cela oblige à déterminer si in fine notre objectif est de se rapprocher le plus possible de la norme, de rejoindre le groupe dominant alors même qu’on en a été exclu du fait même de notre orientation sexuelle, ou s’il est de tendre vers une société réellement plus égalitaire. Comment les minorités peuvent-elles être de meilleures alliées ? Pour moi ça passe par la thématisation des problèmes. C’est le principe du film. Je suis convaincue qu’on ne peut pas régler les problèmes si on les nomme pas. Il faut réussir à remobiliser la communauté et les hommes blancs gays cisgenres les plus privilégiés à plein de niveaux. Réactiver une solidarité avec les queer précaires, avec les queer racisés. Et il faut thématiser ses privilèges blancs masculins, ou sa propre misogynie par exemple, pour pouvoir la déconstruire et avancer. Mais aussi thématiser les rapports Nord-Sud, pour décoloniser les imaginaires. Ouvrir la voix d’Amandine Gay est encore à découvrir au Cinéma Spoutnik jusqu’au 17 décembre prochain, et au Zinéma, à Lausanne, jusqu’au 19 décembre.
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Société rencontre
Que penses-tu du fait que des discriminations soient aussi frontalement exprimées sur les applications de rencontre gay, par exemple ? On a beaucoup de mal à politiser la question du désir, à travers cet enjeu des « no fem, no black, no asian, no fat » sur les profils de sites de rencontres gay- et lesbiens aussi d’ailleurs. Il y a trop peu de conversation là-dessus. Quand on l’aborde comme problème, on va nous dire que c’est une question de « préférence », que ce n’est pas du racisme. La préférence raciale présentée comme enjeu a-politique ou « juste » de désir, c’est absurde. D’abord, comment peut-on oublier que le désir appartient au monde dans lequel on vit. Donc pourquoi pas de gros ? Parce que la norme veut actuellement qu’on soit mince. Pourquoi pas d’efféminés ? Parce que la norme est devenue telle qu’on ne peut plus être efféminé dans la communauté gay ? Alors bien sûr que oui, c’est politique de dire je préfère telle ou telle chose ! Pourquoi c’est politique ? Parce que sur ces profils on a affaire à de la réification : dire « j’aime pas les noirs » ça veut dire que tous les noirs se valent, que nous ne sommes plus des individus singuliers, plus tout à fait des êtres humains : nous sommes appréhendés en tant que noirs comme une identité dangereusement globalisante, totalisante.
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« Serbis »
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Rétrospective au Black Intitulée « Mauvais genre », elle propose une douzaine de films au sein d’une programmation riche et engagée, dédiée au meilleur du cinéma d’auteur mondial. Edmée Cuttat
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lack Movie, co-dirigé par Kate Reidy et Maria Watzlawick, revient pour sa 19e édition. Engagé depuis le début dans la défense d’une cinéphilie auteuriste, indépendante et internationale, le festival genevois montrera pendant 10 jours, du 19 au 28 janvier prochains, une cinquantaine de films en provenance d’une vingtaine de pays, des Philippines à l’Inde, en passant par la France, le Brésil, l’Argentine, la GrandeBretagne. Et le voyage continue avec les derniers-nés de grands réalisateurs, dont « Le jour d’après » du SudCoréen Hong Sang-soo, « Avant que nous disparaissions » du Japonais Kiyoshi Kurosawa, « Une femme douce » du Russe Sergei Loznitsa, « Gareth Jones » de la Polonaise Agnieszka Holland, « Frost » du Lituanien Sharunas Bartas, « Mrs Fang » du Chinois Wang Bing, Léopard d’or au dernier Festival de Locarno. A noter également le retour du Congolais Dieudo Hamadi, invité en compagnie de nombreux autres réalisateurs, avec son film « Maman colonelle ». Entre anciens et nouveaux métrages Black Movie innove par ailleurs en présentant « Mauvais genre », une rétrospective sélective de films queer diffusés au festival de 2001 à 2017. On y reverra des œuvres du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, du Brésilien Gabriel Mascaro ou de l’Argentine Anahi Berneri, aux côtés de nouvelles productions. A découvrir « They »,
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premier film de de l’Iranienne Anahita Gazvibizadehr. Elle brosse le portrait de J., adolescent en plein questionnement de son identité sexuelle, qui prend des hormones pour retarder sa puberté. Mais un week-end pourrait tout changer. Avec « Those Long Haired Nights » du Philippin Gerardo Calagui, on suit Tuesday, Amanda et Barbie. Ces trois femmes transgenres aux caractères opposés, passent une nuit chaotique sur le chemin de leurs rêves dans un quartier chaud de Manille. De leur côté, les Brésiliens Marco Dutra et Juliana Rojas tâtent du fantastique dans « As Boas Manieras ». Clara, une jeune infirmière de la banlieue de São Paulo est engagée comme nounou du futur enfant de la mystérieuse Ana. Alors que les deux femmes se rapprochent, l’accouchement n’aura rien d’une délivrance… « El diablo es magnÍfico » du Chilien Nicolas Videla raconte, lui, l’histoire d’une immigrante trans* de 33 ans. Après avoir vécu dix ans à Paris, Manu, fatiguée de l’hostilité à laquelle elle doit faire face, décide de rentrer au Chili. Sur sa route, elle rencontre un voyageur qui va remettre dans sa vie un romantisme qu’elle n’espérait plus. Genève, du 19 au 28 janvier. Lieux principaux : Maison des Arts du Grütli, Cinéma Spoutnik, Cinélux, Alhambra. Lieu central : Cercle des Bains. Informations pratiques blackmovie.ch 29
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« I don’t want to sleep »
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BOBINES EN ACTION
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e Jura a désormais son festival du film LGBTIQ. « Bobinette » déroulera ses bobines du 26 au 28 janvier 2018 au SAS de Delémont (cour du château). Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, les projections sont gratuites et un chapeau sera disponible à la sortie. Afin d’apporter un volet festif à cet événement dédié au 7e art, une soirée est organisée le samedi dès 22h30. L’occasion pour celles et ceux qui n’ont pas pour habitude d’aller profiter de la beauté du Jura et des jurassiens.
« XXY » de Lucía Puenzo, 2007
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Transdessinée par Johanna
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culture FESTIVAL
Toutes les infos sont sur facebook.com/ bobinetteFesti/
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Passion à la ferme du Yorkshire Avec « God’s Own Country », le réalisateur Francis Lee propose autre chose qu’un coming out. Tomber amoureux a été la chose la plus difficile de sa vie.
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Edmée Cuttat
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rix de la mise en scène à Sundance, le premier long métrage du Britannique Francis Lee met en scène Johnny, un jeune fermier gay du Yorkshire, aigri, colérique et introverti. Se consacrant à l’exploitation de la ferme familiale, perdue sur une terre aride, il tente d’oublier ses frustrations dans l’alcool et des accouplements occasionnels avec des inconnus. Jusqu’au jour où débarque Gheorghe, un migrant roumain engagé pour l’aider. Si le film évoque la difficulté à s’assumer dans un tel milieu, le vrai sujet réside dans l’empêchement, pour Johnny, de s’attacher à ceux qui l’attirent. C’est ce qui change avec Gheorghe, beau comme un dieu, auprès de qui il va éprouver des émotions jamais ressenties. Une relation intense va naître, contrastant avec les baises brutales dans des lieux sordides. Le film raconte ainsi l’apprentissage d’une autre virilité, la découverte des sentiments, de l’amour de la tendresse. Tout en dépeignant des ébats passionnés sans fard, mais sans complaisance. Garçon doux à la longue barbe, Francis Lee, 46 ans, habitant une maison isolée dans la lande, sans internet, est né comme son héros dans une ferme qu’il a quittée à vingt ans pour étudier l’art dramatique. Devenu acteur, il sent que ce n’est pas sa voie. Il a envie d’écrire ses propres histoires et de passer derrière la caméra. Il 32
réalise deux courts métrages avant de s’attaquer, il y a six ans, à God’s Own Country (Seule la terre). « Il s’agit d’un film très personnel, mais pas autobiographique », nous dit le réalisateur lors d’une rencontre au GIFF à Genève où il précise ses intentions. « Que Johnny soit gay ou non n’est pas important. Mon but n’était pas de faire un film sur un coming out, mais de m’intéresser aux réactions émotionnelles liées au fait d’aimer et d’être aimé. Tomber amoureux a été pour moi la chose la plus difficile, tant je craignais d’avoir le cœur brisé ». Beaucoup comparent « God’s Own Country » au fameux « Brokeback Mountain » d’Ang Lee. « je suis flatté, c’est un film magnifique. Sauf qu’il est complètement différent. Ce n’est pas le même monde, ni la même époque. Les deux protagonistes sont obligés de se cacher, contrairement à Johnny dont le principal problème est de s’ouvrir aux autres. » Le film, qui surfe également sur le racisme et l’homophobie, connaît un gros succès des deux côtés de l’Atlantique. Mais Francis Lee, qui aime sa vie, sa famille, ses amis, n’a pas l’intention de succomber aux sirènes de Hollywood. « Je reçois beaucoup de scénarios, mais je sais que je n’aurai pas le final cut. Et je veux rester maître à bord de mon prochain film. Quitte à prendre le risque qu’il ne soit pas aussi bien reçu que le premier. » Sortie le 24 janvier
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une amitié indéfectible Fernando Perez offre un instantané contrasté sur Cuba.
Solidarité Tandis qu’on suit son agonie, on assiste à une sorte de valse des habitants de l’immeuble décrépi, un vieux bonhomme, un coiffeur, une
prostituée, une voisine pratiquant la santeria, qui viennent rendre visite au malade, proposant leur aide. Ils manifestent une solidarité que l’on retrouve ailleurs dans la capitale, au sein d’une population hétéroclite. Affrontant son lot quotidien de difficultés, elle se débrouille avec les moyens du bord, plus ou moins catholiques, pour les surmonter dans un pays miné par la crise économique, celle du logement et la corruption. Ce r t a i n s p a r t e n t d’a u t re s restent dans cette île qui n’est plus ce qu’elle était, mais ignore ce qu’elle sera. Avec Ultimos Días en La Habana, tragi-comédie pleine de finesse et de subtilité, Fernando Pérez, documentariste à ses débuts, nous offre l’instantané contrasté d’un Cuba comme suspendu entre le présent et le futur. Celui-ci est représenté par la jeune nièce de Diego, une adolescente fugueuse à la langue bien pendue qui veut camper chez son oncle pour échapper à sa mère. Le réalisateur semble envisager cet avenir avec un certain optimisme. D’où ce film en forme de leçon d’humanité, à la fois triste, drôle, émouvant. Dénué de pathos et de misérabilisme, il montre l’amour que son auteur éprouve pour la ville, ses compatriotes et la culture cubaine. EC Sortie le 6 décembre 33
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iguel et Diego, la quarantaine avancée, vivent ensemble dans un appartement délabré au centre de la Havane, une ville sur le point de connaître de grands changements. Plongeur dans un restaurant, le taciturne et morose Miguel (Patricio Wood), déçu d’un régime plein de contradictions, n’espère rien de la révolution. Il rêve de fuir aux Etats-Unis et se prépare à l’aventure en regardant une carte de son eldorado épinglée au mur de la cuisine, tentant également d’apprendre chaque jour quelques mots d’anglais. Dans l’attente impatiente de son visa, il prend soin de Diego ( Jorge Martinez) cloué au lit, le nourrit et veille à satisfaire ses désirs. En phase terminale du sida, ce dernier garde paradoxalement une incroyable vitalité, un sens aigu de l’humour et de la dérision. Continuant à affirmer haut et fort une homosexualité qualifiée de perversion par le gouvernement et qui lui a valu le rejet de sa famille, il veut jouir le plus possible d’une existence qu’il a tant aimée. Ces deux hommes que tout semble séparer sont pourtant liés par une amitié profonde, indéfectible.
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Dans la tête de…
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« Feud » ou la guerre légendaire entre Bette Davis et Joan Crawford avec en toile de fond toute la misogynie d’Hollywood. Anne Rollat
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ans les années 30 et 40, Bette Davis et Joan Crawford sont les stars incontestées de l’âge d’or hollywoodien. A l’époque, l’une et l’autre sont connues pour leurs querelles incessantes construites sur des jalousies, des détestations et sans doute sur une admiration réciproque. Il faut dire qu’elles représentent deux visions du cinéma et donc de l’Amérique. Bette Davis utilise son crédit pour obtenir les meilleurs rôles. Joan Crawford poursuit son rêve obsédant d’ascension sociale. Les différents restent, la jeunesse passe très vite ! Dans une industrie sexiste où il ne fait pas bon vieillir, elles sont de moins en moins sollicitées, les studios leur préférant des actrices comme Elizabeth Taylor, Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn. Elles ont du mal à trouver des rôles et finissent par disparêtre à l’arrièreplan. Sur ce point, leurs souffrances sont partagées mais elles vont se battre becs et ongles pour se faire respecter. Même si ce n’est pas l’amour, il en va de leur carrière. Les voilà, après maintes péripéties, réunies en 1962 sur le tournage de « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » pour
raconter l’histoire de deux vieilles sœurs aux destins brisés qui ont connu chacune leur heure de gloire. Rien n’était joué, l’impitoyable Jack Warner dira, avant finalement d’accepter de distribuer le film : « Personne ne paiera pour voir ces deux vieilles peaux à l’écran. » La série « Feud » (huit épisodes), se déroule à ce moment, lors d’un duel captivant qui fait écho à un pays où la misogynie pourrit l’ambiance. D’autant que le réalisateur Robert Aldrich ne manquera jamais d’alimenter la rivalité entre les deux actrices aux egos surdimensionnés. Malgré le succès de « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » ni Bette Davis, ni Joan Crawford ne renoueront avec leurs splendeurs passées la première meurt le 6 octobre 1989 à Neuilly-sur-Seine, la seconde le 10 mai 1977 à New York. « Feud » de Ryan Murphy (« American Horror Story », « Nip Tuck ») ne serait pas une telle réussite sans le talent de l’extraordinaire Susan Sarandon et de la formidable Jessica Lange. Une évidence pour ressusciter Bette Davis et Joan Crawford, les meilleures ennemies du septième art. 35
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Les meilleures ennemies
Alors qu’elle profite d’une journée ensoleillée avec sa famille, Cora tue à coups de couteau son voisin de serviette de bain. Le détective Harry Ambrose va tenter de comprendre son comportement. The Sinner, un thriller psychologique intense en huit épisodes. Après The Handmaid’s Tale, Captive est adaptée d’un roman de l’écrivaine Margareth Atwood. Six épisodes pour plonger dans l’histoire vraie de Grace Marks. Cette domestique est accusée, en 1843, du meurtre de son employeur et de sa maîtresse. Sauf qu’elle ne se souvient de rien. Après son emprisonnement, le docteur Simon Jordan essaie d’aider Grace à retrouver la mémoire. Malgré quelques longueurs, c’est pas mal du tout.. En 1970, l’expression « serial killer » n’existe pas. L’agent spécial Holden Ford construit les fondements du « profilage » en allant rencontrer en prison les pires criminels de l’époque. Seule manière de comprendre leur façon de penser. Parme eux : l’Ogre de Santa Cruz, condamné pour avoir décapité six femmes dont sa propre mère. Mindhunter. Une série en 10 épisodes de David Fincher, bavarde mais passionnante.
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FEMMEs DE LITTÉRATURE Noël oblige cette année . Nous vous proposons ce mois-ci une sélection de dix livres et bandes dessinées dans lesquelles les lesbiennes ont le beau rôle.
culture LIVRES
Quelques grands classiques premier roman « Bonjour Tristesse » dans le monde littéraire d’aprèsguerre, l’écrivaine belge Françoise Mallet-Joris fit elle aussi scandale avec un conte cruel : « Le rempart des Béguines », qu’elle publia à l’âge de 21 ans, a pour sujet l’éducation sentimentale d’une jeune fille de bonne famille, qui s’amourache de la machiavélique maîtresse de son père. Patricia Highsmith Carol Plus confidentiel que ses polars à succès, ce chef d’œuvre de la reine américaine du thriller Patricia Highsmith, qui passa la fin de sa vie en Suisse, a été ressuscité à l’écran dans le film du même nom de Todd Haynes en 2015. Une passion ténébreuse entre une jeune vendeuse et une sublime femme de la haute société new-yorkaise, Carol (interprétée par Cate Blanchett dans le film), dans l’Amérique puritaine des années 1950. Carol , Patricia Highsmith, Éditions Calmann-Lévy, Livre de Poche, 2009, 314 p.
Françoise Mallet-Joris Le rempart des Béguines Trois ans avant l’onde de choc que provoqua Françoise Sagan avec son
Le rempart des Béguines , Françoise Mallet-Joris, Éditions L’Âge d’Homme, 2014, 209 p.
Hélène de Montferrand Les amies d’Héloïse Prix Goncourt du premier roman, ce récit choral paru en 1990 évoque sans détour les amours lesbiennes à travers les échanges épistolaires et les journaux intimes d’une bande d’amies éclatée aux quatre coins de l’Europe, dont on suit les destins sur une période allant des années 1960 aux années 1980. Les amies d’Héloïse, Hélène de Montferrand, Éditions de Fallois, Livre de Poche, 2014, 476 p.
Violette Leduc Thérèse et Isabelle Il aura fallu attendre près d’un demisiècle pour que la version originale de ce roman érotique passé sous le joug de la censure dans les années 1960 soit enfin publié. « Thérèse et Isabelle » est un festin lesbien dans le décor d’une austère pension pour jeunes filles. Dans ce récit fougueux, largement autobiographique, la romancière française Violette Leduc a voulu « rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l’amour physique ». Thérèse et Isabelle, Violette Leduc, Éditions Gallimard, Folio, 2016, 142 p.
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Des romans contemporains
Et une biographie délicieuses romances lesbiennes dans l’atmosphère décadente de l’Angleterre victorienne, l’écrivaine britannique Sarah Waters ancre désormais la trame de ses intrigues au XXe siècle. « Derrière la porte » est le récit captivant de la passion qui se noue entre deux jeunes femmes dans un immeuble londonien au début des années folles.
Après l’amour, Agnès Vannouvong, Éditions du Mercure de France, Folio, 2016, 218 p.
Sarah Waters Derrière la porte Après nous avoir régalées au tournant des années 2000 avec ses
Léonor de Récondo Amours À l’orée du XXe siècle, dans l’ennui d’une demeure bourgeoise de la province française, une passion secrète naît entre la maîtresse de maison et sa bonne. La toute-puissance des hommes et les vues étroites de l’époque auront raison de cet amour impossible. Ce délicat roman de Léonor de Récondo n’échappe malheureusement pas à cette malédiction qui semble peser sur la plupart des personnages de lesbiennes dans la fiction : il s’achève tragiquement. Amours , Léonor de Récondo, Sabine Wespieser Éditeur, Points, 2017, 206 p.
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Denis Cosnard Frede. Belle de nuit En voilà une qu’on aurait rêvé de rencontrer. Frede. Une garçonne aux manières de gentleman, figure des nuits parisiennes dans le Paris des années 1930, amante de Marlene Dietrich, patronne de clubs lesbiens. Hypnotisé par l’apparition de ce personnage magnétique dans les romans de Patrick Modiano, qui a croisé Frede lorsqu’il était enfant, le journaliste du « Monde » Denis Cosnard s’est mis en quête d’écrire son portrait et signe une biographie passionnante de cette femme tombée dans l’oubli. Frede. Belle de nuit , Denis Cosnard, Éditions des Équateurs, 2017, 235 p.
culture LIVRES
Agnès Vannouvong Après l’amour Quand son grand amour la quitte et que sa vie bascule, la narratrice de ce roman à la première personne va soigner son chagrin d’amour en se jetant de bras en bras, de femme en femme. Avec ce roman paru en 2013, la romancière Agnès Vannouvong, qui enseigne les Études de genre à l’Université de Genève, nous embarque avec sensualité et humour dans cette suite d’aventures lesbiennes d’un soir.
Derrière la porte, Sarah Waters, Éditions Denoël & D’Ailleurs, 2015, 699 p.
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Des bandes dessinées
culture LIVRES
Alison Bechdel L’essentiel des Gouines à suivre Les hilarantes histoires de gouines de l’auteure de BD américaine Alison Bechdel – l’inventrice du fameux « test de Bechdel », qui permet de jauger la part de sexisme dans les fictions – sont enfin disponibles en français. Cette série de bandes dessinées mettant en scène des personnages de lesbiennes américaines a été publiée entre 1987 et 1998 sous le titre « Dykes to watch out for ». Ces BD sont culte aux États-Unis. S’inspirant de l’album condensé « The Essential – Dykes to watch out for », paru en 2008 aux éditions Houghton Mifflin Harcourt, la maison d’édition indépendante et associative française Même Pas Mal a publié l’an dernier « L’essentiel des Gouines à suivre ». Et on attend de pied ferme la parution du tome 2 en janvier 2018. L’essentiel des Gouines à suivre 1987-1998 (tome 1) Alison Bechdel, Éditions Même Pas Mal, 2016,
Julie Maroh Corps sonores Quel plaisir de retrouver l’univers sensuel et onirique de l’auteure de BD Julie Maroh. Après la magnifique histoire d’amour qu’elle dépeignait dans « Le bleu est une couleur chaude », elle raconte l’amour sous toutes ses formes et dans toute sa beauté dans « Corps sonores », un recueil de nouvelles graphiques dans le décor de Montréal. Comme elle l’explique dans la préface, son nouvel album est entre autres dédié aux « pédés, gouines, travelos, freaks, inconstants, cœurs d’artichaut, multi-amoureux et aventuriers ». Un bol d’air amoureux ! Corps sonores , Julie Maroh, Éditions Glénat, 2017, 300 p. 41
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TÊTE-À-TÊTE Chaque mois 360° saute d’un objet, d’une époque ou d’un art à l’autre pour vous parler design.
culture DESIGN
Francesca Serra
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’hiver dernier les médias nous ont martelé le concept danois du hygge, censé nous apprendre comment trouver le bonheur en restant calfeutré chez soi. Des bougies, une tasse d’une boisson chaude, de grosses chaussettes en laine et un brin de mindfulness, voici les composants de cette stratégie de survie hivernale. Pour parfaire cette recette, assez sommaire, du cocooning nordique manquaient les canapés des grandes maisons italiennes du design. La prêtresse du design Patricia Urquiola a notamment signé pour Moroso « Love me tender », réinterprétation contemporaine de la « causeuse ». Si ce terme se réfère aujourd’hui le plus souvent à un simple canapé à deux places, il indique originairement un mobilier datant du Second Empire et composé d’un double fauteuil en forme de S. La proposition de la designer espagnole se distingue par sa structure abondamment rembourrée. A ses formes invitantes, douces et courbes fait écho le modèle « Face to face » de la marque Tacchini réalisé par Gordon Guillaumier. Si Edmond Rostand écrivait qu’un baiser est « une apostrophe rose entre les mots je t’aime », ces pièces de design s’apparentent à des guillemets pastel qui enserrent le mot intimité. 42
culture PORTFOLIO
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Giovanna 46 ans, séropositive depuis 1991. « Le sida et le vih m’ont fait grandir comme personne».
VIVRE Le livre « Portraits de VI(h)ES » propose une galerie de photos pour parler de l’évolution de la vie avec le VIH.
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es histoire pour retracer l’histoire d’une maladie. Des images pour donner des visages à des histoires. Le livre VI(h)ES, porté par le politicien français JeanLuc Roméro-Michel, offre à travers 15 portraits de comprendre un peu mieux plus de trente ans d’une épidémie qui a marqué la communauté LGBT mais pas seulement. 15 portraits qui nous rappellent également l’importance des traitements pour permettre aux hommes et aux femmes de prolonger la vie. Portraits de VI(h)ES aux éditions Le Cherche Midi.
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Morgane 35 ans, séropositive depuis 1999. « Je n’allais pas passer ma vie à pleurer ! »
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culture PORTFOLIO
Jean-Luc Roméro-Michel, 59 ans. Séropositif et président d’Elus locaux contre le sida.
culture PORTFOLIO
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Élodie 28 ans, séropositive depuis 2012. « Mon bébé, j’aimerais l’allaiter ».
Rémy 23 ans, séropositif depuis 2015. « Tu voulais crier, mais rien ne sortait ».
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culture PORTFOLIO
Yannick 43 ans, séropositif depuis 1989. « Tous les matins, je célèbre ma victoire ».
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culture PORTFOLIO
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Nils 26 ans, séropositif depuis sa naissance. « Ce qui me terrifie, c’est la solitude ».
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culture PORTFOLIO
Nicolas 41 ans, séropositif depuis 2006. « De l’autre côté du miroir ».
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Activités communautaires Dialogai propose des activités pour se distraire, se cultiver ou simplement partager un moment ensemble. Ces activités sont ouvertes à toutes et tous.
Méditation
Walking
Débutez la semaine sereinement
Un entraînement hebdomadaire pour se maintenir en forme et participer à des compétitions populaires comme la Course de l’Escalade. Chaque mercredi de 18h30 à 20h
C+H Chrétien-ne-s et Homosexuelle-s
Gays Randonneurs
Rejoignez les sorties quasi hebdomadaires pour découvrir les environs de Genève et le reste du monde. Agenda des sorties sur dialogai.org
Croyant-e-s ou non, venez échanger sur la spiritualité et la diversité sexuelle et de genre. Dimanche 17 décembre à la chapelle protestante de Champel - Genève, 18h30
Faire face au VIH et aux autres ISt
Cinéclub
Groupe de parole pour hommes gays, bisexuels et personnes trans*
Une sélection de films LGBT alternant des réflexions sur des thématiques communautaires et des soirées de divertissement. Prochaines séances 12 décembre et 9 janvier
Pour y voir clair, maîtriser les concepts de base, et faire les bons choix pour soi : venez en parler et partager l’expérience de chacun avec les conseils d’un spécialiste qui saura vous orienter ! Prochaines séances jeudi 7 décembre et jeudi 4 février (sur inscription)
Toutes les informations sur : dialogai.org info@dialogai.org +41 22 906 40 40 51
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Une séance hebdomadaire pour développer des compétences pour contrôler le stress, gérer l’estime de soi, améliorer le bien-être, tout en partageant un moment convivial. Chaque lundi (hors vacances scolaires) de 18h à 19h
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LE TEMPS DES FÊTES
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haque année à la même époque c’est le casse-tête pour la rédaction de 360°. Comment vous faire un topo exhaustif de ce qui va agiter nos nuits de la période des fêtes. Eh bien, nous avons trouvé la parade. En plus des agendas dès la page 65 le site gaymap.ch sera
votre allié incontournable de cette période de festivité. Vous y trouverez les différentes soirées et événements aux couleurs de la diversité. Gaymap c’est le volet festif de la communauté LGBT romande et suisse. Profitez-en sans modération ! gaymap.ch
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La mémoire du futur Avec Endless Revisions, Chloé apporte une pierre de plus à une carrière aux arborescences multiples. Rencontrée au GIFF, elle revient sur 20 années de musique marquées par le Pulp. Pascal Villa
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e 1997 à 2007, le Pulp fut l’un des temples de la musique électronique à Paris. Sous l’impulsion de Sextoy, leur aînée et mentor, Jennifer Cardini et Chloé compteront parmi les résidentes emblématiques du lieu. Le club est ouvert aux garçons, mais il est surtout tenu par des filles pour des filles et c’est toute une jeunesse un peu désabusée qui s’y retrouve, comme le dit Chloé avec une pointe de nostalgie. « C’était le seul endroit à Paris qui proposait quelque chose de vraiment différent. D’ailleurs beaucoup d’artistes demandaient à jouer au Pulp bien que le son y soit assez mauvais… » Dans les couloirs du Théâtre Pittoëff où nous avons rendez-vous, la voix éraillée de Marianne Faithfull déroule son Broken English, une langue familière à l’oreille de Chloé puisque sa mère, anglaise, a vécu sa jeunesse dans le Swinging London sixties. A cette mère qui en pince pour un French lover, Chloé dédie l’un des morceaux de son dernier album. De ce couple parental qu’elle tient en admiration, Chloé garde une passion dévorante pour la musique. « Ils en écoutaient tout le temps, ça allait du classique à la Motown, en passant par Kraftwerk ou Pink Floyd… » C’est sans doute pourquoi les horizons sonores de Chloé sont aussi infinis. 360°Pourquoi avoir attendu 7 ans avant de produire ce nouvel album ? CHLOÉ Parce que ce n’est pas une obligation dans la vie d’un artiste. Après mon second album (One in Other, 2010), je n’avais pas envie de me replonger tout de suite dans ce processus de travail assez long et dans lequel on est assez seul aussi. Entre-temps, j’ai quand même sorti des maxis, des remixes, et j’ai fait quelques collaborations, notamment avec le groupe Nova Materia.
c’est une musique qui doit se vivre de façon organique, instinctive et spontanée. Dans la musique électronique on retrouve des vibrations presque animales je trouve. Alors, je veux bien écouter de la musique de geek à partir du moment où ça provoque ça en moi.
Pour Endless Revisions, il s’avère que j’avais envie d’un format long, mais surtout j’avais la matière et les idées. Sur le morceau The Dawn, c’est la voix de ta maman qu’on entend ? Oui, c’est un morceau plus personnel où j’ai voulu faire un travail autour de la mémoire, autour des souvenirs. C’est comme une sorte d’album photo que j’aurais retrouvé après des années, d’où le son vintage de cassette audio que j’ai mêlé à des sonorités plus modernes. Le développement du morceau est assez narratif, donc cet enregistrement de la voix de ma mère par-dessus, c’est un peu comme un conte du passé qui reviendrait s’inscrire dans le présent à chaque fois qu’on l’écoute. Pour toi, l’électro c’est de la musique de geek ? Disons que j’aime bien écouter de la musique de geek, mais pour moi la musique de geek c’est de la musique intello, presque inaccessible: des choses complètement abstraites et compliquées d’approche. Stockhausen, par exemple, ça pourrait être considéré comme de la musique de geek et pourtant ça ne date pas d’aujourd’hui. Mais à mon avis l’électro
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Et qu’est-ce que tu penses de la scène féminine actuelle ? Eh bien, il y plus de femmes qu’avant et ça c’est cool. Après c’est une question à laquelle on ne devrait plus être confronté aujourd’hui, je trouve. En tout cas, ça ne devrait plus être une question, ce qui prouve qu’il y a encore beaucoup de choses à dire. Il y a une sorte de réveil des médias, surtout en ce moment avec toutes ces histoires de harcèlement, et je crois que c’est une opportunité à saisir pour parler de choses dont on ne parlait pas avant. Le milieu de la musique est aussi un milieu très machiste, non ? Je crois surtout que ça touche tous les milieux, c’est un phénomène qui est à l’image de notre société. A tes débuts, tu as senti que tu devais faire des efforts particuliers pour t’imposer, pour exister ? En ce qui me concerne, je n’ai jamais fait d’effort particulier parce que je crois que je me suis toujours affirmée naturellement. Par contre, j’ai été surprise de voir que certaines femmes et notamment les artistes s’autocensuraient elles-mêmes, n’osaient pas aller au bout de leurs désirs et réaliser tout leur potentiel. Sur cet album, il y a une collaboration avec Alain Chamfort pour qui tu avais déjà remixé un morceau… Oui, il y a eu des versions revisitées et j’avais remixé la chanson Traces de
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Tu as aussi collaboré avec Vassilena Serafimova, une percussionniste bulgare pour un live en hommage à Steve Reich ? Oui, on nous a proposé ce projet et comme Steve Reich est l’un des fondateurs de la musique minimaliste, c’est à mon avis la seule musique où il était possible de faire coïncider l’électro et le minimalisme des marimbas. Après ça, on a eu des demandes pour continuer l’aventure. En juillet dernier avec Vassilena, on est allées à la Biennale de Venise sur l’invitation de Xavier Veilhan qui a transformé le Pavillon français en un immense studio d’enregistrement collaboratif, et là on a élaboré un live sous forme de work-in-progress avec nos propres créations.
Comment tu imagines aujourd’hui la musique du futur ? Il y a déjà eu une sacrée évolution. Quand j’ai commencé l’électro c’était une musique underground, et aujourd’hui c’est carrément overground ! D’ailleurs les barrières sont un peu tombées entre les genres, j’ai aussi l’impression qu’il y a plus de mélanges entre les genres. La musique électronique s’est ouverte à toute forme de collaboration et c’est marrant aussi de voir qu’il y a une nouvelle génération qui reproduit un peu ce qu’on a fait aux débuts. Ils organisent des raves, ils n’annoncent pas forcément les line-up, ils sont dans une réaction inverse à ce qui se passe, il y a pour certains un refus de rentrer dans les cases. Mais peutêtre que dans quelques années le DJ n’existera même plus, je ne sais pas ?
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toi. Donc suite à cette première collaboration, j’avais envie d’aller plus loin, de voir ce que pouvait donner notre rencontre. Et je lui ai proposé un morceau qui respectait assez son univers et où il a vraiment apporté sa touche. D’ailleurs on revient pas mal à des productions dans le style des années 1980 en ce moment. Mais il y a toujours eu un courant un peu vintage dans l’électro, on est toujours en studio à chercher des vieux sons sur des vieux synthétiseurs pour les mélanger à des trucs nouveaux. Ça pour le coup, c’est un truc de geek.
On aura peut-être un DJ implanté dans le cerveau ? En tout cas, j’espère que ce ne sera pas moi dans ton cerveau (rires). Mais je pense que les gens auront toujours besoin de vivre une expérience collective, donc peu importe la forme. La musique électronique vient après l’ère industrielle, alors dans quelle ère allonsnous entrer ? On verra bien. Endless Revisions Lumière Noire, 2017 Listentochloe.com
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©Jungle Gay Party
GAYMAP de saison
En piste ! Alors que la saison de sports d’hiver 2018 démarre, plusieurs stations des Alpes se mettent en quatre pour accueillir les visiteurs gays et lesbiennes. François Touzain Publicité
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des découvertes. Le tout accessible à la carte pour les non-participants à la Gay Ski Week. Un peu plus tard dans la saison, à partir du 3 mars, on remet ça sur le même domaine skiable, avec la semaine « GaySki », qui fête son 25e anniversaire. Autour de l’hôtel Schweizerhof, à Lenzerheide (GR), un programme un peu plus cool, axé sur la convivialité, le sport et gastronomie... Avec une bonne dose de fête quand même. Côté français Deux événements rivaux croiseront leurs skis du 17 au 24 mars : la « European Gay Ski Week » aux Ménuires (Savoie) et la « European Snow Pride » à Tignes (Haute-Savoie). Tous deux branchés clubbing, ils s’adressent à un public anglo-saxon pour le premier, et plus francophone pour le second, qui propose également un mini-festival de films gays.
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Toujours côté savoyard, le seul hôtel «hétérofriendly» de haute altitude démarre sa 18e saison à la Toussuire (Savoie). Au cœur d’un somptueux domaine skiable, Comborcière offre un concentré de convivialité et de confort à 1850m d’altitude. Avec des semaines à thèmes (100% femmes, 100% hommes, familles homoparentales) au cours de la saison. Envie de neige en plus petit comité, mais toujours dans un esprit gay-friendly ? Les « Gays Randonneurs » (Dialogai, Genève) ou les « Lacets Roses » (Berne) proposent également des escapades à la montagne, avec une préférence pour la rando. Quant à l’agence bernoise « Pinkalpine », elle a concocté une série de séjours et d’excursions hors des sentiers battus, de l’Engadine à l’Oberland, et jusqu’à la Laponie. Plus d’infos et liens sur : 360.ch/gaymap
GAYMAP de saison
ienvenue au Palm Springs de la glisse, au Sitges des sommets... j’ai nommé l’« Arosa Gay Ski Week » ! Dès le 20 janvier, pas moins de onze hôtels de la station grisonne attendent quelques 600 participants du monde entier à l’occasion de la 23 e édition de sa mythique semaine gay et lesbienne. L’équipe de Hitsch Leu et Alex Herkommer vous prépare une avalanche d’activités, à vivre sur lattes, au coin du feu ou dans les vapeurs du spa. Chaud-froid tonique garanti, du haut en bas des 220km de pistes à l’enneigement assuré, sans parler des itinéraires de rando et de ski de fond, ainsi que des autres installations sportives. L’agenda festif du rendez-vous hivernal est devenu mythique : des après-skis de folie aux nuits house ou disco sous des labels prestigieux ; des moments entre mecs, mais aussi entre filles ; des surprises, des délires et
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LIVRESSE DU PHARE
HaLOLween by Lilith @backstage, Lausanne
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ivresse - le rendez-vous phare - a 10 ans, et le Phare - après 2 ans de fermeture - retrouve son ivresse ! Ces deux petits lieux mythiques de la vie genevoise investissent la Gravière pour fêter ça ensemble dans un joyeux mélange de genre et d’allégresse ! Queer, dykes, gays, ni l’un-e ni l’autre ou tout à la fois, vous allez aimer et festoyer jusqu’au bout de la nuit, jusqu’à tard dans la nuit, jusqu’à l’aube !!! Aux platines all styles de la soirée DJ Vera (P) et Bambi cash (CH).
GAYMAP tu t’es vu
Toutes les infos sont sur : lagraviere.ch Le Phare, 3 rue Lissignol, Genève Livresse, 5 rue Vigner, Genève
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Sundeck, les 35 ans ! @Berne
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CLUBBING VENDREDI 8.12 GENÈVE Nathan Escalade party avec DJ Manu Py, 17h LAUSANNE My House Single Party, 23h SAMEDI 9.12 GENÈVE Nathan Escalade party avec DJ Jonathan Styler (ouvert toute la nuit), 17h LAUSANNE GT’s/Backstage LOL by Lilith (girls only), 22h My House Remember Party DJ Odnan, 23h BERNE Frauenraum TanzBar, 20h30
VENDREDI 15.12 LAUSANNE My House Noche Extravagante (hits latino & reggaeton), 23h LUCERNE El Cartel Frigay Night, 22h SAMEDI 16.12 GENÈVE La Gravière Livresse du Phare, DJ Vera & Bambi Cash, 23h
DIMANCHE 17.12 LAUSANNE Gameboy @MAD, 23h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h VENDREDI 22.12 LAUSANNE My House Single Party DJ Angelo C (hits), 23h SAMEDI 23.12 LAUSANNE My House Babado by Bunita’s (all style & Brazil), 23h BERNE ISC X-Mas Tolerdance, 22h BÂLE Borderline La X-Messe by La Messe, 23h DIMANCHE 24.12 LAUSANNE Gameboy X-mas Special @ MAD, 23h BÂLE Heimat Show Me Love, DJs Pussy Galore & Roxy, 23h LUNDI 25.12 LAUSANNE My House X-Mas Party with DJ Angelo C, 23h VENDREDI 29.12 LAUSANNE My House Noche Extravagante (hits, latino & reggaeton), 23h SAMEDI 30.12 LAUSANNE My House We Love Girls, 23h
DIMANCHE 31.12 GENÈVE Nathan Le Nouvel-An du Nathan LAUSANNE Bordello New Year @MAD, 22h BERNE Frauenraum Baba Jaga Sylvester Party, 23h BÂLE Heimat The Glitter Factor, 22h ZURICH Alte Kaserne Flexx Booom, 23h LUNDI 1.1 ZURICH Alte Kaserne New Year’s Ladies Night, 22h
CRUISING VENDREDI 8.12 GENÈVE Cruising Canyon Air X Night (fetish), 22h LAUSANNE Pink Beach No Limit (naked), 20h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Underwear jocks naked, 22h SAMEDI 9.12 GENÈVE Bains de l’Est Black Out, 23h LAUSANNE Trafick Up or Down Orgie, 21h ZURICH Rage Xtreme Leather & Rubber, 22h Publicité
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DIMANCHE 10.12 GENÈVE La Gravière T-Dansant avec Greta Gratos, 17h LAUSANNE Gameboy @MAD, 23h BERNE Frauenraum BarOmeter, 14h BÂLE Hirscheneck Untragbar, 21h
LAUSANNE My House Lust Night, 23h ZURICH Papiersaal Offstream, 23h
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Découvr P LU ez S DE sur soirée s 360.ch le sit e /gay map
DIMANCHE 10.12 LAUSANNE Trafick Fucake (nouveau) Naked & underwear, 14h VENDREDI 15.12 LAUSANNE Trafick Les Délires du Trafick, 20h BERNE Aqualis FF-Night, 23h ZURICH Rage Worker Army & Fetish, 22h
SAMEDI 16.12 GENÈVE Bains de l’Est Bear, 16h LAUSANNE Pink Beach Extrem Anders, 18h ZURICH Rage Freistoss « Red Sucks ! » (sportswear), 22h
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DIMANCHE 17.12 LAUSANNE Trafick Fucake. Naked & underwear, 14h VENDREDI 22.12 GENÈVE Cruising Canyon Air X Sports, 22h LAUSANNE Trafick TBM… QàKC, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Friday Naked Plus, 22h SAMEDI 23.12 LAUSANNE Trafick Jingle Bells Night, 19h DIMANCHE 24.12 LAUSANNE Trafick Fucake. Naked & underwear, 14h VENDREDI 29.12 LAUSANNE Trafick Mask and Naked XXL, 21h BERNE Aqualis Naked Night, 23h ZURICH Rage Underwear jocks naked, 22h SAMEDI 30.12 LAUSANNE Pink Beach X-perience Night (dark and naked), 21h ZURICH Rage Soccer Champs (sportswear), 22h DIMANCHE 31.12 LAUSANNE Trafick Fucake (sous réserve). Naked & underwear, 14h ZURICH Rage Silvester Blow Up (all fetish), 22h
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Centre médical communautaire pour HSH mycheckpoint.ch 9, rue du Grand-Pré 3e étage 022 906 40 30
HIV testing and info 022 PEP 022 Dermatologie (IST)/ Dermatology (STD’s) 022 Consultation violence 022 rue Police des Cha rmi Urgences/Emergency 117
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R2 Le Pradier 6, rue Pradier
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R3 Le Comptoir 9, rue Richemont R5 Le Cheval Blanc
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R6 Brasserie des Halles de l’Ile R8 Café du Marché 16 avenue Henri-Dunant R9 Le Boteco 12, rue Micheli-du-Crest
36, rue de la Navigation
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36, rue de Monthoux A3 Association 360
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Pâtisseries & Salons de thé
A7 PVA (vivre avec le VIH) 35, rue des Pâquis
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Hors-plan • Outside of the map : L’Appart 36, rue du Faucigny, Annemasse (F)
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Étudiant.es. Universités et Hautes écoles facebook.com/Think-Out-AssociationLGBTFriends-Unige
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B15 Le Nathan 34, route de Frontenex
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Hors-plan • Outside of the map : Double Jeu 4, rue de la Faucille, Annemasse (F)
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Hors-plan • Outside of the map : 39, rue Jean-Jaurès, King Sauna ro u Ambilly (F) te d eF l o r Oxygène 12 av. de la Mandallaz, Sauna issa n Annecyt
S8 BRAVO Coiffure, 16, rue Jean-Gutenberg S9 Publicité – Etienne & Etienne 30, rue Saint-Joseph, Carouge S10 Opticien – Vue des Bains 8, avenue du Mail S11 Pharmacie 3, rue Ecole de Médecine S12 BD – Cumulus, 5, rue des Etuves S13 Coiffure – Trajectoire 9 13, rue de la Filature, Carouge S14 épilation – Oosmosis, 31, bd Helvétique S15 Mode – Garçon Manquée
31, rue Saint-Joseph
S16 Le Bal des Créateurs 25, rue de l’Arquebuse S17 Tattoo - Y4Shk4 rue des étuves 5 (sur rdv) S18 Cinéma – Ciné 17, 17, rue de la Corraterie S19 Mode – Jack Cuir, 40, rue de Monthoux S20 Tattoo – BRUT 6, rue Sismondi
3, rue de l’Est X1 Les Bains de l’Est X2 Duplexx 8,rorue u te d Pradier e Ma lagn X3 Sauna des Avanchets ou Avenue Baptista, Les Avanchets 14, rue de Neuchâtel
2, rue Jargonnant
17, rue des Etuves
28, bd du Pont-D’Arve B5 Le Déclic B6 Fenomeno 28, rue des Pâquis
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Hors-plan • Outside of the map Sport/Santé – CrossFit Across 17-21, rue Eugene Marziano
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4-8, rue de la Rôtisserie C4 L’Usine 4, place des Volontaires C5 Palais Mascotte, 43, rue de Berne
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9, chemin de la Gravière > C1 P2 360° Fever C/o Le Xanadu, Cercle des Bains, rue des Vieux Grenadiers 10
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Urgences/Emergency
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R1 Auberge de Beaulieu 15, av. Bergières
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R2 Café de Grancy 1, av. du Rond-Point
P1 Gameboy et Bordello c/o MAD 23, route de Genève
R3 Lausanne-Moudon 20, rue du Tunnel R6 Le relais 163, av. de Morges
P2 Backstage Club 5, av de Tivoli > B3
R8 La Tonnelle 16, av. Mont-Loisir GT’s 5, av. de Tivoli > B3
P3 Les Docks, 34, Avenue de Sévelin 021 314 04 00
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Hors-plan • Outside of the map : Le Raisin Les Cullayes (13km)
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031 390 36 38 A2 HAB Homosexuelle Arbeitsgruppen c/o Villa Monbijoustrasse 32 Stucki Inselspital/Insel Hospital Consultation VIH/ A4 Organisation suisse des lesbiennes LOS Monbijoustrasse 73 HIV testing and info 031 632 25 25 Traitement post-exposition A4 Pink Cross, organisation suisse VIH (PEP) /HIV post-exposure Monbijoustrasse 73 des gais treatment 031 632 21 11 A5 SCHLUB (étudiants) c/o SUB Dermatologie (IST)/ Lerchenweg 32 Dermatology (STD’s) 031 632 22 88
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360° – Décembre - Janvier 2018
Am-Stram... Gram ?
Chants nocturnes DE Greta Gratos
M
oi la non-humaine, je me trouve souvent surprise et parfois aussi perplexe qu’une chouette hulotte qu’on aurait brutalement tirée de son sommeil en plein jour lorsque vos curieuses manières me projettent dans une réalité située à des parsecs d’années-lumières de mes intimes intuitions et pensées. Par exemple, même si en me glissant dans les sinapses de vos tortueux esprits je peux le convevoir, je peine à comprendre cette obsession qui vous taraude d’avoir raison et de placer lors de tout débat, toute discussion, le dernier mot. Comme si celui-ci se devait d’être l’ultime conclusion, fermant enfin le sens pour le fixer de toute éternité. Et, de face à face en opposition, je vous vois vous figer en ces postures inaltérables et sur-affirmer les positions qui sont les vôtres comme si votre existence ou votre dignité ne pouvaient survivre à ce que vous semblez percevoir comme une défaite, une humiliation. Vous faut-il donc à tout prix avoir raison, prouver avec obstination au Monde que vous détenez la majuscule et unique vérité ? Détenir ? La vérité ? « Détenir la vérité » : quelle curieuse grammaticale juxtaposition. La vérité se devrait-elle donc d’être captive ? Emprisonnée ? Est-ce donc cela qui vous fait ériger autour de la vôtre des murailles infranchissables, qui fait de vous des gardes-chiourmes plutôt que des marchand-e-s de quatre saisons qui proposent aux passant-e-s leurs plus beaux fruits et légumes sans pour autant en forcer l’acquisition par des argumentations qui, à force de répétition, leur feront perdre toute saveur au regard de celle ou celui qui sur eux a posé son regard ? Allons, détendez-vous; la vérité d’un instant n’est pas forcément celle du suivant et... ce n’est pas si Greta Gratos grave après tout.
Autoportrait d’après Sandro Botticelli - Le Printemps
« Le théâtre ne dit jamais la vérité, mais c’est parce qu’il ne dit pas la vérité qu’il engage le spectateur à trouver la sienne. » André Steiger
Rédaction en chef Guillaume Renevey (guillaume@magazine360.ch) Rédaction texte Antoine Bal Nadia Barth Nathalie Brochard Zelda Chauvet Edmée Cuttat Annabelle Georgen Antoine Gessling Greta Gratos Alexandre Lanz Quentin Markarian Guillaume Renevey Francesca Serra François Touzain Lucas Vuillemez Corrections Zino Davidoff Rédaction image direction : Ester Paredes Graphisme Schönborn Hernandez Publicité Philippe Scandolera (pub@360.ch) Jérémy Uberto (marketing@360.ch)
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